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Femmes avec un grand F ou la féminine universelle

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40min |06/12/2024
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Description

Imaginez une monde où les femmes occuperaient l'immense majorité des postes à responsabilité. Une monde où les femmes auraient les plus gros salaires. Une monde où la féminine l'emporterait sur la masculine et où les hommes seraient invisibilisés partoute et subiraient de multiples violences à cause de la simple faite d'être un homme.

Typhaine D, inventrice d'une langue à la féminine universelle nous propose de plonger dans cette monde le temps d'une podcast. Autrice, metteuse en scène, comédienne, chroniqueuse média, formatrice et conférencière engagée pour les droits des femmes, des enfants et des personnes animales non-humaines, Typhaine D nous raconte son parcours, sa vision de la langue et ses deux spectacles qu'elle est venue jouer à Mulhouse à la MCP Cité (Maison de la culture populaire de la cité) la 26 novembre 2024 : Contes à rebours et Pérille mortelle.


Propos recueillis par Lisa et Sixtine.


Vous pouvez également lire la transcription écrite de cette interview : www.radiowne.eu/post/d


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Avec Lisa Giannarelli, Sixtine Schwarte, Omar Alfarekh, Julien Foerry, Sofiia Kovalova, Elena Kaigorodova, Anna Kuklìkovà, Anissa Zeggaï, Antoine Ledermann, Sybille Gaertner, Théo Klein, Jean-Noël Robillard, Khouloud Ayari, Sarra El Idrissi, Omar El Jid, Jean-Luc Wertenschlag, les volontaires européennes de Mulhouse et du monde, les ami-e-s de Radio Quetsch  et toutes celles qui nous rattraperont 




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Peu importe notre âge, notre sexe, notre culture, notre couleur de la peau ou notre religion, le 25 novembre est la journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. Il appartient à chacune de saisir l'importance de ce jour et d'y consacrer de son temps et de son énergie. Nous voulons une société basée sur la solidarité et le respect, mais nos sociétés encore patriarcales. et produisent encore ce type de violence à l'échelle de nos relations, de nos familles, dans nos lieux d'études et de travail et dans l'espace public aussi. Les manifestations, ça encourage quand même les autres aussi. Ceux qui n'osent pas parler, ceux qui n'osent pas participer, pour eux aussi c'est un espoir que ça donne quand ils nous voient dans la rue. On défend, on se bat. On sait comment on se bat contre cette violence. Malgré qu'il y a la mort, la faim, on se débat quand même. On ne laisse pas faire.

  • Speaker #1

    bonjour nous sommes le 26 novembre 2024 et nous retrouvons tiffen d

  • Speaker #2

    D'abord parce que j'ai des amis qui se plaisent. Ensuite parce que je n'ai rien de beau à ça. Même pas, ça vous rend bouche à poil. J'ai un père. Et j'ai même un tourgeon, qui ne peut pas me tiner parce qu'il ne gagne pas le SMIC, mais vous voyez, moi...

  • Speaker #1

    Siph Nd, vous êtes donc autrice, comédienne, metteuse en scène, chroniqueuse, média, formatrice, conférencière engagée pour les droits des femmes, des enfants, l'animalisme et l'écologie. Vous êtes aussi l'inventrice de la langue à la féminine universelle et la créatrice de spectacles tels que Contes à rebours que nous avons pu voir tout à l'heure. C'est une réécriture des contes antisexistes. Vous avez aussi Devenir vegan par amour ou encore... périmortel que nous aurons la chance de voir à la Maison de la Culture Populaire de la Cité à Mulhouse tout à l'heure. Bonjour Tiffany.

  • Speaker #3

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Et bonjour à Sixtine.

  • Speaker #4

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Pour commencer, est-ce que vous pouvez vous présenter ?

  • Speaker #3

    Vous l'avez très bien faite déjà. Je ne saurais qu'ajouter, vous avez trouvé la bonne bio sur internet, ce qui n'est pas évident.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous pourriez nous parler de votre parcours autant militant que professionnel ? Comment on arrive à avoir autant de métiers ?

  • Speaker #3

    Ça a été évidemment, comme pour tout le monde, un chemin. Comédienne, j'ai toujours voulu faire ce métier-là. Simplement, à l'époque, quand j'étais toute petite, je pensais qu'en gros, c'était le métier de comédien, mais pour une femme. Or, comédienne, quand je suis arrivée au cours Florence, c'était plutôt un métier d'objet sexuel qu'on me demandait de faire. Et ça, il ne faut pas beaucoup de compétences, n'est-ce pas ? Je me suis rendue compte que si vraiment je voulais être une comédienne, comme un comédien, mais en femme. Faire autre chose que d'être mise à poil, subir des violences sexuelles et être éternellement jeune et belle, je ne sais quoi. Il fallait que je crée moi-même mon métier et ça tombe très bien puisque j'écris aussi, que je mets en scène aussi. Et puis d'autre part, en même temps, je suis devenue militante, engagée sur le terrain pour les droits des femmes. J'ai été formée par le CFCV, le Collectif Féministe contre le Viol, qui est une des associations les plus importantes, avec le numéro d'appel national, anonyme et gratuit 0800 05 95 95. Donc vous pouvez aussi. appelée d'Alsace. Et c'est des écoutantes qui répondent. Un tiers du temps, c'est des victimes directement. Un tiers du temps, c'est des proches qui ne savent pas comment aider. Et un tiers du temps, c'est des professionnels qui sont en demande de conseils pour accompagner des publics. Donc ça a été une des associations qui m'a formée. J'ai milité avec plein d'autres sur beaucoup de sujets. Je suis devenue ex-merte, comme j'aime dire, de tout ça. En parallèle, j'ai créé Compte-Arbour. Ça m'a amenée à créer La Féminine Universelle. Donc une langue féminisée, l'exact inverse du masculin l'emporte, là c'est la féminine qui l'emporte, qui est une création littéraire militante et qui permet, comme d'ordinaire tout est masculinisé, de faire réentendre les femmes dans la langue. Aînée la pérille mortelle avec ça il y avait aussi Opinion d'une femme sur les femmes de Fanny Raoul, qui est une pièce de la matrimoine. Et donc en fait... Tout ça, ça a multiplié les casquettes. Et en plus, je me suis mise à donner des formations, du coaching, comme on veut l'appeler, dans des entreprises, des associations, des syndicats ou en individuel. Soit sur la prévention des violences sexistes et sexuelles au travail, puisque j'ai travaillé aussi avec la VFT, l'Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail. Soit sur tout ce qui est estime de soi, assurance dans la prise de parole en public, notamment pour les femmes, puisqu'on sait que c'est plus compliqué pour les femmes de s'exprimer en public. Et donc c'est un peu tout ça.

  • Speaker #4

    Pour en revenir à aujourd'hui, vous venez donc de jouer Comte à rebours et vous allez jouer tout à l'heure la One Feminist Show, Péril mortel, à la Maison de la Culture Populaire de la Cité à Mulhouse. Pouvez-vous nous présenter ces deux pièces à nos auditeurs et auditrices ?

  • Speaker #3

    Alors Comte à rebours, vous en avez un peu parlé, c'est une réécriture féministe des contes de fées. Donc on croise des personnages qu'on connaît avec Disney, avec Perrault, les Cendrillon, Blanche-Neige, le petit chaperon rouge qui est devenu la grande chaperonne rouge. Et chacune, elles vont reprendre la parole, se raconter elles-mêmes, se mettre du côté des victimes, se mettre en empathie, et puis remettre la culpabilité là où elle est. Le baiser sauveur du prince, on rappelle que c'est une agression sexuelle punie de 50 tôles, etc. Je passe par différentes émotions. Il y a des moments où on rit, où on est plus en mode stand-up, comme dans Blanche-Neige. Des moments de témoignage, où on est plus en mode théâtre interactif aussi, avec Cendrillon par exemple. Des moments de comptine avec les sept filles de l'ogre, des moments de chant ou de slam, même avec Sherazade. Des moments de discours militants, vociférés, comme avec la chaperonne rouge. Le prologue est plutôt pédagogique, c'est plutôt une espèce de conférence gesticulée. Et je passe la version longue sur le viol de la petite sirène. C'est plus de la poésie, une écriture très dramatique. Je me balade entre les registres, les émotions, etc. pour faire passer un maximum d'outils de conscientisation, de compréhension du système d'oppression, d'émancipation via les luttes collectives et la sororité, etc. et que chacune, chacun y trouve son compte parce que certaines, ça va être plus la poésie, d'autres, ça va être plus le stand-up. Et voilà, de rencontrer tout le monde.

  • Speaker #1

    Et vous faites le parallèle entre contes, violences sexistes, sexuelles, conjugales et bien d'autres. Personnellement, quand j'étais petite, je m'y suis... pas du tout rendu compte de ça dans les contes. Je m'en suis rendu compte bien plus tard. Et vous, quand et comment vous en êtes rendu compte ?

  • Speaker #3

    Ce que je dénonce, je ne me suis pas rendu compte de tout ça tout de suite. Mais certains trucs quand même. Je me souviens qu'en CE2, on avait étudié le conte du petit pousset. Et donc, il y a un moment donné, où le petit pousset, trop malin, pour sauver ses frères, il échange les couronnes qui sont sur la tête des petites filles, donc des filles de l'ogre, avec leur bonnet de nuit. Donc on sent un peu l'insulte sale bourgeoise blanche. Vous aviez des couronnes, dormir avec une couronne, c'est maltraitant. Tu te blesses, déjà. Bref, ils échangent et du coup, à tâtons, l'ogre tâte du côté des garçons. Il trouve les couronnes à la main, il se dit j'ai failli manger mes filles. Et donc il va manger ce qu'il croit être les garçons, en fait c'est ses filles. Et donc c'est comme ça qu'ils s'en sortent. Après avoir bouffé, il fait une sieste et puis là, il sort par la fenêtre. T'as envie de dire, si tu pouvais sortir par la fenêtre, tu ne pouvais pas le faire tout de suite. Donc voilà, et là, à la fin, tout est bien qui finit bien. En plus on décrivait la mère qui arrive au milieu des cadavres, des restes de ses filles, et qui pleure avant que l'autre y mette ses bottes de cette lieu et il se barre. Il y a une mère qui pleure, c'est cette fille bouffée par leur propre père ? Et c'est une histoire qui finit bien. Non mais on s'en fout parce que c'est des ogresses. La double peine. Déjà ton père c'est un ogre, et en plus de ça du coup tu vois rien. Ton père est un agresseur, du coup on s'en fout de toi. Non c'est pas des ogresses, si c'était des ogresses elles les auraient bouffées. Et vu ce qu'ils leur ont fait subir, elles auraient peut-être eu raison. Et je me souviens que j'avais eu, je sais plus si c'était une punition, un truc recopié, je ne dois pas m'énerver en classe, mais j'avais trouvé ça horrible. On nous apprenait que notre rôle, c'est de mourir pour que les garçons, ils aillent bien. Mais non ! Jamais ! Mais ça va pas ! Et donc voilà, ça fait partie des trucs où je me souviens que ça m'avait rendu dingo. Oui, ou le truc de faire le ménage, là. Voilà, pour Blanche-Neige, elle vient d'être abandonnée dans une forêt avec un mec qui a essayé de la tuer, là, toute seule, truc. Enfin non, les animaux de la forêt, parce que n'importe quoi. Et bref, elle se dit, je vais faire le ménage. Mais non ! J'avais compris que ranger ma chambre, déjà, moi, ça me rendait dingue. Donc non ! Absolument jamais ! Donc il y avait deux, trois arnaques que j'avais vues quand même. La péril mortel est arrivée un peu plus tard, en 2017, avant MeToo, juste avant MeToo. MeToo, MeToo,

  • Speaker #2

    moi, moi aussi, MeToo, on parle de plus en plus, vous savez, des féminicides comme... Ils nous disent homicide, ils attendent des manifestations importantes !

  • Speaker #3

    Et donc la péril mortel, c'est parce que l'Académie française, ces glandus de merde, avaient sorti un texte pour dire que l'écriture inclusive était une péril mortel pour la langue française, n'importe quoi. Enfin, un péril mortel en l'occurrence. Parce que voilà, dire bonjour à toutes et à tous, ça détruit la langue. Je sais pas si vous le saviez. Alors que la langue française n'a jamais été autant parlée, simplement comme ça en Afrique noire, ça les arrange pas. Non, en Afrique subsaharienne. Voilà. Ils avaient vraiment pondu un texte, je vous encourage à le lire, parce que c'est tellement débile, où ils sont là, affolés, je sais pas quoi, qu'on détruise leur langue. Mais qui êtes-vous ? Parce que vous allez voir qu'ils sont complètement incompétents. personnes, c'est de la cooptation entre nullos, c'est impressionnant. Donc, voilà, ça m'avait tellement énervée que je me suis dit ok, je vais écrire La Pérille Mortelle, je vais tout inverser, je vais devenir une académicienne misandre. En l'occurrence, vous allez la rencontrer tout à l'heure, qui s'appelle Aline Finkielkruth, qui a toute ressemblance avec des personnes existantes et fortuites, tout à fait.

  • Speaker #2

    L'académicienne Aline Finkielkruth est une cardinale On l'appelait la cardina de Richelieu. Elle portait l'antronyme de Richelieu. Elle avait créé une rassemblement de ses copines qu'elle avait appelée l'Académie française. Et il y a des siècles d'après, elle est encore pétée le moment de l'élève. Elle était une fois une grand-mère, et elle nous la nommons Claude-Fabre-Gonjlas. Celle-ci trouvait que la langue dont on parlait alors dans ce pays n'était pas encore dans ses sexistes, sachant que la langue était une langue politique. sur la pensée, elle avait dirigé la lettre de la féminine en potes, la masculine, au prétexte que la femme est la femme, et aussi avec l'argument de la supériorité de la femme sur le mal dans la nature. Fille des règles élémentaires qui existaient jusqu'ici. Une nouvelle règle de proximité. Désormais, pour bien parler aux procès, on se devait de dire les femmes et les hommes sont belles. Ainsi, fille... de la vague de majorité, des thématiques démocratiques pénibles. Maintenant, si on met dans cette salle, mettons, 100 000 hommes et une bougie, doit-on dire qu'elles sont brillantes ou qu'ils sont en fumée ? Ainsi, la genre féminine, genre des femmes, peut également se dégrader genre neutre. Ainsi, des femmes furent redéfinies,

  • Speaker #3

    selon la bâtloire de ces dames,

  • Speaker #2

    détentrices du bon sens.

  • Speaker #3

    Et donc, fin qu'elle croûte, elle a envie que la féminine continue de l'emporter sur la mascouilline. Et toutes ces femmes-là, elles justifient en fait l'oppression des hommes par des trucs naturalistes, du style on fait les enfants donc on est forcément supérieurs. Et là d'ailleurs, on voit que ça marche mieux. Bon bref, voilà. Et donc, je vais vous emmener dans des mondes inversés. Et on va voir ce qui se passe. Et c'est une façon cathartique de pouvoir s'imaginer ce que ça pourrait faire. Et puis surtout de créer de l'empathie pour les femmes. Parce qu'en fait, même si c'est pour de fausses pendant une heure et demie, on souffre pour les hommes. Dans la pièce, alors je ne fais rien en fait, je n'en prends aucun sur scène pour l'humilier et tout, je pourrais, je ne fais même pas ça. Alors que les femmes subissent vraiment de ça, mais depuis 100 000 ans, et pour de vrai. Donc du coup, ça permet de se dire, ah ouais, ce n'est pas normal, voilà, c'est l'objectif.

  • Speaker #4

    Donc dans Compte à rebours, vous revenez sur les contes qui ont bercé l'enfance de la plupart des jeunes. Pour vous, en quoi la littérature jeunesse, notamment les contes, façonnent-ils nos imaginaires et pourquoi voulez-vous reprendre ces histoires sous un angle féministe ?

  • Speaker #3

    Oui, toutes et tous pratiquement. On a soit vu des Disney, soit en tout cas on a entendu parler. Et puis on a étudié à l'école, puisque c'est au programme. Les contes en primaire, au collège, ça revient même parfois au lycée. Les Perrault, les Grimm, les Anderson, les machins. Et donc c'est un imaginaire commun qui nous rassemble. Autant Star Wars, il y a les gens qui l'ont vu, les gens qui l'ont pas vu. Les contes, a priori, tout le monde voit un petit peu le plot de Blanche-Neige. Et d'ailleurs, dans tous les pays du monde, pratiquement. Il y a une version en anglaise de Contrebourg et... J'ai pu rencontrer des femmes en Chine qui connaissent l'histoire de Manchenèges. Donc ça, ça rassemble. Et comme d'habitude, ça sert à faire passer des messages misogynes de propagande, là, je m'en sers pour faire exactement l'inverse et nous rendre nos imaginaires. Donc c'est pour ça que j'ai voulu travailler là-dessus.

  • Speaker #1

    Et c'est un spectacle que vous avez pensé spécifiquement pour le jeune public ?

  • Speaker #3

    Non, pas du tout. Au départ, c'était un spectacle pour les adultes, en l'occurrence pour les femmes. Parce que j'ai l'outrecuidance de dire, à l'instar de Fanny Raoul en 1801, qui était une grande... philosophesse, écrivaine, penseuse, journaliste politique de son époque, que personne ne connaît parce qu'elle a été effacée des livres d'histoire, mais qui est très importante, et dont je joue d'ailleurs, c'est un de mes quatre spectacles, Opinion d'une femme sur les femmes. Elle, elle écrivait déjà en 1801, c'est pour les femmes seules que j'écris. Voilà, si elle peut le dire en 1801, je pense que je peux le dire maintenant. Donc c'est pour les femmes seules que j'écris et que je joue. Les hommes sont autorisés dans la salle. Alors pas toujours, des fois en faisant non-mixité, c'est aussi magnifique. J'adore, ça me repose. Mais... Donc quand ils sont autorisés, c'est encore un privilège qu'ils ont d'avoir accès à ça. Et puis si certains en font des choses bien et prennent les messages et sont moins pénibles pour les femmes autour d'eux, c'est magnifique. Mais en tout cas, moi, si je devais penser à eux, je n'écrirais rien. Si je devais me dire qu'est-ce qui va les mettre en colère, qu'est-ce qui va les vexer, je n'écrirais rien parce qu'ils se vexent de rien. J'ai déjà vu un serveur pleurer physiquement parce qu'on lui a dit, nous, c'est pas mesdemoiselles, c'est mesdames. Il a versé la larme, le taré. Enfin, je veux dire, tu vois, c'est un jeune, hein ? Voilà, du coup, j'ai envie d'écrire, donc je pense pas à eux. Je me tape de comment ils vont le recevoir. Moi, ce que je veux, c'est faire passer des messages aux femmes, parce que je sais que dans toutes les luttes contre toutes les oppressions, c'est l'alliance des opprimés, quand elles sont un nombre suffisant, les études disent autour de 30%, c'est même pas la moitié, hein. C'est l'alliance d'assez d'opprimés qui fait plier le système oppresseur. Et pourquoi on n'a pas besoin d'être plus de 30% ? Parce que c'est le maître qui a besoin de l'esclave et pas l'inverse. Vous avez remarqué au moment du Covid, les femmes font tous les boulots essentiels. Nous, on arrête de faire des trucs, tout s'écroule.

  • Speaker #4

    Donc aujourd'hui, vous avez vraiment beaucoup de casquettes. Vous êtes autrice, comédienne, metteuse en scène, chroniqueuse média, formatrice, conférencière et engagée. Comment trouvez-vous le temps d'allier tout ça ?

  • Speaker #3

    Mais on ne trouve pas le temps, donc on n'en dort pas beaucoup. Là, vous voyez, je viens de finir. De jouer et de donner un débat, je n'ai même pas fini de débarrasser la scène, je n'ai pas encore eu le temps de faire des balansons avec la guitare, ni de l'accorder, et puis on va recommencer, j'aurai à peine le temps de pisser. Les artistes ne sont pas souvent pour des feignasses, et il n'y a rien de plus fausse.

  • Speaker #1

    Vous vous dites vous-même engagée pour différentes causes, que ce soit le droit des femmes, des enfants, des animaux. Quel lien vous faites dans ces différentes causes ? Est-ce que pour vous, c'est les mêmes mécanismes sociaux qui sont à l'œuvre ?

  • Speaker #3

    Exactement, oui. D'abord, on a le même ennemi principal, comme dirait Christine Delphi, c'est-à-dire les hommes agresseurs ont commencé, avant d'agresser des personnes qui habitaient loin, donc de commettre des agressions racistes, évidemment, ils ont commencé par agresser qui étaient déjà autour d'eux. Et donc là, on retombe sur les femmes, les enfantes et les enfants, et les personnes animales non humaines. Et puis on peut ajouter la nature, l'appropriation de la nature. Dans toutes ces fois-là, il y a une logique d'appropriation, d'objectisation, le fait... d'exploiter aussi, de traiter en exploitant à la fois les femmes, les enfantes, les enfants, et les personnes animales non humaines, et la terre. Et donc pour moi c'est les oppressions premières qui permettent toutes les autres, et c'est en se calquant sur ces oppressions-là primitives, en fait, qu'on peut aussi opprimer ensuite des populations où on trouve aussi des hommes. C'est les oppressions qu'on retrouve partout sur la terre, où il y a des hommes, et donc des femmes, des enfantes, des personnes animales non humaines et de la nature opprimée.

  • Speaker #1

    Après la pièce que vous venez de jouer, Comte à rebours, il y a eu un temps d'échange avec les élèves qui étaient présents. Vous avez parlé de votre engagement pour l'abolition de la prostitution. C'est une thématique qui est débattue à l'intérieur même des milieux féministes. Alors pourquoi cette position ?

  • Speaker #3

    Elle n'est pas vraiment débattue à l'intérieur des milieux féministes. En fait, moi je ne pense pas que féministe, ça veut dire tout et n'importe quoi. Si on est pour un système d'exploitation et de violence sexuelle tarifé, On n'est pas féministes pour moi. Donc en fait, je comprends que ça choque ce que je viens de dire, puisque évidemment, l'officiel mouvement féministe est divisé sur cette question. Mais en fait, moi je suis sur le terrain là. Donc les vrais féministes, non. C'est clair, évidemment. Si la prostitution, c'était féministe, les hommes seraient contre. D'accord ? Voilà.

  • Speaker #1

    Vous êtes notamment l'inventrice de la langue à la féminine universelle. La féminine universelle, est-ce que vous pouvez préciser c'est quoi ? Et est-ce que vous avez aussi écrit... Un panel de règles grammaticales, comme on peut retrouver pour le masculin universel qu'on utilise.

  • Speaker #3

    Alors, je me suis amusée à écrire une manifeste de la féminine universelle qu'on peut trouver sur mon site internet, en effet, qui est sortie d'ailleurs dans un livre qui s'appelle Droits humains pour toutes et tous enfin bref. Mais elle n'y a pas de règles fixes. J'ai l'habitude de dire qu'on ne respecte de règles que menstruelles. Donc, il n'y a pas une nouvelle académie et souvent, des femmes m'écrivent en disant je suis désolée je ne maîtrise pas totalement la féminine universelle encore. Et je dis, mais en fait, d'abord, personne ne peut la maîtriser, parce qu'elle est libre, précisément, elle aussi. Elle est indépendante, elle est autonome, elle évolue, elle s'enrichit des trouvailles de chacune, elle s'approprie de mille manières. Et puis, d'autre part, on ne peut pas faire de fautes, sauf sur famage. Famage, je suis un peu une ayatollah. C'est un mot que j'ai inventé, et j'ai appris d'ailleurs que plusieurs féministes l'avaient inventé de leur côté avant, et je ne l'avais pas su. notamment Florence Moreno des Chiennes de garde en 2006. Donc, famage, je veux qu'on dise une famage, et pas un femage. Il doit y avoir une, évidemment. Et puis, fem, je m'en fous quand on entend fem, ça intéresse qui, les trois des fem ? Donc, femme, je veux qu'on entend femme, donc c'est évidemment une famage. Mais à part ça, à partir de la moment où ça va dans le sens de l'émancipation des femmes, dans notre intérêt, alors chacune peut s'en saisir comme elle la souhaite, comme ça lui chante, comme elle y parvient. Et surtout dans les moments où elle en a envie. Encore une fois, moi je n'utilise pas tout le temps. Je n'ai pas envie d'avoir des débats avec un mec dans la rue au pif.

  • Speaker #1

    Vous nous disiez avoir créé la féminine universelle quand vous avez écrit Conte à rebours, le spectacle qu'on a pu voir. Pourquoi vous avez eu besoin de créer la féminine universelle dans l'écriture de spectacle ?

  • Speaker #3

    Au départ, je ne me suis pas dite tiens, il faut que je travaille la langue J'ai d'abord voulu réécrire les contes de fées et je suis tombée sur cette première phrase il était une fois Donc c'est une fois qu'elle était et il y avait un mec, ce il qui voulait commencer mon bouquin et parader en tête et ce n'était pas possible. Alors j'ai écrit elle était une fois et là c'est comme si je tirais un fil d'une toile d'araignée infinie. Et d'autre part, parce que je crois qu'on ne peut pas écrire une œuvre féministe avec une grammaire masculiniste. C'est très compliqué. construire une pensée féministe avec des outils, des mots, des accords qui la détruisent. Donc, pour arriver à aller au bout de mes pensées, j'avais besoin de me réapproprier la langue de manière féminisée, d'une manière où on est non seulement entendable, visible, mais en plus, là, en l'occurrence, majoritaire.

  • Speaker #4

    Ces dernières années, il y a pas mal de reformulations de la langue, que ce soit en France ou ailleurs. pour justement un peu féminiser, pour remettre de l'égalité. Il y a notamment l'écriture inclusive, la fameuse. Alors, que pensez-vous de l'écriture inclusive dite mainstream ?

  • Speaker #2

    Les petits masculinistes, qui vêtement, ont obtenu une forme masculine du nom de maîtresse. C'est de l'art de la musique, d'autrice. Mais si, ça va se faire. Je me souviens, ça s'écrit A-U-T-M-T-S. Qu'est-ce qu'il y a ? Ça ne s'entend pas, hein ? L'oral ! que c'est masculin. Merci. D'abord, quand on est autrice, on écrit, alors c'est plus important qu'à l'écrit.

  • Speaker #3

    Alors l'écriture inclusive, c'est la moindre des choses. Alors déjà, on parle d'écriture, mais c'est une parlure inclusive aussi. C'est-à-dire que là, si je dis bonjour à toutes et à tous, on est dans la parlure inclusive. C'est juste l'idée de ne pas invisibiliser les opprimés, donc en l'occurrence les femmes. Après, on focalise beaucoup sur cette histoire de points médians à l'écrit. Les gens là qui disent Ah, illisible ! En vrai, c'est total lisible. Mais quelle mauvaise foi. Si vous voyez collégien.médian.nes, vous n'arrivez pas à lire collégienne et collégien ? Sérieusement ? Les gens me disent ça alors que quand vous voyez un M majuscule, un M minuscule et un E, tout le monde arrive à comprendre que c'est Madame. C'est beaucoup moins facile pour l'entente. Moi, souvent, les gens me disent Mais du coup, comment est-ce qu'il faut lire collégienne.médian.nes ? Non, tu dis les collégiennes et les collégiens à l'oral. Parce que c'est, à l'écrite, une proposition. d'abréviation facultative si t'as envie de te faire chier à écrire les collégiennes et les collégiens mais fais-la, on s'en fiche complètement c'est juste une proposition pour aller plus vite, mais ça se dit pas à l'oral, de la même manière que si tu vois M majuscule, M minuscule, E tu vas pas bêtement te faire M tu vas dire MADAME donc déjà, cette focalisation sur le point médian elle est débile, parce que si t'as pas envie de t'en servir, tu t'en sers pas, et qu'en plus c'est que à l'écrite, donc voilà L'écriture inclusive, ça va beaucoup plus loin. La parlure inclusive, ça va plus loin. Et c'est aussi revenir à des choses qui existaient avant, comme je l'explique dans le spectacle, la règle de proximité, avec l'adjectif qui s'accorde avec le mot qui lui est le plus proche. Donc, comme l'exemple que je donne dans Compte-Arbour, les femmes et les hommes sont égaux, les hommes et les femmes sont égales. Voilà, c'est simple. Et comme ça, quand on a une énumération, on n'a pas besoin de s'amuser à compter je ne sais quoi. On accorde avec le mot qui est collé à l'adjectif. Et si on regarde... Les œuvres qu'ils n'ont pas réussi à totalement dénaturer par toutes, parce qu'avec les Alexandrins, s'ils masculinisaient, il y avait un pied en trop, ou alors ce n'était plus la bonne rime. Donc sur certains vers de Corneille ou de Racine, on voit que c'est l'accord de proximité. Il y avait aussi l'accord d'importance dans une énumération. Je veux donner de l'importance à un mot plus qu'à un autre, donc j'accorde avec celui-là. Il y avait aussi l'accord de choix, donc je choisis. Il y a des termes féminines, masculines, et du coup je choisis si j'accorde à la féminine ou au masculin. Et puis, pour finir, il y avait l'accord de majorité. J'accorde à la majorité, plus de femmes que d'hommes, on accorde à la féminine, basta. Donc ça, c'est revenir à des choses qui ont existé l'immense majorité de la vie de la langue française. Et par ailleurs, là, on a une légitimité et sémantique et historique à parler de manière plus égalitaire, puisque la langue française est équipée pour l'égalité. Ce n'est pas le cas de toutes les langues, c'est son cas. En revanche, même si la règle du masculin l'emporte avait été toujours là depuis l'Antiquité, Mais je m'en tape, j'aurais quand même changé ça. C'est pas parce qu'un truc est vieux que c'est bien. C'est vrai, Depardiable est vieux, c'est pas bien. Gérard Depardiable, je veux dire. Vous voyez ? Il n'est pas accusé de viol.

  • Speaker #4

    Et donc pour vous, quel est l'intérêt d'utiliser la féminine universelle plutôt que l'écriture inclusive ?

  • Speaker #3

    Alors l'écriture ou la parlure inclusive, c'est quelque chose qu'on fait pour rendre visibles les deux sexes, et je la pratique dans plein de contextes. Je ne parle jamais au masculin l'emporte, je parle soit en inclusive, mais en fait, en inclusive, le masculin l'emporte. Moi, ça me pose problème. En inclusive, on dit toujours il s'agit de la la la C'est-à-dire que le masculin fait toujours le neutre en inclusive. La seule chose que vous faites, c'est que quand vous nommez des gens, vous nommez aussi des femmes. Donc bonjour à toutes et à tous. Moi, j'ai eu envie de faire autre chose. Je peux l'utiliser dans plein de contextes, c'est utile dans plein de contextes, mais je suis une artiste, je suis une littéraire. Et je vous signale que quand Pérec écrit un livre sans les E, par exemple, tout le monde dit que c'est génial. Évidemment, en plus, il enlevait les E. Les E, qu'est-ce que ça marque ? La féminine. Voilà, super. Quand Prévert, pour le coup, écrit Elle pleut, on dit que c'est un génie, c'est un poète. Même Necfeu, qui d'ailleurs est accusé de viol, le rappeur, quand il dit, il chante Elle pleut, pareil, génie. Quand moi je dis elle pleut, peine de mort. Donc vous voyez, déjà, il y a un deux poids deux mesures. Et moi j'ai voulu m'approprier la langue, faire entendre les femmes à la maxime femme. Par exemple là vous voyez, j'ai enlevé homme de maximum. Je ne fais pas de l'étymologie moi. Je fais de l'art, de la littérature, et je fais de l'impertinence pertinente. Donc à la maxime femme, comme ça on entend femme. Et bien c'est une manière pour moi de me redresser, d'exister dans ma propre tête, d'exister au monde, de faire rire les femmes aussi, de faire réaliser aux hommes ce que ça peut être. Ne serait-ce qu'une heure et demie pour de fausses, être invisibilisé dans la langue ou minimisé, alors que nous c'est pour de vrai, depuis 150 ans dans les usages.

  • Speaker #1

    Vous utilisez l'histoire et les histoires, les contes, pour expliquer des règles grammaticales sexistes. Et quelles sont les réactions du public ?

  • Speaker #3

    Elles sont variables, parce que chaque personne est singulière, donc les publics ne sont jamais les mêmes, les dynamiques, c'est la joie des spectacles vivants. Donc elle y a un peu de toutes. J'ai évidemment une majorité de femmes qui viennent me voir. Là, c'était des lycéennes et des lycéens qui étaient forcés d'être là. Donc là, c'était mixte. Mais dans la vraie vie, j'ai davantage de femmes qui viennent me voir. Plus je suis un peu reconnue dans les médias, plus les hommes se déplacent. Genre, un peu connue, ça vaut le coup de se déplacer. Mais les femmes, elles n'ont pas attendu ça. Elles savent qu'on peut être génial et pas connue. Et donc, évidemment, il y en a plein qui me disent déjà que la féminine universelle... les redresse, leur fait de la bienne, qu'elles l'essayent après et tout ça, et que ça fait quelque chose, ça surprend au début. Au fur et à mesure de la spectacle, c'est la première fois qu'elles existent dans la langue, en fait. Et ça, ça fait quelque chose, en vrai. Le langage structure la pensée, donc on pense différemment. Là,

  • Speaker #2

    ça nous fait, on a voté le membre, on vient de faire un certain nombre d'hommes, et tout le monde dit que c'est la journée du but, d'appelons pas de deux hommes. C'est les masculins qui ont trouvé le nom, et il est super. On aurait pu le faire mieux.

  • Speaker #3

    Et puis par ailleurs, c'est une gymnastique cérébrale, je pense, qui est bonne pour la cervelle. Je sens que c'est pas mal pour lutter contre Alzheimer, cette mécanique, cette gymnastique permanente. Et puis d'autre part, sur Comte-Arbour par exemple, elles me disent beaucoup que malheureusement... Malheureusement, hein ? que certaines reconnaissent leur propre histoire, l'histoire de leur mère, l'histoire d'amis, de sœurs, sur Cendrillon qui parle de violences conjugales par exemple, La Petite Sirène, vous ne l'avez pas vue dans cette version-là, mais il y a une version qui parle de viols et de mémoires traumatiques, Les Sept Filles de l'Ogre, ou Paul-Anne sur les violences pédocriminelles et l'inceste. Je me débrouille toujours pour qu'il y ait des passages émouvants, mais qu'ensuite, juste après, on rigole pour ne pas plonger. Je n'utilise pas les mots des agresseurs pour prendre soin des victimes. Au maximum, ne pas redéclencher des traumas, ne pas utiliser les mots des agresseurs, ne pas décrire des violences par le menu. Quand j'en parle, je passe soit par la poésie, soit par le slam, soit par la métaphore. Ou alors je m'applique sur les stratégies, mais je ne décris pas des violences. Parce que je sais trop ce que c'est d'être confronté à une mémoire traumatique qui se redéclenche. Là, ça les met enfin à leur vraie place, c'est-à-dire une place d'héroïne valorisée, valorisante. On est de leur côté, on est en empathie. Et que ça leur fait de la bienne aussi, que je m'autorise la colère. C'est Andrea Dworkin, grande féministe américaine, qui disait les femmes, les héroïnes, les victimes ont le droit à la colère, elles ont même le droit à la haine, en fait. Nous, on est élevés pour aimer nos oppresseurs, voire nos agresseurs. Pourquoi les hommes respectent ce qu'il en crache dessus ?

  • Speaker #2

    C'est intéressant, non ? Bonjour, je suis Mme Dworkin. Je sens avec les pépins, les hommes,

  • Speaker #3

    souvent. D'ailleurs,

  • Speaker #2

    maintenant, je suis une garante, et tout le monde, ils me sont dégagés. Quand ils me sont pires, ils me parlent. Je sais bien. Et vous saurez qu'ils n'en font pas un mot de plus. Qu'est-ce que je vais vous faire ?

  • Speaker #3

    C'est une douleur de jour. Vous allez me parler. Et ça les femmes, c'est tellement interdit pour elles. Et moi j'en ai rien à taper. Enfin franchement, c'est pour ça que j'aime bien jouer devant des lycéennes et des lycéens, c'est qu'il y a toujours des lycéens qui font de la merde. Déjà c'est hyper drôle parce que comme ils sont pas très courageux, il suffit de les chanter une fois puis on les entend plus.

  • Speaker #0

    Et d'autre part, les filles voient, pour une des premières fois, enfin, c'est pas si courante en tout cas dans leur vie, de voir une femme dans le positionnement physique, vocal, elle a pas peur, elle est en position de puissance, parce qu'évidemment, je suis sur scène, j'ai un micro-casque, les gens n'en ont pas, techniquement, de toute façon, forcément, on m'entend plus, quoi. Mais qui cherchent pas à leur plaire, qui s'en tapent de leur déplaire, qui leur disent ça vous plaît pas, vous vous cassez, vous allez pas me manquer, quoi. Je m'en tape, moi, de faire de la prévention pour des types que de toute façon, c'est déjà des agresseurs. Donc si vous êtes des agresseurs, bah vous barrez. Moi je n'espère qu'en votre mort, je m'en fous. Des fois j'ai été jusque là, parce qu'on sait très bien, lorsqu'on a des lycéennes et des lycéens en face, statistiquement, il y a déjà des victimes dans la salle, mais beaucoup.

  • Speaker #1

    Un petit garçon sur trois et une petite fille sur treize subit des violences avant l'âge de 18 ans, de la part d'une femme adulte. Voilà,

  • Speaker #0

    c'est des vrais chiffres,

  • Speaker #1

    je suis un racel. Et tu n'es pas particulièrement traumatisé, quand tu es en vie, tu ne maîtrises plus tout ça. Et... La partie où je vous donnais des vrais chiffres, juste à l'inverse. En France, 0,6% des violeuses seulement passeraient par la casse-prison. Donc en France, en 2024, dans les faits, les femmes ont le droit de violer massivement les hommes impunés. Parce qu'on saurait que c'est le parcours du courant. Ils arriveraient à avoir une fliquesse, ils leur demanderaient leur téléphone, c'est un peu compliqué. Comment ils ont réussi à porter fin ? Que ça a pas fait le bon lieu ? extraordinairement mal, t'as vraiment pas une bonne entente violeuse, tu vois. Dès au procès, elle a une défense trouvée, tu te dis, bah, il était conscient de son abandon. Parce que les conséquences logiques des violences et des traumatismes, qui seraient en fait des preuves des viols, seraient considérées comme des preuves de ramasse.

  • Speaker #0

    Je rappelle qu'une petite fille sur cinq et un petit garçon sur treize seront victimes de violences sexuelles avant l'âge de 18 ans, c'est énorme. Donc là, il y avait plein d'enfantes et d'enfants qui avaient été victimes de violences sexuelles pédocriminelles. masculinistes. Et d'autre part, statistiquement, il y a aussi des filles qui sont victimes de certains garçons qui sont là, et des garçons qui sont déjà agresseurs sexuels, voire violeurs. Et qui regardent de la pornographie. Donc ils se masturbent devant des viols en série. Du coup, ouais, il y en a où des fois je leur rentre carrément plus dans l'art, mais là, ils n'ont pas osé. Parce qu'il y avait trop de filles extraordinaires. J'en ai vu qui m'ont fait des cœurs, des têtes genre Et c'est important de leur montrer qu'on n'a pas à faire allégeance. Après, les représailles sont énormes. Il faut avoir beaucoup de courage. Il ne faut pas se la cacher. Je ne suis pas capable de faire ça tout le temps. Mais les filles et les femmes me donnent tellement de courage que ça va aller.

  • Speaker #2

    Vous parlez de l'Académie française qui a changé la langue, qui l'a rendue plus masculine, etc. Est-ce que vous diriez qu'avant la création de l'Académie française, la langue française était égalitaire ?

  • Speaker #0

    Elle était plus égalitaire, mais elle y avait quand même des soucis. C'est-à-dire qu'elle y avait déjà des mots qui ne voulaient pas dire la même chose. Un homme savant, c'est un homme qui a dû savoir. Une femme savante, et c'est pour ça que Molière a nommé sa pièce comme ça. C'était déjà des péronnelles, des meufs qui se prenaient pour je ne sais pas quoi et qui étaient des grosses stupides. Compaire, ça veut dire mon ami. Comère, ça veut dire la meuf qui dit des potins. Enfin, voilà. En fait, le problème, c'est que même quand la langue est équipée pour l'égalité, si vous changez le sens des mots, et comme les hommes ont le pouvoir de nommer, ça c'est aussi André Dworkin qui le dit, la langue, elle peut jouer quand même contre nous. Donc non, ce n'était pas parfait du tout. Mais c'était beaucoup plus égalitaire dans la grammaire et dans la liberté qu'on avait aussi. C'est-à-dire que les femmes parlaient comme ça leur venait. Et donc Madame de Sévigné aurait dit Heureusement, heureuse, je la suis Oui, évidemment. Et puis un truc était bien quand même, parenthèse. L'orthographe n'existait pas non plus. C'est-à-dire que Molière, il pouvait écrire quatre fois le même mot de quatre manières différentes sur la page. Parce qu'on écrivait en phonétique. Louis XIV, des fois il signe avec un I, des fois il signe avec un Y. Genre, vous imaginez le nombre de temps qu'on perd avec cette merde. Et ça, c'est aussi un truc de l'académie française, un truc élitiste pour distinguer, je les cite, les hommes de lettres des pauvres d'esprit et des simples femmes. Nous, on est après les pauvres d'esprit, mesdames. C'est-à-dire que les seuls qui vont avoir le temps d'apprendre ces règles débiles, ça va être les hommes dominants. Donc, on va les reconnaître sur un CV, ceux qui font des fautes. et celles qui en font pas, etc. Et donc, c'est de la merde aussi. Il faudrait revenir à un monde sans orthographe, ça serait super. Je milite pour l'abolition de l'orthographe. En tant que dysorthographique, ça marcherait.

  • Speaker #2

    Lorsqu'on vous accuse de dénaturer la langue française, finalement, pour vous, votre démarche ne serait pas plutôt une renaturalisation de la langue et un réenrichissement ? Si,

  • Speaker #0

    tout à fait. Une renaturalisation, comme on renaturalise des zones qui ont été bétonnées, bousillées par les patriars capitalistes merdiques. Donc, c'est un peu ça.

  • Speaker #3

    je s'aime et je m'amuse énormément et pour terminer sur cette question de la langue la langue c'est aussi la source de nos imaginaires, de notre imagination est-ce que la féminine universelle pour vous c'est une solution pour s'ouvrir à de nouveaux imaginaires ?

  • Speaker #1

    on vous en met en matière de force vous n'avez pas besoin de vous dévager vu que je vais passer depuis cette année d'opprimé à un petit peu plus

  • Speaker #0

    Oui, elle ouvre des horizons de création, ça c'est clair. C'est-à-dire que ça demande de se poser la question. Par exemple, moi des fois j'ai la question parce que voilà, et puis d'autres fois je me dis c'est très féministe, on va l'appeler la question. Enfin, ça demande de s'interroger qu'est-ce qu'il vaut la peine d'être féministé. Donc par exemple, la clitoris, la vagine, c'est assez évidente. La féminisme, évidemment. Par contre, le fascisme toujours. Mais du coup, on peut même dire le violence. Le verru planter, tout ce qui nous emmerde tant que les hommes massivement violent les femmes, je propose que ce soit masculin. Donc moi je veux créer cette armée sorore de résistance, l'armée des ombres. Après on aura probablement 2-3 alliés, mais ce ne sera pas décisif, il va y avoir 12 mecs, c'est pas ça qui va. Et la majorité va falloir les faire plier de force et c'est pas grave, on va y arriver. Et après, les générations d'après, ils comprendront que c'est vachement mieux, parce qu'ils auront accès à l'empathie, la communication. Du coup... le bonheur, l'amour, moi je pense que les hommes ne connaissent pas ça aujourd'hui, si les mecs mascus de base n'ont pas d'empathie, donc ils n'ont pas accès à l'amour c'est limite des morts vivants quelque part, voilà, donc je pense qu'être un mec c'est de la merde et aujourd'hui, donc quand on aura gagné, les générations d'après nous diront ah mais merci, mais la vie de merde qu'ils avaient les autres mecs avant moi, tu vois, mais oui, dans un premier temps, des types comme DSK ils n'ont pas envie que ça change, parce que toute leur vie est bâtie sur le privilège, le droit de violer impunément les femmes, donc c'est sûr ça, on veut carrément leur enlever... Nous, on ne souffre pas de ne pas violer des gens. On ne se dit pas Merde, j'aurais bien volé ce matin ! On ne se dit jamais ça, ça n'existe pas. Ils seront dans le même état, donc ils se diront Mais c'était pourri comme objectif !

  • Speaker #3

    Et nous allons malheureusement devoir conclure cet entretien. Est-ce que vous auriez un dernier mot, un dernier message à faire passer à nos auditeurs, à nos auditrices ?

  • Speaker #0

    Je vous encourage à tester la féminine universelle déjà, à voir ce que ça fait, même le temps d'une soirée. Messieurs, à... être minoritaire ou invisibilisé dans la langue. Regardez ce que ça fait. Voilà, c'est ce qu'on subit pour De Vraino. Mesdames, essayez pour prendre des forces, et puis pour rire, pour créer, parce que c'est belle. Et puis, à minima, parlez à l'inclusive. Voilà, à minima. S'il y a des femmes dans la pièce, elles doivent exister. Et si ça vous saoule de doubler tous les mots, vous parlez à la féminine. C'est ça aussi. Vous dites bonsoir à toutes, mais vous allez voir s'ils se sentent concernés. Et sinon, je vous encourage à me suivre sur les réseaux sociaux. Sur les réselles sociales, comme j'aime à les appeler lorsqu'elles ne sont pas violentes. Parce que les masculinistes m'ont trouvé. Donc si vous me trouvez aussi, c'est sympa. Donc ça s'écrit T-Y-P-H-A-I-N-E. Et puis ensuite, point D, juste la lettre D. Alors sur Instagram, ça doit être point D après un tiret. Enfin, vous allez me trouver. C'est un positionnement politique contre les patronymes. Je refuse de porter le nom de mes oppresseurs. Donc je ne porterai pas le nom des hommes. Et si je portais le nom de mon père ou le nom de ma mère, qui est en fait le nom de son père à elle. Les femmes n'ont plus de nom, donc je m'appelle Tiffen D comme Dworkin et Delphine. Et de Beauvoir et Delphine Cyrigue, enfin bref, elle y en a plein. Et puis sinon, vous êtes précieuses et personne n'a le droit de vous faire du mal. Si vous êtes un agresseur vous-même, si elle vous plaît, faites harakiri. Merci, bisous.

  • Speaker #3

    Merci beaucoup Tiffen D, inventrice d'une langue à la féminine universelle qui était de passage aujourd'hui à Mulhouse pour deux spectacles, Compte à Robourg et Péril mortel.

  • Speaker #0

    Merci. On défend, on se bat. On sait comment on se bat contre cette violence.

  • Speaker #1

    Malgré qu'il y a la mort,

  • Speaker #0

    la faim, on se débat quand même. On ne laisse pas faire.

Description

Imaginez une monde où les femmes occuperaient l'immense majorité des postes à responsabilité. Une monde où les femmes auraient les plus gros salaires. Une monde où la féminine l'emporterait sur la masculine et où les hommes seraient invisibilisés partoute et subiraient de multiples violences à cause de la simple faite d'être un homme.

Typhaine D, inventrice d'une langue à la féminine universelle nous propose de plonger dans cette monde le temps d'une podcast. Autrice, metteuse en scène, comédienne, chroniqueuse média, formatrice et conférencière engagée pour les droits des femmes, des enfants et des personnes animales non-humaines, Typhaine D nous raconte son parcours, sa vision de la langue et ses deux spectacles qu'elle est venue jouer à Mulhouse à la MCP Cité (Maison de la culture populaire de la cité) la 26 novembre 2024 : Contes à rebours et Pérille mortelle.


Propos recueillis par Lisa et Sixtine.


Vous pouvez également lire la transcription écrite de cette interview : www.radiowne.eu/post/d


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Peu importe notre âge, notre sexe, notre culture, notre couleur de la peau ou notre religion, le 25 novembre est la journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. Il appartient à chacune de saisir l'importance de ce jour et d'y consacrer de son temps et de son énergie. Nous voulons une société basée sur la solidarité et le respect, mais nos sociétés encore patriarcales. et produisent encore ce type de violence à l'échelle de nos relations, de nos familles, dans nos lieux d'études et de travail et dans l'espace public aussi. Les manifestations, ça encourage quand même les autres aussi. Ceux qui n'osent pas parler, ceux qui n'osent pas participer, pour eux aussi c'est un espoir que ça donne quand ils nous voient dans la rue. On défend, on se bat. On sait comment on se bat contre cette violence. Malgré qu'il y a la mort, la faim, on se débat quand même. On ne laisse pas faire.

  • Speaker #1

    bonjour nous sommes le 26 novembre 2024 et nous retrouvons tiffen d

  • Speaker #2

    D'abord parce que j'ai des amis qui se plaisent. Ensuite parce que je n'ai rien de beau à ça. Même pas, ça vous rend bouche à poil. J'ai un père. Et j'ai même un tourgeon, qui ne peut pas me tiner parce qu'il ne gagne pas le SMIC, mais vous voyez, moi...

  • Speaker #1

    Siph Nd, vous êtes donc autrice, comédienne, metteuse en scène, chroniqueuse, média, formatrice, conférencière engagée pour les droits des femmes, des enfants, l'animalisme et l'écologie. Vous êtes aussi l'inventrice de la langue à la féminine universelle et la créatrice de spectacles tels que Contes à rebours que nous avons pu voir tout à l'heure. C'est une réécriture des contes antisexistes. Vous avez aussi Devenir vegan par amour ou encore... périmortel que nous aurons la chance de voir à la Maison de la Culture Populaire de la Cité à Mulhouse tout à l'heure. Bonjour Tiffany.

  • Speaker #3

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Et bonjour à Sixtine.

  • Speaker #4

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Pour commencer, est-ce que vous pouvez vous présenter ?

  • Speaker #3

    Vous l'avez très bien faite déjà. Je ne saurais qu'ajouter, vous avez trouvé la bonne bio sur internet, ce qui n'est pas évident.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous pourriez nous parler de votre parcours autant militant que professionnel ? Comment on arrive à avoir autant de métiers ?

  • Speaker #3

    Ça a été évidemment, comme pour tout le monde, un chemin. Comédienne, j'ai toujours voulu faire ce métier-là. Simplement, à l'époque, quand j'étais toute petite, je pensais qu'en gros, c'était le métier de comédien, mais pour une femme. Or, comédienne, quand je suis arrivée au cours Florence, c'était plutôt un métier d'objet sexuel qu'on me demandait de faire. Et ça, il ne faut pas beaucoup de compétences, n'est-ce pas ? Je me suis rendue compte que si vraiment je voulais être une comédienne, comme un comédien, mais en femme. Faire autre chose que d'être mise à poil, subir des violences sexuelles et être éternellement jeune et belle, je ne sais quoi. Il fallait que je crée moi-même mon métier et ça tombe très bien puisque j'écris aussi, que je mets en scène aussi. Et puis d'autre part, en même temps, je suis devenue militante, engagée sur le terrain pour les droits des femmes. J'ai été formée par le CFCV, le Collectif Féministe contre le Viol, qui est une des associations les plus importantes, avec le numéro d'appel national, anonyme et gratuit 0800 05 95 95. Donc vous pouvez aussi. appelée d'Alsace. Et c'est des écoutantes qui répondent. Un tiers du temps, c'est des victimes directement. Un tiers du temps, c'est des proches qui ne savent pas comment aider. Et un tiers du temps, c'est des professionnels qui sont en demande de conseils pour accompagner des publics. Donc ça a été une des associations qui m'a formée. J'ai milité avec plein d'autres sur beaucoup de sujets. Je suis devenue ex-merte, comme j'aime dire, de tout ça. En parallèle, j'ai créé Compte-Arbour. Ça m'a amenée à créer La Féminine Universelle. Donc une langue féminisée, l'exact inverse du masculin l'emporte, là c'est la féminine qui l'emporte, qui est une création littéraire militante et qui permet, comme d'ordinaire tout est masculinisé, de faire réentendre les femmes dans la langue. Aînée la pérille mortelle avec ça il y avait aussi Opinion d'une femme sur les femmes de Fanny Raoul, qui est une pièce de la matrimoine. Et donc en fait... Tout ça, ça a multiplié les casquettes. Et en plus, je me suis mise à donner des formations, du coaching, comme on veut l'appeler, dans des entreprises, des associations, des syndicats ou en individuel. Soit sur la prévention des violences sexistes et sexuelles au travail, puisque j'ai travaillé aussi avec la VFT, l'Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail. Soit sur tout ce qui est estime de soi, assurance dans la prise de parole en public, notamment pour les femmes, puisqu'on sait que c'est plus compliqué pour les femmes de s'exprimer en public. Et donc c'est un peu tout ça.

  • Speaker #4

    Pour en revenir à aujourd'hui, vous venez donc de jouer Comte à rebours et vous allez jouer tout à l'heure la One Feminist Show, Péril mortel, à la Maison de la Culture Populaire de la Cité à Mulhouse. Pouvez-vous nous présenter ces deux pièces à nos auditeurs et auditrices ?

  • Speaker #3

    Alors Comte à rebours, vous en avez un peu parlé, c'est une réécriture féministe des contes de fées. Donc on croise des personnages qu'on connaît avec Disney, avec Perrault, les Cendrillon, Blanche-Neige, le petit chaperon rouge qui est devenu la grande chaperonne rouge. Et chacune, elles vont reprendre la parole, se raconter elles-mêmes, se mettre du côté des victimes, se mettre en empathie, et puis remettre la culpabilité là où elle est. Le baiser sauveur du prince, on rappelle que c'est une agression sexuelle punie de 50 tôles, etc. Je passe par différentes émotions. Il y a des moments où on rit, où on est plus en mode stand-up, comme dans Blanche-Neige. Des moments de témoignage, où on est plus en mode théâtre interactif aussi, avec Cendrillon par exemple. Des moments de comptine avec les sept filles de l'ogre, des moments de chant ou de slam, même avec Sherazade. Des moments de discours militants, vociférés, comme avec la chaperonne rouge. Le prologue est plutôt pédagogique, c'est plutôt une espèce de conférence gesticulée. Et je passe la version longue sur le viol de la petite sirène. C'est plus de la poésie, une écriture très dramatique. Je me balade entre les registres, les émotions, etc. pour faire passer un maximum d'outils de conscientisation, de compréhension du système d'oppression, d'émancipation via les luttes collectives et la sororité, etc. et que chacune, chacun y trouve son compte parce que certaines, ça va être plus la poésie, d'autres, ça va être plus le stand-up. Et voilà, de rencontrer tout le monde.

  • Speaker #1

    Et vous faites le parallèle entre contes, violences sexistes, sexuelles, conjugales et bien d'autres. Personnellement, quand j'étais petite, je m'y suis... pas du tout rendu compte de ça dans les contes. Je m'en suis rendu compte bien plus tard. Et vous, quand et comment vous en êtes rendu compte ?

  • Speaker #3

    Ce que je dénonce, je ne me suis pas rendu compte de tout ça tout de suite. Mais certains trucs quand même. Je me souviens qu'en CE2, on avait étudié le conte du petit pousset. Et donc, il y a un moment donné, où le petit pousset, trop malin, pour sauver ses frères, il échange les couronnes qui sont sur la tête des petites filles, donc des filles de l'ogre, avec leur bonnet de nuit. Donc on sent un peu l'insulte sale bourgeoise blanche. Vous aviez des couronnes, dormir avec une couronne, c'est maltraitant. Tu te blesses, déjà. Bref, ils échangent et du coup, à tâtons, l'ogre tâte du côté des garçons. Il trouve les couronnes à la main, il se dit j'ai failli manger mes filles. Et donc il va manger ce qu'il croit être les garçons, en fait c'est ses filles. Et donc c'est comme ça qu'ils s'en sortent. Après avoir bouffé, il fait une sieste et puis là, il sort par la fenêtre. T'as envie de dire, si tu pouvais sortir par la fenêtre, tu ne pouvais pas le faire tout de suite. Donc voilà, et là, à la fin, tout est bien qui finit bien. En plus on décrivait la mère qui arrive au milieu des cadavres, des restes de ses filles, et qui pleure avant que l'autre y mette ses bottes de cette lieu et il se barre. Il y a une mère qui pleure, c'est cette fille bouffée par leur propre père ? Et c'est une histoire qui finit bien. Non mais on s'en fout parce que c'est des ogresses. La double peine. Déjà ton père c'est un ogre, et en plus de ça du coup tu vois rien. Ton père est un agresseur, du coup on s'en fout de toi. Non c'est pas des ogresses, si c'était des ogresses elles les auraient bouffées. Et vu ce qu'ils leur ont fait subir, elles auraient peut-être eu raison. Et je me souviens que j'avais eu, je sais plus si c'était une punition, un truc recopié, je ne dois pas m'énerver en classe, mais j'avais trouvé ça horrible. On nous apprenait que notre rôle, c'est de mourir pour que les garçons, ils aillent bien. Mais non ! Jamais ! Mais ça va pas ! Et donc voilà, ça fait partie des trucs où je me souviens que ça m'avait rendu dingo. Oui, ou le truc de faire le ménage, là. Voilà, pour Blanche-Neige, elle vient d'être abandonnée dans une forêt avec un mec qui a essayé de la tuer, là, toute seule, truc. Enfin non, les animaux de la forêt, parce que n'importe quoi. Et bref, elle se dit, je vais faire le ménage. Mais non ! J'avais compris que ranger ma chambre, déjà, moi, ça me rendait dingue. Donc non ! Absolument jamais ! Donc il y avait deux, trois arnaques que j'avais vues quand même. La péril mortel est arrivée un peu plus tard, en 2017, avant MeToo, juste avant MeToo. MeToo, MeToo,

  • Speaker #2

    moi, moi aussi, MeToo, on parle de plus en plus, vous savez, des féminicides comme... Ils nous disent homicide, ils attendent des manifestations importantes !

  • Speaker #3

    Et donc la péril mortel, c'est parce que l'Académie française, ces glandus de merde, avaient sorti un texte pour dire que l'écriture inclusive était une péril mortel pour la langue française, n'importe quoi. Enfin, un péril mortel en l'occurrence. Parce que voilà, dire bonjour à toutes et à tous, ça détruit la langue. Je sais pas si vous le saviez. Alors que la langue française n'a jamais été autant parlée, simplement comme ça en Afrique noire, ça les arrange pas. Non, en Afrique subsaharienne. Voilà. Ils avaient vraiment pondu un texte, je vous encourage à le lire, parce que c'est tellement débile, où ils sont là, affolés, je sais pas quoi, qu'on détruise leur langue. Mais qui êtes-vous ? Parce que vous allez voir qu'ils sont complètement incompétents. personnes, c'est de la cooptation entre nullos, c'est impressionnant. Donc, voilà, ça m'avait tellement énervée que je me suis dit ok, je vais écrire La Pérille Mortelle, je vais tout inverser, je vais devenir une académicienne misandre. En l'occurrence, vous allez la rencontrer tout à l'heure, qui s'appelle Aline Finkielkruth, qui a toute ressemblance avec des personnes existantes et fortuites, tout à fait.

  • Speaker #2

    L'académicienne Aline Finkielkruth est une cardinale On l'appelait la cardina de Richelieu. Elle portait l'antronyme de Richelieu. Elle avait créé une rassemblement de ses copines qu'elle avait appelée l'Académie française. Et il y a des siècles d'après, elle est encore pétée le moment de l'élève. Elle était une fois une grand-mère, et elle nous la nommons Claude-Fabre-Gonjlas. Celle-ci trouvait que la langue dont on parlait alors dans ce pays n'était pas encore dans ses sexistes, sachant que la langue était une langue politique. sur la pensée, elle avait dirigé la lettre de la féminine en potes, la masculine, au prétexte que la femme est la femme, et aussi avec l'argument de la supériorité de la femme sur le mal dans la nature. Fille des règles élémentaires qui existaient jusqu'ici. Une nouvelle règle de proximité. Désormais, pour bien parler aux procès, on se devait de dire les femmes et les hommes sont belles. Ainsi, fille... de la vague de majorité, des thématiques démocratiques pénibles. Maintenant, si on met dans cette salle, mettons, 100 000 hommes et une bougie, doit-on dire qu'elles sont brillantes ou qu'ils sont en fumée ? Ainsi, la genre féminine, genre des femmes, peut également se dégrader genre neutre. Ainsi, des femmes furent redéfinies,

  • Speaker #3

    selon la bâtloire de ces dames,

  • Speaker #2

    détentrices du bon sens.

  • Speaker #3

    Et donc, fin qu'elle croûte, elle a envie que la féminine continue de l'emporter sur la mascouilline. Et toutes ces femmes-là, elles justifient en fait l'oppression des hommes par des trucs naturalistes, du style on fait les enfants donc on est forcément supérieurs. Et là d'ailleurs, on voit que ça marche mieux. Bon bref, voilà. Et donc, je vais vous emmener dans des mondes inversés. Et on va voir ce qui se passe. Et c'est une façon cathartique de pouvoir s'imaginer ce que ça pourrait faire. Et puis surtout de créer de l'empathie pour les femmes. Parce qu'en fait, même si c'est pour de fausses pendant une heure et demie, on souffre pour les hommes. Dans la pièce, alors je ne fais rien en fait, je n'en prends aucun sur scène pour l'humilier et tout, je pourrais, je ne fais même pas ça. Alors que les femmes subissent vraiment de ça, mais depuis 100 000 ans, et pour de vrai. Donc du coup, ça permet de se dire, ah ouais, ce n'est pas normal, voilà, c'est l'objectif.

  • Speaker #4

    Donc dans Compte à rebours, vous revenez sur les contes qui ont bercé l'enfance de la plupart des jeunes. Pour vous, en quoi la littérature jeunesse, notamment les contes, façonnent-ils nos imaginaires et pourquoi voulez-vous reprendre ces histoires sous un angle féministe ?

  • Speaker #3

    Oui, toutes et tous pratiquement. On a soit vu des Disney, soit en tout cas on a entendu parler. Et puis on a étudié à l'école, puisque c'est au programme. Les contes en primaire, au collège, ça revient même parfois au lycée. Les Perrault, les Grimm, les Anderson, les machins. Et donc c'est un imaginaire commun qui nous rassemble. Autant Star Wars, il y a les gens qui l'ont vu, les gens qui l'ont pas vu. Les contes, a priori, tout le monde voit un petit peu le plot de Blanche-Neige. Et d'ailleurs, dans tous les pays du monde, pratiquement. Il y a une version en anglaise de Contrebourg et... J'ai pu rencontrer des femmes en Chine qui connaissent l'histoire de Manchenèges. Donc ça, ça rassemble. Et comme d'habitude, ça sert à faire passer des messages misogynes de propagande, là, je m'en sers pour faire exactement l'inverse et nous rendre nos imaginaires. Donc c'est pour ça que j'ai voulu travailler là-dessus.

  • Speaker #1

    Et c'est un spectacle que vous avez pensé spécifiquement pour le jeune public ?

  • Speaker #3

    Non, pas du tout. Au départ, c'était un spectacle pour les adultes, en l'occurrence pour les femmes. Parce que j'ai l'outrecuidance de dire, à l'instar de Fanny Raoul en 1801, qui était une grande... philosophesse, écrivaine, penseuse, journaliste politique de son époque, que personne ne connaît parce qu'elle a été effacée des livres d'histoire, mais qui est très importante, et dont je joue d'ailleurs, c'est un de mes quatre spectacles, Opinion d'une femme sur les femmes. Elle, elle écrivait déjà en 1801, c'est pour les femmes seules que j'écris. Voilà, si elle peut le dire en 1801, je pense que je peux le dire maintenant. Donc c'est pour les femmes seules que j'écris et que je joue. Les hommes sont autorisés dans la salle. Alors pas toujours, des fois en faisant non-mixité, c'est aussi magnifique. J'adore, ça me repose. Mais... Donc quand ils sont autorisés, c'est encore un privilège qu'ils ont d'avoir accès à ça. Et puis si certains en font des choses bien et prennent les messages et sont moins pénibles pour les femmes autour d'eux, c'est magnifique. Mais en tout cas, moi, si je devais penser à eux, je n'écrirais rien. Si je devais me dire qu'est-ce qui va les mettre en colère, qu'est-ce qui va les vexer, je n'écrirais rien parce qu'ils se vexent de rien. J'ai déjà vu un serveur pleurer physiquement parce qu'on lui a dit, nous, c'est pas mesdemoiselles, c'est mesdames. Il a versé la larme, le taré. Enfin, je veux dire, tu vois, c'est un jeune, hein ? Voilà, du coup, j'ai envie d'écrire, donc je pense pas à eux. Je me tape de comment ils vont le recevoir. Moi, ce que je veux, c'est faire passer des messages aux femmes, parce que je sais que dans toutes les luttes contre toutes les oppressions, c'est l'alliance des opprimés, quand elles sont un nombre suffisant, les études disent autour de 30%, c'est même pas la moitié, hein. C'est l'alliance d'assez d'opprimés qui fait plier le système oppresseur. Et pourquoi on n'a pas besoin d'être plus de 30% ? Parce que c'est le maître qui a besoin de l'esclave et pas l'inverse. Vous avez remarqué au moment du Covid, les femmes font tous les boulots essentiels. Nous, on arrête de faire des trucs, tout s'écroule.

  • Speaker #4

    Donc aujourd'hui, vous avez vraiment beaucoup de casquettes. Vous êtes autrice, comédienne, metteuse en scène, chroniqueuse média, formatrice, conférencière et engagée. Comment trouvez-vous le temps d'allier tout ça ?

  • Speaker #3

    Mais on ne trouve pas le temps, donc on n'en dort pas beaucoup. Là, vous voyez, je viens de finir. De jouer et de donner un débat, je n'ai même pas fini de débarrasser la scène, je n'ai pas encore eu le temps de faire des balansons avec la guitare, ni de l'accorder, et puis on va recommencer, j'aurai à peine le temps de pisser. Les artistes ne sont pas souvent pour des feignasses, et il n'y a rien de plus fausse.

  • Speaker #1

    Vous vous dites vous-même engagée pour différentes causes, que ce soit le droit des femmes, des enfants, des animaux. Quel lien vous faites dans ces différentes causes ? Est-ce que pour vous, c'est les mêmes mécanismes sociaux qui sont à l'œuvre ?

  • Speaker #3

    Exactement, oui. D'abord, on a le même ennemi principal, comme dirait Christine Delphi, c'est-à-dire les hommes agresseurs ont commencé, avant d'agresser des personnes qui habitaient loin, donc de commettre des agressions racistes, évidemment, ils ont commencé par agresser qui étaient déjà autour d'eux. Et donc là, on retombe sur les femmes, les enfantes et les enfants, et les personnes animales non humaines. Et puis on peut ajouter la nature, l'appropriation de la nature. Dans toutes ces fois-là, il y a une logique d'appropriation, d'objectisation, le fait... d'exploiter aussi, de traiter en exploitant à la fois les femmes, les enfantes, les enfants, et les personnes animales non humaines, et la terre. Et donc pour moi c'est les oppressions premières qui permettent toutes les autres, et c'est en se calquant sur ces oppressions-là primitives, en fait, qu'on peut aussi opprimer ensuite des populations où on trouve aussi des hommes. C'est les oppressions qu'on retrouve partout sur la terre, où il y a des hommes, et donc des femmes, des enfantes, des personnes animales non humaines et de la nature opprimée.

  • Speaker #1

    Après la pièce que vous venez de jouer, Comte à rebours, il y a eu un temps d'échange avec les élèves qui étaient présents. Vous avez parlé de votre engagement pour l'abolition de la prostitution. C'est une thématique qui est débattue à l'intérieur même des milieux féministes. Alors pourquoi cette position ?

  • Speaker #3

    Elle n'est pas vraiment débattue à l'intérieur des milieux féministes. En fait, moi je ne pense pas que féministe, ça veut dire tout et n'importe quoi. Si on est pour un système d'exploitation et de violence sexuelle tarifé, On n'est pas féministes pour moi. Donc en fait, je comprends que ça choque ce que je viens de dire, puisque évidemment, l'officiel mouvement féministe est divisé sur cette question. Mais en fait, moi je suis sur le terrain là. Donc les vrais féministes, non. C'est clair, évidemment. Si la prostitution, c'était féministe, les hommes seraient contre. D'accord ? Voilà.

  • Speaker #1

    Vous êtes notamment l'inventrice de la langue à la féminine universelle. La féminine universelle, est-ce que vous pouvez préciser c'est quoi ? Et est-ce que vous avez aussi écrit... Un panel de règles grammaticales, comme on peut retrouver pour le masculin universel qu'on utilise.

  • Speaker #3

    Alors, je me suis amusée à écrire une manifeste de la féminine universelle qu'on peut trouver sur mon site internet, en effet, qui est sortie d'ailleurs dans un livre qui s'appelle Droits humains pour toutes et tous enfin bref. Mais elle n'y a pas de règles fixes. J'ai l'habitude de dire qu'on ne respecte de règles que menstruelles. Donc, il n'y a pas une nouvelle académie et souvent, des femmes m'écrivent en disant je suis désolée je ne maîtrise pas totalement la féminine universelle encore. Et je dis, mais en fait, d'abord, personne ne peut la maîtriser, parce qu'elle est libre, précisément, elle aussi. Elle est indépendante, elle est autonome, elle évolue, elle s'enrichit des trouvailles de chacune, elle s'approprie de mille manières. Et puis, d'autre part, on ne peut pas faire de fautes, sauf sur famage. Famage, je suis un peu une ayatollah. C'est un mot que j'ai inventé, et j'ai appris d'ailleurs que plusieurs féministes l'avaient inventé de leur côté avant, et je ne l'avais pas su. notamment Florence Moreno des Chiennes de garde en 2006. Donc, famage, je veux qu'on dise une famage, et pas un femage. Il doit y avoir une, évidemment. Et puis, fem, je m'en fous quand on entend fem, ça intéresse qui, les trois des fem ? Donc, femme, je veux qu'on entend femme, donc c'est évidemment une famage. Mais à part ça, à partir de la moment où ça va dans le sens de l'émancipation des femmes, dans notre intérêt, alors chacune peut s'en saisir comme elle la souhaite, comme ça lui chante, comme elle y parvient. Et surtout dans les moments où elle en a envie. Encore une fois, moi je n'utilise pas tout le temps. Je n'ai pas envie d'avoir des débats avec un mec dans la rue au pif.

  • Speaker #1

    Vous nous disiez avoir créé la féminine universelle quand vous avez écrit Conte à rebours, le spectacle qu'on a pu voir. Pourquoi vous avez eu besoin de créer la féminine universelle dans l'écriture de spectacle ?

  • Speaker #3

    Au départ, je ne me suis pas dite tiens, il faut que je travaille la langue J'ai d'abord voulu réécrire les contes de fées et je suis tombée sur cette première phrase il était une fois Donc c'est une fois qu'elle était et il y avait un mec, ce il qui voulait commencer mon bouquin et parader en tête et ce n'était pas possible. Alors j'ai écrit elle était une fois et là c'est comme si je tirais un fil d'une toile d'araignée infinie. Et d'autre part, parce que je crois qu'on ne peut pas écrire une œuvre féministe avec une grammaire masculiniste. C'est très compliqué. construire une pensée féministe avec des outils, des mots, des accords qui la détruisent. Donc, pour arriver à aller au bout de mes pensées, j'avais besoin de me réapproprier la langue de manière féminisée, d'une manière où on est non seulement entendable, visible, mais en plus, là, en l'occurrence, majoritaire.

  • Speaker #4

    Ces dernières années, il y a pas mal de reformulations de la langue, que ce soit en France ou ailleurs. pour justement un peu féminiser, pour remettre de l'égalité. Il y a notamment l'écriture inclusive, la fameuse. Alors, que pensez-vous de l'écriture inclusive dite mainstream ?

  • Speaker #2

    Les petits masculinistes, qui vêtement, ont obtenu une forme masculine du nom de maîtresse. C'est de l'art de la musique, d'autrice. Mais si, ça va se faire. Je me souviens, ça s'écrit A-U-T-M-T-S. Qu'est-ce qu'il y a ? Ça ne s'entend pas, hein ? L'oral ! que c'est masculin. Merci. D'abord, quand on est autrice, on écrit, alors c'est plus important qu'à l'écrit.

  • Speaker #3

    Alors l'écriture inclusive, c'est la moindre des choses. Alors déjà, on parle d'écriture, mais c'est une parlure inclusive aussi. C'est-à-dire que là, si je dis bonjour à toutes et à tous, on est dans la parlure inclusive. C'est juste l'idée de ne pas invisibiliser les opprimés, donc en l'occurrence les femmes. Après, on focalise beaucoup sur cette histoire de points médians à l'écrit. Les gens là qui disent Ah, illisible ! En vrai, c'est total lisible. Mais quelle mauvaise foi. Si vous voyez collégien.médian.nes, vous n'arrivez pas à lire collégienne et collégien ? Sérieusement ? Les gens me disent ça alors que quand vous voyez un M majuscule, un M minuscule et un E, tout le monde arrive à comprendre que c'est Madame. C'est beaucoup moins facile pour l'entente. Moi, souvent, les gens me disent Mais du coup, comment est-ce qu'il faut lire collégienne.médian.nes ? Non, tu dis les collégiennes et les collégiens à l'oral. Parce que c'est, à l'écrite, une proposition. d'abréviation facultative si t'as envie de te faire chier à écrire les collégiennes et les collégiens mais fais-la, on s'en fiche complètement c'est juste une proposition pour aller plus vite, mais ça se dit pas à l'oral, de la même manière que si tu vois M majuscule, M minuscule, E tu vas pas bêtement te faire M tu vas dire MADAME donc déjà, cette focalisation sur le point médian elle est débile, parce que si t'as pas envie de t'en servir, tu t'en sers pas, et qu'en plus c'est que à l'écrite, donc voilà L'écriture inclusive, ça va beaucoup plus loin. La parlure inclusive, ça va plus loin. Et c'est aussi revenir à des choses qui existaient avant, comme je l'explique dans le spectacle, la règle de proximité, avec l'adjectif qui s'accorde avec le mot qui lui est le plus proche. Donc, comme l'exemple que je donne dans Compte-Arbour, les femmes et les hommes sont égaux, les hommes et les femmes sont égales. Voilà, c'est simple. Et comme ça, quand on a une énumération, on n'a pas besoin de s'amuser à compter je ne sais quoi. On accorde avec le mot qui est collé à l'adjectif. Et si on regarde... Les œuvres qu'ils n'ont pas réussi à totalement dénaturer par toutes, parce qu'avec les Alexandrins, s'ils masculinisaient, il y avait un pied en trop, ou alors ce n'était plus la bonne rime. Donc sur certains vers de Corneille ou de Racine, on voit que c'est l'accord de proximité. Il y avait aussi l'accord d'importance dans une énumération. Je veux donner de l'importance à un mot plus qu'à un autre, donc j'accorde avec celui-là. Il y avait aussi l'accord de choix, donc je choisis. Il y a des termes féminines, masculines, et du coup je choisis si j'accorde à la féminine ou au masculin. Et puis, pour finir, il y avait l'accord de majorité. J'accorde à la majorité, plus de femmes que d'hommes, on accorde à la féminine, basta. Donc ça, c'est revenir à des choses qui ont existé l'immense majorité de la vie de la langue française. Et par ailleurs, là, on a une légitimité et sémantique et historique à parler de manière plus égalitaire, puisque la langue française est équipée pour l'égalité. Ce n'est pas le cas de toutes les langues, c'est son cas. En revanche, même si la règle du masculin l'emporte avait été toujours là depuis l'Antiquité, Mais je m'en tape, j'aurais quand même changé ça. C'est pas parce qu'un truc est vieux que c'est bien. C'est vrai, Depardiable est vieux, c'est pas bien. Gérard Depardiable, je veux dire. Vous voyez ? Il n'est pas accusé de viol.

  • Speaker #4

    Et donc pour vous, quel est l'intérêt d'utiliser la féminine universelle plutôt que l'écriture inclusive ?

  • Speaker #3

    Alors l'écriture ou la parlure inclusive, c'est quelque chose qu'on fait pour rendre visibles les deux sexes, et je la pratique dans plein de contextes. Je ne parle jamais au masculin l'emporte, je parle soit en inclusive, mais en fait, en inclusive, le masculin l'emporte. Moi, ça me pose problème. En inclusive, on dit toujours il s'agit de la la la C'est-à-dire que le masculin fait toujours le neutre en inclusive. La seule chose que vous faites, c'est que quand vous nommez des gens, vous nommez aussi des femmes. Donc bonjour à toutes et à tous. Moi, j'ai eu envie de faire autre chose. Je peux l'utiliser dans plein de contextes, c'est utile dans plein de contextes, mais je suis une artiste, je suis une littéraire. Et je vous signale que quand Pérec écrit un livre sans les E, par exemple, tout le monde dit que c'est génial. Évidemment, en plus, il enlevait les E. Les E, qu'est-ce que ça marque ? La féminine. Voilà, super. Quand Prévert, pour le coup, écrit Elle pleut, on dit que c'est un génie, c'est un poète. Même Necfeu, qui d'ailleurs est accusé de viol, le rappeur, quand il dit, il chante Elle pleut, pareil, génie. Quand moi je dis elle pleut, peine de mort. Donc vous voyez, déjà, il y a un deux poids deux mesures. Et moi j'ai voulu m'approprier la langue, faire entendre les femmes à la maxime femme. Par exemple là vous voyez, j'ai enlevé homme de maximum. Je ne fais pas de l'étymologie moi. Je fais de l'art, de la littérature, et je fais de l'impertinence pertinente. Donc à la maxime femme, comme ça on entend femme. Et bien c'est une manière pour moi de me redresser, d'exister dans ma propre tête, d'exister au monde, de faire rire les femmes aussi, de faire réaliser aux hommes ce que ça peut être. Ne serait-ce qu'une heure et demie pour de fausses, être invisibilisé dans la langue ou minimisé, alors que nous c'est pour de vrai, depuis 150 ans dans les usages.

  • Speaker #1

    Vous utilisez l'histoire et les histoires, les contes, pour expliquer des règles grammaticales sexistes. Et quelles sont les réactions du public ?

  • Speaker #3

    Elles sont variables, parce que chaque personne est singulière, donc les publics ne sont jamais les mêmes, les dynamiques, c'est la joie des spectacles vivants. Donc elle y a un peu de toutes. J'ai évidemment une majorité de femmes qui viennent me voir. Là, c'était des lycéennes et des lycéens qui étaient forcés d'être là. Donc là, c'était mixte. Mais dans la vraie vie, j'ai davantage de femmes qui viennent me voir. Plus je suis un peu reconnue dans les médias, plus les hommes se déplacent. Genre, un peu connue, ça vaut le coup de se déplacer. Mais les femmes, elles n'ont pas attendu ça. Elles savent qu'on peut être génial et pas connue. Et donc, évidemment, il y en a plein qui me disent déjà que la féminine universelle... les redresse, leur fait de la bienne, qu'elles l'essayent après et tout ça, et que ça fait quelque chose, ça surprend au début. Au fur et à mesure de la spectacle, c'est la première fois qu'elles existent dans la langue, en fait. Et ça, ça fait quelque chose, en vrai. Le langage structure la pensée, donc on pense différemment. Là,

  • Speaker #2

    ça nous fait, on a voté le membre, on vient de faire un certain nombre d'hommes, et tout le monde dit que c'est la journée du but, d'appelons pas de deux hommes. C'est les masculins qui ont trouvé le nom, et il est super. On aurait pu le faire mieux.

  • Speaker #3

    Et puis par ailleurs, c'est une gymnastique cérébrale, je pense, qui est bonne pour la cervelle. Je sens que c'est pas mal pour lutter contre Alzheimer, cette mécanique, cette gymnastique permanente. Et puis d'autre part, sur Comte-Arbour par exemple, elles me disent beaucoup que malheureusement... Malheureusement, hein ? que certaines reconnaissent leur propre histoire, l'histoire de leur mère, l'histoire d'amis, de sœurs, sur Cendrillon qui parle de violences conjugales par exemple, La Petite Sirène, vous ne l'avez pas vue dans cette version-là, mais il y a une version qui parle de viols et de mémoires traumatiques, Les Sept Filles de l'Ogre, ou Paul-Anne sur les violences pédocriminelles et l'inceste. Je me débrouille toujours pour qu'il y ait des passages émouvants, mais qu'ensuite, juste après, on rigole pour ne pas plonger. Je n'utilise pas les mots des agresseurs pour prendre soin des victimes. Au maximum, ne pas redéclencher des traumas, ne pas utiliser les mots des agresseurs, ne pas décrire des violences par le menu. Quand j'en parle, je passe soit par la poésie, soit par le slam, soit par la métaphore. Ou alors je m'applique sur les stratégies, mais je ne décris pas des violences. Parce que je sais trop ce que c'est d'être confronté à une mémoire traumatique qui se redéclenche. Là, ça les met enfin à leur vraie place, c'est-à-dire une place d'héroïne valorisée, valorisante. On est de leur côté, on est en empathie. Et que ça leur fait de la bienne aussi, que je m'autorise la colère. C'est Andrea Dworkin, grande féministe américaine, qui disait les femmes, les héroïnes, les victimes ont le droit à la colère, elles ont même le droit à la haine, en fait. Nous, on est élevés pour aimer nos oppresseurs, voire nos agresseurs. Pourquoi les hommes respectent ce qu'il en crache dessus ?

  • Speaker #2

    C'est intéressant, non ? Bonjour, je suis Mme Dworkin. Je sens avec les pépins, les hommes,

  • Speaker #3

    souvent. D'ailleurs,

  • Speaker #2

    maintenant, je suis une garante, et tout le monde, ils me sont dégagés. Quand ils me sont pires, ils me parlent. Je sais bien. Et vous saurez qu'ils n'en font pas un mot de plus. Qu'est-ce que je vais vous faire ?

  • Speaker #3

    C'est une douleur de jour. Vous allez me parler. Et ça les femmes, c'est tellement interdit pour elles. Et moi j'en ai rien à taper. Enfin franchement, c'est pour ça que j'aime bien jouer devant des lycéennes et des lycéens, c'est qu'il y a toujours des lycéens qui font de la merde. Déjà c'est hyper drôle parce que comme ils sont pas très courageux, il suffit de les chanter une fois puis on les entend plus.

  • Speaker #0

    Et d'autre part, les filles voient, pour une des premières fois, enfin, c'est pas si courante en tout cas dans leur vie, de voir une femme dans le positionnement physique, vocal, elle a pas peur, elle est en position de puissance, parce qu'évidemment, je suis sur scène, j'ai un micro-casque, les gens n'en ont pas, techniquement, de toute façon, forcément, on m'entend plus, quoi. Mais qui cherchent pas à leur plaire, qui s'en tapent de leur déplaire, qui leur disent ça vous plaît pas, vous vous cassez, vous allez pas me manquer, quoi. Je m'en tape, moi, de faire de la prévention pour des types que de toute façon, c'est déjà des agresseurs. Donc si vous êtes des agresseurs, bah vous barrez. Moi je n'espère qu'en votre mort, je m'en fous. Des fois j'ai été jusque là, parce qu'on sait très bien, lorsqu'on a des lycéennes et des lycéens en face, statistiquement, il y a déjà des victimes dans la salle, mais beaucoup.

  • Speaker #1

    Un petit garçon sur trois et une petite fille sur treize subit des violences avant l'âge de 18 ans, de la part d'une femme adulte. Voilà,

  • Speaker #0

    c'est des vrais chiffres,

  • Speaker #1

    je suis un racel. Et tu n'es pas particulièrement traumatisé, quand tu es en vie, tu ne maîtrises plus tout ça. Et... La partie où je vous donnais des vrais chiffres, juste à l'inverse. En France, 0,6% des violeuses seulement passeraient par la casse-prison. Donc en France, en 2024, dans les faits, les femmes ont le droit de violer massivement les hommes impunés. Parce qu'on saurait que c'est le parcours du courant. Ils arriveraient à avoir une fliquesse, ils leur demanderaient leur téléphone, c'est un peu compliqué. Comment ils ont réussi à porter fin ? Que ça a pas fait le bon lieu ? extraordinairement mal, t'as vraiment pas une bonne entente violeuse, tu vois. Dès au procès, elle a une défense trouvée, tu te dis, bah, il était conscient de son abandon. Parce que les conséquences logiques des violences et des traumatismes, qui seraient en fait des preuves des viols, seraient considérées comme des preuves de ramasse.

  • Speaker #0

    Je rappelle qu'une petite fille sur cinq et un petit garçon sur treize seront victimes de violences sexuelles avant l'âge de 18 ans, c'est énorme. Donc là, il y avait plein d'enfantes et d'enfants qui avaient été victimes de violences sexuelles pédocriminelles. masculinistes. Et d'autre part, statistiquement, il y a aussi des filles qui sont victimes de certains garçons qui sont là, et des garçons qui sont déjà agresseurs sexuels, voire violeurs. Et qui regardent de la pornographie. Donc ils se masturbent devant des viols en série. Du coup, ouais, il y en a où des fois je leur rentre carrément plus dans l'art, mais là, ils n'ont pas osé. Parce qu'il y avait trop de filles extraordinaires. J'en ai vu qui m'ont fait des cœurs, des têtes genre Et c'est important de leur montrer qu'on n'a pas à faire allégeance. Après, les représailles sont énormes. Il faut avoir beaucoup de courage. Il ne faut pas se la cacher. Je ne suis pas capable de faire ça tout le temps. Mais les filles et les femmes me donnent tellement de courage que ça va aller.

  • Speaker #2

    Vous parlez de l'Académie française qui a changé la langue, qui l'a rendue plus masculine, etc. Est-ce que vous diriez qu'avant la création de l'Académie française, la langue française était égalitaire ?

  • Speaker #0

    Elle était plus égalitaire, mais elle y avait quand même des soucis. C'est-à-dire qu'elle y avait déjà des mots qui ne voulaient pas dire la même chose. Un homme savant, c'est un homme qui a dû savoir. Une femme savante, et c'est pour ça que Molière a nommé sa pièce comme ça. C'était déjà des péronnelles, des meufs qui se prenaient pour je ne sais pas quoi et qui étaient des grosses stupides. Compaire, ça veut dire mon ami. Comère, ça veut dire la meuf qui dit des potins. Enfin, voilà. En fait, le problème, c'est que même quand la langue est équipée pour l'égalité, si vous changez le sens des mots, et comme les hommes ont le pouvoir de nommer, ça c'est aussi André Dworkin qui le dit, la langue, elle peut jouer quand même contre nous. Donc non, ce n'était pas parfait du tout. Mais c'était beaucoup plus égalitaire dans la grammaire et dans la liberté qu'on avait aussi. C'est-à-dire que les femmes parlaient comme ça leur venait. Et donc Madame de Sévigné aurait dit Heureusement, heureuse, je la suis Oui, évidemment. Et puis un truc était bien quand même, parenthèse. L'orthographe n'existait pas non plus. C'est-à-dire que Molière, il pouvait écrire quatre fois le même mot de quatre manières différentes sur la page. Parce qu'on écrivait en phonétique. Louis XIV, des fois il signe avec un I, des fois il signe avec un Y. Genre, vous imaginez le nombre de temps qu'on perd avec cette merde. Et ça, c'est aussi un truc de l'académie française, un truc élitiste pour distinguer, je les cite, les hommes de lettres des pauvres d'esprit et des simples femmes. Nous, on est après les pauvres d'esprit, mesdames. C'est-à-dire que les seuls qui vont avoir le temps d'apprendre ces règles débiles, ça va être les hommes dominants. Donc, on va les reconnaître sur un CV, ceux qui font des fautes. et celles qui en font pas, etc. Et donc, c'est de la merde aussi. Il faudrait revenir à un monde sans orthographe, ça serait super. Je milite pour l'abolition de l'orthographe. En tant que dysorthographique, ça marcherait.

  • Speaker #2

    Lorsqu'on vous accuse de dénaturer la langue française, finalement, pour vous, votre démarche ne serait pas plutôt une renaturalisation de la langue et un réenrichissement ? Si,

  • Speaker #0

    tout à fait. Une renaturalisation, comme on renaturalise des zones qui ont été bétonnées, bousillées par les patriars capitalistes merdiques. Donc, c'est un peu ça.

  • Speaker #3

    je s'aime et je m'amuse énormément et pour terminer sur cette question de la langue la langue c'est aussi la source de nos imaginaires, de notre imagination est-ce que la féminine universelle pour vous c'est une solution pour s'ouvrir à de nouveaux imaginaires ?

  • Speaker #1

    on vous en met en matière de force vous n'avez pas besoin de vous dévager vu que je vais passer depuis cette année d'opprimé à un petit peu plus

  • Speaker #0

    Oui, elle ouvre des horizons de création, ça c'est clair. C'est-à-dire que ça demande de se poser la question. Par exemple, moi des fois j'ai la question parce que voilà, et puis d'autres fois je me dis c'est très féministe, on va l'appeler la question. Enfin, ça demande de s'interroger qu'est-ce qu'il vaut la peine d'être féministé. Donc par exemple, la clitoris, la vagine, c'est assez évidente. La féminisme, évidemment. Par contre, le fascisme toujours. Mais du coup, on peut même dire le violence. Le verru planter, tout ce qui nous emmerde tant que les hommes massivement violent les femmes, je propose que ce soit masculin. Donc moi je veux créer cette armée sorore de résistance, l'armée des ombres. Après on aura probablement 2-3 alliés, mais ce ne sera pas décisif, il va y avoir 12 mecs, c'est pas ça qui va. Et la majorité va falloir les faire plier de force et c'est pas grave, on va y arriver. Et après, les générations d'après, ils comprendront que c'est vachement mieux, parce qu'ils auront accès à l'empathie, la communication. Du coup... le bonheur, l'amour, moi je pense que les hommes ne connaissent pas ça aujourd'hui, si les mecs mascus de base n'ont pas d'empathie, donc ils n'ont pas accès à l'amour c'est limite des morts vivants quelque part, voilà, donc je pense qu'être un mec c'est de la merde et aujourd'hui, donc quand on aura gagné, les générations d'après nous diront ah mais merci, mais la vie de merde qu'ils avaient les autres mecs avant moi, tu vois, mais oui, dans un premier temps, des types comme DSK ils n'ont pas envie que ça change, parce que toute leur vie est bâtie sur le privilège, le droit de violer impunément les femmes, donc c'est sûr ça, on veut carrément leur enlever... Nous, on ne souffre pas de ne pas violer des gens. On ne se dit pas Merde, j'aurais bien volé ce matin ! On ne se dit jamais ça, ça n'existe pas. Ils seront dans le même état, donc ils se diront Mais c'était pourri comme objectif !

  • Speaker #3

    Et nous allons malheureusement devoir conclure cet entretien. Est-ce que vous auriez un dernier mot, un dernier message à faire passer à nos auditeurs, à nos auditrices ?

  • Speaker #0

    Je vous encourage à tester la féminine universelle déjà, à voir ce que ça fait, même le temps d'une soirée. Messieurs, à... être minoritaire ou invisibilisé dans la langue. Regardez ce que ça fait. Voilà, c'est ce qu'on subit pour De Vraino. Mesdames, essayez pour prendre des forces, et puis pour rire, pour créer, parce que c'est belle. Et puis, à minima, parlez à l'inclusive. Voilà, à minima. S'il y a des femmes dans la pièce, elles doivent exister. Et si ça vous saoule de doubler tous les mots, vous parlez à la féminine. C'est ça aussi. Vous dites bonsoir à toutes, mais vous allez voir s'ils se sentent concernés. Et sinon, je vous encourage à me suivre sur les réseaux sociaux. Sur les réselles sociales, comme j'aime à les appeler lorsqu'elles ne sont pas violentes. Parce que les masculinistes m'ont trouvé. Donc si vous me trouvez aussi, c'est sympa. Donc ça s'écrit T-Y-P-H-A-I-N-E. Et puis ensuite, point D, juste la lettre D. Alors sur Instagram, ça doit être point D après un tiret. Enfin, vous allez me trouver. C'est un positionnement politique contre les patronymes. Je refuse de porter le nom de mes oppresseurs. Donc je ne porterai pas le nom des hommes. Et si je portais le nom de mon père ou le nom de ma mère, qui est en fait le nom de son père à elle. Les femmes n'ont plus de nom, donc je m'appelle Tiffen D comme Dworkin et Delphine. Et de Beauvoir et Delphine Cyrigue, enfin bref, elle y en a plein. Et puis sinon, vous êtes précieuses et personne n'a le droit de vous faire du mal. Si vous êtes un agresseur vous-même, si elle vous plaît, faites harakiri. Merci, bisous.

  • Speaker #3

    Merci beaucoup Tiffen D, inventrice d'une langue à la féminine universelle qui était de passage aujourd'hui à Mulhouse pour deux spectacles, Compte à Robourg et Péril mortel.

  • Speaker #0

    Merci. On défend, on se bat. On sait comment on se bat contre cette violence.

  • Speaker #1

    Malgré qu'il y a la mort,

  • Speaker #0

    la faim, on se débat quand même. On ne laisse pas faire.

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Description

Imaginez une monde où les femmes occuperaient l'immense majorité des postes à responsabilité. Une monde où les femmes auraient les plus gros salaires. Une monde où la féminine l'emporterait sur la masculine et où les hommes seraient invisibilisés partoute et subiraient de multiples violences à cause de la simple faite d'être un homme.

Typhaine D, inventrice d'une langue à la féminine universelle nous propose de plonger dans cette monde le temps d'une podcast. Autrice, metteuse en scène, comédienne, chroniqueuse média, formatrice et conférencière engagée pour les droits des femmes, des enfants et des personnes animales non-humaines, Typhaine D nous raconte son parcours, sa vision de la langue et ses deux spectacles qu'elle est venue jouer à Mulhouse à la MCP Cité (Maison de la culture populaire de la cité) la 26 novembre 2024 : Contes à rebours et Pérille mortelle.


Propos recueillis par Lisa et Sixtine.


Vous pouvez également lire la transcription écrite de cette interview : www.radiowne.eu/post/d


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Peu importe notre âge, notre sexe, notre culture, notre couleur de la peau ou notre religion, le 25 novembre est la journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. Il appartient à chacune de saisir l'importance de ce jour et d'y consacrer de son temps et de son énergie. Nous voulons une société basée sur la solidarité et le respect, mais nos sociétés encore patriarcales. et produisent encore ce type de violence à l'échelle de nos relations, de nos familles, dans nos lieux d'études et de travail et dans l'espace public aussi. Les manifestations, ça encourage quand même les autres aussi. Ceux qui n'osent pas parler, ceux qui n'osent pas participer, pour eux aussi c'est un espoir que ça donne quand ils nous voient dans la rue. On défend, on se bat. On sait comment on se bat contre cette violence. Malgré qu'il y a la mort, la faim, on se débat quand même. On ne laisse pas faire.

  • Speaker #1

    bonjour nous sommes le 26 novembre 2024 et nous retrouvons tiffen d

  • Speaker #2

    D'abord parce que j'ai des amis qui se plaisent. Ensuite parce que je n'ai rien de beau à ça. Même pas, ça vous rend bouche à poil. J'ai un père. Et j'ai même un tourgeon, qui ne peut pas me tiner parce qu'il ne gagne pas le SMIC, mais vous voyez, moi...

  • Speaker #1

    Siph Nd, vous êtes donc autrice, comédienne, metteuse en scène, chroniqueuse, média, formatrice, conférencière engagée pour les droits des femmes, des enfants, l'animalisme et l'écologie. Vous êtes aussi l'inventrice de la langue à la féminine universelle et la créatrice de spectacles tels que Contes à rebours que nous avons pu voir tout à l'heure. C'est une réécriture des contes antisexistes. Vous avez aussi Devenir vegan par amour ou encore... périmortel que nous aurons la chance de voir à la Maison de la Culture Populaire de la Cité à Mulhouse tout à l'heure. Bonjour Tiffany.

  • Speaker #3

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Et bonjour à Sixtine.

  • Speaker #4

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Pour commencer, est-ce que vous pouvez vous présenter ?

  • Speaker #3

    Vous l'avez très bien faite déjà. Je ne saurais qu'ajouter, vous avez trouvé la bonne bio sur internet, ce qui n'est pas évident.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous pourriez nous parler de votre parcours autant militant que professionnel ? Comment on arrive à avoir autant de métiers ?

  • Speaker #3

    Ça a été évidemment, comme pour tout le monde, un chemin. Comédienne, j'ai toujours voulu faire ce métier-là. Simplement, à l'époque, quand j'étais toute petite, je pensais qu'en gros, c'était le métier de comédien, mais pour une femme. Or, comédienne, quand je suis arrivée au cours Florence, c'était plutôt un métier d'objet sexuel qu'on me demandait de faire. Et ça, il ne faut pas beaucoup de compétences, n'est-ce pas ? Je me suis rendue compte que si vraiment je voulais être une comédienne, comme un comédien, mais en femme. Faire autre chose que d'être mise à poil, subir des violences sexuelles et être éternellement jeune et belle, je ne sais quoi. Il fallait que je crée moi-même mon métier et ça tombe très bien puisque j'écris aussi, que je mets en scène aussi. Et puis d'autre part, en même temps, je suis devenue militante, engagée sur le terrain pour les droits des femmes. J'ai été formée par le CFCV, le Collectif Féministe contre le Viol, qui est une des associations les plus importantes, avec le numéro d'appel national, anonyme et gratuit 0800 05 95 95. Donc vous pouvez aussi. appelée d'Alsace. Et c'est des écoutantes qui répondent. Un tiers du temps, c'est des victimes directement. Un tiers du temps, c'est des proches qui ne savent pas comment aider. Et un tiers du temps, c'est des professionnels qui sont en demande de conseils pour accompagner des publics. Donc ça a été une des associations qui m'a formée. J'ai milité avec plein d'autres sur beaucoup de sujets. Je suis devenue ex-merte, comme j'aime dire, de tout ça. En parallèle, j'ai créé Compte-Arbour. Ça m'a amenée à créer La Féminine Universelle. Donc une langue féminisée, l'exact inverse du masculin l'emporte, là c'est la féminine qui l'emporte, qui est une création littéraire militante et qui permet, comme d'ordinaire tout est masculinisé, de faire réentendre les femmes dans la langue. Aînée la pérille mortelle avec ça il y avait aussi Opinion d'une femme sur les femmes de Fanny Raoul, qui est une pièce de la matrimoine. Et donc en fait... Tout ça, ça a multiplié les casquettes. Et en plus, je me suis mise à donner des formations, du coaching, comme on veut l'appeler, dans des entreprises, des associations, des syndicats ou en individuel. Soit sur la prévention des violences sexistes et sexuelles au travail, puisque j'ai travaillé aussi avec la VFT, l'Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail. Soit sur tout ce qui est estime de soi, assurance dans la prise de parole en public, notamment pour les femmes, puisqu'on sait que c'est plus compliqué pour les femmes de s'exprimer en public. Et donc c'est un peu tout ça.

  • Speaker #4

    Pour en revenir à aujourd'hui, vous venez donc de jouer Comte à rebours et vous allez jouer tout à l'heure la One Feminist Show, Péril mortel, à la Maison de la Culture Populaire de la Cité à Mulhouse. Pouvez-vous nous présenter ces deux pièces à nos auditeurs et auditrices ?

  • Speaker #3

    Alors Comte à rebours, vous en avez un peu parlé, c'est une réécriture féministe des contes de fées. Donc on croise des personnages qu'on connaît avec Disney, avec Perrault, les Cendrillon, Blanche-Neige, le petit chaperon rouge qui est devenu la grande chaperonne rouge. Et chacune, elles vont reprendre la parole, se raconter elles-mêmes, se mettre du côté des victimes, se mettre en empathie, et puis remettre la culpabilité là où elle est. Le baiser sauveur du prince, on rappelle que c'est une agression sexuelle punie de 50 tôles, etc. Je passe par différentes émotions. Il y a des moments où on rit, où on est plus en mode stand-up, comme dans Blanche-Neige. Des moments de témoignage, où on est plus en mode théâtre interactif aussi, avec Cendrillon par exemple. Des moments de comptine avec les sept filles de l'ogre, des moments de chant ou de slam, même avec Sherazade. Des moments de discours militants, vociférés, comme avec la chaperonne rouge. Le prologue est plutôt pédagogique, c'est plutôt une espèce de conférence gesticulée. Et je passe la version longue sur le viol de la petite sirène. C'est plus de la poésie, une écriture très dramatique. Je me balade entre les registres, les émotions, etc. pour faire passer un maximum d'outils de conscientisation, de compréhension du système d'oppression, d'émancipation via les luttes collectives et la sororité, etc. et que chacune, chacun y trouve son compte parce que certaines, ça va être plus la poésie, d'autres, ça va être plus le stand-up. Et voilà, de rencontrer tout le monde.

  • Speaker #1

    Et vous faites le parallèle entre contes, violences sexistes, sexuelles, conjugales et bien d'autres. Personnellement, quand j'étais petite, je m'y suis... pas du tout rendu compte de ça dans les contes. Je m'en suis rendu compte bien plus tard. Et vous, quand et comment vous en êtes rendu compte ?

  • Speaker #3

    Ce que je dénonce, je ne me suis pas rendu compte de tout ça tout de suite. Mais certains trucs quand même. Je me souviens qu'en CE2, on avait étudié le conte du petit pousset. Et donc, il y a un moment donné, où le petit pousset, trop malin, pour sauver ses frères, il échange les couronnes qui sont sur la tête des petites filles, donc des filles de l'ogre, avec leur bonnet de nuit. Donc on sent un peu l'insulte sale bourgeoise blanche. Vous aviez des couronnes, dormir avec une couronne, c'est maltraitant. Tu te blesses, déjà. Bref, ils échangent et du coup, à tâtons, l'ogre tâte du côté des garçons. Il trouve les couronnes à la main, il se dit j'ai failli manger mes filles. Et donc il va manger ce qu'il croit être les garçons, en fait c'est ses filles. Et donc c'est comme ça qu'ils s'en sortent. Après avoir bouffé, il fait une sieste et puis là, il sort par la fenêtre. T'as envie de dire, si tu pouvais sortir par la fenêtre, tu ne pouvais pas le faire tout de suite. Donc voilà, et là, à la fin, tout est bien qui finit bien. En plus on décrivait la mère qui arrive au milieu des cadavres, des restes de ses filles, et qui pleure avant que l'autre y mette ses bottes de cette lieu et il se barre. Il y a une mère qui pleure, c'est cette fille bouffée par leur propre père ? Et c'est une histoire qui finit bien. Non mais on s'en fout parce que c'est des ogresses. La double peine. Déjà ton père c'est un ogre, et en plus de ça du coup tu vois rien. Ton père est un agresseur, du coup on s'en fout de toi. Non c'est pas des ogresses, si c'était des ogresses elles les auraient bouffées. Et vu ce qu'ils leur ont fait subir, elles auraient peut-être eu raison. Et je me souviens que j'avais eu, je sais plus si c'était une punition, un truc recopié, je ne dois pas m'énerver en classe, mais j'avais trouvé ça horrible. On nous apprenait que notre rôle, c'est de mourir pour que les garçons, ils aillent bien. Mais non ! Jamais ! Mais ça va pas ! Et donc voilà, ça fait partie des trucs où je me souviens que ça m'avait rendu dingo. Oui, ou le truc de faire le ménage, là. Voilà, pour Blanche-Neige, elle vient d'être abandonnée dans une forêt avec un mec qui a essayé de la tuer, là, toute seule, truc. Enfin non, les animaux de la forêt, parce que n'importe quoi. Et bref, elle se dit, je vais faire le ménage. Mais non ! J'avais compris que ranger ma chambre, déjà, moi, ça me rendait dingue. Donc non ! Absolument jamais ! Donc il y avait deux, trois arnaques que j'avais vues quand même. La péril mortel est arrivée un peu plus tard, en 2017, avant MeToo, juste avant MeToo. MeToo, MeToo,

  • Speaker #2

    moi, moi aussi, MeToo, on parle de plus en plus, vous savez, des féminicides comme... Ils nous disent homicide, ils attendent des manifestations importantes !

  • Speaker #3

    Et donc la péril mortel, c'est parce que l'Académie française, ces glandus de merde, avaient sorti un texte pour dire que l'écriture inclusive était une péril mortel pour la langue française, n'importe quoi. Enfin, un péril mortel en l'occurrence. Parce que voilà, dire bonjour à toutes et à tous, ça détruit la langue. Je sais pas si vous le saviez. Alors que la langue française n'a jamais été autant parlée, simplement comme ça en Afrique noire, ça les arrange pas. Non, en Afrique subsaharienne. Voilà. Ils avaient vraiment pondu un texte, je vous encourage à le lire, parce que c'est tellement débile, où ils sont là, affolés, je sais pas quoi, qu'on détruise leur langue. Mais qui êtes-vous ? Parce que vous allez voir qu'ils sont complètement incompétents. personnes, c'est de la cooptation entre nullos, c'est impressionnant. Donc, voilà, ça m'avait tellement énervée que je me suis dit ok, je vais écrire La Pérille Mortelle, je vais tout inverser, je vais devenir une académicienne misandre. En l'occurrence, vous allez la rencontrer tout à l'heure, qui s'appelle Aline Finkielkruth, qui a toute ressemblance avec des personnes existantes et fortuites, tout à fait.

  • Speaker #2

    L'académicienne Aline Finkielkruth est une cardinale On l'appelait la cardina de Richelieu. Elle portait l'antronyme de Richelieu. Elle avait créé une rassemblement de ses copines qu'elle avait appelée l'Académie française. Et il y a des siècles d'après, elle est encore pétée le moment de l'élève. Elle était une fois une grand-mère, et elle nous la nommons Claude-Fabre-Gonjlas. Celle-ci trouvait que la langue dont on parlait alors dans ce pays n'était pas encore dans ses sexistes, sachant que la langue était une langue politique. sur la pensée, elle avait dirigé la lettre de la féminine en potes, la masculine, au prétexte que la femme est la femme, et aussi avec l'argument de la supériorité de la femme sur le mal dans la nature. Fille des règles élémentaires qui existaient jusqu'ici. Une nouvelle règle de proximité. Désormais, pour bien parler aux procès, on se devait de dire les femmes et les hommes sont belles. Ainsi, fille... de la vague de majorité, des thématiques démocratiques pénibles. Maintenant, si on met dans cette salle, mettons, 100 000 hommes et une bougie, doit-on dire qu'elles sont brillantes ou qu'ils sont en fumée ? Ainsi, la genre féminine, genre des femmes, peut également se dégrader genre neutre. Ainsi, des femmes furent redéfinies,

  • Speaker #3

    selon la bâtloire de ces dames,

  • Speaker #2

    détentrices du bon sens.

  • Speaker #3

    Et donc, fin qu'elle croûte, elle a envie que la féminine continue de l'emporter sur la mascouilline. Et toutes ces femmes-là, elles justifient en fait l'oppression des hommes par des trucs naturalistes, du style on fait les enfants donc on est forcément supérieurs. Et là d'ailleurs, on voit que ça marche mieux. Bon bref, voilà. Et donc, je vais vous emmener dans des mondes inversés. Et on va voir ce qui se passe. Et c'est une façon cathartique de pouvoir s'imaginer ce que ça pourrait faire. Et puis surtout de créer de l'empathie pour les femmes. Parce qu'en fait, même si c'est pour de fausses pendant une heure et demie, on souffre pour les hommes. Dans la pièce, alors je ne fais rien en fait, je n'en prends aucun sur scène pour l'humilier et tout, je pourrais, je ne fais même pas ça. Alors que les femmes subissent vraiment de ça, mais depuis 100 000 ans, et pour de vrai. Donc du coup, ça permet de se dire, ah ouais, ce n'est pas normal, voilà, c'est l'objectif.

  • Speaker #4

    Donc dans Compte à rebours, vous revenez sur les contes qui ont bercé l'enfance de la plupart des jeunes. Pour vous, en quoi la littérature jeunesse, notamment les contes, façonnent-ils nos imaginaires et pourquoi voulez-vous reprendre ces histoires sous un angle féministe ?

  • Speaker #3

    Oui, toutes et tous pratiquement. On a soit vu des Disney, soit en tout cas on a entendu parler. Et puis on a étudié à l'école, puisque c'est au programme. Les contes en primaire, au collège, ça revient même parfois au lycée. Les Perrault, les Grimm, les Anderson, les machins. Et donc c'est un imaginaire commun qui nous rassemble. Autant Star Wars, il y a les gens qui l'ont vu, les gens qui l'ont pas vu. Les contes, a priori, tout le monde voit un petit peu le plot de Blanche-Neige. Et d'ailleurs, dans tous les pays du monde, pratiquement. Il y a une version en anglaise de Contrebourg et... J'ai pu rencontrer des femmes en Chine qui connaissent l'histoire de Manchenèges. Donc ça, ça rassemble. Et comme d'habitude, ça sert à faire passer des messages misogynes de propagande, là, je m'en sers pour faire exactement l'inverse et nous rendre nos imaginaires. Donc c'est pour ça que j'ai voulu travailler là-dessus.

  • Speaker #1

    Et c'est un spectacle que vous avez pensé spécifiquement pour le jeune public ?

  • Speaker #3

    Non, pas du tout. Au départ, c'était un spectacle pour les adultes, en l'occurrence pour les femmes. Parce que j'ai l'outrecuidance de dire, à l'instar de Fanny Raoul en 1801, qui était une grande... philosophesse, écrivaine, penseuse, journaliste politique de son époque, que personne ne connaît parce qu'elle a été effacée des livres d'histoire, mais qui est très importante, et dont je joue d'ailleurs, c'est un de mes quatre spectacles, Opinion d'une femme sur les femmes. Elle, elle écrivait déjà en 1801, c'est pour les femmes seules que j'écris. Voilà, si elle peut le dire en 1801, je pense que je peux le dire maintenant. Donc c'est pour les femmes seules que j'écris et que je joue. Les hommes sont autorisés dans la salle. Alors pas toujours, des fois en faisant non-mixité, c'est aussi magnifique. J'adore, ça me repose. Mais... Donc quand ils sont autorisés, c'est encore un privilège qu'ils ont d'avoir accès à ça. Et puis si certains en font des choses bien et prennent les messages et sont moins pénibles pour les femmes autour d'eux, c'est magnifique. Mais en tout cas, moi, si je devais penser à eux, je n'écrirais rien. Si je devais me dire qu'est-ce qui va les mettre en colère, qu'est-ce qui va les vexer, je n'écrirais rien parce qu'ils se vexent de rien. J'ai déjà vu un serveur pleurer physiquement parce qu'on lui a dit, nous, c'est pas mesdemoiselles, c'est mesdames. Il a versé la larme, le taré. Enfin, je veux dire, tu vois, c'est un jeune, hein ? Voilà, du coup, j'ai envie d'écrire, donc je pense pas à eux. Je me tape de comment ils vont le recevoir. Moi, ce que je veux, c'est faire passer des messages aux femmes, parce que je sais que dans toutes les luttes contre toutes les oppressions, c'est l'alliance des opprimés, quand elles sont un nombre suffisant, les études disent autour de 30%, c'est même pas la moitié, hein. C'est l'alliance d'assez d'opprimés qui fait plier le système oppresseur. Et pourquoi on n'a pas besoin d'être plus de 30% ? Parce que c'est le maître qui a besoin de l'esclave et pas l'inverse. Vous avez remarqué au moment du Covid, les femmes font tous les boulots essentiels. Nous, on arrête de faire des trucs, tout s'écroule.

  • Speaker #4

    Donc aujourd'hui, vous avez vraiment beaucoup de casquettes. Vous êtes autrice, comédienne, metteuse en scène, chroniqueuse média, formatrice, conférencière et engagée. Comment trouvez-vous le temps d'allier tout ça ?

  • Speaker #3

    Mais on ne trouve pas le temps, donc on n'en dort pas beaucoup. Là, vous voyez, je viens de finir. De jouer et de donner un débat, je n'ai même pas fini de débarrasser la scène, je n'ai pas encore eu le temps de faire des balansons avec la guitare, ni de l'accorder, et puis on va recommencer, j'aurai à peine le temps de pisser. Les artistes ne sont pas souvent pour des feignasses, et il n'y a rien de plus fausse.

  • Speaker #1

    Vous vous dites vous-même engagée pour différentes causes, que ce soit le droit des femmes, des enfants, des animaux. Quel lien vous faites dans ces différentes causes ? Est-ce que pour vous, c'est les mêmes mécanismes sociaux qui sont à l'œuvre ?

  • Speaker #3

    Exactement, oui. D'abord, on a le même ennemi principal, comme dirait Christine Delphi, c'est-à-dire les hommes agresseurs ont commencé, avant d'agresser des personnes qui habitaient loin, donc de commettre des agressions racistes, évidemment, ils ont commencé par agresser qui étaient déjà autour d'eux. Et donc là, on retombe sur les femmes, les enfantes et les enfants, et les personnes animales non humaines. Et puis on peut ajouter la nature, l'appropriation de la nature. Dans toutes ces fois-là, il y a une logique d'appropriation, d'objectisation, le fait... d'exploiter aussi, de traiter en exploitant à la fois les femmes, les enfantes, les enfants, et les personnes animales non humaines, et la terre. Et donc pour moi c'est les oppressions premières qui permettent toutes les autres, et c'est en se calquant sur ces oppressions-là primitives, en fait, qu'on peut aussi opprimer ensuite des populations où on trouve aussi des hommes. C'est les oppressions qu'on retrouve partout sur la terre, où il y a des hommes, et donc des femmes, des enfantes, des personnes animales non humaines et de la nature opprimée.

  • Speaker #1

    Après la pièce que vous venez de jouer, Comte à rebours, il y a eu un temps d'échange avec les élèves qui étaient présents. Vous avez parlé de votre engagement pour l'abolition de la prostitution. C'est une thématique qui est débattue à l'intérieur même des milieux féministes. Alors pourquoi cette position ?

  • Speaker #3

    Elle n'est pas vraiment débattue à l'intérieur des milieux féministes. En fait, moi je ne pense pas que féministe, ça veut dire tout et n'importe quoi. Si on est pour un système d'exploitation et de violence sexuelle tarifé, On n'est pas féministes pour moi. Donc en fait, je comprends que ça choque ce que je viens de dire, puisque évidemment, l'officiel mouvement féministe est divisé sur cette question. Mais en fait, moi je suis sur le terrain là. Donc les vrais féministes, non. C'est clair, évidemment. Si la prostitution, c'était féministe, les hommes seraient contre. D'accord ? Voilà.

  • Speaker #1

    Vous êtes notamment l'inventrice de la langue à la féminine universelle. La féminine universelle, est-ce que vous pouvez préciser c'est quoi ? Et est-ce que vous avez aussi écrit... Un panel de règles grammaticales, comme on peut retrouver pour le masculin universel qu'on utilise.

  • Speaker #3

    Alors, je me suis amusée à écrire une manifeste de la féminine universelle qu'on peut trouver sur mon site internet, en effet, qui est sortie d'ailleurs dans un livre qui s'appelle Droits humains pour toutes et tous enfin bref. Mais elle n'y a pas de règles fixes. J'ai l'habitude de dire qu'on ne respecte de règles que menstruelles. Donc, il n'y a pas une nouvelle académie et souvent, des femmes m'écrivent en disant je suis désolée je ne maîtrise pas totalement la féminine universelle encore. Et je dis, mais en fait, d'abord, personne ne peut la maîtriser, parce qu'elle est libre, précisément, elle aussi. Elle est indépendante, elle est autonome, elle évolue, elle s'enrichit des trouvailles de chacune, elle s'approprie de mille manières. Et puis, d'autre part, on ne peut pas faire de fautes, sauf sur famage. Famage, je suis un peu une ayatollah. C'est un mot que j'ai inventé, et j'ai appris d'ailleurs que plusieurs féministes l'avaient inventé de leur côté avant, et je ne l'avais pas su. notamment Florence Moreno des Chiennes de garde en 2006. Donc, famage, je veux qu'on dise une famage, et pas un femage. Il doit y avoir une, évidemment. Et puis, fem, je m'en fous quand on entend fem, ça intéresse qui, les trois des fem ? Donc, femme, je veux qu'on entend femme, donc c'est évidemment une famage. Mais à part ça, à partir de la moment où ça va dans le sens de l'émancipation des femmes, dans notre intérêt, alors chacune peut s'en saisir comme elle la souhaite, comme ça lui chante, comme elle y parvient. Et surtout dans les moments où elle en a envie. Encore une fois, moi je n'utilise pas tout le temps. Je n'ai pas envie d'avoir des débats avec un mec dans la rue au pif.

  • Speaker #1

    Vous nous disiez avoir créé la féminine universelle quand vous avez écrit Conte à rebours, le spectacle qu'on a pu voir. Pourquoi vous avez eu besoin de créer la féminine universelle dans l'écriture de spectacle ?

  • Speaker #3

    Au départ, je ne me suis pas dite tiens, il faut que je travaille la langue J'ai d'abord voulu réécrire les contes de fées et je suis tombée sur cette première phrase il était une fois Donc c'est une fois qu'elle était et il y avait un mec, ce il qui voulait commencer mon bouquin et parader en tête et ce n'était pas possible. Alors j'ai écrit elle était une fois et là c'est comme si je tirais un fil d'une toile d'araignée infinie. Et d'autre part, parce que je crois qu'on ne peut pas écrire une œuvre féministe avec une grammaire masculiniste. C'est très compliqué. construire une pensée féministe avec des outils, des mots, des accords qui la détruisent. Donc, pour arriver à aller au bout de mes pensées, j'avais besoin de me réapproprier la langue de manière féminisée, d'une manière où on est non seulement entendable, visible, mais en plus, là, en l'occurrence, majoritaire.

  • Speaker #4

    Ces dernières années, il y a pas mal de reformulations de la langue, que ce soit en France ou ailleurs. pour justement un peu féminiser, pour remettre de l'égalité. Il y a notamment l'écriture inclusive, la fameuse. Alors, que pensez-vous de l'écriture inclusive dite mainstream ?

  • Speaker #2

    Les petits masculinistes, qui vêtement, ont obtenu une forme masculine du nom de maîtresse. C'est de l'art de la musique, d'autrice. Mais si, ça va se faire. Je me souviens, ça s'écrit A-U-T-M-T-S. Qu'est-ce qu'il y a ? Ça ne s'entend pas, hein ? L'oral ! que c'est masculin. Merci. D'abord, quand on est autrice, on écrit, alors c'est plus important qu'à l'écrit.

  • Speaker #3

    Alors l'écriture inclusive, c'est la moindre des choses. Alors déjà, on parle d'écriture, mais c'est une parlure inclusive aussi. C'est-à-dire que là, si je dis bonjour à toutes et à tous, on est dans la parlure inclusive. C'est juste l'idée de ne pas invisibiliser les opprimés, donc en l'occurrence les femmes. Après, on focalise beaucoup sur cette histoire de points médians à l'écrit. Les gens là qui disent Ah, illisible ! En vrai, c'est total lisible. Mais quelle mauvaise foi. Si vous voyez collégien.médian.nes, vous n'arrivez pas à lire collégienne et collégien ? Sérieusement ? Les gens me disent ça alors que quand vous voyez un M majuscule, un M minuscule et un E, tout le monde arrive à comprendre que c'est Madame. C'est beaucoup moins facile pour l'entente. Moi, souvent, les gens me disent Mais du coup, comment est-ce qu'il faut lire collégienne.médian.nes ? Non, tu dis les collégiennes et les collégiens à l'oral. Parce que c'est, à l'écrite, une proposition. d'abréviation facultative si t'as envie de te faire chier à écrire les collégiennes et les collégiens mais fais-la, on s'en fiche complètement c'est juste une proposition pour aller plus vite, mais ça se dit pas à l'oral, de la même manière que si tu vois M majuscule, M minuscule, E tu vas pas bêtement te faire M tu vas dire MADAME donc déjà, cette focalisation sur le point médian elle est débile, parce que si t'as pas envie de t'en servir, tu t'en sers pas, et qu'en plus c'est que à l'écrite, donc voilà L'écriture inclusive, ça va beaucoup plus loin. La parlure inclusive, ça va plus loin. Et c'est aussi revenir à des choses qui existaient avant, comme je l'explique dans le spectacle, la règle de proximité, avec l'adjectif qui s'accorde avec le mot qui lui est le plus proche. Donc, comme l'exemple que je donne dans Compte-Arbour, les femmes et les hommes sont égaux, les hommes et les femmes sont égales. Voilà, c'est simple. Et comme ça, quand on a une énumération, on n'a pas besoin de s'amuser à compter je ne sais quoi. On accorde avec le mot qui est collé à l'adjectif. Et si on regarde... Les œuvres qu'ils n'ont pas réussi à totalement dénaturer par toutes, parce qu'avec les Alexandrins, s'ils masculinisaient, il y avait un pied en trop, ou alors ce n'était plus la bonne rime. Donc sur certains vers de Corneille ou de Racine, on voit que c'est l'accord de proximité. Il y avait aussi l'accord d'importance dans une énumération. Je veux donner de l'importance à un mot plus qu'à un autre, donc j'accorde avec celui-là. Il y avait aussi l'accord de choix, donc je choisis. Il y a des termes féminines, masculines, et du coup je choisis si j'accorde à la féminine ou au masculin. Et puis, pour finir, il y avait l'accord de majorité. J'accorde à la majorité, plus de femmes que d'hommes, on accorde à la féminine, basta. Donc ça, c'est revenir à des choses qui ont existé l'immense majorité de la vie de la langue française. Et par ailleurs, là, on a une légitimité et sémantique et historique à parler de manière plus égalitaire, puisque la langue française est équipée pour l'égalité. Ce n'est pas le cas de toutes les langues, c'est son cas. En revanche, même si la règle du masculin l'emporte avait été toujours là depuis l'Antiquité, Mais je m'en tape, j'aurais quand même changé ça. C'est pas parce qu'un truc est vieux que c'est bien. C'est vrai, Depardiable est vieux, c'est pas bien. Gérard Depardiable, je veux dire. Vous voyez ? Il n'est pas accusé de viol.

  • Speaker #4

    Et donc pour vous, quel est l'intérêt d'utiliser la féminine universelle plutôt que l'écriture inclusive ?

  • Speaker #3

    Alors l'écriture ou la parlure inclusive, c'est quelque chose qu'on fait pour rendre visibles les deux sexes, et je la pratique dans plein de contextes. Je ne parle jamais au masculin l'emporte, je parle soit en inclusive, mais en fait, en inclusive, le masculin l'emporte. Moi, ça me pose problème. En inclusive, on dit toujours il s'agit de la la la C'est-à-dire que le masculin fait toujours le neutre en inclusive. La seule chose que vous faites, c'est que quand vous nommez des gens, vous nommez aussi des femmes. Donc bonjour à toutes et à tous. Moi, j'ai eu envie de faire autre chose. Je peux l'utiliser dans plein de contextes, c'est utile dans plein de contextes, mais je suis une artiste, je suis une littéraire. Et je vous signale que quand Pérec écrit un livre sans les E, par exemple, tout le monde dit que c'est génial. Évidemment, en plus, il enlevait les E. Les E, qu'est-ce que ça marque ? La féminine. Voilà, super. Quand Prévert, pour le coup, écrit Elle pleut, on dit que c'est un génie, c'est un poète. Même Necfeu, qui d'ailleurs est accusé de viol, le rappeur, quand il dit, il chante Elle pleut, pareil, génie. Quand moi je dis elle pleut, peine de mort. Donc vous voyez, déjà, il y a un deux poids deux mesures. Et moi j'ai voulu m'approprier la langue, faire entendre les femmes à la maxime femme. Par exemple là vous voyez, j'ai enlevé homme de maximum. Je ne fais pas de l'étymologie moi. Je fais de l'art, de la littérature, et je fais de l'impertinence pertinente. Donc à la maxime femme, comme ça on entend femme. Et bien c'est une manière pour moi de me redresser, d'exister dans ma propre tête, d'exister au monde, de faire rire les femmes aussi, de faire réaliser aux hommes ce que ça peut être. Ne serait-ce qu'une heure et demie pour de fausses, être invisibilisé dans la langue ou minimisé, alors que nous c'est pour de vrai, depuis 150 ans dans les usages.

  • Speaker #1

    Vous utilisez l'histoire et les histoires, les contes, pour expliquer des règles grammaticales sexistes. Et quelles sont les réactions du public ?

  • Speaker #3

    Elles sont variables, parce que chaque personne est singulière, donc les publics ne sont jamais les mêmes, les dynamiques, c'est la joie des spectacles vivants. Donc elle y a un peu de toutes. J'ai évidemment une majorité de femmes qui viennent me voir. Là, c'était des lycéennes et des lycéens qui étaient forcés d'être là. Donc là, c'était mixte. Mais dans la vraie vie, j'ai davantage de femmes qui viennent me voir. Plus je suis un peu reconnue dans les médias, plus les hommes se déplacent. Genre, un peu connue, ça vaut le coup de se déplacer. Mais les femmes, elles n'ont pas attendu ça. Elles savent qu'on peut être génial et pas connue. Et donc, évidemment, il y en a plein qui me disent déjà que la féminine universelle... les redresse, leur fait de la bienne, qu'elles l'essayent après et tout ça, et que ça fait quelque chose, ça surprend au début. Au fur et à mesure de la spectacle, c'est la première fois qu'elles existent dans la langue, en fait. Et ça, ça fait quelque chose, en vrai. Le langage structure la pensée, donc on pense différemment. Là,

  • Speaker #2

    ça nous fait, on a voté le membre, on vient de faire un certain nombre d'hommes, et tout le monde dit que c'est la journée du but, d'appelons pas de deux hommes. C'est les masculins qui ont trouvé le nom, et il est super. On aurait pu le faire mieux.

  • Speaker #3

    Et puis par ailleurs, c'est une gymnastique cérébrale, je pense, qui est bonne pour la cervelle. Je sens que c'est pas mal pour lutter contre Alzheimer, cette mécanique, cette gymnastique permanente. Et puis d'autre part, sur Comte-Arbour par exemple, elles me disent beaucoup que malheureusement... Malheureusement, hein ? que certaines reconnaissent leur propre histoire, l'histoire de leur mère, l'histoire d'amis, de sœurs, sur Cendrillon qui parle de violences conjugales par exemple, La Petite Sirène, vous ne l'avez pas vue dans cette version-là, mais il y a une version qui parle de viols et de mémoires traumatiques, Les Sept Filles de l'Ogre, ou Paul-Anne sur les violences pédocriminelles et l'inceste. Je me débrouille toujours pour qu'il y ait des passages émouvants, mais qu'ensuite, juste après, on rigole pour ne pas plonger. Je n'utilise pas les mots des agresseurs pour prendre soin des victimes. Au maximum, ne pas redéclencher des traumas, ne pas utiliser les mots des agresseurs, ne pas décrire des violences par le menu. Quand j'en parle, je passe soit par la poésie, soit par le slam, soit par la métaphore. Ou alors je m'applique sur les stratégies, mais je ne décris pas des violences. Parce que je sais trop ce que c'est d'être confronté à une mémoire traumatique qui se redéclenche. Là, ça les met enfin à leur vraie place, c'est-à-dire une place d'héroïne valorisée, valorisante. On est de leur côté, on est en empathie. Et que ça leur fait de la bienne aussi, que je m'autorise la colère. C'est Andrea Dworkin, grande féministe américaine, qui disait les femmes, les héroïnes, les victimes ont le droit à la colère, elles ont même le droit à la haine, en fait. Nous, on est élevés pour aimer nos oppresseurs, voire nos agresseurs. Pourquoi les hommes respectent ce qu'il en crache dessus ?

  • Speaker #2

    C'est intéressant, non ? Bonjour, je suis Mme Dworkin. Je sens avec les pépins, les hommes,

  • Speaker #3

    souvent. D'ailleurs,

  • Speaker #2

    maintenant, je suis une garante, et tout le monde, ils me sont dégagés. Quand ils me sont pires, ils me parlent. Je sais bien. Et vous saurez qu'ils n'en font pas un mot de plus. Qu'est-ce que je vais vous faire ?

  • Speaker #3

    C'est une douleur de jour. Vous allez me parler. Et ça les femmes, c'est tellement interdit pour elles. Et moi j'en ai rien à taper. Enfin franchement, c'est pour ça que j'aime bien jouer devant des lycéennes et des lycéens, c'est qu'il y a toujours des lycéens qui font de la merde. Déjà c'est hyper drôle parce que comme ils sont pas très courageux, il suffit de les chanter une fois puis on les entend plus.

  • Speaker #0

    Et d'autre part, les filles voient, pour une des premières fois, enfin, c'est pas si courante en tout cas dans leur vie, de voir une femme dans le positionnement physique, vocal, elle a pas peur, elle est en position de puissance, parce qu'évidemment, je suis sur scène, j'ai un micro-casque, les gens n'en ont pas, techniquement, de toute façon, forcément, on m'entend plus, quoi. Mais qui cherchent pas à leur plaire, qui s'en tapent de leur déplaire, qui leur disent ça vous plaît pas, vous vous cassez, vous allez pas me manquer, quoi. Je m'en tape, moi, de faire de la prévention pour des types que de toute façon, c'est déjà des agresseurs. Donc si vous êtes des agresseurs, bah vous barrez. Moi je n'espère qu'en votre mort, je m'en fous. Des fois j'ai été jusque là, parce qu'on sait très bien, lorsqu'on a des lycéennes et des lycéens en face, statistiquement, il y a déjà des victimes dans la salle, mais beaucoup.

  • Speaker #1

    Un petit garçon sur trois et une petite fille sur treize subit des violences avant l'âge de 18 ans, de la part d'une femme adulte. Voilà,

  • Speaker #0

    c'est des vrais chiffres,

  • Speaker #1

    je suis un racel. Et tu n'es pas particulièrement traumatisé, quand tu es en vie, tu ne maîtrises plus tout ça. Et... La partie où je vous donnais des vrais chiffres, juste à l'inverse. En France, 0,6% des violeuses seulement passeraient par la casse-prison. Donc en France, en 2024, dans les faits, les femmes ont le droit de violer massivement les hommes impunés. Parce qu'on saurait que c'est le parcours du courant. Ils arriveraient à avoir une fliquesse, ils leur demanderaient leur téléphone, c'est un peu compliqué. Comment ils ont réussi à porter fin ? Que ça a pas fait le bon lieu ? extraordinairement mal, t'as vraiment pas une bonne entente violeuse, tu vois. Dès au procès, elle a une défense trouvée, tu te dis, bah, il était conscient de son abandon. Parce que les conséquences logiques des violences et des traumatismes, qui seraient en fait des preuves des viols, seraient considérées comme des preuves de ramasse.

  • Speaker #0

    Je rappelle qu'une petite fille sur cinq et un petit garçon sur treize seront victimes de violences sexuelles avant l'âge de 18 ans, c'est énorme. Donc là, il y avait plein d'enfantes et d'enfants qui avaient été victimes de violences sexuelles pédocriminelles. masculinistes. Et d'autre part, statistiquement, il y a aussi des filles qui sont victimes de certains garçons qui sont là, et des garçons qui sont déjà agresseurs sexuels, voire violeurs. Et qui regardent de la pornographie. Donc ils se masturbent devant des viols en série. Du coup, ouais, il y en a où des fois je leur rentre carrément plus dans l'art, mais là, ils n'ont pas osé. Parce qu'il y avait trop de filles extraordinaires. J'en ai vu qui m'ont fait des cœurs, des têtes genre Et c'est important de leur montrer qu'on n'a pas à faire allégeance. Après, les représailles sont énormes. Il faut avoir beaucoup de courage. Il ne faut pas se la cacher. Je ne suis pas capable de faire ça tout le temps. Mais les filles et les femmes me donnent tellement de courage que ça va aller.

  • Speaker #2

    Vous parlez de l'Académie française qui a changé la langue, qui l'a rendue plus masculine, etc. Est-ce que vous diriez qu'avant la création de l'Académie française, la langue française était égalitaire ?

  • Speaker #0

    Elle était plus égalitaire, mais elle y avait quand même des soucis. C'est-à-dire qu'elle y avait déjà des mots qui ne voulaient pas dire la même chose. Un homme savant, c'est un homme qui a dû savoir. Une femme savante, et c'est pour ça que Molière a nommé sa pièce comme ça. C'était déjà des péronnelles, des meufs qui se prenaient pour je ne sais pas quoi et qui étaient des grosses stupides. Compaire, ça veut dire mon ami. Comère, ça veut dire la meuf qui dit des potins. Enfin, voilà. En fait, le problème, c'est que même quand la langue est équipée pour l'égalité, si vous changez le sens des mots, et comme les hommes ont le pouvoir de nommer, ça c'est aussi André Dworkin qui le dit, la langue, elle peut jouer quand même contre nous. Donc non, ce n'était pas parfait du tout. Mais c'était beaucoup plus égalitaire dans la grammaire et dans la liberté qu'on avait aussi. C'est-à-dire que les femmes parlaient comme ça leur venait. Et donc Madame de Sévigné aurait dit Heureusement, heureuse, je la suis Oui, évidemment. Et puis un truc était bien quand même, parenthèse. L'orthographe n'existait pas non plus. C'est-à-dire que Molière, il pouvait écrire quatre fois le même mot de quatre manières différentes sur la page. Parce qu'on écrivait en phonétique. Louis XIV, des fois il signe avec un I, des fois il signe avec un Y. Genre, vous imaginez le nombre de temps qu'on perd avec cette merde. Et ça, c'est aussi un truc de l'académie française, un truc élitiste pour distinguer, je les cite, les hommes de lettres des pauvres d'esprit et des simples femmes. Nous, on est après les pauvres d'esprit, mesdames. C'est-à-dire que les seuls qui vont avoir le temps d'apprendre ces règles débiles, ça va être les hommes dominants. Donc, on va les reconnaître sur un CV, ceux qui font des fautes. et celles qui en font pas, etc. Et donc, c'est de la merde aussi. Il faudrait revenir à un monde sans orthographe, ça serait super. Je milite pour l'abolition de l'orthographe. En tant que dysorthographique, ça marcherait.

  • Speaker #2

    Lorsqu'on vous accuse de dénaturer la langue française, finalement, pour vous, votre démarche ne serait pas plutôt une renaturalisation de la langue et un réenrichissement ? Si,

  • Speaker #0

    tout à fait. Une renaturalisation, comme on renaturalise des zones qui ont été bétonnées, bousillées par les patriars capitalistes merdiques. Donc, c'est un peu ça.

  • Speaker #3

    je s'aime et je m'amuse énormément et pour terminer sur cette question de la langue la langue c'est aussi la source de nos imaginaires, de notre imagination est-ce que la féminine universelle pour vous c'est une solution pour s'ouvrir à de nouveaux imaginaires ?

  • Speaker #1

    on vous en met en matière de force vous n'avez pas besoin de vous dévager vu que je vais passer depuis cette année d'opprimé à un petit peu plus

  • Speaker #0

    Oui, elle ouvre des horizons de création, ça c'est clair. C'est-à-dire que ça demande de se poser la question. Par exemple, moi des fois j'ai la question parce que voilà, et puis d'autres fois je me dis c'est très féministe, on va l'appeler la question. Enfin, ça demande de s'interroger qu'est-ce qu'il vaut la peine d'être féministé. Donc par exemple, la clitoris, la vagine, c'est assez évidente. La féminisme, évidemment. Par contre, le fascisme toujours. Mais du coup, on peut même dire le violence. Le verru planter, tout ce qui nous emmerde tant que les hommes massivement violent les femmes, je propose que ce soit masculin. Donc moi je veux créer cette armée sorore de résistance, l'armée des ombres. Après on aura probablement 2-3 alliés, mais ce ne sera pas décisif, il va y avoir 12 mecs, c'est pas ça qui va. Et la majorité va falloir les faire plier de force et c'est pas grave, on va y arriver. Et après, les générations d'après, ils comprendront que c'est vachement mieux, parce qu'ils auront accès à l'empathie, la communication. Du coup... le bonheur, l'amour, moi je pense que les hommes ne connaissent pas ça aujourd'hui, si les mecs mascus de base n'ont pas d'empathie, donc ils n'ont pas accès à l'amour c'est limite des morts vivants quelque part, voilà, donc je pense qu'être un mec c'est de la merde et aujourd'hui, donc quand on aura gagné, les générations d'après nous diront ah mais merci, mais la vie de merde qu'ils avaient les autres mecs avant moi, tu vois, mais oui, dans un premier temps, des types comme DSK ils n'ont pas envie que ça change, parce que toute leur vie est bâtie sur le privilège, le droit de violer impunément les femmes, donc c'est sûr ça, on veut carrément leur enlever... Nous, on ne souffre pas de ne pas violer des gens. On ne se dit pas Merde, j'aurais bien volé ce matin ! On ne se dit jamais ça, ça n'existe pas. Ils seront dans le même état, donc ils se diront Mais c'était pourri comme objectif !

  • Speaker #3

    Et nous allons malheureusement devoir conclure cet entretien. Est-ce que vous auriez un dernier mot, un dernier message à faire passer à nos auditeurs, à nos auditrices ?

  • Speaker #0

    Je vous encourage à tester la féminine universelle déjà, à voir ce que ça fait, même le temps d'une soirée. Messieurs, à... être minoritaire ou invisibilisé dans la langue. Regardez ce que ça fait. Voilà, c'est ce qu'on subit pour De Vraino. Mesdames, essayez pour prendre des forces, et puis pour rire, pour créer, parce que c'est belle. Et puis, à minima, parlez à l'inclusive. Voilà, à minima. S'il y a des femmes dans la pièce, elles doivent exister. Et si ça vous saoule de doubler tous les mots, vous parlez à la féminine. C'est ça aussi. Vous dites bonsoir à toutes, mais vous allez voir s'ils se sentent concernés. Et sinon, je vous encourage à me suivre sur les réseaux sociaux. Sur les réselles sociales, comme j'aime à les appeler lorsqu'elles ne sont pas violentes. Parce que les masculinistes m'ont trouvé. Donc si vous me trouvez aussi, c'est sympa. Donc ça s'écrit T-Y-P-H-A-I-N-E. Et puis ensuite, point D, juste la lettre D. Alors sur Instagram, ça doit être point D après un tiret. Enfin, vous allez me trouver. C'est un positionnement politique contre les patronymes. Je refuse de porter le nom de mes oppresseurs. Donc je ne porterai pas le nom des hommes. Et si je portais le nom de mon père ou le nom de ma mère, qui est en fait le nom de son père à elle. Les femmes n'ont plus de nom, donc je m'appelle Tiffen D comme Dworkin et Delphine. Et de Beauvoir et Delphine Cyrigue, enfin bref, elle y en a plein. Et puis sinon, vous êtes précieuses et personne n'a le droit de vous faire du mal. Si vous êtes un agresseur vous-même, si elle vous plaît, faites harakiri. Merci, bisous.

  • Speaker #3

    Merci beaucoup Tiffen D, inventrice d'une langue à la féminine universelle qui était de passage aujourd'hui à Mulhouse pour deux spectacles, Compte à Robourg et Péril mortel.

  • Speaker #0

    Merci. On défend, on se bat. On sait comment on se bat contre cette violence.

  • Speaker #1

    Malgré qu'il y a la mort,

  • Speaker #0

    la faim, on se débat quand même. On ne laisse pas faire.

Description

Imaginez une monde où les femmes occuperaient l'immense majorité des postes à responsabilité. Une monde où les femmes auraient les plus gros salaires. Une monde où la féminine l'emporterait sur la masculine et où les hommes seraient invisibilisés partoute et subiraient de multiples violences à cause de la simple faite d'être un homme.

Typhaine D, inventrice d'une langue à la féminine universelle nous propose de plonger dans cette monde le temps d'une podcast. Autrice, metteuse en scène, comédienne, chroniqueuse média, formatrice et conférencière engagée pour les droits des femmes, des enfants et des personnes animales non-humaines, Typhaine D nous raconte son parcours, sa vision de la langue et ses deux spectacles qu'elle est venue jouer à Mulhouse à la MCP Cité (Maison de la culture populaire de la cité) la 26 novembre 2024 : Contes à rebours et Pérille mortelle.


Propos recueillis par Lisa et Sixtine.


Vous pouvez également lire la transcription écrite de cette interview : www.radiowne.eu/post/d


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Peu importe notre âge, notre sexe, notre culture, notre couleur de la peau ou notre religion, le 25 novembre est la journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. Il appartient à chacune de saisir l'importance de ce jour et d'y consacrer de son temps et de son énergie. Nous voulons une société basée sur la solidarité et le respect, mais nos sociétés encore patriarcales. et produisent encore ce type de violence à l'échelle de nos relations, de nos familles, dans nos lieux d'études et de travail et dans l'espace public aussi. Les manifestations, ça encourage quand même les autres aussi. Ceux qui n'osent pas parler, ceux qui n'osent pas participer, pour eux aussi c'est un espoir que ça donne quand ils nous voient dans la rue. On défend, on se bat. On sait comment on se bat contre cette violence. Malgré qu'il y a la mort, la faim, on se débat quand même. On ne laisse pas faire.

  • Speaker #1

    bonjour nous sommes le 26 novembre 2024 et nous retrouvons tiffen d

  • Speaker #2

    D'abord parce que j'ai des amis qui se plaisent. Ensuite parce que je n'ai rien de beau à ça. Même pas, ça vous rend bouche à poil. J'ai un père. Et j'ai même un tourgeon, qui ne peut pas me tiner parce qu'il ne gagne pas le SMIC, mais vous voyez, moi...

  • Speaker #1

    Siph Nd, vous êtes donc autrice, comédienne, metteuse en scène, chroniqueuse, média, formatrice, conférencière engagée pour les droits des femmes, des enfants, l'animalisme et l'écologie. Vous êtes aussi l'inventrice de la langue à la féminine universelle et la créatrice de spectacles tels que Contes à rebours que nous avons pu voir tout à l'heure. C'est une réécriture des contes antisexistes. Vous avez aussi Devenir vegan par amour ou encore... périmortel que nous aurons la chance de voir à la Maison de la Culture Populaire de la Cité à Mulhouse tout à l'heure. Bonjour Tiffany.

  • Speaker #3

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Et bonjour à Sixtine.

  • Speaker #4

    Bonjour.

  • Speaker #1

    Pour commencer, est-ce que vous pouvez vous présenter ?

  • Speaker #3

    Vous l'avez très bien faite déjà. Je ne saurais qu'ajouter, vous avez trouvé la bonne bio sur internet, ce qui n'est pas évident.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous pourriez nous parler de votre parcours autant militant que professionnel ? Comment on arrive à avoir autant de métiers ?

  • Speaker #3

    Ça a été évidemment, comme pour tout le monde, un chemin. Comédienne, j'ai toujours voulu faire ce métier-là. Simplement, à l'époque, quand j'étais toute petite, je pensais qu'en gros, c'était le métier de comédien, mais pour une femme. Or, comédienne, quand je suis arrivée au cours Florence, c'était plutôt un métier d'objet sexuel qu'on me demandait de faire. Et ça, il ne faut pas beaucoup de compétences, n'est-ce pas ? Je me suis rendue compte que si vraiment je voulais être une comédienne, comme un comédien, mais en femme. Faire autre chose que d'être mise à poil, subir des violences sexuelles et être éternellement jeune et belle, je ne sais quoi. Il fallait que je crée moi-même mon métier et ça tombe très bien puisque j'écris aussi, que je mets en scène aussi. Et puis d'autre part, en même temps, je suis devenue militante, engagée sur le terrain pour les droits des femmes. J'ai été formée par le CFCV, le Collectif Féministe contre le Viol, qui est une des associations les plus importantes, avec le numéro d'appel national, anonyme et gratuit 0800 05 95 95. Donc vous pouvez aussi. appelée d'Alsace. Et c'est des écoutantes qui répondent. Un tiers du temps, c'est des victimes directement. Un tiers du temps, c'est des proches qui ne savent pas comment aider. Et un tiers du temps, c'est des professionnels qui sont en demande de conseils pour accompagner des publics. Donc ça a été une des associations qui m'a formée. J'ai milité avec plein d'autres sur beaucoup de sujets. Je suis devenue ex-merte, comme j'aime dire, de tout ça. En parallèle, j'ai créé Compte-Arbour. Ça m'a amenée à créer La Féminine Universelle. Donc une langue féminisée, l'exact inverse du masculin l'emporte, là c'est la féminine qui l'emporte, qui est une création littéraire militante et qui permet, comme d'ordinaire tout est masculinisé, de faire réentendre les femmes dans la langue. Aînée la pérille mortelle avec ça il y avait aussi Opinion d'une femme sur les femmes de Fanny Raoul, qui est une pièce de la matrimoine. Et donc en fait... Tout ça, ça a multiplié les casquettes. Et en plus, je me suis mise à donner des formations, du coaching, comme on veut l'appeler, dans des entreprises, des associations, des syndicats ou en individuel. Soit sur la prévention des violences sexistes et sexuelles au travail, puisque j'ai travaillé aussi avec la VFT, l'Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail. Soit sur tout ce qui est estime de soi, assurance dans la prise de parole en public, notamment pour les femmes, puisqu'on sait que c'est plus compliqué pour les femmes de s'exprimer en public. Et donc c'est un peu tout ça.

  • Speaker #4

    Pour en revenir à aujourd'hui, vous venez donc de jouer Comte à rebours et vous allez jouer tout à l'heure la One Feminist Show, Péril mortel, à la Maison de la Culture Populaire de la Cité à Mulhouse. Pouvez-vous nous présenter ces deux pièces à nos auditeurs et auditrices ?

  • Speaker #3

    Alors Comte à rebours, vous en avez un peu parlé, c'est une réécriture féministe des contes de fées. Donc on croise des personnages qu'on connaît avec Disney, avec Perrault, les Cendrillon, Blanche-Neige, le petit chaperon rouge qui est devenu la grande chaperonne rouge. Et chacune, elles vont reprendre la parole, se raconter elles-mêmes, se mettre du côté des victimes, se mettre en empathie, et puis remettre la culpabilité là où elle est. Le baiser sauveur du prince, on rappelle que c'est une agression sexuelle punie de 50 tôles, etc. Je passe par différentes émotions. Il y a des moments où on rit, où on est plus en mode stand-up, comme dans Blanche-Neige. Des moments de témoignage, où on est plus en mode théâtre interactif aussi, avec Cendrillon par exemple. Des moments de comptine avec les sept filles de l'ogre, des moments de chant ou de slam, même avec Sherazade. Des moments de discours militants, vociférés, comme avec la chaperonne rouge. Le prologue est plutôt pédagogique, c'est plutôt une espèce de conférence gesticulée. Et je passe la version longue sur le viol de la petite sirène. C'est plus de la poésie, une écriture très dramatique. Je me balade entre les registres, les émotions, etc. pour faire passer un maximum d'outils de conscientisation, de compréhension du système d'oppression, d'émancipation via les luttes collectives et la sororité, etc. et que chacune, chacun y trouve son compte parce que certaines, ça va être plus la poésie, d'autres, ça va être plus le stand-up. Et voilà, de rencontrer tout le monde.

  • Speaker #1

    Et vous faites le parallèle entre contes, violences sexistes, sexuelles, conjugales et bien d'autres. Personnellement, quand j'étais petite, je m'y suis... pas du tout rendu compte de ça dans les contes. Je m'en suis rendu compte bien plus tard. Et vous, quand et comment vous en êtes rendu compte ?

  • Speaker #3

    Ce que je dénonce, je ne me suis pas rendu compte de tout ça tout de suite. Mais certains trucs quand même. Je me souviens qu'en CE2, on avait étudié le conte du petit pousset. Et donc, il y a un moment donné, où le petit pousset, trop malin, pour sauver ses frères, il échange les couronnes qui sont sur la tête des petites filles, donc des filles de l'ogre, avec leur bonnet de nuit. Donc on sent un peu l'insulte sale bourgeoise blanche. Vous aviez des couronnes, dormir avec une couronne, c'est maltraitant. Tu te blesses, déjà. Bref, ils échangent et du coup, à tâtons, l'ogre tâte du côté des garçons. Il trouve les couronnes à la main, il se dit j'ai failli manger mes filles. Et donc il va manger ce qu'il croit être les garçons, en fait c'est ses filles. Et donc c'est comme ça qu'ils s'en sortent. Après avoir bouffé, il fait une sieste et puis là, il sort par la fenêtre. T'as envie de dire, si tu pouvais sortir par la fenêtre, tu ne pouvais pas le faire tout de suite. Donc voilà, et là, à la fin, tout est bien qui finit bien. En plus on décrivait la mère qui arrive au milieu des cadavres, des restes de ses filles, et qui pleure avant que l'autre y mette ses bottes de cette lieu et il se barre. Il y a une mère qui pleure, c'est cette fille bouffée par leur propre père ? Et c'est une histoire qui finit bien. Non mais on s'en fout parce que c'est des ogresses. La double peine. Déjà ton père c'est un ogre, et en plus de ça du coup tu vois rien. Ton père est un agresseur, du coup on s'en fout de toi. Non c'est pas des ogresses, si c'était des ogresses elles les auraient bouffées. Et vu ce qu'ils leur ont fait subir, elles auraient peut-être eu raison. Et je me souviens que j'avais eu, je sais plus si c'était une punition, un truc recopié, je ne dois pas m'énerver en classe, mais j'avais trouvé ça horrible. On nous apprenait que notre rôle, c'est de mourir pour que les garçons, ils aillent bien. Mais non ! Jamais ! Mais ça va pas ! Et donc voilà, ça fait partie des trucs où je me souviens que ça m'avait rendu dingo. Oui, ou le truc de faire le ménage, là. Voilà, pour Blanche-Neige, elle vient d'être abandonnée dans une forêt avec un mec qui a essayé de la tuer, là, toute seule, truc. Enfin non, les animaux de la forêt, parce que n'importe quoi. Et bref, elle se dit, je vais faire le ménage. Mais non ! J'avais compris que ranger ma chambre, déjà, moi, ça me rendait dingue. Donc non ! Absolument jamais ! Donc il y avait deux, trois arnaques que j'avais vues quand même. La péril mortel est arrivée un peu plus tard, en 2017, avant MeToo, juste avant MeToo. MeToo, MeToo,

  • Speaker #2

    moi, moi aussi, MeToo, on parle de plus en plus, vous savez, des féminicides comme... Ils nous disent homicide, ils attendent des manifestations importantes !

  • Speaker #3

    Et donc la péril mortel, c'est parce que l'Académie française, ces glandus de merde, avaient sorti un texte pour dire que l'écriture inclusive était une péril mortel pour la langue française, n'importe quoi. Enfin, un péril mortel en l'occurrence. Parce que voilà, dire bonjour à toutes et à tous, ça détruit la langue. Je sais pas si vous le saviez. Alors que la langue française n'a jamais été autant parlée, simplement comme ça en Afrique noire, ça les arrange pas. Non, en Afrique subsaharienne. Voilà. Ils avaient vraiment pondu un texte, je vous encourage à le lire, parce que c'est tellement débile, où ils sont là, affolés, je sais pas quoi, qu'on détruise leur langue. Mais qui êtes-vous ? Parce que vous allez voir qu'ils sont complètement incompétents. personnes, c'est de la cooptation entre nullos, c'est impressionnant. Donc, voilà, ça m'avait tellement énervée que je me suis dit ok, je vais écrire La Pérille Mortelle, je vais tout inverser, je vais devenir une académicienne misandre. En l'occurrence, vous allez la rencontrer tout à l'heure, qui s'appelle Aline Finkielkruth, qui a toute ressemblance avec des personnes existantes et fortuites, tout à fait.

  • Speaker #2

    L'académicienne Aline Finkielkruth est une cardinale On l'appelait la cardina de Richelieu. Elle portait l'antronyme de Richelieu. Elle avait créé une rassemblement de ses copines qu'elle avait appelée l'Académie française. Et il y a des siècles d'après, elle est encore pétée le moment de l'élève. Elle était une fois une grand-mère, et elle nous la nommons Claude-Fabre-Gonjlas. Celle-ci trouvait que la langue dont on parlait alors dans ce pays n'était pas encore dans ses sexistes, sachant que la langue était une langue politique. sur la pensée, elle avait dirigé la lettre de la féminine en potes, la masculine, au prétexte que la femme est la femme, et aussi avec l'argument de la supériorité de la femme sur le mal dans la nature. Fille des règles élémentaires qui existaient jusqu'ici. Une nouvelle règle de proximité. Désormais, pour bien parler aux procès, on se devait de dire les femmes et les hommes sont belles. Ainsi, fille... de la vague de majorité, des thématiques démocratiques pénibles. Maintenant, si on met dans cette salle, mettons, 100 000 hommes et une bougie, doit-on dire qu'elles sont brillantes ou qu'ils sont en fumée ? Ainsi, la genre féminine, genre des femmes, peut également se dégrader genre neutre. Ainsi, des femmes furent redéfinies,

  • Speaker #3

    selon la bâtloire de ces dames,

  • Speaker #2

    détentrices du bon sens.

  • Speaker #3

    Et donc, fin qu'elle croûte, elle a envie que la féminine continue de l'emporter sur la mascouilline. Et toutes ces femmes-là, elles justifient en fait l'oppression des hommes par des trucs naturalistes, du style on fait les enfants donc on est forcément supérieurs. Et là d'ailleurs, on voit que ça marche mieux. Bon bref, voilà. Et donc, je vais vous emmener dans des mondes inversés. Et on va voir ce qui se passe. Et c'est une façon cathartique de pouvoir s'imaginer ce que ça pourrait faire. Et puis surtout de créer de l'empathie pour les femmes. Parce qu'en fait, même si c'est pour de fausses pendant une heure et demie, on souffre pour les hommes. Dans la pièce, alors je ne fais rien en fait, je n'en prends aucun sur scène pour l'humilier et tout, je pourrais, je ne fais même pas ça. Alors que les femmes subissent vraiment de ça, mais depuis 100 000 ans, et pour de vrai. Donc du coup, ça permet de se dire, ah ouais, ce n'est pas normal, voilà, c'est l'objectif.

  • Speaker #4

    Donc dans Compte à rebours, vous revenez sur les contes qui ont bercé l'enfance de la plupart des jeunes. Pour vous, en quoi la littérature jeunesse, notamment les contes, façonnent-ils nos imaginaires et pourquoi voulez-vous reprendre ces histoires sous un angle féministe ?

  • Speaker #3

    Oui, toutes et tous pratiquement. On a soit vu des Disney, soit en tout cas on a entendu parler. Et puis on a étudié à l'école, puisque c'est au programme. Les contes en primaire, au collège, ça revient même parfois au lycée. Les Perrault, les Grimm, les Anderson, les machins. Et donc c'est un imaginaire commun qui nous rassemble. Autant Star Wars, il y a les gens qui l'ont vu, les gens qui l'ont pas vu. Les contes, a priori, tout le monde voit un petit peu le plot de Blanche-Neige. Et d'ailleurs, dans tous les pays du monde, pratiquement. Il y a une version en anglaise de Contrebourg et... J'ai pu rencontrer des femmes en Chine qui connaissent l'histoire de Manchenèges. Donc ça, ça rassemble. Et comme d'habitude, ça sert à faire passer des messages misogynes de propagande, là, je m'en sers pour faire exactement l'inverse et nous rendre nos imaginaires. Donc c'est pour ça que j'ai voulu travailler là-dessus.

  • Speaker #1

    Et c'est un spectacle que vous avez pensé spécifiquement pour le jeune public ?

  • Speaker #3

    Non, pas du tout. Au départ, c'était un spectacle pour les adultes, en l'occurrence pour les femmes. Parce que j'ai l'outrecuidance de dire, à l'instar de Fanny Raoul en 1801, qui était une grande... philosophesse, écrivaine, penseuse, journaliste politique de son époque, que personne ne connaît parce qu'elle a été effacée des livres d'histoire, mais qui est très importante, et dont je joue d'ailleurs, c'est un de mes quatre spectacles, Opinion d'une femme sur les femmes. Elle, elle écrivait déjà en 1801, c'est pour les femmes seules que j'écris. Voilà, si elle peut le dire en 1801, je pense que je peux le dire maintenant. Donc c'est pour les femmes seules que j'écris et que je joue. Les hommes sont autorisés dans la salle. Alors pas toujours, des fois en faisant non-mixité, c'est aussi magnifique. J'adore, ça me repose. Mais... Donc quand ils sont autorisés, c'est encore un privilège qu'ils ont d'avoir accès à ça. Et puis si certains en font des choses bien et prennent les messages et sont moins pénibles pour les femmes autour d'eux, c'est magnifique. Mais en tout cas, moi, si je devais penser à eux, je n'écrirais rien. Si je devais me dire qu'est-ce qui va les mettre en colère, qu'est-ce qui va les vexer, je n'écrirais rien parce qu'ils se vexent de rien. J'ai déjà vu un serveur pleurer physiquement parce qu'on lui a dit, nous, c'est pas mesdemoiselles, c'est mesdames. Il a versé la larme, le taré. Enfin, je veux dire, tu vois, c'est un jeune, hein ? Voilà, du coup, j'ai envie d'écrire, donc je pense pas à eux. Je me tape de comment ils vont le recevoir. Moi, ce que je veux, c'est faire passer des messages aux femmes, parce que je sais que dans toutes les luttes contre toutes les oppressions, c'est l'alliance des opprimés, quand elles sont un nombre suffisant, les études disent autour de 30%, c'est même pas la moitié, hein. C'est l'alliance d'assez d'opprimés qui fait plier le système oppresseur. Et pourquoi on n'a pas besoin d'être plus de 30% ? Parce que c'est le maître qui a besoin de l'esclave et pas l'inverse. Vous avez remarqué au moment du Covid, les femmes font tous les boulots essentiels. Nous, on arrête de faire des trucs, tout s'écroule.

  • Speaker #4

    Donc aujourd'hui, vous avez vraiment beaucoup de casquettes. Vous êtes autrice, comédienne, metteuse en scène, chroniqueuse média, formatrice, conférencière et engagée. Comment trouvez-vous le temps d'allier tout ça ?

  • Speaker #3

    Mais on ne trouve pas le temps, donc on n'en dort pas beaucoup. Là, vous voyez, je viens de finir. De jouer et de donner un débat, je n'ai même pas fini de débarrasser la scène, je n'ai pas encore eu le temps de faire des balansons avec la guitare, ni de l'accorder, et puis on va recommencer, j'aurai à peine le temps de pisser. Les artistes ne sont pas souvent pour des feignasses, et il n'y a rien de plus fausse.

  • Speaker #1

    Vous vous dites vous-même engagée pour différentes causes, que ce soit le droit des femmes, des enfants, des animaux. Quel lien vous faites dans ces différentes causes ? Est-ce que pour vous, c'est les mêmes mécanismes sociaux qui sont à l'œuvre ?

  • Speaker #3

    Exactement, oui. D'abord, on a le même ennemi principal, comme dirait Christine Delphi, c'est-à-dire les hommes agresseurs ont commencé, avant d'agresser des personnes qui habitaient loin, donc de commettre des agressions racistes, évidemment, ils ont commencé par agresser qui étaient déjà autour d'eux. Et donc là, on retombe sur les femmes, les enfantes et les enfants, et les personnes animales non humaines. Et puis on peut ajouter la nature, l'appropriation de la nature. Dans toutes ces fois-là, il y a une logique d'appropriation, d'objectisation, le fait... d'exploiter aussi, de traiter en exploitant à la fois les femmes, les enfantes, les enfants, et les personnes animales non humaines, et la terre. Et donc pour moi c'est les oppressions premières qui permettent toutes les autres, et c'est en se calquant sur ces oppressions-là primitives, en fait, qu'on peut aussi opprimer ensuite des populations où on trouve aussi des hommes. C'est les oppressions qu'on retrouve partout sur la terre, où il y a des hommes, et donc des femmes, des enfantes, des personnes animales non humaines et de la nature opprimée.

  • Speaker #1

    Après la pièce que vous venez de jouer, Comte à rebours, il y a eu un temps d'échange avec les élèves qui étaient présents. Vous avez parlé de votre engagement pour l'abolition de la prostitution. C'est une thématique qui est débattue à l'intérieur même des milieux féministes. Alors pourquoi cette position ?

  • Speaker #3

    Elle n'est pas vraiment débattue à l'intérieur des milieux féministes. En fait, moi je ne pense pas que féministe, ça veut dire tout et n'importe quoi. Si on est pour un système d'exploitation et de violence sexuelle tarifé, On n'est pas féministes pour moi. Donc en fait, je comprends que ça choque ce que je viens de dire, puisque évidemment, l'officiel mouvement féministe est divisé sur cette question. Mais en fait, moi je suis sur le terrain là. Donc les vrais féministes, non. C'est clair, évidemment. Si la prostitution, c'était féministe, les hommes seraient contre. D'accord ? Voilà.

  • Speaker #1

    Vous êtes notamment l'inventrice de la langue à la féminine universelle. La féminine universelle, est-ce que vous pouvez préciser c'est quoi ? Et est-ce que vous avez aussi écrit... Un panel de règles grammaticales, comme on peut retrouver pour le masculin universel qu'on utilise.

  • Speaker #3

    Alors, je me suis amusée à écrire une manifeste de la féminine universelle qu'on peut trouver sur mon site internet, en effet, qui est sortie d'ailleurs dans un livre qui s'appelle Droits humains pour toutes et tous enfin bref. Mais elle n'y a pas de règles fixes. J'ai l'habitude de dire qu'on ne respecte de règles que menstruelles. Donc, il n'y a pas une nouvelle académie et souvent, des femmes m'écrivent en disant je suis désolée je ne maîtrise pas totalement la féminine universelle encore. Et je dis, mais en fait, d'abord, personne ne peut la maîtriser, parce qu'elle est libre, précisément, elle aussi. Elle est indépendante, elle est autonome, elle évolue, elle s'enrichit des trouvailles de chacune, elle s'approprie de mille manières. Et puis, d'autre part, on ne peut pas faire de fautes, sauf sur famage. Famage, je suis un peu une ayatollah. C'est un mot que j'ai inventé, et j'ai appris d'ailleurs que plusieurs féministes l'avaient inventé de leur côté avant, et je ne l'avais pas su. notamment Florence Moreno des Chiennes de garde en 2006. Donc, famage, je veux qu'on dise une famage, et pas un femage. Il doit y avoir une, évidemment. Et puis, fem, je m'en fous quand on entend fem, ça intéresse qui, les trois des fem ? Donc, femme, je veux qu'on entend femme, donc c'est évidemment une famage. Mais à part ça, à partir de la moment où ça va dans le sens de l'émancipation des femmes, dans notre intérêt, alors chacune peut s'en saisir comme elle la souhaite, comme ça lui chante, comme elle y parvient. Et surtout dans les moments où elle en a envie. Encore une fois, moi je n'utilise pas tout le temps. Je n'ai pas envie d'avoir des débats avec un mec dans la rue au pif.

  • Speaker #1

    Vous nous disiez avoir créé la féminine universelle quand vous avez écrit Conte à rebours, le spectacle qu'on a pu voir. Pourquoi vous avez eu besoin de créer la féminine universelle dans l'écriture de spectacle ?

  • Speaker #3

    Au départ, je ne me suis pas dite tiens, il faut que je travaille la langue J'ai d'abord voulu réécrire les contes de fées et je suis tombée sur cette première phrase il était une fois Donc c'est une fois qu'elle était et il y avait un mec, ce il qui voulait commencer mon bouquin et parader en tête et ce n'était pas possible. Alors j'ai écrit elle était une fois et là c'est comme si je tirais un fil d'une toile d'araignée infinie. Et d'autre part, parce que je crois qu'on ne peut pas écrire une œuvre féministe avec une grammaire masculiniste. C'est très compliqué. construire une pensée féministe avec des outils, des mots, des accords qui la détruisent. Donc, pour arriver à aller au bout de mes pensées, j'avais besoin de me réapproprier la langue de manière féminisée, d'une manière où on est non seulement entendable, visible, mais en plus, là, en l'occurrence, majoritaire.

  • Speaker #4

    Ces dernières années, il y a pas mal de reformulations de la langue, que ce soit en France ou ailleurs. pour justement un peu féminiser, pour remettre de l'égalité. Il y a notamment l'écriture inclusive, la fameuse. Alors, que pensez-vous de l'écriture inclusive dite mainstream ?

  • Speaker #2

    Les petits masculinistes, qui vêtement, ont obtenu une forme masculine du nom de maîtresse. C'est de l'art de la musique, d'autrice. Mais si, ça va se faire. Je me souviens, ça s'écrit A-U-T-M-T-S. Qu'est-ce qu'il y a ? Ça ne s'entend pas, hein ? L'oral ! que c'est masculin. Merci. D'abord, quand on est autrice, on écrit, alors c'est plus important qu'à l'écrit.

  • Speaker #3

    Alors l'écriture inclusive, c'est la moindre des choses. Alors déjà, on parle d'écriture, mais c'est une parlure inclusive aussi. C'est-à-dire que là, si je dis bonjour à toutes et à tous, on est dans la parlure inclusive. C'est juste l'idée de ne pas invisibiliser les opprimés, donc en l'occurrence les femmes. Après, on focalise beaucoup sur cette histoire de points médians à l'écrit. Les gens là qui disent Ah, illisible ! En vrai, c'est total lisible. Mais quelle mauvaise foi. Si vous voyez collégien.médian.nes, vous n'arrivez pas à lire collégienne et collégien ? Sérieusement ? Les gens me disent ça alors que quand vous voyez un M majuscule, un M minuscule et un E, tout le monde arrive à comprendre que c'est Madame. C'est beaucoup moins facile pour l'entente. Moi, souvent, les gens me disent Mais du coup, comment est-ce qu'il faut lire collégienne.médian.nes ? Non, tu dis les collégiennes et les collégiens à l'oral. Parce que c'est, à l'écrite, une proposition. d'abréviation facultative si t'as envie de te faire chier à écrire les collégiennes et les collégiens mais fais-la, on s'en fiche complètement c'est juste une proposition pour aller plus vite, mais ça se dit pas à l'oral, de la même manière que si tu vois M majuscule, M minuscule, E tu vas pas bêtement te faire M tu vas dire MADAME donc déjà, cette focalisation sur le point médian elle est débile, parce que si t'as pas envie de t'en servir, tu t'en sers pas, et qu'en plus c'est que à l'écrite, donc voilà L'écriture inclusive, ça va beaucoup plus loin. La parlure inclusive, ça va plus loin. Et c'est aussi revenir à des choses qui existaient avant, comme je l'explique dans le spectacle, la règle de proximité, avec l'adjectif qui s'accorde avec le mot qui lui est le plus proche. Donc, comme l'exemple que je donne dans Compte-Arbour, les femmes et les hommes sont égaux, les hommes et les femmes sont égales. Voilà, c'est simple. Et comme ça, quand on a une énumération, on n'a pas besoin de s'amuser à compter je ne sais quoi. On accorde avec le mot qui est collé à l'adjectif. Et si on regarde... Les œuvres qu'ils n'ont pas réussi à totalement dénaturer par toutes, parce qu'avec les Alexandrins, s'ils masculinisaient, il y avait un pied en trop, ou alors ce n'était plus la bonne rime. Donc sur certains vers de Corneille ou de Racine, on voit que c'est l'accord de proximité. Il y avait aussi l'accord d'importance dans une énumération. Je veux donner de l'importance à un mot plus qu'à un autre, donc j'accorde avec celui-là. Il y avait aussi l'accord de choix, donc je choisis. Il y a des termes féminines, masculines, et du coup je choisis si j'accorde à la féminine ou au masculin. Et puis, pour finir, il y avait l'accord de majorité. J'accorde à la majorité, plus de femmes que d'hommes, on accorde à la féminine, basta. Donc ça, c'est revenir à des choses qui ont existé l'immense majorité de la vie de la langue française. Et par ailleurs, là, on a une légitimité et sémantique et historique à parler de manière plus égalitaire, puisque la langue française est équipée pour l'égalité. Ce n'est pas le cas de toutes les langues, c'est son cas. En revanche, même si la règle du masculin l'emporte avait été toujours là depuis l'Antiquité, Mais je m'en tape, j'aurais quand même changé ça. C'est pas parce qu'un truc est vieux que c'est bien. C'est vrai, Depardiable est vieux, c'est pas bien. Gérard Depardiable, je veux dire. Vous voyez ? Il n'est pas accusé de viol.

  • Speaker #4

    Et donc pour vous, quel est l'intérêt d'utiliser la féminine universelle plutôt que l'écriture inclusive ?

  • Speaker #3

    Alors l'écriture ou la parlure inclusive, c'est quelque chose qu'on fait pour rendre visibles les deux sexes, et je la pratique dans plein de contextes. Je ne parle jamais au masculin l'emporte, je parle soit en inclusive, mais en fait, en inclusive, le masculin l'emporte. Moi, ça me pose problème. En inclusive, on dit toujours il s'agit de la la la C'est-à-dire que le masculin fait toujours le neutre en inclusive. La seule chose que vous faites, c'est que quand vous nommez des gens, vous nommez aussi des femmes. Donc bonjour à toutes et à tous. Moi, j'ai eu envie de faire autre chose. Je peux l'utiliser dans plein de contextes, c'est utile dans plein de contextes, mais je suis une artiste, je suis une littéraire. Et je vous signale que quand Pérec écrit un livre sans les E, par exemple, tout le monde dit que c'est génial. Évidemment, en plus, il enlevait les E. Les E, qu'est-ce que ça marque ? La féminine. Voilà, super. Quand Prévert, pour le coup, écrit Elle pleut, on dit que c'est un génie, c'est un poète. Même Necfeu, qui d'ailleurs est accusé de viol, le rappeur, quand il dit, il chante Elle pleut, pareil, génie. Quand moi je dis elle pleut, peine de mort. Donc vous voyez, déjà, il y a un deux poids deux mesures. Et moi j'ai voulu m'approprier la langue, faire entendre les femmes à la maxime femme. Par exemple là vous voyez, j'ai enlevé homme de maximum. Je ne fais pas de l'étymologie moi. Je fais de l'art, de la littérature, et je fais de l'impertinence pertinente. Donc à la maxime femme, comme ça on entend femme. Et bien c'est une manière pour moi de me redresser, d'exister dans ma propre tête, d'exister au monde, de faire rire les femmes aussi, de faire réaliser aux hommes ce que ça peut être. Ne serait-ce qu'une heure et demie pour de fausses, être invisibilisé dans la langue ou minimisé, alors que nous c'est pour de vrai, depuis 150 ans dans les usages.

  • Speaker #1

    Vous utilisez l'histoire et les histoires, les contes, pour expliquer des règles grammaticales sexistes. Et quelles sont les réactions du public ?

  • Speaker #3

    Elles sont variables, parce que chaque personne est singulière, donc les publics ne sont jamais les mêmes, les dynamiques, c'est la joie des spectacles vivants. Donc elle y a un peu de toutes. J'ai évidemment une majorité de femmes qui viennent me voir. Là, c'était des lycéennes et des lycéens qui étaient forcés d'être là. Donc là, c'était mixte. Mais dans la vraie vie, j'ai davantage de femmes qui viennent me voir. Plus je suis un peu reconnue dans les médias, plus les hommes se déplacent. Genre, un peu connue, ça vaut le coup de se déplacer. Mais les femmes, elles n'ont pas attendu ça. Elles savent qu'on peut être génial et pas connue. Et donc, évidemment, il y en a plein qui me disent déjà que la féminine universelle... les redresse, leur fait de la bienne, qu'elles l'essayent après et tout ça, et que ça fait quelque chose, ça surprend au début. Au fur et à mesure de la spectacle, c'est la première fois qu'elles existent dans la langue, en fait. Et ça, ça fait quelque chose, en vrai. Le langage structure la pensée, donc on pense différemment. Là,

  • Speaker #2

    ça nous fait, on a voté le membre, on vient de faire un certain nombre d'hommes, et tout le monde dit que c'est la journée du but, d'appelons pas de deux hommes. C'est les masculins qui ont trouvé le nom, et il est super. On aurait pu le faire mieux.

  • Speaker #3

    Et puis par ailleurs, c'est une gymnastique cérébrale, je pense, qui est bonne pour la cervelle. Je sens que c'est pas mal pour lutter contre Alzheimer, cette mécanique, cette gymnastique permanente. Et puis d'autre part, sur Comte-Arbour par exemple, elles me disent beaucoup que malheureusement... Malheureusement, hein ? que certaines reconnaissent leur propre histoire, l'histoire de leur mère, l'histoire d'amis, de sœurs, sur Cendrillon qui parle de violences conjugales par exemple, La Petite Sirène, vous ne l'avez pas vue dans cette version-là, mais il y a une version qui parle de viols et de mémoires traumatiques, Les Sept Filles de l'Ogre, ou Paul-Anne sur les violences pédocriminelles et l'inceste. Je me débrouille toujours pour qu'il y ait des passages émouvants, mais qu'ensuite, juste après, on rigole pour ne pas plonger. Je n'utilise pas les mots des agresseurs pour prendre soin des victimes. Au maximum, ne pas redéclencher des traumas, ne pas utiliser les mots des agresseurs, ne pas décrire des violences par le menu. Quand j'en parle, je passe soit par la poésie, soit par le slam, soit par la métaphore. Ou alors je m'applique sur les stratégies, mais je ne décris pas des violences. Parce que je sais trop ce que c'est d'être confronté à une mémoire traumatique qui se redéclenche. Là, ça les met enfin à leur vraie place, c'est-à-dire une place d'héroïne valorisée, valorisante. On est de leur côté, on est en empathie. Et que ça leur fait de la bienne aussi, que je m'autorise la colère. C'est Andrea Dworkin, grande féministe américaine, qui disait les femmes, les héroïnes, les victimes ont le droit à la colère, elles ont même le droit à la haine, en fait. Nous, on est élevés pour aimer nos oppresseurs, voire nos agresseurs. Pourquoi les hommes respectent ce qu'il en crache dessus ?

  • Speaker #2

    C'est intéressant, non ? Bonjour, je suis Mme Dworkin. Je sens avec les pépins, les hommes,

  • Speaker #3

    souvent. D'ailleurs,

  • Speaker #2

    maintenant, je suis une garante, et tout le monde, ils me sont dégagés. Quand ils me sont pires, ils me parlent. Je sais bien. Et vous saurez qu'ils n'en font pas un mot de plus. Qu'est-ce que je vais vous faire ?

  • Speaker #3

    C'est une douleur de jour. Vous allez me parler. Et ça les femmes, c'est tellement interdit pour elles. Et moi j'en ai rien à taper. Enfin franchement, c'est pour ça que j'aime bien jouer devant des lycéennes et des lycéens, c'est qu'il y a toujours des lycéens qui font de la merde. Déjà c'est hyper drôle parce que comme ils sont pas très courageux, il suffit de les chanter une fois puis on les entend plus.

  • Speaker #0

    Et d'autre part, les filles voient, pour une des premières fois, enfin, c'est pas si courante en tout cas dans leur vie, de voir une femme dans le positionnement physique, vocal, elle a pas peur, elle est en position de puissance, parce qu'évidemment, je suis sur scène, j'ai un micro-casque, les gens n'en ont pas, techniquement, de toute façon, forcément, on m'entend plus, quoi. Mais qui cherchent pas à leur plaire, qui s'en tapent de leur déplaire, qui leur disent ça vous plaît pas, vous vous cassez, vous allez pas me manquer, quoi. Je m'en tape, moi, de faire de la prévention pour des types que de toute façon, c'est déjà des agresseurs. Donc si vous êtes des agresseurs, bah vous barrez. Moi je n'espère qu'en votre mort, je m'en fous. Des fois j'ai été jusque là, parce qu'on sait très bien, lorsqu'on a des lycéennes et des lycéens en face, statistiquement, il y a déjà des victimes dans la salle, mais beaucoup.

  • Speaker #1

    Un petit garçon sur trois et une petite fille sur treize subit des violences avant l'âge de 18 ans, de la part d'une femme adulte. Voilà,

  • Speaker #0

    c'est des vrais chiffres,

  • Speaker #1

    je suis un racel. Et tu n'es pas particulièrement traumatisé, quand tu es en vie, tu ne maîtrises plus tout ça. Et... La partie où je vous donnais des vrais chiffres, juste à l'inverse. En France, 0,6% des violeuses seulement passeraient par la casse-prison. Donc en France, en 2024, dans les faits, les femmes ont le droit de violer massivement les hommes impunés. Parce qu'on saurait que c'est le parcours du courant. Ils arriveraient à avoir une fliquesse, ils leur demanderaient leur téléphone, c'est un peu compliqué. Comment ils ont réussi à porter fin ? Que ça a pas fait le bon lieu ? extraordinairement mal, t'as vraiment pas une bonne entente violeuse, tu vois. Dès au procès, elle a une défense trouvée, tu te dis, bah, il était conscient de son abandon. Parce que les conséquences logiques des violences et des traumatismes, qui seraient en fait des preuves des viols, seraient considérées comme des preuves de ramasse.

  • Speaker #0

    Je rappelle qu'une petite fille sur cinq et un petit garçon sur treize seront victimes de violences sexuelles avant l'âge de 18 ans, c'est énorme. Donc là, il y avait plein d'enfantes et d'enfants qui avaient été victimes de violences sexuelles pédocriminelles. masculinistes. Et d'autre part, statistiquement, il y a aussi des filles qui sont victimes de certains garçons qui sont là, et des garçons qui sont déjà agresseurs sexuels, voire violeurs. Et qui regardent de la pornographie. Donc ils se masturbent devant des viols en série. Du coup, ouais, il y en a où des fois je leur rentre carrément plus dans l'art, mais là, ils n'ont pas osé. Parce qu'il y avait trop de filles extraordinaires. J'en ai vu qui m'ont fait des cœurs, des têtes genre Et c'est important de leur montrer qu'on n'a pas à faire allégeance. Après, les représailles sont énormes. Il faut avoir beaucoup de courage. Il ne faut pas se la cacher. Je ne suis pas capable de faire ça tout le temps. Mais les filles et les femmes me donnent tellement de courage que ça va aller.

  • Speaker #2

    Vous parlez de l'Académie française qui a changé la langue, qui l'a rendue plus masculine, etc. Est-ce que vous diriez qu'avant la création de l'Académie française, la langue française était égalitaire ?

  • Speaker #0

    Elle était plus égalitaire, mais elle y avait quand même des soucis. C'est-à-dire qu'elle y avait déjà des mots qui ne voulaient pas dire la même chose. Un homme savant, c'est un homme qui a dû savoir. Une femme savante, et c'est pour ça que Molière a nommé sa pièce comme ça. C'était déjà des péronnelles, des meufs qui se prenaient pour je ne sais pas quoi et qui étaient des grosses stupides. Compaire, ça veut dire mon ami. Comère, ça veut dire la meuf qui dit des potins. Enfin, voilà. En fait, le problème, c'est que même quand la langue est équipée pour l'égalité, si vous changez le sens des mots, et comme les hommes ont le pouvoir de nommer, ça c'est aussi André Dworkin qui le dit, la langue, elle peut jouer quand même contre nous. Donc non, ce n'était pas parfait du tout. Mais c'était beaucoup plus égalitaire dans la grammaire et dans la liberté qu'on avait aussi. C'est-à-dire que les femmes parlaient comme ça leur venait. Et donc Madame de Sévigné aurait dit Heureusement, heureuse, je la suis Oui, évidemment. Et puis un truc était bien quand même, parenthèse. L'orthographe n'existait pas non plus. C'est-à-dire que Molière, il pouvait écrire quatre fois le même mot de quatre manières différentes sur la page. Parce qu'on écrivait en phonétique. Louis XIV, des fois il signe avec un I, des fois il signe avec un Y. Genre, vous imaginez le nombre de temps qu'on perd avec cette merde. Et ça, c'est aussi un truc de l'académie française, un truc élitiste pour distinguer, je les cite, les hommes de lettres des pauvres d'esprit et des simples femmes. Nous, on est après les pauvres d'esprit, mesdames. C'est-à-dire que les seuls qui vont avoir le temps d'apprendre ces règles débiles, ça va être les hommes dominants. Donc, on va les reconnaître sur un CV, ceux qui font des fautes. et celles qui en font pas, etc. Et donc, c'est de la merde aussi. Il faudrait revenir à un monde sans orthographe, ça serait super. Je milite pour l'abolition de l'orthographe. En tant que dysorthographique, ça marcherait.

  • Speaker #2

    Lorsqu'on vous accuse de dénaturer la langue française, finalement, pour vous, votre démarche ne serait pas plutôt une renaturalisation de la langue et un réenrichissement ? Si,

  • Speaker #0

    tout à fait. Une renaturalisation, comme on renaturalise des zones qui ont été bétonnées, bousillées par les patriars capitalistes merdiques. Donc, c'est un peu ça.

  • Speaker #3

    je s'aime et je m'amuse énormément et pour terminer sur cette question de la langue la langue c'est aussi la source de nos imaginaires, de notre imagination est-ce que la féminine universelle pour vous c'est une solution pour s'ouvrir à de nouveaux imaginaires ?

  • Speaker #1

    on vous en met en matière de force vous n'avez pas besoin de vous dévager vu que je vais passer depuis cette année d'opprimé à un petit peu plus

  • Speaker #0

    Oui, elle ouvre des horizons de création, ça c'est clair. C'est-à-dire que ça demande de se poser la question. Par exemple, moi des fois j'ai la question parce que voilà, et puis d'autres fois je me dis c'est très féministe, on va l'appeler la question. Enfin, ça demande de s'interroger qu'est-ce qu'il vaut la peine d'être féministé. Donc par exemple, la clitoris, la vagine, c'est assez évidente. La féminisme, évidemment. Par contre, le fascisme toujours. Mais du coup, on peut même dire le violence. Le verru planter, tout ce qui nous emmerde tant que les hommes massivement violent les femmes, je propose que ce soit masculin. Donc moi je veux créer cette armée sorore de résistance, l'armée des ombres. Après on aura probablement 2-3 alliés, mais ce ne sera pas décisif, il va y avoir 12 mecs, c'est pas ça qui va. Et la majorité va falloir les faire plier de force et c'est pas grave, on va y arriver. Et après, les générations d'après, ils comprendront que c'est vachement mieux, parce qu'ils auront accès à l'empathie, la communication. Du coup... le bonheur, l'amour, moi je pense que les hommes ne connaissent pas ça aujourd'hui, si les mecs mascus de base n'ont pas d'empathie, donc ils n'ont pas accès à l'amour c'est limite des morts vivants quelque part, voilà, donc je pense qu'être un mec c'est de la merde et aujourd'hui, donc quand on aura gagné, les générations d'après nous diront ah mais merci, mais la vie de merde qu'ils avaient les autres mecs avant moi, tu vois, mais oui, dans un premier temps, des types comme DSK ils n'ont pas envie que ça change, parce que toute leur vie est bâtie sur le privilège, le droit de violer impunément les femmes, donc c'est sûr ça, on veut carrément leur enlever... Nous, on ne souffre pas de ne pas violer des gens. On ne se dit pas Merde, j'aurais bien volé ce matin ! On ne se dit jamais ça, ça n'existe pas. Ils seront dans le même état, donc ils se diront Mais c'était pourri comme objectif !

  • Speaker #3

    Et nous allons malheureusement devoir conclure cet entretien. Est-ce que vous auriez un dernier mot, un dernier message à faire passer à nos auditeurs, à nos auditrices ?

  • Speaker #0

    Je vous encourage à tester la féminine universelle déjà, à voir ce que ça fait, même le temps d'une soirée. Messieurs, à... être minoritaire ou invisibilisé dans la langue. Regardez ce que ça fait. Voilà, c'est ce qu'on subit pour De Vraino. Mesdames, essayez pour prendre des forces, et puis pour rire, pour créer, parce que c'est belle. Et puis, à minima, parlez à l'inclusive. Voilà, à minima. S'il y a des femmes dans la pièce, elles doivent exister. Et si ça vous saoule de doubler tous les mots, vous parlez à la féminine. C'est ça aussi. Vous dites bonsoir à toutes, mais vous allez voir s'ils se sentent concernés. Et sinon, je vous encourage à me suivre sur les réseaux sociaux. Sur les réselles sociales, comme j'aime à les appeler lorsqu'elles ne sont pas violentes. Parce que les masculinistes m'ont trouvé. Donc si vous me trouvez aussi, c'est sympa. Donc ça s'écrit T-Y-P-H-A-I-N-E. Et puis ensuite, point D, juste la lettre D. Alors sur Instagram, ça doit être point D après un tiret. Enfin, vous allez me trouver. C'est un positionnement politique contre les patronymes. Je refuse de porter le nom de mes oppresseurs. Donc je ne porterai pas le nom des hommes. Et si je portais le nom de mon père ou le nom de ma mère, qui est en fait le nom de son père à elle. Les femmes n'ont plus de nom, donc je m'appelle Tiffen D comme Dworkin et Delphine. Et de Beauvoir et Delphine Cyrigue, enfin bref, elle y en a plein. Et puis sinon, vous êtes précieuses et personne n'a le droit de vous faire du mal. Si vous êtes un agresseur vous-même, si elle vous plaît, faites harakiri. Merci, bisous.

  • Speaker #3

    Merci beaucoup Tiffen D, inventrice d'une langue à la féminine universelle qui était de passage aujourd'hui à Mulhouse pour deux spectacles, Compte à Robourg et Péril mortel.

  • Speaker #0

    Merci. On défend, on se bat. On sait comment on se bat contre cette violence.

  • Speaker #1

    Malgré qu'il y a la mort,

  • Speaker #0

    la faim, on se débat quand même. On ne laisse pas faire.

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