Speaker #0Ce podcast est une production de Scope4 Consulting, partenaire de la transition écologique des entreprises et collectivités. Bienvenue sur Vers horizon, le podcast de la transition écologique. Je suis Myriam Ausha. Tous les mercredis matins dès 7h, je vous donne rendez-vous pour 30 minutes de clarification et de partage. Comprendre les enjeux écologiques, c'est déjà agir dans le bon sens. Vers horizon. Myriam Bocan. Bonjour et bienvenue dans ce nouvel épisode de Vers Horizon. Aujourd'hui, nous surfons sur la vague de l'actualité pour aborder le sujet de la protection des océans. Ce n'est pas le fait du hasard si la Terre est surnommée la planète bleue. La surface terrestre est largement dominée par les mers. Et pourtant, malgré leur importance vitale, Nos océans subissent des agressions multiples et souvent invisibles. La planète bleue est aux portes de l'urgence climatique. Il y a quelques jours, le 31 mars 2025, s'est tenu à Paris un sommet crucial appelé SOS Océans. Un appel à l'aide a été lancé par des personnalités comme Harrison Ford, Al Gore et Emmanuel Macron. Ceci en préparation de la troisième conférence des Nations Unies sur les océans qui se tiendra à Nice en juin. Dans l'épisode d'aujourd'hui, on va d'abord faire le point sur les enjeux majeurs de la protection des océans. Ensuite, on regardera dans le rétroviseur pour comprendre l'histoire des grands sommets internationaux sur les océans et surtout, leurs résultats respectifs. Enfin, on analysera les messages clés de ce récent sommet SOS Océans de Paris. Avant de parler de solutions envisageables, il faut comprendre l'ampleur des défis. Et malheureusement, nos océans font face à une tempête de menaces. Voyons ensemble quels sont les enjeux de la protection des océans. Commençons par la question climatique, par exemple. Les océans sont les grands oubliés des discussions sur le climat. Et pourtant, ils sont en première ligne. Saviez-vous que depuis les années 70, ils ont absorbé plus de 90% de l'excès de chaleur généré par nos émissions de gaz à effet de serre ? C'est comme si les océans avaient été notre climatisation planétaire. pendant des décennies. Résultat, la température moyenne des océans a augmenté de 0,88 degré à la surface depuis 1900. Et ce réchauffement s'accélère. Nous reviendrons sur ce point. Lors du sommet SOS Océans, le scientifique Johan Röckström a présenté des données alarmantes montrant que, rien qu'en un an, la température moyenne des océans a augmenté de 0,3 degré. C'est presque autant que durant... toute la décennie précédente. Ce réchauffement provoque une multiplication des vagues de chaleur marine. Ces vagues de chaleur menacent directement les écosystèmes comme les récifs coralliens. D'après le GIEC, avec un réchauffement global de seulement 1,5 degré, 70 à 90% des récifs coralliens sont menacés de disparition. Et on sait bien qu'on se dirige vers des réchauffements plus importants encore. Deuxième problème majeur, L'acidification des océans. Les océans absorbent environ 30% du CO2 que nous émettons. C'est une bonne nouvelle pour l'atmosphère, mais c'est une catastrophe pour la chimie marine. Le pH des océans a diminué de 0,1 unité depuis l'ère pré-industrielle. Ça représente une augmentation de 30% de l'acidité. Ça peut sembler peu, mais c'est énorme pour les organismes marins, notamment ceux qui fabriquent des coquilles ou des squelettes calcaires, comme les coraux. les mollusques ou encore certains planctons. Troisième grand défi, la surpêche. Selon la FAO, Organisation Onusienne pour l'Alimentation et l'Agriculture, plus d'un tiers des stocks de poissons, 35,4% exactement, sont exploités à des niveaux biologiquement non durables. La proportion de stocks surexploités a triplé depuis les années 70. Et aujourd'hui, 90% des pêcheries marines sont pleinement exploitées, surexploitées. A cela s'ajoute la pêche illégale, non déclarée, non réglementée. Elle représente environ 20% des captures mondiales, soit 26 millions de tonnes de poissons par an. Cette pêche pirate cause une perte économique estimée entre 10 et 23 milliards de dollars annuellement. Quatrième grand problème, la pollution sous toutes ses formes. La plus visible est sans doute la pollution plastique. 11 millions de tonnes de plastique sont déversées dans les océans chaque année. Ces déchets forment cinq grands continents de plastique dans les gires océaniques. Ces zones des gires océaniques sont des zones où les courants forment des tourbillons. Et le plus inquiétant, ce sont les microplastiques, donc ces minuscules fragments qu'on retrouve maintenant partout, des fosses océaniques les plus profondes jusqu'aux glaces polaires, et bien sûr dans les poissons que nous mangeons. Mais n'oublions pas que les autres pollutions, un peu moins médiatisées, sont tout aussi présentes. La pollution chimique par les hydrocarbures, par exemple, les produits pharmaceutiques ou encore les métaux lourds. L'eutrophisation qui crée plus de 400 zones mortes hypoxiques dans les océans. Il y a aussi la pollution sonore due à l'augmentation du trafic maritime. Ce trafic a quadruplé depuis 1992 et il perturbe gravement la communication et l'orientation des mammifères marins. Cinquième enjeu crucial, la perte... de biodiversité marine. Les chiffres donnent le vertige. 37% des espèces marines évaluées sont menacées d'extinction selon l'UICN, Organisation internationale pour la conservation de la nature. Les populations d'espèces migratrices marines ont décliné de 71% depuis 1970. 90% des grands prédateurs océaniques ont tout simplement disparu des océans. Les habitats côtiers qui sont les pouponnières de la vie marine sont particulièrement touchés. Nous avons perdu 30 à 50% des mangroves mondiales depuis 1950 et 29% des herbiers marins depuis la fin du XIXe siècle. Enfin, ce sont 50% des récifs coralliens au cours des 30 dernières années seulement. Dernier enjeu dont je veux vous parler, l'exploitation des fonds marins. C'est un nouveau front qui s'ouvre avec l'intérêt croissant pour les nodules polymétalliques et autres ressources minérales des grands fonds. L'Autorité internationale des fonds marins a déjà délivré 31 contrats d'exploitation. Le problème, c'est que ces écosystèmes profonds sont parmi les moins connus de la planète et leur exploitation risque de détruire des espèces avant même qu'on ne les ait découvertes. Face à tous ces défis, que fait-on ? C'est là qu'interviennent les aires marines protégées et la gouvernance internationale des océans. L'objectif actuel, connu sous le nom 30x30, vise à protéger 30% des océans d'ici 2030. Mais aujourd'hui, seulement 8,2% des océans sont sous statut d'aires marines protégées et à peine 2,9% sont considérées comme fortement ou entièrement protégées. La bonne nouvelle, c'est que les aires marines protégées bien gérées montrent des résultats spectaculaires avec notamment une augmentation de la biomasse de poissons de 446% en moyenne. Une autre avancée majeure a été l'adoption en juin 2023 du traité de la haute mer, premier traité international sur la conservation de la biodiversité marine au-delà des juridictions nationales. Malheureusement, il nécessite encore 60 ratifications pour entrer en vigueur. Revenons sur les précédents sommets de l'océan. Les océans représentent un défi unique pour la gouvernance internationale. Ils ne connaissent pas de frontières. C'est pourquoi, depuis les années 50, la communauté internationale tente de mettre en place des cadres de gestion et de protection. Tout a commencé avec les conférences des Nations Unies sur le droit de la mer. La première, UNCLOS 1, s'est tenue à Genève en 1958. C'était la première tentative systématique de codifier le droit de la mer avec l'adoption de quatre conventions sur la mer territoriale, la haute mer, le plateau continental et enfin sur la pêche. Après un UN Clause 2 peu concluant en 1960, c'est surtout UN Clause 3, un processus de négociation de neuf ans entre 1973 et 1982, qui a abouti à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer telle qu'on la connaît aujourd'hui. Cette convention a établi le régime juridique actuel des océans avec la mer territoriale et la zone économique exclusive, respectivement à 19 km et à 322 km de la frontière terrestre, tout comme le concept de plateau continental. Elle a aussi créé l'autorité internationale des fonds marins et le tribunal international du droit de la mer. C'est la véritable constitution des océans ratifiée aujourd'hui par 168 pays. Parallèlement, les océans sont devenus un sujet important. dans les grandes conférences environnementales. La conférence de Stockholm en 1972 a adopté des principes concernant la pollution marine et créé le Programme des Nations Unies pour l'Environnement. Le Sommet de la Terre de Rio en 1992 a inclus un chapitre entier sur l'Agenda 21 dédié aux océans et aux mers. Le sommet de Johannesburg en 2002, pareil, s'est engagé à restaurer les stocks de poissons à des niveaux durables. Et Rio, 20 ans plus tard, en 2012, a marqué l'émergence du concept d'économie bleue. Plus récemment, de nouveaux formats de sommets, spécifiquement dédiés aux océans, ont vu le jour. Les conférences Our Ocean, initiées par John Kerry en 2014, ont introduit un format innovant, axé sur des engagements concrets et financés. Ces conférences ont permis de mobiliser plus de 100 milliards de dollars et ont contribué à la protection de plus de 13 millions de kilomètres carrés d'océans. En 2022, la France a lancé le One Ocean Summit à Brest qui a notamment contribué à l'extension de l'air marine protégée des terres australes françaises et a renforcé la coalition contre la pêche illégale. Les Nations Unies ont également lancé leur propre conférence sur les océans. La première s'est tenue à New York en 2017. Elle a été entièrement consacrée à l'objectif de développement durable numéro 14, vie aquatique. La deuxième conférence a eu lieu à Lisbonne en 2022, réunissant 6000 participants et aboutissant à plus de 700 nouveaux engagements volontaires. C'est justement en préparation de la troisième conférence des Nations Unies sur les océans, prévue à Nice en juin 2025, que s'est tenu le sommet SOS Océans à Paris. à Paris cette semaine. Ce qu'on peut retenir de cet historique, c'est une évolution constante vers une prise de conscience croissante de l'importance des océans. Une approche de plus en plus intégrée et un passage progressif des déclarations d'intention à des engagements beaucoup plus concrets. Mais le défi reste immense. Comment assurer la mise en œuvre effective de ces engagements, la coordination entre les multiples initiatives et surtout, l'alignement de l'ambition politique avec l'urgence écologique. C'est dans ce contexte que s'est tenu le sommet SOS Océans à Paris le 31 mars dernier. Le Musée national de la marine a abrité ce bref sommet, comme l'indiquent les sources, mais avec des intervenants de poids et des messages forts. Ce sommet a en effet réuni des dizaines d'experts et de personnalités pour présenter un manifeste, un véritable appel à l'aide pour les océans. Parmi les moments forts, il y a eu le discours très engagé de l'ancien vice-président américain Al Gore. Il a insisté sur les dernières découvertes scientifiques qui montrent une accélération du réchauffement et de l'acidification des océans, ainsi qu'une chute de la biodiversité. Ce que nous faisons est insensé, a-t-il résumé, pointant l'exploitation débridée et la destruction en partie irréversible des océans. Al Gore n'a pas hésité à désigner les responsables. « Le lobby de l'énergie fossile est le plus influent de l'histoire de l'humanité » , a-t-il dénoncé. Selon lui, les solutions de réduction des émissions de CO2 sont bloquées dans de nombreux pays, soumis aux intérêts de ce système hégémonique mondial qui contrôle les prises de décisions. Son message aux dirigeants était clair. Dans chacun de vos pays, vous devez vous attaquer aux problèmes des océans comme si votre monde en dépendait, car C'est le cas, votre monde en dépend. Il a ajouté avec une pointe d'ironie qui lui est caractéristique, « Si vous doutez que l'humanité puisse trouver assez de volonté politique pour sauver l'océan, rappelez-vous que la volonté politique est une ressource renouvelable. » Autre intention marquante, celle de l'acteur Harrison Ford, président de l'ONG Conservation International. Il est intervenu par vidéo depuis Los Angeles pour présenter un manifeste lancé par un groupe de dirigeants et d'activistes mondiaux. Ce manifeste, en forme de SOS, appelle les dirigeants mondiaux à changer de cap immédiatement et à, je cite, « marquer l'histoire en réconciliant la planète bleue, l'océan, le climat, la biodiversité et l'humanité » . Harrison Ford a fait preuve d'humilité et de franchise en reconnaissant J'ai trop souvent regardé ma génération beauté en touche. À 82 ans, il a salué, je cite, « cette nouvelle génération de dirigeants dont fait partie le président Macron » . Son message était simple mais puissant. Nous ne devons prendre que les ressources dont nous avons besoin et laisser le reste pour les générations à venir. Ajoutant que personne d'autre ne va venir nous sauver, nous sommes nos propres sauveurs. Le côté scientifique était représenté au sommet SOS Océan par Johan Rockström, co-directeur de l'Institut Postdam pour la recherche sur l'impact climatique. M. Ekström a présenté des chiffres alarmants sur le dépassement des limites planétaires. L'océan est l'élément crucial de la résilience de la planète, a-t-il expliqué, rappelant qu'il absorbe 90% de la chaleur émise dans l'atmosphère et environ 25% des émissions de dioxyde de carbone. Mais le message le plus préoccupant concernait l'accélération du réchauffement. Le système se fissure et le réchauffement s'accélère. Nous avons les données. désormais, a déclaré M. Ekström, et ces données sont effrayantes. En seulement un an, la température moyenne des océans a augmenté de 0,3 degré, quasiment autant que durant toute la décennie précédente. Pour mettre cela en perspective, rappelons que cette décennie précédente était déjà marquée par un réchauffement beaucoup plus rapide que durant les trois décennies d'avant. On assiste donc à une accélération de l'accélération, et c'est extrêmement préoccupant. Ce qu'il faut retenir de ce sommet, c'est l'urgence. Tous les intervenants ont souligné que nous sommes à un point critique. L'océan a joué le rôle de tampon pour notre planète, absorbant chaleur et CO2, mais ce système de protection commence à se fissurer. L'océan est, comme l'a dit M. Ekström, un système de survie pour l'humanité, et ce système est en danger. Le deuxième message clé, c'est la responsabilité. Al Gore a pointé les lobbies fossiles. Harrison Ford a reconnu la responsabilité de sa génération et tous ont appelé à l'action immédiate des dirigeants actuels. Enfin, malgré l'urgence et la gravité de la situation, il y avait aussi un message d'espoir. Nous avons les solutions, il ne manque que la volonté politique pour les mettre en œuvre. Et comme l'a rappelé Al Gore, la volonté politique est bel et bien une ressource renouvelable. Voilà, chers auditeurs, ce tour d'horizon des enjeux de la protection des océans, de son historique et des messages clés du récent sommet SOS Océans de Paris. Ce qui me frappe dans tout ça, c'est le contraste entre l'urgence des messages scientifiques et la lenteur des avancées politiques. Nous savons ce qu'il faut faire, réduire drastiquement nos émissions de CO2 et protéger efficacement au moins 30% des océans, mettre fin à la surpêche et à la pollution plastique. Nous avons les connaissances, les technologies et même les institutions internationales nécessaires pour cela. Ce qui manque encore, c'est davantage d'actions concrètes pour assurer le respect des règles et pour pérenniser la vie dans les océans. C'est là que nous, citoyens, avons aussi un rôle à jouer. En nous informant, en changeant nos habitudes de consommation, en interpellant nos élus, en soutenant les ONG qui œuvrent pour la protection des océans, À notre niveau, nous pouvons contribuer à créer cette volonté politique qui semble encore faire défaut. La troisième conférence des Nations Unies sur les océans qui se tiendra à Nice en juin sera un moment crucial. Je suivrai cet événement de près et ne manquerai pas de vous en parler dans un prochain épisode. En attendant, je vous invite à réfléchir à votre propre relation à l'océan et à la quantité de plastique qui vous entoure. Même si vous vivez loin des côtes, vos actions quotidiennes ont un impact sur la santé des mers. Notre épisode est à présent terminé. Nous répondons à toutes vos questions dans l'espace commentaires sous ce podcast ou par mail à verhorizon.podcastaerobasegmail.com Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à lui donner 5 étoiles et à vous abonner gratuitement sur votre plateforme préférée. Vous pouvez également rejoindre notre communauté Verhorizon Podcast sur tous les réseaux Facebook, TikTok et Instagram. Instagram ou sur notre chaîne YouTube. Enfin, vous pouvez vous abonner à notre newsletter sur le site internet du podcast www.vert-horizon.net Voilà pour aujourd'hui, on se retrouve mercredi prochain. D'ici là, prenez soin de vous et de votre environnement.