- Speaker #0
par le professeur John McLoughlin. Bonjour professeur.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Et pour cette séance en qualité de témoin du jour, nous recevons Adam Carrington, aka Benjamin Grimm, aka La Chose. Vous êtes paléontologue et vous avez dirigé, je crois, de nombreuses missions scientifiques au Pôle Nord et en Antarctique. Bonjour. Bien le bonjour à toutes et à tous.
- Speaker #1
De façon fantastique d'ailleurs.
- Speaker #0
Les chroniques du temps latents. Aujourd'hui, au sommaire de notre émission, nous allons mettre en lumière le film The Thing, réalisé par John Carpenter et sorti en salle en 1982. Un classique du film fantastique sur la métamorphose des corps et de toute forme animale reconnue sur Terre, un film sur le concept de la monstruosité et notre capacité à protéger, ou pas, la planète d'une contamination généralisée. Un film difficilement classable, poussant le master of horror à explorer encore plus loin les facettes de l'étrange, et où certains voient une critique sociétale, ou tout du moins, qui questionne notre incapacité à avoir confiance en nos pères en ce monde décadent. Un film qui nous pousse à réfléchir sur nos rapports aux autres, aux conséquences de notre enfermement, nos doutes, nos suspicions, entraînant une forme de paranoïa et de méfiance globalisée. Un film donc qui repousse les limites. de la catégorisation et du genre. Il faut dire que nous avons été totalement ensevelis par les demandes de nos auditeurs sur le sujet. Cette séance écrite littéralement aux petits oignons sera en immersion complète dans une base au nord du globe, sous la neige. Alors sortez les doudounes et les moufles ! Ce voyage sera ponctué de quelques respirations musicales avant de terminer par nos recommandations évidemment subjectives, la séquence Actu Cronia ! Pour notre premier échange, je vous propose de lancer la procédure d'accès au Maclouf-Linarium. En effet, M. Carrington, nous vous avons préparé une petite surprise avec le professeur. Pardon d'avance pour le...
- Speaker #1
C'est parti ! Attention, poussez-vous ! Bien au centre du plateau, s'il vous plaît ! Oh là là, ça bouge !
- Speaker #0
Oui, oui, là, on descend d'une dizaine de mètres à peu près, donc...
- Speaker #1
Vous sentez les vibrations ?
- Speaker #0
Ah, c'était ça ! Oui. Vers les... Attention, attention, bien au milieu, bien au milieu. Mais qu'est-ce que c'est ?
- Speaker #1
Mais qu'est-ce donc ? On descend.
- Speaker #0
Alors on se croit à la montagne et en même temps j'ai l'impression qu'on est plutôt proche du niveau de la mer.
- Speaker #1
Oh oui Pénélope, nous nous sommes nichés dans les hauteurs de la péninsule volcanique du Kamchatka en Russie. Le volcan Krasnikoff est entré en éruption le dimanche 3 août. 2025, et pour la première fois en près de 600 ans.
- Speaker #0
Ah, c'était ça !
- Speaker #1
Nous avons suivi un signal, comme un appel de détresse.
- Speaker #0
Donc si nous sommes là, c'est parce que, professeur, vous avez été dépêché avec notre invité pour surveiller une activité étrange.
- Speaker #2
Ben oui, heureusement que vous nous aviez dit de sortir les doudounes, parce que je ne m'étais pas préparé. Vous avez quand même la clé dans votre macrophénarium.
- Speaker #1
Moi, ça va, j'ai un damar, donc ça va.
- Speaker #2
Alors je vois que vous avez des hélicoptères chenillards, vous avez du matos, ça n'a pas été acheté avec le tout dernier budget de l'état.
- Speaker #1
Non, non, non, on a braqué ça des paléontologues qui cherchaient des mammouths.
- Speaker #0
Je pensais qu'Ukrainien avait un super budget.
- Speaker #1
Bon, il faut ce qu'il faut, moi j'ai besoin d'un petit peu de matériel si je veux avancer.
- Speaker #2
Alors je vois qu'il y a du matériel justement de repérage.
- Speaker #0
Et une équipe.
- Speaker #2
Je pense que vous avez pu recréer une modélisation au lidar de la situation sur cette île proche de la Russie.
- Speaker #1
Non, modélisation 3D, bien sûr, ça permet de se repérer et puis ensuite de faire des modèles et de se projeter.
- Speaker #2
Alors, oui, oui, oui. D'après le signal de détresse, apparemment, il y avait une équipe de douce scientifique. C'est correct. complètement disparu. Le vent se lève. Oui,
- Speaker #1
c'était la Bosse 31. Qui servait, en fait, finalement de point de repli à des expérimentations paléomorphologiques pour, évidemment, essayer de réanimer des animaux préhistoriques. C'est une autre histoire.
- Speaker #2
En tout cas, quoi qu'on trouve, moi, je vous propose qu'on se dépêche quand même parce que je vois qu'il y a une tempête qui s'approche.
- Speaker #0
Oui, mettons-nous l'abri. Du coup, je vous propose de passer directement à notre séquence Backroom. Est-ce que l'un d'entre vous, professeur, pourriez-vous me dire quelles étaient les inspirations de Carpenter ?
- Speaker #1
Je vais prendre la main à un réalisateur mythique qui a fait quand même un... Un film d'horreur, il faut le dire, ce Thing est un film qui vous glace le sang. Et c'est tiré d'une nouvelle de John Campbell, une très vieille nouvelle de 1938, qui s'intitulait « Who goes there ? » La chose qui va là, qui va là, la chose, et voilà. C'est un roman court de science-fiction horrifique, écrit sous le nom de plume de Don Stewart dans le magazine. Standing Science Fiction et traduit en français une première fois par Alain Glatini en 55 sous le titre La bête d'un autre monde dans le recueil de nouvelles Le ciel est mort aux éditions de Noël.
- Speaker #2
Alors c'est vrai que cette nouvelle elle est traduite très tardivement par rapport à sa période de pédition.
- Speaker #0
Par rapport à 38, oui.
- Speaker #2
Je vous recommande quand même une version de illustré par François Barranger des Montagnes Hallucinées de Howard Lovecraft, dont l'histoire a été écrite en 1935. Et je pense que John Campbell, le physicien, qui était aussi éditeur de ces pulps, sera peut-être inspiré des Montagnes Hallucinées de Lovecraft. et c'est vrai que vous demandiez les... les inspirations, peut-être les origines de cette histoire. Il y aura un film qui sera sorti en 1951, The Thing From Another World.
- Speaker #1
D'où la traduction en 1955, finalement. Ça suivait le succès du film de Howard Hawks, dont il n'a pas été crédité, d'ailleurs, au générique.
- Speaker #2
C'est vraiment un film, un huis clos, sans moyens.
- Speaker #1
Avec des monstres et des monstres venus de l'espace, avec de grands géants, avec de drôles de têtes, mais qui glacent le sang parce que c'est un huis clos.
- Speaker #2
Oui, et Christian Nimbie qui était le réalisateur et secondé, co-réalisé, on s'en souviendra peut-être par Howard Post. C'est vraiment un film sur des discussions entre des militaires et des scientifiques. qui progresse bloqué dans une base au pôle Nord. Et ils découvrent un objet volant. Et donc, ils sont bloqués dans la glace. On ne voit rien. On ne voit que des hommes qui échangent entre eux. Et on a l'impression qu'il y a un vaisseau spatial pris dans la glace.
- Speaker #1
Sauf que cette fois-ci, ce n'est pas Superman qui est coincé dedans.
- Speaker #2
Non, c'est vrai. Vous avez tout à fait raison, professeur. Oui, oui. Et donc voilà, c'est un vieux film, les personnages ne sont même pas habillés comme dans notre imaginaire du pôle Nord.
- Speaker #1
Alors c'est un film tout en ellipse aussi, c'est-à-dire que le monstre n'est pas visible tout de suite, sa présence est soupçonnée, jamais réellement dévoilée, notamment pour des questions de budget, le film n'est pas non plus un financement hollywoodien dingue, et il s'inspire donc de la nouvelle, donc il s'agit de tirer un petit peu le film d'un scénario un petit peu minimaliste. Mais c'est un film qui repose sur l'angoisse, sur le milieu clos et surtout l'incertitude de la rencontre.
- Speaker #2
Oui, et comme vous l'aviez dit, Pénélope, c'est vrai que c'est un film sur la méfiance des uns par rapport aux autres. On est presque sur une inspiration de l'histoire du roman d'Agatha Christie, Les dix petits nègres. And then they were known.
- Speaker #1
Quelques nègres baptisés depuis.
- Speaker #2
Oui, parce que ça date de 1939. et c'est vrai que ben L'histoire, à l'époque, je pense en 1981, on était à une époque où il y avait à peu près 3000 cassettes VHS officielles diffusées en France, dont le film qui venait d'être retranscrit en VHS, le film de 1951 de Who Goes There. Donc la chose d'un autre monde. Et donc ça va servir de base à de nombreuses personnes et je pense à Alan Dean Foster, le célèbre scénariste adaptateur, le novelliste comme on le dit, qui avait adapté Alien et qui va adapter non seulement Star Trek, c'est le scénariste de l'ombre dans Star Wars, et il va noveliser la chose pour essayer de développer un peu les... les personnages, mais aussi qu'est-ce qui arrive à ces personnages pendant l'histoire. Et c'est ce que va se servir John Carpenter pour sa base de films en 1982.
- Speaker #1
John Carpenter, qui ne venait pas de nulle part, l'auteur magistral d'Halloween, la nuit des masques de 78.
- Speaker #2
C'est ça, c'est son premier grand carton. D'ailleurs, c'est plutôt Tom Hopper, le réalisateur de Massacre à la tronçonneuse, qui avait été choisi au départ pour réaliser le film. Il était déjà sous contrat avec Universal. Mais il y a les restes de Halloween. Le film New York 1997 avec Kurt Russell déjà est un immense succès. Et je pense que c'est ce qui fait qu'on va lui donner les clés pour réaliser ce film.
- Speaker #0
Et le succès en France parce que vous dites que le... Alors l'histoire a été traduite en 55, mais est-ce que le film a été connu en France ? Le premier film des années 50, est-ce qu'il était connu en France ? Par de quelques aficionados ?
- Speaker #1
Alors il a eu un succès d'estime, mais ce n'est pas non plus un succès au box-office, au tal point que Howard Hawks n'a pas voulu créditer son nom pour éviter d'entacher sa carrière.
- Speaker #0
Oui, mais par contre,
- Speaker #2
il circule en France sous forme de VHS, à ce moment de développement. Alors il y a encore un souci parce que les dispositifs se développent entre le Betamax, la VHS...
- Speaker #1
Oui, il y avait une concurrence à l'époque en fait, il y avait deux types de magnétoscopes, vous aviez le Betamax et la VHS.
- Speaker #2
Et il y a peut-être le V2000. Et le V2000,
- Speaker #1
ou peut-être même trois, oui, effectivement. Et du coup, en fait, les éditeurs ne connaissaient pas vraiment le bon format et le bon choix de support magnétique pour réussir à... à diffuser le film sur les vidéoclubs, vidéoclubs qui existaient à peine à l'époque. Donc c'est vraiment le tout début, d'autant qu'au final, vous pouviez aussi copier les films que vous voyiez sur la télévision, sur votre magnétoscope, ce qui est quand même l'esprit.
- Speaker #2
Voilà, avec la touche magique, arrêt sur image. Tous les cinéphiles à l'époque vont le faire.
- Speaker #0
Eh bien... Puisque vous aviez la parole, M. Carrington, est-ce que vous pourriez la garder encore un peu et puis nous présenter votre activité professionnelle ? Et puis surtout, ma mère vient de m'envoyer un petit texto, nous préciser si c'est bien vous en fait qui étiez dans le soap opéra dynastie ?
- Speaker #2
Alors non, rien à voir avec cette série télévisée. Ah, mais j'ai fait ! Oui, j'imagine bien. Alors par contre, en effet, je suis très souvent associé à des expéditions scientifiques qui se déroulent dans l'antichambre de l'enfer. euh souvent je suis là pour accompagner des experts qui eux n'ont pas l'habitude de se retrouver dans des conditions climatiques extrêmes et parce qu'il faut un regard un peu extérieur au médecin qui est sur place, qui peut être trop dans l'expédition, qui a peut-être des difficultés à négocier, à parlementer avec certaines personnalités.
- Speaker #1
Surtout si elles sont fantastiques.
- Speaker #2
Et donc voilà, de plus en plus... Je suis là aussi pour essayer de repérer les ressentiments face aux effets de l'isolement.
- Speaker #1
Parce que vous êtes aussi expert en chronobiologie.
- Speaker #2
C'est un peu notre base à la base. Et c'est vrai que dans toutes les expéditions où on reste 2-3 mois, il y a des choses simples.
- Speaker #1
Alors d'ailleurs, quel est votre cycle de nuit ? 16h, 18h ?
- Speaker #2
Moi, je travaille par un coup deux heures et demie en cycle pour requinquer des petites siestes très courtes.
- Speaker #1
Oui, c'est ce qui fait que vous êtes très beau.
- Speaker #2
Et puis, alors, ça dépend.
- Speaker #1
C'est vrai, non, mais regardez-le, il a l'air tout frais.
- Speaker #2
Ça dépend où on est situé sur le globe, parce que des fois, il n'y a que de la lumière. Des fois, on est entièrement dans le noir. Voilà.
- Speaker #0
Écoutez, je... Je ne ferai pas votre métier. Je vous remercie beaucoup, monsieur Carrington.
- Speaker #2
Mais si, quelque chose que je voulais dire, c'est qu'on a souvent des stagiaires, des astrophysiciens, des biologistes, des géologues qui participent aux expéditions. Le problème, c'est quand même qu'ils ne sont pas habitués, depuis qu'on arrive à remonter des carottes glaciaires, on va sortir, et des fois par mégarde, quelque chose qui pourrait ressembler à... à la grippe espagnole, à la Covid-19.
- Speaker #1
Ce qui arrive souvent avec les stagiaires de 3e d'ailleurs.
- Speaker #2
C'est ça. Et donc je suis quand même là pour essayer de faire attention à pouvoir faire 2-3 tests et essayer de sauver un peu l'expédition.
- Speaker #0
Voir l'humanité.
- Speaker #2
Ça commence à trembler.
- Speaker #0
Ah oui, oh là.
- Speaker #2
Le volcan rentre en éruption.
- Speaker #0
Est-ce qu'on peut... Je préférais qu'on se dé... pêche. Il y a la base.
- Speaker #1
Non mais on ne risque rien ici. Tout va bien. C'est solide.
- Speaker #2
On peut s'abriter.
- Speaker #0
Le Bunguido, c'est le professeur qui l'a construit. Donc faisons-lui confiance. Bon alors du coup, messieurs, si nous pouvons poursuivre notre émission, je ne suis pas tout à fait sereine, et passer au Mitchell & Pitch, s'il vous plaît. Professeur, pourriez-vous nous rappeler l'argument du film, s'il vous plaît ?
- Speaker #1
Avec joie. Alors, au cœur de l'Antarctique, Douze scientifiques voient arriver un chien, poursuivi par des Norvégiens hystériques qui tentent de lui tirer dessus depuis un hélicoptère. Celui-ci s'écrase, laissant les douze hommes en colère avec le chien et des interrogations. Mais pendant la nuit, le chien est pris de conviction.
- Speaker #0
Oh, quel talent !
- Speaker #1
J'en prie.
- Speaker #0
Donc là, on se retrouve aux confins du monde humain, c'est l'Antarctique.
- Speaker #1
Alors justement, c'est ça qui est glaçant, c'est que l'univers est tout vert, glacé et blanc. Alors pour un film d'horreur, c'est quand même assez surprenant, il faut bien l'avouer.
- Speaker #0
Quand vous dites tout vert, ce n'est pas la couleur. Ou vert. Ah, pardon.
- Speaker #2
C'est vrai que c'est une époque assez particulière, c'est intéressant de recontextualiser le début des années 80. on passe des trucages à des effets spéciaux. Et même si l'année 1981 se termine avec des succès, comme je vous l'ai dit, New York 97, il y a Indiana Jones, l'Empire contre-attaque, on est déjà dans une approche un peu neigeuse. Les éditeurs, ils saturent de pièces de théâtre, de bandes dessinées, de romans parce que tout le monde essaie de surfer sur la fantaisie et la science-fiction. Et donc les grands thèmes, ça va être l'horreur, ça va être l'intégration du temps dans les représentations cinématographiques, avec des machines ou des versions un peu fantasmes du passé. Je pense à Ulysse 31 qui sort à l'époque, en tête de gondole. Il y a les Star Wars. Donc tout un côté presque tourisme de l'extrême. Et le fait d'adapter Jules Verne, les histoires de Jules Verne. et donc le Ça va être une époque qui va être dominée par le féminisme dans les arts. Et j'aurais presque tendance à dire que Kurt Russell va ouvrir un peu la voie des action-heroes, qu'on verra un peu plus tard, dans ce désert extrême, mais qui change de ce qu'on avait l'habitude de voir avec les westerns, aussi entre nous. En plus, quoi, tout à fait.
- Speaker #1
Même si cette année 1982 est dingue, The Thing, Blade Runner, E.T., Rocky III, Poltergeist, Tootsie, Tron, Conan, Star Trek, c'est fou. En une seule année, on pouvait aller au cinéma toutes les semaines.
- Speaker #2
Alors c'est ce qui fera un des soucis pour le succès du film, c'est que vous aviez abordé E.T., le film de Steven Spielberg, qui va donner une nouvelle image de l'extraterrestre après Alien. Donc il est gentil, bienveillant, il est sur terre, mais sans vouloir...
- Speaker #1
Ce qui était une première,
- Speaker #2
il faut bien le dire. Et du coup, ce climat ambiant...
- Speaker #1
Pas dans la lignée de rencontre avec le troisième type.
- Speaker #2
Tout à fait. Et du coup, les spectateurs vont vouloir plutôt se tourner vers le gentil Hiti que vers, encore une fois, une énième version d'un méchant, même si aujourd'hui, ce film, on peut le considérer comme culte.
- Speaker #0
Écoutez, je vous remercie, monsieur. Ce fut un échange spiçonnant. Je vous propose maintenant une respiration musicale directement inspirée par notre sujet du jour The Frozen World, interprétée par Émilie Simon.
- Speaker #3
La porte à tes yeux est en bleu, en bleu, en bleu. Je t'ai juste dit... C'est pas ça. C'est pas ça. C'est pas ça.
- Speaker #0
Ne cherchez pas à changer de station, vous êtes bien sur Ucronia, les chroniques du temps latent. Je vous propose maintenant messieurs d'aider nos auditeurs et auditrices à faire la part des choses entre les notions de monstres, parasites, extraterrestres...
- Speaker #1
Attendez, attendez, attendez, je vous arrête tout de suite. Je viens, je viens, je viens de trouver un enregistrement sur un... dictaphone, retrouvé sur un bureau de la station en question. Il a un peu gelé, mais est-ce que nous pouvons le diffuser à l'antenne, M. Delwood ? Tout à fait.
- Speaker #4
Je ne sens plus des doigts. Je sens qu'ils arrivent. J'entends des tambours dans ma tête. Je suis coincée dans la chambre froide. La tête d'une eau géante que j'ai prélevée du berger des sols me regarde.
- Speaker #0
d'oeil, moi, vite, je sens que je ne s'arrive. Ah oui, effrayant, c'est complètement dingue ce qui a pu se produire. On ne peut que l'imaginer,
- Speaker #1
mais effectivement, ça glace le sang, ça c'est évident.
- Speaker #0
Ça me fait penser à un texte de Lovecraft, que vous connaissez très certainement, tiré de Paul et Nébuleuse.
- Speaker #1
Évidemment.
- Speaker #0
Un vaste univers sépulcral dans les ténèbres infinies de minuit, glacé comme un perpétuel arctique, à travers lequel se meuvent de sombres et froids soleils et leurs hordes de planètes éteintes et gelées, où seront dispersées les poussières de ces tristes mortels qui auront péri au moment même où leur étoile dominante disparaissait de leur ciel. Telle est la terrible image d'un futur trop distant pour être calculé.
- Speaker #1
Ah oui, c'est beau comme du Sarkozy. Oui, donc le film The Thing nous fait craindre quand même une extinction un peu plus rapide que prévu, un peu comme avec la pandémie du Covid-19, pour être précis. Une nouvelle autopsie semble montrer d'ailleurs que la chose reproduit à l'identique n'importe quelle forme humaine. et que Blair lance une simulation sur son ordinateur qui lui annonce que l'humanité disparaîtrait. En 27 000 heures. Oui, oui, tout à fait. En cas de contact de cette chose avec la civilisation. Trois ans, ça laisse finalement assez peu de temps pour se retourner.
- Speaker #2
Oui, non, c'est vrai. Et vous parliez d'autopsie, professeur. Alors, c'est un film d'horreur, mais ce n'est pas un film gore.
- Speaker #0
Que d'horreur, voilà.
- Speaker #2
C'est un film de suspense, de terreur, d'essayer de glacer le sang d'une nouvelle manière. Et par rapport à l'autopsie, c'est vrai qu'il y a de nombreuses scènes de tripatouille d'autopsie dans le film. Mais voilà, c'est...
- Speaker #1
C'est aussi la marque de fabrique de John Carpenter qui aimait aussi inventer visuellement des choses. Il aurait pu évidemment demander à n'importe quel médecin à Napate de découper un mannequin et de faire croire qu'il était en train d'enlever des... des organes quelconques. Mais non, il a fait quelque chose d'artistiquement plus intéressant. Il a inventé une néotopsie avec des spaghettis, probablement.
- Speaker #2
Et je pense que c'est aussi quelque chose qui est intéressant dans l'histoire du cinéma, d'essayer de représenter cette chose invisible qui fait peur, qui menace. Et on la voit personnifiée selon... Alors, il y a 5 grandes séances de mutation de la chose dans le film. entre...
- Speaker #0
N'en dites pas trop.
- Speaker #2
Non, mais du coup, on arrive à voir jusque dans le microscope, les cellules qui viennent attaquer les autres, et puis les différentes mutations de la chose.
- Speaker #1
Un peu comme l'exorciste, c'est-à-dire qu'on essaye un petit peu d'amener une dimension scientifique à l'horreur, c'est-à-dire qu'on explique au spectateur que peut-être... Tout ça peut arriver quand même. Oui, mais vous avez tout à fait raison. Et du coup, ça glace le sang. On se dit, tiens, il y a des éléments scientifiques qui nous tendraient à penser que tout ça peut effectivement s'inscrire dans une réalité. Et là, à ce moment-là, on est pris d'effroi.
- Speaker #0
Et parallèlement, justement, l'autopsie qui vise à ouvrir un corps, le monstre est caché à l'intérieur de ce corps.
- Speaker #2
Non,
- Speaker #0
dites pas. Et tout ce qui est caché fait forcément peur. C'est ça. Un être humain, c'est caché sous le lit, c'est caché dans le placard, c'est caché dans le corps.
- Speaker #2
Je pense que Carpenter, il veut aller au-delà de l'horreur. Il y avait le côté terrifiant avec Halloween, où un voisin, quelqu'un dans la rue pourrait venir vous agresser.
- Speaker #1
Pendant d'ailleurs une fête particulièrement enfantine et joviale. Oui, Halloween. Est-ce qu'il y a de plus innocent qu'Halloween ? Avec des enfants. Avec un tueur en série qui se balade avec un énorme couteau. C'est vraiment quelque chose d'absolument malaisant.
- Speaker #2
Et moi ça me rappelle même presque une histoire de Guillaume Passant, le Horla en 1886, où le narrateur est hanté par une forme invisible qui absorbe sa vitalité quelque part et qui finit par le tuer pour se libérer de son emprise. Et je pense qu'il y a un peu de ça quand même dans The Thing.
- Speaker #1
Avec une dimension encore plus glaçante puisque... On se dit que si ces scientifiques sont dans cette base particulière, c'est qu'ils ont le talent, les capacités cérébrales d'y être, et que chacun est à sa place là-bas. On ne s'imagine pas un seul instant qu'ils puissent se retrouver en détresse, ou en panne d'idées, ou avec un processus altéré. Persuader d'ailleurs que s'il y a bien des éléments humains capables d'affronter ce genre d'événement, ils sont à la bonne place au bon moment. Or, même eux, particulièrement bien préparés, sont prêts de court.
- Speaker #2
Oui, oui. Et puis, je dirais, la passion pour les films d'horreur va vraiment se développer à partir de 1998. Avant, ça restait un courant assez marginal.
- Speaker #0
Avec de nombreux fans.
- Speaker #2
Avec de nombreux fans que l'on observe depuis les années 70.
- Speaker #1
et on parlait de Tobe Hopper tout à l'heure mais ça va devenir décomplexé dans les années 90 et donc le film va aussi peut-être acquérir de nouvelles lettres de noblesse où on va se rendre compte du travail qui a été fait autour de The Thing Alors c'est toute la revanche en fait de ce cinéma là finalement d'auteur parce que ça reste quand même un film d'auteur pas avec des moyens fous mais avec un vrai esprit, une vraie originalité la revanche de la VHS la possibilité au travers des vidéoclubs de faire revivre des films qui n'ont pas eu un succès en salle incroyable et qui ensuite ont une deuxième vie ou une troisième vie après les vidéoclubs et d'ailleurs ils peuvent même ensuite être rediffusés de nouveau au cinéma comme
- Speaker #2
un boomerang magique ils deviennent à ce moment là cultes comme Fight Club par exemple ça montre aussi les différentes fins du film qu'on ne va pas vous exposer ici mais Carpenter a filmé plusieurs fins. Entre les monteurs et certains producteurs, il y en a qui souhaitaient une fin. Je pense à Todd Ramsey qui voulait une conclusion moins sombre, moins nondancieuse. Je pense aussi à la monteuse Verna Field qui a voulu retravailler une fin pour clarifier. et résoudre l'intrigue mais c'est peut-être le génie de Carpenter d'avoir laissé le doute et le possible sur la fin et sans qu'il ait eu à faire une sorte de director's cut
- Speaker #1
Alors après John Carpenter sa passion c'est le cinéma il a souvent été considéré comme un metteur en scène de série B et il n'en est nullement le cas il a toujours été passionné par le divertissement, le spectacle et surtout l'originalité. Les films de Carpenter sont absolument uniques, ils ne ressemblent à aucun autre.
- Speaker #2
Non, alors on trouverait presque de l'inspiration dans les westerns, et il était fan de Sergio Leone, on en rediscutera peut-être un peu plus tard, mais il y en a qui disent, et c'est vrai que quand on regarde la scène d'introduction du film, qui est magistrale, tournée presque en technicolor je crois, avec des plans larges, sur certainement plutôt le l'alaska ou autre chose mais dans du il ya un acquis parce qu'il imagine ça vraiment comme un western un western blanc Mais bon je je je je je vois là le sourcil du professeur alors on parle de western blanc dans un paradis blanc bien sûr
- Speaker #0
Mais comme c'est une bonne accroche, merci professeur. Et merci messieurs pour cet échange absolument captivant. Je vous invite, comme le souhaitait le professeur, à partir dès à présent dans un nouveau voyage. Et cette fois c'est donc Michel Berger et son titre Paradis Blanc. Il y a tant de vagues et de fumées On n'arrive plus à distinguer Blanc du noir Et l'énergie du désespoir, le téléphone tour a sonné. Il n'y aura plus d'abonnés, plus d'idées, que le silence couvre-t-il ? Je peux commencer, là où le monde a commencé. Je m'en irai dormir dans le paradis blanc, où les nuits sont si longues qu'on en oublie le temps. Tout seul avec le vent, comme dans mes rêves d'enfant. Je m'en irai courir dans le paradis blanc Voir des regards de haine et des combats de sang Retrouver des baleines Sous l'argent Comme, comme, comme avant Il y a tant de vagues et tant d'idées On n'arrive plus à décider Le faux du vrai Et qui est méconnanné Le jour où j'aurai tout donné, Que mes claviers seront usés, D'avoir osé, Toujours vouloir tout essayer, Et recommencer, Là où le monde a commencé. Je m'en irai dormir dans le paradis blanc Les manchots s'amusent dès le soleil levant Ils jouent en nous montrant ce que c'est d'être vivant Je m'en irai dormir dans le paradis blanc Bien être aussi pur que son beigne de l'an A jouer avec le vent Comme un puits de l'enfant Il peut pas me faire comme avant On peut balayer un poisson à l'âge grand Et jouer avec un gant Condamner le grand sang Comme avant
- Speaker #1
Je n'ai jamais vu le professeur aussi guilleret. Ne changez pas de fréquence, vous êtes bien sûr ukrainien. Ukrainien, les chroniques du temps latin. Et maintenant, messieurs, justement, si nous parlions musique, vous avez les renverbes, professeur.
- Speaker #2
Ça m'éboustille plutôt. Oui, effectivement. Donc en 1982 sort The Thing, un film d'horreur qu'on peut qualifier de radical et crépusculaire, qui fut un bide, un étonnement. Échec commercial et critique. Tout le monde l'a explosé. Tout le monde trouvait ça nul. Tout le monde avait voulu le clouer au mur. Et pourtant, le thème principal, composé par le compositeur italien Ennio Morricone, est resté dans les mémoires, pour ses notes électroniques et angoissantes. Oui, tout à fait. Qui vous pétrifient, en même temps, c'est dans le froid. C'est plutôt bien joué.
- Speaker #3
Oui, et c'est assez étrange parce qu'il faut savoir que John Carpenter a quasiment écrit toutes ses bandes originales. Il est musicien, hors pair, il compose lui-même et il va faire appel à cet Italien, Egnio Morricone, pour avoir une approche plus européenne, peut-être synthétique, sortir de son confort qu'il a pu voir avant. et alors il Il dit...
- Speaker #2
Alors à l'époque, Nioh Morricone avait aussi son succès. Plus tard, il se ramenait aussi à composer pour le film Mission de Borman.
- Speaker #3
C'est clair. Dans toutes les têtes, il y a des références avec les films de Sergio Leone. Et je pense à... Oui,
- Speaker #2
mais on en est déjà dans les années 80. Oui, oui. Il a dépassé quelques années quand même depuis.
- Speaker #3
Alors l'argument de John Carpenter, c'est qu'en fait il s'était marié sur une musique de Sergio Leone et de Morricone.
- Speaker #2
Alors il y a eu cette fascination pour les plans serrés, propre à Sergio Leone, qui évidemment a inventé quelque chose dans le cinéma avec les regards mystiques d'Il était une fois dans l'Ouest.
- Speaker #1
Et les plans larges !
- Speaker #3
Et les plans larges, c'est ça !
- Speaker #1
N'oublions pas !
- Speaker #3
Morricone raconte qu'il connaissait un peu, il avait entendu parler de Carpenter et donc il lui avait préparé plusieurs versions, un peu plus musique électronique et Carpenter lui il va garder moins d'une heure de bande son d'Eno Morricone pour aussi rajouter 2-3 de ses titres qu'il aura composé lui-même avec Alan Howard. et qu'on retrouvera beaucoup plus récemment. Vous savez, c'est un peu la veine des... Je pense à Eric Serra, il y a des orchestres philharmoniques qui se mettent à faire des titres de... À reprendre des musiques de films. À reprendre des musiques de films d'Harry Potter, de la communauté de l'anneau, et je vous en passe. Et du coup, il y a eu un peu un second succès des titres de Carpenter ou des Neomoricon. Et on a retrouvé des... des versions remasterisées en Europe, en vinyle, beaucoup avec des titres qui n'avaient pas été diffusés, ni dans le film, ni dans la bande originale du film sorti en 1982. Et c'est vrai que c'est, je pense à MCA Records, qui avait édité la bande originale, qui va ressortir en 91 sur CD, et puis en cassette audio, et en 2011. Il restaure la bande-son de façon plus digitale et ça redonne des nouvelles dimensions à cette bande-son.
- Speaker #2
Avec cette fameuse anecdote en 2012 où Morricone raconte « J'ai demandé à John Carpenter, alors qu'il préparait de la musique électronique pour la monter au film, il lui a dit « Pourquoi tu m'as appelé si tu veux la faire toi-même ? » Il lui a répondu. Et il lui a dit, je me suis marié avec ta musique. C'est pour ça que je t'ai appelé. C'est saisissant et c'est vraiment un regard amoureux finalement d'un cinéma à l'autre.
- Speaker #3
Oui, et puis ce qui est bien quand même, c'est qu'on est vraiment dans une résonance avec les thèmes de la paranoïa, dans le froid, de James Care, d'effets. qui sont renforcés aussi par la musique. La musique d'ambiance,
- Speaker #2
la musique qui pose un environnement, même si visuellement il n'y a rien de spectaculaire, la musique vous trouble et vous place dans une angoisse non dissimulée.
- Speaker #3
Et je pense que la musique y contribue, parce que ça en fait un film viscéral et empreint de vis, mais dont la peur n'est pas dans ce que l'on voit, mais dans l'inconnu.
- Speaker #2
De l'aveu même de Kurt Russell qui avait demandé à John Carpenter, mais alors John nous faisons donc un film d'horreur ou un film d'action ? Et John Carpenter prend un temps de pause avant de lui répondre et lui dit, non, moi ce qui m'intéresse c'est de faire un film sur la paranoïa.
- Speaker #1
Oui, tout à fait. Eh bien écoutez, merci messieurs pour toutes ces émotions et ces débats haletants. Je vous propose une petite respiration musicale si cela vous convient et en hommage peut-être à la poupée Funko Pop de MacReady avec le titre Staying Alive.
- Speaker #4
La French version de la musique. Bonjour à tous, je suis le chef de la police, Bienvenue dans la chaîne.
- Speaker #1
Ne cherchez pas à changer de radio, vous êtes bien sûr uchronia. Uchronia, les chroniques du temps latin. Vous entendez là ? C'est Ennio Morricone. Dites-moi professeur, je crois que vous vouliez évoquer aujourd'hui une séquence qui vous tient bien sûr à cœur, le cultomatique. Pourquoi rangez-vous ce film, The Thing, avec cette prestigieuse étiquette ?
- Speaker #2
Alors, tout simplement, pour l'année 1982, finalement, c'est une année qui a marqué l'histoire du cinéma, avec les films dont je parlais tout à l'heure, The Thing, Poltergeist, Blade Runner, E.T., Tron, des films qui créent et qui inventent un univers absolument singulier, qui sont même à l'origine de franchises pour certains. et qui, de façon complètement dingue, sur la même année, propose du divertissement, au-delà du divertissement, puisqu'ils sont à l'origine d'une industrie qui va emporter ensuite les années 80 et 90, et installer le cinéma. dans une machine commerciale qui ne redescendra jamais.
- Speaker #1
C'est la date charnière.
- Speaker #2
C'est la date charnière, il y a eu certainement le cinéma des années 50-60 avec les productions de Cécile B2000, mais pas cette cadence, pas cette fréquence. Autant de succès dans une époque aussi ramassée, aussi condensée, avec autant de bonnes idées, c'est quand même complètement fou.
- Speaker #3
et c'est ça, rien que dans... Dans The Thing, moi je pense à l'introduction du film, la scène générique.
- Speaker #2
Donc la fameuse scène de la course aux poursuites finalement entre un hélicoptère et un chien.
- Speaker #3
Non, juste avant ça, c'est qu'en fait on voit le vaisseau qui arrive sur la planète Terre. Et du coup ça ressemble presque plus tard à ce que John McTierman a fait avec Predator. On est sur le même registre. Et elle... Carpenter et... Il y a eu plusieurs versions du film de The Thing. Ensuite, il y a un Arlandais qui va refaire une préquelle. Et à chaque fois, ils conservent tous le même générique avec The Thing qui apparaît à l'écran en fissures, avec des sortes de fissures éclaires. Et donc, il y a ce respect de la tradition quelque part dans le film.
- Speaker #1
Et puis l'hommage, notamment celui de Chris Carter à À Carpenter,
- Speaker #3
par exemple. Je pense que c'est ce fameux bottle épisode qui va désigner le projet arctique dans l'épisode 8 de la saison 1.
- Speaker #2
Qui ensuite sera repris dans leur film, confronté évidemment au Grand Nord avec Mulder et Scully, qui signera quand même leur marque de fabrique. Et en même temps, de fait, puisque c'était tourné au Canada. C'est facile de tourner ça dans des environnements un peu glaciaux.
- Speaker #3
Et ça reprend tout à fait l'histoire du film de The Thing.
- Speaker #2
The Thing qui est en contrepoint aussi à l'époque face à E.T. qui était joyeux, sympa. Finalement l'alien peut être un copain, un ami qui vous manque du doigt. Alors que là finalement Carpenter vous replonge dans la noirceur de l'âme humaine et insiste sur un point quand même crucial dans le film. c'est que On ne peut pas faire confiance en l'être humain. En même temps, les années 80 ne s'y prêtaient plus, puisque les Américains avaient vu les otages de l'ambassade américaine libérés lors de l'arrivée de Ronald Reagan, et ils voulaient tourner quelque part une page de l'histoire avec toute cette morceur, avec des héros positifs, des gens sympas et surtout des happy end, enfin terminer des films. avec des côtés joyeux et cool, et des films dans lesquels on puisse aussi emmener les enfants, quelque part. The Sing, on n'y emmènerait pas ses gosses.
- Speaker #3
C'est clair. Et pourtant, j'ai un autre rapport au film de Carpenter, je pense que j'ai dû commencer par voir plutôt Christine.
- Speaker #1
En matière de possession, vous voulez dire ?
- Speaker #3
Alors... de possession de voiture mais de film de Kirk Hunter et qui m'a fait plonger dans les romans de Stephen King un film sur une voiture possédée par un esprit maléfique qui cherche à tuer à peu près tout ce qui bouge en l'envolant dessus qui n'est pas non plus un film gore je pense que les ados que je devais être à l'époque ont admiré ce film qui est esthétiquement magnifique qui reprend presque à la stand-by me les années 50 et moi j'ai une super tendresse pour Jack Burton dans les griffes du mandarin par exemple qui est une super réinterprétation de tout l'imaginaire qu'on a sur et l'aventure Alan Kuterman tout ça et voilà Carpenter il a réussi à donner sa patte à tout ça Et c'est ce qu'en fait des beaux films.
- Speaker #1
Moi, j'ai une grosse faiblesse pour New York 1997. Avec Nick Plissken. Et donc, l'incontournable Kurt Russell.
- Speaker #2
Qui débarque dans un New York ravagé par une guerre civile pour réussir une mission très ciblée. Avec, effectivement, une anticipation assez glaçante dans un futur proche sans pour autant être à... Apocalyptique, vraiment une vision du futur assez intéressante.
- Speaker #1
Et idem, une fois qu'il a atterri dans ce fameux New York, à qui faire confiance ?
- Speaker #3
C'est ça. C'est le même principe que... Voilà, on est bien là. Il y a des trouvailles... des innovations chez Carpenter que je pense de nombreux cinéastes vont se réapproprier, retester, redévelopper. Je pense à... Les films s'imbriquent les uns dans les autres entre les adaptations, même s'il a été énormément critiqué parce que les critiques de l'époque qui venaient de revoir en plus la copie VHS du film de 51 se disent mais à quoi ça sert de faire... une nouvelle adaptation. Ils n'avaient pas compris le concept d'effets spéciaux et d'horreur matérialisés.
- Speaker #1
C'était en plus une autre vision.
- Speaker #3
Oui, mais il ne fallait pas toucher à l'oeuvre d'origine. Alors qu'il va rendre hommage au premier film, quand ils arrivent dans la base norvégienne, ils retrouvent des cassettes VHS, ils reviennent dans leur propre base, ils passent les films, et là, on a en noir et blanc l'impression de voir le premier film qui se redéroule.
- Speaker #1
Hommage aux pionniers.
- Speaker #3
C'est ça. Et dans le troisième film qui se déroule juste avant le début de la version de Carpenter, on se retrouve aussi dans un entrechoquement temporel par rapport à l'histoire d'origine écrite par Campbell. Donc c'est quand même bien fait.
- Speaker #2
Même si le film est d'une originalité folle. C'est pas vraiment un remake non plus.
- Speaker #1
Écoutez messieurs, merci, j'aurais voulu prolonger évidemment ces échanges si intelligents et si éclairants et si frissonnants. Merci cher professeur McLaughlin. C'était glaçant,
- Speaker #2
merci beaucoup.
- Speaker #1
Et merci encore monsieur Carrington, même si ma mère va être très déçue que vous ne soyez pas, enfin peu importe, pour votre participation. Et puis merci bien sûr à notre metteur en ondre. Franky Toe del Wood. Pour conclure, chers auditeurs, place maintenant à la magie d'Axicronia. Pour aller plus loin sur cette thématique et explorer votre côté monstrueux ou paranoïaque ou les deux, nous vous invitons à voir, revoir, visiter, lire. Alors il y a le livre de Chloé Hubert, Ennumericon et pour quelques notes de plus, je vous le conseille, édition universitaire de Dijon, collection musique 2022. Nicoletta Badzoletki qui a la question de la forme dans le film The Thing de John Carpenter, un ouvrage rédigé sous la direction de Barbara Lemaitre, sorti aux éditions universitaires européennes en 2012. J'avais encore noté d'autres choses, excusez-moi. Oui, Sophie, l'école Solnitschkin Esthetica Antarctica, The Thing de John Carpenter, aux éditions Rouge Profond pour Harmonia Mundi, sorti en 2019. Nathalie Bittinger, John Carpenter, American Horror Stories, paru le 7 novembre 2024 aux éditions Eubek. Taous Merakchi, qui lui dissèque à sa façon le genre horrifique avec Monstreux, son nouvel essai paru le 10 octobre 2025 aux éditions La Ville Brûle. Projet Arctic Ice, le huitième épisode de la saison 1 de la série télévisée, c'est cher à mon cœur. X-Files de Chris Carter, diffusé en 1993 aux Etats-Unis, et Un an après en France sur M6, qui est disponible en Blu-ray par la 20th Century Fox. Frozen L, une version augmentée du roman de John Campbell, elle est sortie en 2018 avec les fouilles du bibliographe David Laffman, et surtout de l'auteur et biographe américain Alec Nevalali, alors qu'il effectuait des recherches sur John W. Campbell et d'autres auteurs de l'âge d'or de la science-fiction. Pour savoir ce qui se passe quand les personnages disparaissent dans le film, je vous conseille de lire la novelisation excellentissime de The Thing par Alan Dean Foster, sortie initialement en 1982, chez Gélu, qui sont garantis 100% pure bio. Ou pur sang, on ne sait plus. Il existe une version en bande dessinée sortie en 1991 par Chuck Farrer au scénario, et Johnny Gies au dessin, très grand illustrateur du Batman, et surtout en renfort sur... Watchmen et Judge Dredd chez Dark Horse Comics. C'est en quelque sorte la suite du film de Carpenter. Vous retrouverez également avec John Arcudi au scénario un développement qui se déroule en Argentine. Un peu entre Commando et Predator si vous voulez. C'est l'époque qui veut ça je crois. Dylan Trigg, The Thing, une phénoménologie de l'horreur édité chez MF. La collection Invention sorti en décembre 2017. Un numéro que j'ai sous les yeux de Rocky Rama. Merci. pour une contextualisation exceptionnelle de l'année 82, dont parlait le professeur tout à l'heure, l'année qui a tout changé. C'est le numéro 35, sorti en juin 2022. Je vous conseille également la bande dessinée sur le thème de La Chose, par l'abbé, Capitaine Espace, tome 1, Le Vagabond du Cosmos, paru le 2 juillet 2025 chez Fluides Glaciales. Une découverte en préparant cette émission aussi, un groupe new-yorkais, The Thing. Bon, alors, rien à voir avec le film, mais en même temps, c'est The Thing. Bien. que nous vous invitons à écouter sur toutes les plateformes et leur album de 2023, « Here's the Thing » et le titre « Anna de Armas » . Et rappelez-vous, on n'est pas forcément l'image que vous percevez de nous. Mesdames et messieurs, c'est le moment de vous quitter. J'ai déjà hâte de vous retrouver pour un prochain numéro d'Ukrainia. En attendant, vous pourrez nous écrire à l'adresse mail ukrainia1984, tout attaché, hâte. gmail.com. Retrouvez-nous en podcast sur toutes les plateformes et en particulier sur Ausha et sur le site de Radio Dijon Campus et pour les prochains épisodes en FM sur le 92.2, sur le DAB+, sur tous les postes modernes, en direct live sur le site www.radiodijoncampus.com. Ucronia, les chroniques du temps latent.