20 ans d'innovation éditoriale dans les médias, avec Philippe Couve cover
20 ans d'innovation éditoriale dans les médias, avec Philippe Couve cover
A Parte

20 ans d'innovation éditoriale dans les médias, avec Philippe Couve

20 ans d'innovation éditoriale dans les médias, avec Philippe Couve

28min |05/02/2020
Play
20 ans d'innovation éditoriale dans les médias, avec Philippe Couve cover
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A Parte

20 ans d'innovation éditoriale dans les médias, avec Philippe Couve

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28min |05/02/2020
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Description

Dans cet épisode spécial, Philippe Couve raconte ses aventures dans le monde de l’innovation éditoriale à l’occasion des Rencontres de la vidéo mobile qu’il organise le 6 février à Paris, avec son entreprise Samsa.fr. L' édition 2020 de l’événement élargit le spectre des innovations et propose une plongée dans les tendances du moment : podcast, stories, engagement...

Pionnier de l’internet dans les années 2000 à RFI, le journaliste y crée l’Atelier Médias. Cette “web-émission” - qui poursuit sa route depuis 2007 au fil de ses animateurs - innove à l’époque notamment avec sa communauté de 800 mondoblogeurs africains. 

En 2010, Philippe Couve devient formateur et lance Samsa.fr. Un passage presque fortuit dans le monde de l’entrepreneuriat pour accompagner les médias dans leur transition numérique, en commençant par investir les terres vierges de la vidéo sur mobile. Chef d’entreprise, il innove dans la manière de travailler : l’usage d’outils collaboratifs permet à son équipe de jongler avec d’autres activités, à Paris ou ailleurs.

Pour toutes ces raisons, A Parte a décidé d’accueillir à sa réalisation cette équipe inspirante et passionnée par les mêmes sujets d’innovations dans le monde de l’info. A suivre...

-----

Pour aller plus loin


Les sons de cet épisode


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L'essentiel de l'épisode

L’innovation éditoriale en 2020

[00:03:43]  Lorsque j'ai vu arriver les smartphones qui pouvaient faire de la vidéo, je me suis dit: là, il y a un truc qui est en train de se passer. 

J'avais vu auparavant les blogs et les blogs avaient donné à tout un chacun la possibilité de prendre la parole en texte, et éventuellement en images mais principalement en texte. Et là, je voyais avec cet iPhone que Steve Jobs était en train de présenter, version après version, avec des capacités vidéo qui étaient en train d'augmenter, quelque chose qui était de même nature, donnant à tout un chacun le pouvoir de produire de la vidéo. Et donc, on a commencé comme ça.

[00:05:10] Lorsqu' aujourd'hui on s'adresse à des audiences qui sont sur des plateformes numériques, on ne peut pas s'adresser de la même manière qu'on le faisait lorsqu'on était sur des médias généralistes qui, dans l'idée, touchent tout le monde. Aujourd'hui, ce n’est plus du tout la situation. Et puis, on doit essayer de voir comment on peut tourner un peu les choses, les bricoler. 

[00:06:27]  On avait vu que le texte avait été mis entre les mains de tout le monde. On peut aujourd'hui publier du texte sans avoir des connaissances techniques particulières et pas de budget. On peut faire de la vidéo à peu près dans les mêmes conditions. Il restait un dernier pan, sur l'audio. Et aujourd'hui, avec le podcast, on voit qu(avec des moyens relativement faibles et des connaissances, des compétences relativement limités, on peut arriver tout un chacun à prendre la parole et beaucoup de gens le font.  

[00:07:06] Texte, vidéo et audio aujourd'hui sont rentrés de plain-pied dans l'ère numérique. Les prochaines ? Je ne sais pas, c'est un peu compliqué. Il y a beaucoup de choses qui sont en train de se passer au niveau des stories, sur la manière dont on conçoit, dont on rend visibles des contenus à travers les stories. C'est quelque chose de complètement nouveau dans l'appréhension que peuvent en avoir les professionnels. 

Pourquoi des Rencontres ?

[00:09:18]  On s’est que le plus simple, ce serait de regrouper tout le monde et que chacun vienne raconter sans faux-semblants, je dis à chaque fois “c'est 0% bullshit”. On a essayé tel truc, ça n'a pas marché, mais on l'a fait autrement. Et que chacun raconte là où il s'est planté, là où il a réussi à surmonter les difficultés. Là où ça a un peu marché. Là où ça a très bien marché, etc. 

Et après, il ne faut pas cacher non plus, ça a servi pour la visibilité et pour la crédibilité de Samsa.fr. 

Le numérique dans les rédactions

[00:11:30]  Il y avait, dans la décennie 2000-2010, énormément de gens à convaincre. C'était très difficile et vraiment pas pas gagné. On était un certain nombre dans différents médias. Je pense notamment à Johan Hufnagel qui était à l'époque responsable du site de Libé, où on galérait chacun de chacun de notre côté pour essayer de convaincre les “vrais journalistes” de venir faire quelque chose sur Internet. 

[00:12:00] Ensuite, j'ai quitté techniquement le journalisme pour monter Samsa et devenir plutôt formateur et consultant. C’est la décennie 2010-2020 et là, au contraire, ça a changé parce que maintenant, je vois les gens arriver, des gens qui ne voulaient pas entendre ce que je racontais, en me disant: est ce que tu peux nous expliquer ce que tu peux nous former? Est ce que tu peux nous accompagner? 

00:12:32] Avant, il y avait des gens qui disaient: moi Internet, jamais ! Aujourd'hui ça n'existe plus. On n'entend plus ça. Les questions qu'on entend aujourd'hui sont beaucoup plus intéressantes. Les questions qui émane des rédactions, c'est : oui mais comment je fais, je n’ai pas le temps. Et ça, ça fait remonter la préoccupation d'un cran. Ça fait remonter la préoccupation au niveau du management, au niveau des arbitrages qu'il peut y avoir à rendre. Comment faire en sorte que les gens aient le temps aussi de produire des contenus pour d'autres supports que la presse écrite si on est en presse écrite, la radio si on est en radio ou la télé si on est en télé ? 

[00:13:16] Dans cette couche du management intermédiaire, qui va grosso modo des chefs de service au rédacteurs en chef, il y a souvent des gens qui sont relativement mal armés pour répondre à ces questions et pour rendre ces arbitrages.

Pourquoi? Parce que ce sont des gens, qui aujourd'hui ont entre 40 et 50 ans, qui ont fait l'essentiel de leur carrière dans le média traditionnel, et ce qu'on leur a demandé pendant des années et des années, c'était de faire tourner le média traditionnel dans des conditions qui, notamment pour la presse écrite, étaient de plus en plus difficiles économiquement. 

Donc, ils avaient la tête dans le guidon, ils pédalait et ils essayaient de faire ce qu'on leur demandait le mieux possible. Résultat des courses beaucoup d'entre eux ont assez peu vu, assez peu pratiqué tout ce qui se passait dans le numérique. Et aujourd'hui, on leur dit il faut prendre ça en charge et souvent, ils sont pas très bien équipés pour faire ça. Et c'est là aussi où nous, on vient nous chercher 

[00:14:35]  Dès le début des années 2000, avec les grands reporters, mes anciens collègues qui partaient en reportage pour RFI, en Irak ou ailleurs, je pense notamment à Lucas Manget, c'était clair qu'il était impossible d'être sur le terrain dans des conditions de sécurité et de transmission difficiles, avec une antenne radio qui demandait de la production quasiment à jet continu, de travailler en plus pour Internet. 

En revanche, ce qui était possible, c'est que, après coup, après le retour, on pouvait faire des choses sur une temporalité différente. Je me souviens qu'on a fait des carnets de bord de reporters en Irak avec Lucas à l'époque, mais ça se faisait après coup, avec une écriture différente, avec beaucoup de photos qu'il avait prises sur le moment. Et donc on peut tout faire, mais pas forcément tout en même temps.

L’aventure Atelier des médias sur RFI

[00:16:50] L'émission est née en 2007, donc ça fait treize ans aujourd'hui. En France c’était la première proposition de ce genre qui était disponible. 

[00:17:51] Cette émission et les contenus diffusés sur les réseaux sociaux étaient notamment à destination de l'Afrique. C'est l'audience principale de RFI. Aujourd'hui, il m'arrive très régulièrement d'aller en Afrique francophone et que les gens me disent : moi, j'étais membre de la communauté de l'Atelier des médias et j'étais “mondoblogueur”. On avait initié avec Cédric Kalonji, une plateforme de blogs, Mondoblog, qui existe aujourd'hui et a accueilli près de 800 jeunes blogueurs, principalement africains, tous sélectionnés et qui ont fait des choses formidables par la suite. 

Devenir entrepreneur quand on est journaliste

[00:19:24] Survival is a Success. C'était l'un des titres d'un rapport du Reuters' Institute sur les pure players qui a été publié au milieu des années des années 2000. La survie est un succès. Pour les entrepreneurs, je pense que déjà être présents dix ans plus tard, c'est déjà un succès. 

[00:20:29] C'est aussi inventer un mode de travail. C'est des choses qu'on avait déjà commencé à faire du temps de l'Atelier des médias. On ne travaille qu'avec des outils collaboratifs. L'équipe chez Samsa.fr est composée de salariés dont beaucoup sont à temps partiel et une partie ne vit pas à Paris. 

Donc on travaille à distance, on travaille sur des modes non continus. Cela nécessite une grande flexibilité et une grande agilité. Et on a réussi à le faire et je pense que tout le monde y trouve son compte. Nos clients ne s'en aperçoivent absolument pas et ça ne constitue absolument pas un problème. Je pense que c'est une réussite parce qu'on doit aussi aujourd'hui réinventer la manière dont on travaille.

[00:23:32]  On a aujourd'hui une communauté d’une cinquantaine de formateurs, formatrices, experts, consultants, autour de Samsa.fr. J'ai la satisfaction, parce qu'ils me l'ont dit, qu'un certain nombre d'entre eux sont fiers de se retrouver dans cette communauté là. 

[00:23:30] Moi, je dirais que je suis devenu chef d'entreprise un peu par accident. Quand, il y a 10 ans, j'ai quitté RFI, il s'agissait de créer mon entreprise pour créer mon emploi. Je n'avais pas du tout comme plan d’avoir 10 ans après 10 salarié. 

Mais ce qui s'est passé, c'est que les choses allant bien, avec 25% de croissance chaque année depuis depuis 4 ans, on a pu embaucher des gens, on a pu croître et professionnaliser nos nos méthodes. 

Les choses se sont faites naturellement et pas sous la pression d'une levée de fonds parce qu'on n'a pas fait de levée de fonds, ou d'un actionnaire quelconque parce que le seul actionnaire jusqu'à il y a peu de temps c'était moi et que je n'ai jamais sorti un euro de dividendes de l'entreprise, donc tout a été entièrement réinvesti dans la boîte. 

[00:25:40]  Ce que je vois, en ayant ces échanges, c’est que les journalistes ont des tas d'avantages, savent faire un tas de choses, notamment en termes relationnels, comme poser des questions. Cela a l'air d'une banalité absolue mais quand on discute avec des créateurs d'entreprise qui viennent d'autres mondes, parfois ils sont confrontés à une question et ne pensent pas qu’ils peuvent poser la question.

Et pour nous, journalistes, c'est vraiment pas un problème. Donc il faut savoir qu'il y a des domaines dans lesquels on a des avantages comparatifs par rapport à d'autres, celui là et d'autres. En revanche, il y a des domaines sur lesquels on a au contraire des déficiences comparatives.

Et donc soit il faut se former soi même, soit il faut s'associer avec des gens qui ont des compétences complémentaires pour le faire. 

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Crédits 


Description

Dans cet épisode spécial, Philippe Couve raconte ses aventures dans le monde de l’innovation éditoriale à l’occasion des Rencontres de la vidéo mobile qu’il organise le 6 février à Paris, avec son entreprise Samsa.fr. L' édition 2020 de l’événement élargit le spectre des innovations et propose une plongée dans les tendances du moment : podcast, stories, engagement...

Pionnier de l’internet dans les années 2000 à RFI, le journaliste y crée l’Atelier Médias. Cette “web-émission” - qui poursuit sa route depuis 2007 au fil de ses animateurs - innove à l’époque notamment avec sa communauté de 800 mondoblogeurs africains. 

En 2010, Philippe Couve devient formateur et lance Samsa.fr. Un passage presque fortuit dans le monde de l’entrepreneuriat pour accompagner les médias dans leur transition numérique, en commençant par investir les terres vierges de la vidéo sur mobile. Chef d’entreprise, il innove dans la manière de travailler : l’usage d’outils collaboratifs permet à son équipe de jongler avec d’autres activités, à Paris ou ailleurs.

Pour toutes ces raisons, A Parte a décidé d’accueillir à sa réalisation cette équipe inspirante et passionnée par les mêmes sujets d’innovations dans le monde de l’info. A suivre...

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Pour aller plus loin


Les sons de cet épisode


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L'essentiel de l'épisode

L’innovation éditoriale en 2020

[00:03:43]  Lorsque j'ai vu arriver les smartphones qui pouvaient faire de la vidéo, je me suis dit: là, il y a un truc qui est en train de se passer. 

J'avais vu auparavant les blogs et les blogs avaient donné à tout un chacun la possibilité de prendre la parole en texte, et éventuellement en images mais principalement en texte. Et là, je voyais avec cet iPhone que Steve Jobs était en train de présenter, version après version, avec des capacités vidéo qui étaient en train d'augmenter, quelque chose qui était de même nature, donnant à tout un chacun le pouvoir de produire de la vidéo. Et donc, on a commencé comme ça.

[00:05:10] Lorsqu' aujourd'hui on s'adresse à des audiences qui sont sur des plateformes numériques, on ne peut pas s'adresser de la même manière qu'on le faisait lorsqu'on était sur des médias généralistes qui, dans l'idée, touchent tout le monde. Aujourd'hui, ce n’est plus du tout la situation. Et puis, on doit essayer de voir comment on peut tourner un peu les choses, les bricoler. 

[00:06:27]  On avait vu que le texte avait été mis entre les mains de tout le monde. On peut aujourd'hui publier du texte sans avoir des connaissances techniques particulières et pas de budget. On peut faire de la vidéo à peu près dans les mêmes conditions. Il restait un dernier pan, sur l'audio. Et aujourd'hui, avec le podcast, on voit qu(avec des moyens relativement faibles et des connaissances, des compétences relativement limités, on peut arriver tout un chacun à prendre la parole et beaucoup de gens le font.  

[00:07:06] Texte, vidéo et audio aujourd'hui sont rentrés de plain-pied dans l'ère numérique. Les prochaines ? Je ne sais pas, c'est un peu compliqué. Il y a beaucoup de choses qui sont en train de se passer au niveau des stories, sur la manière dont on conçoit, dont on rend visibles des contenus à travers les stories. C'est quelque chose de complètement nouveau dans l'appréhension que peuvent en avoir les professionnels. 

Pourquoi des Rencontres ?

[00:09:18]  On s’est que le plus simple, ce serait de regrouper tout le monde et que chacun vienne raconter sans faux-semblants, je dis à chaque fois “c'est 0% bullshit”. On a essayé tel truc, ça n'a pas marché, mais on l'a fait autrement. Et que chacun raconte là où il s'est planté, là où il a réussi à surmonter les difficultés. Là où ça a un peu marché. Là où ça a très bien marché, etc. 

Et après, il ne faut pas cacher non plus, ça a servi pour la visibilité et pour la crédibilité de Samsa.fr. 

Le numérique dans les rédactions

[00:11:30]  Il y avait, dans la décennie 2000-2010, énormément de gens à convaincre. C'était très difficile et vraiment pas pas gagné. On était un certain nombre dans différents médias. Je pense notamment à Johan Hufnagel qui était à l'époque responsable du site de Libé, où on galérait chacun de chacun de notre côté pour essayer de convaincre les “vrais journalistes” de venir faire quelque chose sur Internet. 

[00:12:00] Ensuite, j'ai quitté techniquement le journalisme pour monter Samsa et devenir plutôt formateur et consultant. C’est la décennie 2010-2020 et là, au contraire, ça a changé parce que maintenant, je vois les gens arriver, des gens qui ne voulaient pas entendre ce que je racontais, en me disant: est ce que tu peux nous expliquer ce que tu peux nous former? Est ce que tu peux nous accompagner? 

00:12:32] Avant, il y avait des gens qui disaient: moi Internet, jamais ! Aujourd'hui ça n'existe plus. On n'entend plus ça. Les questions qu'on entend aujourd'hui sont beaucoup plus intéressantes. Les questions qui émane des rédactions, c'est : oui mais comment je fais, je n’ai pas le temps. Et ça, ça fait remonter la préoccupation d'un cran. Ça fait remonter la préoccupation au niveau du management, au niveau des arbitrages qu'il peut y avoir à rendre. Comment faire en sorte que les gens aient le temps aussi de produire des contenus pour d'autres supports que la presse écrite si on est en presse écrite, la radio si on est en radio ou la télé si on est en télé ? 

[00:13:16] Dans cette couche du management intermédiaire, qui va grosso modo des chefs de service au rédacteurs en chef, il y a souvent des gens qui sont relativement mal armés pour répondre à ces questions et pour rendre ces arbitrages.

Pourquoi? Parce que ce sont des gens, qui aujourd'hui ont entre 40 et 50 ans, qui ont fait l'essentiel de leur carrière dans le média traditionnel, et ce qu'on leur a demandé pendant des années et des années, c'était de faire tourner le média traditionnel dans des conditions qui, notamment pour la presse écrite, étaient de plus en plus difficiles économiquement. 

Donc, ils avaient la tête dans le guidon, ils pédalait et ils essayaient de faire ce qu'on leur demandait le mieux possible. Résultat des courses beaucoup d'entre eux ont assez peu vu, assez peu pratiqué tout ce qui se passait dans le numérique. Et aujourd'hui, on leur dit il faut prendre ça en charge et souvent, ils sont pas très bien équipés pour faire ça. Et c'est là aussi où nous, on vient nous chercher 

[00:14:35]  Dès le début des années 2000, avec les grands reporters, mes anciens collègues qui partaient en reportage pour RFI, en Irak ou ailleurs, je pense notamment à Lucas Manget, c'était clair qu'il était impossible d'être sur le terrain dans des conditions de sécurité et de transmission difficiles, avec une antenne radio qui demandait de la production quasiment à jet continu, de travailler en plus pour Internet. 

En revanche, ce qui était possible, c'est que, après coup, après le retour, on pouvait faire des choses sur une temporalité différente. Je me souviens qu'on a fait des carnets de bord de reporters en Irak avec Lucas à l'époque, mais ça se faisait après coup, avec une écriture différente, avec beaucoup de photos qu'il avait prises sur le moment. Et donc on peut tout faire, mais pas forcément tout en même temps.

L’aventure Atelier des médias sur RFI

[00:16:50] L'émission est née en 2007, donc ça fait treize ans aujourd'hui. En France c’était la première proposition de ce genre qui était disponible. 

[00:17:51] Cette émission et les contenus diffusés sur les réseaux sociaux étaient notamment à destination de l'Afrique. C'est l'audience principale de RFI. Aujourd'hui, il m'arrive très régulièrement d'aller en Afrique francophone et que les gens me disent : moi, j'étais membre de la communauté de l'Atelier des médias et j'étais “mondoblogueur”. On avait initié avec Cédric Kalonji, une plateforme de blogs, Mondoblog, qui existe aujourd'hui et a accueilli près de 800 jeunes blogueurs, principalement africains, tous sélectionnés et qui ont fait des choses formidables par la suite. 

Devenir entrepreneur quand on est journaliste

[00:19:24] Survival is a Success. C'était l'un des titres d'un rapport du Reuters' Institute sur les pure players qui a été publié au milieu des années des années 2000. La survie est un succès. Pour les entrepreneurs, je pense que déjà être présents dix ans plus tard, c'est déjà un succès. 

[00:20:29] C'est aussi inventer un mode de travail. C'est des choses qu'on avait déjà commencé à faire du temps de l'Atelier des médias. On ne travaille qu'avec des outils collaboratifs. L'équipe chez Samsa.fr est composée de salariés dont beaucoup sont à temps partiel et une partie ne vit pas à Paris. 

Donc on travaille à distance, on travaille sur des modes non continus. Cela nécessite une grande flexibilité et une grande agilité. Et on a réussi à le faire et je pense que tout le monde y trouve son compte. Nos clients ne s'en aperçoivent absolument pas et ça ne constitue absolument pas un problème. Je pense que c'est une réussite parce qu'on doit aussi aujourd'hui réinventer la manière dont on travaille.

[00:23:32]  On a aujourd'hui une communauté d’une cinquantaine de formateurs, formatrices, experts, consultants, autour de Samsa.fr. J'ai la satisfaction, parce qu'ils me l'ont dit, qu'un certain nombre d'entre eux sont fiers de se retrouver dans cette communauté là. 

[00:23:30] Moi, je dirais que je suis devenu chef d'entreprise un peu par accident. Quand, il y a 10 ans, j'ai quitté RFI, il s'agissait de créer mon entreprise pour créer mon emploi. Je n'avais pas du tout comme plan d’avoir 10 ans après 10 salarié. 

Mais ce qui s'est passé, c'est que les choses allant bien, avec 25% de croissance chaque année depuis depuis 4 ans, on a pu embaucher des gens, on a pu croître et professionnaliser nos nos méthodes. 

Les choses se sont faites naturellement et pas sous la pression d'une levée de fonds parce qu'on n'a pas fait de levée de fonds, ou d'un actionnaire quelconque parce que le seul actionnaire jusqu'à il y a peu de temps c'était moi et que je n'ai jamais sorti un euro de dividendes de l'entreprise, donc tout a été entièrement réinvesti dans la boîte. 

[00:25:40]  Ce que je vois, en ayant ces échanges, c’est que les journalistes ont des tas d'avantages, savent faire un tas de choses, notamment en termes relationnels, comme poser des questions. Cela a l'air d'une banalité absolue mais quand on discute avec des créateurs d'entreprise qui viennent d'autres mondes, parfois ils sont confrontés à une question et ne pensent pas qu’ils peuvent poser la question.

Et pour nous, journalistes, c'est vraiment pas un problème. Donc il faut savoir qu'il y a des domaines dans lesquels on a des avantages comparatifs par rapport à d'autres, celui là et d'autres. En revanche, il y a des domaines sur lesquels on a au contraire des déficiences comparatives.

Et donc soit il faut se former soi même, soit il faut s'associer avec des gens qui ont des compétences complémentaires pour le faire. 

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Pionnier de l’internet dans les années 2000 à RFI, le journaliste y crée l’Atelier Médias. Cette “web-émission” - qui poursuit sa route depuis 2007 au fil de ses animateurs - innove à l’époque notamment avec sa communauté de 800 mondoblogeurs africains. 

En 2010, Philippe Couve devient formateur et lance Samsa.fr. Un passage presque fortuit dans le monde de l’entrepreneuriat pour accompagner les médias dans leur transition numérique, en commençant par investir les terres vierges de la vidéo sur mobile. Chef d’entreprise, il innove dans la manière de travailler : l’usage d’outils collaboratifs permet à son équipe de jongler avec d’autres activités, à Paris ou ailleurs.

Pour toutes ces raisons, A Parte a décidé d’accueillir à sa réalisation cette équipe inspirante et passionnée par les mêmes sujets d’innovations dans le monde de l’info. A suivre...

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L'essentiel de l'épisode

L’innovation éditoriale en 2020

[00:03:43]  Lorsque j'ai vu arriver les smartphones qui pouvaient faire de la vidéo, je me suis dit: là, il y a un truc qui est en train de se passer. 

J'avais vu auparavant les blogs et les blogs avaient donné à tout un chacun la possibilité de prendre la parole en texte, et éventuellement en images mais principalement en texte. Et là, je voyais avec cet iPhone que Steve Jobs était en train de présenter, version après version, avec des capacités vidéo qui étaient en train d'augmenter, quelque chose qui était de même nature, donnant à tout un chacun le pouvoir de produire de la vidéo. Et donc, on a commencé comme ça.

[00:05:10] Lorsqu' aujourd'hui on s'adresse à des audiences qui sont sur des plateformes numériques, on ne peut pas s'adresser de la même manière qu'on le faisait lorsqu'on était sur des médias généralistes qui, dans l'idée, touchent tout le monde. Aujourd'hui, ce n’est plus du tout la situation. Et puis, on doit essayer de voir comment on peut tourner un peu les choses, les bricoler. 

[00:06:27]  On avait vu que le texte avait été mis entre les mains de tout le monde. On peut aujourd'hui publier du texte sans avoir des connaissances techniques particulières et pas de budget. On peut faire de la vidéo à peu près dans les mêmes conditions. Il restait un dernier pan, sur l'audio. Et aujourd'hui, avec le podcast, on voit qu(avec des moyens relativement faibles et des connaissances, des compétences relativement limités, on peut arriver tout un chacun à prendre la parole et beaucoup de gens le font.  

[00:07:06] Texte, vidéo et audio aujourd'hui sont rentrés de plain-pied dans l'ère numérique. Les prochaines ? Je ne sais pas, c'est un peu compliqué. Il y a beaucoup de choses qui sont en train de se passer au niveau des stories, sur la manière dont on conçoit, dont on rend visibles des contenus à travers les stories. C'est quelque chose de complètement nouveau dans l'appréhension que peuvent en avoir les professionnels. 

Pourquoi des Rencontres ?

[00:09:18]  On s’est que le plus simple, ce serait de regrouper tout le monde et que chacun vienne raconter sans faux-semblants, je dis à chaque fois “c'est 0% bullshit”. On a essayé tel truc, ça n'a pas marché, mais on l'a fait autrement. Et que chacun raconte là où il s'est planté, là où il a réussi à surmonter les difficultés. Là où ça a un peu marché. Là où ça a très bien marché, etc. 

Et après, il ne faut pas cacher non plus, ça a servi pour la visibilité et pour la crédibilité de Samsa.fr. 

Le numérique dans les rédactions

[00:11:30]  Il y avait, dans la décennie 2000-2010, énormément de gens à convaincre. C'était très difficile et vraiment pas pas gagné. On était un certain nombre dans différents médias. Je pense notamment à Johan Hufnagel qui était à l'époque responsable du site de Libé, où on galérait chacun de chacun de notre côté pour essayer de convaincre les “vrais journalistes” de venir faire quelque chose sur Internet. 

[00:12:00] Ensuite, j'ai quitté techniquement le journalisme pour monter Samsa et devenir plutôt formateur et consultant. C’est la décennie 2010-2020 et là, au contraire, ça a changé parce que maintenant, je vois les gens arriver, des gens qui ne voulaient pas entendre ce que je racontais, en me disant: est ce que tu peux nous expliquer ce que tu peux nous former? Est ce que tu peux nous accompagner? 

00:12:32] Avant, il y avait des gens qui disaient: moi Internet, jamais ! Aujourd'hui ça n'existe plus. On n'entend plus ça. Les questions qu'on entend aujourd'hui sont beaucoup plus intéressantes. Les questions qui émane des rédactions, c'est : oui mais comment je fais, je n’ai pas le temps. Et ça, ça fait remonter la préoccupation d'un cran. Ça fait remonter la préoccupation au niveau du management, au niveau des arbitrages qu'il peut y avoir à rendre. Comment faire en sorte que les gens aient le temps aussi de produire des contenus pour d'autres supports que la presse écrite si on est en presse écrite, la radio si on est en radio ou la télé si on est en télé ? 

[00:13:16] Dans cette couche du management intermédiaire, qui va grosso modo des chefs de service au rédacteurs en chef, il y a souvent des gens qui sont relativement mal armés pour répondre à ces questions et pour rendre ces arbitrages.

Pourquoi? Parce que ce sont des gens, qui aujourd'hui ont entre 40 et 50 ans, qui ont fait l'essentiel de leur carrière dans le média traditionnel, et ce qu'on leur a demandé pendant des années et des années, c'était de faire tourner le média traditionnel dans des conditions qui, notamment pour la presse écrite, étaient de plus en plus difficiles économiquement. 

Donc, ils avaient la tête dans le guidon, ils pédalait et ils essayaient de faire ce qu'on leur demandait le mieux possible. Résultat des courses beaucoup d'entre eux ont assez peu vu, assez peu pratiqué tout ce qui se passait dans le numérique. Et aujourd'hui, on leur dit il faut prendre ça en charge et souvent, ils sont pas très bien équipés pour faire ça. Et c'est là aussi où nous, on vient nous chercher 

[00:14:35]  Dès le début des années 2000, avec les grands reporters, mes anciens collègues qui partaient en reportage pour RFI, en Irak ou ailleurs, je pense notamment à Lucas Manget, c'était clair qu'il était impossible d'être sur le terrain dans des conditions de sécurité et de transmission difficiles, avec une antenne radio qui demandait de la production quasiment à jet continu, de travailler en plus pour Internet. 

En revanche, ce qui était possible, c'est que, après coup, après le retour, on pouvait faire des choses sur une temporalité différente. Je me souviens qu'on a fait des carnets de bord de reporters en Irak avec Lucas à l'époque, mais ça se faisait après coup, avec une écriture différente, avec beaucoup de photos qu'il avait prises sur le moment. Et donc on peut tout faire, mais pas forcément tout en même temps.

L’aventure Atelier des médias sur RFI

[00:16:50] L'émission est née en 2007, donc ça fait treize ans aujourd'hui. En France c’était la première proposition de ce genre qui était disponible. 

[00:17:51] Cette émission et les contenus diffusés sur les réseaux sociaux étaient notamment à destination de l'Afrique. C'est l'audience principale de RFI. Aujourd'hui, il m'arrive très régulièrement d'aller en Afrique francophone et que les gens me disent : moi, j'étais membre de la communauté de l'Atelier des médias et j'étais “mondoblogueur”. On avait initié avec Cédric Kalonji, une plateforme de blogs, Mondoblog, qui existe aujourd'hui et a accueilli près de 800 jeunes blogueurs, principalement africains, tous sélectionnés et qui ont fait des choses formidables par la suite. 

Devenir entrepreneur quand on est journaliste

[00:19:24] Survival is a Success. C'était l'un des titres d'un rapport du Reuters' Institute sur les pure players qui a été publié au milieu des années des années 2000. La survie est un succès. Pour les entrepreneurs, je pense que déjà être présents dix ans plus tard, c'est déjà un succès. 

[00:20:29] C'est aussi inventer un mode de travail. C'est des choses qu'on avait déjà commencé à faire du temps de l'Atelier des médias. On ne travaille qu'avec des outils collaboratifs. L'équipe chez Samsa.fr est composée de salariés dont beaucoup sont à temps partiel et une partie ne vit pas à Paris. 

Donc on travaille à distance, on travaille sur des modes non continus. Cela nécessite une grande flexibilité et une grande agilité. Et on a réussi à le faire et je pense que tout le monde y trouve son compte. Nos clients ne s'en aperçoivent absolument pas et ça ne constitue absolument pas un problème. Je pense que c'est une réussite parce qu'on doit aussi aujourd'hui réinventer la manière dont on travaille.

[00:23:32]  On a aujourd'hui une communauté d’une cinquantaine de formateurs, formatrices, experts, consultants, autour de Samsa.fr. J'ai la satisfaction, parce qu'ils me l'ont dit, qu'un certain nombre d'entre eux sont fiers de se retrouver dans cette communauté là. 

[00:23:30] Moi, je dirais que je suis devenu chef d'entreprise un peu par accident. Quand, il y a 10 ans, j'ai quitté RFI, il s'agissait de créer mon entreprise pour créer mon emploi. Je n'avais pas du tout comme plan d’avoir 10 ans après 10 salarié. 

Mais ce qui s'est passé, c'est que les choses allant bien, avec 25% de croissance chaque année depuis depuis 4 ans, on a pu embaucher des gens, on a pu croître et professionnaliser nos nos méthodes. 

Les choses se sont faites naturellement et pas sous la pression d'une levée de fonds parce qu'on n'a pas fait de levée de fonds, ou d'un actionnaire quelconque parce que le seul actionnaire jusqu'à il y a peu de temps c'était moi et que je n'ai jamais sorti un euro de dividendes de l'entreprise, donc tout a été entièrement réinvesti dans la boîte. 

[00:25:40]  Ce que je vois, en ayant ces échanges, c’est que les journalistes ont des tas d'avantages, savent faire un tas de choses, notamment en termes relationnels, comme poser des questions. Cela a l'air d'une banalité absolue mais quand on discute avec des créateurs d'entreprise qui viennent d'autres mondes, parfois ils sont confrontés à une question et ne pensent pas qu’ils peuvent poser la question.

Et pour nous, journalistes, c'est vraiment pas un problème. Donc il faut savoir qu'il y a des domaines dans lesquels on a des avantages comparatifs par rapport à d'autres, celui là et d'autres. En revanche, il y a des domaines sur lesquels on a au contraire des déficiences comparatives.

Et donc soit il faut se former soi même, soit il faut s'associer avec des gens qui ont des compétences complémentaires pour le faire. 

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Crédits 


Description

Dans cet épisode spécial, Philippe Couve raconte ses aventures dans le monde de l’innovation éditoriale à l’occasion des Rencontres de la vidéo mobile qu’il organise le 6 février à Paris, avec son entreprise Samsa.fr. L' édition 2020 de l’événement élargit le spectre des innovations et propose une plongée dans les tendances du moment : podcast, stories, engagement...

Pionnier de l’internet dans les années 2000 à RFI, le journaliste y crée l’Atelier Médias. Cette “web-émission” - qui poursuit sa route depuis 2007 au fil de ses animateurs - innove à l’époque notamment avec sa communauté de 800 mondoblogeurs africains. 

En 2010, Philippe Couve devient formateur et lance Samsa.fr. Un passage presque fortuit dans le monde de l’entrepreneuriat pour accompagner les médias dans leur transition numérique, en commençant par investir les terres vierges de la vidéo sur mobile. Chef d’entreprise, il innove dans la manière de travailler : l’usage d’outils collaboratifs permet à son équipe de jongler avec d’autres activités, à Paris ou ailleurs.

Pour toutes ces raisons, A Parte a décidé d’accueillir à sa réalisation cette équipe inspirante et passionnée par les mêmes sujets d’innovations dans le monde de l’info. A suivre...

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Pour aller plus loin


Les sons de cet épisode


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L'essentiel de l'épisode

L’innovation éditoriale en 2020

[00:03:43]  Lorsque j'ai vu arriver les smartphones qui pouvaient faire de la vidéo, je me suis dit: là, il y a un truc qui est en train de se passer. 

J'avais vu auparavant les blogs et les blogs avaient donné à tout un chacun la possibilité de prendre la parole en texte, et éventuellement en images mais principalement en texte. Et là, je voyais avec cet iPhone que Steve Jobs était en train de présenter, version après version, avec des capacités vidéo qui étaient en train d'augmenter, quelque chose qui était de même nature, donnant à tout un chacun le pouvoir de produire de la vidéo. Et donc, on a commencé comme ça.

[00:05:10] Lorsqu' aujourd'hui on s'adresse à des audiences qui sont sur des plateformes numériques, on ne peut pas s'adresser de la même manière qu'on le faisait lorsqu'on était sur des médias généralistes qui, dans l'idée, touchent tout le monde. Aujourd'hui, ce n’est plus du tout la situation. Et puis, on doit essayer de voir comment on peut tourner un peu les choses, les bricoler. 

[00:06:27]  On avait vu que le texte avait été mis entre les mains de tout le monde. On peut aujourd'hui publier du texte sans avoir des connaissances techniques particulières et pas de budget. On peut faire de la vidéo à peu près dans les mêmes conditions. Il restait un dernier pan, sur l'audio. Et aujourd'hui, avec le podcast, on voit qu(avec des moyens relativement faibles et des connaissances, des compétences relativement limités, on peut arriver tout un chacun à prendre la parole et beaucoup de gens le font.  

[00:07:06] Texte, vidéo et audio aujourd'hui sont rentrés de plain-pied dans l'ère numérique. Les prochaines ? Je ne sais pas, c'est un peu compliqué. Il y a beaucoup de choses qui sont en train de se passer au niveau des stories, sur la manière dont on conçoit, dont on rend visibles des contenus à travers les stories. C'est quelque chose de complètement nouveau dans l'appréhension que peuvent en avoir les professionnels. 

Pourquoi des Rencontres ?

[00:09:18]  On s’est que le plus simple, ce serait de regrouper tout le monde et que chacun vienne raconter sans faux-semblants, je dis à chaque fois “c'est 0% bullshit”. On a essayé tel truc, ça n'a pas marché, mais on l'a fait autrement. Et que chacun raconte là où il s'est planté, là où il a réussi à surmonter les difficultés. Là où ça a un peu marché. Là où ça a très bien marché, etc. 

Et après, il ne faut pas cacher non plus, ça a servi pour la visibilité et pour la crédibilité de Samsa.fr. 

Le numérique dans les rédactions

[00:11:30]  Il y avait, dans la décennie 2000-2010, énormément de gens à convaincre. C'était très difficile et vraiment pas pas gagné. On était un certain nombre dans différents médias. Je pense notamment à Johan Hufnagel qui était à l'époque responsable du site de Libé, où on galérait chacun de chacun de notre côté pour essayer de convaincre les “vrais journalistes” de venir faire quelque chose sur Internet. 

[00:12:00] Ensuite, j'ai quitté techniquement le journalisme pour monter Samsa et devenir plutôt formateur et consultant. C’est la décennie 2010-2020 et là, au contraire, ça a changé parce que maintenant, je vois les gens arriver, des gens qui ne voulaient pas entendre ce que je racontais, en me disant: est ce que tu peux nous expliquer ce que tu peux nous former? Est ce que tu peux nous accompagner? 

00:12:32] Avant, il y avait des gens qui disaient: moi Internet, jamais ! Aujourd'hui ça n'existe plus. On n'entend plus ça. Les questions qu'on entend aujourd'hui sont beaucoup plus intéressantes. Les questions qui émane des rédactions, c'est : oui mais comment je fais, je n’ai pas le temps. Et ça, ça fait remonter la préoccupation d'un cran. Ça fait remonter la préoccupation au niveau du management, au niveau des arbitrages qu'il peut y avoir à rendre. Comment faire en sorte que les gens aient le temps aussi de produire des contenus pour d'autres supports que la presse écrite si on est en presse écrite, la radio si on est en radio ou la télé si on est en télé ? 

[00:13:16] Dans cette couche du management intermédiaire, qui va grosso modo des chefs de service au rédacteurs en chef, il y a souvent des gens qui sont relativement mal armés pour répondre à ces questions et pour rendre ces arbitrages.

Pourquoi? Parce que ce sont des gens, qui aujourd'hui ont entre 40 et 50 ans, qui ont fait l'essentiel de leur carrière dans le média traditionnel, et ce qu'on leur a demandé pendant des années et des années, c'était de faire tourner le média traditionnel dans des conditions qui, notamment pour la presse écrite, étaient de plus en plus difficiles économiquement. 

Donc, ils avaient la tête dans le guidon, ils pédalait et ils essayaient de faire ce qu'on leur demandait le mieux possible. Résultat des courses beaucoup d'entre eux ont assez peu vu, assez peu pratiqué tout ce qui se passait dans le numérique. Et aujourd'hui, on leur dit il faut prendre ça en charge et souvent, ils sont pas très bien équipés pour faire ça. Et c'est là aussi où nous, on vient nous chercher 

[00:14:35]  Dès le début des années 2000, avec les grands reporters, mes anciens collègues qui partaient en reportage pour RFI, en Irak ou ailleurs, je pense notamment à Lucas Manget, c'était clair qu'il était impossible d'être sur le terrain dans des conditions de sécurité et de transmission difficiles, avec une antenne radio qui demandait de la production quasiment à jet continu, de travailler en plus pour Internet. 

En revanche, ce qui était possible, c'est que, après coup, après le retour, on pouvait faire des choses sur une temporalité différente. Je me souviens qu'on a fait des carnets de bord de reporters en Irak avec Lucas à l'époque, mais ça se faisait après coup, avec une écriture différente, avec beaucoup de photos qu'il avait prises sur le moment. Et donc on peut tout faire, mais pas forcément tout en même temps.

L’aventure Atelier des médias sur RFI

[00:16:50] L'émission est née en 2007, donc ça fait treize ans aujourd'hui. En France c’était la première proposition de ce genre qui était disponible. 

[00:17:51] Cette émission et les contenus diffusés sur les réseaux sociaux étaient notamment à destination de l'Afrique. C'est l'audience principale de RFI. Aujourd'hui, il m'arrive très régulièrement d'aller en Afrique francophone et que les gens me disent : moi, j'étais membre de la communauté de l'Atelier des médias et j'étais “mondoblogueur”. On avait initié avec Cédric Kalonji, une plateforme de blogs, Mondoblog, qui existe aujourd'hui et a accueilli près de 800 jeunes blogueurs, principalement africains, tous sélectionnés et qui ont fait des choses formidables par la suite. 

Devenir entrepreneur quand on est journaliste

[00:19:24] Survival is a Success. C'était l'un des titres d'un rapport du Reuters' Institute sur les pure players qui a été publié au milieu des années des années 2000. La survie est un succès. Pour les entrepreneurs, je pense que déjà être présents dix ans plus tard, c'est déjà un succès. 

[00:20:29] C'est aussi inventer un mode de travail. C'est des choses qu'on avait déjà commencé à faire du temps de l'Atelier des médias. On ne travaille qu'avec des outils collaboratifs. L'équipe chez Samsa.fr est composée de salariés dont beaucoup sont à temps partiel et une partie ne vit pas à Paris. 

Donc on travaille à distance, on travaille sur des modes non continus. Cela nécessite une grande flexibilité et une grande agilité. Et on a réussi à le faire et je pense que tout le monde y trouve son compte. Nos clients ne s'en aperçoivent absolument pas et ça ne constitue absolument pas un problème. Je pense que c'est une réussite parce qu'on doit aussi aujourd'hui réinventer la manière dont on travaille.

[00:23:32]  On a aujourd'hui une communauté d’une cinquantaine de formateurs, formatrices, experts, consultants, autour de Samsa.fr. J'ai la satisfaction, parce qu'ils me l'ont dit, qu'un certain nombre d'entre eux sont fiers de se retrouver dans cette communauté là. 

[00:23:30] Moi, je dirais que je suis devenu chef d'entreprise un peu par accident. Quand, il y a 10 ans, j'ai quitté RFI, il s'agissait de créer mon entreprise pour créer mon emploi. Je n'avais pas du tout comme plan d’avoir 10 ans après 10 salarié. 

Mais ce qui s'est passé, c'est que les choses allant bien, avec 25% de croissance chaque année depuis depuis 4 ans, on a pu embaucher des gens, on a pu croître et professionnaliser nos nos méthodes. 

Les choses se sont faites naturellement et pas sous la pression d'une levée de fonds parce qu'on n'a pas fait de levée de fonds, ou d'un actionnaire quelconque parce que le seul actionnaire jusqu'à il y a peu de temps c'était moi et que je n'ai jamais sorti un euro de dividendes de l'entreprise, donc tout a été entièrement réinvesti dans la boîte. 

[00:25:40]  Ce que je vois, en ayant ces échanges, c’est que les journalistes ont des tas d'avantages, savent faire un tas de choses, notamment en termes relationnels, comme poser des questions. Cela a l'air d'une banalité absolue mais quand on discute avec des créateurs d'entreprise qui viennent d'autres mondes, parfois ils sont confrontés à une question et ne pensent pas qu’ils peuvent poser la question.

Et pour nous, journalistes, c'est vraiment pas un problème. Donc il faut savoir qu'il y a des domaines dans lesquels on a des avantages comparatifs par rapport à d'autres, celui là et d'autres. En revanche, il y a des domaines sur lesquels on a au contraire des déficiences comparatives.

Et donc soit il faut se former soi même, soit il faut s'associer avec des gens qui ont des compétences complémentaires pour le faire. 

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