Speaker #0Bonjour, bonsoir, bonne nuit, bienvenue dans ce nouvel épisode de cette semaine, le podcast qui vous donne 7 recours culture par semaine. Je n'ai pas vu beaucoup de films de Bong Joon-ho, mais à part Memories of Murders, je ne suis pas particulièrement fan de son travail. Et Mickey 17, actuellement en salle, ne déroge pas à la règle. Avec Robert Pattinson, Mark Ruffalo, Naomi Aki, Steven Yeun et Robert Pattinson. Mickey Barnes se tue à la tâche, littéralement. Il a rejoint la toute nouvelle mission de colonisation spatiale à destination de Niflheim pour devenir un Expendables. Il meurt en fonction des besoins des scientifiques à bord, et est ensuite réimprimé à volonté, et ses souvenirs lui sont réimplantés. Mais quand Mickey 18 sort de l'imprimante et rencontre Mickey 17, les ennuis commencent. C'est un film qui sort avec un an de décalage sur son planning initial. D'abord prévu pour mars 2024, il sort seulement maintenant sur les écrans, et c'est selon moi son plus grand problème. Il est déjà daté. Mark Ruffalo nous est présenté comme une caricature mêlant Donald Trump et Elon Musk, mais galop et dangereux qui pète les plombs après une seconde défaite électorale. Sauf qu'en 2025, Trump a gagné et il a déjà dépassé la caricature du film. Bong Joon-ho essaie de parler du capitalisme et du sort des employés du bas de l'échelle, mais ça n'est jamais vraiment tenu jusqu'au bout. Il se contente de lancer des idées sans jamais les mener à leur terme. A côté de ça, le film est très fun et il y a des répliques qui sont vraiment très drôles. Il y a aussi des moments très émouvants, et il ne fait aucun doute que la controverse Zara 23 de John Scalzi s'est retrouvée entre les mains des scénaristes au moment de l'écriture. Il y a des similitudes qui sont vraiment troublantes. Le jeu des acteurs n'est pas toujours égal, et on a parfois l'impression qu'ils ne jouent pas dans le même film, et certains sont assez mal écrits. Comme par exemple le personnage de Otto Nicolette, qui joue la femme de Ruffalo, qui est totalement obsédée par les sauces. Je trouve qu'elle alourdit le film et qu'elle n'est jamais drôle. On pourrait se contenter de la montrer en train de souffler les répliques à son mari, mais ce qu'elle veut faire avec les sauces, on s'en fout. Ça aurait été pour une autre utilisation, ça n'aurait rien changé. C'est pas très clair ce que je suis en train de dire, mais je veux rester vague pour vous garder un petit peu de surprise. Donc c'est un personnage que j'aime... Vraiment pas, je trouve qu'elle sert à rien. Voilà tout son délire autour des sauces, ça n'amène pas grand-chose. Et ce à quoi ça sert, ça aurait pu être amené d'une toute autre manière sans que ça pâtisse à l'histoire. Ça dure 2h17 et deux fois plus de Robert Pattinson, c'est toujours une bonne nouvelle. J'ai enchaîné avec une séance d'un tout autre genre, dans la cuisine des Nguyen, de Stéphane Likong, avec Clotilde Chevalier, Thomas Joly, Antrania, Léa Natchea, Christophe Tec et Gaëlle Gamelindi. Yvonne a toujours voulu faire de la comédie musicale. Elle joue dans les spectacles de son ami Coco dans un petit théâtre parisien, mais le succès et la reconnaissance se font attendre. Pour payer ses factures, elle vend des nems surgelés dans une grande surface. Son mec lui propose de devenir démarcheuse téléphonique pour son boulot. C'est la goutte d'eau. Yvonne le quitte et rentre chez sa mère, au-dessus de son restaurant de torsie. Mais quand arrive un casting pour LE grand spectacle, où il y a enfin un rôle parfait pour Yvonne, elle se lance un corps perdu dans sa préparation et renoue par la même occasion avec sa famille et ses origines. C'est un film très doux, très touchant, mais aussi très drôle. Dans une scène de casting, on demande à Yvonne de chanter une chanson en vietnamien. Cette si belle langue qu'aucun des casteurs ne parle évidemment, mais dont ils aiment tant parler. Alors Yvonne improvise. Elle qui parle à peine viet, une chanson avec les phrases qu'elle a le plus entendues. « Ma fille, pourquoi tu n'es pas médecin ? » « 30 ans et pas mariée ? » Ou encore « Amen les nemc table 4 » . Pas Jolie et ses collègues sont transportés au milieu des rizières dans un somptueux kimono de geisha. C'est vraiment une réplique qui est dans le film. Ils sont au milieu des rizières dans les kimonos de geisha parce que pour eux l'Asie c'est... Tous les pays d'Asie ne forment qu'un seul et unique bloc, ils veulent une Asie sans frontières. Bon parce que du coup c'est beaucoup plus simple de réfléchir à une Asie sans frontières. Ça permet de faire tous les mélanges que l'on veut sans vraiment réfléchir aux différentes populations et frontières qui existent bel et bien pour de vrai. J'ai grandi juste à côté de Torcy pour l'anecdote, et des personnages comme Yvonne j'en ai connu plein. J'étais au collège et au lycée avec des gens à qui on demande comment c'est le Vietnam ou le Laos, alors qu'ils sont nés à Lannis-sur-Marne et n'ont jamais quitté l'île de France. J'ai bien aimé aussi la répartition des chansons tout au long du film. J'avais peur qu'il y en ait beaucoup, vu que c'est pas un style cinématographique que j'affectionne particulièrement, mais tout est très bien rythmé et les 1h40 passent très vite. Les chansons sont au bon moment, elles n'alourdissent pas le propos et elles sont bien amenées, dans la pure tradition des comédies musicales de... De l'âge d'or hollywoodien, ce qui est plutôt rare à souligner. C'est distribué par jour de fête et c'est un petit film qui mérite qu'on parle de lui. Changement radical d'ambiance, à nouveau avec ce troisième film, Deux Sons Vivants d'Emmanuel Bercot, avec Benoît Magimel, Catherine Deneuve, Cécile Defrance, Gabriel Sarah et Oscar Morgan. Benjamin est gravement malade, ses jours sont comptés, et il va vite devoir abandonner ses élèves du cours de théâtre pour être hospitalisé. Là, il aura tous les loisirs de faire le bilan de sa vie, de ses regrets, des erreurs, de ce qu'il reproche à sa mère depuis toutes ces années. C'est un film très prenant, très émouvant. Je n'ai pas pu m'empêcher de me projeter, parce que je serai sûrement un jour dans le rôle de Benjamin ou dans celui du proche accompagnant qui refuse d'accepter que la fin est proche et qui tente d'aider avec toute la maladresse et la lourdeur du monde. On passe beaucoup de temps à l'hôpital, mais c'est un film qui est très lumineux. On n'est pas du tout dans ses couleurs verdâtres habituelles. Il y a beaucoup de douceur à l'image, ce qui contraste un petit peu avec celle qu'il manque à Benjamin. Dans la maladie, il sera épaulé par son médecin, qui est un personnage que j'aime beaucoup, joué par un vrai médecin, le docteur Gabriel Sarah. Je ne sais pas s'il est dans la vie comme dans le film, mais ça a l'air d'être un homme très doux, qui fait très attention à ses patients et aux détails, et qui par exemple choisit toujours ses cravates avec soin, en fonction du patient qu'il a dans la journée. Ce n'est pas un film feel-good, mais ce n'est pas un film dont on ressortira déprimé ou qui est trop pathos. Les acteurs sont toujours sur le fil. Emmanuelle Bercot est une très bonne directrice d'acteurs. On ne s'attarde pas trop sur le passé de Benjamin, et j'ai trouvé que l'arrivée d'un certain protagoniste à partir d'un certain moment du film m'a un peu dérangée, et j'ai trouvé que ce n'était pas particulièrement nécessaire à l'intrigué. Ce n'est pas un gros bémol, et je comprends ce qu'ils ont voulu faire avec cette intrigue, mais je trouve qu'elle ne l'est pas très bien amenée, simplement. C'est distribué par Studio Canal, et ça dure un peu moins de deux heures. Shelley, une danseuse de cabaret expérimentée, doit faire face à son avenir lorsque son spectacle de Las Vegas est brusquement interrompu. Danseuse dans la cinquantaine, elle peine à trouver quelle suite donner à sa carrière et à sa vie. C'est le résumé de The Last Showgirl de Gia Coppola, avec Pamela Anderson, Jimmy Lee Curtis, Dave Bautista, Kiernan Shipka, Brenda Song et Billie Lourdes. Encore une personne du clan Coppola qui n'est pas dénuée de talent, malgré son incapacité à avoir une image nette. N'y a-t-il personne chez les Coppolas qui savent faire une image pas floue ? N'y a-t-il personne chez les Coppola qui pouvait lui dire que son image n'était pas nette ? Tout le film est flou et je ne comprends pas pourquoi. Malgré tout, c'est un très chouette film. Pamela Anderson est extrêmement touchante, toute fragile et perdue dans un monde du spectacle qui a évolué plus vite qu'elle. Elle fait le même spectacle depuis des décennies et est un peu coincée dans les codes du cabaret burlesque. Elle trouve vulgaire les chorégraphies proposées par ses collègues qui passent des auditions pour se recaser. Pour elle, le razzle-dazzle, c'est chic, c'est français. Et elle refuse d'admettre que c'est un peu ringard et que le spectacle n'est pas très qualitatif. J'aime beaucoup le portrait qui est fait de ce petit groupe. Shelley, Annette et Eddie, respectivement Jimmy Lee Curtis et Dave Bautista, n'ont que les spectacles de Vegas dans leur vie et tentent de survivre avec des payes de plus en plus pauvres. On est un petit peu dans l'opposé du travail de Sean Baker, chez qui les personnages sont jeunes et ont envie de se battre et de croire aux rêves américains. Ici, plus personne n'y croit vraiment. Ils ont dépassé la cinquantaine, ils sont désabusés mais s'accrochent au peu qu'il leur reste. Vegas leur a pris leurs rêves, leurs espoirs et leur vie de famille. Ça fait toujours plaisir de revoir Pamela Anderson qui n'avait pas été sous le feu des projecteurs pour les bonnes raisons depuis longtemps. Ça fait totalement sens qu'elle ait été choisie pour ce film, c'est une des... En tout cas je trouve que c'est vraiment une des meilleures idées du film. C'est actuellement en salle et ça dure 1h30 mais au vu de son image floue ça ne sert à rien de le voir sur grand écran et ça m'attriste un petit peu de le dire. Steven Soderbergh n'avait pas sorti de film depuis au moins six semaines, alors le voilà à nouveau dans nos salles obscures avec The Insider. Avec Michael Fassbender, Cate Blanchett, Tom Burke, Marissa Abella, Régé Jean Page, Noémie Harris et Pierre Brosnan. Michael Fassbender, George, et Cate Blanchett, Catherine, sont un couple d'agents secrets. Lorsque Catherine est soupçonnée de trahison envers la nation, George se fait face à un dilemme, sauver son mariage ou son pays. Une heure trente de tension, de mensonges et de cachoterie, c'est tout ce que j'aime. Les acteurs s'amusent énormément et on le voit, même s'ils ont tous une poker face nécessaire à leur métier et à leur machination. George et Catherine aiment organiser des dîners chez eux au cours desquels ils proposent des jeux pour tester leurs amis et collègues. Quatre agents de terrain, une psy, une analyste, trois couples, qu'est-ce qui pourrait mal se passer ? Steven Soderbergh ne peut que s'amuser dans de telles circonstances, et il nous amuse avec lui. J'ai adoré chercher des indices pour tenter de découvrir avant Georges qui avait trahi la Grande-Bretagne, mais le film est suffisamment bien écrit pour qu'on ne trouve pas toutes les réponses avant la révélation finale. J'aime bien l'idée d'avoir mis Pierce Brosnan en chef des espions. 007 a pris du galon et il a une vie bien rongée dans un bureau. Le film est aussi un anti-James Bond. Pas de scène d'explosion, pas de cascade spectaculaire. Et personnellement, ça ne me manque pas du tout. J'aime vraiment bien les films d'espionnage où tout est question de discussion, de surveillance, de trac, mais de trac qu'on peut faire depuis son bureau, juste par satellite interposé. C'est une approche froide et analytique de l'espionnage, mais c'est vraiment ce que moi je préfère en tout cas. Je vous en dirai plus dans quelques mois si tout va bien. Comme toujours chez Soderbergh, l'image est très soignée, très belle, et c'est autant un plaisir pour le cerveau que pour les yeux. Le scénario est signé David Cupp, et ça fait sens, c'est un scénariste dont j'aime généralement le travail. En tout cas, tant qu'il est scénariste et pas réalisateur, parce que quand il est réalisateur, c'est toujours un peu plus questionnable, mais c'est un scénariste qui a en tout cas fait ses preuves depuis de nombreuses années. Ma seule question est, comment des gens qui sont toujours entre deux pays, entre deux missions, trouvent le temps d'avoir une déco et une garde-robe aussi travaillées ? Mais je chipote. Et il est logique qu'ils ne vivent pas dans un studio épuré. C'est actuellement en salle et vous passerez, je pense, un super moment. Parlons un peu de littérature maintenant, avec « Au-dedans » , bande dessinée de Will McPhail, sortie en 2024. Nick est un jeune citadin, illustrateur dans la vie aussi, entre ses projets personnels et un travail alimentaire au sein d'une agence de pub. Il prend la pause dans des cafés et des bars à bière, conscient que quelque chose manque à sa vie. Ce quelque chose, ce sont les autres et leurs mondes intimes. Nick est un millénial pur jus, qui pense qu'un monde où les interactions sociales faciles existent, loin de lui. Entre un barista et une oncologue, Nick va finalement trouver la porte d'entrée de ce monde étranger et effrayant que sont les relations humaines. C'est un album qui m'a beaucoup touchée et je me suis reconnue dans le personnage de Nick, même si nous n'avons en commun que notre génération et notre amour du café. On ne voit pas passer les presque 300 pages de l'histoire, quand bien même il ne s'y passe pas grand chose. Nick laisse sa vie passer sans vraiment vouloir y prendre part. Il y sera brusquement obligé quand une tragédie familiale viendra frapper à la porte. Là, il n'aura plus d'autre choix que de s'ouvrir au monde et de faire avec les événements. Il y a aussi pas mal de petites touches d'humour, comme par exemple le nom des cafés où Nick va se poser et qui reflète son humeur du moment. J'ai malheureusement pas pensé à en noter quelques-uns avant de rendre la BD à la médiathèque, mais ça m'a fait sourire au fil de ma lecture. Le dessin est tout en finesse, c'est très délicat. Il y a beaucoup de noir et blanc, mais aussi quelques petites touches de couleur, jamais trop vives ou agressives, comme si même la couleur voulait laisser à Nick le temps de prendre ses marques. Ça amène beaucoup de poésie à l'ensemble et ça lui évite d'être trop terne. C'est édité par les éditions 404 et vous passerez un très chouette moment de lecture. On termine avec un roman de Patricia Delahaye sorti en 2022 chez Belle Font-Noir, La Fausse-Air. La cinquantaine, père et mari aimant, Paul Ménard est un médecin dévoué, rassurant, autour de qui gravitent les habitants d'une bourgade beaucerone. Jusqu'à ce jour de printemps 1997 où son regard croise celui d'une femme éblouissante, Camille. Peu après, la belle se rend au cabinet médical. Les visites se répètent. Paul succombe. Dîner aux chandelles, timbal de saumon. Camille sait vivre, Camille sait aimer. Mais Camille est mariée, un militaire toujours en mission, un homme dur, indifférent, souvent violent. Paul veut la sauver, il n'en dort plus, divorce, délaisse ses patients, enrage de s'allâcher. 13 juillet 1998, la France est championne du monde, et le docteur Paul Ménard prend une décision irréversible. Ce roman est inspiré d'un fait divers dont je n'avais, je crois, pas entendu parler, mais qui en même temps ressemble à tous les autres faits divers où la séduction et l'adultère viennent se mêler à des personnes manipulatrices prêtes à tout pour arriver à leur fin. On ne comprend pas vraiment pourquoi Paul est aussi subjugué par Camille. Des jolies femmes, il doit pourtant en croiser régulièrement. Mais l'amour rentre avec le dit-on. Et là, Paul aurait bien besoin d'une canne blanche. C'est fou à quel point un homme peut s'extraindre à sa médiocrité par pure envie et se laisser berner tant que son égo est flatté. J'ai bien aimé la description du village et des relations entre les habitants que fait l'autrice. L'ambiance semble légèrement plus datée que la toute fin des années 90 où se situe le livre, mais ça n'est pas très dérangeant. On se demande où on va, même si très rapidement, on comprend que nos protagonistes se sont mis dans de sales draps. Et puis le procès arrive et tout est expliqué assez lourdement, je dois dire. J'aime beaucoup moins la deuxième moitié du roman, à partir du procès donc, mais particulièrement les tout derniers chapitres où nous sommes projetés dans le présent, alors que les personnages n'ont pas vraiment évolué et qu'une protagoniste plutôt mineure du début tente de prendre de l'importance. Pour moi ça ne fonctionne pas du tout, mais peut-être que cette partie est aussi issue de la réalité. Alors quoi qu'il arrive, ça n'est pas déplaisant à lire et j'ai vraiment apprécié les 200 premières pages. Les 150 restantes sont quant à elles un petit peu en dessous. C'est la fin de cet épisode, les liens sont dans la description comme d'habitude. Bonne semaine, à lundi prochain.