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Torah et société

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23min |21/04/2024
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Description

Chaque semaine le Grand Rabbin Gilles Bernheim confronte la tradition juive et ses textes à la société d'aujourd'hui. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    L'Oraille Société avec le grand rabbin Gilles Bernheim aborde cette semaine la fête de Pessah. Pessah, la naissance d'une nation, le nouvel an des rois. Gilles Bernheim, bonsoir.

  • Speaker #1

    Bonsoir.

  • Speaker #0

    De l'esclavage et de la maison de servitude, ce point est aussi important. Qu'est-ce qui différencie Gilbert Naim, un peuple d'une nation ?

  • Speaker #1

    Un peuple a un projet de vie, une manière de penser, une culture, une mémoire. Et le projet de vie ne se met véritablement pleinement en application dans la Torah qu'à partir du moment où le peuple entre sur la terre d'Israël. Ce n'est pas simplement pour des raisons de sionisme, si vous me permettez l'expression. C'est parce qu'il y a toute une partie des mitzvot qui ne peuvent s'appliquer qu'en vécu en terre d'Israël. Vous avez la Shemitah, vous avez la construction du temple, etc. À partir de l'entrée sur la terre d'Israël, le peuple devient... une nation, plus exactement, l'amorce d'une nation. Parce qu'il y a des grands mots et des petits effets, parfois. Il ne suffit pas de penser que l'on est une nation, il ne suffit pas de penser qu'on est le peuple de la mémoire, il ne suffit pas de penser que on a un projet extraordinaire depuis Matantora, ce qui est vrai. Mais encore faut-il savoir le mettre en application. Et ça, Ça dépend de notre capacité, de notre volonté, de notre persévérance, mais aussi d'une pas trop grande suffisance. Ne pas croire que ce que l'on est, c'est une réussite, ou que l'on se suffit à soi-même. On a besoin des autres, et de faire les choses tous ensemble, et bien ensemble. Ça, c'est la différence entre un peuple et une nation. Vous avez rappelé liberté, sortie d'Égypte. Lorsque les Hébreux sont sortis d'Égypte, ils n'étaient pas libres. Ils étaient libérés de l'Égypte. Il y a une transition qui est difficile entre simplement être libéré de la tutelle d'un maître et être pleinement libre. Il y a des gens qui ne sont plus esclaves, il y a des terres qui étaient colonisées ou des peuples qui ont été colonisés et qui ne le sont plus, mais lorsqu'ils ne le sont plus, cela ne signifie pas qu'ils sont. pleinement libre. Parce que pour être libre, il faut être très lucide, avoir un esprit de discernement, penser que l'on ne dépend pas que de la réflexion des autres, mais qu'on a besoin d'apprendre à penser par soi-même et de confronter sa pensée à celle des autres, ce qui n'est pas la même chose. Et c'est vrai qu'en sortant d'Égypte, ils sont libérés. Mais il suffit de regarder le texte biblique, de se souvenir que durant la traversée du désert, À plusieurs reprises, ils ont souhaité revenir en Égypte, non seulement durant la traversée du désert, mais très peu de temps après le passage de la mer Rouge à Mara. Ils voulaient revenir en Égypte parce que les sources étaient amères. Et donc, ils se sont déjà plaints, alors qu'ils sortaient d'Égypte depuis à peine quelques jours. Tout ça est à prendre jour et semaine. Tout ceci est à prendre. Je dirais avec attention et respect du texte, beaucoup de gens se croient libres parce qu'ils ont l'impression d'avoir beaucoup de droits. Ou plus exactement parce que beaucoup de droits leur sont octroyés. Mais il ne suffit pas d'avoir des droits, nous le disons à chaque émission ou presque. Il faut aussi avoir conscience des devoirs, ce à quoi nous obligent nos droits. Plus on a de liberté, Plus on a de possibilités, plus c'est compliqué. Donc il est très important que nous ayons conscience que la sortie d'Égypte, c'est le début de quelque chose. C'est l'amorce d'une lourde responsabilité, ce que M. Lévinas appelait une difficile liberté.

  • Speaker #0

    Alors, je ne sais pas si vous avez ce sentiment, mais en parlant de Pessah cette année, à la lumière de la tragédie qu'Israël a vécue le 7 octobre, certaines questions prennent, je dirais, un sens un peu particulier. Et j'ai envie de vous poser cette question, et après on parlera. du fait que Dieu a endurci le cœur de Pharaon, et ça va nous rappeler quelque chose dans l'actualité la plus immédiate. Mais finalement, est-ce le sort réservé aux Juifs en Égypte, c'est-à-dire l'esclavage qui a forgé la notion de nation ? Est-ce que le peuple juif est obligé de passer par... quelque chose de tragique, de difficile pour lui, pour avoir conscience, et on revient à ce que vous veniez de dire, de ses devoirs ?

  • Speaker #1

    La réponse est difficile. On ne souhaite pas toujours qu'il y ait des épreuves pour devenir plus lucide et, je dirais, plus responsable. Il y a des épreuves qui sont très douloureuses. Que le 7 octobre soit une épreuve, c'est un faible mot. Que l'on ait pris conscience d'un certain nombre de choses, c'est vrai. Qu'il y ait eu un début d'unité au sein d'un peuple sur sa terre qui était très divisé, c'est vrai, tant que le danger était très grand. À partir du moment, je ne dis pas que le danger s'éloigne. mais où l'on prend un peu de distance par rapport à la tragédie qui a été cruelle, et c'est un faible mot que de dire cruelle, alors il y a des divisions qui reviennent, reprennent. Je ne parle pas que des divisions autour de la priorité de récupérer les otages. Là nous sommes dans un dilemme. qui est assez connu, à savoir, est-ce qu'il faut privilégier la raison d'état ou l'humanisme ? L'humanisme, c'est tout faire pour récupérer, quitte à perdre sur d'autres choses. La raison d'état, c'est privilégier la victoire, ici, quitte à retarder ou à rendre plus difficile encore la récupération des otages. Mon propos n'est pas de donner une réponse, simplement de montrer qu'il n'est jamais simple d'avoir affaire face à un tel conflit, c'est-à-dire à une telle oscillation de la pensée en notre être, où à certains moments, mais ça dépend aussi du champ émotionnel dans lequel nous nous trouvons, que nous traversons. À certains moments, c'est la raison d'État, à d'autres moments, c'est l'humanisme en nous qui nous fait dire ou faire certaines choses.

  • Speaker #0

    Alors, Gilles Bernheim, j'aimerais qu'on essaye de comprendre avec vous comment, quand on lit le texte, quand on lit la Haggadah, quand on lit même la Torah, on a du mal à comprendre que, d'un côté, Dieu fournit à Pharaon les moyens de libérer rapidement le peuple juif. Merci. Et par la voix de Moïse, il annonce les dix plaies, chaque plaie se succédant les unes aux autres jusqu'à la dernière plaie. Et malgré cela, on a l'impression que le cœur de Pharaon s'endurcit, et s'endurcit de plus en plus. Et d'ailleurs, juste avant la pause, On évoquait les pogroms du 7 octobre et on a aussi l'impression aujourd'hui qu'il y a un durcissement des positions des ravisseurs des otages israéliens avec les médiateurs qui font des propositions, qui proposent. Et on a l'impression qu'à chaque fois, j'ai envie de dire là que le cœur de Pharaon s'endurcit de plus en plus.

  • Speaker #1

    Le cœur du Pharaon ? s'est endurci. Si l'on s'arrête, on ouvre une très courte parenthèse qui nous renvoie à l'actualité. Le cœur du Hamas, il est difficile de savoir s'il s'endurcit. Par contre, il présente quelques différences avec le cœur du Pharaon, mais cela, nous allons en parler. Depuis maintenant, nous allons y venir, savoir ce qui s'est exactement passé dans le cœur du Pharaon. parce qu'à partir du moment où l'on fait ce constat comme quoi Dieu a endurci le cœur du pharaon c'est déjà une manière de dire qu'il l'a privé de libre arbitre et on peut se poser là aussi une autre question à savoir quelle justification morale peut-il y avoir pour Dieu à priver pharaon de libre arbitre ce n'est pas une question simple ceci étant il est toujours important de bien regarder le texte pour s'assurer que cette privation du libre arbitre, c'est ainsi que le texte nous est souvent raconté, c'est très souvent sur ce sujet-là que portent les questionnements difficiles le soir du 7e à Pessah. Regardons les textes, si vous le permettez, et là je crois qu'il est important de s'y référer, nous ne le faisons pas souvent à l'antenne parce que ça ralentit considérablement le récit, mais lorsqu'il est question de la première plaie, Le verbe qui est utilisé au chapitre 7, verset 22, ce n'est pas le terme d'endurcir, c'est le terme de renforcer. Deux remarques ici. Il n'est pas dit que Dieu a endurci le cœur, Dieu n'est pas le sujet. de la phrase. Dans ce verset, premièrement, on a presque l'impression que cela s'est passé en le cœur du pharaon sans que l'on nous ait dit qui a renforcé ce cœur. Et puis c'est la racine c'est comme lorsqu'on dit à la synagogue ou lorsqu'on dit dans le livre de Josué et aussi à la synagogue. Ce n'est pas pour s'endurcir, c'est pour se renforcer. Lorsqu'on dit à quelqu'un un chavak, c'est il nous a renforcé ou nous le renforçons. Première chose. Là, il y a déjà un problème de traduction. Je sais que très souvent, les traductions françaises utilisent le terme de il a persisté ou bien il a été endurci, etc. Deuxième plaie. Les grenouilles. Les grenouilles... Il est dit The Arbed Thibaut Pharaon a apesanti son cœur. Là, il est question de Thibaut, c'est-à-dire d'endurcissement, mais ce n'est pas Dieu qui est le sujet. Cela s'est passé en lui. Donc, pour commencer, premier remarque, Dieu n'interfère pas dans les affaires, je n'allais dire dans les affaires de cœur, dans les affaires du cœur du Pharaon, en tous les cas jusque-là. J'en cite encore une troisième avant de rebondir. Pour la troisième plaie, kinim c'est-à-dire vermin le cœur du Pharaon yéhezak les paro comme tout à l'heure, le cœur de Pharaon fut renforcé Donc Dieu n'est toujours pas le sujet de la phrase et il n'est pas question de s'apesantir. Arbed, ce qui pèse, ce qui est lourd, donc là ça évoque l'endurcissement. Par contre, Yéhézad c'est renforcement, sans que, je le répète, que Dieu ne soit le sujet de la phrase. On est déjà sur trois plaies. 7, 1, 2. 8, chapitre 8, verset 11. Et chapitre 8, verset 15, les trois premières plaies. Il n'est toujours pas dit que Dieu est le sujet du Verbe. Il y a une sorte d'alternance entre renforcer, apesantir, renforcer, apesantir.

  • Speaker #0

    Est-ce que dans ce temps, dans ce laps de temps, est-ce qu'on peut dire que là, Pharaon a son libre-arbitre ?

  • Speaker #1

    Il a certainement son libre-arbitre. D'abord, on est obligé de récuser la formule. Et jusque-là, en tous les cas, Dieu a privé. Le pharaon de libre arbitre. En le cœur du pharaon, il y a eu un endurcissement. En le cœur du pharaon, il y a eu un renforcement. Alors quand il y a un endurcissement, il n'y a plus de libre arbitre. Par contre, lorsqu'en son cœur, il y a des forces de renforcement, plutôt des lignes de renforcement, nous ne sommes pas du tout dans la même situation, parce qu'au contraire, être renforcé, non pas être renforcé dans ses convictions, renforcés, c'est-à-dire qu'ils trouvent plus de force, et ce n'est pas des forces physiques. Lorsqu'on dit Chazak le'ematz Chazak renvoie au chizou c'est-à-dire la force morale, la force intellectuelle, la force de l'esprit. Le PMA, c'est la force physique, vaincre, être renforcé, être fort et vaincre. Ce n'est pas qu'il y a deux temps, ce sont deux choses différentes qui viennent dans cet ordre effectivement, mais d'abord être renforcé afin de pouvoir vaincre. Mais s'il n'y a pas la première étape, la deuxième ne se fait pas. Lorsqu'on regarde la quatrième plaie, Pharaon a pesanti son cœur. C'est comme pour la deuxième plaie. Bayach ved paro et libo chapitre 8, verset 28. C'est très singulier parce que jusqu'à la fin de la quatrième plaie, nous avons deux observations. Dieu n'est pas le sujet, que ce soit de l'endurcissement ou que ce soit du renforcement. Et la deuxième chose, c'est que nous passons de l'auto-durcissement à l'auto-renforcement, puis de nouveau à l'auto-durcissement et l'auto-renforcement. Ce sont des remarques qu'il faut absolument faire. Et ensuite, on peut passer à la cinquième plaie, la mortalité du bétail en Égypte des vers. Là, il est question de Bayar Bedlef Paror, le cœur du Pharaon qui s'endurcit. Il n'est toujours pas question de Dieu comme sujet de la phrase, c'est-à-dire d'une phrase où Dieu interférerait, ce qui n'est pas le cas, dans les affaires du cœur du Pharaon. Nous avons déjà traversé les cinq clés. La cinquième, si ça se trouve. au chapitre 9 du verset 7 de l'Exode, Bayah Petl'Esparon et il faut attendre la sixième plaie où il est question des shekhines c'est-à-dire des pustules, une sorte de furoncle qui envahit la peau. Et là, il est dit pour la première fois que Dieu renforça le cœur. Bayah Hazek Hachem est l'ex-parole. Là, Dieu est le sujet de la phrase. mais il l'est pour le renforcement du cœur. Il interfère dans les affaires du cœur du Pharaon pour le renforcer, c'est-à-dire pour lui donner des ressources, des énergies, afin qu'il devienne plus lucide. Je dirais qu'il fasse de bons choix. En tout cas, il lui donne la possibilité de sortir de son entêtement et peut-être d'entrouvrir la porte. C'est intéressant à observer parce que pour la septième plaie, il est question à la fois de Rizouk et de Kiboud. C'est-à-dire que le Pharaon a retrouvé son cœur endurci et juste à côté dans le texte, au chapitre 9, versets 34 et 35, il a retrouvé... du chizouk, du renforcement il y a une sorte de télescopage pour aller vite maintenant la huitième plaie c'est Dieu qui renforce le coeur de Pharaon et pour la neuvième plaie et bien c'est le même verset Baïe Chazek Baïe Chazek Hachem est l'ex-Paraon Dieu a renforcé. C'est intéressant dans la mesure où à chaque fois quand Dieu interfère dans les affaires du cœur du Pharaon, c'est pour le renforcer, c'est-à-dire pour lui donner, je dirais, pour lui donner des moyens dont l'autre saura ou non se servir, pour lui donner le moyen d'être un peu plus, je dirais, un peu plus lucide, un peu plus intelligent, un peu plus réfléchi. Mais il faut aussi comprendre une chose, parce qu'on ne comprend mal pourquoi Dieu Pendant toute la première partie des 10 plaies, le cœur s'emburcie tout seul, et parfois il se renforce. Lorsque quelqu'un s'appelle pharaon, et qu'il a des esclaves à son service, et que par ailleurs si ces esclaves s'en vont, le pharaon pourrait être inutilisé aux yeux des autres, c'est-à-dire des classes sociales en Égypte qui profitaient du travail des Hébreux. Ce n'est pas facile de sortir d'une telle manière de vivre, et puis de faire en sorte de demi-dieu, pour ne pas dire une divinité. et lorsque vous avez un tel statut vous ne pouvez pas faire preuve de faiblesse sinon cela voudrait dire que l'on ne croit plus en cette divinité tout cela il faut l'avoir présent à l'esprit et je pense que même lorsqu'il y a un renforcement soit qui vient du cœur du pharaon soit que Dieu en soit le sujet comme dans la deuxième partie des dix clés eh bien l'endurcissement Ça peut être non seulement une forme d'entêtement, mais une façon de se protéger. On a peur de penser autrement. On a peur de prendre des initiatives. Je dirais, on panique à l'idée de changer quelque chose à sa vie, ou à sa propre situation, ou à la situation de son peuple. Et là, on panique, on se... on referme la porte tout de suite. Maintenant, il peut y avoir de la lucidité, nous l'avons dit, du discernement. bien sûr qu'il y a eu la contrainte auparavant bien sûr que l'Égypte a été frappée par des coups terribles mais si le pharaon se dit tout ça pourrait s'arrêter s'il les laisse sortir il peut être tenté d'entrouver la porte mais très vite il y a un appel d'air, c'est-à-dire que ça va trop bouleverser les choses et je ne supporterai pas donc ce renforcement non ne peut être que suivi d'un endurcissement après. C'est quelque chose d'assez classique. C'est un déni de réalité. On revient à sa position première, parce que la véritable liberté, ou le libre-abri chez le Pharaon, est quelque chose non seulement de trop difficile, mais probablement de très douloureux. Et le mettre dans une position plus qu'inconfortable, je crois plutôt insupportable. Voilà ce qui ressort de la découverte de ce texte, qui est assez déroutant, parce que très souvent les traductions sont fausses, et très souvent on ouvre le problème, mais pourquoi Dieu a endurci le cœur à chaque plaie, alors qu'en lisant le texte on se rend compte que c'est beaucoup plus nuancé, et je dirais que beaucoup de mots étant mal traduits ouvrent de fausses perspectives, contraires à la lecture du texte.

  • Speaker #0

    Et si on devait, je dirais, mettre en perspective avec ce que vit Israël aujourd'hui depuis le 7 octobre et le fait que les otages soient toujours détenus par le Hamas qui ne veut rien entendre des propositions qui lui sont faites ?

  • Speaker #1

    C'est difficile de comparer le Hamas au Pharaon. Aujourd'hui, le Hamas... C'est ainsi que je comprends les choses, ce qui ne veut pas dire que j'ai une clarté, ou plus exactement une vision très large du problème. On a plutôt l'impression que le Hamas ne lâchera rien, et rien de rien, parce que c'est leur dernière carte. S'ils lâchent, à quelque prix que ce soit, s'ils lâchent les otages, Même si le prix est très élevé pour Israël, il ne leur reste plus rien. Les otages protègent, manifestement, le ramassent. là où ils sont cachés. Enfin, dans tous les cas, les galabricades du Dutra Mas. C'est comme ça que je comprends les choses. Ça ne nous rend pas très optimistes.

  • Speaker #0

    Eh bien, c'est sur ces mots que s'achève cette émission Thora et Société avec le grand rabbin Gilles Bernheim. Je vous souhaite, cher Gilles, de très bonnes fêtes, de Pessah, ainsi qu'aux vôtres.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Un bon Pessah pour vous et votre famille et pour tous nos auditeurs et auditrices. Pessah Kacher Vesanea.

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Chaque semaine le Grand Rabbin Gilles Bernheim confronte la tradition juive et ses textes à la société d'aujourd'hui. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    L'Oraille Société avec le grand rabbin Gilles Bernheim aborde cette semaine la fête de Pessah. Pessah, la naissance d'une nation, le nouvel an des rois. Gilles Bernheim, bonsoir.

  • Speaker #1

    Bonsoir.

  • Speaker #0

    De l'esclavage et de la maison de servitude, ce point est aussi important. Qu'est-ce qui différencie Gilbert Naim, un peuple d'une nation ?

  • Speaker #1

    Un peuple a un projet de vie, une manière de penser, une culture, une mémoire. Et le projet de vie ne se met véritablement pleinement en application dans la Torah qu'à partir du moment où le peuple entre sur la terre d'Israël. Ce n'est pas simplement pour des raisons de sionisme, si vous me permettez l'expression. C'est parce qu'il y a toute une partie des mitzvot qui ne peuvent s'appliquer qu'en vécu en terre d'Israël. Vous avez la Shemitah, vous avez la construction du temple, etc. À partir de l'entrée sur la terre d'Israël, le peuple devient... une nation, plus exactement, l'amorce d'une nation. Parce qu'il y a des grands mots et des petits effets, parfois. Il ne suffit pas de penser que l'on est une nation, il ne suffit pas de penser qu'on est le peuple de la mémoire, il ne suffit pas de penser que on a un projet extraordinaire depuis Matantora, ce qui est vrai. Mais encore faut-il savoir le mettre en application. Et ça, Ça dépend de notre capacité, de notre volonté, de notre persévérance, mais aussi d'une pas trop grande suffisance. Ne pas croire que ce que l'on est, c'est une réussite, ou que l'on se suffit à soi-même. On a besoin des autres, et de faire les choses tous ensemble, et bien ensemble. Ça, c'est la différence entre un peuple et une nation. Vous avez rappelé liberté, sortie d'Égypte. Lorsque les Hébreux sont sortis d'Égypte, ils n'étaient pas libres. Ils étaient libérés de l'Égypte. Il y a une transition qui est difficile entre simplement être libéré de la tutelle d'un maître et être pleinement libre. Il y a des gens qui ne sont plus esclaves, il y a des terres qui étaient colonisées ou des peuples qui ont été colonisés et qui ne le sont plus, mais lorsqu'ils ne le sont plus, cela ne signifie pas qu'ils sont. pleinement libre. Parce que pour être libre, il faut être très lucide, avoir un esprit de discernement, penser que l'on ne dépend pas que de la réflexion des autres, mais qu'on a besoin d'apprendre à penser par soi-même et de confronter sa pensée à celle des autres, ce qui n'est pas la même chose. Et c'est vrai qu'en sortant d'Égypte, ils sont libérés. Mais il suffit de regarder le texte biblique, de se souvenir que durant la traversée du désert, À plusieurs reprises, ils ont souhaité revenir en Égypte, non seulement durant la traversée du désert, mais très peu de temps après le passage de la mer Rouge à Mara. Ils voulaient revenir en Égypte parce que les sources étaient amères. Et donc, ils se sont déjà plaints, alors qu'ils sortaient d'Égypte depuis à peine quelques jours. Tout ça est à prendre jour et semaine. Tout ceci est à prendre. Je dirais avec attention et respect du texte, beaucoup de gens se croient libres parce qu'ils ont l'impression d'avoir beaucoup de droits. Ou plus exactement parce que beaucoup de droits leur sont octroyés. Mais il ne suffit pas d'avoir des droits, nous le disons à chaque émission ou presque. Il faut aussi avoir conscience des devoirs, ce à quoi nous obligent nos droits. Plus on a de liberté, Plus on a de possibilités, plus c'est compliqué. Donc il est très important que nous ayons conscience que la sortie d'Égypte, c'est le début de quelque chose. C'est l'amorce d'une lourde responsabilité, ce que M. Lévinas appelait une difficile liberté.

  • Speaker #0

    Alors, je ne sais pas si vous avez ce sentiment, mais en parlant de Pessah cette année, à la lumière de la tragédie qu'Israël a vécue le 7 octobre, certaines questions prennent, je dirais, un sens un peu particulier. Et j'ai envie de vous poser cette question, et après on parlera. du fait que Dieu a endurci le cœur de Pharaon, et ça va nous rappeler quelque chose dans l'actualité la plus immédiate. Mais finalement, est-ce le sort réservé aux Juifs en Égypte, c'est-à-dire l'esclavage qui a forgé la notion de nation ? Est-ce que le peuple juif est obligé de passer par... quelque chose de tragique, de difficile pour lui, pour avoir conscience, et on revient à ce que vous veniez de dire, de ses devoirs ?

  • Speaker #1

    La réponse est difficile. On ne souhaite pas toujours qu'il y ait des épreuves pour devenir plus lucide et, je dirais, plus responsable. Il y a des épreuves qui sont très douloureuses. Que le 7 octobre soit une épreuve, c'est un faible mot. Que l'on ait pris conscience d'un certain nombre de choses, c'est vrai. Qu'il y ait eu un début d'unité au sein d'un peuple sur sa terre qui était très divisé, c'est vrai, tant que le danger était très grand. À partir du moment, je ne dis pas que le danger s'éloigne. mais où l'on prend un peu de distance par rapport à la tragédie qui a été cruelle, et c'est un faible mot que de dire cruelle, alors il y a des divisions qui reviennent, reprennent. Je ne parle pas que des divisions autour de la priorité de récupérer les otages. Là nous sommes dans un dilemme. qui est assez connu, à savoir, est-ce qu'il faut privilégier la raison d'état ou l'humanisme ? L'humanisme, c'est tout faire pour récupérer, quitte à perdre sur d'autres choses. La raison d'état, c'est privilégier la victoire, ici, quitte à retarder ou à rendre plus difficile encore la récupération des otages. Mon propos n'est pas de donner une réponse, simplement de montrer qu'il n'est jamais simple d'avoir affaire face à un tel conflit, c'est-à-dire à une telle oscillation de la pensée en notre être, où à certains moments, mais ça dépend aussi du champ émotionnel dans lequel nous nous trouvons, que nous traversons. À certains moments, c'est la raison d'État, à d'autres moments, c'est l'humanisme en nous qui nous fait dire ou faire certaines choses.

  • Speaker #0

    Alors, Gilles Bernheim, j'aimerais qu'on essaye de comprendre avec vous comment, quand on lit le texte, quand on lit la Haggadah, quand on lit même la Torah, on a du mal à comprendre que, d'un côté, Dieu fournit à Pharaon les moyens de libérer rapidement le peuple juif. Merci. Et par la voix de Moïse, il annonce les dix plaies, chaque plaie se succédant les unes aux autres jusqu'à la dernière plaie. Et malgré cela, on a l'impression que le cœur de Pharaon s'endurcit, et s'endurcit de plus en plus. Et d'ailleurs, juste avant la pause, On évoquait les pogroms du 7 octobre et on a aussi l'impression aujourd'hui qu'il y a un durcissement des positions des ravisseurs des otages israéliens avec les médiateurs qui font des propositions, qui proposent. Et on a l'impression qu'à chaque fois, j'ai envie de dire là que le cœur de Pharaon s'endurcit de plus en plus.

  • Speaker #1

    Le cœur du Pharaon ? s'est endurci. Si l'on s'arrête, on ouvre une très courte parenthèse qui nous renvoie à l'actualité. Le cœur du Hamas, il est difficile de savoir s'il s'endurcit. Par contre, il présente quelques différences avec le cœur du Pharaon, mais cela, nous allons en parler. Depuis maintenant, nous allons y venir, savoir ce qui s'est exactement passé dans le cœur du Pharaon. parce qu'à partir du moment où l'on fait ce constat comme quoi Dieu a endurci le cœur du pharaon c'est déjà une manière de dire qu'il l'a privé de libre arbitre et on peut se poser là aussi une autre question à savoir quelle justification morale peut-il y avoir pour Dieu à priver pharaon de libre arbitre ce n'est pas une question simple ceci étant il est toujours important de bien regarder le texte pour s'assurer que cette privation du libre arbitre, c'est ainsi que le texte nous est souvent raconté, c'est très souvent sur ce sujet-là que portent les questionnements difficiles le soir du 7e à Pessah. Regardons les textes, si vous le permettez, et là je crois qu'il est important de s'y référer, nous ne le faisons pas souvent à l'antenne parce que ça ralentit considérablement le récit, mais lorsqu'il est question de la première plaie, Le verbe qui est utilisé au chapitre 7, verset 22, ce n'est pas le terme d'endurcir, c'est le terme de renforcer. Deux remarques ici. Il n'est pas dit que Dieu a endurci le cœur, Dieu n'est pas le sujet. de la phrase. Dans ce verset, premièrement, on a presque l'impression que cela s'est passé en le cœur du pharaon sans que l'on nous ait dit qui a renforcé ce cœur. Et puis c'est la racine c'est comme lorsqu'on dit à la synagogue ou lorsqu'on dit dans le livre de Josué et aussi à la synagogue. Ce n'est pas pour s'endurcir, c'est pour se renforcer. Lorsqu'on dit à quelqu'un un chavak, c'est il nous a renforcé ou nous le renforçons. Première chose. Là, il y a déjà un problème de traduction. Je sais que très souvent, les traductions françaises utilisent le terme de il a persisté ou bien il a été endurci, etc. Deuxième plaie. Les grenouilles. Les grenouilles... Il est dit The Arbed Thibaut Pharaon a apesanti son cœur. Là, il est question de Thibaut, c'est-à-dire d'endurcissement, mais ce n'est pas Dieu qui est le sujet. Cela s'est passé en lui. Donc, pour commencer, premier remarque, Dieu n'interfère pas dans les affaires, je n'allais dire dans les affaires de cœur, dans les affaires du cœur du Pharaon, en tous les cas jusque-là. J'en cite encore une troisième avant de rebondir. Pour la troisième plaie, kinim c'est-à-dire vermin le cœur du Pharaon yéhezak les paro comme tout à l'heure, le cœur de Pharaon fut renforcé Donc Dieu n'est toujours pas le sujet de la phrase et il n'est pas question de s'apesantir. Arbed, ce qui pèse, ce qui est lourd, donc là ça évoque l'endurcissement. Par contre, Yéhézad c'est renforcement, sans que, je le répète, que Dieu ne soit le sujet de la phrase. On est déjà sur trois plaies. 7, 1, 2. 8, chapitre 8, verset 11. Et chapitre 8, verset 15, les trois premières plaies. Il n'est toujours pas dit que Dieu est le sujet du Verbe. Il y a une sorte d'alternance entre renforcer, apesantir, renforcer, apesantir.

  • Speaker #0

    Est-ce que dans ce temps, dans ce laps de temps, est-ce qu'on peut dire que là, Pharaon a son libre-arbitre ?

  • Speaker #1

    Il a certainement son libre-arbitre. D'abord, on est obligé de récuser la formule. Et jusque-là, en tous les cas, Dieu a privé. Le pharaon de libre arbitre. En le cœur du pharaon, il y a eu un endurcissement. En le cœur du pharaon, il y a eu un renforcement. Alors quand il y a un endurcissement, il n'y a plus de libre arbitre. Par contre, lorsqu'en son cœur, il y a des forces de renforcement, plutôt des lignes de renforcement, nous ne sommes pas du tout dans la même situation, parce qu'au contraire, être renforcé, non pas être renforcé dans ses convictions, renforcés, c'est-à-dire qu'ils trouvent plus de force, et ce n'est pas des forces physiques. Lorsqu'on dit Chazak le'ematz Chazak renvoie au chizou c'est-à-dire la force morale, la force intellectuelle, la force de l'esprit. Le PMA, c'est la force physique, vaincre, être renforcé, être fort et vaincre. Ce n'est pas qu'il y a deux temps, ce sont deux choses différentes qui viennent dans cet ordre effectivement, mais d'abord être renforcé afin de pouvoir vaincre. Mais s'il n'y a pas la première étape, la deuxième ne se fait pas. Lorsqu'on regarde la quatrième plaie, Pharaon a pesanti son cœur. C'est comme pour la deuxième plaie. Bayach ved paro et libo chapitre 8, verset 28. C'est très singulier parce que jusqu'à la fin de la quatrième plaie, nous avons deux observations. Dieu n'est pas le sujet, que ce soit de l'endurcissement ou que ce soit du renforcement. Et la deuxième chose, c'est que nous passons de l'auto-durcissement à l'auto-renforcement, puis de nouveau à l'auto-durcissement et l'auto-renforcement. Ce sont des remarques qu'il faut absolument faire. Et ensuite, on peut passer à la cinquième plaie, la mortalité du bétail en Égypte des vers. Là, il est question de Bayar Bedlef Paror, le cœur du Pharaon qui s'endurcit. Il n'est toujours pas question de Dieu comme sujet de la phrase, c'est-à-dire d'une phrase où Dieu interférerait, ce qui n'est pas le cas, dans les affaires du cœur du Pharaon. Nous avons déjà traversé les cinq clés. La cinquième, si ça se trouve. au chapitre 9 du verset 7 de l'Exode, Bayah Petl'Esparon et il faut attendre la sixième plaie où il est question des shekhines c'est-à-dire des pustules, une sorte de furoncle qui envahit la peau. Et là, il est dit pour la première fois que Dieu renforça le cœur. Bayah Hazek Hachem est l'ex-parole. Là, Dieu est le sujet de la phrase. mais il l'est pour le renforcement du cœur. Il interfère dans les affaires du cœur du Pharaon pour le renforcer, c'est-à-dire pour lui donner des ressources, des énergies, afin qu'il devienne plus lucide. Je dirais qu'il fasse de bons choix. En tout cas, il lui donne la possibilité de sortir de son entêtement et peut-être d'entrouvrir la porte. C'est intéressant à observer parce que pour la septième plaie, il est question à la fois de Rizouk et de Kiboud. C'est-à-dire que le Pharaon a retrouvé son cœur endurci et juste à côté dans le texte, au chapitre 9, versets 34 et 35, il a retrouvé... du chizouk, du renforcement il y a une sorte de télescopage pour aller vite maintenant la huitième plaie c'est Dieu qui renforce le coeur de Pharaon et pour la neuvième plaie et bien c'est le même verset Baïe Chazek Baïe Chazek Hachem est l'ex-Paraon Dieu a renforcé. C'est intéressant dans la mesure où à chaque fois quand Dieu interfère dans les affaires du cœur du Pharaon, c'est pour le renforcer, c'est-à-dire pour lui donner, je dirais, pour lui donner des moyens dont l'autre saura ou non se servir, pour lui donner le moyen d'être un peu plus, je dirais, un peu plus lucide, un peu plus intelligent, un peu plus réfléchi. Mais il faut aussi comprendre une chose, parce qu'on ne comprend mal pourquoi Dieu Pendant toute la première partie des 10 plaies, le cœur s'emburcie tout seul, et parfois il se renforce. Lorsque quelqu'un s'appelle pharaon, et qu'il a des esclaves à son service, et que par ailleurs si ces esclaves s'en vont, le pharaon pourrait être inutilisé aux yeux des autres, c'est-à-dire des classes sociales en Égypte qui profitaient du travail des Hébreux. Ce n'est pas facile de sortir d'une telle manière de vivre, et puis de faire en sorte de demi-dieu, pour ne pas dire une divinité. et lorsque vous avez un tel statut vous ne pouvez pas faire preuve de faiblesse sinon cela voudrait dire que l'on ne croit plus en cette divinité tout cela il faut l'avoir présent à l'esprit et je pense que même lorsqu'il y a un renforcement soit qui vient du cœur du pharaon soit que Dieu en soit le sujet comme dans la deuxième partie des dix clés eh bien l'endurcissement Ça peut être non seulement une forme d'entêtement, mais une façon de se protéger. On a peur de penser autrement. On a peur de prendre des initiatives. Je dirais, on panique à l'idée de changer quelque chose à sa vie, ou à sa propre situation, ou à la situation de son peuple. Et là, on panique, on se... on referme la porte tout de suite. Maintenant, il peut y avoir de la lucidité, nous l'avons dit, du discernement. bien sûr qu'il y a eu la contrainte auparavant bien sûr que l'Égypte a été frappée par des coups terribles mais si le pharaon se dit tout ça pourrait s'arrêter s'il les laisse sortir il peut être tenté d'entrouver la porte mais très vite il y a un appel d'air, c'est-à-dire que ça va trop bouleverser les choses et je ne supporterai pas donc ce renforcement non ne peut être que suivi d'un endurcissement après. C'est quelque chose d'assez classique. C'est un déni de réalité. On revient à sa position première, parce que la véritable liberté, ou le libre-abri chez le Pharaon, est quelque chose non seulement de trop difficile, mais probablement de très douloureux. Et le mettre dans une position plus qu'inconfortable, je crois plutôt insupportable. Voilà ce qui ressort de la découverte de ce texte, qui est assez déroutant, parce que très souvent les traductions sont fausses, et très souvent on ouvre le problème, mais pourquoi Dieu a endurci le cœur à chaque plaie, alors qu'en lisant le texte on se rend compte que c'est beaucoup plus nuancé, et je dirais que beaucoup de mots étant mal traduits ouvrent de fausses perspectives, contraires à la lecture du texte.

  • Speaker #0

    Et si on devait, je dirais, mettre en perspective avec ce que vit Israël aujourd'hui depuis le 7 octobre et le fait que les otages soient toujours détenus par le Hamas qui ne veut rien entendre des propositions qui lui sont faites ?

  • Speaker #1

    C'est difficile de comparer le Hamas au Pharaon. Aujourd'hui, le Hamas... C'est ainsi que je comprends les choses, ce qui ne veut pas dire que j'ai une clarté, ou plus exactement une vision très large du problème. On a plutôt l'impression que le Hamas ne lâchera rien, et rien de rien, parce que c'est leur dernière carte. S'ils lâchent, à quelque prix que ce soit, s'ils lâchent les otages, Même si le prix est très élevé pour Israël, il ne leur reste plus rien. Les otages protègent, manifestement, le ramassent. là où ils sont cachés. Enfin, dans tous les cas, les galabricades du Dutra Mas. C'est comme ça que je comprends les choses. Ça ne nous rend pas très optimistes.

  • Speaker #0

    Eh bien, c'est sur ces mots que s'achève cette émission Thora et Société avec le grand rabbin Gilles Bernheim. Je vous souhaite, cher Gilles, de très bonnes fêtes, de Pessah, ainsi qu'aux vôtres.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Un bon Pessah pour vous et votre famille et pour tous nos auditeurs et auditrices. Pessah Kacher Vesanea.

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Description

Chaque semaine le Grand Rabbin Gilles Bernheim confronte la tradition juive et ses textes à la société d'aujourd'hui. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    L'Oraille Société avec le grand rabbin Gilles Bernheim aborde cette semaine la fête de Pessah. Pessah, la naissance d'une nation, le nouvel an des rois. Gilles Bernheim, bonsoir.

  • Speaker #1

    Bonsoir.

  • Speaker #0

    De l'esclavage et de la maison de servitude, ce point est aussi important. Qu'est-ce qui différencie Gilbert Naim, un peuple d'une nation ?

  • Speaker #1

    Un peuple a un projet de vie, une manière de penser, une culture, une mémoire. Et le projet de vie ne se met véritablement pleinement en application dans la Torah qu'à partir du moment où le peuple entre sur la terre d'Israël. Ce n'est pas simplement pour des raisons de sionisme, si vous me permettez l'expression. C'est parce qu'il y a toute une partie des mitzvot qui ne peuvent s'appliquer qu'en vécu en terre d'Israël. Vous avez la Shemitah, vous avez la construction du temple, etc. À partir de l'entrée sur la terre d'Israël, le peuple devient... une nation, plus exactement, l'amorce d'une nation. Parce qu'il y a des grands mots et des petits effets, parfois. Il ne suffit pas de penser que l'on est une nation, il ne suffit pas de penser qu'on est le peuple de la mémoire, il ne suffit pas de penser que on a un projet extraordinaire depuis Matantora, ce qui est vrai. Mais encore faut-il savoir le mettre en application. Et ça, Ça dépend de notre capacité, de notre volonté, de notre persévérance, mais aussi d'une pas trop grande suffisance. Ne pas croire que ce que l'on est, c'est une réussite, ou que l'on se suffit à soi-même. On a besoin des autres, et de faire les choses tous ensemble, et bien ensemble. Ça, c'est la différence entre un peuple et une nation. Vous avez rappelé liberté, sortie d'Égypte. Lorsque les Hébreux sont sortis d'Égypte, ils n'étaient pas libres. Ils étaient libérés de l'Égypte. Il y a une transition qui est difficile entre simplement être libéré de la tutelle d'un maître et être pleinement libre. Il y a des gens qui ne sont plus esclaves, il y a des terres qui étaient colonisées ou des peuples qui ont été colonisés et qui ne le sont plus, mais lorsqu'ils ne le sont plus, cela ne signifie pas qu'ils sont. pleinement libre. Parce que pour être libre, il faut être très lucide, avoir un esprit de discernement, penser que l'on ne dépend pas que de la réflexion des autres, mais qu'on a besoin d'apprendre à penser par soi-même et de confronter sa pensée à celle des autres, ce qui n'est pas la même chose. Et c'est vrai qu'en sortant d'Égypte, ils sont libérés. Mais il suffit de regarder le texte biblique, de se souvenir que durant la traversée du désert, À plusieurs reprises, ils ont souhaité revenir en Égypte, non seulement durant la traversée du désert, mais très peu de temps après le passage de la mer Rouge à Mara. Ils voulaient revenir en Égypte parce que les sources étaient amères. Et donc, ils se sont déjà plaints, alors qu'ils sortaient d'Égypte depuis à peine quelques jours. Tout ça est à prendre jour et semaine. Tout ceci est à prendre. Je dirais avec attention et respect du texte, beaucoup de gens se croient libres parce qu'ils ont l'impression d'avoir beaucoup de droits. Ou plus exactement parce que beaucoup de droits leur sont octroyés. Mais il ne suffit pas d'avoir des droits, nous le disons à chaque émission ou presque. Il faut aussi avoir conscience des devoirs, ce à quoi nous obligent nos droits. Plus on a de liberté, Plus on a de possibilités, plus c'est compliqué. Donc il est très important que nous ayons conscience que la sortie d'Égypte, c'est le début de quelque chose. C'est l'amorce d'une lourde responsabilité, ce que M. Lévinas appelait une difficile liberté.

  • Speaker #0

    Alors, je ne sais pas si vous avez ce sentiment, mais en parlant de Pessah cette année, à la lumière de la tragédie qu'Israël a vécue le 7 octobre, certaines questions prennent, je dirais, un sens un peu particulier. Et j'ai envie de vous poser cette question, et après on parlera. du fait que Dieu a endurci le cœur de Pharaon, et ça va nous rappeler quelque chose dans l'actualité la plus immédiate. Mais finalement, est-ce le sort réservé aux Juifs en Égypte, c'est-à-dire l'esclavage qui a forgé la notion de nation ? Est-ce que le peuple juif est obligé de passer par... quelque chose de tragique, de difficile pour lui, pour avoir conscience, et on revient à ce que vous veniez de dire, de ses devoirs ?

  • Speaker #1

    La réponse est difficile. On ne souhaite pas toujours qu'il y ait des épreuves pour devenir plus lucide et, je dirais, plus responsable. Il y a des épreuves qui sont très douloureuses. Que le 7 octobre soit une épreuve, c'est un faible mot. Que l'on ait pris conscience d'un certain nombre de choses, c'est vrai. Qu'il y ait eu un début d'unité au sein d'un peuple sur sa terre qui était très divisé, c'est vrai, tant que le danger était très grand. À partir du moment, je ne dis pas que le danger s'éloigne. mais où l'on prend un peu de distance par rapport à la tragédie qui a été cruelle, et c'est un faible mot que de dire cruelle, alors il y a des divisions qui reviennent, reprennent. Je ne parle pas que des divisions autour de la priorité de récupérer les otages. Là nous sommes dans un dilemme. qui est assez connu, à savoir, est-ce qu'il faut privilégier la raison d'état ou l'humanisme ? L'humanisme, c'est tout faire pour récupérer, quitte à perdre sur d'autres choses. La raison d'état, c'est privilégier la victoire, ici, quitte à retarder ou à rendre plus difficile encore la récupération des otages. Mon propos n'est pas de donner une réponse, simplement de montrer qu'il n'est jamais simple d'avoir affaire face à un tel conflit, c'est-à-dire à une telle oscillation de la pensée en notre être, où à certains moments, mais ça dépend aussi du champ émotionnel dans lequel nous nous trouvons, que nous traversons. À certains moments, c'est la raison d'État, à d'autres moments, c'est l'humanisme en nous qui nous fait dire ou faire certaines choses.

  • Speaker #0

    Alors, Gilles Bernheim, j'aimerais qu'on essaye de comprendre avec vous comment, quand on lit le texte, quand on lit la Haggadah, quand on lit même la Torah, on a du mal à comprendre que, d'un côté, Dieu fournit à Pharaon les moyens de libérer rapidement le peuple juif. Merci. Et par la voix de Moïse, il annonce les dix plaies, chaque plaie se succédant les unes aux autres jusqu'à la dernière plaie. Et malgré cela, on a l'impression que le cœur de Pharaon s'endurcit, et s'endurcit de plus en plus. Et d'ailleurs, juste avant la pause, On évoquait les pogroms du 7 octobre et on a aussi l'impression aujourd'hui qu'il y a un durcissement des positions des ravisseurs des otages israéliens avec les médiateurs qui font des propositions, qui proposent. Et on a l'impression qu'à chaque fois, j'ai envie de dire là que le cœur de Pharaon s'endurcit de plus en plus.

  • Speaker #1

    Le cœur du Pharaon ? s'est endurci. Si l'on s'arrête, on ouvre une très courte parenthèse qui nous renvoie à l'actualité. Le cœur du Hamas, il est difficile de savoir s'il s'endurcit. Par contre, il présente quelques différences avec le cœur du Pharaon, mais cela, nous allons en parler. Depuis maintenant, nous allons y venir, savoir ce qui s'est exactement passé dans le cœur du Pharaon. parce qu'à partir du moment où l'on fait ce constat comme quoi Dieu a endurci le cœur du pharaon c'est déjà une manière de dire qu'il l'a privé de libre arbitre et on peut se poser là aussi une autre question à savoir quelle justification morale peut-il y avoir pour Dieu à priver pharaon de libre arbitre ce n'est pas une question simple ceci étant il est toujours important de bien regarder le texte pour s'assurer que cette privation du libre arbitre, c'est ainsi que le texte nous est souvent raconté, c'est très souvent sur ce sujet-là que portent les questionnements difficiles le soir du 7e à Pessah. Regardons les textes, si vous le permettez, et là je crois qu'il est important de s'y référer, nous ne le faisons pas souvent à l'antenne parce que ça ralentit considérablement le récit, mais lorsqu'il est question de la première plaie, Le verbe qui est utilisé au chapitre 7, verset 22, ce n'est pas le terme d'endurcir, c'est le terme de renforcer. Deux remarques ici. Il n'est pas dit que Dieu a endurci le cœur, Dieu n'est pas le sujet. de la phrase. Dans ce verset, premièrement, on a presque l'impression que cela s'est passé en le cœur du pharaon sans que l'on nous ait dit qui a renforcé ce cœur. Et puis c'est la racine c'est comme lorsqu'on dit à la synagogue ou lorsqu'on dit dans le livre de Josué et aussi à la synagogue. Ce n'est pas pour s'endurcir, c'est pour se renforcer. Lorsqu'on dit à quelqu'un un chavak, c'est il nous a renforcé ou nous le renforçons. Première chose. Là, il y a déjà un problème de traduction. Je sais que très souvent, les traductions françaises utilisent le terme de il a persisté ou bien il a été endurci, etc. Deuxième plaie. Les grenouilles. Les grenouilles... Il est dit The Arbed Thibaut Pharaon a apesanti son cœur. Là, il est question de Thibaut, c'est-à-dire d'endurcissement, mais ce n'est pas Dieu qui est le sujet. Cela s'est passé en lui. Donc, pour commencer, premier remarque, Dieu n'interfère pas dans les affaires, je n'allais dire dans les affaires de cœur, dans les affaires du cœur du Pharaon, en tous les cas jusque-là. J'en cite encore une troisième avant de rebondir. Pour la troisième plaie, kinim c'est-à-dire vermin le cœur du Pharaon yéhezak les paro comme tout à l'heure, le cœur de Pharaon fut renforcé Donc Dieu n'est toujours pas le sujet de la phrase et il n'est pas question de s'apesantir. Arbed, ce qui pèse, ce qui est lourd, donc là ça évoque l'endurcissement. Par contre, Yéhézad c'est renforcement, sans que, je le répète, que Dieu ne soit le sujet de la phrase. On est déjà sur trois plaies. 7, 1, 2. 8, chapitre 8, verset 11. Et chapitre 8, verset 15, les trois premières plaies. Il n'est toujours pas dit que Dieu est le sujet du Verbe. Il y a une sorte d'alternance entre renforcer, apesantir, renforcer, apesantir.

  • Speaker #0

    Est-ce que dans ce temps, dans ce laps de temps, est-ce qu'on peut dire que là, Pharaon a son libre-arbitre ?

  • Speaker #1

    Il a certainement son libre-arbitre. D'abord, on est obligé de récuser la formule. Et jusque-là, en tous les cas, Dieu a privé. Le pharaon de libre arbitre. En le cœur du pharaon, il y a eu un endurcissement. En le cœur du pharaon, il y a eu un renforcement. Alors quand il y a un endurcissement, il n'y a plus de libre arbitre. Par contre, lorsqu'en son cœur, il y a des forces de renforcement, plutôt des lignes de renforcement, nous ne sommes pas du tout dans la même situation, parce qu'au contraire, être renforcé, non pas être renforcé dans ses convictions, renforcés, c'est-à-dire qu'ils trouvent plus de force, et ce n'est pas des forces physiques. Lorsqu'on dit Chazak le'ematz Chazak renvoie au chizou c'est-à-dire la force morale, la force intellectuelle, la force de l'esprit. Le PMA, c'est la force physique, vaincre, être renforcé, être fort et vaincre. Ce n'est pas qu'il y a deux temps, ce sont deux choses différentes qui viennent dans cet ordre effectivement, mais d'abord être renforcé afin de pouvoir vaincre. Mais s'il n'y a pas la première étape, la deuxième ne se fait pas. Lorsqu'on regarde la quatrième plaie, Pharaon a pesanti son cœur. C'est comme pour la deuxième plaie. Bayach ved paro et libo chapitre 8, verset 28. C'est très singulier parce que jusqu'à la fin de la quatrième plaie, nous avons deux observations. Dieu n'est pas le sujet, que ce soit de l'endurcissement ou que ce soit du renforcement. Et la deuxième chose, c'est que nous passons de l'auto-durcissement à l'auto-renforcement, puis de nouveau à l'auto-durcissement et l'auto-renforcement. Ce sont des remarques qu'il faut absolument faire. Et ensuite, on peut passer à la cinquième plaie, la mortalité du bétail en Égypte des vers. Là, il est question de Bayar Bedlef Paror, le cœur du Pharaon qui s'endurcit. Il n'est toujours pas question de Dieu comme sujet de la phrase, c'est-à-dire d'une phrase où Dieu interférerait, ce qui n'est pas le cas, dans les affaires du cœur du Pharaon. Nous avons déjà traversé les cinq clés. La cinquième, si ça se trouve. au chapitre 9 du verset 7 de l'Exode, Bayah Petl'Esparon et il faut attendre la sixième plaie où il est question des shekhines c'est-à-dire des pustules, une sorte de furoncle qui envahit la peau. Et là, il est dit pour la première fois que Dieu renforça le cœur. Bayah Hazek Hachem est l'ex-parole. Là, Dieu est le sujet de la phrase. mais il l'est pour le renforcement du cœur. Il interfère dans les affaires du cœur du Pharaon pour le renforcer, c'est-à-dire pour lui donner des ressources, des énergies, afin qu'il devienne plus lucide. Je dirais qu'il fasse de bons choix. En tout cas, il lui donne la possibilité de sortir de son entêtement et peut-être d'entrouvrir la porte. C'est intéressant à observer parce que pour la septième plaie, il est question à la fois de Rizouk et de Kiboud. C'est-à-dire que le Pharaon a retrouvé son cœur endurci et juste à côté dans le texte, au chapitre 9, versets 34 et 35, il a retrouvé... du chizouk, du renforcement il y a une sorte de télescopage pour aller vite maintenant la huitième plaie c'est Dieu qui renforce le coeur de Pharaon et pour la neuvième plaie et bien c'est le même verset Baïe Chazek Baïe Chazek Hachem est l'ex-Paraon Dieu a renforcé. C'est intéressant dans la mesure où à chaque fois quand Dieu interfère dans les affaires du cœur du Pharaon, c'est pour le renforcer, c'est-à-dire pour lui donner, je dirais, pour lui donner des moyens dont l'autre saura ou non se servir, pour lui donner le moyen d'être un peu plus, je dirais, un peu plus lucide, un peu plus intelligent, un peu plus réfléchi. Mais il faut aussi comprendre une chose, parce qu'on ne comprend mal pourquoi Dieu Pendant toute la première partie des 10 plaies, le cœur s'emburcie tout seul, et parfois il se renforce. Lorsque quelqu'un s'appelle pharaon, et qu'il a des esclaves à son service, et que par ailleurs si ces esclaves s'en vont, le pharaon pourrait être inutilisé aux yeux des autres, c'est-à-dire des classes sociales en Égypte qui profitaient du travail des Hébreux. Ce n'est pas facile de sortir d'une telle manière de vivre, et puis de faire en sorte de demi-dieu, pour ne pas dire une divinité. et lorsque vous avez un tel statut vous ne pouvez pas faire preuve de faiblesse sinon cela voudrait dire que l'on ne croit plus en cette divinité tout cela il faut l'avoir présent à l'esprit et je pense que même lorsqu'il y a un renforcement soit qui vient du cœur du pharaon soit que Dieu en soit le sujet comme dans la deuxième partie des dix clés eh bien l'endurcissement Ça peut être non seulement une forme d'entêtement, mais une façon de se protéger. On a peur de penser autrement. On a peur de prendre des initiatives. Je dirais, on panique à l'idée de changer quelque chose à sa vie, ou à sa propre situation, ou à la situation de son peuple. Et là, on panique, on se... on referme la porte tout de suite. Maintenant, il peut y avoir de la lucidité, nous l'avons dit, du discernement. bien sûr qu'il y a eu la contrainte auparavant bien sûr que l'Égypte a été frappée par des coups terribles mais si le pharaon se dit tout ça pourrait s'arrêter s'il les laisse sortir il peut être tenté d'entrouver la porte mais très vite il y a un appel d'air, c'est-à-dire que ça va trop bouleverser les choses et je ne supporterai pas donc ce renforcement non ne peut être que suivi d'un endurcissement après. C'est quelque chose d'assez classique. C'est un déni de réalité. On revient à sa position première, parce que la véritable liberté, ou le libre-abri chez le Pharaon, est quelque chose non seulement de trop difficile, mais probablement de très douloureux. Et le mettre dans une position plus qu'inconfortable, je crois plutôt insupportable. Voilà ce qui ressort de la découverte de ce texte, qui est assez déroutant, parce que très souvent les traductions sont fausses, et très souvent on ouvre le problème, mais pourquoi Dieu a endurci le cœur à chaque plaie, alors qu'en lisant le texte on se rend compte que c'est beaucoup plus nuancé, et je dirais que beaucoup de mots étant mal traduits ouvrent de fausses perspectives, contraires à la lecture du texte.

  • Speaker #0

    Et si on devait, je dirais, mettre en perspective avec ce que vit Israël aujourd'hui depuis le 7 octobre et le fait que les otages soient toujours détenus par le Hamas qui ne veut rien entendre des propositions qui lui sont faites ?

  • Speaker #1

    C'est difficile de comparer le Hamas au Pharaon. Aujourd'hui, le Hamas... C'est ainsi que je comprends les choses, ce qui ne veut pas dire que j'ai une clarté, ou plus exactement une vision très large du problème. On a plutôt l'impression que le Hamas ne lâchera rien, et rien de rien, parce que c'est leur dernière carte. S'ils lâchent, à quelque prix que ce soit, s'ils lâchent les otages, Même si le prix est très élevé pour Israël, il ne leur reste plus rien. Les otages protègent, manifestement, le ramassent. là où ils sont cachés. Enfin, dans tous les cas, les galabricades du Dutra Mas. C'est comme ça que je comprends les choses. Ça ne nous rend pas très optimistes.

  • Speaker #0

    Eh bien, c'est sur ces mots que s'achève cette émission Thora et Société avec le grand rabbin Gilles Bernheim. Je vous souhaite, cher Gilles, de très bonnes fêtes, de Pessah, ainsi qu'aux vôtres.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Un bon Pessah pour vous et votre famille et pour tous nos auditeurs et auditrices. Pessah Kacher Vesanea.

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Chaque semaine le Grand Rabbin Gilles Bernheim confronte la tradition juive et ses textes à la société d'aujourd'hui. 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    L'Oraille Société avec le grand rabbin Gilles Bernheim aborde cette semaine la fête de Pessah. Pessah, la naissance d'une nation, le nouvel an des rois. Gilles Bernheim, bonsoir.

  • Speaker #1

    Bonsoir.

  • Speaker #0

    De l'esclavage et de la maison de servitude, ce point est aussi important. Qu'est-ce qui différencie Gilbert Naim, un peuple d'une nation ?

  • Speaker #1

    Un peuple a un projet de vie, une manière de penser, une culture, une mémoire. Et le projet de vie ne se met véritablement pleinement en application dans la Torah qu'à partir du moment où le peuple entre sur la terre d'Israël. Ce n'est pas simplement pour des raisons de sionisme, si vous me permettez l'expression. C'est parce qu'il y a toute une partie des mitzvot qui ne peuvent s'appliquer qu'en vécu en terre d'Israël. Vous avez la Shemitah, vous avez la construction du temple, etc. À partir de l'entrée sur la terre d'Israël, le peuple devient... une nation, plus exactement, l'amorce d'une nation. Parce qu'il y a des grands mots et des petits effets, parfois. Il ne suffit pas de penser que l'on est une nation, il ne suffit pas de penser qu'on est le peuple de la mémoire, il ne suffit pas de penser que on a un projet extraordinaire depuis Matantora, ce qui est vrai. Mais encore faut-il savoir le mettre en application. Et ça, Ça dépend de notre capacité, de notre volonté, de notre persévérance, mais aussi d'une pas trop grande suffisance. Ne pas croire que ce que l'on est, c'est une réussite, ou que l'on se suffit à soi-même. On a besoin des autres, et de faire les choses tous ensemble, et bien ensemble. Ça, c'est la différence entre un peuple et une nation. Vous avez rappelé liberté, sortie d'Égypte. Lorsque les Hébreux sont sortis d'Égypte, ils n'étaient pas libres. Ils étaient libérés de l'Égypte. Il y a une transition qui est difficile entre simplement être libéré de la tutelle d'un maître et être pleinement libre. Il y a des gens qui ne sont plus esclaves, il y a des terres qui étaient colonisées ou des peuples qui ont été colonisés et qui ne le sont plus, mais lorsqu'ils ne le sont plus, cela ne signifie pas qu'ils sont. pleinement libre. Parce que pour être libre, il faut être très lucide, avoir un esprit de discernement, penser que l'on ne dépend pas que de la réflexion des autres, mais qu'on a besoin d'apprendre à penser par soi-même et de confronter sa pensée à celle des autres, ce qui n'est pas la même chose. Et c'est vrai qu'en sortant d'Égypte, ils sont libérés. Mais il suffit de regarder le texte biblique, de se souvenir que durant la traversée du désert, À plusieurs reprises, ils ont souhaité revenir en Égypte, non seulement durant la traversée du désert, mais très peu de temps après le passage de la mer Rouge à Mara. Ils voulaient revenir en Égypte parce que les sources étaient amères. Et donc, ils se sont déjà plaints, alors qu'ils sortaient d'Égypte depuis à peine quelques jours. Tout ça est à prendre jour et semaine. Tout ceci est à prendre. Je dirais avec attention et respect du texte, beaucoup de gens se croient libres parce qu'ils ont l'impression d'avoir beaucoup de droits. Ou plus exactement parce que beaucoup de droits leur sont octroyés. Mais il ne suffit pas d'avoir des droits, nous le disons à chaque émission ou presque. Il faut aussi avoir conscience des devoirs, ce à quoi nous obligent nos droits. Plus on a de liberté, Plus on a de possibilités, plus c'est compliqué. Donc il est très important que nous ayons conscience que la sortie d'Égypte, c'est le début de quelque chose. C'est l'amorce d'une lourde responsabilité, ce que M. Lévinas appelait une difficile liberté.

  • Speaker #0

    Alors, je ne sais pas si vous avez ce sentiment, mais en parlant de Pessah cette année, à la lumière de la tragédie qu'Israël a vécue le 7 octobre, certaines questions prennent, je dirais, un sens un peu particulier. Et j'ai envie de vous poser cette question, et après on parlera. du fait que Dieu a endurci le cœur de Pharaon, et ça va nous rappeler quelque chose dans l'actualité la plus immédiate. Mais finalement, est-ce le sort réservé aux Juifs en Égypte, c'est-à-dire l'esclavage qui a forgé la notion de nation ? Est-ce que le peuple juif est obligé de passer par... quelque chose de tragique, de difficile pour lui, pour avoir conscience, et on revient à ce que vous veniez de dire, de ses devoirs ?

  • Speaker #1

    La réponse est difficile. On ne souhaite pas toujours qu'il y ait des épreuves pour devenir plus lucide et, je dirais, plus responsable. Il y a des épreuves qui sont très douloureuses. Que le 7 octobre soit une épreuve, c'est un faible mot. Que l'on ait pris conscience d'un certain nombre de choses, c'est vrai. Qu'il y ait eu un début d'unité au sein d'un peuple sur sa terre qui était très divisé, c'est vrai, tant que le danger était très grand. À partir du moment, je ne dis pas que le danger s'éloigne. mais où l'on prend un peu de distance par rapport à la tragédie qui a été cruelle, et c'est un faible mot que de dire cruelle, alors il y a des divisions qui reviennent, reprennent. Je ne parle pas que des divisions autour de la priorité de récupérer les otages. Là nous sommes dans un dilemme. qui est assez connu, à savoir, est-ce qu'il faut privilégier la raison d'état ou l'humanisme ? L'humanisme, c'est tout faire pour récupérer, quitte à perdre sur d'autres choses. La raison d'état, c'est privilégier la victoire, ici, quitte à retarder ou à rendre plus difficile encore la récupération des otages. Mon propos n'est pas de donner une réponse, simplement de montrer qu'il n'est jamais simple d'avoir affaire face à un tel conflit, c'est-à-dire à une telle oscillation de la pensée en notre être, où à certains moments, mais ça dépend aussi du champ émotionnel dans lequel nous nous trouvons, que nous traversons. À certains moments, c'est la raison d'État, à d'autres moments, c'est l'humanisme en nous qui nous fait dire ou faire certaines choses.

  • Speaker #0

    Alors, Gilles Bernheim, j'aimerais qu'on essaye de comprendre avec vous comment, quand on lit le texte, quand on lit la Haggadah, quand on lit même la Torah, on a du mal à comprendre que, d'un côté, Dieu fournit à Pharaon les moyens de libérer rapidement le peuple juif. Merci. Et par la voix de Moïse, il annonce les dix plaies, chaque plaie se succédant les unes aux autres jusqu'à la dernière plaie. Et malgré cela, on a l'impression que le cœur de Pharaon s'endurcit, et s'endurcit de plus en plus. Et d'ailleurs, juste avant la pause, On évoquait les pogroms du 7 octobre et on a aussi l'impression aujourd'hui qu'il y a un durcissement des positions des ravisseurs des otages israéliens avec les médiateurs qui font des propositions, qui proposent. Et on a l'impression qu'à chaque fois, j'ai envie de dire là que le cœur de Pharaon s'endurcit de plus en plus.

  • Speaker #1

    Le cœur du Pharaon ? s'est endurci. Si l'on s'arrête, on ouvre une très courte parenthèse qui nous renvoie à l'actualité. Le cœur du Hamas, il est difficile de savoir s'il s'endurcit. Par contre, il présente quelques différences avec le cœur du Pharaon, mais cela, nous allons en parler. Depuis maintenant, nous allons y venir, savoir ce qui s'est exactement passé dans le cœur du Pharaon. parce qu'à partir du moment où l'on fait ce constat comme quoi Dieu a endurci le cœur du pharaon c'est déjà une manière de dire qu'il l'a privé de libre arbitre et on peut se poser là aussi une autre question à savoir quelle justification morale peut-il y avoir pour Dieu à priver pharaon de libre arbitre ce n'est pas une question simple ceci étant il est toujours important de bien regarder le texte pour s'assurer que cette privation du libre arbitre, c'est ainsi que le texte nous est souvent raconté, c'est très souvent sur ce sujet-là que portent les questionnements difficiles le soir du 7e à Pessah. Regardons les textes, si vous le permettez, et là je crois qu'il est important de s'y référer, nous ne le faisons pas souvent à l'antenne parce que ça ralentit considérablement le récit, mais lorsqu'il est question de la première plaie, Le verbe qui est utilisé au chapitre 7, verset 22, ce n'est pas le terme d'endurcir, c'est le terme de renforcer. Deux remarques ici. Il n'est pas dit que Dieu a endurci le cœur, Dieu n'est pas le sujet. de la phrase. Dans ce verset, premièrement, on a presque l'impression que cela s'est passé en le cœur du pharaon sans que l'on nous ait dit qui a renforcé ce cœur. Et puis c'est la racine c'est comme lorsqu'on dit à la synagogue ou lorsqu'on dit dans le livre de Josué et aussi à la synagogue. Ce n'est pas pour s'endurcir, c'est pour se renforcer. Lorsqu'on dit à quelqu'un un chavak, c'est il nous a renforcé ou nous le renforçons. Première chose. Là, il y a déjà un problème de traduction. Je sais que très souvent, les traductions françaises utilisent le terme de il a persisté ou bien il a été endurci, etc. Deuxième plaie. Les grenouilles. Les grenouilles... Il est dit The Arbed Thibaut Pharaon a apesanti son cœur. Là, il est question de Thibaut, c'est-à-dire d'endurcissement, mais ce n'est pas Dieu qui est le sujet. Cela s'est passé en lui. Donc, pour commencer, premier remarque, Dieu n'interfère pas dans les affaires, je n'allais dire dans les affaires de cœur, dans les affaires du cœur du Pharaon, en tous les cas jusque-là. J'en cite encore une troisième avant de rebondir. Pour la troisième plaie, kinim c'est-à-dire vermin le cœur du Pharaon yéhezak les paro comme tout à l'heure, le cœur de Pharaon fut renforcé Donc Dieu n'est toujours pas le sujet de la phrase et il n'est pas question de s'apesantir. Arbed, ce qui pèse, ce qui est lourd, donc là ça évoque l'endurcissement. Par contre, Yéhézad c'est renforcement, sans que, je le répète, que Dieu ne soit le sujet de la phrase. On est déjà sur trois plaies. 7, 1, 2. 8, chapitre 8, verset 11. Et chapitre 8, verset 15, les trois premières plaies. Il n'est toujours pas dit que Dieu est le sujet du Verbe. Il y a une sorte d'alternance entre renforcer, apesantir, renforcer, apesantir.

  • Speaker #0

    Est-ce que dans ce temps, dans ce laps de temps, est-ce qu'on peut dire que là, Pharaon a son libre-arbitre ?

  • Speaker #1

    Il a certainement son libre-arbitre. D'abord, on est obligé de récuser la formule. Et jusque-là, en tous les cas, Dieu a privé. Le pharaon de libre arbitre. En le cœur du pharaon, il y a eu un endurcissement. En le cœur du pharaon, il y a eu un renforcement. Alors quand il y a un endurcissement, il n'y a plus de libre arbitre. Par contre, lorsqu'en son cœur, il y a des forces de renforcement, plutôt des lignes de renforcement, nous ne sommes pas du tout dans la même situation, parce qu'au contraire, être renforcé, non pas être renforcé dans ses convictions, renforcés, c'est-à-dire qu'ils trouvent plus de force, et ce n'est pas des forces physiques. Lorsqu'on dit Chazak le'ematz Chazak renvoie au chizou c'est-à-dire la force morale, la force intellectuelle, la force de l'esprit. Le PMA, c'est la force physique, vaincre, être renforcé, être fort et vaincre. Ce n'est pas qu'il y a deux temps, ce sont deux choses différentes qui viennent dans cet ordre effectivement, mais d'abord être renforcé afin de pouvoir vaincre. Mais s'il n'y a pas la première étape, la deuxième ne se fait pas. Lorsqu'on regarde la quatrième plaie, Pharaon a pesanti son cœur. C'est comme pour la deuxième plaie. Bayach ved paro et libo chapitre 8, verset 28. C'est très singulier parce que jusqu'à la fin de la quatrième plaie, nous avons deux observations. Dieu n'est pas le sujet, que ce soit de l'endurcissement ou que ce soit du renforcement. Et la deuxième chose, c'est que nous passons de l'auto-durcissement à l'auto-renforcement, puis de nouveau à l'auto-durcissement et l'auto-renforcement. Ce sont des remarques qu'il faut absolument faire. Et ensuite, on peut passer à la cinquième plaie, la mortalité du bétail en Égypte des vers. Là, il est question de Bayar Bedlef Paror, le cœur du Pharaon qui s'endurcit. Il n'est toujours pas question de Dieu comme sujet de la phrase, c'est-à-dire d'une phrase où Dieu interférerait, ce qui n'est pas le cas, dans les affaires du cœur du Pharaon. Nous avons déjà traversé les cinq clés. La cinquième, si ça se trouve. au chapitre 9 du verset 7 de l'Exode, Bayah Petl'Esparon et il faut attendre la sixième plaie où il est question des shekhines c'est-à-dire des pustules, une sorte de furoncle qui envahit la peau. Et là, il est dit pour la première fois que Dieu renforça le cœur. Bayah Hazek Hachem est l'ex-parole. Là, Dieu est le sujet de la phrase. mais il l'est pour le renforcement du cœur. Il interfère dans les affaires du cœur du Pharaon pour le renforcer, c'est-à-dire pour lui donner des ressources, des énergies, afin qu'il devienne plus lucide. Je dirais qu'il fasse de bons choix. En tout cas, il lui donne la possibilité de sortir de son entêtement et peut-être d'entrouvrir la porte. C'est intéressant à observer parce que pour la septième plaie, il est question à la fois de Rizouk et de Kiboud. C'est-à-dire que le Pharaon a retrouvé son cœur endurci et juste à côté dans le texte, au chapitre 9, versets 34 et 35, il a retrouvé... du chizouk, du renforcement il y a une sorte de télescopage pour aller vite maintenant la huitième plaie c'est Dieu qui renforce le coeur de Pharaon et pour la neuvième plaie et bien c'est le même verset Baïe Chazek Baïe Chazek Hachem est l'ex-Paraon Dieu a renforcé. C'est intéressant dans la mesure où à chaque fois quand Dieu interfère dans les affaires du cœur du Pharaon, c'est pour le renforcer, c'est-à-dire pour lui donner, je dirais, pour lui donner des moyens dont l'autre saura ou non se servir, pour lui donner le moyen d'être un peu plus, je dirais, un peu plus lucide, un peu plus intelligent, un peu plus réfléchi. Mais il faut aussi comprendre une chose, parce qu'on ne comprend mal pourquoi Dieu Pendant toute la première partie des 10 plaies, le cœur s'emburcie tout seul, et parfois il se renforce. Lorsque quelqu'un s'appelle pharaon, et qu'il a des esclaves à son service, et que par ailleurs si ces esclaves s'en vont, le pharaon pourrait être inutilisé aux yeux des autres, c'est-à-dire des classes sociales en Égypte qui profitaient du travail des Hébreux. Ce n'est pas facile de sortir d'une telle manière de vivre, et puis de faire en sorte de demi-dieu, pour ne pas dire une divinité. et lorsque vous avez un tel statut vous ne pouvez pas faire preuve de faiblesse sinon cela voudrait dire que l'on ne croit plus en cette divinité tout cela il faut l'avoir présent à l'esprit et je pense que même lorsqu'il y a un renforcement soit qui vient du cœur du pharaon soit que Dieu en soit le sujet comme dans la deuxième partie des dix clés eh bien l'endurcissement Ça peut être non seulement une forme d'entêtement, mais une façon de se protéger. On a peur de penser autrement. On a peur de prendre des initiatives. Je dirais, on panique à l'idée de changer quelque chose à sa vie, ou à sa propre situation, ou à la situation de son peuple. Et là, on panique, on se... on referme la porte tout de suite. Maintenant, il peut y avoir de la lucidité, nous l'avons dit, du discernement. bien sûr qu'il y a eu la contrainte auparavant bien sûr que l'Égypte a été frappée par des coups terribles mais si le pharaon se dit tout ça pourrait s'arrêter s'il les laisse sortir il peut être tenté d'entrouver la porte mais très vite il y a un appel d'air, c'est-à-dire que ça va trop bouleverser les choses et je ne supporterai pas donc ce renforcement non ne peut être que suivi d'un endurcissement après. C'est quelque chose d'assez classique. C'est un déni de réalité. On revient à sa position première, parce que la véritable liberté, ou le libre-abri chez le Pharaon, est quelque chose non seulement de trop difficile, mais probablement de très douloureux. Et le mettre dans une position plus qu'inconfortable, je crois plutôt insupportable. Voilà ce qui ressort de la découverte de ce texte, qui est assez déroutant, parce que très souvent les traductions sont fausses, et très souvent on ouvre le problème, mais pourquoi Dieu a endurci le cœur à chaque plaie, alors qu'en lisant le texte on se rend compte que c'est beaucoup plus nuancé, et je dirais que beaucoup de mots étant mal traduits ouvrent de fausses perspectives, contraires à la lecture du texte.

  • Speaker #0

    Et si on devait, je dirais, mettre en perspective avec ce que vit Israël aujourd'hui depuis le 7 octobre et le fait que les otages soient toujours détenus par le Hamas qui ne veut rien entendre des propositions qui lui sont faites ?

  • Speaker #1

    C'est difficile de comparer le Hamas au Pharaon. Aujourd'hui, le Hamas... C'est ainsi que je comprends les choses, ce qui ne veut pas dire que j'ai une clarté, ou plus exactement une vision très large du problème. On a plutôt l'impression que le Hamas ne lâchera rien, et rien de rien, parce que c'est leur dernière carte. S'ils lâchent, à quelque prix que ce soit, s'ils lâchent les otages, Même si le prix est très élevé pour Israël, il ne leur reste plus rien. Les otages protègent, manifestement, le ramassent. là où ils sont cachés. Enfin, dans tous les cas, les galabricades du Dutra Mas. C'est comme ça que je comprends les choses. Ça ne nous rend pas très optimistes.

  • Speaker #0

    Eh bien, c'est sur ces mots que s'achève cette émission Thora et Société avec le grand rabbin Gilles Bernheim. Je vous souhaite, cher Gilles, de très bonnes fêtes, de Pessah, ainsi qu'aux vôtres.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup. Un bon Pessah pour vous et votre famille et pour tous nos auditeurs et auditrices. Pessah Kacher Vesanea.

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