undefined cover
undefined cover
Ep 76 - De la solitude, des filles prodigues et des mésanges venères cover
Ep 76 - De la solitude, des filles prodigues et des mésanges venères cover
7/ Semaine

Ep 76 - De la solitude, des filles prodigues et des mésanges venères

Ep 76 - De la solitude, des filles prodigues et des mésanges venères

15min |09/06/2025
Play
undefined cover
undefined cover
Ep 76 - De la solitude, des filles prodigues et des mésanges venères cover
Ep 76 - De la solitude, des filles prodigues et des mésanges venères cover
7/ Semaine

Ep 76 - De la solitude, des filles prodigues et des mésanges venères

Ep 76 - De la solitude, des filles prodigues et des mésanges venères

15min |09/06/2025
Play

Description

Au programme de cette semaine :


~*~ 

Le compte instagram :

https://www.instagram.com/7_semaine_podcast/

Pour écouter Adaptator et à Travers :

https://smartlink.ausha.co/adaptator-et-a-travers

Pour me soutenir :
https://fr.tipeee.com/audreyp/ 



Musique :

Titre: Synthwave Vibe

Auteur: Meydän

Source: https://meydan.bandcamp.com

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, bonsoir, bonne nuit, bienvenue dans ce nouvel épisode de cette semaine, le podcast qui vous donne 7 recours culture par quinzaine. Vous l'entendrez sûrement, j'ai la voix un petit peu cassée, j'étais à un interment de vie de jeune fille hier et les deux heures de karaoké ont eu raison de mes capacités vocales. J'espère que ça ira quand même pour cet épisode. Lydia a dit un jour qu'elle pensait qu'un tuyau invisible la reliait à son amie Salomé, comme si elle se partageait une seule dose de bonheur pour deux. Si Salomé allait vivre, comme certains l'affirment, le plus beau jour de sa vie, quel est-il se passer pour elle ? Et quand le soir de la rupture de Lydia, Salomé apprend qu'elle est enceinte, la théorie semble se confirmer. Pourtant, peu de temps après, Lydia fait la rencontre de Milos, chauffeur de bus qui ne cherche rien de plus qu'une rencontre d'une nuit. Mais quand ils se recroisent neuf mois plus tard, alors qu'elle tient le bébé de Salomé dans les bras, Lydia lui annonce qu'il s'agit de sa fille. Elle s'enfonce alors de plus en plus dans ses mensonges, jusqu'à commettre l'irréparable. C'est le résumé du ravissement d'Iris Kaltenbach sorti en 2023 avec Afsia Herzi, Alexis Manenti et Nina Meurisse. C'est un film très beau et très doux malgré le sujet grave dont il parle, inspiré d'un fait divers où une femme a emprunté le bébé de sa meilleure amie pendant des mois, comme Lydia. Quand bien même les actes de Lydia sont questionnables, à tout le moins... et répréhensible, on ne peut s'empêcher d'avoir de la compassion pour elle. Elle est dans une solitude extrême, elle n'a que son ami comme famille et son travail de sage-femme pour occuper ses journées. Mais Salomé délaisse involontairement Lydia, car un bébé ça prend du temps et qu'elle ne vit pas très bien son postpartum. J'aime beaucoup le traitement qui est fait du personnage de Lydia, on ne la juge jamais, même si quand à plusieurs reprises elle a l'opportunité de dire la vérité, elle préfère s'enfoncer dans une vie de mensonge, on ne peut s'empêcher de lui en vouloir un peu. On sait que quoi qu'il arrive, elle ne pourra jamais être heureuse, mais on a envie qu'elle ressorte un peu la tête hors de l'eau. Les acteurs sont impeccables, Afsia Erzi semble toujours sur le point de s'effondrer, et Alexi Manenti joue très bien le gars qui ne voit pas qu'on lui ment, car c'est trop invraisemblable pour être ne serait-ce qu'envisagé. On ressent aussi une grande solitude chez lui et je trouve le duo très touchant. Il ne jugera pas Lydia, même à la fin du film, et c'est pour cette raison que c'est lui qui va faire la voix-off tout au long du film, pour nous faire part de la situation et de l'état émotionnel de Lydia. C'est rare qu'une voix-off fonctionne aussi bien et soit aussi bien travaillée. Il y a aussi un soin rapporté à la lumière. C'est souvent assez terne et Lydia, avec son manteau rouge pétant, attire toute l'attention sur elle où qu'elle soit dans le cadre. Elle a envie qu'on s'intéresse à elle à travers ce manteau, même si ça n'est pas conscient. C'est vraiment un film que j'ai énormément aimé, j'ai été captivée comme rarement et les 1h37 sont passées à toute vitesse. C'est hyper rare que je ressente ça devant un film et j'étais vraiment très surprise que ça arrive. Parce que quand le film est sorti en salle, je me suis dit que j'avais bien envie d'aller le voir mais que j'étais pas sûre que ça me plaise vraiment. J'avais peur que ce soit un film que je trouve un peu mid et je suis très contente de l'avoir enfin regardé, je vous le recommande plus que vivement. Il est dispo en DVD et sur RTVOD. Encore un film qui parle de solitude. J'ai vu un mauvais film avec Vicky Crisp cette semaine alors j'ai eu envie de vous parler de Serre-moi fort de Mathieu Amalric sorti en 2021, avec Vicky Crips donc, Harry Worthalter, Aurélie Apathy, Erwann Ribard, mais aussi Juliette Benveniste, Aurel Grégic, Sacha Ardili et Anne-Sophie Bowen-Châtet dans le rôle des enfants. Un résumé très énigmatique et court qui fonctionne parfaitement bien. Ça semble être l'histoire d'une femme qui s'en va. Et effectivement, on ne saura pas si c'est autre chose que ça. Simple séparation familiale, deuil, toutes les interprétations fonctionnent. On suit en parallèle le parcours de Vicky Cripps, errant seule dans sa vie et de l'autre côté, Harry Warthalter et leurs deux enfants, devant faire face à l'absence. J'aime beaucoup le fait que plusieurs lectures soient possibles, même si une réponse sera finalement apportée. Je trouve que les autres propositions fonctionnent aussi très bien. Je ne vous en dis rien volontairement pour vous laisser vos interprétations à vous si un jour vous voyez le film. C'est à nous de projeter nos craintes pour nous faire une idée sur l'intrigue. Les acteurs aussi semblent perdus comme si on ne leur avait pas dit non plus quelle était l'histoire et que seules les indications émotionnelles étaient données. Je n'ai pas revu le film depuis sa sortie en salle en 2021, donc certes ça date un peu, mais il m'en reste un sentiment de grande douceur. L'histoire nous malmène et c'est comme si Mathieu Amalric en avait conscience et qu'il se rattrapait avec beaucoup de douceur à l'écran. C'est un film qui m'évoque A Ghost Story ou encore Manchester by the Sea, des films où justement on montre du beau pour ne pas avoir que de la tristesse. Vicky Cripps est très touchante et on a envie en effet de la serrer fort contre nous et de lui dire que ça va aller. C'est un film qui est passé relativement inaperçu car présenté lors de l'édition estivale de Cannes 2021, puis sa sortie en salle quelques temps après s'est faite entre deux confinements. Alors certes c'est un petit film et même si Barbara avait eu un petit succès, Mathieu Amalric a du mal à être perçu comme un réalisateur et plus seulement un acteur. Mais c'est un petit film qui selon moi est un film à découvrir et j'espère qu'il vous touchera autant qu'il m'a touché. Sers-moi fort dure lui aussi 1h37, il est distribué par Gaumont et dispo en DVD pharmaphysique. 1950. Anatole Giacorda, un industriel parmi les hommes les plus riches d'Europe, échappe à une éniève tentative d'assassinat. Alors pour assurer ses arrières, il lègue toute sa fortune à sa fille Liesel, apprentie nonne, ne laissant rien à ses huit autres fils. Accompagné par un professeur particulier, Liesel et Zaza se lancent dans la phase la plus ambitieuse de la carrière de ce dernier. Mais entre histoire familiale et associés contrariés, leur périple ne sera pas aussi calme que prévu. C'est le résumé du nouveau film de Wes Anderson, The Punition Scheme, avec Augustine. Et là je prends une grande inspiration. Benicio Del Toro, Mia Thurberton, Michael Cera, Riz Ahmed, Tom Hanks, Brian Cranston, Mathieu Amalric, Scarlett Johansson, Benedict Cumberbatch, Rupert Friend, Hope Davis et j'en passe. Et bien sûr, Bruno Del Bonel à la photo, sinon on ne serait pas vraiment dans un film de Wes Anderson. On sait globalement à quoi s'attendre quand on regarde un film de Wes Anderson et ça me va très bien. J'ai déjà dit ici que c'était un cinéma dans lequel je me sens bien. Mais là, les codes ont un peu changé et je suis sortie de ma séance un peu déçue. Après plusieurs jours, j'adoucis un petit peu mon jugement. Ça ne sera pas mon Anderson préféré, mais il reste très bien. Et je comprends, je crois, ce qu'il a voulu apporter de nouveau par rapport à d'habitude. C'est un de ses films les plus violents, et ce dès l'ouverture, et c'est plutôt cohérent avec notre époque. Jaja est menacé de toutes parts, et son intégrité physique sera plusieurs fois mise à mal. Ce qu'il dit de la famille aussi est un peu différent d'habitude. La famille chez Anderson, ça n'est jamais simple. Mais ici, c'est vraiment la fille qui est mise en avant, et Jaja fera tout pour se faire pardonner, non pas quelque chose qu'il a fait, mais plutôt quelque chose qu'il a déclenché. Ça sera notre fil rouge tout au long du métrage. Et ça, je pense à mettre en perspective avec la vie du cinéaste, qui a une fille de 9 ans, même si dans sa vie, il ne s'est pas passé la même chose que ce qu'il se passe dans le film. Je pense qu'il a voulu rendre un hommage à sa fille. Ce qui m'a un peu perdue dans le film, c'est le plan de Jaja que... que j'ai trouvé compliqué pour rien, même si on ne rentrera jamais vraiment dans les détails, et que c'est au final assez simple. Je ne sais pas, j'ai trouvé que c'était trop alambiqué pour rien, et qu'il faisait exprès de nous perdre, mais que ça ne fonctionnait pas. Je n'ai peut-être pas vu le film dans de bonnes conditions, parce que je l'ai vu juste après un film que j'ai trouvé très mauvais, et qui m'a énervé, et je pense que ça ne m'a pas aidé à me mettre dans une ambiance propice au visionnage de ce film-ci. Je lui donnerai une nouvelle chance d'ici quelques semaines. Le film dure 1h40, il est actuellement en salle, et peut-être que vous aussi vous aurez envie de vivre dans la salle de bain de Jaja, auquel cas je me sentirai moins seule. On repart dans les archives du cinéma pour ce dernier film. Après avoir fait une déclaration homophobe à la télé, Mathias Le Goff, vice-champion de natation et condamné, a entraîné une équipe de waterpolo gays. Les Crevettes Pailletées, Cédric Gallo et Maxime Gorave, avec Nicolas Gobbe, Alban Lenoir, Romain Brault, Michael Abitboul et David Bayou. Je suis allée voir ce film un peu à reculons. J'avais peur d'une fausse bienveillance avec en sous-texte des clichés et des blagues homophobes. Mais c'est une très chouette surprise. Le film expose des clichés mais les désamorce rapidement et s'amuse même avec. Ce n'est pas un film où seul l'antagoniste va évoluer. Oui, Mathias Le Goff va apprendre à passer contre ses préjugés et découvrir que, au miracle, les homosexuels sont des personnes normales. Incroyable. Franchement, je suis choc-barre. L'équipe des Crevettes Pailletées aussi va évoluer en tant qu'équipe, mais aussi de manière individuelle. C'est très bien écrit de ce côté-là. Par contre, j'ai pris la confiance et j'ai regardé la suite, et là j'ai un gros problème avec le film. Dénoncer l'homophobie, oui, par le racisme, c'est non. Il y avait selon moi d'autres moyens de parler d'homophobie en Russie, sans enchaîner les textes racistes, mais je m'égare. Revenons aux Crevettes Pailletées, premier du nom. Les acteurs s'en sortent particulièrement bien, notamment Romain Brault, mais Romain est toujours parfait. C'est vraiment un super road trip, Car oui, Mathias et les crevettes doivent se rendre en Croatie pour les Gay Games. Donc un road trip. Une équipe masculine de sport aquatique. C'est un peu aussi le pitch du grand bain qui reste pour moi un cran au-dessus, parce que j'adore le grand bain. Mais il y a des similitudes de thèmes entre les deux films et je trouve que les voir dans cette dynamique-là, ça fonctionne très très bien. On retrouve les thèmes de l'amitié, de la dépression, de la maladie, de ne pas trouver sa place dans la société, la méchanceté comme mécanisme d'autodéfense. C'est vraiment des choses qui sont très communes aux deux films et ça fonctionne très bien dans les deux. Les émotions sont très bien dosées aussi, ils m'ont ri à de nombreux moments, mais les instants très émouvants arrivent toujours au bon moment, sans gros sabots, et viennent quand même vous poignarder le cœur. Les crevettes pailletées, c'est une très bonne surprise. C'est dispo en VOD et format physique et ça dure 1h43. Ça fait plusieurs années maintenant que j'entends parler de Tiffany McDaniel, mais je n'avais jamais pris le temps de découvrir son travail. C'est maintenant chose faite, avec du côté sauvage, que j'ai dévoré en deux jours. Arkéda fie son jumelle, née à une minute d'intervalle. Unie par leur indomptable chevelure rousse, les récits de leur grand-mère et une imagination fertile. les deux sœurs sont inséparables. Ensemble, elles fuient un quotidien sordide en plongeant dans un monde imaginaire. Pourtant, irrémédiablement engluées dans les ténèbres familiales, elles ne peuvent échapper aux fantômes qui les hantent. Devenue adulte, Ark lutte toujours avec ses souvenirs lorsqu'on découvre le corps d'une femme noyée dans la rivière. Bientôt, les cadeaux s'accumulent. Alors que ses amis disparaissent autour d'elle, Ark se rend peu à peu à l'évidence. Tenir la promesse qu'elle a faite à Daffy, de les protéger des puissants remous du côté sauvage de l'existence, s'avère impossible. Je ne m'attendais pas du tout à ça en commençant ma lecture et je dois dire que je me suis tout de suite plongée dans cette histoire, qui m'a beaucoup rappelé le travail de Michael McDowell avec Blackwater. Tout est triste, sale, poisseux, et nos héroïnes ne sont pas nées du bon côté pour que leur vie soit agréable et paisible. Il faudra sans cesse se battre contre les démons familiaux, les souvenirs qui vous hantent, et les démons du présent toujours prêts à vous rappeler que vos vies ne veulent pas la peine d'être vécues. Au milieu des aiguilles, des manques affectifs, des émissions de voyages et des drones, prénoms désignant les clients irrespectueux, coule une rivière magnifique mais boueuse, devenue amie, confidente et bourreau, jusqu'à ce qu'elle aussi trahisse et se mette à rejeter des corps. Là encore, le parallèle avec Blackwater me semble assez évident. J'ai vraiment beaucoup aimé l'écriture de ce roman, c'est vraiment à son faute. Ark sera notre narratrice tout au long, jonglant entre les différentes périodes de leur enfance, jusqu'à son adolescence troublée. On a envie que les personnages s'en sortent, mais on sait que c'est peine perdue et que la rivière, tôt ou tard, reprendra ce qui lui appartient. Un roman fleuve, si je peux me permettre, de 700 pages, qui vous transportera et vous touchera autant qu'il m'a touché, je l'espère. C'est un très gros coup de cœur de cette fin de printemps, et je vais de ce pas lire la suite des écrits de Tiffany McDaniel. Du Côté Sauvage est paru chez Gallmeister en 2023. Je vous parle maintenant d'une trilogie de bandes dessinées, Petit traité d'écologie sauvage d'Alessandro Pignocci, paru chez Steinke's Edition à partir de 2018. Dans un monde inversé, il est reconnu que les animaux et les plantes ont une vie intellectuelle et sentimentale similaire à celle des humains. La culture occidentale traditionnelle ne subsiste que dans certaines régions de France et un anthropologue givarou l'étudie et milite pour sa sauvegarde. On suit aussi des mésanges très occupés entre Assemblée Générale, préparation de cocktails Molotov et menaces à des candidats à l'élection présidentielle. Ces BD sont hilarantes, c'est typiquement le jour du mort qui me plaît. Décalés, absurdes et un brin politique. On passe d'une situation à l'autre avec autant de décalages, le toit accompagné de très jolies planches à l'aquarelle où seuls les animaux et les plantes sont détaillés. Les hommes n'ont pas de bouche et leurs yeux sont toujours fermés. Dans ce monde, l'homme n'est plus qu'un spectateur et ne fait plus la loi. On ne s'intéresse pas tant que ça à la manière dont cette opérée la bascule, et ce n'est pas ce qui compte ici. Ça n'est pas un traité militant, mais ça fait quand même grincer des dents, quand on le remet en perspective avec notre monde. Et si on se plaît à vouloir aller cueillir des champignons avec Donald Trump et Angela Merkel pendant le feu de camp du G7, on n'oublie pas que dans la vraie vie du monde véritable, ces gens prennent tous les jours des décisions concernant la planète et les êtres vivants qui la peuplent. Les post-faces sont assez intéressantes aussi, et nous permettent de nous poser des questions sur les thèmes abordés uniquement par la blague dans le reste du livre. Côté livres, justement, ils se transportent assez facilement. On est sur du format intermédiaire avec couverture semi-rigide, ce qui est quand même plus pratique que la hardcover format A4 si on aime lire dans les transports. Chaque tome fait environ 130 pages et la prochaine fois que vous entendrez des oiseaux, tendez l'oreille, ils sont peut-être en train de préparer un coup d'état ou de prévoir un covoit avec Nicolas Hulot. Je vous avais parlé de Nnedi Okorafor avec son roman Akata Witch. Je vous parle cette semaine de sa dernière parution, La mort de l'auteur, sortie en France chez Robert Laffont en mars dernier. Zélu est nidjariano-américaine. Zélu est auteur. Zélu est paraplégique. Mais Zélu n'est pas reconnue, ni par sa famille nombreuse qui ne la comprend pas, ni pour ses romans qui ne trouvent pas d'éditeur. Jusqu'au jour où, désespérée et sans emploi, elle se décide à écrire un récit de science-fiction sur des androïdes et des IA au cœur d'un monde post-apocalyptique. Robo-rouillé. Le succès immédiat de son livre bouleverse sa vie. Progressivement, les frontières entre réalité et fiction s'effacent, emportant avec elle ses certitudes. Au fond, qui est-elle vraiment ? En commençant ce roman, j'avais peur qu'il aborde trop de thèmes et qu'il se perde quelque part en chemin, mais non, tout fonctionne vraiment très bien. Le handicap, le succès, qu'il soit absent ou éclatant, la science-fiction, le rapport à une famille aimante qui peine à vous laisser exister, le rapport aux origines. Malgré les 430 pages du roman, ça fait beaucoup à traiter, mais l'autrice s'en sort très bien et le roman est très équilibré. Il n'y a pas un thème qui prend le dessus par rapport aux autres. Il y a aussi beaucoup de personnes. C'est lui à une famille nombreuse et son succès va l'amener à rencontrer beaucoup d'autres gens. Mais une fois encore, personne n'est mis de côté. ou ne reçoit une importance disproportionnée. Le noyau dur du personnage, Zélu, sa famille et son compagnon sont même plutôt attachants et en aiment s'agacer avec eux, ou à cause d'eux. Oui, ils sont un peu étouffants avec Zélu depuis l'accident qui l'a rendu tétraplégique, mais c'est juste qu'ils veulent la protéger. On comprend aussi que ça soit difficilement vivable. Zélu n'est plus une enfant, mais quand elle disparaît plusieurs semaines sans donner de nouvelles, à la place de sa famille, nous aussi on serait inquiets. Et quand on voit ce qui lui arrive, on se dit qu'on a eu raison d'être inquiet. Entre son succès, son émancipation, ses envies d'ailleurs et l'exosquelette qui va enfin lui permettre de marcher à nouveau, c'est lui est un personnage complexe plongé au cœur d'une tempête d'événements, d'émotions et de sentiments. C'est un très chouette roman et je ne sais pas à quel point c'est un roman autobiographique, mais Nnedi Okorafor le dédie à sa sœur de ses déprécoissements en 2021. La mort de l'auteur est un roman que je vous conseille chaudement. C'est la fin de cet épisode, merci de m'avoir écouté. Les liens sont dans la description comme d'habitude. Bonne semaine, à dans un jour.

Description

Au programme de cette semaine :


~*~ 

Le compte instagram :

https://www.instagram.com/7_semaine_podcast/

Pour écouter Adaptator et à Travers :

https://smartlink.ausha.co/adaptator-et-a-travers

Pour me soutenir :
https://fr.tipeee.com/audreyp/ 



Musique :

Titre: Synthwave Vibe

Auteur: Meydän

Source: https://meydan.bandcamp.com

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, bonsoir, bonne nuit, bienvenue dans ce nouvel épisode de cette semaine, le podcast qui vous donne 7 recours culture par quinzaine. Vous l'entendrez sûrement, j'ai la voix un petit peu cassée, j'étais à un interment de vie de jeune fille hier et les deux heures de karaoké ont eu raison de mes capacités vocales. J'espère que ça ira quand même pour cet épisode. Lydia a dit un jour qu'elle pensait qu'un tuyau invisible la reliait à son amie Salomé, comme si elle se partageait une seule dose de bonheur pour deux. Si Salomé allait vivre, comme certains l'affirment, le plus beau jour de sa vie, quel est-il se passer pour elle ? Et quand le soir de la rupture de Lydia, Salomé apprend qu'elle est enceinte, la théorie semble se confirmer. Pourtant, peu de temps après, Lydia fait la rencontre de Milos, chauffeur de bus qui ne cherche rien de plus qu'une rencontre d'une nuit. Mais quand ils se recroisent neuf mois plus tard, alors qu'elle tient le bébé de Salomé dans les bras, Lydia lui annonce qu'il s'agit de sa fille. Elle s'enfonce alors de plus en plus dans ses mensonges, jusqu'à commettre l'irréparable. C'est le résumé du ravissement d'Iris Kaltenbach sorti en 2023 avec Afsia Herzi, Alexis Manenti et Nina Meurisse. C'est un film très beau et très doux malgré le sujet grave dont il parle, inspiré d'un fait divers où une femme a emprunté le bébé de sa meilleure amie pendant des mois, comme Lydia. Quand bien même les actes de Lydia sont questionnables, à tout le moins... et répréhensible, on ne peut s'empêcher d'avoir de la compassion pour elle. Elle est dans une solitude extrême, elle n'a que son ami comme famille et son travail de sage-femme pour occuper ses journées. Mais Salomé délaisse involontairement Lydia, car un bébé ça prend du temps et qu'elle ne vit pas très bien son postpartum. J'aime beaucoup le traitement qui est fait du personnage de Lydia, on ne la juge jamais, même si quand à plusieurs reprises elle a l'opportunité de dire la vérité, elle préfère s'enfoncer dans une vie de mensonge, on ne peut s'empêcher de lui en vouloir un peu. On sait que quoi qu'il arrive, elle ne pourra jamais être heureuse, mais on a envie qu'elle ressorte un peu la tête hors de l'eau. Les acteurs sont impeccables, Afsia Erzi semble toujours sur le point de s'effondrer, et Alexi Manenti joue très bien le gars qui ne voit pas qu'on lui ment, car c'est trop invraisemblable pour être ne serait-ce qu'envisagé. On ressent aussi une grande solitude chez lui et je trouve le duo très touchant. Il ne jugera pas Lydia, même à la fin du film, et c'est pour cette raison que c'est lui qui va faire la voix-off tout au long du film, pour nous faire part de la situation et de l'état émotionnel de Lydia. C'est rare qu'une voix-off fonctionne aussi bien et soit aussi bien travaillée. Il y a aussi un soin rapporté à la lumière. C'est souvent assez terne et Lydia, avec son manteau rouge pétant, attire toute l'attention sur elle où qu'elle soit dans le cadre. Elle a envie qu'on s'intéresse à elle à travers ce manteau, même si ça n'est pas conscient. C'est vraiment un film que j'ai énormément aimé, j'ai été captivée comme rarement et les 1h37 sont passées à toute vitesse. C'est hyper rare que je ressente ça devant un film et j'étais vraiment très surprise que ça arrive. Parce que quand le film est sorti en salle, je me suis dit que j'avais bien envie d'aller le voir mais que j'étais pas sûre que ça me plaise vraiment. J'avais peur que ce soit un film que je trouve un peu mid et je suis très contente de l'avoir enfin regardé, je vous le recommande plus que vivement. Il est dispo en DVD et sur RTVOD. Encore un film qui parle de solitude. J'ai vu un mauvais film avec Vicky Crisp cette semaine alors j'ai eu envie de vous parler de Serre-moi fort de Mathieu Amalric sorti en 2021, avec Vicky Crips donc, Harry Worthalter, Aurélie Apathy, Erwann Ribard, mais aussi Juliette Benveniste, Aurel Grégic, Sacha Ardili et Anne-Sophie Bowen-Châtet dans le rôle des enfants. Un résumé très énigmatique et court qui fonctionne parfaitement bien. Ça semble être l'histoire d'une femme qui s'en va. Et effectivement, on ne saura pas si c'est autre chose que ça. Simple séparation familiale, deuil, toutes les interprétations fonctionnent. On suit en parallèle le parcours de Vicky Cripps, errant seule dans sa vie et de l'autre côté, Harry Warthalter et leurs deux enfants, devant faire face à l'absence. J'aime beaucoup le fait que plusieurs lectures soient possibles, même si une réponse sera finalement apportée. Je trouve que les autres propositions fonctionnent aussi très bien. Je ne vous en dis rien volontairement pour vous laisser vos interprétations à vous si un jour vous voyez le film. C'est à nous de projeter nos craintes pour nous faire une idée sur l'intrigue. Les acteurs aussi semblent perdus comme si on ne leur avait pas dit non plus quelle était l'histoire et que seules les indications émotionnelles étaient données. Je n'ai pas revu le film depuis sa sortie en salle en 2021, donc certes ça date un peu, mais il m'en reste un sentiment de grande douceur. L'histoire nous malmène et c'est comme si Mathieu Amalric en avait conscience et qu'il se rattrapait avec beaucoup de douceur à l'écran. C'est un film qui m'évoque A Ghost Story ou encore Manchester by the Sea, des films où justement on montre du beau pour ne pas avoir que de la tristesse. Vicky Cripps est très touchante et on a envie en effet de la serrer fort contre nous et de lui dire que ça va aller. C'est un film qui est passé relativement inaperçu car présenté lors de l'édition estivale de Cannes 2021, puis sa sortie en salle quelques temps après s'est faite entre deux confinements. Alors certes c'est un petit film et même si Barbara avait eu un petit succès, Mathieu Amalric a du mal à être perçu comme un réalisateur et plus seulement un acteur. Mais c'est un petit film qui selon moi est un film à découvrir et j'espère qu'il vous touchera autant qu'il m'a touché. Sers-moi fort dure lui aussi 1h37, il est distribué par Gaumont et dispo en DVD pharmaphysique. 1950. Anatole Giacorda, un industriel parmi les hommes les plus riches d'Europe, échappe à une éniève tentative d'assassinat. Alors pour assurer ses arrières, il lègue toute sa fortune à sa fille Liesel, apprentie nonne, ne laissant rien à ses huit autres fils. Accompagné par un professeur particulier, Liesel et Zaza se lancent dans la phase la plus ambitieuse de la carrière de ce dernier. Mais entre histoire familiale et associés contrariés, leur périple ne sera pas aussi calme que prévu. C'est le résumé du nouveau film de Wes Anderson, The Punition Scheme, avec Augustine. Et là je prends une grande inspiration. Benicio Del Toro, Mia Thurberton, Michael Cera, Riz Ahmed, Tom Hanks, Brian Cranston, Mathieu Amalric, Scarlett Johansson, Benedict Cumberbatch, Rupert Friend, Hope Davis et j'en passe. Et bien sûr, Bruno Del Bonel à la photo, sinon on ne serait pas vraiment dans un film de Wes Anderson. On sait globalement à quoi s'attendre quand on regarde un film de Wes Anderson et ça me va très bien. J'ai déjà dit ici que c'était un cinéma dans lequel je me sens bien. Mais là, les codes ont un peu changé et je suis sortie de ma séance un peu déçue. Après plusieurs jours, j'adoucis un petit peu mon jugement. Ça ne sera pas mon Anderson préféré, mais il reste très bien. Et je comprends, je crois, ce qu'il a voulu apporter de nouveau par rapport à d'habitude. C'est un de ses films les plus violents, et ce dès l'ouverture, et c'est plutôt cohérent avec notre époque. Jaja est menacé de toutes parts, et son intégrité physique sera plusieurs fois mise à mal. Ce qu'il dit de la famille aussi est un peu différent d'habitude. La famille chez Anderson, ça n'est jamais simple. Mais ici, c'est vraiment la fille qui est mise en avant, et Jaja fera tout pour se faire pardonner, non pas quelque chose qu'il a fait, mais plutôt quelque chose qu'il a déclenché. Ça sera notre fil rouge tout au long du métrage. Et ça, je pense à mettre en perspective avec la vie du cinéaste, qui a une fille de 9 ans, même si dans sa vie, il ne s'est pas passé la même chose que ce qu'il se passe dans le film. Je pense qu'il a voulu rendre un hommage à sa fille. Ce qui m'a un peu perdue dans le film, c'est le plan de Jaja que... que j'ai trouvé compliqué pour rien, même si on ne rentrera jamais vraiment dans les détails, et que c'est au final assez simple. Je ne sais pas, j'ai trouvé que c'était trop alambiqué pour rien, et qu'il faisait exprès de nous perdre, mais que ça ne fonctionnait pas. Je n'ai peut-être pas vu le film dans de bonnes conditions, parce que je l'ai vu juste après un film que j'ai trouvé très mauvais, et qui m'a énervé, et je pense que ça ne m'a pas aidé à me mettre dans une ambiance propice au visionnage de ce film-ci. Je lui donnerai une nouvelle chance d'ici quelques semaines. Le film dure 1h40, il est actuellement en salle, et peut-être que vous aussi vous aurez envie de vivre dans la salle de bain de Jaja, auquel cas je me sentirai moins seule. On repart dans les archives du cinéma pour ce dernier film. Après avoir fait une déclaration homophobe à la télé, Mathias Le Goff, vice-champion de natation et condamné, a entraîné une équipe de waterpolo gays. Les Crevettes Pailletées, Cédric Gallo et Maxime Gorave, avec Nicolas Gobbe, Alban Lenoir, Romain Brault, Michael Abitboul et David Bayou. Je suis allée voir ce film un peu à reculons. J'avais peur d'une fausse bienveillance avec en sous-texte des clichés et des blagues homophobes. Mais c'est une très chouette surprise. Le film expose des clichés mais les désamorce rapidement et s'amuse même avec. Ce n'est pas un film où seul l'antagoniste va évoluer. Oui, Mathias Le Goff va apprendre à passer contre ses préjugés et découvrir que, au miracle, les homosexuels sont des personnes normales. Incroyable. Franchement, je suis choc-barre. L'équipe des Crevettes Pailletées aussi va évoluer en tant qu'équipe, mais aussi de manière individuelle. C'est très bien écrit de ce côté-là. Par contre, j'ai pris la confiance et j'ai regardé la suite, et là j'ai un gros problème avec le film. Dénoncer l'homophobie, oui, par le racisme, c'est non. Il y avait selon moi d'autres moyens de parler d'homophobie en Russie, sans enchaîner les textes racistes, mais je m'égare. Revenons aux Crevettes Pailletées, premier du nom. Les acteurs s'en sortent particulièrement bien, notamment Romain Brault, mais Romain est toujours parfait. C'est vraiment un super road trip, Car oui, Mathias et les crevettes doivent se rendre en Croatie pour les Gay Games. Donc un road trip. Une équipe masculine de sport aquatique. C'est un peu aussi le pitch du grand bain qui reste pour moi un cran au-dessus, parce que j'adore le grand bain. Mais il y a des similitudes de thèmes entre les deux films et je trouve que les voir dans cette dynamique-là, ça fonctionne très très bien. On retrouve les thèmes de l'amitié, de la dépression, de la maladie, de ne pas trouver sa place dans la société, la méchanceté comme mécanisme d'autodéfense. C'est vraiment des choses qui sont très communes aux deux films et ça fonctionne très bien dans les deux. Les émotions sont très bien dosées aussi, ils m'ont ri à de nombreux moments, mais les instants très émouvants arrivent toujours au bon moment, sans gros sabots, et viennent quand même vous poignarder le cœur. Les crevettes pailletées, c'est une très bonne surprise. C'est dispo en VOD et format physique et ça dure 1h43. Ça fait plusieurs années maintenant que j'entends parler de Tiffany McDaniel, mais je n'avais jamais pris le temps de découvrir son travail. C'est maintenant chose faite, avec du côté sauvage, que j'ai dévoré en deux jours. Arkéda fie son jumelle, née à une minute d'intervalle. Unie par leur indomptable chevelure rousse, les récits de leur grand-mère et une imagination fertile. les deux sœurs sont inséparables. Ensemble, elles fuient un quotidien sordide en plongeant dans un monde imaginaire. Pourtant, irrémédiablement engluées dans les ténèbres familiales, elles ne peuvent échapper aux fantômes qui les hantent. Devenue adulte, Ark lutte toujours avec ses souvenirs lorsqu'on découvre le corps d'une femme noyée dans la rivière. Bientôt, les cadeaux s'accumulent. Alors que ses amis disparaissent autour d'elle, Ark se rend peu à peu à l'évidence. Tenir la promesse qu'elle a faite à Daffy, de les protéger des puissants remous du côté sauvage de l'existence, s'avère impossible. Je ne m'attendais pas du tout à ça en commençant ma lecture et je dois dire que je me suis tout de suite plongée dans cette histoire, qui m'a beaucoup rappelé le travail de Michael McDowell avec Blackwater. Tout est triste, sale, poisseux, et nos héroïnes ne sont pas nées du bon côté pour que leur vie soit agréable et paisible. Il faudra sans cesse se battre contre les démons familiaux, les souvenirs qui vous hantent, et les démons du présent toujours prêts à vous rappeler que vos vies ne veulent pas la peine d'être vécues. Au milieu des aiguilles, des manques affectifs, des émissions de voyages et des drones, prénoms désignant les clients irrespectueux, coule une rivière magnifique mais boueuse, devenue amie, confidente et bourreau, jusqu'à ce qu'elle aussi trahisse et se mette à rejeter des corps. Là encore, le parallèle avec Blackwater me semble assez évident. J'ai vraiment beaucoup aimé l'écriture de ce roman, c'est vraiment à son faute. Ark sera notre narratrice tout au long, jonglant entre les différentes périodes de leur enfance, jusqu'à son adolescence troublée. On a envie que les personnages s'en sortent, mais on sait que c'est peine perdue et que la rivière, tôt ou tard, reprendra ce qui lui appartient. Un roman fleuve, si je peux me permettre, de 700 pages, qui vous transportera et vous touchera autant qu'il m'a touché, je l'espère. C'est un très gros coup de cœur de cette fin de printemps, et je vais de ce pas lire la suite des écrits de Tiffany McDaniel. Du Côté Sauvage est paru chez Gallmeister en 2023. Je vous parle maintenant d'une trilogie de bandes dessinées, Petit traité d'écologie sauvage d'Alessandro Pignocci, paru chez Steinke's Edition à partir de 2018. Dans un monde inversé, il est reconnu que les animaux et les plantes ont une vie intellectuelle et sentimentale similaire à celle des humains. La culture occidentale traditionnelle ne subsiste que dans certaines régions de France et un anthropologue givarou l'étudie et milite pour sa sauvegarde. On suit aussi des mésanges très occupés entre Assemblée Générale, préparation de cocktails Molotov et menaces à des candidats à l'élection présidentielle. Ces BD sont hilarantes, c'est typiquement le jour du mort qui me plaît. Décalés, absurdes et un brin politique. On passe d'une situation à l'autre avec autant de décalages, le toit accompagné de très jolies planches à l'aquarelle où seuls les animaux et les plantes sont détaillés. Les hommes n'ont pas de bouche et leurs yeux sont toujours fermés. Dans ce monde, l'homme n'est plus qu'un spectateur et ne fait plus la loi. On ne s'intéresse pas tant que ça à la manière dont cette opérée la bascule, et ce n'est pas ce qui compte ici. Ça n'est pas un traité militant, mais ça fait quand même grincer des dents, quand on le remet en perspective avec notre monde. Et si on se plaît à vouloir aller cueillir des champignons avec Donald Trump et Angela Merkel pendant le feu de camp du G7, on n'oublie pas que dans la vraie vie du monde véritable, ces gens prennent tous les jours des décisions concernant la planète et les êtres vivants qui la peuplent. Les post-faces sont assez intéressantes aussi, et nous permettent de nous poser des questions sur les thèmes abordés uniquement par la blague dans le reste du livre. Côté livres, justement, ils se transportent assez facilement. On est sur du format intermédiaire avec couverture semi-rigide, ce qui est quand même plus pratique que la hardcover format A4 si on aime lire dans les transports. Chaque tome fait environ 130 pages et la prochaine fois que vous entendrez des oiseaux, tendez l'oreille, ils sont peut-être en train de préparer un coup d'état ou de prévoir un covoit avec Nicolas Hulot. Je vous avais parlé de Nnedi Okorafor avec son roman Akata Witch. Je vous parle cette semaine de sa dernière parution, La mort de l'auteur, sortie en France chez Robert Laffont en mars dernier. Zélu est nidjariano-américaine. Zélu est auteur. Zélu est paraplégique. Mais Zélu n'est pas reconnue, ni par sa famille nombreuse qui ne la comprend pas, ni pour ses romans qui ne trouvent pas d'éditeur. Jusqu'au jour où, désespérée et sans emploi, elle se décide à écrire un récit de science-fiction sur des androïdes et des IA au cœur d'un monde post-apocalyptique. Robo-rouillé. Le succès immédiat de son livre bouleverse sa vie. Progressivement, les frontières entre réalité et fiction s'effacent, emportant avec elle ses certitudes. Au fond, qui est-elle vraiment ? En commençant ce roman, j'avais peur qu'il aborde trop de thèmes et qu'il se perde quelque part en chemin, mais non, tout fonctionne vraiment très bien. Le handicap, le succès, qu'il soit absent ou éclatant, la science-fiction, le rapport à une famille aimante qui peine à vous laisser exister, le rapport aux origines. Malgré les 430 pages du roman, ça fait beaucoup à traiter, mais l'autrice s'en sort très bien et le roman est très équilibré. Il n'y a pas un thème qui prend le dessus par rapport aux autres. Il y a aussi beaucoup de personnes. C'est lui à une famille nombreuse et son succès va l'amener à rencontrer beaucoup d'autres gens. Mais une fois encore, personne n'est mis de côté. ou ne reçoit une importance disproportionnée. Le noyau dur du personnage, Zélu, sa famille et son compagnon sont même plutôt attachants et en aiment s'agacer avec eux, ou à cause d'eux. Oui, ils sont un peu étouffants avec Zélu depuis l'accident qui l'a rendu tétraplégique, mais c'est juste qu'ils veulent la protéger. On comprend aussi que ça soit difficilement vivable. Zélu n'est plus une enfant, mais quand elle disparaît plusieurs semaines sans donner de nouvelles, à la place de sa famille, nous aussi on serait inquiets. Et quand on voit ce qui lui arrive, on se dit qu'on a eu raison d'être inquiet. Entre son succès, son émancipation, ses envies d'ailleurs et l'exosquelette qui va enfin lui permettre de marcher à nouveau, c'est lui est un personnage complexe plongé au cœur d'une tempête d'événements, d'émotions et de sentiments. C'est un très chouette roman et je ne sais pas à quel point c'est un roman autobiographique, mais Nnedi Okorafor le dédie à sa sœur de ses déprécoissements en 2021. La mort de l'auteur est un roman que je vous conseille chaudement. C'est la fin de cet épisode, merci de m'avoir écouté. Les liens sont dans la description comme d'habitude. Bonne semaine, à dans un jour.

Share

Embed

You may also like

Description

Au programme de cette semaine :


~*~ 

Le compte instagram :

https://www.instagram.com/7_semaine_podcast/

Pour écouter Adaptator et à Travers :

https://smartlink.ausha.co/adaptator-et-a-travers

Pour me soutenir :
https://fr.tipeee.com/audreyp/ 



Musique :

Titre: Synthwave Vibe

Auteur: Meydän

Source: https://meydan.bandcamp.com

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, bonsoir, bonne nuit, bienvenue dans ce nouvel épisode de cette semaine, le podcast qui vous donne 7 recours culture par quinzaine. Vous l'entendrez sûrement, j'ai la voix un petit peu cassée, j'étais à un interment de vie de jeune fille hier et les deux heures de karaoké ont eu raison de mes capacités vocales. J'espère que ça ira quand même pour cet épisode. Lydia a dit un jour qu'elle pensait qu'un tuyau invisible la reliait à son amie Salomé, comme si elle se partageait une seule dose de bonheur pour deux. Si Salomé allait vivre, comme certains l'affirment, le plus beau jour de sa vie, quel est-il se passer pour elle ? Et quand le soir de la rupture de Lydia, Salomé apprend qu'elle est enceinte, la théorie semble se confirmer. Pourtant, peu de temps après, Lydia fait la rencontre de Milos, chauffeur de bus qui ne cherche rien de plus qu'une rencontre d'une nuit. Mais quand ils se recroisent neuf mois plus tard, alors qu'elle tient le bébé de Salomé dans les bras, Lydia lui annonce qu'il s'agit de sa fille. Elle s'enfonce alors de plus en plus dans ses mensonges, jusqu'à commettre l'irréparable. C'est le résumé du ravissement d'Iris Kaltenbach sorti en 2023 avec Afsia Herzi, Alexis Manenti et Nina Meurisse. C'est un film très beau et très doux malgré le sujet grave dont il parle, inspiré d'un fait divers où une femme a emprunté le bébé de sa meilleure amie pendant des mois, comme Lydia. Quand bien même les actes de Lydia sont questionnables, à tout le moins... et répréhensible, on ne peut s'empêcher d'avoir de la compassion pour elle. Elle est dans une solitude extrême, elle n'a que son ami comme famille et son travail de sage-femme pour occuper ses journées. Mais Salomé délaisse involontairement Lydia, car un bébé ça prend du temps et qu'elle ne vit pas très bien son postpartum. J'aime beaucoup le traitement qui est fait du personnage de Lydia, on ne la juge jamais, même si quand à plusieurs reprises elle a l'opportunité de dire la vérité, elle préfère s'enfoncer dans une vie de mensonge, on ne peut s'empêcher de lui en vouloir un peu. On sait que quoi qu'il arrive, elle ne pourra jamais être heureuse, mais on a envie qu'elle ressorte un peu la tête hors de l'eau. Les acteurs sont impeccables, Afsia Erzi semble toujours sur le point de s'effondrer, et Alexi Manenti joue très bien le gars qui ne voit pas qu'on lui ment, car c'est trop invraisemblable pour être ne serait-ce qu'envisagé. On ressent aussi une grande solitude chez lui et je trouve le duo très touchant. Il ne jugera pas Lydia, même à la fin du film, et c'est pour cette raison que c'est lui qui va faire la voix-off tout au long du film, pour nous faire part de la situation et de l'état émotionnel de Lydia. C'est rare qu'une voix-off fonctionne aussi bien et soit aussi bien travaillée. Il y a aussi un soin rapporté à la lumière. C'est souvent assez terne et Lydia, avec son manteau rouge pétant, attire toute l'attention sur elle où qu'elle soit dans le cadre. Elle a envie qu'on s'intéresse à elle à travers ce manteau, même si ça n'est pas conscient. C'est vraiment un film que j'ai énormément aimé, j'ai été captivée comme rarement et les 1h37 sont passées à toute vitesse. C'est hyper rare que je ressente ça devant un film et j'étais vraiment très surprise que ça arrive. Parce que quand le film est sorti en salle, je me suis dit que j'avais bien envie d'aller le voir mais que j'étais pas sûre que ça me plaise vraiment. J'avais peur que ce soit un film que je trouve un peu mid et je suis très contente de l'avoir enfin regardé, je vous le recommande plus que vivement. Il est dispo en DVD et sur RTVOD. Encore un film qui parle de solitude. J'ai vu un mauvais film avec Vicky Crisp cette semaine alors j'ai eu envie de vous parler de Serre-moi fort de Mathieu Amalric sorti en 2021, avec Vicky Crips donc, Harry Worthalter, Aurélie Apathy, Erwann Ribard, mais aussi Juliette Benveniste, Aurel Grégic, Sacha Ardili et Anne-Sophie Bowen-Châtet dans le rôle des enfants. Un résumé très énigmatique et court qui fonctionne parfaitement bien. Ça semble être l'histoire d'une femme qui s'en va. Et effectivement, on ne saura pas si c'est autre chose que ça. Simple séparation familiale, deuil, toutes les interprétations fonctionnent. On suit en parallèle le parcours de Vicky Cripps, errant seule dans sa vie et de l'autre côté, Harry Warthalter et leurs deux enfants, devant faire face à l'absence. J'aime beaucoup le fait que plusieurs lectures soient possibles, même si une réponse sera finalement apportée. Je trouve que les autres propositions fonctionnent aussi très bien. Je ne vous en dis rien volontairement pour vous laisser vos interprétations à vous si un jour vous voyez le film. C'est à nous de projeter nos craintes pour nous faire une idée sur l'intrigue. Les acteurs aussi semblent perdus comme si on ne leur avait pas dit non plus quelle était l'histoire et que seules les indications émotionnelles étaient données. Je n'ai pas revu le film depuis sa sortie en salle en 2021, donc certes ça date un peu, mais il m'en reste un sentiment de grande douceur. L'histoire nous malmène et c'est comme si Mathieu Amalric en avait conscience et qu'il se rattrapait avec beaucoup de douceur à l'écran. C'est un film qui m'évoque A Ghost Story ou encore Manchester by the Sea, des films où justement on montre du beau pour ne pas avoir que de la tristesse. Vicky Cripps est très touchante et on a envie en effet de la serrer fort contre nous et de lui dire que ça va aller. C'est un film qui est passé relativement inaperçu car présenté lors de l'édition estivale de Cannes 2021, puis sa sortie en salle quelques temps après s'est faite entre deux confinements. Alors certes c'est un petit film et même si Barbara avait eu un petit succès, Mathieu Amalric a du mal à être perçu comme un réalisateur et plus seulement un acteur. Mais c'est un petit film qui selon moi est un film à découvrir et j'espère qu'il vous touchera autant qu'il m'a touché. Sers-moi fort dure lui aussi 1h37, il est distribué par Gaumont et dispo en DVD pharmaphysique. 1950. Anatole Giacorda, un industriel parmi les hommes les plus riches d'Europe, échappe à une éniève tentative d'assassinat. Alors pour assurer ses arrières, il lègue toute sa fortune à sa fille Liesel, apprentie nonne, ne laissant rien à ses huit autres fils. Accompagné par un professeur particulier, Liesel et Zaza se lancent dans la phase la plus ambitieuse de la carrière de ce dernier. Mais entre histoire familiale et associés contrariés, leur périple ne sera pas aussi calme que prévu. C'est le résumé du nouveau film de Wes Anderson, The Punition Scheme, avec Augustine. Et là je prends une grande inspiration. Benicio Del Toro, Mia Thurberton, Michael Cera, Riz Ahmed, Tom Hanks, Brian Cranston, Mathieu Amalric, Scarlett Johansson, Benedict Cumberbatch, Rupert Friend, Hope Davis et j'en passe. Et bien sûr, Bruno Del Bonel à la photo, sinon on ne serait pas vraiment dans un film de Wes Anderson. On sait globalement à quoi s'attendre quand on regarde un film de Wes Anderson et ça me va très bien. J'ai déjà dit ici que c'était un cinéma dans lequel je me sens bien. Mais là, les codes ont un peu changé et je suis sortie de ma séance un peu déçue. Après plusieurs jours, j'adoucis un petit peu mon jugement. Ça ne sera pas mon Anderson préféré, mais il reste très bien. Et je comprends, je crois, ce qu'il a voulu apporter de nouveau par rapport à d'habitude. C'est un de ses films les plus violents, et ce dès l'ouverture, et c'est plutôt cohérent avec notre époque. Jaja est menacé de toutes parts, et son intégrité physique sera plusieurs fois mise à mal. Ce qu'il dit de la famille aussi est un peu différent d'habitude. La famille chez Anderson, ça n'est jamais simple. Mais ici, c'est vraiment la fille qui est mise en avant, et Jaja fera tout pour se faire pardonner, non pas quelque chose qu'il a fait, mais plutôt quelque chose qu'il a déclenché. Ça sera notre fil rouge tout au long du métrage. Et ça, je pense à mettre en perspective avec la vie du cinéaste, qui a une fille de 9 ans, même si dans sa vie, il ne s'est pas passé la même chose que ce qu'il se passe dans le film. Je pense qu'il a voulu rendre un hommage à sa fille. Ce qui m'a un peu perdue dans le film, c'est le plan de Jaja que... que j'ai trouvé compliqué pour rien, même si on ne rentrera jamais vraiment dans les détails, et que c'est au final assez simple. Je ne sais pas, j'ai trouvé que c'était trop alambiqué pour rien, et qu'il faisait exprès de nous perdre, mais que ça ne fonctionnait pas. Je n'ai peut-être pas vu le film dans de bonnes conditions, parce que je l'ai vu juste après un film que j'ai trouvé très mauvais, et qui m'a énervé, et je pense que ça ne m'a pas aidé à me mettre dans une ambiance propice au visionnage de ce film-ci. Je lui donnerai une nouvelle chance d'ici quelques semaines. Le film dure 1h40, il est actuellement en salle, et peut-être que vous aussi vous aurez envie de vivre dans la salle de bain de Jaja, auquel cas je me sentirai moins seule. On repart dans les archives du cinéma pour ce dernier film. Après avoir fait une déclaration homophobe à la télé, Mathias Le Goff, vice-champion de natation et condamné, a entraîné une équipe de waterpolo gays. Les Crevettes Pailletées, Cédric Gallo et Maxime Gorave, avec Nicolas Gobbe, Alban Lenoir, Romain Brault, Michael Abitboul et David Bayou. Je suis allée voir ce film un peu à reculons. J'avais peur d'une fausse bienveillance avec en sous-texte des clichés et des blagues homophobes. Mais c'est une très chouette surprise. Le film expose des clichés mais les désamorce rapidement et s'amuse même avec. Ce n'est pas un film où seul l'antagoniste va évoluer. Oui, Mathias Le Goff va apprendre à passer contre ses préjugés et découvrir que, au miracle, les homosexuels sont des personnes normales. Incroyable. Franchement, je suis choc-barre. L'équipe des Crevettes Pailletées aussi va évoluer en tant qu'équipe, mais aussi de manière individuelle. C'est très bien écrit de ce côté-là. Par contre, j'ai pris la confiance et j'ai regardé la suite, et là j'ai un gros problème avec le film. Dénoncer l'homophobie, oui, par le racisme, c'est non. Il y avait selon moi d'autres moyens de parler d'homophobie en Russie, sans enchaîner les textes racistes, mais je m'égare. Revenons aux Crevettes Pailletées, premier du nom. Les acteurs s'en sortent particulièrement bien, notamment Romain Brault, mais Romain est toujours parfait. C'est vraiment un super road trip, Car oui, Mathias et les crevettes doivent se rendre en Croatie pour les Gay Games. Donc un road trip. Une équipe masculine de sport aquatique. C'est un peu aussi le pitch du grand bain qui reste pour moi un cran au-dessus, parce que j'adore le grand bain. Mais il y a des similitudes de thèmes entre les deux films et je trouve que les voir dans cette dynamique-là, ça fonctionne très très bien. On retrouve les thèmes de l'amitié, de la dépression, de la maladie, de ne pas trouver sa place dans la société, la méchanceté comme mécanisme d'autodéfense. C'est vraiment des choses qui sont très communes aux deux films et ça fonctionne très bien dans les deux. Les émotions sont très bien dosées aussi, ils m'ont ri à de nombreux moments, mais les instants très émouvants arrivent toujours au bon moment, sans gros sabots, et viennent quand même vous poignarder le cœur. Les crevettes pailletées, c'est une très bonne surprise. C'est dispo en VOD et format physique et ça dure 1h43. Ça fait plusieurs années maintenant que j'entends parler de Tiffany McDaniel, mais je n'avais jamais pris le temps de découvrir son travail. C'est maintenant chose faite, avec du côté sauvage, que j'ai dévoré en deux jours. Arkéda fie son jumelle, née à une minute d'intervalle. Unie par leur indomptable chevelure rousse, les récits de leur grand-mère et une imagination fertile. les deux sœurs sont inséparables. Ensemble, elles fuient un quotidien sordide en plongeant dans un monde imaginaire. Pourtant, irrémédiablement engluées dans les ténèbres familiales, elles ne peuvent échapper aux fantômes qui les hantent. Devenue adulte, Ark lutte toujours avec ses souvenirs lorsqu'on découvre le corps d'une femme noyée dans la rivière. Bientôt, les cadeaux s'accumulent. Alors que ses amis disparaissent autour d'elle, Ark se rend peu à peu à l'évidence. Tenir la promesse qu'elle a faite à Daffy, de les protéger des puissants remous du côté sauvage de l'existence, s'avère impossible. Je ne m'attendais pas du tout à ça en commençant ma lecture et je dois dire que je me suis tout de suite plongée dans cette histoire, qui m'a beaucoup rappelé le travail de Michael McDowell avec Blackwater. Tout est triste, sale, poisseux, et nos héroïnes ne sont pas nées du bon côté pour que leur vie soit agréable et paisible. Il faudra sans cesse se battre contre les démons familiaux, les souvenirs qui vous hantent, et les démons du présent toujours prêts à vous rappeler que vos vies ne veulent pas la peine d'être vécues. Au milieu des aiguilles, des manques affectifs, des émissions de voyages et des drones, prénoms désignant les clients irrespectueux, coule une rivière magnifique mais boueuse, devenue amie, confidente et bourreau, jusqu'à ce qu'elle aussi trahisse et se mette à rejeter des corps. Là encore, le parallèle avec Blackwater me semble assez évident. J'ai vraiment beaucoup aimé l'écriture de ce roman, c'est vraiment à son faute. Ark sera notre narratrice tout au long, jonglant entre les différentes périodes de leur enfance, jusqu'à son adolescence troublée. On a envie que les personnages s'en sortent, mais on sait que c'est peine perdue et que la rivière, tôt ou tard, reprendra ce qui lui appartient. Un roman fleuve, si je peux me permettre, de 700 pages, qui vous transportera et vous touchera autant qu'il m'a touché, je l'espère. C'est un très gros coup de cœur de cette fin de printemps, et je vais de ce pas lire la suite des écrits de Tiffany McDaniel. Du Côté Sauvage est paru chez Gallmeister en 2023. Je vous parle maintenant d'une trilogie de bandes dessinées, Petit traité d'écologie sauvage d'Alessandro Pignocci, paru chez Steinke's Edition à partir de 2018. Dans un monde inversé, il est reconnu que les animaux et les plantes ont une vie intellectuelle et sentimentale similaire à celle des humains. La culture occidentale traditionnelle ne subsiste que dans certaines régions de France et un anthropologue givarou l'étudie et milite pour sa sauvegarde. On suit aussi des mésanges très occupés entre Assemblée Générale, préparation de cocktails Molotov et menaces à des candidats à l'élection présidentielle. Ces BD sont hilarantes, c'est typiquement le jour du mort qui me plaît. Décalés, absurdes et un brin politique. On passe d'une situation à l'autre avec autant de décalages, le toit accompagné de très jolies planches à l'aquarelle où seuls les animaux et les plantes sont détaillés. Les hommes n'ont pas de bouche et leurs yeux sont toujours fermés. Dans ce monde, l'homme n'est plus qu'un spectateur et ne fait plus la loi. On ne s'intéresse pas tant que ça à la manière dont cette opérée la bascule, et ce n'est pas ce qui compte ici. Ça n'est pas un traité militant, mais ça fait quand même grincer des dents, quand on le remet en perspective avec notre monde. Et si on se plaît à vouloir aller cueillir des champignons avec Donald Trump et Angela Merkel pendant le feu de camp du G7, on n'oublie pas que dans la vraie vie du monde véritable, ces gens prennent tous les jours des décisions concernant la planète et les êtres vivants qui la peuplent. Les post-faces sont assez intéressantes aussi, et nous permettent de nous poser des questions sur les thèmes abordés uniquement par la blague dans le reste du livre. Côté livres, justement, ils se transportent assez facilement. On est sur du format intermédiaire avec couverture semi-rigide, ce qui est quand même plus pratique que la hardcover format A4 si on aime lire dans les transports. Chaque tome fait environ 130 pages et la prochaine fois que vous entendrez des oiseaux, tendez l'oreille, ils sont peut-être en train de préparer un coup d'état ou de prévoir un covoit avec Nicolas Hulot. Je vous avais parlé de Nnedi Okorafor avec son roman Akata Witch. Je vous parle cette semaine de sa dernière parution, La mort de l'auteur, sortie en France chez Robert Laffont en mars dernier. Zélu est nidjariano-américaine. Zélu est auteur. Zélu est paraplégique. Mais Zélu n'est pas reconnue, ni par sa famille nombreuse qui ne la comprend pas, ni pour ses romans qui ne trouvent pas d'éditeur. Jusqu'au jour où, désespérée et sans emploi, elle se décide à écrire un récit de science-fiction sur des androïdes et des IA au cœur d'un monde post-apocalyptique. Robo-rouillé. Le succès immédiat de son livre bouleverse sa vie. Progressivement, les frontières entre réalité et fiction s'effacent, emportant avec elle ses certitudes. Au fond, qui est-elle vraiment ? En commençant ce roman, j'avais peur qu'il aborde trop de thèmes et qu'il se perde quelque part en chemin, mais non, tout fonctionne vraiment très bien. Le handicap, le succès, qu'il soit absent ou éclatant, la science-fiction, le rapport à une famille aimante qui peine à vous laisser exister, le rapport aux origines. Malgré les 430 pages du roman, ça fait beaucoup à traiter, mais l'autrice s'en sort très bien et le roman est très équilibré. Il n'y a pas un thème qui prend le dessus par rapport aux autres. Il y a aussi beaucoup de personnes. C'est lui à une famille nombreuse et son succès va l'amener à rencontrer beaucoup d'autres gens. Mais une fois encore, personne n'est mis de côté. ou ne reçoit une importance disproportionnée. Le noyau dur du personnage, Zélu, sa famille et son compagnon sont même plutôt attachants et en aiment s'agacer avec eux, ou à cause d'eux. Oui, ils sont un peu étouffants avec Zélu depuis l'accident qui l'a rendu tétraplégique, mais c'est juste qu'ils veulent la protéger. On comprend aussi que ça soit difficilement vivable. Zélu n'est plus une enfant, mais quand elle disparaît plusieurs semaines sans donner de nouvelles, à la place de sa famille, nous aussi on serait inquiets. Et quand on voit ce qui lui arrive, on se dit qu'on a eu raison d'être inquiet. Entre son succès, son émancipation, ses envies d'ailleurs et l'exosquelette qui va enfin lui permettre de marcher à nouveau, c'est lui est un personnage complexe plongé au cœur d'une tempête d'événements, d'émotions et de sentiments. C'est un très chouette roman et je ne sais pas à quel point c'est un roman autobiographique, mais Nnedi Okorafor le dédie à sa sœur de ses déprécoissements en 2021. La mort de l'auteur est un roman que je vous conseille chaudement. C'est la fin de cet épisode, merci de m'avoir écouté. Les liens sont dans la description comme d'habitude. Bonne semaine, à dans un jour.

Description

Au programme de cette semaine :


~*~ 

Le compte instagram :

https://www.instagram.com/7_semaine_podcast/

Pour écouter Adaptator et à Travers :

https://smartlink.ausha.co/adaptator-et-a-travers

Pour me soutenir :
https://fr.tipeee.com/audreyp/ 



Musique :

Titre: Synthwave Vibe

Auteur: Meydän

Source: https://meydan.bandcamp.com

Licence: https://creativecommons.org/licenses/by/3.0/deed.fr

Téléchargement: https://www.auboutdufil.com


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, bonsoir, bonne nuit, bienvenue dans ce nouvel épisode de cette semaine, le podcast qui vous donne 7 recours culture par quinzaine. Vous l'entendrez sûrement, j'ai la voix un petit peu cassée, j'étais à un interment de vie de jeune fille hier et les deux heures de karaoké ont eu raison de mes capacités vocales. J'espère que ça ira quand même pour cet épisode. Lydia a dit un jour qu'elle pensait qu'un tuyau invisible la reliait à son amie Salomé, comme si elle se partageait une seule dose de bonheur pour deux. Si Salomé allait vivre, comme certains l'affirment, le plus beau jour de sa vie, quel est-il se passer pour elle ? Et quand le soir de la rupture de Lydia, Salomé apprend qu'elle est enceinte, la théorie semble se confirmer. Pourtant, peu de temps après, Lydia fait la rencontre de Milos, chauffeur de bus qui ne cherche rien de plus qu'une rencontre d'une nuit. Mais quand ils se recroisent neuf mois plus tard, alors qu'elle tient le bébé de Salomé dans les bras, Lydia lui annonce qu'il s'agit de sa fille. Elle s'enfonce alors de plus en plus dans ses mensonges, jusqu'à commettre l'irréparable. C'est le résumé du ravissement d'Iris Kaltenbach sorti en 2023 avec Afsia Herzi, Alexis Manenti et Nina Meurisse. C'est un film très beau et très doux malgré le sujet grave dont il parle, inspiré d'un fait divers où une femme a emprunté le bébé de sa meilleure amie pendant des mois, comme Lydia. Quand bien même les actes de Lydia sont questionnables, à tout le moins... et répréhensible, on ne peut s'empêcher d'avoir de la compassion pour elle. Elle est dans une solitude extrême, elle n'a que son ami comme famille et son travail de sage-femme pour occuper ses journées. Mais Salomé délaisse involontairement Lydia, car un bébé ça prend du temps et qu'elle ne vit pas très bien son postpartum. J'aime beaucoup le traitement qui est fait du personnage de Lydia, on ne la juge jamais, même si quand à plusieurs reprises elle a l'opportunité de dire la vérité, elle préfère s'enfoncer dans une vie de mensonge, on ne peut s'empêcher de lui en vouloir un peu. On sait que quoi qu'il arrive, elle ne pourra jamais être heureuse, mais on a envie qu'elle ressorte un peu la tête hors de l'eau. Les acteurs sont impeccables, Afsia Erzi semble toujours sur le point de s'effondrer, et Alexi Manenti joue très bien le gars qui ne voit pas qu'on lui ment, car c'est trop invraisemblable pour être ne serait-ce qu'envisagé. On ressent aussi une grande solitude chez lui et je trouve le duo très touchant. Il ne jugera pas Lydia, même à la fin du film, et c'est pour cette raison que c'est lui qui va faire la voix-off tout au long du film, pour nous faire part de la situation et de l'état émotionnel de Lydia. C'est rare qu'une voix-off fonctionne aussi bien et soit aussi bien travaillée. Il y a aussi un soin rapporté à la lumière. C'est souvent assez terne et Lydia, avec son manteau rouge pétant, attire toute l'attention sur elle où qu'elle soit dans le cadre. Elle a envie qu'on s'intéresse à elle à travers ce manteau, même si ça n'est pas conscient. C'est vraiment un film que j'ai énormément aimé, j'ai été captivée comme rarement et les 1h37 sont passées à toute vitesse. C'est hyper rare que je ressente ça devant un film et j'étais vraiment très surprise que ça arrive. Parce que quand le film est sorti en salle, je me suis dit que j'avais bien envie d'aller le voir mais que j'étais pas sûre que ça me plaise vraiment. J'avais peur que ce soit un film que je trouve un peu mid et je suis très contente de l'avoir enfin regardé, je vous le recommande plus que vivement. Il est dispo en DVD et sur RTVOD. Encore un film qui parle de solitude. J'ai vu un mauvais film avec Vicky Crisp cette semaine alors j'ai eu envie de vous parler de Serre-moi fort de Mathieu Amalric sorti en 2021, avec Vicky Crips donc, Harry Worthalter, Aurélie Apathy, Erwann Ribard, mais aussi Juliette Benveniste, Aurel Grégic, Sacha Ardili et Anne-Sophie Bowen-Châtet dans le rôle des enfants. Un résumé très énigmatique et court qui fonctionne parfaitement bien. Ça semble être l'histoire d'une femme qui s'en va. Et effectivement, on ne saura pas si c'est autre chose que ça. Simple séparation familiale, deuil, toutes les interprétations fonctionnent. On suit en parallèle le parcours de Vicky Cripps, errant seule dans sa vie et de l'autre côté, Harry Warthalter et leurs deux enfants, devant faire face à l'absence. J'aime beaucoup le fait que plusieurs lectures soient possibles, même si une réponse sera finalement apportée. Je trouve que les autres propositions fonctionnent aussi très bien. Je ne vous en dis rien volontairement pour vous laisser vos interprétations à vous si un jour vous voyez le film. C'est à nous de projeter nos craintes pour nous faire une idée sur l'intrigue. Les acteurs aussi semblent perdus comme si on ne leur avait pas dit non plus quelle était l'histoire et que seules les indications émotionnelles étaient données. Je n'ai pas revu le film depuis sa sortie en salle en 2021, donc certes ça date un peu, mais il m'en reste un sentiment de grande douceur. L'histoire nous malmène et c'est comme si Mathieu Amalric en avait conscience et qu'il se rattrapait avec beaucoup de douceur à l'écran. C'est un film qui m'évoque A Ghost Story ou encore Manchester by the Sea, des films où justement on montre du beau pour ne pas avoir que de la tristesse. Vicky Cripps est très touchante et on a envie en effet de la serrer fort contre nous et de lui dire que ça va aller. C'est un film qui est passé relativement inaperçu car présenté lors de l'édition estivale de Cannes 2021, puis sa sortie en salle quelques temps après s'est faite entre deux confinements. Alors certes c'est un petit film et même si Barbara avait eu un petit succès, Mathieu Amalric a du mal à être perçu comme un réalisateur et plus seulement un acteur. Mais c'est un petit film qui selon moi est un film à découvrir et j'espère qu'il vous touchera autant qu'il m'a touché. Sers-moi fort dure lui aussi 1h37, il est distribué par Gaumont et dispo en DVD pharmaphysique. 1950. Anatole Giacorda, un industriel parmi les hommes les plus riches d'Europe, échappe à une éniève tentative d'assassinat. Alors pour assurer ses arrières, il lègue toute sa fortune à sa fille Liesel, apprentie nonne, ne laissant rien à ses huit autres fils. Accompagné par un professeur particulier, Liesel et Zaza se lancent dans la phase la plus ambitieuse de la carrière de ce dernier. Mais entre histoire familiale et associés contrariés, leur périple ne sera pas aussi calme que prévu. C'est le résumé du nouveau film de Wes Anderson, The Punition Scheme, avec Augustine. Et là je prends une grande inspiration. Benicio Del Toro, Mia Thurberton, Michael Cera, Riz Ahmed, Tom Hanks, Brian Cranston, Mathieu Amalric, Scarlett Johansson, Benedict Cumberbatch, Rupert Friend, Hope Davis et j'en passe. Et bien sûr, Bruno Del Bonel à la photo, sinon on ne serait pas vraiment dans un film de Wes Anderson. On sait globalement à quoi s'attendre quand on regarde un film de Wes Anderson et ça me va très bien. J'ai déjà dit ici que c'était un cinéma dans lequel je me sens bien. Mais là, les codes ont un peu changé et je suis sortie de ma séance un peu déçue. Après plusieurs jours, j'adoucis un petit peu mon jugement. Ça ne sera pas mon Anderson préféré, mais il reste très bien. Et je comprends, je crois, ce qu'il a voulu apporter de nouveau par rapport à d'habitude. C'est un de ses films les plus violents, et ce dès l'ouverture, et c'est plutôt cohérent avec notre époque. Jaja est menacé de toutes parts, et son intégrité physique sera plusieurs fois mise à mal. Ce qu'il dit de la famille aussi est un peu différent d'habitude. La famille chez Anderson, ça n'est jamais simple. Mais ici, c'est vraiment la fille qui est mise en avant, et Jaja fera tout pour se faire pardonner, non pas quelque chose qu'il a fait, mais plutôt quelque chose qu'il a déclenché. Ça sera notre fil rouge tout au long du métrage. Et ça, je pense à mettre en perspective avec la vie du cinéaste, qui a une fille de 9 ans, même si dans sa vie, il ne s'est pas passé la même chose que ce qu'il se passe dans le film. Je pense qu'il a voulu rendre un hommage à sa fille. Ce qui m'a un peu perdue dans le film, c'est le plan de Jaja que... que j'ai trouvé compliqué pour rien, même si on ne rentrera jamais vraiment dans les détails, et que c'est au final assez simple. Je ne sais pas, j'ai trouvé que c'était trop alambiqué pour rien, et qu'il faisait exprès de nous perdre, mais que ça ne fonctionnait pas. Je n'ai peut-être pas vu le film dans de bonnes conditions, parce que je l'ai vu juste après un film que j'ai trouvé très mauvais, et qui m'a énervé, et je pense que ça ne m'a pas aidé à me mettre dans une ambiance propice au visionnage de ce film-ci. Je lui donnerai une nouvelle chance d'ici quelques semaines. Le film dure 1h40, il est actuellement en salle, et peut-être que vous aussi vous aurez envie de vivre dans la salle de bain de Jaja, auquel cas je me sentirai moins seule. On repart dans les archives du cinéma pour ce dernier film. Après avoir fait une déclaration homophobe à la télé, Mathias Le Goff, vice-champion de natation et condamné, a entraîné une équipe de waterpolo gays. Les Crevettes Pailletées, Cédric Gallo et Maxime Gorave, avec Nicolas Gobbe, Alban Lenoir, Romain Brault, Michael Abitboul et David Bayou. Je suis allée voir ce film un peu à reculons. J'avais peur d'une fausse bienveillance avec en sous-texte des clichés et des blagues homophobes. Mais c'est une très chouette surprise. Le film expose des clichés mais les désamorce rapidement et s'amuse même avec. Ce n'est pas un film où seul l'antagoniste va évoluer. Oui, Mathias Le Goff va apprendre à passer contre ses préjugés et découvrir que, au miracle, les homosexuels sont des personnes normales. Incroyable. Franchement, je suis choc-barre. L'équipe des Crevettes Pailletées aussi va évoluer en tant qu'équipe, mais aussi de manière individuelle. C'est très bien écrit de ce côté-là. Par contre, j'ai pris la confiance et j'ai regardé la suite, et là j'ai un gros problème avec le film. Dénoncer l'homophobie, oui, par le racisme, c'est non. Il y avait selon moi d'autres moyens de parler d'homophobie en Russie, sans enchaîner les textes racistes, mais je m'égare. Revenons aux Crevettes Pailletées, premier du nom. Les acteurs s'en sortent particulièrement bien, notamment Romain Brault, mais Romain est toujours parfait. C'est vraiment un super road trip, Car oui, Mathias et les crevettes doivent se rendre en Croatie pour les Gay Games. Donc un road trip. Une équipe masculine de sport aquatique. C'est un peu aussi le pitch du grand bain qui reste pour moi un cran au-dessus, parce que j'adore le grand bain. Mais il y a des similitudes de thèmes entre les deux films et je trouve que les voir dans cette dynamique-là, ça fonctionne très très bien. On retrouve les thèmes de l'amitié, de la dépression, de la maladie, de ne pas trouver sa place dans la société, la méchanceté comme mécanisme d'autodéfense. C'est vraiment des choses qui sont très communes aux deux films et ça fonctionne très bien dans les deux. Les émotions sont très bien dosées aussi, ils m'ont ri à de nombreux moments, mais les instants très émouvants arrivent toujours au bon moment, sans gros sabots, et viennent quand même vous poignarder le cœur. Les crevettes pailletées, c'est une très bonne surprise. C'est dispo en VOD et format physique et ça dure 1h43. Ça fait plusieurs années maintenant que j'entends parler de Tiffany McDaniel, mais je n'avais jamais pris le temps de découvrir son travail. C'est maintenant chose faite, avec du côté sauvage, que j'ai dévoré en deux jours. Arkéda fie son jumelle, née à une minute d'intervalle. Unie par leur indomptable chevelure rousse, les récits de leur grand-mère et une imagination fertile. les deux sœurs sont inséparables. Ensemble, elles fuient un quotidien sordide en plongeant dans un monde imaginaire. Pourtant, irrémédiablement engluées dans les ténèbres familiales, elles ne peuvent échapper aux fantômes qui les hantent. Devenue adulte, Ark lutte toujours avec ses souvenirs lorsqu'on découvre le corps d'une femme noyée dans la rivière. Bientôt, les cadeaux s'accumulent. Alors que ses amis disparaissent autour d'elle, Ark se rend peu à peu à l'évidence. Tenir la promesse qu'elle a faite à Daffy, de les protéger des puissants remous du côté sauvage de l'existence, s'avère impossible. Je ne m'attendais pas du tout à ça en commençant ma lecture et je dois dire que je me suis tout de suite plongée dans cette histoire, qui m'a beaucoup rappelé le travail de Michael McDowell avec Blackwater. Tout est triste, sale, poisseux, et nos héroïnes ne sont pas nées du bon côté pour que leur vie soit agréable et paisible. Il faudra sans cesse se battre contre les démons familiaux, les souvenirs qui vous hantent, et les démons du présent toujours prêts à vous rappeler que vos vies ne veulent pas la peine d'être vécues. Au milieu des aiguilles, des manques affectifs, des émissions de voyages et des drones, prénoms désignant les clients irrespectueux, coule une rivière magnifique mais boueuse, devenue amie, confidente et bourreau, jusqu'à ce qu'elle aussi trahisse et se mette à rejeter des corps. Là encore, le parallèle avec Blackwater me semble assez évident. J'ai vraiment beaucoup aimé l'écriture de ce roman, c'est vraiment à son faute. Ark sera notre narratrice tout au long, jonglant entre les différentes périodes de leur enfance, jusqu'à son adolescence troublée. On a envie que les personnages s'en sortent, mais on sait que c'est peine perdue et que la rivière, tôt ou tard, reprendra ce qui lui appartient. Un roman fleuve, si je peux me permettre, de 700 pages, qui vous transportera et vous touchera autant qu'il m'a touché, je l'espère. C'est un très gros coup de cœur de cette fin de printemps, et je vais de ce pas lire la suite des écrits de Tiffany McDaniel. Du Côté Sauvage est paru chez Gallmeister en 2023. Je vous parle maintenant d'une trilogie de bandes dessinées, Petit traité d'écologie sauvage d'Alessandro Pignocci, paru chez Steinke's Edition à partir de 2018. Dans un monde inversé, il est reconnu que les animaux et les plantes ont une vie intellectuelle et sentimentale similaire à celle des humains. La culture occidentale traditionnelle ne subsiste que dans certaines régions de France et un anthropologue givarou l'étudie et milite pour sa sauvegarde. On suit aussi des mésanges très occupés entre Assemblée Générale, préparation de cocktails Molotov et menaces à des candidats à l'élection présidentielle. Ces BD sont hilarantes, c'est typiquement le jour du mort qui me plaît. Décalés, absurdes et un brin politique. On passe d'une situation à l'autre avec autant de décalages, le toit accompagné de très jolies planches à l'aquarelle où seuls les animaux et les plantes sont détaillés. Les hommes n'ont pas de bouche et leurs yeux sont toujours fermés. Dans ce monde, l'homme n'est plus qu'un spectateur et ne fait plus la loi. On ne s'intéresse pas tant que ça à la manière dont cette opérée la bascule, et ce n'est pas ce qui compte ici. Ça n'est pas un traité militant, mais ça fait quand même grincer des dents, quand on le remet en perspective avec notre monde. Et si on se plaît à vouloir aller cueillir des champignons avec Donald Trump et Angela Merkel pendant le feu de camp du G7, on n'oublie pas que dans la vraie vie du monde véritable, ces gens prennent tous les jours des décisions concernant la planète et les êtres vivants qui la peuplent. Les post-faces sont assez intéressantes aussi, et nous permettent de nous poser des questions sur les thèmes abordés uniquement par la blague dans le reste du livre. Côté livres, justement, ils se transportent assez facilement. On est sur du format intermédiaire avec couverture semi-rigide, ce qui est quand même plus pratique que la hardcover format A4 si on aime lire dans les transports. Chaque tome fait environ 130 pages et la prochaine fois que vous entendrez des oiseaux, tendez l'oreille, ils sont peut-être en train de préparer un coup d'état ou de prévoir un covoit avec Nicolas Hulot. Je vous avais parlé de Nnedi Okorafor avec son roman Akata Witch. Je vous parle cette semaine de sa dernière parution, La mort de l'auteur, sortie en France chez Robert Laffont en mars dernier. Zélu est nidjariano-américaine. Zélu est auteur. Zélu est paraplégique. Mais Zélu n'est pas reconnue, ni par sa famille nombreuse qui ne la comprend pas, ni pour ses romans qui ne trouvent pas d'éditeur. Jusqu'au jour où, désespérée et sans emploi, elle se décide à écrire un récit de science-fiction sur des androïdes et des IA au cœur d'un monde post-apocalyptique. Robo-rouillé. Le succès immédiat de son livre bouleverse sa vie. Progressivement, les frontières entre réalité et fiction s'effacent, emportant avec elle ses certitudes. Au fond, qui est-elle vraiment ? En commençant ce roman, j'avais peur qu'il aborde trop de thèmes et qu'il se perde quelque part en chemin, mais non, tout fonctionne vraiment très bien. Le handicap, le succès, qu'il soit absent ou éclatant, la science-fiction, le rapport à une famille aimante qui peine à vous laisser exister, le rapport aux origines. Malgré les 430 pages du roman, ça fait beaucoup à traiter, mais l'autrice s'en sort très bien et le roman est très équilibré. Il n'y a pas un thème qui prend le dessus par rapport aux autres. Il y a aussi beaucoup de personnes. C'est lui à une famille nombreuse et son succès va l'amener à rencontrer beaucoup d'autres gens. Mais une fois encore, personne n'est mis de côté. ou ne reçoit une importance disproportionnée. Le noyau dur du personnage, Zélu, sa famille et son compagnon sont même plutôt attachants et en aiment s'agacer avec eux, ou à cause d'eux. Oui, ils sont un peu étouffants avec Zélu depuis l'accident qui l'a rendu tétraplégique, mais c'est juste qu'ils veulent la protéger. On comprend aussi que ça soit difficilement vivable. Zélu n'est plus une enfant, mais quand elle disparaît plusieurs semaines sans donner de nouvelles, à la place de sa famille, nous aussi on serait inquiets. Et quand on voit ce qui lui arrive, on se dit qu'on a eu raison d'être inquiet. Entre son succès, son émancipation, ses envies d'ailleurs et l'exosquelette qui va enfin lui permettre de marcher à nouveau, c'est lui est un personnage complexe plongé au cœur d'une tempête d'événements, d'émotions et de sentiments. C'est un très chouette roman et je ne sais pas à quel point c'est un roman autobiographique, mais Nnedi Okorafor le dédie à sa sœur de ses déprécoissements en 2021. La mort de l'auteur est un roman que je vous conseille chaudement. C'est la fin de cet épisode, merci de m'avoir écouté. Les liens sont dans la description comme d'habitude. Bonne semaine, à dans un jour.

Share

Embed

You may also like