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#112 : Vers la virologie cognitive ? cover
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A l'UM la science

#112 : Vers la virologie cognitive ?

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32min |04/12/2025
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#112 : Vers la virologie cognitive ?

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32min |04/12/2025
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Description

Vers la virologie cognitive ?

Cette semaine dans A l’UM la science Raphaël Gaudin et Jules Bouget de l’Institut de recherche en infectiologie de Montpellier nous parlent de virologie cognitive. Notre reportage nous emmène sur le plateau de dendrochronologie de l’Institut des sciences de l’évolution de Montpellier en compagnie de Benoit Brossier, enfin l’invité des dernières minutes Nathan Roure nous présentera le festival Sud de Sciences.


Une émission diffusée tous les mercredis sur la radio Divergence.


A l’UM la science vous avez le programme, c’est parti !


____________

📚 Retrouvez l'article sur le site :

🎙️ Tous les A L'UM LA SCIENCE : https://www.umontpellier.fr/articles/tag/a-lum-la-science


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Allume la science la science.

  • Speaker #1

    Une et nombreuses manières d'essayer de entendre l'homme.

  • Speaker #2

    Viens, imagine que toute forme de vie sur Terre meurt instantanément et que chaque molécule de ton corps explose à la vitesse de la lumière. Tant de relativisme absolu. Agassi mon plat de la chargée potente.

  • Speaker #0

    La Terre va entendre ses mots. Allume la science.

  • Speaker #3

    Bonjour et bienvenue à tous et toutes dans Allume la Science, l'émission qui vous branche chaque semaine sur l'actualité des laboratoires de l'Université de Montpellier et de ses partenaires. Le 28 novembre dernier, le journal Le Monde publiait une tribune rédigée par un collectif organisé autour de Solène Tanguy, la présidente de Winslow Santé Publique, intitulée « Les symptômes du Covid long ne prennent sens que lorsqu'ils sont reliés à leur cause » . Cette tribune faisait suite à une autre, publiée elle aussi dans Le Monde le 4 novembre sous le titre « Parallèlement à la science des maladies, nous plaidons la science des symptômes » , un texte élaboré par des chercheurs et des cliniciens plaidant pour une vision psychosomatique de ce même Covid long. La preuve que six ans après son apparition, le Covid et le Covid long, enfin le Covid long surtout, conserve un statut de maladie contesté en France. J'avoue que, quand en 2023, ma tante, qui a toujours un peu travaillé du chapeau, mais qui pour le coup perdait vraiment les cartes, nous a annoncé qu'elle venait d'être diagnostiquée Covid long, nous avons été quelques-uns à nous dire que le Covid avait bon dos. Mais aucun de nous n'avait eu accès aux nombreuses études qui documentent et confirment la persistance d'atteintes cognitives prolongées suite à une infection Covid. L'une de ces études, parue en septembre dernier dans Nature Medicine, a comparé 351 personnes hospitalisées pour un Covid et âgées en moyenne de 54 ans à 2927 personnes, similaires du point de vue de l'âge, du sexe et du niveau d'éducation. Le résultat fait froid dans le dos. C'est comme si le cerveau de ces patients avait subi une accélération du processus de vieillissement de 20 ans, disait un des chercheurs ayant travaillé sur cette publie. Le Covid n'est pas le seul virus à provoquer des atteintes cognitives. Virus du Nil occidental, chikungunya, rage, tous ces agents sont devenus des experts dans l'art d'infiltrer nos cerveaux et ils ne le font pas sans laisser de traces. On en parle avec nos deux invités. Ils sont chercheurs à l'Institut de recherche d'infectiologie de Montpellier, l'IRIM. Ils publient dans la revue Science Direct le 7 novembre dernier un article intitulé Merci. Quand les infections virales modifient les circuits neuronaux vers la virologie cognitive. Raphaël Godin et Jules Bouger,

  • Speaker #0

    bonjour.

  • Speaker #4

    Bonjour, merci de nous recevoir. Bonjour Lucie.

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Allume la science. On a longtemps cru que c'était le Covid, mais non. A mes côtés pour mener cette interview, Aline Pernia.

  • Speaker #4

    Bonjour Lucie, bonjour tout le monde.

  • Speaker #3

    En deuxième partie d'émission, nous partons à l'Institut des sciences de l'évolution de Montpellier, l'ISEM.

  • Speaker #2

    Et c'est Benoît Brossier qui nous fait visiter le plateau de d'Androchronologie, où il étudie les cernes de croissance des arbres.

  • Speaker #3

    En fin d'émission, Nathan Roux nous présentera le festival Sud de Sciences, qui débute à Montpellier le 2 décembre prochain. Allume la science, vous avez le programme, c'est parti !

  • Speaker #5

    Chargement de l'engin terminé. Nous sommes à 0,60 secondes. 59, 58, 57... 56, 55.

  • Speaker #3

    Alors, pour commencer, quand nous vous avons invité, vous nous avez averti qu'il s'agissait d'un article d'opinion. Alors, qu'est-ce que c'est un article d'opinion ? Raphaël Godin.

  • Speaker #6

    Oui, donc un article d'opinion, c'est similaire à une revue. C'est-à-dire, on va prendre ce qui existe dans la littérature, ce qui est connu, et on va passer en revue tout ce qui est connu. La différence avec l'opinion, c'est qu'on va aussi amener notre touche personnelle pour orienter, donner des... des directions sur notre opinion en tant que chercheur, basées sur ces faits et pas juste relatées ces faits. Donc allez un petit peu plus loin.

  • Speaker #3

    Alors cet article, comme je l'ai dit, il traite de virologie cognitive. Il repose sur le constat que de nombreux virus peuvent altérer les fonctions cognitives des personnes atteintes. Alors quelles sont les manifestations qu'on peut observer chez les patients dont le fonctionnement cognitif est atteint, Jules ?

  • Speaker #4

    Donc oui, la virologie cognitive postule que beaucoup d'infections virales sont associées à des troubles cognitifs. Le meilleur exemple, c'est un exemple extrêmement actuel, le virus du Covid, avec des troubles cognitifs effectivement qui peuvent persister longtemps après la phase aiguë. Ça ne veut pas dire qu'ils ne sont pas présents à la phase aiguë, mais ils persistent des semaines, voire des mois à la phase aiguë. Et en fait, ce sont des troubles extrêmement divers, des symptômes cognitifs comme des pertes de mémoire, des troubles de l'attention, des dépressions épisodiques par exemple, ou même ça peut aller jusqu'à l'augmentation de l'incidence des troubles psychotiques. et en fait il y a beaucoup d'autres exemples. Un autre exemple, c'est le virus du VIH, dont on reparlera peut-être plus tard.

  • Speaker #0

    Donc, vous l'avez dit, certains virus sont déjà connus pour avoir des effets sur les fonctions cognitives. On a parlé du Covid, on reparlera du VIH, mais vous parlez également dans l'article des arbovirus, comme le virus du Nil occidental. Est-ce que vous pouvez nous expliquer de quel type de virus il s'agit et quel type de symptômes y provoque Jules Bouger ?

  • Speaker #4

    Oui, donc les arbovirus sont Ce sont des virus transmis par les arthropodes, majoritairement moustiques et éthiques. Et ce qui est extrêmement important avec les arbovirus, c'est que ce sont des virus qui émergent aujourd'hui, pour des raisons climatiques entre autres. Et un grand nombre d'arbovirus émergents est associé à des troubles cognitifs, à la fois à la phase aiguë mais aussi de façon chronique. Et par exemple, effectivement, le virus du Nil occidental est associé à des pertes de mémoire chez les patients des mois voire des années après l'infection initiale.

  • Speaker #6

    C'est des virus qu'on n'avait pas jusqu'ici en France. Et ces 20 dernières années, on voit une augmentation exponentielle du nombre d'infections. Ça reste très, très, très limité encore aujourd'hui. Mais dans des pays comme en Inde, où c'est endémique, il y a des cas d'infections majeurs. Donc, on se prépare en France. Pour l'instant, c'est bénin, mais on sait que ça arrive.

  • Speaker #3

    Pour qu'il y ait des troubles neurologiques et cognitifs, il faut bien que le virus passe dans le cerveau. Or, il est protégé par ce qu'on appelle la barrière hémato-encéphalique. Elle est réputée très hermétique, cette barrière. Alors, comment ils s'y prennent, les virus, pour la franchir ? Raphaël Godin, encore peut-être ?

  • Speaker #6

    Oui, on avait beaucoup travaillé il y a quelques années sur le virus Zika et comment il passait cette barrière hémato-encéphalique parce que cette barrière, c'est une barrière de cellules qui est extrêmement imperméable. Et même un virus ne peut pas la traverser sans qu'il y ait une aide extérieure. On a pu mettre en évidence plusieurs types de passages de cette barrière. L'un qu'on a pu mettre en évidence pour le virus Zika, c'est la technique du cheval de Troie, où le virus, pour passer du côté du cerveau, lorsqu'il se trouve dans le sang, va aller infecter des cellules du système immunitaire dans le sang, les globules blancs, qui vont alors, eux, avoir toutes les capacités nécessaires pour passer cette barrière hémato-encéphalique. Et comme le virus se cache à l'intérieur, il va se retrouver dans notre cerveau de façon incognito et pouvoir ressortir une fois dans le cerveau.

  • Speaker #4

    Et je vais rajouter un élément qu'on a essayé de soulever dans notre article d'opinion, c'est qu'aujourd'hui, c'est beaucoup mieux connu que l'état de santé de l'organisme au sens global impacte le fonctionnement du cerveau. Par exemple, l'intestin, le foie, les reins sont aussi des modulateurs de la santé du cerveau. Donc maintenant, on estime que certains virus qui n'infectent pas le cerveau, mais des organes en périphérie, peuvent moduler l'état de santé du corps au sens large et ainsi également avoir un impact négatif sur le fonctionnement cérébral.

  • Speaker #0

    Alors vous nous expliquez... dans cet article que les troubles cognitifs sont probablement provoqués aussi par une altération de la connectivité neuronale. Pour qu'on comprenne bien la suite, est-ce que peut-être vous pouvez nous rappeler brièvement comment ça fonctionne ces connexions neuronales ?

  • Speaker #4

    Les neurones communiquent entre eux à l'aide de synapses qui sont des structures subcellulaires toutes petites et en fait, en se connectant entre eux les neurones forment des circuits Merci. Ces synapses permettent la libération extrêmement localisée de neurotransmetteurs, par exemple le glutamate, qui permettent de former des circuits extrêmement dirigés et très précis dans le cerveau.

  • Speaker #3

    On va s'arrêter un petit peu sur ces neurotransmetteurs. Les virus vont venir perturber la libération de ces neurotransmetteurs au niveau des synapses qui assurent la communication, comme vous venez de le dire. C'est le cas notamment des flavivirus. Qui augmente la libération du glutamate dont vous venez de parler ? Alors on va tout remettre, comme je le disais tout à l'heure, le glutamate pour moi c'est de la sauce magie. Donc qu'est-ce que c'est et puis quel virus fait ça ?

  • Speaker #4

    Donc le glutamate c'est le neurotransmetteur excitateur majeur, principal dans le cerveau. Et il avait été montré que les flavivirus, donc majoritairement des virus transmis par les moustiques, comme le virus du nid occidental ou la dengue ou même le zika, induisent une augmentation de la libération du glutamate qui a été quantifiée dans le liquide céphalo-rachidien de patients infectés. Merci. En revanche, les mécanismes moléculaires associés ne sont pas extrêmement bien décrits à ce jour. En revanche, les corrélats cliniques sont mieux établis. Quand on parlait tout à l'heure de la connectivité fonctionnelle, qui repose en particulier sur la libération des neurotransmetteurs, il a été montré en imagerie fonctionnelle que certains circuits, extrêmement importants pour des états de vigilance par exemple, plus ou moins actifs lors de certaines infections virales, en particulier par des flavivirus.

  • Speaker #0

    Alors c'est là qu'on va revenir sur le virus du VIH qu'on a évoqué tout à l'heure. Lui, il peut faire dysfonctionner les neuromodulateurs. Déjà, est-ce qu'on peut rapidement expliquer la différence entre neuromodulateurs et neurotransmetteurs que vous venez d'expliquer ?

  • Speaker #4

    Les neurotransmetteurs sont des molécules sécrétées de façon hyper localisée à l'échelle des synapses, tandis que les neuromodulateurs, eux, ont une action qui est à une échelle spatiale beaucoup plus large. ils vont moduler l'activité d'un groupe de neurones à une échelle beaucoup plus large.

  • Speaker #3

    La sérotonine ou la dopamine qui sont nos essais. Exactement,

  • Speaker #4

    la sérotonine et la dopamine sont des exemples de neuromodulateurs. En interférant avec la libération de certains neuromodulateurs, des infections virales peuvent moduler l'activité des circuits à une échelle beaucoup plus globale. Ce qui signifie que dans le cerveau, si uniquement un petit groupe de neurones est infecté, si ces neurones sont responsables de la libération de certains neuromodulateurs, ils vont à distance également moduler l'activité d'autres neurones.

  • Speaker #0

    Et alors le VIH concrètement en termes de fonctionnement cognitif, il a quelles conséquences pour les patients qui en sont infectés ?

  • Speaker #6

    Alors c'est intéressant de parler du... Du VIH, parce que c'est vrai qu'avec le Covid, le Covid long en particulier, ça a remis un peu au goût du jour la virologie cognitive. Mais pour le VIH, c'était connu depuis de nombreuses années que même en présence de thérapies qui marchent, qui marchent bien pour le VIH, qui sont efficaces pour réprimer la réplication du virus, les patients, il y en a un sur deux qui va continuer à avoir des troubles neurocognitifs malgré la prise en charge et le traitement. VIH, donc ce n'est pas une maladie anodine, comme parfois certains jeunes pensent à croire que c'est finalement, on arrive à le traiter. Il y a encore énormément de troubles, et en particulier neurocognitifs, associés à l'infection. Peut-être Jules ?

  • Speaker #4

    Oui, exactement. Avant l'arrivée des thérapies antirétrovirales, il y avait déjà la moitié des patients qui avaient des troubles neurocognitifs. Et depuis ces traitements antirétroviraux, il y a toujours la moitié des patients qui expriment des troubles neurocognitifs. en revanche de sévérité amoindrie. Donc il y a moins de démence associée au VIH, et il y a plus de troubles neurocognitifs dits asymptomatiques, même s'ils sont quand même gênants.

  • Speaker #3

    Alors les infections virales, elles agissent également sur la plasticité des synapses. Qu'est-ce que c'est en deux mots, ou en autant de mots que vous voulez ?

  • Speaker #4

    Donc la plasticité synaptique, c'est peut-être le point le plus important du fonctionnement des neurones, c'est la capacité à moduler la force de connexion de ces synapses, la force de ces connexions entre les neurones. Et par exemple, une synapse qui est extrêmement active, pour maintenir une activité soutenue, son environnement, son architecture protéique va être modifiée pour pouvoir maintenir cette activité. Au contraire, une synapse qui est inactive ou faiblement active va avoir tendance à être éliminée. Et donc en interférant avec des mécanismes de plasticité synaptique, les virus interfèrent avec la stabilisation ou l'élimination de circuits pertinents.

  • Speaker #0

    Alors on va évoquer un autre virus qui est responsable de la maladie de Borna de type 1. Lui, il est capable d'induire des cassures de l'ADN double brin dans les neurones. Comment il fait et qu'est-ce que ça a comme conséquence pour les patients qui sont infectés ?

  • Speaker #4

    Le virus Borna de type 1, c'est un virus historique en neurovirologie. Ça fait plus de 30 ans que c'est bien décrit, les associations entre maladies neurocognitives, troubles neurocognitifs et infections par le virus Borna. et en fait Il y a à peu près 15 ans, ça a été démontré que les neurones extrêmement actifs présentaient des cassures double brin en réponse à l'activité et ces cassures de l'ADN permettaient l'expression de certains gènes essentiels à la plasticité synaptique. Et le virus Borna, de façon complètement indépendante, induit des brisures, des cassures double brin de l'ADN sur lesquelles il se fixe pour se répliquer. Et par ce biais, il interfère avec des mécanismes physiologiques de régulation de l'activité des neurones. et modifient concrètement cette activité neuronale avec des conséquences comportementales.

  • Speaker #3

    Les virus peuvent aussi aller piquer le calcium au synapse, si j'ai bien compris. Alors à quoi sert ce calcium et avec quelles conséquences ? Toujours Jules ?

  • Speaker #4

    Effectivement, le calcium est un messager intracellulaire extrêmement important en neurobiologie. Par exemple, pour revenir au fonctionnement des synapses, la propagation de l'influx nerveux le long de la membrane des neurones induit une augmentation du calcium dans la structure présynaptique qui est responsable par exemple de la libération de neurotransmetteurs. Et en fait, c'est assez bien décrit que beaucoup de virus modulent les flux ioniques dans les cellules qu'ils infectent, par exemple pour réprimer les réponses immunitaires de l'hôte. Et donc en modulant ces flux ioniques dans les neurones, et en touchant notamment au calcium, les infections virales combattent la réponse immunitaire de l'hôte, mais surtout... interfèrent avec l'activité et la propagation de l'influx nerveux dans les neurones.

  • Speaker #6

    Changeant le calcium intracellulaire du neurone, on va changer la capacité du neurone à avoir cette plasticité dont on parle, c'est-à-dire remodeler ses synapses. Et ça, ça va être une conséquence des troubles neurocognitifs parce que la cognition, la neurocognition chez l'homme, tout ce qui peut être apprentissage, mémoire, etc., c'est tout. Tout est basé sur cette plasticité. Il faut être capable de réarranger notre cerveau pour pouvoir encoder des comportements. Et donc, quand le virus vient au niveau très moléculaire affecter une toute petite étape, même si le calcium, c'en est plutôt une grosse étape, ça va amener à des troubles neurocognitifs. assez majeur.

  • Speaker #3

    Alors, on va s'arrêter un petit peu sur le cas de la rage. Donc, comme beaucoup d'autres virus, la rage, le virus de la rage peut pénétrer dans les neurones. Donc ça, c'est ce qu'on vient d'expliquer. Mais il peut aussi, comme il est dépourvu de mécanismes de transport intrinsèques, il peut détourner à son profil le trafic interneuronal pour se...

  • Speaker #0

    déplacé à l'intérieur des neurones, c'est bien ça ? Exactement.

  • Speaker #4

    C'est tout à fait ça, c'est pour ça que si on se fait mordre par exemple dans le mollet par un chien enragé, le virus est injecté dans le mollet et pour autant des semaines plus tard il sera dans le cerveau. En fait en étant injecté dans le mollet, le virus infecte des neurones qui innervent le muscle du mollet et va être transporté dans le sens vers le cerveau et donc en passant de neurone à neurone il se retrouve dans le parenchyme cérébral, dans le cerveau, sous le crâne.

  • Speaker #6

    Aujourd'hui, on utilise même le virus de la rage pour marquer les connexions entre les neurones. On a fait des choses recombinantes in vitro pour permettre de pouvoir suivre tous les neurones qui sont connectés les uns aux autres, juste aller par exemple du mollet jusqu'au cerveau.

  • Speaker #3

    D'accord, on met un marqueur sur le virus et comme ça on suit. Exactement. D'accord.

  • Speaker #4

    Ce sont quand même des virus dépourvus de propriétés infectieuses. En revanche, ils peuvent être transportés pour tracer les circuits neuronaux.

  • Speaker #0

    Alors face à toutes ces infections, l'organisme va réagir, on va mettre en branle toute une réponse immunitaire. Et vous dites dans votre article que cette réponse néro-immune, elle est à double tranchant. Qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que ça peut aussi avoir des conséquences délétères sur l'organisme ?

  • Speaker #4

    Oui, exactement. En fait, la réponse immunitaire, elle est essentielle pour éliminer l'agent infectieux, pour l'éliminer du cerveau et rétablir la physiologie et vraiment éliminer le pathogène du cerveau. Mais en même temps, une suractivation de la réponse immunitaire peut avoir des conséquences délétères pour l'autre. Par exemple, les micro-glies. qui sont les gardiennes du cerveau. Dans un contexte hyper inflammatoire, par exemple lors d'une infection, on a tendance à aller manger les synapses et à éliminer un excès de synapses. Et ça, c'est par exemple associé à des troubles de la mémoire.

  • Speaker #0

    Et on a entendu aussi parler pendant le Covid des fameuses tempêtes de cytokines. Est-ce que ça, ça fait partie des réponses qui peuvent aussi avoir des conséquences ou avoir des séquelles sur le fonctionnement cognitif des patients qui ont été infectés ?

  • Speaker #4

    Complètement, jusqu'à ces dernières années, on étudiait le système immunitaire et le système nerveux de façon isolée. Et en revanche, assez récemment, on s'est rendu compte que plusieurs cytokines, donc des molécules de l'inflammation qui sont essentielles au fonctionnement du système immunitaire, agissent également comme des neuromodulateurs. Et donc, ça soulève tout un pan dans le cerveau, dans un état inflammatoire lors d'une infection. plus de cytokines ou des cytokines différentes qui sont libérées par des cellules immunitaires et donc qui vont interférer avec les mécanismes physiologiques de neuromodulation par ces cytokines-là.

  • Speaker #6

    C'est des choses qui peuvent avoir des effets aussi à plus long terme parce que ces grands chamboulements dans le cerveau qui vont avoir lieu à un moment donné, il va falloir les réparer. Et comme on vous disait que les synapses les unes et les autres sont arrangées d'une certaine façon très précise. Mais quand on chamboule tout ça, il faut arriver à refaire toutes ces connexions dans le bon ordre, dans les bonnes proportions. Et donc c'est pour ça qu'on peut avoir des séquelles aussi à long terme sur la cognition, parce qu'il faut être capable de démêler tout ça.

  • Speaker #0

    Alors là, on a beaucoup évoqué depuis le début de l'émission des virus qui ne sont pas forcément ceux qu'on rencontre le plus au quotidien. Zika, le virus du Nil occidental, le VIH, mais on va croiser tous les jours des virus beaucoup plus courants, des rhinovirus qui provoquent des simples rhumes ou pas forcément de symptômes. Est-ce qu'on doit s'inquiéter aussi des effets que pourraient avoir sur la cognition ces virus-là ? Jules Bouger, ou Raphaël Godin, pardon.

  • Speaker #6

    Oui, effectivement, dans notre laboratoire à l'IRIM, c'est vraiment quelque chose qui nous intéresse particulièrement. On travaille par exemple sur des orthobuniavirus, qui sont des virus dont j'imagine que vous n'avez jamais entendu parler.

  • Speaker #7

    Jamais, j'ai pas eu beaucoup peur.

  • Speaker #6

    Voilà, parce que c'est des virus qui sont pourtant extrêmement prévalents. Par exemple, il y a une étude en Suède où c'était 50% de la population qui était infectée par le virus Inku. Et ça, ça va de l'extrême nord à l'extrême sud. Dans le monde entier, ces virus existent, très prévalents. Et ils sont négligés parce qu'au niveau clinique, on ne voit pas trop d'effets, ils ne sont pas mortels. Donc on a une surveillance clinique qui est assez limitée pour ces virus-là. Et ce qu'on s'est rendu compte, c'est que peut-être qu'il y a des troubles un peu plus subtils qui ne nous feraient pas forcément aller consulter, pas forcément aller chez le médecin, mais qui nous feraient dire « tiens, je suis un peu déprimé » ou « j'ai des petites pertes de mémoire passagères » . Bon, ce n'est pas grave, ça va passer. et en fait ce qu'on se rend compte maintenant au laboratoire notamment avec ces virus là et d'autres qu'on étudie, c'est que il y a des effets sur les synapses sur les transmissions, sur la plasticité et donc l'idée ce sera par la suite d'aller aller chez l'animal et même chez l'homme pour essayer de voir à plus grande échelle ce qui se passe exactement.

  • Speaker #3

    Alors justement, vous parlez d'aller voir chez l'animal, donc tout au long de la publication, on voit qu'il y a eu beaucoup d'expérimentations animales qui ont été faites avec toutes les limites que cela implique pour retracer ces virus. Vous utilisez aussi les modèles cérébraux humains 3D in vivo et ex vivo, tels que les organoïdes, les assembloïdes et les cultures organotypiques d'explants cérébraux. Cérébro, alors qu'est-ce que c'est et puis quel est votre... Votre démarche, justement ?

  • Speaker #6

    Oui, alors dans notre laboratoire à Montpellier, on ne travaille pas chez l'animal. On a fait ce choix parce que déjà, on a beaucoup de choses à faire sur les autres modèles que vous venez de citer. On s'est intéressé à développer justement des modèles qui soient humains, parce que quand même, la cognition humaine est assez unique, vous en conviendrez. Donc, on a voulu vraiment travailler sur l'humain. Et bien sûr, pour des questions d'éthique, après, on trouvait que c'était intéressant d'avoir une approche ex vivo, in vitro, ex vivo. Et donc, pour ça, l'année dernière, c'est un travail qui a duré plusieurs années, on a travaillé sur des explants de cerveau humain récupérés d'autopsie. Alors, on a eu les accords, évidemment, de l'agence de biomédecine, du CHU de Montpellier, etc., tout un tas de prérequis. mais ça nous a permis de récupérer ces explants très tôt après la mort du patient, pour pouvoir les remettre en culture et pouvoir les infecter de ce qu'on appelle ex vivo. C'est-à-dire qu'on n'est pas chez un organisme entier, mais juste un bout de cerveau. C'est un tout petit bout, quelques millimètres.

  • Speaker #0

    Alors, à la lumière de tout ça, on pourrait se dire que cibler les infections virales, ça pourrait constituer une stratégie efficace pour améliorer globalement la santé neurocognitive. Est-ce que, par exemple, des stratégies comme la prévention des infections par la vaccination, elles pourraient s'avérer utiles dans ce contexte-là, Jules Bouger ?

  • Speaker #4

    Oui, complètement. Il y a un travail récent qui a été publié et qui montre que la vaccination contre le virus de la varicelle et du zona permet de réduire l'incidence des démences chez le sujet âgé. Et en fait, c'est montré pour ce cas-là, mais c'est fort probable que combattre les infections virales et leur cortège de troubles neurocommunitifs... permettra de mieux prendre en charge la santé mentale de beaucoup de patients sur la planète.

  • Speaker #6

    Vaccinez-vous.

  • Speaker #0

    Il ne reste plus que 2,5 millions de doses pour la grippe.

  • Speaker #6

    Voilà.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Raphaël Godin et Gilles Bouger, c'était passionnant.

  • Speaker #4

    Merci à vous.

  • Speaker #0

    A bientôt.

  • Speaker #3

    Et on passe maintenant à notre séquence reportage. Aline.

  • Speaker #0

    Oui Lucie, nous partons sur le campus Triolet pour démarrer une série de reportages à l'Institut des sciences de l'évolution de Montpellier, l'ISEM. Et pour commencer cette série, c'est Benoît Brossier qui nous fait visiter le plateau de d'Androchronologie, où il étudie les cernes de croissance des arbres. Au milieu de tous ces échantillons, on retrouve notamment du bois provenant de la cathédrale Notre-Dame de Paris, ou encore des échantillons de charbon anciens qu'il étudie grâce à un procédé unique qu'il a lui-même mis au point.

  • Speaker #8

    Bonjour, je suis Benoît Brossier, je suis ingénieur de recherche au CNRS, spécialisé en dendrochronologie, et je suis rattaché à l'ISEM à Montpellier. Alors, la dendrochronologie, c'est une discipline scientifique qui s'appuie sur l'étude des cernes des arbres, en mesurant principalement leur largeur et toutes leurs diverses caractéristiques du bois. Le plateau se divise en deux salles, une première salle de préparation, où là on va... préparer les échantillons, les coller, les poncer ou les essier. Et ensuite ici, nous sommes dans la deuxième salle, la salle de mesure, où on va pouvoir analyser et analyser tous les cernes des arbres. Donc sous nos latitudes, chaque année, les arbres produisent un cerne, ce qui nous permet de dater de manière précise tous les événements qui sont venus affecter la vie de l'arbre et ce qui va nous permettre de travailler sur diverses problématiques. Nous, à l'ISEM, nous travaillons principalement sur les perturbations telles que les incendies, les régimes d'incendie ou l'aspect aussi archéologique pour les dotations de sites ou de gestion du combustible.

  • Speaker #0

    C'est des coupes de troncs d'arbres ?

  • Speaker #8

    Alors oui, il y a deux possibilités pour échantillonner. On va utiliser soit une tarière de Bresler ou on va pouvoir également couper l'arbre à l'aide d'une tronçonneuse. C'est une méthode qu'on essaie d'éviter au maximum.

  • Speaker #0

    La première, vous pouvez la redire ?

  • Speaker #8

    Oui, donc c'est une tarrière de presse l'air, donc c'est une petite sonde en fait qu'on va venir visser dans le bois pour extraire un petit cylindre de bois que l'on va ensuite pouvoir coller sur un support, préparer et poncer de manière à avoir les cernes. Donc c'est un peu une petite prise de sang, on fait une petite prise de sang à l'art pour savoir ce qui s'est passé dans sa vie.

  • Speaker #0

    Alors les quelques échantillons qu'on a là, est-ce que vous pouvez nous décrire un peu comment vous vous les étudiez ?

  • Speaker #8

    Oui, bien sûr. Si je prends celui-là, c'est un échantillon qui vient de l'Aponie suédoise, finlandaise, pardon. Et c'était une étude où on visait à reconstituer la dynamique des feux au cours des derniers siècles. Et vous pouvez voir ici un individu qui a subi trois feux au cours de sa vie, sachant que ce dernier a quand même près de 450 ans.

  • Speaker #0

    Et comment vous identifiez à partir de cet échantillon les feux qu'il a subis ?

  • Speaker #8

    Alors lorsque l'incendie a une intensité moindre et que l'arbre n'est pas tué par l'incendie, la chaleur va venir détruire ce qu'on appelle la partie extérieure, la partie cambiale, qui va entraîner les années qui vont suivre une impossibilité pour l'arbre de créer de la biomasse où il a été brûlé. Merci. Et de la même manière que nous, lorsqu'on s'écorche ou on fait une blessure, en fait, on va cicatriser de manière à recouvrir cette plaie. En fait, l'arbre a un peu ce même mécanisme. Et donc, comme les années qui vont suivre, il va créer ce qu'on appelle un bourrelet cicatriciel. Et nous, ça va nous permettre de dater exactement l'événement qui est venu, qui est l'origine de la formation de ce bourrelet. Et là, nous pouvons voir qu'il en a trois successifs. Dans un premier temps, on va travailler pour observer les cernes sous binoculaire, qui va nous permettre de dater et de bien délimiter chacun des cernes. Ensuite, on va numériser la surface de l'échantillon de manière à pouvoir les mesurer grâce à des logiciels sur ordinateur.

  • Speaker #0

    C'est ce qu'on voit là sur l'écran de l'ordinateur ?

  • Speaker #8

    Exactement. Là, vous avez un échantillon qui provient des restes, des vestiges de la cathédrale de Notre-Dame, où vous pouvez voir que toute la partie extérieure est carbonisée. Et nous avons pu mesurer tous les cernes en manière de dater cet échantillon.

  • Speaker #0

    Et alors, dans quel cadre avez-vous eu accès aux échantillons de la cathédrale de Notre-Dame ? C'est un projet de recherche ?

  • Speaker #8

    Oui, en fait, je fais partie de l'équipe scientifique qui est rattachée à la... à la NR Quasimodo, qui est dirigée par ma collègue Alexia Dufresne. Et donc, nous avons pu échantillonner les vestiges de la cathédrale, de la charpente, dans le but de reconstituer un peu l'histoire des bois de cette charpente avec un axe. de datation bien sûr de bâti, d'évolution de la charpente, mais également avec des problématiques de climatique et d'approvisionnement, savoir d'où venaient les bois de Notre-Dame. Là je vous présente, c'est un charbon de bois que vous pourriez retrouver typiquement lors de vos barbecues. Et en fait, mais sauf que lui en fait, il vient du Maroc, c'est les restes d'un pressoir romain qui a été carbonisé, qui date du 1er siècle. de notre ère et j'ai mis au point une méthode qui permet de fixer ces charbons de bois à l'aide d'une gaine thermo-rétractable et qui va permettre d'appliquer les méthodes classiques de la dendrochronologie au reste carbonisé qu'on va pouvoir retrouver en contexte archéologique. Et donc ça c'est quelque chose de nouveau et qu'on essaie de développer, enfin qu'on développe à l'ISEM depuis quelques années.

  • Speaker #3

    Et j'accueille maintenant Nathan Roux, chargé des relations presse à l'Université de Montpellier. Il nous présente le Festival Sud de Sciences qui a commencé le 2 décembre et qui se poursuivra jusqu'au 7 pour sa 8e édition. Bonjour Nathan.

  • Speaker #7

    Bonjour.

  • Speaker #3

    Alors le Festival Sud de Sciences, qu'est-ce que c'est ?

  • Speaker #7

    Alors le Festival Sud de Sciences, c'est un festival de films scientifiques organisé par l'Université de Montpellier et ses partenaires. L'idée c'est de rapprocher les sciences et du grand public en proposant des projections de documentaires récents. puis des changes avec des tapeurs, des tapeuses et des réalisateurs. C'est vraiment un espace pour comprendre les grandes questions scientifiques d'aujourd'hui, mais aussi pour débattre qualité contre la désinformation.

  • Speaker #3

    Alors, tu nous parles des partenaires justement, qui sont-ils en gros ? Est-ce qu'on peut en connaître quelques-uns ?

  • Speaker #7

    Alors, c'est un festival porté par l'Université de Montpellier et la Faculté des sciences, mais aussi par quatre grands organismes de recherche, le CIRAD, l'INRAE, l'INSERM et l'IRD. On y associe également le Centre de l'imaginaire scientifique et technique, la ville de Montpellier, le réseau des médiathèques de la métropole et Artec en plus. C'est vraiment un travail collectif, ce qui donne à l'événement une grande recette.

  • Speaker #3

    Alors est-ce que tu peux nous donner un petit avant-goût de la programmation ? Donc il y a déjà eu une projection hier soir, mais il y en aura une par jour jusqu'à dimanche, c'est ça ?

  • Speaker #7

    Bien sûr. À partir du 3 décembre, on plonge dans de grands enjeux actuels. L'anthropocène, l'omniprésence des écrans, la biodiversité, les sols vivants. l'alimentation durable ou encore la pisciculture innovante en Amazonie. On a par exemple un documentaire qui questionne notre rapport aux écrans, avec une classe qui a expérimenté 10 jours de déconnexion, un autre sur la vie microscopique des sols, ou encore le récit du renard gris qui a sauvé son île en Californie. Il y a aussi une journée entière, le 3 décembre, consacrée à la lutte contre la désinformation, avec une conférence interactive et une masterclass Arte Campus. Bref, c'était assez varié, accessible et c'est très actuel.

  • Speaker #3

    Alors c'est sur l'ensemble du territoire de la métropole, donc il y en a un petit peu à Émile Zola, le reste ça se passe où ?

  • Speaker #7

    Alors déjà il faut savoir que tout est gratuit, ça c'est la priorité à savoir et les projections elles ont lieu dans plusieurs médiathèques de la métropole, à Castelnau-le-Lez, à Castille, à Clapier et à Montpellier, mais aussi au cinéma Nestor Bruma. Certaines séances elles sont même accessibles avec interprétation en langue des signes pour les publics sourds et malentendants. Il suffit de réserver quand c'est indiqué mais l'accès reste ouvert à toutes et à tous.

  • Speaker #3

    Un grand merci à toi, Nathan.

  • Speaker #7

    Merci à vous.

  • Speaker #3

    Et à bientôt. Alors, vous pouvez retrouver toutes les informations que nous a données Nathan sur la page Allume la Science du site de l'Université de Montpellier, sur le site de Divergence, mais aussi sur le site suddescience.edu.umontpellier.fr. Allume la Science, c'est fini pour aujourd'hui. Un grand merci à Alice Rollet pour la réalisation de cette émission. On se retrouve la semaine prochaine. D'ici là, restez branchés.

  • Speaker #0

    Allume la science la science.

  • Speaker #1

    Une nombreuse manière d'essayer de... ...ou de l'homme.

  • Speaker #2

    Bien, imagine que toute forme de vie sur Terre perd instantanément et que chaque molécule de ton corps explose à la vitesse de la lumière. Sorte de relativisme absolu. Agresse sur le bouclet de la charge des protons.

  • Speaker #7

    La Terre va entendre ses nœuds. Allume la science.

Description

Vers la virologie cognitive ?

Cette semaine dans A l’UM la science Raphaël Gaudin et Jules Bouget de l’Institut de recherche en infectiologie de Montpellier nous parlent de virologie cognitive. Notre reportage nous emmène sur le plateau de dendrochronologie de l’Institut des sciences de l’évolution de Montpellier en compagnie de Benoit Brossier, enfin l’invité des dernières minutes Nathan Roure nous présentera le festival Sud de Sciences.


Une émission diffusée tous les mercredis sur la radio Divergence.


A l’UM la science vous avez le programme, c’est parti !


____________

📚 Retrouvez l'article sur le site :

🎙️ Tous les A L'UM LA SCIENCE : https://www.umontpellier.fr/articles/tag/a-lum-la-science


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Allume la science la science.

  • Speaker #1

    Une et nombreuses manières d'essayer de entendre l'homme.

  • Speaker #2

    Viens, imagine que toute forme de vie sur Terre meurt instantanément et que chaque molécule de ton corps explose à la vitesse de la lumière. Tant de relativisme absolu. Agassi mon plat de la chargée potente.

  • Speaker #0

    La Terre va entendre ses mots. Allume la science.

  • Speaker #3

    Bonjour et bienvenue à tous et toutes dans Allume la Science, l'émission qui vous branche chaque semaine sur l'actualité des laboratoires de l'Université de Montpellier et de ses partenaires. Le 28 novembre dernier, le journal Le Monde publiait une tribune rédigée par un collectif organisé autour de Solène Tanguy, la présidente de Winslow Santé Publique, intitulée « Les symptômes du Covid long ne prennent sens que lorsqu'ils sont reliés à leur cause » . Cette tribune faisait suite à une autre, publiée elle aussi dans Le Monde le 4 novembre sous le titre « Parallèlement à la science des maladies, nous plaidons la science des symptômes » , un texte élaboré par des chercheurs et des cliniciens plaidant pour une vision psychosomatique de ce même Covid long. La preuve que six ans après son apparition, le Covid et le Covid long, enfin le Covid long surtout, conserve un statut de maladie contesté en France. J'avoue que, quand en 2023, ma tante, qui a toujours un peu travaillé du chapeau, mais qui pour le coup perdait vraiment les cartes, nous a annoncé qu'elle venait d'être diagnostiquée Covid long, nous avons été quelques-uns à nous dire que le Covid avait bon dos. Mais aucun de nous n'avait eu accès aux nombreuses études qui documentent et confirment la persistance d'atteintes cognitives prolongées suite à une infection Covid. L'une de ces études, parue en septembre dernier dans Nature Medicine, a comparé 351 personnes hospitalisées pour un Covid et âgées en moyenne de 54 ans à 2927 personnes, similaires du point de vue de l'âge, du sexe et du niveau d'éducation. Le résultat fait froid dans le dos. C'est comme si le cerveau de ces patients avait subi une accélération du processus de vieillissement de 20 ans, disait un des chercheurs ayant travaillé sur cette publie. Le Covid n'est pas le seul virus à provoquer des atteintes cognitives. Virus du Nil occidental, chikungunya, rage, tous ces agents sont devenus des experts dans l'art d'infiltrer nos cerveaux et ils ne le font pas sans laisser de traces. On en parle avec nos deux invités. Ils sont chercheurs à l'Institut de recherche d'infectiologie de Montpellier, l'IRIM. Ils publient dans la revue Science Direct le 7 novembre dernier un article intitulé Merci. Quand les infections virales modifient les circuits neuronaux vers la virologie cognitive. Raphaël Godin et Jules Bouger,

  • Speaker #0

    bonjour.

  • Speaker #4

    Bonjour, merci de nous recevoir. Bonjour Lucie.

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Allume la science. On a longtemps cru que c'était le Covid, mais non. A mes côtés pour mener cette interview, Aline Pernia.

  • Speaker #4

    Bonjour Lucie, bonjour tout le monde.

  • Speaker #3

    En deuxième partie d'émission, nous partons à l'Institut des sciences de l'évolution de Montpellier, l'ISEM.

  • Speaker #2

    Et c'est Benoît Brossier qui nous fait visiter le plateau de d'Androchronologie, où il étudie les cernes de croissance des arbres.

  • Speaker #3

    En fin d'émission, Nathan Roux nous présentera le festival Sud de Sciences, qui débute à Montpellier le 2 décembre prochain. Allume la science, vous avez le programme, c'est parti !

  • Speaker #5

    Chargement de l'engin terminé. Nous sommes à 0,60 secondes. 59, 58, 57... 56, 55.

  • Speaker #3

    Alors, pour commencer, quand nous vous avons invité, vous nous avez averti qu'il s'agissait d'un article d'opinion. Alors, qu'est-ce que c'est un article d'opinion ? Raphaël Godin.

  • Speaker #6

    Oui, donc un article d'opinion, c'est similaire à une revue. C'est-à-dire, on va prendre ce qui existe dans la littérature, ce qui est connu, et on va passer en revue tout ce qui est connu. La différence avec l'opinion, c'est qu'on va aussi amener notre touche personnelle pour orienter, donner des... des directions sur notre opinion en tant que chercheur, basées sur ces faits et pas juste relatées ces faits. Donc allez un petit peu plus loin.

  • Speaker #3

    Alors cet article, comme je l'ai dit, il traite de virologie cognitive. Il repose sur le constat que de nombreux virus peuvent altérer les fonctions cognitives des personnes atteintes. Alors quelles sont les manifestations qu'on peut observer chez les patients dont le fonctionnement cognitif est atteint, Jules ?

  • Speaker #4

    Donc oui, la virologie cognitive postule que beaucoup d'infections virales sont associées à des troubles cognitifs. Le meilleur exemple, c'est un exemple extrêmement actuel, le virus du Covid, avec des troubles cognitifs effectivement qui peuvent persister longtemps après la phase aiguë. Ça ne veut pas dire qu'ils ne sont pas présents à la phase aiguë, mais ils persistent des semaines, voire des mois à la phase aiguë. Et en fait, ce sont des troubles extrêmement divers, des symptômes cognitifs comme des pertes de mémoire, des troubles de l'attention, des dépressions épisodiques par exemple, ou même ça peut aller jusqu'à l'augmentation de l'incidence des troubles psychotiques. et en fait il y a beaucoup d'autres exemples. Un autre exemple, c'est le virus du VIH, dont on reparlera peut-être plus tard.

  • Speaker #0

    Donc, vous l'avez dit, certains virus sont déjà connus pour avoir des effets sur les fonctions cognitives. On a parlé du Covid, on reparlera du VIH, mais vous parlez également dans l'article des arbovirus, comme le virus du Nil occidental. Est-ce que vous pouvez nous expliquer de quel type de virus il s'agit et quel type de symptômes y provoque Jules Bouger ?

  • Speaker #4

    Oui, donc les arbovirus sont Ce sont des virus transmis par les arthropodes, majoritairement moustiques et éthiques. Et ce qui est extrêmement important avec les arbovirus, c'est que ce sont des virus qui émergent aujourd'hui, pour des raisons climatiques entre autres. Et un grand nombre d'arbovirus émergents est associé à des troubles cognitifs, à la fois à la phase aiguë mais aussi de façon chronique. Et par exemple, effectivement, le virus du Nil occidental est associé à des pertes de mémoire chez les patients des mois voire des années après l'infection initiale.

  • Speaker #6

    C'est des virus qu'on n'avait pas jusqu'ici en France. Et ces 20 dernières années, on voit une augmentation exponentielle du nombre d'infections. Ça reste très, très, très limité encore aujourd'hui. Mais dans des pays comme en Inde, où c'est endémique, il y a des cas d'infections majeurs. Donc, on se prépare en France. Pour l'instant, c'est bénin, mais on sait que ça arrive.

  • Speaker #3

    Pour qu'il y ait des troubles neurologiques et cognitifs, il faut bien que le virus passe dans le cerveau. Or, il est protégé par ce qu'on appelle la barrière hémato-encéphalique. Elle est réputée très hermétique, cette barrière. Alors, comment ils s'y prennent, les virus, pour la franchir ? Raphaël Godin, encore peut-être ?

  • Speaker #6

    Oui, on avait beaucoup travaillé il y a quelques années sur le virus Zika et comment il passait cette barrière hémato-encéphalique parce que cette barrière, c'est une barrière de cellules qui est extrêmement imperméable. Et même un virus ne peut pas la traverser sans qu'il y ait une aide extérieure. On a pu mettre en évidence plusieurs types de passages de cette barrière. L'un qu'on a pu mettre en évidence pour le virus Zika, c'est la technique du cheval de Troie, où le virus, pour passer du côté du cerveau, lorsqu'il se trouve dans le sang, va aller infecter des cellules du système immunitaire dans le sang, les globules blancs, qui vont alors, eux, avoir toutes les capacités nécessaires pour passer cette barrière hémato-encéphalique. Et comme le virus se cache à l'intérieur, il va se retrouver dans notre cerveau de façon incognito et pouvoir ressortir une fois dans le cerveau.

  • Speaker #4

    Et je vais rajouter un élément qu'on a essayé de soulever dans notre article d'opinion, c'est qu'aujourd'hui, c'est beaucoup mieux connu que l'état de santé de l'organisme au sens global impacte le fonctionnement du cerveau. Par exemple, l'intestin, le foie, les reins sont aussi des modulateurs de la santé du cerveau. Donc maintenant, on estime que certains virus qui n'infectent pas le cerveau, mais des organes en périphérie, peuvent moduler l'état de santé du corps au sens large et ainsi également avoir un impact négatif sur le fonctionnement cérébral.

  • Speaker #0

    Alors vous nous expliquez... dans cet article que les troubles cognitifs sont probablement provoqués aussi par une altération de la connectivité neuronale. Pour qu'on comprenne bien la suite, est-ce que peut-être vous pouvez nous rappeler brièvement comment ça fonctionne ces connexions neuronales ?

  • Speaker #4

    Les neurones communiquent entre eux à l'aide de synapses qui sont des structures subcellulaires toutes petites et en fait, en se connectant entre eux les neurones forment des circuits Merci. Ces synapses permettent la libération extrêmement localisée de neurotransmetteurs, par exemple le glutamate, qui permettent de former des circuits extrêmement dirigés et très précis dans le cerveau.

  • Speaker #3

    On va s'arrêter un petit peu sur ces neurotransmetteurs. Les virus vont venir perturber la libération de ces neurotransmetteurs au niveau des synapses qui assurent la communication, comme vous venez de le dire. C'est le cas notamment des flavivirus. Qui augmente la libération du glutamate dont vous venez de parler ? Alors on va tout remettre, comme je le disais tout à l'heure, le glutamate pour moi c'est de la sauce magie. Donc qu'est-ce que c'est et puis quel virus fait ça ?

  • Speaker #4

    Donc le glutamate c'est le neurotransmetteur excitateur majeur, principal dans le cerveau. Et il avait été montré que les flavivirus, donc majoritairement des virus transmis par les moustiques, comme le virus du nid occidental ou la dengue ou même le zika, induisent une augmentation de la libération du glutamate qui a été quantifiée dans le liquide céphalo-rachidien de patients infectés. Merci. En revanche, les mécanismes moléculaires associés ne sont pas extrêmement bien décrits à ce jour. En revanche, les corrélats cliniques sont mieux établis. Quand on parlait tout à l'heure de la connectivité fonctionnelle, qui repose en particulier sur la libération des neurotransmetteurs, il a été montré en imagerie fonctionnelle que certains circuits, extrêmement importants pour des états de vigilance par exemple, plus ou moins actifs lors de certaines infections virales, en particulier par des flavivirus.

  • Speaker #0

    Alors c'est là qu'on va revenir sur le virus du VIH qu'on a évoqué tout à l'heure. Lui, il peut faire dysfonctionner les neuromodulateurs. Déjà, est-ce qu'on peut rapidement expliquer la différence entre neuromodulateurs et neurotransmetteurs que vous venez d'expliquer ?

  • Speaker #4

    Les neurotransmetteurs sont des molécules sécrétées de façon hyper localisée à l'échelle des synapses, tandis que les neuromodulateurs, eux, ont une action qui est à une échelle spatiale beaucoup plus large. ils vont moduler l'activité d'un groupe de neurones à une échelle beaucoup plus large.

  • Speaker #3

    La sérotonine ou la dopamine qui sont nos essais. Exactement,

  • Speaker #4

    la sérotonine et la dopamine sont des exemples de neuromodulateurs. En interférant avec la libération de certains neuromodulateurs, des infections virales peuvent moduler l'activité des circuits à une échelle beaucoup plus globale. Ce qui signifie que dans le cerveau, si uniquement un petit groupe de neurones est infecté, si ces neurones sont responsables de la libération de certains neuromodulateurs, ils vont à distance également moduler l'activité d'autres neurones.

  • Speaker #0

    Et alors le VIH concrètement en termes de fonctionnement cognitif, il a quelles conséquences pour les patients qui en sont infectés ?

  • Speaker #6

    Alors c'est intéressant de parler du... Du VIH, parce que c'est vrai qu'avec le Covid, le Covid long en particulier, ça a remis un peu au goût du jour la virologie cognitive. Mais pour le VIH, c'était connu depuis de nombreuses années que même en présence de thérapies qui marchent, qui marchent bien pour le VIH, qui sont efficaces pour réprimer la réplication du virus, les patients, il y en a un sur deux qui va continuer à avoir des troubles neurocognitifs malgré la prise en charge et le traitement. VIH, donc ce n'est pas une maladie anodine, comme parfois certains jeunes pensent à croire que c'est finalement, on arrive à le traiter. Il y a encore énormément de troubles, et en particulier neurocognitifs, associés à l'infection. Peut-être Jules ?

  • Speaker #4

    Oui, exactement. Avant l'arrivée des thérapies antirétrovirales, il y avait déjà la moitié des patients qui avaient des troubles neurocognitifs. Et depuis ces traitements antirétroviraux, il y a toujours la moitié des patients qui expriment des troubles neurocognitifs. en revanche de sévérité amoindrie. Donc il y a moins de démence associée au VIH, et il y a plus de troubles neurocognitifs dits asymptomatiques, même s'ils sont quand même gênants.

  • Speaker #3

    Alors les infections virales, elles agissent également sur la plasticité des synapses. Qu'est-ce que c'est en deux mots, ou en autant de mots que vous voulez ?

  • Speaker #4

    Donc la plasticité synaptique, c'est peut-être le point le plus important du fonctionnement des neurones, c'est la capacité à moduler la force de connexion de ces synapses, la force de ces connexions entre les neurones. Et par exemple, une synapse qui est extrêmement active, pour maintenir une activité soutenue, son environnement, son architecture protéique va être modifiée pour pouvoir maintenir cette activité. Au contraire, une synapse qui est inactive ou faiblement active va avoir tendance à être éliminée. Et donc en interférant avec des mécanismes de plasticité synaptique, les virus interfèrent avec la stabilisation ou l'élimination de circuits pertinents.

  • Speaker #0

    Alors on va évoquer un autre virus qui est responsable de la maladie de Borna de type 1. Lui, il est capable d'induire des cassures de l'ADN double brin dans les neurones. Comment il fait et qu'est-ce que ça a comme conséquence pour les patients qui sont infectés ?

  • Speaker #4

    Le virus Borna de type 1, c'est un virus historique en neurovirologie. Ça fait plus de 30 ans que c'est bien décrit, les associations entre maladies neurocognitives, troubles neurocognitifs et infections par le virus Borna. et en fait Il y a à peu près 15 ans, ça a été démontré que les neurones extrêmement actifs présentaient des cassures double brin en réponse à l'activité et ces cassures de l'ADN permettaient l'expression de certains gènes essentiels à la plasticité synaptique. Et le virus Borna, de façon complètement indépendante, induit des brisures, des cassures double brin de l'ADN sur lesquelles il se fixe pour se répliquer. Et par ce biais, il interfère avec des mécanismes physiologiques de régulation de l'activité des neurones. et modifient concrètement cette activité neuronale avec des conséquences comportementales.

  • Speaker #3

    Les virus peuvent aussi aller piquer le calcium au synapse, si j'ai bien compris. Alors à quoi sert ce calcium et avec quelles conséquences ? Toujours Jules ?

  • Speaker #4

    Effectivement, le calcium est un messager intracellulaire extrêmement important en neurobiologie. Par exemple, pour revenir au fonctionnement des synapses, la propagation de l'influx nerveux le long de la membrane des neurones induit une augmentation du calcium dans la structure présynaptique qui est responsable par exemple de la libération de neurotransmetteurs. Et en fait, c'est assez bien décrit que beaucoup de virus modulent les flux ioniques dans les cellules qu'ils infectent, par exemple pour réprimer les réponses immunitaires de l'hôte. Et donc en modulant ces flux ioniques dans les neurones, et en touchant notamment au calcium, les infections virales combattent la réponse immunitaire de l'hôte, mais surtout... interfèrent avec l'activité et la propagation de l'influx nerveux dans les neurones.

  • Speaker #6

    Changeant le calcium intracellulaire du neurone, on va changer la capacité du neurone à avoir cette plasticité dont on parle, c'est-à-dire remodeler ses synapses. Et ça, ça va être une conséquence des troubles neurocognitifs parce que la cognition, la neurocognition chez l'homme, tout ce qui peut être apprentissage, mémoire, etc., c'est tout. Tout est basé sur cette plasticité. Il faut être capable de réarranger notre cerveau pour pouvoir encoder des comportements. Et donc, quand le virus vient au niveau très moléculaire affecter une toute petite étape, même si le calcium, c'en est plutôt une grosse étape, ça va amener à des troubles neurocognitifs. assez majeur.

  • Speaker #3

    Alors, on va s'arrêter un petit peu sur le cas de la rage. Donc, comme beaucoup d'autres virus, la rage, le virus de la rage peut pénétrer dans les neurones. Donc ça, c'est ce qu'on vient d'expliquer. Mais il peut aussi, comme il est dépourvu de mécanismes de transport intrinsèques, il peut détourner à son profil le trafic interneuronal pour se...

  • Speaker #0

    déplacé à l'intérieur des neurones, c'est bien ça ? Exactement.

  • Speaker #4

    C'est tout à fait ça, c'est pour ça que si on se fait mordre par exemple dans le mollet par un chien enragé, le virus est injecté dans le mollet et pour autant des semaines plus tard il sera dans le cerveau. En fait en étant injecté dans le mollet, le virus infecte des neurones qui innervent le muscle du mollet et va être transporté dans le sens vers le cerveau et donc en passant de neurone à neurone il se retrouve dans le parenchyme cérébral, dans le cerveau, sous le crâne.

  • Speaker #6

    Aujourd'hui, on utilise même le virus de la rage pour marquer les connexions entre les neurones. On a fait des choses recombinantes in vitro pour permettre de pouvoir suivre tous les neurones qui sont connectés les uns aux autres, juste aller par exemple du mollet jusqu'au cerveau.

  • Speaker #3

    D'accord, on met un marqueur sur le virus et comme ça on suit. Exactement. D'accord.

  • Speaker #4

    Ce sont quand même des virus dépourvus de propriétés infectieuses. En revanche, ils peuvent être transportés pour tracer les circuits neuronaux.

  • Speaker #0

    Alors face à toutes ces infections, l'organisme va réagir, on va mettre en branle toute une réponse immunitaire. Et vous dites dans votre article que cette réponse néro-immune, elle est à double tranchant. Qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que ça peut aussi avoir des conséquences délétères sur l'organisme ?

  • Speaker #4

    Oui, exactement. En fait, la réponse immunitaire, elle est essentielle pour éliminer l'agent infectieux, pour l'éliminer du cerveau et rétablir la physiologie et vraiment éliminer le pathogène du cerveau. Mais en même temps, une suractivation de la réponse immunitaire peut avoir des conséquences délétères pour l'autre. Par exemple, les micro-glies. qui sont les gardiennes du cerveau. Dans un contexte hyper inflammatoire, par exemple lors d'une infection, on a tendance à aller manger les synapses et à éliminer un excès de synapses. Et ça, c'est par exemple associé à des troubles de la mémoire.

  • Speaker #0

    Et on a entendu aussi parler pendant le Covid des fameuses tempêtes de cytokines. Est-ce que ça, ça fait partie des réponses qui peuvent aussi avoir des conséquences ou avoir des séquelles sur le fonctionnement cognitif des patients qui ont été infectés ?

  • Speaker #4

    Complètement, jusqu'à ces dernières années, on étudiait le système immunitaire et le système nerveux de façon isolée. Et en revanche, assez récemment, on s'est rendu compte que plusieurs cytokines, donc des molécules de l'inflammation qui sont essentielles au fonctionnement du système immunitaire, agissent également comme des neuromodulateurs. Et donc, ça soulève tout un pan dans le cerveau, dans un état inflammatoire lors d'une infection. plus de cytokines ou des cytokines différentes qui sont libérées par des cellules immunitaires et donc qui vont interférer avec les mécanismes physiologiques de neuromodulation par ces cytokines-là.

  • Speaker #6

    C'est des choses qui peuvent avoir des effets aussi à plus long terme parce que ces grands chamboulements dans le cerveau qui vont avoir lieu à un moment donné, il va falloir les réparer. Et comme on vous disait que les synapses les unes et les autres sont arrangées d'une certaine façon très précise. Mais quand on chamboule tout ça, il faut arriver à refaire toutes ces connexions dans le bon ordre, dans les bonnes proportions. Et donc c'est pour ça qu'on peut avoir des séquelles aussi à long terme sur la cognition, parce qu'il faut être capable de démêler tout ça.

  • Speaker #0

    Alors là, on a beaucoup évoqué depuis le début de l'émission des virus qui ne sont pas forcément ceux qu'on rencontre le plus au quotidien. Zika, le virus du Nil occidental, le VIH, mais on va croiser tous les jours des virus beaucoup plus courants, des rhinovirus qui provoquent des simples rhumes ou pas forcément de symptômes. Est-ce qu'on doit s'inquiéter aussi des effets que pourraient avoir sur la cognition ces virus-là ? Jules Bouger, ou Raphaël Godin, pardon.

  • Speaker #6

    Oui, effectivement, dans notre laboratoire à l'IRIM, c'est vraiment quelque chose qui nous intéresse particulièrement. On travaille par exemple sur des orthobuniavirus, qui sont des virus dont j'imagine que vous n'avez jamais entendu parler.

  • Speaker #7

    Jamais, j'ai pas eu beaucoup peur.

  • Speaker #6

    Voilà, parce que c'est des virus qui sont pourtant extrêmement prévalents. Par exemple, il y a une étude en Suède où c'était 50% de la population qui était infectée par le virus Inku. Et ça, ça va de l'extrême nord à l'extrême sud. Dans le monde entier, ces virus existent, très prévalents. Et ils sont négligés parce qu'au niveau clinique, on ne voit pas trop d'effets, ils ne sont pas mortels. Donc on a une surveillance clinique qui est assez limitée pour ces virus-là. Et ce qu'on s'est rendu compte, c'est que peut-être qu'il y a des troubles un peu plus subtils qui ne nous feraient pas forcément aller consulter, pas forcément aller chez le médecin, mais qui nous feraient dire « tiens, je suis un peu déprimé » ou « j'ai des petites pertes de mémoire passagères » . Bon, ce n'est pas grave, ça va passer. et en fait ce qu'on se rend compte maintenant au laboratoire notamment avec ces virus là et d'autres qu'on étudie, c'est que il y a des effets sur les synapses sur les transmissions, sur la plasticité et donc l'idée ce sera par la suite d'aller aller chez l'animal et même chez l'homme pour essayer de voir à plus grande échelle ce qui se passe exactement.

  • Speaker #3

    Alors justement, vous parlez d'aller voir chez l'animal, donc tout au long de la publication, on voit qu'il y a eu beaucoup d'expérimentations animales qui ont été faites avec toutes les limites que cela implique pour retracer ces virus. Vous utilisez aussi les modèles cérébraux humains 3D in vivo et ex vivo, tels que les organoïdes, les assembloïdes et les cultures organotypiques d'explants cérébraux. Cérébro, alors qu'est-ce que c'est et puis quel est votre... Votre démarche, justement ?

  • Speaker #6

    Oui, alors dans notre laboratoire à Montpellier, on ne travaille pas chez l'animal. On a fait ce choix parce que déjà, on a beaucoup de choses à faire sur les autres modèles que vous venez de citer. On s'est intéressé à développer justement des modèles qui soient humains, parce que quand même, la cognition humaine est assez unique, vous en conviendrez. Donc, on a voulu vraiment travailler sur l'humain. Et bien sûr, pour des questions d'éthique, après, on trouvait que c'était intéressant d'avoir une approche ex vivo, in vitro, ex vivo. Et donc, pour ça, l'année dernière, c'est un travail qui a duré plusieurs années, on a travaillé sur des explants de cerveau humain récupérés d'autopsie. Alors, on a eu les accords, évidemment, de l'agence de biomédecine, du CHU de Montpellier, etc., tout un tas de prérequis. mais ça nous a permis de récupérer ces explants très tôt après la mort du patient, pour pouvoir les remettre en culture et pouvoir les infecter de ce qu'on appelle ex vivo. C'est-à-dire qu'on n'est pas chez un organisme entier, mais juste un bout de cerveau. C'est un tout petit bout, quelques millimètres.

  • Speaker #0

    Alors, à la lumière de tout ça, on pourrait se dire que cibler les infections virales, ça pourrait constituer une stratégie efficace pour améliorer globalement la santé neurocognitive. Est-ce que, par exemple, des stratégies comme la prévention des infections par la vaccination, elles pourraient s'avérer utiles dans ce contexte-là, Jules Bouger ?

  • Speaker #4

    Oui, complètement. Il y a un travail récent qui a été publié et qui montre que la vaccination contre le virus de la varicelle et du zona permet de réduire l'incidence des démences chez le sujet âgé. Et en fait, c'est montré pour ce cas-là, mais c'est fort probable que combattre les infections virales et leur cortège de troubles neurocommunitifs... permettra de mieux prendre en charge la santé mentale de beaucoup de patients sur la planète.

  • Speaker #6

    Vaccinez-vous.

  • Speaker #0

    Il ne reste plus que 2,5 millions de doses pour la grippe.

  • Speaker #6

    Voilà.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Raphaël Godin et Gilles Bouger, c'était passionnant.

  • Speaker #4

    Merci à vous.

  • Speaker #0

    A bientôt.

  • Speaker #3

    Et on passe maintenant à notre séquence reportage. Aline.

  • Speaker #0

    Oui Lucie, nous partons sur le campus Triolet pour démarrer une série de reportages à l'Institut des sciences de l'évolution de Montpellier, l'ISEM. Et pour commencer cette série, c'est Benoît Brossier qui nous fait visiter le plateau de d'Androchronologie, où il étudie les cernes de croissance des arbres. Au milieu de tous ces échantillons, on retrouve notamment du bois provenant de la cathédrale Notre-Dame de Paris, ou encore des échantillons de charbon anciens qu'il étudie grâce à un procédé unique qu'il a lui-même mis au point.

  • Speaker #8

    Bonjour, je suis Benoît Brossier, je suis ingénieur de recherche au CNRS, spécialisé en dendrochronologie, et je suis rattaché à l'ISEM à Montpellier. Alors, la dendrochronologie, c'est une discipline scientifique qui s'appuie sur l'étude des cernes des arbres, en mesurant principalement leur largeur et toutes leurs diverses caractéristiques du bois. Le plateau se divise en deux salles, une première salle de préparation, où là on va... préparer les échantillons, les coller, les poncer ou les essier. Et ensuite ici, nous sommes dans la deuxième salle, la salle de mesure, où on va pouvoir analyser et analyser tous les cernes des arbres. Donc sous nos latitudes, chaque année, les arbres produisent un cerne, ce qui nous permet de dater de manière précise tous les événements qui sont venus affecter la vie de l'arbre et ce qui va nous permettre de travailler sur diverses problématiques. Nous, à l'ISEM, nous travaillons principalement sur les perturbations telles que les incendies, les régimes d'incendie ou l'aspect aussi archéologique pour les dotations de sites ou de gestion du combustible.

  • Speaker #0

    C'est des coupes de troncs d'arbres ?

  • Speaker #8

    Alors oui, il y a deux possibilités pour échantillonner. On va utiliser soit une tarière de Bresler ou on va pouvoir également couper l'arbre à l'aide d'une tronçonneuse. C'est une méthode qu'on essaie d'éviter au maximum.

  • Speaker #0

    La première, vous pouvez la redire ?

  • Speaker #8

    Oui, donc c'est une tarrière de presse l'air, donc c'est une petite sonde en fait qu'on va venir visser dans le bois pour extraire un petit cylindre de bois que l'on va ensuite pouvoir coller sur un support, préparer et poncer de manière à avoir les cernes. Donc c'est un peu une petite prise de sang, on fait une petite prise de sang à l'art pour savoir ce qui s'est passé dans sa vie.

  • Speaker #0

    Alors les quelques échantillons qu'on a là, est-ce que vous pouvez nous décrire un peu comment vous vous les étudiez ?

  • Speaker #8

    Oui, bien sûr. Si je prends celui-là, c'est un échantillon qui vient de l'Aponie suédoise, finlandaise, pardon. Et c'était une étude où on visait à reconstituer la dynamique des feux au cours des derniers siècles. Et vous pouvez voir ici un individu qui a subi trois feux au cours de sa vie, sachant que ce dernier a quand même près de 450 ans.

  • Speaker #0

    Et comment vous identifiez à partir de cet échantillon les feux qu'il a subis ?

  • Speaker #8

    Alors lorsque l'incendie a une intensité moindre et que l'arbre n'est pas tué par l'incendie, la chaleur va venir détruire ce qu'on appelle la partie extérieure, la partie cambiale, qui va entraîner les années qui vont suivre une impossibilité pour l'arbre de créer de la biomasse où il a été brûlé. Merci. Et de la même manière que nous, lorsqu'on s'écorche ou on fait une blessure, en fait, on va cicatriser de manière à recouvrir cette plaie. En fait, l'arbre a un peu ce même mécanisme. Et donc, comme les années qui vont suivre, il va créer ce qu'on appelle un bourrelet cicatriciel. Et nous, ça va nous permettre de dater exactement l'événement qui est venu, qui est l'origine de la formation de ce bourrelet. Et là, nous pouvons voir qu'il en a trois successifs. Dans un premier temps, on va travailler pour observer les cernes sous binoculaire, qui va nous permettre de dater et de bien délimiter chacun des cernes. Ensuite, on va numériser la surface de l'échantillon de manière à pouvoir les mesurer grâce à des logiciels sur ordinateur.

  • Speaker #0

    C'est ce qu'on voit là sur l'écran de l'ordinateur ?

  • Speaker #8

    Exactement. Là, vous avez un échantillon qui provient des restes, des vestiges de la cathédrale de Notre-Dame, où vous pouvez voir que toute la partie extérieure est carbonisée. Et nous avons pu mesurer tous les cernes en manière de dater cet échantillon.

  • Speaker #0

    Et alors, dans quel cadre avez-vous eu accès aux échantillons de la cathédrale de Notre-Dame ? C'est un projet de recherche ?

  • Speaker #8

    Oui, en fait, je fais partie de l'équipe scientifique qui est rattachée à la... à la NR Quasimodo, qui est dirigée par ma collègue Alexia Dufresne. Et donc, nous avons pu échantillonner les vestiges de la cathédrale, de la charpente, dans le but de reconstituer un peu l'histoire des bois de cette charpente avec un axe. de datation bien sûr de bâti, d'évolution de la charpente, mais également avec des problématiques de climatique et d'approvisionnement, savoir d'où venaient les bois de Notre-Dame. Là je vous présente, c'est un charbon de bois que vous pourriez retrouver typiquement lors de vos barbecues. Et en fait, mais sauf que lui en fait, il vient du Maroc, c'est les restes d'un pressoir romain qui a été carbonisé, qui date du 1er siècle. de notre ère et j'ai mis au point une méthode qui permet de fixer ces charbons de bois à l'aide d'une gaine thermo-rétractable et qui va permettre d'appliquer les méthodes classiques de la dendrochronologie au reste carbonisé qu'on va pouvoir retrouver en contexte archéologique. Et donc ça c'est quelque chose de nouveau et qu'on essaie de développer, enfin qu'on développe à l'ISEM depuis quelques années.

  • Speaker #3

    Et j'accueille maintenant Nathan Roux, chargé des relations presse à l'Université de Montpellier. Il nous présente le Festival Sud de Sciences qui a commencé le 2 décembre et qui se poursuivra jusqu'au 7 pour sa 8e édition. Bonjour Nathan.

  • Speaker #7

    Bonjour.

  • Speaker #3

    Alors le Festival Sud de Sciences, qu'est-ce que c'est ?

  • Speaker #7

    Alors le Festival Sud de Sciences, c'est un festival de films scientifiques organisé par l'Université de Montpellier et ses partenaires. L'idée c'est de rapprocher les sciences et du grand public en proposant des projections de documentaires récents. puis des changes avec des tapeurs, des tapeuses et des réalisateurs. C'est vraiment un espace pour comprendre les grandes questions scientifiques d'aujourd'hui, mais aussi pour débattre qualité contre la désinformation.

  • Speaker #3

    Alors, tu nous parles des partenaires justement, qui sont-ils en gros ? Est-ce qu'on peut en connaître quelques-uns ?

  • Speaker #7

    Alors, c'est un festival porté par l'Université de Montpellier et la Faculté des sciences, mais aussi par quatre grands organismes de recherche, le CIRAD, l'INRAE, l'INSERM et l'IRD. On y associe également le Centre de l'imaginaire scientifique et technique, la ville de Montpellier, le réseau des médiathèques de la métropole et Artec en plus. C'est vraiment un travail collectif, ce qui donne à l'événement une grande recette.

  • Speaker #3

    Alors est-ce que tu peux nous donner un petit avant-goût de la programmation ? Donc il y a déjà eu une projection hier soir, mais il y en aura une par jour jusqu'à dimanche, c'est ça ?

  • Speaker #7

    Bien sûr. À partir du 3 décembre, on plonge dans de grands enjeux actuels. L'anthropocène, l'omniprésence des écrans, la biodiversité, les sols vivants. l'alimentation durable ou encore la pisciculture innovante en Amazonie. On a par exemple un documentaire qui questionne notre rapport aux écrans, avec une classe qui a expérimenté 10 jours de déconnexion, un autre sur la vie microscopique des sols, ou encore le récit du renard gris qui a sauvé son île en Californie. Il y a aussi une journée entière, le 3 décembre, consacrée à la lutte contre la désinformation, avec une conférence interactive et une masterclass Arte Campus. Bref, c'était assez varié, accessible et c'est très actuel.

  • Speaker #3

    Alors c'est sur l'ensemble du territoire de la métropole, donc il y en a un petit peu à Émile Zola, le reste ça se passe où ?

  • Speaker #7

    Alors déjà il faut savoir que tout est gratuit, ça c'est la priorité à savoir et les projections elles ont lieu dans plusieurs médiathèques de la métropole, à Castelnau-le-Lez, à Castille, à Clapier et à Montpellier, mais aussi au cinéma Nestor Bruma. Certaines séances elles sont même accessibles avec interprétation en langue des signes pour les publics sourds et malentendants. Il suffit de réserver quand c'est indiqué mais l'accès reste ouvert à toutes et à tous.

  • Speaker #3

    Un grand merci à toi, Nathan.

  • Speaker #7

    Merci à vous.

  • Speaker #3

    Et à bientôt. Alors, vous pouvez retrouver toutes les informations que nous a données Nathan sur la page Allume la Science du site de l'Université de Montpellier, sur le site de Divergence, mais aussi sur le site suddescience.edu.umontpellier.fr. Allume la Science, c'est fini pour aujourd'hui. Un grand merci à Alice Rollet pour la réalisation de cette émission. On se retrouve la semaine prochaine. D'ici là, restez branchés.

  • Speaker #0

    Allume la science la science.

  • Speaker #1

    Une nombreuse manière d'essayer de... ...ou de l'homme.

  • Speaker #2

    Bien, imagine que toute forme de vie sur Terre perd instantanément et que chaque molécule de ton corps explose à la vitesse de la lumière. Sorte de relativisme absolu. Agresse sur le bouclet de la charge des protons.

  • Speaker #7

    La Terre va entendre ses nœuds. Allume la science.

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Description

Vers la virologie cognitive ?

Cette semaine dans A l’UM la science Raphaël Gaudin et Jules Bouget de l’Institut de recherche en infectiologie de Montpellier nous parlent de virologie cognitive. Notre reportage nous emmène sur le plateau de dendrochronologie de l’Institut des sciences de l’évolution de Montpellier en compagnie de Benoit Brossier, enfin l’invité des dernières minutes Nathan Roure nous présentera le festival Sud de Sciences.


Une émission diffusée tous les mercredis sur la radio Divergence.


A l’UM la science vous avez le programme, c’est parti !


____________

📚 Retrouvez l'article sur le site :

🎙️ Tous les A L'UM LA SCIENCE : https://www.umontpellier.fr/articles/tag/a-lum-la-science


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Allume la science la science.

  • Speaker #1

    Une et nombreuses manières d'essayer de entendre l'homme.

  • Speaker #2

    Viens, imagine que toute forme de vie sur Terre meurt instantanément et que chaque molécule de ton corps explose à la vitesse de la lumière. Tant de relativisme absolu. Agassi mon plat de la chargée potente.

  • Speaker #0

    La Terre va entendre ses mots. Allume la science.

  • Speaker #3

    Bonjour et bienvenue à tous et toutes dans Allume la Science, l'émission qui vous branche chaque semaine sur l'actualité des laboratoires de l'Université de Montpellier et de ses partenaires. Le 28 novembre dernier, le journal Le Monde publiait une tribune rédigée par un collectif organisé autour de Solène Tanguy, la présidente de Winslow Santé Publique, intitulée « Les symptômes du Covid long ne prennent sens que lorsqu'ils sont reliés à leur cause » . Cette tribune faisait suite à une autre, publiée elle aussi dans Le Monde le 4 novembre sous le titre « Parallèlement à la science des maladies, nous plaidons la science des symptômes » , un texte élaboré par des chercheurs et des cliniciens plaidant pour une vision psychosomatique de ce même Covid long. La preuve que six ans après son apparition, le Covid et le Covid long, enfin le Covid long surtout, conserve un statut de maladie contesté en France. J'avoue que, quand en 2023, ma tante, qui a toujours un peu travaillé du chapeau, mais qui pour le coup perdait vraiment les cartes, nous a annoncé qu'elle venait d'être diagnostiquée Covid long, nous avons été quelques-uns à nous dire que le Covid avait bon dos. Mais aucun de nous n'avait eu accès aux nombreuses études qui documentent et confirment la persistance d'atteintes cognitives prolongées suite à une infection Covid. L'une de ces études, parue en septembre dernier dans Nature Medicine, a comparé 351 personnes hospitalisées pour un Covid et âgées en moyenne de 54 ans à 2927 personnes, similaires du point de vue de l'âge, du sexe et du niveau d'éducation. Le résultat fait froid dans le dos. C'est comme si le cerveau de ces patients avait subi une accélération du processus de vieillissement de 20 ans, disait un des chercheurs ayant travaillé sur cette publie. Le Covid n'est pas le seul virus à provoquer des atteintes cognitives. Virus du Nil occidental, chikungunya, rage, tous ces agents sont devenus des experts dans l'art d'infiltrer nos cerveaux et ils ne le font pas sans laisser de traces. On en parle avec nos deux invités. Ils sont chercheurs à l'Institut de recherche d'infectiologie de Montpellier, l'IRIM. Ils publient dans la revue Science Direct le 7 novembre dernier un article intitulé Merci. Quand les infections virales modifient les circuits neuronaux vers la virologie cognitive. Raphaël Godin et Jules Bouger,

  • Speaker #0

    bonjour.

  • Speaker #4

    Bonjour, merci de nous recevoir. Bonjour Lucie.

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Allume la science. On a longtemps cru que c'était le Covid, mais non. A mes côtés pour mener cette interview, Aline Pernia.

  • Speaker #4

    Bonjour Lucie, bonjour tout le monde.

  • Speaker #3

    En deuxième partie d'émission, nous partons à l'Institut des sciences de l'évolution de Montpellier, l'ISEM.

  • Speaker #2

    Et c'est Benoît Brossier qui nous fait visiter le plateau de d'Androchronologie, où il étudie les cernes de croissance des arbres.

  • Speaker #3

    En fin d'émission, Nathan Roux nous présentera le festival Sud de Sciences, qui débute à Montpellier le 2 décembre prochain. Allume la science, vous avez le programme, c'est parti !

  • Speaker #5

    Chargement de l'engin terminé. Nous sommes à 0,60 secondes. 59, 58, 57... 56, 55.

  • Speaker #3

    Alors, pour commencer, quand nous vous avons invité, vous nous avez averti qu'il s'agissait d'un article d'opinion. Alors, qu'est-ce que c'est un article d'opinion ? Raphaël Godin.

  • Speaker #6

    Oui, donc un article d'opinion, c'est similaire à une revue. C'est-à-dire, on va prendre ce qui existe dans la littérature, ce qui est connu, et on va passer en revue tout ce qui est connu. La différence avec l'opinion, c'est qu'on va aussi amener notre touche personnelle pour orienter, donner des... des directions sur notre opinion en tant que chercheur, basées sur ces faits et pas juste relatées ces faits. Donc allez un petit peu plus loin.

  • Speaker #3

    Alors cet article, comme je l'ai dit, il traite de virologie cognitive. Il repose sur le constat que de nombreux virus peuvent altérer les fonctions cognitives des personnes atteintes. Alors quelles sont les manifestations qu'on peut observer chez les patients dont le fonctionnement cognitif est atteint, Jules ?

  • Speaker #4

    Donc oui, la virologie cognitive postule que beaucoup d'infections virales sont associées à des troubles cognitifs. Le meilleur exemple, c'est un exemple extrêmement actuel, le virus du Covid, avec des troubles cognitifs effectivement qui peuvent persister longtemps après la phase aiguë. Ça ne veut pas dire qu'ils ne sont pas présents à la phase aiguë, mais ils persistent des semaines, voire des mois à la phase aiguë. Et en fait, ce sont des troubles extrêmement divers, des symptômes cognitifs comme des pertes de mémoire, des troubles de l'attention, des dépressions épisodiques par exemple, ou même ça peut aller jusqu'à l'augmentation de l'incidence des troubles psychotiques. et en fait il y a beaucoup d'autres exemples. Un autre exemple, c'est le virus du VIH, dont on reparlera peut-être plus tard.

  • Speaker #0

    Donc, vous l'avez dit, certains virus sont déjà connus pour avoir des effets sur les fonctions cognitives. On a parlé du Covid, on reparlera du VIH, mais vous parlez également dans l'article des arbovirus, comme le virus du Nil occidental. Est-ce que vous pouvez nous expliquer de quel type de virus il s'agit et quel type de symptômes y provoque Jules Bouger ?

  • Speaker #4

    Oui, donc les arbovirus sont Ce sont des virus transmis par les arthropodes, majoritairement moustiques et éthiques. Et ce qui est extrêmement important avec les arbovirus, c'est que ce sont des virus qui émergent aujourd'hui, pour des raisons climatiques entre autres. Et un grand nombre d'arbovirus émergents est associé à des troubles cognitifs, à la fois à la phase aiguë mais aussi de façon chronique. Et par exemple, effectivement, le virus du Nil occidental est associé à des pertes de mémoire chez les patients des mois voire des années après l'infection initiale.

  • Speaker #6

    C'est des virus qu'on n'avait pas jusqu'ici en France. Et ces 20 dernières années, on voit une augmentation exponentielle du nombre d'infections. Ça reste très, très, très limité encore aujourd'hui. Mais dans des pays comme en Inde, où c'est endémique, il y a des cas d'infections majeurs. Donc, on se prépare en France. Pour l'instant, c'est bénin, mais on sait que ça arrive.

  • Speaker #3

    Pour qu'il y ait des troubles neurologiques et cognitifs, il faut bien que le virus passe dans le cerveau. Or, il est protégé par ce qu'on appelle la barrière hémato-encéphalique. Elle est réputée très hermétique, cette barrière. Alors, comment ils s'y prennent, les virus, pour la franchir ? Raphaël Godin, encore peut-être ?

  • Speaker #6

    Oui, on avait beaucoup travaillé il y a quelques années sur le virus Zika et comment il passait cette barrière hémato-encéphalique parce que cette barrière, c'est une barrière de cellules qui est extrêmement imperméable. Et même un virus ne peut pas la traverser sans qu'il y ait une aide extérieure. On a pu mettre en évidence plusieurs types de passages de cette barrière. L'un qu'on a pu mettre en évidence pour le virus Zika, c'est la technique du cheval de Troie, où le virus, pour passer du côté du cerveau, lorsqu'il se trouve dans le sang, va aller infecter des cellules du système immunitaire dans le sang, les globules blancs, qui vont alors, eux, avoir toutes les capacités nécessaires pour passer cette barrière hémato-encéphalique. Et comme le virus se cache à l'intérieur, il va se retrouver dans notre cerveau de façon incognito et pouvoir ressortir une fois dans le cerveau.

  • Speaker #4

    Et je vais rajouter un élément qu'on a essayé de soulever dans notre article d'opinion, c'est qu'aujourd'hui, c'est beaucoup mieux connu que l'état de santé de l'organisme au sens global impacte le fonctionnement du cerveau. Par exemple, l'intestin, le foie, les reins sont aussi des modulateurs de la santé du cerveau. Donc maintenant, on estime que certains virus qui n'infectent pas le cerveau, mais des organes en périphérie, peuvent moduler l'état de santé du corps au sens large et ainsi également avoir un impact négatif sur le fonctionnement cérébral.

  • Speaker #0

    Alors vous nous expliquez... dans cet article que les troubles cognitifs sont probablement provoqués aussi par une altération de la connectivité neuronale. Pour qu'on comprenne bien la suite, est-ce que peut-être vous pouvez nous rappeler brièvement comment ça fonctionne ces connexions neuronales ?

  • Speaker #4

    Les neurones communiquent entre eux à l'aide de synapses qui sont des structures subcellulaires toutes petites et en fait, en se connectant entre eux les neurones forment des circuits Merci. Ces synapses permettent la libération extrêmement localisée de neurotransmetteurs, par exemple le glutamate, qui permettent de former des circuits extrêmement dirigés et très précis dans le cerveau.

  • Speaker #3

    On va s'arrêter un petit peu sur ces neurotransmetteurs. Les virus vont venir perturber la libération de ces neurotransmetteurs au niveau des synapses qui assurent la communication, comme vous venez de le dire. C'est le cas notamment des flavivirus. Qui augmente la libération du glutamate dont vous venez de parler ? Alors on va tout remettre, comme je le disais tout à l'heure, le glutamate pour moi c'est de la sauce magie. Donc qu'est-ce que c'est et puis quel virus fait ça ?

  • Speaker #4

    Donc le glutamate c'est le neurotransmetteur excitateur majeur, principal dans le cerveau. Et il avait été montré que les flavivirus, donc majoritairement des virus transmis par les moustiques, comme le virus du nid occidental ou la dengue ou même le zika, induisent une augmentation de la libération du glutamate qui a été quantifiée dans le liquide céphalo-rachidien de patients infectés. Merci. En revanche, les mécanismes moléculaires associés ne sont pas extrêmement bien décrits à ce jour. En revanche, les corrélats cliniques sont mieux établis. Quand on parlait tout à l'heure de la connectivité fonctionnelle, qui repose en particulier sur la libération des neurotransmetteurs, il a été montré en imagerie fonctionnelle que certains circuits, extrêmement importants pour des états de vigilance par exemple, plus ou moins actifs lors de certaines infections virales, en particulier par des flavivirus.

  • Speaker #0

    Alors c'est là qu'on va revenir sur le virus du VIH qu'on a évoqué tout à l'heure. Lui, il peut faire dysfonctionner les neuromodulateurs. Déjà, est-ce qu'on peut rapidement expliquer la différence entre neuromodulateurs et neurotransmetteurs que vous venez d'expliquer ?

  • Speaker #4

    Les neurotransmetteurs sont des molécules sécrétées de façon hyper localisée à l'échelle des synapses, tandis que les neuromodulateurs, eux, ont une action qui est à une échelle spatiale beaucoup plus large. ils vont moduler l'activité d'un groupe de neurones à une échelle beaucoup plus large.

  • Speaker #3

    La sérotonine ou la dopamine qui sont nos essais. Exactement,

  • Speaker #4

    la sérotonine et la dopamine sont des exemples de neuromodulateurs. En interférant avec la libération de certains neuromodulateurs, des infections virales peuvent moduler l'activité des circuits à une échelle beaucoup plus globale. Ce qui signifie que dans le cerveau, si uniquement un petit groupe de neurones est infecté, si ces neurones sont responsables de la libération de certains neuromodulateurs, ils vont à distance également moduler l'activité d'autres neurones.

  • Speaker #0

    Et alors le VIH concrètement en termes de fonctionnement cognitif, il a quelles conséquences pour les patients qui en sont infectés ?

  • Speaker #6

    Alors c'est intéressant de parler du... Du VIH, parce que c'est vrai qu'avec le Covid, le Covid long en particulier, ça a remis un peu au goût du jour la virologie cognitive. Mais pour le VIH, c'était connu depuis de nombreuses années que même en présence de thérapies qui marchent, qui marchent bien pour le VIH, qui sont efficaces pour réprimer la réplication du virus, les patients, il y en a un sur deux qui va continuer à avoir des troubles neurocognitifs malgré la prise en charge et le traitement. VIH, donc ce n'est pas une maladie anodine, comme parfois certains jeunes pensent à croire que c'est finalement, on arrive à le traiter. Il y a encore énormément de troubles, et en particulier neurocognitifs, associés à l'infection. Peut-être Jules ?

  • Speaker #4

    Oui, exactement. Avant l'arrivée des thérapies antirétrovirales, il y avait déjà la moitié des patients qui avaient des troubles neurocognitifs. Et depuis ces traitements antirétroviraux, il y a toujours la moitié des patients qui expriment des troubles neurocognitifs. en revanche de sévérité amoindrie. Donc il y a moins de démence associée au VIH, et il y a plus de troubles neurocognitifs dits asymptomatiques, même s'ils sont quand même gênants.

  • Speaker #3

    Alors les infections virales, elles agissent également sur la plasticité des synapses. Qu'est-ce que c'est en deux mots, ou en autant de mots que vous voulez ?

  • Speaker #4

    Donc la plasticité synaptique, c'est peut-être le point le plus important du fonctionnement des neurones, c'est la capacité à moduler la force de connexion de ces synapses, la force de ces connexions entre les neurones. Et par exemple, une synapse qui est extrêmement active, pour maintenir une activité soutenue, son environnement, son architecture protéique va être modifiée pour pouvoir maintenir cette activité. Au contraire, une synapse qui est inactive ou faiblement active va avoir tendance à être éliminée. Et donc en interférant avec des mécanismes de plasticité synaptique, les virus interfèrent avec la stabilisation ou l'élimination de circuits pertinents.

  • Speaker #0

    Alors on va évoquer un autre virus qui est responsable de la maladie de Borna de type 1. Lui, il est capable d'induire des cassures de l'ADN double brin dans les neurones. Comment il fait et qu'est-ce que ça a comme conséquence pour les patients qui sont infectés ?

  • Speaker #4

    Le virus Borna de type 1, c'est un virus historique en neurovirologie. Ça fait plus de 30 ans que c'est bien décrit, les associations entre maladies neurocognitives, troubles neurocognitifs et infections par le virus Borna. et en fait Il y a à peu près 15 ans, ça a été démontré que les neurones extrêmement actifs présentaient des cassures double brin en réponse à l'activité et ces cassures de l'ADN permettaient l'expression de certains gènes essentiels à la plasticité synaptique. Et le virus Borna, de façon complètement indépendante, induit des brisures, des cassures double brin de l'ADN sur lesquelles il se fixe pour se répliquer. Et par ce biais, il interfère avec des mécanismes physiologiques de régulation de l'activité des neurones. et modifient concrètement cette activité neuronale avec des conséquences comportementales.

  • Speaker #3

    Les virus peuvent aussi aller piquer le calcium au synapse, si j'ai bien compris. Alors à quoi sert ce calcium et avec quelles conséquences ? Toujours Jules ?

  • Speaker #4

    Effectivement, le calcium est un messager intracellulaire extrêmement important en neurobiologie. Par exemple, pour revenir au fonctionnement des synapses, la propagation de l'influx nerveux le long de la membrane des neurones induit une augmentation du calcium dans la structure présynaptique qui est responsable par exemple de la libération de neurotransmetteurs. Et en fait, c'est assez bien décrit que beaucoup de virus modulent les flux ioniques dans les cellules qu'ils infectent, par exemple pour réprimer les réponses immunitaires de l'hôte. Et donc en modulant ces flux ioniques dans les neurones, et en touchant notamment au calcium, les infections virales combattent la réponse immunitaire de l'hôte, mais surtout... interfèrent avec l'activité et la propagation de l'influx nerveux dans les neurones.

  • Speaker #6

    Changeant le calcium intracellulaire du neurone, on va changer la capacité du neurone à avoir cette plasticité dont on parle, c'est-à-dire remodeler ses synapses. Et ça, ça va être une conséquence des troubles neurocognitifs parce que la cognition, la neurocognition chez l'homme, tout ce qui peut être apprentissage, mémoire, etc., c'est tout. Tout est basé sur cette plasticité. Il faut être capable de réarranger notre cerveau pour pouvoir encoder des comportements. Et donc, quand le virus vient au niveau très moléculaire affecter une toute petite étape, même si le calcium, c'en est plutôt une grosse étape, ça va amener à des troubles neurocognitifs. assez majeur.

  • Speaker #3

    Alors, on va s'arrêter un petit peu sur le cas de la rage. Donc, comme beaucoup d'autres virus, la rage, le virus de la rage peut pénétrer dans les neurones. Donc ça, c'est ce qu'on vient d'expliquer. Mais il peut aussi, comme il est dépourvu de mécanismes de transport intrinsèques, il peut détourner à son profil le trafic interneuronal pour se...

  • Speaker #0

    déplacé à l'intérieur des neurones, c'est bien ça ? Exactement.

  • Speaker #4

    C'est tout à fait ça, c'est pour ça que si on se fait mordre par exemple dans le mollet par un chien enragé, le virus est injecté dans le mollet et pour autant des semaines plus tard il sera dans le cerveau. En fait en étant injecté dans le mollet, le virus infecte des neurones qui innervent le muscle du mollet et va être transporté dans le sens vers le cerveau et donc en passant de neurone à neurone il se retrouve dans le parenchyme cérébral, dans le cerveau, sous le crâne.

  • Speaker #6

    Aujourd'hui, on utilise même le virus de la rage pour marquer les connexions entre les neurones. On a fait des choses recombinantes in vitro pour permettre de pouvoir suivre tous les neurones qui sont connectés les uns aux autres, juste aller par exemple du mollet jusqu'au cerveau.

  • Speaker #3

    D'accord, on met un marqueur sur le virus et comme ça on suit. Exactement. D'accord.

  • Speaker #4

    Ce sont quand même des virus dépourvus de propriétés infectieuses. En revanche, ils peuvent être transportés pour tracer les circuits neuronaux.

  • Speaker #0

    Alors face à toutes ces infections, l'organisme va réagir, on va mettre en branle toute une réponse immunitaire. Et vous dites dans votre article que cette réponse néro-immune, elle est à double tranchant. Qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que ça peut aussi avoir des conséquences délétères sur l'organisme ?

  • Speaker #4

    Oui, exactement. En fait, la réponse immunitaire, elle est essentielle pour éliminer l'agent infectieux, pour l'éliminer du cerveau et rétablir la physiologie et vraiment éliminer le pathogène du cerveau. Mais en même temps, une suractivation de la réponse immunitaire peut avoir des conséquences délétères pour l'autre. Par exemple, les micro-glies. qui sont les gardiennes du cerveau. Dans un contexte hyper inflammatoire, par exemple lors d'une infection, on a tendance à aller manger les synapses et à éliminer un excès de synapses. Et ça, c'est par exemple associé à des troubles de la mémoire.

  • Speaker #0

    Et on a entendu aussi parler pendant le Covid des fameuses tempêtes de cytokines. Est-ce que ça, ça fait partie des réponses qui peuvent aussi avoir des conséquences ou avoir des séquelles sur le fonctionnement cognitif des patients qui ont été infectés ?

  • Speaker #4

    Complètement, jusqu'à ces dernières années, on étudiait le système immunitaire et le système nerveux de façon isolée. Et en revanche, assez récemment, on s'est rendu compte que plusieurs cytokines, donc des molécules de l'inflammation qui sont essentielles au fonctionnement du système immunitaire, agissent également comme des neuromodulateurs. Et donc, ça soulève tout un pan dans le cerveau, dans un état inflammatoire lors d'une infection. plus de cytokines ou des cytokines différentes qui sont libérées par des cellules immunitaires et donc qui vont interférer avec les mécanismes physiologiques de neuromodulation par ces cytokines-là.

  • Speaker #6

    C'est des choses qui peuvent avoir des effets aussi à plus long terme parce que ces grands chamboulements dans le cerveau qui vont avoir lieu à un moment donné, il va falloir les réparer. Et comme on vous disait que les synapses les unes et les autres sont arrangées d'une certaine façon très précise. Mais quand on chamboule tout ça, il faut arriver à refaire toutes ces connexions dans le bon ordre, dans les bonnes proportions. Et donc c'est pour ça qu'on peut avoir des séquelles aussi à long terme sur la cognition, parce qu'il faut être capable de démêler tout ça.

  • Speaker #0

    Alors là, on a beaucoup évoqué depuis le début de l'émission des virus qui ne sont pas forcément ceux qu'on rencontre le plus au quotidien. Zika, le virus du Nil occidental, le VIH, mais on va croiser tous les jours des virus beaucoup plus courants, des rhinovirus qui provoquent des simples rhumes ou pas forcément de symptômes. Est-ce qu'on doit s'inquiéter aussi des effets que pourraient avoir sur la cognition ces virus-là ? Jules Bouger, ou Raphaël Godin, pardon.

  • Speaker #6

    Oui, effectivement, dans notre laboratoire à l'IRIM, c'est vraiment quelque chose qui nous intéresse particulièrement. On travaille par exemple sur des orthobuniavirus, qui sont des virus dont j'imagine que vous n'avez jamais entendu parler.

  • Speaker #7

    Jamais, j'ai pas eu beaucoup peur.

  • Speaker #6

    Voilà, parce que c'est des virus qui sont pourtant extrêmement prévalents. Par exemple, il y a une étude en Suède où c'était 50% de la population qui était infectée par le virus Inku. Et ça, ça va de l'extrême nord à l'extrême sud. Dans le monde entier, ces virus existent, très prévalents. Et ils sont négligés parce qu'au niveau clinique, on ne voit pas trop d'effets, ils ne sont pas mortels. Donc on a une surveillance clinique qui est assez limitée pour ces virus-là. Et ce qu'on s'est rendu compte, c'est que peut-être qu'il y a des troubles un peu plus subtils qui ne nous feraient pas forcément aller consulter, pas forcément aller chez le médecin, mais qui nous feraient dire « tiens, je suis un peu déprimé » ou « j'ai des petites pertes de mémoire passagères » . Bon, ce n'est pas grave, ça va passer. et en fait ce qu'on se rend compte maintenant au laboratoire notamment avec ces virus là et d'autres qu'on étudie, c'est que il y a des effets sur les synapses sur les transmissions, sur la plasticité et donc l'idée ce sera par la suite d'aller aller chez l'animal et même chez l'homme pour essayer de voir à plus grande échelle ce qui se passe exactement.

  • Speaker #3

    Alors justement, vous parlez d'aller voir chez l'animal, donc tout au long de la publication, on voit qu'il y a eu beaucoup d'expérimentations animales qui ont été faites avec toutes les limites que cela implique pour retracer ces virus. Vous utilisez aussi les modèles cérébraux humains 3D in vivo et ex vivo, tels que les organoïdes, les assembloïdes et les cultures organotypiques d'explants cérébraux. Cérébro, alors qu'est-ce que c'est et puis quel est votre... Votre démarche, justement ?

  • Speaker #6

    Oui, alors dans notre laboratoire à Montpellier, on ne travaille pas chez l'animal. On a fait ce choix parce que déjà, on a beaucoup de choses à faire sur les autres modèles que vous venez de citer. On s'est intéressé à développer justement des modèles qui soient humains, parce que quand même, la cognition humaine est assez unique, vous en conviendrez. Donc, on a voulu vraiment travailler sur l'humain. Et bien sûr, pour des questions d'éthique, après, on trouvait que c'était intéressant d'avoir une approche ex vivo, in vitro, ex vivo. Et donc, pour ça, l'année dernière, c'est un travail qui a duré plusieurs années, on a travaillé sur des explants de cerveau humain récupérés d'autopsie. Alors, on a eu les accords, évidemment, de l'agence de biomédecine, du CHU de Montpellier, etc., tout un tas de prérequis. mais ça nous a permis de récupérer ces explants très tôt après la mort du patient, pour pouvoir les remettre en culture et pouvoir les infecter de ce qu'on appelle ex vivo. C'est-à-dire qu'on n'est pas chez un organisme entier, mais juste un bout de cerveau. C'est un tout petit bout, quelques millimètres.

  • Speaker #0

    Alors, à la lumière de tout ça, on pourrait se dire que cibler les infections virales, ça pourrait constituer une stratégie efficace pour améliorer globalement la santé neurocognitive. Est-ce que, par exemple, des stratégies comme la prévention des infections par la vaccination, elles pourraient s'avérer utiles dans ce contexte-là, Jules Bouger ?

  • Speaker #4

    Oui, complètement. Il y a un travail récent qui a été publié et qui montre que la vaccination contre le virus de la varicelle et du zona permet de réduire l'incidence des démences chez le sujet âgé. Et en fait, c'est montré pour ce cas-là, mais c'est fort probable que combattre les infections virales et leur cortège de troubles neurocommunitifs... permettra de mieux prendre en charge la santé mentale de beaucoup de patients sur la planète.

  • Speaker #6

    Vaccinez-vous.

  • Speaker #0

    Il ne reste plus que 2,5 millions de doses pour la grippe.

  • Speaker #6

    Voilà.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Raphaël Godin et Gilles Bouger, c'était passionnant.

  • Speaker #4

    Merci à vous.

  • Speaker #0

    A bientôt.

  • Speaker #3

    Et on passe maintenant à notre séquence reportage. Aline.

  • Speaker #0

    Oui Lucie, nous partons sur le campus Triolet pour démarrer une série de reportages à l'Institut des sciences de l'évolution de Montpellier, l'ISEM. Et pour commencer cette série, c'est Benoît Brossier qui nous fait visiter le plateau de d'Androchronologie, où il étudie les cernes de croissance des arbres. Au milieu de tous ces échantillons, on retrouve notamment du bois provenant de la cathédrale Notre-Dame de Paris, ou encore des échantillons de charbon anciens qu'il étudie grâce à un procédé unique qu'il a lui-même mis au point.

  • Speaker #8

    Bonjour, je suis Benoît Brossier, je suis ingénieur de recherche au CNRS, spécialisé en dendrochronologie, et je suis rattaché à l'ISEM à Montpellier. Alors, la dendrochronologie, c'est une discipline scientifique qui s'appuie sur l'étude des cernes des arbres, en mesurant principalement leur largeur et toutes leurs diverses caractéristiques du bois. Le plateau se divise en deux salles, une première salle de préparation, où là on va... préparer les échantillons, les coller, les poncer ou les essier. Et ensuite ici, nous sommes dans la deuxième salle, la salle de mesure, où on va pouvoir analyser et analyser tous les cernes des arbres. Donc sous nos latitudes, chaque année, les arbres produisent un cerne, ce qui nous permet de dater de manière précise tous les événements qui sont venus affecter la vie de l'arbre et ce qui va nous permettre de travailler sur diverses problématiques. Nous, à l'ISEM, nous travaillons principalement sur les perturbations telles que les incendies, les régimes d'incendie ou l'aspect aussi archéologique pour les dotations de sites ou de gestion du combustible.

  • Speaker #0

    C'est des coupes de troncs d'arbres ?

  • Speaker #8

    Alors oui, il y a deux possibilités pour échantillonner. On va utiliser soit une tarière de Bresler ou on va pouvoir également couper l'arbre à l'aide d'une tronçonneuse. C'est une méthode qu'on essaie d'éviter au maximum.

  • Speaker #0

    La première, vous pouvez la redire ?

  • Speaker #8

    Oui, donc c'est une tarrière de presse l'air, donc c'est une petite sonde en fait qu'on va venir visser dans le bois pour extraire un petit cylindre de bois que l'on va ensuite pouvoir coller sur un support, préparer et poncer de manière à avoir les cernes. Donc c'est un peu une petite prise de sang, on fait une petite prise de sang à l'art pour savoir ce qui s'est passé dans sa vie.

  • Speaker #0

    Alors les quelques échantillons qu'on a là, est-ce que vous pouvez nous décrire un peu comment vous vous les étudiez ?

  • Speaker #8

    Oui, bien sûr. Si je prends celui-là, c'est un échantillon qui vient de l'Aponie suédoise, finlandaise, pardon. Et c'était une étude où on visait à reconstituer la dynamique des feux au cours des derniers siècles. Et vous pouvez voir ici un individu qui a subi trois feux au cours de sa vie, sachant que ce dernier a quand même près de 450 ans.

  • Speaker #0

    Et comment vous identifiez à partir de cet échantillon les feux qu'il a subis ?

  • Speaker #8

    Alors lorsque l'incendie a une intensité moindre et que l'arbre n'est pas tué par l'incendie, la chaleur va venir détruire ce qu'on appelle la partie extérieure, la partie cambiale, qui va entraîner les années qui vont suivre une impossibilité pour l'arbre de créer de la biomasse où il a été brûlé. Merci. Et de la même manière que nous, lorsqu'on s'écorche ou on fait une blessure, en fait, on va cicatriser de manière à recouvrir cette plaie. En fait, l'arbre a un peu ce même mécanisme. Et donc, comme les années qui vont suivre, il va créer ce qu'on appelle un bourrelet cicatriciel. Et nous, ça va nous permettre de dater exactement l'événement qui est venu, qui est l'origine de la formation de ce bourrelet. Et là, nous pouvons voir qu'il en a trois successifs. Dans un premier temps, on va travailler pour observer les cernes sous binoculaire, qui va nous permettre de dater et de bien délimiter chacun des cernes. Ensuite, on va numériser la surface de l'échantillon de manière à pouvoir les mesurer grâce à des logiciels sur ordinateur.

  • Speaker #0

    C'est ce qu'on voit là sur l'écran de l'ordinateur ?

  • Speaker #8

    Exactement. Là, vous avez un échantillon qui provient des restes, des vestiges de la cathédrale de Notre-Dame, où vous pouvez voir que toute la partie extérieure est carbonisée. Et nous avons pu mesurer tous les cernes en manière de dater cet échantillon.

  • Speaker #0

    Et alors, dans quel cadre avez-vous eu accès aux échantillons de la cathédrale de Notre-Dame ? C'est un projet de recherche ?

  • Speaker #8

    Oui, en fait, je fais partie de l'équipe scientifique qui est rattachée à la... à la NR Quasimodo, qui est dirigée par ma collègue Alexia Dufresne. Et donc, nous avons pu échantillonner les vestiges de la cathédrale, de la charpente, dans le but de reconstituer un peu l'histoire des bois de cette charpente avec un axe. de datation bien sûr de bâti, d'évolution de la charpente, mais également avec des problématiques de climatique et d'approvisionnement, savoir d'où venaient les bois de Notre-Dame. Là je vous présente, c'est un charbon de bois que vous pourriez retrouver typiquement lors de vos barbecues. Et en fait, mais sauf que lui en fait, il vient du Maroc, c'est les restes d'un pressoir romain qui a été carbonisé, qui date du 1er siècle. de notre ère et j'ai mis au point une méthode qui permet de fixer ces charbons de bois à l'aide d'une gaine thermo-rétractable et qui va permettre d'appliquer les méthodes classiques de la dendrochronologie au reste carbonisé qu'on va pouvoir retrouver en contexte archéologique. Et donc ça c'est quelque chose de nouveau et qu'on essaie de développer, enfin qu'on développe à l'ISEM depuis quelques années.

  • Speaker #3

    Et j'accueille maintenant Nathan Roux, chargé des relations presse à l'Université de Montpellier. Il nous présente le Festival Sud de Sciences qui a commencé le 2 décembre et qui se poursuivra jusqu'au 7 pour sa 8e édition. Bonjour Nathan.

  • Speaker #7

    Bonjour.

  • Speaker #3

    Alors le Festival Sud de Sciences, qu'est-ce que c'est ?

  • Speaker #7

    Alors le Festival Sud de Sciences, c'est un festival de films scientifiques organisé par l'Université de Montpellier et ses partenaires. L'idée c'est de rapprocher les sciences et du grand public en proposant des projections de documentaires récents. puis des changes avec des tapeurs, des tapeuses et des réalisateurs. C'est vraiment un espace pour comprendre les grandes questions scientifiques d'aujourd'hui, mais aussi pour débattre qualité contre la désinformation.

  • Speaker #3

    Alors, tu nous parles des partenaires justement, qui sont-ils en gros ? Est-ce qu'on peut en connaître quelques-uns ?

  • Speaker #7

    Alors, c'est un festival porté par l'Université de Montpellier et la Faculté des sciences, mais aussi par quatre grands organismes de recherche, le CIRAD, l'INRAE, l'INSERM et l'IRD. On y associe également le Centre de l'imaginaire scientifique et technique, la ville de Montpellier, le réseau des médiathèques de la métropole et Artec en plus. C'est vraiment un travail collectif, ce qui donne à l'événement une grande recette.

  • Speaker #3

    Alors est-ce que tu peux nous donner un petit avant-goût de la programmation ? Donc il y a déjà eu une projection hier soir, mais il y en aura une par jour jusqu'à dimanche, c'est ça ?

  • Speaker #7

    Bien sûr. À partir du 3 décembre, on plonge dans de grands enjeux actuels. L'anthropocène, l'omniprésence des écrans, la biodiversité, les sols vivants. l'alimentation durable ou encore la pisciculture innovante en Amazonie. On a par exemple un documentaire qui questionne notre rapport aux écrans, avec une classe qui a expérimenté 10 jours de déconnexion, un autre sur la vie microscopique des sols, ou encore le récit du renard gris qui a sauvé son île en Californie. Il y a aussi une journée entière, le 3 décembre, consacrée à la lutte contre la désinformation, avec une conférence interactive et une masterclass Arte Campus. Bref, c'était assez varié, accessible et c'est très actuel.

  • Speaker #3

    Alors c'est sur l'ensemble du territoire de la métropole, donc il y en a un petit peu à Émile Zola, le reste ça se passe où ?

  • Speaker #7

    Alors déjà il faut savoir que tout est gratuit, ça c'est la priorité à savoir et les projections elles ont lieu dans plusieurs médiathèques de la métropole, à Castelnau-le-Lez, à Castille, à Clapier et à Montpellier, mais aussi au cinéma Nestor Bruma. Certaines séances elles sont même accessibles avec interprétation en langue des signes pour les publics sourds et malentendants. Il suffit de réserver quand c'est indiqué mais l'accès reste ouvert à toutes et à tous.

  • Speaker #3

    Un grand merci à toi, Nathan.

  • Speaker #7

    Merci à vous.

  • Speaker #3

    Et à bientôt. Alors, vous pouvez retrouver toutes les informations que nous a données Nathan sur la page Allume la Science du site de l'Université de Montpellier, sur le site de Divergence, mais aussi sur le site suddescience.edu.umontpellier.fr. Allume la Science, c'est fini pour aujourd'hui. Un grand merci à Alice Rollet pour la réalisation de cette émission. On se retrouve la semaine prochaine. D'ici là, restez branchés.

  • Speaker #0

    Allume la science la science.

  • Speaker #1

    Une nombreuse manière d'essayer de... ...ou de l'homme.

  • Speaker #2

    Bien, imagine que toute forme de vie sur Terre perd instantanément et que chaque molécule de ton corps explose à la vitesse de la lumière. Sorte de relativisme absolu. Agresse sur le bouclet de la charge des protons.

  • Speaker #7

    La Terre va entendre ses nœuds. Allume la science.

Description

Vers la virologie cognitive ?

Cette semaine dans A l’UM la science Raphaël Gaudin et Jules Bouget de l’Institut de recherche en infectiologie de Montpellier nous parlent de virologie cognitive. Notre reportage nous emmène sur le plateau de dendrochronologie de l’Institut des sciences de l’évolution de Montpellier en compagnie de Benoit Brossier, enfin l’invité des dernières minutes Nathan Roure nous présentera le festival Sud de Sciences.


Une émission diffusée tous les mercredis sur la radio Divergence.


A l’UM la science vous avez le programme, c’est parti !


____________

📚 Retrouvez l'article sur le site :

🎙️ Tous les A L'UM LA SCIENCE : https://www.umontpellier.fr/articles/tag/a-lum-la-science


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Allume la science la science.

  • Speaker #1

    Une et nombreuses manières d'essayer de entendre l'homme.

  • Speaker #2

    Viens, imagine que toute forme de vie sur Terre meurt instantanément et que chaque molécule de ton corps explose à la vitesse de la lumière. Tant de relativisme absolu. Agassi mon plat de la chargée potente.

  • Speaker #0

    La Terre va entendre ses mots. Allume la science.

  • Speaker #3

    Bonjour et bienvenue à tous et toutes dans Allume la Science, l'émission qui vous branche chaque semaine sur l'actualité des laboratoires de l'Université de Montpellier et de ses partenaires. Le 28 novembre dernier, le journal Le Monde publiait une tribune rédigée par un collectif organisé autour de Solène Tanguy, la présidente de Winslow Santé Publique, intitulée « Les symptômes du Covid long ne prennent sens que lorsqu'ils sont reliés à leur cause » . Cette tribune faisait suite à une autre, publiée elle aussi dans Le Monde le 4 novembre sous le titre « Parallèlement à la science des maladies, nous plaidons la science des symptômes » , un texte élaboré par des chercheurs et des cliniciens plaidant pour une vision psychosomatique de ce même Covid long. La preuve que six ans après son apparition, le Covid et le Covid long, enfin le Covid long surtout, conserve un statut de maladie contesté en France. J'avoue que, quand en 2023, ma tante, qui a toujours un peu travaillé du chapeau, mais qui pour le coup perdait vraiment les cartes, nous a annoncé qu'elle venait d'être diagnostiquée Covid long, nous avons été quelques-uns à nous dire que le Covid avait bon dos. Mais aucun de nous n'avait eu accès aux nombreuses études qui documentent et confirment la persistance d'atteintes cognitives prolongées suite à une infection Covid. L'une de ces études, parue en septembre dernier dans Nature Medicine, a comparé 351 personnes hospitalisées pour un Covid et âgées en moyenne de 54 ans à 2927 personnes, similaires du point de vue de l'âge, du sexe et du niveau d'éducation. Le résultat fait froid dans le dos. C'est comme si le cerveau de ces patients avait subi une accélération du processus de vieillissement de 20 ans, disait un des chercheurs ayant travaillé sur cette publie. Le Covid n'est pas le seul virus à provoquer des atteintes cognitives. Virus du Nil occidental, chikungunya, rage, tous ces agents sont devenus des experts dans l'art d'infiltrer nos cerveaux et ils ne le font pas sans laisser de traces. On en parle avec nos deux invités. Ils sont chercheurs à l'Institut de recherche d'infectiologie de Montpellier, l'IRIM. Ils publient dans la revue Science Direct le 7 novembre dernier un article intitulé Merci. Quand les infections virales modifient les circuits neuronaux vers la virologie cognitive. Raphaël Godin et Jules Bouger,

  • Speaker #0

    bonjour.

  • Speaker #4

    Bonjour, merci de nous recevoir. Bonjour Lucie.

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Allume la science. On a longtemps cru que c'était le Covid, mais non. A mes côtés pour mener cette interview, Aline Pernia.

  • Speaker #4

    Bonjour Lucie, bonjour tout le monde.

  • Speaker #3

    En deuxième partie d'émission, nous partons à l'Institut des sciences de l'évolution de Montpellier, l'ISEM.

  • Speaker #2

    Et c'est Benoît Brossier qui nous fait visiter le plateau de d'Androchronologie, où il étudie les cernes de croissance des arbres.

  • Speaker #3

    En fin d'émission, Nathan Roux nous présentera le festival Sud de Sciences, qui débute à Montpellier le 2 décembre prochain. Allume la science, vous avez le programme, c'est parti !

  • Speaker #5

    Chargement de l'engin terminé. Nous sommes à 0,60 secondes. 59, 58, 57... 56, 55.

  • Speaker #3

    Alors, pour commencer, quand nous vous avons invité, vous nous avez averti qu'il s'agissait d'un article d'opinion. Alors, qu'est-ce que c'est un article d'opinion ? Raphaël Godin.

  • Speaker #6

    Oui, donc un article d'opinion, c'est similaire à une revue. C'est-à-dire, on va prendre ce qui existe dans la littérature, ce qui est connu, et on va passer en revue tout ce qui est connu. La différence avec l'opinion, c'est qu'on va aussi amener notre touche personnelle pour orienter, donner des... des directions sur notre opinion en tant que chercheur, basées sur ces faits et pas juste relatées ces faits. Donc allez un petit peu plus loin.

  • Speaker #3

    Alors cet article, comme je l'ai dit, il traite de virologie cognitive. Il repose sur le constat que de nombreux virus peuvent altérer les fonctions cognitives des personnes atteintes. Alors quelles sont les manifestations qu'on peut observer chez les patients dont le fonctionnement cognitif est atteint, Jules ?

  • Speaker #4

    Donc oui, la virologie cognitive postule que beaucoup d'infections virales sont associées à des troubles cognitifs. Le meilleur exemple, c'est un exemple extrêmement actuel, le virus du Covid, avec des troubles cognitifs effectivement qui peuvent persister longtemps après la phase aiguë. Ça ne veut pas dire qu'ils ne sont pas présents à la phase aiguë, mais ils persistent des semaines, voire des mois à la phase aiguë. Et en fait, ce sont des troubles extrêmement divers, des symptômes cognitifs comme des pertes de mémoire, des troubles de l'attention, des dépressions épisodiques par exemple, ou même ça peut aller jusqu'à l'augmentation de l'incidence des troubles psychotiques. et en fait il y a beaucoup d'autres exemples. Un autre exemple, c'est le virus du VIH, dont on reparlera peut-être plus tard.

  • Speaker #0

    Donc, vous l'avez dit, certains virus sont déjà connus pour avoir des effets sur les fonctions cognitives. On a parlé du Covid, on reparlera du VIH, mais vous parlez également dans l'article des arbovirus, comme le virus du Nil occidental. Est-ce que vous pouvez nous expliquer de quel type de virus il s'agit et quel type de symptômes y provoque Jules Bouger ?

  • Speaker #4

    Oui, donc les arbovirus sont Ce sont des virus transmis par les arthropodes, majoritairement moustiques et éthiques. Et ce qui est extrêmement important avec les arbovirus, c'est que ce sont des virus qui émergent aujourd'hui, pour des raisons climatiques entre autres. Et un grand nombre d'arbovirus émergents est associé à des troubles cognitifs, à la fois à la phase aiguë mais aussi de façon chronique. Et par exemple, effectivement, le virus du Nil occidental est associé à des pertes de mémoire chez les patients des mois voire des années après l'infection initiale.

  • Speaker #6

    C'est des virus qu'on n'avait pas jusqu'ici en France. Et ces 20 dernières années, on voit une augmentation exponentielle du nombre d'infections. Ça reste très, très, très limité encore aujourd'hui. Mais dans des pays comme en Inde, où c'est endémique, il y a des cas d'infections majeurs. Donc, on se prépare en France. Pour l'instant, c'est bénin, mais on sait que ça arrive.

  • Speaker #3

    Pour qu'il y ait des troubles neurologiques et cognitifs, il faut bien que le virus passe dans le cerveau. Or, il est protégé par ce qu'on appelle la barrière hémato-encéphalique. Elle est réputée très hermétique, cette barrière. Alors, comment ils s'y prennent, les virus, pour la franchir ? Raphaël Godin, encore peut-être ?

  • Speaker #6

    Oui, on avait beaucoup travaillé il y a quelques années sur le virus Zika et comment il passait cette barrière hémato-encéphalique parce que cette barrière, c'est une barrière de cellules qui est extrêmement imperméable. Et même un virus ne peut pas la traverser sans qu'il y ait une aide extérieure. On a pu mettre en évidence plusieurs types de passages de cette barrière. L'un qu'on a pu mettre en évidence pour le virus Zika, c'est la technique du cheval de Troie, où le virus, pour passer du côté du cerveau, lorsqu'il se trouve dans le sang, va aller infecter des cellules du système immunitaire dans le sang, les globules blancs, qui vont alors, eux, avoir toutes les capacités nécessaires pour passer cette barrière hémato-encéphalique. Et comme le virus se cache à l'intérieur, il va se retrouver dans notre cerveau de façon incognito et pouvoir ressortir une fois dans le cerveau.

  • Speaker #4

    Et je vais rajouter un élément qu'on a essayé de soulever dans notre article d'opinion, c'est qu'aujourd'hui, c'est beaucoup mieux connu que l'état de santé de l'organisme au sens global impacte le fonctionnement du cerveau. Par exemple, l'intestin, le foie, les reins sont aussi des modulateurs de la santé du cerveau. Donc maintenant, on estime que certains virus qui n'infectent pas le cerveau, mais des organes en périphérie, peuvent moduler l'état de santé du corps au sens large et ainsi également avoir un impact négatif sur le fonctionnement cérébral.

  • Speaker #0

    Alors vous nous expliquez... dans cet article que les troubles cognitifs sont probablement provoqués aussi par une altération de la connectivité neuronale. Pour qu'on comprenne bien la suite, est-ce que peut-être vous pouvez nous rappeler brièvement comment ça fonctionne ces connexions neuronales ?

  • Speaker #4

    Les neurones communiquent entre eux à l'aide de synapses qui sont des structures subcellulaires toutes petites et en fait, en se connectant entre eux les neurones forment des circuits Merci. Ces synapses permettent la libération extrêmement localisée de neurotransmetteurs, par exemple le glutamate, qui permettent de former des circuits extrêmement dirigés et très précis dans le cerveau.

  • Speaker #3

    On va s'arrêter un petit peu sur ces neurotransmetteurs. Les virus vont venir perturber la libération de ces neurotransmetteurs au niveau des synapses qui assurent la communication, comme vous venez de le dire. C'est le cas notamment des flavivirus. Qui augmente la libération du glutamate dont vous venez de parler ? Alors on va tout remettre, comme je le disais tout à l'heure, le glutamate pour moi c'est de la sauce magie. Donc qu'est-ce que c'est et puis quel virus fait ça ?

  • Speaker #4

    Donc le glutamate c'est le neurotransmetteur excitateur majeur, principal dans le cerveau. Et il avait été montré que les flavivirus, donc majoritairement des virus transmis par les moustiques, comme le virus du nid occidental ou la dengue ou même le zika, induisent une augmentation de la libération du glutamate qui a été quantifiée dans le liquide céphalo-rachidien de patients infectés. Merci. En revanche, les mécanismes moléculaires associés ne sont pas extrêmement bien décrits à ce jour. En revanche, les corrélats cliniques sont mieux établis. Quand on parlait tout à l'heure de la connectivité fonctionnelle, qui repose en particulier sur la libération des neurotransmetteurs, il a été montré en imagerie fonctionnelle que certains circuits, extrêmement importants pour des états de vigilance par exemple, plus ou moins actifs lors de certaines infections virales, en particulier par des flavivirus.

  • Speaker #0

    Alors c'est là qu'on va revenir sur le virus du VIH qu'on a évoqué tout à l'heure. Lui, il peut faire dysfonctionner les neuromodulateurs. Déjà, est-ce qu'on peut rapidement expliquer la différence entre neuromodulateurs et neurotransmetteurs que vous venez d'expliquer ?

  • Speaker #4

    Les neurotransmetteurs sont des molécules sécrétées de façon hyper localisée à l'échelle des synapses, tandis que les neuromodulateurs, eux, ont une action qui est à une échelle spatiale beaucoup plus large. ils vont moduler l'activité d'un groupe de neurones à une échelle beaucoup plus large.

  • Speaker #3

    La sérotonine ou la dopamine qui sont nos essais. Exactement,

  • Speaker #4

    la sérotonine et la dopamine sont des exemples de neuromodulateurs. En interférant avec la libération de certains neuromodulateurs, des infections virales peuvent moduler l'activité des circuits à une échelle beaucoup plus globale. Ce qui signifie que dans le cerveau, si uniquement un petit groupe de neurones est infecté, si ces neurones sont responsables de la libération de certains neuromodulateurs, ils vont à distance également moduler l'activité d'autres neurones.

  • Speaker #0

    Et alors le VIH concrètement en termes de fonctionnement cognitif, il a quelles conséquences pour les patients qui en sont infectés ?

  • Speaker #6

    Alors c'est intéressant de parler du... Du VIH, parce que c'est vrai qu'avec le Covid, le Covid long en particulier, ça a remis un peu au goût du jour la virologie cognitive. Mais pour le VIH, c'était connu depuis de nombreuses années que même en présence de thérapies qui marchent, qui marchent bien pour le VIH, qui sont efficaces pour réprimer la réplication du virus, les patients, il y en a un sur deux qui va continuer à avoir des troubles neurocognitifs malgré la prise en charge et le traitement. VIH, donc ce n'est pas une maladie anodine, comme parfois certains jeunes pensent à croire que c'est finalement, on arrive à le traiter. Il y a encore énormément de troubles, et en particulier neurocognitifs, associés à l'infection. Peut-être Jules ?

  • Speaker #4

    Oui, exactement. Avant l'arrivée des thérapies antirétrovirales, il y avait déjà la moitié des patients qui avaient des troubles neurocognitifs. Et depuis ces traitements antirétroviraux, il y a toujours la moitié des patients qui expriment des troubles neurocognitifs. en revanche de sévérité amoindrie. Donc il y a moins de démence associée au VIH, et il y a plus de troubles neurocognitifs dits asymptomatiques, même s'ils sont quand même gênants.

  • Speaker #3

    Alors les infections virales, elles agissent également sur la plasticité des synapses. Qu'est-ce que c'est en deux mots, ou en autant de mots que vous voulez ?

  • Speaker #4

    Donc la plasticité synaptique, c'est peut-être le point le plus important du fonctionnement des neurones, c'est la capacité à moduler la force de connexion de ces synapses, la force de ces connexions entre les neurones. Et par exemple, une synapse qui est extrêmement active, pour maintenir une activité soutenue, son environnement, son architecture protéique va être modifiée pour pouvoir maintenir cette activité. Au contraire, une synapse qui est inactive ou faiblement active va avoir tendance à être éliminée. Et donc en interférant avec des mécanismes de plasticité synaptique, les virus interfèrent avec la stabilisation ou l'élimination de circuits pertinents.

  • Speaker #0

    Alors on va évoquer un autre virus qui est responsable de la maladie de Borna de type 1. Lui, il est capable d'induire des cassures de l'ADN double brin dans les neurones. Comment il fait et qu'est-ce que ça a comme conséquence pour les patients qui sont infectés ?

  • Speaker #4

    Le virus Borna de type 1, c'est un virus historique en neurovirologie. Ça fait plus de 30 ans que c'est bien décrit, les associations entre maladies neurocognitives, troubles neurocognitifs et infections par le virus Borna. et en fait Il y a à peu près 15 ans, ça a été démontré que les neurones extrêmement actifs présentaient des cassures double brin en réponse à l'activité et ces cassures de l'ADN permettaient l'expression de certains gènes essentiels à la plasticité synaptique. Et le virus Borna, de façon complètement indépendante, induit des brisures, des cassures double brin de l'ADN sur lesquelles il se fixe pour se répliquer. Et par ce biais, il interfère avec des mécanismes physiologiques de régulation de l'activité des neurones. et modifient concrètement cette activité neuronale avec des conséquences comportementales.

  • Speaker #3

    Les virus peuvent aussi aller piquer le calcium au synapse, si j'ai bien compris. Alors à quoi sert ce calcium et avec quelles conséquences ? Toujours Jules ?

  • Speaker #4

    Effectivement, le calcium est un messager intracellulaire extrêmement important en neurobiologie. Par exemple, pour revenir au fonctionnement des synapses, la propagation de l'influx nerveux le long de la membrane des neurones induit une augmentation du calcium dans la structure présynaptique qui est responsable par exemple de la libération de neurotransmetteurs. Et en fait, c'est assez bien décrit que beaucoup de virus modulent les flux ioniques dans les cellules qu'ils infectent, par exemple pour réprimer les réponses immunitaires de l'hôte. Et donc en modulant ces flux ioniques dans les neurones, et en touchant notamment au calcium, les infections virales combattent la réponse immunitaire de l'hôte, mais surtout... interfèrent avec l'activité et la propagation de l'influx nerveux dans les neurones.

  • Speaker #6

    Changeant le calcium intracellulaire du neurone, on va changer la capacité du neurone à avoir cette plasticité dont on parle, c'est-à-dire remodeler ses synapses. Et ça, ça va être une conséquence des troubles neurocognitifs parce que la cognition, la neurocognition chez l'homme, tout ce qui peut être apprentissage, mémoire, etc., c'est tout. Tout est basé sur cette plasticité. Il faut être capable de réarranger notre cerveau pour pouvoir encoder des comportements. Et donc, quand le virus vient au niveau très moléculaire affecter une toute petite étape, même si le calcium, c'en est plutôt une grosse étape, ça va amener à des troubles neurocognitifs. assez majeur.

  • Speaker #3

    Alors, on va s'arrêter un petit peu sur le cas de la rage. Donc, comme beaucoup d'autres virus, la rage, le virus de la rage peut pénétrer dans les neurones. Donc ça, c'est ce qu'on vient d'expliquer. Mais il peut aussi, comme il est dépourvu de mécanismes de transport intrinsèques, il peut détourner à son profil le trafic interneuronal pour se...

  • Speaker #0

    déplacé à l'intérieur des neurones, c'est bien ça ? Exactement.

  • Speaker #4

    C'est tout à fait ça, c'est pour ça que si on se fait mordre par exemple dans le mollet par un chien enragé, le virus est injecté dans le mollet et pour autant des semaines plus tard il sera dans le cerveau. En fait en étant injecté dans le mollet, le virus infecte des neurones qui innervent le muscle du mollet et va être transporté dans le sens vers le cerveau et donc en passant de neurone à neurone il se retrouve dans le parenchyme cérébral, dans le cerveau, sous le crâne.

  • Speaker #6

    Aujourd'hui, on utilise même le virus de la rage pour marquer les connexions entre les neurones. On a fait des choses recombinantes in vitro pour permettre de pouvoir suivre tous les neurones qui sont connectés les uns aux autres, juste aller par exemple du mollet jusqu'au cerveau.

  • Speaker #3

    D'accord, on met un marqueur sur le virus et comme ça on suit. Exactement. D'accord.

  • Speaker #4

    Ce sont quand même des virus dépourvus de propriétés infectieuses. En revanche, ils peuvent être transportés pour tracer les circuits neuronaux.

  • Speaker #0

    Alors face à toutes ces infections, l'organisme va réagir, on va mettre en branle toute une réponse immunitaire. Et vous dites dans votre article que cette réponse néro-immune, elle est à double tranchant. Qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que ça peut aussi avoir des conséquences délétères sur l'organisme ?

  • Speaker #4

    Oui, exactement. En fait, la réponse immunitaire, elle est essentielle pour éliminer l'agent infectieux, pour l'éliminer du cerveau et rétablir la physiologie et vraiment éliminer le pathogène du cerveau. Mais en même temps, une suractivation de la réponse immunitaire peut avoir des conséquences délétères pour l'autre. Par exemple, les micro-glies. qui sont les gardiennes du cerveau. Dans un contexte hyper inflammatoire, par exemple lors d'une infection, on a tendance à aller manger les synapses et à éliminer un excès de synapses. Et ça, c'est par exemple associé à des troubles de la mémoire.

  • Speaker #0

    Et on a entendu aussi parler pendant le Covid des fameuses tempêtes de cytokines. Est-ce que ça, ça fait partie des réponses qui peuvent aussi avoir des conséquences ou avoir des séquelles sur le fonctionnement cognitif des patients qui ont été infectés ?

  • Speaker #4

    Complètement, jusqu'à ces dernières années, on étudiait le système immunitaire et le système nerveux de façon isolée. Et en revanche, assez récemment, on s'est rendu compte que plusieurs cytokines, donc des molécules de l'inflammation qui sont essentielles au fonctionnement du système immunitaire, agissent également comme des neuromodulateurs. Et donc, ça soulève tout un pan dans le cerveau, dans un état inflammatoire lors d'une infection. plus de cytokines ou des cytokines différentes qui sont libérées par des cellules immunitaires et donc qui vont interférer avec les mécanismes physiologiques de neuromodulation par ces cytokines-là.

  • Speaker #6

    C'est des choses qui peuvent avoir des effets aussi à plus long terme parce que ces grands chamboulements dans le cerveau qui vont avoir lieu à un moment donné, il va falloir les réparer. Et comme on vous disait que les synapses les unes et les autres sont arrangées d'une certaine façon très précise. Mais quand on chamboule tout ça, il faut arriver à refaire toutes ces connexions dans le bon ordre, dans les bonnes proportions. Et donc c'est pour ça qu'on peut avoir des séquelles aussi à long terme sur la cognition, parce qu'il faut être capable de démêler tout ça.

  • Speaker #0

    Alors là, on a beaucoup évoqué depuis le début de l'émission des virus qui ne sont pas forcément ceux qu'on rencontre le plus au quotidien. Zika, le virus du Nil occidental, le VIH, mais on va croiser tous les jours des virus beaucoup plus courants, des rhinovirus qui provoquent des simples rhumes ou pas forcément de symptômes. Est-ce qu'on doit s'inquiéter aussi des effets que pourraient avoir sur la cognition ces virus-là ? Jules Bouger, ou Raphaël Godin, pardon.

  • Speaker #6

    Oui, effectivement, dans notre laboratoire à l'IRIM, c'est vraiment quelque chose qui nous intéresse particulièrement. On travaille par exemple sur des orthobuniavirus, qui sont des virus dont j'imagine que vous n'avez jamais entendu parler.

  • Speaker #7

    Jamais, j'ai pas eu beaucoup peur.

  • Speaker #6

    Voilà, parce que c'est des virus qui sont pourtant extrêmement prévalents. Par exemple, il y a une étude en Suède où c'était 50% de la population qui était infectée par le virus Inku. Et ça, ça va de l'extrême nord à l'extrême sud. Dans le monde entier, ces virus existent, très prévalents. Et ils sont négligés parce qu'au niveau clinique, on ne voit pas trop d'effets, ils ne sont pas mortels. Donc on a une surveillance clinique qui est assez limitée pour ces virus-là. Et ce qu'on s'est rendu compte, c'est que peut-être qu'il y a des troubles un peu plus subtils qui ne nous feraient pas forcément aller consulter, pas forcément aller chez le médecin, mais qui nous feraient dire « tiens, je suis un peu déprimé » ou « j'ai des petites pertes de mémoire passagères » . Bon, ce n'est pas grave, ça va passer. et en fait ce qu'on se rend compte maintenant au laboratoire notamment avec ces virus là et d'autres qu'on étudie, c'est que il y a des effets sur les synapses sur les transmissions, sur la plasticité et donc l'idée ce sera par la suite d'aller aller chez l'animal et même chez l'homme pour essayer de voir à plus grande échelle ce qui se passe exactement.

  • Speaker #3

    Alors justement, vous parlez d'aller voir chez l'animal, donc tout au long de la publication, on voit qu'il y a eu beaucoup d'expérimentations animales qui ont été faites avec toutes les limites que cela implique pour retracer ces virus. Vous utilisez aussi les modèles cérébraux humains 3D in vivo et ex vivo, tels que les organoïdes, les assembloïdes et les cultures organotypiques d'explants cérébraux. Cérébro, alors qu'est-ce que c'est et puis quel est votre... Votre démarche, justement ?

  • Speaker #6

    Oui, alors dans notre laboratoire à Montpellier, on ne travaille pas chez l'animal. On a fait ce choix parce que déjà, on a beaucoup de choses à faire sur les autres modèles que vous venez de citer. On s'est intéressé à développer justement des modèles qui soient humains, parce que quand même, la cognition humaine est assez unique, vous en conviendrez. Donc, on a voulu vraiment travailler sur l'humain. Et bien sûr, pour des questions d'éthique, après, on trouvait que c'était intéressant d'avoir une approche ex vivo, in vitro, ex vivo. Et donc, pour ça, l'année dernière, c'est un travail qui a duré plusieurs années, on a travaillé sur des explants de cerveau humain récupérés d'autopsie. Alors, on a eu les accords, évidemment, de l'agence de biomédecine, du CHU de Montpellier, etc., tout un tas de prérequis. mais ça nous a permis de récupérer ces explants très tôt après la mort du patient, pour pouvoir les remettre en culture et pouvoir les infecter de ce qu'on appelle ex vivo. C'est-à-dire qu'on n'est pas chez un organisme entier, mais juste un bout de cerveau. C'est un tout petit bout, quelques millimètres.

  • Speaker #0

    Alors, à la lumière de tout ça, on pourrait se dire que cibler les infections virales, ça pourrait constituer une stratégie efficace pour améliorer globalement la santé neurocognitive. Est-ce que, par exemple, des stratégies comme la prévention des infections par la vaccination, elles pourraient s'avérer utiles dans ce contexte-là, Jules Bouger ?

  • Speaker #4

    Oui, complètement. Il y a un travail récent qui a été publié et qui montre que la vaccination contre le virus de la varicelle et du zona permet de réduire l'incidence des démences chez le sujet âgé. Et en fait, c'est montré pour ce cas-là, mais c'est fort probable que combattre les infections virales et leur cortège de troubles neurocommunitifs... permettra de mieux prendre en charge la santé mentale de beaucoup de patients sur la planète.

  • Speaker #6

    Vaccinez-vous.

  • Speaker #0

    Il ne reste plus que 2,5 millions de doses pour la grippe.

  • Speaker #6

    Voilà.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Raphaël Godin et Gilles Bouger, c'était passionnant.

  • Speaker #4

    Merci à vous.

  • Speaker #0

    A bientôt.

  • Speaker #3

    Et on passe maintenant à notre séquence reportage. Aline.

  • Speaker #0

    Oui Lucie, nous partons sur le campus Triolet pour démarrer une série de reportages à l'Institut des sciences de l'évolution de Montpellier, l'ISEM. Et pour commencer cette série, c'est Benoît Brossier qui nous fait visiter le plateau de d'Androchronologie, où il étudie les cernes de croissance des arbres. Au milieu de tous ces échantillons, on retrouve notamment du bois provenant de la cathédrale Notre-Dame de Paris, ou encore des échantillons de charbon anciens qu'il étudie grâce à un procédé unique qu'il a lui-même mis au point.

  • Speaker #8

    Bonjour, je suis Benoît Brossier, je suis ingénieur de recherche au CNRS, spécialisé en dendrochronologie, et je suis rattaché à l'ISEM à Montpellier. Alors, la dendrochronologie, c'est une discipline scientifique qui s'appuie sur l'étude des cernes des arbres, en mesurant principalement leur largeur et toutes leurs diverses caractéristiques du bois. Le plateau se divise en deux salles, une première salle de préparation, où là on va... préparer les échantillons, les coller, les poncer ou les essier. Et ensuite ici, nous sommes dans la deuxième salle, la salle de mesure, où on va pouvoir analyser et analyser tous les cernes des arbres. Donc sous nos latitudes, chaque année, les arbres produisent un cerne, ce qui nous permet de dater de manière précise tous les événements qui sont venus affecter la vie de l'arbre et ce qui va nous permettre de travailler sur diverses problématiques. Nous, à l'ISEM, nous travaillons principalement sur les perturbations telles que les incendies, les régimes d'incendie ou l'aspect aussi archéologique pour les dotations de sites ou de gestion du combustible.

  • Speaker #0

    C'est des coupes de troncs d'arbres ?

  • Speaker #8

    Alors oui, il y a deux possibilités pour échantillonner. On va utiliser soit une tarière de Bresler ou on va pouvoir également couper l'arbre à l'aide d'une tronçonneuse. C'est une méthode qu'on essaie d'éviter au maximum.

  • Speaker #0

    La première, vous pouvez la redire ?

  • Speaker #8

    Oui, donc c'est une tarrière de presse l'air, donc c'est une petite sonde en fait qu'on va venir visser dans le bois pour extraire un petit cylindre de bois que l'on va ensuite pouvoir coller sur un support, préparer et poncer de manière à avoir les cernes. Donc c'est un peu une petite prise de sang, on fait une petite prise de sang à l'art pour savoir ce qui s'est passé dans sa vie.

  • Speaker #0

    Alors les quelques échantillons qu'on a là, est-ce que vous pouvez nous décrire un peu comment vous vous les étudiez ?

  • Speaker #8

    Oui, bien sûr. Si je prends celui-là, c'est un échantillon qui vient de l'Aponie suédoise, finlandaise, pardon. Et c'était une étude où on visait à reconstituer la dynamique des feux au cours des derniers siècles. Et vous pouvez voir ici un individu qui a subi trois feux au cours de sa vie, sachant que ce dernier a quand même près de 450 ans.

  • Speaker #0

    Et comment vous identifiez à partir de cet échantillon les feux qu'il a subis ?

  • Speaker #8

    Alors lorsque l'incendie a une intensité moindre et que l'arbre n'est pas tué par l'incendie, la chaleur va venir détruire ce qu'on appelle la partie extérieure, la partie cambiale, qui va entraîner les années qui vont suivre une impossibilité pour l'arbre de créer de la biomasse où il a été brûlé. Merci. Et de la même manière que nous, lorsqu'on s'écorche ou on fait une blessure, en fait, on va cicatriser de manière à recouvrir cette plaie. En fait, l'arbre a un peu ce même mécanisme. Et donc, comme les années qui vont suivre, il va créer ce qu'on appelle un bourrelet cicatriciel. Et nous, ça va nous permettre de dater exactement l'événement qui est venu, qui est l'origine de la formation de ce bourrelet. Et là, nous pouvons voir qu'il en a trois successifs. Dans un premier temps, on va travailler pour observer les cernes sous binoculaire, qui va nous permettre de dater et de bien délimiter chacun des cernes. Ensuite, on va numériser la surface de l'échantillon de manière à pouvoir les mesurer grâce à des logiciels sur ordinateur.

  • Speaker #0

    C'est ce qu'on voit là sur l'écran de l'ordinateur ?

  • Speaker #8

    Exactement. Là, vous avez un échantillon qui provient des restes, des vestiges de la cathédrale de Notre-Dame, où vous pouvez voir que toute la partie extérieure est carbonisée. Et nous avons pu mesurer tous les cernes en manière de dater cet échantillon.

  • Speaker #0

    Et alors, dans quel cadre avez-vous eu accès aux échantillons de la cathédrale de Notre-Dame ? C'est un projet de recherche ?

  • Speaker #8

    Oui, en fait, je fais partie de l'équipe scientifique qui est rattachée à la... à la NR Quasimodo, qui est dirigée par ma collègue Alexia Dufresne. Et donc, nous avons pu échantillonner les vestiges de la cathédrale, de la charpente, dans le but de reconstituer un peu l'histoire des bois de cette charpente avec un axe. de datation bien sûr de bâti, d'évolution de la charpente, mais également avec des problématiques de climatique et d'approvisionnement, savoir d'où venaient les bois de Notre-Dame. Là je vous présente, c'est un charbon de bois que vous pourriez retrouver typiquement lors de vos barbecues. Et en fait, mais sauf que lui en fait, il vient du Maroc, c'est les restes d'un pressoir romain qui a été carbonisé, qui date du 1er siècle. de notre ère et j'ai mis au point une méthode qui permet de fixer ces charbons de bois à l'aide d'une gaine thermo-rétractable et qui va permettre d'appliquer les méthodes classiques de la dendrochronologie au reste carbonisé qu'on va pouvoir retrouver en contexte archéologique. Et donc ça c'est quelque chose de nouveau et qu'on essaie de développer, enfin qu'on développe à l'ISEM depuis quelques années.

  • Speaker #3

    Et j'accueille maintenant Nathan Roux, chargé des relations presse à l'Université de Montpellier. Il nous présente le Festival Sud de Sciences qui a commencé le 2 décembre et qui se poursuivra jusqu'au 7 pour sa 8e édition. Bonjour Nathan.

  • Speaker #7

    Bonjour.

  • Speaker #3

    Alors le Festival Sud de Sciences, qu'est-ce que c'est ?

  • Speaker #7

    Alors le Festival Sud de Sciences, c'est un festival de films scientifiques organisé par l'Université de Montpellier et ses partenaires. L'idée c'est de rapprocher les sciences et du grand public en proposant des projections de documentaires récents. puis des changes avec des tapeurs, des tapeuses et des réalisateurs. C'est vraiment un espace pour comprendre les grandes questions scientifiques d'aujourd'hui, mais aussi pour débattre qualité contre la désinformation.

  • Speaker #3

    Alors, tu nous parles des partenaires justement, qui sont-ils en gros ? Est-ce qu'on peut en connaître quelques-uns ?

  • Speaker #7

    Alors, c'est un festival porté par l'Université de Montpellier et la Faculté des sciences, mais aussi par quatre grands organismes de recherche, le CIRAD, l'INRAE, l'INSERM et l'IRD. On y associe également le Centre de l'imaginaire scientifique et technique, la ville de Montpellier, le réseau des médiathèques de la métropole et Artec en plus. C'est vraiment un travail collectif, ce qui donne à l'événement une grande recette.

  • Speaker #3

    Alors est-ce que tu peux nous donner un petit avant-goût de la programmation ? Donc il y a déjà eu une projection hier soir, mais il y en aura une par jour jusqu'à dimanche, c'est ça ?

  • Speaker #7

    Bien sûr. À partir du 3 décembre, on plonge dans de grands enjeux actuels. L'anthropocène, l'omniprésence des écrans, la biodiversité, les sols vivants. l'alimentation durable ou encore la pisciculture innovante en Amazonie. On a par exemple un documentaire qui questionne notre rapport aux écrans, avec une classe qui a expérimenté 10 jours de déconnexion, un autre sur la vie microscopique des sols, ou encore le récit du renard gris qui a sauvé son île en Californie. Il y a aussi une journée entière, le 3 décembre, consacrée à la lutte contre la désinformation, avec une conférence interactive et une masterclass Arte Campus. Bref, c'était assez varié, accessible et c'est très actuel.

  • Speaker #3

    Alors c'est sur l'ensemble du territoire de la métropole, donc il y en a un petit peu à Émile Zola, le reste ça se passe où ?

  • Speaker #7

    Alors déjà il faut savoir que tout est gratuit, ça c'est la priorité à savoir et les projections elles ont lieu dans plusieurs médiathèques de la métropole, à Castelnau-le-Lez, à Castille, à Clapier et à Montpellier, mais aussi au cinéma Nestor Bruma. Certaines séances elles sont même accessibles avec interprétation en langue des signes pour les publics sourds et malentendants. Il suffit de réserver quand c'est indiqué mais l'accès reste ouvert à toutes et à tous.

  • Speaker #3

    Un grand merci à toi, Nathan.

  • Speaker #7

    Merci à vous.

  • Speaker #3

    Et à bientôt. Alors, vous pouvez retrouver toutes les informations que nous a données Nathan sur la page Allume la Science du site de l'Université de Montpellier, sur le site de Divergence, mais aussi sur le site suddescience.edu.umontpellier.fr. Allume la Science, c'est fini pour aujourd'hui. Un grand merci à Alice Rollet pour la réalisation de cette émission. On se retrouve la semaine prochaine. D'ici là, restez branchés.

  • Speaker #0

    Allume la science la science.

  • Speaker #1

    Une nombreuse manière d'essayer de... ...ou de l'homme.

  • Speaker #2

    Bien, imagine que toute forme de vie sur Terre perd instantanément et que chaque molécule de ton corps explose à la vitesse de la lumière. Sorte de relativisme absolu. Agresse sur le bouclet de la charge des protons.

  • Speaker #7

    La Terre va entendre ses nœuds. Allume la science.

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