Speaker #0Bonjour et bienvenue dans Un autre chemin est possible, le podcast pour les personnes en chemin vers un métier de sens dans le bien-être ou l'accompagnement. Je suis Marion, je suis docteure en pharmacie et naturopathe pour vous aider à prendre soin de vous au quotidien, et également coach pour accompagner les personnes dans leur reconversion et lancement d'activités vers les métiers du bien-être et de l'accompagnement. C'est un chemin que j'ai moi-même entrepris il y a deux ans. Parce que je crois qu'un autre chemin est possible. Un chemin où l'on prend soin de soi, où notre activité professionnelle est riche de sens, elle est alignée avec nos valeurs et notre mode de vie. Parce que je crois qu'on peut choisir et se réinventer. Ici, pas d'utopie. Dans ce podcast, je vous partage mon parcours, mes défis, mes victoires, mes réflexions et une dose d'inspiration pour traverser le chemin passionnant de l'entrepreneuriat, tout en prenant soin de vous. Mais aussi des interviews de personnes inspirantes qui ont pris un autre chemin et qui vivent aujourd'hui leur activité. Après tout, si c'est possible pour elle, alors pourquoi pas pour vous ? Si vous aimez ce podcast, vous pouvez me soutenir en vous abonnant sur vos plateformes d'écoute préférées, vous pouvez le noter ou laisser un petit commentaire et le partager autour de vous. Je vous laisse avec l'épisode. Bonjour et bienvenue dans un nouvel épisode du podcast Un autre chemin est possible. J'espère que vous allez bien en ce début de printemps avec l'arrivée du beau temps. Aujourd'hui, je vous propose une fois de plus un épisode qui va être très personnel pour vous partager des prises de conscience que j'ai eues récemment et des remises en question que je traverse. Cet épisode, il arrive peu après l'interview du mois dernier avec Lily Barberi, que vous avez d'ailleurs été très nombreux à écouter. Mille merci pour ça, pour votre présence et votre écoute. Et dans cet épisode, Lily parle justement des remises en question qu'elle a connues récemment sur l'enseignement du yoga qu'elle a reçu. Et donc l'épisode que je vous propose aujourd'hui, il s'inscrit dans cette lignée justement de vous partager un peu sans tabou l'envers du décor ou les dessous de la reconversion dans le milieu du bien-être. La reconversion aujourd'hui, c'est quand même un vrai phénomène de société qui s'est accentué ces dernières années et encore plus depuis le Covid, et particulièrement vers les métiers du bien-être, qui ont été un secteur vers lequel beaucoup de personnes se sont tournées. Et je pourrais dire que la reconversion en soi, c'est presque devenu un business, puisqu'il y a des entreprises qui se sont spécialisées dans ce secteur-là. Mais derrière la jolie histoire des reconversions qu'on voit beaucoup sur les réseaux sociaux, et même j'ai presque envie de parler d'une forme de marketing de la reconversion, et moi-même d'une certaine manière j'ai pu y contribuer parce que j'ai beaucoup valorisé ces derniers temps, ces dernières années, mon parcours, parce que j'en avais aussi beaucoup de fierté d'accomplir tout ça. Il y a quand même aussi tout un côté qui est moins rose, avec des aspects beaucoup plus difficiles, que j'ai envie de vous partager aujourd'hui. Je vous propose de vous parler un peu de la face cachée de la reconversion dans le domaine du bien-être, ses aspects plus sombres et un petit peu moins lumineux, justement, même qu'on pourrait dire un peu moins instagrammable. Donc avant ça, moi je veux vraiment vous redonner un contexte parce que c'est hyper important que vous compreniez où je me situe. Peut-être certains me suivent depuis un moment, d'autres me découvrent, donc je vais quand même rappeler mon histoire. et préciser que tout ce que je vais partager, c'est quand même très personnel. Encore une fois, je n'ai pas envie de faire des généralités, même si je pense que ça va parler à beaucoup de personnes qui sont un peu dans des contextes similaires. C'est pour ça que c'est important que je le précise. Donc moi, je me suis reconvertie vers le métier de la naturopathie, puis de coach, il y a trois ans, après avoir été salariée pendant douze ans dans l'industrie cosmétique. Et ça s'est arrivé, en fait, le switch s'est fait après la naissance de mon fils. Et si vous avez envie d'en savoir plus, Je raconte dans un épisode qui est l'épisode 9, je vais vous remettre les liens dans la description, j'explique vraiment toutes les étapes par lesquelles je suis passée avant de sauter le pas de la reconversion, tout le processus par lequel je suis passée. Et donc comme je vous disais, je pense vraiment que chaque reconversion, elle va vraiment dépendre du contexte, parce que j'ai bien conscience que quand on fait juste un changement de métier par exemple, mais qu'on reste toujours salarié, ça ne va pas avoir la même implication qu'une reconversion qui implique de passer du salariat vers devenir indépendant. C'est pas non plus la même chose quand on change de métier, mais qu'on a déjà construit quelque chose par le passé. Par exemple, mon conjoint, il s'est reconverti très récemment également. vers le domaine de l'improvisation théâtrale, mais ça faisait plus de dix ans qu'il évoluait dans ce milieu-là. Et du coup, il avait déjà créé énormément de réseaux. Ce n'est pas la même chose que quelqu'un qui, du jour au lendemain, repart de zéro dans un domaine. Ça aussi, ça va changer beaucoup de choses. Ce n'est pas non plus la même chose, une reconversion vers un secteur qui est ultra porteur, au sens où un secteur où il y a plus de demandes que d'offres. Justement, le secteur du bien-être, c'est quand même un secteur qui est en plein boom. Mais aujourd'hui, même s'il y a de plus en plus de gens qui s'intéressent à ce secteur, C'est pas encore un truc qui est complètement admis dans notre culture, que tout le monde fait, et un budget qui est pensé chez toutes les familles, vous voyez, donc c'est quand même un secteur, le bien-être, qui est en cours d'évolution et de démocratisation. Donc pareil, dans ce que j'ai identifié qui peut impacter une reconversion, je pense que c'est pas la même chose de se reconvertir en tout début de carrière que déjà quand on est à un stade avancé dans une carrière professionnelle et qui va faire que le changement va impacter encore plus le niveau de vie. qui a été acquis grâce à cette carrière. Et bien évidemment, il y a tout ce qui concerne la situation financière de la personne et le contexte familial, donc tout ça, un peu tout ce que je vous dépeins, ça fait que c'est compliqué de faire des généralités sur la reconversion, et comme je vous dis déjà, moi je vais vous parler de moi et du secteur du bien-être plus particulièrement. Donc depuis ces trois années que je me suis reconvertie, j'ai traversé pas mal de phases. En gros, en 2021, c'était les études, ma formation de naturopathie. Donc c'était quand même une phase... vraiment chouette, un peu comme une forme de parenthèse, où j'avais le chômage, j'apprenais des tas de choses hyper intéressantes. Je n'étais pas encore dans un devoir de faire rentrer de l'argent, quelque part. Vous voyez ? Donc, j'étais juste dans le plaisir d'apprendre. Ensuite, en 2022, ça a été la fin de mes études et le lancement de mon activité. Et là, j'ai plutôt connu une période vraiment, j'ai envie de dire, d'excitation, tout feu, tout flamme. Déjà, où je n'avais quand même pas le stress financier, puisque j'avais encore le chômage. Et puis, mais vraiment la joie des débuts, mais un truc de dingue, l'espèce de sensation de liberté, de... J'ai presque envie d'appeler ça une lune de miel, en fait, vraiment, comme un début de relation passionné. Et en 2023, là, j'ai vraiment pris ce qu'on appelle le bouillon. C'est vraiment... Là, c'est comme si d'un seul coup, je rentrais dans le dur de la reconversion. déjà j'ai eu le chômage qui s'est arrêté en milieu d'année et donc déjà je suis rentrée dans ce côté vraiment concret en fait de ok bon maintenant il y a cette réalité financière qui s'impose comment je fais et puis de vivre des vagues émotionnelles du découragement tout ça donc ça j'en ai parlé dans pas mal d'épisodes notamment je fais un épisode sur le découragement et j'ai aussi fait un épisode sur le bilan de ma première année à mon compte c'est l'épisode 6 si vous voulez l'écouter Et donc en 2024, là en début de cette année, en fait je réalise que maintenant c'est ça ma vie, que ça y est je suis reconvertie, parce que je me suis beaucoup considérée en je suis en reconversion, je suis en train de me reconvertir, mais il y a un moment où il faut bien s'avouer que ça y est, c'est fait, les études sont faites, ok je suis encore en début d'activité, mais ça y est je suis reconvertie. Et du coup, comment j'intègre en fait cette nouvelle réalité ? Qu'est-ce que j'en fais ? Et justement, c'est là où je vous parle, je suis quand même vraiment plus dans l'envers du décor en fait. Les paillettes du début sont passées et qu'est-ce que c'est concrètement aujourd'hui ? Donc dans cet épisode, je vais essayer de vous expliquer pourquoi c'est dur et c'est quoi les désillusions que j'ai pu rencontrer. Je vais aussi vous partager comment j'essaye d'accepter la phase dans laquelle je suis et par quel processus ça me demande de passer, comment je me débrouille avec tout ça, en somme. Et je finirai aussi par comment ça impacte mes accompagnements, puisque moi-même, j'accompagne des personnes dans ce processus. Donc comment tout ce que je vis, ça m'aide à accompagner ces personnes. Donc première partie, c'est l'envers du décor. Je vais vous partager plein de prises de conscience dont j'étais loin de me douter avant d'entamer cette reconversion. Alors, déjà on va parler d'argent. Pour moi l'argent c'est quand même le sujet de la reconversion, en tout cas un gros sujet pour moi. Et d'ailleurs l'argent c'est souvent ce qui freine les personnes à se reconvertir. C'est souvent clairement la peur de perdre en niveau de vie ou le fait de se dire que le projet ne va pas être réaliste. Donc il y a vraiment tout cet enjeu et c'est un sujet important comme le rappelait Lily Barbary dans son épisode. Il ne s'agit pas de tout quitter, de tout plaquer pour aller se retrouver dans un truc qui est totalement irréaliste et qui va nous mettre en danger financièrement. Donc déjà concrètement, combien ça coûte une reconversion ? Moi c'est quelque chose dont j'étais loin de me douter et vous allez voir que ça coûte quand même une blinde. Ma formation de naturopathie, j'en ai eu pour plus de 10 000 euros. Ensuite, j'ai fait deux formations de coaching où je ne suis pas loin de 6 000 euros en tout. Ensuite, j'ai investi dans des coachings ou des accompagnements pour m'aider dans ce projet. Donc, j'en ai eu autour de 4 500 euros. Et s'ajoute à ça plein de petites formations que là j'ai même pas comptabilisées, mais des tas de petites formations. Voilà, là je vous ai dit les deux grosses formations qui m'ont servi pour mon métier, mais il y a plein de mini-formations que j'ai dû prendre pour un tas de trucs, du genre réseaux sociaux, du genre finances, et que j'ai même pas compté. Donc clairement, aujourd'hui, j'ai dépensé plus d'argent pour ma reconversion que j'en ai gagné pour le moment. Et en plus, ce qui est drôle dans cette histoire, c'est que concrètement, je gagne moins d'argent qu'avant, quand j'étais salariée, mais surtout, j'en dépense pour mon activité, alors qu'en fait, avant, quand j'étais salariée, non seulement j'étais payée pour ce que je faisais, mais je ne dépensais jamais d'argent pour mon métier. Vous voyez ce que je veux dire ? J'avais fait mes études dans ma jeunesse, et depuis, jamais je ne dépensais de l'argent. pour quelque chose en lien avec mon activité. Tout simplement parce que c'était mon entreprise qui payait des formations, par exemple. Alors que moi, maintenant, je paye mes propres formations, donc j'ai un budget pour ça. Alors évidemment quand je vous dis tout ça, l'idée, et ça va être ça aussi pour quand même l'ensemble de l'épisode, c'est pas de dire oh là là mon dieu ça coûte cher du coup faut pas le faire. C'est pas ça le message parce que sinon on fait rien. Moi j'ai plus envie de voir ça comme un investissement, un investissement sur soi ou comme financer un projet. Par exemple quand vous vous mariez, je sais pas vous en avez pour 20 000, 30 000 euros, c'est un budget où je sais pas les personnes qui veulent faire un voyage, un projet très important de voyage qui pareil coûte un... une certaine somme. C'est un projet que vous financez au nom d'une expérience que vous avez envie de vivre. La reconversion, c'est exactement pareil. Mais j'ai quand même envie de rappeler que la reconversion... ça me fait mal au cœur de dire ça, mais c'est quand même un truc de riche. Parce que c'est un gros budget dont il faut avoir conscience, et que quelque part c'est entre guillemets un luxe. Et je ne dis pas ça du tout au sens que c'est dispensable, ou superflu, loin de là, mais c'est plus que c'est un luxe au sens que ça représente. Et que finalement, aujourd'hui, se reconvertir c'est clairement un privilège, que tout le monde ne peut pas se permettre. Et que quand on se reconvertit, souvent on va... Pensez au coût de la formation, mais finalement, c'est qu'une partie, parce qu'il va y avoir plein d'autres dépenses derrière, donc je vous ai donné des exemples. Et en plus de ça, pour revenir sur le sujet des formations, autour de moi, je connais énormément de personnes qui ont fait une formation, puis une autre, puis une autre, dans le domaine du bien-être en particulier. Il y a quand même très souvent ce truc d'enchaîner les formations, donc c'est vraiment un budget. Ensuite, Toujours sur le sujet de l'argent, il faut quand même avoir conscience que dans la plupart des cas, une reconversion, ça peut impliquer une baisse de revenus. Comme je vous dis, en tout cas, dans le domaine du bien-être, c'est quand même souvent le cas, tout du moins au début. Pour vous prendre mon exemple, j'ai divisé à peu près par trois mes revenus mensuels, sachant que je suis encore en début d'activité. Je suis dans le début de ma deuxième année d'activité. Et j'ai divisé par 6 les revenus annuels, parce qu'il y a le salaire mensuel que je pouvais avoir avant, mais s'ajouter à ça des primes, participation, intéressement, des choses qui effectivement aujourd'hui n'existent plus. C'est pour ça que la baisse de revenus sur un revenu annuel est beaucoup plus importante que si je regarde uniquement au mois. Et donc évidemment, changer autant de revenus, ça implique quand même beaucoup de changements dans son style de vie et des coupes franches au niveau du budget, de la famille. Et ça, il faut être prêt à ça. J'avais écouté un épisode du podcast Richissime avec Alexandre Dana, qui est le fondateur de Live Mentor, et qui explique que l'argent, c'est le fléau numéro un des entrepreneurs en termes de santé mentale, je parle. Comme je vous le disais, la reconversion vers le milieu du bien-être implique la plupart du temps de devenir à son compte et ça va vraiment impliquer de transformer sa relation à l'argent. Moi vraiment en quittant le salariat pour me mettre à mon compte, j'ai pris conscience que j'avais aucune éducation financière. Enfin quand je dis aucune, désolé pour mes parents, c'est pas ça non plus que je veux dire, mais en tout cas j'en avais pas beaucoup. Et d'ailleurs ce que j'observe c'est que c'est le cas de la majorité des gens, parce que déjà le salariat est quand même le modèle qu'on retrouve le plus aujourd'hui dans notre société, et il véhicule une forme de sécurité financière qui est évidemment toute relative, parce que c'est pas parce qu'on a un emploi qu'on est forcément à l'abri. mais ça génère quand même une forme de sécurité avec ces revenus qui tombent chaque mois et qui nous dispensent d'une certaine façon, enfin maintenant je me rends compte que c'était assez illusoire, mais ça nous donne l'impression qu'on n'a pas vraiment à s'occuper de ce sujet de l'argent. Pour vous donner un exemple, moi je ne savais même pas combien d'argent j'avais sur mes comptes, que ce soit mon compte courant ou mes comptes d'épargne. Je n'en avais aucune idée. Et quand j'en parle à des copines, elles me disent quasiment toutes la même chose. Donc vraiment, je suis loin d'être la seule dans ce cas. Clairement, l'argent, c'est quand même un tabou dans notre société. On n'a pas appris à s'occuper de notre argent. Ce n'est pas quelque chose qui est transmis. On n'apprend pas ça à l'école. Et donc, si on ne l'a pas eu dans notre famille, et puis j'ai envie de dire, ça l'est encore plus chez les femmes, je pense. Alors là, pareil, le milieu du bien-être est quand même un milieu extrêmement féminin. Mais s'intéresser aux finances personnelles... Pour les femmes, c'est souvent quelque chose qui paraît moins accessible, comme si la finance c'était quand même un métier, un domaine qui est assez réservé aux hommes dans les schémas classiques. Même si je ne veux vraiment pas faire de stéréotypes à deux balles, ce n'est pas l'objectif. Et donc en tant qu'entrepreneur, je dois vraiment apprendre à faire de l'argent, à gérer cet argent et à l'investir. Et ça, c'est des compétences qu'on devrait vraiment tous avoir à titre personnel. Mais en fait, quand on est entrepreneur, on n'a juste pas le choix d'apprendre à le développer. et c'est pour ça que depuis que je suis à mon compte, j'ai vraiment mis en place un suivi de mes finances, qu'ils soient professionnels mais aussi personnels, je me suis formée et je suis toujours en train de me former je me renseigne sur le sujet et clairement avant de me reconvertir, mais j'aurais jamais cru que ça allait autant devenir un sujet pour moi et même quand je dis un sujet, un centre d'intérêt, vous voyez, je vais même encore plus loin en fait, ça devient un centre d'intérêt là où c'était un non-lieu avant. Et enfin pour terminer ce sujet de l'argent. Pour moi, un des trucs qui a été vraiment le plus dur sur ce début d'activité, et vraiment que je me suis pris en pleine face, c'est qu'aujourd'hui, dans notre société, l'indicateur de la valeur de notre travail, il est très souvent lié à l'argent qu'il rapporte. Je vais vous donner un exemple d'une phrase que j'ai entendue de Delphine Pinon, mais c'est loin d'être la seule, parce que c'est un peu une phrase qu'on se répète un peu dans l'entrepreneuriat, qui dit si votre business ne vous rapporte pas d'argent, c'est pas un business, c'est un hobby Et je la trouve d'une violence cette phrase, parce que, enfin, je suis désolée, mais pour moi c'est une pure phrase de capitaliste, et aujourd'hui ça montre vraiment le reflet qu'aujourd'hui notre travail il a de la valeur que s'il est rémunéré. Mais donc moi, quand j'ai bossé comme une dingue pendant un an, et que mes revenus sont encore faibles parce que je suis en début d'activité, que ça prend du temps et je vais revenir sur tout ça, et qu'en fait j'entends ce genre de phrases, ça me met juste hors de moi. même si bien sûr je la comprends c'est en gros vous dire attention vous lancez pas dans des trucs totalement irréalistes parce que un métier in fine ça doit servir à en vivre mais ça ne nous dit pas non plus que ça peut prendre du temps d'en vivre et que peut-être avant d'en vivre on va passer par une phase où les revenus sont insuffisants mais c'est pas un hobby pour autant vous voyez ? et est-ce que pour autant ça n'a pas de valeur ce travail ? c'est quand même fou ce raccourci une des questions qu'on me pose le plus souvent sur ma reconversion, quand je croise des personnes qui me connaissaient d'avant, c'est alors t'en vis ? Mais à chaque fois, pareil, je trouve ça d'une violence, cette question, dans le sens oui, et donc si j'en vis pas encore, ça veut dire que c'est du bullshit ? Et puis c'est quoi en vivre ? Ça veut dire quoi concrètement vivre de son activité ? Et ça, je vous renvoie à l'épisode avec Elsa Couteillier, l'épisode 15, là aussi je vous remettrai les liens en description de l'épisode. elle développe pendant 20 minutes ce que c'est que vivre de son activité et tout ce que ça implique. Et que c'est vraiment pas une réponse qu'on peut faire en deux minutes. Et tout ça, ça m'a fait toucher du doigt le fait que c'est pas juste une croyance personnelle que j'ai sur mon travail n'a pas de valeur s'il ne rapporte pas encore beaucoup d'argent. Mais en fait, c'est tout un système qu'il y a à déconstruire. Et notre société, elle lève complètement dans ce système de valeur. De valeur du travail et de l'argent. Et ça, clairement, avant de me reconvertir, j'en avais pas du tout conscience. Donc maintenant que le sujet de l'argent est posé, que je l'ai pas mal développé, je vais aller sur d'autres sujets qui sont plutôt de l'ordre de la désillusion. Là, vous me dites, Marion, tu nous fais l'épisode de la dépression. Non, non, je vous rassure, on va remonter au bout d'un moment. Mais oui, j'ai envie de vous parler de la désillusion, de la reconversion. Je vous le disais en intro, c'est pas aussi rose que j'avais pu l'imaginer. Pourquoi ? Parce que tout simplement j'avais idéalisé cette reconversion. Et maintenant je suis aussi convaincue que cette idéalisation elle est nécessaire. Parce que si j'avais pas idéalisé à un moment que l'herbe serait plus verte qu'ailleurs, que c'était facile, que j'allais y arriver, si je m'étais pas dit tout ça, je l'aurais jamais fait. Il faut bien à un moment que ce projet de reconversion soit vraiment porteur d'un espoir pour vous, pour vous donner envie de sauter, de faire ce grand saut dans le vide que ça implique. D'ailleurs, mea culpa, si des personnes m'écoutent et qu'elles sont dans le processus justement de sauter le pas, j'ai pas du tout envie de vous décourager, mais forcément je vous donne aussi cette vision justement qui est beaucoup moins dans l'idéalisation. Alors cette désillusion, elle peut se jouer à plusieurs niveaux. Déjà, je vais commencer par la désillusion sur le temps que ça va prendre, cette reconversion. Bon déjà, comme je vous l'avais expliqué, moi ça m'a pris des années avant d'oser me reconvertir. Et je me rends compte que c'est un processus qui va... encore je pense, je ressens quand même que c'est des processus qui sont assez longs pour plein de raisons. D'ailleurs quand j'ai démarré, j'avais une de mes accompagnantes qui m'avait dit Mais Marion, c'est pas un sprint, c'est un marathon. Et en fait, il va falloir que tu tiennes sur la durée. Parce que justement, moi je partais un petit peu tout feu tout flamme. et effectivement ce côté duré je ne l'avais pas du tout anticipé et notamment pour moi quelque chose qui n'a pas été facile c'est de me rendre compte que notamment au niveau de la communication sur les réseaux sociaux au début c'est quelque chose que je faisais hyper facilement parce que justement j'étais dans la joie du partage mais qu'en fait je me suis très très vite lassée parce que je n'aime pas beaucoup me répéter et répéter tout le temps les mêmes choses J'ai parlé très facilement de naturopathie, d'alimentation saine, et au bout de deux ans, c'est devenu beaucoup plus difficile, parce que se répéter sur la durée, c'est assez usant, je trouve. Mais ensuite, cette notion de temps que ça prend, c'est aussi beaucoup lié au fait que la reconversion, c'est un processus de transformation intérieure. Et donc, c'est un processus qui prend du temps. Moi, j'ai par exemple une des personnes que j'accompagne qui me disait moi, je veux vivre dans mon activité en six mois En soi, j'ai envie de dire pourquoi pas ? Sur le papier, c'est possible, il n'y a rien qui l'empêche. Vous trouverez même des stratégies business qui vous expliquent comment c'est possible en six mois de vivre complètement de son activité. Mais ce qu'on oublie derrière ces stratégies, c'est que derrière, en fait, il y a juste un humain. Et que cet humain, il passe par ses transformations intérieures. qui vont peut-être prendre plus que six mois. Ce n'est pas que le fait de j'applique les stratégies et ça va marcher. Donc je crois que des fois, ça ne sert à rien de forcer, de forcer un processus qui va prendre son temps. Et c'est là que je me rends compte, dans notre société, il y a tellement cette injonction à aller vite, à réussir vite, et elle ne nous rend pas service. Je pense que je vivrais moins mal mes difficultés si dès le départ j'avais su que je m'embarquais dans quelque chose qui allait prendre du temps. Parce que justement j'avais tellement en tête ces modèles de au bout de tant de temps, j'ai réussi hyper vite et tout. Bien sûr j'ai voulu croire que c'était possible pour moi. Et en plus ça c'est très culpabilisant, genre moi j'en suis pas capable. Non, je ne pense pas. Je pense qu'on ne peut pas aller plus vite que notre propre musique et se rappeler encore une fois que derrière un succès qui paraît rapide de l'extérieur, on ne sait pas toutes les années de travail de l'ombre que ça a demandé avant et ça, on ne le voit pas du tout. Pourquoi ça prend autant de temps, cette transformation intérieure ? Parce que je crois vraiment qu'une reconversion, ce n'est pas simplement un changement de métier. C'est... Enfin, peut-être que dans certains cas, ça l'est, mais pour moi, c'est véritablement un changement identitaire. C'est écrire toute une nouvelle histoire. J'étais super naïve en pensant que ce serait juste un changement de métier, alors qu'aujourd'hui, quand je regarde dans ma vie, mais tout a changé. Et quand bien même ce serait juste un changement de métier, c'est loin d'être anodin. Parce que dans notre société, notre métier c'est quand même souvent quelque chose qui nous définit dans notre vie. C'est souvent une des premières questions qu'on nous pose quand on rencontre quelqu'un, qu'est-ce que tu fais dans la vie ? et notre métier il définit d'une certaine manière notre place dans la société il n'y a pas que ça qui le définit mais ça y contribue de manière importante c'est ce qu'on appelle même la catégorie socio-professionnelle vous voyez c'est votre classe sociale elle dépend assez directement de son métier et moi ce que j'ai pu constater en sortant justement du cadre classique qui est le salariat pour me lancer dans un métier du bien-être, qui aujourd'hui, ce n'est pas la norme, on est bien d'accord, même s'il y a de plus en plus de personnes, ça donne un peu l'impression de sortir du game. Vous voyez ce que je veux dire ? J'ai une de mes coachées qui me disait un jour, mais tous mes potes, maintenant, ils ont vachement réussi, ils ont des hauts niveaux de poste dans leur boîte, et moi, je me sens à part parce que je ne suis plus dans ce moule-là. Et ça c'est difficile de réaliser qu'une reconversion ça va impliquer de sortir des codes classiques de la réussite professionnelle et du coup que ça va impliquer de redéfinir ces critères de réussite. Et moi, c'est vrai que cette reconversion, je l'ai vraiment faite pour des raisons de valeur et de remise en question d'un modèle justement capitaliste d'ultra-consommation pour lequel je n'avais plus envie de contribuer. Mais en faisant ce pas de côté, ça a remis beaucoup de choses en perspective et justement, ça amène ces questions autour de qu'est-ce que la réussite que je n'avais pas du tout anticipé avant de me reconvertir. Et ça peut carrément créer un sentiment de décalage par rapport à son entourage, si justement son entourage, il est toujours dans ce cadre classique du salariat, de se sentir très incompris dans notre situation, de ne plus vivre les mêmes réalités sociales. Et ce n'est pas évident, ça peut contribuer au sentiment de difficulté qu'on peut rencontrer dans une reconversion. Et pour terminer sur le changement identitaire, Pour moi, une des grandes difficultés que je rencontre, c'est qu'auparavant, je me définissais beaucoup par qui j'étais en dehors de mon travail, alors qu'en lançant mon entreprise, ça a été quelque chose de tellement prenant que c'est vraiment difficile, je trouve, de me redéfinir en dehors de ce projet-là. Bien évidemment, il y a ma vie de maman, il y a ma vie de famille, mais c'est vrai que c'est un projet, surtout en lancement d'activité, qui peut prendre beaucoup, beaucoup de place et que j'ai retrouvé chez pas mal de témoignages d'entrepreneurs. et qui contribuent de venir bouleverser au niveau identitaire, encore plus quand on fait un métier passion, et j'allais dire dans le domaine du bien-être, un métier où on est nous-mêmes notre outil de travail. Vous voyez ce que je veux dire ? Le métier d'accompagnante, c'est vraiment être son premier outil, et donc ça rend encore plus difficile de dissocier ce qui est de l'ordre du travail, ce qui est de l'ordre de nous, ce qui est de l'ordre en dehors, parce qu'on n'est qu'une seule et même personne. Pour continuer sur le sujet de la désillusion, moi je ne pensais pas que ce serait si dur. Clairement, j'avais sous-estimé la difficulté, encore une fois parce que je n'avais pas en tête tous les enjeux de transformation et de changement identitaire que ça allait impliquer. Mais aussi, je trouve que dans le monde du développement personnel, il y a beaucoup cette phrase qu'on entend qui est En fait, si c'est aligné, ça doit être fluide et facile. Il y a toujours ce truc, si les planètes sont alignées, ça se fait comme ça. Oui, des fois ça marche, mais dans la réalité du quotidien, pas forcément. parce que c'est véritablement un apprentissage et comme tout ce qui est nouveau, ça prend du temps on n'y arrive pas toujours du premier coup, ni du deuxième, ni parfois du troisième c'est beaucoup quelque chose qui demande de la répétition et en plus qui nous demande vraiment de revenir à cette posture du débutant et c'est là où je reviens sur le fait que quand on se reconvertit alors qu'on était assez avancé dans sa carrière c'est peut-être pas toujours évident de revenir à cette place du débutant enfin quand ça fait des années qu'on a oublié ce que c'était qu'être un stagiaire qui sait pas, qui patauge c'est pas facile de retrouver du confort dans cette posture et c'est pour ça que de ce que j'observe chez moi chez beaucoup de coachés, il y a tout le temps ce truc de vouloir faire les choses parfaitement alors que c'est la première fois qu'on les fait, c'est juste pas possible les meufs rires Ben vraiment, mais on n'arrive pas à s'en empêcher, parce qu'on a oublié ce que c'est qu'être débutante. Et pour continuer sur la désillusion, j'ajouterais qu'il peut y avoir une désillusion autour du sens de cette reconversion. Et celle-là, elle peut vraiment être douloureuse. Pourquoi ? Parce que souvent la reconversion, et d'autant plus dans le domaine du bien-être, elle vient dans une quête de sens qu'on ne trouve plus dans son métier actuel et qu'on a envie justement de changer pour trouver ce sens. Et malheureusement, ce n'est pas forcément parce qu'on quitte un métier pour y trouver du sens qu'on le trouve forcément, ou en tout cas qu'on le trouve autant qu'on l'espérait. En tout cas, ce n'est pas aussi simple que ça. Je vais vous donner plusieurs exemples. Et ça peut être douloureux parfois de se rendre compte que les outils qu'on a appris en formation, parfois dans certaines situations, ils vont être insuffisants ou ils vont apporter une partie de la réponse au problème mais pas toute la réponse et finalement de se sentir assez impuissant face aux personnes qu'on accompagne. Moi, je l'ai vécu, par exemple, en donnant des ateliers pour une grande enseigne de distribution et auprès d'une population plutôt minorisée. que donner des conseils d'alimentation même basiques à... Un jour, je me suis retrouvée avec une personne en face de moi qui me disait que sa seule nourriture, c'était de boire 15 cafés au lait par jour. Comment vous vous sentez pour accompagner cette personne-là ? Enfin, je me suis sentie totalement démunie par rapport aux outils que j'avais à disposition et aux solutions auxquelles on m'avait formée pour aider cette personne-là dans, en plus, le cadre de cette intervention. Et c'était hyper frustrant de voir justement que parfois les gens partent de tellement loin ou de se rendre compte qu'on apporte des conseils dans des consultations. que les personnes n'arrivent pas à appliquer, parce que finalement, la vie dans notre société aujourd'hui, des fois, ne permet pas vraiment l'application de ces conseils, ou en tout cas, dans l'état actuel de leur situation. Ça peut être une forme de désillusion qu'on rencontre face à nos outils, alors qu'on y croit, on a testé l'effet sur nous-mêmes, mais que c'est là où on se rend compte qu'en fait... Il y a une dimension qui est beaucoup plus grande que juste un système individuel et qu'on est face à un système qui est collectif. Et pourquoi les gens aujourd'hui n'arrivent pas forcément à mettre en place des habitudes de santé, de prendre soin d'eux, de prendre du temps pour eux ? Parce qu'aujourd'hui, la société ne le permet pas franchement. Et bien sûr que c'est un message d'avoir envie de montrer que c'est possible et d'encourager les personnes à le faire. mais parfois ça ne suffit pas. J'ai dans mes accompagnés des personnes qui se sont dit mais en fait, c'est trop dur. Je me sens démunie, j'ai l'impression que ça ne sert à rien et ça peut être vraiment douloureux. Et ça, c'est toute une dimension finalement très politique au sujet du bien-être et ça me passionne tellement en ce moment que je vais faire un épisode spécifique là-dessus dans le mois prochain. Moi, j'avais adoré cette phrase qu'Elsa Couteillier avait dit dans cet épisode, que devenir accompagnante, ce n'est pas simplement réparer les humains cassés pour un système, pour qu'ils redeviennent productifs. Et c'est ça, on peut aller dans cette quête de sens en se disant, on va faire du bien aux gens, et à un moment, prendre conscience que l'ampleur de la tâche est beaucoup plus grande que ça. et là encore ça ne veut pas dire qu'il faut du coup ne rien faire et laisser tomber mais c'est encore une fois mon message c'est de vous expliquer pourquoi c'est difficile et que c'est pas une promenade de santé, de se reconvertir et que tout est facile j'aide des milliers de personnes j'ai changé la vie des gens et tout ça oui bien sûr qu'il y a des belles victoires mais il y a aussi tous ces gens qu'on n'arrive pas à aider aussi parce que le système ne le permet pas forcément ou nos outils sont limités Et moi, je le vois particulièrement dans le milieu du coaching, où j'ai eu un moment traversé un peu ce truc de vraie perte de sens, de me dire, mais en fait, j'accompagne des personnes qui... peut-être certains n'arriveront pas à vivre de leur activité et qui vont peut-être abandonner leur projet. Et du coup, est-ce que ça a du sens ? C'est des vraies questions. Quand je vous partage tout ça, je n'ai pas forcément les réponses. C'est vraiment un témoignage de cet inconfort que ça amène, en fait, tout ce chemin-là. Je voudrais terminer cette partie sur le mot ambivalence qui résume assez bien ce que je peux vivre aujourd'hui. On parle souvent des montagnes russes de l'entrepreneuriat. Il y a des moments de joie qui sont très intenses et des moments bas qui sont très durs. Pour moi, se reconvertir, il y a vraiment le fait de donner vie à un projet. et c'est pour ça que je le rapproche beaucoup de l'expérience de la maternité ou de la parentalité je trouve parce qu'il y a aussi cette même ambivalence et cette même intensité dans les sentiments dans les émotions qu'on peut vivre dans nos débuts de jeunes parents moi quand je suis devenue maman j'ai vraiment maudit tous les gens qui disaient mais tu vas voir c'est que du bonheur je disais non c'est pas que du bonheur c'est magnifique par certains aspects mais c'est aussi très très dur Et c'est pour ça que je me suis beaucoup retrouvée dans les mots quand Elsa Couteyer parlait du postpartum de l'accompagnante, parce que justement, je rapproche ça de la maternité, parce que c'est en devenant accompagnante, j'ai à la fois un bouleversement identitaire et en plus une intensité émotionnelle qui ressemble vraiment à ce qu'on appelle la matré... Enfin, même, je trouve que plus que postpartum, j'ai envie de parler de la matrescence. Vous savez, ce nouveau terme qui explique le changement identitaire lié au fait de devenir mère. En fait, moi, je pense qu'aujourd'hui, je suis en plein entrepreneur essence, accompagnée essence. Je ne sais pas c'est quoi le mot, mais c'est vraiment ça. C'est traverser les émotions liées au bouleversement identitaire. Pour récapituler un petit peu tout ce que je vous ai dit sur le pourquoi c'est difficile, il y a vraiment le sujet de l'argent, le changement identitaire, le temps que ça va prendre, la difficulté qu'on sous-estime, la crise de sens qu'on peut rencontrer, et l'ambivalence émotionnelle qui est liée à ce phénomène d'accompagnant tes sens. maintenant dans cette deuxième partie je voudrais plus vous raconter comment je fais avec tout ça pour le vivre et aller de l'avant quand il y a ces prises de conscience qui sont beaucoup plus difficiles je vous ai véritablement parlé d'une forme de désillusion et de la même façon je vous ai dit il y a une désillusion parce qu'il y a eu idéalisation de cette reconversion à un moment pour sauter le pas mais je crois qu'ensuite il faut passer par une phase de deuil de cette idéalisation Du coup, ça fait un an que j'ai vraiment connu des moments très difficiles. Et ça l'était d'autant plus parce que je n'acceptais pas cette difficulté en me disant qu'elle était normale. C'est aussi pour ça que je fais cet épisode, pour vous dire visiblement, passer par tous ces sentiments-là, c'est assez normal. Je crois que j'étais vraiment dans un truc de... En fait, c'est toi qui l'as voulu. Et donc, tu devrais être heureuse puisque c'est ton choix. Et donc ça fait pas si longtemps que vraiment j'accepte de me dire qu'en fait c'est dur. J'ai mis vraiment vraiment beaucoup de temps à le reconnaître et là quelque part même de le dire publiquement dans cet épisode. Et de me poser et de me dire bah en fait c'est tout récent. Et du coup, c'est normal que ce soit difficile de reprendre de la hauteur sur mon histoire et de me dire, mais attends Marion, t'as 12 ans de salariat derrière toi à déconstruire. Là, effectivement, c'est normal que ça ne se fasse pas du jour au lendemain, de se dire, ah ouais, je suis hyper à l'aise avec le fait que les revenus sont beaucoup plus fluctuants, tout ça, bah non, ça ne se fait pas du jour au lendemain. Il n'y a pas longtemps, j'écoutais aussi un partage d'Alexandre Dana, encore. qui racontait qu'il avait fait deux burn-out, et que s'il ne faisait pas attention, s'il ne se faisait pas hyper bien accompagné aujourd'hui, il en aurait peut-être fait un troisième. Et c'est là que ça m'a fait prendre conscience. Mais en fait, l'aventure, vraiment l'aventure entrepreneuriale, ce n'est pas une promenade de santé. S'il y a autant de gens qui se retrouvent dans ces situations-là, et c'est que c'est vraiment difficile. Donc, quelque part, ça m'a fait aussi remettre en perspective, ce n'est pas que moi qui trouve ça dur, c'est que oui, c'est dur factuellement. il y a énormément de problèmes de santé mentale chez les entrepreneurs. Ça, je n'en avais pas du tout conscience avant. Donc déjà, accepter que c'est vraiment dur. Et ensuite, quelque chose qui ne m'a pas du tout aidée dans cette période, c'est de ne pas me laisser le droit de faire le deuil de mon ancienne vie et de laisser de la place aux regrets. Parce que c'est une question qu'on m'a aussi souvent posée quand je croise des gens que je n'ai pas vus depuis un moment et que je raconte mon projet. On me dit Bah alors, tu regrettes pas ? Et à chaque fois, systématiquement, je répondais Bah non, pas du tout ! Et en fait, je me suis rendue compte que je ne me laissais même pas le choix de répondre autre chose, de toute façon. Et que je ne me laissais pas la place au regret, parce que je ne voulais pas me dire que peut-être je m'étais trompée. C'est trop dur, je me l'interdisais. Parce que si je commence à laisser la place au regret, peut-être que du coup je vais faire rentrer le doute dans mon projet et ça va me faire abandonner et je ne veux pas de ça. Devant des personnes, il y a aussi ce truc de ne pas vouloir perdre la face et en me disant, non, bien sûr, je ne me suis pas trompée. C'est super difficile d'aller dans cette sincérité et surtout, quand on est dans une conversation assez informelle, d'aller dans... Dans tout ce niveau de difficulté que je viens de vous partager dans l'épisode, c'est hyper complexe et c'est difficile à résumer en deux phrases. Alors pour simplifier, c'est bah non, je ne regrette pas du tout. Et dernièrement, c'était le lundi de Pâques, en fait je me suis vraiment effondrée en cette journée et j'ai pleuré. Ouais, excusez-moi, je vous raconte le truc et en fait je me rends compte que ça m'émeut encore énormément. Mais en fait, j'ai pleuré les jours fériés que j'avais plus en ce lundi de Pâques. J'ai pleuré pour mes congés payés. J'ai pleuré cette sécurité financière que j'avais perdue. J'ai pleuré cette insouciance aussi. J'ai pleuré aussi le fait d'avoir des collègues. Et j'ai pleuré tous ces je ne pensais pas que ce serait si dur que je viens de vous partager. Et je me suis autorisée... pour la première fois, à avoir des regrets de cette vie d'avant. Et en fait, à m'autoriser enfin cette nuance et à me rassurer que j'avais le droit d'avoir des regrets, sans pour autant remettre en question ma décision aujourd'hui. C'est juste d'accepter ces émotions que je refusais complètement, alors qu'en fait, elles étaient là. Et qu'une reconversion, ce n'est pas noir ou blanc, que chaque choix qu'on fait, bien sûr, il amène son lot d'avantages et son lot d'inconvénients. Et c'est toujours sortir de ce truc, c'est pas binaire, et que je peux être autant une personne qui soit porteuse d'espoir pour les autres, dans leurs projets, en les accompagnant, et aussi traverser des phases sombres. Et que c'est dans ces aspects sombres que j'apprends autant. M'autoriser ces regrets, c'est aussi me poser finalement cette question de, bah maintenant que je sais tout ça, est-ce que je le referai ? Est-ce que je continue en fait ? Si c'est dur, si c'est si dur, est-ce que je continue ? Et si j'avais su, est-ce que je l'aurais fait quand même ? Parce qu'on dit souvent, on sait ce qu'on perd, on ne sait pas ce qu'on gagne. Cette phrase qui nous empêche souvent justement d'aller de l'avant. Mais j'ai aussi envie de dire d'un autre côté, il est facile le choix quand on ne connaît pas les difficultés de la suite et que le futur, il est aussi porteur de tous les espoirs, évidemment. Est-ce que maintenant, consciente de tout ça, je refais ce choix en fait ? et je ferai le parallèle avec c'est un peu comme vous savez les personnes qui se remarient au bout d'un certain nombre d'années, qui renouvellent leur vœu tout en connaissant en fait tous les défauts de la personne avec qui ils sont et toutes les difficultés du quotidien et je pense que pour moi aujourd'hui la réponse c'est oui et j'ai compris ces derniers temps que mon message il est vraiment pas de vendre du rêve autour de la reconversion mais d'accepter la difficulté de ce chemin parce qu'il en vaut vraiment la peine. Et en fait, j'ai envie de vous dire qu'aujourd'hui, pour moi, il n'y a pas d'autre chemin possible. Et c'est un peu une blague, parce que mon podcast s'appelle Un autre chemin possible, mais je crois qu'à un moment, s'engager, c'est aussi un peu se dire, voilà, c'est mon chemin de suivre ça, de passer par ces difficultés, et je fais tout ça parce que je vois que ça en vaut la peine. Je vois que c'est un chemin qui est transformateur, qui est émancipateur, je vois aussi tout ce que j'apprends, tout ce que je débloque, tout ce que je crée aussi. Tout ça, je le vois, vous voyez ce que je veux dire ? Et ouais, il y a toutes ces difficultés, mais il y a aussi tout ça. Et je sais que je ne suis pas allée au bout de ce chemin-là et que j'ai besoin de continuer. Moi, je pense vraiment que se reconvertir, c'est un acte de courage. C'est faire le choix de ce qu'on ne veut plus. Et ce chemin du courage, pour moi, il vaut vraiment la peine. Le courage, aujourd'hui, je me rends compte que c'est vraiment une de mes valeurs fondamentales. Et je ne la voyais pas tellement, cette valeur, au début. Et tout ce que je viens de vous dire là, pour moi, ça ne vient que renforcer mon envie d'accompagner ces personnes qui font ce chemin du courage. et de les accompagner dans la difficulté de leur projet. Justement, je suis vraiment convaincue que mon rôle en tant que coach dans les projets professionnels, c'est vraiment d'accompagner les gens dans cette difficulté, d'être là à côté d'eux, parce que je sais le courage que ça demande. Mon rôle, il est vraiment là d'être aux côtés de ces courageux, de ceux qui font ce choix, de l'inconnu en fait, du pari, pour remettre en question tout un système qu'on ne veut plus. Parce que si ce n'était pas dur... il n'y aurait pas besoin d'être là pour accompagner. Et que mon message, en aucun cas, ça sera de dire je vais vous donner une formule magique pour réussir sans passer par des difficultés. Parce que je crois vraiment que la difficulté, elle fait partie de ce chemin. Et c'est plutôt mon message de dire, oui, je sais que c'est dur. Et c'est pour ça que je suis là. Pour l'affronter ensemble, cette difficulté. Parce que seule, elle peut être complètement décourageante. Donc j'en arrive à la fin de cet épisode, qui a été assez intense pour moi. à écrire, mais que j'avais vraiment envie de partager. Et je finirai par deux passages du livre Comme par magie d'Elisabeth Gilbert, que j'ai adoré et que je recommande vraiment à tous ceux qui sont entrepreneurs. À un moment, elle dit La question n'est pas qu'est-ce qui vous passionne, mais qu'est-ce qui vous passionne suffisamment pour que vous puissiez supporter les aspects désagréables de la tâche. Et la deuxième citation, c'est Son livre, il parle de la créativité, mais je trouve que ça résume tellement bien tout ce que je viens de vous raconter avec l'entrepreneuriat. Oui, c'est dur, mais c'est pas pour ça qu'on doit abandonner. Donc, je serais curieuse d'avoir vos retours sur cet épisode. Est-ce que vous aussi, vous avez vécu des désillusions ? Est-ce que vous aussi, vous avez des regrets ? Est-ce que vous vous autorisez ces regrets ? Est-ce que vous vous autorisez à pleurer tout ce que vous avez perdu dans votre ancienne vie avant la reconversion ? Est-ce que vous pensez que ce serait si difficile ? Vraiment ? n'hésitez pas à me partager je fais vraiment le choix de cette transparence et authenticité pour vous partager cet envers du décor mais encore une fois l'objectif c'était pas du tout de vous décourager c'est plus que cette envie aussi d'équilibrer ce qu'on peut voir encore une fois sur les réseaux sociaux et de donner une vision un petit peu plus juste de ce par quoi on peut passer en tout cas quand on fait ce choix là en tout cas si vous avez aimé cet épisode n'hésitez pas à le partager autour de vous que ce soit sur les réseaux sociaux ou à m'écrire ou à mettre une petite note ou un petit commentaire sur Apple Podcast ça me fera vraiment très plaisir et si vous avez envie d'échanger avec moi vous pouvez me retrouver sur Instagram at marion.alvesdeolivera ou si vous avez envie d'en savoir plus sur moi et justement de découvrir mes accompagnements vous pouvez aller sur mon site internet c'est marionalvesdeolivera.com vous trouverez tous les liens en description de cet épisode et si vous avez envie d'être accompagné dans ce chemin du courage qui peut être aussi difficile que beau, je serais ravie de vous apporter tout mon soutien je vous dis à la semaine prochaine pour un prochain épisode et d'ici là prenez soin de vous