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L'enfer du TER franco-allemand avec Julien Steinhauser

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11min |17/01/2025
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11min |17/01/2025
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Description

La ligne TER franco-allemande Mulhouse - Müllheim - Freiburg est rouverte depuis 2012. Mais elle connaît tellement de soucis qu'on peut se demander si un complot a été fomenté contre cette voie ferrée... Rencontre avec le journaliste Julien Steinhauser (Rheinblick, hebdo bilingue du groupe L'Alsace - DNA) qui nous dévoile l'histoire de ce train pas vraiment comme les autres... Entretien réalisé le 17 janvier 2025 en gare de Mulhouse par Jean-Luc Wertenschlag pour Radio Quetsch, L'Alterpresse68 et WNE.


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Nous sommes toujours le 17 janvier 2025 en gare de Mulhouse, presque en Allemagne. Et avant d'aller en Allemagne, on va consulter notre spécialiste franco-allemand, journaliste au DNA et auteur notamment de Rheinblick, le supplément hebdo qui nous raconte tout sur l'Allemagne, même si on reste en Alsace. Peux-tu te présenter ?

  • Speaker #1

    Oui, ça je peux faire. Donc Julien Steinhozer, effectivement, comme tu l'as dit, je suis journaliste BNA, je m'occupe notamment de l'hebdomadaire Heinblick qui sort tous les mardis, qui est donc le supplément bilingue des journaux BNA et l'Alsace, et dont la ligne éditoriale est donc le traitement de l'actualité transfrontalière en Allemagne, en Alsace, mais également dans le nord-ouest de la Suisse, voire jusqu'en Autriche. En fait, c'est toute la vallée du Rhin.

  • Speaker #0

    Et donc, grâce à toi, Julien, moi j'ai découvert l'enfer de la ligne Mulhouse-Mulheim qui n'arrête pas de ne pas marcher. Est-ce que tu peux nous raconter un peu à quoi ressemble l'histoire de ce train qui ne marche presque jamais ?

  • Speaker #1

    Alors, toute l'histoire, elle commence en 2012, autant que je sache. Si je m'en souviens bien, c'est la réouverture de la ligne entre Mulhouse-Mulheim et Freiburg qui avait été fermée. dans les années 80, donc c'est la défunte région Alsace qui rouvre cette ligne. Au début, il y a huit trains, huit allers-retours quotidiens, dont deux directs. Ça fonctionne relativement bien jusqu'à ces quatre, cinq dernières années. Pour des raisons que je ne m'explique pas trop, enfin il y en a plusieurs, l'exploitation de cette ligne devient un peu chaotique. Les trains directs sont supprimés, il faut forcément changer à Mulheim pour poursuivre ce Freiburg. Et on circule de Mulhouse à Mulheim avec un train français exploité par la SNCF et la région Grand Est. Et on circule de Mulheim à Freiburg avec un train allemand exploité par la Zweig, qui est une filiale de la Deutsche Bahn au niveau régional dans le bas d'Württemberg. Donc le changement implique... pas mal de difficultés parce que la Deutsche Bahn, contrairement à la légende, n'est guère plus ponctuelle que la SNCF, bien au contraire, c'est peut-être encore pire. D'ailleurs les allemands parlent même de Dichande, ils disent la honte tellement c'est chaotique. Et ce qui se passe en fait c'est lorsque, en Mühleim, lorsqu'il faut changer, lorsque le train français est en retard, le train allemand n'attend pas, lorsque le train allemand est en retard, le train français n'attend pas. Alors on essaie de trouver des explications, on essaie de... de voir même les chauffeurs, les conducteurs de train, on a téléphoné à Berlin, on a téléphoné à Paris, on a téléphoné à la région de l'Anteste, et tout le monde se renvoie la balle, tout le monde dit ah mais c'est la SNCF qui part trop tôt et la SNCF dit c'est la Deutsche Bahn qui part trop tôt Tout ça aboutit finalement à la suppression carrément, il y a maintenant plus d'un an et demi, de la liaison en train pour son remplacement par des autocars exploités par des sociétés privées. La SNCF indique alors qu'il manque de chauffeurs germanophones. C'est assez étonnant, on n'a pas de chauffeur de train germanophone, parce qu'on a des chauffeurs de bus, on en a. Avec le bus, c'est guère mieux, parce qu'en bus, il faut compter à peu près 15 minutes de plus pour arriver jusqu'à Mülheim, et là encore une fois, se pose le problème de la correspondance à Mülheim, puisque lorsque le bus met un quart d'heure de plus, c'est strictement impossible d'avoir le train allemand pour continuer sur Freiburg. Finalement, ça a duré plus d'un an, et là, la SNCF nous a annoncé avoir formé des conducteurs germanophones, donc non seulement les avoir formés à la langue allemande, puisqu'il y a difficulté double. Il faut que les conducteurs de la SNCF qui passent la frontière à Neuenburg maîtrisent non seulement la langue allemande, mais disposent également d'une habilitation à circuler sur les réseaux ferrés allemands. Donc il leur fallait une double formation. Cette formation a pris à peu près un an. Et donc là, la SNCF nous a annoncé la reprise du trafic par TER entre Mulhouse, Mülheim et Freiburg. On espère juste que ça va fonctionner, puisque dès demain, ça recommence avec les autobus, parce que cette fois-ci, il y a des travaux côté allemand. Mais on nous dit que ça ne durera que jusqu'au 7 février. On espère qu'après le 7 février, on aura enfin une liaison digne de ce nom, sachant que, c'est une avis tout à fait personnel, mais le service est quand même dégradé par rapport à ce qu'on connaissait en 2012, puisque des trains directs ne circulent plus, il faut toujours changer à Mulheim, et les derniers trains du soir sont remplacés par des bus.

  • Speaker #0

    On se demande s'il y a une véritable volonté politique de faire exister cette ligne, parce qu'il y a tous les soucis que tu as évoqués, mais il y a aussi la tarification incompréhensible. C'est-à-dire que Fluo, la carte de réduction qui doit fonctionner sur tous les TVR du Grand Est, qui fonctionne d'ailleurs jusqu'à Belfort et Basel, elle ne marche pas pour aller à Mülheim ou Freiburg. Il faut prendre un billet spécial. Et en plus, quand on demande à un automate SNCF Connect comment aller de Mülheim à Freiburg, généralement, il nous fait passer par Strasbourg, alors que la Deutsche Bahn nous fait passer par Basel avec des TGV. En payant 25 euros, l'aller simple. Est-ce qu'il y a une véritable volonté politique ou est-ce qu'ils s'en foutent complètement de nos élus ?

  • Speaker #1

    Alors concernant la tarification, il y a effectivement le problème du côté français, puisque la carte fluo ne fonctionne pas, mais dans l'autre sens ça ne marche pas non plus, le fameux Deutschland ticket, qui est donc le forfait. Le forfait mensuel qui a été instauré par la Deutsche Bahn pour circuler sur les trains régionaux, qui coûtait 49 euros l'année dernière, qui coûte 58 euros maintenant, c'est un forfait mensuel. Ce forfait ne fonctionne pas sur cette ligne non plus. Alors qu'il fonctionne dans le nord de l'Alsace, par exemple, pour aller à Lauterbourg. Par contre, concernant la volonté politique, ça a été une volonté politique clairement affichée en 2012 par Philippe Richert lorsqu'il était président de la région Alsace. Je crois que c'était une volonté de la région Alsace. Alors on ne va pas faire de politique... politicienne, mais néanmoins on peut se poser la question en effet, si le regroupement des régions dans le Grand Est n'a pas entraîné un basculement avec une vision davantage tournée vers l'Ouest, vers Paris plutôt qu'une vision un petit peu Rhénane, tournée vers l'Est, vision Rhénane qu'avait la région Alsace. Il faudrait poser la question directement aux élus de ce qu'ils en pensent, c'était quand même un symbole en 2012. Et l'avoir laissé tomber en décrépitude comme cette Cette ligne a été quasiment abandonnée jusqu'à sa fermeture et son remplacement par des bus. On se pose quand même la question alors qu'on fait de grands effets d'annonce sur la future reconstruction, la future réouverture du colmar Freiburg en train, alors qu'on n'est même pas capable de faire fonctionner une ligne qui existe.

  • Speaker #0

    Par ailleurs, j'ai vu, si mes infos sont bonnes, que le conseil régional d'Alsace a voté pour cette ligne Mulhouse-Mulheim, 4,5 milliards d'euros d'investissement. 2011-2012 pour qu'elles accueillent des TGV. Or, il y a peut-être eu quelques TGV qui sont passés un jour, mais ça fait longtemps que c'est fini. Est-ce que ça a du sens, ça, de dépenser plein d'argent, des milliards pour des TGV qui, finalement, ne viennent pas ?

  • Speaker #1

    Alors, le TGV, il circulait, il a été supprimé. C'était un TGV qui faisait Freiburg-Paris via Mulhouse, et donc tous ces TGV ont été supprimés maintenant au profit d'un TGV qui fait Freiburg-Strasbourg-Paris. Après je pense pas que cette ligne elle a été directement aménagée pour y accueillir des TGV. Le but à la base c'était quand même une ligne régionale transfrontalière entre deux grandes villes que sont Mulhouse et Freiburg, quasiment plus de 250 000 habitants dans chaque agglomération, avec un des importants liens économiques et puis surtout ça avait quand même un valeur de symbole. Le TGV, je pense que c'était un peu anecdotique. À la limite, un Fribourgeois qui a envie d'aller à Paris, il s'affiche pas mal de passer par Mulhouse ou de passer par Strasbourg. Non, c'est plus une question de desserte régionale. Qu'est-ce qu'on veut comme desserte régionale ? Est-ce qu'on veut une vraie desserte ferroviaire régionale transfrontalière ? Ou est-ce qu'on s'en fiche un petit peu de faciliter le transport des Alsaciens vers l'Allemagne ?

  • Speaker #0

    Alors peut-être pour conclure plus largement sur la France-Allemagne, sur Mulhouse-Freibourg ? Toi qui écris chaque semaine des articles concernant notre voisin allemand, le voisin suisse et même l'Autriche, est-ce que c'est une réalité cette fameuse amitié franco-allemande ? Est-ce que les Alsaciens aiment l'Allemagne ? Est-ce que les Allemands apprécient la France en dehors du fromage et des villages touristiques ?

  • Speaker #1

    On édite Rheinblick, c'est un supplément à vocation. Transfrontalière, ce n'est pas par hasard. On ne fait pas de la philanthropie non plus. Les DNA à l'Alsace sont des entreprises qui ont besoin de gagner de l'argent pour vivre. Donc il y a des études de marché qui ont été faites. Et oui, très clairement, les problématiques transfrontalières sont parmi les problématiques journalistiques qui sont les plus lues, qui intéressent le plus les Alsaciens. Il y a une réelle appétence pour ce qui se passe en Allemagne. C'est évidemment lié à notre histoire, qui est une histoire commune avec l'Alsace, et qui aujourd'hui peut-être que... plus de 80 ans après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, est en train de reprendre une certaine réalité dans le cœur, dans la tête des Alsaciens, qui effectivement se rendent compte que nous sommes une seule et même vallée le long du Rhin, et que les populations qui se trouvent de part et d'autre du Rhin sont de très proches cousins, avec une langue commune, une histoire commune, des intérêts communs, une manière de manger, pareil, une manière de parler, une manière de chanter, de danser, et oui, effectivement, tout ce qui est transfrontalier, alors ça va de... De la simple question de la consommation, je pense pas simplement au prix des cigarettes, c'est tout bête, jusqu'à un fort intérêt pour l'actualité sportive et culturelle, ce qui se passe à Freiburg. Oui, effectivement, je pense que c'est une réalité. Malheureusement, cette réalité souffre de la difficulté linguistique, puisque malheureusement en Alsace, le dialecte alsacien est en perte de vitesse. Et c'était peut-être ça qui facilitait aussi les échanges avec nos voisins.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'on pourrait faire pour booster en dehors d'une couverture médiatique que tu as sur déjà ? Est-ce qu'il y a des bonnes idées pour relancer les liens franco-allemands ?

  • Speaker #1

    Dans le sud de l'Alsace, il y a une tradition qui a été reprise par la ville de Mulhouse et la ville de Freiburg, c'est celle de tenir au moins une fois par an des conseils municipaux communs. Il y a aussi la création d'événements culturels qui ont été facilités par les deux villes. Par exemple, lors de la fête de la musique à Mulhouse, des groupes fribourgeois sont invités sur une scène mulhousienne. Et inversement, il y a un festival à Freibourg organisé fin juin qui, pareil, accueille des artistes mulhousiens. On a parlé du projet de réouverture de la ligne ferroviaire entre Colmar et Freiburg. Oui, effectivement, il y a des choses qui sont en train de se mettre en place. Je n'ai pas d'autres exemples concrets qui me viennent, mais je crois qu'il y a aussi des universités qui ont des échanges. Nous, on vit ça quasiment au quotidien.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Julien Steinhauser, journaliste au DNA, avec le supplément Ryan Blick, chaque mardi. dans les DNA et l'Alsace aussi j'imagine.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait, c'est un produit commun aux deux titres alsaciens, en fait c'est le digne successeur de ce qu'on appelait jadis la bilingue, c'est-à-dire le journal bleu que vous avez tous connu, les DNA en bleu et l'Alsace en bleu, qui était un journal rédigé en partie en langue allemande, qui sortait tous les jours. qui a été supprimé au moment du Covid pour être remplacé par ce Rheinblick, donc qui est disponible sur simple demande à n'importe qui qui dispose d'un abonnement à l'Alsace ou au DNA, et qui ne coûte pas très cher puisque c'est à peine une quarantaine d'euros par an. Donc c'est 50 centimes le numéro, 20 pages toutes les semaines sur l'actualité transfrontalière.

  • Speaker #0

    Merci Julien Steinhauser.

Description

La ligne TER franco-allemande Mulhouse - Müllheim - Freiburg est rouverte depuis 2012. Mais elle connaît tellement de soucis qu'on peut se demander si un complot a été fomenté contre cette voie ferrée... Rencontre avec le journaliste Julien Steinhauser (Rheinblick, hebdo bilingue du groupe L'Alsace - DNA) qui nous dévoile l'histoire de ce train pas vraiment comme les autres... Entretien réalisé le 17 janvier 2025 en gare de Mulhouse par Jean-Luc Wertenschlag pour Radio Quetsch, L'Alterpresse68 et WNE.


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Avec Lisa Giannarelli, Sixtine Schwarte, Omar Alfarekh, Julien Foerry, Louis Priem, Sofiia Kovalova, Elena Kaigorodova, Anna Kuklìkovà, Anissa Zeggaï, Antoine Ledermann, Sybille Gaertner, Théo Klein, Jean-Noël Robillard, Khouloud Ayari, Sarra El Idrissi, Omar El Jid, Jean-Luc Wertenschlag, les volontaires européennes de Mulhouse et du monde, les ami-e-s de Radio Quetsch  et toutes celles qui nous rattraperont 


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Nous sommes toujours le 17 janvier 2025 en gare de Mulhouse, presque en Allemagne. Et avant d'aller en Allemagne, on va consulter notre spécialiste franco-allemand, journaliste au DNA et auteur notamment de Rheinblick, le supplément hebdo qui nous raconte tout sur l'Allemagne, même si on reste en Alsace. Peux-tu te présenter ?

  • Speaker #1

    Oui, ça je peux faire. Donc Julien Steinhozer, effectivement, comme tu l'as dit, je suis journaliste BNA, je m'occupe notamment de l'hebdomadaire Heinblick qui sort tous les mardis, qui est donc le supplément bilingue des journaux BNA et l'Alsace, et dont la ligne éditoriale est donc le traitement de l'actualité transfrontalière en Allemagne, en Alsace, mais également dans le nord-ouest de la Suisse, voire jusqu'en Autriche. En fait, c'est toute la vallée du Rhin.

  • Speaker #0

    Et donc, grâce à toi, Julien, moi j'ai découvert l'enfer de la ligne Mulhouse-Mulheim qui n'arrête pas de ne pas marcher. Est-ce que tu peux nous raconter un peu à quoi ressemble l'histoire de ce train qui ne marche presque jamais ?

  • Speaker #1

    Alors, toute l'histoire, elle commence en 2012, autant que je sache. Si je m'en souviens bien, c'est la réouverture de la ligne entre Mulhouse-Mulheim et Freiburg qui avait été fermée. dans les années 80, donc c'est la défunte région Alsace qui rouvre cette ligne. Au début, il y a huit trains, huit allers-retours quotidiens, dont deux directs. Ça fonctionne relativement bien jusqu'à ces quatre, cinq dernières années. Pour des raisons que je ne m'explique pas trop, enfin il y en a plusieurs, l'exploitation de cette ligne devient un peu chaotique. Les trains directs sont supprimés, il faut forcément changer à Mulheim pour poursuivre ce Freiburg. Et on circule de Mulhouse à Mulheim avec un train français exploité par la SNCF et la région Grand Est. Et on circule de Mulheim à Freiburg avec un train allemand exploité par la Zweig, qui est une filiale de la Deutsche Bahn au niveau régional dans le bas d'Württemberg. Donc le changement implique... pas mal de difficultés parce que la Deutsche Bahn, contrairement à la légende, n'est guère plus ponctuelle que la SNCF, bien au contraire, c'est peut-être encore pire. D'ailleurs les allemands parlent même de Dichande, ils disent la honte tellement c'est chaotique. Et ce qui se passe en fait c'est lorsque, en Mühleim, lorsqu'il faut changer, lorsque le train français est en retard, le train allemand n'attend pas, lorsque le train allemand est en retard, le train français n'attend pas. Alors on essaie de trouver des explications, on essaie de... de voir même les chauffeurs, les conducteurs de train, on a téléphoné à Berlin, on a téléphoné à Paris, on a téléphoné à la région de l'Anteste, et tout le monde se renvoie la balle, tout le monde dit ah mais c'est la SNCF qui part trop tôt et la SNCF dit c'est la Deutsche Bahn qui part trop tôt Tout ça aboutit finalement à la suppression carrément, il y a maintenant plus d'un an et demi, de la liaison en train pour son remplacement par des autocars exploités par des sociétés privées. La SNCF indique alors qu'il manque de chauffeurs germanophones. C'est assez étonnant, on n'a pas de chauffeur de train germanophone, parce qu'on a des chauffeurs de bus, on en a. Avec le bus, c'est guère mieux, parce qu'en bus, il faut compter à peu près 15 minutes de plus pour arriver jusqu'à Mülheim, et là encore une fois, se pose le problème de la correspondance à Mülheim, puisque lorsque le bus met un quart d'heure de plus, c'est strictement impossible d'avoir le train allemand pour continuer sur Freiburg. Finalement, ça a duré plus d'un an, et là, la SNCF nous a annoncé avoir formé des conducteurs germanophones, donc non seulement les avoir formés à la langue allemande, puisqu'il y a difficulté double. Il faut que les conducteurs de la SNCF qui passent la frontière à Neuenburg maîtrisent non seulement la langue allemande, mais disposent également d'une habilitation à circuler sur les réseaux ferrés allemands. Donc il leur fallait une double formation. Cette formation a pris à peu près un an. Et donc là, la SNCF nous a annoncé la reprise du trafic par TER entre Mulhouse, Mülheim et Freiburg. On espère juste que ça va fonctionner, puisque dès demain, ça recommence avec les autobus, parce que cette fois-ci, il y a des travaux côté allemand. Mais on nous dit que ça ne durera que jusqu'au 7 février. On espère qu'après le 7 février, on aura enfin une liaison digne de ce nom, sachant que, c'est une avis tout à fait personnel, mais le service est quand même dégradé par rapport à ce qu'on connaissait en 2012, puisque des trains directs ne circulent plus, il faut toujours changer à Mulheim, et les derniers trains du soir sont remplacés par des bus.

  • Speaker #0

    On se demande s'il y a une véritable volonté politique de faire exister cette ligne, parce qu'il y a tous les soucis que tu as évoqués, mais il y a aussi la tarification incompréhensible. C'est-à-dire que Fluo, la carte de réduction qui doit fonctionner sur tous les TVR du Grand Est, qui fonctionne d'ailleurs jusqu'à Belfort et Basel, elle ne marche pas pour aller à Mülheim ou Freiburg. Il faut prendre un billet spécial. Et en plus, quand on demande à un automate SNCF Connect comment aller de Mülheim à Freiburg, généralement, il nous fait passer par Strasbourg, alors que la Deutsche Bahn nous fait passer par Basel avec des TGV. En payant 25 euros, l'aller simple. Est-ce qu'il y a une véritable volonté politique ou est-ce qu'ils s'en foutent complètement de nos élus ?

  • Speaker #1

    Alors concernant la tarification, il y a effectivement le problème du côté français, puisque la carte fluo ne fonctionne pas, mais dans l'autre sens ça ne marche pas non plus, le fameux Deutschland ticket, qui est donc le forfait. Le forfait mensuel qui a été instauré par la Deutsche Bahn pour circuler sur les trains régionaux, qui coûtait 49 euros l'année dernière, qui coûte 58 euros maintenant, c'est un forfait mensuel. Ce forfait ne fonctionne pas sur cette ligne non plus. Alors qu'il fonctionne dans le nord de l'Alsace, par exemple, pour aller à Lauterbourg. Par contre, concernant la volonté politique, ça a été une volonté politique clairement affichée en 2012 par Philippe Richert lorsqu'il était président de la région Alsace. Je crois que c'était une volonté de la région Alsace. Alors on ne va pas faire de politique... politicienne, mais néanmoins on peut se poser la question en effet, si le regroupement des régions dans le Grand Est n'a pas entraîné un basculement avec une vision davantage tournée vers l'Ouest, vers Paris plutôt qu'une vision un petit peu Rhénane, tournée vers l'Est, vision Rhénane qu'avait la région Alsace. Il faudrait poser la question directement aux élus de ce qu'ils en pensent, c'était quand même un symbole en 2012. Et l'avoir laissé tomber en décrépitude comme cette Cette ligne a été quasiment abandonnée jusqu'à sa fermeture et son remplacement par des bus. On se pose quand même la question alors qu'on fait de grands effets d'annonce sur la future reconstruction, la future réouverture du colmar Freiburg en train, alors qu'on n'est même pas capable de faire fonctionner une ligne qui existe.

  • Speaker #0

    Par ailleurs, j'ai vu, si mes infos sont bonnes, que le conseil régional d'Alsace a voté pour cette ligne Mulhouse-Mulheim, 4,5 milliards d'euros d'investissement. 2011-2012 pour qu'elles accueillent des TGV. Or, il y a peut-être eu quelques TGV qui sont passés un jour, mais ça fait longtemps que c'est fini. Est-ce que ça a du sens, ça, de dépenser plein d'argent, des milliards pour des TGV qui, finalement, ne viennent pas ?

  • Speaker #1

    Alors, le TGV, il circulait, il a été supprimé. C'était un TGV qui faisait Freiburg-Paris via Mulhouse, et donc tous ces TGV ont été supprimés maintenant au profit d'un TGV qui fait Freiburg-Strasbourg-Paris. Après je pense pas que cette ligne elle a été directement aménagée pour y accueillir des TGV. Le but à la base c'était quand même une ligne régionale transfrontalière entre deux grandes villes que sont Mulhouse et Freiburg, quasiment plus de 250 000 habitants dans chaque agglomération, avec un des importants liens économiques et puis surtout ça avait quand même un valeur de symbole. Le TGV, je pense que c'était un peu anecdotique. À la limite, un Fribourgeois qui a envie d'aller à Paris, il s'affiche pas mal de passer par Mulhouse ou de passer par Strasbourg. Non, c'est plus une question de desserte régionale. Qu'est-ce qu'on veut comme desserte régionale ? Est-ce qu'on veut une vraie desserte ferroviaire régionale transfrontalière ? Ou est-ce qu'on s'en fiche un petit peu de faciliter le transport des Alsaciens vers l'Allemagne ?

  • Speaker #0

    Alors peut-être pour conclure plus largement sur la France-Allemagne, sur Mulhouse-Freibourg ? Toi qui écris chaque semaine des articles concernant notre voisin allemand, le voisin suisse et même l'Autriche, est-ce que c'est une réalité cette fameuse amitié franco-allemande ? Est-ce que les Alsaciens aiment l'Allemagne ? Est-ce que les Allemands apprécient la France en dehors du fromage et des villages touristiques ?

  • Speaker #1

    On édite Rheinblick, c'est un supplément à vocation. Transfrontalière, ce n'est pas par hasard. On ne fait pas de la philanthropie non plus. Les DNA à l'Alsace sont des entreprises qui ont besoin de gagner de l'argent pour vivre. Donc il y a des études de marché qui ont été faites. Et oui, très clairement, les problématiques transfrontalières sont parmi les problématiques journalistiques qui sont les plus lues, qui intéressent le plus les Alsaciens. Il y a une réelle appétence pour ce qui se passe en Allemagne. C'est évidemment lié à notre histoire, qui est une histoire commune avec l'Alsace, et qui aujourd'hui peut-être que... plus de 80 ans après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, est en train de reprendre une certaine réalité dans le cœur, dans la tête des Alsaciens, qui effectivement se rendent compte que nous sommes une seule et même vallée le long du Rhin, et que les populations qui se trouvent de part et d'autre du Rhin sont de très proches cousins, avec une langue commune, une histoire commune, des intérêts communs, une manière de manger, pareil, une manière de parler, une manière de chanter, de danser, et oui, effectivement, tout ce qui est transfrontalier, alors ça va de... De la simple question de la consommation, je pense pas simplement au prix des cigarettes, c'est tout bête, jusqu'à un fort intérêt pour l'actualité sportive et culturelle, ce qui se passe à Freiburg. Oui, effectivement, je pense que c'est une réalité. Malheureusement, cette réalité souffre de la difficulté linguistique, puisque malheureusement en Alsace, le dialecte alsacien est en perte de vitesse. Et c'était peut-être ça qui facilitait aussi les échanges avec nos voisins.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'on pourrait faire pour booster en dehors d'une couverture médiatique que tu as sur déjà ? Est-ce qu'il y a des bonnes idées pour relancer les liens franco-allemands ?

  • Speaker #1

    Dans le sud de l'Alsace, il y a une tradition qui a été reprise par la ville de Mulhouse et la ville de Freiburg, c'est celle de tenir au moins une fois par an des conseils municipaux communs. Il y a aussi la création d'événements culturels qui ont été facilités par les deux villes. Par exemple, lors de la fête de la musique à Mulhouse, des groupes fribourgeois sont invités sur une scène mulhousienne. Et inversement, il y a un festival à Freibourg organisé fin juin qui, pareil, accueille des artistes mulhousiens. On a parlé du projet de réouverture de la ligne ferroviaire entre Colmar et Freiburg. Oui, effectivement, il y a des choses qui sont en train de se mettre en place. Je n'ai pas d'autres exemples concrets qui me viennent, mais je crois qu'il y a aussi des universités qui ont des échanges. Nous, on vit ça quasiment au quotidien.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Julien Steinhauser, journaliste au DNA, avec le supplément Ryan Blick, chaque mardi. dans les DNA et l'Alsace aussi j'imagine.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait, c'est un produit commun aux deux titres alsaciens, en fait c'est le digne successeur de ce qu'on appelait jadis la bilingue, c'est-à-dire le journal bleu que vous avez tous connu, les DNA en bleu et l'Alsace en bleu, qui était un journal rédigé en partie en langue allemande, qui sortait tous les jours. qui a été supprimé au moment du Covid pour être remplacé par ce Rheinblick, donc qui est disponible sur simple demande à n'importe qui qui dispose d'un abonnement à l'Alsace ou au DNA, et qui ne coûte pas très cher puisque c'est à peine une quarantaine d'euros par an. Donc c'est 50 centimes le numéro, 20 pages toutes les semaines sur l'actualité transfrontalière.

  • Speaker #0

    Merci Julien Steinhauser.

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Description

La ligne TER franco-allemande Mulhouse - Müllheim - Freiburg est rouverte depuis 2012. Mais elle connaît tellement de soucis qu'on peut se demander si un complot a été fomenté contre cette voie ferrée... Rencontre avec le journaliste Julien Steinhauser (Rheinblick, hebdo bilingue du groupe L'Alsace - DNA) qui nous dévoile l'histoire de ce train pas vraiment comme les autres... Entretien réalisé le 17 janvier 2025 en gare de Mulhouse par Jean-Luc Wertenschlag pour Radio Quetsch, L'Alterpresse68 et WNE.


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Nous sommes toujours le 17 janvier 2025 en gare de Mulhouse, presque en Allemagne. Et avant d'aller en Allemagne, on va consulter notre spécialiste franco-allemand, journaliste au DNA et auteur notamment de Rheinblick, le supplément hebdo qui nous raconte tout sur l'Allemagne, même si on reste en Alsace. Peux-tu te présenter ?

  • Speaker #1

    Oui, ça je peux faire. Donc Julien Steinhozer, effectivement, comme tu l'as dit, je suis journaliste BNA, je m'occupe notamment de l'hebdomadaire Heinblick qui sort tous les mardis, qui est donc le supplément bilingue des journaux BNA et l'Alsace, et dont la ligne éditoriale est donc le traitement de l'actualité transfrontalière en Allemagne, en Alsace, mais également dans le nord-ouest de la Suisse, voire jusqu'en Autriche. En fait, c'est toute la vallée du Rhin.

  • Speaker #0

    Et donc, grâce à toi, Julien, moi j'ai découvert l'enfer de la ligne Mulhouse-Mulheim qui n'arrête pas de ne pas marcher. Est-ce que tu peux nous raconter un peu à quoi ressemble l'histoire de ce train qui ne marche presque jamais ?

  • Speaker #1

    Alors, toute l'histoire, elle commence en 2012, autant que je sache. Si je m'en souviens bien, c'est la réouverture de la ligne entre Mulhouse-Mulheim et Freiburg qui avait été fermée. dans les années 80, donc c'est la défunte région Alsace qui rouvre cette ligne. Au début, il y a huit trains, huit allers-retours quotidiens, dont deux directs. Ça fonctionne relativement bien jusqu'à ces quatre, cinq dernières années. Pour des raisons que je ne m'explique pas trop, enfin il y en a plusieurs, l'exploitation de cette ligne devient un peu chaotique. Les trains directs sont supprimés, il faut forcément changer à Mulheim pour poursuivre ce Freiburg. Et on circule de Mulhouse à Mulheim avec un train français exploité par la SNCF et la région Grand Est. Et on circule de Mulheim à Freiburg avec un train allemand exploité par la Zweig, qui est une filiale de la Deutsche Bahn au niveau régional dans le bas d'Württemberg. Donc le changement implique... pas mal de difficultés parce que la Deutsche Bahn, contrairement à la légende, n'est guère plus ponctuelle que la SNCF, bien au contraire, c'est peut-être encore pire. D'ailleurs les allemands parlent même de Dichande, ils disent la honte tellement c'est chaotique. Et ce qui se passe en fait c'est lorsque, en Mühleim, lorsqu'il faut changer, lorsque le train français est en retard, le train allemand n'attend pas, lorsque le train allemand est en retard, le train français n'attend pas. Alors on essaie de trouver des explications, on essaie de... de voir même les chauffeurs, les conducteurs de train, on a téléphoné à Berlin, on a téléphoné à Paris, on a téléphoné à la région de l'Anteste, et tout le monde se renvoie la balle, tout le monde dit ah mais c'est la SNCF qui part trop tôt et la SNCF dit c'est la Deutsche Bahn qui part trop tôt Tout ça aboutit finalement à la suppression carrément, il y a maintenant plus d'un an et demi, de la liaison en train pour son remplacement par des autocars exploités par des sociétés privées. La SNCF indique alors qu'il manque de chauffeurs germanophones. C'est assez étonnant, on n'a pas de chauffeur de train germanophone, parce qu'on a des chauffeurs de bus, on en a. Avec le bus, c'est guère mieux, parce qu'en bus, il faut compter à peu près 15 minutes de plus pour arriver jusqu'à Mülheim, et là encore une fois, se pose le problème de la correspondance à Mülheim, puisque lorsque le bus met un quart d'heure de plus, c'est strictement impossible d'avoir le train allemand pour continuer sur Freiburg. Finalement, ça a duré plus d'un an, et là, la SNCF nous a annoncé avoir formé des conducteurs germanophones, donc non seulement les avoir formés à la langue allemande, puisqu'il y a difficulté double. Il faut que les conducteurs de la SNCF qui passent la frontière à Neuenburg maîtrisent non seulement la langue allemande, mais disposent également d'une habilitation à circuler sur les réseaux ferrés allemands. Donc il leur fallait une double formation. Cette formation a pris à peu près un an. Et donc là, la SNCF nous a annoncé la reprise du trafic par TER entre Mulhouse, Mülheim et Freiburg. On espère juste que ça va fonctionner, puisque dès demain, ça recommence avec les autobus, parce que cette fois-ci, il y a des travaux côté allemand. Mais on nous dit que ça ne durera que jusqu'au 7 février. On espère qu'après le 7 février, on aura enfin une liaison digne de ce nom, sachant que, c'est une avis tout à fait personnel, mais le service est quand même dégradé par rapport à ce qu'on connaissait en 2012, puisque des trains directs ne circulent plus, il faut toujours changer à Mulheim, et les derniers trains du soir sont remplacés par des bus.

  • Speaker #0

    On se demande s'il y a une véritable volonté politique de faire exister cette ligne, parce qu'il y a tous les soucis que tu as évoqués, mais il y a aussi la tarification incompréhensible. C'est-à-dire que Fluo, la carte de réduction qui doit fonctionner sur tous les TVR du Grand Est, qui fonctionne d'ailleurs jusqu'à Belfort et Basel, elle ne marche pas pour aller à Mülheim ou Freiburg. Il faut prendre un billet spécial. Et en plus, quand on demande à un automate SNCF Connect comment aller de Mülheim à Freiburg, généralement, il nous fait passer par Strasbourg, alors que la Deutsche Bahn nous fait passer par Basel avec des TGV. En payant 25 euros, l'aller simple. Est-ce qu'il y a une véritable volonté politique ou est-ce qu'ils s'en foutent complètement de nos élus ?

  • Speaker #1

    Alors concernant la tarification, il y a effectivement le problème du côté français, puisque la carte fluo ne fonctionne pas, mais dans l'autre sens ça ne marche pas non plus, le fameux Deutschland ticket, qui est donc le forfait. Le forfait mensuel qui a été instauré par la Deutsche Bahn pour circuler sur les trains régionaux, qui coûtait 49 euros l'année dernière, qui coûte 58 euros maintenant, c'est un forfait mensuel. Ce forfait ne fonctionne pas sur cette ligne non plus. Alors qu'il fonctionne dans le nord de l'Alsace, par exemple, pour aller à Lauterbourg. Par contre, concernant la volonté politique, ça a été une volonté politique clairement affichée en 2012 par Philippe Richert lorsqu'il était président de la région Alsace. Je crois que c'était une volonté de la région Alsace. Alors on ne va pas faire de politique... politicienne, mais néanmoins on peut se poser la question en effet, si le regroupement des régions dans le Grand Est n'a pas entraîné un basculement avec une vision davantage tournée vers l'Ouest, vers Paris plutôt qu'une vision un petit peu Rhénane, tournée vers l'Est, vision Rhénane qu'avait la région Alsace. Il faudrait poser la question directement aux élus de ce qu'ils en pensent, c'était quand même un symbole en 2012. Et l'avoir laissé tomber en décrépitude comme cette Cette ligne a été quasiment abandonnée jusqu'à sa fermeture et son remplacement par des bus. On se pose quand même la question alors qu'on fait de grands effets d'annonce sur la future reconstruction, la future réouverture du colmar Freiburg en train, alors qu'on n'est même pas capable de faire fonctionner une ligne qui existe.

  • Speaker #0

    Par ailleurs, j'ai vu, si mes infos sont bonnes, que le conseil régional d'Alsace a voté pour cette ligne Mulhouse-Mulheim, 4,5 milliards d'euros d'investissement. 2011-2012 pour qu'elles accueillent des TGV. Or, il y a peut-être eu quelques TGV qui sont passés un jour, mais ça fait longtemps que c'est fini. Est-ce que ça a du sens, ça, de dépenser plein d'argent, des milliards pour des TGV qui, finalement, ne viennent pas ?

  • Speaker #1

    Alors, le TGV, il circulait, il a été supprimé. C'était un TGV qui faisait Freiburg-Paris via Mulhouse, et donc tous ces TGV ont été supprimés maintenant au profit d'un TGV qui fait Freiburg-Strasbourg-Paris. Après je pense pas que cette ligne elle a été directement aménagée pour y accueillir des TGV. Le but à la base c'était quand même une ligne régionale transfrontalière entre deux grandes villes que sont Mulhouse et Freiburg, quasiment plus de 250 000 habitants dans chaque agglomération, avec un des importants liens économiques et puis surtout ça avait quand même un valeur de symbole. Le TGV, je pense que c'était un peu anecdotique. À la limite, un Fribourgeois qui a envie d'aller à Paris, il s'affiche pas mal de passer par Mulhouse ou de passer par Strasbourg. Non, c'est plus une question de desserte régionale. Qu'est-ce qu'on veut comme desserte régionale ? Est-ce qu'on veut une vraie desserte ferroviaire régionale transfrontalière ? Ou est-ce qu'on s'en fiche un petit peu de faciliter le transport des Alsaciens vers l'Allemagne ?

  • Speaker #0

    Alors peut-être pour conclure plus largement sur la France-Allemagne, sur Mulhouse-Freibourg ? Toi qui écris chaque semaine des articles concernant notre voisin allemand, le voisin suisse et même l'Autriche, est-ce que c'est une réalité cette fameuse amitié franco-allemande ? Est-ce que les Alsaciens aiment l'Allemagne ? Est-ce que les Allemands apprécient la France en dehors du fromage et des villages touristiques ?

  • Speaker #1

    On édite Rheinblick, c'est un supplément à vocation. Transfrontalière, ce n'est pas par hasard. On ne fait pas de la philanthropie non plus. Les DNA à l'Alsace sont des entreprises qui ont besoin de gagner de l'argent pour vivre. Donc il y a des études de marché qui ont été faites. Et oui, très clairement, les problématiques transfrontalières sont parmi les problématiques journalistiques qui sont les plus lues, qui intéressent le plus les Alsaciens. Il y a une réelle appétence pour ce qui se passe en Allemagne. C'est évidemment lié à notre histoire, qui est une histoire commune avec l'Alsace, et qui aujourd'hui peut-être que... plus de 80 ans après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, est en train de reprendre une certaine réalité dans le cœur, dans la tête des Alsaciens, qui effectivement se rendent compte que nous sommes une seule et même vallée le long du Rhin, et que les populations qui se trouvent de part et d'autre du Rhin sont de très proches cousins, avec une langue commune, une histoire commune, des intérêts communs, une manière de manger, pareil, une manière de parler, une manière de chanter, de danser, et oui, effectivement, tout ce qui est transfrontalier, alors ça va de... De la simple question de la consommation, je pense pas simplement au prix des cigarettes, c'est tout bête, jusqu'à un fort intérêt pour l'actualité sportive et culturelle, ce qui se passe à Freiburg. Oui, effectivement, je pense que c'est une réalité. Malheureusement, cette réalité souffre de la difficulté linguistique, puisque malheureusement en Alsace, le dialecte alsacien est en perte de vitesse. Et c'était peut-être ça qui facilitait aussi les échanges avec nos voisins.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'on pourrait faire pour booster en dehors d'une couverture médiatique que tu as sur déjà ? Est-ce qu'il y a des bonnes idées pour relancer les liens franco-allemands ?

  • Speaker #1

    Dans le sud de l'Alsace, il y a une tradition qui a été reprise par la ville de Mulhouse et la ville de Freiburg, c'est celle de tenir au moins une fois par an des conseils municipaux communs. Il y a aussi la création d'événements culturels qui ont été facilités par les deux villes. Par exemple, lors de la fête de la musique à Mulhouse, des groupes fribourgeois sont invités sur une scène mulhousienne. Et inversement, il y a un festival à Freibourg organisé fin juin qui, pareil, accueille des artistes mulhousiens. On a parlé du projet de réouverture de la ligne ferroviaire entre Colmar et Freiburg. Oui, effectivement, il y a des choses qui sont en train de se mettre en place. Je n'ai pas d'autres exemples concrets qui me viennent, mais je crois qu'il y a aussi des universités qui ont des échanges. Nous, on vit ça quasiment au quotidien.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Julien Steinhauser, journaliste au DNA, avec le supplément Ryan Blick, chaque mardi. dans les DNA et l'Alsace aussi j'imagine.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait, c'est un produit commun aux deux titres alsaciens, en fait c'est le digne successeur de ce qu'on appelait jadis la bilingue, c'est-à-dire le journal bleu que vous avez tous connu, les DNA en bleu et l'Alsace en bleu, qui était un journal rédigé en partie en langue allemande, qui sortait tous les jours. qui a été supprimé au moment du Covid pour être remplacé par ce Rheinblick, donc qui est disponible sur simple demande à n'importe qui qui dispose d'un abonnement à l'Alsace ou au DNA, et qui ne coûte pas très cher puisque c'est à peine une quarantaine d'euros par an. Donc c'est 50 centimes le numéro, 20 pages toutes les semaines sur l'actualité transfrontalière.

  • Speaker #0

    Merci Julien Steinhauser.

Description

La ligne TER franco-allemande Mulhouse - Müllheim - Freiburg est rouverte depuis 2012. Mais elle connaît tellement de soucis qu'on peut se demander si un complot a été fomenté contre cette voie ferrée... Rencontre avec le journaliste Julien Steinhauser (Rheinblick, hebdo bilingue du groupe L'Alsace - DNA) qui nous dévoile l'histoire de ce train pas vraiment comme les autres... Entretien réalisé le 17 janvier 2025 en gare de Mulhouse par Jean-Luc Wertenschlag pour Radio Quetsch, L'Alterpresse68 et WNE.


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Nous sommes toujours le 17 janvier 2025 en gare de Mulhouse, presque en Allemagne. Et avant d'aller en Allemagne, on va consulter notre spécialiste franco-allemand, journaliste au DNA et auteur notamment de Rheinblick, le supplément hebdo qui nous raconte tout sur l'Allemagne, même si on reste en Alsace. Peux-tu te présenter ?

  • Speaker #1

    Oui, ça je peux faire. Donc Julien Steinhozer, effectivement, comme tu l'as dit, je suis journaliste BNA, je m'occupe notamment de l'hebdomadaire Heinblick qui sort tous les mardis, qui est donc le supplément bilingue des journaux BNA et l'Alsace, et dont la ligne éditoriale est donc le traitement de l'actualité transfrontalière en Allemagne, en Alsace, mais également dans le nord-ouest de la Suisse, voire jusqu'en Autriche. En fait, c'est toute la vallée du Rhin.

  • Speaker #0

    Et donc, grâce à toi, Julien, moi j'ai découvert l'enfer de la ligne Mulhouse-Mulheim qui n'arrête pas de ne pas marcher. Est-ce que tu peux nous raconter un peu à quoi ressemble l'histoire de ce train qui ne marche presque jamais ?

  • Speaker #1

    Alors, toute l'histoire, elle commence en 2012, autant que je sache. Si je m'en souviens bien, c'est la réouverture de la ligne entre Mulhouse-Mulheim et Freiburg qui avait été fermée. dans les années 80, donc c'est la défunte région Alsace qui rouvre cette ligne. Au début, il y a huit trains, huit allers-retours quotidiens, dont deux directs. Ça fonctionne relativement bien jusqu'à ces quatre, cinq dernières années. Pour des raisons que je ne m'explique pas trop, enfin il y en a plusieurs, l'exploitation de cette ligne devient un peu chaotique. Les trains directs sont supprimés, il faut forcément changer à Mulheim pour poursuivre ce Freiburg. Et on circule de Mulhouse à Mulheim avec un train français exploité par la SNCF et la région Grand Est. Et on circule de Mulheim à Freiburg avec un train allemand exploité par la Zweig, qui est une filiale de la Deutsche Bahn au niveau régional dans le bas d'Württemberg. Donc le changement implique... pas mal de difficultés parce que la Deutsche Bahn, contrairement à la légende, n'est guère plus ponctuelle que la SNCF, bien au contraire, c'est peut-être encore pire. D'ailleurs les allemands parlent même de Dichande, ils disent la honte tellement c'est chaotique. Et ce qui se passe en fait c'est lorsque, en Mühleim, lorsqu'il faut changer, lorsque le train français est en retard, le train allemand n'attend pas, lorsque le train allemand est en retard, le train français n'attend pas. Alors on essaie de trouver des explications, on essaie de... de voir même les chauffeurs, les conducteurs de train, on a téléphoné à Berlin, on a téléphoné à Paris, on a téléphoné à la région de l'Anteste, et tout le monde se renvoie la balle, tout le monde dit ah mais c'est la SNCF qui part trop tôt et la SNCF dit c'est la Deutsche Bahn qui part trop tôt Tout ça aboutit finalement à la suppression carrément, il y a maintenant plus d'un an et demi, de la liaison en train pour son remplacement par des autocars exploités par des sociétés privées. La SNCF indique alors qu'il manque de chauffeurs germanophones. C'est assez étonnant, on n'a pas de chauffeur de train germanophone, parce qu'on a des chauffeurs de bus, on en a. Avec le bus, c'est guère mieux, parce qu'en bus, il faut compter à peu près 15 minutes de plus pour arriver jusqu'à Mülheim, et là encore une fois, se pose le problème de la correspondance à Mülheim, puisque lorsque le bus met un quart d'heure de plus, c'est strictement impossible d'avoir le train allemand pour continuer sur Freiburg. Finalement, ça a duré plus d'un an, et là, la SNCF nous a annoncé avoir formé des conducteurs germanophones, donc non seulement les avoir formés à la langue allemande, puisqu'il y a difficulté double. Il faut que les conducteurs de la SNCF qui passent la frontière à Neuenburg maîtrisent non seulement la langue allemande, mais disposent également d'une habilitation à circuler sur les réseaux ferrés allemands. Donc il leur fallait une double formation. Cette formation a pris à peu près un an. Et donc là, la SNCF nous a annoncé la reprise du trafic par TER entre Mulhouse, Mülheim et Freiburg. On espère juste que ça va fonctionner, puisque dès demain, ça recommence avec les autobus, parce que cette fois-ci, il y a des travaux côté allemand. Mais on nous dit que ça ne durera que jusqu'au 7 février. On espère qu'après le 7 février, on aura enfin une liaison digne de ce nom, sachant que, c'est une avis tout à fait personnel, mais le service est quand même dégradé par rapport à ce qu'on connaissait en 2012, puisque des trains directs ne circulent plus, il faut toujours changer à Mulheim, et les derniers trains du soir sont remplacés par des bus.

  • Speaker #0

    On se demande s'il y a une véritable volonté politique de faire exister cette ligne, parce qu'il y a tous les soucis que tu as évoqués, mais il y a aussi la tarification incompréhensible. C'est-à-dire que Fluo, la carte de réduction qui doit fonctionner sur tous les TVR du Grand Est, qui fonctionne d'ailleurs jusqu'à Belfort et Basel, elle ne marche pas pour aller à Mülheim ou Freiburg. Il faut prendre un billet spécial. Et en plus, quand on demande à un automate SNCF Connect comment aller de Mülheim à Freiburg, généralement, il nous fait passer par Strasbourg, alors que la Deutsche Bahn nous fait passer par Basel avec des TGV. En payant 25 euros, l'aller simple. Est-ce qu'il y a une véritable volonté politique ou est-ce qu'ils s'en foutent complètement de nos élus ?

  • Speaker #1

    Alors concernant la tarification, il y a effectivement le problème du côté français, puisque la carte fluo ne fonctionne pas, mais dans l'autre sens ça ne marche pas non plus, le fameux Deutschland ticket, qui est donc le forfait. Le forfait mensuel qui a été instauré par la Deutsche Bahn pour circuler sur les trains régionaux, qui coûtait 49 euros l'année dernière, qui coûte 58 euros maintenant, c'est un forfait mensuel. Ce forfait ne fonctionne pas sur cette ligne non plus. Alors qu'il fonctionne dans le nord de l'Alsace, par exemple, pour aller à Lauterbourg. Par contre, concernant la volonté politique, ça a été une volonté politique clairement affichée en 2012 par Philippe Richert lorsqu'il était président de la région Alsace. Je crois que c'était une volonté de la région Alsace. Alors on ne va pas faire de politique... politicienne, mais néanmoins on peut se poser la question en effet, si le regroupement des régions dans le Grand Est n'a pas entraîné un basculement avec une vision davantage tournée vers l'Ouest, vers Paris plutôt qu'une vision un petit peu Rhénane, tournée vers l'Est, vision Rhénane qu'avait la région Alsace. Il faudrait poser la question directement aux élus de ce qu'ils en pensent, c'était quand même un symbole en 2012. Et l'avoir laissé tomber en décrépitude comme cette Cette ligne a été quasiment abandonnée jusqu'à sa fermeture et son remplacement par des bus. On se pose quand même la question alors qu'on fait de grands effets d'annonce sur la future reconstruction, la future réouverture du colmar Freiburg en train, alors qu'on n'est même pas capable de faire fonctionner une ligne qui existe.

  • Speaker #0

    Par ailleurs, j'ai vu, si mes infos sont bonnes, que le conseil régional d'Alsace a voté pour cette ligne Mulhouse-Mulheim, 4,5 milliards d'euros d'investissement. 2011-2012 pour qu'elles accueillent des TGV. Or, il y a peut-être eu quelques TGV qui sont passés un jour, mais ça fait longtemps que c'est fini. Est-ce que ça a du sens, ça, de dépenser plein d'argent, des milliards pour des TGV qui, finalement, ne viennent pas ?

  • Speaker #1

    Alors, le TGV, il circulait, il a été supprimé. C'était un TGV qui faisait Freiburg-Paris via Mulhouse, et donc tous ces TGV ont été supprimés maintenant au profit d'un TGV qui fait Freiburg-Strasbourg-Paris. Après je pense pas que cette ligne elle a été directement aménagée pour y accueillir des TGV. Le but à la base c'était quand même une ligne régionale transfrontalière entre deux grandes villes que sont Mulhouse et Freiburg, quasiment plus de 250 000 habitants dans chaque agglomération, avec un des importants liens économiques et puis surtout ça avait quand même un valeur de symbole. Le TGV, je pense que c'était un peu anecdotique. À la limite, un Fribourgeois qui a envie d'aller à Paris, il s'affiche pas mal de passer par Mulhouse ou de passer par Strasbourg. Non, c'est plus une question de desserte régionale. Qu'est-ce qu'on veut comme desserte régionale ? Est-ce qu'on veut une vraie desserte ferroviaire régionale transfrontalière ? Ou est-ce qu'on s'en fiche un petit peu de faciliter le transport des Alsaciens vers l'Allemagne ?

  • Speaker #0

    Alors peut-être pour conclure plus largement sur la France-Allemagne, sur Mulhouse-Freibourg ? Toi qui écris chaque semaine des articles concernant notre voisin allemand, le voisin suisse et même l'Autriche, est-ce que c'est une réalité cette fameuse amitié franco-allemande ? Est-ce que les Alsaciens aiment l'Allemagne ? Est-ce que les Allemands apprécient la France en dehors du fromage et des villages touristiques ?

  • Speaker #1

    On édite Rheinblick, c'est un supplément à vocation. Transfrontalière, ce n'est pas par hasard. On ne fait pas de la philanthropie non plus. Les DNA à l'Alsace sont des entreprises qui ont besoin de gagner de l'argent pour vivre. Donc il y a des études de marché qui ont été faites. Et oui, très clairement, les problématiques transfrontalières sont parmi les problématiques journalistiques qui sont les plus lues, qui intéressent le plus les Alsaciens. Il y a une réelle appétence pour ce qui se passe en Allemagne. C'est évidemment lié à notre histoire, qui est une histoire commune avec l'Alsace, et qui aujourd'hui peut-être que... plus de 80 ans après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, est en train de reprendre une certaine réalité dans le cœur, dans la tête des Alsaciens, qui effectivement se rendent compte que nous sommes une seule et même vallée le long du Rhin, et que les populations qui se trouvent de part et d'autre du Rhin sont de très proches cousins, avec une langue commune, une histoire commune, des intérêts communs, une manière de manger, pareil, une manière de parler, une manière de chanter, de danser, et oui, effectivement, tout ce qui est transfrontalier, alors ça va de... De la simple question de la consommation, je pense pas simplement au prix des cigarettes, c'est tout bête, jusqu'à un fort intérêt pour l'actualité sportive et culturelle, ce qui se passe à Freiburg. Oui, effectivement, je pense que c'est une réalité. Malheureusement, cette réalité souffre de la difficulté linguistique, puisque malheureusement en Alsace, le dialecte alsacien est en perte de vitesse. Et c'était peut-être ça qui facilitait aussi les échanges avec nos voisins.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'on pourrait faire pour booster en dehors d'une couverture médiatique que tu as sur déjà ? Est-ce qu'il y a des bonnes idées pour relancer les liens franco-allemands ?

  • Speaker #1

    Dans le sud de l'Alsace, il y a une tradition qui a été reprise par la ville de Mulhouse et la ville de Freiburg, c'est celle de tenir au moins une fois par an des conseils municipaux communs. Il y a aussi la création d'événements culturels qui ont été facilités par les deux villes. Par exemple, lors de la fête de la musique à Mulhouse, des groupes fribourgeois sont invités sur une scène mulhousienne. Et inversement, il y a un festival à Freibourg organisé fin juin qui, pareil, accueille des artistes mulhousiens. On a parlé du projet de réouverture de la ligne ferroviaire entre Colmar et Freiburg. Oui, effectivement, il y a des choses qui sont en train de se mettre en place. Je n'ai pas d'autres exemples concrets qui me viennent, mais je crois qu'il y a aussi des universités qui ont des échanges. Nous, on vit ça quasiment au quotidien.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Julien Steinhauser, journaliste au DNA, avec le supplément Ryan Blick, chaque mardi. dans les DNA et l'Alsace aussi j'imagine.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait, c'est un produit commun aux deux titres alsaciens, en fait c'est le digne successeur de ce qu'on appelait jadis la bilingue, c'est-à-dire le journal bleu que vous avez tous connu, les DNA en bleu et l'Alsace en bleu, qui était un journal rédigé en partie en langue allemande, qui sortait tous les jours. qui a été supprimé au moment du Covid pour être remplacé par ce Rheinblick, donc qui est disponible sur simple demande à n'importe qui qui dispose d'un abonnement à l'Alsace ou au DNA, et qui ne coûte pas très cher puisque c'est à peine une quarantaine d'euros par an. Donc c'est 50 centimes le numéro, 20 pages toutes les semaines sur l'actualité transfrontalière.

  • Speaker #0

    Merci Julien Steinhauser.

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