- Speaker #0
Toujours une femme, c'est le podcast qui explore les mille et une façons de vivre pleinement épanouie après une agression sexuelle. Je suis Natacha et je te souhaite la bienvenue sur ce podcast que j'aurais voulu entendre après l'agression sexuelle que j'ai vécue à l'adolescence. Comme beaucoup de femmes, j'ai cru pendant de longues années que je ne m'en sortirais jamais. Pourtant, aujourd'hui, j'ai une vie pleinement épanouie, particulièrement au niveau de ma sexualité. C'est possible. Seule ou avec mes invités témoins et experts, je donne à chaque épisode des clés pour que toi aussi, tu puisses te créer une vie dans laquelle tu te sentes libre. puissante et épanouie. Bonne écoute ! Aujourd'hui je te présente Angelina qui témoigne de son parcours de résilience suite à l'agression sexuelle qu'elle a vécu quand elle était au collège. Une histoire hyper inspirante. Je suis ravie de te proposer cet épisode aujourd'hui parce qu'on a abordé plusieurs sujets très importants. Tu découvriras dans cet épisode comment elle a vécu la sortie de son amnésie traumatique, les différentes étapes qui lui ont permis de parler et aller mieux. et ce que le fait de déposer plainte a provoqué chez elle. Je te souhaite une merveilleuse écoute. Bonjour et bienvenue Angelina. Merci beaucoup d'avoir accepté mon invitation et d'être là aujourd'hui avec moi. Comment tu vas ?
- Speaker #1
Merci à toi. Ça va et toi ?
- Speaker #0
Ça va super. Je suis super contente de t'accueillir. Est-ce que tu peux te présenter en quelques mots s'il te plaît pour nos auditrices ?
- Speaker #1
Alors, du coup, je m'appelle Angelina, j'ai 24 ans, je suis comptable de profession.
- Speaker #0
Super, merci. Avant de commencer, je voudrais te poser une question. Qu'est-ce que ça évoque pour toi, toujours une femme ?
- Speaker #1
Ça évoque pour moi la libéralisation de la parole, ça se dit comme ça, de pouvoir justement parler et... de savoir qu'il y a d'autres gens qui nous comprennent, qu'il y a d'autres gens qui ont vécu les mêmes choses que nous, qu'on n'est pas tout seul, qu'on n'est pas quelqu'un d'anormal, une espèce bizarre, enfin voilà.
- Speaker #0
Ok, merci. Merci pour ta réponse, c'est assez drôle de voir que chacun entend des choses différentes dans cette appellation. J'aime bien poser cette question. Du coup, si on se parle aujourd'hui, c'est parce que tu as vécu, toi, une agression sexuelle dans ton adolescence. Et du coup, la première question que je me pose, c'est qu'est-ce qui t'a donné envie d'être là aujourd'hui et de participer à ce podcast ?
- Speaker #1
Ce qui m'a donné envie de participer, c'est justement d'en parler, de ne pas rester dans son coin et d'en parler, et de pouvoir avoir d'autres personnes qui puissent venir m'en parler aussi en retour, enfin me dire, enfin pouvoir justement... échanger sur ce sujet-là, parce que dans le quotidien, ce n'est pas toujours facile d'en parler avec des personnes, même des personnes de son entourage, etc. Et même quand on en parle avec eux, c'est toujours délicat de... C'est tellement un sujet sensible que même si tu sais que ça leur est arrivé, tu n'as pas envie de remuer le couteau dans la plaie. Donc des fois, c'est bien aussi de pouvoir parler à des inconnus et de pouvoir échanger là-dessus et de montrer aussi que c'est possible, que tout ce que c'est possible. que même si c'est difficile d'en parler au début, on peut toujours... Enfin, ça change, en fait, c'est pas une fatalité. Parce que moi, au début, j'étais incapable de prononcer un mot là-dessus, enfin, de dire à quelqu'un j'ai vécu ça C'était incapable, c'était... J'aurais jamais pensé en être là aujourd'hui, et du coup, montrer que c'est possible, et donc voilà.
- Speaker #0
Et bravo pour ça, et merci du coup de faire cette démarche-là, parce qu'effectivement, c'est hyper important de montrer que... on peut parler et je pense qu'on va beaucoup parler de ça aujourd'hui dans l'épisode, que parler ça a vraiment une importance et ça peut vraiment beaucoup aider. Donc du coup tu m'as un petit peu expliqué en off au moment de préparer cet épisode que tu avais vécu une agression sexuelle dans ton adolescence mais que tu ne t'en étais pas souvenu avant un certain âge d'ailleurs, je ne sais pas quel âge exactement.
- Speaker #1
Je ne sais pas non plus exactement, j'aurais dit 20 ans, c'était... Enfin quoi que, peut-être 21 ans, c'était il y a à peu près 3 ans, 3 ans et demi, que je m'en suis souvenue. D'ailleurs, je m'en suis souvenue à peu près en deux fois, c'est un peu spécial. Je m'en étais rappelée, en fait, parce que la personne qui m'avait fait ça m'avait demandé en ami sur Facebook, donc ça m'avait tout remonté les souvenirs en moi. J'en avais parlé à mon petit copain de l'époque. Et il avait super mal réagi. Et du coup, j'ai totalement fermé le sujet. Je lui ai dit, enfin, il m'avait dit, il faut que tu portes plainte. Il faut que moi, je vais en parler à ta mère. Si toi, t'en parles pas à ta mère, moi, je vais le faire et tout. Du coup, je lui ai dit, si tu fais ça, on n'est plus ensemble. Donc, du coup, il a fermé le sujet. Et moi, j'ai fermé le sujet aussi de mon côté. En fait, j'ai tout oublié jusqu'à il y a trois ans, trois ans et demi. Là, je m'en suis souvenue. Et pareil, d'un coup, encore comme ça, je m'en suis souvenue. Et là, j'ai pas refait le... copain actuel et il a pas mal réagi et du coup j'ai pas refoulé ça encore une fois
- Speaker #0
Tu dis que c'est spécial, mais en fait, c'est assez courant ce que tu décris, de se rappeler, d'avoir des bribes de souvenirs et puis de le ranger dans sa petite boîte et puis que ça ressort. J'ai vécu la même chose. Moi, ça a mis 16 ans. Je ne sais pas si je pourrais dire que j'ai vécu une amnésie traumatique, mais il y a vraiment eu des moments où c'était complètement oublié et des moments où ça revenait. Et je pense que c'est très courant. de vivre ça donc si vous nous écoutez vous pensez que c'est anormal et que c'est spécial et vous vous en voulez de de vous en êtes souvenu et de la voir de nouveau renfoui c'est tout à fait courant et c'est tout à fait normal Et comment du coup avant avant que ces souvenirs reviennent c'était quoi ta vie tous les jours comment tu comment l'était ta vie avant ces souvenirs ça allait ça allait mais pour fin
- Speaker #1
Au moment où je m'en suis souvenu, ça allait vraiment mieux dans ma vie. Mais un petit peu avant, c'est là où ça a commencé déjà au niveau de la sexualité, où ça allait déjà beaucoup moins bien. Et je pense que c'est parce qu'en fait, mon ex avait des gestes qui me rappelaient ce que j'avais vécu. Mais je n'étais pas capable de m'en souvenir vraiment. Donc juste, je sentais qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas, mais je ne savais pas quoi. Je ne me sentais pas forcément bien, etc. Mais je ne savais pas forcément quoi.
- Speaker #0
Ok, finalement, il y avait quelque chose qui se passait, mais tu n'arrivais pas à faire le lien parce que tu n'avais pas les souvenirs.
- Speaker #1
C'est ça, exactement.
- Speaker #0
C'est quel genre de réaction que tu avais, du coup ?
- Speaker #1
C'est une baisse de libido, c'est quand il s'approche, être complètement fermé, être de plus en plus fermé sur la sexualité, parce que ça ne s'est pas fait du jour au lendemain non plus. Ça s'est fait vraiment petit à petit, jusqu'à être quand même assez... Assez bas quoi, à pas aimer quand il s'approche de moi, des choses comme ça quoi.
- Speaker #0
C'était avant que tu t'en souviennes du coup ?
- Speaker #1
Oui, c'était avant que je m'en souvienne, ouais.
- Speaker #0
Ok. Et du coup, quand tu t'en es souvenu, comment tu l'as vécu en fait de te rappeler de ce qui s'était passé ?
- Speaker #1
Pas forcément pas très bien. Enfin déjà, je pense qu'au début, j'étais vraiment sous le choc, entre guillemets, en mode est-ce que c'est vraiment possible que j'ai vraiment vécu ça ? Enfin, à me sentir pas bien. Et du coup, j'en ai directement parlé à mon copain. Et donc après, ça s'est... Enfin après, j'ai réalisé petit à petit, mais j'ai vraiment mis beaucoup de temps même à réaliser que c'était possible que ça me soit arrivé, rien que le fait que ce soit possible que ça me soit arrivé. J'ai mis vraiment beaucoup de temps à le réaliser. Et bon, c'est vrai qu'avant de me rappeler de ça, j'allais quand même beaucoup mieux au niveau de la sexualité. Enfin, je me venais de mettre avec mon copain actuel, donc les débuts de relation, ça va toujours bien. Donc ça allait quand même beaucoup mieux au niveau sexualité. Et du coup, après m'en être souvenue, c'est là où ça a recommencé à rebaisser pareil petit à petit. Et jusqu'à là, être pire qu'avant, où avant c'était déjà pas forcément bien, même avec mon ex. Là, ça a commencé à être vraiment total, plus du tout. Et là, vraiment, limite, il s'approchait de moi juste pour me faire un câlin. Je me souvenais, en fait, comme quand ça m'était revenu, mes souvenirs. Je revivais à peu près la même chose, mais sans savoir vraiment l'expliquer, parce que c'est difficile d'expliquer des souvenirs, ce qu'on ressent avec des souvenirs. C'est vraiment difficile à expliquer. Donc voilà, c'était un peu compliqué.
- Speaker #0
Tu avais l'impression d'être replongée dans la situation ?
- Speaker #1
Oui, c'est ça. J'avais l'impression de me ressentir comme quand ça m'arrivait quand j'étais au collège. C'était très compliqué, cette période-là.
- Speaker #0
Le principe du stress post-traumatique, c'est d'être replongée dans le souvenir directement, comme si on était en train de le revivre. Et ça, c'est absolument pas quelque chose qu'on peut contrôler sur l'instant. C'est des choses qui peuvent se travailler, mais c'est pas du tout des choses qu'on peut contrôler. C'est contre notre volonté, parce qu'il y a tout un mécanisme physiologique et psychologique qui rentre en jeu à ce moment-là.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Ok, et du coup, qu'est-ce que ça a changé dans ta vie ? Tu l'as un petit peu expliqué, au niveau de ta sexualité, ça a eu des conséquences. T'es restée avec ça ? Combien de temps avant d'essayer de faire quelque chose ?
- Speaker #1
Très longtemps quand même. Puisque déjà, j'en ai parlé à personne à part mon petit copain actuel pendant très très très très longtemps. J'avais essayé d'aller voir quelques professionnels.
- Speaker #0
Ça fait très longtemps.
- Speaker #1
Enfin très longtemps, mais après tout est relatif c'est sûr. Je pense que j'ai commencé à en parler, à peu près un an après, à vraiment en parler à d'autres personnes autour de moi et pas que à mon copain. Donc j'ai vécu avec ça, où ça n'allait pas du tout dans ma vie et je n'arrivais pas à en sortir. Donc j'ai commencé à essayer d'en parler un peu à des... Je voyais des professionnels par exemple, mais c'était toujours... délicat, par exemple des professionnels qui te posent des questions sans que toi tu en parles et qui te disent est-ce que tu as déjà vécu des choses comme ça dans ta vie etc. Et moi j'étais vraiment sur la défensive parce que je ne voulais pas en parler, je n'étais pas capable de dire oui ça m'est arrivé. Donc c'était très délicat.
- Speaker #0
Quand tu te dis des professionnels, c'est quel genre de...
- Speaker #1
Par exemple une sage-femme ou même quand tu vas faire des tests pour te faire dépister au cas où pour vérifier si tu n'as pas de problème de santé à ce niveau-là. Des fois, on m'avait posé la question et là, j'avais été vraiment très sur la défensive. J'avais dit, de toute façon, qu'est-ce que ça fera ? Si oui ou non, qu'est-ce que ça changera ? Vous ne pourrez rien faire. J'étais vraiment hyper sur la défensive. Mais c'est là où c'est bien parce que les professionnels, des fois, on tombe sur des bons professionnels et des fois sur des beaucoup moins bons professionnels. Et là, j'étais tombée sur un super... professionnel, donc j'avais été très sur la défensive, j'avais rien dit du tout, ni dit oui, ni dit non, même si je pense qu'il s'était quand même douté pour que je réagisse comme ça. Mais il a été super, il m'a dit, moi je sais qu'il y a d'autres professionnels qui ne veulent pas du tout en parler, même des gynécos, des fois ils s'en rendent compte pendant la consultation que la personne, elle a déjà vécu des choses comme ça, mais vu qu'ils ne savent pas comment le réagir, enfin comment... Qu'est-ce que quoi faire ? Parce que c'est tellement difficile. Tu ne peux rien faire en soi sur des choses comme ça. Et du coup, en fait, ils ne disent rien. Donc, ils ne sont pas capables. Et du coup, il dit, moi, je préfère en parler, même si en soi, c'est sûr que je ne peux rien faire. Mais on peut toujours aider. Et d'ailleurs, ce professionnel-là, je l'ai recontacté un an ou un an et demi après. Je l'ai recontacté pour lui dire, est-ce que vous avez des professionnels à me conseiller ou des choses à me conseiller pour aller mieux à ce niveau-là ? C'était vraiment quelqu'un de super bien. Et pareil, j'avais vu une sage-femme. En fait, c'est à partir de la sage-femme que j'ai eu une consultation avec la sage-femme, que j'ai commencé à en parler autour de moi, à des amis ou de la famille.
- Speaker #0
Au départ, tu n'étais pas tellement dans une démarche d'en parler. C'est juste qu'au fil de certaines consultations médicales qui n'avaient pas de rapport avec une agression sexuelle, il y a des professionnels qui ont parlé du sujet. Donc, petit à petit, ça t'a ouvert à l'idée que c'était possible d'en parler à quelqu'un.
- Speaker #1
C'est ça, mais j'avais quand même envie d'en parler, mais j'étais pas capable de le faire. Ça c'est... J'avais envie d'en parler, mais j'étais incapable même à l'écrit de le dire, donc du coup à l'oral c'était encore pire et encore pire en face à face. Mais j'avais quand même envie d'en parler, je sentais que j'avais besoin d'en parler, c'est surtout ça. J'avais besoin d'en parler, et c'est ce qui a vraiment... La consultation avec la sage-femme, c'est vraiment ce qui a marqué un tournant. C'est ce qui m'a poussé à en parler à des gens de ma famille ou des amis, et à terme, du coup, à porter plainte.
- Speaker #0
Qu'est-ce qui a été particulier, qui a été un déclencheur pour toi chez cette sage-femme, facile à dire, qui t'a amenée à aller en parler ?
- Speaker #1
Déjà, je trouve que les sages-femmes, dans la profession, je trouve qu'elles sont vachement humaines. Elle t'en parle vraiment Elle m'a aidée à en parler Elle a vu que ça allait pas Elle m'a aidée à en parler Après je pense que le premier personnage que j'avais vu c'était un homme Donc je pense que ça a joué aussi dans le fait que je me sente moins à l'aise Pour en parler avec lui Que je sois un peu sur la défensive peut-être Le fait que Jax soit une femme Et qu'elle était vraiment super douce Elle m'a dit Il n'y a pas forcément Par exemple, les examens gynécologiques ne sont pas obligatoires. Donc, vu que vous avez subi ça et que ce n'est pas facile pour vous, tout n'est pas obligatoire. Elle a vraiment été hyper rassurante par rapport à ça. Elle m'a dit que ce serait bien que vous essayiez d'en parler, etc. Pas rester comme ça. Je peux vous conseiller des psys. En fait, ils t'emmènent vers d'autres professionnels pour justement t'aider par rapport à ça. Ils ne te laissent pas comme ça en te disant Bon, tu as vécu ça, ok, je ne sais pas quoi faire, je ne dis rien. Les professionnels qui en parlent sont vraiment très, très bien.
- Speaker #0
Donc, du coup, tu es tombé sur des professionnels qui, en fait, n'étaient pas du tout formés à ça et ne savaient pas du tout comment réagir. Donc, tu t'es un petit peu laissé avec ça. Et à côté de ça, tu as rencontré des professionnels qui t'ont accueilli, qui t'ont amené à un petit peu en parler et qui, en plus, t'ont accompagné vers des professionnels comme des psys qui pouvaient, du coup, t'aider à aller vraiment libérer ta parole et commencer à en parler.
- Speaker #1
C'est ça, exactement.
- Speaker #0
OK. Et du coup, tu as parlé tout à l'heure de... De porter plainte, qu'est-ce qui t'a amené à partir du moment où tu as commencé à en parler ? Comment ça s'est passé derrière pour aller porter plainte ? C'était quoi le cheminement entre le moment où tu as commencé à en parler et le moment où tu as déposé ta plainte ?
- Speaker #1
Alors le cheminement c'est que j'en ai parlé à une personne, une personne très proche, une amie très proche. Et quand je lui en ai parlé, elle m'a dit moi aussi j'ai déjà vécu un truc similaire Donc déjà ça m'a choquée parce que quand c'est des personnes proches, tu ne penses pas qu'avec les personnes elles ont vécu ça. Mais quand tu en parles, des fois les gens disent si moi aussi j'ai vécu ça et tu ne le savais pas Donc on en parle. Et à un moment je me suis dit, je lui ai dit tu devrais porter plainte Mais après je me suis dit c'est totalement hypocrite de dire ça alors que moi-même je ne le fais pas Et du coup je me suis dit si je veux l'inciter elle à le faire, il faut que moi je le fasse aussi moi-même, sinon je ne peux pas. Ça, déjà, ça m'a fait un peu un électrochoc. Et aussi le fait que je lui avais dit à chaque fois, j'ai envie, parce que moi, c'est arrivé dans un organisme, ce qui m'est arrivé, par une personne qui a autorité. Et du coup, je lui avais dit, j'ai envie à chaque fois d'appeler cet organisme pour savoir si déjà la personne travaille toujours là-bas. Parce qu'en fait, je me dis que si ça arrivait à moi, ça a pu arriver à d'autres personnes. Et du coup, mon amie, elle les a appelées pour moi parce que moi, je n'étais pas capable de le faire. Elle les a appelées pour moi et le directeur de l'organisme a dit oui. Forcément, il a dit qu'il faut des preuves, c'est des faits graves que vous dites là, etc. Ce ne sont pas des choses qu'on peut dire comme ça. Si c'est vrai, il faut aller porter plainte. Du coup, au départ, je me suis dit que c'est facile à dire d'aller porter plainte, etc. Puis après, ça a fait germer vraiment l'idée en moi en me disant Oui, au final, je vais porter plainte. J'ai vraiment vécu ça, donc je vais porter plainte. Et c'est là où je ne me voyais pas aller dans un commissariat porter plainte. Je n'étais pas encore prête à ça. J'avais peur de porter plainte pour plein de raisons. Je n'avais pas envie forcément que ce soit... que mon nom soit associé à ça, etc. Donc c'était assez difficile. Donc en fait, j'ai cherché sur Internet et j'ai trouvé une plateforme. Une plateforme, je ne sais plus comment elle s'appelle, mais une plateforme du service public qui parle pour tout, que ce soit pour violences conjugales ou pour harcèlement sexuel, agression sexuelle, etc. Et c'est une plateforme où on peut en parler. Et du coup, j'ai dit ce qui m'était arrivé. J'ai dit, est-ce que c'est possible de faire quelque chose anonymement ? Et du coup, ça pousse aussi à y apporter plein. Parce que du coup, ils te demandent d'expliquer un peu ce qui t'est arrivé. Mais c'est à l'écrit. C'est un système de chat classique où même si on est avec des gens, on peut même cacher. Par exemple, si c'est une violence conjugale, on peut même cacher pour que notre mari ou je ne sais qui ne puisse pas voir ce qu'on est en train d'écrire. Donc, c'est vraiment super bien fait. Et la personne était super, super. C'est vraiment des gens qui sont formés. Et donc, moi, elle m'a expliqué ce que... Elle m'a dit, c'est grave ce que vous avez subi. Vous pouvez porter plainte pour tel fait. Elle a qualifié les faits, parce que pareil, on n'est pas toujours... C'est pas toujours facile pour nous de qualifier les faits. Moi, je ne savais pas que du coup, c'était une plainte avec personne ayant autorité sur moi. Je ne savais pas du tout que ça pouvait être qualifié comme ça. Je pensais vraiment que ça, c'était les parents ou des choses comme ça, mais non, pas forcément. Et... Et donc elle a bien qualifié les faits, elle m'a dit si j'avais le droit encore de porter plainte ou si c'était prescrit, donc là elle m'a dit que c'était pas prescrit puisque j'étais mineure, etc. Enfin elle m'a dit exactement les périodes qu'il y avait, etc. Même si on peut trouver les informations sur internet, c'est toujours bien qu'il y ait quelqu'un comme ça qui nous dise... Et puis c'est des gendarmes, enfin c'est des policiers, c'est vraiment des gens qui sont formés là-dessus. Elle a été super douce, même si c'était à l'écrit, j'ai ressenti qu'elle était super douce et elle m'a vraiment... Elle m'a incité, donc elle m'a dit les possibilités si je voulais pas porter plainte, si je voulais faire de façon anonyme. Quelles possibilités il y avait, mais aussi quelles conséquences il y avait derrière. Et du coup elle m'a dit je vous propose un rendez-vous au commissariat. Et du coup c'était quelqu'un qui était déjà informé de ma situation avant que j'arrive. Et donc ça facilite les choses, parce que du coup on a un rendez-vous. Ça facilite d'aller au commissariat de juste, bah on a un rendez-vous on y va. Enfin c'est eux après qui te rappellent mais... Ça se fait très bien du coup. Et quand on y va...
- Speaker #0
Du coup, c'est la personne avec qui tu as échangé, qui t'a reçu ?
- Speaker #1
Non, pas du tout. C'est une autre personne. Parce qu'en fait, quand on échange, c'est une plateforme nationale. Donc ça doit être un service spécifique qui fait que ça, je pense, qui fait que ça répondre au chat ou à certains appels peut-être. Et donc non, ce n'était pas du tout ça. Mais moi, vu que j'étais mineure, c'était quelqu'un de la brigade des mineurs. Donc forcément, c'est aussi quelqu'un qui était plus formé à ces sujets-là. Et c'est quand même quelqu'un qui va avoir... Enfin, ils peuvent choisir s'ils prennent... ton dossier ou pas, entre guillemets, se répartir entre eux. Donc, si c'est quelqu'un qui n'est pas forcément... Enfin, quand on va au commissariat comme ça, on tombe sur n'importe quel policier, alors que là, on tombe sur quelqu'un qui a bien voulu prendre entre guillemets notre...
- Speaker #0
Qui est déjà qualifié, du coup, pour ce genre de sujet, quoi. Comment tu t'es sentie juste déjà au moment où t'étais sur cette plateforme et que la personne t'expliquait... du point de vue juridique, ta situation, tes options, etc. Comment tu t'es sentie à ce moment-là ?
- Speaker #1
Déjà, ça fait toujours bizarre, forcément, puisque ce n'est pas très agréable non plus, mais ça fait du bien déjà de voir que quelqu'un te dit que c'était fait grave, ce que vous avez vécu, vous pouvez en parler. Ils m'ont demandé si vous en avez déjà parlé à des gens. Moi, j'ai dit que oui. Du coup, elle m'a dit que c'est très bien que vous en ayez déjà parlé. C'est vraiment quelqu'un qui... C'est pas qu'un gendarme ou un policier qui va te parler et qui est en mode, bon, c'est juste les faits et puis c'est tout. C'est quelqu'un qui va un peu t'accompagner, même si c'est pas non plus un psy, mais c'est quand même quelqu'un qui est formé, donc qui t'accompagne vraiment. Donc moi, ça m'a vraiment fait du bien, justement, et ça m'a vraiment... Du coup, j'avais, je crois, une ou deux semaines avant d'avoir un rendez-vous avec le policier. Et ça m'a vraiment permis de bien réfléchir, de savoir les options que j'avais, de me dire, je peux aller là-bas et en fait, s'en porter plainte en faisant... Ce qu'il m'avait dit anonymement. Et du coup, je savais que je n'étais pas obligée de porter plainte. Et du coup, ça m'a rassurée de me dire, je peux encore faire machine arrière je ne suis pas obligée vraiment de porter plainte.
- Speaker #0
Et donc, du coup, la procédure à ce moment-là, tu termines la conversation sur Internet. Du coup, après, tu disais que c'est eux qui te rappellent, c'est ça ?
- Speaker #1
Oui, parce qu'en fait, du coup, selon là où tu es située, ils transfèrent le dossier sur le... poste, enfin le commissariat de police qui est là-bas et après c'est une personne de ce service-là qui nous appelle et voilà.
- Speaker #0
Donc entre le moment où t'as eu cette conversation sur internet et le moment où on t'a appelé, ça a passé combien de temps à peu près ?
- Speaker #1
Peut-être 3-4 jours et puis en plus c'est vrai qu'ils sont bien aussi parce que quand j'avais eu le chat, la personne m'avait dit si jamais personne ne vous contacte contact. revenez me parler sur le chat et comme ça je les relancerai parce que ça peut arriver que s'ils ont trop de demandes ou voilà qu'ils ne contactent pas forcément moi ça n'a pas été mon cas mais du coup c'est pareil ils te rassurent en disant revenez sur le chat et on les relancera etc.
- Speaker #0
Ok et donc du coup ils t'ont appelé pour te donner un rendez-vous c'est ça ?
- Speaker #1
Oui c'est ça ils m'ont appelé pour me donner un rendez-vous peut-être une ou deux semaines après enfin c'était pas très longtemps après selon aussi mes disponibilités du coup.
- Speaker #0
Ok, et donc du coup, quand t'es arrivé, ils avaient déjà l'essentiel de ton dossier ?
- Speaker #1
Il avait, oui, il avait lu tout, je pense qu'il avait lu toute la conversation, entre guillemets, et ça s'est super bien passé, enfin c'était vraiment quelqu'un, c'était quelqu'un de la brigade des mineurs qui était vraiment formé sur ces sujets-là, mais ça s'est super bien passé, donc j'ai réexpliqué tout ce qu'il y avait à expliquer pour déposer la plainte, je lui ai dit que j'hésitais à porter plainte, etc. limite, je ne lui ai pas demandé, mais je lui ai dit qu'est-ce que vous me conseillez, etc. Et lui, il ne m'a pas dit je te conseille ça, il m'a dit, moi, parce qu'il a un enfant, donc il m'a dit moi, si c'était mon fils à qui ça arrivait, je lui dirais, je voudrais qu'il porte plainte. Donc du coup, après, j'étais déjà partie en y allant en me disant je pense que je porterai plainte, sauf si ça ne se passe pas bien au commissariat, là, je ne porterai pas plainte. Ça s'est bien passé, donc j'ai porté plainte. Même si j'avais peur quand même, je me suis dit bon allez, il faut le faire, si je le fais, je le fais à fond. Donc je me suis dit, en fait je ne voulais pas avoir de regrets. Parce que c'est un peu le même principe que quand j'avais appelé, enfin quand je voulais appeler l'organisme pour savoir si c'était arrivé à d'autres personnes. Ce qui m'empêchait d'avancer, moi c'était vraiment la culpabilité de me dire, ça se trouve il y a d'autres personnes à qui ça arrive. En fait, moi je le sais parce que je l'ai vécu et je ne dis rien et je reste dans mon coin. Donc je n'étais pas capable de parler, c'était difficile aux périodes où je pensais ça. Du coup, quand ça allait mieux, je me suis dit là, si je vais au commissariat, j'y vais, je porte plainte. Je ne fais pas le truc à moitié parce qu'après, je vais regretter en me disant que je n'ai pas fait ce que j'aurais pu. Et du coup, ça se trouve, il continue parce que moi, je n'ai pas porté plainte. Alors que si j'avais porté plainte, ce serait arrivé. Ça aurait pu changer quelque chose. Le et si qui fait que… Donc, je me suis dit que si j'y vais, je ne veux pas avoir de regrets après. Je le fais vraiment. Donc, j'ai porté plainte.
- Speaker #0
C'était ça qui t'avait porté dans le dépôt de ta plainte, ce côté… protéger d'autres personnes.
- Speaker #1
Oui, c'est exactement ça qui m'avait motivée. Je savais que je n'étais pas la seule fille, enfin enfant-fille à cet organisme-là. Donc je me disais toujours est-ce qu'elle a vécu la même chose que moi ? Est-ce qu'il y en a d'autres encore qui ont pu vivre la même chose ? C'était vraiment quelque chose qui m'empêchait vraiment d'avancer dans ma vie.
- Speaker #0
Tu disais que tu avais un peu peur au moment de déposer ta plainte. Tu avais peur de quoi exactement ?
- Speaker #1
Bah faut dire que j'avais peur entre guillemets que ça se sache parce que déjà je n'avais pas parlé à ma famille, enfin à ma famille, mes parents par exemple n'étaient pas au courant. Donc je me disais bah si après, parce que c'est arrivé quand j'étais mineure, donc quand je porte plainte, si la police ils viennent voir ma mère pour lui demander des détails et qu'elle n'est pas au courant, enfin voilà c'est délicat quoi. Donc il y avait ça, donc du coup j'en ai parlé avant d'aller au commissariat. C'est là où je me suis dit, c'est là que ça m'a fait un déclic en me disant, si je vais porter plainte, il faut que, si potentiellement je vais porter plainte, il faut que j'en parle à mes parents. Et puis tous les autres à côté, le fait que lui sache que j'ai porté plainte, qu'il puisse me retrouver, qu'après il y ait des gens dans la ville qui le sachent, des choses comme ça.
- Speaker #0
Qu'est-ce qui a fait que tu l'as quand même fait ?
- Speaker #1
C'est le fait de me dire, comme ça je ne regretterai pas, je n'aurai aucun regret, si jamais potentiellement ça arrive à d'autres personnes ou ça arrive dans le futur à d'autres personnes, je saurais que j'ai fait ce que j'avais à faire.
- Speaker #0
Ok. Et du coup, globalement, qu'est-ce que tu dirais que ça t'a apporté aujourd'hui d'avoir apporté plainte ? Qu'est-ce que ça a changé pour toi ?
- Speaker #1
Ça a changé vraiment beaucoup de choses, notamment parce que déjà, ils m'ont envoyé voir la... Et en fait, il y a une CEO commissariat, je ne savais pas, mais c'est super bien, il y a une CEO commissariat, donc déjà, il y a une association, ils t'envoient vers l'association. qui elle peut te diriger soit vers le psy, soit vers d'autres choses selon ton vécu. Pareil, elle a été super sympa, elle m'a envoyé après vers la psy qui a été super sympa, qui du coup m'a envoyé après vers une autre psy. D'ailleurs la psy du commissariat est gratuite. C'est pareil, ça peut être bien aussi quand on vient de vivre des choses comme ça, c'est bien. Mais du coup après elle m'a renvoyé vers une autre psy en me disant je pense qu'elle, elle vous conviendra parce que du coup elle me connaissait un petit peu. Donc ça a changé beaucoup de choses, ça a entamé un processus, parce qu'après ça accepte ici là que ça a vraiment changé beaucoup de choses dans ma vie où je me suis sentie beaucoup mieux, ça a libéré plein de choses.
- Speaker #0
Super, quand tu dis ça a libéré plein de choses, tu vois quoi comme changement du coup dans ta vie aujourd'hui entre le avant et le après ?
- Speaker #1
Bah déjà juste après la plainte, enfin quelques jours, semaines après la plainte et du coup en parallèle où j'y voyais soit la psy du commissariat, soit ma psy d'après, déjà au niveau de la sexualité ça a vraiment, c'était le jour et la nuit, même mon copain il me disait je te reconnais pas, enfin j'ai l'impression que c'est plus la même personne, enfin parce que j'étais tellement sur la défensive avant alors que là j'allais vers lui et lui il avait pas du tout l'habitude, enfin ça a vraiment... Après, ça n'a pas été une période qui a duré très longtemps, mais je pense que c'était un peu une période où j'avais besoin de reprendre un peu de possession de mon corps, en fait, après avoir porté plainte. Du coup, je me suis dit, là, c'est bon, je reprends ma vie en main. Et du coup, ça a changé exactement.
- Speaker #0
OK, donc surtout au niveau de ta sexualité, est-ce que tu as vu d'autres changements ?
- Speaker #1
Après, au niveau... Du coup, enfin... Pour moi, la sexualité, c'est un peu la sous-couche. Donc, si ça va mieux au niveau de la sexualité, en fait, ça va d'abord mieux dans ma tête et dans ma vie en général avant que ça aille mieux dans la sexualité. Donc, si ça allait mieux à ce niveau-là, c'est que vraiment, je me sentais super bien, j'étais vraiment beaucoup mieux. J'y pensais plus du tout à ce qui m'était arrivé. Ce n'était pas des périodes, parce que des fois, il y a des périodes noires totales où tu... T'es dans ton lit, tu dors pas la nuit, tu penses à ça tout le temps, impossible de dormir, etc. Enfin, vraiment des périodes compliquées. Et là, du coup, c'était vraiment des périodes où j'allais super bien, j'étais vraiment au top,
- Speaker #0
quoi. Est-ce que tu te rappelles d'un moment précis où tu t'es rendue compte de ces changements ? Où vraiment tu t'es dit Waouh, c'est fou !
- Speaker #1
Le moment où je m'en suis vraiment rendue compte, c'est quand j'étais en vacances, parce qu'en plus, j'étais du coup détendue totalement avec les vacances. C'était... Deux mois après la plainte, et là, ça allait nickel. Du coup, j'ai vécu mes vacances. J'ai vécu les meilleures vacances de ma vie. J'étais vraiment super bien. J'étais vraiment détendue totalement. En plus, il n'y avait pas le travail, il n'y avait pas tout ça. Là, il n'y avait plus aucun obstacle qui m'embêtait dans ma vie.
- Speaker #0
Ok, trop bien. Du coup, ta vie aujourd'hui, ça fait combien de temps que tu as porté plainte ?
- Speaker #1
Ça fait un peu plus d'un an que j'ai porté plainte.
- Speaker #0
Un peu plus d'un an. Et qu'est-ce qui s'est passé derrière du coup ? Au niveau de la plainte du coup ?
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Alors après, c'est là où c'est un peu moins drôle puisque du coup, les policiers font l'enquête. Donc ils vont voir à l'organisme où ça s'est passé, etc. Ils vont poser plein de questions par-ci par-là. Et une fois qu'ils sont prêts, en fait, moi, ils me tenaient bien au courant chaque fois, le policier à qui j'avais déposé la plainte. Et ils me tenaient bien au courant. Chaque fois, ils me disaient, bon, là, on en est à tel endroit. Donc là, ça prend un peu de temps. C'est parce que ci, c'est parce que ça. Ils m'expliquaient bien tout. Et ils t'expliquent que tu vas avoir... une expertise psychologique, dans mon cas en tout cas, parce que le procureur peut te la demander ou peut ne pas la demander, d'après ce que j'ai compris, donc là il l'avait demandé, où tu vas avoir une expertise psychologique, et suite à l'expertise psychologique, il t'explique que soit la personne ira en garde à vue, selon les suites de l'expertise psychologique, la personne ira en garde à vue ou non du coup. Mais du coup, il t'explique quand même aussi, c'est très simple ce qu'il t'explique, que du coup, la personne, si elle est en garde à vue, il faut aussi que tu te prépares au fait que potentiellement, si elle n'avoue pas ou si ça ne se passe pas totalement comme ils veulent, ils peuvent te demander à venir faire une confrontation. Tu peux te faire accompagner par un avocat, mais ils peuvent te demander à faire une confrontation, que tu peux dire oui ou non. Mais moi, vu que j'étais toujours dans le... J'y vais jusqu'au bout, je me suis dit, même si ça me... Ça ne me plaît pas de faire ça, je le ferai quand même, parce que je ne veux pas regretter après en me disant, voilà. Mais ça me stressait énormément. Donc pareil, j'avais pas... Déjà, rien que le fait de dire, la personne va aller en garde à vue parce que toi, t'as porté plainte, ça, c'était quelque chose qui me braquait un petit peu déjà.
- Speaker #1
Et c'est passé combien de temps, du coup, entre le moment où t'as porté plainte et le moment où il y a eu l'expertise psychologique ?
- Speaker #0
Très longtemps, parce qu'après, l'expert-psy... était pas disponible en fait à ce moment là donc du coup ça s'est passé franchement peut-être bien 4-5 mois après je pense donc c'est assez long il y a une période un peu où du coup tu y penses plus puis après on te rappelle pour te dire peut-être que là tu vas avoir un rendez-vous etc donc là tu commences à stresser après l'expert psy te rappelle pour te dire on va convenir d'un rendez-vous tel jour Et du coup, j'étais hyper stressée avant d'aller à l'expertise psy. C'était vraiment... Je pense que déjà, je ne le sentais pas. J'étais déjà dans l'appréhension totale. Je ne le sentais vraiment pas. Je n'étais pas sereine d'y aller. Je ne sais pas, je n'étais pas très à l'aise. Et du coup, si j'y étais... Moi, je n'étais pas à l'aise du tout quand ça s'est passé. Je n'étais vraiment pas à l'aise. La personne n'a pas trop su forcément me mettre... plus à l'aise que ça. En plus, elle m'a dit On en parlera. Mon diable, c'était un homme, mais il m'a dit Vu que vous avez déjà dit ce qui s'est passé pendant la plainte, là, on n'en reparlera pas plus. Sauf qu'en fait, il m'a quand même demandé de lui dire ce que je m'étais souvenu quand je m'en suis souvenu, les détails précis de ce que je m'étais souvenu, parce que déjà, moi, j'avais du mal à mettre des mots là-dessus à ce moment-là. Déjà, maintenant, c'est un peu difficile, donc là, c'était vraiment... J'étais pas capable. Donc j'avais vraiment beaucoup de mal à mettre des mots là-dessus, et du coup je me suis dit, ça me fait reparler de ce qui était arrivé, parce que si je parle de ce que je me suis souvenu, c'est ce qui est arrivé, donc ça m'a vraiment déstabilisé, il y a beaucoup de choses comme ça qui m'ont déstabilisé, et ça s'est passé assez rapidement, parce qu'ils m'avaient dit, en gros il fallait que je cale trois heures, ça pouvait durer jusqu'à trois heures, et en fait au bout d'une heure, une heure et demie, j'étais sortie. Ça ne s'est vraiment pas bien passé. Du coup, il a mis quand même quelques temps à faire son rapport. Je pense qu'il doutait un petit peu de ce qu'il... Je pense qu'il ne savait pas trop. Donc, il a mis beaucoup de temps à y réfléchir, à mon avis. Et finalement, il a... Il a comment ? Dans son rapport, en gros, il ne s'est pas prononcé. et il a dit qu'il ne savait pas que ça pourrait potentiellement être une création de virus. Et donc du coup, la plainte après a été classée sans suite.
- Speaker #1
Création de virus, tu peux expliquer ce que c'est ?
- Speaker #0
Bah après je suis pas trop une professionnelle parce que même moi je ne savais pas ce que c'était à ce moment là parce que même lui ne m'a pas expliqué quand j'y étais ce que c'était. Enfin je me rappelle qu'il m'avait dit oui je veux que tu me dises exactement ce que tu t'es souvenu pour savoir parce que je pense à quelque chose mais je peux pas te le dire comme ça faut que je te le dirai après. Donc moi je lui ai expliqué puis en fait après il a oublié de m'expliquer donc du coup je suis ressortie sans savoir ce qu'il pensait. Et j'ai appris ça du coup par le policier. Donc c'est un peu difficile d'expliquer ce qu'est une création de virus, que même moi je ne sais pas vraiment dans les détails. Après j'en ai parlé un peu avec ma psy, et du coup je ne sais même pas dans quel cas exactement ça arrive, c'est quand tu te crées, enfin il y a des souvenirs qui sont créés, mais généralement ils sont créés parce que quelqu'un, enfin pas te dit quelque chose, mais ils sont créés parce que si c'est un viol par exemple, ça t'a été induit par une personne qui t'en a parlé, ou qui t'a sous-entendu des choses, etc. Mais moi ce n'était pas du tout mon cas. parce que ma psy après m'a dit moi j'ai jamais pensé à ça pour vous même si ça existe et je sais que ça existe mais j'ai jamais pensé à ça pour vous, du coup elle m'a reposé des questions et elle m'a dit au vu de ce que vous me redites encore là je pense pas que ce soit votre cas après on peut pas être sûr de toute façon on peut jamais être sûr parce que même moi du coup ça m'a fait beaucoup douter forcément, enfin je me suis dit déjà j'ai pris ça un peu en pleine face c'était un peu violent de prendre ça, enfin je m'y attendais pas du tout parce que normalement il aurait dû m'en parler mais il a oublié... Je veux dire, il dit ça, mais il dit pas Tiens, il faut faire ci ou ça. Parce que moi, je me dis Si c'est une création de virus, alors qu'est-ce que je dois faire ? Parce que moi, je ressens quand même que j'ai vécu des choses. Donc si je ressens ça, d'où ça vient et comment retirer ça si c'est faux ?
- Speaker #1
C'est hyper dur, ce truc-là. Parce que, évidemment, quelqu'un d'extérieur peut difficilement juger si c'est quelque chose qui t'est vraiment arrivé ou pas. Toi-même, quand tu sors d'une amnésie traumatique, tu as... C'est difficile du jour au lendemain de te souvenir quelque chose. Donc forcément, il y a des doutes déjà en toi. Quand quelqu'un qui est censé être un professionnel vient te rajouter du doute par-dessus, c'est hyper dû. Et je trouve ça effectivement pas très correct de sa part. En tout cas, il y a un truc à préciser pour les personnes qui nous écoutent et peut-être qui vivent la même chose, c'est qu'en fait, peut-être qu'on ne saura jamais si c'est vraiment arrivé ou pas, mais en fait, ce n'est pas le sujet. Le sujet, c'est ce que vous vivez, et c'est ça la réalité, c'est ce que vous vivez aujourd'hui, c'est la souffrance que ça vous crée. Alors, dans le dépôt d'une plainte, évidemment, on est sur autre chose, et la vérité factuelle prévaut, mais d'un point de vue psychologique, accompagnement, et sur la légitimité de votre souffrance, peu importe, en fait, que ce soit arrivé ou pas, le fait est que ce que vous vivez aujourd'hui est là, est réel, crée de la souffrance, et ça, c'est légitime, et ça, ça ne se remet pas en question.
- Speaker #0
Exactement. Mais c'est vrai que je pense que ça avait été le policier qui m'avait dit ça, enfin que c'était lui qui avait pensé ça et qui m'avait dit ça, je l'aurais moins mal pris que de me dire, c'est un psy, un expert psy qui me dit ça, en fait normalement il a du poids, en plus il l'avait dit dans son rapport qu'il s'était fait aider d'une autre personne, alors moi je me disais, même si j'avais dit à ma psy, ça veut dire que l'autre personne elle pense ça, et ma psy elle me dit mais pas du tout, c'est comme moi vous me demandez si ça existe, je vous dis oui et je vous explique ce que c'est, mais ça ne veut pas dire que je pense que c'est votre cas, et lui il ne vous a pas vu donc il ne peut pas savoir non plus, enfin moi je m'étais... Je me faisais toute une... Mais c'est vrai que c'est tellement délicat de voir ça. Mais bon, après, j'en ai parlé avec mon copain. Je lui ai dit, tu penses que c'est possible que ce soit ça et tout ? Et il m'a dit, je ne sais pas si tu as vécu ce truc-là particulier. Parce que pareil, je n'étais pas là, je ne peux pas savoir. Mais il m'a dit, tu as forcément vécu quelque chose. Parce que tes réactions, ce n'est pas des réactions de... Ce n'est pas juste quelqu'un qui est, par exemple, asexuel, comme j'avais pu penser que je l'étais avant. C'est pas juste des réactions de quelqu'un qui est asexuel. Quand tu fuis le sexe comme ça, quand tu ressens un dégoût du sexe comme ça, c'est pas juste que tu ressens rien par rapport à ça. C'est que tu ressens quelque chose de très négatif par rapport à ça et que ça vient de quelque part.
- Speaker #1
Plein de sagesse, ton copain.
- Speaker #0
Totalement, totalement.
- Speaker #1
Ok, donc du coup, après cette plainte, cette expertise, il y a eu un jugement ?
- Speaker #0
Non, parce que du coup, ça a été classé sans suite.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Donc ça s'arrête là.
- Speaker #1
Comment tu l'as vécu toi du coup ce classement ?
- Speaker #0
Ce n'est pas vraiment le classement sans suite que j'ai mal vécu. Moi mon copain n'était pas trop chaud pour que j'aille porter plainte puisqu'il me disait que ça va forcément te faire souffrir puisqu'il y a beaucoup de chances que ça ne m'amène nulle part. Donc ça va forcément te faire souffrir. Donc moi j'y étais allée blindée en me disant de toute façon, mon but ce n'était pas j'y vais pour que ça aboutisse à quelque chose, c'était vraiment j'y vais. pour ne plus culpabiliser, me sentir mieux par rapport à ça, moi, j'aurais fait ce que j'ai à faire. Donc du coup, je me suis d'une part sentie mieux parce que j'avais peur des suites de la plainte, que la personne aille en garde à vue, que moi, je dois y aller à la confrontation. Et puis après, s'il y a un jugement, j'appréhendais vraiment cette partie-là. Donc du coup, ça m'a soulagée parce que je me suis dit, je n'aurais pas à vivre ça.
- Speaker #1
Quelque part... Quelque part, c'était une bonne chose pour toi à ce moment-là, que ce soit classé sans suite au final.
- Speaker #0
Oui. Si on prend juste moi, si ça n'arrive à personne d'autre, oui. Après, je me dis, si ça n'arrive à d'autres, s'il n'y a pas que moi, parce que du coup, je ne sais pas si ça arrive à d'autres personnes. Si cette personne-là a fait ça à d'autres personnes que moi, ça, c'est un peu l'inconnu. Du coup, je me dis, je préfère rester dans le déni parce que si ça arrive à d'autres personnes, voilà. Mais si ça arrive à d'autres personnes, ça se trouve, ils continuent encore, surtout que je sais qu'ils travaillent encore avec des enfants et adolescents. Donc voilà. Sur ce plan-là, moi-même, ça m'a soulagée de ne pas avoir à affronter les suites. Et par contre, du coup, au niveau de l'expertise psy, ça m'a fait un peu douter. Ça m'a mis vraiment dans une mauvaise période. Mais ça m'a soulagée d'un côté et fait du mal de l'autre à ce niveau-là de me dire qu'un expert psy, il pense ça. Du coup, moi-même, ça m'a fait douter. Je me suis dit, imagine, ça ne m'est vraiment pas arrivé. Surtout que des fois, quand on y pense tout le temps, parce qu'il y a des périodes où tu vas... Moi, je sais que je ressais ça, j'avais des pensées obsessionnelles là-dessus, j'y pensais tout le temps, je ne dormais pas la nuit, etc. Il y a des périodes où tu te dis, mais en fait, ça se trouve, ça ne m'est pas arrivé. Tu y penses tellement tout le temps qu'en fait, tu te dis, ce n'est pas possible que ça me soit arrivé. Je revivais un peu le haut début quand je me suis souvenue et que je me suis dit, non, ce n'est pas possible, ça ne m'est pas arrivé. Des fois, j'avais un peu ce truc-là. Et je l'avais eu un peu juste avant d'aller porter plainte en mode... Mais je pense que c'était un peu une façon pour moi de fuir et de ne pas aller porter plainte en me disant non, mais ça ne m'est pas arrivé, donc je ne vais pas porter plainte C'était un peu pour fuir, mais finalement, je me suis ressaisie et j'y ai quand même été. Enfin, je sais au fond du monde, pour moi, ça m'est arrivé. Donc voilà.
- Speaker #1
Ok. Et du coup, comment ça s'est passé ensuite pour toi ? Parce que du coup, ce classement sans suite, c'était il y a combien de temps ?
- Speaker #0
C'était au tout début 2023.
- Speaker #1
Ok. Du coup, comment ça va depuis pour toi ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Speaker #0
Ça va mieux parce que déjà, je n'ai plus la culpabilité. Je sais que j'ai fait ce que j'avais à faire, même si j'ai un peu de regrets en me disant ça se trouve, si j'avais dit telle chose à l'expert-psy, ça ne serait pas passé comme ça etc. Mais bon, je me dis, voilà. S'il avait voulu, il aurait pu aussi me poser plus de questions. Il aurait pu aussi faire d'autres choses. Mais sinon, dans ma vie en général, ça va vraiment beaucoup mieux. Parce que déjà, j'ai tout ce poids-là en moi, j'ai plus le poids de la plainte sur moi. Et du coup, j'ai continué un peu à voir ma psy, ça m'a vraiment beaucoup aidée. Et pas longtemps après, c'est un peu étonnant, mais pas longtemps après, c'est là où j'ai arrêté totalement d'aller voir ma psy, parce qu'en fait, j'allais mieux. Alors que pas longtemps avant, il y avait eu la plainte qui était classée sans suite et que j'aurais pu justement m'effondrer. Et en fait, je pense avoir donné un petit coup en me disant que c'est terminé, maintenant c'est derrière moi, j'ai plus à penser à tout ça. Mais il y a quand même des périodes un peu forcément de moins bien, mais c'est beaucoup moins présent dans ma vie. Il y a des périodes où je n'y pense jamais. Genre là, récemment, sur ce mois-là, je n'y pense quasiment pas. Là, du coup, j'en parle parce qu'il y a le podcast, etc., qui était prévu, mais je me suis dit, ça fait longtemps que je n'y avais pas pensé. Je me suis dit, c'est déjà un truc génial. Il y a plein de choses comme ça. Rien que le fait d'en parler plus librement, parce que maintenant, j'en parle vraiment assez librement. Même à des gens, des fois, autour de moi, ça m'est déjà arrivé de parler à quelqu'un et de lui dire... Au tout début, de dire j'ai des problèmes, ou quand c'est des personnes un peu down, de dire j'ai des problèmes avec la... En parler à une copine, tes problèmes avec la sexualité, qu'elle a, de te dire moi aussi, ça m'est arrivé. En me disant moi, j'ai des problèmes avec ça parce que j'ai subi telle chose. Et je dis bah oui, mais moi aussi. Et du coup, après, on en parle. Et je me rends compte qu'en parler, c'est ce qui est le mieux et c'est ce qui fait avancer le plus, en fait. Parce que tout garder pour soi, après, c'est là où tu restes dans ta période sombre et tu n'arrives pas à en sortir.
- Speaker #1
Excellent. Bravo.
- Speaker #0
Oui, c'est vrai.
- Speaker #1
Oui, bravo, parce que c'est un sacré parcours. Si tu compares ta vie à ce qu'elle était avant que tu commences à en parler et à porter plainte, tu dirais que c'est quoi les grosses différences ?
- Speaker #0
Je dirais que ça n'a rien à voir déjà, parce qu'avant, je n'étais même pas capable de juste dire telle chose m'est arrivée ou juste en parler. Même à mon copain, la première fois que j'en ai parlé, c'était par message, parce que je n'étais pas capable d'en parler plus que ça. Bon après ça allait mieux avec mon copain mais du coup je suis en parler nulle part ailleurs, maintenant je suis capable d'en parler. Enfin même quand le fait d'aller porter plainte, enfin j'aurais jamais cru ça, si on m'avait dit ça au tout début que je m'en suis rappelée, j'aurais dit mais jamais de la vie j'irais porter plainte un jour en fait, c'est impossible, j'irais pas porter plainte. Et si je l'ai fait, je suis contente quand même de l'avoir fait même si ça a pas apporté que des trucs positifs du coup forcément. ça m'a libéré d'un poids. Et en fait, c'est ça le plus important, c'est de... On n'est pas obligé de porter plainte, mais il faut le faire, sinon on sent qu'on a besoin... Enfin, moi, je sentais que j'avais besoin de le faire et que je n'irais pas mieux, en fait, tant que je ne le ferais pas. Et par exemple, mon ami avec qui... Justement, c'est le... J'en avais parlé la première fois, elle ça lui est arrivé ce truc là, et elle n'est pas capable d'en parler, et elle m'a dit, pourtant elle sait qu'il y a d'autres personnes à qui c'est arrivé, qu'elle n'est pas la seule, mais elle me dit je n'irai jamais porter plainte en fait, je n'irai pas porter plainte, et j'en parlerai pas à ma famille des trucs comme ça, jamais de la vie j'en parlerai, elle m'a dit c'est impossible. Et donc bon après il reste les amis à qui on peut en parler etc, mais même son copain, elle, elle ne veut pas lui en parler. Et moi je me rappelle j'en avais parlé du coup à ma psy en disant mais est-ce que c'est bien de ne pas en parler à son copain comme ça ? Parce que moi je ne conçois pas de ne pas en parler à ton copain puisque tu vis avec ça au quotidien. Donc pour moi si tu n'en parles pas à ton copain, enfin ton copain il ne peut pas comprendre certaines réactions que tu as etc. Et bon je pense que son copain il s'en doute quand même. Enfin il se doute en tout cas qu'elle a vécu des choses, à mon avis je pense. Et même ma psy elle m'avait dit bah après si eux ça leur convient. Il n'y a pas... Enfin, chacun est comme... Chacun est comme... Enfin, chaque personne est différente. Et si eux, ça leur convient, si eux, ils sont bien dans leur couple comme ça, ça se trouve, en parler, ça va tout changer et ça va casser quelque chose. Alors qu'elle, elle-même, elle n'a pas envie d'en parler. Du coup, moi, après, je lui ai dit du coup, continue comme ça si t'es bien comme ça. Alors qu'à moi, j'étais en mode, vas-y, parle-en. Mais je pense qu'il faut quand même en parler. Enfin, je pense que, par exemple, en parler avec moi, ça lui a fait du bien de pouvoir en parler. Parler avec quelqu'un qui a vécu des choses similaires à toi, en fait. Même si tu n'en parles pas forcément à tes proches parce que tu n'as pas envie de leur faire du mal ou parce que tu n'as pas envie que ça change ta relation avec eux, c'est quand même bien d'en parler soit à des professionnels, soit à des gens qui ont vécu la même chose que toi.
- Speaker #1
C'est bien que tu mettes de la nuance parce qu'effectivement, ce n'est pas d'en parler à personne ou en parler à tout le monde. Il y a parler avec certaines personnes, soit avec des professionnels, soit avec des amis, soit avec ses parents, soit avec son copain, soit avec des inconnus. complet, parce que des fois c'est aussi plus facile de parler à des gens qu'on ne connaît pas et puis ça peut être aussi pas maintenant et plus tard peut-être à un moment et plus jamais en fait tout est ok du moment que ça fait du bien voilà, après il y a ce moment d'appréhension cette peur qui fait qu'on ne va pas forcément être bien au moment de le faire, mais il y a ce soulagement surtout quand on arrive à en parler au... à des personnes... Si je devais donner un conseil, moi, sur comment en parler, et je te laisserais donner ton conseil aussi, peut-être derrière, ce serait de choisir une personne auprès de qui on sait qu'on va être accueillis. On sait qu'on ne va pas être jugés, parce que c'est assez terrible quand on garde quelque chose pour soi depuis des années, d'être confronté à quelqu'un qui... comprend pas, qui ne veut pas comprendre, qui reçoit ça très mal et ça risque de braquer pour la suite alors que c'est une personne qui l'a mal reçu, c'était juste pas la bonne personne, mais il y en a beaucoup des bonnes personnes à qui on peut parler aussi. Qu'est-ce que t'en penses toi ?
- Speaker #0
Eh ben justement, j'allais dire la même chose, c'est au moins d'en parler à une personne que ce soit sa meilleure amie, moi c'était mon copain, mais par exemple mon premier copain, enfin mon premier petit copain à qui j'en avais parlé, il avait... pas du tout bien reçu l'information et il s'était braqué. Enfin après, c'est pas... C'est parce que lui, il voyait ça super mal et ça lui faisait du mal, je pense. Mais du coup, moi, il m'a braqué et c'est très difficile après de remonter par rapport à ça. Alors c'est bien de trouver au moins une personne à qui on peut en parler, mais même une psy, c'est super bien. Mais après, il faut oser en parler, il faut se sentir bien avec la personne. Parce que pareil, les psy, il y en a des biens. Il y en a qui sont bien pour nous et d'autres qui sont moins bien pour nous. Il faut déjà matcher avec la personne, se sentir bien avec elle pour lui confier des choses comme ça, aussi intimes. Ce n'est pas facile non plus.
- Speaker #1
Exactement, il y a des psys où ça ne passe pas et il ne faut pas hésiter à changer. Ce n'est pas que les psys en général, ce n'est pas fait pour vous. C'est peut-être juste que ce n'était pas la bonne personne ou peut-être pas le bon type de thérapie pour vous à ce moment-là. En tout cas, il y a vraiment plein d'options et une mauvaise expérience ne doit pas vous casser dans votre volonté d'aller mieux.
- Speaker #0
C'est ça. Moi, j'avais même vu une sexologue et franchement, elle était vraiment nulle. À la limite, elle m'a créé des blocages en plus, alors que j'en avais déjà beaucoup. Elle m'a avoué qu'il y avait des blocages en plus. Il faut faire attention aussi parce que des fois, il y a des professionnels qui ne sont pas... Par exemple, les sexologues, il me semble qu'ils n'ont pas vraiment de diplôme. C'est juste une formation. Donc, il y en a qui peuvent ne pas être bons du tout. Donc, il faut vraiment faire attention à qui on prend et ne pas prendre n'importe qui. C'est pour ça que c'est bien aussi des fois de voir avec des professionnels puisqu'ils vont te conseiller des gens, des personnes qu'ils connaissent et des fois où ils ont des bons retours et qu'ils savent que c'est des personnes qualifiées et qu'ils vont vraiment t'aider là-dessus. Donc, c'est bien aussi de faire marcher un peu le bouche-à-oreille, entre guillemets. Mais ce n'était pas facile d'en parler. C'est pour ça que c'est bien. De voir des professionnels comme des sages-femmes qui connaissent des psychologues, etc. Enfin, vraiment de...
- Speaker #1
Super conseil. Du coup, qu'est-ce qui est devenu possible pour toi ? auquel tu t'attendais pas depuis ?
- Speaker #0
Bah déjà rien, en parler. C'est le... Enfin ça pour moi c'était impossible déjà avant. Et juste me sentir mieux au niveau de la sexualité, juste que mon copain vienne vers moi et qu'il me fasse un câlin sans me sentir comme si il allait m'arriver quelque chose, alors que pas du tout. qui voulait juste faire un câlin sans qu'il y ait autre chose derrière, mais même ça c'était trop compliqué à gérer derrière. C'est tellement de choses dans le quotidien, parce que quand on vit ça, on a tendance à se refermer sur soi et à se sentir pas bien pour tellement de choses dans la vie. Comme je disais, la sexualité c'est vraiment la sous-couche. C'est parce qu'on se sent déjà pas bien de base qui fait que petit à petit, ça mène aussi dans la sexualité. Donc en fait, quand après ça va mieux sur la sexualité, ça va mieux sur tout pour moi. À partir du moment où on se sent bien pour partager son intimité avec quelqu'un et être bien, c'est que vraiment, on voit beaucoup mieux. Après, il y a toujours du chemin à faire. De toute façon, c'est assez long d'aller vraiment mieux. Ça se fait pas comme ça, mais tout est possible.
- Speaker #1
C'est assez long, alors en fait c'est assez variable et ça dépend le degré d'exigence qu'on a aussi sur le chemin. Après quand on regarde en arrière, on se rend compte qu'on a quand même fait une grosse partie. Quand on est dans l'instant présent, on se dit oh là là, il y a encore tout ça à régler mais quand on regarde derrière, on se dit ah oui, en fait j'ai peut-être fait déjà 80-90% du chemin, c'est déjà énorme Après il y a encore des choses à gérer, mais le chemin que tu as parcouru, il est déjà…
- Speaker #0
Totalement. Et d'ailleurs, c'est bien que tu parles de ça, parce que c'est exactement ce que je voulais venir à ce sujet. C'est vrai que j'ai tendance à m'auto-flageller quand je ne suis pas bien, en me disant oui, regarde, tu n'avances pas, tu es toujours au même point Alors que quand tu es dans une mauvaise période, tu ne vois pas que tu as évolué. Des fois, j'en parle avec mon copain, il me dit mais bien sûr que si, regarde, avant, je ne pouvais même pas m'approcher de toi sans que ça n'aille pas Maintenant tout ça c'est plus du tout à l'ordre du jour, il n'y a plus du tout de problème à ce niveau là alors qu'avant c'était impossible. Et du coup il me dit peut-être que sur ça c'est encore compliqué mais ça vient petit à petit et... Ou des fois c'est juste quand c'est une mauvaise période bah du coup... Enfin pareil je vais plus redormir de la nuit et je vais être... Dès qu'il va s'approcher je vais mal réagir etc. Mais c'est parce que c'est une mauvaise période et... Mais on a du mal... Enfin moi je trouve... Enfin en tout cas moi j'ai du mal à voir à chaque fois le chemin parcouru mais du coup c'est bien d'avoir des personnes comme ça à qui tu... tu te confies parce qu'après, ils voient, ils te disent bien sûr que si, sur ça, tu as évolué, sur ça, tu as évolué.
- Speaker #1
Ma vision de l'avancée, du chemin, c'est qu'on a tendance à penser que c'est un peu linéaire comme avancée, alors que soit on peut le voir un petit peu comme des trucs en dents de scie. Moi, je le vois un peu en boucle. C'est-à-dire qu'on avance, c'est des boucles qui avancent. C'est-à-dire qu'on avance et puis on va reculer un petit peu histoire de consolider les nouveaux trucs qu'on a vus. Et puis, on va réavancer. Puis, on va revenir un petit peu en arrière pour reconsolider et ainsi de suite. Mais la finalité, c'est qu'on avance quand même toujours.
- Speaker #0
C'est ça. Et les périodes de down, même si elles peuvent toujours être… Enfin, les périodes de basse, même si elles peuvent être toujours dures, je trouve quand même qu'après, au bout d'un moment, enfin, maintenant, moi, à chaque fois, je me dis… J'y pense en fait en me disant Mais attends, là, j'allais mieux. Là, je vais moins bien. Mais peut-être que du coup, c'est juste une mauvaise passe et qu'il faut que j'attende que ça passe. Il y a des moments où on ne peut juste rien faire, où il faut après en parler pour que ça aille mieux et ne pas rester dans ce schéma-là. Mais oui, je trouve que ça va de mieux en mieux justement à passer les mauvaises périodes où on ne se sent pas bien. Parce que justement, on sait, on se dit Mais attends, la dernière fois, j'ai dit ça aussi. Et en fait, ça a été mieux. Donc, c'est que c'est possible. Donc, il faut juste passer ce mauvais moment et ça ira mieux.
- Speaker #1
On a déjà reconté ce chemin, en fait. Donc, même si on retombe un peu, Le chemin est déjà tracé, donc c'est beaucoup plus facile de remonter.
- Speaker #0
Totalement.
- Speaker #1
C'est plus rapide, c'est plus facile, moins douloureux. Quand on a cette période où on replonge un petit peu ce qui peut arriver régulièrement, après effectivement ça s'espace aussi de plus en plus jusqu'à disparaître. Quand on redescend là-dedans, on peut avoir cette impression de je suis revenue au point de départ mais en fait, loin de là. Loin de là, et même si dans l'absolu on revenait au point de départ, la remontée est mille fois plus rapide que le chemin que ça nous avait demandé de faire au départ. Oui,
- Speaker #0
parce qu'on l'a déjà fait, donc c'est ça.
- Speaker #1
Super, on arrive à la fin de ce podcast, on a été un peu bavardes, mais c'est super parce qu'on a vraiment abordé plein de sujets hyper importants et je te remercie pour ces partages, Angelina. S'il y avait un truc à retenir de tout ce que tu nous as dit ou si tu voulais donner un conseil aux femmes qui nous écoutent, ce serait lequel ?
- Speaker #0
Ce serait de parler et de ne pas rester dans son... peu importe à qui c'est, des professionnels, etc. Que même si on n'est pas capable d'en parler à ce moment-là, de savoir qu'à un moment... De garder ça dans un coin de sa tête en se disant à un moment peut-être que je serais capable et peut-être que je le ferais. Qu'on le fasse quand on le sent, parce que de toute façon il ne faut pas le faire quand tu ne le sens pas. Chacun a son cheminement de vie, on peut mettre dix ans à en parler comme on peut mettre deux jours. Chaque personne est différente et il faut vraiment s'écouter soi-même. Il ne faut pas faire des choses quand on sent que ce n'est pas le moment. Parce qu'en fait si on le fait, c'est là où si la personne ne réagit pas super bien, on peut tout de suite stopper tout. Il faut vraiment le faire quand nous, on se sent prêt, en fait.
- Speaker #1
Merci pour ce conseil. Est-ce que tu aurais, sur ton chemin, rencontré un livre ou un film ou un documentaire ou un podcast ou quoi que ce soit qui t'a aidé, que tu aimerais conseiller ?
- Speaker #0
Après, moi, ce que j'aimais bien, c'est l'émission Ça commence aujourd'hui Je trouve que c'est une très belle émission où, justement, avec... Marc Gégère, il nous explique un peu tout au niveau même juridique, etc. Même si moi, parfois, ça a pu m'énerver en me disant Mais il dit de porter plainte, c'est facile de dire ça et tout. Mais en fait, quand tu n'es pas capable, ça me fait germer quand même l'idée en toi que le jour où tu es capable, tu te dis Ah oui, en fait, il avait raison. Il faut porter plainte quand tu te sens prêt, etc.
- Speaker #1
Je ne connais pas du tout Ça commence aujourd'hui c'est une émission télé ?
- Speaker #0
Ouais, après je sais pas trop, depuis le Covid c'est un peu moins, moi je regarde les rediffusions, c'est sur France 2 qu'elles passent, je regarde, il y a sur Youtube, vraiment une super belle émission, ça parle de plein de sujets, pas forcément ce sujet-là, mais ça parle vraiment de tous les sujets.
- Speaker #1
Ok, et ça c'est quelque chose qui t'a apporté sur ton chemin du coup ?
- Speaker #0
Oui, oui, beaucoup,
- Speaker #1
ouais. Ok, super. Merci pour le partage. Tu m'as dit que tu étais ouverte à ce que des personnes te contactent au cas où elles ont été touchées par ton témoignage ou qu'elles ont envie d'échanger avec toi. C'est quoi le meilleur moyen pour te suivre ou pour te joindre ?
- Speaker #0
Soit sur Facebook ou Messenger pour parler, ça peut être bien, ou alors sur Instagram, Angelina Lebon, voilà.
- Speaker #1
Ok, super. Merci de te proposer d'être contactée. Merci pour tout ça. Je mettrai du coup en description les moyens de te joindre. Je mettrai aussi le site dont tu as parlé pour discuter par chat si ça peut intéresser nos auditrices et la référence de l'émission. Merci pour tout ça. Est-ce que tu as envie de rajouter un petit mot, Angelina ?
- Speaker #0
Déjà, merci à toi de m'avoir invitée sur ton podcast. Et après, du coup, que les personnes, elles n'hésitent pas même à venir me parler parce que ça fait un... Même moi, ça me fera du bien toujours d'en parler. Après, quand tu es dans une mauvaise période, tu n'as peut-être pas envie d'en parler. Ou dans une bonne période, tu n'as peut-être pas envie d'en parler. Mais ça fait toujours du bien de savoir qu'on n'est pas tout seul. On n'est pas tout seul à vivre ça. De parler à des personnes soit plus avancées que toi ou moins avancées que toi sur le cheminement. Donc, ne pas hésiter à venir me parler si jamais on en ressent le besoin.
- Speaker #1
Super. Merci beaucoup, Jalina.
- Speaker #0
Merci à toi.
- Speaker #1
C'est la fin de cet épisode, je te remercie pour ta chaleureuse écoute. Si tu veux être informé des prochains épisodes ou en savoir plus sur comment j'aide les femmes ayant vécu une agression sexuelle à se créer une vie dans laquelle elles se sentent libres, puissantes et épanouies, rejoins ma newsletter sur toujoursunefemme.fr slash newsletter. Tu retrouveras le lien en description. Je t'envoie tout mon amour et à très bientôt !