- Speaker #0
Virage, les chemins de la transition saison 3. Des idées, des projets, des visions, des créations pour un monde plus souhaitable demain. Différents formats, portraits, reportages, discussions, lectures. Pour la saison 3, Virage bifurque et trouve son inspiration dans les films, les livres, l'histoire, la géographie, la musique et les gens. Pour aller chercher l'inspiration de faire autrement, partout où elle est présente. Virage, les chemins de la transition, une série originale proposée par Campus FM, tous les mardis à 17h.
- Speaker #1
Bonjour à toutes et bonjour à tous, merci d'écouter l'émission Virage, les chemins de la transition sur Campus FM. Moi c'est Cécile et je suis une des deux nouvelles voix qui vient de rejoindre l'équipe de Virage, aux côtés de Matt, Margot et Théo. Je suis en fait une amie de Théo et Pauline, que j'ai connue lors de mes années d'études, puisque je suis également de formation ingénieur agronome. Je suis ravie de prendre le micro pour la première fois aujourd'hui. Et donc pour aujourd'hui, on va continuer dans la lancée des épisodes précédents, qui abordaient la thématique du livre, de la littérature, toujours autour de la transition. Lors du dernier épisode, Margot et son invité vous parlaient du livre L'Arbre Monde de Richard Powers, que vous pouvez réécouter d'ailleurs sur les plateformes d'écoute. Mais aujourd'hui, je voudrais vous parler d'un autre format de livre, puisqu'il s'agit d'une BD. C'est une BD qui s'appelle Encore des patates, et qui parle d'un concept qui avait été abordé dans un précédent épisode, l'un des premiers d'ailleurs. sur la sécurité sociale de l'alimentation. Alors pour vous en parler, j'ai invité la personne qui m'avait offert la BD et c'est Vivien. Vivien que l'on a au téléphone, qui est en fait dans le Jura, donc c'était compliqué de l'inviter en studio. Alors Vivien, est-ce que tu peux te présenter aux éditeurs ? Dire un petit peu ce que tu fais dans la vie et surtout quel est ton engagement associatif ?
- Speaker #2
Oui, avec plaisir. Bonjour à toutes et à tous. D'abord, moi, je suis ravi de pouvoir prendre la parole à la radio pour présenter un projet sur le 15 minutes depuis un moment. Donc, merci à Cécile de m'offrir cette opportunité. Alors moi, dans la vie, je suis à Grenoble également. Mon travail au quotidien, c'est d'accompagner soit des collectifs d'agriculteurs, soit des collectivités territoriales sur des projets qui portent sur les enjeux, soit sur l'eau, l'agriculture ou l'alimentation. Et à côté de ce travail, j'ai aussi une centre assez remplie, depuis une dizaine d'années, qui milite dans une association qui s'appelle Ingénieurs sans frontières. et en particulier dans un de ces groupes qui s'appelle Agriculture et Souveraineté Alimentaire, avec lequel on est entouré de partenaires pour porter ce qu'on appelle la sécurité sociale de l'alimentation. On va largement revenir dessus dans les minutes qui suivent. Je voulais aussi mettre en avant un autre engagement dans le cadre de cette association, c'est qu'on participe à un collectif plus global, plus national, qui s'appelle le collectif Nourrir, qui propose une vision alternative de ce que pourrait être notre agriculture et notre alimentation. Et au sein de ce grand collectif, il y a en particulier un groupe de travail qui s'intéresse à l'accès digne de toutes et tous à l'alimentation, dans lequel je suis particulièrement engagé.
- Speaker #1
Ok, merci pour ta présentation. Donc en effet, c'est vrai que je ne l'ai pas précisé, mais la BD Encore des patates, c'est une BD qui a été créée par ISF, et qui vient à participer à l'élaboration de l'ouvrage. Donc ça fait plusieurs fois déjà qu'on parle de sécurité sociale de l'alimentation, mais je pense que la plupart... plupart des auditeurs ne savent pas vraiment ce que c'est. Est-ce que Vivian, tu pourrais nous rappeler un petit peu ce que c'est, ce qu'est le concept de SSA, comme on l'appelle aujourd'hui, et nous expliquer un petit peu comment ce projet est venu, comment les discussions ont mené à ces idées-là ?
- Speaker #2
Alors oui, c'est un concept qui est pris en 2017-2018. Il est d'un constat qui est qu'on a des enjeux sur le plan agricole, soit d'installer des agriculteurs, de leur permettre d'avoir une rémunération qui soit décente, de faire une transition agroécologique en agriculture, et que tous ces enjeux, en fait, les organisations agricoles qui œuvrent à la vie. cette transition, à se rendre compte qu'il ne suffit pas d'agir sur l'agriculture pour faire cette transition, mais qu'il va falloir plutôt agir sur l'alimentation. C'est-à-dire, au lieu de s'intéresser à la production, s'intéresser plutôt à la consommation. Donc c'est un changement de paradigme qui naît du fait qu'on a des enjeux côté production, que sont le fait que les agriculteurs sont parmi le secteur d'activité où on a le plus... Gros taux de pauvreté, c'est 18%, entre 13% dans la population générale. C'est aussi une profession où on a un taux de suicide plus important que dans les autres secteurs. Et voilà, donc ça c'est le premier enjeu social sur l'agriculture. On a des enjeux ensuite en termes de production, parce qu'on importe une grande partie des fruits et légumes qu'on consomme, donc 50%, on importe 30% du bio que l'on consomme en France. Donc on a aussi des enjeux de cette nature-là, des enjeux d'installation agricole, avec une division par 4 du nombre d'exploitations agricoles depuis les années 70, et une division par 3,5 du nombre d'équivalents temps pleins en agriculture depuis 1970. Donc c'est vrai que c'est des enjeux colossaux auxquels viennent s'ajouter tous les enjeux de bien-être animal. Donc je rappelle que 8 animaux sur 10 élevés en France. qui sont élevés en cages ou en bâtiments sans accès à l'extérieur, des enjeux environnementaux, par la biodiversité, la pollution de l'eau, de l'air, etc. Donc en fait, on se rend compte qu'on a plein d'enjeux d'un point de vue de production agricole, que ces enjeux-là, en fait, les agriculteurs, ils en sont bien souvent plus victimes que coupables, et que donc, pour régler ces enjeux, il ne faut pas s'appuyer. uniquement sur eux en leur disant qu'il leur suffit de changer leur pratique et que tout va aller mieux. Il faut s'intéresser à l'ensemble de la scène et aux capacités notamment de consommation des consommateurs de l'autre bout de la scène. Et quand on a regardé ça, on s'est rendu compte que c'était aussi une crise à l'autre bout de la scène avec une précarité alimentaire importante en France. D'abord, d'une part, des gens... qui se nourrissent, se rendent à l'aide alimentaire. Alors aujourd'hui en France, les plus bas chiffres sont entre 2 à 4 millions de personnes par an qui se nourrissent en allant à l'aide alimentaire. Et on a des sources qui montent jusqu'à 5, 7 millions, notamment pendant la période de crise sanitaire. Ça c'est un premier pan de précarité alimentaire. Et ensuite on a des personnes qui ne se rendent pas à l'aide alimentaire. mais qui pour autant, quand elles sont dans leurs actes d'achat alimentaire, sont contraintes. On a un Français sur deux qui nous dit être contraint pour des raisons financières de réduire son budget alimentation. Et on a même jusqu'à 7% des personnes qui déclarent qu'il leur arrive de ne pas avoir assez à manger au sein de leur foyer. C'est vraiment des chiffres très très importants. Il compte que finalement, il ne s'y dit pas non plus. de dire aux consommateurs, eh bien, consommez mieux, et puis l'agriculture se portera mieux, polluera moins, etc. Donc on voit bien qu'on a des crises de part et d'autre de la filière agricole et alimentaire, et qu'il va falloir un changement complet de paradigme pour pouvoir régler ces problèmes-là. Et donc c'est là qu'on s'est posé la question, avec d'autres bien sûr, de comment on peut... vous pouvez proposer un système macroéconomique qui permette de prendre en compte tous ces enjeux et qu'on est arrivé sur le modèle de ce qui s'est fait sur les actes médicaux dans la santé et de calquer ce modèle-là aux enjeux d'agriculture et d'alimentation et qu'on a créé le concept de sécurité sociale de l'alimentation. Et donc, si je dois la résumer rapidement, c'est un... C'est un concept qui repose sur trois piliers. On a d'abord un pilier qu'on appelle l'universalité. Ça veut dire que c'est... Pour tout le monde. Ce n'est pas une politique qui serait uniquement destinée aux plus précaires. C'est bien une politique pour tous et toutes. Ça évite la stigmatisation. Au même titre, quand on va chez le médecin, on ne sait pas qui est pauvre ou qui est riche. On peut payer avec sa carte. 150 euros par mois, par personne, sur une carte vitale alimentaire, par exemple, de sécurité sociale de l'alimentation. Pour faire cette élaboration de critères, on veut que ce soit le plus démocratique possible. Et donc, on imagine que c'est un système un peu du type citoyen, comme celle qu'on a connue à l'essai national sur le climat ou sur la fin de vie, mais en imaginant que ça se décline dans des territoires plus petits. Voilà, on n'a pas à définir d'essai, tout ça est encore en construction et à débattre, mais on aurait des quais à une essai infranationale dans lesquels on pourrait débattre de ces critères-là. Et le dernier c'est que pour faire ce système, il faut le financer. Et donc donner 150 euros par mois par personne à chaque citoyen, ça revient en fait à un budget de 120 milliards d'euros par an. Et donc ces 120 milliards, ce qu'on propose nous, c'est d'aller les chercher en faisant de nouvelles cotisations. qui permettront de socialiser une nouvelle part de la richesse qu'on va mettre en commun et qui sera dédiée au financement de la Sécurité sociale de l'alimentation. Au même titre que ça se passe aujourd'hui dans la Sécurité sociale de la santé, je souviens des cotisations qui vont abonder son budget, même si, pour y revenir, je ne veux pas faire le débat maintenant, mais il y a eu un détricotage de la Sécurité sociale et qui fait qu'aujourd'hui elle est en partie financée par des impôts. Et l'État a repris un petit peu le contrôle sur ce système. Mais nous, on imagine bien un système de cotisation au même titre que les origines de la sécurité sociale entre 1946 et 1967, où c'est bien uniquement par la cotisation qu'on la finance. Et en plus, c'est bien les travailleurs qui ont la main sur cet argent et non pas l'État. À titre de comparaison, parce que 120 milliards, ça peut paraître énorme, Les prestations versées par la banque maladie de la sécurité sociale, c'est environ 220 milliards par an. Donc c'est environ la moitié de ce budget-là qu'on aurait besoin pour une sécurité sociale de l'alimentation.
- Speaker #1
Ok. Oui, donc en fait, l'idée, ce serait que chacun cotise à hauteur de ses moyens, finalement.
- Speaker #2
Oui, chacun cotise à hauteur de ses moyens. et reçoit à hauteur de ses besoins, comme veut l'adage pour la santé. De toute façon, ici, on considère que les besoins sont peu ou prou équivalents d'une personne à l'autre, et donc ce serait 150 euros pour personne.
- Speaker #1
D'accord. Donc ce concept-là, ce projet, si on peut dire, c'est vraiment les membres d'ISF Agrista qui l'ont élaboré ?
- Speaker #2
Alors non, c'est plus compliqué. À la base, ça démarre d'une campagne menée par la Confédération paysanne autour de l'alimentation, où justement, on commence à se rendre compte qu'il va falloir s'intéresser non plus seulement à l'agriculture, mais aussi à l'aspect alimentation pour changer le modèle agricole. Et donc, dans cette campagne, ils croisent notamment les travaux... de l'historien Bernard Friot qui a bossé sur l'histoire de la sécurité sociale. Et là, on commence à voir se rencontrer deux mondes, le monde agricole et le monde d'historien de la sécu qui permettent d'envisager une autre approche et d'initier le fait de calquer le système de la sécurité sociale. pas que de la santé, de la sécurité sociale globale, aux enjeux d'agriculture et d'alimentation. Et il y avait aussi à la même période des travaux menés autour des enjeux de démocratie alimentaire, notamment par des chercheurs à Montpellier, dont Dominique Paturel. Et donc en fait, tous ces éléments-là viennent se croiser aux alentours de 2016, 2017, 2018. Et c'est comme ça que naît le concept de sécurité sociale de l'alimentation.
- Speaker #1
D'accord. Donc c'est le fruit d'un travail quand même assez conséquent. Et donc, tout ce que tu nous as résumé, finalement, c'est quand même assez bien expliqué dans cette BD. Encore des patates. Comment est venue l'idée de la BD ? Quel était l'objectif ? Et pour quel public vous visiez avec cette BD ?
- Speaker #2
Alors oui, en effet, c'est bien résumé dans la BD, donc j'encourage tout le monde à se la procurer et à la lire. Cette BD s'appelle Encore des patates L'objectif de la BD, c'était vraiment de faire un outil facile d'accès, facile à diffuser, à destination du grand public pour faire parler de ce concept. Et donc, on a produit cette BD. Alors, si on dit, c'est... sous deux camarades d'Ingénieurs Sans Frontières, que sont Mathieu Dalmé et Louis Sebonda, qui ont travaillé sur l'élaboration du contenu, du déroulé de l'histoire de cette BD. Et ils ont travaillé avec une dessinatrice, qui s'appelle Claire Robert, qui a dessiné cette bande dessinée. Et ce qui est super dans cette BD, c'est que c'est un outil qui... Il vaut 2 euros et donc chacun peut facilement se procurer et lire. Voilà, très facile d'accès. On en a écoulé à ce jour 35 000 exemplaires. C'est quand même plutôt une belle réussite.
- Speaker #1
Plus tout ce qui est sur Internet, en PDF, gratuitement ?
- Speaker #2
Alors oui, elle est accessible, mais pas complètement en PDF. Si vous allez sur le site sécurité-social-alimentation. il y a le premier chapitre de la BD qui est en accès PDF gratuit, mais pour l'instant les autres chapitres ne sont pas encore libres d'accès sur Internet.
- Speaker #1
On va peut-être faire une petite pause, puisqu'on est à peu près au milieu de l'émission. On va faire une pause musicale. Donc, Julien, tu nous avais proposé une chanson que je te laisse introduire, du coup.
- Speaker #2
Oui, alors je vais proposer qu'on écoute ensemble Danser encore de Asha et que tu fais peut-être du tabouret à ce point.
- Speaker #3
On peut continuer à danser en train Voir nos pensées en la scène de l'opinion Assez nombreux sur une affaire, d'accord
- Speaker #4
Nous sommes des oiseaux de passage Jamais dociles ni vraiment sages Nous ne faisons pas allégeance Allô, bon, toutes circonstances Nous venons briser le silence Et quand le soir à la télé, M. le bon roi parlait, venu annoncer la sentence, nous faisons preuve d'irrévérence, mais toujours avec élégance. Oh non Et malheur à celui qui danse. Chaque mesure autoritaire, chaque relance sécuritaire Va s'envoler notre confiance. Ils font preuve de tant d'insistance Pour confiner notre conscience. Ne soyons pas impressionnables par tous ces gens déraisonnables, vendeurs de peur en abondance, angoissant jusqu'à l'indécence, sachant les tenir à distance. Pour notre santé mentale, sociale et environnementale, nous sauver notre intelligence. Ne soyons pas sans résistance, les instruments de leur démence.
- Speaker #3
Oh non non non non non non, on peut continuer à danser dans le corps, voir nos pensées enlacer nos corps, rasser nos vies sur une grille d'accord. Oh non non non non non non, on peut...
- Speaker #4
Continuez à danser encore Voir nos pensées en la scène encore Passer nos vues sur une grille D'accord
- Speaker #1
Toujours sur Campus FM, nous sommes en présence de Vivien. On parle de la BD Encore des patates qui aborde le sujet de la sécurité sociale de l'alimentation. Alors Vivien, tu voulais nous dire... Deux, trois mots sur la chanson que tu avais choisie.
- Speaker #2
Alors oui, on a écouté, donc, dans C'est Encore, de Aska, qui est une chanson qu'on a beaucoup écoutée au moment des manifestations, au fond, de la réforme des recettes. Et moi, je trouve que c'était quelque chose qui m'a marqué, parce que les manifestations, en fait, c'était des manifestations pour servir notre modèle social et donc notre sécurité sociale, telle qu'on la connaît. Et je trouve qu'il y a une filiation avec ce dont on discute aujourd'hui. En fait, ce qu'on veut faire, c'est étendre cette sécurité sociale à un nouveau pan de notre économie, qui est l'alimentation. Et donc voilà, je voulais faire le lien entre ces manifestations qui ont été des manifestations records, et le sujet de notre podcast aujourd'hui. Et se dire que oui, on a envie de danser encore, on a envie d'avoir des structures qui soient...... ce qu'on nous promet, et c'est un petit peu ça le message pour les partager.
- Speaker #1
Super, merci. Merci pour ce partage. Juste avant cette pause musicale, tu nous parlais plus précisément de la BD. Tu nous disais qu'elle avait été éditée en 35 000 exemplaires. Et donc, au final, quel était le public visé ? Quels ont été les impacts ? Est-ce que ça a vraiment permis de faire connaître ce projet de sécurité sociale de l'alimentation ? Est-ce que des personnes s'en sont emparées de ce projet-là ?
- Speaker #2
Alors moi j'ai envie de dire que oui, parce que déjà quand quelque chose se diffuse en 35 000 exemplaires, on n'aurait peut-être même pas pensé au moment où on crée ce BD. Et depuis tout à l'heure, c'est... beaucoup de sollicitations et beaucoup de citoyens, de militants associatifs dans les territoires qui ont eu envie de lancer ce qu'on appelle une dynamique locale, c'est-à-dire de lancer un petit collectif dans leurs coins pour essayer d'expérimenter. des choses qui ressemblent à une sécurité sociale de l'alimentation. Et je pense que ça, ce n'est pas que la BD qui a permis ça, mais en tout cas la BD a largement contribué. Super,
- Speaker #1
donc ça a vraiment eu un impact de sensibilisation quand même assez important. Et justement, depuis l'épisode qui avait été réalisé par Pauline, sur la sécurité sociale de l'alimentation. Il me semble que c'était il y a deux ans, presque. Où on est en fait, la SSA aujourd'hui ? Est-ce que des projets se sont montés un petit peu sur le territoire ? À quelle échelle ? Est-ce que tu as des infos là-dessus ?
- Speaker #2
Alors oui, là on peut retrouver sur le site internet de la SSA une carte qui recense... un certain nombre de dynamiques locales sur le territoire français, mais aussi en Belgique. Il y en a une trentaine. La carte n'est pas forcément exhaustive, parce que c'est aux dynamiques de elles-mêmes se renseigner, donc certaines ne l'ont peut-être pas fait. Mais voilà, une trentaine d'initiatives recensées, avec notamment des projets conséquents dans certaines grandes villes. Je pense notamment à Montpellier. à Lyon, à Bordeaux et aussi à Toulouse, peut-être les territoires avec les caisses alimentaires les plus avancées. Mais on a aussi des initiatives dans des territoires avec des villes moins importantes. Je pense notamment à deux initiatives que j'ai comme ça en tête et qui sont recensées sur le site internet. On a une initiative dans le Vaucluse. où l'idée a été d'aller chercher des citoyens pour les former pendant six mois aux enjeux agricoles et alimentaires, afin qu'ensuite, ils puissent ensemble décider collectivement de critères de conventionnement, et tout ça pour arriver à la création d'une caisse locale, donc sur le secteur de Cadenez-Lorif, dans le Vaucluse, caisse locale de la sécurité sociale de l'alimentation. Donc voilà un projet qui est bien avancé, qui est difficile. On en a un autre, donc, dans la zone de la Drôme. On a des systèmes de paiement différenciés qui permettent sur des marchés ou via des monnaies locales, que certaines personnes, en fonction de leur société, le plus juste, paient un prix majoré ou près. paie un prix misérabilisé afin d'avoir plus d'équité dans le pouvoir d'achat alimentaire. Donc ça, des initiatives qui sont intéressantes. Et je vais en profiter aussi juste pour revenir sur les initiatives qu'il y a dans les grandes métropoles dont je vous ai parlé. Ils auraient pu ajouter Grenoble aussi, qui a lancé quelque chose d'intéressant. Ce sont des initiatives où finalement les personnes peuvent... se rendre de manière volontaire. Quand on arrive dans cette initiative, il y a une grille qui définit, en fonction d'un certain nombre de critères sur lesquels les personnes s'oppositionnent, quelle devra être leur participation.
- Speaker #0
Et donc, elles peuvent se positionner et voir si elles vont payer autour de 80, 100, 120, 150 euros par mois. Et selon les villes, en étanche, elles vont recevoir soit 100 euros par mois par personne, soit 150 euros par mois par personne, avec des systèmes un peu différents selon les villes. Si on prend par exemple le cas de Lyon, c'est 150 euros par mois par personne. Et si dans le foyer, il y a d'autres personnes, on ajoute 75 euros par personne supplémentaire. Si je prends le cas de Montpellier, c'est 100 euros. Si je prends le cas de Toulouse, il me semble que c'est 100 euros également. Donc voilà, des systèmes de ce type-là. Et ensuite, parmi toutes les personnes qui participent de ce système, il y a eu un travail démocratique pour détenir des critères et choisir les lieux dans lesquels cet argent allait pouvoir être dépensé. Donc souvent cet argent est adossé à une monnaie locale, et cette monnaie locale ne peut être dépensée qu'auprès des commerces choisis, donc ça peut être des amables, des équipiers, des marchés, des boulangeries, des biocops, etc. Et voilà, donc ce système très intéressant qui permet à des personnes qui n'avaient pas forcément les moyens d'aller dans certains lieux de consommation, de s'y rendre, et ça permet aussi vraiment une mixité des publics et de faire changer les pratiques. C'est très intéressant. Ce qui est intéressant, c'est aussi que finalement, même sans mettre en œuvre le système à l'échelle nationale, on arrive quand même à en avoir des petites expérimentations à l'échelle locale sur lesquelles il faudra nous appuyer le jour où on aura une fenêtre politique pour mettre en œuvre le système à l'échelle nationale.
- Speaker #1
Justement, en parlant de fenêtres politiques, je sais qu'il y a quelques personnes qui disent que, étant donné le paysage politique actuel, l'inflation, etc., c'est un projet qui est un peu utopique. Toi, qu'est-ce que tu aurais envie de répondre à ces arguments-là ?
- Speaker #0
C'est vrai qu'on entend beaucoup que le fait d'augmenter les cotisations ou d'ajouter des cotisations, ce n'est pas très à la mode, mais plutôt à une tendance à la réduction des cotisations. Mais moi, ce que j'ai envie de dire, c'est que les cotisations, ce n'est pas du salaire qu'on nous prend. C'est du salaire différé que l'on met en commun pour avoir des droits. Et finalement, ça fait partie. de notre salaire et donc on devrait pas avoir de problème avec ça et ça permet de vivre dans un monde où il y a plus de justice en fait il n'y a pas d'intérêt à vivre dans un pays riche une grande partie de la population n'a pas les moyens de se nourrir n'a pas les moyens de se soigner etc etc donc c'est sûr que c'est pas dans l'air du temps mais en tout cas c'est une des manières de refaire de la justice sociale de recréer du droit Et je pense que par les temps qu'on vit, on ne fera pas l'économie de retravailler sur un système macroéconomique qui nous permet de refaire du vivre ensemble, de la cohésion et du droit.
- Speaker #1
Merci pour ces quelques mots qui redonnent plutôt de l'espoir face à ces arguments qu'on peut dire un peu négatifs. Pour finir, est-ce que tu voudrais nous parler un peu du dernier livre que vous avez sorti cette année, qui s'appelle De la démocratie dans nos assiettes Je pense que ça peut intéresser nos auditeurs. Donc voilà, si tu veux nous en dire deux mots en guise de conclusion peut-être de l'épisode.
- Speaker #0
Alors oui, c'est un livre qui est sorti au mois de mai. On a écrit avec les camarades d'Ingénieurs sans frontières, ça s'appelle De la démocratie dans nos assiettes et qui donne à voir notre vision de ce que pourrait être une sécurité sociale de l'alimentation. Il est signé de Sarah Cohen et Tandy Martin. Alors Sarah, que vous aviez invitée dans ce podcast il y a quelques temps, travaille à la mise en œuvre de la Caisse alimentaire de Toulouse. Elle pourrait aussi vous raconter comment se passe concrètement la mise en œuvre. Et donc voilà, c'est un petit livre aux éditions Charles et Léopold Maier, disponible dans les librairies de Corvée. Et aller un petit peu plus loin peut-être que ce qu'on a vu. présenté aujourd'hui.
- Speaker #1
Super, ça pourrait être le sujet d'un autre épisode éventuellement. On va s'arrêter là. Merci beaucoup Vivien pour toutes tes réponses très précises. De notre côté, on va se retrouver mardi prochain, donc ce sera Matt, toujours sur Campus FM. Alice, merci beaucoup.