- Speaker #0
Salut tout le monde, c'est l'été sur 12 points et tout l'été, retrouvez les chroniques de chacun de nos épisodes sortis et publiés individuellement. On commence avec une chronique sortie de notre tout premier épisode de la saison 2, La France à l'Eurovision, le billet hurleuse de Vincent, comme on l'adore. Alors, 12 points lance le club 12 points à partir du 20 juillet pour 3 euros par trimestre, accéder à des bonus, à des épisodes spéciaux, à des coulisses et un espace communautaire. Tout ça se passe sur notre site internet et vous pouvez acheter d'ores et déjà votre adhésion sur 12.podcast.com Bonne écoute !
- Speaker #1
Ciao !
- Speaker #2
Ciao à tous ! Excusez-moi. Est-ce possible d'avoir une comparaison pour le partenaire ? Merci. Pardon. Pardon, toutes mes confuses. J'ai un tout petit peu de mal en ce moment avec la temporalité et mon mauvais accent italien. Oui, je préfère parler à la vanne avant que les mauvaises langues viennent me bâcher. Et je ne suis toujours pas complètement rentré de vacances. C'est ça. Alors, où que je sois, j'ai toujours un peu l'impression d'être à une terrasse napolitaine en train de faire ce que je sais faire de mieux, à savoir boire.
- Speaker #1
Mister cocktail, sans alcool, la fête est plus folle.
- Speaker #2
Tu vois, Thomas, j'ai bien fait comme tu m'as dit. Je ne fais pas l'apologie de l'ivresse parce que nous sommes un podcast sérieux. Même si, disons-le clairement, ma diction molle sur notre dernier épisode laissait plus de bruit sur le nombre de sprits que je m'enfilais pendant l'enregistrement.
- Speaker #0
Avec la sambuca !
- Speaker #2
Non mais où on va là ? Je sens que je vous perds. Et vous avez envie de me dire, mais Vincent, mon tendre, mon beau, mon merveilleux Vincent, pourquoi alors que tu es un être si élégant et raffiné, tu nous cites des chansons pas... qui parle de ripailles et d'ivresse. Oh, ça va, hein. Faites pas vos majorettes, c'est exactement ce que vous vous dites. Et en effet, je suis pas quelqu'un qui se vote dans la beaufitude et qui brandit les clichés français comme un fer de lance. Ainsi, vous me verrez jamais avec un combo marinière-beret-bouteille de rouge et oh là là, oui, oui, baguette. Tu vois, en même temps, la baguette serait une tradition, bien évidemment. Même si, malheureusement, c'est l'image qui colle à la France au concours de l'Eurovision. La coupe au bol de Mireille, la cordée ondivette ou la gouaille d'Arletti sont autant de marqueurs forts aux yeux des étrangers qui ne permettent pas une grande marge de propositions rafraîchissantes et novatrices. Alors, quand c'est bien fait, pourquoi pas, oui, oui, oui, je sais, vous voulez parler de Barbara Pravi, même si sa chanson, voilà, est une ressucée de padame padame d'Edith Piaf avec une chanteuse qui lui ressemble, mais en plus à poil et moins voûtée. Rhabillé pour l'hiver la gosse ! Et cependant, une question me taraude. Sommes-nous doués pour la nouveauté, nous le vieux pays des rois de France et de la guillotine ? C'est vrai ! Moi qui prône un esprit multiculturel, hétérogène et social, quand je regarde l'industrie musicale française de ces dernières années, j'ai clairement envie de me pendre. Je vois essentiellement du rap, des filles à poil qui inventent leur propre langue, et des chanteuses qui chantent toutes avec une voix du style... Bon, j'ai rien contre, j'ai rien contre. Mais à mon sens, c'est pas de la musique, mais bon, passons. Mais là, je vais faire mon vieux réac, mais où sont passées les chanteuses à voix de ma jeunesse ? Dieu donne-t-il toujours la foi au fake accent américain de Feliwinter ? Mais oui ! Est-ce que Jane Faustine... parlait vraiment de la bite de son mec quand elle disait la taille de ton amour. Malgré ces cris vers le ciel qui finissent dans un jeu thème A-t-on oublié la Rousseau ? Bien pour ce premier billet hurleuse de cette nouvelle saison, je vous propose, chers collègues, chères auditrices et auditeurs, de remonter le temps et de revenir à l'époque de la salopette triangle, des pics dans les cheveux et des lunettes au vert coloré. Aujourd'hui, on va parler de métissage, de voix et surtout, on va prolonger l'été en se ramenant un peu de soleil indonésien pour se faire bronzer la toutoune. Parce qu'aujourd'hui, on va parler de la seule, l'unique, Angoune.
- Speaker #1
Oui !
- Speaker #2
Alors,
- Speaker #0
Vincent,
- Speaker #2
d'où vient-elle ? Alors, si vous avez suivi un peu la dernière saison de 12 points, vous devez savoir qu'Angoon, bah, elle n'est jamais très loin pour la simple et bonne raison que je suis gay. C'est vraiment con.
- Speaker #1
Je ne comprends pas,
- Speaker #2
il fait tellement viril, là. Que je suis née dans les années 80. Ah non, il y a 125 ans. Et que Angoon, bah... Angoon, quoi. Non, non, non, pas tout de suite,
- Speaker #0
pas tout de suite.
- Speaker #2
Angun Sipta Sassmi est une chanteuse française d'origine indonésienne, née le 29 avril 1974 à Jakarta. Alors évidemment, pour nous autres pauvres occidentaux, Angun s'est fait connaître en France dans les années 90 avec... Non, pas tout de suite ! Durée, un peu le plaisir ! Mais il faut savoir qu'elle commence très jeune à chanter puisqu'elle sort son premier album en 1986, alors qu'elle est âgée de seulement 12 ans et qu'elle se classe immédiatement dans la catégorie des chanteuses rock. Quoi ? Comment ? Figurez-vous qu'à l'écoute de son premier single Mon monde à moi qui se traduit en anglaisien et là vous allez me dire bien sûr, évidemment, par Dunia Akupunya Oui,
- Speaker #0
bien sûr, évidemment.
- Speaker #2
Ensuite
- Speaker #0
Ils mettent de la guitare électrique et c'est rock. Faut arrêter.
- Speaker #2
Non, on se dit pas c'est de la merde, Quentin. J'ai rien dit. On se dit c'est résolument hot.
- Speaker #1
Non, non.
- Speaker #2
Le tourisme sale. Bon, on va pas y passer le réveillon non plus. Ça vous dit, on fait un petit saut dans le temps ? Oui. Alors en 94, alors âgé de 20 ans, Angoon prend ses clips et ses clopes et décide de... conquérir l'Europe. Elle s'envole d'abord pour Londres, où la plupart de ses projets n'aboutiront pas, puis direction Paris, où c'est là que sa vie va basculer. Alors, je ne sais pas si vous vous souvenez, mais à la fin des années 90, il y avait une sorte de mouvance française à dégoter des artistes étrangers pour les faire chanter en français. Vous vous souvenez ? Si, si, il y avait Indra, il y avait les World's Apart, ou encore, comme qui dirait quelqu'un qui m'est très cher ? Est-ce que quelqu'un peut m'expliquer ? Quétina Arena. Bah non, on n'a toujours pas d'explication.
- Speaker #0
C'est vrai, c'est tellement vrai.
- Speaker #2
En 97, Angoune fait la rencontre d'Eric Benzi, un auteur, compositeur, musicien marseillais qui a travaillé avec les plus grands comme Johnny ou JJG et qui va lui écrire le tube de sa carrière. Et là,
- Speaker #1
je sens que...
- Speaker #2
Depuis le début de cette chronique, je pense qu'on vous a déjà suffisamment fait attendre, alors allez-y. Montez le son, vous l'attendiez. La voilà, c'est...
- Speaker #1
La neige au Sahara !
- Speaker #2
La France et moi-même tombons immédiatement sous le charme de cette voix à la fois puissante, ronde et chaude aux sonorités pop ethnique. Car rappelons-le, on est en France et Angoon est indonésienne. Et même si elle parle français, elle reste indonésienne. Donc on joue sur le cliché exotique, rythme venu d'ailleurs et petite danse classique avec les mains à chacune de ses prestations live. En France, on aime bien ranger les gens dans des cases, c'est important. Qu'à cela ne tienne, chacun des albums d'Angoon sera depuis lors enregistré en trois langues. Français, anglais et indonésien. Et ce qui va se passer, c'est que grâce à son côté multilingue, son premier album, Au nom de la lune, va se vendre à près de 900 000 exemplaires dans le monde, en s'exportant dans toute l'Europe, mais aussi bien en Indonésie, au Japon, aux Etats-Unis, bref, la carrière de la petite, elle est lancée. Elle revient en 2000 avec un nouvel album, Désir contraire. qui porte bien son nom, puisque vous ne connaissez absolument pas le truc, c'est du précédent. Il faudra attendre l'année 2005, où Angoon revient exploser les compteurs de vente avec son nouvel album Luminescence, sur lesquels on peut retrouver les singles Cesse la pluie. Juste avant toi. ou encore son iconique duo avec Diams, Être une femme.
- Speaker #1
C'est vraiment une bonne idée. Oui. Attendez, je fais qui moi ? Je fais un truc comme ça. Et puis,
- Speaker #2
Un album et un best-of plus tard, on retrouve notre Angoon National fin 2011 avec son album Echo, sur lequel on peut retrouver le single You and I, un titre mi-anglais, mi-français, aux sonorités résolument... non pas merdique, Quentin... Modernes ! Mais la vilaine Angoon, elle est serpent, c'est une petite cachotière. Mais ce qu'elle nous a pas dit, c'est que France Télé l'a déjà approchée en 2011, puis s'est rabattue sur Amaury Vassilie pour représenter la France au grand concours de l'Eurovision. La demande est réitérée en 2012, Angoun dit oui, et elle s'envole pour Bakou. La ville, hein. Pas parce que la Zébra de Jean, vu ce qu'elle a foutu comme pognon là-dedans, mais on n'en a que si on leur parlait dans un prochain épisode, je pense.
- Speaker #0
Alors Vincent, parle-nous un peu de sa performance à l'Eurovision 2012. Bon,
- Speaker #2
comme ça, de prime abord, on se dit... Non, Quentin, on se dit pas c'est de la merde ! On se dit... Succès obligé ! Dans le shaker, on te met une nana qui chante bien, qui a 15 ans de carrière, connue dans toute l'Europe et qui, disons-le franchement, est loin d'être dégueu. À ça t'ajoutent une chanson mi-français, mi-anglais pour la bonne compréhension de toutes et tous. Un petit siffloti pour un gimmick qui reste bien en tête. Une note beuglée à la fin. Et une robe, que dis-je une robe ? Un combo corses et culottes cuivrées mêlant transparence et cuir avec des voiles qui flottent au rythme de la wind machine branchée sur Tsunami Balinet et créée spécialement pour l'occasion par Jean-Paul Gauthier. Et bien, malgré cet assemblage d'éléments plutôt alléchants, la France finira 22ème sur 26 avec 0 points au télévote. Pourquoi me direz-vous ? Pourquoi ? Eh bien, voici quelques éléments de réponse. La chanson déjà, et bah sur le papier, pourquoi pas ? Et dans les faits, on est content de le faire. On se réjouit avec de la vieille pop-dance mêlant musique électronique et son ethnique qui ont certes déjà fait le succès d'Angoon par le passé, mais qui, en 2012, sont déjà un peu datés. Il n'en reste qu'un mauvais bol de soupe en franglish à l'orchestration foutraque et incompréhensible. Oui, je suis d'accord. Ajouté à cela une mise en scène quasi inexistante dont la seule fantaisie repose sur trois gymnastes aux corps ciselés et à l'œil débile, qui s'amuse à faire des pirouettes autour d'une pauvre angoune qui essaie d'effectuer une chorégraphie de bras type Akamaori, tout en tenant ses voiles pour mieux les faire flotter, et ce qui reste à ce jour la seule chose correcte de cette performance. Au final, on comprend rien, c'est le bordel. Au suivant, et parce qu'elle chantait également ce soir-là, qu'on m'amène immédiatement Pastora !
- Speaker #0
La poutre.
- Speaker #2
Angoon se dira plus que déçu de sa 22ème place et blâmera le problème des votes de Copina agilés à la géopolitique au sein du concours en reconnaissant tout de même que l'euphorie de Laurine la gagnante suédoise de 2012 était d'une pure efficacité Fair play à Angoon, on aime
- Speaker #0
Et depuis alors ?
- Speaker #2
Je pense passer très très vite sur la carrière musicale de la chanteuse qui sait, ne nous le cachons pas, fortement ralentie du moins en France même si Angoon a sorti plusieurs albums intégré le jury d'Indonesia Got Talent... The Voice Indonesia, ou encore l'émission bien connue de TF1, Mask Singer, qui, je le rappelle encore et toujours, a été créée pour que le lundi matin, la machine à café, on se dise, dis donc, tu sais pas quoi, stashé là dans l'écureuil. Nouvelle saison, même blague. Pour finalement arriver à l'info brûlante, ou devrais-je dire glaçante, en janvier 2018, le très sérieux site de France Info a posté des images du désert du Sahara recouvert de neige, en intitulant l'article... Quelqu'un peut dire à Angoune que c'est bon ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Je me sens déprimé. Vous aussi, Angoune, vous mangue comme la neige au Sahara ? Alors ne vous en faites pas, mes petits curies balinais. Sachez que vous pourrez la retrouver en tant que candidat de la nouvelle saison de...
- Speaker #1
Ah oui !
- Speaker #0
J'adore cette émission.
- Speaker #2
C'est sûr qu'il débutera très prochainement, ce qui... Ça alors ! Coïncidence incroyable ! Précède la sortie de son nouveau spectacle qui débutera en janvier 2023 au Folies Bergères, Al Capone de Nicale, où elle interprétera Lily, la maîtresse vénéneuse d'Al Capone, trompée par un très fringant Roberto Alanilla. Oh mon dieu !
- Speaker #1
Je suis en train de chanter en indonésien ?
- Speaker #2
Je ne suis pas sûr. Non, clairement. Que dire de tout ça ? Doit-on se cantonner aux bignous défraîchis et à l'orgue de barbarie ? Doit-on cultiver l'image de mangeurs de grenouilles qui pèsent sur nos épaules endolories ? Ou bien doit-on par force de travail et d'acharnement proposer de la nouveauté qui nous fera sortir des clichés ? Ne nous mentons pas, la tentative de modernité d'Angou n'était un essai raté, illisible et déjà démodé. Néanmoins, si comme moi... Vous êtes nostalgique des joggings à pression, du mascara à mèche et de votre sweet fila, de la VHS de Titanic, du papier à lettres Diddle et de la vulgarité des Wonderbra. Vous pourrez toujours vous caler dans un fauteuil, allumer le poste de radio sur Nostalgie et prier tant qu'il faudra.
- Speaker #0
Mais félicitations Angoun pour cette participation à l'Eurovision.
- Speaker #2
C'est en troisième place. On aime Angoun, mais pas la chanson. Oui, on aime Angoun, mais compliqué.
- Speaker #0
Mais la chanson, en fait, l'orchestration bouffe tout ce truc métallique derrière qui n'a pas de sens.
- Speaker #2
Ça se voulait moderne et c'était...
- Speaker #0
Raté.
- Speaker #2
Raté.
- Speaker #1
Fragos !
- Speaker #2
Sachez aussi que Angouille est génial !
- Speaker #0
Génial !