- Aurore Mayer
Bienvenue à l'émission À part égale, l'émission du réseau Parité 1-1 du groupe La Poste. Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir parmi nous Maïtena Biraben.
- Maïtena Biraben
Bonjour Aurore.
- Aurore Mayer
Bonjour Maïtena, alors vraiment quel plaisir de vous avoir.
- Maïtena Biraben
Je suis ravie d'être là en fait, mais vraiment. Je trouve ça formidable de faire ça, une radio interne, enfin de faire un podcast sur la parité, de le diffuser. au sein de l'entreprise et plus largement. Franchement, chapeau, c'est super. Ça ne m'étonne pas du groupe La Poste. Je salue Nathalie Colin.
- Aurore Mayer
Super. Écoutez, nous, on est vraiment ravis parce que vous avez un parcours. Je ne sais même pas s'il faut que je vous présente, honnêtement, parce que vous avez un parcours. Oh,
- Maïtena Biraben
vas-y, j'aime bien.
- Aurore Mayer
Je vais louper des choses tellement c'est riche. Vous avez fait les maternelles, la matinale, le supplément, le grand journal. Vous avez eu, je pense, sur presque toutes les chaînes, en tout cas. C'est ça ? Donc, vous êtes connue, évidemment. du grand public, de tout le monde. Et ce qui m'intéresse, moi, c'est qu'aujourd'hui, vous avez un parcours hyper riche, mais vous avez sorti un livre, La femme invisible, cette année, et vous avez sorti le média Mesdames. Oui. Et c'est à ce titre-là que je suis très intéressée, parce que vous dites que les femmes, à partir de 45 ans, vous ne dites pas que ça, mais sont invisibilisées. Et moi, j'ai envie de vous poser la question, est-ce que ce n'est pas justement au moment où les femmes, à partir de 45 ans, 50 ans, sont plus libres ? et peuvent prendre des postes plus de pouvoir de dirigeante, qu'on les invisibilise.
- Maïtena Biraben
Alors en fait, ce n'est pas moi qui dis que les femmes sont invisibilisées, c'est factuel. J'ai découvert, avec le Média Mesdames, qui parle donc de cet âge hors du champ de la modernité, donc après la ménopause, qui est un rendez-vous commun à nous toutes, j'ai découvert que les filles de 30-35 ans, qui elles ont grandi avec Instagram, sont dans une panique. de ce que c'est d'avoir 45 ans, parce qu'elle voit, elle, elle vit sur l'image, elle voit qu'il n'y a plus rien. Il n'y a plus. Donc les femmes, à partir de cet âge-là, c'est pas moi qui le décide. D'abord, il y a de l'âgisme, homme-femme, dès qu'on est vieux. Mais on a un problème dans ce pays avec vieillir, en fait. C'est formidable de vieillir. Il n'y a pas de meilleur antidote à la mort, en fait. Donc, je vois pas où est le truc péjoratif à vieillir. Donc, il y a une lecture déjà de l'âge. qui est problématique. Et alors sur les femmes, comme on est juste la promesse de la reproduction, de la beauté et de la docilité, bon bah à 50 ans on n'est plus mère, on est, disent-ils, disons-nous tous, parce que c'est pas les hommes contre les femmes, c'est la société, on est moins belle, paraît-il, et on n'est plus docile. Oh merde, ça va être compliqué !
- Aurore Mayer
Exactement.
- Maïtena Biraben
Je pense que 50 ans c'est un âge, vraiment je le dis, Forestil dit aussi, c'est la crise d'ado, il y a une espèce d'énergie extraordinaire. En fait, on a fait ce qu'on avait à faire. On a fait notre carrière, on a élevé nos enfants. Ils sont plus ou moins sortis du champ de ce qu'on a à faire. On a eu un couple, deux ou trois, ou des divorces, on s'en fiche. On a fait ce qu'on avait à faire. Et pour la première fois, en tout cas dans ma génération, on a du temps pour nous. C'est la première fois de notre vie. C'est-à-dire que comme nos enfants, on n'a plus besoin de s'en occuper, au moins que la carrière, la progression, elle est maximale. On ne va pas devenir... Enfin, moi, je ne veux pas devenir patron d'Universal.
- Aurore Mayer
Pourquoi pas ?
- Maïtena Biraben
Non, je pense que je vais avoir un problème. Pourquoi pas ? Je vais avoir un problème, mais bon, c'est autre chose. Non, mais je n'ai aucune limite, moi. Je pense que tout est absolument possible. Les croyances limitantes que développent les femmes, c'est un truc, ça me tombe des mains. Mais bon, voilà. Donc, je pense qu'il n'y a aucune limite, on peut tout faire. Mais simplement, dans la réalité, une femme à 50 ans, elle est au plus haut de son salaire. Elle a gagné moins avant, elle gagnera moins après. Et c'est rare de progresser dans sa carrière à cet âge-là. vraiment énormément. Mais c'est vrai pour tout le monde. Je ne sais pas,
- Aurore Mayer
est-ce que c'est vrai aussi pour les hommes ? Quand on voit des dirigeants, des patrons de grosses boîtes, ils ont plutôt plus de 50 ans.
- Maïtena Biraben
Oui, mais là, pardon, excusez-moi, on ne parle pas de la même chose. Les hommes, ils sont augmentés par l'âge. Ils ont une expérience en plus, ils ont traversé des... Ils ont affronté des épreuves, ils sont enrichis de ça, ils ont un peu les tempes blanches, ils sont un peu plus sexy. Alors que nous, c'est fini. Vous voyez ce que je veux dire ?
- Aurore Mayer
Je vois très bien.
- Maïtena Biraben
Oui, je sais que vous voyez bien. Je rigole, second degré. Oui, bien sûr. Je pense qu'une femme, sa marge de progression, elle est plus entre... Je pense que pour tout le monde, la marge de progression, elle est plus entre 30, 40, 50. Et après, effectivement, c'est les postes, les très hauts postes. auquel on est en train déjà d'arriver ou on va arriver. Bon, OK, il y a plus de garçons qui y arrivent que de femmes, mais ce n'est pas la problématique des femmes de 50 ans. C'est ça que je veux dire. Oui, bien sûr. Donc, voilà, je pense que c'est un âge de toute puissance parce que c'est un âge de révélation. On peut enfin devenir soi-même. On a fini avec la fille 2, la femme 2, la mère 2, la salariée, la carriériste, la machin, etc. Et on peut enfin devenir nous-mêmes. Donc, c'est un kiff de ouf. Et moi, ça m'exaspère. Je... Je ne contrains personne à cet âge-là à être heureuse. Je dis juste que le récit qui est fait de cet âge-là, tout ce qui nous est promis, c'est de la perte du moins et du négatif. On va être moins belle, on ne peut plus avoir d'enfant, on n'est plus désirable, on n'est plus désiré, on n'a qu'à rentrer chez nous, pas d'insultes pour celles qui tricotent, en tricotant auprès du feu, avec un chat sur le truc, en dépression, en attendant la mort. Ben non, en fait, on n'est pas comme ça. Le récit qu'on fait de nous est complètement lunaire par rapport à la réalité dans laquelle nous sommes.
- Aurore Mayer
Bien sûr. Maïtena, vous êtes, me semble, la seule fille d'une fratrie. Vous avez quatre frères. Quatre frères, oui. Vous avez dit, pas exactement comme ça, mais en gros, que vous étiez un peu déçue de ne pas être un garçon. Quelque part, c'est plus dur pour une fille, non ?
- Maïtena Biraben
En fait, mes frères, ils avaient toute l'attitude d'être eux-mêmes. Je n'ai pas grandi avec mes quatre... Mes frères, j'ai une énorme différence d'âge avec mes frères. Mon frère est né à 84 ans. Donc, il était largement parti quand je suis arrivée. Voilà, mes frères, ils étaient des personnes. Ils étaient... Alors, riez chez vous, je vais vous dire les prénoms de mes frères. Pierre, Jean, Henri et Jacques. Ils étaient Pierre, Jean, Henri et Jacques. Et moi, j'étais une fille. Ah oui. Et moi, j'étais dans la géographie de ma mère. Là où, après le dîner, tout le monde se levait, ou après le déjeuner, tout le monde se levait et allait couper du bois, courir dans les champs, machin, etc. Moi, je débarrassais, je mettais dans la machine à laver. Je ne dis pas que mon frère n'a jamais fait, mais je dis que c'était...
- Aurore Mayer
Moins naturel ?
- Maïtena Biraben
Non, l'attribution, il y avait une géographie, qu'était la cuisine, la chambre, les courses, c'était logique. Et moi, je n'en avais rien à foutre de mettre la machine dans le vaisselle, en fait. Et s'il y a d'ailleurs quelqu'un que ça intéresse, il faut qu'il me dise. Je préférais aller courir dehors, en fait. J'aurais largement préféré ça. Et j'ai tout de suite perçu, intellectuellement, que ce que j'étais, c'était d'abord une fille. Et peut-être quelqu'un. Et je n'ai jamais compris pourquoi. Et je n'ai jamais accepté.
- Aurore Mayer
C'est pour ça que vous êtes d'un côté un peu frondeuse, un peu rebelle. Vous n'acceptez pas trop la hiérarchie, mais vous êtes respectueuse de ça. J'ai lu, vous dites, je vais au-delà. Est-ce que c'est ça qui vous a donné cette envie ?
- Maïtena Biraben
Je déteste l'assignation. Je déteste ça. Je ne pense pas être... Je sais que je suis vue comme frondeuse, rebelle dans les meilleurs cas, caractérielle, pénible dans les moins bons. Alors que je demande juste qu'on me respecte en fait. Je demande juste qu'on me respecte. Je suis quelqu'un. Et je veux qu'on m'aborde comme étant quelqu'un. C'est tout ce que je veux moi. Je demande rien d'autre.
- Aurore Mayer
Est-ce qu'on n'est pas plus ça des femmes d'ailleurs ? Dès qu'une femme a un peu de caractère, on ne cesse pas de faire. Elle est hystérique, elle est rebelle hein. Voilà. Alors qu'un homme finalement, il a de l'assertivité. Oui.
- Maïtena Biraben
Et les femmes parlent comme ça des femmes. Exactement. Les femmes parlent tout le temps comme ça des femmes. Les femmes contribuent à répandre la réputation des femmes. De manière... enfin... Moi, depuis que je fais les maternelles, tous les récits s'embriquent, se chevauchent et nous contraignent tout le temps, tout le temps, tout le temps. Sur les maternelles, j'étais extrêmement dubitative face aux femmes qui se positionnaient toujours comme victimes. Par exemple, au moment de l'accouchement, en disant Ah ben non, moi je délègue au médecin. Mais c'est pas le médecin qui va accoucher. Tu vas accoucher combien de fois dans ta vie exactement ? Tu ne veux pas t'intéresser à ce qui va se passer, préempter le truc et dire Non, moi, je n'ai pas envie d'accoucher comme ci, j'ai envie d'accoucher comme ça. S'il y a un problème, c'est au médecin d'intervenir. S'il y a un problème, s'il n'y a pas de problème, c'est la femme qui accouche. Je trouve qu'on est, je le précise, suffisamment victime tout le temps, partout, de manière majeure, pour ne pas en rajouter nous-mêmes. Donc je trouve que, et moi, dans mon exercice professionnel, je passe mon temps à voir des femmes mal parler des femmes. Ah non mais celle-là, travaille pas avec elle, ça va être hyper dur. Ok, tu dis ça pourquoi ? On me l'a dit. Qui te l'a dit ? Qu'est-ce qu'on t'a dit ? Pourquoi il te l'a dit ? Ah, le nombre de femmes que j'ai appelées. dans mon bureau, de comédienne, de réalisatrice, d'auteur, que j'ai rencontré bien comédie. Non, vous ne savez pas avec elle, ça va être un enfer. Et qui sont des femmes justes, formidables, normales. sympathiques, avec des défauts. C'est incroyable comme les femmes parlent mal des femmes.
- Aurore Mayer
Et vous pensez que ça vient de quoi ? De la société ? Ça vient de la concurrence entre les femmes qu'on a mises ?
- Maïtena Biraben
Ça vient de ces injonctions diverses qui sont Attention, préservons-nous, elle déborde, elle va nous faire du mal à toutes. C'est comme si... En fait, comme on doit prendre une place qui ne nous est pas donnée, celles qui le font, on les remercie, mais en même temps, on les craint un peu. On les redoute, elles nous dérangent, on va mal parler. Et puis, comme de toute façon, tout le monde dit qu'elles sont hystériques, c'est quand même plus commode et plus confortable d'aller dans le discours qui est répandu. Moi, je n'ai aucun problème à ne pas être dans le commun. Je tiens à être absolument singulière. Je pense que je réussis assez bien, d'ailleurs. Tout à fait. Mais ce n'est jamais à zéro qui me concerne. Non, mais j'y tiens vraiment. Je me souviens très bien, enfant, je m'étais dit, je veux être tout sauf banal. Et c'était pas un égo.
- Aurore Mayer
Non, bien sûr.
- Maïtena Biraben
Ça aurait pu très bien être de l'égo. C'était, il faut que je vive ma vie, j'ai qu'une vie. Après, c'est fini, personne ne va vivre ma vie à ma place. Je me suis bagarrée beaucoup, beaucoup, beaucoup, pour que ma vie soit ma vie. Ça ne veut pas dire que j'ai réussi, mais j'ai toujours eu dans la tête, et c'est pas grave d'avoir toujours réussi, j'ai toujours eu dans la tête que ma vie, je devais prendre mes décisions, que c'était ma vie à moi. Et qu'il fallait que je la... Que je fasse mes erreurs. C'était ma vie. Personne ne peut la vivre à ma place.
- Aurore Mayer
Vous avez dit quelque chose de très intéressant. Moi, c'est vraiment ce que je perçois en vous. Mais je pense que je ne suis pas la seule. Vous allez prendre votre place. Et souvent, les femmes qui n'osent pas, qu'est-ce que vous pourriez leur donner comme conseil ? Comment aller chercher sa place ? Qu'est-ce qu'il faut faire ? Quelles sont les clés ?
- Maïtena Biraben
Il ne faut pas réfléchir. Moi, je ne me prends pas la tête en même temps. Vraiment, je ne pense pas avoir de leçons à donner. On dit souvent que j'ai un fort caractère, alors que je suis le meilleur des petits soldats. Mais vraiment, il n'y a pas quelqu'un qui... Je n'ai aucun sens de la hiérarchie, mais j'ai le respect des gens, tout le temps. En tout cas, j'essaye. Vraiment, s'il y a un truc que je n'aime pas, c'est l'absence de respect, le mépris. Pour moi, ce n'est pas possible. Mais je n'ai pas la voix de mon patron. C'est la voix de mon patron, mais ce n'est pas... Je n'en sens pas, quoi. Ce n'est pas divinisé. Ce n'est pas parce que c'est mon patron que je suis compliante. Je n'ai aucune raison. Si ce que mon patron me dit est idiot, c'est idiot. Alors, je vais un peu comme ça, parce que c'est mon patron. Je ne suis pas idiote. Mais bon, voilà. Il y a des gens qui ne sont pas mes patrons, qui m'ont dit des choses, qui m'ont fait beaucoup plus changer, qui m'ont interpellée. Donc, je pense qu'il ne faut pas trop réfléchir. Il faut savoir ce dont on a envie. ou croire à ses intuitions. Et moi, si je m'étais positionnée comme une femme vis-à-vis de tous les patrons avec lesquels j'ai bossé, je pense que je n'aurais pas fait la carrière que j'ai faite. Je ne me suis jamais dit je suis une femme Bon, je l'ai effacée aussi, si je suis tout à fait honnête. Je l'ai effacée, vous voyez, je suis avec des baskets, un jean, un pull. Je m'habille comme ça depuis 40 ans. Parce que j'ai voulu effacer la femme pour qu'on me voit moi, pas qu'on voit la fille. D'accord. Je regrette ça, c'est dommage. J'aurais adoré pouvoir être... J'aurais adoré pouvoir être en même temps très féminine et quelqu'un.
- Aurore Mayer
C'est le cas, moi je trouve que c'est le cas.
- Maïtena Biraben
Je ne vous dis pas que je ne suis pas masculine, mais je ne suis pas les attributs de la féminité.
- Aurore Mayer
Vous faites attention des fois, vous avez envie de mettre quelque chose, vous dites attention.
- Maïtena Biraben
Non, c'est devenu un code chez moi, donc je n'ai même plus besoin de faire attention. Mais je ne me suis jamais présentée au monde comme étant une femme, en fait. Ça ne veut pas dire qu'on ne m'a pas perçue comme étant une femme. Je pense que les femmes, elles devraient arrêter de réfléchir et si elles ont envie de faire quelque chose, qu'elles le fassent. De toute façon, il y aura des gens sur le chemin pour leur dire tu ne devrais pas, il ne faudrait pas, tu ne le fais pas comme il faut. Bon, ok, ils seront là de toute façon, donc fais-le. Oui, oui. Ce que je veux dire, c'est que vraiment ce que je porte au plus profond et je sais que ça peut sembler réac et ça ne l'est pas du tout, du tout, du tout. Les engueules, elles sont là. Donc c'est pas la peine de s'en rajouter. Les gens qui vont nous empêcher, ils sont là. Donc c'est pas la peine de s'en rajouter. Les croyances limitantes, il faut pas vivre avec ça. Pour moi, c'est de l'automutilation. On n'a pas besoin de s'automutiler. Si on a envie de faire quelque chose, on le fait. Et si quelqu'un essaie de nous arrêter... On l'outrepasse, on le déjoue, ou on n'y arrive pas. Allez sur le chemin. Si on ne va pas sur le chemin, vous savez pourquoi les femmes ne sont pas augmentées ? Parce qu'elles ne demandent pas d'augmentation. Vous comprenez cette phrase ou pas ? Moi, je ne peux pas accepter ça. C'est fou. Donc mesdames, si vous m'entendez, vous vous levez. Non, vous restez assise, vous prenez votre téléphone, vous appelez le DRH, vous demandez un entretien, vous allez à votre entretien, vous frappez à la porte, vous dites bonjour madame, bonjour monsieur, je viens vous voir pour avoir une augmentation. Vous avez beaucoup plus de chances de l'avoir en faisant ça qu'en ne le faisant pas et en attendant la validation de votre supérieur qui vous dise tu as bien travaillé, bravo.
- Aurore Mayer
Allez, non.
- Maïtena Biraben
Les garçons sont augmentés parce qu'ils le demandent.
- Aurore Mayer
Ils le demandent.
- Maïtena Biraben
Et ils ont raison.
- Aurore Mayer
Ils sont habitués aussi,
- Maïtena Biraben
peut-être. Oui, mais tant mieux. Oui,
- Aurore Mayer
bien sûr.
- Maïtena Biraben
Moi, personne ne m'a dit, tu ne dois pas aller demander une augmentation. Oui,
- Aurore Mayer
il faut aller le chercher. Ben oui. Il faut aller le chercher. Quand j'entends ce que vous dites, je trouve, par rapport à la hiérarchie au respect, je trouve qu'en fait, ce que vous considérez qui est assez intéressant, je trouve, c'est qu'on est tous égaux en tant qu'êtres humains. Il y a une espèce de notion d'égalité. Non, mais c'est bien de le dire. Oui, quand même, mais en même temps, cette notion-là, c'est de dire je respecte, mais en même temps, on est tous égaux et chacun a du poids. On parle beaucoup de management de plus en plus en concertation et de gens de différents types de postes qui peuvent apporter aux autres et notamment des femmes aussi qui sont dans des instances où il n'y a pas de femmes pour apporter aux autres. C'est un peu ça, quelque part, non ?
- Maïtena Biraben
Comme tout le monde, j'ai grandi dans la même société que tout le monde en étant une petite fille, une jeune fille, une jeune femme et une femme. Donc, Comme tout le monde, je me suis dit que je n'avais pas ma place, que j'étais une impostrice. Et un jour, d'ailleurs, je pense que c'est au moment des maternelles, je me suis dit, j'ai aucun goût pour la souffrance. Aucun. Je n'ai pas d'envie de ça, du tout. Donc, je sais que ça me torturait, je n'étais pas bien, etc. Je me dis, OK, il faut que je règle ça. Et en fait, à un moment, j'étais assise dans un fauteuil. Oui, c'était sur le plateau des maternelles. Et je me suis dit, écoute, maintenant, t'arrêtes. Si t'es là, c'est que t'as le droit. Voilà.
- Aurore Mayer
Et c'était le déclic.
- Maïtena Biraben
Pardon, mais quand on a un travail, on est engagé. Si on est engagé, c'est que les gens voient bien les qualités chez nous. Donc une fois qu'on est engagé et qu'on a vu des qualités chez nous, pourquoi passer son temps à se demander si on a les qualités, que la personne pensait qu'on avait des qualités, qu'on n'a peut-être pas, qu'il faudrait peut-être les avoir ? Non, vous les avez en fait.
- Aurore Mayer
Et en même temps, Maïtena, j'ai envie de vous dire, vous avez travaillé sur les maternelles, vous sortez Mesdames. Il y a une espèce de fil conducteur quand même, une espèce de combat pour les femmes quand même, non ? Oui,
- Maïtena Biraben
mais ce n'est pas un combat. Je ne suis pas militante, mais c'est un engagement.
- Aurore Mayer
Un engagement ?
- Maïtena Biraben
D'abord parce que j'aime infiniment les femmes. En fait, elles m'émeuvent de fond. Mais vraiment, je peux me mettre à pleurer en vous disant ça. Moi, je n'ai pas peur de pleurer. Je serais très beau de vivre des émotions et de les partager. J'adore ça, moi. Ce n'est pas un signe de faiblesse. Donc, c'est très beau. Moi, je n'ai pas de problème avec ça. Donc, je trouve que les femmes, oui, sont vraiment éblouissantes. Parce que vous et moi, et toutes les femmes, quand on croise une autre femme, on sait d'où elle vient. On sait ce qu'elle a traversé. On sait qu'avant d'arriver à 9h du mat, elle a pris les transports en commun, le bus, sa bagnole, selon où elle habite, qu'elle a géré le déjeuner des petits, si jamais ils rentrent de la cantine, qu'elle a... payer l'association sportive, qu'elle a pensé à mettre sur la table parce que papa, machin, bidule, truc, va emmener le petit chez le pédiatre, le carnet de santé à jour, qu'elle a acheté il y a trois semaines le vaccin qui est dans la porte du frigidaire parce qu'il y a le rendez-vous à 17h et qu'elle part un peu plus tôt. Je le sais, quand je vois les femmes, moi, je vois tout ça. Je vois tout ça. Et j'ai une espèce de truc. Oh meuf, viens, va se faire un câlin. C'est pas possible, en fait. C'est pas possible. C'est pas possible, faut qu'on arrête ça.
- Aurore Mayer
Cette charge qu'on a.
- Maïtena Biraben
Vas-y, je sais que tu l'as vécu. Vas-y, viens, je te fais un câlin. Je force sur toi, vas-y, ma poulette. On est plus fortes,
- Aurore Mayer
alors, en fait.
- Maïtena Biraben
Oui, mais moi, être plus forte, je trouve ça super bien. Avoir du courage, parce que je suis obligée, j'ai pas envie, en fait. Je trouve ça super d'avoir du courage. Moi, je viens du Sud-Ouest, le panache, c'est hyper valorisé. J'adore ça. Mais j'ai envie d'en avoir parce que j'ai envie d'en avoir. Pas parce qu'on m'oblige à en avoir, en fait. Pas parce qu'on m'oblige à ce que ce soit plus dur. Pas parce que ça va être plus compliqué. Pas parce qu'il va falloir travailler plus parce que je suis une fille. Pas parce qu'il va falloir prouver plus parce que je suis une fille. Non, en fait. Le chemin est long, etc. On le fait tous les jours, on participe de ça. Voilà, mais je trouve que, oui, les femmes sont... Et donc, à 50 ans, je me retrouve... Moi, je suis très passionnée pour moi-même. Je m'aime suffisamment. J'ai un égo très satisfait, je vous le dis. Et donc, moi, j'aime qu'on parle de moi. J'aime que quand on parle de quelque chose, on me le ramène à moi. Sinon, ça ne m'intéresse pas trop, vous voyez ? Donc, je pense qu'on est tous comme ça. Je pense qu'on a tous besoin de percevoir l'universel dans l'histoire qu'il nous a racontée. Donc, on nous parle de nous, en fait. Et donc, quand j'ai 50 ans, je me retrouve confrontée à un truc où je suis dans mon dressing et je me dis non, mais ça, je ne peux plus le mettre. C'est plus de mon âge. Puis je me dis mais pourquoi tu dis ça ? Pourquoi tu dis ça ? En dehors du fait que ce n'est plus à ma taille, ce qui est un peu problématique. Plus de mon âge, je ne comprends pas pourquoi. Et puis, je vois bien que... Le regard sur moi n'est pas le même, et ça je pense que toutes les femmes le perçoivent. Il y a un truc de... Nous on continue de se percevoir, moi j'ai 28 ans dans ma tête pour toujours, je continue de me percevoir comme ça, je suis la même personne à l'intérieur, etc. Mais je vois bien que dans le regard des autres, et en particulier des plus jeunes, qu'est-ce qu'elle fait la folle ? Qu'est-ce qu'elle fait la dame ? Qu'est-ce qu'elle fait la vieille ? Je le perçois, je le vois bien. Il y a un truc comme ça qui nous arrive, qu'on perçoit. Ça s'appelle vieillir, il n'y a pas de sujet. Je change de place, mais on le vit tous à notre insu, en fait. Et je vois qu'avec ce changement de place, il y a de nouveau ce que je combats depuis que j'ai 7 ans, les injonctions à ce que je dois être. Je ne peux plus parler comme ça, je ne peux plus m'habiller comme ça, je ne peux plus... Mais... Je suis une adulte, en fait. C'est inacceptable. À quel adulte on infantilise comme ça, en lui expliquant comment elle doit s'habiller, qu'elle doit se couper les cheveux parce que ça fait remonter les rides, qu'elle doit... Enfin, comment ? Une des magazines féminins que j'ai toujours... Je n'ai jamais compris. Mais là, vraiment, à cet âge-là, c'est insupportable. Les trois kilos avant le maillot. Oui. Non, mais les gars. Oui. Mais d'où les trois kilos avant le maillot ? C'est ça. Alors que ce qui compte... Pardon. Pourquoi est-ce que... elle ne fait pas la une sur les articulations. Les articulations, c'est juste la possibilité de votre indépendance. Si vous n'avez plus de cheville et de genoux, vous êtes dépendante. Donc, ce qui urge, ce n'est pas le lifting. Si vous avez envie d'étirer le lifting, et moi, ça m'intéresse beaucoup, la question du lifting. Mais d'abord et avant tout, qu'est-ce que je fais pour mes articulations, s'il te plaît ? Parce que je n'ai pas envie de me retrouver dans un fauteuil roulant et je n'ai pas envie qu'on me mette dans un Ehpad. Pourquoi on ne nous parle pas de ça ? C'est fou, pourquoi est-ce que j'ai l'injonction à rester belle ou à... Maintenant, c'est bien vieillir. Je veux bien bien vieillir, je veux bien rester belle, mais je veux peut-être avoir envie de le décider, en fait. Le discours sur les femmes, il pèse. Et certaines femmes, il les assigne. Il les assigne complètement. Le nombre de femmes, depuis qu'on a créé le Média Mesdames, qui nous disent... Alors, en fait... Je ne suis pas obligée d'eux ? Non, tu n'es pas obligée d'eux. Si tu as la patate, que tu as le sourire et que tu as envie de teindre tes cheveux en rose ou de couper tes cheveux courts ou de te mettre au macramé ou de faire du parachute, c'est quoi le problème ? Bien sûr qu'on a le droit.
- Aurore Mayer
Il y a une peur des femmes. Parce que c'est vrai que quand on regarde, finalement, pourquoi ? Je m'interroge.
- Maïtena Biraben
François Véritier dit qu'au point de départ de tout, il y a donner la vie. Elle donne la vie, ce qui est quand même d'une puissance extraordinaire. François Zéritier, elle était anthropologue, et elle a beaucoup, beaucoup travaillé sur, justement, cette vision, sur l'essence même de la séparation. Et le fait de donner la vie est quelque chose qui est fondamental. Donc, on a besoin d'elle. Donc, si on a besoin d'elle, il faut... prendre le pas sur elles. Sinon, elles vont faire ce qu'elles veulent.
- Aurore Mayer
Surtout, vous, vous êtes vraiment un modèle, pour moi, quand je vous entends, je l'avais déjà perçu, mais en plus, quand on vous rencontre, c'est tellement énorme, vous êtes un modèle de liberté. La liberté, pour vous, c'est très fort, en tout cas, je pense, d'être libre.
- Maïtena Biraben
Je découvre que je suis quelqu'un de très libre avec mon associé. Ça fait cinq ans qu'on a monté Mesdames Productions avec Alexandra. Et Alexandra... Avoir une associée, c'est un autre couple en fait. Et Alexandra, souvent, elle me regarde et elle fait... Je dis, ben quoi ? Elle me dit, mais... Ah ouais, t'os ça, toi ? Je dis, ben... Pourquoi ? Il y a la police ? Comment ça se passe ? On va m'arrêter ? On est en danger ? Donc, je pense que je... C'est ma vie, en fait. C'est ma vie. Voilà.
- Aurore Mayer
Depuis que jour ?
- Maïtena Biraben
J'ai toujours ressenti que c'était ma vie. Moi, j'ai vu ma mère ne pas avoir sa vie. Et j'ai vu la douleur dans laquelle ça l'a mise, la colère dans laquelle ça l'a enfermée et la méchanceté dans laquelle ça l'a rendue. Moi, je ne veux pas passer à côté de ma vie comme ça. Ma mère était une femme brillante, brillante. Elle aurait pu amener à la société énormément de choses. qu'il n'en a pas voulu et qu'il a poussé en lui disant Arrête ça s'il te plaît, parle moins fort.
- Aurore Mayer
Oui, parle moins fort.
- Maïtena Biraben
Parle moins fort. Moi, quelqu'un me dit parle moins fort mais franchement, ça me met dans un état de colère. Mais tous les hommes avec lesquels j'ai été m'ont dit parle moins fort. Oui,
- Aurore Mayer
bien sûr. On entend souvent ça.
- Maïtena Biraben
Mon mari m'a dit parle moins fort. J'ai dit tu me regardes bien, tu me le redis une fois, tu ne m'entends plus. Mais tu ne m'entends plus pas parce que je parle doucement, c'est parce que je ne suis plus là en fait. Parle moins fort.
- Aurore Mayer
Parle moins fort.
- Maïtena Biraben
Mais parce qu'il y a un... Qui décide de son auquel je parle ?
- Aurore Mayer
Waouh ! Et ça, on entend souvent ça, effectivement.
- Maïtena Biraben
Le parlant moins fort, moins fort,
- Aurore Mayer
soit moins si...
- Maïtena Biraben
Moi, j'ai pas... C'est à l'intérieur, on ne peut pas l'accepter. Je n'y arrive pas. Donc après, je me suis beaucoup battue contre, et on a perdu quand on se bat contre.
- Aurore Mayer
Et qu'est-ce qu'on peut faire,
- Maïtena Biraben
alors ? Il faut se battre pour.
- Aurore Mayer
Ah, ouais.
- Maïtena Biraben
Ça donne le sourire.
- Aurore Mayer
Intéressant. Ouais. Il faut se battre pour.
- Maïtena Biraben
Ouais, je crois.
- Aurore Mayer
Maïté, là, est-ce que vous, vous avez un rôle modèle ?
- Maïtena Biraben
Alors j'ai un petit...
- Aurore Mayer
Quelqu'un qui vous inspire.
- Maïtena Biraben
Moi, Gisèle Halimi, je trouve, est un personnage... Alors, elle, elle était libre. Elle, elle était libre. Enfant, petite. Elle voit que ses frères ne sont pas traités de la même manière qu'elle, qu'il faut qu'elle range leur chambre, qu'elle fasse le dîner, machin, etc. Et elle, elle dit, ben non, en fait. Et pour gagner, pour avoir gain de cause, elle fait une grève de la faim. Enfant.
- Aurore Mayer
C'est vrai,
- Maïtena Biraben
c'est fou. Enfant, c'est fou. La clairvoyance, c'est très difficile de sortir de là où on est, d'avoir une vision de là où on est. Il faut monter vraiment très haut pour se voir. C'est très difficile de s'extraire. Elle, elle s'extrait, elle met en place une stratégie et elle gagne. Moi, je me suis extrait. Et je me suis tordue les bides. J'aurais adoré savoir mettre en place une stratégie et gagner. Elle, elle l'a fait. J'ai une immense admiration pour ça. J'ai un immense respect pour Simone Veil et ce qu'elle a traversé et ce que ça lui a donné l'envie de faire pour le reste du monde. Et en particulier, c'est marrant parce que ce n'est pas ce dont on parle le plus. pour les femmes prisonnières pendant la guerre d'Algérie. Elle a été extraordinaire. J'ai en général beaucoup de respect pour les femmes qui ont beaucoup souffert, mais qui ont dit. Et le fait de dire, elles ont gagné... Une dignité. OK, c'est vos règles du jeu. OK, je les encaisse, mais je vous vois, en fait. Je vous vois et je suis... Et j'aime pas ce que vous faites. Des actrices ont fait ça, des artistes ont fait ça. Voilà, je suis beaucoup de... Je trouve ça assez admirable, en fait. Après, les rôles modèles, je sais pas. Je trouve que c'est très américain. Les rôles modèles... Je ne sais pas, je pense que...
- Aurore Mayer
Les gens qui inspirent plutôt.
- Maïtena Biraben
Oui, je ne sais pas, je trouve que... Je suis sûre qu'il y a des gens dans les bureaux dont la voisine ou le voisin du bureau fait un truc, on se dit Ah, j'aimerais bien le faire. J'aime bien qu'elle sache faire ça. Je veux dire, tout le monde est rôle modèle. Enfin, tout le monde est...
- Aurore Mayer
Oui, j'arrive pas à mettre quelqu'un au-dessus, en fait. J'ai pas très envie.
- Maïtena Biraben
Oui, je comprends. Moi, j'ai envie d'être au milieu et avec. C'est logique avec tout ce que vous avez.
- Aurore Mayer
J'ai envie d'être avec, moi. J'ai pas du tout envie de... Mais après, oui, il y a des femmes extraordinaires. Je crois pas être une femme extraordinaire, en vrai. J'aimerais. Et si je le pensais, je vous le dirais. Vraiment. Mais je disais, à la limite, c'est une femme extraordinaire. Oui. En plus, elle a fait énormément de choses pour les femmes. Alors, moi, j'essaye. Si, honnêtement, si j'ai... Si à la fin, je l'ai dit à Alexandra Cru, mon associée, je lui ai dit, franchement, moi, j'ai 57 ans, donc dans trois ans, j'ai 60 ans. C'est une blague. Regarde-moi bien. Elle est énorme ou pas, celle-là ? Elle est énorme, cette frêle. Oui, moi, dans trois ans, j'ai 60 ans. Elle blague. Chez vous. Mais moi, ça me va, j'adore. Je l'aime trop. Donc, si dans trois ans, j'ai fait les maternelles,
- Maïtena Biraben
et on a réussi mesdames franchement je serais fière de moi ouais je serais fière de moi nous on a beaucoup de femmes dans le groupe La Poste on est 52% de femmes donc on a plus de femmes que d'hommes grosso modo mais plus on monte dans les niveaux c'est un peu partout même si on n'a pas du tout à rougir et on se rend compte qu'il y a des femmes qui effectivement n'osent pas, il y a des hommes qui leur disent peut-être aussi tu parles trop fort et des femmes qui leur disent aussi ça, qu'est-ce que vous leur donneriez comme conseil ?
- Aurore Mayer
Oser mesdames... Osez, prenez votre place. Personne n'a jamais donné sa place à personne. Les garçons, eux, ils se font des clubs, ils se cooptent et ils cèdent à monter. C'est tellement intelligent. Pourquoi est-ce qu'on ne fait pas ça ? C'est juste qu'ils ont plus l'habitude de gérer le business, mais on peut le faire. Jusqu'à preuve du contraire, qu'est-ce qui vous empêche de penser que vous ne pouvez pas faire un bilan ? Ouvrir une boîte, postuler à telle... C'est du... Je suis très, très, très interloquée par les pensées limitantes. Oui. Moi, j'en ai aucune. Oui,
- Maïtena Biraben
c'est génial.
- Aurore Mayer
Je n'en ai aucune. Oui, c'est ce que me dit mon associé. Il me dit, mais t'es lunaire. Il n'y a pas une fille qui n'a pas de pensées limitantes. Je dis, mais pourquoi ? En fait, moi, si on me donne une explication... Mais si on ne m'en donne pas, pourquoi est-ce que je ne serais pas capable de faire ça ? Parce que mon anatomie est différente ? Ça n'a pas de sens. On est d'accord. Cette phrase, elle ne fonctionne pas. Ce n'est pas parce que j'ai des seins que je ne peux pas faire de comptabilité.
- Maïtena Biraben
Il nous parle beaucoup de postes de dirigeants, notamment. Je ne vois pas. Ça ne m'imite pas.
- Aurore Mayer
Ça ne me tient pas à la route. Je n'arrive pas à le comprendre. Et je ne vois pas, si on arrive à se poser la question toute... Aussi simplement que ça, moi, je crois beaucoup aux choses simples, en fait.
- Maïtena Biraben
La logique.
- Aurore Mayer
Ben oui. Basique. Si moi, on m'explique que parce que j'ai des seins, je ne peux pas faire ça, et que c'est rationnel, je vais me dire, je ne peux pas. Mais pourquoi est-ce que je ne pourrais pas être dans un grand bureau, les pieds sur la table, en faisant rentrer des gens, en disant, laissez-moi, Georges, ou rentrez, Martin, parce que j'ai des seins. Je ne vois pas le rapport, il n'y en a Donc, je peux le faire.
- Maïtena Biraben
Génial.
- Aurore Mayer
Voilà. Donc, il faut juste combattre. C'est à nous de combattre d'abord pour nous-mêmes. Il faut arrêter de raconter que le reste du monde est contre nous. Déjà, faisons-nous nous-mêmes des freins et des sabots qu'on se met au pied pour s'empêcher de marcher. Et puis ensuite, on combattra l'autre en face. Mais déjà, arrêtons de nous empêcher. Je trouve ça fou de s'empêcher. C'est les femmes qui s'auto-empêchent. Il faut y aller, quoi. Il faut s'autoriser. Il faut s'aimer, il faut se considérer, il faut se respecter, il faut avoir envie, il faut viser la lune, ça ne me fait pas peur. Non, mais franchement, il y a suffisamment de gens qui vont vous empêcher d'y aller pour que vous ne vous mettiez pas au chemin. Il n'y a aucune raison.
- Maïtena Biraben
Merci beaucoup, Maïtena, en tout cas, vraiment, pour ce moment incroyable. Et je crois que tous nos... Toutes les personnes qui nous regardent, qui vont nous écouter, ont beaucoup appris. En tout cas, moi aussi, c'était un plaisir.
- Aurore Mayer
J'espère que les hommes écoutent.
- Maïtena Biraben
Normalement, écoutez, en tout cas, les hommes font...
- Aurore Mayer
Parce que moi, les hommes, je les trouve plein de tendresse pour les femmes, en fait. Beaucoup, beaucoup de tendresse. Beaucoup de méconnaissances, beaucoup de... Parce que nous aussi, le nombre de fois où on est dans des trucs, on est hyper heurtés. Parce que pour nous, c'est des évidences qu'on ne leur a jamais dites. Donc, ils ne sont juste pas au courant. Et ça franchement, moi je trouve qu'il y a une tendresse des hommes pour les femmes et qui... Moi je... Oh j'aime tout le monde ! La fille est folle.
- Maïtena Biraben
Nous, à notre réseau Parité, il y a des hommes et des femmes. Bien sûr. C'est important, c'est un réseau de femmes, il y a des hommes et des femmes.
- Aurore Mayer
Ah non, la Parité, c'est la solution de tout le monde.
- Maïtena Biraben
C'est la solution de tout le monde.
- Aurore Mayer
Pas le problème de tout le monde. Donc, je vous donne rendez-vous pour une prochaine émission du réseau Parité 1-1 le mois prochain. Merci Maëténa. Merci. À bientôt. Au revoir.