- Speaker #0
Bonjour à tous et bienvenue dans cette nouvelle saison de Vides Mères. Nous sommes en septembre 2024 et attention, les prochaines élections municipales arrivent à grands pas. Dans un an et demi, tout va se jouer. Et c'est justement pour ça qu'avec Margot, on est plus motivés que jamais à vous faire découvrir la passion des mères pour leurs fonctions. L'objectif ? Vous inspirer. Et peut-être vous donner envie de vous engager dans votre commune pour changer les choses. Cette année, on passe la vitesse supérieure, avec non pas un, mais deux épisodes par mois. plus de belles histoires et de rencontres marquantes. Si, comme nous, vous admirez les maires de France et que vous avez envie de mettre en avant leur parcours et leurs actions, que vous soyez une entreprise engagée, une association ou juste quelqu'un qui veut donner un coup de main, écrivez-nous à viedemer.podcast.gmail.com
- Speaker #1
Viedemer ? C'est une sacrée vie de mère !
- Speaker #0
Pour l'épisode d'aujourd'hui, je me suis posé une question intrigante. Y a-t-il des gènes qui prédisposent à devenir mère ? Alors, je n'ai malheureusement pas trouvé de statistiques officielles sur le sujet, mais avec toutes les histoires familiales de mairie que j'entends, je suis presque convaincue qu'il n'y a pas de hasard. L'exemple parfait ? Aurélie Mézière, mère de Plessé, charmante commune rurale de 100 km² et 5000 habitants, à une heure de Nantes, en Loire-Atlantique. Fille de mère, élue mère et mère de quatre enfants, Elle incarne à merveille cette notion de transmission. Avec elle, on a parlé de découverte de soi à travers l'engagement, de création d'un programme municipal en intelligence collective, de mise en œuvre d'une politique agricole communale, mais aussi des obstacles qui freinent encore l'accès des femmes à la fonction de mère. Vous êtes prêts ? C'est parti pour un nouvel épisode de Vie de mère. Madame Benzière, bonjour.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Merci de m'accueillir au Plessé pour ce nouvel épisode de Vides Mères.
- Speaker #1
Bienvenue ici.
- Speaker #0
Pour commencer, est-ce que vous pourriez me dire ce que vous rêviez de faire quand vous étiez petite ?
- Speaker #1
Quand j'étais petite, je ne sais pas si j'avais un rêve précis de métier. J'ai dû passer par toutes les phases. Je sais surtout que j'avais envie de faire plein de choses. Et c'est ce qui peut-être a guidé toute ma vie après. Enfin, ma vie. comme si c'était terminé, mais en tout cas, mon parcours est très différent et très éclectique. Et j'avais toujours envie de faire plein de choses. Donc, je n'étais pas arrêtée sur un métier précis.
- Speaker #0
Vous étiez quel type d'enfant ?
- Speaker #1
Plutôt sage, très réservé, très timide.
- Speaker #0
Et autour de vous, il y avait des modèles d'engagement ?
- Speaker #1
En fait, oui, puisque ma maman a été maire du petit village d'où je viens, en Normandie. Un tout petit village de 100 habitants, donc vraiment la ruralité exprimée à sa plus petite échelle. Elle avait été conseillère municipale et donc maire après pendant deux mandats. Et pour autant, j'étais petite et je n'ai pas l'impression que ça m'ait marquée consciemment, en tout cas. Parce qu'elle ne rapportait pas beaucoup de choses à la maison. Enfin, on n'en parlait pas beaucoup. Puis j'étais petite, en fait. Donc, mes préoccupations étaient plutôt d'aller jouer dehors, les copines et les copains. Et voilà, je n'étais pas très intéressée par ce qu'elle faisait. Mais est-ce que finalement, ça a quand même infusé quelque part ? Je ne sais pas.
- Speaker #0
Elle travaillait à côté ?
- Speaker #1
Elle travaillait, oui, un petit peu. Elle travaillait tout à fait avec mon papa. Mais c'est pareil, avec des yeux d'enfant, on ne voit pas les choses telles qu'on peut les voir aujourd'hui. Ce qui me donne d'ailleurs cette impression, en tout cas cette compréhension que mes enfants, des fois, ne comprennent pas tout non plus. Parce que je me mets à leur place, moi. Alors, j'étais beaucoup plus petite qu'ils le sont aujourd'hui, mais on a son monde à soi en tant qu'enfant et on ne voit pas forcément le monde d'adulte. tels qu'eux le vivent. Donc voilà, elle avait sûrement... Elle avait des contraintes, d'ailleurs, parce qu'il n'y avait pas de famille proche pour nous garder, etc. Elle a toujours dit que c'était un peu compliqué. Et ce qui est vrai. Mais ça, on ne s'en rend pas compte, en fait.
- Speaker #0
Vous parliez politique à Taples ?
- Speaker #1
Pas beaucoup. Et puis... Ou alors de cas... Quand vous êtes maire d'une commune de 100 habitants, elle parlait sûrement des problèmes de conflits de voisinage. Je me souviens par contre, un épisode assez marquant, c'était le remembrement, qui avait été assez important à l'époque. Ça avait été un séisme, le remembrement, et puis particulièrement pour les petites communes.
- Speaker #0
Vous pouvez expliquer ce que c'est le remembrement ?
- Speaker #1
Le remembrement, dans les termes techniques, ça va être un peu compliqué, mais c'était de redéfinir les champs, en tout cas à l'échelle de la commune, c'était de redéfinir les parcelles, de faire des parcelles plus grandes, des fois ça signifiait de fusionner ou de redonner, etc. C'était tout un programme qui remettait en cause un... En tout cas, qui mettait en avant sûrement des problématiques familiales ou de succession, des conflits de voisinage, etc. Elle avait trouvé que c'était très compliqué à gérer, même sur une échelle toute petite.
- Speaker #0
Et vous étiez bonne élève à l'école ? Plutôt.
- Speaker #1
Le syndrome de l'abeille, je ne sais plus quel est le nom exact, c'est-à-dire de être toujours... Bien là où on l'attendait, de bien faire les choses, etc. Et pourtant, je répondais beaucoup aussi. Apparemment, des fois, je piquais des bonnes colères, mais plutôt bonne élève, oui.
- Speaker #0
Et donc, vous êtes spécialisée ensuite dans vos études dans un secteur en particulier ?
- Speaker #1
Eh bien, pendant longtemps, je n'ai pas trop su vers quoi me diriger précisément. Je suis partie sur une filière scientifique et puis je voulais faire ingénieur. Alors là aussi, sans doute, mon papa était, enfin était, mais il est toujours là, ingénieur arts et métiers. Et voilà, donc grande école. Je me suis dit, après tout, pourquoi pas ? Et j'ai donc fait une prépa et puis une école d'ingénieur. Alors pas du tout de la dimension des arts et métiers, une plus petite école à Lyon. Et sans doute aussi parce que mon papa, un jour, m'avait dit qu'il y avait beaucoup d'hommes dans les écoles d'ingénieurs et finalement très peu de femmes. Et je me suis dit, après tout, pourquoi pas ? Ça m'a peut-être aussi guidée finalement inconsciemment. Et voilà, donc je suis partie faire mes études à Lyon.
- Speaker #0
Vous aviez une sensibilité féministe à cet âge-là ?
- Speaker #1
Absolument pas. J'avais pas assez... Enfin, soyons nets, c'est arrivé après. Il y avait sûrement des prémices sur lesquelles j'avais... En effet, je trouvais qu'il y avait plein de choses qui n'étaient pas justes. Voilà, les femmes, les salaires, tout ça, ça m'interpellait, parce qu'on en parlait, évidemment, quand on sortait d'école d'ingénieur, sur l'égalité des chances qu'on avait, et on était peu de femmes. Finalement, moi, j'ai fait des études, que ce soit en prépa ou en école d'ingénieur, on était moins nombreuses. Et je trouvais souvent un peu curieux pourquoi les femmes n'étaient pas dans les milieux scientifiques. Pourquoi soit elles ne se permettaient pas, soit elles ne voulaient pas. En tout cas, je n'avais pas creusé la question, mais je voyais bien qu'il y avait des choses qui n'étaient pas tout à fait normales.
- Speaker #0
Parce que du coup, vous avez été diplômée de cette école d'ingénieurs. Oui. Et ensuite, vous avez commencé à travailler à Lyon aussi ?
- Speaker #1
Alors, pas du tout. Le concours de circonstances a fait que... On est partis en Angleterre à l'époque. Mon compagnon avait une proposition d'emploi là-bas. Et d'ailleurs, pour l'anecdote, le même jour, j'ai eu une proposition de travail sur Paris aussi. Donc il a fallu qu'on réfléchisse en quatrième vitesse sur ce qu'on allait faire. Moi, rester à Paris, lui partir à Londres, ou l'un, on restait tous les deux sur Paris, on partait. Et finalement, on s'est dit que c'était l'opportunité qu'on n'aurait sans doute pas de partir à l'étranger. Donc, on est partis. Lui était attendu, moi absolument pas. Mon diplôme d'école d'ingénieur, le niveau ingénieur n'est pas... Il n'y a pas d'équivalent en Angleterre, le terme même. Ne veut pas tout à fait dire la même chose, engineer c'est technicien, et j'avais un très mauvais niveau d'anglais, il faut quand même le dire. Donc il a fallu tout recommencer à zéro, ce qui ne m'a pas posé de problème, j'ai toujours aimé ça, qu'il y ait des challenges. Et de dire, OK, on repart à zéro. Il faut que j'apprenne à parler anglais. Donc, j'ai trouvé des petits boulots qui m'ont permis de rencontrer des gens qui, après, m'ont proposé du travail dans un gros groupe de cosmétiques qui n'était pas du tout mon domaine de prédilection au départ, puisque j'étais ingénieure en formation textile. Et je me suis retrouvée comme ça, finalement, projetée dans le monde du marketing, de la communication, sans diplôme final. équivalent peut-être en tout cas une chance plus à l'anglo saxonne ou à l'américaine c'est à dire que on met pas forcément les gens dans une case à partir du moment où ils ont un diplôme mais plutôt par rapport à leurs capacités donc je me suis retrouvé à faire j'ai commencé comme administratrice des ventes. Donc, j'avais les commerciaux qui m'appelaient, puis on gérait tout. Puis après, il y a eu une opportunité au marketing opérationnel. La personne s'en allait. Donc, j'ai demandé si je pouvais postuler. J'ai été prise. Et puis, de fil en aiguille, on s'est fait racheter par un grand groupe américain. Puis voilà, on a fait sept ans là-bas. C'était très riche parce que du coup, moi qui étais quelqu'un d'extrêmement timide, pas du tout à sortir du bois. Je me suis trouvée là, dans un pays... Alors certes, l'Angleterre, il y a la barrière de la langue. Après, la culture reste quand même très proche de la France, même s'il y a plein de différences. Mais obligée d'ouvrir des comptes en banque, de faire des papiers, de parler anglais, d'être dans une ville qu'on ne connaît pas, une grande capitale, s'orienter... Ça met plein de souvenirs aujourd'hui, d'ailleurs assez cocasses. Mais voilà, et le fait de repartir de zéro, de se dire, bon, très bien, oui, on a fait des études, mais c'est cette capacité d'adaptation que j'ai trouvée assez incroyable. Je ne pensais pas du tout être capable de ça, en fait. Et quand on sort de sa zone de confort, c'est très compliqué, mais finalement, on s'adapte et puis on trouve d'autres moyens d'y arriver.
- Speaker #0
Et vous vous êtes intéressée aussi là-bas au contexte politique ? Vous avez fait des rencontres, vous avez dit que vous êtes investie dans le milieu associatif ?
- Speaker #1
Alors ça, c'est quand on est rentrée en France. Là-bas, non, on avait... J'avais pas du tout... Là, ça a vraiment été, je dirais, une parenthèse par rapport au monde associatif et politique. Par contre, j'ai eu mon premier enfant là-bas. Et peut-être une forte prise de conscience. En tout cas, ça a été ma première prise de conscience de l'environnement parce qu'il est né avec des problèmes de santé qui étaient assez rares. Alors, plus ou moins rares parce que j'ai trouvé une communauté... au niveau de tout pays d'ailleurs, avec cette même malformation avec laquelle il est né. Et personne n'arrivait à expliquer le pourquoi, le comment, etc. On m'avait juste dit, c'est la faute, pas de chance. Je n'ai toujours pas trouvé aujourd'hui la raison. Par contre, j'ai été extrêmement interpellée un jour en regardant un reportage à la télé sur une île où les grands groupes type Bayer, Monsanto, font des essais de leurs produits. Et dans la ville où les ouvriers, les gens travaillent pour ces groupes-là, les enfants sont atteints de cette même malformation, mais de façon très importante. Et en fait, j'ai fait le lien vraiment des années plus tard. Et je me suis dit, est-ce que l'environnement dans lequel j'étais a eu un impact ou pas ? Est-ce que ce que je mangeais a eu un impact ou pas ? Évidemment, on se pose plein de questions. J'avais une hygiène de vie plutôt bonne, donc je me suis vraiment souvent demandé ce qui avait bien pu se passer, même si on m'avait dit, il se peut que ce soit la faute à ma... à pas de chance. Et là, je me suis dit, j'ai commencé à regarder un peu ce qu'on mangeait, notre environnement. Et bon, il a eu des soins assez... et puis des opérations, etc. Maintenant, il va très bien, je... bien sûr, il est... Un beau jeune homme de 20 ans qui se porte très bien. Mais en tout cas, ça a été le premier déclic. Et je me suis dit, il y a quand même quelque chose à réfléchir là. Et sûrement, quand on a des enfants, ce n'est pas le seul déclic d'ailleurs, bien heureusement. Mais en tout cas, moi, ça a été mon déclic. Avec les problèmes de santé qu'il a eus. Et ce que j'ai su des années après, je me suis dit, est-ce qu'il y a un lien ou pas ? Et c'est là où vraiment j'ai commencé à creuser cette question.
- Speaker #0
Ensuite, au bout de sept ans, vous décidez de revenir en France.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Qu'est-ce qui vous a poussé à cette décision ?
- Speaker #1
Toujours notre petit bout, notre aîné avec les problématiques qu'il avait eues. Tout se passait mieux, mais on s'était bien rendu compte qu'en fait, on était quand même loin de la famille. Alors certes, venir en Angleterre, ce n'est pas compliqué. Il y a plein de moyens différents, mais il faut quand même, on ne prend pas juste la voiture et on arrive. Il faut prendre le shuttle ou il faut prendre un ticket, etc. Et on s'est trouvé quand même un peu loin. Donc, on s'est dit, voilà, il y a eu une opportunité de travail en France à nouveau. On s'est dit que c'était le moment, après sept ans, de rentrer. Puis on ne se voyait pas, du coup, avoir... d'autres enfants là-bas. La vie est très très chère quand même, déjà. Même si les niveaux de salaire sont plus élevés, évidemment tout est plus cher. Donc au final, il ne vous en reste pas plus. Et puis l'environnement d'une grande ville... À notre niveau, il ne nous semblait pas idéal pour continuer à élever d'autres enfants. On voulait revenir, j'ai un tout petit village de sans-âme où j'ai vécu, à la campagne où on sortait, on ouvrait la porte et puis les enfants sortent sans trop se poser de questions. C'est pas attention, il va falloir traverser, il faut aller au parc. Il y a plein de parcs à Londres, c'est très verdoyant le cœur de Londres. Mais ce n'est pas ce qu'on avait envie. Et comme j'étais enceinte de ma deuxième... juste avant de partir, là, je me suis dit que c'était vraiment le bon timing pour rentrer.
- Speaker #0
Et pourquoi le Plessé ?
- Speaker #1
Alors, on n'est pas arrivé à Plessé tout de suite, on est arrivé en Loire-Atlantique d'abord. Tout simplement parce que ça nous semblait un bon compromis à l'époque entre la Bretagne et la Normandie. d'où on venait chacun, et les opportunités de travail. Et puis, au fur et à mesure, c'est quand on a voulu acheter qu'on est arrivé à Plessé, parce que Plessé a une situation géographique intéressante entre deux grandes métropoles, Rennes et Nantes, tout le bassin de Saint-Nazaire, Vannes, et évidemment, le prix du foncier est moins cher, on est plus dans les terres. Mais au sein de ce triangle, finalement, on est loin de tout et proche de tout. Et ça nous... Ben voilà, on était jeunes avec des premières expériences, mais un budget qui ne nous permettait pas de nous installer en ville. Et puis, ce n'est pas ce qu'on souhaitait. De toute façon, on voulait vraiment un cadre verdoyant. Et c'est exactement ce qu'on a trouvé ici à Plessé.
- Speaker #0
Et à ce moment-là, vous avez eu envie de continuer dans la cosmétique ou de changer de carrière ?
- Speaker #1
Alors là, pas du tout. J'ai continué à travailler un petit peu pour le même groupe quand on est arrivé. Et puis, quand on s'est installé à Plessé, il y a eu d'autres enfants. Il y en a quatre en tout. Donc, les grossesses ont fait qu'il y a eu des trous dans la carrière, on va dire, professionnelle. Et là, je me suis beaucoup investie dans les associations locales. Par contre, ça a commencé par l'école. C'est assez classique quand on a des enfants. Ça permet en plus de rapidement connaître les gens. les voisins et puis de s'intégrer parce que là où on était avant c'était pareil avec l'école ça m'avait permis de faire beaucoup de connaissances d'être déjà dans des associations et puis un déménagement ça veut dire à nouveau refaire un peu son tissu amical ou social et je savais que l'associatif était un bon moyen de en tout cas déjà un ça me plaît et puis un bon moyen de connaître les gens parce que quand on arrive sur un territoire donc j'étais extrêmement bien accueillis. Plessé, il y a un vrai bon sens de l'accueil et en même temps c'est important de faire la démarche d'aller vers les gens, de connaître l'histoire de là où on arrive finalement puisque je connaissais un petit peu parce que je venais, il y a l'étang de Buelles qui est un bel étang avec une plage où beaucoup de gens des environs viennent l'été. Avec les enfants, il y a beaucoup, beaucoup de familles, parce que c'est surveillé, c'est pas trop grand, c'est pas trop loin, c'est facile d'accès. Mais entre venir juste ponctuellement l'été et vraiment s'installer, il y a deux poids, deux mesures. Donc c'était les associations, ça permet de rencontrer les gens qui sont là depuis longtemps ou moins longtemps, d'avoir des retours de l'historique de là où on arrive. connaître les us et coutumes, la façon dont les gens vivent un territoire. Ça me semblait très important. Donc ça a commencé par les associations à l'école. Et puis après, à Plessé, depuis 20 ans, il y a une fête qui s'appelle la fête de la vache nantaise, qui est en fait une fête qui met à l'honneur les races locales. C'est un agriculteur d'ici, du Drény, un des trois bourgs de Plessé, qui, quand il s'est installé, lui, s'est installé avec des vaches nantaises, qui était une race qui n'avait pas complètement disparu, mais presque, et qui voulait montrer aux anciens et à la population que cette vache, qui avait un peu disparu, toutes ses races locales, suite à la seconde guerre mondiale quand il a fallu redonner à manger à tout le monde. Donc on a privilégié des vaches à fort potentiel, soit de viande, soit de lait. Et toutes ces petites races locales ont disparu au profit de certaines grandes races qu'on retrouve de façon plus importante aujourd'hui. Et lui voulait montrer qu'avec ces races-là, qui étaient bien adaptées au territoire, qui étaient adaptées à la biodiversité qu'on avait ici, qui mettent bas facilement, qui s'entretiennent facilement, et qu'on pouvait les valoriser en circuit court. Donc à l'époque, aujourd'hui, le circuit court, tout le monde y va, mais il y a 20 ans, c'était assez précurseur. Donc voilà, cette petite fête qui a commencé un samedi après-midi a fini en 2018 sur trois jours avec 60 000 personnes. Et pour vraiment montrer, c'était la... La fête nationale des races locales pour montrer, valoriser cette agriculture qui permet, et c'est d'actualité aux agriculteurs, d'en vivre, qu'il y a d'autres voies.
- Speaker #0
C'est le salon de l'agriculture,
- Speaker #1
l'agriculture un peu différent. Et donc cette fête se faisait, nous on est arrivés en 2012 sur Plessé. En 2014, il y avait une édition. Donc il y a deux ans de travail, il y a 1300 bénévoles, etc. Et ils sont venus me voir en me disant, avec l'expérience que j'avais eue en communication, etc. Si je pouvais intégrer l'association, ce que j'ai accepté évidemment avec grand plaisir. Et là, ça m'a permis de connaître plein de gens. et surtout d'être dans une démarche, pour le coup, beaucoup plus engagée. En tout cas, ça allait bien dans le sens de ce que je voulais faire, ou en tout cas, sur ce quoi je me renseignais en termes d'environnement, de biodiversité, avec toutes les alertes qu'on avait, qu'est-ce qu'on pouvait faire ? Et j'ai beaucoup aimé cette fête qui permet de proposer. et qui propose autre chose, de façon variée. Chacun pouvait venir avec une entrée différente, soit très militante, soit juste festive, soit culturelle, parce qu'il y avait plein d'éléments culturels dans la fête aussi, en famille pour passer un bon moment ou pour apprendre des choses. Et j'aime bien cette idée de proposer en fait, et collectivement, c'est-à-dire qu'on se met ensemble, c'est convivial, et puis on... On travaille ensemble des sujets de façon sérieuse, mais tout en ne se prenant pas trop la tête.
- Speaker #0
Et en 2014, en même temps, il y a des élections municipales. Oui. Vous vous présentez sur une liste à ce moment-là ? Ou vous vous intéressez au sujet ?
- Speaker #1
Alors en 2014, ça fait deux ans que je suis sur Plessé. Il y a la fête de la vache qui arrive en 2014, c'était en septembre. Mais avant, il y avait les élections en mars. Et puis... Évidemment, dès que vous rentrez dans les associations et qu'il y a des bonnes volontés, on vient rapidement vous voir pour savoir si vous voulez être sur une liste. Et il y avait un petit groupe, vraiment un tout petit groupe qui s'était monté de citoyens et qui avait dit, nous, on aimerait bien réfléchir autrement, en fait, la politique. Les élections, c'est des dates précises, tous les six ans. Finalement, on demande l'avis aux citoyens. à ces dates précises. Et puis après, on donne mandat à des élus pour faire des projets. Et ils ont commencé à réfléchir à comment on pouvait faire autrement. Donc là, moi, ça m'a tout de suite intéressée. Parce que justement, ce sens du collectif, c'est vraiment quelque chose qui m'anime. Et donc, on a monté une liste assez rapidement. C'était deux, trois mois avant les élections de 2014. Et on a travaillé cette idée de démocratie participative. Mais voilà, c'était un peu court au niveau timing. Donc, les élections sont arrivées, 2014. Donc là, on a fait 33% des voix. Donc, on s'est dit, il y a quand même quelque chose.
- Speaker #0
Il y avait combien de listes ?
- Speaker #1
Il y avait trois listes. Il y avait deux listes, je vais dire, habituelles. Et puis nous, on est arrivé à la troisième liste. un peu par surprise, je pense. Et on a été quatre élus en 2014. On a siégé dans la minorité entre 2014 et 2020. Et là, on a travaillé pendant ces six ans à faire grandir déjà le collectif et aussi à travailler toutes ces questions de démocratie participative et de gouvernance partagée. Pour ça, on s'est réunis tous les premiers lundis du mois. Donc, ça a été un travail de... long terme, vraiment. Et cette notion de temps, elle est importante, parce qu'aujourd'hui, il y a plein de choses qui se passent à Plessé, puis souvent on nous dit, ah là là, vous avez déjà fait tout ça. Oui, mais en fait, il y a eu un travail avant, pendant six ans, où finalement, d'être dans la minorité, c'est très formateur aussi. Et donc, voilà, on s'est dit, laissons-nous le temps de bien travailler cette notion de démocratie participative. Et on a été voir ce qui se passait ailleurs. Donc, c'était les premières choses qu'on a faites, c'est d'aller voir. Alors, il y a des communes qui sont très emblématiques. Los Anguels dans le nord, Kingersheim à l'est. Il y avait Sayan aussi, la commune de Sayan qui avait été très médiatisée à l'époque en 2014. Et puis, il y avait des exemples plus locaux. Et voilà, donc on a été s'inspirer, rencontrer les gens, voir comment eux avaient mis... Quel lieu ? qu'est-ce qu'ils avaient mis comme outil en place, comment ils géraient au quotidien, parce que finalement, après, il y a les grands principes et puis il y a le quotidien d'une mairie. Donc, on s'est formés comme ça pendant six ans. On a fait aussi des animations, des cafés citoyens sur la commune. Voilà, essayer un petit peu de tester les formats différents et puis voir comment la population réagit. Parce que ce qui est important, c'est que les territoires sont tous finalement très différents. On a la chance en France d'avoir... On ne peut pas comparer un milieu rural montagneux à un milieu rural littoral ou en pleine... en pleine ou comme ici, un peu intermédiaire. Et donc, c'était de dire, ce qui marche à droite et à gauche, finalement, c'est de se l'approprier et puis voir ce qui fonctionne ici. Donc, on a travaillé comme ça. On a fait des formations. On s'est formé à la technique aussi d'animation de réunion. Comment on prend des décisions en collectif, parce que c'est moins simple que quand il y a une seule personne qui décide. Et puis, on s'est dit qu'on allait mettre tout ça à profit. pour 2020, pour la campagne de 2020. Pour vraiment montrer ce que c'était de faire un projet en intelligence collective, ensemble avec les citoyens. Donc on a fait des choses très simples. On a fait une douzaine de réunions sur Plessé. Donc Plessé, c'est grand comme Paris intramuros avec plus de vaches qu'à Paris. Mais du coup, l'habitat est très diffus. Donc c'est important de ne pas tout centraliser, mais aussi d'aller vers les gens. Donc on a fait une douzaine de réunions sur la commune et à chaque fois, on posait la même question. On disait aux gens, si vous, vous étiez élu, que feriez-vous pour la commune ? Avec le chapeau intérêt général vraiment comme ligne de conduite. Et les gens, en fait, ont plein d'idées pour la commune. Quand on leur pose, c'est incroyable la richesse des échanges et les gens ne sont pas du tout à dire je veux que ça soit goudronné devant chez moi Pas du tout. Ils ont vraiment une vision très intéressante de la vie sur le plan communal. Et à chaque fois, l'outil principal de la démocratie participative, il y en a deux, c'est le post-it et la gommette. Donc le post-it, à chaque fois, chacun notait ses idées. Chacun disait pourquoi il avait émis cette idée-là pour le commun. Et puis après, on les classait par thématique. Et une fois qu'on a fait ces 12 réunions, où on a été voir aussi les jeunes, même s'ils ne votaient pas, on a été voir les adolescents, parce que c'est des personnes qui utilisent l'espace public, qui sont dans les associations, qui vivent sur la commune. C'était intéressant d'avoir leur retour, le monde économique, qu'elles étaient les attentes. Et toujours, la question a été la même pour tout le monde. Et à la fin de ce cycle, on a réuni tout le monde, on a fait une grande réunion publique. On avait tous les post-it qu'on avait classés en huit grandes thématiques. Et on a expliqué la démarche aux gens en première partie. Puis on leur a dit, maintenant on vous donne des gommettes. Et puis vous allez mettre sur chaque panneau l'idée qui vous semble la plus pertinente. Comme ça, sur chacun des panneaux, il y avait quelques idées qui ressortaient. Il y en avait beaucoup et on ne pouvait pas tout traiter. Et à la fin de la réunion, on a proposé aux gens qui le souhaitaient de se mettre sous un panneau et de commencer à travailler un peu les idées qui étaient ressorties. Et je continuais ça pendant 15 jours, avec un référent par thématique. Et c'est comme ça qu'est né le programme de notre liste. Et c'était vraiment pour montrer aux gens qu'en partant de ce que les gens souhaitaient, et il n'y avait rien de farfelu, parce que vraiment on nous a dit, ben oui, mais s'il y a quelqu'un qui demande... Je ne sais pas, un bassin olympique au milieu du village ? Eh bien, pas du tout. Les gens ont une conscience parfaite de ce qu'on leur demande, de ce qu'ils veulent et il n'y avait rien de farfelu.
- Speaker #0
Vous êtes arrivée à un programme qui était cohérent en soi ?
- Speaker #1
Tout à fait. Et avec des choses pas forcément extraordinaires, des demandes tout à fait classiques. Mais ce qu'on voulait, ce n'était pas tant la finalité, même si la finalité était importante, c'était tout le processus. C'était vraiment de faire comprendre aux habitants que de partir d'eux, on pouvait arriver à un projet politique. Parce que la politique...
- Speaker #0
Et la démocratie, même au sens noble du terme, c'est la gestion de la cité et par les habitants. Il y a des représentants, les élus, mais on est quand même au service de l'intérêt général et du bien commun. Et les gens, ils ont des choses à dire, ils ont une expertise d'usage qui est importante. que seulement nous on est 29 élus à 29 on ne peut pas tout connaître, tout savoir et être partout sur une grande commune en fait en superficie pas en nombre d'habitants mais en superficie une grande commune on ne peut pas être partout on ne peut pas avoir tous les enjeux en tête et cette intelligence collective elle est vraiment au service du bien commun je
- Speaker #1
trouve ça super intéressant de voir que ça tient À quatre personnes qui se disent qu'on peut faire les choses autrement. Et donc on voit aussi, pour moi c'est l'illustration du colibri. Parce que c'est, voilà, on est très peu, il y a une volonté individuelle et on voit comment ça contamine autour de soi, j'imagine.
- Speaker #0
Et puis le pouvoir de chacun finalement. On ne se rend pas compte, mais si on est 66 millions maintenant français, si on décidait tous de faire quelque chose, je ne sais pas, ça aurait un impact énorme. Et pour autant, on est 66 millions d'individualités et c'est hyper important de... D'arriver à trouver un socle commun tout en laissant une liberté. Et ce n'est pas facile. Après, je dis ça, c'est des grands mots et il y a du concret à avoir. Mais en tout cas, nous, on s'est dit, on fait notre petite part. En effet, du colibri, c'est exactement ce qu'on s'est dit. Surplaissé, sur notre territoire. Et puis, on verra ce qui va se passer.
- Speaker #1
Vous m'avez parlé tout à l'heure de l'importance pour vous. Vous commenciez à l'époque, même avant, vous vous posez des questions sur l'écologie. Après, c'est revenu aussi également avec le festival. Est-ce que vous aviez un socle de valeur en commun avec ces personnes-là, à ce moment-là, avec ce collectif dans l'opposition ?
- Speaker #0
On l'a écrit. On a écrit les choses, oui, tout à fait. C'était important d'avoir justement ce socle de valeurs, parce qu'il y avait des divergences aussi, c'est normal, on est plein d'individualités, mais au moins de se retrouver sur un commun, en tout cas, et c'était le bien vivre ensemble. de faire attention à la Terre avec un grand T, même si on n'est pas encarté. Il n'y avait pas de revendications politiques plus que ça, mais c'était de faire attention, de bien vivre ensemble. c'est pas seulement vivre ensemble et vivre avec son environnement aussi. Tout ça, c'était notre socle commun.
- Speaker #1
En 2020, donc des nouvelles élections municipales, à ce moment-là, vous avez des leçons de la campagne de 2014 pour être élu. Vous réfléchissez vraiment avec une logique d'accession au pouvoir ?
- Speaker #0
Alors, on se dit plus, c'est là où on a fait toutes nos réunions pour pouvoir justement montrer à voir, entre guillemets, c'est-à-dire comment cette démocratie participative et d'avoir les gens dans un projet, comment ça peut véritablement être concret et faisable. Donc ça, c'est l'élaboration de notre campagne, en tout cas. Et puis, parallèlement, on s'est dit, voilà, on est un collectif. Et on aimerait bien que ça soit une équipe qui soit élue et sans forcément avoir une tête de liste particulière. Ça nous semblait intéressant que les gens jusqu'au bout voient un collectif. Bon, après, soyons pas utopistes, il fallait bien faire une tête de liste. Et quand on s'inscrit de toute façon à la préfecture, il faut un ordre. Donc pour ça, on a fait une élection sans candidat. Donc on a réuni le collectif un samedi matin. On a travaillé tous ensemble une fiche de poste, comme si on déterminait quel serait le savoir-être, plutôt le savoir-être de la personne qui prendrait la tête de liste et future mère. Et puis après, chacun a noté sur un bout de papier qui lui semblait se rapprocher le plus de cette fiche de poste. Et le processus, il est intéressant parce que... Il n'y a pas quelqu'un tout d'un coup qui a la lumière et qui dit je vous guiderai. On a travaillé tous ensemble à ce mode de scrutin et tous on a participé. Et voilà, après ça donne un résultat et la personne bien évidemment a le droit de dire non et on recommence.
- Speaker #1
Et c'était quoi les qualités parfaites d'un maire selon votre collectif ?
- Speaker #0
Alors suivant le collectif, c'est une personne qui n'existe pas. Soyons quand même très honnêtes, je pense que peut-être que le Dalai Lama s'en rapproche. Il y avait un nombre incalculable d'adjectifs. Plutôt, ce qui ressortait, c'était quelqu'un à l'écoute. C'était peut-être l'écoute même qui ressortait le plus. Et puis... Quelqu'un qui puisse, chef d'orchestre en fait, faire en sorte qu'il y ait toujours du lien. Je me souviens surtout de ça, exactement. Après, il y avait sûrement autre chose, mais c'était de la bienveillance, d'être pas dans la confrontation, de savoir gérer des conflits aussi, parce qu'il y en a quand même beaucoup. Des conflits qui ne sont pas forcément d'ailleurs des conflits très ouverts et très virulents, mais il y a toujours beaucoup d'humains. Et c'est comment on met du soin dans la relation à l'autre. Et voilà, donc c'était plutôt trouver quelqu'un qui soit dans cet esprit-là.
- Speaker #1
Et donc, ça vous tombe dessus.
- Speaker #0
C'est ça, c'est un peu ça. Alors, on avait, comme je faisais partie des élus qui avaient siégé dans la minorité entre 2014 et 2020, Il y avait quatre sièges, on a été six à passer. Il y en a qui ont démissionné pour des raisons professionnelles et qui ont dû partir, et puis d'autres qui ont pris la place. Donc on était six, et sur les six, on était cinq à être toujours dans le collectif. Donc on savait que potentiellement, les gens allaient peut-être plus flécher des gens qui avaient une expérience, en tout cas. J'avais pas forcément... On se pose la question, on se dit, et si ça tombe sur moi ? Donc voilà, jusqu'à ce que ça se réalise vraiment. Mais ça a été assez simple d'accepter, dans le sens où on avait tellement travaillé tout ça ensemble, le collectif, et l'après, ce qu'on avait préparé, si on était élus, comment ça se passerait, que je savais que tout d'un coup, j'allais pas me retrouver toute seule. En fait, c'était un collectif qui continuait. et qu'il fallait mettre une personne en effet, en tout cas chef d'orchestre de ce collectif. Mais je ne me sentais pas tout d'un coup, bon bah tiens, merci, c'était très sympathique, voilà le paquet de pointes et puis nous, on part boire un coup et on te laisse toute seule. Ce n'était pas du tout ça. Donc je n'étais pas inquiète en fait. Ça a été un peu, évidemment, sur le coup, on se dit, oulala, ça y est. Mais je savais qu'il y avait tout le monde et tout le monde était là. et ça, ça porte
- Speaker #1
Pour faire la campagne vous avez continué cette logique d'aller voir les gens des réunions publiques est-ce que vous avez mis en oeuvre d'autres choses qui à votre avis vous ont permis de gagner ?
- Speaker #0
Je pense que le fait d'avoir été demandé l'avis aux gens pour construire notre programme ça a été déterminant
- Speaker #1
Et vous avez réussi à avoir l'avis de gens qui ne s'impliquent pas du tout d'habitude ?
- Speaker #0
Alors ça, c'est la grande question. On en parle plutôt maintenant qu'à l'époque. À l'époque, on est allé voir tout le monde. Voilà, on a essayé de faire venir les gens. C'est pour ça qu'on est allé vers les gens, etc. On n'a pas fait une analyse fine de qui, quel profil on avait, etc. C'est plutôt quand là, on a mis nos outils en place en étant élus, puisque à Plessé, il n'y a pas de commission municipale. Il n'y en a aucune. On a tout remplacé par des comités consultatifs. qui sont ouverts aux habitants à partir de 14 ans. Parce que 14 ans, c'est l'âge où on a une mobilette ou on a un scooter, donc on peut venir en réunion, on peut se déplacer. En tout cas, on a ouvert à partir de 14 ans ces personnes, on les a appelées les VIP, les volontaires investis à Plessé. Voilà, c'est le maire de Monnières qui est dans le 44 et qui nous avait trouvé cette idée qu'on avait adorée parce qu'il était venu nous présenter ce qu'il faisait. Et c'était parmi les outils qu'on a pris. On en a pris pas mal aussi là-bas. Et je le remercie chaleureusement à chaque fois que je peux parce que tous ces gens qu'on a croisés ont été tellement inspirants que... On ne peut que les remercier d'avoir commencé le chemin et que nous, on continue le sillon et puis on espère que d'autres le suivront. Et donc, ces comités consultatifs, en fait, on les a ouverts à un nombre illimité. On n'a pas mis de limite au nombre de personnes qui pouvaient participer. Parce que si vous limitez, alors on a limité le nombre d'élus parce qu'on n'est que 29. Donc, sur les huit comités qui reprennent les huit thématiques qu'on avait pendant notre... Notre campagne, à 29, vous ne pouvez pas être partout. Donc on avait dit, on met neuf élus par comité. Tous pilotés par deux ou trois personnes, donc adjoints et conseillers délégués, parce que tout seul, ça peut être compliqué. Quand on est deux, c'est plus facile, ne serait-ce que pour animer une réunion. Il y en a un qui prend des notes, l'autre, voilà, chacun a un rôle différent. Et puis, si on limite au nombre d'habitants, on aurait pu mettre neuf élus, neuf habitants. Finalement, vous savez très bien que quand il y a une date, les uns et les autres, on n'est pas disponible. Il y a les... Il y a les... certains qui ne vont pas pouvoir, qui auront autre chose, qui n'auront pas le temps. Donc finalement, vous vous retrouvez avec deux, trois habitants, ce n'est plus du tout significatif. Donc on a laissé illimité. Et la première chose qu'on a fait, c'est de travailler sur une charte, une charte du VIP, c'est-à-dire plus vous faites de la démocratie participative, donc plus vous mettez la décision, en tout cas le processus est beaucoup plus horizontal, plus le cadre doit être précis. C'est primordial, sinon ça ne marche pas. Donc la première chose c'est un VIP, c'est dans quel cadre, dans quel cadre il intervient, combien de temps, c'était souvent la question, je m'engage pour combien de temps. Donc ensemble on a défini qu'un an c'était pas mal, bien sûr si les gens veulent partir avant ils peuvent, s'il y en a qui sont encore là au bout de 4 ans. Mais c'était pour donner un cadre, il y a des règles de confidentialité, des règles de par exemple on vient pas pour son intérêt personnel, c'était un peu calqué. à la charte de l'élu qu'on lit quand on installe les conseils municipaux.
- Speaker #1
Et c'est ce que j'allais vous demander, c'est quoi la différence entre un élu municipal et un VIP ?
- Speaker #0
Alors l'élu est quand même toujours celui qui, au final, va prendre la décision, puisque c'est le conseil municipal qui reste souverain sur la décision. Et les gens savent très bien que c'est nous qui allons signer, que c'est nous qui allons mettre en œuvre. Le VIP, il est là pour amener les idées, amener son expertise d'usage ou professionnelle, parce qu'il y a des gens qui ont diverses casquettes et qui amènent ça au profit du bien commun. Donc voilà, l'élu, il est plutôt... Nous, on le voit comme des animateurs de territoire. Et les gens ne remettent pas en cause. Souvent, on m'a posé la question, bah oui, mais alors... Au niveau légitimité, finalement, t'en perds un peu. On ne perd rien du tout. En fait, on demande aux gens de venir avec nous. Les gens savent très bien dans quel cadre ils sont. Ils savent très bien que c'est nous qu'allons mettre la signature à la fin ou qu'allons mettre en œuvre peut-être avec les services techniques, les agents, etc. Donc chacun a bien son rôle, mais il faut bien le définir au départ. En tout cas, ça, c'est primordial.
- Speaker #1
Est-ce que vous pourriez me donner un exemple ou plusieurs exemples d'idées et des personnes qui ont donné ces idées pour comprendre vraiment quelle est la démarche et qui porte quoi ?
- Speaker #0
Alors, ce qui a été très intéressant, j'ai deux exemples en tête. Donc, dans les huit comités qu'on a mis en place, vous avez évidemment des comités très classiques que vous retrouvez partout. Enfance, jeunesse, vie associative. Je dis classiques, mais qui ont apporté beaucoup d'idées très innovantes derrière. Et on a deux comités qui ne ressortent pas des compétences communales, même si les communes ont la compétence générale, mais qui sont l'agriculture, qui est plutôt région, État, Europe, et l'économie, qui est plutôt là, aux OPCI. Et nous, on a décidé de s'occuper de l'économie parce que c'était important. On a décidé aussi de s'occuper de l'agriculture. Pourquoi ? Parce qu'il y a 92 chefs d'exploitation sur Plessé, que finalement, c'est sûrement l'employeur numéro un, que c'est... Une économie, on met souvent le monde économique d'un côté et le monde agricole de l'autre, mais c'est des chefs d'entreprise, c'est pourvoyeur d'emplois, local, non délocalisable. On s'est dit qu'il faut qu'on fasse quelque chose, puisque à Plessé comme ailleurs, la population des agriculteurs est vieillissante. Comment on transmet, comment on aborde ces futurs départs en retraite ? Donc on a décidé de créer un comité agriculture, alimentation, biodiversité, environnement. Donc là il est large celui-ci, c'est le plus populaire. On a eu 40 personnes dès le départ qui sont arrivées. Donc ils ont scindé en plusieurs groupes, en plusieurs thématiques. Et en partant d'une feuille blanche, ils se sont dit, voilà, il faut s'occuper de comment on sensibilise les agriculteurs à la transmission, comment on réfléchit aux fonciers, la commune, c'est une cantine, comment on passe de la fourche à la fourchette. Et tout ça a fait qu'ils ont créé ce comité, la PAC, la politique agricole et alimentaire communale. On aime bien les jeux de mots, enfin, en tout cas, les... Les VIP à la PAC, mais c'était évidemment un clin d'œil à la PAC européenne. Et d'avoir un programme très complet qui se définit en six axes, qui vont de la gestion du foncier, les circuits courts, la promotion du métier d'agriculteur. Et c'est comment on s'empare de ce sujet, sachant qu'évidemment, il y a plein d'acteurs. Donc, il ne s'agit pas de faire à la place d'eux, parce que l'agriculture a des... Il y a la chambre d'agriculture, il y a la SAFER qui s'occupe de la gestion du foncier, il y a plein d'outils, chez nous il y a CAP44, les groupements d'agriculteurs biologiques, etc. Mais c'est comment nous, en tant qu'élus, on fait en sorte que finalement tout ça, c'est toujours pareil, c'est ce rôle d'animateur. Et donc ils ont écrit cette PAC. On en est fiers.
- Speaker #1
C'est les agriculteurs eux-mêmes ?
- Speaker #0
Alors les agriculteurs étaient dedans, il y a des habitants, il y a des élus, il y a vraiment de tout dans ce comité, évidemment. C'est toujours l'idée de mettre le plus de personnes possible autour de la table, et ils l'ont écrit. Et ça s'est décliné avec un objectif qui était très utopiste, mais on nous le dit souvent, mais on dit oui, très bien, c'est pas très grave. C'était un départ, une installation. Et aujourd'hui, on est à 26 départs, on a 26 installations. On a fait un inventaire bocager qu'on a inscrit dans le plan local d'urbanisme. On a passé notre cantine qui était en gestion concédée, on l'a repris, nous, en gestion directe. On est à presque 68% de produits bio. Voilà, donc en fait, on peut agir. Mais cette capacité à agir, elle est là. parce que justement on met tout le monde autour de la table. Et c'est essentiel. C'est comme ça qu'on arrive finalement à faire des choses qui fonctionnent à Plessé. Peut-être que la PAC, elle serait toute différente dans la commune d'à côté ou à l'autre bout de la France. Ça n'a pas d'importance. L'idée pour nous, c'est toujours de se dire on fait ensemble, on fait avec le territoire. On fait partie d'un ensemble de petites solutions. Et c'est absolument pas de dire c'est nous qui avons la solution. Non. On a une solution, une proposition. Après, libre à chacun de l'adapter et nous-mêmes d'aller chercher ailleurs.
- Speaker #1
Et comment vous réussissez à maintenir un dialogue qui soit en paix dans ces comités ? Parce que les personnes qui ont déjà participé à des réunions publiques se souviendront peut-être comme moi de discussions très houleuses, de débats où on ne s'entend pas, même on peut penser à l'Assemblée nationale. où il y a des noms d'oiseaux, des gens qui parlent à tous les côtés. Là, on a des citoyens qui, en plus, peut-être n'ont pas l'habitude de s'exprimer dans un groupe, etc. Est-ce qu'il y a une formation à devenir VIP ? Et comment est-ce qu'on maintient un cadre clair et serein ?
- Speaker #0
Ça, c'est dans la gestion de l'animation de réunions. Ça, ça prend. On a été plusieurs à être formés à ça. C'est poser des règles. C'est toujours pareil. C'est le cadre dans lequel les choses doivent se faire. J'ai souvenir justement du... maire de Kingersheim, que j'ai croisé en plus il n'y a pas très longtemps et qui nous racontait une anecdote là-dessus, sur des réunions publiques, sur une mosquée qui était... Il y avait un terrain communal où une mosquée allait se construire. Donc ça avait été... Ça peut être un sujet extrêmement sensible. Et là, pareil, c'est le cadre qu'on y met, en fait. C'est au départ, comme dans les conseils municipaux, je rappelle toujours en début de conseil municipal, les règles d'écoute. de respect et de bienveillance, c'est les trois piliers. C'est-à-dire qu'on ne coupe pas la parole, on attend que la personne est finie, on demande la parole. Ça peut paraître tout bête, en tout cas, ça permet toujours d'avoir ce... Cette vigilance, en tout cas, à ce que chacun soit bien entendu, parce que souvent, quand ça monte dans les tours, c'est qu'on se coupe la parole et puis on rentre dans l'émotion. On n'arrive plus du tout à gérer tout ça. Donc, il faut que le cadre, il faut qu'il y ait quelqu'un qui soit dédié à ce cadre, en fait, aussi. Donc, quelqu'un qui s'occupe d'animer, qui va repositionner. S'il y a quelqu'un qui sort du cadre, de lui dire, et si ça se répète, de lui dire, écoutez... Vous n'êtes plus dans le cadre de la réunion, on va vous demander de partir. Ça peut être aussi une des solutions. Ça ne nous est heureusement jamais arrivé. Mais voilà, il faut savoir. Il y a des gens qui peuvent être là juste pour remettre le bazar. Il faut savoir leur dire. Et c'est justifié. Du coup, ça ne peut pas être vécu non plus pour la personne. Ou même si elle n'a pas envie de mettre le bazar, mais elle a envie de dire qu'elle est très en colère et elle va prendre la parole coupée, etc. Ce qui peut être très agaçant. Mais elle va comprendre aussi, par rapport au cadre, pourquoi... On lui redit les règles, etc. Et ça, il y a des formations. Je pense que c'est un socle sur lequel tous les élus devraient commencer.
- Speaker #1
Vous avez des exemples de personnes qui ont totalement changé de point de vue sur des sujets en participant à ces groupes de travail ?
- Speaker #0
Oui, je me souviens pour le sujet sensible des 4 jours, 4 jours et demi pour les rythmes des scolaires. Donc nous, ça fait longtemps que la commune, dès qu'il y a eu le passage 4 jours, 4 jours et demi, on est à 4 jours et demi. Et puis, c'était souvent revenu pendant la campagne de re-questionner justement pour les écoles publiques les 4 jours, 4 jours et demi. Donc on a créé un groupe de travail avec des parents, des représentants de parents, etc. Et beaucoup étaient plutôt repartis sur les 4 jours, enfin étaient arrivés en tête avec les 4 jours. Et quand tout ce travail de concertation a été fait, parce qu'ils ont fait des interviews avec, ou en tout cas, ils ont été voir les transports scolaires, ils ont été voir les instituteurs, ils ont été voir d'autres parents, etc. Et ils s'étaient tous mis d'accord pour un fil rouge, c'était le bien-être de l'enfant. C'était le fil rouge sur lequel, le cadre dans lequel... on avait dit ça, on n'y dérogera pas. Ce sera le bien-être de l'enfant. Et en fait, en allant voir des... Pareil, en s'acculturant scientifiquement et tout, ça a permis... Finalement, on est resté à 4 jours et demi. Alors que les gens, au départ, étaient plutôt à dire non, non, on passera à 4 jours. Donc, c'est exactement ce que je disais avant. Quand vous avez tous les éléments et que vous avez une connaissance d'un dossier, et que vous comprenez bien le pourquoi et le comment. Ça ne veut pas dire que les gens ne sont pas toujours pour le quatre jours, mais finalement, ils comprennent pourquoi, au final, la décision sera de rester à quatre jours et demi.
- Speaker #1
C'est-à-dire qu'en fait, en étant en collectif, on a plus le sens de l'intérêt général qui se réveille.
- Speaker #0
On a plus le sentiment, en tout cas d'être écouté aussi. C'est important que sa voix porte dans un collectif. Et on sait qu'on est là pour le bien commun. Et on comprend pourquoi, finalement, son idée de départ, elle était de deux idées, on en fait une meilleure.
- Speaker #1
Donc maintenant, au blessé, les élèves font 4,25 jours.
- Speaker #0
Et peut-être que tout ça, ça rechangera, en fait. Il faut aussi être très humble dans ce qu'on fait et ne pas tenir absolument à... Voilà, parce qu'on a décidé ça, ça va être gravé dans le marbre.
- Speaker #1
Est-ce que vous pouvez me parler de ce que vous faites au sein de l'AMF 44 ? Donc l'Association des Mères de France.
- Speaker #0
Eh bien, moi j'ai créé un groupe de travail sur l'égalité femmes-hommes en politique. En tout cas, on est parti à l'AG de 2022 sur cette thématique. Quel est l'engagement des femmes en politique en Loire-Atlantique ? C'était de faire un peu une photographie de... du nombre de maires, qui s'engageait, pourquoi elle s'était engagée. Donc on avait fait une belle table ronde avec des profils très différents. Et puis on a créé un groupe de travail derrière, qui travaille sur trois axes. Sur une égalitech, je reprends les termes d'une élue de Guérande, sur une égalitech, donc une boîte à outils, parce que finalement il y a beaucoup de choses autour de l'égalité femmes-hommes en politique, et même de donner des outils pour les élus. pour mettre en place des actions en faveur de l'égalité femmes-hommes, donc d'avoir un seul endroit où on puisse finalement retrouver tout ça. Un deuxième volet, c'est sur la formation. Comment on met cette notion d'égalité femmes-hommes ? dans les diverses formations qu'on peut avoir, qu'on propose. Soit avoir une formation spécifique, mais aussi, on s'est dit, pas seulement spécifique, parce que l'idée, c'est bien d'avoir une formation dédiée, mais que dans toutes les formations, on puisse en parler, puisque finalement, en urbanisme, on peut très bien parler de la place des femmes sur la place publique, enfin, en tout cas, comment elles vivent l'espace public. On peut parler dans les budgets de ce qu'on met... par exemple comme budget pour le sport féminin ou le sport masculin. C'est plus pour que les gens prennent conscience. Et puis le troisième volet, c'est de faire, si on y arrive, un documentaire sur l'engagement des femmes en politique. Pourquoi elles s'engagent ? Quels ont été les freins ? Qu'est-ce qui fait qu'il faut que les femmes s'engagent dans les conseils municipaux, mais à tout stade, et aussi aux fonctions d'adjoint et de maire. Et au-delà, bien sûr. Mais en tout cas, on aimerait bien montrer ça, que les femmes, elles s'engagent maintenant, évidemment, puisqu'il y a la parité dans les conseils municipaux, mais qu'elles aillent plus loin dans leur engagement.
- Speaker #1
Je sais que c'est une question qui vous tient à cœur, parce que, pour être honnête aussi avec les auditeurs... Pourquoi je suis ici aujourd'hui ? Je suis très contente de l'être. Mais c'est parce que vous m'aviez contactée sur Instagram après avoir écouté les premiers épisodes du podcast et vous aviez remarqué que les premiers épisodes étaient consacrés uniquement à des mères hommes. Aujourd'hui, j'essaye de rattraper le tir, mais c'est vrai que c'est une question qu'on se pose. Aujourd'hui, il y a des quotas. Il y a des femmes qui sont sur les listes une sur deux et pourtant il me semble qu'on a que 20% et que vous, personnellement, avec votre parcours, est-ce que vous voyez quels sont les freins aujourd'hui déjà ?
- Speaker #0
Je pense qu'ils sont multiples, ils ne sont pas du tout... je ne pourrais pas les citer, enfin en tout cas il n'y en a pas un, c'est vraiment multifreins. Ça peut venir de son histoire. Est-ce qu'on a été encouragé à tout moment à prendre des initiatives ? Est-ce qu'on a été encouragé à s'écouter ? Est-ce que ça, c'est déjà dans son histoire personnelle et professionnelle ? Ça peut favoriser l'engagement, les difficultés du statut de l'élu. C'est un espèce de sujet qu'on voit là, qui revient encore, mais qui est plus qu'urgent de se saisir. Parce que professionnellement, déjà, on a un peu évacué le fait d'avoir des enfants quand on a un parcours professionnel. Déjà, ça peut être un peu plus compliqué. Mais aujourd'hui, on a bien avancé sur le sujet. Mais finalement, c'est la même problématique qui se retrouve dans l'engagement citoyen au sens large. C'est-à-dire soit en tant qu'élu, soit dans une association, etc. On voit bien que dans les associations, il y a beaucoup de gens aussi... qui peuvent moins être présents quand ils sont à une phase de leur vie, etc. Donc, c'est comment on encourage ça. Peut-être une place qui est prise aussi spontanément, volontairement ou pas, parce que l'idée n'est pas de confronter les hommes et les femmes, c'est juste de dire, voilà, naturellement, je ne sais pas, il y a plein de métiers dans lesquels on voit... Il y a finalement plus d'hommes au bout qu'au départ. Moi, ma fille fait de l'équitation. On voit qu'il y a beaucoup d'hommes finalement en équitation au niveau pro. Je pense que les femmes sont plus attachées au faire et au projet et se mettent moins en avant. Il faut déconstruire ça. En tout cas, ce n'est pas parce qu'on va se mettre en avant que tout d'un coup, on prend la grosse tête. Non, c'est juste pour dire, moi, j'ai été très inspirée par des femmes, mais des gens pas forcément politiques, mais qui ont fait des belles choses, des entrepreneuses, qui ont osé, en fait, et qui ont combiné vie professionnelle, ou qui, des fois, ont fait aussi un pas de côté. Et ce n'est pas rose pour personne, mais... Voilà, c'est comment on se donne les moyens d'aller vers avec tout ce qu'on est, son milieu professionnel, personnel, avec son histoire. Et je pense que les femmes ont beaucoup à apporter. D'abord parce qu'elles représentent la moitié de la société. Donc, par simple fait d'être représentatif, on veut que la société soit représentative parmi les élus. Il faut qu'elle soit là. Je pense que les femmes ont à apporter dans des domaines différents que là où on les met. forcément, parce qu'une fois qu'elles sont là, on va aller sur des sujets sociaux, on va les mettre à l'enfance, jeunesse. Non, des femmes sur les travaux, sur la voirie, sur l'espace public, les finances, il n'y a aucun souci. Et des hommes au social ou à la petite enfance, au contraire, c'est très très bien. Donc je pense que ce n'est pas de rebasculer d'un côté, c'est juste de faire en sorte que tout le monde soit aussi impliqué les uns que les autres. Et peut-être un... Peut-être qu'elles osent se mettre en avant et puis chacun a à dire, à faire, les compétences elles sont là. Il faut sûrement des exemples pour justement, et c'est l'objet de ce documentaire, ce serait de montrer que c'est possible. Oui, en effet, avec les enfants, ça peut être compliqué, mais le conjoint, il peut tout aider. On ne pose pas la question à un homme de savoir comment il va faire pour garder ses enfants. On la pose à une femme. Bon, ben voilà, les choses changent, les choses évoluent, mais il faut poser ça sur le débat public. Tout comme il y a des débats qui sont arrivés et qui sont importants. La santé des femmes, par exemple, est un débat qui est très important. Et finalement, il y a plein de choses. L'endométriose, on met encore 7 ans pour la diagnostiquer. On marche sur la tête. Donc, il faut absolument que les femmes soient là aussi pour apporter leur expertise au même titre que tout le monde.
- Speaker #1
Est-ce que vous vous avez changé en tant que femme, en devenant mère ? Et j'aime bien cette question, puisque pour une fois, c'est mère, M-A-I-R-E.
- Speaker #0
Certainement. Certainement. Des fois, on rigole dans l'équipe parce qu'on dit qu'en 6 ans, on aura pris 20 ans. C'est pas faux. Peut-être s'affirmer par rapport à soi. Donc là, c'est la confiance en soi, c'est d'être beaucoup plus alignée avec soi-même. On apprend à ne pas faire forcément ce qu'on attend, enfin de ce que peuvent attendre les autres, mais de se faire confiance. Je trouve que je me fais beaucoup plus confiance aujourd'hui. Je sais ce que je souhaite, je sais ce que je ne souhaite pas. J'ai une foi énorme dans... Dans l'humain, des fois, ce n'est pas facile. Parce que quand on voit des annonces ou des choses, etc., on se dit, tout ça pour ça, nous, on essaye à notre niveau de faire bouger, de trouver des solutions et tout. Et puis là-haut, on est complètement inaudibles et tout. Mais voilà, je trouve qu'on... Je me dis avec notre équipe, on est là, on est fiers de nous, de ce qu'on fait. Certes, c'est très humble, ce n'est pas énorme, mais ça nous a tous donné beaucoup confiance en nous. On s'est beaucoup apporté, on s'apporte beaucoup les uns les autres. Je sais dire non beaucoup plus aussi qu'avant, sans doute. Même si des fois, on me dit, tu aurais dû dire non. Je dis, ah oui, j'aurais dû dire non. J'ai tendance à accepter et à dire trop oui facilement quand il y a tellement de sujets qui sont intéressants. Mais voilà, être beaucoup plus alignée, beaucoup plus... ferme et puis en même temps de se faire confiance. Je me fais beaucoup plus confiance aujourd'hui que la jeune femme qui était en Angleterre et qui errait dans les rues de Londres en se demandant ce qu'elle faisait là. Et qui ne parlait pas trois mots d'anglais.
- Speaker #1
Parmi vos quatre enfants, vous avez deux jeunes filles. Oui. Est-ce qu'elles sont fières de vous ? Est-ce que vous pensez que vous êtes une inspiration pour elles ?
- Speaker #0
Je leur ferai écouter cette partie-là. Je ne suis pas certaine aujourd'hui. Pour elles, c'est compliqué d'avoir une maman mère, une mère mère. parce que parce que vous n'êtes pas très disponible même si c'est des adolescentes c'est un âge où on a toujours besoin de d'avoir ses parents à côté de soi c'est pas la belle facile aussi n'a une qui me dire il y en a assez qu'on me dise toujours je suis la fille de mais ça viendra je pense que quelque part il y a des combats que je mène on a eu un gros débat sur la fonctionnalité des haies avec une de mes filles qui ne comprenait pas pourquoi je trouvais ça si important je sais qu'un jour elles comprendront tout ça et ce que j'essaie surtout de leur faire passer c'est qu'elles soient elles ne se mettent pas de barrière il faut y aller, il faut oser Et ce n'est pas grave si on se casse la figure. Et ce n'est pas grave s'il y a des échecs. Les échecs, ça fait partie de la vie. Il faut les comprendre. Des fois, ça fait mal. C'est sûr, ce n'est pas très agréable. On préfère les victoires. Mais je pense que dans les échecs, on apprend beaucoup aussi. Et qu'elles ne se mettent pas de limites. Et qu'elles ne se disent surtout pas, moi, je ne peux pas en fait. Voilà. Je me dis qu'un jour, elles vont comprendre tout ça. Donc, j'espère que je leur ferai écouter cette petite partie-là parce qu'elles ne voudront pas écouter tout en disant Surtout, voyez les filles Mais moi, je suis extrêmement fière d'elles. Et j'espère surtout qu'elles mèneront la vie et qu'on leur laissera quelque chose où elles pourront mener la vie qu'elles voudront. C'est surtout ça, ma préoccupation aujourd'hui.
- Speaker #1
Et votre mère, qui était mère, comment elle voit votre vie aujourd'hui ?
- Speaker #0
Je pense qu'ils sont très fiers. Au début, je me souviens très bien, elle m'a dit, Non, tu ne vas quand même pas être mère. J'ai dit, Pourquoi ? Parce que toi, tu l'as été. Je ne vois pas pourquoi, moi, je ne pourrais pas l'être aussi. C'était amusant qu'elle me dise ça, finalement. Et pour autant, ça ne m'a pas... J'ai dit, Oui, justement, il n'y a pas de raison. Et voilà. n'a pas les mêmes idées politiques avec mes parents, donc on évite de trop parler. Je les adore et ils sont fantastiques, mais voilà, le sujet politique, on est très opposés. Donc, je ne suis pas sûre des fois qu'elles comprennent vraiment cette dimension participative que je mets en place. Je pense que c'est parfois un peu compliqué pour elles de comprendre ça, mais peut-être que je n'ai pas pris assez de temps pour lui expliquer. On se préserve de l'excusion politique, en fait, pour être très honnête.
- Speaker #1
Des fois, il vaut mieux pour conserver la famille. Est-ce que vous travaillez toujours à côté de vos fonctions d'élu ?
- Speaker #0
Oui, j'ai continué. J'ai changé de travail puisque, le dernier travail, j'étais responsable de l'association de producteurs bio. C'était un poste à 3000% sur Nantes. Donc, il y a une heure de trajet pour aller de Plessé à Nantes environ. Et donc, ce n'était pas compatible avec ma fonction de maire. Donc, j'avais démissionné et du coup, je me suis mis à mon compte. Et ça me permet de jongler, on va dire, entre l'agenda, de pouvoir... Ça a plein d'avantages ou désavantages, je n'en sais rien. Je les vois comme des avantages, je suis toujours très optimiste. D'un côté, ça me permet d'avoir un complément aussi, parce que l'indemnité n'est qu'une indemnité, ce n'est pas un métier d'être mère, c'est une fonction.
- Speaker #1
C'est combien l'indemnité ?
- Speaker #0
Alors, nous, on a baissé toute l'enveloppe de façon... Enfin, on a pris l'enveloppe maximale, au contraire, parce que c'est réglementé, on a une enveloppe maximale qu'on doit... Donc, on est monté au plafond. pour pouvoir donner à tout le monde. Donc, en brut, j'ai 1 600 euros brut et un conseiller à 100 euros brut. Voilà, puis on a réparti. Ça nous semblait important que tout le monde ait une petite indemnité. Je n'ai jamais compris pourquoi on donnait qu'aux maires et aux adjoints. Je trouve que chacun en a des frais pour venir, même si c'est ou aller représenter la mairie ou aller à des réunions et tout. Donc... On a réparti, ce qui fait qu'évidemment, il y a moins en ce qui me concerne. Donc, l'activité me permet d'avoir un complément, me permet aussi de voir autre chose, de garder un pied dans le monde professionnel. Et puis, mère, c'est quand même, on est sur un siège éjectable, c'est un CDD.
- Speaker #1
Est-ce que vous vous voyez mère encore longtemps ?
- Speaker #0
Alors, s'il y a un autre mandat ? Voilà. Mais il n'y aura pas plus de deux mandats.
- Speaker #1
Pourquoi ?
- Speaker #0
Parce que ça me semble... Alors ça, c'est propre à moi et je n'ai pas de jugement, là aussi, sur les gens qui restent longtemps, parce que ça peut s'entendre. Enfin, pour avoir échangé avec beaucoup d'autres mères, je trouve que tout s'entend. En tout cas, moi, je trouve qu'on est une équipe et que justement, si le maire est trop long... temps-là, on ne voit plus que le maire et plus l'équipe. Donc déjà ça, c'est de ne pas être omniprésent et d'être dans la transmission tout le temps. C'est notre lettre-motive, ça aussi, de se dire comment on transmet, comment ce qu'on est en train de mettre en place, ça peut être pérenne, quelles que soient les équipes qui arrivent. Bien sûr, les projets seront peut-être différents, etc. Ça, c'est pas le problème. Mais comment ces outils... de travail avec les habitants, ça reste. Et même si c'est porté par des personnes au départ, c'est le projet qui doit vivre et qui doit continuer indépendamment des personnes. Et je pense qu'il y a un moment, c'est sain, qu'en plus, il y ait d'autres cerveaux qui arrivent, qu'il y ait d'autres façons de faire. Ça permet de regarder les choses différemment. Et puis, voilà, c'est pour ça, deux mandats, ça peut être bien, parce qu'on a le temps. En effet, en un mandat, on n'a pas toujours le temps de faire tous les projets ou de voir l'aboutissement des projets. Deux mandats, c'est bien. Puis après, il faut passer la main.
- Speaker #1
Justement, quel conseil vous donneriez à un jeune qui souhaite monter sa liste municipale ou qui veut porter un projet municipal pour 2026 ?
- Speaker #0
Déjà de ne pas hésiter, de ne pas trop se poser de questions. Et au-delà du projet qui pourra venir, je sais que des fois, les uns pensent que c'est plutôt le projet. Nous, on est plutôt convaincus que c'est l'humain d'abord. C'est l'équipe qui va être créée. Elle est capitale. C'est ça qui va faire qu'on va tenir contre vents et marées. C'est ça qui va faire que les projets vont pouvoir sortir. Le projet, il sortira après. Il sera peut-être modifié, il sera peut-être ci, ça. Mais c'est vraiment de mettre du soin dans la relation à l'autre et d'être vraiment tourné sur l'équipe. D'avoir des gens différents, d'avoir des gens de tout âge, bien sûr, parce qu'il faut que ça représente la population. Mais avant tout, avant le projet, je trouve que c'est les gens qui vont s'entourer. Mais surtout, il ne faut pas trop se poser de questions. Il faut y aller. Si on a envie de faire bouger les choses, c'est un bon endroit, en tout cas pour les faire bouger. Il faut que les gens s'engagent et les jeunes surtout.
- Speaker #1
Bon, si il faut arrêter de se poser des questions, je vais arrêter de vous poser des questions. Merci beaucoup, madame.
- Speaker #0
C'était une belle conclusion. Merci beaucoup.
- Speaker #1
Si, comme Aurélie Mézières, vous souhaitez faire bouger les choses dans votre commune, tout en permettant à chacun d'être entendu et d'agir, c'est dès maintenant qu'il faut commencer à se préparer pour 2026. La bonne nouvelle, c'est que vous n'êtes pas seul. Des formations, des ressources et des espaces d'échange existent pour vous accompagner dans cette démarche. Pour cela, rejoignez le réseau Action Commune, qui regroupe des communes et des collectifs participatifs. œuvrant pour le renouveau de la démocratie locale. Pour aller plus loin, je serai ravie de vous accompagner pour structurer votre collectif et vous aider à remporter votre mairie. N'hésitez pas à me contacter. Tous les liens et informations de contact sont disponibles dans la description de cet épisode. À bientôt dans une nouvelle vie de maire.