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Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg

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10min |22/10/2024
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Description

Strasbourg accueillait les 21 et 22 octobre 2024 "Eurocities", forum des grandes villes d'Europe, de Leipzig à Bruxelles, de Bologne à Lyon. Des dizaines de maires d'une quarantaine d'États européens étaient présents deux jours au parlement européen pour débattre, imaginer des solutions, convaincre les institutions continentales de l'impérieuse nécessité de mieux travailler avec les municipalités.


Rencontre avec Jeanne Barseghian, maire écolo de Strasbourg depuis 2020. Propos recueillis par Jean-Luc Wertenschlag avec l'aide précieuse de Lisa Giannarelli et Ousmane Ouedraogo. Le 22 octobre 2024 au parlement européen de Strasbourg pour Radio Quetsch, l'Alterpresse68, le réseau Europop, WNE et toutes les radios qui ont envie de diffuser cet entretien.


Vous pouvez lire la transcription écrite de cet entretien : https://www.radiowne.eu/post/barseghian


Radio WNE (Warum Net Experience) www.radiowne.eu • tous nos liens = linktr.ee/radiowne.eu

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Nous sommes le 22 octobre 2024 au Parlement européen à Strasbourg, en compagnie de Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg. Bonjour.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Strasbourg accueille Eurocities, c'est un forum des maires de toute l'Europe. Est-ce que Strasbourg est leader et pourquoi Strasbourg accueille ce forum de 200 villes européennes ?

  • Speaker #1

    Oui, Strasbourg est membre de ce réseau européen de grandes villes depuis maintenant plusieurs années. Mais c'est la première fois que le réseau Eurocities organise un grand sommet des maires européens ici à Strasbourg. Nous avons décidé de le faire en partenariat étroit avec l'équipe de Eurocities, tout simplement parce que nous sommes à un moment décisif pour l'Europe. Les nouveaux eurodéputés ont été élus au mois de juin. La Commission européenne est en train de s'installer et donc c'est le moment pour les grandes villes européennes de porter leur voix, de porter leur priorité et de s'adresser très directement aux institutions européennes. Et c'est ce à quoi nous nous sommes attelés pendant deux jours à Strasbourg.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que vous leur avez dit à ces institutions européennes en tant que représentants des villes d'Europe ?

  • Speaker #1

    D'abord que nous avons besoin d'être davantage associés à l'élaboration des politiques européennes parce que c'est nous, in fine, sur le terrain qui les mettons en œuvre. Les grandes villes sont en première ligne de tous les grands enjeux de notre siècle. C'est bien sûr les enjeux d'adaptation aux changements climatiques, transformation écologique et sociale, c'est la mobilité, c'est la santé, c'est le logement qui est actuellement en crise et pas seulement. En France, mes collègues d'autres pays le disent également. C'est la question de l'alimentation, de l'énergie. Ce sont tous ces sujets sur lesquels nous sommes en première ligne. Nous tâchons du mieux que nous pouvons de répondre aux besoins d'aujourd'hui et de préparer l'avenir. Et nous avons besoin non seulement de l'oreille attentive de l'Europe, mais de son soutien concret et notamment financier.

  • Speaker #0

    Oui, mais le Parlement européen glisse de plus en plus à droite, voire à l'extrême droite. Alors que les villes... sont généralement plus à gauche. Donc cet éloignement politique, est-ce qu'il ne va pas empêcher un travail commun ?

  • Speaker #1

    Vous avez raison, le Parlement européen a changé de visage lors de la dernière élection. Et aujourd'hui, les mouvements eurosceptiques, voire anti-européens, représentent 25% des sièges au Parlement européen. Ils peuvent avoir ce qu'on appelle une minorité de blocage sur certains... et bien sûr, ils influencent fortement les orientations de l'Assemblée parlementaire européenne. Et donc, c'est d'autant plus important de porter et de défendre les enjeux d'inclusion, les enjeux d'accueil des personnes migrantes, d'intégration, de porter la voie de la lutte contre les discriminations, et bien sûr de la transition écologique, qui est souvent critiquée, voire rejetée par ces mouvements. anti-européen. Donc c'est d'autant plus important avec un Parlement qui est aujourd'hui plus hostile aux politiques que nous mettons en œuvre, d'autant plus important de faire front commun et de faire entendre notre voix.

  • Speaker #0

    Il y a aussi, j'imagine, de nouvelles idées, des politiques existantes dans d'autres villes qui ont pu être partagées lors de ce forum Eurocities. Est-ce qu'il y a une ou plusieurs idées de projets politiques au bout de l'Europe ou juste à côté ? qui ont été intéressantes dans ces échanges avec les maires des grandes villes.

  • Speaker #1

    Ce qui est toujours frappant, c'est de constater que même en venant de pays différents, avec des systèmes institutionnels différents, des durées de mandats différentes, des cultures différentes et parfois même des couleurs politiques différentes, nous nous retrouvons globalement sur des enjeux communs et partagés. Donc oui, on a toujours à s'inspirer de ce qui est mené dans les autres villes. Je pense aux initiatives en matière de participation citoyenne. Je pense bien sûr à la décarbonation des mobilités ou le partage de l'espace public. Je n'ai pas entendu un maire me dire qu'il ne travaille pas sur les enjeux de stationnement, de réduction de la place de la voiture en ville. En fait, quelle que soit notre couleur politique, ça correspond aujourd'hui à des enjeux de notre siècle que nous mettons en œuvre. Donc c'est aussi... Ce réseau, un lieu d'inspiration et de bonne pratique.

  • Speaker #0

    En Alsace, on a encore quelques lois allemandes, en Alsace-Moselle plutôt, qui traînent. Et dans ces lois allemandes existantes de l'autre côté du Rhin, il y a aussi pas mal de décentralisations. Il y a des lois locales qui peuvent être adaptées, créées dans chaque langue. Il y a une politique en matière d'écologie, d'enseignement, de sécurité, etc., qui est régionale. Est-ce qu'il ne faut pas avancer là-dessus en France ? Qu'est-ce qu'on peut faire à part se plaindre ?

  • Speaker #1

    Déjà, empêcher le mouvement de recentralisation qui est à l'œuvre. On le constate, on est déjà un État très centralisé en France par rapport aux autres pays européens. Vous citez l'exemple de l'Allemagne, mais on pourrait en citer d'autres. Et on constate un mouvement de recentralisation, c'est-à-dire qu'on va encore plus loin en France dans l'État qui... privent les collectivités locales de leur autonomie, notamment de leur autonomie fiscale, et parfois qui les met sous tutelle dans un certain nombre de domaines. Donc moi je plaide évidemment pour une décentralisation forte, je suis convaincue en tant que maire que les solutions à tous les enjeux de notre époque, nous les avons dans nos villes et nous les mettons déjà en œuvre, on aurait besoin de plus de confiance de l'État. Je pense aussi... qu'on aura besoin de faire évoluer notre système constitutionnel, qui, on l'a bien vu avec les discussions à l'Assemblée nationale, ne prête pas tellement à l'établissement de coalitions, de négociations et de compromis, et sont plutôt dans une polarisation qui rend parfois le débat public assez stérile, et ça je le dis aussi bien pour le niveau national que pour le niveau local.

  • Speaker #0

    En Belgique, en Suisse, en Allemagne, il y a des coalitions qui dépassent clairement ce qu'on arrive à faire en France. Est-ce que c'est vraiment uniquement une question constitutionnelle ? Est-ce que ce n'est pas simplement une question de volonté, de culture et de pratique ? Est-ce qu'aujourd'hui, on ne peut pas imaginer d'aller plus loin que les clans partisans en France ? C'est impossible.

  • Speaker #1

    Je vous donne un exemple qui étonne très souvent mes homologues allemands, c'est le système de la prime majoritaire. qui s'appliquent notamment dans nos collectivités locales, c'est-à-dire que quand vous arrivez en tête à une élection, quel que soit votre résultat, vous avez ce qu'on appelle, vous bénéficiez de la prime majoritaire qui vous donne systématiquement la majorité. Ce qui veut dire que même si vous êtes arrivé en tête, vous n'aurez pas besoin, et même à moins de 50%, vous n'aurez pas besoin de discuter finalement avec les autres parties ou avec l'opposition pour faire passer. vos délibérations. Alors, bon, je ne vais pas me plaindre d'être majoritaire et de pouvoir mettre en œuvre mon projet, mais je trouve qu'en termes de maturité démocratique et politique, on aurait à gagner dans un système qui nous incite davantage à bâtir des coalitions de projet et qui nous permettent de sortir parfois de posture. Je pense qu'on peut rester très fidèles à ses orientations politiques, à sa couleur politique. tout en étant dans une posture de dialogue et de négociation, de compromis un peu plus importante.

  • Speaker #0

    Pour terminer, juste un petit tour à Mulhouse, une coalition de projets avec Mulhouse. Qu'est-ce qui se passe entre Strasbourg et Mulhouse ? Quels sont les projets communs ? Est-ce que Strasbourg a quelque chose à faire avec Mulhouse ou cette ville de pauvres et de jeunes à une heure d'ici ?

  • Speaker #1

    Oui, d'abord, moi je crois beaucoup à la coopération entre les différents territoires, que ce soit entre les grandes villes entre elles, que ce soit entre les centres urbains et les zones rurales. Moi, je pense qu'on a besoin de solidarité interterritoriale. Mulhouse comme Strasbourg font partie de ce qu'on appelle le pôle métropolitain, qui réunit les plus grandes villes d'Alsace et qui se réunissent régulièrement pour échanger sur des sujets qui leur sont communs. Celui qui me vient à l'esprit en premier lieu, c'est le sujet de la mobilité, et notamment du ferroviaire, puisque on est évidemment, j'allais dire dans le même bateau, en tout cas on a des enjeux communs à développer des solutions de mobilité nouvelles. On a aussi des enjeux communs à développer des connexions transfrontalières, et donc ça fait partie des sujets sur lesquels on coopère avec Mulhouse régulièrement.

  • Speaker #0

    Le 2 janvier 2025, la ligne ferroviaire Mulhouse-Friedberg réouvre. Un dernier combat à mener, la priorité là tout de suite, Jeanne Barseguien, en politique maintenant ?

  • Speaker #1

    En ce moment même à Strasbourg, on termine l'enquête publique sur le tram nord, qui est notre plus gros projet de transformation écologique et de mobilité à Strasbourg, qui va permettre de reconnecter... Strasbourg avec les communes du nord de l'euro-métropole et de desservir plus de 50 000 habitants supplémentaires. C'est un immense projet dont j'espère qu'il pourra démarrer en début d'année prochaine.

  • Speaker #0

    Bonne chance pour le tram gratuit pour les jeunes à Strasbourg, alors qu'à Mulhouse, il est gratuit pour les vieux. Ça change. Merci beaucoup Jeanne Barsegui.

Description

Strasbourg accueillait les 21 et 22 octobre 2024 "Eurocities", forum des grandes villes d'Europe, de Leipzig à Bruxelles, de Bologne à Lyon. Des dizaines de maires d'une quarantaine d'États européens étaient présents deux jours au parlement européen pour débattre, imaginer des solutions, convaincre les institutions continentales de l'impérieuse nécessité de mieux travailler avec les municipalités.


Rencontre avec Jeanne Barseghian, maire écolo de Strasbourg depuis 2020. Propos recueillis par Jean-Luc Wertenschlag avec l'aide précieuse de Lisa Giannarelli et Ousmane Ouedraogo. Le 22 octobre 2024 au parlement européen de Strasbourg pour Radio Quetsch, l'Alterpresse68, le réseau Europop, WNE et toutes les radios qui ont envie de diffuser cet entretien.


Vous pouvez lire la transcription écrite de cet entretien : https://www.radiowne.eu/post/barseghian


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Transcription

  • Speaker #0

    Nous sommes le 22 octobre 2024 au Parlement européen à Strasbourg, en compagnie de Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg. Bonjour.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Strasbourg accueille Eurocities, c'est un forum des maires de toute l'Europe. Est-ce que Strasbourg est leader et pourquoi Strasbourg accueille ce forum de 200 villes européennes ?

  • Speaker #1

    Oui, Strasbourg est membre de ce réseau européen de grandes villes depuis maintenant plusieurs années. Mais c'est la première fois que le réseau Eurocities organise un grand sommet des maires européens ici à Strasbourg. Nous avons décidé de le faire en partenariat étroit avec l'équipe de Eurocities, tout simplement parce que nous sommes à un moment décisif pour l'Europe. Les nouveaux eurodéputés ont été élus au mois de juin. La Commission européenne est en train de s'installer et donc c'est le moment pour les grandes villes européennes de porter leur voix, de porter leur priorité et de s'adresser très directement aux institutions européennes. Et c'est ce à quoi nous nous sommes attelés pendant deux jours à Strasbourg.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que vous leur avez dit à ces institutions européennes en tant que représentants des villes d'Europe ?

  • Speaker #1

    D'abord que nous avons besoin d'être davantage associés à l'élaboration des politiques européennes parce que c'est nous, in fine, sur le terrain qui les mettons en œuvre. Les grandes villes sont en première ligne de tous les grands enjeux de notre siècle. C'est bien sûr les enjeux d'adaptation aux changements climatiques, transformation écologique et sociale, c'est la mobilité, c'est la santé, c'est le logement qui est actuellement en crise et pas seulement. En France, mes collègues d'autres pays le disent également. C'est la question de l'alimentation, de l'énergie. Ce sont tous ces sujets sur lesquels nous sommes en première ligne. Nous tâchons du mieux que nous pouvons de répondre aux besoins d'aujourd'hui et de préparer l'avenir. Et nous avons besoin non seulement de l'oreille attentive de l'Europe, mais de son soutien concret et notamment financier.

  • Speaker #0

    Oui, mais le Parlement européen glisse de plus en plus à droite, voire à l'extrême droite. Alors que les villes... sont généralement plus à gauche. Donc cet éloignement politique, est-ce qu'il ne va pas empêcher un travail commun ?

  • Speaker #1

    Vous avez raison, le Parlement européen a changé de visage lors de la dernière élection. Et aujourd'hui, les mouvements eurosceptiques, voire anti-européens, représentent 25% des sièges au Parlement européen. Ils peuvent avoir ce qu'on appelle une minorité de blocage sur certains... et bien sûr, ils influencent fortement les orientations de l'Assemblée parlementaire européenne. Et donc, c'est d'autant plus important de porter et de défendre les enjeux d'inclusion, les enjeux d'accueil des personnes migrantes, d'intégration, de porter la voie de la lutte contre les discriminations, et bien sûr de la transition écologique, qui est souvent critiquée, voire rejetée par ces mouvements. anti-européen. Donc c'est d'autant plus important avec un Parlement qui est aujourd'hui plus hostile aux politiques que nous mettons en œuvre, d'autant plus important de faire front commun et de faire entendre notre voix.

  • Speaker #0

    Il y a aussi, j'imagine, de nouvelles idées, des politiques existantes dans d'autres villes qui ont pu être partagées lors de ce forum Eurocities. Est-ce qu'il y a une ou plusieurs idées de projets politiques au bout de l'Europe ou juste à côté ? qui ont été intéressantes dans ces échanges avec les maires des grandes villes.

  • Speaker #1

    Ce qui est toujours frappant, c'est de constater que même en venant de pays différents, avec des systèmes institutionnels différents, des durées de mandats différentes, des cultures différentes et parfois même des couleurs politiques différentes, nous nous retrouvons globalement sur des enjeux communs et partagés. Donc oui, on a toujours à s'inspirer de ce qui est mené dans les autres villes. Je pense aux initiatives en matière de participation citoyenne. Je pense bien sûr à la décarbonation des mobilités ou le partage de l'espace public. Je n'ai pas entendu un maire me dire qu'il ne travaille pas sur les enjeux de stationnement, de réduction de la place de la voiture en ville. En fait, quelle que soit notre couleur politique, ça correspond aujourd'hui à des enjeux de notre siècle que nous mettons en œuvre. Donc c'est aussi... Ce réseau, un lieu d'inspiration et de bonne pratique.

  • Speaker #0

    En Alsace, on a encore quelques lois allemandes, en Alsace-Moselle plutôt, qui traînent. Et dans ces lois allemandes existantes de l'autre côté du Rhin, il y a aussi pas mal de décentralisations. Il y a des lois locales qui peuvent être adaptées, créées dans chaque langue. Il y a une politique en matière d'écologie, d'enseignement, de sécurité, etc., qui est régionale. Est-ce qu'il ne faut pas avancer là-dessus en France ? Qu'est-ce qu'on peut faire à part se plaindre ?

  • Speaker #1

    Déjà, empêcher le mouvement de recentralisation qui est à l'œuvre. On le constate, on est déjà un État très centralisé en France par rapport aux autres pays européens. Vous citez l'exemple de l'Allemagne, mais on pourrait en citer d'autres. Et on constate un mouvement de recentralisation, c'est-à-dire qu'on va encore plus loin en France dans l'État qui... privent les collectivités locales de leur autonomie, notamment de leur autonomie fiscale, et parfois qui les met sous tutelle dans un certain nombre de domaines. Donc moi je plaide évidemment pour une décentralisation forte, je suis convaincue en tant que maire que les solutions à tous les enjeux de notre époque, nous les avons dans nos villes et nous les mettons déjà en œuvre, on aurait besoin de plus de confiance de l'État. Je pense aussi... qu'on aura besoin de faire évoluer notre système constitutionnel, qui, on l'a bien vu avec les discussions à l'Assemblée nationale, ne prête pas tellement à l'établissement de coalitions, de négociations et de compromis, et sont plutôt dans une polarisation qui rend parfois le débat public assez stérile, et ça je le dis aussi bien pour le niveau national que pour le niveau local.

  • Speaker #0

    En Belgique, en Suisse, en Allemagne, il y a des coalitions qui dépassent clairement ce qu'on arrive à faire en France. Est-ce que c'est vraiment uniquement une question constitutionnelle ? Est-ce que ce n'est pas simplement une question de volonté, de culture et de pratique ? Est-ce qu'aujourd'hui, on ne peut pas imaginer d'aller plus loin que les clans partisans en France ? C'est impossible.

  • Speaker #1

    Je vous donne un exemple qui étonne très souvent mes homologues allemands, c'est le système de la prime majoritaire. qui s'appliquent notamment dans nos collectivités locales, c'est-à-dire que quand vous arrivez en tête à une élection, quel que soit votre résultat, vous avez ce qu'on appelle, vous bénéficiez de la prime majoritaire qui vous donne systématiquement la majorité. Ce qui veut dire que même si vous êtes arrivé en tête, vous n'aurez pas besoin, et même à moins de 50%, vous n'aurez pas besoin de discuter finalement avec les autres parties ou avec l'opposition pour faire passer. vos délibérations. Alors, bon, je ne vais pas me plaindre d'être majoritaire et de pouvoir mettre en œuvre mon projet, mais je trouve qu'en termes de maturité démocratique et politique, on aurait à gagner dans un système qui nous incite davantage à bâtir des coalitions de projet et qui nous permettent de sortir parfois de posture. Je pense qu'on peut rester très fidèles à ses orientations politiques, à sa couleur politique. tout en étant dans une posture de dialogue et de négociation, de compromis un peu plus importante.

  • Speaker #0

    Pour terminer, juste un petit tour à Mulhouse, une coalition de projets avec Mulhouse. Qu'est-ce qui se passe entre Strasbourg et Mulhouse ? Quels sont les projets communs ? Est-ce que Strasbourg a quelque chose à faire avec Mulhouse ou cette ville de pauvres et de jeunes à une heure d'ici ?

  • Speaker #1

    Oui, d'abord, moi je crois beaucoup à la coopération entre les différents territoires, que ce soit entre les grandes villes entre elles, que ce soit entre les centres urbains et les zones rurales. Moi, je pense qu'on a besoin de solidarité interterritoriale. Mulhouse comme Strasbourg font partie de ce qu'on appelle le pôle métropolitain, qui réunit les plus grandes villes d'Alsace et qui se réunissent régulièrement pour échanger sur des sujets qui leur sont communs. Celui qui me vient à l'esprit en premier lieu, c'est le sujet de la mobilité, et notamment du ferroviaire, puisque on est évidemment, j'allais dire dans le même bateau, en tout cas on a des enjeux communs à développer des solutions de mobilité nouvelles. On a aussi des enjeux communs à développer des connexions transfrontalières, et donc ça fait partie des sujets sur lesquels on coopère avec Mulhouse régulièrement.

  • Speaker #0

    Le 2 janvier 2025, la ligne ferroviaire Mulhouse-Friedberg réouvre. Un dernier combat à mener, la priorité là tout de suite, Jeanne Barseguien, en politique maintenant ?

  • Speaker #1

    En ce moment même à Strasbourg, on termine l'enquête publique sur le tram nord, qui est notre plus gros projet de transformation écologique et de mobilité à Strasbourg, qui va permettre de reconnecter... Strasbourg avec les communes du nord de l'euro-métropole et de desservir plus de 50 000 habitants supplémentaires. C'est un immense projet dont j'espère qu'il pourra démarrer en début d'année prochaine.

  • Speaker #0

    Bonne chance pour le tram gratuit pour les jeunes à Strasbourg, alors qu'à Mulhouse, il est gratuit pour les vieux. Ça change. Merci beaucoup Jeanne Barsegui.

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Rencontre avec Jeanne Barseghian, maire écolo de Strasbourg depuis 2020. Propos recueillis par Jean-Luc Wertenschlag avec l'aide précieuse de Lisa Giannarelli et Ousmane Ouedraogo. Le 22 octobre 2024 au parlement européen de Strasbourg pour Radio Quetsch, l'Alterpresse68, le réseau Europop, WNE et toutes les radios qui ont envie de diffuser cet entretien.


Vous pouvez lire la transcription écrite de cet entretien : https://www.radiowne.eu/post/barseghian


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    Nous sommes le 22 octobre 2024 au Parlement européen à Strasbourg, en compagnie de Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg. Bonjour.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Strasbourg accueille Eurocities, c'est un forum des maires de toute l'Europe. Est-ce que Strasbourg est leader et pourquoi Strasbourg accueille ce forum de 200 villes européennes ?

  • Speaker #1

    Oui, Strasbourg est membre de ce réseau européen de grandes villes depuis maintenant plusieurs années. Mais c'est la première fois que le réseau Eurocities organise un grand sommet des maires européens ici à Strasbourg. Nous avons décidé de le faire en partenariat étroit avec l'équipe de Eurocities, tout simplement parce que nous sommes à un moment décisif pour l'Europe. Les nouveaux eurodéputés ont été élus au mois de juin. La Commission européenne est en train de s'installer et donc c'est le moment pour les grandes villes européennes de porter leur voix, de porter leur priorité et de s'adresser très directement aux institutions européennes. Et c'est ce à quoi nous nous sommes attelés pendant deux jours à Strasbourg.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que vous leur avez dit à ces institutions européennes en tant que représentants des villes d'Europe ?

  • Speaker #1

    D'abord que nous avons besoin d'être davantage associés à l'élaboration des politiques européennes parce que c'est nous, in fine, sur le terrain qui les mettons en œuvre. Les grandes villes sont en première ligne de tous les grands enjeux de notre siècle. C'est bien sûr les enjeux d'adaptation aux changements climatiques, transformation écologique et sociale, c'est la mobilité, c'est la santé, c'est le logement qui est actuellement en crise et pas seulement. En France, mes collègues d'autres pays le disent également. C'est la question de l'alimentation, de l'énergie. Ce sont tous ces sujets sur lesquels nous sommes en première ligne. Nous tâchons du mieux que nous pouvons de répondre aux besoins d'aujourd'hui et de préparer l'avenir. Et nous avons besoin non seulement de l'oreille attentive de l'Europe, mais de son soutien concret et notamment financier.

  • Speaker #0

    Oui, mais le Parlement européen glisse de plus en plus à droite, voire à l'extrême droite. Alors que les villes... sont généralement plus à gauche. Donc cet éloignement politique, est-ce qu'il ne va pas empêcher un travail commun ?

  • Speaker #1

    Vous avez raison, le Parlement européen a changé de visage lors de la dernière élection. Et aujourd'hui, les mouvements eurosceptiques, voire anti-européens, représentent 25% des sièges au Parlement européen. Ils peuvent avoir ce qu'on appelle une minorité de blocage sur certains... et bien sûr, ils influencent fortement les orientations de l'Assemblée parlementaire européenne. Et donc, c'est d'autant plus important de porter et de défendre les enjeux d'inclusion, les enjeux d'accueil des personnes migrantes, d'intégration, de porter la voie de la lutte contre les discriminations, et bien sûr de la transition écologique, qui est souvent critiquée, voire rejetée par ces mouvements. anti-européen. Donc c'est d'autant plus important avec un Parlement qui est aujourd'hui plus hostile aux politiques que nous mettons en œuvre, d'autant plus important de faire front commun et de faire entendre notre voix.

  • Speaker #0

    Il y a aussi, j'imagine, de nouvelles idées, des politiques existantes dans d'autres villes qui ont pu être partagées lors de ce forum Eurocities. Est-ce qu'il y a une ou plusieurs idées de projets politiques au bout de l'Europe ou juste à côté ? qui ont été intéressantes dans ces échanges avec les maires des grandes villes.

  • Speaker #1

    Ce qui est toujours frappant, c'est de constater que même en venant de pays différents, avec des systèmes institutionnels différents, des durées de mandats différentes, des cultures différentes et parfois même des couleurs politiques différentes, nous nous retrouvons globalement sur des enjeux communs et partagés. Donc oui, on a toujours à s'inspirer de ce qui est mené dans les autres villes. Je pense aux initiatives en matière de participation citoyenne. Je pense bien sûr à la décarbonation des mobilités ou le partage de l'espace public. Je n'ai pas entendu un maire me dire qu'il ne travaille pas sur les enjeux de stationnement, de réduction de la place de la voiture en ville. En fait, quelle que soit notre couleur politique, ça correspond aujourd'hui à des enjeux de notre siècle que nous mettons en œuvre. Donc c'est aussi... Ce réseau, un lieu d'inspiration et de bonne pratique.

  • Speaker #0

    En Alsace, on a encore quelques lois allemandes, en Alsace-Moselle plutôt, qui traînent. Et dans ces lois allemandes existantes de l'autre côté du Rhin, il y a aussi pas mal de décentralisations. Il y a des lois locales qui peuvent être adaptées, créées dans chaque langue. Il y a une politique en matière d'écologie, d'enseignement, de sécurité, etc., qui est régionale. Est-ce qu'il ne faut pas avancer là-dessus en France ? Qu'est-ce qu'on peut faire à part se plaindre ?

  • Speaker #1

    Déjà, empêcher le mouvement de recentralisation qui est à l'œuvre. On le constate, on est déjà un État très centralisé en France par rapport aux autres pays européens. Vous citez l'exemple de l'Allemagne, mais on pourrait en citer d'autres. Et on constate un mouvement de recentralisation, c'est-à-dire qu'on va encore plus loin en France dans l'État qui... privent les collectivités locales de leur autonomie, notamment de leur autonomie fiscale, et parfois qui les met sous tutelle dans un certain nombre de domaines. Donc moi je plaide évidemment pour une décentralisation forte, je suis convaincue en tant que maire que les solutions à tous les enjeux de notre époque, nous les avons dans nos villes et nous les mettons déjà en œuvre, on aurait besoin de plus de confiance de l'État. Je pense aussi... qu'on aura besoin de faire évoluer notre système constitutionnel, qui, on l'a bien vu avec les discussions à l'Assemblée nationale, ne prête pas tellement à l'établissement de coalitions, de négociations et de compromis, et sont plutôt dans une polarisation qui rend parfois le débat public assez stérile, et ça je le dis aussi bien pour le niveau national que pour le niveau local.

  • Speaker #0

    En Belgique, en Suisse, en Allemagne, il y a des coalitions qui dépassent clairement ce qu'on arrive à faire en France. Est-ce que c'est vraiment uniquement une question constitutionnelle ? Est-ce que ce n'est pas simplement une question de volonté, de culture et de pratique ? Est-ce qu'aujourd'hui, on ne peut pas imaginer d'aller plus loin que les clans partisans en France ? C'est impossible.

  • Speaker #1

    Je vous donne un exemple qui étonne très souvent mes homologues allemands, c'est le système de la prime majoritaire. qui s'appliquent notamment dans nos collectivités locales, c'est-à-dire que quand vous arrivez en tête à une élection, quel que soit votre résultat, vous avez ce qu'on appelle, vous bénéficiez de la prime majoritaire qui vous donne systématiquement la majorité. Ce qui veut dire que même si vous êtes arrivé en tête, vous n'aurez pas besoin, et même à moins de 50%, vous n'aurez pas besoin de discuter finalement avec les autres parties ou avec l'opposition pour faire passer. vos délibérations. Alors, bon, je ne vais pas me plaindre d'être majoritaire et de pouvoir mettre en œuvre mon projet, mais je trouve qu'en termes de maturité démocratique et politique, on aurait à gagner dans un système qui nous incite davantage à bâtir des coalitions de projet et qui nous permettent de sortir parfois de posture. Je pense qu'on peut rester très fidèles à ses orientations politiques, à sa couleur politique. tout en étant dans une posture de dialogue et de négociation, de compromis un peu plus importante.

  • Speaker #0

    Pour terminer, juste un petit tour à Mulhouse, une coalition de projets avec Mulhouse. Qu'est-ce qui se passe entre Strasbourg et Mulhouse ? Quels sont les projets communs ? Est-ce que Strasbourg a quelque chose à faire avec Mulhouse ou cette ville de pauvres et de jeunes à une heure d'ici ?

  • Speaker #1

    Oui, d'abord, moi je crois beaucoup à la coopération entre les différents territoires, que ce soit entre les grandes villes entre elles, que ce soit entre les centres urbains et les zones rurales. Moi, je pense qu'on a besoin de solidarité interterritoriale. Mulhouse comme Strasbourg font partie de ce qu'on appelle le pôle métropolitain, qui réunit les plus grandes villes d'Alsace et qui se réunissent régulièrement pour échanger sur des sujets qui leur sont communs. Celui qui me vient à l'esprit en premier lieu, c'est le sujet de la mobilité, et notamment du ferroviaire, puisque on est évidemment, j'allais dire dans le même bateau, en tout cas on a des enjeux communs à développer des solutions de mobilité nouvelles. On a aussi des enjeux communs à développer des connexions transfrontalières, et donc ça fait partie des sujets sur lesquels on coopère avec Mulhouse régulièrement.

  • Speaker #0

    Le 2 janvier 2025, la ligne ferroviaire Mulhouse-Friedberg réouvre. Un dernier combat à mener, la priorité là tout de suite, Jeanne Barseguien, en politique maintenant ?

  • Speaker #1

    En ce moment même à Strasbourg, on termine l'enquête publique sur le tram nord, qui est notre plus gros projet de transformation écologique et de mobilité à Strasbourg, qui va permettre de reconnecter... Strasbourg avec les communes du nord de l'euro-métropole et de desservir plus de 50 000 habitants supplémentaires. C'est un immense projet dont j'espère qu'il pourra démarrer en début d'année prochaine.

  • Speaker #0

    Bonne chance pour le tram gratuit pour les jeunes à Strasbourg, alors qu'à Mulhouse, il est gratuit pour les vieux. Ça change. Merci beaucoup Jeanne Barsegui.

Description

Strasbourg accueillait les 21 et 22 octobre 2024 "Eurocities", forum des grandes villes d'Europe, de Leipzig à Bruxelles, de Bologne à Lyon. Des dizaines de maires d'une quarantaine d'États européens étaient présents deux jours au parlement européen pour débattre, imaginer des solutions, convaincre les institutions continentales de l'impérieuse nécessité de mieux travailler avec les municipalités.


Rencontre avec Jeanne Barseghian, maire écolo de Strasbourg depuis 2020. Propos recueillis par Jean-Luc Wertenschlag avec l'aide précieuse de Lisa Giannarelli et Ousmane Ouedraogo. Le 22 octobre 2024 au parlement européen de Strasbourg pour Radio Quetsch, l'Alterpresse68, le réseau Europop, WNE et toutes les radios qui ont envie de diffuser cet entretien.


Vous pouvez lire la transcription écrite de cet entretien : https://www.radiowne.eu/post/barseghian


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Transcription

  • Speaker #0

    Nous sommes le 22 octobre 2024 au Parlement européen à Strasbourg, en compagnie de Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg. Bonjour.

  • Speaker #1

    Bonjour.

  • Speaker #0

    Strasbourg accueille Eurocities, c'est un forum des maires de toute l'Europe. Est-ce que Strasbourg est leader et pourquoi Strasbourg accueille ce forum de 200 villes européennes ?

  • Speaker #1

    Oui, Strasbourg est membre de ce réseau européen de grandes villes depuis maintenant plusieurs années. Mais c'est la première fois que le réseau Eurocities organise un grand sommet des maires européens ici à Strasbourg. Nous avons décidé de le faire en partenariat étroit avec l'équipe de Eurocities, tout simplement parce que nous sommes à un moment décisif pour l'Europe. Les nouveaux eurodéputés ont été élus au mois de juin. La Commission européenne est en train de s'installer et donc c'est le moment pour les grandes villes européennes de porter leur voix, de porter leur priorité et de s'adresser très directement aux institutions européennes. Et c'est ce à quoi nous nous sommes attelés pendant deux jours à Strasbourg.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que vous leur avez dit à ces institutions européennes en tant que représentants des villes d'Europe ?

  • Speaker #1

    D'abord que nous avons besoin d'être davantage associés à l'élaboration des politiques européennes parce que c'est nous, in fine, sur le terrain qui les mettons en œuvre. Les grandes villes sont en première ligne de tous les grands enjeux de notre siècle. C'est bien sûr les enjeux d'adaptation aux changements climatiques, transformation écologique et sociale, c'est la mobilité, c'est la santé, c'est le logement qui est actuellement en crise et pas seulement. En France, mes collègues d'autres pays le disent également. C'est la question de l'alimentation, de l'énergie. Ce sont tous ces sujets sur lesquels nous sommes en première ligne. Nous tâchons du mieux que nous pouvons de répondre aux besoins d'aujourd'hui et de préparer l'avenir. Et nous avons besoin non seulement de l'oreille attentive de l'Europe, mais de son soutien concret et notamment financier.

  • Speaker #0

    Oui, mais le Parlement européen glisse de plus en plus à droite, voire à l'extrême droite. Alors que les villes... sont généralement plus à gauche. Donc cet éloignement politique, est-ce qu'il ne va pas empêcher un travail commun ?

  • Speaker #1

    Vous avez raison, le Parlement européen a changé de visage lors de la dernière élection. Et aujourd'hui, les mouvements eurosceptiques, voire anti-européens, représentent 25% des sièges au Parlement européen. Ils peuvent avoir ce qu'on appelle une minorité de blocage sur certains... et bien sûr, ils influencent fortement les orientations de l'Assemblée parlementaire européenne. Et donc, c'est d'autant plus important de porter et de défendre les enjeux d'inclusion, les enjeux d'accueil des personnes migrantes, d'intégration, de porter la voie de la lutte contre les discriminations, et bien sûr de la transition écologique, qui est souvent critiquée, voire rejetée par ces mouvements. anti-européen. Donc c'est d'autant plus important avec un Parlement qui est aujourd'hui plus hostile aux politiques que nous mettons en œuvre, d'autant plus important de faire front commun et de faire entendre notre voix.

  • Speaker #0

    Il y a aussi, j'imagine, de nouvelles idées, des politiques existantes dans d'autres villes qui ont pu être partagées lors de ce forum Eurocities. Est-ce qu'il y a une ou plusieurs idées de projets politiques au bout de l'Europe ou juste à côté ? qui ont été intéressantes dans ces échanges avec les maires des grandes villes.

  • Speaker #1

    Ce qui est toujours frappant, c'est de constater que même en venant de pays différents, avec des systèmes institutionnels différents, des durées de mandats différentes, des cultures différentes et parfois même des couleurs politiques différentes, nous nous retrouvons globalement sur des enjeux communs et partagés. Donc oui, on a toujours à s'inspirer de ce qui est mené dans les autres villes. Je pense aux initiatives en matière de participation citoyenne. Je pense bien sûr à la décarbonation des mobilités ou le partage de l'espace public. Je n'ai pas entendu un maire me dire qu'il ne travaille pas sur les enjeux de stationnement, de réduction de la place de la voiture en ville. En fait, quelle que soit notre couleur politique, ça correspond aujourd'hui à des enjeux de notre siècle que nous mettons en œuvre. Donc c'est aussi... Ce réseau, un lieu d'inspiration et de bonne pratique.

  • Speaker #0

    En Alsace, on a encore quelques lois allemandes, en Alsace-Moselle plutôt, qui traînent. Et dans ces lois allemandes existantes de l'autre côté du Rhin, il y a aussi pas mal de décentralisations. Il y a des lois locales qui peuvent être adaptées, créées dans chaque langue. Il y a une politique en matière d'écologie, d'enseignement, de sécurité, etc., qui est régionale. Est-ce qu'il ne faut pas avancer là-dessus en France ? Qu'est-ce qu'on peut faire à part se plaindre ?

  • Speaker #1

    Déjà, empêcher le mouvement de recentralisation qui est à l'œuvre. On le constate, on est déjà un État très centralisé en France par rapport aux autres pays européens. Vous citez l'exemple de l'Allemagne, mais on pourrait en citer d'autres. Et on constate un mouvement de recentralisation, c'est-à-dire qu'on va encore plus loin en France dans l'État qui... privent les collectivités locales de leur autonomie, notamment de leur autonomie fiscale, et parfois qui les met sous tutelle dans un certain nombre de domaines. Donc moi je plaide évidemment pour une décentralisation forte, je suis convaincue en tant que maire que les solutions à tous les enjeux de notre époque, nous les avons dans nos villes et nous les mettons déjà en œuvre, on aurait besoin de plus de confiance de l'État. Je pense aussi... qu'on aura besoin de faire évoluer notre système constitutionnel, qui, on l'a bien vu avec les discussions à l'Assemblée nationale, ne prête pas tellement à l'établissement de coalitions, de négociations et de compromis, et sont plutôt dans une polarisation qui rend parfois le débat public assez stérile, et ça je le dis aussi bien pour le niveau national que pour le niveau local.

  • Speaker #0

    En Belgique, en Suisse, en Allemagne, il y a des coalitions qui dépassent clairement ce qu'on arrive à faire en France. Est-ce que c'est vraiment uniquement une question constitutionnelle ? Est-ce que ce n'est pas simplement une question de volonté, de culture et de pratique ? Est-ce qu'aujourd'hui, on ne peut pas imaginer d'aller plus loin que les clans partisans en France ? C'est impossible.

  • Speaker #1

    Je vous donne un exemple qui étonne très souvent mes homologues allemands, c'est le système de la prime majoritaire. qui s'appliquent notamment dans nos collectivités locales, c'est-à-dire que quand vous arrivez en tête à une élection, quel que soit votre résultat, vous avez ce qu'on appelle, vous bénéficiez de la prime majoritaire qui vous donne systématiquement la majorité. Ce qui veut dire que même si vous êtes arrivé en tête, vous n'aurez pas besoin, et même à moins de 50%, vous n'aurez pas besoin de discuter finalement avec les autres parties ou avec l'opposition pour faire passer. vos délibérations. Alors, bon, je ne vais pas me plaindre d'être majoritaire et de pouvoir mettre en œuvre mon projet, mais je trouve qu'en termes de maturité démocratique et politique, on aurait à gagner dans un système qui nous incite davantage à bâtir des coalitions de projet et qui nous permettent de sortir parfois de posture. Je pense qu'on peut rester très fidèles à ses orientations politiques, à sa couleur politique. tout en étant dans une posture de dialogue et de négociation, de compromis un peu plus importante.

  • Speaker #0

    Pour terminer, juste un petit tour à Mulhouse, une coalition de projets avec Mulhouse. Qu'est-ce qui se passe entre Strasbourg et Mulhouse ? Quels sont les projets communs ? Est-ce que Strasbourg a quelque chose à faire avec Mulhouse ou cette ville de pauvres et de jeunes à une heure d'ici ?

  • Speaker #1

    Oui, d'abord, moi je crois beaucoup à la coopération entre les différents territoires, que ce soit entre les grandes villes entre elles, que ce soit entre les centres urbains et les zones rurales. Moi, je pense qu'on a besoin de solidarité interterritoriale. Mulhouse comme Strasbourg font partie de ce qu'on appelle le pôle métropolitain, qui réunit les plus grandes villes d'Alsace et qui se réunissent régulièrement pour échanger sur des sujets qui leur sont communs. Celui qui me vient à l'esprit en premier lieu, c'est le sujet de la mobilité, et notamment du ferroviaire, puisque on est évidemment, j'allais dire dans le même bateau, en tout cas on a des enjeux communs à développer des solutions de mobilité nouvelles. On a aussi des enjeux communs à développer des connexions transfrontalières, et donc ça fait partie des sujets sur lesquels on coopère avec Mulhouse régulièrement.

  • Speaker #0

    Le 2 janvier 2025, la ligne ferroviaire Mulhouse-Friedberg réouvre. Un dernier combat à mener, la priorité là tout de suite, Jeanne Barseguien, en politique maintenant ?

  • Speaker #1

    En ce moment même à Strasbourg, on termine l'enquête publique sur le tram nord, qui est notre plus gros projet de transformation écologique et de mobilité à Strasbourg, qui va permettre de reconnecter... Strasbourg avec les communes du nord de l'euro-métropole et de desservir plus de 50 000 habitants supplémentaires. C'est un immense projet dont j'espère qu'il pourra démarrer en début d'année prochaine.

  • Speaker #0

    Bonne chance pour le tram gratuit pour les jeunes à Strasbourg, alors qu'à Mulhouse, il est gratuit pour les vieux. Ça change. Merci beaucoup Jeanne Barsegui.

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