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Tu manques pas d'air

Sandy, la Cigarette Ă©tait mon Dernier Rempart . [E01S2]

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1h06 |16/09/2024|

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Description


🟣focus sur la partie qui a prĂ©cĂ©dĂ© le sevrage tabagique de mon invitĂ©e. Et comprendre les Ă©tapes qui l’ont amenĂ©e Ă  faire tomber ce dernier rempart au bon moment. Mon invitĂ©e s’est beaucoup livrĂ©e et je l’en remercie infiniment.

C’est un exercice courageux d’oser verbaliser tout ça avec autant d’authenticitĂ©. C'est un vrai sujet l’authenticitĂ© dans le sevrage : entre soi et les autres mais surtout entre soi et soi-mĂȘme. Et vous, comment ça se passe ?

Bienvenue dans ce premier Ă©pisode de la saison 2.

 

Allez bisou à votre authenticité

Bonne Ă©coute et bon sevrage.

 

🟣

 

Merci à Sandy, mon invité.

 

Guy Tourreau, montage et mixage.

 

Eugénie Florentin | Lanterne Digitale, Sociale Media Manager | https://www.instagram.com/lanterne.digitale?igsh=dW80YTliYzM1MzZq

 

_____

 

Musique : IA+Astridou

____

 

Insta : @tumanquespasdair www.instagram.com/tumanquespasdair/

Livre « Apprivoiser son impérieuse envie de fumer », Astrid Malone, éditions Eyrolles.

Facebook : Tu manques pas d’air

YouTube : Tu manques pas d’air

Mail : tumanquespasdairpodcast@gmail.com

 

#arretdutabac #arreterdefumer #arrĂȘtdutabac #cigarette #fumeur #fumeurs #fumeuse #fumeuses #histoiredevie #histoirevraie #imperieuse #imperieuseenviedefumer #impĂ©rieuse #impĂ©rieuseenviedefumer #interview #podcast #podcaster #podcasteur #podcasteuse #podcastfr #podcastfrancais #podcastfrance #podcastfrançais #sevragetabagique #stoptabac #tabac #tabacinfoservice

🟣


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Mon dernier rempart, c'Ă©tait vraiment la cigarette. Continuer Ă  fumer en Ă©tant abstinente de drogue.

  • Speaker #1

    Tout le monde fume au narcotique améli.

  • Speaker #0

    Clairement pas.

  • Speaker #1

    C'est la projection de l'aide, donc déconstruis mon préjugé s'il te plaßt.

  • Speaker #0

    Pas du tout, non, non. Il y a des fumeurs et des non-fumeurs comme partout. Je dirais que les personnes qui ont un certain nombre d'années de clean font cette démarche. Et c'est la démarche que j'ai faite moi quelques années plus tard.

  • Speaker #1

    Le dernier rempart.

  • Speaker #0

    Le dernier rempart.

  • Speaker #1

    Bonjour, bienvenue dans ce nouvel Ă©pisode. Aujourd'hui, on va se focaliser sur la partie qui a prĂ©cĂ©dĂ© le sevrage tabagique de mon invitĂ© et comprendre les Ă©tapes qui l'ont amenĂ© Ă  faire tomber ce dernier rempart au bon moment. Vous verrez comment se passe son sevrage tabagique. Mon invitĂ© s'est beaucoup livrĂ© et je le remercie infiniment. C'est un exercice courageux d'oser verbaliser tout ça, ce qui fait qu'on s'est autorisĂ© Ă  censurer quelques passages, mais Ă  la fin de l'Ă©coute, vous comprendrez qu'elle n'a rien Ă  cacher et qu'elle est authentique du dĂ©but Ă  la fin. C'est un vrai sujet l'authenticitĂ© dans ce sevrage, entre soi et les autres, mais surtout entre soi et soi-mĂȘme. Et vous, comment ça se passe ? Allez, bisous Ă  votre authenticitĂ©, bonne Ă©coute !

  • Speaker #0

    Salut ! Ça va ?

  • Speaker #1

    TrĂšs bien et toi ?

  • Speaker #0

    Super !

  • Speaker #1

    Tu connais le concept ?

  • Speaker #0

    Non, pas exactement. Enfin, Ă  peu prĂšs.

  • Speaker #1

    C'est-Ă -dire que lĂ , je te fais monter les escaliers et je veux voir si tu arrives Ă  respirer en parlant. Ok, d'accord. Bon, on arrive au cinquiĂšme, t'es comment lĂ  ? Je te fais parler tous les Ă©tages. En vrai ?

  • Speaker #0

    Je sais que je suis un petit peu essoufflĂ©e lĂ . Quand mĂȘme.

  • Speaker #1

    Viens reprendre ton souffle ici. On est lundi ? Oui.

  • Speaker #0

    On est absolument lundi. Oui, je me suis libérée un lundi. Et puis, en fait, finalement, moi, je me rends compte que j'ai plus trop de notions du jour de la semaine. Parce que... En fait, je suis intermittente du spectacle, donc je ne travaille pas tous les jours. Quand je travaille, je fais des journées assez denses, assez intenses, mais je ne travaille pas non plus tous les jours. Donc, je n'ai pas non plus d'enfants, donc je n'ai pas la notion des vacances scolaires ou des jours de la semaine. Je peux travailler tous les jours.

  • Speaker #1

    Et tu me disais lĂ , tu ne manques pas d'air, mais quand mĂȘme.

  • Speaker #0

    Oui, je ne manque pas d'air, mais quand mĂȘme les 5 Ă©tages, lĂ , je les sens un petit peu. Je manque un peu de cardio. J'ai une mauvaise rĂ©cupĂ©ration cardiaque, lĂ , je le sens. Non,

  • Speaker #1

    mais j'avoue que je t'ai fait parler exprÚs pendant les 5 étages, ce qui est un peu sadique. Du coup, parler plus, monter les étages, ça intensifie. Et puis, je pense que c'est aussi le stress du podcast ou de l'appréhension. Il y a un petit peu de bùtiment par minute qui augmente.

  • Speaker #0

    Oui, complĂštement, complĂštement. C'est vrai qu'autant je suis super contente d'ĂȘtre ici et de pouvoir donner mon expĂ©rience. Mais d'un cĂŽtĂ©, c'est vrai que je n'ai jamais participĂ© Ă  ce type d'expĂ©rience et j'apprĂ©hendais un petit peu, forcĂ©ment. Je comprends. Mais je trouve ça super chouette en tout cas.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu appréhendes le plus ?

  • Speaker #0

    De ne pas trouver les mots exacts par rapport Ă  ce que je souhaiterais. transmettre ou partager tout simplement.

  • Speaker #1

    Donc, bonjour Sandy. Bonjour officiellement. Je suis trĂšs heureuse de te recevoir dans ce podcast. En plus, je l'attends avec impatience ce moment parce que Jacques m'avait parlĂ© de toi dans l'Ă©pisode 4. Jacques m'avait parlĂ© de toi parce qu'Ă  l'Ă©poque, donc ça fait quelques mois maintenant, vous aviez arrĂȘtĂ© ensemble de fumer. Donc Jacques est ton mari.

  • Speaker #0

    Tout Ă  fait.

  • Speaker #1

    Et il nous a raconté son expérience et son rapport aux addictions, son rapport au sevrage, qui est trÚs riche et plein d'enseignements et plein d'épreuves incroyables. Et il m'a bien fait comprendre que toi aussi, tu avais pas mal de choses à nous raconter, en drÎle et en moins drÎle.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai, c'est vrai. On a eu des expĂ©riences riches tous les deux. C'est un peu aussi ce qui fait qu'on se comprend bien et qu'on peut aussi... bien se comprendre et se soutenir aujourd'hui. C'Ă©tait vraiment important pour nous de faire cette dĂ©marche ensemble d'arrĂȘt du tabac. Être en couple et avoir un non-fumeur et un fumeur, c'est compliquĂ©. On ne va pas se mentir, quand on arrĂȘte le tabac, on reste quand mĂȘme fumeur, je pense, Ă  vie. Et on en reparlera, je pense, plus tard, mais je pense qu'effectivement, le plus difficile, c'est pas d'arrĂȘter. C'est de ne pas reprendre.

  • Speaker #1

    Bien dit.

  • Speaker #0

    Et quand on est avec un fumeur ou entourĂ© de fumeurs, on est toujours attirĂ©. Donc mĂȘme si on a une bonne volontĂ© d'arrĂȘter le tabac, c'est vrai que d'ĂȘtre toujours tentĂ©, il peut y avoir un jour de faiblesse. Et c'est vrai que c'est difficile. justement d'avoir un fumeur Ă  cĂŽtĂ© de soi quand on est en dĂ©marche d'arrĂȘt. Donc pour ça, c'est vrai que je le remercie et je suis vraiment contente qu'on fasse cette dĂ©marche ensemble. En tout cas, merci de m'avoir conviĂ©e. Je pense que tout partage est bon Ă  prendre, mais ce que j'aime beaucoup dans cette dĂ©marche, c'est pour moi le pouvoir de l'identification, qui est vraiment trĂšs fort. C'est vrai que de parler d'arrĂȘt de tabac... D'un ex-fumeur Ă  un ex-fumeur, c'est peut-ĂȘtre plus simple parfois que d'un ex-fumeur Ă  un non-fumeur. On n'a pas les mĂȘmes ressentis, on ne se comprend pas de la mĂȘme façon, on ne se dirait pas les choses de la mĂȘme façon.

  • Speaker #1

    Alors avant que tu nous racontes ton histoire, si tu as un peu l'Ă©pisode de Jacques en tĂȘte, est-ce qu'on peut dire qu'il a Ă©tĂ© authentique ou pas ?

  • Speaker #0

    Il a Ă©tĂ©, complĂštement, complĂštement et trĂšs authentique et j'ai mĂȘme Ă©tĂ© surprise par certaines rĂ©vĂ©lations. Il Ă©tait vraiment Ă  l'aise finalement et il y a des choses qu'il ne m'avait mĂȘme pas dites, jamais dites et qui m'ont fait trĂšs plaisir.

  • Speaker #1

    Finial. Bon, bisous Jacques. Alors maintenant, moi j'aimerais connaĂźtre ton historique avec le tabac.

  • Speaker #0

    Alors, mon historique avec le tabac. Je dirais que je commencerais par la famille parce que j'ai un pÚre non fumeur et une mÚre qui était fumeuse, que j'avais toujours. connue fumeuse et je crois que ma premiÚre cigarette, je l'ai fumée, c'était un... Je me souviens trÚs bien. C'était un samedi, un mercredi, aprÚs l'école. Je rentrais à la maison et il n'y avait personne à la maison. Ma maman avait laissé ses cigarettes sur la table et j'ai voulu essayer comme ça.

  • Speaker #1

    T'avais quel Ăąge ?

  • Speaker #0

    Je devais avoir 14 ans.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    13-14 ans. Je ne l'ai mĂȘme pas finie, cette cigarette, parce qu'elle n'Ă©tait pas bonne du tout. Vraiment, elle avait trĂšs mauvais goĂ»t. Donc la premiĂšre, c'Ă©tait comme ça. Assez rapidement, je me souviens, j'avais mĂȘme pas encore fini le collĂšge, je me cachais pas vraiment de fumer vis-Ă -vis de mes parents, et je me suis imposĂ©e fumeuse.

  • Speaker #1

    C'est pas commun.

  • Speaker #0

    C'est pas commun, c'est pas commun. Et c'est vrai que ma mĂšre s'est rendue compte que je lui prenais des skirettes, et au bout d'un moment, elle a acceptĂ©. C'Ă©tait le fait que je sois devenue fumeuse et je partageais des cigarettes avec elle. Et aprĂšs, je n'ai jamais arrĂȘtĂ© la cigarette. J'ai plutĂŽt augmentĂ© d'annĂ©e en annĂ©e jusqu'Ă  ne plus pouvoir m'en passer. En fait, c'Ă©tait devenu mon identitĂ©. J'Ă©tais fumeuse et je n'imaginais pas les choses autrement. Ça faisait partie de mon quotidien. De la mĂȘme façon que je me brossais les dents, je fumais ma cigarette avec mon cafĂ©. Enfin, c'Ă©tait comme ça en fait. Ça faisait partie vraiment de mon quotidien et je pense que je me cachais derriĂšre ce filtre.

  • Speaker #1

    Tu cachais quoi ? Tu cachais quelle partie de toi ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'est une image que je me donnais finalement parce que je pense qu'au-delĂ  de l'image que je pouvais renvoyer de fumeuse, non, je pense que je me cachais de moi-mĂȘme en fait, de ce que je pouvais ressentir tout simplement. Et c'est vrai qu'Ă  toute occasion, une cigarette... C'Ă©tait plus simple que peut-ĂȘtre de ressentir certaines choses.

  • Speaker #1

    Ça t'aidait Ă  gĂ©rer l'Ă©motion ?

  • Speaker #0

    Ça me donnait l'illusion que je gĂ©rais l'Ă©motion.

  • Speaker #1

    Tu t'es rendue compte qu'en fait, ça n'aidait pas à gérer l'émotion ?

  • Speaker #0

    Oui, clairement, parce que j'Ă©tais... Alors, je parle au passĂ© parce que finalement, aujourd'hui, c'est plus la mĂȘme chose. J'Ă©tais trĂšs, trĂšs nerveuse et anxieuse. Et je pense... Non, je pensais mĂȘme pas... Enfin, si, je pensais qu'effectivement, quand j'Ă©tais stressĂ©e ou angoissĂ©e, cette cigarette allait pouvoir peut-ĂȘtre m'aider, me soulager. Mais pas du tout. Au contraire. Au contraire, finalement.

  • Speaker #1

    Comment tu t'es rendue compte que pas du tout et au contraire ?

  • Speaker #0

    Des années plus tard. Des années plus tard, je pense, j'ai eu des expériences de vie... De la dépendance à la cigarette, j'ai eu d'autres dépendances par la suite, de drogue.

  • Speaker #1

    Il faudra qu'on développe ou pas spécialement ?

  • Speaker #0

    Oui, on peut, tout Ă  fait. Je n'ai pas de tabou par rapport Ă  ça. J'ai fait la paix avec moi-mĂȘme. plus honte. Et c'est vrai que de cigarettes, je suis passĂ©e Ă  la drogue, diffĂ©rentes drogues. Et je pense que j'avais la dĂ©pendance en moi, en fait, clairement. Je n'avais pas besoin de grand-chose pour me faire attraper, en fait, par la dĂ©pendance et par les substances, et m'y accrocher. Je pense que, voilĂ , j'Ă©tais trĂšs instable Ă  ce moment-lĂ . La cigarette, la drogue, beaucoup de fĂȘtes. la vie parisienne, je changeais souvent de travail.

  • Speaker #1

    Pardon, je te couvre, tu peux nous donner un ordre de l'Ăąge que tu avais ou les produits que tu pouvais prendre ?

  • Speaker #0

    Bien sûr, oui.

  • Speaker #1

    La drogue, tu sais, la cigarette est une drogue, l'alcool est une drogue,

  • Speaker #0

    donc c'est pas fortement... Tout produit de dĂ©pendance est une drogue, effectivement, je suis d'accord. Je pense que tout simplement, quand j'ai pris mon indĂ©pendance, que j'ai commencĂ© Ă  vivre seule, je devais avoir peut-ĂȘtre... 18-19 ans, je travaillais dĂ©jĂ , je commençais Ă  travailler tout dans la restauration, aprĂšs dans le commerce. Et je sortais beaucoup Ă  Paris. J'avais une vie parisienne trĂšs festive. Festive et finalement aussi assez solitaire. Finalement, je sortais beaucoup, je voyais beaucoup de monde, mais je me sentais trĂšs seule.

  • Speaker #1

    Le classique.

  • Speaker #0

    C'est ça, exactement. Exactement, on a l'impression qu'il se passe beaucoup de choses. Finalement, il y a beaucoup de solitude derriÚre.

  • Speaker #1

    De solitude subie aussi.

  • Speaker #0

    De solitude subie complĂštement. ComplĂštement, oui. Donc c'est vrai que dans l'univers de la fĂȘte, je fumais, je prenais des drogues, que ce soit cocaĂŻne, beaucoup. Et puis j'avais beaucoup de... il y avait peu de stabilitĂ© finalement. J'avais beaucoup de relations amoureuses diffĂ©rentes, ça changeait rĂ©guliĂšrement. Je changeais de travail rĂ©guliĂšrement. Il n'y avait plus de stabilitĂ©. Et au bout d'un moment, j'ai eu envie de tout balayer et de commencer d'avoir un nouveau dĂ©part. Et je suis partie Ă  Londres. J'aimais beaucoup parler anglais. Je suis partie Ă  Londres, j'ai commencĂ© Ă  travailler lĂ -bas. J'Ă©tais trĂšs contente, mais finalement... L'ironie, c'est que je pensais qu'en changeant de pays, en recommençant Ă  zĂ©ro, tout allait recommencer. Sauf qu'en fait, ce que j'ai appris malgrĂ© moi, c'est que les soucis, on les amĂšne avec nous, peu importe oĂč on va. Et j'ai continuĂ© de la mĂȘme façon Ă  travailler, Ă  faire la fĂȘte, Ă  me droguer et Ă  ĂȘtre seule. En Ă©tant entourĂ©e, en ayant beaucoup de collĂšgues, en ayant des amis, etc. Mais j'Ă©tais trĂšs seule et je me suis beaucoup isolĂ©e finalement plus parce que je n'Ă©tais pas entourĂ©e de... De mon noyau d'amis, de mon noyau de famille, je me suis retrouvĂ©e vraiment isolĂ©e, je me suis mis dans des situations trĂšs compliquĂ©es. Jusqu'Ă  perdre pied finalement, oĂč je me suis fait vraiment happer par la drogue. Et j'en ai eu toutes les consĂ©quences derriĂšre.

  • Speaker #1

    Nous donner un exemple pour illustrer la situation ?

  • Speaker #0

    Bien sĂ»r. En fait, tout simplement, quand je travaillais Ă  Londres, j'ai eu tous les dĂ©bordements. De sortir avec des collĂšgues, faire la fĂȘte avec les collĂšgues et puis prendre de la drogue assez rapidement. Mais de me sentir trĂšs seule et de continuer la fĂȘte seule chez moi. Et de m'isoler comme ça et de lĂ  ne plus aller au travail Ă  rĂ©pĂ©tition. Avoir des avertissements, perdre son travail, perdre beaucoup de poids, perdre sa santĂ©, s'isoler. Et finalement, c'est devenu un enfer complĂštement. Je m'Ă©tais mise dans une relation qui Ă©tait assez toxique. Donc j'ai enchaĂźnĂ© en fait. Je me suis vraiment isolĂ©e, j'ai enchaĂźnĂ© les consĂ©quences.

  • Speaker #1

    Tu le cachais ça ?

  • Speaker #0

    Ah oui, oui, oui, je le cachais. Bien sĂ»r, je me suis isolĂ©e, je cachais. C'est vrai que quand ma famille m'appelait, tout allait bien. Et finalement, quand on s'expatrie, on se dit que les amis... À Paris, ils vont venir nous voir et finalement, non. Il y a peu de gens qui viennent, qui font les allers-retours. On se reconstruit une vie comme on peut. Mais je me suis vraiment isolĂ©e de la vie que j'avais Ă  Londres et de mon ancienne vie Ă  Paris. Donc j'ai vraiment perdu mon travail. Je m'Ă©tais mise dans une relation compliquĂ©e. Et finalement, j'ai dĂ» quitter cette relation. J'ai dĂ» quitter cet appartement que j'avais Ă  Londres, que je partageais avec cette personne. Et finalement, je me suis retrouvĂ©e avec mes deux valises Ă  Londres sans rien, au bout de trois ans. Donc, assez rapide. Et lĂ , en fait, j'ai eu une chance, c'est que cette personne avec qui j'avais partagĂ©, j'Ă©tais en relation, m'a parlĂ© de dĂ©pendance. Il avait ses problĂšmes de dĂ©pendance, mais en fait, ça faisait plusieurs annĂ©es qu'il Ă©tait en rĂ©tablissement, qu'il essayait d'arrĂȘter les drogues, la consommation et qu'il allait au narcotique anonyme. Donc, c'est des rĂ©unions de partage de dĂ©pendants.

  • Speaker #1

    Alors ça, tu le savais quand t'étais en relation avec lui ? Il était abstinent ?

  • Speaker #0

    Non, il n'était pas abstinent, il était en rechute. D'accord. Sauf que moi, je ne connaissais pas son histoire finalement, et que la chute s'est faite trÚs trÚs rapidement. On consommait ensemble ? On consommait ensemble, et ça va d'autant plus vite quand on est à deux.

  • Speaker #1

    Et toi, la démarche de... L'abstinence, du sevrage, de la rechute, tout ça, ça ne t'était pas encore familier du coup ?

  • Speaker #0

    Pas du tout.

  • Speaker #1

    Tu vivais ta vie ?

  • Speaker #0

    Moi, j'étais à mille lieux. J'avais compris que j'avais perdu pied complÚtement dans ma vie. Mais j'étais à mille lieux de me dire, je suis dépendante, j'ai un souci. Ce n'est pas moi le problÚme, c'est les autres.

  • Speaker #1

    Oui, tu Ă©tais encore dans la dynamique, il y a quelque chose de grisant Ă  consommer.

  • Speaker #0

    ComplĂštement.

  • Speaker #1

    C'est presque encore joyeux.

  • Speaker #0

    Alors non, c'Ă©tait plus joyeux.

  • Speaker #1

    LĂ , tu le savais que c'Ă©tait plus joyeux, Ă  ce moment-lĂ  ?

  • Speaker #0

    À ce moment-là...

  • Speaker #1

    Il y avait encore un peu de déni, il y avait un voile d'illusion ?

  • Speaker #0

    Il n'y avait pas de voile d'illusion, mais je pensais que je pouvais encore maßtriser. Le contrÎle. Le contrÎle, cette personne m'a dit, non, je pense que tu n'as pas de contrÎle, tu te fais croire que tu as eu le contrÎle. Et il m'a amenée à ma premiÚre réunion narcotique anonyme.

  • Speaker #1

    GĂ©nial.

  • Speaker #0

    On a arrĂȘtĂ© de consommer ensemble. Ça n'a pas marchĂ©.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui fait que ça n'a pas marché, tu crois ?

  • Speaker #0

    Parce que tout simplement, l'huile était en rechute et que moi, j'avais pas encore assez de recul et que je me sentais pas... Je sentais que ça allait mal. Je me sentais trÚs mal. J'avais honte, je me cachais. Mais j'étais dans un déni, en fait, clairement. Pourtant, j'avais des conséquences graves dans ma vie. Mais j'étais dans un déni du lien. de la dépendance. Et puis je me disais toujours, ça arrive aux autres et pas à moi. Et surtout, je me faisais une idée du dépendant. Je me faisais une idée du junkie, en fait.

  • Speaker #1

    Il ressemble Ă  quoi ? Il ressemble Ă  quoi dans ton...

  • Speaker #0

    Ah, pour moi, le junkie, il Ă©tait... Il consommait dans la rue et il Ă©tait prĂȘt Ă  tout. En fait, non. Je crois que ma premiĂšre rĂ©union en narcotique anonyme, quand bien mĂȘme j'Ă©tais encore dans le dĂ©ni, J'ai eu l'impression de tomber de haut, vraiment. C'est-Ă -dire que j'ai rencontrĂ© des gens comme monsieur et madame tout le monde en fait. De toute profession, de toute catĂ©gorie sociale. Des gens qui viennent de partout, des gens intelligents. Et qui... Je me souviens qu'Ă  ma premiĂšre rĂ©union, j'ai pas parlĂ© du tout, j'ai Ă©coutĂ©. Et j'ai entendu des gens parler de moi en fait. Je me suis clairement identifiĂ©e. Et ces personnes n'avaient mĂȘme pas besoin de parler de drogue pour parler de moi. Parler d'Ă©motions finalement, des Ă©motions que moi je cachais, toujours, que j'avais cachĂ©es derriĂšre la drogue, que j'avais cachĂ©es derriĂšre mes cigarettes, derriĂšre tous ces filtres. Et sans honte, sans peur, en me disant, en m'expliquant qu'il y avait une autre vie qui Ă©tait possible.

  • Speaker #1

    À cette pĂ©riode-lĂ , avec tout ce qui se mĂ©lange dans les consommations, les comportements, les Ă©motions qui dĂ©bordent, je te ramĂšne au thĂšme de la cigarette. Quel chasse prend la cigarette Ă  ce moment-lĂ  ? Parce que souvent, on se dit, il y a les drogues, il y a l'alcool, et il faut se sevrer tout ça s'il y a un excĂšs, et la cigarette, on verra aprĂšs. Comment c'est filĂ© Ă  cette pĂ©riode-lĂ  ?

  • Speaker #0

    C'est vrai que je te raconte un peu l'exploit long, parce qu'en fait, finalement, la cigarette, pour moi, c'était le dernier rempart. Effectivement, j'ai eu un travail long. Alors aujourd'hui, je peux dire, j'ai huit ans d'abstinence de toutes drogues confondues. Je suis revenue en France, je me suis reconstruite, j'ai continué à aller en réunion Narcotique Anonyme en France, à Paris.

  • Speaker #1

    Tu en as fait Ă  Londres ?

  • Speaker #0

    Alors j'en ai fait à Londres, j'ai eu beaucoup de rechutes à Londres, j'ai essayé de m'accrocher comme je pouvais.

  • Speaker #1

    Alors attends, parce que moi je m'en suis arrĂȘtĂ©e Ă , t'es avec tes valises au bout de trois ans devant l'appart que tu quittes,

  • Speaker #0

    et les mecs que tu quittes. Exactement.

  • Speaker #1

    Et lĂ  tu restes combien de temps Ă  Londres aprĂšs ?

  • Speaker #0

    Alors ça va durer huit mois à peu prÚs. En fait, j'ai mes deux valises et je ne sais pas quoi faire de moi, clairement, à ce moment-là. Et je vais aller en réunion narcotique anonyme.

  • Speaker #1

    Tous les...

  • Speaker #0

    En fait, c'est surtout que je vais y aller et je vais ĂȘtre accueillie lĂ -bas. C'est-Ă -dire que les gens m'ont dit ne t'inquiĂšte pour rien, on va te loger, on va t'aider, on va t'aider Ă  retrouver du travail quand tu pourras. Ils m'ont clairement sauvĂ© la vie. Je ne pensais pas que dĂ©jĂ  un ĂȘtre humain puisse se donner autant gratuitement. Je n'ai jamais vu ça. Et j'ai eu des mois oĂč je n'avais pas le choix. Je savais que c'Ă©tait lĂ  oĂč j'en Ă©tais Ă  ce moment-lĂ  de ma vie. Je savais que c'Ă©tait marche ou crĂšve un peu. Je n'avais pas le choix. Ce n'Ă©tait plus un choix. Je n'avais pas envie d'arrĂȘter au dĂ©but. Je n'avais pas du tout envie d'arrĂȘter les drogues. J'avais juste envie d'arrĂȘter d'avoir les consĂ©quences de tout ça. Mais j'ai bien compris que non, je ne pouvais pas me raconter cette histoire, que ça ne fonctionnait pas. Donc pendant des mois, tous les jours, j'allais en rĂ©union, j'ai Ă©tĂ© aidĂ©e. Mais au bout d'un moment, ça a eu ses limites parce que je n'Ă©tais plus en capacitĂ©, je n'Ă©tais pas en capacitĂ© de retravailler, de me reprendre un logement seule. Ça m'avait... J'avais eu trop de consĂ©quences, j'avais besoin de me reconstruire. J'avais besoin de stabilitĂ©, de sĂ©rĂ©nitĂ©.

  • Speaker #1

    À ce moment-là, tu fumes encore clope sur clope ? Tu fumes de temps en temps ? L'alcool, c'est comment ?

  • Speaker #0

    L'alcool, non. Mon dernier rempart, c'Ă©tait vraiment la cigarette. Je continuais Ă  fumer en Ă©tant abstinente de d'autres drogues.

  • Speaker #1

    Tout le monde fume aux narcotiques anonymes ?

  • Speaker #0

    Clairement pas.

  • Speaker #1

    C'est la projection que j'ai, donc déconstruis mon préjugé s'il te plaßt.

  • Speaker #0

    Pas du tout. Non, non. Non, il y a des fumeurs et des non fumeurs comme partout. Je dirais que les personnes qui ont un certain nombre d'années de clean font cette démarche. Et c'est la démarche que j'ai fait moi quelques années plus tard.

  • Speaker #1

    Le dernier rempart ?

  • Speaker #0

    Le dernier rempart, clairement. Donc je suis revenue à Paris, j'ai continué à aller en réunion narcotique anonyme à Paris.

  • Speaker #1

    Alors comment tu fais ? Tu débarques à Paris, tu te renseignes. Comment on fait ? On regarde sur Internet, il y en a dans chaque arrondissement de Paris.

  • Speaker #0

    Je savais du coup qu'il y en avait beaucoup Ă  Londres, on m'avait dit qu'il y en avait Ă  Paris. Alors je ne connaissais personne Ă  Paris qui Ă©tait dans cette dĂ©marche-lĂ . Et c'est vrai que j'avais un petit peu, je n'assumais pas encore complĂštement, enfin j'Ă©tais ok avec ma dĂ©marche, mais... À chaque fois que j'avais essayĂ© d'en parler Ă  des personnes pas dĂ©pendantes, je me heurtais un petit peu Ă  une vision que moi, je m'Ă©tais faite auparavant de la dĂ©pendance. Et j'ai vraiment compris que c'Ă©tait une dĂ©marche personnelle, individuelle, que je devais le faire pour moi et pas pour les autres.

  • Speaker #1

    Parce qu'en plus, c'est dur de devoir se justifier ou d'avoir le regard atterré des gens qui amplifient cette situation et qui disent Oh mon Dieu ! Parce que... Effectivement, comme ce n'est pas suffisamment démocratisé, encore que ces derniÚres années, ça évolue beaucoup, beaucoup et assez rapidement. Mais effectivement, inconsciemment, on a un regard trÚs négatif de ce genre d'endroit.

  • Speaker #0

    On se fait des a priori et c'est assez naturel finalement. Je suis revenue Ă  Paris, je suis revenue chez mes parents et c'est vrai que ça a Ă©tĂ© mĂȘme tout de suite la rĂ©action de mes parents. Moi, je leur ai dit effectivement, il faut que je continue cette thĂ©rapie, cette dĂ©marche. Je vais me renseigner, je vais aller en rĂ©union Ă  Paris. Et c'est vrai que ma mĂšre me disait Mais t'as encore besoin de ça, de voir ces personnes ? T'en es encore lĂ  ? Et c'est vrai que c'est lĂ  que je me suis dit J'ai besoin de quitter le noyau familial, faire mon propre chemin. Je suis allĂ©e en rĂ©union Ă  Paris et j'ai eu la mĂȘme dĂ©marche qu'Ă  Londres. C'est-Ă -dire que je suis allĂ©e en rĂ©union Narcotic Anonyme. Je leur ai expliquĂ© mon parcours jusque-lĂ , au sein de l'association. Et c'est vrai que j'ai Ă©tĂ© aidĂ©e tout de suite, pareil. J'ai trouvĂ© un logement et j'ai commencĂ© Ă  y aller tous les jours, Ă  faire partie de l'association, parce que c'est une association du coup qui est tenue par des dĂ©pendants en rĂ©tablissement, qui ouvre diffĂ©rentes rĂ©unions Ă  Paris. Alors il y en a Ă  Paris, il y en a en banlieue, il y en a en province aussi. Il y en a tous les jours. Et c'est vrai que moi au dĂ©but, effectivement, j'ai regardĂ© sur le site Narcotique Anonyme et j'ai Ă©tĂ© en rĂ©union. C'est vrai que ma premiĂšre rĂ©union Ă  Paris, il fallait que je rencontre les gens, que je me rapproche des gens, que je trouve une nouvelle marraine. On est soutenu par un parrain ou une marraine, une personne qui est en rĂ©tablissement comme nous depuis quelques annĂ©es et qui va nous guider, qui va nous soutenir dans notre travail de rĂ©tablissement.

  • Speaker #1

    Le lien humain, c'est essentiel.

  • Speaker #0

    C'est obligatoire. Oui, oui, c'est obligatoire. On sort de cet isolement pour aller se confronter directement, ĂȘtre en lien directement. On a besoin d'ĂȘtre en lien les uns les autres.

  • Speaker #1

    J'avais envie de participer, tu vas me dire, il me semble qu'au Narcotique Anonyme, il y a mĂȘme des gens qui ne consomment pas ou qui ne sont pas dans cette dĂ©marche-lĂ , mais qui sont en contact, plus ou moins proches, avec des gens qui sont... soit sous l'emprise de la drogue, soit en sevrage ou en rechute, etc. Et parce que moi, ça m'intĂ©ressait, j'Ă©tais en lien intime avec plusieurs personnes qui Ă©taient dĂ©pendantes et j'aurais voulu mieux comprendre et je me suis dit, est-ce qu'on peut facilement venir ?

  • Speaker #0

    Alors, il y a des réunions qui sont ouvertes aux personnes extérieures, c'est-à-dire non-dépendantes, d'autres non. Mais on peut absolument venir en réunion Narcotic Anonyme, écouter tout simplement. sans prendre la parole, comprendre comment ça se passe, discuter aprÚs la réunion avec différents dépendants en rétablissement et se renseigner. C'est vrai que ce n'est pas toujours facile, je pense, pour les personnes qui soutiennent des gens qui sont dans la dépendance, qui ont du mal à s'en sortir et qui, effectivement, il faut comprendre aussi un peu dédiaboliser l'image qu'on se fait des choses.

  • Speaker #1

    C'est ce que j'essaye de faire aussi à travers mon podcast, dédiaboliser et rendre ça plus fun, plus accessible, plus normal. Et d'une part pour ouvrir les yeux à ceux qui ne sont pas du tout en contact avec ça, parce qu'il y en a qui n'ont jamais fumé, ou ceux que j'appelle les faux fumeurs qui ne traversent pas le sevrage que moi j'ai traversé à mon échelle, et qui trouvent ça complÚtement lunaire. Ceux qui sont encore dans le conseil de mec, un peu de volonté, c'est bon quoi

  • Speaker #0

    Oui, oui, un peu de volonté.

  • Speaker #1

    Du coup, tu sais avec ceux-lĂ  que tu ne peux pas discuter, et qu'ils sont plein de bonnes volontĂ©s, eux, pour t'aider, alors que ça va ĂȘtre les pires soutiens. dans les dĂ©marches.

  • Speaker #0

    La bonne volontĂ©, c'est bien, mais ça ne suffit pas. Pour moi, le fait d'aller en rĂ©union et d'y aller rĂ©guliĂšrement, j'Ă©tais en douceur et je n'Ă©tais jamais seule. C'est vraiment ce qui m'a permis d'y arriver. C'est l'entraide d'un dĂ©pendant Ă  un autre, la comprĂ©hension qu'on a. J'ai appris Ă  parler de mes Ă©motions, Ă  parler de moi. Ne plus en avoir honte. C'est OK, chacun son rythme, chacun ressent ce qu'il ressent. Au bout de quelques annĂ©es, j'ai commencĂ© une thĂ©rapie en parallĂšle. Je suis restĂ©e quatre ans en thĂ©rapie. Alors, pendant toutes ces annĂ©es, toutes les semaines, et puis aprĂšs, toutes les deux semaines Ă  peu prĂšs. Et je continuais en rĂ©union Narcotic Anonyme. AprĂšs rĂ©union Narcotic Anonyme, j'y allais au dĂ©part quelque part juste pour moi. Et aprĂšs, j'y allais un peu dans une dĂ©marche de retransmettre ce qu'on m'avait donnĂ© gratuitement. Et de garder le lien, de continuer, moi aussi, de me rĂ©tablir comme ça. Ça donne du sens aux dĂ©marches, Ă  son rĂ©tablissement.

  • Speaker #1

    Comme des piqûres de rappel aussi.

  • Speaker #0

    ComplĂštement.

  • Speaker #1

    Se rappeler qu'il faut avoir l'humilité de se dire que c'est jamais vraiment derriÚre soi.

  • Speaker #0

    ComplĂštement, en fait. Parce qu'on a beau reconstruire, on a beau ĂȘtre client, reconstruire, renouer des liens, crĂ©er de nouvelles choses dans sa vie, la dĂ©pendance, elle est toujours lĂ . Elle sera toujours lĂ . On a besoin de se rappeler, en fait, d'oĂč on vient. On oublie vite ce qui s'est passĂ©. Et pourtant, ça nous a fait mal, ça nous a torturĂ©s. Mais on oublie. On oublie que... De la mĂȘme façon, quand on arrĂȘte de fumer Ă  cigarette, on se dit, bon, c'est juste une, ça fait longtemps. J'ai les narcotiques anonymes. On dit, une, c'est trop, une mille, jamais suffisant.

  • Speaker #1

    Jacques, dans son épisode, il voulait te citer... disant cette phrase, c'était pas clair la maniÚre dont il l'avait formulée. Il dit, ah, il faut demander à Sandy.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux nous la redire ?

  • Speaker #0

    Effectivement. Alors, chez les narcotiques anonymes, on dit, une fois c'est trop et mille fois jamais suffisant. Et ce qui veut dire qu'on reste dĂ©pendant, on ne maĂźtrise pas. MĂȘme si on se dit, bon, je le fais une fois, c'est pas grave, je suis dans un environnement particulier, je fais la fĂȘte, je profite, je m'autorise une fois. Sauf qu'en fait, non, on est dĂ©pendant. Donc une fois, c'est dĂ©jĂ  trop. On sait qu'une fois, c'est le dĂ©but de mille fois qui suivent. Et on ne peut plus se mentir, on le sait. À partir du moment oĂč on commence Ă  ĂȘtre clean, en rĂ©tablissement, Ă  travailler sur soi, on ne peut plus se mentir. Ça devient difficile.

  • Speaker #1

    J'ai quand mĂȘme la projection que ce genre d'endroit n'est pas dĂ©nuĂ© d'humour.

  • Speaker #0

    Au contraire.

  • Speaker #1

    Je vois bien, l'humour ça peut tellement ĂȘtre libĂ©rateur et ça peut tacler dans tous les sens.

  • Speaker #0

    Ah oui, complĂštement, complĂštement. C'est vrai qu'une personne non-dĂ©pendante qui vient en rĂ©union pourrait ĂȘtre assez choquĂ©e pour puisse avoir un humour parfois trĂšs noir. effectivement mais il faut y mettre aussi tout ça en fait il faut y mettre de l'humour il faut y mettre parce que c'est vrai en fait il se passe des choses improbables et aprĂšs la reconstruction j'Ă©tais dans cette phase oĂč ça y est maintenant je peux m'autoriser vraiment ĂȘtre qui je suis sans filtre et Ă  vraiment me faire du bien dans tous les aspects de ma vie c'est vrai que je m'Ă©tais remis j'avais une autre approche de mon corps de l'esprit mais aussi du corps, je faisais plus de sport. Et en fait je pense que dans cette dĂ©marche de me faire du bien, ce dernier rempart... De me dire, je suis bien, je fais du sport, je mange sainement, je continue Ă  fumer. C'est quoi le sens ? C'est quoi le sens derriĂšre ? Je fais tout ça pour finalement continuer Ă  remplir mes poumons de toutes ces mauvaises choses. Ça n'avait pas de sens.

  • Speaker #1

    Alors comment tu justifiais de continuer de fumer malgré ça ? Parce que rationnellement, intellectuellement, tu le sais. Mais qu'est-ce que tu te racontais comme histoire pour dire, oui non mais ça va ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'Ă©tait juste une habitude, en fait.

  • Speaker #1

    Ah ouais ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'Ă©tait juste une habitude. Et puis, un des derniers remparts de la dĂ©pendance, c'est quand mĂȘme de la nicotine. C'est pas rien, en fait. Ça modifie quand mĂȘme le corps. Ça modifie quand mĂȘme ce qu'on ressent. MĂȘme si on a l'impression que c'est juste une cigarette. Non, c'est pas juste une cigarette. Je pense que j'avais beaucoup avancĂ©, mais que j'Ă©tais peut-ĂȘtre pas encore prĂȘte. Je pense que ça a fait son chemin un peu tout seul. Vraiment cette dĂ©marche, comme je te disais, de prendre soin de soi. Qu'au bout d'un moment, ce dernier rempart qui ne me faisait pas du bien n'avait plus de sens. J'Ă©tais dans un moment de ma vie oĂč il fallait que les choses aient du sens, en fait. J'avais besoin d'ĂȘtre honnĂȘte vis-Ă -vis de moi-mĂȘme. Quelle version de moi-mĂȘme j'ai envie d'ĂȘtre ? Je ne suis pas obligĂ©e d'ĂȘtre fumeuse, je n'en ai pas besoin finalement. Parce que j'en ai besoin. Pourquoi je fume ? Je fume parce que, par habitude, je peux en crĂ©er d'autres. Puis, est-ce que j'ai envie d'ĂȘtre cette identitĂ© de fumeuse ? Finalement, je regardais un peu les fumeurs autour de moi et je me disais, ça n'a plus d'attrait, en fait. De la mĂȘme façon que je voyais les gens consommer de l'alcool ou d'autres drogues, tout ça n'avait plus d'attrait, vraiment. Et alors, je ne vais pas dire que ça s'est fait du jour au lendemain. Je mettais des patchs au dĂ©but, c'Ă©tait il y a quatre ans. Et donc, j'ai commencĂ© par les... patchs.

  • Speaker #1

    Tu recommandes ?

  • Speaker #0

    Ça aide. AprĂšs, je pense que l'arrĂȘt de la cigarette, il n'y a pas une façon de faire. Je pense qu'il faut trouver celle qui nous convient. Moi, au dĂ©but, j'ai mis des patchs. C'est ce qui me semblait le plus simple. En fait, je mettais de moins en moins de patchs. Et un jour, je n'en ai pas mis. J'ai eu une journĂ©e trĂšs stressante. J'ai couru Ă  la pharmacie pour demander des nicorettes. Je me suis dit, il me faut quelque chose de rapide qui me... qui me dĂ©tendent ou je sais pas ce que je m'Ă©tais racontĂ©. J'ai pris une icorette et je pense qu'elle Ă©tait trĂšs trĂšs forte. J'ai eu une impression de m'Ă©touffer. Je me sentais mal, ça me donnait la nausĂ©e. Et je me suis dit, ah non, pas du tout, une icorette, je n'en veux pas. Et bizarrement, aprĂšs cette icorette, dĂšs que je sentais quelqu'un fumer, ça me dĂ©goĂ»tait. MĂȘme je voyais quelqu'un sur le mĂȘme trottoir que moi qui fumait. J'Ă©tais obligĂ©e de changer de trottoir, ça me dĂ©goĂ»tait vraiment, j'avais ce dĂ©goĂ»t. Et je me suis dit, ça y est, c'est fini.

  • Speaker #1

    Trop bien, hyper pratique d'avoir cette sensation-lĂ .

  • Speaker #0

    Ouais, c'est fini. Et j'ai arrĂȘtĂ© de fumer pendant deux ans. Sauf que...

  • Speaker #1

    Oh merde !

  • Speaker #0

    Eh oui ! Ah putain de merde ! Et c'est lĂ  oĂč vraiment je dis, on reste dĂ©pendant et attachĂ© Ă  tout ça. Et c'est ancrĂ©, c'est fou comme c'est ancrĂ© dans la tĂȘte. On oublie trĂšs trĂšs vite, en fait, qu'est-ce qui s'est passĂ©, comment j'ai repris au travail, tout simplement. Une journĂ©e un peu fatigante, une journĂ©e un peu longue, des moments longs, des collĂšgues qui fument beaucoup. Et puis un jour, je ne sais pas, je me suis dit, bon, je vais juste en prendre une. Oh,

  • Speaker #1

    tu t'es fait happer par le juste une ?

  • Speaker #0

    Ouais, alors que ça faisait deux ans.

  • Speaker #1

    Incroyable.

  • Speaker #0

    Et... Nul, hein. Je me suis sentie nulle.

  • Speaker #1

    Tu le savais au fond de toi que le juste une s'était risqué ?

  • Speaker #0

    Alors je le savais, mais je pense que j'Ă©tais complĂštement dans le dĂ©ni parce que j'Ă©tais dans une pĂ©riode oĂč j'avais repris un quotidien, j'avais repris le travail, j'avais construit une nouvelle vie et j'avais oubliĂ©. En fait, Ă  ce moment-lĂ , je n'allais plus aux narcotiques anonymes. J'avais fini ma thĂ©rapie, j'avais repris une vie entre guillemets normale. Tout se passait bien. Et quand tout se passe bien, l'incompte, si on peut se dire, c'est OK, en fait, c'est bon, je suis guĂ©rie.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il n'y a pas de l'autosabotage ? Une maniÚre de se tester ou de créer de l'intensité dans cette économité qu'on peut trouver ennuyeuse ?

  • Speaker #0

    Je me sabotais complÚtement, de toute façon, parce que je voyais que je travaillais beaucoup, mais je ne m'écoutais plus, je prenais moins soin de moi. Je faisais moins de sport, je travaillais plus, je prenais moins le temps de prendre soin de moi. de prendre soin de mon corps, de voir les gens autour de moi. Donc en fait, je pense que clairement, l'environnement est important pour moi. Le fait de prendre soin de moi est important. Et que je me suis fait l'illusion qu'en fait, j'allais reconstruire des choses et que tout allait bien. Et que j'avais tellement travaillé sur moi que...

  • Speaker #1

    Est-ce que quand tu en es arrivée à je vais en prendre juste une en disant c'était une journée un peu fatigante, un peu longue est-ce que ça ne faisait pas plusieurs jours que tu y pensais ? Clairement. Est-ce que tu es vraiment arrivée sans qu'on s'y attende, sans qu'il y ait un truc qui se trame ?

  • Speaker #0

    En fait, le truc qui se trame, c'est que tout simplement, je prenais de moins en moins soin de moi. Je mangeais de plus en plus mal, je travaillais de plus en plus, j'Ă©tais fatiguĂ©e. En fait, c'est des petits signaux qui donnent des alertes, tout simplement. Moins bien dormir, moins bien se nourrir, ĂȘtre fatiguĂ©e, ĂȘtre plus stressĂ©e.

  • Speaker #1

    Alors avec le recul, qu'est-ce que tu pourrais conseiller à cette Sandi qui a recréqué au bout de deux ans ? Si t'avais su, comment t'aurais fait autrement ?

  • Speaker #0

    En fait, je pense que j'avais besoin d'un petit rappel, en fait. C'est difficile comme question. Qu'est-ce que j'aurais pu faire ? En fait, rester en lien, vraiment. Rester en lien parce que les gens autour de nous, les gens qui nous veulent du bien autour de nous, je pense, que ce soit la famille, les amis proches ou les rĂ©unions narcotiques anonymes, clairement, c'est des rappels, en fait. À partir du moment oĂč on s'isole, On peut avoir la bonne volontĂ©, mais on peut la perdre aussi rapidement. On peut ĂȘtre trĂšs motivĂ© pour commencer quelque chose, mais pour tenir sur la longueur, il faut avoir des rappels.

  • Speaker #1

    C'est quoi concrĂštement qui aurait pu t'aider ?

  • Speaker #0

    Confronter mon déni. Moi, j'aurais pu, à ce moment-là, je me disais sûrement, Juste une cigarette, c'est OK. Mais j'aurais été encore en lien à ce moment-là, on m'aurait dit, Mais une, c'est trop, et jamais suffisant.

  • Speaker #1

    peux raconter une histoire mais tu sais comment ça se passe la dépendance donc l'option tu avais dit ça si tu avais été entouré avec les gens qui te connaissent et qui te veulent du bien il aurait dit ça au bon moment tu aurais su l'entendre clairement en fait c'est pas que j'aurais su l'entendre si je le savais je le savais mais c'est

  • Speaker #0

    juste que Ă  un moment donnĂ© je me suis pas vu je me suis laissĂ© Ă  paix en fait je me suis laissĂ© Ă  paix et c'est vrai que J'ai Ă©tĂ© moins dans cette dĂ©marche de travailler sur moi, de prendre soin de moi. Tout simplement, c'est vraiment une question d'environnement. Pour moi, finalement, je me rends compte que mon environnement est primordial. Me sentir bien dans mon travail, me sentir bien entourĂ©e, me sentir bien aussi Ă  l'endroit oĂč je vis. Tout ça, c'est trĂšs important. Parce que sinon, effectivement, je peux me faire happer. On est fumeur Ă  vie, pour moi. On est dĂ©pendant aussi Ă  vie. C'est juste qu'on apprend Ă  vivre autrement.

  • Speaker #1

    Et tu as juste une. Elle a été seule combien de temps ? C'est-à-dire qu'elle est arrivée au bout de combien de temps, la deuxiÚme ? La troisiÚme ? Et le rythme habituel ?

  • Speaker #0

    Alors, lĂ  oĂč je vois que je... Je me mentais, mais j'Ă©tais consciente. C'est-Ă -dire qu'aprĂšs cette cigarette que j'avais prise au travail, pas refumĂ© tout de suite. Mais Ă  un moment donnĂ©, j'ai eu envie de refumer. Et je suis allĂ©e dans un tabac. Je me souviens trĂšs bien. Et je suis arrivĂ©e au tabac et lĂ , j'ai pris un paquet de chewing-gum Ă  la place d'un paquet de cigarette. Je suis arrivĂ©e au comptoir et lĂ , je me suis dit Mais non, mais qu'est-ce que tu fais ? Non, prends un paquet de chewing-gum. J'ai pris un paquet de chewing-gum et quelques jours plus tard, j'ai craquĂ©. J'ai achetĂ© le paquet de cigarettes. Mais je savais, finalement. Sauf que, bah... Une fois que j'avais achetĂ© le paquet, bah... Je suis repartie dedans.

  • Speaker #1

    C'est ouf, ce truc de sentir qu'une fois qu'on a rachetĂ© un paquet, il y a le foutu pour foutu. C'est trĂšs, trĂšs rare, les gens qui tĂ©moignent de... J'ai achetĂ© un paquet, et puis aprĂšs, j'ai re-arrĂȘtĂ©. Enfin, ce genre de dĂ©rapage... Non, une fois qu'on achĂšte le paquet, on signe. On est OK pour signer de... Bon, allez, on reprend. Bah,

  • Speaker #0

    rien ne nous en rend... enfin je veux dire ça ne nous empĂȘche de m'a pourtant si l'addiction qui reprend le pouvoir ou alors quoi il aurait fallu non je veux dire personne ne nous empĂȘche de d'en racheter ah oui on n'est pas confrontĂ© on devrait tu sais comme dans les casinos oĂč on peut interdire Ă  d'entrer Ă  l'entrĂ©e est ce que vous ĂȘtes humeur est ce que vous ĂȘtes non plus mais est-ce que vous essayez d'arrĂȘter bon alors vous ne rentrez pas mais ce serait bien

  • Speaker #1

    MĂȘme si on peut se faire acheter des clubs par d'autres gens, mais c'est quand mĂȘme une dĂ©marche supplĂ©mentaire.

  • Speaker #0

    Non, on sait trĂšs bien que si on a envie, de toute façon, on trouvera toujours un moyen. Moi, pendant un moment, j'Ă©tais dans ce dĂ©ni de me dire, j'en rachĂšte pas, mais bon, j'en prends une Ă  droite, une Ă  gauche. Mais j'en rachĂšte pas. Mais j'essaye d'arrĂȘter. Je suis non fumeuse.

  • Speaker #1

    Alors attends, j'en suis Ă ... Tu rechutes au bout de deux ans. Ça, c'Ă©tait il y a combien de temps ?

  • Speaker #0

    C'Ă©tait il y a deux ans Ă  peu prĂšs.

  • Speaker #1

    Ok. Tu rechutes et donc tu refumes comme en 40 ?

  • Speaker #0

    Oui. Peut-ĂȘtre moins quand mĂȘme. Peut-ĂȘtre moins. Mais je fumais toujours, mais un peu moins. Mais c'est pas une question de quantitĂ© finalement. Non.

  • Speaker #1

    J'imagine que... aux narcotiques anonymes, on ne parle pas forcément de quantité. En tout cas, dans tous les livres que j'ai lus sur les addictions, sur l'analyse de ça, c'est pas la quantité qui compte, c'est ton rapport au produit, au comportement. Alors bien sûr, la quantité peut jouer, évidemment. Mais c'est pas ça le sujet.

  • Speaker #0

    Non, pas du tout. En fait, c'est mĂȘme pas une question de produit, c'est pas une question de quantitĂ©, c'est mĂȘme pas une question de frĂ©quence. Et c'est vrai que ça m'avait rassurĂ©e quand j'ai commencĂ© les rĂ©unions, parce que euh... On va justifier notre statut dĂ©pendant Ă  la quantitĂ© ou aux produits qu'on va consommer, alors que non, ça a des consĂ©quences dans nos vies. Et c'est tout, en fait. Et alors,

  • Speaker #1

    du coup, il y a deux ans, tu refumes comme en 40. Qu'est-ce qui se passe ?

  • Speaker #0

    Je savais inconsciemment que je ne voulais plus ĂȘtre fumeuse. En fait, je le savais mĂȘme inconsciemment. Je ne souhaitais plus ĂȘtre fumeuse. Je le savais.

  • Speaker #1

    Tu voulais te reconnecter Ă  la Sandi qui a arrĂȘtĂ© de fumer pendant deux ans, qui avait l'air en paix avec ça.

  • Speaker #0

    Je ne voulais plus ĂȘtre esclave, je voulais ĂȘtre libre, ĂȘtre moi-mĂȘme, ne plus avoir ce filtre, ne plus avoir cette dĂ©marche de fumeuse. Ça ne me convenait plus en fait, ça me collait Ă  la peau, mais c'Ă©tait un mauvais costume, ça ne me convenait pas, ce n'Ă©tait pas moi.

  • Speaker #1

    Tu avais retrouvé ta vraie identité.

  • Speaker #0

    En fait, c'est surtout que je l'avais trouvĂ©e quand je suis devenue abstinente de tout, de drogue, etc., de cigarettes. Je m'Ă©tais trouvĂ©e vraiment moi-mĂȘme. Et Ă  partir du moment oĂč je m'Ă©tais connectĂ©e Ă  ça, mĂȘme si j'avais par la suite repris la cigarette, je savais que cette sandile-lĂ , elle existe. Je n'avais pas envie de me gĂącher, en fait. Je n'avais plus envie de me mentir. Je savais que ce n'Ă©tait pas possible, que ce n'Ă©tait pas moi.

  • Speaker #1

    Et en plus, tu as connu pendant deux ans ce qu'Ă©tait ĂȘtre non-fumeuse. Et donc ça te donnait envie, tu savais que tu avais pu expĂ©rimenter la vraie libertĂ©.

  • Speaker #0

    La vraie libertĂ©, ne plus me poser de questions, de savoir est-ce que j'ai une cigarette ou pas, quand je pars Ă  droite ou Ă  gauche, est-ce qu'il me reste suffisamment de monnaie quand je veux faire mes courses pour aller me prendre un paquet en mĂȘme temps. J'Ă©tais libre, oui une charge mentale complĂštement, mais j'Ă©tais libre. Et puis mĂȘme si j'Ă©tais fumeuse... Quand j'ai repris la cigarette, je continuais quand mĂȘme Ă  prendre soin de moi. Je fume encore, mais je prends soin de moi. Je fume, mais je vais quand mĂȘme courir trois fois par semaine. Sauf que je respire moins bien que quand j'Ă©tais non fumeuse. Donc Ă  un moment donnĂ©, je ne peux pas me mentir. Je vais face Ă  moi-mĂȘme et je sais que ça ne me convient pas. Je sais que ce n'est pas moi, je sais que ce n'est pas ce que j'ai envie d'ĂȘtre.

  • Speaker #1

    Alors, qu'est-ce que tu mets en place ?

  • Speaker #0

    J'essaie de moins fumer. En fait, j'essaie de me raconter encore une histoire. C'est difficile d'arrĂȘter du jour au lendemain. Les personnes qui me disent moi, j'ai arrĂȘtĂ© du jour au lendemain alors je ne dis pas que ça n'existe pas, pour certains, ça va peut-ĂȘtre fonctionner, ce n'est pas mon histoire. Et d'un cĂŽtĂ©, je me dis que je me racontais des histoires et que j'Ă©tais encore dans le dĂ©ni, que... J'ai arrĂȘtĂ©, mais par intermittence. D'un cĂŽtĂ©, je me dis, c'est OK, en fait. Je peux amener un peu de douceur, en fait, Ă  tout ça. J'ai vraiment cette volontĂ© au fond de moi. J'ai vraiment envie de m'en dĂ©barrasser. C'est pas facile. C'est OK. Faut que je continue Ă  faire ce qu'il faut, et au bout d'un moment, ça va fonctionner. Il faut que je nourrisse, en fait, cette envie d'arrĂȘter. En prenant soin de moi, de nouveau. En fait, j'ai appris beaucoup de choses au sein de Narcotique Anonyme. Je savais que pour arrĂȘter de fumer aussi, il fallait que je m'Ă©loigne des fumeurs.

  • Speaker #1

    Au moins un temps ?

  • Speaker #0

    Au moins un temps. Au moins un temps parce qu'aujourd'hui, quand je sens quelqu'un fumer Ă  cĂŽtĂ© de moi, ça me dĂ©rangeait. Quand j'ai commencĂ© Ă  arrĂȘter de fumer, ça ne me dĂ©rangeait pas. Et c'est ce truc justement de ça ne me dĂ©range pas, donc c'est encore assez prĂšs de moi. Trop prĂšs. Un peu dangereux encore. Donc j'avais besoin de me couper de ça. Jusqu'Ă  ce que ça ne me convienne vraiment plus. Et puis c'est facile de rechuter, d'en reprendre une. Tellement facile. Quelques secondes. Donc il fallait que je m'Ă©loigne de tout. Donc vraiment changer. Et c'est vraiment ça, c'est changer d'environnement. s'entourer de personnes qui nous font du bien, de gens qui nous amĂšnent vers des bonnes choses, qui nous tirent vers le haut, qui sont dans une dĂ©marche de prendre soin d'eux aussi. C'Ă©tait vraiment ça. AprĂšs, malgrĂ© ça, il y a des jours oĂč je fumais, des jours oĂč je fumais pas. Et il y a un peu moins de deux ans, j'ai rencontrĂ© Jacques et des amis en commun. On est partis en Corse, on s'est rencontrĂ©s comme ça. Et lui, il fumait. Moi, je fumais un jour sur deux. Et on a commencĂ© notre relation et j'ai refumĂ© complĂštement. Ce truc, comme je disais au dĂ©but, que soit il y a deux non-fumeurs, soit il y a deux ex-fumeurs. Mais il n'y a pas un fumeur et un ex-fumeur. C'est compliquĂ©. Et puis, Ă  un moment donnĂ©, je lui ai dit, moi, je vais arrĂȘter de fumer, en fait. Et puis... Je veux arrĂȘter de fumer, puis Jacques avait des problĂšmes de respiration, d'asthme, de souffle. Et je crois que je voyais aussi la gravitĂ©, les consĂ©quences aussi directes. Parce que autant, moi j'ai pas eu, j'ai de la chance, trop de consĂ©quences au niveau de ma respiration, mais lui je l'ai vu directement, je voyais les consĂ©quences directement, et je me disais mais en fait non, j'ai rencontrĂ© l'homme de ma vie. J'ai reconnu des choses dans ma vie. J'ai pas envie de continuer Ă  me dĂ©truire, j'ai envie qu'on profite en fait, j'ai envie de vivre, j'ai envie qu'on vive Ă  deux, bien, le mieux possible en tout cas. Donc on a dĂ©cidĂ© d'arrĂȘter tous les deux, on s'est achetĂ© des cigarettes Ă©lectroniques, et c'est vrai qu'avec de la nicotine toujours, moi je me disais que c'Ă©tait mieux, la cigarette Ă©lectronique, la cigarette, mais aprĂšs on garde des habitudes, on garde des habitudes de... Toujours l'avoir en main, toujours avoir un peu de nicotine. Il y a un peu ce truc d'avoir un petit doudou, toujours avec soi, d'ĂȘtre rassurĂ©e. Et puis on prenait un peu la cigarette de temps en temps, et puis de nouveau la cigarette Ă©lectronique, etc. Et puis depuis quelques temps, lĂ , moi j'ai arrĂȘtĂ© complĂštement tout. Ça va faire un mois Ă  peu prĂšs. Comment ça s'est passĂ© ? Tout simplement, je devais me faire opĂ©rer. Je devais avoir une opĂ©ration et on m'avait dit pour l'opĂ©ration il faut que... Il ne faut plus que tu fumes. Il ne faut plus que tu fumes du tout, pas de nicotine, rien du tout. Cette opĂ©ration, elle Ă©tait importante pour moi, donc je voulais faire correctement les choses. Et du coup, je n'ai mĂȘme pas eu de difficultĂ© Ă  arrĂȘter Ă  ce moment-lĂ . Parce que je voulais me faire du bien et j'avais envie de faire les choses correctement, je n'avais pas envie de me gĂącher. Donc j'ai arrĂȘtĂ© complĂštement et on m'a dit aprĂšs l'opĂ©ration il faudra encore ĂȘtre non fumeuse pendant un certain temps.

  • Speaker #1

    Tu aurais pu le dire pour toute la vie, te faire la suggestion.

  • Speaker #0

    Et non mais en fait je me suis dit mais effectivement là j'ai tenu déjà depuis deux semaines et puis là je suis dans la troisiÚme semaine, j'en ressens plus le besoin finalement. Donc profitons-en, ne reprenons pas.

  • Speaker #1

    En janvier, moi, j'avais eu l'information qu'autour de janvier, vous aviez dĂ©cidĂ© d'arrĂȘter ensemble.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Donc, il y a eu des dĂ©rapages, des rechutes, des reprises, des arrĂȘts.

  • Speaker #0

    ComplĂštement.

  • Speaker #1

    On fume un paquet par jour ou c'Ă©tait juste une par-ci, une par-lĂ  ?

  • Speaker #0

    Alors, c'Ă©tait une par-ci, une par-lĂ . Ça a Ă©tĂ© aussi, on n'en achĂšte pas, mais Ă  chaque fois qu'on sort, on en prend une Ă  droite, Ă  gauche. Je vais mĂȘme aller jusqu'Ă  avouer de... J'en garde une sur le... coudes et je la mets dans un coin Ă  la maison au cas oĂč un jour on sait pas elle a Ă©tĂ© fumĂ©e elle a Ă©tĂ© fumĂ©e bien Ă©videmment bien Ă©videmment mais non c'est fini ça c'est inutile et non lĂ  je suis plus du tout dans cette dĂ©marche lĂ  pour moi du coup ça fait quasiment un mois j'en ressens pas du tout besoin j'ai pas repris non plus la cigarette Ă©lectronique

  • Speaker #1

    Waouh, gĂ©nial ! Tu n'en sens pas le besoin, mais toi-mĂȘme, tu sais que ça peut revenir, que ça va revenir. Ça fait partie des cycles. Donc, tu sais comment tu vas gĂ©rer ça quand l'envie va revenir ?

  • Speaker #0

    Je sais ce qu'il faut mettre en place.

  • Speaker #1

    Et tu l'as mis en place ?

  • Speaker #0

    Alors, pour l'instant, je n'ai pas eu le besoin de mettre les choses en place. HonnĂȘtement, je pense qu'il ne faut pas attendre d'avoir besoin pour mettre les choses en place.

  • Speaker #1

    Ok, donc, c'est quoi la prochaine Ă©tape ?

  • Speaker #0

    Remettre de bonnes choses, de meilleures choses dans mon environnement. C'est vrai que je te disais en arrivant que... Je faisais moins de sport qu'avant, alors que c'est quelque chose que j'aime. Il faut que je remette des habitudes dans ce sens-lĂ , parce que ça me fait du bien. Et plus on se fait du bien, et moins on a envie de se faire de mal. tout simplement. C'est la logique des choses pour moi et alors ça peut ĂȘtre ça, ça peut ĂȘtre aussi le fait de partager ma dĂ©marche. Ne pas faut pas que ce soit un secret. MĂȘme si je le fais pour moi, le fait de le dĂ©clarer c'est lactĂ©. C'est Ă  dire que si je dis Ă  ma famille ou Ă  mes amis c'est non je suis non fumeuse, si Ă  un moment donnĂ© j'ai Une petite faiblesse, entre guillemets. Autour de moi, on me dit, Mais dis donc, tu faisais pas la dĂ©marche d'arrĂȘter ?

  • Speaker #1

    Ça, qu'on te fasse ce genre de remarques, ça t'aide ?

  • Speaker #0

    Bien sĂ»r que ça aide. Être confrontĂ©e, bien sĂ»r. Ça aide. Et puis, rester en lien, en fait. Rester en lien, rester, se faire du bien. Toutes ces choses, pour moi, c'est vraiment important. Et avouer, en fait, ĂȘtre honnĂȘte. Chez les narcotiques anonymes, ils ont ces... C'est valeur d'honnĂȘtetĂ©, ouverture d'esprit, bonne volontĂ©. C'est ce qu'on dit. L'honnĂȘtetĂ© de ma dĂ©marche. D'ĂȘtre honnĂȘte que si j'ai envie d'une cigarette, je le dis. J'ai envie d'une cigarette. C'est OK. Je ne suis pas obligĂ©e d'agir par la suite. Juste j'ai envie, ça va passer.

  • Speaker #1

    Le nommer, c'est montrer Ă  soi-mĂȘme qu'on n'est pas dans le dĂ©ni.

  • Speaker #0

    ComplĂštement. C'est ne plus se mentir. C'est vraiment ĂȘtre honnĂȘte et d'avouer ce qu'on ressent. C'est ça, l'honnĂȘtetĂ©, l'ouverture d'esprit. Effectivement, je peux faire autrement. Je peux faire autrement. La premiĂšre fois que j'avais arrĂȘtĂ© la cigarette, j'avais mis en place toutes ces choses-lĂ . Le fait de rester en lien, de faire du sport, de bien manger. Et puis aussi tous ces petits moments oĂč j'ai envie d'une cigarette. Souvent dans les moments oĂč j'Ă©tais dans l'attente. Ou alors... Quand je suis seule, en tout cas, j'Ă©tais dans la tente, j'avais envie d'une cigarette pour passer le temps. Souvent, j'avais cette cigarette. Finalement, assez rapidement, je me disais, en fait, appelle quelqu'un. Le pouvoir du tĂ©lĂ©phone, incroyable. J'appelais quelqu'un et quelqu'un qui savait que j'Ă©tais dans cette dĂ©marche d'arrĂȘter, je l'appelais juste cette personne et je lui disais, j'ai envie d'une cigarette. Et de j'ai envie d'une cigarette, finalement... On part dans une vraie conversation. Avant de la conversation, j'ai oubliĂ© que j'avais eu envie d'une cigarette. Je n'en ai plus envie. Et c'est passĂ©, je n'ai pas fumĂ©, je suis fiĂšre de moi en plus. Le pouvoir du tĂ©lĂ©phone. Donc ça, c'est un outil parmi d'autres. Mais il y a vraiment ce truc d'honnĂȘtetĂ©, d'ĂȘtre honnĂȘte avec soi-mĂȘme, d'ĂȘtre honnĂȘte avec les autres, avec sa dĂ©marche, ne pas cacher les choses. Pour moi, c'Ă©tait ok de me dire finalement... Vaut mieux Ă  un moment donnĂ©, dans ma dĂ©marche d'arrĂȘt, de rejeter une fois et de me dire aprĂšs mais qu'est-ce que t'as fait ? Non, non, non. Tu sais que tu veux ĂȘtre en fumeuse, reprendre les choses dans le bon ordre. PlutĂŽt que de cacher les choses en fait, de me dire non, non, j'ai envie mais j'ai pas envie. Et pas utiliser tous ces outils, ne pas ĂȘtre dans la solution, d'ĂȘtre dans ce truc de surpuissance, de je maĂźtrise. Ça va aller, je peux me dĂ©brouiller toute seule. C'est ok. C'est ok de dire j'ai envie de fumer, c'est ok de dire j'ai besoin d'ĂȘtre soutenue, j'ai besoin d'en parler. Aujourd'hui, effectivement, tu me disais qu'est-ce que tu vas mettre en place aujourd'hui, je sens que j'ai besoin de travailler sur moi. Je me rends compte que c'est quelque chose qui me fait du bien et il y a diffĂ©rentes façons de le faire. Alors je te parlais de reprendre plus le sport, mais je pense aussi que je vais peut-ĂȘtre avoir des dĂ©marches de l'acupuncture. essayer des dĂ©marches comme ça, j'y crois, je pense que ça peut me faire du bien. En tout cas, ça se tente. Qu'il tente rien Ă  rien, et puis au pire, qu'est-ce que je risque ? C'est un peu ça aussi. C'est au pire, qu'est-ce que je risque ? Que ça marche.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu voudrais dire Ă  Sandy dans quelques temps qui Ă©couterait le podcast ? Tu peux choisir le moment oĂč ça peut ĂȘtre le mois prochain ou dans un an. Ce podcast existera toujours. Peut-ĂȘtre que des gens autour de toi vont t'en parler, ou toi tu vas retomber dessus. Envoie-lui un message.

  • Speaker #0

    Je me remercierai. Je me remercierai d'avoir eu le courage, d'avoir Ă©tĂ© honnĂȘte, de faire tout ce travail. Difficile. Parce que c'est vrai que quand on le raconte comme ça, ça a l'air simple. Mais c'est un combat d'un jour Ă  la fois.

  • Speaker #1

    Oui, ça c'est un peu le slogan des alcooliques anonymes.

  • Speaker #0

    Alcooliques anonymes, narcotiques anonymes.

  • Speaker #1

    On le dit aussi chez les narcotiques anonymes ?

  • Speaker #0

    C'est un jour Ă  la fois.

  • Speaker #1

    Et mĂȘme au dĂ©but,

  • Speaker #0

    ça va ĂȘtre une heure Ă  la fois. C'est vraiment une heure Ă  la fois, parfois, oui. Mais petit Ă  petit, tous ces efforts, quand mĂȘme c'est difficile, ce petit effort supplĂ©mentaire que j'ai pu faire, qui a tout changĂ© finalement.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu pourrais ouvrir mon livre au hasard pour voir si tu tombes sur quelque chose qui serait un perdoil pour toi ?

  • Speaker #0

    Alors, alors, alors... Une autre explication de beaucoup de rechutes est le choc Ă©motionnel. Et Ă  Ă©couter les tĂ©moignages, la rechute apparaĂźt comme Ă©vidente et salvatrice pour soulager l'Ă©motion. Je me vois parfaitement nĂ©gocier une clope dans l'urgence Ă©motionnelle d'une terrible nouvelle. Ce ne sera mĂȘme pas une excuse, mais un foutu pour foutu. Oui, oui, oui, j'identifie bien avec ça. Aujourd'hui, je sais que j'ai assez de recul. J'ai assez de recul et je sais que ça ne marche pas, en fait. Je sais que ça ne marche plus.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça dont on n'a pas encore conscience. Qui m'a dit ça ? Ah oui, j'en parle dans le podcast de... J'en discute avec Sacha dans un épisode, parce que je connais quelqu'un qui a refumé suite à un choc émotionnel trÚs fort, à prendre la mort de quelqu'un, avec ce foutu pour foutu. Et quand je lui ai posé la question, la personne m'a dit en fait, j'aurais pu ne pas la prendre cette clope Et Sacha disait ah bah oui, ça je vois trÚs bien comment je pourrais fumer, je vois trÚs bien comment je pourrais utiliser cette excuse Et donc je lui dis bah tu sais quoi, il paraßt qu'en fait, elle est nulle cette excuse Du coup, il m'a répondu ah ouais, bon bah... Je ne refumerais vraiment pas alors. Oui,

  • Speaker #0

    oui, oui. Bien sûr, en fait, on se dit toujours dans cette situation-là ou dans cette situation-là, je pourrais refumer. C'est presque, c'est comme si on le prévoyait presque. Mais finalement, plus le temps passe et plus on se rend compte que non, en fait, on n'en a pas besoin. On a appris à faire autrement. Et que ça n'apportera rien.

  • Speaker #1

    Je pense qu'il faut faire la dĂ©marche de se projeter. J'ai imaginĂ© quelques situations oĂč justement il y aurait un choc Ă©motionnel. Et je me suis mise en situation pour me dire non, la clope ne sera pas une bonne idĂ©e. Mais c'est pas facile. Je vois bien qu'il y a des petits diablotins Ă  l'intĂ©rieur de moi qui nĂ©gocient.

  • Speaker #0

    Toujours. Toujours. C'est effectivement, mais de toute façon, ce sera toujours le cas. Je suis non fumeuse, mais... Je reste fumeuse. En arrĂȘt.

  • Speaker #1

    Tu restes ancienne fumeuse. C'est ça. Ça fera toujours partie de ton identitĂ©.

  • Speaker #0

    Ça fera toujours partie... Mon identitĂ©, je ne dirais pas non. Parce que justement, j'ai voulu me sĂ©parer de... Oui,

  • Speaker #1

    l'identitĂ©, ce n'est pas le bon terme. Peut-ĂȘtre que c'est engrammĂ© dans l'ADN Ă  un certain niveau. Oui,

  • Speaker #0

    voilà, c'est ça. C'est ça.

  • Speaker #1

    Et aprÚs, c'est activé ou en pause.

  • Speaker #0

    Exactement. Exactement. C'est ça.

  • Speaker #1

    Et alors, du coup... On parlait de dernier rempart. Là, tu es non fumeuse. Enfin, tu es ancienne fumeuse. Tout à fait. Donc, le dernier rempart a sauté.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et comment tu te sens ? Tu n'as pas l'impression de sauter dans le grand vide ? Tu as un plan B ? Tu as compensé par une passion qui te nourrit ?

  • Speaker #0

    Jusque-lĂ , tout ce que j'ai pensĂ©, c'est honnĂȘtement, j'ai eu une opĂ©ration et je ne veux pas tout gĂącher. Je veux faire les choses bien. Ça n'a pas Ă©tĂ© tellement je veux arrĂȘter de fumer, mais c'est plutĂŽt j'ai envie de faire les choses bien. En fait, le sens qu'on y met a beaucoup d'importance. Est-ce que... Je veux arrĂȘter pour Ă©viter quelque chose ou est-ce que je veux arrĂȘter pour crĂ©er autre chose ? Je ne sais pas comment dire.

  • Speaker #1

    C'est un Ă©tat d'esprit.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est un Ă©tat d'esprit. Et je me dis, en fait, je suis trop contente. Cette excuse d'opĂ©ration, finalement, elle m'a rendu service. J'ai passĂ© cette Ă©tape comme ça, un peu malgrĂ© moi, finalement. Mais je n'ai pas envie d'y retourner, je n'ai plus d'attrait. Je savais que de toute façon... VoilĂ , ça fait un moment que je voulais ne plus ĂȘtre fumeuse. Donc l'occasion s'est prĂ©sentĂ©e, je l'ai pris Ă  bras le corps en fait. Je ne me suis pas posĂ©e de questions. Je ne me suis pas posĂ©e de questions. AprĂšs, est-ce que j'ai des petits moments oĂč j'ai envie ? Oui, mais je dirais que ça me passe comme une pensĂ©e passerait dans mon esprit. Ça passe d'un cĂŽtĂ© et puis je laisse passer. J'accepte en fait de ressentir ce que je ressens. C'est OK. Je sais que ça va passer.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on peut participer aux narcotiques anonymes si on veut se sevrer du tabac ? Il y en a déjà eu ? Tu sens que ce n'est pas vraiment cette... Il n'y a pas de... Ce serait quoi ? Les fumeurs anonymes ? Les fumeurs de tabac anonymes ? Les nicotines...

  • Speaker #0

    Ça existe ça ? Peut-ĂȘtre que ça existe. Je ne sais pas du tout. J'avoue que je ne sais pas. Je pense que de toute façon, n'importe quelle rĂ©union de dĂ©pendance, peu importe le produit, fonctionne. En tout cas, pour moi, ça a fonctionnĂ©. Je ne dis pas que ça fonctionne pour tout le monde. Je pense que ce n'est pas l'unique façon d'arrĂȘter une dĂ©pendance. Moi, ça m'a aidĂ©e. AprĂšs, c'est tout un programme. Mais je pense que de toute façon, Narcotic Anonyme, moi, j'ai appris Ă  parler de mes Ă©motions aussi. La parole Ă©tant libĂ©rĂ©e, j'avais moins besoin aussi de compenser. Donc, je pense que l'aide d'un indĂ©pendant Ă  apporter Ă  un autre, de toute façon... C'est extraordinaire. AprĂšs, est-ce qu'une personne qui veut arrĂȘter de fumer peut aller en rĂ©union narcotique anonyme ? Oui, si on veut. AprĂšs, est-ce que c'est complĂštement adaptĂ© ? Oui, on parle de dĂ©pendance.

  • Speaker #1

    On peut faire la démarche de demander.

  • Speaker #0

    On peut faire la dĂ©marche de demander. De toute façon, on n'a rien Ă  y perdre, c'est sĂ»r. Une dĂ©pendance reste une dĂ©pendance, peu importe le produit. Les consĂ©quences ne sont pas forcĂ©ment les mĂȘmes, effectivement, en fonction de... des personnes, des produits, etc. MĂȘme si on essaie de ne pas faire de comparaison parce que la dĂ©pendance est une dĂ©pendance quelle qu'elle soit. En fait, chacun fait son parcours.

  • Speaker #1

    Quand est-ce que tu y es allée pour la derniÚre fois ?

  • Speaker #0

    En RĂ©union ? Oui. Je pense que ça fait... Il y a un an. Il y a un an. Et c'est vrai que... Non, un peu plus d'un an. En fait, je pense qu'Ă  peu prĂšs au moment oĂč j'ai... Un peu avant que je rencontre Jacques. Et puis, c'est vrai qu'il s'est passĂ© beaucoup de choses. Et c'est vrai, lĂ , quand je te disais, effectivement, on peut se faire rĂąper par le fait de reprendre une vie, entre guillemets, normale. OĂč tout se passe bien, une vie rend bien remplie. C'est vrai que j'ai rencontrĂ© Jacques, on a emmĂ©nagĂ© ensemble. Je continue Ă  travailler, on s'est mariĂ©s. On met des choses en place. La vie normale prend son cours, en fait. Mais je sais qu'un de mes piliers a Ă©tĂ© Narcotic Anonyme et le restera pour toujours. Je sais que peu importe oĂč j'en suis dans ma vie, je peux aller Ă  une rĂ©union Ă  n'importe quel moment et j'ai ma place. Je ne me sentirai jamais mal Ă  l'aise. C'est un endroit oĂč on ne sera jamais jugĂ©. Je ne me sentirai jamais jugĂ©. C'est une famille. Clairement, pour moi, c'est une famille. MĂȘme de gens que je ne connais pas. Mais c'est une famille.

  • Speaker #1

    LĂ , tu pourrais y retourner ? Tu y penses ? Ouais. Tiens, je me ferais bien...

  • Speaker #0

    C'est vrai que ça irait complĂštement dans ma dĂ©marche d'abstinence du tabac, complĂštement. Dans Narcotique Anonyme, il y a des personnes qui sont clean, on arrĂȘte de toute substance, drogue, etc. depuis des annĂ©es, qui ont effectivement ce dernier filtre de la cigarette et qui vont partager en rĂ©union. Moi, j'ai dĂ©cidĂ© d'arrĂȘter aussi le tabac, mon dernier rempart, et qui partagent leur dĂ©marche, effectivement. qui partagent leurs difficultĂ©s parce que finalement dĂ©jĂ  on trouve du soutien d'un dĂ©pendant Ă  un autre de personnes qui ont eu la mĂȘme expĂ©rience, qui vont nous soutenir, nous donner des outils c'est assez naturel finalement ça se fait assez naturellement et le fait d'ĂȘtre soutenu comme ça, d'avoir toujours quelqu'un derriĂšre et puis quelqu'un qui va vraiment soutenir dans cette dĂ©marche, c'est-Ă -dire que je sais que si je vais Ă  Narcotic Anonyme, je rencontre des gens que je n'ai pas vus depuis longtemps et je dis voilĂ ... En ce moment, j'essaie d'arrĂȘter de fumer. Ça va ĂȘtre gĂ©nial, etc. Et puis peut-ĂȘtre que peu de temps aprĂšs, on va me rappeler, on va me dire alors comment ça se passe pour toi. Si t'as besoin, que t'as envie d'une cigarette ou quoi, t'hĂ©sites pas Ă  m'appeler. VoilĂ . Je suis ton outil, finalement.

  • Speaker #1

    Et c'est vrai que ce genre de lieu est trĂšs propice Ă  se sentir vraiment compris, se sentir vraiment...

  • Speaker #0

    Y'a plus de honte. Ouais. Y'a plus de honte, y'a plus de jugement.

  • Speaker #1

    Y'a plus... Ouais, tu te justifies de rien. Non. On sait, et on sait ce que tu traverses, on sait tout ce qui se passe à l'intérieur à des degrés différents, et c'est plus ou moins intense.

  • Speaker #0

    ComplĂštement.

  • Speaker #1

    Il y a des effets miroirs.

  • Speaker #0

    C'est ça la puissance du partage, de l'identification d'une personne Ă  une autre. Il n'y a pas besoin d'expliquer beaucoup, juste on parle de ce qu'on ressent. Et ce n'est pas juste, on dĂ©verse finalement ce qu'on ressent. Si on va partager aussi ce qui fonctionne pour nous, c'est ça le pouvoir aussi. Moi, c'est ce qui m'a vraiment aussi fait tenir, c'est que trĂšs rapidement, quand j'ai commencĂ© les rĂ©unions, on m'a donnĂ© un rĂŽle. C'est-Ă -dire que trĂšs rapidement, comme toute association en fait, une rĂ©union est tenue par diffĂ©rentes personnes, oĂč il y a un trĂ©sorier, il y a un prĂ©sident, etc. Ce sont tous des dĂ©pendants en rĂ©tablissement. Donc chaque semaine... il y a des dĂ©pendants qui vont ouvrir ces rĂ©unions, les faire fonctionner, partager le message. Et c'est ce qui fait que ça tient. Et ça donne un vrai rĂŽle, c'est-Ă -dire que non seulement je viens pour moi, mais je viens aussi pour que l'association fonctionne, pour redonner ce qu'on m'a offert gratuitement. Et ça donne vraiment son sens. Et ça nourrit cette dĂ©marche de rĂ©tablissement, tout simplement.

  • Speaker #1

    Merci, merci pour ce témoignage incroyable.

  • Speaker #0

    Merci Ă  toi.

  • Speaker #1

    Bon, cette fois, c'est vraiment la fin. Mon monteur va péter un cùble,

  • Speaker #0

    c'est beaucoup trop long. On était encore enregistrés.

  • Speaker #1

    J'espĂšre que cette interview vous a plu. Vous trouverez toutes les informations complĂ©mentaires dans la description de l'Ă©pisode et tout ce qu'il faut pour s'abonner, liker, commenter, nous retrouver sur les rĂ©seaux et mĂȘme prendre contact si vous voulez nous partager votre tĂ©moignage. Bisous Ă  vos horribles cravings et autres impĂ©rieuses envies de fumer. Rendez-vous la semaine prochaine et d'ici lĂ , bon sevrage.

Description


🟣focus sur la partie qui a prĂ©cĂ©dĂ© le sevrage tabagique de mon invitĂ©e. Et comprendre les Ă©tapes qui l’ont amenĂ©e Ă  faire tomber ce dernier rempart au bon moment. Mon invitĂ©e s’est beaucoup livrĂ©e et je l’en remercie infiniment.

C’est un exercice courageux d’oser verbaliser tout ça avec autant d’authenticitĂ©. C'est un vrai sujet l’authenticitĂ© dans le sevrage : entre soi et les autres mais surtout entre soi et soi-mĂȘme. Et vous, comment ça se passe ?

Bienvenue dans ce premier Ă©pisode de la saison 2.

 

Allez bisou à votre authenticité

Bonne Ă©coute et bon sevrage.

 

🟣

 

Merci à Sandy, mon invité.

 

Guy Tourreau, montage et mixage.

 

Eugénie Florentin | Lanterne Digitale, Sociale Media Manager | https://www.instagram.com/lanterne.digitale?igsh=dW80YTliYzM1MzZq

 

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Musique : IA+Astridou

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Livre « Apprivoiser son impérieuse envie de fumer », Astrid Malone, éditions Eyrolles.

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Mon dernier rempart, c'Ă©tait vraiment la cigarette. Continuer Ă  fumer en Ă©tant abstinente de drogue.

  • Speaker #1

    Tout le monde fume au narcotique améli.

  • Speaker #0

    Clairement pas.

  • Speaker #1

    C'est la projection de l'aide, donc déconstruis mon préjugé s'il te plaßt.

  • Speaker #0

    Pas du tout, non, non. Il y a des fumeurs et des non-fumeurs comme partout. Je dirais que les personnes qui ont un certain nombre d'années de clean font cette démarche. Et c'est la démarche que j'ai faite moi quelques années plus tard.

  • Speaker #1

    Le dernier rempart.

  • Speaker #0

    Le dernier rempart.

  • Speaker #1

    Bonjour, bienvenue dans ce nouvel Ă©pisode. Aujourd'hui, on va se focaliser sur la partie qui a prĂ©cĂ©dĂ© le sevrage tabagique de mon invitĂ© et comprendre les Ă©tapes qui l'ont amenĂ© Ă  faire tomber ce dernier rempart au bon moment. Vous verrez comment se passe son sevrage tabagique. Mon invitĂ© s'est beaucoup livrĂ© et je le remercie infiniment. C'est un exercice courageux d'oser verbaliser tout ça, ce qui fait qu'on s'est autorisĂ© Ă  censurer quelques passages, mais Ă  la fin de l'Ă©coute, vous comprendrez qu'elle n'a rien Ă  cacher et qu'elle est authentique du dĂ©but Ă  la fin. C'est un vrai sujet l'authenticitĂ© dans ce sevrage, entre soi et les autres, mais surtout entre soi et soi-mĂȘme. Et vous, comment ça se passe ? Allez, bisous Ă  votre authenticitĂ©, bonne Ă©coute !

  • Speaker #0

    Salut ! Ça va ?

  • Speaker #1

    TrĂšs bien et toi ?

  • Speaker #0

    Super !

  • Speaker #1

    Tu connais le concept ?

  • Speaker #0

    Non, pas exactement. Enfin, Ă  peu prĂšs.

  • Speaker #1

    C'est-Ă -dire que lĂ , je te fais monter les escaliers et je veux voir si tu arrives Ă  respirer en parlant. Ok, d'accord. Bon, on arrive au cinquiĂšme, t'es comment lĂ  ? Je te fais parler tous les Ă©tages. En vrai ?

  • Speaker #0

    Je sais que je suis un petit peu essoufflĂ©e lĂ . Quand mĂȘme.

  • Speaker #1

    Viens reprendre ton souffle ici. On est lundi ? Oui.

  • Speaker #0

    On est absolument lundi. Oui, je me suis libérée un lundi. Et puis, en fait, finalement, moi, je me rends compte que j'ai plus trop de notions du jour de la semaine. Parce que... En fait, je suis intermittente du spectacle, donc je ne travaille pas tous les jours. Quand je travaille, je fais des journées assez denses, assez intenses, mais je ne travaille pas non plus tous les jours. Donc, je n'ai pas non plus d'enfants, donc je n'ai pas la notion des vacances scolaires ou des jours de la semaine. Je peux travailler tous les jours.

  • Speaker #1

    Et tu me disais lĂ , tu ne manques pas d'air, mais quand mĂȘme.

  • Speaker #0

    Oui, je ne manque pas d'air, mais quand mĂȘme les 5 Ă©tages, lĂ , je les sens un petit peu. Je manque un peu de cardio. J'ai une mauvaise rĂ©cupĂ©ration cardiaque, lĂ , je le sens. Non,

  • Speaker #1

    mais j'avoue que je t'ai fait parler exprÚs pendant les 5 étages, ce qui est un peu sadique. Du coup, parler plus, monter les étages, ça intensifie. Et puis, je pense que c'est aussi le stress du podcast ou de l'appréhension. Il y a un petit peu de bùtiment par minute qui augmente.

  • Speaker #0

    Oui, complĂštement, complĂštement. C'est vrai qu'autant je suis super contente d'ĂȘtre ici et de pouvoir donner mon expĂ©rience. Mais d'un cĂŽtĂ©, c'est vrai que je n'ai jamais participĂ© Ă  ce type d'expĂ©rience et j'apprĂ©hendais un petit peu, forcĂ©ment. Je comprends. Mais je trouve ça super chouette en tout cas.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu appréhendes le plus ?

  • Speaker #0

    De ne pas trouver les mots exacts par rapport Ă  ce que je souhaiterais. transmettre ou partager tout simplement.

  • Speaker #1

    Donc, bonjour Sandy. Bonjour officiellement. Je suis trĂšs heureuse de te recevoir dans ce podcast. En plus, je l'attends avec impatience ce moment parce que Jacques m'avait parlĂ© de toi dans l'Ă©pisode 4. Jacques m'avait parlĂ© de toi parce qu'Ă  l'Ă©poque, donc ça fait quelques mois maintenant, vous aviez arrĂȘtĂ© ensemble de fumer. Donc Jacques est ton mari.

  • Speaker #0

    Tout Ă  fait.

  • Speaker #1

    Et il nous a raconté son expérience et son rapport aux addictions, son rapport au sevrage, qui est trÚs riche et plein d'enseignements et plein d'épreuves incroyables. Et il m'a bien fait comprendre que toi aussi, tu avais pas mal de choses à nous raconter, en drÎle et en moins drÎle.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai, c'est vrai. On a eu des expĂ©riences riches tous les deux. C'est un peu aussi ce qui fait qu'on se comprend bien et qu'on peut aussi... bien se comprendre et se soutenir aujourd'hui. C'Ă©tait vraiment important pour nous de faire cette dĂ©marche ensemble d'arrĂȘt du tabac. Être en couple et avoir un non-fumeur et un fumeur, c'est compliquĂ©. On ne va pas se mentir, quand on arrĂȘte le tabac, on reste quand mĂȘme fumeur, je pense, Ă  vie. Et on en reparlera, je pense, plus tard, mais je pense qu'effectivement, le plus difficile, c'est pas d'arrĂȘter. C'est de ne pas reprendre.

  • Speaker #1

    Bien dit.

  • Speaker #0

    Et quand on est avec un fumeur ou entourĂ© de fumeurs, on est toujours attirĂ©. Donc mĂȘme si on a une bonne volontĂ© d'arrĂȘter le tabac, c'est vrai que d'ĂȘtre toujours tentĂ©, il peut y avoir un jour de faiblesse. Et c'est vrai que c'est difficile. justement d'avoir un fumeur Ă  cĂŽtĂ© de soi quand on est en dĂ©marche d'arrĂȘt. Donc pour ça, c'est vrai que je le remercie et je suis vraiment contente qu'on fasse cette dĂ©marche ensemble. En tout cas, merci de m'avoir conviĂ©e. Je pense que tout partage est bon Ă  prendre, mais ce que j'aime beaucoup dans cette dĂ©marche, c'est pour moi le pouvoir de l'identification, qui est vraiment trĂšs fort. C'est vrai que de parler d'arrĂȘt de tabac... D'un ex-fumeur Ă  un ex-fumeur, c'est peut-ĂȘtre plus simple parfois que d'un ex-fumeur Ă  un non-fumeur. On n'a pas les mĂȘmes ressentis, on ne se comprend pas de la mĂȘme façon, on ne se dirait pas les choses de la mĂȘme façon.

  • Speaker #1

    Alors avant que tu nous racontes ton histoire, si tu as un peu l'Ă©pisode de Jacques en tĂȘte, est-ce qu'on peut dire qu'il a Ă©tĂ© authentique ou pas ?

  • Speaker #0

    Il a Ă©tĂ©, complĂštement, complĂštement et trĂšs authentique et j'ai mĂȘme Ă©tĂ© surprise par certaines rĂ©vĂ©lations. Il Ă©tait vraiment Ă  l'aise finalement et il y a des choses qu'il ne m'avait mĂȘme pas dites, jamais dites et qui m'ont fait trĂšs plaisir.

  • Speaker #1

    Finial. Bon, bisous Jacques. Alors maintenant, moi j'aimerais connaĂźtre ton historique avec le tabac.

  • Speaker #0

    Alors, mon historique avec le tabac. Je dirais que je commencerais par la famille parce que j'ai un pÚre non fumeur et une mÚre qui était fumeuse, que j'avais toujours. connue fumeuse et je crois que ma premiÚre cigarette, je l'ai fumée, c'était un... Je me souviens trÚs bien. C'était un samedi, un mercredi, aprÚs l'école. Je rentrais à la maison et il n'y avait personne à la maison. Ma maman avait laissé ses cigarettes sur la table et j'ai voulu essayer comme ça.

  • Speaker #1

    T'avais quel Ăąge ?

  • Speaker #0

    Je devais avoir 14 ans.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    13-14 ans. Je ne l'ai mĂȘme pas finie, cette cigarette, parce qu'elle n'Ă©tait pas bonne du tout. Vraiment, elle avait trĂšs mauvais goĂ»t. Donc la premiĂšre, c'Ă©tait comme ça. Assez rapidement, je me souviens, j'avais mĂȘme pas encore fini le collĂšge, je me cachais pas vraiment de fumer vis-Ă -vis de mes parents, et je me suis imposĂ©e fumeuse.

  • Speaker #1

    C'est pas commun.

  • Speaker #0

    C'est pas commun, c'est pas commun. Et c'est vrai que ma mĂšre s'est rendue compte que je lui prenais des skirettes, et au bout d'un moment, elle a acceptĂ©. C'Ă©tait le fait que je sois devenue fumeuse et je partageais des cigarettes avec elle. Et aprĂšs, je n'ai jamais arrĂȘtĂ© la cigarette. J'ai plutĂŽt augmentĂ© d'annĂ©e en annĂ©e jusqu'Ă  ne plus pouvoir m'en passer. En fait, c'Ă©tait devenu mon identitĂ©. J'Ă©tais fumeuse et je n'imaginais pas les choses autrement. Ça faisait partie de mon quotidien. De la mĂȘme façon que je me brossais les dents, je fumais ma cigarette avec mon cafĂ©. Enfin, c'Ă©tait comme ça en fait. Ça faisait partie vraiment de mon quotidien et je pense que je me cachais derriĂšre ce filtre.

  • Speaker #1

    Tu cachais quoi ? Tu cachais quelle partie de toi ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'est une image que je me donnais finalement parce que je pense qu'au-delĂ  de l'image que je pouvais renvoyer de fumeuse, non, je pense que je me cachais de moi-mĂȘme en fait, de ce que je pouvais ressentir tout simplement. Et c'est vrai qu'Ă  toute occasion, une cigarette... C'Ă©tait plus simple que peut-ĂȘtre de ressentir certaines choses.

  • Speaker #1

    Ça t'aidait Ă  gĂ©rer l'Ă©motion ?

  • Speaker #0

    Ça me donnait l'illusion que je gĂ©rais l'Ă©motion.

  • Speaker #1

    Tu t'es rendue compte qu'en fait, ça n'aidait pas à gérer l'émotion ?

  • Speaker #0

    Oui, clairement, parce que j'Ă©tais... Alors, je parle au passĂ© parce que finalement, aujourd'hui, c'est plus la mĂȘme chose. J'Ă©tais trĂšs, trĂšs nerveuse et anxieuse. Et je pense... Non, je pensais mĂȘme pas... Enfin, si, je pensais qu'effectivement, quand j'Ă©tais stressĂ©e ou angoissĂ©e, cette cigarette allait pouvoir peut-ĂȘtre m'aider, me soulager. Mais pas du tout. Au contraire. Au contraire, finalement.

  • Speaker #1

    Comment tu t'es rendue compte que pas du tout et au contraire ?

  • Speaker #0

    Des années plus tard. Des années plus tard, je pense, j'ai eu des expériences de vie... De la dépendance à la cigarette, j'ai eu d'autres dépendances par la suite, de drogue.

  • Speaker #1

    Il faudra qu'on développe ou pas spécialement ?

  • Speaker #0

    Oui, on peut, tout Ă  fait. Je n'ai pas de tabou par rapport Ă  ça. J'ai fait la paix avec moi-mĂȘme. plus honte. Et c'est vrai que de cigarettes, je suis passĂ©e Ă  la drogue, diffĂ©rentes drogues. Et je pense que j'avais la dĂ©pendance en moi, en fait, clairement. Je n'avais pas besoin de grand-chose pour me faire attraper, en fait, par la dĂ©pendance et par les substances, et m'y accrocher. Je pense que, voilĂ , j'Ă©tais trĂšs instable Ă  ce moment-lĂ . La cigarette, la drogue, beaucoup de fĂȘtes. la vie parisienne, je changeais souvent de travail.

  • Speaker #1

    Pardon, je te couvre, tu peux nous donner un ordre de l'Ăąge que tu avais ou les produits que tu pouvais prendre ?

  • Speaker #0

    Bien sûr, oui.

  • Speaker #1

    La drogue, tu sais, la cigarette est une drogue, l'alcool est une drogue,

  • Speaker #0

    donc c'est pas fortement... Tout produit de dĂ©pendance est une drogue, effectivement, je suis d'accord. Je pense que tout simplement, quand j'ai pris mon indĂ©pendance, que j'ai commencĂ© Ă  vivre seule, je devais avoir peut-ĂȘtre... 18-19 ans, je travaillais dĂ©jĂ , je commençais Ă  travailler tout dans la restauration, aprĂšs dans le commerce. Et je sortais beaucoup Ă  Paris. J'avais une vie parisienne trĂšs festive. Festive et finalement aussi assez solitaire. Finalement, je sortais beaucoup, je voyais beaucoup de monde, mais je me sentais trĂšs seule.

  • Speaker #1

    Le classique.

  • Speaker #0

    C'est ça, exactement. Exactement, on a l'impression qu'il se passe beaucoup de choses. Finalement, il y a beaucoup de solitude derriÚre.

  • Speaker #1

    De solitude subie aussi.

  • Speaker #0

    De solitude subie complĂštement. ComplĂštement, oui. Donc c'est vrai que dans l'univers de la fĂȘte, je fumais, je prenais des drogues, que ce soit cocaĂŻne, beaucoup. Et puis j'avais beaucoup de... il y avait peu de stabilitĂ© finalement. J'avais beaucoup de relations amoureuses diffĂ©rentes, ça changeait rĂ©guliĂšrement. Je changeais de travail rĂ©guliĂšrement. Il n'y avait plus de stabilitĂ©. Et au bout d'un moment, j'ai eu envie de tout balayer et de commencer d'avoir un nouveau dĂ©part. Et je suis partie Ă  Londres. J'aimais beaucoup parler anglais. Je suis partie Ă  Londres, j'ai commencĂ© Ă  travailler lĂ -bas. J'Ă©tais trĂšs contente, mais finalement... L'ironie, c'est que je pensais qu'en changeant de pays, en recommençant Ă  zĂ©ro, tout allait recommencer. Sauf qu'en fait, ce que j'ai appris malgrĂ© moi, c'est que les soucis, on les amĂšne avec nous, peu importe oĂč on va. Et j'ai continuĂ© de la mĂȘme façon Ă  travailler, Ă  faire la fĂȘte, Ă  me droguer et Ă  ĂȘtre seule. En Ă©tant entourĂ©e, en ayant beaucoup de collĂšgues, en ayant des amis, etc. Mais j'Ă©tais trĂšs seule et je me suis beaucoup isolĂ©e finalement plus parce que je n'Ă©tais pas entourĂ©e de... De mon noyau d'amis, de mon noyau de famille, je me suis retrouvĂ©e vraiment isolĂ©e, je me suis mis dans des situations trĂšs compliquĂ©es. Jusqu'Ă  perdre pied finalement, oĂč je me suis fait vraiment happer par la drogue. Et j'en ai eu toutes les consĂ©quences derriĂšre.

  • Speaker #1

    Nous donner un exemple pour illustrer la situation ?

  • Speaker #0

    Bien sĂ»r. En fait, tout simplement, quand je travaillais Ă  Londres, j'ai eu tous les dĂ©bordements. De sortir avec des collĂšgues, faire la fĂȘte avec les collĂšgues et puis prendre de la drogue assez rapidement. Mais de me sentir trĂšs seule et de continuer la fĂȘte seule chez moi. Et de m'isoler comme ça et de lĂ  ne plus aller au travail Ă  rĂ©pĂ©tition. Avoir des avertissements, perdre son travail, perdre beaucoup de poids, perdre sa santĂ©, s'isoler. Et finalement, c'est devenu un enfer complĂštement. Je m'Ă©tais mise dans une relation qui Ă©tait assez toxique. Donc j'ai enchaĂźnĂ© en fait. Je me suis vraiment isolĂ©e, j'ai enchaĂźnĂ© les consĂ©quences.

  • Speaker #1

    Tu le cachais ça ?

  • Speaker #0

    Ah oui, oui, oui, je le cachais. Bien sĂ»r, je me suis isolĂ©e, je cachais. C'est vrai que quand ma famille m'appelait, tout allait bien. Et finalement, quand on s'expatrie, on se dit que les amis... À Paris, ils vont venir nous voir et finalement, non. Il y a peu de gens qui viennent, qui font les allers-retours. On se reconstruit une vie comme on peut. Mais je me suis vraiment isolĂ©e de la vie que j'avais Ă  Londres et de mon ancienne vie Ă  Paris. Donc j'ai vraiment perdu mon travail. Je m'Ă©tais mise dans une relation compliquĂ©e. Et finalement, j'ai dĂ» quitter cette relation. J'ai dĂ» quitter cet appartement que j'avais Ă  Londres, que je partageais avec cette personne. Et finalement, je me suis retrouvĂ©e avec mes deux valises Ă  Londres sans rien, au bout de trois ans. Donc, assez rapide. Et lĂ , en fait, j'ai eu une chance, c'est que cette personne avec qui j'avais partagĂ©, j'Ă©tais en relation, m'a parlĂ© de dĂ©pendance. Il avait ses problĂšmes de dĂ©pendance, mais en fait, ça faisait plusieurs annĂ©es qu'il Ă©tait en rĂ©tablissement, qu'il essayait d'arrĂȘter les drogues, la consommation et qu'il allait au narcotique anonyme. Donc, c'est des rĂ©unions de partage de dĂ©pendants.

  • Speaker #1

    Alors ça, tu le savais quand t'étais en relation avec lui ? Il était abstinent ?

  • Speaker #0

    Non, il n'était pas abstinent, il était en rechute. D'accord. Sauf que moi, je ne connaissais pas son histoire finalement, et que la chute s'est faite trÚs trÚs rapidement. On consommait ensemble ? On consommait ensemble, et ça va d'autant plus vite quand on est à deux.

  • Speaker #1

    Et toi, la démarche de... L'abstinence, du sevrage, de la rechute, tout ça, ça ne t'était pas encore familier du coup ?

  • Speaker #0

    Pas du tout.

  • Speaker #1

    Tu vivais ta vie ?

  • Speaker #0

    Moi, j'étais à mille lieux. J'avais compris que j'avais perdu pied complÚtement dans ma vie. Mais j'étais à mille lieux de me dire, je suis dépendante, j'ai un souci. Ce n'est pas moi le problÚme, c'est les autres.

  • Speaker #1

    Oui, tu Ă©tais encore dans la dynamique, il y a quelque chose de grisant Ă  consommer.

  • Speaker #0

    ComplĂštement.

  • Speaker #1

    C'est presque encore joyeux.

  • Speaker #0

    Alors non, c'Ă©tait plus joyeux.

  • Speaker #1

    LĂ , tu le savais que c'Ă©tait plus joyeux, Ă  ce moment-lĂ  ?

  • Speaker #0

    À ce moment-là...

  • Speaker #1

    Il y avait encore un peu de déni, il y avait un voile d'illusion ?

  • Speaker #0

    Il n'y avait pas de voile d'illusion, mais je pensais que je pouvais encore maßtriser. Le contrÎle. Le contrÎle, cette personne m'a dit, non, je pense que tu n'as pas de contrÎle, tu te fais croire que tu as eu le contrÎle. Et il m'a amenée à ma premiÚre réunion narcotique anonyme.

  • Speaker #1

    GĂ©nial.

  • Speaker #0

    On a arrĂȘtĂ© de consommer ensemble. Ça n'a pas marchĂ©.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui fait que ça n'a pas marché, tu crois ?

  • Speaker #0

    Parce que tout simplement, l'huile était en rechute et que moi, j'avais pas encore assez de recul et que je me sentais pas... Je sentais que ça allait mal. Je me sentais trÚs mal. J'avais honte, je me cachais. Mais j'étais dans un déni, en fait, clairement. Pourtant, j'avais des conséquences graves dans ma vie. Mais j'étais dans un déni du lien. de la dépendance. Et puis je me disais toujours, ça arrive aux autres et pas à moi. Et surtout, je me faisais une idée du dépendant. Je me faisais une idée du junkie, en fait.

  • Speaker #1

    Il ressemble Ă  quoi ? Il ressemble Ă  quoi dans ton...

  • Speaker #0

    Ah, pour moi, le junkie, il Ă©tait... Il consommait dans la rue et il Ă©tait prĂȘt Ă  tout. En fait, non. Je crois que ma premiĂšre rĂ©union en narcotique anonyme, quand bien mĂȘme j'Ă©tais encore dans le dĂ©ni, J'ai eu l'impression de tomber de haut, vraiment. C'est-Ă -dire que j'ai rencontrĂ© des gens comme monsieur et madame tout le monde en fait. De toute profession, de toute catĂ©gorie sociale. Des gens qui viennent de partout, des gens intelligents. Et qui... Je me souviens qu'Ă  ma premiĂšre rĂ©union, j'ai pas parlĂ© du tout, j'ai Ă©coutĂ©. Et j'ai entendu des gens parler de moi en fait. Je me suis clairement identifiĂ©e. Et ces personnes n'avaient mĂȘme pas besoin de parler de drogue pour parler de moi. Parler d'Ă©motions finalement, des Ă©motions que moi je cachais, toujours, que j'avais cachĂ©es derriĂšre la drogue, que j'avais cachĂ©es derriĂšre mes cigarettes, derriĂšre tous ces filtres. Et sans honte, sans peur, en me disant, en m'expliquant qu'il y avait une autre vie qui Ă©tait possible.

  • Speaker #1

    À cette pĂ©riode-lĂ , avec tout ce qui se mĂ©lange dans les consommations, les comportements, les Ă©motions qui dĂ©bordent, je te ramĂšne au thĂšme de la cigarette. Quel chasse prend la cigarette Ă  ce moment-lĂ  ? Parce que souvent, on se dit, il y a les drogues, il y a l'alcool, et il faut se sevrer tout ça s'il y a un excĂšs, et la cigarette, on verra aprĂšs. Comment c'est filĂ© Ă  cette pĂ©riode-lĂ  ?

  • Speaker #0

    C'est vrai que je te raconte un peu l'exploit long, parce qu'en fait, finalement, la cigarette, pour moi, c'était le dernier rempart. Effectivement, j'ai eu un travail long. Alors aujourd'hui, je peux dire, j'ai huit ans d'abstinence de toutes drogues confondues. Je suis revenue en France, je me suis reconstruite, j'ai continué à aller en réunion Narcotique Anonyme en France, à Paris.

  • Speaker #1

    Tu en as fait Ă  Londres ?

  • Speaker #0

    Alors j'en ai fait à Londres, j'ai eu beaucoup de rechutes à Londres, j'ai essayé de m'accrocher comme je pouvais.

  • Speaker #1

    Alors attends, parce que moi je m'en suis arrĂȘtĂ©e Ă , t'es avec tes valises au bout de trois ans devant l'appart que tu quittes,

  • Speaker #0

    et les mecs que tu quittes. Exactement.

  • Speaker #1

    Et lĂ  tu restes combien de temps Ă  Londres aprĂšs ?

  • Speaker #0

    Alors ça va durer huit mois à peu prÚs. En fait, j'ai mes deux valises et je ne sais pas quoi faire de moi, clairement, à ce moment-là. Et je vais aller en réunion narcotique anonyme.

  • Speaker #1

    Tous les...

  • Speaker #0

    En fait, c'est surtout que je vais y aller et je vais ĂȘtre accueillie lĂ -bas. C'est-Ă -dire que les gens m'ont dit ne t'inquiĂšte pour rien, on va te loger, on va t'aider, on va t'aider Ă  retrouver du travail quand tu pourras. Ils m'ont clairement sauvĂ© la vie. Je ne pensais pas que dĂ©jĂ  un ĂȘtre humain puisse se donner autant gratuitement. Je n'ai jamais vu ça. Et j'ai eu des mois oĂč je n'avais pas le choix. Je savais que c'Ă©tait lĂ  oĂč j'en Ă©tais Ă  ce moment-lĂ  de ma vie. Je savais que c'Ă©tait marche ou crĂšve un peu. Je n'avais pas le choix. Ce n'Ă©tait plus un choix. Je n'avais pas envie d'arrĂȘter au dĂ©but. Je n'avais pas du tout envie d'arrĂȘter les drogues. J'avais juste envie d'arrĂȘter d'avoir les consĂ©quences de tout ça. Mais j'ai bien compris que non, je ne pouvais pas me raconter cette histoire, que ça ne fonctionnait pas. Donc pendant des mois, tous les jours, j'allais en rĂ©union, j'ai Ă©tĂ© aidĂ©e. Mais au bout d'un moment, ça a eu ses limites parce que je n'Ă©tais plus en capacitĂ©, je n'Ă©tais pas en capacitĂ© de retravailler, de me reprendre un logement seule. Ça m'avait... J'avais eu trop de consĂ©quences, j'avais besoin de me reconstruire. J'avais besoin de stabilitĂ©, de sĂ©rĂ©nitĂ©.

  • Speaker #1

    À ce moment-là, tu fumes encore clope sur clope ? Tu fumes de temps en temps ? L'alcool, c'est comment ?

  • Speaker #0

    L'alcool, non. Mon dernier rempart, c'Ă©tait vraiment la cigarette. Je continuais Ă  fumer en Ă©tant abstinente de d'autres drogues.

  • Speaker #1

    Tout le monde fume aux narcotiques anonymes ?

  • Speaker #0

    Clairement pas.

  • Speaker #1

    C'est la projection que j'ai, donc déconstruis mon préjugé s'il te plaßt.

  • Speaker #0

    Pas du tout. Non, non. Non, il y a des fumeurs et des non fumeurs comme partout. Je dirais que les personnes qui ont un certain nombre d'années de clean font cette démarche. Et c'est la démarche que j'ai fait moi quelques années plus tard.

  • Speaker #1

    Le dernier rempart ?

  • Speaker #0

    Le dernier rempart, clairement. Donc je suis revenue à Paris, j'ai continué à aller en réunion narcotique anonyme à Paris.

  • Speaker #1

    Alors comment tu fais ? Tu débarques à Paris, tu te renseignes. Comment on fait ? On regarde sur Internet, il y en a dans chaque arrondissement de Paris.

  • Speaker #0

    Je savais du coup qu'il y en avait beaucoup Ă  Londres, on m'avait dit qu'il y en avait Ă  Paris. Alors je ne connaissais personne Ă  Paris qui Ă©tait dans cette dĂ©marche-lĂ . Et c'est vrai que j'avais un petit peu, je n'assumais pas encore complĂštement, enfin j'Ă©tais ok avec ma dĂ©marche, mais... À chaque fois que j'avais essayĂ© d'en parler Ă  des personnes pas dĂ©pendantes, je me heurtais un petit peu Ă  une vision que moi, je m'Ă©tais faite auparavant de la dĂ©pendance. Et j'ai vraiment compris que c'Ă©tait une dĂ©marche personnelle, individuelle, que je devais le faire pour moi et pas pour les autres.

  • Speaker #1

    Parce qu'en plus, c'est dur de devoir se justifier ou d'avoir le regard atterré des gens qui amplifient cette situation et qui disent Oh mon Dieu ! Parce que... Effectivement, comme ce n'est pas suffisamment démocratisé, encore que ces derniÚres années, ça évolue beaucoup, beaucoup et assez rapidement. Mais effectivement, inconsciemment, on a un regard trÚs négatif de ce genre d'endroit.

  • Speaker #0

    On se fait des a priori et c'est assez naturel finalement. Je suis revenue Ă  Paris, je suis revenue chez mes parents et c'est vrai que ça a Ă©tĂ© mĂȘme tout de suite la rĂ©action de mes parents. Moi, je leur ai dit effectivement, il faut que je continue cette thĂ©rapie, cette dĂ©marche. Je vais me renseigner, je vais aller en rĂ©union Ă  Paris. Et c'est vrai que ma mĂšre me disait Mais t'as encore besoin de ça, de voir ces personnes ? T'en es encore lĂ  ? Et c'est vrai que c'est lĂ  que je me suis dit J'ai besoin de quitter le noyau familial, faire mon propre chemin. Je suis allĂ©e en rĂ©union Ă  Paris et j'ai eu la mĂȘme dĂ©marche qu'Ă  Londres. C'est-Ă -dire que je suis allĂ©e en rĂ©union Narcotic Anonyme. Je leur ai expliquĂ© mon parcours jusque-lĂ , au sein de l'association. Et c'est vrai que j'ai Ă©tĂ© aidĂ©e tout de suite, pareil. J'ai trouvĂ© un logement et j'ai commencĂ© Ă  y aller tous les jours, Ă  faire partie de l'association, parce que c'est une association du coup qui est tenue par des dĂ©pendants en rĂ©tablissement, qui ouvre diffĂ©rentes rĂ©unions Ă  Paris. Alors il y en a Ă  Paris, il y en a en banlieue, il y en a en province aussi. Il y en a tous les jours. Et c'est vrai que moi au dĂ©but, effectivement, j'ai regardĂ© sur le site Narcotique Anonyme et j'ai Ă©tĂ© en rĂ©union. C'est vrai que ma premiĂšre rĂ©union Ă  Paris, il fallait que je rencontre les gens, que je me rapproche des gens, que je trouve une nouvelle marraine. On est soutenu par un parrain ou une marraine, une personne qui est en rĂ©tablissement comme nous depuis quelques annĂ©es et qui va nous guider, qui va nous soutenir dans notre travail de rĂ©tablissement.

  • Speaker #1

    Le lien humain, c'est essentiel.

  • Speaker #0

    C'est obligatoire. Oui, oui, c'est obligatoire. On sort de cet isolement pour aller se confronter directement, ĂȘtre en lien directement. On a besoin d'ĂȘtre en lien les uns les autres.

  • Speaker #1

    J'avais envie de participer, tu vas me dire, il me semble qu'au Narcotique Anonyme, il y a mĂȘme des gens qui ne consomment pas ou qui ne sont pas dans cette dĂ©marche-lĂ , mais qui sont en contact, plus ou moins proches, avec des gens qui sont... soit sous l'emprise de la drogue, soit en sevrage ou en rechute, etc. Et parce que moi, ça m'intĂ©ressait, j'Ă©tais en lien intime avec plusieurs personnes qui Ă©taient dĂ©pendantes et j'aurais voulu mieux comprendre et je me suis dit, est-ce qu'on peut facilement venir ?

  • Speaker #0

    Alors, il y a des réunions qui sont ouvertes aux personnes extérieures, c'est-à-dire non-dépendantes, d'autres non. Mais on peut absolument venir en réunion Narcotic Anonyme, écouter tout simplement. sans prendre la parole, comprendre comment ça se passe, discuter aprÚs la réunion avec différents dépendants en rétablissement et se renseigner. C'est vrai que ce n'est pas toujours facile, je pense, pour les personnes qui soutiennent des gens qui sont dans la dépendance, qui ont du mal à s'en sortir et qui, effectivement, il faut comprendre aussi un peu dédiaboliser l'image qu'on se fait des choses.

  • Speaker #1

    C'est ce que j'essaye de faire aussi à travers mon podcast, dédiaboliser et rendre ça plus fun, plus accessible, plus normal. Et d'une part pour ouvrir les yeux à ceux qui ne sont pas du tout en contact avec ça, parce qu'il y en a qui n'ont jamais fumé, ou ceux que j'appelle les faux fumeurs qui ne traversent pas le sevrage que moi j'ai traversé à mon échelle, et qui trouvent ça complÚtement lunaire. Ceux qui sont encore dans le conseil de mec, un peu de volonté, c'est bon quoi

  • Speaker #0

    Oui, oui, un peu de volonté.

  • Speaker #1

    Du coup, tu sais avec ceux-lĂ  que tu ne peux pas discuter, et qu'ils sont plein de bonnes volontĂ©s, eux, pour t'aider, alors que ça va ĂȘtre les pires soutiens. dans les dĂ©marches.

  • Speaker #0

    La bonne volontĂ©, c'est bien, mais ça ne suffit pas. Pour moi, le fait d'aller en rĂ©union et d'y aller rĂ©guliĂšrement, j'Ă©tais en douceur et je n'Ă©tais jamais seule. C'est vraiment ce qui m'a permis d'y arriver. C'est l'entraide d'un dĂ©pendant Ă  un autre, la comprĂ©hension qu'on a. J'ai appris Ă  parler de mes Ă©motions, Ă  parler de moi. Ne plus en avoir honte. C'est OK, chacun son rythme, chacun ressent ce qu'il ressent. Au bout de quelques annĂ©es, j'ai commencĂ© une thĂ©rapie en parallĂšle. Je suis restĂ©e quatre ans en thĂ©rapie. Alors, pendant toutes ces annĂ©es, toutes les semaines, et puis aprĂšs, toutes les deux semaines Ă  peu prĂšs. Et je continuais en rĂ©union Narcotic Anonyme. AprĂšs rĂ©union Narcotic Anonyme, j'y allais au dĂ©part quelque part juste pour moi. Et aprĂšs, j'y allais un peu dans une dĂ©marche de retransmettre ce qu'on m'avait donnĂ© gratuitement. Et de garder le lien, de continuer, moi aussi, de me rĂ©tablir comme ça. Ça donne du sens aux dĂ©marches, Ă  son rĂ©tablissement.

  • Speaker #1

    Comme des piqûres de rappel aussi.

  • Speaker #0

    ComplĂštement.

  • Speaker #1

    Se rappeler qu'il faut avoir l'humilité de se dire que c'est jamais vraiment derriÚre soi.

  • Speaker #0

    ComplĂštement, en fait. Parce qu'on a beau reconstruire, on a beau ĂȘtre client, reconstruire, renouer des liens, crĂ©er de nouvelles choses dans sa vie, la dĂ©pendance, elle est toujours lĂ . Elle sera toujours lĂ . On a besoin de se rappeler, en fait, d'oĂč on vient. On oublie vite ce qui s'est passĂ©. Et pourtant, ça nous a fait mal, ça nous a torturĂ©s. Mais on oublie. On oublie que... De la mĂȘme façon, quand on arrĂȘte de fumer Ă  cigarette, on se dit, bon, c'est juste une, ça fait longtemps. J'ai les narcotiques anonymes. On dit, une, c'est trop, une mille, jamais suffisant.

  • Speaker #1

    Jacques, dans son épisode, il voulait te citer... disant cette phrase, c'était pas clair la maniÚre dont il l'avait formulée. Il dit, ah, il faut demander à Sandy.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux nous la redire ?

  • Speaker #0

    Effectivement. Alors, chez les narcotiques anonymes, on dit, une fois c'est trop et mille fois jamais suffisant. Et ce qui veut dire qu'on reste dĂ©pendant, on ne maĂźtrise pas. MĂȘme si on se dit, bon, je le fais une fois, c'est pas grave, je suis dans un environnement particulier, je fais la fĂȘte, je profite, je m'autorise une fois. Sauf qu'en fait, non, on est dĂ©pendant. Donc une fois, c'est dĂ©jĂ  trop. On sait qu'une fois, c'est le dĂ©but de mille fois qui suivent. Et on ne peut plus se mentir, on le sait. À partir du moment oĂč on commence Ă  ĂȘtre clean, en rĂ©tablissement, Ă  travailler sur soi, on ne peut plus se mentir. Ça devient difficile.

  • Speaker #1

    J'ai quand mĂȘme la projection que ce genre d'endroit n'est pas dĂ©nuĂ© d'humour.

  • Speaker #0

    Au contraire.

  • Speaker #1

    Je vois bien, l'humour ça peut tellement ĂȘtre libĂ©rateur et ça peut tacler dans tous les sens.

  • Speaker #0

    Ah oui, complĂštement, complĂštement. C'est vrai qu'une personne non-dĂ©pendante qui vient en rĂ©union pourrait ĂȘtre assez choquĂ©e pour puisse avoir un humour parfois trĂšs noir. effectivement mais il faut y mettre aussi tout ça en fait il faut y mettre de l'humour il faut y mettre parce que c'est vrai en fait il se passe des choses improbables et aprĂšs la reconstruction j'Ă©tais dans cette phase oĂč ça y est maintenant je peux m'autoriser vraiment ĂȘtre qui je suis sans filtre et Ă  vraiment me faire du bien dans tous les aspects de ma vie c'est vrai que je m'Ă©tais remis j'avais une autre approche de mon corps de l'esprit mais aussi du corps, je faisais plus de sport. Et en fait je pense que dans cette dĂ©marche de me faire du bien, ce dernier rempart... De me dire, je suis bien, je fais du sport, je mange sainement, je continue Ă  fumer. C'est quoi le sens ? C'est quoi le sens derriĂšre ? Je fais tout ça pour finalement continuer Ă  remplir mes poumons de toutes ces mauvaises choses. Ça n'avait pas de sens.

  • Speaker #1

    Alors comment tu justifiais de continuer de fumer malgré ça ? Parce que rationnellement, intellectuellement, tu le sais. Mais qu'est-ce que tu te racontais comme histoire pour dire, oui non mais ça va ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'Ă©tait juste une habitude, en fait.

  • Speaker #1

    Ah ouais ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'Ă©tait juste une habitude. Et puis, un des derniers remparts de la dĂ©pendance, c'est quand mĂȘme de la nicotine. C'est pas rien, en fait. Ça modifie quand mĂȘme le corps. Ça modifie quand mĂȘme ce qu'on ressent. MĂȘme si on a l'impression que c'est juste une cigarette. Non, c'est pas juste une cigarette. Je pense que j'avais beaucoup avancĂ©, mais que j'Ă©tais peut-ĂȘtre pas encore prĂȘte. Je pense que ça a fait son chemin un peu tout seul. Vraiment cette dĂ©marche, comme je te disais, de prendre soin de soi. Qu'au bout d'un moment, ce dernier rempart qui ne me faisait pas du bien n'avait plus de sens. J'Ă©tais dans un moment de ma vie oĂč il fallait que les choses aient du sens, en fait. J'avais besoin d'ĂȘtre honnĂȘte vis-Ă -vis de moi-mĂȘme. Quelle version de moi-mĂȘme j'ai envie d'ĂȘtre ? Je ne suis pas obligĂ©e d'ĂȘtre fumeuse, je n'en ai pas besoin finalement. Parce que j'en ai besoin. Pourquoi je fume ? Je fume parce que, par habitude, je peux en crĂ©er d'autres. Puis, est-ce que j'ai envie d'ĂȘtre cette identitĂ© de fumeuse ? Finalement, je regardais un peu les fumeurs autour de moi et je me disais, ça n'a plus d'attrait, en fait. De la mĂȘme façon que je voyais les gens consommer de l'alcool ou d'autres drogues, tout ça n'avait plus d'attrait, vraiment. Et alors, je ne vais pas dire que ça s'est fait du jour au lendemain. Je mettais des patchs au dĂ©but, c'Ă©tait il y a quatre ans. Et donc, j'ai commencĂ© par les... patchs.

  • Speaker #1

    Tu recommandes ?

  • Speaker #0

    Ça aide. AprĂšs, je pense que l'arrĂȘt de la cigarette, il n'y a pas une façon de faire. Je pense qu'il faut trouver celle qui nous convient. Moi, au dĂ©but, j'ai mis des patchs. C'est ce qui me semblait le plus simple. En fait, je mettais de moins en moins de patchs. Et un jour, je n'en ai pas mis. J'ai eu une journĂ©e trĂšs stressante. J'ai couru Ă  la pharmacie pour demander des nicorettes. Je me suis dit, il me faut quelque chose de rapide qui me... qui me dĂ©tendent ou je sais pas ce que je m'Ă©tais racontĂ©. J'ai pris une icorette et je pense qu'elle Ă©tait trĂšs trĂšs forte. J'ai eu une impression de m'Ă©touffer. Je me sentais mal, ça me donnait la nausĂ©e. Et je me suis dit, ah non, pas du tout, une icorette, je n'en veux pas. Et bizarrement, aprĂšs cette icorette, dĂšs que je sentais quelqu'un fumer, ça me dĂ©goĂ»tait. MĂȘme je voyais quelqu'un sur le mĂȘme trottoir que moi qui fumait. J'Ă©tais obligĂ©e de changer de trottoir, ça me dĂ©goĂ»tait vraiment, j'avais ce dĂ©goĂ»t. Et je me suis dit, ça y est, c'est fini.

  • Speaker #1

    Trop bien, hyper pratique d'avoir cette sensation-lĂ .

  • Speaker #0

    Ouais, c'est fini. Et j'ai arrĂȘtĂ© de fumer pendant deux ans. Sauf que...

  • Speaker #1

    Oh merde !

  • Speaker #0

    Eh oui ! Ah putain de merde ! Et c'est lĂ  oĂč vraiment je dis, on reste dĂ©pendant et attachĂ© Ă  tout ça. Et c'est ancrĂ©, c'est fou comme c'est ancrĂ© dans la tĂȘte. On oublie trĂšs trĂšs vite, en fait, qu'est-ce qui s'est passĂ©, comment j'ai repris au travail, tout simplement. Une journĂ©e un peu fatigante, une journĂ©e un peu longue, des moments longs, des collĂšgues qui fument beaucoup. Et puis un jour, je ne sais pas, je me suis dit, bon, je vais juste en prendre une. Oh,

  • Speaker #1

    tu t'es fait happer par le juste une ?

  • Speaker #0

    Ouais, alors que ça faisait deux ans.

  • Speaker #1

    Incroyable.

  • Speaker #0

    Et... Nul, hein. Je me suis sentie nulle.

  • Speaker #1

    Tu le savais au fond de toi que le juste une s'était risqué ?

  • Speaker #0

    Alors je le savais, mais je pense que j'Ă©tais complĂštement dans le dĂ©ni parce que j'Ă©tais dans une pĂ©riode oĂč j'avais repris un quotidien, j'avais repris le travail, j'avais construit une nouvelle vie et j'avais oubliĂ©. En fait, Ă  ce moment-lĂ , je n'allais plus aux narcotiques anonymes. J'avais fini ma thĂ©rapie, j'avais repris une vie entre guillemets normale. Tout se passait bien. Et quand tout se passe bien, l'incompte, si on peut se dire, c'est OK, en fait, c'est bon, je suis guĂ©rie.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il n'y a pas de l'autosabotage ? Une maniÚre de se tester ou de créer de l'intensité dans cette économité qu'on peut trouver ennuyeuse ?

  • Speaker #0

    Je me sabotais complÚtement, de toute façon, parce que je voyais que je travaillais beaucoup, mais je ne m'écoutais plus, je prenais moins soin de moi. Je faisais moins de sport, je travaillais plus, je prenais moins le temps de prendre soin de moi. de prendre soin de mon corps, de voir les gens autour de moi. Donc en fait, je pense que clairement, l'environnement est important pour moi. Le fait de prendre soin de moi est important. Et que je me suis fait l'illusion qu'en fait, j'allais reconstruire des choses et que tout allait bien. Et que j'avais tellement travaillé sur moi que...

  • Speaker #1

    Est-ce que quand tu en es arrivée à je vais en prendre juste une en disant c'était une journée un peu fatigante, un peu longue est-ce que ça ne faisait pas plusieurs jours que tu y pensais ? Clairement. Est-ce que tu es vraiment arrivée sans qu'on s'y attende, sans qu'il y ait un truc qui se trame ?

  • Speaker #0

    En fait, le truc qui se trame, c'est que tout simplement, je prenais de moins en moins soin de moi. Je mangeais de plus en plus mal, je travaillais de plus en plus, j'Ă©tais fatiguĂ©e. En fait, c'est des petits signaux qui donnent des alertes, tout simplement. Moins bien dormir, moins bien se nourrir, ĂȘtre fatiguĂ©e, ĂȘtre plus stressĂ©e.

  • Speaker #1

    Alors avec le recul, qu'est-ce que tu pourrais conseiller à cette Sandi qui a recréqué au bout de deux ans ? Si t'avais su, comment t'aurais fait autrement ?

  • Speaker #0

    En fait, je pense que j'avais besoin d'un petit rappel, en fait. C'est difficile comme question. Qu'est-ce que j'aurais pu faire ? En fait, rester en lien, vraiment. Rester en lien parce que les gens autour de nous, les gens qui nous veulent du bien autour de nous, je pense, que ce soit la famille, les amis proches ou les rĂ©unions narcotiques anonymes, clairement, c'est des rappels, en fait. À partir du moment oĂč on s'isole, On peut avoir la bonne volontĂ©, mais on peut la perdre aussi rapidement. On peut ĂȘtre trĂšs motivĂ© pour commencer quelque chose, mais pour tenir sur la longueur, il faut avoir des rappels.

  • Speaker #1

    C'est quoi concrĂštement qui aurait pu t'aider ?

  • Speaker #0

    Confronter mon déni. Moi, j'aurais pu, à ce moment-là, je me disais sûrement, Juste une cigarette, c'est OK. Mais j'aurais été encore en lien à ce moment-là, on m'aurait dit, Mais une, c'est trop, et jamais suffisant.

  • Speaker #1

    peux raconter une histoire mais tu sais comment ça se passe la dépendance donc l'option tu avais dit ça si tu avais été entouré avec les gens qui te connaissent et qui te veulent du bien il aurait dit ça au bon moment tu aurais su l'entendre clairement en fait c'est pas que j'aurais su l'entendre si je le savais je le savais mais c'est

  • Speaker #0

    juste que Ă  un moment donnĂ© je me suis pas vu je me suis laissĂ© Ă  paix en fait je me suis laissĂ© Ă  paix et c'est vrai que J'ai Ă©tĂ© moins dans cette dĂ©marche de travailler sur moi, de prendre soin de moi. Tout simplement, c'est vraiment une question d'environnement. Pour moi, finalement, je me rends compte que mon environnement est primordial. Me sentir bien dans mon travail, me sentir bien entourĂ©e, me sentir bien aussi Ă  l'endroit oĂč je vis. Tout ça, c'est trĂšs important. Parce que sinon, effectivement, je peux me faire happer. On est fumeur Ă  vie, pour moi. On est dĂ©pendant aussi Ă  vie. C'est juste qu'on apprend Ă  vivre autrement.

  • Speaker #1

    Et tu as juste une. Elle a été seule combien de temps ? C'est-à-dire qu'elle est arrivée au bout de combien de temps, la deuxiÚme ? La troisiÚme ? Et le rythme habituel ?

  • Speaker #0

    Alors, lĂ  oĂč je vois que je... Je me mentais, mais j'Ă©tais consciente. C'est-Ă -dire qu'aprĂšs cette cigarette que j'avais prise au travail, pas refumĂ© tout de suite. Mais Ă  un moment donnĂ©, j'ai eu envie de refumer. Et je suis allĂ©e dans un tabac. Je me souviens trĂšs bien. Et je suis arrivĂ©e au tabac et lĂ , j'ai pris un paquet de chewing-gum Ă  la place d'un paquet de cigarette. Je suis arrivĂ©e au comptoir et lĂ , je me suis dit Mais non, mais qu'est-ce que tu fais ? Non, prends un paquet de chewing-gum. J'ai pris un paquet de chewing-gum et quelques jours plus tard, j'ai craquĂ©. J'ai achetĂ© le paquet de cigarettes. Mais je savais, finalement. Sauf que, bah... Une fois que j'avais achetĂ© le paquet, bah... Je suis repartie dedans.

  • Speaker #1

    C'est ouf, ce truc de sentir qu'une fois qu'on a rachetĂ© un paquet, il y a le foutu pour foutu. C'est trĂšs, trĂšs rare, les gens qui tĂ©moignent de... J'ai achetĂ© un paquet, et puis aprĂšs, j'ai re-arrĂȘtĂ©. Enfin, ce genre de dĂ©rapage... Non, une fois qu'on achĂšte le paquet, on signe. On est OK pour signer de... Bon, allez, on reprend. Bah,

  • Speaker #0

    rien ne nous en rend... enfin je veux dire ça ne nous empĂȘche de m'a pourtant si l'addiction qui reprend le pouvoir ou alors quoi il aurait fallu non je veux dire personne ne nous empĂȘche de d'en racheter ah oui on n'est pas confrontĂ© on devrait tu sais comme dans les casinos oĂč on peut interdire Ă  d'entrer Ă  l'entrĂ©e est ce que vous ĂȘtes humeur est ce que vous ĂȘtes non plus mais est-ce que vous essayez d'arrĂȘter bon alors vous ne rentrez pas mais ce serait bien

  • Speaker #1

    MĂȘme si on peut se faire acheter des clubs par d'autres gens, mais c'est quand mĂȘme une dĂ©marche supplĂ©mentaire.

  • Speaker #0

    Non, on sait trĂšs bien que si on a envie, de toute façon, on trouvera toujours un moyen. Moi, pendant un moment, j'Ă©tais dans ce dĂ©ni de me dire, j'en rachĂšte pas, mais bon, j'en prends une Ă  droite, une Ă  gauche. Mais j'en rachĂšte pas. Mais j'essaye d'arrĂȘter. Je suis non fumeuse.

  • Speaker #1

    Alors attends, j'en suis Ă ... Tu rechutes au bout de deux ans. Ça, c'Ă©tait il y a combien de temps ?

  • Speaker #0

    C'Ă©tait il y a deux ans Ă  peu prĂšs.

  • Speaker #1

    Ok. Tu rechutes et donc tu refumes comme en 40 ?

  • Speaker #0

    Oui. Peut-ĂȘtre moins quand mĂȘme. Peut-ĂȘtre moins. Mais je fumais toujours, mais un peu moins. Mais c'est pas une question de quantitĂ© finalement. Non.

  • Speaker #1

    J'imagine que... aux narcotiques anonymes, on ne parle pas forcément de quantité. En tout cas, dans tous les livres que j'ai lus sur les addictions, sur l'analyse de ça, c'est pas la quantité qui compte, c'est ton rapport au produit, au comportement. Alors bien sûr, la quantité peut jouer, évidemment. Mais c'est pas ça le sujet.

  • Speaker #0

    Non, pas du tout. En fait, c'est mĂȘme pas une question de produit, c'est pas une question de quantitĂ©, c'est mĂȘme pas une question de frĂ©quence. Et c'est vrai que ça m'avait rassurĂ©e quand j'ai commencĂ© les rĂ©unions, parce que euh... On va justifier notre statut dĂ©pendant Ă  la quantitĂ© ou aux produits qu'on va consommer, alors que non, ça a des consĂ©quences dans nos vies. Et c'est tout, en fait. Et alors,

  • Speaker #1

    du coup, il y a deux ans, tu refumes comme en 40. Qu'est-ce qui se passe ?

  • Speaker #0

    Je savais inconsciemment que je ne voulais plus ĂȘtre fumeuse. En fait, je le savais mĂȘme inconsciemment. Je ne souhaitais plus ĂȘtre fumeuse. Je le savais.

  • Speaker #1

    Tu voulais te reconnecter Ă  la Sandi qui a arrĂȘtĂ© de fumer pendant deux ans, qui avait l'air en paix avec ça.

  • Speaker #0

    Je ne voulais plus ĂȘtre esclave, je voulais ĂȘtre libre, ĂȘtre moi-mĂȘme, ne plus avoir ce filtre, ne plus avoir cette dĂ©marche de fumeuse. Ça ne me convenait plus en fait, ça me collait Ă  la peau, mais c'Ă©tait un mauvais costume, ça ne me convenait pas, ce n'Ă©tait pas moi.

  • Speaker #1

    Tu avais retrouvé ta vraie identité.

  • Speaker #0

    En fait, c'est surtout que je l'avais trouvĂ©e quand je suis devenue abstinente de tout, de drogue, etc., de cigarettes. Je m'Ă©tais trouvĂ©e vraiment moi-mĂȘme. Et Ă  partir du moment oĂč je m'Ă©tais connectĂ©e Ă  ça, mĂȘme si j'avais par la suite repris la cigarette, je savais que cette sandile-lĂ , elle existe. Je n'avais pas envie de me gĂącher, en fait. Je n'avais plus envie de me mentir. Je savais que ce n'Ă©tait pas possible, que ce n'Ă©tait pas moi.

  • Speaker #1

    Et en plus, tu as connu pendant deux ans ce qu'Ă©tait ĂȘtre non-fumeuse. Et donc ça te donnait envie, tu savais que tu avais pu expĂ©rimenter la vraie libertĂ©.

  • Speaker #0

    La vraie libertĂ©, ne plus me poser de questions, de savoir est-ce que j'ai une cigarette ou pas, quand je pars Ă  droite ou Ă  gauche, est-ce qu'il me reste suffisamment de monnaie quand je veux faire mes courses pour aller me prendre un paquet en mĂȘme temps. J'Ă©tais libre, oui une charge mentale complĂštement, mais j'Ă©tais libre. Et puis mĂȘme si j'Ă©tais fumeuse... Quand j'ai repris la cigarette, je continuais quand mĂȘme Ă  prendre soin de moi. Je fume encore, mais je prends soin de moi. Je fume, mais je vais quand mĂȘme courir trois fois par semaine. Sauf que je respire moins bien que quand j'Ă©tais non fumeuse. Donc Ă  un moment donnĂ©, je ne peux pas me mentir. Je vais face Ă  moi-mĂȘme et je sais que ça ne me convient pas. Je sais que ce n'est pas moi, je sais que ce n'est pas ce que j'ai envie d'ĂȘtre.

  • Speaker #1

    Alors, qu'est-ce que tu mets en place ?

  • Speaker #0

    J'essaie de moins fumer. En fait, j'essaie de me raconter encore une histoire. C'est difficile d'arrĂȘter du jour au lendemain. Les personnes qui me disent moi, j'ai arrĂȘtĂ© du jour au lendemain alors je ne dis pas que ça n'existe pas, pour certains, ça va peut-ĂȘtre fonctionner, ce n'est pas mon histoire. Et d'un cĂŽtĂ©, je me dis que je me racontais des histoires et que j'Ă©tais encore dans le dĂ©ni, que... J'ai arrĂȘtĂ©, mais par intermittence. D'un cĂŽtĂ©, je me dis, c'est OK, en fait. Je peux amener un peu de douceur, en fait, Ă  tout ça. J'ai vraiment cette volontĂ© au fond de moi. J'ai vraiment envie de m'en dĂ©barrasser. C'est pas facile. C'est OK. Faut que je continue Ă  faire ce qu'il faut, et au bout d'un moment, ça va fonctionner. Il faut que je nourrisse, en fait, cette envie d'arrĂȘter. En prenant soin de moi, de nouveau. En fait, j'ai appris beaucoup de choses au sein de Narcotique Anonyme. Je savais que pour arrĂȘter de fumer aussi, il fallait que je m'Ă©loigne des fumeurs.

  • Speaker #1

    Au moins un temps ?

  • Speaker #0

    Au moins un temps. Au moins un temps parce qu'aujourd'hui, quand je sens quelqu'un fumer Ă  cĂŽtĂ© de moi, ça me dĂ©rangeait. Quand j'ai commencĂ© Ă  arrĂȘter de fumer, ça ne me dĂ©rangeait pas. Et c'est ce truc justement de ça ne me dĂ©range pas, donc c'est encore assez prĂšs de moi. Trop prĂšs. Un peu dangereux encore. Donc j'avais besoin de me couper de ça. Jusqu'Ă  ce que ça ne me convienne vraiment plus. Et puis c'est facile de rechuter, d'en reprendre une. Tellement facile. Quelques secondes. Donc il fallait que je m'Ă©loigne de tout. Donc vraiment changer. Et c'est vraiment ça, c'est changer d'environnement. s'entourer de personnes qui nous font du bien, de gens qui nous amĂšnent vers des bonnes choses, qui nous tirent vers le haut, qui sont dans une dĂ©marche de prendre soin d'eux aussi. C'Ă©tait vraiment ça. AprĂšs, malgrĂ© ça, il y a des jours oĂč je fumais, des jours oĂč je fumais pas. Et il y a un peu moins de deux ans, j'ai rencontrĂ© Jacques et des amis en commun. On est partis en Corse, on s'est rencontrĂ©s comme ça. Et lui, il fumait. Moi, je fumais un jour sur deux. Et on a commencĂ© notre relation et j'ai refumĂ© complĂštement. Ce truc, comme je disais au dĂ©but, que soit il y a deux non-fumeurs, soit il y a deux ex-fumeurs. Mais il n'y a pas un fumeur et un ex-fumeur. C'est compliquĂ©. Et puis, Ă  un moment donnĂ©, je lui ai dit, moi, je vais arrĂȘter de fumer, en fait. Et puis... Je veux arrĂȘter de fumer, puis Jacques avait des problĂšmes de respiration, d'asthme, de souffle. Et je crois que je voyais aussi la gravitĂ©, les consĂ©quences aussi directes. Parce que autant, moi j'ai pas eu, j'ai de la chance, trop de consĂ©quences au niveau de ma respiration, mais lui je l'ai vu directement, je voyais les consĂ©quences directement, et je me disais mais en fait non, j'ai rencontrĂ© l'homme de ma vie. J'ai reconnu des choses dans ma vie. J'ai pas envie de continuer Ă  me dĂ©truire, j'ai envie qu'on profite en fait, j'ai envie de vivre, j'ai envie qu'on vive Ă  deux, bien, le mieux possible en tout cas. Donc on a dĂ©cidĂ© d'arrĂȘter tous les deux, on s'est achetĂ© des cigarettes Ă©lectroniques, et c'est vrai qu'avec de la nicotine toujours, moi je me disais que c'Ă©tait mieux, la cigarette Ă©lectronique, la cigarette, mais aprĂšs on garde des habitudes, on garde des habitudes de... Toujours l'avoir en main, toujours avoir un peu de nicotine. Il y a un peu ce truc d'avoir un petit doudou, toujours avec soi, d'ĂȘtre rassurĂ©e. Et puis on prenait un peu la cigarette de temps en temps, et puis de nouveau la cigarette Ă©lectronique, etc. Et puis depuis quelques temps, lĂ , moi j'ai arrĂȘtĂ© complĂštement tout. Ça va faire un mois Ă  peu prĂšs. Comment ça s'est passĂ© ? Tout simplement, je devais me faire opĂ©rer. Je devais avoir une opĂ©ration et on m'avait dit pour l'opĂ©ration il faut que... Il ne faut plus que tu fumes. Il ne faut plus que tu fumes du tout, pas de nicotine, rien du tout. Cette opĂ©ration, elle Ă©tait importante pour moi, donc je voulais faire correctement les choses. Et du coup, je n'ai mĂȘme pas eu de difficultĂ© Ă  arrĂȘter Ă  ce moment-lĂ . Parce que je voulais me faire du bien et j'avais envie de faire les choses correctement, je n'avais pas envie de me gĂącher. Donc j'ai arrĂȘtĂ© complĂštement et on m'a dit aprĂšs l'opĂ©ration il faudra encore ĂȘtre non fumeuse pendant un certain temps.

  • Speaker #1

    Tu aurais pu le dire pour toute la vie, te faire la suggestion.

  • Speaker #0

    Et non mais en fait je me suis dit mais effectivement là j'ai tenu déjà depuis deux semaines et puis là je suis dans la troisiÚme semaine, j'en ressens plus le besoin finalement. Donc profitons-en, ne reprenons pas.

  • Speaker #1

    En janvier, moi, j'avais eu l'information qu'autour de janvier, vous aviez dĂ©cidĂ© d'arrĂȘter ensemble.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Donc, il y a eu des dĂ©rapages, des rechutes, des reprises, des arrĂȘts.

  • Speaker #0

    ComplĂštement.

  • Speaker #1

    On fume un paquet par jour ou c'Ă©tait juste une par-ci, une par-lĂ  ?

  • Speaker #0

    Alors, c'Ă©tait une par-ci, une par-lĂ . Ça a Ă©tĂ© aussi, on n'en achĂšte pas, mais Ă  chaque fois qu'on sort, on en prend une Ă  droite, Ă  gauche. Je vais mĂȘme aller jusqu'Ă  avouer de... J'en garde une sur le... coudes et je la mets dans un coin Ă  la maison au cas oĂč un jour on sait pas elle a Ă©tĂ© fumĂ©e elle a Ă©tĂ© fumĂ©e bien Ă©videmment bien Ă©videmment mais non c'est fini ça c'est inutile et non lĂ  je suis plus du tout dans cette dĂ©marche lĂ  pour moi du coup ça fait quasiment un mois j'en ressens pas du tout besoin j'ai pas repris non plus la cigarette Ă©lectronique

  • Speaker #1

    Waouh, gĂ©nial ! Tu n'en sens pas le besoin, mais toi-mĂȘme, tu sais que ça peut revenir, que ça va revenir. Ça fait partie des cycles. Donc, tu sais comment tu vas gĂ©rer ça quand l'envie va revenir ?

  • Speaker #0

    Je sais ce qu'il faut mettre en place.

  • Speaker #1

    Et tu l'as mis en place ?

  • Speaker #0

    Alors, pour l'instant, je n'ai pas eu le besoin de mettre les choses en place. HonnĂȘtement, je pense qu'il ne faut pas attendre d'avoir besoin pour mettre les choses en place.

  • Speaker #1

    Ok, donc, c'est quoi la prochaine Ă©tape ?

  • Speaker #0

    Remettre de bonnes choses, de meilleures choses dans mon environnement. C'est vrai que je te disais en arrivant que... Je faisais moins de sport qu'avant, alors que c'est quelque chose que j'aime. Il faut que je remette des habitudes dans ce sens-lĂ , parce que ça me fait du bien. Et plus on se fait du bien, et moins on a envie de se faire de mal. tout simplement. C'est la logique des choses pour moi et alors ça peut ĂȘtre ça, ça peut ĂȘtre aussi le fait de partager ma dĂ©marche. Ne pas faut pas que ce soit un secret. MĂȘme si je le fais pour moi, le fait de le dĂ©clarer c'est lactĂ©. C'est Ă  dire que si je dis Ă  ma famille ou Ă  mes amis c'est non je suis non fumeuse, si Ă  un moment donnĂ© j'ai Une petite faiblesse, entre guillemets. Autour de moi, on me dit, Mais dis donc, tu faisais pas la dĂ©marche d'arrĂȘter ?

  • Speaker #1

    Ça, qu'on te fasse ce genre de remarques, ça t'aide ?

  • Speaker #0

    Bien sĂ»r que ça aide. Être confrontĂ©e, bien sĂ»r. Ça aide. Et puis, rester en lien, en fait. Rester en lien, rester, se faire du bien. Toutes ces choses, pour moi, c'est vraiment important. Et avouer, en fait, ĂȘtre honnĂȘte. Chez les narcotiques anonymes, ils ont ces... C'est valeur d'honnĂȘtetĂ©, ouverture d'esprit, bonne volontĂ©. C'est ce qu'on dit. L'honnĂȘtetĂ© de ma dĂ©marche. D'ĂȘtre honnĂȘte que si j'ai envie d'une cigarette, je le dis. J'ai envie d'une cigarette. C'est OK. Je ne suis pas obligĂ©e d'agir par la suite. Juste j'ai envie, ça va passer.

  • Speaker #1

    Le nommer, c'est montrer Ă  soi-mĂȘme qu'on n'est pas dans le dĂ©ni.

  • Speaker #0

    ComplĂštement. C'est ne plus se mentir. C'est vraiment ĂȘtre honnĂȘte et d'avouer ce qu'on ressent. C'est ça, l'honnĂȘtetĂ©, l'ouverture d'esprit. Effectivement, je peux faire autrement. Je peux faire autrement. La premiĂšre fois que j'avais arrĂȘtĂ© la cigarette, j'avais mis en place toutes ces choses-lĂ . Le fait de rester en lien, de faire du sport, de bien manger. Et puis aussi tous ces petits moments oĂč j'ai envie d'une cigarette. Souvent dans les moments oĂč j'Ă©tais dans l'attente. Ou alors... Quand je suis seule, en tout cas, j'Ă©tais dans la tente, j'avais envie d'une cigarette pour passer le temps. Souvent, j'avais cette cigarette. Finalement, assez rapidement, je me disais, en fait, appelle quelqu'un. Le pouvoir du tĂ©lĂ©phone, incroyable. J'appelais quelqu'un et quelqu'un qui savait que j'Ă©tais dans cette dĂ©marche d'arrĂȘter, je l'appelais juste cette personne et je lui disais, j'ai envie d'une cigarette. Et de j'ai envie d'une cigarette, finalement... On part dans une vraie conversation. Avant de la conversation, j'ai oubliĂ© que j'avais eu envie d'une cigarette. Je n'en ai plus envie. Et c'est passĂ©, je n'ai pas fumĂ©, je suis fiĂšre de moi en plus. Le pouvoir du tĂ©lĂ©phone. Donc ça, c'est un outil parmi d'autres. Mais il y a vraiment ce truc d'honnĂȘtetĂ©, d'ĂȘtre honnĂȘte avec soi-mĂȘme, d'ĂȘtre honnĂȘte avec les autres, avec sa dĂ©marche, ne pas cacher les choses. Pour moi, c'Ă©tait ok de me dire finalement... Vaut mieux Ă  un moment donnĂ©, dans ma dĂ©marche d'arrĂȘt, de rejeter une fois et de me dire aprĂšs mais qu'est-ce que t'as fait ? Non, non, non. Tu sais que tu veux ĂȘtre en fumeuse, reprendre les choses dans le bon ordre. PlutĂŽt que de cacher les choses en fait, de me dire non, non, j'ai envie mais j'ai pas envie. Et pas utiliser tous ces outils, ne pas ĂȘtre dans la solution, d'ĂȘtre dans ce truc de surpuissance, de je maĂźtrise. Ça va aller, je peux me dĂ©brouiller toute seule. C'est ok. C'est ok de dire j'ai envie de fumer, c'est ok de dire j'ai besoin d'ĂȘtre soutenue, j'ai besoin d'en parler. Aujourd'hui, effectivement, tu me disais qu'est-ce que tu vas mettre en place aujourd'hui, je sens que j'ai besoin de travailler sur moi. Je me rends compte que c'est quelque chose qui me fait du bien et il y a diffĂ©rentes façons de le faire. Alors je te parlais de reprendre plus le sport, mais je pense aussi que je vais peut-ĂȘtre avoir des dĂ©marches de l'acupuncture. essayer des dĂ©marches comme ça, j'y crois, je pense que ça peut me faire du bien. En tout cas, ça se tente. Qu'il tente rien Ă  rien, et puis au pire, qu'est-ce que je risque ? C'est un peu ça aussi. C'est au pire, qu'est-ce que je risque ? Que ça marche.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu voudrais dire Ă  Sandy dans quelques temps qui Ă©couterait le podcast ? Tu peux choisir le moment oĂč ça peut ĂȘtre le mois prochain ou dans un an. Ce podcast existera toujours. Peut-ĂȘtre que des gens autour de toi vont t'en parler, ou toi tu vas retomber dessus. Envoie-lui un message.

  • Speaker #0

    Je me remercierai. Je me remercierai d'avoir eu le courage, d'avoir Ă©tĂ© honnĂȘte, de faire tout ce travail. Difficile. Parce que c'est vrai que quand on le raconte comme ça, ça a l'air simple. Mais c'est un combat d'un jour Ă  la fois.

  • Speaker #1

    Oui, ça c'est un peu le slogan des alcooliques anonymes.

  • Speaker #0

    Alcooliques anonymes, narcotiques anonymes.

  • Speaker #1

    On le dit aussi chez les narcotiques anonymes ?

  • Speaker #0

    C'est un jour Ă  la fois.

  • Speaker #1

    Et mĂȘme au dĂ©but,

  • Speaker #0

    ça va ĂȘtre une heure Ă  la fois. C'est vraiment une heure Ă  la fois, parfois, oui. Mais petit Ă  petit, tous ces efforts, quand mĂȘme c'est difficile, ce petit effort supplĂ©mentaire que j'ai pu faire, qui a tout changĂ© finalement.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu pourrais ouvrir mon livre au hasard pour voir si tu tombes sur quelque chose qui serait un perdoil pour toi ?

  • Speaker #0

    Alors, alors, alors... Une autre explication de beaucoup de rechutes est le choc Ă©motionnel. Et Ă  Ă©couter les tĂ©moignages, la rechute apparaĂźt comme Ă©vidente et salvatrice pour soulager l'Ă©motion. Je me vois parfaitement nĂ©gocier une clope dans l'urgence Ă©motionnelle d'une terrible nouvelle. Ce ne sera mĂȘme pas une excuse, mais un foutu pour foutu. Oui, oui, oui, j'identifie bien avec ça. Aujourd'hui, je sais que j'ai assez de recul. J'ai assez de recul et je sais que ça ne marche pas, en fait. Je sais que ça ne marche plus.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça dont on n'a pas encore conscience. Qui m'a dit ça ? Ah oui, j'en parle dans le podcast de... J'en discute avec Sacha dans un épisode, parce que je connais quelqu'un qui a refumé suite à un choc émotionnel trÚs fort, à prendre la mort de quelqu'un, avec ce foutu pour foutu. Et quand je lui ai posé la question, la personne m'a dit en fait, j'aurais pu ne pas la prendre cette clope Et Sacha disait ah bah oui, ça je vois trÚs bien comment je pourrais fumer, je vois trÚs bien comment je pourrais utiliser cette excuse Et donc je lui dis bah tu sais quoi, il paraßt qu'en fait, elle est nulle cette excuse Du coup, il m'a répondu ah ouais, bon bah... Je ne refumerais vraiment pas alors. Oui,

  • Speaker #0

    oui, oui. Bien sûr, en fait, on se dit toujours dans cette situation-là ou dans cette situation-là, je pourrais refumer. C'est presque, c'est comme si on le prévoyait presque. Mais finalement, plus le temps passe et plus on se rend compte que non, en fait, on n'en a pas besoin. On a appris à faire autrement. Et que ça n'apportera rien.

  • Speaker #1

    Je pense qu'il faut faire la dĂ©marche de se projeter. J'ai imaginĂ© quelques situations oĂč justement il y aurait un choc Ă©motionnel. Et je me suis mise en situation pour me dire non, la clope ne sera pas une bonne idĂ©e. Mais c'est pas facile. Je vois bien qu'il y a des petits diablotins Ă  l'intĂ©rieur de moi qui nĂ©gocient.

  • Speaker #0

    Toujours. Toujours. C'est effectivement, mais de toute façon, ce sera toujours le cas. Je suis non fumeuse, mais... Je reste fumeuse. En arrĂȘt.

  • Speaker #1

    Tu restes ancienne fumeuse. C'est ça. Ça fera toujours partie de ton identitĂ©.

  • Speaker #0

    Ça fera toujours partie... Mon identitĂ©, je ne dirais pas non. Parce que justement, j'ai voulu me sĂ©parer de... Oui,

  • Speaker #1

    l'identitĂ©, ce n'est pas le bon terme. Peut-ĂȘtre que c'est engrammĂ© dans l'ADN Ă  un certain niveau. Oui,

  • Speaker #0

    voilà, c'est ça. C'est ça.

  • Speaker #1

    Et aprÚs, c'est activé ou en pause.

  • Speaker #0

    Exactement. Exactement. C'est ça.

  • Speaker #1

    Et alors, du coup... On parlait de dernier rempart. Là, tu es non fumeuse. Enfin, tu es ancienne fumeuse. Tout à fait. Donc, le dernier rempart a sauté.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et comment tu te sens ? Tu n'as pas l'impression de sauter dans le grand vide ? Tu as un plan B ? Tu as compensé par une passion qui te nourrit ?

  • Speaker #0

    Jusque-lĂ , tout ce que j'ai pensĂ©, c'est honnĂȘtement, j'ai eu une opĂ©ration et je ne veux pas tout gĂącher. Je veux faire les choses bien. Ça n'a pas Ă©tĂ© tellement je veux arrĂȘter de fumer, mais c'est plutĂŽt j'ai envie de faire les choses bien. En fait, le sens qu'on y met a beaucoup d'importance. Est-ce que... Je veux arrĂȘter pour Ă©viter quelque chose ou est-ce que je veux arrĂȘter pour crĂ©er autre chose ? Je ne sais pas comment dire.

  • Speaker #1

    C'est un Ă©tat d'esprit.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est un Ă©tat d'esprit. Et je me dis, en fait, je suis trop contente. Cette excuse d'opĂ©ration, finalement, elle m'a rendu service. J'ai passĂ© cette Ă©tape comme ça, un peu malgrĂ© moi, finalement. Mais je n'ai pas envie d'y retourner, je n'ai plus d'attrait. Je savais que de toute façon... VoilĂ , ça fait un moment que je voulais ne plus ĂȘtre fumeuse. Donc l'occasion s'est prĂ©sentĂ©e, je l'ai pris Ă  bras le corps en fait. Je ne me suis pas posĂ©e de questions. Je ne me suis pas posĂ©e de questions. AprĂšs, est-ce que j'ai des petits moments oĂč j'ai envie ? Oui, mais je dirais que ça me passe comme une pensĂ©e passerait dans mon esprit. Ça passe d'un cĂŽtĂ© et puis je laisse passer. J'accepte en fait de ressentir ce que je ressens. C'est OK. Je sais que ça va passer.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on peut participer aux narcotiques anonymes si on veut se sevrer du tabac ? Il y en a déjà eu ? Tu sens que ce n'est pas vraiment cette... Il n'y a pas de... Ce serait quoi ? Les fumeurs anonymes ? Les fumeurs de tabac anonymes ? Les nicotines...

  • Speaker #0

    Ça existe ça ? Peut-ĂȘtre que ça existe. Je ne sais pas du tout. J'avoue que je ne sais pas. Je pense que de toute façon, n'importe quelle rĂ©union de dĂ©pendance, peu importe le produit, fonctionne. En tout cas, pour moi, ça a fonctionnĂ©. Je ne dis pas que ça fonctionne pour tout le monde. Je pense que ce n'est pas l'unique façon d'arrĂȘter une dĂ©pendance. Moi, ça m'a aidĂ©e. AprĂšs, c'est tout un programme. Mais je pense que de toute façon, Narcotic Anonyme, moi, j'ai appris Ă  parler de mes Ă©motions aussi. La parole Ă©tant libĂ©rĂ©e, j'avais moins besoin aussi de compenser. Donc, je pense que l'aide d'un indĂ©pendant Ă  apporter Ă  un autre, de toute façon... C'est extraordinaire. AprĂšs, est-ce qu'une personne qui veut arrĂȘter de fumer peut aller en rĂ©union narcotique anonyme ? Oui, si on veut. AprĂšs, est-ce que c'est complĂštement adaptĂ© ? Oui, on parle de dĂ©pendance.

  • Speaker #1

    On peut faire la démarche de demander.

  • Speaker #0

    On peut faire la dĂ©marche de demander. De toute façon, on n'a rien Ă  y perdre, c'est sĂ»r. Une dĂ©pendance reste une dĂ©pendance, peu importe le produit. Les consĂ©quences ne sont pas forcĂ©ment les mĂȘmes, effectivement, en fonction de... des personnes, des produits, etc. MĂȘme si on essaie de ne pas faire de comparaison parce que la dĂ©pendance est une dĂ©pendance quelle qu'elle soit. En fait, chacun fait son parcours.

  • Speaker #1

    Quand est-ce que tu y es allée pour la derniÚre fois ?

  • Speaker #0

    En RĂ©union ? Oui. Je pense que ça fait... Il y a un an. Il y a un an. Et c'est vrai que... Non, un peu plus d'un an. En fait, je pense qu'Ă  peu prĂšs au moment oĂč j'ai... Un peu avant que je rencontre Jacques. Et puis, c'est vrai qu'il s'est passĂ© beaucoup de choses. Et c'est vrai, lĂ , quand je te disais, effectivement, on peut se faire rĂąper par le fait de reprendre une vie, entre guillemets, normale. OĂč tout se passe bien, une vie rend bien remplie. C'est vrai que j'ai rencontrĂ© Jacques, on a emmĂ©nagĂ© ensemble. Je continue Ă  travailler, on s'est mariĂ©s. On met des choses en place. La vie normale prend son cours, en fait. Mais je sais qu'un de mes piliers a Ă©tĂ© Narcotic Anonyme et le restera pour toujours. Je sais que peu importe oĂč j'en suis dans ma vie, je peux aller Ă  une rĂ©union Ă  n'importe quel moment et j'ai ma place. Je ne me sentirai jamais mal Ă  l'aise. C'est un endroit oĂč on ne sera jamais jugĂ©. Je ne me sentirai jamais jugĂ©. C'est une famille. Clairement, pour moi, c'est une famille. MĂȘme de gens que je ne connais pas. Mais c'est une famille.

  • Speaker #1

    LĂ , tu pourrais y retourner ? Tu y penses ? Ouais. Tiens, je me ferais bien...

  • Speaker #0

    C'est vrai que ça irait complĂštement dans ma dĂ©marche d'abstinence du tabac, complĂštement. Dans Narcotique Anonyme, il y a des personnes qui sont clean, on arrĂȘte de toute substance, drogue, etc. depuis des annĂ©es, qui ont effectivement ce dernier filtre de la cigarette et qui vont partager en rĂ©union. Moi, j'ai dĂ©cidĂ© d'arrĂȘter aussi le tabac, mon dernier rempart, et qui partagent leur dĂ©marche, effectivement. qui partagent leurs difficultĂ©s parce que finalement dĂ©jĂ  on trouve du soutien d'un dĂ©pendant Ă  un autre de personnes qui ont eu la mĂȘme expĂ©rience, qui vont nous soutenir, nous donner des outils c'est assez naturel finalement ça se fait assez naturellement et le fait d'ĂȘtre soutenu comme ça, d'avoir toujours quelqu'un derriĂšre et puis quelqu'un qui va vraiment soutenir dans cette dĂ©marche, c'est-Ă -dire que je sais que si je vais Ă  Narcotic Anonyme, je rencontre des gens que je n'ai pas vus depuis longtemps et je dis voilĂ ... En ce moment, j'essaie d'arrĂȘter de fumer. Ça va ĂȘtre gĂ©nial, etc. Et puis peut-ĂȘtre que peu de temps aprĂšs, on va me rappeler, on va me dire alors comment ça se passe pour toi. Si t'as besoin, que t'as envie d'une cigarette ou quoi, t'hĂ©sites pas Ă  m'appeler. VoilĂ . Je suis ton outil, finalement.

  • Speaker #1

    Et c'est vrai que ce genre de lieu est trĂšs propice Ă  se sentir vraiment compris, se sentir vraiment...

  • Speaker #0

    Y'a plus de honte. Ouais. Y'a plus de honte, y'a plus de jugement.

  • Speaker #1

    Y'a plus... Ouais, tu te justifies de rien. Non. On sait, et on sait ce que tu traverses, on sait tout ce qui se passe à l'intérieur à des degrés différents, et c'est plus ou moins intense.

  • Speaker #0

    ComplĂštement.

  • Speaker #1

    Il y a des effets miroirs.

  • Speaker #0

    C'est ça la puissance du partage, de l'identification d'une personne Ă  une autre. Il n'y a pas besoin d'expliquer beaucoup, juste on parle de ce qu'on ressent. Et ce n'est pas juste, on dĂ©verse finalement ce qu'on ressent. Si on va partager aussi ce qui fonctionne pour nous, c'est ça le pouvoir aussi. Moi, c'est ce qui m'a vraiment aussi fait tenir, c'est que trĂšs rapidement, quand j'ai commencĂ© les rĂ©unions, on m'a donnĂ© un rĂŽle. C'est-Ă -dire que trĂšs rapidement, comme toute association en fait, une rĂ©union est tenue par diffĂ©rentes personnes, oĂč il y a un trĂ©sorier, il y a un prĂ©sident, etc. Ce sont tous des dĂ©pendants en rĂ©tablissement. Donc chaque semaine... il y a des dĂ©pendants qui vont ouvrir ces rĂ©unions, les faire fonctionner, partager le message. Et c'est ce qui fait que ça tient. Et ça donne un vrai rĂŽle, c'est-Ă -dire que non seulement je viens pour moi, mais je viens aussi pour que l'association fonctionne, pour redonner ce qu'on m'a offert gratuitement. Et ça donne vraiment son sens. Et ça nourrit cette dĂ©marche de rĂ©tablissement, tout simplement.

  • Speaker #1

    Merci, merci pour ce témoignage incroyable.

  • Speaker #0

    Merci Ă  toi.

  • Speaker #1

    Bon, cette fois, c'est vraiment la fin. Mon monteur va péter un cùble,

  • Speaker #0

    c'est beaucoup trop long. On était encore enregistrés.

  • Speaker #1

    J'espĂšre que cette interview vous a plu. Vous trouverez toutes les informations complĂ©mentaires dans la description de l'Ă©pisode et tout ce qu'il faut pour s'abonner, liker, commenter, nous retrouver sur les rĂ©seaux et mĂȘme prendre contact si vous voulez nous partager votre tĂ©moignage. Bisous Ă  vos horribles cravings et autres impĂ©rieuses envies de fumer. Rendez-vous la semaine prochaine et d'ici lĂ , bon sevrage.

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Description


🟣focus sur la partie qui a prĂ©cĂ©dĂ© le sevrage tabagique de mon invitĂ©e. Et comprendre les Ă©tapes qui l’ont amenĂ©e Ă  faire tomber ce dernier rempart au bon moment. Mon invitĂ©e s’est beaucoup livrĂ©e et je l’en remercie infiniment.

C’est un exercice courageux d’oser verbaliser tout ça avec autant d’authenticitĂ©. C'est un vrai sujet l’authenticitĂ© dans le sevrage : entre soi et les autres mais surtout entre soi et soi-mĂȘme. Et vous, comment ça se passe ?

Bienvenue dans ce premier Ă©pisode de la saison 2.

 

Allez bisou à votre authenticité

Bonne Ă©coute et bon sevrage.

 

🟣

 

Merci à Sandy, mon invité.

 

Guy Tourreau, montage et mixage.

 

Eugénie Florentin | Lanterne Digitale, Sociale Media Manager | https://www.instagram.com/lanterne.digitale?igsh=dW80YTliYzM1MzZq

 

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Musique : IA+Astridou

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Insta : @tumanquespasdair www.instagram.com/tumanquespasdair/

Livre « Apprivoiser son impérieuse envie de fumer », Astrid Malone, éditions Eyrolles.

Facebook : Tu manques pas d’air

YouTube : Tu manques pas d’air

Mail : tumanquespasdairpodcast@gmail.com

 

#arretdutabac #arreterdefumer #arrĂȘtdutabac #cigarette #fumeur #fumeurs #fumeuse #fumeuses #histoiredevie #histoirevraie #imperieuse #imperieuseenviedefumer #impĂ©rieuse #impĂ©rieuseenviedefumer #interview #podcast #podcaster #podcasteur #podcasteuse #podcastfr #podcastfrancais #podcastfrance #podcastfrançais #sevragetabagique #stoptabac #tabac #tabacinfoservice

🟣


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Mon dernier rempart, c'Ă©tait vraiment la cigarette. Continuer Ă  fumer en Ă©tant abstinente de drogue.

  • Speaker #1

    Tout le monde fume au narcotique améli.

  • Speaker #0

    Clairement pas.

  • Speaker #1

    C'est la projection de l'aide, donc déconstruis mon préjugé s'il te plaßt.

  • Speaker #0

    Pas du tout, non, non. Il y a des fumeurs et des non-fumeurs comme partout. Je dirais que les personnes qui ont un certain nombre d'années de clean font cette démarche. Et c'est la démarche que j'ai faite moi quelques années plus tard.

  • Speaker #1

    Le dernier rempart.

  • Speaker #0

    Le dernier rempart.

  • Speaker #1

    Bonjour, bienvenue dans ce nouvel Ă©pisode. Aujourd'hui, on va se focaliser sur la partie qui a prĂ©cĂ©dĂ© le sevrage tabagique de mon invitĂ© et comprendre les Ă©tapes qui l'ont amenĂ© Ă  faire tomber ce dernier rempart au bon moment. Vous verrez comment se passe son sevrage tabagique. Mon invitĂ© s'est beaucoup livrĂ© et je le remercie infiniment. C'est un exercice courageux d'oser verbaliser tout ça, ce qui fait qu'on s'est autorisĂ© Ă  censurer quelques passages, mais Ă  la fin de l'Ă©coute, vous comprendrez qu'elle n'a rien Ă  cacher et qu'elle est authentique du dĂ©but Ă  la fin. C'est un vrai sujet l'authenticitĂ© dans ce sevrage, entre soi et les autres, mais surtout entre soi et soi-mĂȘme. Et vous, comment ça se passe ? Allez, bisous Ă  votre authenticitĂ©, bonne Ă©coute !

  • Speaker #0

    Salut ! Ça va ?

  • Speaker #1

    TrĂšs bien et toi ?

  • Speaker #0

    Super !

  • Speaker #1

    Tu connais le concept ?

  • Speaker #0

    Non, pas exactement. Enfin, Ă  peu prĂšs.

  • Speaker #1

    C'est-Ă -dire que lĂ , je te fais monter les escaliers et je veux voir si tu arrives Ă  respirer en parlant. Ok, d'accord. Bon, on arrive au cinquiĂšme, t'es comment lĂ  ? Je te fais parler tous les Ă©tages. En vrai ?

  • Speaker #0

    Je sais que je suis un petit peu essoufflĂ©e lĂ . Quand mĂȘme.

  • Speaker #1

    Viens reprendre ton souffle ici. On est lundi ? Oui.

  • Speaker #0

    On est absolument lundi. Oui, je me suis libérée un lundi. Et puis, en fait, finalement, moi, je me rends compte que j'ai plus trop de notions du jour de la semaine. Parce que... En fait, je suis intermittente du spectacle, donc je ne travaille pas tous les jours. Quand je travaille, je fais des journées assez denses, assez intenses, mais je ne travaille pas non plus tous les jours. Donc, je n'ai pas non plus d'enfants, donc je n'ai pas la notion des vacances scolaires ou des jours de la semaine. Je peux travailler tous les jours.

  • Speaker #1

    Et tu me disais lĂ , tu ne manques pas d'air, mais quand mĂȘme.

  • Speaker #0

    Oui, je ne manque pas d'air, mais quand mĂȘme les 5 Ă©tages, lĂ , je les sens un petit peu. Je manque un peu de cardio. J'ai une mauvaise rĂ©cupĂ©ration cardiaque, lĂ , je le sens. Non,

  • Speaker #1

    mais j'avoue que je t'ai fait parler exprÚs pendant les 5 étages, ce qui est un peu sadique. Du coup, parler plus, monter les étages, ça intensifie. Et puis, je pense que c'est aussi le stress du podcast ou de l'appréhension. Il y a un petit peu de bùtiment par minute qui augmente.

  • Speaker #0

    Oui, complĂštement, complĂštement. C'est vrai qu'autant je suis super contente d'ĂȘtre ici et de pouvoir donner mon expĂ©rience. Mais d'un cĂŽtĂ©, c'est vrai que je n'ai jamais participĂ© Ă  ce type d'expĂ©rience et j'apprĂ©hendais un petit peu, forcĂ©ment. Je comprends. Mais je trouve ça super chouette en tout cas.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu appréhendes le plus ?

  • Speaker #0

    De ne pas trouver les mots exacts par rapport Ă  ce que je souhaiterais. transmettre ou partager tout simplement.

  • Speaker #1

    Donc, bonjour Sandy. Bonjour officiellement. Je suis trĂšs heureuse de te recevoir dans ce podcast. En plus, je l'attends avec impatience ce moment parce que Jacques m'avait parlĂ© de toi dans l'Ă©pisode 4. Jacques m'avait parlĂ© de toi parce qu'Ă  l'Ă©poque, donc ça fait quelques mois maintenant, vous aviez arrĂȘtĂ© ensemble de fumer. Donc Jacques est ton mari.

  • Speaker #0

    Tout Ă  fait.

  • Speaker #1

    Et il nous a raconté son expérience et son rapport aux addictions, son rapport au sevrage, qui est trÚs riche et plein d'enseignements et plein d'épreuves incroyables. Et il m'a bien fait comprendre que toi aussi, tu avais pas mal de choses à nous raconter, en drÎle et en moins drÎle.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai, c'est vrai. On a eu des expĂ©riences riches tous les deux. C'est un peu aussi ce qui fait qu'on se comprend bien et qu'on peut aussi... bien se comprendre et se soutenir aujourd'hui. C'Ă©tait vraiment important pour nous de faire cette dĂ©marche ensemble d'arrĂȘt du tabac. Être en couple et avoir un non-fumeur et un fumeur, c'est compliquĂ©. On ne va pas se mentir, quand on arrĂȘte le tabac, on reste quand mĂȘme fumeur, je pense, Ă  vie. Et on en reparlera, je pense, plus tard, mais je pense qu'effectivement, le plus difficile, c'est pas d'arrĂȘter. C'est de ne pas reprendre.

  • Speaker #1

    Bien dit.

  • Speaker #0

    Et quand on est avec un fumeur ou entourĂ© de fumeurs, on est toujours attirĂ©. Donc mĂȘme si on a une bonne volontĂ© d'arrĂȘter le tabac, c'est vrai que d'ĂȘtre toujours tentĂ©, il peut y avoir un jour de faiblesse. Et c'est vrai que c'est difficile. justement d'avoir un fumeur Ă  cĂŽtĂ© de soi quand on est en dĂ©marche d'arrĂȘt. Donc pour ça, c'est vrai que je le remercie et je suis vraiment contente qu'on fasse cette dĂ©marche ensemble. En tout cas, merci de m'avoir conviĂ©e. Je pense que tout partage est bon Ă  prendre, mais ce que j'aime beaucoup dans cette dĂ©marche, c'est pour moi le pouvoir de l'identification, qui est vraiment trĂšs fort. C'est vrai que de parler d'arrĂȘt de tabac... D'un ex-fumeur Ă  un ex-fumeur, c'est peut-ĂȘtre plus simple parfois que d'un ex-fumeur Ă  un non-fumeur. On n'a pas les mĂȘmes ressentis, on ne se comprend pas de la mĂȘme façon, on ne se dirait pas les choses de la mĂȘme façon.

  • Speaker #1

    Alors avant que tu nous racontes ton histoire, si tu as un peu l'Ă©pisode de Jacques en tĂȘte, est-ce qu'on peut dire qu'il a Ă©tĂ© authentique ou pas ?

  • Speaker #0

    Il a Ă©tĂ©, complĂštement, complĂštement et trĂšs authentique et j'ai mĂȘme Ă©tĂ© surprise par certaines rĂ©vĂ©lations. Il Ă©tait vraiment Ă  l'aise finalement et il y a des choses qu'il ne m'avait mĂȘme pas dites, jamais dites et qui m'ont fait trĂšs plaisir.

  • Speaker #1

    Finial. Bon, bisous Jacques. Alors maintenant, moi j'aimerais connaĂźtre ton historique avec le tabac.

  • Speaker #0

    Alors, mon historique avec le tabac. Je dirais que je commencerais par la famille parce que j'ai un pÚre non fumeur et une mÚre qui était fumeuse, que j'avais toujours. connue fumeuse et je crois que ma premiÚre cigarette, je l'ai fumée, c'était un... Je me souviens trÚs bien. C'était un samedi, un mercredi, aprÚs l'école. Je rentrais à la maison et il n'y avait personne à la maison. Ma maman avait laissé ses cigarettes sur la table et j'ai voulu essayer comme ça.

  • Speaker #1

    T'avais quel Ăąge ?

  • Speaker #0

    Je devais avoir 14 ans.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    13-14 ans. Je ne l'ai mĂȘme pas finie, cette cigarette, parce qu'elle n'Ă©tait pas bonne du tout. Vraiment, elle avait trĂšs mauvais goĂ»t. Donc la premiĂšre, c'Ă©tait comme ça. Assez rapidement, je me souviens, j'avais mĂȘme pas encore fini le collĂšge, je me cachais pas vraiment de fumer vis-Ă -vis de mes parents, et je me suis imposĂ©e fumeuse.

  • Speaker #1

    C'est pas commun.

  • Speaker #0

    C'est pas commun, c'est pas commun. Et c'est vrai que ma mĂšre s'est rendue compte que je lui prenais des skirettes, et au bout d'un moment, elle a acceptĂ©. C'Ă©tait le fait que je sois devenue fumeuse et je partageais des cigarettes avec elle. Et aprĂšs, je n'ai jamais arrĂȘtĂ© la cigarette. J'ai plutĂŽt augmentĂ© d'annĂ©e en annĂ©e jusqu'Ă  ne plus pouvoir m'en passer. En fait, c'Ă©tait devenu mon identitĂ©. J'Ă©tais fumeuse et je n'imaginais pas les choses autrement. Ça faisait partie de mon quotidien. De la mĂȘme façon que je me brossais les dents, je fumais ma cigarette avec mon cafĂ©. Enfin, c'Ă©tait comme ça en fait. Ça faisait partie vraiment de mon quotidien et je pense que je me cachais derriĂšre ce filtre.

  • Speaker #1

    Tu cachais quoi ? Tu cachais quelle partie de toi ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'est une image que je me donnais finalement parce que je pense qu'au-delĂ  de l'image que je pouvais renvoyer de fumeuse, non, je pense que je me cachais de moi-mĂȘme en fait, de ce que je pouvais ressentir tout simplement. Et c'est vrai qu'Ă  toute occasion, une cigarette... C'Ă©tait plus simple que peut-ĂȘtre de ressentir certaines choses.

  • Speaker #1

    Ça t'aidait Ă  gĂ©rer l'Ă©motion ?

  • Speaker #0

    Ça me donnait l'illusion que je gĂ©rais l'Ă©motion.

  • Speaker #1

    Tu t'es rendue compte qu'en fait, ça n'aidait pas à gérer l'émotion ?

  • Speaker #0

    Oui, clairement, parce que j'Ă©tais... Alors, je parle au passĂ© parce que finalement, aujourd'hui, c'est plus la mĂȘme chose. J'Ă©tais trĂšs, trĂšs nerveuse et anxieuse. Et je pense... Non, je pensais mĂȘme pas... Enfin, si, je pensais qu'effectivement, quand j'Ă©tais stressĂ©e ou angoissĂ©e, cette cigarette allait pouvoir peut-ĂȘtre m'aider, me soulager. Mais pas du tout. Au contraire. Au contraire, finalement.

  • Speaker #1

    Comment tu t'es rendue compte que pas du tout et au contraire ?

  • Speaker #0

    Des années plus tard. Des années plus tard, je pense, j'ai eu des expériences de vie... De la dépendance à la cigarette, j'ai eu d'autres dépendances par la suite, de drogue.

  • Speaker #1

    Il faudra qu'on développe ou pas spécialement ?

  • Speaker #0

    Oui, on peut, tout Ă  fait. Je n'ai pas de tabou par rapport Ă  ça. J'ai fait la paix avec moi-mĂȘme. plus honte. Et c'est vrai que de cigarettes, je suis passĂ©e Ă  la drogue, diffĂ©rentes drogues. Et je pense que j'avais la dĂ©pendance en moi, en fait, clairement. Je n'avais pas besoin de grand-chose pour me faire attraper, en fait, par la dĂ©pendance et par les substances, et m'y accrocher. Je pense que, voilĂ , j'Ă©tais trĂšs instable Ă  ce moment-lĂ . La cigarette, la drogue, beaucoup de fĂȘtes. la vie parisienne, je changeais souvent de travail.

  • Speaker #1

    Pardon, je te couvre, tu peux nous donner un ordre de l'Ăąge que tu avais ou les produits que tu pouvais prendre ?

  • Speaker #0

    Bien sûr, oui.

  • Speaker #1

    La drogue, tu sais, la cigarette est une drogue, l'alcool est une drogue,

  • Speaker #0

    donc c'est pas fortement... Tout produit de dĂ©pendance est une drogue, effectivement, je suis d'accord. Je pense que tout simplement, quand j'ai pris mon indĂ©pendance, que j'ai commencĂ© Ă  vivre seule, je devais avoir peut-ĂȘtre... 18-19 ans, je travaillais dĂ©jĂ , je commençais Ă  travailler tout dans la restauration, aprĂšs dans le commerce. Et je sortais beaucoup Ă  Paris. J'avais une vie parisienne trĂšs festive. Festive et finalement aussi assez solitaire. Finalement, je sortais beaucoup, je voyais beaucoup de monde, mais je me sentais trĂšs seule.

  • Speaker #1

    Le classique.

  • Speaker #0

    C'est ça, exactement. Exactement, on a l'impression qu'il se passe beaucoup de choses. Finalement, il y a beaucoup de solitude derriÚre.

  • Speaker #1

    De solitude subie aussi.

  • Speaker #0

    De solitude subie complĂštement. ComplĂštement, oui. Donc c'est vrai que dans l'univers de la fĂȘte, je fumais, je prenais des drogues, que ce soit cocaĂŻne, beaucoup. Et puis j'avais beaucoup de... il y avait peu de stabilitĂ© finalement. J'avais beaucoup de relations amoureuses diffĂ©rentes, ça changeait rĂ©guliĂšrement. Je changeais de travail rĂ©guliĂšrement. Il n'y avait plus de stabilitĂ©. Et au bout d'un moment, j'ai eu envie de tout balayer et de commencer d'avoir un nouveau dĂ©part. Et je suis partie Ă  Londres. J'aimais beaucoup parler anglais. Je suis partie Ă  Londres, j'ai commencĂ© Ă  travailler lĂ -bas. J'Ă©tais trĂšs contente, mais finalement... L'ironie, c'est que je pensais qu'en changeant de pays, en recommençant Ă  zĂ©ro, tout allait recommencer. Sauf qu'en fait, ce que j'ai appris malgrĂ© moi, c'est que les soucis, on les amĂšne avec nous, peu importe oĂč on va. Et j'ai continuĂ© de la mĂȘme façon Ă  travailler, Ă  faire la fĂȘte, Ă  me droguer et Ă  ĂȘtre seule. En Ă©tant entourĂ©e, en ayant beaucoup de collĂšgues, en ayant des amis, etc. Mais j'Ă©tais trĂšs seule et je me suis beaucoup isolĂ©e finalement plus parce que je n'Ă©tais pas entourĂ©e de... De mon noyau d'amis, de mon noyau de famille, je me suis retrouvĂ©e vraiment isolĂ©e, je me suis mis dans des situations trĂšs compliquĂ©es. Jusqu'Ă  perdre pied finalement, oĂč je me suis fait vraiment happer par la drogue. Et j'en ai eu toutes les consĂ©quences derriĂšre.

  • Speaker #1

    Nous donner un exemple pour illustrer la situation ?

  • Speaker #0

    Bien sĂ»r. En fait, tout simplement, quand je travaillais Ă  Londres, j'ai eu tous les dĂ©bordements. De sortir avec des collĂšgues, faire la fĂȘte avec les collĂšgues et puis prendre de la drogue assez rapidement. Mais de me sentir trĂšs seule et de continuer la fĂȘte seule chez moi. Et de m'isoler comme ça et de lĂ  ne plus aller au travail Ă  rĂ©pĂ©tition. Avoir des avertissements, perdre son travail, perdre beaucoup de poids, perdre sa santĂ©, s'isoler. Et finalement, c'est devenu un enfer complĂštement. Je m'Ă©tais mise dans une relation qui Ă©tait assez toxique. Donc j'ai enchaĂźnĂ© en fait. Je me suis vraiment isolĂ©e, j'ai enchaĂźnĂ© les consĂ©quences.

  • Speaker #1

    Tu le cachais ça ?

  • Speaker #0

    Ah oui, oui, oui, je le cachais. Bien sĂ»r, je me suis isolĂ©e, je cachais. C'est vrai que quand ma famille m'appelait, tout allait bien. Et finalement, quand on s'expatrie, on se dit que les amis... À Paris, ils vont venir nous voir et finalement, non. Il y a peu de gens qui viennent, qui font les allers-retours. On se reconstruit une vie comme on peut. Mais je me suis vraiment isolĂ©e de la vie que j'avais Ă  Londres et de mon ancienne vie Ă  Paris. Donc j'ai vraiment perdu mon travail. Je m'Ă©tais mise dans une relation compliquĂ©e. Et finalement, j'ai dĂ» quitter cette relation. J'ai dĂ» quitter cet appartement que j'avais Ă  Londres, que je partageais avec cette personne. Et finalement, je me suis retrouvĂ©e avec mes deux valises Ă  Londres sans rien, au bout de trois ans. Donc, assez rapide. Et lĂ , en fait, j'ai eu une chance, c'est que cette personne avec qui j'avais partagĂ©, j'Ă©tais en relation, m'a parlĂ© de dĂ©pendance. Il avait ses problĂšmes de dĂ©pendance, mais en fait, ça faisait plusieurs annĂ©es qu'il Ă©tait en rĂ©tablissement, qu'il essayait d'arrĂȘter les drogues, la consommation et qu'il allait au narcotique anonyme. Donc, c'est des rĂ©unions de partage de dĂ©pendants.

  • Speaker #1

    Alors ça, tu le savais quand t'étais en relation avec lui ? Il était abstinent ?

  • Speaker #0

    Non, il n'était pas abstinent, il était en rechute. D'accord. Sauf que moi, je ne connaissais pas son histoire finalement, et que la chute s'est faite trÚs trÚs rapidement. On consommait ensemble ? On consommait ensemble, et ça va d'autant plus vite quand on est à deux.

  • Speaker #1

    Et toi, la démarche de... L'abstinence, du sevrage, de la rechute, tout ça, ça ne t'était pas encore familier du coup ?

  • Speaker #0

    Pas du tout.

  • Speaker #1

    Tu vivais ta vie ?

  • Speaker #0

    Moi, j'étais à mille lieux. J'avais compris que j'avais perdu pied complÚtement dans ma vie. Mais j'étais à mille lieux de me dire, je suis dépendante, j'ai un souci. Ce n'est pas moi le problÚme, c'est les autres.

  • Speaker #1

    Oui, tu Ă©tais encore dans la dynamique, il y a quelque chose de grisant Ă  consommer.

  • Speaker #0

    ComplĂštement.

  • Speaker #1

    C'est presque encore joyeux.

  • Speaker #0

    Alors non, c'Ă©tait plus joyeux.

  • Speaker #1

    LĂ , tu le savais que c'Ă©tait plus joyeux, Ă  ce moment-lĂ  ?

  • Speaker #0

    À ce moment-là...

  • Speaker #1

    Il y avait encore un peu de déni, il y avait un voile d'illusion ?

  • Speaker #0

    Il n'y avait pas de voile d'illusion, mais je pensais que je pouvais encore maßtriser. Le contrÎle. Le contrÎle, cette personne m'a dit, non, je pense que tu n'as pas de contrÎle, tu te fais croire que tu as eu le contrÎle. Et il m'a amenée à ma premiÚre réunion narcotique anonyme.

  • Speaker #1

    GĂ©nial.

  • Speaker #0

    On a arrĂȘtĂ© de consommer ensemble. Ça n'a pas marchĂ©.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui fait que ça n'a pas marché, tu crois ?

  • Speaker #0

    Parce que tout simplement, l'huile était en rechute et que moi, j'avais pas encore assez de recul et que je me sentais pas... Je sentais que ça allait mal. Je me sentais trÚs mal. J'avais honte, je me cachais. Mais j'étais dans un déni, en fait, clairement. Pourtant, j'avais des conséquences graves dans ma vie. Mais j'étais dans un déni du lien. de la dépendance. Et puis je me disais toujours, ça arrive aux autres et pas à moi. Et surtout, je me faisais une idée du dépendant. Je me faisais une idée du junkie, en fait.

  • Speaker #1

    Il ressemble Ă  quoi ? Il ressemble Ă  quoi dans ton...

  • Speaker #0

    Ah, pour moi, le junkie, il Ă©tait... Il consommait dans la rue et il Ă©tait prĂȘt Ă  tout. En fait, non. Je crois que ma premiĂšre rĂ©union en narcotique anonyme, quand bien mĂȘme j'Ă©tais encore dans le dĂ©ni, J'ai eu l'impression de tomber de haut, vraiment. C'est-Ă -dire que j'ai rencontrĂ© des gens comme monsieur et madame tout le monde en fait. De toute profession, de toute catĂ©gorie sociale. Des gens qui viennent de partout, des gens intelligents. Et qui... Je me souviens qu'Ă  ma premiĂšre rĂ©union, j'ai pas parlĂ© du tout, j'ai Ă©coutĂ©. Et j'ai entendu des gens parler de moi en fait. Je me suis clairement identifiĂ©e. Et ces personnes n'avaient mĂȘme pas besoin de parler de drogue pour parler de moi. Parler d'Ă©motions finalement, des Ă©motions que moi je cachais, toujours, que j'avais cachĂ©es derriĂšre la drogue, que j'avais cachĂ©es derriĂšre mes cigarettes, derriĂšre tous ces filtres. Et sans honte, sans peur, en me disant, en m'expliquant qu'il y avait une autre vie qui Ă©tait possible.

  • Speaker #1

    À cette pĂ©riode-lĂ , avec tout ce qui se mĂ©lange dans les consommations, les comportements, les Ă©motions qui dĂ©bordent, je te ramĂšne au thĂšme de la cigarette. Quel chasse prend la cigarette Ă  ce moment-lĂ  ? Parce que souvent, on se dit, il y a les drogues, il y a l'alcool, et il faut se sevrer tout ça s'il y a un excĂšs, et la cigarette, on verra aprĂšs. Comment c'est filĂ© Ă  cette pĂ©riode-lĂ  ?

  • Speaker #0

    C'est vrai que je te raconte un peu l'exploit long, parce qu'en fait, finalement, la cigarette, pour moi, c'était le dernier rempart. Effectivement, j'ai eu un travail long. Alors aujourd'hui, je peux dire, j'ai huit ans d'abstinence de toutes drogues confondues. Je suis revenue en France, je me suis reconstruite, j'ai continué à aller en réunion Narcotique Anonyme en France, à Paris.

  • Speaker #1

    Tu en as fait Ă  Londres ?

  • Speaker #0

    Alors j'en ai fait à Londres, j'ai eu beaucoup de rechutes à Londres, j'ai essayé de m'accrocher comme je pouvais.

  • Speaker #1

    Alors attends, parce que moi je m'en suis arrĂȘtĂ©e Ă , t'es avec tes valises au bout de trois ans devant l'appart que tu quittes,

  • Speaker #0

    et les mecs que tu quittes. Exactement.

  • Speaker #1

    Et lĂ  tu restes combien de temps Ă  Londres aprĂšs ?

  • Speaker #0

    Alors ça va durer huit mois à peu prÚs. En fait, j'ai mes deux valises et je ne sais pas quoi faire de moi, clairement, à ce moment-là. Et je vais aller en réunion narcotique anonyme.

  • Speaker #1

    Tous les...

  • Speaker #0

    En fait, c'est surtout que je vais y aller et je vais ĂȘtre accueillie lĂ -bas. C'est-Ă -dire que les gens m'ont dit ne t'inquiĂšte pour rien, on va te loger, on va t'aider, on va t'aider Ă  retrouver du travail quand tu pourras. Ils m'ont clairement sauvĂ© la vie. Je ne pensais pas que dĂ©jĂ  un ĂȘtre humain puisse se donner autant gratuitement. Je n'ai jamais vu ça. Et j'ai eu des mois oĂč je n'avais pas le choix. Je savais que c'Ă©tait lĂ  oĂč j'en Ă©tais Ă  ce moment-lĂ  de ma vie. Je savais que c'Ă©tait marche ou crĂšve un peu. Je n'avais pas le choix. Ce n'Ă©tait plus un choix. Je n'avais pas envie d'arrĂȘter au dĂ©but. Je n'avais pas du tout envie d'arrĂȘter les drogues. J'avais juste envie d'arrĂȘter d'avoir les consĂ©quences de tout ça. Mais j'ai bien compris que non, je ne pouvais pas me raconter cette histoire, que ça ne fonctionnait pas. Donc pendant des mois, tous les jours, j'allais en rĂ©union, j'ai Ă©tĂ© aidĂ©e. Mais au bout d'un moment, ça a eu ses limites parce que je n'Ă©tais plus en capacitĂ©, je n'Ă©tais pas en capacitĂ© de retravailler, de me reprendre un logement seule. Ça m'avait... J'avais eu trop de consĂ©quences, j'avais besoin de me reconstruire. J'avais besoin de stabilitĂ©, de sĂ©rĂ©nitĂ©.

  • Speaker #1

    À ce moment-là, tu fumes encore clope sur clope ? Tu fumes de temps en temps ? L'alcool, c'est comment ?

  • Speaker #0

    L'alcool, non. Mon dernier rempart, c'Ă©tait vraiment la cigarette. Je continuais Ă  fumer en Ă©tant abstinente de d'autres drogues.

  • Speaker #1

    Tout le monde fume aux narcotiques anonymes ?

  • Speaker #0

    Clairement pas.

  • Speaker #1

    C'est la projection que j'ai, donc déconstruis mon préjugé s'il te plaßt.

  • Speaker #0

    Pas du tout. Non, non. Non, il y a des fumeurs et des non fumeurs comme partout. Je dirais que les personnes qui ont un certain nombre d'années de clean font cette démarche. Et c'est la démarche que j'ai fait moi quelques années plus tard.

  • Speaker #1

    Le dernier rempart ?

  • Speaker #0

    Le dernier rempart, clairement. Donc je suis revenue à Paris, j'ai continué à aller en réunion narcotique anonyme à Paris.

  • Speaker #1

    Alors comment tu fais ? Tu débarques à Paris, tu te renseignes. Comment on fait ? On regarde sur Internet, il y en a dans chaque arrondissement de Paris.

  • Speaker #0

    Je savais du coup qu'il y en avait beaucoup Ă  Londres, on m'avait dit qu'il y en avait Ă  Paris. Alors je ne connaissais personne Ă  Paris qui Ă©tait dans cette dĂ©marche-lĂ . Et c'est vrai que j'avais un petit peu, je n'assumais pas encore complĂštement, enfin j'Ă©tais ok avec ma dĂ©marche, mais... À chaque fois que j'avais essayĂ© d'en parler Ă  des personnes pas dĂ©pendantes, je me heurtais un petit peu Ă  une vision que moi, je m'Ă©tais faite auparavant de la dĂ©pendance. Et j'ai vraiment compris que c'Ă©tait une dĂ©marche personnelle, individuelle, que je devais le faire pour moi et pas pour les autres.

  • Speaker #1

    Parce qu'en plus, c'est dur de devoir se justifier ou d'avoir le regard atterré des gens qui amplifient cette situation et qui disent Oh mon Dieu ! Parce que... Effectivement, comme ce n'est pas suffisamment démocratisé, encore que ces derniÚres années, ça évolue beaucoup, beaucoup et assez rapidement. Mais effectivement, inconsciemment, on a un regard trÚs négatif de ce genre d'endroit.

  • Speaker #0

    On se fait des a priori et c'est assez naturel finalement. Je suis revenue Ă  Paris, je suis revenue chez mes parents et c'est vrai que ça a Ă©tĂ© mĂȘme tout de suite la rĂ©action de mes parents. Moi, je leur ai dit effectivement, il faut que je continue cette thĂ©rapie, cette dĂ©marche. Je vais me renseigner, je vais aller en rĂ©union Ă  Paris. Et c'est vrai que ma mĂšre me disait Mais t'as encore besoin de ça, de voir ces personnes ? T'en es encore lĂ  ? Et c'est vrai que c'est lĂ  que je me suis dit J'ai besoin de quitter le noyau familial, faire mon propre chemin. Je suis allĂ©e en rĂ©union Ă  Paris et j'ai eu la mĂȘme dĂ©marche qu'Ă  Londres. C'est-Ă -dire que je suis allĂ©e en rĂ©union Narcotic Anonyme. Je leur ai expliquĂ© mon parcours jusque-lĂ , au sein de l'association. Et c'est vrai que j'ai Ă©tĂ© aidĂ©e tout de suite, pareil. J'ai trouvĂ© un logement et j'ai commencĂ© Ă  y aller tous les jours, Ă  faire partie de l'association, parce que c'est une association du coup qui est tenue par des dĂ©pendants en rĂ©tablissement, qui ouvre diffĂ©rentes rĂ©unions Ă  Paris. Alors il y en a Ă  Paris, il y en a en banlieue, il y en a en province aussi. Il y en a tous les jours. Et c'est vrai que moi au dĂ©but, effectivement, j'ai regardĂ© sur le site Narcotique Anonyme et j'ai Ă©tĂ© en rĂ©union. C'est vrai que ma premiĂšre rĂ©union Ă  Paris, il fallait que je rencontre les gens, que je me rapproche des gens, que je trouve une nouvelle marraine. On est soutenu par un parrain ou une marraine, une personne qui est en rĂ©tablissement comme nous depuis quelques annĂ©es et qui va nous guider, qui va nous soutenir dans notre travail de rĂ©tablissement.

  • Speaker #1

    Le lien humain, c'est essentiel.

  • Speaker #0

    C'est obligatoire. Oui, oui, c'est obligatoire. On sort de cet isolement pour aller se confronter directement, ĂȘtre en lien directement. On a besoin d'ĂȘtre en lien les uns les autres.

  • Speaker #1

    J'avais envie de participer, tu vas me dire, il me semble qu'au Narcotique Anonyme, il y a mĂȘme des gens qui ne consomment pas ou qui ne sont pas dans cette dĂ©marche-lĂ , mais qui sont en contact, plus ou moins proches, avec des gens qui sont... soit sous l'emprise de la drogue, soit en sevrage ou en rechute, etc. Et parce que moi, ça m'intĂ©ressait, j'Ă©tais en lien intime avec plusieurs personnes qui Ă©taient dĂ©pendantes et j'aurais voulu mieux comprendre et je me suis dit, est-ce qu'on peut facilement venir ?

  • Speaker #0

    Alors, il y a des réunions qui sont ouvertes aux personnes extérieures, c'est-à-dire non-dépendantes, d'autres non. Mais on peut absolument venir en réunion Narcotic Anonyme, écouter tout simplement. sans prendre la parole, comprendre comment ça se passe, discuter aprÚs la réunion avec différents dépendants en rétablissement et se renseigner. C'est vrai que ce n'est pas toujours facile, je pense, pour les personnes qui soutiennent des gens qui sont dans la dépendance, qui ont du mal à s'en sortir et qui, effectivement, il faut comprendre aussi un peu dédiaboliser l'image qu'on se fait des choses.

  • Speaker #1

    C'est ce que j'essaye de faire aussi à travers mon podcast, dédiaboliser et rendre ça plus fun, plus accessible, plus normal. Et d'une part pour ouvrir les yeux à ceux qui ne sont pas du tout en contact avec ça, parce qu'il y en a qui n'ont jamais fumé, ou ceux que j'appelle les faux fumeurs qui ne traversent pas le sevrage que moi j'ai traversé à mon échelle, et qui trouvent ça complÚtement lunaire. Ceux qui sont encore dans le conseil de mec, un peu de volonté, c'est bon quoi

  • Speaker #0

    Oui, oui, un peu de volonté.

  • Speaker #1

    Du coup, tu sais avec ceux-lĂ  que tu ne peux pas discuter, et qu'ils sont plein de bonnes volontĂ©s, eux, pour t'aider, alors que ça va ĂȘtre les pires soutiens. dans les dĂ©marches.

  • Speaker #0

    La bonne volontĂ©, c'est bien, mais ça ne suffit pas. Pour moi, le fait d'aller en rĂ©union et d'y aller rĂ©guliĂšrement, j'Ă©tais en douceur et je n'Ă©tais jamais seule. C'est vraiment ce qui m'a permis d'y arriver. C'est l'entraide d'un dĂ©pendant Ă  un autre, la comprĂ©hension qu'on a. J'ai appris Ă  parler de mes Ă©motions, Ă  parler de moi. Ne plus en avoir honte. C'est OK, chacun son rythme, chacun ressent ce qu'il ressent. Au bout de quelques annĂ©es, j'ai commencĂ© une thĂ©rapie en parallĂšle. Je suis restĂ©e quatre ans en thĂ©rapie. Alors, pendant toutes ces annĂ©es, toutes les semaines, et puis aprĂšs, toutes les deux semaines Ă  peu prĂšs. Et je continuais en rĂ©union Narcotic Anonyme. AprĂšs rĂ©union Narcotic Anonyme, j'y allais au dĂ©part quelque part juste pour moi. Et aprĂšs, j'y allais un peu dans une dĂ©marche de retransmettre ce qu'on m'avait donnĂ© gratuitement. Et de garder le lien, de continuer, moi aussi, de me rĂ©tablir comme ça. Ça donne du sens aux dĂ©marches, Ă  son rĂ©tablissement.

  • Speaker #1

    Comme des piqûres de rappel aussi.

  • Speaker #0

    ComplĂštement.

  • Speaker #1

    Se rappeler qu'il faut avoir l'humilité de se dire que c'est jamais vraiment derriÚre soi.

  • Speaker #0

    ComplĂštement, en fait. Parce qu'on a beau reconstruire, on a beau ĂȘtre client, reconstruire, renouer des liens, crĂ©er de nouvelles choses dans sa vie, la dĂ©pendance, elle est toujours lĂ . Elle sera toujours lĂ . On a besoin de se rappeler, en fait, d'oĂč on vient. On oublie vite ce qui s'est passĂ©. Et pourtant, ça nous a fait mal, ça nous a torturĂ©s. Mais on oublie. On oublie que... De la mĂȘme façon, quand on arrĂȘte de fumer Ă  cigarette, on se dit, bon, c'est juste une, ça fait longtemps. J'ai les narcotiques anonymes. On dit, une, c'est trop, une mille, jamais suffisant.

  • Speaker #1

    Jacques, dans son épisode, il voulait te citer... disant cette phrase, c'était pas clair la maniÚre dont il l'avait formulée. Il dit, ah, il faut demander à Sandy.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux nous la redire ?

  • Speaker #0

    Effectivement. Alors, chez les narcotiques anonymes, on dit, une fois c'est trop et mille fois jamais suffisant. Et ce qui veut dire qu'on reste dĂ©pendant, on ne maĂźtrise pas. MĂȘme si on se dit, bon, je le fais une fois, c'est pas grave, je suis dans un environnement particulier, je fais la fĂȘte, je profite, je m'autorise une fois. Sauf qu'en fait, non, on est dĂ©pendant. Donc une fois, c'est dĂ©jĂ  trop. On sait qu'une fois, c'est le dĂ©but de mille fois qui suivent. Et on ne peut plus se mentir, on le sait. À partir du moment oĂč on commence Ă  ĂȘtre clean, en rĂ©tablissement, Ă  travailler sur soi, on ne peut plus se mentir. Ça devient difficile.

  • Speaker #1

    J'ai quand mĂȘme la projection que ce genre d'endroit n'est pas dĂ©nuĂ© d'humour.

  • Speaker #0

    Au contraire.

  • Speaker #1

    Je vois bien, l'humour ça peut tellement ĂȘtre libĂ©rateur et ça peut tacler dans tous les sens.

  • Speaker #0

    Ah oui, complĂštement, complĂštement. C'est vrai qu'une personne non-dĂ©pendante qui vient en rĂ©union pourrait ĂȘtre assez choquĂ©e pour puisse avoir un humour parfois trĂšs noir. effectivement mais il faut y mettre aussi tout ça en fait il faut y mettre de l'humour il faut y mettre parce que c'est vrai en fait il se passe des choses improbables et aprĂšs la reconstruction j'Ă©tais dans cette phase oĂč ça y est maintenant je peux m'autoriser vraiment ĂȘtre qui je suis sans filtre et Ă  vraiment me faire du bien dans tous les aspects de ma vie c'est vrai que je m'Ă©tais remis j'avais une autre approche de mon corps de l'esprit mais aussi du corps, je faisais plus de sport. Et en fait je pense que dans cette dĂ©marche de me faire du bien, ce dernier rempart... De me dire, je suis bien, je fais du sport, je mange sainement, je continue Ă  fumer. C'est quoi le sens ? C'est quoi le sens derriĂšre ? Je fais tout ça pour finalement continuer Ă  remplir mes poumons de toutes ces mauvaises choses. Ça n'avait pas de sens.

  • Speaker #1

    Alors comment tu justifiais de continuer de fumer malgré ça ? Parce que rationnellement, intellectuellement, tu le sais. Mais qu'est-ce que tu te racontais comme histoire pour dire, oui non mais ça va ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'Ă©tait juste une habitude, en fait.

  • Speaker #1

    Ah ouais ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'Ă©tait juste une habitude. Et puis, un des derniers remparts de la dĂ©pendance, c'est quand mĂȘme de la nicotine. C'est pas rien, en fait. Ça modifie quand mĂȘme le corps. Ça modifie quand mĂȘme ce qu'on ressent. MĂȘme si on a l'impression que c'est juste une cigarette. Non, c'est pas juste une cigarette. Je pense que j'avais beaucoup avancĂ©, mais que j'Ă©tais peut-ĂȘtre pas encore prĂȘte. Je pense que ça a fait son chemin un peu tout seul. Vraiment cette dĂ©marche, comme je te disais, de prendre soin de soi. Qu'au bout d'un moment, ce dernier rempart qui ne me faisait pas du bien n'avait plus de sens. J'Ă©tais dans un moment de ma vie oĂč il fallait que les choses aient du sens, en fait. J'avais besoin d'ĂȘtre honnĂȘte vis-Ă -vis de moi-mĂȘme. Quelle version de moi-mĂȘme j'ai envie d'ĂȘtre ? Je ne suis pas obligĂ©e d'ĂȘtre fumeuse, je n'en ai pas besoin finalement. Parce que j'en ai besoin. Pourquoi je fume ? Je fume parce que, par habitude, je peux en crĂ©er d'autres. Puis, est-ce que j'ai envie d'ĂȘtre cette identitĂ© de fumeuse ? Finalement, je regardais un peu les fumeurs autour de moi et je me disais, ça n'a plus d'attrait, en fait. De la mĂȘme façon que je voyais les gens consommer de l'alcool ou d'autres drogues, tout ça n'avait plus d'attrait, vraiment. Et alors, je ne vais pas dire que ça s'est fait du jour au lendemain. Je mettais des patchs au dĂ©but, c'Ă©tait il y a quatre ans. Et donc, j'ai commencĂ© par les... patchs.

  • Speaker #1

    Tu recommandes ?

  • Speaker #0

    Ça aide. AprĂšs, je pense que l'arrĂȘt de la cigarette, il n'y a pas une façon de faire. Je pense qu'il faut trouver celle qui nous convient. Moi, au dĂ©but, j'ai mis des patchs. C'est ce qui me semblait le plus simple. En fait, je mettais de moins en moins de patchs. Et un jour, je n'en ai pas mis. J'ai eu une journĂ©e trĂšs stressante. J'ai couru Ă  la pharmacie pour demander des nicorettes. Je me suis dit, il me faut quelque chose de rapide qui me... qui me dĂ©tendent ou je sais pas ce que je m'Ă©tais racontĂ©. J'ai pris une icorette et je pense qu'elle Ă©tait trĂšs trĂšs forte. J'ai eu une impression de m'Ă©touffer. Je me sentais mal, ça me donnait la nausĂ©e. Et je me suis dit, ah non, pas du tout, une icorette, je n'en veux pas. Et bizarrement, aprĂšs cette icorette, dĂšs que je sentais quelqu'un fumer, ça me dĂ©goĂ»tait. MĂȘme je voyais quelqu'un sur le mĂȘme trottoir que moi qui fumait. J'Ă©tais obligĂ©e de changer de trottoir, ça me dĂ©goĂ»tait vraiment, j'avais ce dĂ©goĂ»t. Et je me suis dit, ça y est, c'est fini.

  • Speaker #1

    Trop bien, hyper pratique d'avoir cette sensation-lĂ .

  • Speaker #0

    Ouais, c'est fini. Et j'ai arrĂȘtĂ© de fumer pendant deux ans. Sauf que...

  • Speaker #1

    Oh merde !

  • Speaker #0

    Eh oui ! Ah putain de merde ! Et c'est lĂ  oĂč vraiment je dis, on reste dĂ©pendant et attachĂ© Ă  tout ça. Et c'est ancrĂ©, c'est fou comme c'est ancrĂ© dans la tĂȘte. On oublie trĂšs trĂšs vite, en fait, qu'est-ce qui s'est passĂ©, comment j'ai repris au travail, tout simplement. Une journĂ©e un peu fatigante, une journĂ©e un peu longue, des moments longs, des collĂšgues qui fument beaucoup. Et puis un jour, je ne sais pas, je me suis dit, bon, je vais juste en prendre une. Oh,

  • Speaker #1

    tu t'es fait happer par le juste une ?

  • Speaker #0

    Ouais, alors que ça faisait deux ans.

  • Speaker #1

    Incroyable.

  • Speaker #0

    Et... Nul, hein. Je me suis sentie nulle.

  • Speaker #1

    Tu le savais au fond de toi que le juste une s'était risqué ?

  • Speaker #0

    Alors je le savais, mais je pense que j'Ă©tais complĂštement dans le dĂ©ni parce que j'Ă©tais dans une pĂ©riode oĂč j'avais repris un quotidien, j'avais repris le travail, j'avais construit une nouvelle vie et j'avais oubliĂ©. En fait, Ă  ce moment-lĂ , je n'allais plus aux narcotiques anonymes. J'avais fini ma thĂ©rapie, j'avais repris une vie entre guillemets normale. Tout se passait bien. Et quand tout se passe bien, l'incompte, si on peut se dire, c'est OK, en fait, c'est bon, je suis guĂ©rie.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il n'y a pas de l'autosabotage ? Une maniÚre de se tester ou de créer de l'intensité dans cette économité qu'on peut trouver ennuyeuse ?

  • Speaker #0

    Je me sabotais complÚtement, de toute façon, parce que je voyais que je travaillais beaucoup, mais je ne m'écoutais plus, je prenais moins soin de moi. Je faisais moins de sport, je travaillais plus, je prenais moins le temps de prendre soin de moi. de prendre soin de mon corps, de voir les gens autour de moi. Donc en fait, je pense que clairement, l'environnement est important pour moi. Le fait de prendre soin de moi est important. Et que je me suis fait l'illusion qu'en fait, j'allais reconstruire des choses et que tout allait bien. Et que j'avais tellement travaillé sur moi que...

  • Speaker #1

    Est-ce que quand tu en es arrivée à je vais en prendre juste une en disant c'était une journée un peu fatigante, un peu longue est-ce que ça ne faisait pas plusieurs jours que tu y pensais ? Clairement. Est-ce que tu es vraiment arrivée sans qu'on s'y attende, sans qu'il y ait un truc qui se trame ?

  • Speaker #0

    En fait, le truc qui se trame, c'est que tout simplement, je prenais de moins en moins soin de moi. Je mangeais de plus en plus mal, je travaillais de plus en plus, j'Ă©tais fatiguĂ©e. En fait, c'est des petits signaux qui donnent des alertes, tout simplement. Moins bien dormir, moins bien se nourrir, ĂȘtre fatiguĂ©e, ĂȘtre plus stressĂ©e.

  • Speaker #1

    Alors avec le recul, qu'est-ce que tu pourrais conseiller à cette Sandi qui a recréqué au bout de deux ans ? Si t'avais su, comment t'aurais fait autrement ?

  • Speaker #0

    En fait, je pense que j'avais besoin d'un petit rappel, en fait. C'est difficile comme question. Qu'est-ce que j'aurais pu faire ? En fait, rester en lien, vraiment. Rester en lien parce que les gens autour de nous, les gens qui nous veulent du bien autour de nous, je pense, que ce soit la famille, les amis proches ou les rĂ©unions narcotiques anonymes, clairement, c'est des rappels, en fait. À partir du moment oĂč on s'isole, On peut avoir la bonne volontĂ©, mais on peut la perdre aussi rapidement. On peut ĂȘtre trĂšs motivĂ© pour commencer quelque chose, mais pour tenir sur la longueur, il faut avoir des rappels.

  • Speaker #1

    C'est quoi concrĂštement qui aurait pu t'aider ?

  • Speaker #0

    Confronter mon déni. Moi, j'aurais pu, à ce moment-là, je me disais sûrement, Juste une cigarette, c'est OK. Mais j'aurais été encore en lien à ce moment-là, on m'aurait dit, Mais une, c'est trop, et jamais suffisant.

  • Speaker #1

    peux raconter une histoire mais tu sais comment ça se passe la dépendance donc l'option tu avais dit ça si tu avais été entouré avec les gens qui te connaissent et qui te veulent du bien il aurait dit ça au bon moment tu aurais su l'entendre clairement en fait c'est pas que j'aurais su l'entendre si je le savais je le savais mais c'est

  • Speaker #0

    juste que Ă  un moment donnĂ© je me suis pas vu je me suis laissĂ© Ă  paix en fait je me suis laissĂ© Ă  paix et c'est vrai que J'ai Ă©tĂ© moins dans cette dĂ©marche de travailler sur moi, de prendre soin de moi. Tout simplement, c'est vraiment une question d'environnement. Pour moi, finalement, je me rends compte que mon environnement est primordial. Me sentir bien dans mon travail, me sentir bien entourĂ©e, me sentir bien aussi Ă  l'endroit oĂč je vis. Tout ça, c'est trĂšs important. Parce que sinon, effectivement, je peux me faire happer. On est fumeur Ă  vie, pour moi. On est dĂ©pendant aussi Ă  vie. C'est juste qu'on apprend Ă  vivre autrement.

  • Speaker #1

    Et tu as juste une. Elle a été seule combien de temps ? C'est-à-dire qu'elle est arrivée au bout de combien de temps, la deuxiÚme ? La troisiÚme ? Et le rythme habituel ?

  • Speaker #0

    Alors, lĂ  oĂč je vois que je... Je me mentais, mais j'Ă©tais consciente. C'est-Ă -dire qu'aprĂšs cette cigarette que j'avais prise au travail, pas refumĂ© tout de suite. Mais Ă  un moment donnĂ©, j'ai eu envie de refumer. Et je suis allĂ©e dans un tabac. Je me souviens trĂšs bien. Et je suis arrivĂ©e au tabac et lĂ , j'ai pris un paquet de chewing-gum Ă  la place d'un paquet de cigarette. Je suis arrivĂ©e au comptoir et lĂ , je me suis dit Mais non, mais qu'est-ce que tu fais ? Non, prends un paquet de chewing-gum. J'ai pris un paquet de chewing-gum et quelques jours plus tard, j'ai craquĂ©. J'ai achetĂ© le paquet de cigarettes. Mais je savais, finalement. Sauf que, bah... Une fois que j'avais achetĂ© le paquet, bah... Je suis repartie dedans.

  • Speaker #1

    C'est ouf, ce truc de sentir qu'une fois qu'on a rachetĂ© un paquet, il y a le foutu pour foutu. C'est trĂšs, trĂšs rare, les gens qui tĂ©moignent de... J'ai achetĂ© un paquet, et puis aprĂšs, j'ai re-arrĂȘtĂ©. Enfin, ce genre de dĂ©rapage... Non, une fois qu'on achĂšte le paquet, on signe. On est OK pour signer de... Bon, allez, on reprend. Bah,

  • Speaker #0

    rien ne nous en rend... enfin je veux dire ça ne nous empĂȘche de m'a pourtant si l'addiction qui reprend le pouvoir ou alors quoi il aurait fallu non je veux dire personne ne nous empĂȘche de d'en racheter ah oui on n'est pas confrontĂ© on devrait tu sais comme dans les casinos oĂč on peut interdire Ă  d'entrer Ă  l'entrĂ©e est ce que vous ĂȘtes humeur est ce que vous ĂȘtes non plus mais est-ce que vous essayez d'arrĂȘter bon alors vous ne rentrez pas mais ce serait bien

  • Speaker #1

    MĂȘme si on peut se faire acheter des clubs par d'autres gens, mais c'est quand mĂȘme une dĂ©marche supplĂ©mentaire.

  • Speaker #0

    Non, on sait trĂšs bien que si on a envie, de toute façon, on trouvera toujours un moyen. Moi, pendant un moment, j'Ă©tais dans ce dĂ©ni de me dire, j'en rachĂšte pas, mais bon, j'en prends une Ă  droite, une Ă  gauche. Mais j'en rachĂšte pas. Mais j'essaye d'arrĂȘter. Je suis non fumeuse.

  • Speaker #1

    Alors attends, j'en suis Ă ... Tu rechutes au bout de deux ans. Ça, c'Ă©tait il y a combien de temps ?

  • Speaker #0

    C'Ă©tait il y a deux ans Ă  peu prĂšs.

  • Speaker #1

    Ok. Tu rechutes et donc tu refumes comme en 40 ?

  • Speaker #0

    Oui. Peut-ĂȘtre moins quand mĂȘme. Peut-ĂȘtre moins. Mais je fumais toujours, mais un peu moins. Mais c'est pas une question de quantitĂ© finalement. Non.

  • Speaker #1

    J'imagine que... aux narcotiques anonymes, on ne parle pas forcément de quantité. En tout cas, dans tous les livres que j'ai lus sur les addictions, sur l'analyse de ça, c'est pas la quantité qui compte, c'est ton rapport au produit, au comportement. Alors bien sûr, la quantité peut jouer, évidemment. Mais c'est pas ça le sujet.

  • Speaker #0

    Non, pas du tout. En fait, c'est mĂȘme pas une question de produit, c'est pas une question de quantitĂ©, c'est mĂȘme pas une question de frĂ©quence. Et c'est vrai que ça m'avait rassurĂ©e quand j'ai commencĂ© les rĂ©unions, parce que euh... On va justifier notre statut dĂ©pendant Ă  la quantitĂ© ou aux produits qu'on va consommer, alors que non, ça a des consĂ©quences dans nos vies. Et c'est tout, en fait. Et alors,

  • Speaker #1

    du coup, il y a deux ans, tu refumes comme en 40. Qu'est-ce qui se passe ?

  • Speaker #0

    Je savais inconsciemment que je ne voulais plus ĂȘtre fumeuse. En fait, je le savais mĂȘme inconsciemment. Je ne souhaitais plus ĂȘtre fumeuse. Je le savais.

  • Speaker #1

    Tu voulais te reconnecter Ă  la Sandi qui a arrĂȘtĂ© de fumer pendant deux ans, qui avait l'air en paix avec ça.

  • Speaker #0

    Je ne voulais plus ĂȘtre esclave, je voulais ĂȘtre libre, ĂȘtre moi-mĂȘme, ne plus avoir ce filtre, ne plus avoir cette dĂ©marche de fumeuse. Ça ne me convenait plus en fait, ça me collait Ă  la peau, mais c'Ă©tait un mauvais costume, ça ne me convenait pas, ce n'Ă©tait pas moi.

  • Speaker #1

    Tu avais retrouvé ta vraie identité.

  • Speaker #0

    En fait, c'est surtout que je l'avais trouvĂ©e quand je suis devenue abstinente de tout, de drogue, etc., de cigarettes. Je m'Ă©tais trouvĂ©e vraiment moi-mĂȘme. Et Ă  partir du moment oĂč je m'Ă©tais connectĂ©e Ă  ça, mĂȘme si j'avais par la suite repris la cigarette, je savais que cette sandile-lĂ , elle existe. Je n'avais pas envie de me gĂącher, en fait. Je n'avais plus envie de me mentir. Je savais que ce n'Ă©tait pas possible, que ce n'Ă©tait pas moi.

  • Speaker #1

    Et en plus, tu as connu pendant deux ans ce qu'Ă©tait ĂȘtre non-fumeuse. Et donc ça te donnait envie, tu savais que tu avais pu expĂ©rimenter la vraie libertĂ©.

  • Speaker #0

    La vraie libertĂ©, ne plus me poser de questions, de savoir est-ce que j'ai une cigarette ou pas, quand je pars Ă  droite ou Ă  gauche, est-ce qu'il me reste suffisamment de monnaie quand je veux faire mes courses pour aller me prendre un paquet en mĂȘme temps. J'Ă©tais libre, oui une charge mentale complĂštement, mais j'Ă©tais libre. Et puis mĂȘme si j'Ă©tais fumeuse... Quand j'ai repris la cigarette, je continuais quand mĂȘme Ă  prendre soin de moi. Je fume encore, mais je prends soin de moi. Je fume, mais je vais quand mĂȘme courir trois fois par semaine. Sauf que je respire moins bien que quand j'Ă©tais non fumeuse. Donc Ă  un moment donnĂ©, je ne peux pas me mentir. Je vais face Ă  moi-mĂȘme et je sais que ça ne me convient pas. Je sais que ce n'est pas moi, je sais que ce n'est pas ce que j'ai envie d'ĂȘtre.

  • Speaker #1

    Alors, qu'est-ce que tu mets en place ?

  • Speaker #0

    J'essaie de moins fumer. En fait, j'essaie de me raconter encore une histoire. C'est difficile d'arrĂȘter du jour au lendemain. Les personnes qui me disent moi, j'ai arrĂȘtĂ© du jour au lendemain alors je ne dis pas que ça n'existe pas, pour certains, ça va peut-ĂȘtre fonctionner, ce n'est pas mon histoire. Et d'un cĂŽtĂ©, je me dis que je me racontais des histoires et que j'Ă©tais encore dans le dĂ©ni, que... J'ai arrĂȘtĂ©, mais par intermittence. D'un cĂŽtĂ©, je me dis, c'est OK, en fait. Je peux amener un peu de douceur, en fait, Ă  tout ça. J'ai vraiment cette volontĂ© au fond de moi. J'ai vraiment envie de m'en dĂ©barrasser. C'est pas facile. C'est OK. Faut que je continue Ă  faire ce qu'il faut, et au bout d'un moment, ça va fonctionner. Il faut que je nourrisse, en fait, cette envie d'arrĂȘter. En prenant soin de moi, de nouveau. En fait, j'ai appris beaucoup de choses au sein de Narcotique Anonyme. Je savais que pour arrĂȘter de fumer aussi, il fallait que je m'Ă©loigne des fumeurs.

  • Speaker #1

    Au moins un temps ?

  • Speaker #0

    Au moins un temps. Au moins un temps parce qu'aujourd'hui, quand je sens quelqu'un fumer Ă  cĂŽtĂ© de moi, ça me dĂ©rangeait. Quand j'ai commencĂ© Ă  arrĂȘter de fumer, ça ne me dĂ©rangeait pas. Et c'est ce truc justement de ça ne me dĂ©range pas, donc c'est encore assez prĂšs de moi. Trop prĂšs. Un peu dangereux encore. Donc j'avais besoin de me couper de ça. Jusqu'Ă  ce que ça ne me convienne vraiment plus. Et puis c'est facile de rechuter, d'en reprendre une. Tellement facile. Quelques secondes. Donc il fallait que je m'Ă©loigne de tout. Donc vraiment changer. Et c'est vraiment ça, c'est changer d'environnement. s'entourer de personnes qui nous font du bien, de gens qui nous amĂšnent vers des bonnes choses, qui nous tirent vers le haut, qui sont dans une dĂ©marche de prendre soin d'eux aussi. C'Ă©tait vraiment ça. AprĂšs, malgrĂ© ça, il y a des jours oĂč je fumais, des jours oĂč je fumais pas. Et il y a un peu moins de deux ans, j'ai rencontrĂ© Jacques et des amis en commun. On est partis en Corse, on s'est rencontrĂ©s comme ça. Et lui, il fumait. Moi, je fumais un jour sur deux. Et on a commencĂ© notre relation et j'ai refumĂ© complĂštement. Ce truc, comme je disais au dĂ©but, que soit il y a deux non-fumeurs, soit il y a deux ex-fumeurs. Mais il n'y a pas un fumeur et un ex-fumeur. C'est compliquĂ©. Et puis, Ă  un moment donnĂ©, je lui ai dit, moi, je vais arrĂȘter de fumer, en fait. Et puis... Je veux arrĂȘter de fumer, puis Jacques avait des problĂšmes de respiration, d'asthme, de souffle. Et je crois que je voyais aussi la gravitĂ©, les consĂ©quences aussi directes. Parce que autant, moi j'ai pas eu, j'ai de la chance, trop de consĂ©quences au niveau de ma respiration, mais lui je l'ai vu directement, je voyais les consĂ©quences directement, et je me disais mais en fait non, j'ai rencontrĂ© l'homme de ma vie. J'ai reconnu des choses dans ma vie. J'ai pas envie de continuer Ă  me dĂ©truire, j'ai envie qu'on profite en fait, j'ai envie de vivre, j'ai envie qu'on vive Ă  deux, bien, le mieux possible en tout cas. Donc on a dĂ©cidĂ© d'arrĂȘter tous les deux, on s'est achetĂ© des cigarettes Ă©lectroniques, et c'est vrai qu'avec de la nicotine toujours, moi je me disais que c'Ă©tait mieux, la cigarette Ă©lectronique, la cigarette, mais aprĂšs on garde des habitudes, on garde des habitudes de... Toujours l'avoir en main, toujours avoir un peu de nicotine. Il y a un peu ce truc d'avoir un petit doudou, toujours avec soi, d'ĂȘtre rassurĂ©e. Et puis on prenait un peu la cigarette de temps en temps, et puis de nouveau la cigarette Ă©lectronique, etc. Et puis depuis quelques temps, lĂ , moi j'ai arrĂȘtĂ© complĂštement tout. Ça va faire un mois Ă  peu prĂšs. Comment ça s'est passĂ© ? Tout simplement, je devais me faire opĂ©rer. Je devais avoir une opĂ©ration et on m'avait dit pour l'opĂ©ration il faut que... Il ne faut plus que tu fumes. Il ne faut plus que tu fumes du tout, pas de nicotine, rien du tout. Cette opĂ©ration, elle Ă©tait importante pour moi, donc je voulais faire correctement les choses. Et du coup, je n'ai mĂȘme pas eu de difficultĂ© Ă  arrĂȘter Ă  ce moment-lĂ . Parce que je voulais me faire du bien et j'avais envie de faire les choses correctement, je n'avais pas envie de me gĂącher. Donc j'ai arrĂȘtĂ© complĂštement et on m'a dit aprĂšs l'opĂ©ration il faudra encore ĂȘtre non fumeuse pendant un certain temps.

  • Speaker #1

    Tu aurais pu le dire pour toute la vie, te faire la suggestion.

  • Speaker #0

    Et non mais en fait je me suis dit mais effectivement là j'ai tenu déjà depuis deux semaines et puis là je suis dans la troisiÚme semaine, j'en ressens plus le besoin finalement. Donc profitons-en, ne reprenons pas.

  • Speaker #1

    En janvier, moi, j'avais eu l'information qu'autour de janvier, vous aviez dĂ©cidĂ© d'arrĂȘter ensemble.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Donc, il y a eu des dĂ©rapages, des rechutes, des reprises, des arrĂȘts.

  • Speaker #0

    ComplĂštement.

  • Speaker #1

    On fume un paquet par jour ou c'Ă©tait juste une par-ci, une par-lĂ  ?

  • Speaker #0

    Alors, c'Ă©tait une par-ci, une par-lĂ . Ça a Ă©tĂ© aussi, on n'en achĂšte pas, mais Ă  chaque fois qu'on sort, on en prend une Ă  droite, Ă  gauche. Je vais mĂȘme aller jusqu'Ă  avouer de... J'en garde une sur le... coudes et je la mets dans un coin Ă  la maison au cas oĂč un jour on sait pas elle a Ă©tĂ© fumĂ©e elle a Ă©tĂ© fumĂ©e bien Ă©videmment bien Ă©videmment mais non c'est fini ça c'est inutile et non lĂ  je suis plus du tout dans cette dĂ©marche lĂ  pour moi du coup ça fait quasiment un mois j'en ressens pas du tout besoin j'ai pas repris non plus la cigarette Ă©lectronique

  • Speaker #1

    Waouh, gĂ©nial ! Tu n'en sens pas le besoin, mais toi-mĂȘme, tu sais que ça peut revenir, que ça va revenir. Ça fait partie des cycles. Donc, tu sais comment tu vas gĂ©rer ça quand l'envie va revenir ?

  • Speaker #0

    Je sais ce qu'il faut mettre en place.

  • Speaker #1

    Et tu l'as mis en place ?

  • Speaker #0

    Alors, pour l'instant, je n'ai pas eu le besoin de mettre les choses en place. HonnĂȘtement, je pense qu'il ne faut pas attendre d'avoir besoin pour mettre les choses en place.

  • Speaker #1

    Ok, donc, c'est quoi la prochaine Ă©tape ?

  • Speaker #0

    Remettre de bonnes choses, de meilleures choses dans mon environnement. C'est vrai que je te disais en arrivant que... Je faisais moins de sport qu'avant, alors que c'est quelque chose que j'aime. Il faut que je remette des habitudes dans ce sens-lĂ , parce que ça me fait du bien. Et plus on se fait du bien, et moins on a envie de se faire de mal. tout simplement. C'est la logique des choses pour moi et alors ça peut ĂȘtre ça, ça peut ĂȘtre aussi le fait de partager ma dĂ©marche. Ne pas faut pas que ce soit un secret. MĂȘme si je le fais pour moi, le fait de le dĂ©clarer c'est lactĂ©. C'est Ă  dire que si je dis Ă  ma famille ou Ă  mes amis c'est non je suis non fumeuse, si Ă  un moment donnĂ© j'ai Une petite faiblesse, entre guillemets. Autour de moi, on me dit, Mais dis donc, tu faisais pas la dĂ©marche d'arrĂȘter ?

  • Speaker #1

    Ça, qu'on te fasse ce genre de remarques, ça t'aide ?

  • Speaker #0

    Bien sĂ»r que ça aide. Être confrontĂ©e, bien sĂ»r. Ça aide. Et puis, rester en lien, en fait. Rester en lien, rester, se faire du bien. Toutes ces choses, pour moi, c'est vraiment important. Et avouer, en fait, ĂȘtre honnĂȘte. Chez les narcotiques anonymes, ils ont ces... C'est valeur d'honnĂȘtetĂ©, ouverture d'esprit, bonne volontĂ©. C'est ce qu'on dit. L'honnĂȘtetĂ© de ma dĂ©marche. D'ĂȘtre honnĂȘte que si j'ai envie d'une cigarette, je le dis. J'ai envie d'une cigarette. C'est OK. Je ne suis pas obligĂ©e d'agir par la suite. Juste j'ai envie, ça va passer.

  • Speaker #1

    Le nommer, c'est montrer Ă  soi-mĂȘme qu'on n'est pas dans le dĂ©ni.

  • Speaker #0

    ComplĂštement. C'est ne plus se mentir. C'est vraiment ĂȘtre honnĂȘte et d'avouer ce qu'on ressent. C'est ça, l'honnĂȘtetĂ©, l'ouverture d'esprit. Effectivement, je peux faire autrement. Je peux faire autrement. La premiĂšre fois que j'avais arrĂȘtĂ© la cigarette, j'avais mis en place toutes ces choses-lĂ . Le fait de rester en lien, de faire du sport, de bien manger. Et puis aussi tous ces petits moments oĂč j'ai envie d'une cigarette. Souvent dans les moments oĂč j'Ă©tais dans l'attente. Ou alors... Quand je suis seule, en tout cas, j'Ă©tais dans la tente, j'avais envie d'une cigarette pour passer le temps. Souvent, j'avais cette cigarette. Finalement, assez rapidement, je me disais, en fait, appelle quelqu'un. Le pouvoir du tĂ©lĂ©phone, incroyable. J'appelais quelqu'un et quelqu'un qui savait que j'Ă©tais dans cette dĂ©marche d'arrĂȘter, je l'appelais juste cette personne et je lui disais, j'ai envie d'une cigarette. Et de j'ai envie d'une cigarette, finalement... On part dans une vraie conversation. Avant de la conversation, j'ai oubliĂ© que j'avais eu envie d'une cigarette. Je n'en ai plus envie. Et c'est passĂ©, je n'ai pas fumĂ©, je suis fiĂšre de moi en plus. Le pouvoir du tĂ©lĂ©phone. Donc ça, c'est un outil parmi d'autres. Mais il y a vraiment ce truc d'honnĂȘtetĂ©, d'ĂȘtre honnĂȘte avec soi-mĂȘme, d'ĂȘtre honnĂȘte avec les autres, avec sa dĂ©marche, ne pas cacher les choses. Pour moi, c'Ă©tait ok de me dire finalement... Vaut mieux Ă  un moment donnĂ©, dans ma dĂ©marche d'arrĂȘt, de rejeter une fois et de me dire aprĂšs mais qu'est-ce que t'as fait ? Non, non, non. Tu sais que tu veux ĂȘtre en fumeuse, reprendre les choses dans le bon ordre. PlutĂŽt que de cacher les choses en fait, de me dire non, non, j'ai envie mais j'ai pas envie. Et pas utiliser tous ces outils, ne pas ĂȘtre dans la solution, d'ĂȘtre dans ce truc de surpuissance, de je maĂźtrise. Ça va aller, je peux me dĂ©brouiller toute seule. C'est ok. C'est ok de dire j'ai envie de fumer, c'est ok de dire j'ai besoin d'ĂȘtre soutenue, j'ai besoin d'en parler. Aujourd'hui, effectivement, tu me disais qu'est-ce que tu vas mettre en place aujourd'hui, je sens que j'ai besoin de travailler sur moi. Je me rends compte que c'est quelque chose qui me fait du bien et il y a diffĂ©rentes façons de le faire. Alors je te parlais de reprendre plus le sport, mais je pense aussi que je vais peut-ĂȘtre avoir des dĂ©marches de l'acupuncture. essayer des dĂ©marches comme ça, j'y crois, je pense que ça peut me faire du bien. En tout cas, ça se tente. Qu'il tente rien Ă  rien, et puis au pire, qu'est-ce que je risque ? C'est un peu ça aussi. C'est au pire, qu'est-ce que je risque ? Que ça marche.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu voudrais dire Ă  Sandy dans quelques temps qui Ă©couterait le podcast ? Tu peux choisir le moment oĂč ça peut ĂȘtre le mois prochain ou dans un an. Ce podcast existera toujours. Peut-ĂȘtre que des gens autour de toi vont t'en parler, ou toi tu vas retomber dessus. Envoie-lui un message.

  • Speaker #0

    Je me remercierai. Je me remercierai d'avoir eu le courage, d'avoir Ă©tĂ© honnĂȘte, de faire tout ce travail. Difficile. Parce que c'est vrai que quand on le raconte comme ça, ça a l'air simple. Mais c'est un combat d'un jour Ă  la fois.

  • Speaker #1

    Oui, ça c'est un peu le slogan des alcooliques anonymes.

  • Speaker #0

    Alcooliques anonymes, narcotiques anonymes.

  • Speaker #1

    On le dit aussi chez les narcotiques anonymes ?

  • Speaker #0

    C'est un jour Ă  la fois.

  • Speaker #1

    Et mĂȘme au dĂ©but,

  • Speaker #0

    ça va ĂȘtre une heure Ă  la fois. C'est vraiment une heure Ă  la fois, parfois, oui. Mais petit Ă  petit, tous ces efforts, quand mĂȘme c'est difficile, ce petit effort supplĂ©mentaire que j'ai pu faire, qui a tout changĂ© finalement.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu pourrais ouvrir mon livre au hasard pour voir si tu tombes sur quelque chose qui serait un perdoil pour toi ?

  • Speaker #0

    Alors, alors, alors... Une autre explication de beaucoup de rechutes est le choc Ă©motionnel. Et Ă  Ă©couter les tĂ©moignages, la rechute apparaĂźt comme Ă©vidente et salvatrice pour soulager l'Ă©motion. Je me vois parfaitement nĂ©gocier une clope dans l'urgence Ă©motionnelle d'une terrible nouvelle. Ce ne sera mĂȘme pas une excuse, mais un foutu pour foutu. Oui, oui, oui, j'identifie bien avec ça. Aujourd'hui, je sais que j'ai assez de recul. J'ai assez de recul et je sais que ça ne marche pas, en fait. Je sais que ça ne marche plus.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça dont on n'a pas encore conscience. Qui m'a dit ça ? Ah oui, j'en parle dans le podcast de... J'en discute avec Sacha dans un épisode, parce que je connais quelqu'un qui a refumé suite à un choc émotionnel trÚs fort, à prendre la mort de quelqu'un, avec ce foutu pour foutu. Et quand je lui ai posé la question, la personne m'a dit en fait, j'aurais pu ne pas la prendre cette clope Et Sacha disait ah bah oui, ça je vois trÚs bien comment je pourrais fumer, je vois trÚs bien comment je pourrais utiliser cette excuse Et donc je lui dis bah tu sais quoi, il paraßt qu'en fait, elle est nulle cette excuse Du coup, il m'a répondu ah ouais, bon bah... Je ne refumerais vraiment pas alors. Oui,

  • Speaker #0

    oui, oui. Bien sûr, en fait, on se dit toujours dans cette situation-là ou dans cette situation-là, je pourrais refumer. C'est presque, c'est comme si on le prévoyait presque. Mais finalement, plus le temps passe et plus on se rend compte que non, en fait, on n'en a pas besoin. On a appris à faire autrement. Et que ça n'apportera rien.

  • Speaker #1

    Je pense qu'il faut faire la dĂ©marche de se projeter. J'ai imaginĂ© quelques situations oĂč justement il y aurait un choc Ă©motionnel. Et je me suis mise en situation pour me dire non, la clope ne sera pas une bonne idĂ©e. Mais c'est pas facile. Je vois bien qu'il y a des petits diablotins Ă  l'intĂ©rieur de moi qui nĂ©gocient.

  • Speaker #0

    Toujours. Toujours. C'est effectivement, mais de toute façon, ce sera toujours le cas. Je suis non fumeuse, mais... Je reste fumeuse. En arrĂȘt.

  • Speaker #1

    Tu restes ancienne fumeuse. C'est ça. Ça fera toujours partie de ton identitĂ©.

  • Speaker #0

    Ça fera toujours partie... Mon identitĂ©, je ne dirais pas non. Parce que justement, j'ai voulu me sĂ©parer de... Oui,

  • Speaker #1

    l'identitĂ©, ce n'est pas le bon terme. Peut-ĂȘtre que c'est engrammĂ© dans l'ADN Ă  un certain niveau. Oui,

  • Speaker #0

    voilà, c'est ça. C'est ça.

  • Speaker #1

    Et aprÚs, c'est activé ou en pause.

  • Speaker #0

    Exactement. Exactement. C'est ça.

  • Speaker #1

    Et alors, du coup... On parlait de dernier rempart. Là, tu es non fumeuse. Enfin, tu es ancienne fumeuse. Tout à fait. Donc, le dernier rempart a sauté.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et comment tu te sens ? Tu n'as pas l'impression de sauter dans le grand vide ? Tu as un plan B ? Tu as compensé par une passion qui te nourrit ?

  • Speaker #0

    Jusque-lĂ , tout ce que j'ai pensĂ©, c'est honnĂȘtement, j'ai eu une opĂ©ration et je ne veux pas tout gĂącher. Je veux faire les choses bien. Ça n'a pas Ă©tĂ© tellement je veux arrĂȘter de fumer, mais c'est plutĂŽt j'ai envie de faire les choses bien. En fait, le sens qu'on y met a beaucoup d'importance. Est-ce que... Je veux arrĂȘter pour Ă©viter quelque chose ou est-ce que je veux arrĂȘter pour crĂ©er autre chose ? Je ne sais pas comment dire.

  • Speaker #1

    C'est un Ă©tat d'esprit.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est un Ă©tat d'esprit. Et je me dis, en fait, je suis trop contente. Cette excuse d'opĂ©ration, finalement, elle m'a rendu service. J'ai passĂ© cette Ă©tape comme ça, un peu malgrĂ© moi, finalement. Mais je n'ai pas envie d'y retourner, je n'ai plus d'attrait. Je savais que de toute façon... VoilĂ , ça fait un moment que je voulais ne plus ĂȘtre fumeuse. Donc l'occasion s'est prĂ©sentĂ©e, je l'ai pris Ă  bras le corps en fait. Je ne me suis pas posĂ©e de questions. Je ne me suis pas posĂ©e de questions. AprĂšs, est-ce que j'ai des petits moments oĂč j'ai envie ? Oui, mais je dirais que ça me passe comme une pensĂ©e passerait dans mon esprit. Ça passe d'un cĂŽtĂ© et puis je laisse passer. J'accepte en fait de ressentir ce que je ressens. C'est OK. Je sais que ça va passer.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on peut participer aux narcotiques anonymes si on veut se sevrer du tabac ? Il y en a déjà eu ? Tu sens que ce n'est pas vraiment cette... Il n'y a pas de... Ce serait quoi ? Les fumeurs anonymes ? Les fumeurs de tabac anonymes ? Les nicotines...

  • Speaker #0

    Ça existe ça ? Peut-ĂȘtre que ça existe. Je ne sais pas du tout. J'avoue que je ne sais pas. Je pense que de toute façon, n'importe quelle rĂ©union de dĂ©pendance, peu importe le produit, fonctionne. En tout cas, pour moi, ça a fonctionnĂ©. Je ne dis pas que ça fonctionne pour tout le monde. Je pense que ce n'est pas l'unique façon d'arrĂȘter une dĂ©pendance. Moi, ça m'a aidĂ©e. AprĂšs, c'est tout un programme. Mais je pense que de toute façon, Narcotic Anonyme, moi, j'ai appris Ă  parler de mes Ă©motions aussi. La parole Ă©tant libĂ©rĂ©e, j'avais moins besoin aussi de compenser. Donc, je pense que l'aide d'un indĂ©pendant Ă  apporter Ă  un autre, de toute façon... C'est extraordinaire. AprĂšs, est-ce qu'une personne qui veut arrĂȘter de fumer peut aller en rĂ©union narcotique anonyme ? Oui, si on veut. AprĂšs, est-ce que c'est complĂštement adaptĂ© ? Oui, on parle de dĂ©pendance.

  • Speaker #1

    On peut faire la démarche de demander.

  • Speaker #0

    On peut faire la dĂ©marche de demander. De toute façon, on n'a rien Ă  y perdre, c'est sĂ»r. Une dĂ©pendance reste une dĂ©pendance, peu importe le produit. Les consĂ©quences ne sont pas forcĂ©ment les mĂȘmes, effectivement, en fonction de... des personnes, des produits, etc. MĂȘme si on essaie de ne pas faire de comparaison parce que la dĂ©pendance est une dĂ©pendance quelle qu'elle soit. En fait, chacun fait son parcours.

  • Speaker #1

    Quand est-ce que tu y es allée pour la derniÚre fois ?

  • Speaker #0

    En RĂ©union ? Oui. Je pense que ça fait... Il y a un an. Il y a un an. Et c'est vrai que... Non, un peu plus d'un an. En fait, je pense qu'Ă  peu prĂšs au moment oĂč j'ai... Un peu avant que je rencontre Jacques. Et puis, c'est vrai qu'il s'est passĂ© beaucoup de choses. Et c'est vrai, lĂ , quand je te disais, effectivement, on peut se faire rĂąper par le fait de reprendre une vie, entre guillemets, normale. OĂč tout se passe bien, une vie rend bien remplie. C'est vrai que j'ai rencontrĂ© Jacques, on a emmĂ©nagĂ© ensemble. Je continue Ă  travailler, on s'est mariĂ©s. On met des choses en place. La vie normale prend son cours, en fait. Mais je sais qu'un de mes piliers a Ă©tĂ© Narcotic Anonyme et le restera pour toujours. Je sais que peu importe oĂč j'en suis dans ma vie, je peux aller Ă  une rĂ©union Ă  n'importe quel moment et j'ai ma place. Je ne me sentirai jamais mal Ă  l'aise. C'est un endroit oĂč on ne sera jamais jugĂ©. Je ne me sentirai jamais jugĂ©. C'est une famille. Clairement, pour moi, c'est une famille. MĂȘme de gens que je ne connais pas. Mais c'est une famille.

  • Speaker #1

    LĂ , tu pourrais y retourner ? Tu y penses ? Ouais. Tiens, je me ferais bien...

  • Speaker #0

    C'est vrai que ça irait complĂštement dans ma dĂ©marche d'abstinence du tabac, complĂštement. Dans Narcotique Anonyme, il y a des personnes qui sont clean, on arrĂȘte de toute substance, drogue, etc. depuis des annĂ©es, qui ont effectivement ce dernier filtre de la cigarette et qui vont partager en rĂ©union. Moi, j'ai dĂ©cidĂ© d'arrĂȘter aussi le tabac, mon dernier rempart, et qui partagent leur dĂ©marche, effectivement. qui partagent leurs difficultĂ©s parce que finalement dĂ©jĂ  on trouve du soutien d'un dĂ©pendant Ă  un autre de personnes qui ont eu la mĂȘme expĂ©rience, qui vont nous soutenir, nous donner des outils c'est assez naturel finalement ça se fait assez naturellement et le fait d'ĂȘtre soutenu comme ça, d'avoir toujours quelqu'un derriĂšre et puis quelqu'un qui va vraiment soutenir dans cette dĂ©marche, c'est-Ă -dire que je sais que si je vais Ă  Narcotic Anonyme, je rencontre des gens que je n'ai pas vus depuis longtemps et je dis voilĂ ... En ce moment, j'essaie d'arrĂȘter de fumer. Ça va ĂȘtre gĂ©nial, etc. Et puis peut-ĂȘtre que peu de temps aprĂšs, on va me rappeler, on va me dire alors comment ça se passe pour toi. Si t'as besoin, que t'as envie d'une cigarette ou quoi, t'hĂ©sites pas Ă  m'appeler. VoilĂ . Je suis ton outil, finalement.

  • Speaker #1

    Et c'est vrai que ce genre de lieu est trĂšs propice Ă  se sentir vraiment compris, se sentir vraiment...

  • Speaker #0

    Y'a plus de honte. Ouais. Y'a plus de honte, y'a plus de jugement.

  • Speaker #1

    Y'a plus... Ouais, tu te justifies de rien. Non. On sait, et on sait ce que tu traverses, on sait tout ce qui se passe à l'intérieur à des degrés différents, et c'est plus ou moins intense.

  • Speaker #0

    ComplĂštement.

  • Speaker #1

    Il y a des effets miroirs.

  • Speaker #0

    C'est ça la puissance du partage, de l'identification d'une personne Ă  une autre. Il n'y a pas besoin d'expliquer beaucoup, juste on parle de ce qu'on ressent. Et ce n'est pas juste, on dĂ©verse finalement ce qu'on ressent. Si on va partager aussi ce qui fonctionne pour nous, c'est ça le pouvoir aussi. Moi, c'est ce qui m'a vraiment aussi fait tenir, c'est que trĂšs rapidement, quand j'ai commencĂ© les rĂ©unions, on m'a donnĂ© un rĂŽle. C'est-Ă -dire que trĂšs rapidement, comme toute association en fait, une rĂ©union est tenue par diffĂ©rentes personnes, oĂč il y a un trĂ©sorier, il y a un prĂ©sident, etc. Ce sont tous des dĂ©pendants en rĂ©tablissement. Donc chaque semaine... il y a des dĂ©pendants qui vont ouvrir ces rĂ©unions, les faire fonctionner, partager le message. Et c'est ce qui fait que ça tient. Et ça donne un vrai rĂŽle, c'est-Ă -dire que non seulement je viens pour moi, mais je viens aussi pour que l'association fonctionne, pour redonner ce qu'on m'a offert gratuitement. Et ça donne vraiment son sens. Et ça nourrit cette dĂ©marche de rĂ©tablissement, tout simplement.

  • Speaker #1

    Merci, merci pour ce témoignage incroyable.

  • Speaker #0

    Merci Ă  toi.

  • Speaker #1

    Bon, cette fois, c'est vraiment la fin. Mon monteur va péter un cùble,

  • Speaker #0

    c'est beaucoup trop long. On était encore enregistrés.

  • Speaker #1

    J'espĂšre que cette interview vous a plu. Vous trouverez toutes les informations complĂ©mentaires dans la description de l'Ă©pisode et tout ce qu'il faut pour s'abonner, liker, commenter, nous retrouver sur les rĂ©seaux et mĂȘme prendre contact si vous voulez nous partager votre tĂ©moignage. Bisous Ă  vos horribles cravings et autres impĂ©rieuses envies de fumer. Rendez-vous la semaine prochaine et d'ici lĂ , bon sevrage.

Description


🟣focus sur la partie qui a prĂ©cĂ©dĂ© le sevrage tabagique de mon invitĂ©e. Et comprendre les Ă©tapes qui l’ont amenĂ©e Ă  faire tomber ce dernier rempart au bon moment. Mon invitĂ©e s’est beaucoup livrĂ©e et je l’en remercie infiniment.

C’est un exercice courageux d’oser verbaliser tout ça avec autant d’authenticitĂ©. C'est un vrai sujet l’authenticitĂ© dans le sevrage : entre soi et les autres mais surtout entre soi et soi-mĂȘme. Et vous, comment ça se passe ?

Bienvenue dans ce premier Ă©pisode de la saison 2.

 

Allez bisou à votre authenticité

Bonne Ă©coute et bon sevrage.

 

🟣

 

Merci à Sandy, mon invité.

 

Guy Tourreau, montage et mixage.

 

Eugénie Florentin | Lanterne Digitale, Sociale Media Manager | https://www.instagram.com/lanterne.digitale?igsh=dW80YTliYzM1MzZq

 

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Musique : IA+Astridou

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Insta : @tumanquespasdair www.instagram.com/tumanquespasdair/

Livre « Apprivoiser son impérieuse envie de fumer », Astrid Malone, éditions Eyrolles.

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Mail : tumanquespasdairpodcast@gmail.com

 

#arretdutabac #arreterdefumer #arrĂȘtdutabac #cigarette #fumeur #fumeurs #fumeuse #fumeuses #histoiredevie #histoirevraie #imperieuse #imperieuseenviedefumer #impĂ©rieuse #impĂ©rieuseenviedefumer #interview #podcast #podcaster #podcasteur #podcasteuse #podcastfr #podcastfrancais #podcastfrance #podcastfrançais #sevragetabagique #stoptabac #tabac #tabacinfoservice

🟣


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Mon dernier rempart, c'Ă©tait vraiment la cigarette. Continuer Ă  fumer en Ă©tant abstinente de drogue.

  • Speaker #1

    Tout le monde fume au narcotique améli.

  • Speaker #0

    Clairement pas.

  • Speaker #1

    C'est la projection de l'aide, donc déconstruis mon préjugé s'il te plaßt.

  • Speaker #0

    Pas du tout, non, non. Il y a des fumeurs et des non-fumeurs comme partout. Je dirais que les personnes qui ont un certain nombre d'années de clean font cette démarche. Et c'est la démarche que j'ai faite moi quelques années plus tard.

  • Speaker #1

    Le dernier rempart.

  • Speaker #0

    Le dernier rempart.

  • Speaker #1

    Bonjour, bienvenue dans ce nouvel Ă©pisode. Aujourd'hui, on va se focaliser sur la partie qui a prĂ©cĂ©dĂ© le sevrage tabagique de mon invitĂ© et comprendre les Ă©tapes qui l'ont amenĂ© Ă  faire tomber ce dernier rempart au bon moment. Vous verrez comment se passe son sevrage tabagique. Mon invitĂ© s'est beaucoup livrĂ© et je le remercie infiniment. C'est un exercice courageux d'oser verbaliser tout ça, ce qui fait qu'on s'est autorisĂ© Ă  censurer quelques passages, mais Ă  la fin de l'Ă©coute, vous comprendrez qu'elle n'a rien Ă  cacher et qu'elle est authentique du dĂ©but Ă  la fin. C'est un vrai sujet l'authenticitĂ© dans ce sevrage, entre soi et les autres, mais surtout entre soi et soi-mĂȘme. Et vous, comment ça se passe ? Allez, bisous Ă  votre authenticitĂ©, bonne Ă©coute !

  • Speaker #0

    Salut ! Ça va ?

  • Speaker #1

    TrĂšs bien et toi ?

  • Speaker #0

    Super !

  • Speaker #1

    Tu connais le concept ?

  • Speaker #0

    Non, pas exactement. Enfin, Ă  peu prĂšs.

  • Speaker #1

    C'est-Ă -dire que lĂ , je te fais monter les escaliers et je veux voir si tu arrives Ă  respirer en parlant. Ok, d'accord. Bon, on arrive au cinquiĂšme, t'es comment lĂ  ? Je te fais parler tous les Ă©tages. En vrai ?

  • Speaker #0

    Je sais que je suis un petit peu essoufflĂ©e lĂ . Quand mĂȘme.

  • Speaker #1

    Viens reprendre ton souffle ici. On est lundi ? Oui.

  • Speaker #0

    On est absolument lundi. Oui, je me suis libérée un lundi. Et puis, en fait, finalement, moi, je me rends compte que j'ai plus trop de notions du jour de la semaine. Parce que... En fait, je suis intermittente du spectacle, donc je ne travaille pas tous les jours. Quand je travaille, je fais des journées assez denses, assez intenses, mais je ne travaille pas non plus tous les jours. Donc, je n'ai pas non plus d'enfants, donc je n'ai pas la notion des vacances scolaires ou des jours de la semaine. Je peux travailler tous les jours.

  • Speaker #1

    Et tu me disais lĂ , tu ne manques pas d'air, mais quand mĂȘme.

  • Speaker #0

    Oui, je ne manque pas d'air, mais quand mĂȘme les 5 Ă©tages, lĂ , je les sens un petit peu. Je manque un peu de cardio. J'ai une mauvaise rĂ©cupĂ©ration cardiaque, lĂ , je le sens. Non,

  • Speaker #1

    mais j'avoue que je t'ai fait parler exprÚs pendant les 5 étages, ce qui est un peu sadique. Du coup, parler plus, monter les étages, ça intensifie. Et puis, je pense que c'est aussi le stress du podcast ou de l'appréhension. Il y a un petit peu de bùtiment par minute qui augmente.

  • Speaker #0

    Oui, complĂštement, complĂštement. C'est vrai qu'autant je suis super contente d'ĂȘtre ici et de pouvoir donner mon expĂ©rience. Mais d'un cĂŽtĂ©, c'est vrai que je n'ai jamais participĂ© Ă  ce type d'expĂ©rience et j'apprĂ©hendais un petit peu, forcĂ©ment. Je comprends. Mais je trouve ça super chouette en tout cas.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu appréhendes le plus ?

  • Speaker #0

    De ne pas trouver les mots exacts par rapport Ă  ce que je souhaiterais. transmettre ou partager tout simplement.

  • Speaker #1

    Donc, bonjour Sandy. Bonjour officiellement. Je suis trĂšs heureuse de te recevoir dans ce podcast. En plus, je l'attends avec impatience ce moment parce que Jacques m'avait parlĂ© de toi dans l'Ă©pisode 4. Jacques m'avait parlĂ© de toi parce qu'Ă  l'Ă©poque, donc ça fait quelques mois maintenant, vous aviez arrĂȘtĂ© ensemble de fumer. Donc Jacques est ton mari.

  • Speaker #0

    Tout Ă  fait.

  • Speaker #1

    Et il nous a raconté son expérience et son rapport aux addictions, son rapport au sevrage, qui est trÚs riche et plein d'enseignements et plein d'épreuves incroyables. Et il m'a bien fait comprendre que toi aussi, tu avais pas mal de choses à nous raconter, en drÎle et en moins drÎle.

  • Speaker #0

    Oui, c'est vrai, c'est vrai. On a eu des expĂ©riences riches tous les deux. C'est un peu aussi ce qui fait qu'on se comprend bien et qu'on peut aussi... bien se comprendre et se soutenir aujourd'hui. C'Ă©tait vraiment important pour nous de faire cette dĂ©marche ensemble d'arrĂȘt du tabac. Être en couple et avoir un non-fumeur et un fumeur, c'est compliquĂ©. On ne va pas se mentir, quand on arrĂȘte le tabac, on reste quand mĂȘme fumeur, je pense, Ă  vie. Et on en reparlera, je pense, plus tard, mais je pense qu'effectivement, le plus difficile, c'est pas d'arrĂȘter. C'est de ne pas reprendre.

  • Speaker #1

    Bien dit.

  • Speaker #0

    Et quand on est avec un fumeur ou entourĂ© de fumeurs, on est toujours attirĂ©. Donc mĂȘme si on a une bonne volontĂ© d'arrĂȘter le tabac, c'est vrai que d'ĂȘtre toujours tentĂ©, il peut y avoir un jour de faiblesse. Et c'est vrai que c'est difficile. justement d'avoir un fumeur Ă  cĂŽtĂ© de soi quand on est en dĂ©marche d'arrĂȘt. Donc pour ça, c'est vrai que je le remercie et je suis vraiment contente qu'on fasse cette dĂ©marche ensemble. En tout cas, merci de m'avoir conviĂ©e. Je pense que tout partage est bon Ă  prendre, mais ce que j'aime beaucoup dans cette dĂ©marche, c'est pour moi le pouvoir de l'identification, qui est vraiment trĂšs fort. C'est vrai que de parler d'arrĂȘt de tabac... D'un ex-fumeur Ă  un ex-fumeur, c'est peut-ĂȘtre plus simple parfois que d'un ex-fumeur Ă  un non-fumeur. On n'a pas les mĂȘmes ressentis, on ne se comprend pas de la mĂȘme façon, on ne se dirait pas les choses de la mĂȘme façon.

  • Speaker #1

    Alors avant que tu nous racontes ton histoire, si tu as un peu l'Ă©pisode de Jacques en tĂȘte, est-ce qu'on peut dire qu'il a Ă©tĂ© authentique ou pas ?

  • Speaker #0

    Il a Ă©tĂ©, complĂštement, complĂštement et trĂšs authentique et j'ai mĂȘme Ă©tĂ© surprise par certaines rĂ©vĂ©lations. Il Ă©tait vraiment Ă  l'aise finalement et il y a des choses qu'il ne m'avait mĂȘme pas dites, jamais dites et qui m'ont fait trĂšs plaisir.

  • Speaker #1

    Finial. Bon, bisous Jacques. Alors maintenant, moi j'aimerais connaĂźtre ton historique avec le tabac.

  • Speaker #0

    Alors, mon historique avec le tabac. Je dirais que je commencerais par la famille parce que j'ai un pÚre non fumeur et une mÚre qui était fumeuse, que j'avais toujours. connue fumeuse et je crois que ma premiÚre cigarette, je l'ai fumée, c'était un... Je me souviens trÚs bien. C'était un samedi, un mercredi, aprÚs l'école. Je rentrais à la maison et il n'y avait personne à la maison. Ma maman avait laissé ses cigarettes sur la table et j'ai voulu essayer comme ça.

  • Speaker #1

    T'avais quel Ăąge ?

  • Speaker #0

    Je devais avoir 14 ans.

  • Speaker #1

    Ok.

  • Speaker #0

    13-14 ans. Je ne l'ai mĂȘme pas finie, cette cigarette, parce qu'elle n'Ă©tait pas bonne du tout. Vraiment, elle avait trĂšs mauvais goĂ»t. Donc la premiĂšre, c'Ă©tait comme ça. Assez rapidement, je me souviens, j'avais mĂȘme pas encore fini le collĂšge, je me cachais pas vraiment de fumer vis-Ă -vis de mes parents, et je me suis imposĂ©e fumeuse.

  • Speaker #1

    C'est pas commun.

  • Speaker #0

    C'est pas commun, c'est pas commun. Et c'est vrai que ma mĂšre s'est rendue compte que je lui prenais des skirettes, et au bout d'un moment, elle a acceptĂ©. C'Ă©tait le fait que je sois devenue fumeuse et je partageais des cigarettes avec elle. Et aprĂšs, je n'ai jamais arrĂȘtĂ© la cigarette. J'ai plutĂŽt augmentĂ© d'annĂ©e en annĂ©e jusqu'Ă  ne plus pouvoir m'en passer. En fait, c'Ă©tait devenu mon identitĂ©. J'Ă©tais fumeuse et je n'imaginais pas les choses autrement. Ça faisait partie de mon quotidien. De la mĂȘme façon que je me brossais les dents, je fumais ma cigarette avec mon cafĂ©. Enfin, c'Ă©tait comme ça en fait. Ça faisait partie vraiment de mon quotidien et je pense que je me cachais derriĂšre ce filtre.

  • Speaker #1

    Tu cachais quoi ? Tu cachais quelle partie de toi ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'est une image que je me donnais finalement parce que je pense qu'au-delĂ  de l'image que je pouvais renvoyer de fumeuse, non, je pense que je me cachais de moi-mĂȘme en fait, de ce que je pouvais ressentir tout simplement. Et c'est vrai qu'Ă  toute occasion, une cigarette... C'Ă©tait plus simple que peut-ĂȘtre de ressentir certaines choses.

  • Speaker #1

    Ça t'aidait Ă  gĂ©rer l'Ă©motion ?

  • Speaker #0

    Ça me donnait l'illusion que je gĂ©rais l'Ă©motion.

  • Speaker #1

    Tu t'es rendue compte qu'en fait, ça n'aidait pas à gérer l'émotion ?

  • Speaker #0

    Oui, clairement, parce que j'Ă©tais... Alors, je parle au passĂ© parce que finalement, aujourd'hui, c'est plus la mĂȘme chose. J'Ă©tais trĂšs, trĂšs nerveuse et anxieuse. Et je pense... Non, je pensais mĂȘme pas... Enfin, si, je pensais qu'effectivement, quand j'Ă©tais stressĂ©e ou angoissĂ©e, cette cigarette allait pouvoir peut-ĂȘtre m'aider, me soulager. Mais pas du tout. Au contraire. Au contraire, finalement.

  • Speaker #1

    Comment tu t'es rendue compte que pas du tout et au contraire ?

  • Speaker #0

    Des années plus tard. Des années plus tard, je pense, j'ai eu des expériences de vie... De la dépendance à la cigarette, j'ai eu d'autres dépendances par la suite, de drogue.

  • Speaker #1

    Il faudra qu'on développe ou pas spécialement ?

  • Speaker #0

    Oui, on peut, tout Ă  fait. Je n'ai pas de tabou par rapport Ă  ça. J'ai fait la paix avec moi-mĂȘme. plus honte. Et c'est vrai que de cigarettes, je suis passĂ©e Ă  la drogue, diffĂ©rentes drogues. Et je pense que j'avais la dĂ©pendance en moi, en fait, clairement. Je n'avais pas besoin de grand-chose pour me faire attraper, en fait, par la dĂ©pendance et par les substances, et m'y accrocher. Je pense que, voilĂ , j'Ă©tais trĂšs instable Ă  ce moment-lĂ . La cigarette, la drogue, beaucoup de fĂȘtes. la vie parisienne, je changeais souvent de travail.

  • Speaker #1

    Pardon, je te couvre, tu peux nous donner un ordre de l'Ăąge que tu avais ou les produits que tu pouvais prendre ?

  • Speaker #0

    Bien sûr, oui.

  • Speaker #1

    La drogue, tu sais, la cigarette est une drogue, l'alcool est une drogue,

  • Speaker #0

    donc c'est pas fortement... Tout produit de dĂ©pendance est une drogue, effectivement, je suis d'accord. Je pense que tout simplement, quand j'ai pris mon indĂ©pendance, que j'ai commencĂ© Ă  vivre seule, je devais avoir peut-ĂȘtre... 18-19 ans, je travaillais dĂ©jĂ , je commençais Ă  travailler tout dans la restauration, aprĂšs dans le commerce. Et je sortais beaucoup Ă  Paris. J'avais une vie parisienne trĂšs festive. Festive et finalement aussi assez solitaire. Finalement, je sortais beaucoup, je voyais beaucoup de monde, mais je me sentais trĂšs seule.

  • Speaker #1

    Le classique.

  • Speaker #0

    C'est ça, exactement. Exactement, on a l'impression qu'il se passe beaucoup de choses. Finalement, il y a beaucoup de solitude derriÚre.

  • Speaker #1

    De solitude subie aussi.

  • Speaker #0

    De solitude subie complĂštement. ComplĂštement, oui. Donc c'est vrai que dans l'univers de la fĂȘte, je fumais, je prenais des drogues, que ce soit cocaĂŻne, beaucoup. Et puis j'avais beaucoup de... il y avait peu de stabilitĂ© finalement. J'avais beaucoup de relations amoureuses diffĂ©rentes, ça changeait rĂ©guliĂšrement. Je changeais de travail rĂ©guliĂšrement. Il n'y avait plus de stabilitĂ©. Et au bout d'un moment, j'ai eu envie de tout balayer et de commencer d'avoir un nouveau dĂ©part. Et je suis partie Ă  Londres. J'aimais beaucoup parler anglais. Je suis partie Ă  Londres, j'ai commencĂ© Ă  travailler lĂ -bas. J'Ă©tais trĂšs contente, mais finalement... L'ironie, c'est que je pensais qu'en changeant de pays, en recommençant Ă  zĂ©ro, tout allait recommencer. Sauf qu'en fait, ce que j'ai appris malgrĂ© moi, c'est que les soucis, on les amĂšne avec nous, peu importe oĂč on va. Et j'ai continuĂ© de la mĂȘme façon Ă  travailler, Ă  faire la fĂȘte, Ă  me droguer et Ă  ĂȘtre seule. En Ă©tant entourĂ©e, en ayant beaucoup de collĂšgues, en ayant des amis, etc. Mais j'Ă©tais trĂšs seule et je me suis beaucoup isolĂ©e finalement plus parce que je n'Ă©tais pas entourĂ©e de... De mon noyau d'amis, de mon noyau de famille, je me suis retrouvĂ©e vraiment isolĂ©e, je me suis mis dans des situations trĂšs compliquĂ©es. Jusqu'Ă  perdre pied finalement, oĂč je me suis fait vraiment happer par la drogue. Et j'en ai eu toutes les consĂ©quences derriĂšre.

  • Speaker #1

    Nous donner un exemple pour illustrer la situation ?

  • Speaker #0

    Bien sĂ»r. En fait, tout simplement, quand je travaillais Ă  Londres, j'ai eu tous les dĂ©bordements. De sortir avec des collĂšgues, faire la fĂȘte avec les collĂšgues et puis prendre de la drogue assez rapidement. Mais de me sentir trĂšs seule et de continuer la fĂȘte seule chez moi. Et de m'isoler comme ça et de lĂ  ne plus aller au travail Ă  rĂ©pĂ©tition. Avoir des avertissements, perdre son travail, perdre beaucoup de poids, perdre sa santĂ©, s'isoler. Et finalement, c'est devenu un enfer complĂštement. Je m'Ă©tais mise dans une relation qui Ă©tait assez toxique. Donc j'ai enchaĂźnĂ© en fait. Je me suis vraiment isolĂ©e, j'ai enchaĂźnĂ© les consĂ©quences.

  • Speaker #1

    Tu le cachais ça ?

  • Speaker #0

    Ah oui, oui, oui, je le cachais. Bien sĂ»r, je me suis isolĂ©e, je cachais. C'est vrai que quand ma famille m'appelait, tout allait bien. Et finalement, quand on s'expatrie, on se dit que les amis... À Paris, ils vont venir nous voir et finalement, non. Il y a peu de gens qui viennent, qui font les allers-retours. On se reconstruit une vie comme on peut. Mais je me suis vraiment isolĂ©e de la vie que j'avais Ă  Londres et de mon ancienne vie Ă  Paris. Donc j'ai vraiment perdu mon travail. Je m'Ă©tais mise dans une relation compliquĂ©e. Et finalement, j'ai dĂ» quitter cette relation. J'ai dĂ» quitter cet appartement que j'avais Ă  Londres, que je partageais avec cette personne. Et finalement, je me suis retrouvĂ©e avec mes deux valises Ă  Londres sans rien, au bout de trois ans. Donc, assez rapide. Et lĂ , en fait, j'ai eu une chance, c'est que cette personne avec qui j'avais partagĂ©, j'Ă©tais en relation, m'a parlĂ© de dĂ©pendance. Il avait ses problĂšmes de dĂ©pendance, mais en fait, ça faisait plusieurs annĂ©es qu'il Ă©tait en rĂ©tablissement, qu'il essayait d'arrĂȘter les drogues, la consommation et qu'il allait au narcotique anonyme. Donc, c'est des rĂ©unions de partage de dĂ©pendants.

  • Speaker #1

    Alors ça, tu le savais quand t'étais en relation avec lui ? Il était abstinent ?

  • Speaker #0

    Non, il n'était pas abstinent, il était en rechute. D'accord. Sauf que moi, je ne connaissais pas son histoire finalement, et que la chute s'est faite trÚs trÚs rapidement. On consommait ensemble ? On consommait ensemble, et ça va d'autant plus vite quand on est à deux.

  • Speaker #1

    Et toi, la démarche de... L'abstinence, du sevrage, de la rechute, tout ça, ça ne t'était pas encore familier du coup ?

  • Speaker #0

    Pas du tout.

  • Speaker #1

    Tu vivais ta vie ?

  • Speaker #0

    Moi, j'étais à mille lieux. J'avais compris que j'avais perdu pied complÚtement dans ma vie. Mais j'étais à mille lieux de me dire, je suis dépendante, j'ai un souci. Ce n'est pas moi le problÚme, c'est les autres.

  • Speaker #1

    Oui, tu Ă©tais encore dans la dynamique, il y a quelque chose de grisant Ă  consommer.

  • Speaker #0

    ComplĂštement.

  • Speaker #1

    C'est presque encore joyeux.

  • Speaker #0

    Alors non, c'Ă©tait plus joyeux.

  • Speaker #1

    LĂ , tu le savais que c'Ă©tait plus joyeux, Ă  ce moment-lĂ  ?

  • Speaker #0

    À ce moment-là...

  • Speaker #1

    Il y avait encore un peu de déni, il y avait un voile d'illusion ?

  • Speaker #0

    Il n'y avait pas de voile d'illusion, mais je pensais que je pouvais encore maßtriser. Le contrÎle. Le contrÎle, cette personne m'a dit, non, je pense que tu n'as pas de contrÎle, tu te fais croire que tu as eu le contrÎle. Et il m'a amenée à ma premiÚre réunion narcotique anonyme.

  • Speaker #1

    GĂ©nial.

  • Speaker #0

    On a arrĂȘtĂ© de consommer ensemble. Ça n'a pas marchĂ©.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui fait que ça n'a pas marché, tu crois ?

  • Speaker #0

    Parce que tout simplement, l'huile était en rechute et que moi, j'avais pas encore assez de recul et que je me sentais pas... Je sentais que ça allait mal. Je me sentais trÚs mal. J'avais honte, je me cachais. Mais j'étais dans un déni, en fait, clairement. Pourtant, j'avais des conséquences graves dans ma vie. Mais j'étais dans un déni du lien. de la dépendance. Et puis je me disais toujours, ça arrive aux autres et pas à moi. Et surtout, je me faisais une idée du dépendant. Je me faisais une idée du junkie, en fait.

  • Speaker #1

    Il ressemble Ă  quoi ? Il ressemble Ă  quoi dans ton...

  • Speaker #0

    Ah, pour moi, le junkie, il Ă©tait... Il consommait dans la rue et il Ă©tait prĂȘt Ă  tout. En fait, non. Je crois que ma premiĂšre rĂ©union en narcotique anonyme, quand bien mĂȘme j'Ă©tais encore dans le dĂ©ni, J'ai eu l'impression de tomber de haut, vraiment. C'est-Ă -dire que j'ai rencontrĂ© des gens comme monsieur et madame tout le monde en fait. De toute profession, de toute catĂ©gorie sociale. Des gens qui viennent de partout, des gens intelligents. Et qui... Je me souviens qu'Ă  ma premiĂšre rĂ©union, j'ai pas parlĂ© du tout, j'ai Ă©coutĂ©. Et j'ai entendu des gens parler de moi en fait. Je me suis clairement identifiĂ©e. Et ces personnes n'avaient mĂȘme pas besoin de parler de drogue pour parler de moi. Parler d'Ă©motions finalement, des Ă©motions que moi je cachais, toujours, que j'avais cachĂ©es derriĂšre la drogue, que j'avais cachĂ©es derriĂšre mes cigarettes, derriĂšre tous ces filtres. Et sans honte, sans peur, en me disant, en m'expliquant qu'il y avait une autre vie qui Ă©tait possible.

  • Speaker #1

    À cette pĂ©riode-lĂ , avec tout ce qui se mĂ©lange dans les consommations, les comportements, les Ă©motions qui dĂ©bordent, je te ramĂšne au thĂšme de la cigarette. Quel chasse prend la cigarette Ă  ce moment-lĂ  ? Parce que souvent, on se dit, il y a les drogues, il y a l'alcool, et il faut se sevrer tout ça s'il y a un excĂšs, et la cigarette, on verra aprĂšs. Comment c'est filĂ© Ă  cette pĂ©riode-lĂ  ?

  • Speaker #0

    C'est vrai que je te raconte un peu l'exploit long, parce qu'en fait, finalement, la cigarette, pour moi, c'était le dernier rempart. Effectivement, j'ai eu un travail long. Alors aujourd'hui, je peux dire, j'ai huit ans d'abstinence de toutes drogues confondues. Je suis revenue en France, je me suis reconstruite, j'ai continué à aller en réunion Narcotique Anonyme en France, à Paris.

  • Speaker #1

    Tu en as fait Ă  Londres ?

  • Speaker #0

    Alors j'en ai fait à Londres, j'ai eu beaucoup de rechutes à Londres, j'ai essayé de m'accrocher comme je pouvais.

  • Speaker #1

    Alors attends, parce que moi je m'en suis arrĂȘtĂ©e Ă , t'es avec tes valises au bout de trois ans devant l'appart que tu quittes,

  • Speaker #0

    et les mecs que tu quittes. Exactement.

  • Speaker #1

    Et lĂ  tu restes combien de temps Ă  Londres aprĂšs ?

  • Speaker #0

    Alors ça va durer huit mois à peu prÚs. En fait, j'ai mes deux valises et je ne sais pas quoi faire de moi, clairement, à ce moment-là. Et je vais aller en réunion narcotique anonyme.

  • Speaker #1

    Tous les...

  • Speaker #0

    En fait, c'est surtout que je vais y aller et je vais ĂȘtre accueillie lĂ -bas. C'est-Ă -dire que les gens m'ont dit ne t'inquiĂšte pour rien, on va te loger, on va t'aider, on va t'aider Ă  retrouver du travail quand tu pourras. Ils m'ont clairement sauvĂ© la vie. Je ne pensais pas que dĂ©jĂ  un ĂȘtre humain puisse se donner autant gratuitement. Je n'ai jamais vu ça. Et j'ai eu des mois oĂč je n'avais pas le choix. Je savais que c'Ă©tait lĂ  oĂč j'en Ă©tais Ă  ce moment-lĂ  de ma vie. Je savais que c'Ă©tait marche ou crĂšve un peu. Je n'avais pas le choix. Ce n'Ă©tait plus un choix. Je n'avais pas envie d'arrĂȘter au dĂ©but. Je n'avais pas du tout envie d'arrĂȘter les drogues. J'avais juste envie d'arrĂȘter d'avoir les consĂ©quences de tout ça. Mais j'ai bien compris que non, je ne pouvais pas me raconter cette histoire, que ça ne fonctionnait pas. Donc pendant des mois, tous les jours, j'allais en rĂ©union, j'ai Ă©tĂ© aidĂ©e. Mais au bout d'un moment, ça a eu ses limites parce que je n'Ă©tais plus en capacitĂ©, je n'Ă©tais pas en capacitĂ© de retravailler, de me reprendre un logement seule. Ça m'avait... J'avais eu trop de consĂ©quences, j'avais besoin de me reconstruire. J'avais besoin de stabilitĂ©, de sĂ©rĂ©nitĂ©.

  • Speaker #1

    À ce moment-là, tu fumes encore clope sur clope ? Tu fumes de temps en temps ? L'alcool, c'est comment ?

  • Speaker #0

    L'alcool, non. Mon dernier rempart, c'Ă©tait vraiment la cigarette. Je continuais Ă  fumer en Ă©tant abstinente de d'autres drogues.

  • Speaker #1

    Tout le monde fume aux narcotiques anonymes ?

  • Speaker #0

    Clairement pas.

  • Speaker #1

    C'est la projection que j'ai, donc déconstruis mon préjugé s'il te plaßt.

  • Speaker #0

    Pas du tout. Non, non. Non, il y a des fumeurs et des non fumeurs comme partout. Je dirais que les personnes qui ont un certain nombre d'années de clean font cette démarche. Et c'est la démarche que j'ai fait moi quelques années plus tard.

  • Speaker #1

    Le dernier rempart ?

  • Speaker #0

    Le dernier rempart, clairement. Donc je suis revenue à Paris, j'ai continué à aller en réunion narcotique anonyme à Paris.

  • Speaker #1

    Alors comment tu fais ? Tu débarques à Paris, tu te renseignes. Comment on fait ? On regarde sur Internet, il y en a dans chaque arrondissement de Paris.

  • Speaker #0

    Je savais du coup qu'il y en avait beaucoup Ă  Londres, on m'avait dit qu'il y en avait Ă  Paris. Alors je ne connaissais personne Ă  Paris qui Ă©tait dans cette dĂ©marche-lĂ . Et c'est vrai que j'avais un petit peu, je n'assumais pas encore complĂštement, enfin j'Ă©tais ok avec ma dĂ©marche, mais... À chaque fois que j'avais essayĂ© d'en parler Ă  des personnes pas dĂ©pendantes, je me heurtais un petit peu Ă  une vision que moi, je m'Ă©tais faite auparavant de la dĂ©pendance. Et j'ai vraiment compris que c'Ă©tait une dĂ©marche personnelle, individuelle, que je devais le faire pour moi et pas pour les autres.

  • Speaker #1

    Parce qu'en plus, c'est dur de devoir se justifier ou d'avoir le regard atterré des gens qui amplifient cette situation et qui disent Oh mon Dieu ! Parce que... Effectivement, comme ce n'est pas suffisamment démocratisé, encore que ces derniÚres années, ça évolue beaucoup, beaucoup et assez rapidement. Mais effectivement, inconsciemment, on a un regard trÚs négatif de ce genre d'endroit.

  • Speaker #0

    On se fait des a priori et c'est assez naturel finalement. Je suis revenue Ă  Paris, je suis revenue chez mes parents et c'est vrai que ça a Ă©tĂ© mĂȘme tout de suite la rĂ©action de mes parents. Moi, je leur ai dit effectivement, il faut que je continue cette thĂ©rapie, cette dĂ©marche. Je vais me renseigner, je vais aller en rĂ©union Ă  Paris. Et c'est vrai que ma mĂšre me disait Mais t'as encore besoin de ça, de voir ces personnes ? T'en es encore lĂ  ? Et c'est vrai que c'est lĂ  que je me suis dit J'ai besoin de quitter le noyau familial, faire mon propre chemin. Je suis allĂ©e en rĂ©union Ă  Paris et j'ai eu la mĂȘme dĂ©marche qu'Ă  Londres. C'est-Ă -dire que je suis allĂ©e en rĂ©union Narcotic Anonyme. Je leur ai expliquĂ© mon parcours jusque-lĂ , au sein de l'association. Et c'est vrai que j'ai Ă©tĂ© aidĂ©e tout de suite, pareil. J'ai trouvĂ© un logement et j'ai commencĂ© Ă  y aller tous les jours, Ă  faire partie de l'association, parce que c'est une association du coup qui est tenue par des dĂ©pendants en rĂ©tablissement, qui ouvre diffĂ©rentes rĂ©unions Ă  Paris. Alors il y en a Ă  Paris, il y en a en banlieue, il y en a en province aussi. Il y en a tous les jours. Et c'est vrai que moi au dĂ©but, effectivement, j'ai regardĂ© sur le site Narcotique Anonyme et j'ai Ă©tĂ© en rĂ©union. C'est vrai que ma premiĂšre rĂ©union Ă  Paris, il fallait que je rencontre les gens, que je me rapproche des gens, que je trouve une nouvelle marraine. On est soutenu par un parrain ou une marraine, une personne qui est en rĂ©tablissement comme nous depuis quelques annĂ©es et qui va nous guider, qui va nous soutenir dans notre travail de rĂ©tablissement.

  • Speaker #1

    Le lien humain, c'est essentiel.

  • Speaker #0

    C'est obligatoire. Oui, oui, c'est obligatoire. On sort de cet isolement pour aller se confronter directement, ĂȘtre en lien directement. On a besoin d'ĂȘtre en lien les uns les autres.

  • Speaker #1

    J'avais envie de participer, tu vas me dire, il me semble qu'au Narcotique Anonyme, il y a mĂȘme des gens qui ne consomment pas ou qui ne sont pas dans cette dĂ©marche-lĂ , mais qui sont en contact, plus ou moins proches, avec des gens qui sont... soit sous l'emprise de la drogue, soit en sevrage ou en rechute, etc. Et parce que moi, ça m'intĂ©ressait, j'Ă©tais en lien intime avec plusieurs personnes qui Ă©taient dĂ©pendantes et j'aurais voulu mieux comprendre et je me suis dit, est-ce qu'on peut facilement venir ?

  • Speaker #0

    Alors, il y a des réunions qui sont ouvertes aux personnes extérieures, c'est-à-dire non-dépendantes, d'autres non. Mais on peut absolument venir en réunion Narcotic Anonyme, écouter tout simplement. sans prendre la parole, comprendre comment ça se passe, discuter aprÚs la réunion avec différents dépendants en rétablissement et se renseigner. C'est vrai que ce n'est pas toujours facile, je pense, pour les personnes qui soutiennent des gens qui sont dans la dépendance, qui ont du mal à s'en sortir et qui, effectivement, il faut comprendre aussi un peu dédiaboliser l'image qu'on se fait des choses.

  • Speaker #1

    C'est ce que j'essaye de faire aussi à travers mon podcast, dédiaboliser et rendre ça plus fun, plus accessible, plus normal. Et d'une part pour ouvrir les yeux à ceux qui ne sont pas du tout en contact avec ça, parce qu'il y en a qui n'ont jamais fumé, ou ceux que j'appelle les faux fumeurs qui ne traversent pas le sevrage que moi j'ai traversé à mon échelle, et qui trouvent ça complÚtement lunaire. Ceux qui sont encore dans le conseil de mec, un peu de volonté, c'est bon quoi

  • Speaker #0

    Oui, oui, un peu de volonté.

  • Speaker #1

    Du coup, tu sais avec ceux-lĂ  que tu ne peux pas discuter, et qu'ils sont plein de bonnes volontĂ©s, eux, pour t'aider, alors que ça va ĂȘtre les pires soutiens. dans les dĂ©marches.

  • Speaker #0

    La bonne volontĂ©, c'est bien, mais ça ne suffit pas. Pour moi, le fait d'aller en rĂ©union et d'y aller rĂ©guliĂšrement, j'Ă©tais en douceur et je n'Ă©tais jamais seule. C'est vraiment ce qui m'a permis d'y arriver. C'est l'entraide d'un dĂ©pendant Ă  un autre, la comprĂ©hension qu'on a. J'ai appris Ă  parler de mes Ă©motions, Ă  parler de moi. Ne plus en avoir honte. C'est OK, chacun son rythme, chacun ressent ce qu'il ressent. Au bout de quelques annĂ©es, j'ai commencĂ© une thĂ©rapie en parallĂšle. Je suis restĂ©e quatre ans en thĂ©rapie. Alors, pendant toutes ces annĂ©es, toutes les semaines, et puis aprĂšs, toutes les deux semaines Ă  peu prĂšs. Et je continuais en rĂ©union Narcotic Anonyme. AprĂšs rĂ©union Narcotic Anonyme, j'y allais au dĂ©part quelque part juste pour moi. Et aprĂšs, j'y allais un peu dans une dĂ©marche de retransmettre ce qu'on m'avait donnĂ© gratuitement. Et de garder le lien, de continuer, moi aussi, de me rĂ©tablir comme ça. Ça donne du sens aux dĂ©marches, Ă  son rĂ©tablissement.

  • Speaker #1

    Comme des piqûres de rappel aussi.

  • Speaker #0

    ComplĂštement.

  • Speaker #1

    Se rappeler qu'il faut avoir l'humilité de se dire que c'est jamais vraiment derriÚre soi.

  • Speaker #0

    ComplĂštement, en fait. Parce qu'on a beau reconstruire, on a beau ĂȘtre client, reconstruire, renouer des liens, crĂ©er de nouvelles choses dans sa vie, la dĂ©pendance, elle est toujours lĂ . Elle sera toujours lĂ . On a besoin de se rappeler, en fait, d'oĂč on vient. On oublie vite ce qui s'est passĂ©. Et pourtant, ça nous a fait mal, ça nous a torturĂ©s. Mais on oublie. On oublie que... De la mĂȘme façon, quand on arrĂȘte de fumer Ă  cigarette, on se dit, bon, c'est juste une, ça fait longtemps. J'ai les narcotiques anonymes. On dit, une, c'est trop, une mille, jamais suffisant.

  • Speaker #1

    Jacques, dans son épisode, il voulait te citer... disant cette phrase, c'était pas clair la maniÚre dont il l'avait formulée. Il dit, ah, il faut demander à Sandy.

  • Speaker #0

    C'est ça.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux nous la redire ?

  • Speaker #0

    Effectivement. Alors, chez les narcotiques anonymes, on dit, une fois c'est trop et mille fois jamais suffisant. Et ce qui veut dire qu'on reste dĂ©pendant, on ne maĂźtrise pas. MĂȘme si on se dit, bon, je le fais une fois, c'est pas grave, je suis dans un environnement particulier, je fais la fĂȘte, je profite, je m'autorise une fois. Sauf qu'en fait, non, on est dĂ©pendant. Donc une fois, c'est dĂ©jĂ  trop. On sait qu'une fois, c'est le dĂ©but de mille fois qui suivent. Et on ne peut plus se mentir, on le sait. À partir du moment oĂč on commence Ă  ĂȘtre clean, en rĂ©tablissement, Ă  travailler sur soi, on ne peut plus se mentir. Ça devient difficile.

  • Speaker #1

    J'ai quand mĂȘme la projection que ce genre d'endroit n'est pas dĂ©nuĂ© d'humour.

  • Speaker #0

    Au contraire.

  • Speaker #1

    Je vois bien, l'humour ça peut tellement ĂȘtre libĂ©rateur et ça peut tacler dans tous les sens.

  • Speaker #0

    Ah oui, complĂštement, complĂštement. C'est vrai qu'une personne non-dĂ©pendante qui vient en rĂ©union pourrait ĂȘtre assez choquĂ©e pour puisse avoir un humour parfois trĂšs noir. effectivement mais il faut y mettre aussi tout ça en fait il faut y mettre de l'humour il faut y mettre parce que c'est vrai en fait il se passe des choses improbables et aprĂšs la reconstruction j'Ă©tais dans cette phase oĂč ça y est maintenant je peux m'autoriser vraiment ĂȘtre qui je suis sans filtre et Ă  vraiment me faire du bien dans tous les aspects de ma vie c'est vrai que je m'Ă©tais remis j'avais une autre approche de mon corps de l'esprit mais aussi du corps, je faisais plus de sport. Et en fait je pense que dans cette dĂ©marche de me faire du bien, ce dernier rempart... De me dire, je suis bien, je fais du sport, je mange sainement, je continue Ă  fumer. C'est quoi le sens ? C'est quoi le sens derriĂšre ? Je fais tout ça pour finalement continuer Ă  remplir mes poumons de toutes ces mauvaises choses. Ça n'avait pas de sens.

  • Speaker #1

    Alors comment tu justifiais de continuer de fumer malgré ça ? Parce que rationnellement, intellectuellement, tu le sais. Mais qu'est-ce que tu te racontais comme histoire pour dire, oui non mais ça va ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'Ă©tait juste une habitude, en fait.

  • Speaker #1

    Ah ouais ?

  • Speaker #0

    Je pense que c'Ă©tait juste une habitude. Et puis, un des derniers remparts de la dĂ©pendance, c'est quand mĂȘme de la nicotine. C'est pas rien, en fait. Ça modifie quand mĂȘme le corps. Ça modifie quand mĂȘme ce qu'on ressent. MĂȘme si on a l'impression que c'est juste une cigarette. Non, c'est pas juste une cigarette. Je pense que j'avais beaucoup avancĂ©, mais que j'Ă©tais peut-ĂȘtre pas encore prĂȘte. Je pense que ça a fait son chemin un peu tout seul. Vraiment cette dĂ©marche, comme je te disais, de prendre soin de soi. Qu'au bout d'un moment, ce dernier rempart qui ne me faisait pas du bien n'avait plus de sens. J'Ă©tais dans un moment de ma vie oĂč il fallait que les choses aient du sens, en fait. J'avais besoin d'ĂȘtre honnĂȘte vis-Ă -vis de moi-mĂȘme. Quelle version de moi-mĂȘme j'ai envie d'ĂȘtre ? Je ne suis pas obligĂ©e d'ĂȘtre fumeuse, je n'en ai pas besoin finalement. Parce que j'en ai besoin. Pourquoi je fume ? Je fume parce que, par habitude, je peux en crĂ©er d'autres. Puis, est-ce que j'ai envie d'ĂȘtre cette identitĂ© de fumeuse ? Finalement, je regardais un peu les fumeurs autour de moi et je me disais, ça n'a plus d'attrait, en fait. De la mĂȘme façon que je voyais les gens consommer de l'alcool ou d'autres drogues, tout ça n'avait plus d'attrait, vraiment. Et alors, je ne vais pas dire que ça s'est fait du jour au lendemain. Je mettais des patchs au dĂ©but, c'Ă©tait il y a quatre ans. Et donc, j'ai commencĂ© par les... patchs.

  • Speaker #1

    Tu recommandes ?

  • Speaker #0

    Ça aide. AprĂšs, je pense que l'arrĂȘt de la cigarette, il n'y a pas une façon de faire. Je pense qu'il faut trouver celle qui nous convient. Moi, au dĂ©but, j'ai mis des patchs. C'est ce qui me semblait le plus simple. En fait, je mettais de moins en moins de patchs. Et un jour, je n'en ai pas mis. J'ai eu une journĂ©e trĂšs stressante. J'ai couru Ă  la pharmacie pour demander des nicorettes. Je me suis dit, il me faut quelque chose de rapide qui me... qui me dĂ©tendent ou je sais pas ce que je m'Ă©tais racontĂ©. J'ai pris une icorette et je pense qu'elle Ă©tait trĂšs trĂšs forte. J'ai eu une impression de m'Ă©touffer. Je me sentais mal, ça me donnait la nausĂ©e. Et je me suis dit, ah non, pas du tout, une icorette, je n'en veux pas. Et bizarrement, aprĂšs cette icorette, dĂšs que je sentais quelqu'un fumer, ça me dĂ©goĂ»tait. MĂȘme je voyais quelqu'un sur le mĂȘme trottoir que moi qui fumait. J'Ă©tais obligĂ©e de changer de trottoir, ça me dĂ©goĂ»tait vraiment, j'avais ce dĂ©goĂ»t. Et je me suis dit, ça y est, c'est fini.

  • Speaker #1

    Trop bien, hyper pratique d'avoir cette sensation-lĂ .

  • Speaker #0

    Ouais, c'est fini. Et j'ai arrĂȘtĂ© de fumer pendant deux ans. Sauf que...

  • Speaker #1

    Oh merde !

  • Speaker #0

    Eh oui ! Ah putain de merde ! Et c'est lĂ  oĂč vraiment je dis, on reste dĂ©pendant et attachĂ© Ă  tout ça. Et c'est ancrĂ©, c'est fou comme c'est ancrĂ© dans la tĂȘte. On oublie trĂšs trĂšs vite, en fait, qu'est-ce qui s'est passĂ©, comment j'ai repris au travail, tout simplement. Une journĂ©e un peu fatigante, une journĂ©e un peu longue, des moments longs, des collĂšgues qui fument beaucoup. Et puis un jour, je ne sais pas, je me suis dit, bon, je vais juste en prendre une. Oh,

  • Speaker #1

    tu t'es fait happer par le juste une ?

  • Speaker #0

    Ouais, alors que ça faisait deux ans.

  • Speaker #1

    Incroyable.

  • Speaker #0

    Et... Nul, hein. Je me suis sentie nulle.

  • Speaker #1

    Tu le savais au fond de toi que le juste une s'était risqué ?

  • Speaker #0

    Alors je le savais, mais je pense que j'Ă©tais complĂštement dans le dĂ©ni parce que j'Ă©tais dans une pĂ©riode oĂč j'avais repris un quotidien, j'avais repris le travail, j'avais construit une nouvelle vie et j'avais oubliĂ©. En fait, Ă  ce moment-lĂ , je n'allais plus aux narcotiques anonymes. J'avais fini ma thĂ©rapie, j'avais repris une vie entre guillemets normale. Tout se passait bien. Et quand tout se passe bien, l'incompte, si on peut se dire, c'est OK, en fait, c'est bon, je suis guĂ©rie.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il n'y a pas de l'autosabotage ? Une maniÚre de se tester ou de créer de l'intensité dans cette économité qu'on peut trouver ennuyeuse ?

  • Speaker #0

    Je me sabotais complÚtement, de toute façon, parce que je voyais que je travaillais beaucoup, mais je ne m'écoutais plus, je prenais moins soin de moi. Je faisais moins de sport, je travaillais plus, je prenais moins le temps de prendre soin de moi. de prendre soin de mon corps, de voir les gens autour de moi. Donc en fait, je pense que clairement, l'environnement est important pour moi. Le fait de prendre soin de moi est important. Et que je me suis fait l'illusion qu'en fait, j'allais reconstruire des choses et que tout allait bien. Et que j'avais tellement travaillé sur moi que...

  • Speaker #1

    Est-ce que quand tu en es arrivée à je vais en prendre juste une en disant c'était une journée un peu fatigante, un peu longue est-ce que ça ne faisait pas plusieurs jours que tu y pensais ? Clairement. Est-ce que tu es vraiment arrivée sans qu'on s'y attende, sans qu'il y ait un truc qui se trame ?

  • Speaker #0

    En fait, le truc qui se trame, c'est que tout simplement, je prenais de moins en moins soin de moi. Je mangeais de plus en plus mal, je travaillais de plus en plus, j'Ă©tais fatiguĂ©e. En fait, c'est des petits signaux qui donnent des alertes, tout simplement. Moins bien dormir, moins bien se nourrir, ĂȘtre fatiguĂ©e, ĂȘtre plus stressĂ©e.

  • Speaker #1

    Alors avec le recul, qu'est-ce que tu pourrais conseiller à cette Sandi qui a recréqué au bout de deux ans ? Si t'avais su, comment t'aurais fait autrement ?

  • Speaker #0

    En fait, je pense que j'avais besoin d'un petit rappel, en fait. C'est difficile comme question. Qu'est-ce que j'aurais pu faire ? En fait, rester en lien, vraiment. Rester en lien parce que les gens autour de nous, les gens qui nous veulent du bien autour de nous, je pense, que ce soit la famille, les amis proches ou les rĂ©unions narcotiques anonymes, clairement, c'est des rappels, en fait. À partir du moment oĂč on s'isole, On peut avoir la bonne volontĂ©, mais on peut la perdre aussi rapidement. On peut ĂȘtre trĂšs motivĂ© pour commencer quelque chose, mais pour tenir sur la longueur, il faut avoir des rappels.

  • Speaker #1

    C'est quoi concrĂštement qui aurait pu t'aider ?

  • Speaker #0

    Confronter mon déni. Moi, j'aurais pu, à ce moment-là, je me disais sûrement, Juste une cigarette, c'est OK. Mais j'aurais été encore en lien à ce moment-là, on m'aurait dit, Mais une, c'est trop, et jamais suffisant.

  • Speaker #1

    peux raconter une histoire mais tu sais comment ça se passe la dépendance donc l'option tu avais dit ça si tu avais été entouré avec les gens qui te connaissent et qui te veulent du bien il aurait dit ça au bon moment tu aurais su l'entendre clairement en fait c'est pas que j'aurais su l'entendre si je le savais je le savais mais c'est

  • Speaker #0

    juste que Ă  un moment donnĂ© je me suis pas vu je me suis laissĂ© Ă  paix en fait je me suis laissĂ© Ă  paix et c'est vrai que J'ai Ă©tĂ© moins dans cette dĂ©marche de travailler sur moi, de prendre soin de moi. Tout simplement, c'est vraiment une question d'environnement. Pour moi, finalement, je me rends compte que mon environnement est primordial. Me sentir bien dans mon travail, me sentir bien entourĂ©e, me sentir bien aussi Ă  l'endroit oĂč je vis. Tout ça, c'est trĂšs important. Parce que sinon, effectivement, je peux me faire happer. On est fumeur Ă  vie, pour moi. On est dĂ©pendant aussi Ă  vie. C'est juste qu'on apprend Ă  vivre autrement.

  • Speaker #1

    Et tu as juste une. Elle a été seule combien de temps ? C'est-à-dire qu'elle est arrivée au bout de combien de temps, la deuxiÚme ? La troisiÚme ? Et le rythme habituel ?

  • Speaker #0

    Alors, lĂ  oĂč je vois que je... Je me mentais, mais j'Ă©tais consciente. C'est-Ă -dire qu'aprĂšs cette cigarette que j'avais prise au travail, pas refumĂ© tout de suite. Mais Ă  un moment donnĂ©, j'ai eu envie de refumer. Et je suis allĂ©e dans un tabac. Je me souviens trĂšs bien. Et je suis arrivĂ©e au tabac et lĂ , j'ai pris un paquet de chewing-gum Ă  la place d'un paquet de cigarette. Je suis arrivĂ©e au comptoir et lĂ , je me suis dit Mais non, mais qu'est-ce que tu fais ? Non, prends un paquet de chewing-gum. J'ai pris un paquet de chewing-gum et quelques jours plus tard, j'ai craquĂ©. J'ai achetĂ© le paquet de cigarettes. Mais je savais, finalement. Sauf que, bah... Une fois que j'avais achetĂ© le paquet, bah... Je suis repartie dedans.

  • Speaker #1

    C'est ouf, ce truc de sentir qu'une fois qu'on a rachetĂ© un paquet, il y a le foutu pour foutu. C'est trĂšs, trĂšs rare, les gens qui tĂ©moignent de... J'ai achetĂ© un paquet, et puis aprĂšs, j'ai re-arrĂȘtĂ©. Enfin, ce genre de dĂ©rapage... Non, une fois qu'on achĂšte le paquet, on signe. On est OK pour signer de... Bon, allez, on reprend. Bah,

  • Speaker #0

    rien ne nous en rend... enfin je veux dire ça ne nous empĂȘche de m'a pourtant si l'addiction qui reprend le pouvoir ou alors quoi il aurait fallu non je veux dire personne ne nous empĂȘche de d'en racheter ah oui on n'est pas confrontĂ© on devrait tu sais comme dans les casinos oĂč on peut interdire Ă  d'entrer Ă  l'entrĂ©e est ce que vous ĂȘtes humeur est ce que vous ĂȘtes non plus mais est-ce que vous essayez d'arrĂȘter bon alors vous ne rentrez pas mais ce serait bien

  • Speaker #1

    MĂȘme si on peut se faire acheter des clubs par d'autres gens, mais c'est quand mĂȘme une dĂ©marche supplĂ©mentaire.

  • Speaker #0

    Non, on sait trĂšs bien que si on a envie, de toute façon, on trouvera toujours un moyen. Moi, pendant un moment, j'Ă©tais dans ce dĂ©ni de me dire, j'en rachĂšte pas, mais bon, j'en prends une Ă  droite, une Ă  gauche. Mais j'en rachĂšte pas. Mais j'essaye d'arrĂȘter. Je suis non fumeuse.

  • Speaker #1

    Alors attends, j'en suis Ă ... Tu rechutes au bout de deux ans. Ça, c'Ă©tait il y a combien de temps ?

  • Speaker #0

    C'Ă©tait il y a deux ans Ă  peu prĂšs.

  • Speaker #1

    Ok. Tu rechutes et donc tu refumes comme en 40 ?

  • Speaker #0

    Oui. Peut-ĂȘtre moins quand mĂȘme. Peut-ĂȘtre moins. Mais je fumais toujours, mais un peu moins. Mais c'est pas une question de quantitĂ© finalement. Non.

  • Speaker #1

    J'imagine que... aux narcotiques anonymes, on ne parle pas forcément de quantité. En tout cas, dans tous les livres que j'ai lus sur les addictions, sur l'analyse de ça, c'est pas la quantité qui compte, c'est ton rapport au produit, au comportement. Alors bien sûr, la quantité peut jouer, évidemment. Mais c'est pas ça le sujet.

  • Speaker #0

    Non, pas du tout. En fait, c'est mĂȘme pas une question de produit, c'est pas une question de quantitĂ©, c'est mĂȘme pas une question de frĂ©quence. Et c'est vrai que ça m'avait rassurĂ©e quand j'ai commencĂ© les rĂ©unions, parce que euh... On va justifier notre statut dĂ©pendant Ă  la quantitĂ© ou aux produits qu'on va consommer, alors que non, ça a des consĂ©quences dans nos vies. Et c'est tout, en fait. Et alors,

  • Speaker #1

    du coup, il y a deux ans, tu refumes comme en 40. Qu'est-ce qui se passe ?

  • Speaker #0

    Je savais inconsciemment que je ne voulais plus ĂȘtre fumeuse. En fait, je le savais mĂȘme inconsciemment. Je ne souhaitais plus ĂȘtre fumeuse. Je le savais.

  • Speaker #1

    Tu voulais te reconnecter Ă  la Sandi qui a arrĂȘtĂ© de fumer pendant deux ans, qui avait l'air en paix avec ça.

  • Speaker #0

    Je ne voulais plus ĂȘtre esclave, je voulais ĂȘtre libre, ĂȘtre moi-mĂȘme, ne plus avoir ce filtre, ne plus avoir cette dĂ©marche de fumeuse. Ça ne me convenait plus en fait, ça me collait Ă  la peau, mais c'Ă©tait un mauvais costume, ça ne me convenait pas, ce n'Ă©tait pas moi.

  • Speaker #1

    Tu avais retrouvé ta vraie identité.

  • Speaker #0

    En fait, c'est surtout que je l'avais trouvĂ©e quand je suis devenue abstinente de tout, de drogue, etc., de cigarettes. Je m'Ă©tais trouvĂ©e vraiment moi-mĂȘme. Et Ă  partir du moment oĂč je m'Ă©tais connectĂ©e Ă  ça, mĂȘme si j'avais par la suite repris la cigarette, je savais que cette sandile-lĂ , elle existe. Je n'avais pas envie de me gĂącher, en fait. Je n'avais plus envie de me mentir. Je savais que ce n'Ă©tait pas possible, que ce n'Ă©tait pas moi.

  • Speaker #1

    Et en plus, tu as connu pendant deux ans ce qu'Ă©tait ĂȘtre non-fumeuse. Et donc ça te donnait envie, tu savais que tu avais pu expĂ©rimenter la vraie libertĂ©.

  • Speaker #0

    La vraie libertĂ©, ne plus me poser de questions, de savoir est-ce que j'ai une cigarette ou pas, quand je pars Ă  droite ou Ă  gauche, est-ce qu'il me reste suffisamment de monnaie quand je veux faire mes courses pour aller me prendre un paquet en mĂȘme temps. J'Ă©tais libre, oui une charge mentale complĂštement, mais j'Ă©tais libre. Et puis mĂȘme si j'Ă©tais fumeuse... Quand j'ai repris la cigarette, je continuais quand mĂȘme Ă  prendre soin de moi. Je fume encore, mais je prends soin de moi. Je fume, mais je vais quand mĂȘme courir trois fois par semaine. Sauf que je respire moins bien que quand j'Ă©tais non fumeuse. Donc Ă  un moment donnĂ©, je ne peux pas me mentir. Je vais face Ă  moi-mĂȘme et je sais que ça ne me convient pas. Je sais que ce n'est pas moi, je sais que ce n'est pas ce que j'ai envie d'ĂȘtre.

  • Speaker #1

    Alors, qu'est-ce que tu mets en place ?

  • Speaker #0

    J'essaie de moins fumer. En fait, j'essaie de me raconter encore une histoire. C'est difficile d'arrĂȘter du jour au lendemain. Les personnes qui me disent moi, j'ai arrĂȘtĂ© du jour au lendemain alors je ne dis pas que ça n'existe pas, pour certains, ça va peut-ĂȘtre fonctionner, ce n'est pas mon histoire. Et d'un cĂŽtĂ©, je me dis que je me racontais des histoires et que j'Ă©tais encore dans le dĂ©ni, que... J'ai arrĂȘtĂ©, mais par intermittence. D'un cĂŽtĂ©, je me dis, c'est OK, en fait. Je peux amener un peu de douceur, en fait, Ă  tout ça. J'ai vraiment cette volontĂ© au fond de moi. J'ai vraiment envie de m'en dĂ©barrasser. C'est pas facile. C'est OK. Faut que je continue Ă  faire ce qu'il faut, et au bout d'un moment, ça va fonctionner. Il faut que je nourrisse, en fait, cette envie d'arrĂȘter. En prenant soin de moi, de nouveau. En fait, j'ai appris beaucoup de choses au sein de Narcotique Anonyme. Je savais que pour arrĂȘter de fumer aussi, il fallait que je m'Ă©loigne des fumeurs.

  • Speaker #1

    Au moins un temps ?

  • Speaker #0

    Au moins un temps. Au moins un temps parce qu'aujourd'hui, quand je sens quelqu'un fumer Ă  cĂŽtĂ© de moi, ça me dĂ©rangeait. Quand j'ai commencĂ© Ă  arrĂȘter de fumer, ça ne me dĂ©rangeait pas. Et c'est ce truc justement de ça ne me dĂ©range pas, donc c'est encore assez prĂšs de moi. Trop prĂšs. Un peu dangereux encore. Donc j'avais besoin de me couper de ça. Jusqu'Ă  ce que ça ne me convienne vraiment plus. Et puis c'est facile de rechuter, d'en reprendre une. Tellement facile. Quelques secondes. Donc il fallait que je m'Ă©loigne de tout. Donc vraiment changer. Et c'est vraiment ça, c'est changer d'environnement. s'entourer de personnes qui nous font du bien, de gens qui nous amĂšnent vers des bonnes choses, qui nous tirent vers le haut, qui sont dans une dĂ©marche de prendre soin d'eux aussi. C'Ă©tait vraiment ça. AprĂšs, malgrĂ© ça, il y a des jours oĂč je fumais, des jours oĂč je fumais pas. Et il y a un peu moins de deux ans, j'ai rencontrĂ© Jacques et des amis en commun. On est partis en Corse, on s'est rencontrĂ©s comme ça. Et lui, il fumait. Moi, je fumais un jour sur deux. Et on a commencĂ© notre relation et j'ai refumĂ© complĂštement. Ce truc, comme je disais au dĂ©but, que soit il y a deux non-fumeurs, soit il y a deux ex-fumeurs. Mais il n'y a pas un fumeur et un ex-fumeur. C'est compliquĂ©. Et puis, Ă  un moment donnĂ©, je lui ai dit, moi, je vais arrĂȘter de fumer, en fait. Et puis... Je veux arrĂȘter de fumer, puis Jacques avait des problĂšmes de respiration, d'asthme, de souffle. Et je crois que je voyais aussi la gravitĂ©, les consĂ©quences aussi directes. Parce que autant, moi j'ai pas eu, j'ai de la chance, trop de consĂ©quences au niveau de ma respiration, mais lui je l'ai vu directement, je voyais les consĂ©quences directement, et je me disais mais en fait non, j'ai rencontrĂ© l'homme de ma vie. J'ai reconnu des choses dans ma vie. J'ai pas envie de continuer Ă  me dĂ©truire, j'ai envie qu'on profite en fait, j'ai envie de vivre, j'ai envie qu'on vive Ă  deux, bien, le mieux possible en tout cas. Donc on a dĂ©cidĂ© d'arrĂȘter tous les deux, on s'est achetĂ© des cigarettes Ă©lectroniques, et c'est vrai qu'avec de la nicotine toujours, moi je me disais que c'Ă©tait mieux, la cigarette Ă©lectronique, la cigarette, mais aprĂšs on garde des habitudes, on garde des habitudes de... Toujours l'avoir en main, toujours avoir un peu de nicotine. Il y a un peu ce truc d'avoir un petit doudou, toujours avec soi, d'ĂȘtre rassurĂ©e. Et puis on prenait un peu la cigarette de temps en temps, et puis de nouveau la cigarette Ă©lectronique, etc. Et puis depuis quelques temps, lĂ , moi j'ai arrĂȘtĂ© complĂštement tout. Ça va faire un mois Ă  peu prĂšs. Comment ça s'est passĂ© ? Tout simplement, je devais me faire opĂ©rer. Je devais avoir une opĂ©ration et on m'avait dit pour l'opĂ©ration il faut que... Il ne faut plus que tu fumes. Il ne faut plus que tu fumes du tout, pas de nicotine, rien du tout. Cette opĂ©ration, elle Ă©tait importante pour moi, donc je voulais faire correctement les choses. Et du coup, je n'ai mĂȘme pas eu de difficultĂ© Ă  arrĂȘter Ă  ce moment-lĂ . Parce que je voulais me faire du bien et j'avais envie de faire les choses correctement, je n'avais pas envie de me gĂącher. Donc j'ai arrĂȘtĂ© complĂštement et on m'a dit aprĂšs l'opĂ©ration il faudra encore ĂȘtre non fumeuse pendant un certain temps.

  • Speaker #1

    Tu aurais pu le dire pour toute la vie, te faire la suggestion.

  • Speaker #0

    Et non mais en fait je me suis dit mais effectivement là j'ai tenu déjà depuis deux semaines et puis là je suis dans la troisiÚme semaine, j'en ressens plus le besoin finalement. Donc profitons-en, ne reprenons pas.

  • Speaker #1

    En janvier, moi, j'avais eu l'information qu'autour de janvier, vous aviez dĂ©cidĂ© d'arrĂȘter ensemble.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Donc, il y a eu des dĂ©rapages, des rechutes, des reprises, des arrĂȘts.

  • Speaker #0

    ComplĂštement.

  • Speaker #1

    On fume un paquet par jour ou c'Ă©tait juste une par-ci, une par-lĂ  ?

  • Speaker #0

    Alors, c'Ă©tait une par-ci, une par-lĂ . Ça a Ă©tĂ© aussi, on n'en achĂšte pas, mais Ă  chaque fois qu'on sort, on en prend une Ă  droite, Ă  gauche. Je vais mĂȘme aller jusqu'Ă  avouer de... J'en garde une sur le... coudes et je la mets dans un coin Ă  la maison au cas oĂč un jour on sait pas elle a Ă©tĂ© fumĂ©e elle a Ă©tĂ© fumĂ©e bien Ă©videmment bien Ă©videmment mais non c'est fini ça c'est inutile et non lĂ  je suis plus du tout dans cette dĂ©marche lĂ  pour moi du coup ça fait quasiment un mois j'en ressens pas du tout besoin j'ai pas repris non plus la cigarette Ă©lectronique

  • Speaker #1

    Waouh, gĂ©nial ! Tu n'en sens pas le besoin, mais toi-mĂȘme, tu sais que ça peut revenir, que ça va revenir. Ça fait partie des cycles. Donc, tu sais comment tu vas gĂ©rer ça quand l'envie va revenir ?

  • Speaker #0

    Je sais ce qu'il faut mettre en place.

  • Speaker #1

    Et tu l'as mis en place ?

  • Speaker #0

    Alors, pour l'instant, je n'ai pas eu le besoin de mettre les choses en place. HonnĂȘtement, je pense qu'il ne faut pas attendre d'avoir besoin pour mettre les choses en place.

  • Speaker #1

    Ok, donc, c'est quoi la prochaine Ă©tape ?

  • Speaker #0

    Remettre de bonnes choses, de meilleures choses dans mon environnement. C'est vrai que je te disais en arrivant que... Je faisais moins de sport qu'avant, alors que c'est quelque chose que j'aime. Il faut que je remette des habitudes dans ce sens-lĂ , parce que ça me fait du bien. Et plus on se fait du bien, et moins on a envie de se faire de mal. tout simplement. C'est la logique des choses pour moi et alors ça peut ĂȘtre ça, ça peut ĂȘtre aussi le fait de partager ma dĂ©marche. Ne pas faut pas que ce soit un secret. MĂȘme si je le fais pour moi, le fait de le dĂ©clarer c'est lactĂ©. C'est Ă  dire que si je dis Ă  ma famille ou Ă  mes amis c'est non je suis non fumeuse, si Ă  un moment donnĂ© j'ai Une petite faiblesse, entre guillemets. Autour de moi, on me dit, Mais dis donc, tu faisais pas la dĂ©marche d'arrĂȘter ?

  • Speaker #1

    Ça, qu'on te fasse ce genre de remarques, ça t'aide ?

  • Speaker #0

    Bien sĂ»r que ça aide. Être confrontĂ©e, bien sĂ»r. Ça aide. Et puis, rester en lien, en fait. Rester en lien, rester, se faire du bien. Toutes ces choses, pour moi, c'est vraiment important. Et avouer, en fait, ĂȘtre honnĂȘte. Chez les narcotiques anonymes, ils ont ces... C'est valeur d'honnĂȘtetĂ©, ouverture d'esprit, bonne volontĂ©. C'est ce qu'on dit. L'honnĂȘtetĂ© de ma dĂ©marche. D'ĂȘtre honnĂȘte que si j'ai envie d'une cigarette, je le dis. J'ai envie d'une cigarette. C'est OK. Je ne suis pas obligĂ©e d'agir par la suite. Juste j'ai envie, ça va passer.

  • Speaker #1

    Le nommer, c'est montrer Ă  soi-mĂȘme qu'on n'est pas dans le dĂ©ni.

  • Speaker #0

    ComplĂštement. C'est ne plus se mentir. C'est vraiment ĂȘtre honnĂȘte et d'avouer ce qu'on ressent. C'est ça, l'honnĂȘtetĂ©, l'ouverture d'esprit. Effectivement, je peux faire autrement. Je peux faire autrement. La premiĂšre fois que j'avais arrĂȘtĂ© la cigarette, j'avais mis en place toutes ces choses-lĂ . Le fait de rester en lien, de faire du sport, de bien manger. Et puis aussi tous ces petits moments oĂč j'ai envie d'une cigarette. Souvent dans les moments oĂč j'Ă©tais dans l'attente. Ou alors... Quand je suis seule, en tout cas, j'Ă©tais dans la tente, j'avais envie d'une cigarette pour passer le temps. Souvent, j'avais cette cigarette. Finalement, assez rapidement, je me disais, en fait, appelle quelqu'un. Le pouvoir du tĂ©lĂ©phone, incroyable. J'appelais quelqu'un et quelqu'un qui savait que j'Ă©tais dans cette dĂ©marche d'arrĂȘter, je l'appelais juste cette personne et je lui disais, j'ai envie d'une cigarette. Et de j'ai envie d'une cigarette, finalement... On part dans une vraie conversation. Avant de la conversation, j'ai oubliĂ© que j'avais eu envie d'une cigarette. Je n'en ai plus envie. Et c'est passĂ©, je n'ai pas fumĂ©, je suis fiĂšre de moi en plus. Le pouvoir du tĂ©lĂ©phone. Donc ça, c'est un outil parmi d'autres. Mais il y a vraiment ce truc d'honnĂȘtetĂ©, d'ĂȘtre honnĂȘte avec soi-mĂȘme, d'ĂȘtre honnĂȘte avec les autres, avec sa dĂ©marche, ne pas cacher les choses. Pour moi, c'Ă©tait ok de me dire finalement... Vaut mieux Ă  un moment donnĂ©, dans ma dĂ©marche d'arrĂȘt, de rejeter une fois et de me dire aprĂšs mais qu'est-ce que t'as fait ? Non, non, non. Tu sais que tu veux ĂȘtre en fumeuse, reprendre les choses dans le bon ordre. PlutĂŽt que de cacher les choses en fait, de me dire non, non, j'ai envie mais j'ai pas envie. Et pas utiliser tous ces outils, ne pas ĂȘtre dans la solution, d'ĂȘtre dans ce truc de surpuissance, de je maĂźtrise. Ça va aller, je peux me dĂ©brouiller toute seule. C'est ok. C'est ok de dire j'ai envie de fumer, c'est ok de dire j'ai besoin d'ĂȘtre soutenue, j'ai besoin d'en parler. Aujourd'hui, effectivement, tu me disais qu'est-ce que tu vas mettre en place aujourd'hui, je sens que j'ai besoin de travailler sur moi. Je me rends compte que c'est quelque chose qui me fait du bien et il y a diffĂ©rentes façons de le faire. Alors je te parlais de reprendre plus le sport, mais je pense aussi que je vais peut-ĂȘtre avoir des dĂ©marches de l'acupuncture. essayer des dĂ©marches comme ça, j'y crois, je pense que ça peut me faire du bien. En tout cas, ça se tente. Qu'il tente rien Ă  rien, et puis au pire, qu'est-ce que je risque ? C'est un peu ça aussi. C'est au pire, qu'est-ce que je risque ? Que ça marche.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce que tu voudrais dire Ă  Sandy dans quelques temps qui Ă©couterait le podcast ? Tu peux choisir le moment oĂč ça peut ĂȘtre le mois prochain ou dans un an. Ce podcast existera toujours. Peut-ĂȘtre que des gens autour de toi vont t'en parler, ou toi tu vas retomber dessus. Envoie-lui un message.

  • Speaker #0

    Je me remercierai. Je me remercierai d'avoir eu le courage, d'avoir Ă©tĂ© honnĂȘte, de faire tout ce travail. Difficile. Parce que c'est vrai que quand on le raconte comme ça, ça a l'air simple. Mais c'est un combat d'un jour Ă  la fois.

  • Speaker #1

    Oui, ça c'est un peu le slogan des alcooliques anonymes.

  • Speaker #0

    Alcooliques anonymes, narcotiques anonymes.

  • Speaker #1

    On le dit aussi chez les narcotiques anonymes ?

  • Speaker #0

    C'est un jour Ă  la fois.

  • Speaker #1

    Et mĂȘme au dĂ©but,

  • Speaker #0

    ça va ĂȘtre une heure Ă  la fois. C'est vraiment une heure Ă  la fois, parfois, oui. Mais petit Ă  petit, tous ces efforts, quand mĂȘme c'est difficile, ce petit effort supplĂ©mentaire que j'ai pu faire, qui a tout changĂ© finalement.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu pourrais ouvrir mon livre au hasard pour voir si tu tombes sur quelque chose qui serait un perdoil pour toi ?

  • Speaker #0

    Alors, alors, alors... Une autre explication de beaucoup de rechutes est le choc Ă©motionnel. Et Ă  Ă©couter les tĂ©moignages, la rechute apparaĂźt comme Ă©vidente et salvatrice pour soulager l'Ă©motion. Je me vois parfaitement nĂ©gocier une clope dans l'urgence Ă©motionnelle d'une terrible nouvelle. Ce ne sera mĂȘme pas une excuse, mais un foutu pour foutu. Oui, oui, oui, j'identifie bien avec ça. Aujourd'hui, je sais que j'ai assez de recul. J'ai assez de recul et je sais que ça ne marche pas, en fait. Je sais que ça ne marche plus.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça dont on n'a pas encore conscience. Qui m'a dit ça ? Ah oui, j'en parle dans le podcast de... J'en discute avec Sacha dans un épisode, parce que je connais quelqu'un qui a refumé suite à un choc émotionnel trÚs fort, à prendre la mort de quelqu'un, avec ce foutu pour foutu. Et quand je lui ai posé la question, la personne m'a dit en fait, j'aurais pu ne pas la prendre cette clope Et Sacha disait ah bah oui, ça je vois trÚs bien comment je pourrais fumer, je vois trÚs bien comment je pourrais utiliser cette excuse Et donc je lui dis bah tu sais quoi, il paraßt qu'en fait, elle est nulle cette excuse Du coup, il m'a répondu ah ouais, bon bah... Je ne refumerais vraiment pas alors. Oui,

  • Speaker #0

    oui, oui. Bien sûr, en fait, on se dit toujours dans cette situation-là ou dans cette situation-là, je pourrais refumer. C'est presque, c'est comme si on le prévoyait presque. Mais finalement, plus le temps passe et plus on se rend compte que non, en fait, on n'en a pas besoin. On a appris à faire autrement. Et que ça n'apportera rien.

  • Speaker #1

    Je pense qu'il faut faire la dĂ©marche de se projeter. J'ai imaginĂ© quelques situations oĂč justement il y aurait un choc Ă©motionnel. Et je me suis mise en situation pour me dire non, la clope ne sera pas une bonne idĂ©e. Mais c'est pas facile. Je vois bien qu'il y a des petits diablotins Ă  l'intĂ©rieur de moi qui nĂ©gocient.

  • Speaker #0

    Toujours. Toujours. C'est effectivement, mais de toute façon, ce sera toujours le cas. Je suis non fumeuse, mais... Je reste fumeuse. En arrĂȘt.

  • Speaker #1

    Tu restes ancienne fumeuse. C'est ça. Ça fera toujours partie de ton identitĂ©.

  • Speaker #0

    Ça fera toujours partie... Mon identitĂ©, je ne dirais pas non. Parce que justement, j'ai voulu me sĂ©parer de... Oui,

  • Speaker #1

    l'identitĂ©, ce n'est pas le bon terme. Peut-ĂȘtre que c'est engrammĂ© dans l'ADN Ă  un certain niveau. Oui,

  • Speaker #0

    voilà, c'est ça. C'est ça.

  • Speaker #1

    Et aprÚs, c'est activé ou en pause.

  • Speaker #0

    Exactement. Exactement. C'est ça.

  • Speaker #1

    Et alors, du coup... On parlait de dernier rempart. Là, tu es non fumeuse. Enfin, tu es ancienne fumeuse. Tout à fait. Donc, le dernier rempart a sauté.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et comment tu te sens ? Tu n'as pas l'impression de sauter dans le grand vide ? Tu as un plan B ? Tu as compensé par une passion qui te nourrit ?

  • Speaker #0

    Jusque-lĂ , tout ce que j'ai pensĂ©, c'est honnĂȘtement, j'ai eu une opĂ©ration et je ne veux pas tout gĂącher. Je veux faire les choses bien. Ça n'a pas Ă©tĂ© tellement je veux arrĂȘter de fumer, mais c'est plutĂŽt j'ai envie de faire les choses bien. En fait, le sens qu'on y met a beaucoup d'importance. Est-ce que... Je veux arrĂȘter pour Ă©viter quelque chose ou est-ce que je veux arrĂȘter pour crĂ©er autre chose ? Je ne sais pas comment dire.

  • Speaker #1

    C'est un Ă©tat d'esprit.

  • Speaker #0

    C'est ça, c'est un Ă©tat d'esprit. Et je me dis, en fait, je suis trop contente. Cette excuse d'opĂ©ration, finalement, elle m'a rendu service. J'ai passĂ© cette Ă©tape comme ça, un peu malgrĂ© moi, finalement. Mais je n'ai pas envie d'y retourner, je n'ai plus d'attrait. Je savais que de toute façon... VoilĂ , ça fait un moment que je voulais ne plus ĂȘtre fumeuse. Donc l'occasion s'est prĂ©sentĂ©e, je l'ai pris Ă  bras le corps en fait. Je ne me suis pas posĂ©e de questions. Je ne me suis pas posĂ©e de questions. AprĂšs, est-ce que j'ai des petits moments oĂč j'ai envie ? Oui, mais je dirais que ça me passe comme une pensĂ©e passerait dans mon esprit. Ça passe d'un cĂŽtĂ© et puis je laisse passer. J'accepte en fait de ressentir ce que je ressens. C'est OK. Je sais que ça va passer.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'on peut participer aux narcotiques anonymes si on veut se sevrer du tabac ? Il y en a déjà eu ? Tu sens que ce n'est pas vraiment cette... Il n'y a pas de... Ce serait quoi ? Les fumeurs anonymes ? Les fumeurs de tabac anonymes ? Les nicotines...

  • Speaker #0

    Ça existe ça ? Peut-ĂȘtre que ça existe. Je ne sais pas du tout. J'avoue que je ne sais pas. Je pense que de toute façon, n'importe quelle rĂ©union de dĂ©pendance, peu importe le produit, fonctionne. En tout cas, pour moi, ça a fonctionnĂ©. Je ne dis pas que ça fonctionne pour tout le monde. Je pense que ce n'est pas l'unique façon d'arrĂȘter une dĂ©pendance. Moi, ça m'a aidĂ©e. AprĂšs, c'est tout un programme. Mais je pense que de toute façon, Narcotic Anonyme, moi, j'ai appris Ă  parler de mes Ă©motions aussi. La parole Ă©tant libĂ©rĂ©e, j'avais moins besoin aussi de compenser. Donc, je pense que l'aide d'un indĂ©pendant Ă  apporter Ă  un autre, de toute façon... C'est extraordinaire. AprĂšs, est-ce qu'une personne qui veut arrĂȘter de fumer peut aller en rĂ©union narcotique anonyme ? Oui, si on veut. AprĂšs, est-ce que c'est complĂštement adaptĂ© ? Oui, on parle de dĂ©pendance.

  • Speaker #1

    On peut faire la démarche de demander.

  • Speaker #0

    On peut faire la dĂ©marche de demander. De toute façon, on n'a rien Ă  y perdre, c'est sĂ»r. Une dĂ©pendance reste une dĂ©pendance, peu importe le produit. Les consĂ©quences ne sont pas forcĂ©ment les mĂȘmes, effectivement, en fonction de... des personnes, des produits, etc. MĂȘme si on essaie de ne pas faire de comparaison parce que la dĂ©pendance est une dĂ©pendance quelle qu'elle soit. En fait, chacun fait son parcours.

  • Speaker #1

    Quand est-ce que tu y es allée pour la derniÚre fois ?

  • Speaker #0

    En RĂ©union ? Oui. Je pense que ça fait... Il y a un an. Il y a un an. Et c'est vrai que... Non, un peu plus d'un an. En fait, je pense qu'Ă  peu prĂšs au moment oĂč j'ai... Un peu avant que je rencontre Jacques. Et puis, c'est vrai qu'il s'est passĂ© beaucoup de choses. Et c'est vrai, lĂ , quand je te disais, effectivement, on peut se faire rĂąper par le fait de reprendre une vie, entre guillemets, normale. OĂč tout se passe bien, une vie rend bien remplie. C'est vrai que j'ai rencontrĂ© Jacques, on a emmĂ©nagĂ© ensemble. Je continue Ă  travailler, on s'est mariĂ©s. On met des choses en place. La vie normale prend son cours, en fait. Mais je sais qu'un de mes piliers a Ă©tĂ© Narcotic Anonyme et le restera pour toujours. Je sais que peu importe oĂč j'en suis dans ma vie, je peux aller Ă  une rĂ©union Ă  n'importe quel moment et j'ai ma place. Je ne me sentirai jamais mal Ă  l'aise. C'est un endroit oĂč on ne sera jamais jugĂ©. Je ne me sentirai jamais jugĂ©. C'est une famille. Clairement, pour moi, c'est une famille. MĂȘme de gens que je ne connais pas. Mais c'est une famille.

  • Speaker #1

    LĂ , tu pourrais y retourner ? Tu y penses ? Ouais. Tiens, je me ferais bien...

  • Speaker #0

    C'est vrai que ça irait complĂštement dans ma dĂ©marche d'abstinence du tabac, complĂštement. Dans Narcotique Anonyme, il y a des personnes qui sont clean, on arrĂȘte de toute substance, drogue, etc. depuis des annĂ©es, qui ont effectivement ce dernier filtre de la cigarette et qui vont partager en rĂ©union. Moi, j'ai dĂ©cidĂ© d'arrĂȘter aussi le tabac, mon dernier rempart, et qui partagent leur dĂ©marche, effectivement. qui partagent leurs difficultĂ©s parce que finalement dĂ©jĂ  on trouve du soutien d'un dĂ©pendant Ă  un autre de personnes qui ont eu la mĂȘme expĂ©rience, qui vont nous soutenir, nous donner des outils c'est assez naturel finalement ça se fait assez naturellement et le fait d'ĂȘtre soutenu comme ça, d'avoir toujours quelqu'un derriĂšre et puis quelqu'un qui va vraiment soutenir dans cette dĂ©marche, c'est-Ă -dire que je sais que si je vais Ă  Narcotic Anonyme, je rencontre des gens que je n'ai pas vus depuis longtemps et je dis voilĂ ... En ce moment, j'essaie d'arrĂȘter de fumer. Ça va ĂȘtre gĂ©nial, etc. Et puis peut-ĂȘtre que peu de temps aprĂšs, on va me rappeler, on va me dire alors comment ça se passe pour toi. Si t'as besoin, que t'as envie d'une cigarette ou quoi, t'hĂ©sites pas Ă  m'appeler. VoilĂ . Je suis ton outil, finalement.

  • Speaker #1

    Et c'est vrai que ce genre de lieu est trĂšs propice Ă  se sentir vraiment compris, se sentir vraiment...

  • Speaker #0

    Y'a plus de honte. Ouais. Y'a plus de honte, y'a plus de jugement.

  • Speaker #1

    Y'a plus... Ouais, tu te justifies de rien. Non. On sait, et on sait ce que tu traverses, on sait tout ce qui se passe à l'intérieur à des degrés différents, et c'est plus ou moins intense.

  • Speaker #0

    ComplĂštement.

  • Speaker #1

    Il y a des effets miroirs.

  • Speaker #0

    C'est ça la puissance du partage, de l'identification d'une personne Ă  une autre. Il n'y a pas besoin d'expliquer beaucoup, juste on parle de ce qu'on ressent. Et ce n'est pas juste, on dĂ©verse finalement ce qu'on ressent. Si on va partager aussi ce qui fonctionne pour nous, c'est ça le pouvoir aussi. Moi, c'est ce qui m'a vraiment aussi fait tenir, c'est que trĂšs rapidement, quand j'ai commencĂ© les rĂ©unions, on m'a donnĂ© un rĂŽle. C'est-Ă -dire que trĂšs rapidement, comme toute association en fait, une rĂ©union est tenue par diffĂ©rentes personnes, oĂč il y a un trĂ©sorier, il y a un prĂ©sident, etc. Ce sont tous des dĂ©pendants en rĂ©tablissement. Donc chaque semaine... il y a des dĂ©pendants qui vont ouvrir ces rĂ©unions, les faire fonctionner, partager le message. Et c'est ce qui fait que ça tient. Et ça donne un vrai rĂŽle, c'est-Ă -dire que non seulement je viens pour moi, mais je viens aussi pour que l'association fonctionne, pour redonner ce qu'on m'a offert gratuitement. Et ça donne vraiment son sens. Et ça nourrit cette dĂ©marche de rĂ©tablissement, tout simplement.

  • Speaker #1

    Merci, merci pour ce témoignage incroyable.

  • Speaker #0

    Merci Ă  toi.

  • Speaker #1

    Bon, cette fois, c'est vraiment la fin. Mon monteur va péter un cùble,

  • Speaker #0

    c'est beaucoup trop long. On était encore enregistrés.

  • Speaker #1

    J'espĂšre que cette interview vous a plu. Vous trouverez toutes les informations complĂ©mentaires dans la description de l'Ă©pisode et tout ce qu'il faut pour s'abonner, liker, commenter, nous retrouver sur les rĂ©seaux et mĂȘme prendre contact si vous voulez nous partager votre tĂ©moignage. Bisous Ă  vos horribles cravings et autres impĂ©rieuses envies de fumer. Rendez-vous la semaine prochaine et d'ici lĂ , bon sevrage.

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