Le collectif “journalistes solidaires” : une open newsroom qui démonte les fake news, avec Lina Fourneau cover
Le collectif “journalistes solidaires” : une open newsroom qui démonte les fake news, avec Lina Fourneau cover
A Parte

Le collectif “journalistes solidaires” : une open newsroom qui démonte les fake news, avec Lina Fourneau

Le collectif “journalistes solidaires” : une open newsroom qui démonte les fake news, avec Lina Fourneau

39min |11/06/2020
Play
Le collectif “journalistes solidaires” : une open newsroom qui démonte les fake news, avec Lina Fourneau cover
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Le collectif “journalistes solidaires” : une open newsroom qui démonte les fake news, avec Lina Fourneau

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39min |11/06/2020
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Description

Chez les Journalistes Solidaires, on fait les conférences de rédaction sur Discord et les enquêtes en mode collaboratif sur AirTable. Ce collectif de pigistes bénévoles répartis dans plusieurs pays a vu le jour au début du confinement. Ensemble, ils traquent les fake news  qui se multiplient depuis le début de la crise sanitaire.

Leur rédactrice en cheffe, Lina Fourneau, dévoile dans cet épisode le fonctionnement du collectif.  Journalistes Solidaires rassemble une soixantaine de journalistes, dont certains sont des experts du fact-checking et endossent la position de mentors pour encadrer les enquêtes. Enquêtes qui sont relayées par des médias  partenaires.

Le collectif travaille en open newsroom : toutes les enquêtes sont accessibles à tous en ligne dans des fiches collaboratives. Un fonctionnement qui demande beaucoup de rigueur mais qui crée une grande confiance chez les internautes. 

Ceux-ci ont la possibilité d’adresser des “signalements” aux Journalistes solidaires, c’est à dire des informations à vérifier ou démonter. Peu de moyens, mais beaucoup de motivation : tel est le credo des JS, qui ne comptent pas arrêter leur travail de fact-checking avec le déconfinement. 

Leur dernière trouvaille ? Un outil d’intelligence artificielle pour anticiper la viralité potentielle d’une fake news. Une innovation applicable bien au delà du seul coronavirus.

-----

Pour aller plus loin 

https://journalistessolidaires.com/

-----

L’essentiel de l’épisode 

[00:01:08.360]

Bonjour tout le monde. Malgré le confinement, on continue d'enregistrer à distance et on parle aujourd'hui de Journalistes Solidaires ou JS pour les intimes. Il s'agit d'un collectif de pigistes né pendant la crise du coronavirus et qui traque les fake news. Nous sommes donc en ligne avec Lina Fourneau. Bonjour Lina, tu es journaliste pigiste et rédactrice en cheffe de Journalistes solidaires. Ou es tu actuellement? Et où sont les autres membres de JS ?

[00:01:39.420]

Je suis dans un appartement à Paris et les autres sont un peu partout. Comme le virus, on s'est propagé. On est entre la Belgique et la France principalement. On a quelqu'un en Alaska, au Mexique. On a créé une espèce de d'internationale. Ce sont des journalistes qui se sont regroupés à partir du 16 mars, au moment du discours d’Emmanuel Macron, qui annonçait le confinement. On a eu un message de Julien Cazenave, qui est un journaliste monteur vidéo qui nous proposait de faire quelque chose. Il y avait déjà plein de fake news différentes, tout le monde était un peu perdu sur le flux d'information qu'il y avait face à nous. Sur les réseaux sociaux, on voyait n'importe quoi, donc on se dit qu'il y avait quelque chose à faire.

[00:05:23.080]

On est principalement des pigistes. Les pigistes se sont fait couper les commandes au début du confinement. Donc on avait du temps devant nous. On s’est dit :  est ce que je décide de commencer une nouvelle série sur Netflix ou je participe à l'utilité publique? On a tous pris la deuxième option. Moi je suis un bébé de la PQR, j'ai commencé ma carrière il y a un an et demi. Je fais des piges principalement pour la presse économique. On a voulu prendre tout le monde, ouvrir la porte à des étudiants, à des jeunes journalistes comme je l'étais, mais aussi se faire aider par ce qu'on a appelé après des mentors qui étaient des experts du fact checking, qui avaient déjà leur expérience et qui pouvaient nous offrir aussi leurs ressources. Ca a hyper bien marché comme ça, parce qu'il y avait de l'entraide. Parce que, justement, ces journalistes spécialisés dans le fact checking avaient peut être moins de temps, mais beaucoup de choses à nous apprendre.

[00:08:40.180]

On a fait comme dans toutes les rédactions. On a créé un salon sur Discord : il y a vraiment le côté un peu machine à café où on discute de tout et de rien. Mais il y a aussi deux conférences de rédaction par semaine. Et c'est là on discute des sujets. On utilise  aussi Telegram, qui est en fait l'outil qu'on utilise pour avancer notre sujet. Chaque groupe se retrouve sur une discussion Telegram et on a Airtable qui en fait notre base de données éditable, une sorte d’Excel collaboratif en ligne. On s'est établi en open newsroom, c’est à dire une rédaction ouverte où, justement, tout le monde peut voir l'avancée de nos enquêtes et c'est vraiment notre idée de la transparence et notre idée des médias. Au début, on a tous été réticents parce que ça veut dire qu'il faut avoir de la rigueur tout le temps. Tout est visible sur le site. 

[00:12:30.390]

On fonctionne avec des signalements. Un signalement, c'est un internaute qui va dire OK, j'ai vu ce texte, j'ai vu ce tweet, j'ai vu ce post Facebook. Est ce que vous pouvez le vérifier s'il vous plait?  Chaque enquête mobilise  un coordinateur, deux vérificateurs et un mentor. Le coordinateur, c'est celui qui gère l'équipe et l’angle. Le mentor, c’est un expert du fact checking, des gens qui connaissent le métier, qui veulent nous aider.

[00:15:01.260]

Je pense que principalement, les gens sont quand même contents de ce qu'on fait parce qu’ils voient qu'on se décarcasse pour produire de l'information sans vraiment demander en retour des investissements. Après, bien sûr, on s'attaque à des idées conspirationnistes, donc forcément des gens peu convaincus. Donc, il y a des sujets où on a eu des réactions vraiment mauvaises.

[00:16:16.010]

On publie également des ce qu'on appelle les ripostes qui sont les articles externes, c'est à dire des articles du Monde ou de Libération faits par les cellules de fact checking. En fait, c'est comme ça qu'on a commencé à marcher. C'est en se servant de nos réseaux sociaux pour centraliser toutes les informations parce que les gens ne sont pas conscients qu'il existe autant d'outils pour faire du fact checking en France.

[00:20:17.380]

On a été assez bien reçus et ça a été assez bienveillant de la part des médias traditionnels. On a eu beaucoup de discussions avec France Info, notamment sur le mentorat. On a un partenariat avec les Observateurs et France24, avec qui on a publié notamment une enquête sur le test de la flamme sur les masques. C'est assez intéressant de travailler ensemble. Il y a d'autres discussions qui sont mises en place et on essaye d’être assez large. Ils ne peuvent pas traiter tous les sujets, donc je pense que l'entraide est dans les deux sens.

[00:21:47.680]

Pour le moment, il n'y a aucune rémunération, malheureusement. Mais on essaye de préparer l'après et ça a été l'objectif depuis la fin du confinement le 11 mai. C'est bien dans le bénévolat, mais ça va pas pouvoir durer. Et donc, oui, on essaye de trouver des solutions. On sait pas si ça va venir des médias ou si c'est à nous aussi d'aller d'aller chercher des fonds ailleurs. On a ouvert un open collective dès le mois d'avril, c’est à dire une plateforme de financement public. On a eu, je vous avoue, surtout eu de l'argent de nos proches, mais parce qu'ils avaient envie de nous soutenir, ils nous voyaient travailler 60 heures par semaine. On va voir si on continue à pérenniser le projet parce que ça serait dommage de baisser les bras à la fin du confinement. On a pris l'habitude de réfléchir à 20.000 mille choses à la fois, de faire tout de la veille pour le lendemain. Le confinement a été levé il y a deux semaines, donc c'est vrai qu'à l'échelle de JS, c'est beaucoup deux semaines, mais ça va être mis en place.

[00:27:24.040]

Comment est ce que vous imaginez changer l'équation chez Journalistes solidaires?

[00:27:31.300]

J'aimerais bien changer cette équation, mais malheureusement, c'est très compliqué. C'est beaucoup d'éducation médias. On a fait un espèce de bingo des news où, justement, on relevait toutes ces petites incohérences qui pouvaient faire une fausse information.

[00:28:29.610]

Il y a des équipes de fact checking dans beaucoup de médias en France et à travers le monde. Pourtant, on n'a pas l'impression que ça fasse réellement reculer les fake news, ni la crédulité face à un certain nombre de fake news. Qu'est ce que vous apportez de plus dans ce domaine?

[00:28:56.970]

Je pense que les gens nous font confiance, parce qu'ils ont vu qu’on était de bonne volonté et c'était peut être ça la différence. Je ne veux pas me comparer avec un média parce que c'est impossible, mais je pense qu'il y a eu une part de confiance qui venait du fait qu’on n'était pas un média et que dans cette crise de confiance envers les médias, on pouvait peut être changer les choses. On essaye vraiment vraiment de jouer sur cette éducation aux médias et sur cette proximité avec l'internaute surtout. On essaye de rester aussi très accessible. Sur notre  page Facebook, les internautes peuvent poser des questions et parfois, on pouvait avoir de grandes conversations en inbox avec des internautes qui, vraiment, avaient l'air un peu perdus.

[00:30:33.510]

Après, il y aura toujours des gens suspicieux, parce qu'il y a toujours des gens qui, sur des propos pas du tout fondés, vont remettre en question notre travail, comme dans tous les médias. Mais il faut passer à côté et justement, écouter ceux qui ont besoin de nous. On savait qu'on avait un énorme champ libre et on en a profité. Et la preuve, c'est qu'il y a des trucs qui ont marché.

[00:32:24.890]

Tu nous reparle de l'intelligence artificielle que vous avez mise à votre profit. De quelle manière?

[00:32:30.870]

Oui, on a décidé de développer ça au moment où on a participé au hackathon de la Commission européenne. Ça aussi, c'est un peu une idée folle, mais c'était c'était super parce qu'on a pu gagner en visibilité aussi. A ce moment là, on a créé cet outil d'intelligence artificielle. L'idée, c'est de calculer la viralité de la news avant même qu'elle ne devienne virale, c'est à dire que 'intelligence artificielle va calculer selon les critères qu'on lui a inculqué un indicateur pointant les fake news qui peuvent cartonner.

[00:35:27.800]

Qu'est ce que tu retiens, toi, de de cette expérience? Qu'est ce qui t’a marqué? Qu'est ce qui t'a surpris? Qu'est ce qui t'a déçu? Je pense que ce qui m'a réellement marqué, c'était que mon équipe était capable de faire quelque chose à petite échelle. On n'a peut être pas les moyens, mais on va essayer de le faire. Ce qui m'a aussi marquée, c'est le fait que l'on arrive à produire énormément alors qu'on se connait pas. C'est peut être le confinement qui a fait ça, mais il s'est passé quelque chose d'extraordinaire, de production, de la même, dans une ambiance assez conviviale. Enfin, il y a eu un effort collectif, et je pense qu'il y a aussi cette partie de bénévolat qui a été assez importante parce que forcément, quand on décide d'être bénévole pour un collectif, c'est qu'on est ultra motivé. Donc, on a eu une espèce d'hyperactivité collective de 60 personnes en même temps. Je vous avoue que à gérer, ce n'était pas toujours facile. J'ai été diplômée il y a un an et je me retrouvais à la tête d'un collectif de 60 personnes à gérer.

-----

Crédits 

Interview : Philippe Couve et Marianne Rigaux

Design graphique : Benjamin Laible 

Communication : Laurie Lejeune

Générique et habillage sonore : Boris Laible

Production : Ginkio et Samsa.fr

Description

Chez les Journalistes Solidaires, on fait les conférences de rédaction sur Discord et les enquêtes en mode collaboratif sur AirTable. Ce collectif de pigistes bénévoles répartis dans plusieurs pays a vu le jour au début du confinement. Ensemble, ils traquent les fake news  qui se multiplient depuis le début de la crise sanitaire.

Leur rédactrice en cheffe, Lina Fourneau, dévoile dans cet épisode le fonctionnement du collectif.  Journalistes Solidaires rassemble une soixantaine de journalistes, dont certains sont des experts du fact-checking et endossent la position de mentors pour encadrer les enquêtes. Enquêtes qui sont relayées par des médias  partenaires.

Le collectif travaille en open newsroom : toutes les enquêtes sont accessibles à tous en ligne dans des fiches collaboratives. Un fonctionnement qui demande beaucoup de rigueur mais qui crée une grande confiance chez les internautes. 

Ceux-ci ont la possibilité d’adresser des “signalements” aux Journalistes solidaires, c’est à dire des informations à vérifier ou démonter. Peu de moyens, mais beaucoup de motivation : tel est le credo des JS, qui ne comptent pas arrêter leur travail de fact-checking avec le déconfinement. 

Leur dernière trouvaille ? Un outil d’intelligence artificielle pour anticiper la viralité potentielle d’une fake news. Une innovation applicable bien au delà du seul coronavirus.

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Pour aller plus loin 

https://journalistessolidaires.com/

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L’essentiel de l’épisode 

[00:01:08.360]

Bonjour tout le monde. Malgré le confinement, on continue d'enregistrer à distance et on parle aujourd'hui de Journalistes Solidaires ou JS pour les intimes. Il s'agit d'un collectif de pigistes né pendant la crise du coronavirus et qui traque les fake news. Nous sommes donc en ligne avec Lina Fourneau. Bonjour Lina, tu es journaliste pigiste et rédactrice en cheffe de Journalistes solidaires. Ou es tu actuellement? Et où sont les autres membres de JS ?

[00:01:39.420]

Je suis dans un appartement à Paris et les autres sont un peu partout. Comme le virus, on s'est propagé. On est entre la Belgique et la France principalement. On a quelqu'un en Alaska, au Mexique. On a créé une espèce de d'internationale. Ce sont des journalistes qui se sont regroupés à partir du 16 mars, au moment du discours d’Emmanuel Macron, qui annonçait le confinement. On a eu un message de Julien Cazenave, qui est un journaliste monteur vidéo qui nous proposait de faire quelque chose. Il y avait déjà plein de fake news différentes, tout le monde était un peu perdu sur le flux d'information qu'il y avait face à nous. Sur les réseaux sociaux, on voyait n'importe quoi, donc on se dit qu'il y avait quelque chose à faire.

[00:05:23.080]

On est principalement des pigistes. Les pigistes se sont fait couper les commandes au début du confinement. Donc on avait du temps devant nous. On s’est dit :  est ce que je décide de commencer une nouvelle série sur Netflix ou je participe à l'utilité publique? On a tous pris la deuxième option. Moi je suis un bébé de la PQR, j'ai commencé ma carrière il y a un an et demi. Je fais des piges principalement pour la presse économique. On a voulu prendre tout le monde, ouvrir la porte à des étudiants, à des jeunes journalistes comme je l'étais, mais aussi se faire aider par ce qu'on a appelé après des mentors qui étaient des experts du fact checking, qui avaient déjà leur expérience et qui pouvaient nous offrir aussi leurs ressources. Ca a hyper bien marché comme ça, parce qu'il y avait de l'entraide. Parce que, justement, ces journalistes spécialisés dans le fact checking avaient peut être moins de temps, mais beaucoup de choses à nous apprendre.

[00:08:40.180]

On a fait comme dans toutes les rédactions. On a créé un salon sur Discord : il y a vraiment le côté un peu machine à café où on discute de tout et de rien. Mais il y a aussi deux conférences de rédaction par semaine. Et c'est là on discute des sujets. On utilise  aussi Telegram, qui est en fait l'outil qu'on utilise pour avancer notre sujet. Chaque groupe se retrouve sur une discussion Telegram et on a Airtable qui en fait notre base de données éditable, une sorte d’Excel collaboratif en ligne. On s'est établi en open newsroom, c’est à dire une rédaction ouverte où, justement, tout le monde peut voir l'avancée de nos enquêtes et c'est vraiment notre idée de la transparence et notre idée des médias. Au début, on a tous été réticents parce que ça veut dire qu'il faut avoir de la rigueur tout le temps. Tout est visible sur le site. 

[00:12:30.390]

On fonctionne avec des signalements. Un signalement, c'est un internaute qui va dire OK, j'ai vu ce texte, j'ai vu ce tweet, j'ai vu ce post Facebook. Est ce que vous pouvez le vérifier s'il vous plait?  Chaque enquête mobilise  un coordinateur, deux vérificateurs et un mentor. Le coordinateur, c'est celui qui gère l'équipe et l’angle. Le mentor, c’est un expert du fact checking, des gens qui connaissent le métier, qui veulent nous aider.

[00:15:01.260]

Je pense que principalement, les gens sont quand même contents de ce qu'on fait parce qu’ils voient qu'on se décarcasse pour produire de l'information sans vraiment demander en retour des investissements. Après, bien sûr, on s'attaque à des idées conspirationnistes, donc forcément des gens peu convaincus. Donc, il y a des sujets où on a eu des réactions vraiment mauvaises.

[00:16:16.010]

On publie également des ce qu'on appelle les ripostes qui sont les articles externes, c'est à dire des articles du Monde ou de Libération faits par les cellules de fact checking. En fait, c'est comme ça qu'on a commencé à marcher. C'est en se servant de nos réseaux sociaux pour centraliser toutes les informations parce que les gens ne sont pas conscients qu'il existe autant d'outils pour faire du fact checking en France.

[00:20:17.380]

On a été assez bien reçus et ça a été assez bienveillant de la part des médias traditionnels. On a eu beaucoup de discussions avec France Info, notamment sur le mentorat. On a un partenariat avec les Observateurs et France24, avec qui on a publié notamment une enquête sur le test de la flamme sur les masques. C'est assez intéressant de travailler ensemble. Il y a d'autres discussions qui sont mises en place et on essaye d’être assez large. Ils ne peuvent pas traiter tous les sujets, donc je pense que l'entraide est dans les deux sens.

[00:21:47.680]

Pour le moment, il n'y a aucune rémunération, malheureusement. Mais on essaye de préparer l'après et ça a été l'objectif depuis la fin du confinement le 11 mai. C'est bien dans le bénévolat, mais ça va pas pouvoir durer. Et donc, oui, on essaye de trouver des solutions. On sait pas si ça va venir des médias ou si c'est à nous aussi d'aller d'aller chercher des fonds ailleurs. On a ouvert un open collective dès le mois d'avril, c’est à dire une plateforme de financement public. On a eu, je vous avoue, surtout eu de l'argent de nos proches, mais parce qu'ils avaient envie de nous soutenir, ils nous voyaient travailler 60 heures par semaine. On va voir si on continue à pérenniser le projet parce que ça serait dommage de baisser les bras à la fin du confinement. On a pris l'habitude de réfléchir à 20.000 mille choses à la fois, de faire tout de la veille pour le lendemain. Le confinement a été levé il y a deux semaines, donc c'est vrai qu'à l'échelle de JS, c'est beaucoup deux semaines, mais ça va être mis en place.

[00:27:24.040]

Comment est ce que vous imaginez changer l'équation chez Journalistes solidaires?

[00:27:31.300]

J'aimerais bien changer cette équation, mais malheureusement, c'est très compliqué. C'est beaucoup d'éducation médias. On a fait un espèce de bingo des news où, justement, on relevait toutes ces petites incohérences qui pouvaient faire une fausse information.

[00:28:29.610]

Il y a des équipes de fact checking dans beaucoup de médias en France et à travers le monde. Pourtant, on n'a pas l'impression que ça fasse réellement reculer les fake news, ni la crédulité face à un certain nombre de fake news. Qu'est ce que vous apportez de plus dans ce domaine?

[00:28:56.970]

Je pense que les gens nous font confiance, parce qu'ils ont vu qu’on était de bonne volonté et c'était peut être ça la différence. Je ne veux pas me comparer avec un média parce que c'est impossible, mais je pense qu'il y a eu une part de confiance qui venait du fait qu’on n'était pas un média et que dans cette crise de confiance envers les médias, on pouvait peut être changer les choses. On essaye vraiment vraiment de jouer sur cette éducation aux médias et sur cette proximité avec l'internaute surtout. On essaye de rester aussi très accessible. Sur notre  page Facebook, les internautes peuvent poser des questions et parfois, on pouvait avoir de grandes conversations en inbox avec des internautes qui, vraiment, avaient l'air un peu perdus.

[00:30:33.510]

Après, il y aura toujours des gens suspicieux, parce qu'il y a toujours des gens qui, sur des propos pas du tout fondés, vont remettre en question notre travail, comme dans tous les médias. Mais il faut passer à côté et justement, écouter ceux qui ont besoin de nous. On savait qu'on avait un énorme champ libre et on en a profité. Et la preuve, c'est qu'il y a des trucs qui ont marché.

[00:32:24.890]

Tu nous reparle de l'intelligence artificielle que vous avez mise à votre profit. De quelle manière?

[00:32:30.870]

Oui, on a décidé de développer ça au moment où on a participé au hackathon de la Commission européenne. Ça aussi, c'est un peu une idée folle, mais c'était c'était super parce qu'on a pu gagner en visibilité aussi. A ce moment là, on a créé cet outil d'intelligence artificielle. L'idée, c'est de calculer la viralité de la news avant même qu'elle ne devienne virale, c'est à dire que 'intelligence artificielle va calculer selon les critères qu'on lui a inculqué un indicateur pointant les fake news qui peuvent cartonner.

[00:35:27.800]

Qu'est ce que tu retiens, toi, de de cette expérience? Qu'est ce qui t’a marqué? Qu'est ce qui t'a surpris? Qu'est ce qui t'a déçu? Je pense que ce qui m'a réellement marqué, c'était que mon équipe était capable de faire quelque chose à petite échelle. On n'a peut être pas les moyens, mais on va essayer de le faire. Ce qui m'a aussi marquée, c'est le fait que l'on arrive à produire énormément alors qu'on se connait pas. C'est peut être le confinement qui a fait ça, mais il s'est passé quelque chose d'extraordinaire, de production, de la même, dans une ambiance assez conviviale. Enfin, il y a eu un effort collectif, et je pense qu'il y a aussi cette partie de bénévolat qui a été assez importante parce que forcément, quand on décide d'être bénévole pour un collectif, c'est qu'on est ultra motivé. Donc, on a eu une espèce d'hyperactivité collective de 60 personnes en même temps. Je vous avoue que à gérer, ce n'était pas toujours facile. J'ai été diplômée il y a un an et je me retrouvais à la tête d'un collectif de 60 personnes à gérer.

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Crédits 

Interview : Philippe Couve et Marianne Rigaux

Design graphique : Benjamin Laible 

Communication : Laurie Lejeune

Générique et habillage sonore : Boris Laible

Production : Ginkio et Samsa.fr

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Chez les Journalistes Solidaires, on fait les conférences de rédaction sur Discord et les enquêtes en mode collaboratif sur AirTable. Ce collectif de pigistes bénévoles répartis dans plusieurs pays a vu le jour au début du confinement. Ensemble, ils traquent les fake news  qui se multiplient depuis le début de la crise sanitaire.

Leur rédactrice en cheffe, Lina Fourneau, dévoile dans cet épisode le fonctionnement du collectif.  Journalistes Solidaires rassemble une soixantaine de journalistes, dont certains sont des experts du fact-checking et endossent la position de mentors pour encadrer les enquêtes. Enquêtes qui sont relayées par des médias  partenaires.

Le collectif travaille en open newsroom : toutes les enquêtes sont accessibles à tous en ligne dans des fiches collaboratives. Un fonctionnement qui demande beaucoup de rigueur mais qui crée une grande confiance chez les internautes. 

Ceux-ci ont la possibilité d’adresser des “signalements” aux Journalistes solidaires, c’est à dire des informations à vérifier ou démonter. Peu de moyens, mais beaucoup de motivation : tel est le credo des JS, qui ne comptent pas arrêter leur travail de fact-checking avec le déconfinement. 

Leur dernière trouvaille ? Un outil d’intelligence artificielle pour anticiper la viralité potentielle d’une fake news. Une innovation applicable bien au delà du seul coronavirus.

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Pour aller plus loin 

https://journalistessolidaires.com/

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L’essentiel de l’épisode 

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Bonjour tout le monde. Malgré le confinement, on continue d'enregistrer à distance et on parle aujourd'hui de Journalistes Solidaires ou JS pour les intimes. Il s'agit d'un collectif de pigistes né pendant la crise du coronavirus et qui traque les fake news. Nous sommes donc en ligne avec Lina Fourneau. Bonjour Lina, tu es journaliste pigiste et rédactrice en cheffe de Journalistes solidaires. Ou es tu actuellement? Et où sont les autres membres de JS ?

[00:01:39.420]

Je suis dans un appartement à Paris et les autres sont un peu partout. Comme le virus, on s'est propagé. On est entre la Belgique et la France principalement. On a quelqu'un en Alaska, au Mexique. On a créé une espèce de d'internationale. Ce sont des journalistes qui se sont regroupés à partir du 16 mars, au moment du discours d’Emmanuel Macron, qui annonçait le confinement. On a eu un message de Julien Cazenave, qui est un journaliste monteur vidéo qui nous proposait de faire quelque chose. Il y avait déjà plein de fake news différentes, tout le monde était un peu perdu sur le flux d'information qu'il y avait face à nous. Sur les réseaux sociaux, on voyait n'importe quoi, donc on se dit qu'il y avait quelque chose à faire.

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On est principalement des pigistes. Les pigistes se sont fait couper les commandes au début du confinement. Donc on avait du temps devant nous. On s’est dit :  est ce que je décide de commencer une nouvelle série sur Netflix ou je participe à l'utilité publique? On a tous pris la deuxième option. Moi je suis un bébé de la PQR, j'ai commencé ma carrière il y a un an et demi. Je fais des piges principalement pour la presse économique. On a voulu prendre tout le monde, ouvrir la porte à des étudiants, à des jeunes journalistes comme je l'étais, mais aussi se faire aider par ce qu'on a appelé après des mentors qui étaient des experts du fact checking, qui avaient déjà leur expérience et qui pouvaient nous offrir aussi leurs ressources. Ca a hyper bien marché comme ça, parce qu'il y avait de l'entraide. Parce que, justement, ces journalistes spécialisés dans le fact checking avaient peut être moins de temps, mais beaucoup de choses à nous apprendre.

[00:08:40.180]

On a fait comme dans toutes les rédactions. On a créé un salon sur Discord : il y a vraiment le côté un peu machine à café où on discute de tout et de rien. Mais il y a aussi deux conférences de rédaction par semaine. Et c'est là on discute des sujets. On utilise  aussi Telegram, qui est en fait l'outil qu'on utilise pour avancer notre sujet. Chaque groupe se retrouve sur une discussion Telegram et on a Airtable qui en fait notre base de données éditable, une sorte d’Excel collaboratif en ligne. On s'est établi en open newsroom, c’est à dire une rédaction ouverte où, justement, tout le monde peut voir l'avancée de nos enquêtes et c'est vraiment notre idée de la transparence et notre idée des médias. Au début, on a tous été réticents parce que ça veut dire qu'il faut avoir de la rigueur tout le temps. Tout est visible sur le site. 

[00:12:30.390]

On fonctionne avec des signalements. Un signalement, c'est un internaute qui va dire OK, j'ai vu ce texte, j'ai vu ce tweet, j'ai vu ce post Facebook. Est ce que vous pouvez le vérifier s'il vous plait?  Chaque enquête mobilise  un coordinateur, deux vérificateurs et un mentor. Le coordinateur, c'est celui qui gère l'équipe et l’angle. Le mentor, c’est un expert du fact checking, des gens qui connaissent le métier, qui veulent nous aider.

[00:15:01.260]

Je pense que principalement, les gens sont quand même contents de ce qu'on fait parce qu’ils voient qu'on se décarcasse pour produire de l'information sans vraiment demander en retour des investissements. Après, bien sûr, on s'attaque à des idées conspirationnistes, donc forcément des gens peu convaincus. Donc, il y a des sujets où on a eu des réactions vraiment mauvaises.

[00:16:16.010]

On publie également des ce qu'on appelle les ripostes qui sont les articles externes, c'est à dire des articles du Monde ou de Libération faits par les cellules de fact checking. En fait, c'est comme ça qu'on a commencé à marcher. C'est en se servant de nos réseaux sociaux pour centraliser toutes les informations parce que les gens ne sont pas conscients qu'il existe autant d'outils pour faire du fact checking en France.

[00:20:17.380]

On a été assez bien reçus et ça a été assez bienveillant de la part des médias traditionnels. On a eu beaucoup de discussions avec France Info, notamment sur le mentorat. On a un partenariat avec les Observateurs et France24, avec qui on a publié notamment une enquête sur le test de la flamme sur les masques. C'est assez intéressant de travailler ensemble. Il y a d'autres discussions qui sont mises en place et on essaye d’être assez large. Ils ne peuvent pas traiter tous les sujets, donc je pense que l'entraide est dans les deux sens.

[00:21:47.680]

Pour le moment, il n'y a aucune rémunération, malheureusement. Mais on essaye de préparer l'après et ça a été l'objectif depuis la fin du confinement le 11 mai. C'est bien dans le bénévolat, mais ça va pas pouvoir durer. Et donc, oui, on essaye de trouver des solutions. On sait pas si ça va venir des médias ou si c'est à nous aussi d'aller d'aller chercher des fonds ailleurs. On a ouvert un open collective dès le mois d'avril, c’est à dire une plateforme de financement public. On a eu, je vous avoue, surtout eu de l'argent de nos proches, mais parce qu'ils avaient envie de nous soutenir, ils nous voyaient travailler 60 heures par semaine. On va voir si on continue à pérenniser le projet parce que ça serait dommage de baisser les bras à la fin du confinement. On a pris l'habitude de réfléchir à 20.000 mille choses à la fois, de faire tout de la veille pour le lendemain. Le confinement a été levé il y a deux semaines, donc c'est vrai qu'à l'échelle de JS, c'est beaucoup deux semaines, mais ça va être mis en place.

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Comment est ce que vous imaginez changer l'équation chez Journalistes solidaires?

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J'aimerais bien changer cette équation, mais malheureusement, c'est très compliqué. C'est beaucoup d'éducation médias. On a fait un espèce de bingo des news où, justement, on relevait toutes ces petites incohérences qui pouvaient faire une fausse information.

[00:28:29.610]

Il y a des équipes de fact checking dans beaucoup de médias en France et à travers le monde. Pourtant, on n'a pas l'impression que ça fasse réellement reculer les fake news, ni la crédulité face à un certain nombre de fake news. Qu'est ce que vous apportez de plus dans ce domaine?

[00:28:56.970]

Je pense que les gens nous font confiance, parce qu'ils ont vu qu’on était de bonne volonté et c'était peut être ça la différence. Je ne veux pas me comparer avec un média parce que c'est impossible, mais je pense qu'il y a eu une part de confiance qui venait du fait qu’on n'était pas un média et que dans cette crise de confiance envers les médias, on pouvait peut être changer les choses. On essaye vraiment vraiment de jouer sur cette éducation aux médias et sur cette proximité avec l'internaute surtout. On essaye de rester aussi très accessible. Sur notre  page Facebook, les internautes peuvent poser des questions et parfois, on pouvait avoir de grandes conversations en inbox avec des internautes qui, vraiment, avaient l'air un peu perdus.

[00:30:33.510]

Après, il y aura toujours des gens suspicieux, parce qu'il y a toujours des gens qui, sur des propos pas du tout fondés, vont remettre en question notre travail, comme dans tous les médias. Mais il faut passer à côté et justement, écouter ceux qui ont besoin de nous. On savait qu'on avait un énorme champ libre et on en a profité. Et la preuve, c'est qu'il y a des trucs qui ont marché.

[00:32:24.890]

Tu nous reparle de l'intelligence artificielle que vous avez mise à votre profit. De quelle manière?

[00:32:30.870]

Oui, on a décidé de développer ça au moment où on a participé au hackathon de la Commission européenne. Ça aussi, c'est un peu une idée folle, mais c'était c'était super parce qu'on a pu gagner en visibilité aussi. A ce moment là, on a créé cet outil d'intelligence artificielle. L'idée, c'est de calculer la viralité de la news avant même qu'elle ne devienne virale, c'est à dire que 'intelligence artificielle va calculer selon les critères qu'on lui a inculqué un indicateur pointant les fake news qui peuvent cartonner.

[00:35:27.800]

Qu'est ce que tu retiens, toi, de de cette expérience? Qu'est ce qui t’a marqué? Qu'est ce qui t'a surpris? Qu'est ce qui t'a déçu? Je pense que ce qui m'a réellement marqué, c'était que mon équipe était capable de faire quelque chose à petite échelle. On n'a peut être pas les moyens, mais on va essayer de le faire. Ce qui m'a aussi marquée, c'est le fait que l'on arrive à produire énormément alors qu'on se connait pas. C'est peut être le confinement qui a fait ça, mais il s'est passé quelque chose d'extraordinaire, de production, de la même, dans une ambiance assez conviviale. Enfin, il y a eu un effort collectif, et je pense qu'il y a aussi cette partie de bénévolat qui a été assez importante parce que forcément, quand on décide d'être bénévole pour un collectif, c'est qu'on est ultra motivé. Donc, on a eu une espèce d'hyperactivité collective de 60 personnes en même temps. Je vous avoue que à gérer, ce n'était pas toujours facile. J'ai été diplômée il y a un an et je me retrouvais à la tête d'un collectif de 60 personnes à gérer.

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Crédits 

Interview : Philippe Couve et Marianne Rigaux

Design graphique : Benjamin Laible 

Communication : Laurie Lejeune

Générique et habillage sonore : Boris Laible

Production : Ginkio et Samsa.fr

Description

Chez les Journalistes Solidaires, on fait les conférences de rédaction sur Discord et les enquêtes en mode collaboratif sur AirTable. Ce collectif de pigistes bénévoles répartis dans plusieurs pays a vu le jour au début du confinement. Ensemble, ils traquent les fake news  qui se multiplient depuis le début de la crise sanitaire.

Leur rédactrice en cheffe, Lina Fourneau, dévoile dans cet épisode le fonctionnement du collectif.  Journalistes Solidaires rassemble une soixantaine de journalistes, dont certains sont des experts du fact-checking et endossent la position de mentors pour encadrer les enquêtes. Enquêtes qui sont relayées par des médias  partenaires.

Le collectif travaille en open newsroom : toutes les enquêtes sont accessibles à tous en ligne dans des fiches collaboratives. Un fonctionnement qui demande beaucoup de rigueur mais qui crée une grande confiance chez les internautes. 

Ceux-ci ont la possibilité d’adresser des “signalements” aux Journalistes solidaires, c’est à dire des informations à vérifier ou démonter. Peu de moyens, mais beaucoup de motivation : tel est le credo des JS, qui ne comptent pas arrêter leur travail de fact-checking avec le déconfinement. 

Leur dernière trouvaille ? Un outil d’intelligence artificielle pour anticiper la viralité potentielle d’une fake news. Une innovation applicable bien au delà du seul coronavirus.

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Pour aller plus loin 

https://journalistessolidaires.com/

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L’essentiel de l’épisode 

[00:01:08.360]

Bonjour tout le monde. Malgré le confinement, on continue d'enregistrer à distance et on parle aujourd'hui de Journalistes Solidaires ou JS pour les intimes. Il s'agit d'un collectif de pigistes né pendant la crise du coronavirus et qui traque les fake news. Nous sommes donc en ligne avec Lina Fourneau. Bonjour Lina, tu es journaliste pigiste et rédactrice en cheffe de Journalistes solidaires. Ou es tu actuellement? Et où sont les autres membres de JS ?

[00:01:39.420]

Je suis dans un appartement à Paris et les autres sont un peu partout. Comme le virus, on s'est propagé. On est entre la Belgique et la France principalement. On a quelqu'un en Alaska, au Mexique. On a créé une espèce de d'internationale. Ce sont des journalistes qui se sont regroupés à partir du 16 mars, au moment du discours d’Emmanuel Macron, qui annonçait le confinement. On a eu un message de Julien Cazenave, qui est un journaliste monteur vidéo qui nous proposait de faire quelque chose. Il y avait déjà plein de fake news différentes, tout le monde était un peu perdu sur le flux d'information qu'il y avait face à nous. Sur les réseaux sociaux, on voyait n'importe quoi, donc on se dit qu'il y avait quelque chose à faire.

[00:05:23.080]

On est principalement des pigistes. Les pigistes se sont fait couper les commandes au début du confinement. Donc on avait du temps devant nous. On s’est dit :  est ce que je décide de commencer une nouvelle série sur Netflix ou je participe à l'utilité publique? On a tous pris la deuxième option. Moi je suis un bébé de la PQR, j'ai commencé ma carrière il y a un an et demi. Je fais des piges principalement pour la presse économique. On a voulu prendre tout le monde, ouvrir la porte à des étudiants, à des jeunes journalistes comme je l'étais, mais aussi se faire aider par ce qu'on a appelé après des mentors qui étaient des experts du fact checking, qui avaient déjà leur expérience et qui pouvaient nous offrir aussi leurs ressources. Ca a hyper bien marché comme ça, parce qu'il y avait de l'entraide. Parce que, justement, ces journalistes spécialisés dans le fact checking avaient peut être moins de temps, mais beaucoup de choses à nous apprendre.

[00:08:40.180]

On a fait comme dans toutes les rédactions. On a créé un salon sur Discord : il y a vraiment le côté un peu machine à café où on discute de tout et de rien. Mais il y a aussi deux conférences de rédaction par semaine. Et c'est là on discute des sujets. On utilise  aussi Telegram, qui est en fait l'outil qu'on utilise pour avancer notre sujet. Chaque groupe se retrouve sur une discussion Telegram et on a Airtable qui en fait notre base de données éditable, une sorte d’Excel collaboratif en ligne. On s'est établi en open newsroom, c’est à dire une rédaction ouverte où, justement, tout le monde peut voir l'avancée de nos enquêtes et c'est vraiment notre idée de la transparence et notre idée des médias. Au début, on a tous été réticents parce que ça veut dire qu'il faut avoir de la rigueur tout le temps. Tout est visible sur le site. 

[00:12:30.390]

On fonctionne avec des signalements. Un signalement, c'est un internaute qui va dire OK, j'ai vu ce texte, j'ai vu ce tweet, j'ai vu ce post Facebook. Est ce que vous pouvez le vérifier s'il vous plait?  Chaque enquête mobilise  un coordinateur, deux vérificateurs et un mentor. Le coordinateur, c'est celui qui gère l'équipe et l’angle. Le mentor, c’est un expert du fact checking, des gens qui connaissent le métier, qui veulent nous aider.

[00:15:01.260]

Je pense que principalement, les gens sont quand même contents de ce qu'on fait parce qu’ils voient qu'on se décarcasse pour produire de l'information sans vraiment demander en retour des investissements. Après, bien sûr, on s'attaque à des idées conspirationnistes, donc forcément des gens peu convaincus. Donc, il y a des sujets où on a eu des réactions vraiment mauvaises.

[00:16:16.010]

On publie également des ce qu'on appelle les ripostes qui sont les articles externes, c'est à dire des articles du Monde ou de Libération faits par les cellules de fact checking. En fait, c'est comme ça qu'on a commencé à marcher. C'est en se servant de nos réseaux sociaux pour centraliser toutes les informations parce que les gens ne sont pas conscients qu'il existe autant d'outils pour faire du fact checking en France.

[00:20:17.380]

On a été assez bien reçus et ça a été assez bienveillant de la part des médias traditionnels. On a eu beaucoup de discussions avec France Info, notamment sur le mentorat. On a un partenariat avec les Observateurs et France24, avec qui on a publié notamment une enquête sur le test de la flamme sur les masques. C'est assez intéressant de travailler ensemble. Il y a d'autres discussions qui sont mises en place et on essaye d’être assez large. Ils ne peuvent pas traiter tous les sujets, donc je pense que l'entraide est dans les deux sens.

[00:21:47.680]

Pour le moment, il n'y a aucune rémunération, malheureusement. Mais on essaye de préparer l'après et ça a été l'objectif depuis la fin du confinement le 11 mai. C'est bien dans le bénévolat, mais ça va pas pouvoir durer. Et donc, oui, on essaye de trouver des solutions. On sait pas si ça va venir des médias ou si c'est à nous aussi d'aller d'aller chercher des fonds ailleurs. On a ouvert un open collective dès le mois d'avril, c’est à dire une plateforme de financement public. On a eu, je vous avoue, surtout eu de l'argent de nos proches, mais parce qu'ils avaient envie de nous soutenir, ils nous voyaient travailler 60 heures par semaine. On va voir si on continue à pérenniser le projet parce que ça serait dommage de baisser les bras à la fin du confinement. On a pris l'habitude de réfléchir à 20.000 mille choses à la fois, de faire tout de la veille pour le lendemain. Le confinement a été levé il y a deux semaines, donc c'est vrai qu'à l'échelle de JS, c'est beaucoup deux semaines, mais ça va être mis en place.

[00:27:24.040]

Comment est ce que vous imaginez changer l'équation chez Journalistes solidaires?

[00:27:31.300]

J'aimerais bien changer cette équation, mais malheureusement, c'est très compliqué. C'est beaucoup d'éducation médias. On a fait un espèce de bingo des news où, justement, on relevait toutes ces petites incohérences qui pouvaient faire une fausse information.

[00:28:29.610]

Il y a des équipes de fact checking dans beaucoup de médias en France et à travers le monde. Pourtant, on n'a pas l'impression que ça fasse réellement reculer les fake news, ni la crédulité face à un certain nombre de fake news. Qu'est ce que vous apportez de plus dans ce domaine?

[00:28:56.970]

Je pense que les gens nous font confiance, parce qu'ils ont vu qu’on était de bonne volonté et c'était peut être ça la différence. Je ne veux pas me comparer avec un média parce que c'est impossible, mais je pense qu'il y a eu une part de confiance qui venait du fait qu’on n'était pas un média et que dans cette crise de confiance envers les médias, on pouvait peut être changer les choses. On essaye vraiment vraiment de jouer sur cette éducation aux médias et sur cette proximité avec l'internaute surtout. On essaye de rester aussi très accessible. Sur notre  page Facebook, les internautes peuvent poser des questions et parfois, on pouvait avoir de grandes conversations en inbox avec des internautes qui, vraiment, avaient l'air un peu perdus.

[00:30:33.510]

Après, il y aura toujours des gens suspicieux, parce qu'il y a toujours des gens qui, sur des propos pas du tout fondés, vont remettre en question notre travail, comme dans tous les médias. Mais il faut passer à côté et justement, écouter ceux qui ont besoin de nous. On savait qu'on avait un énorme champ libre et on en a profité. Et la preuve, c'est qu'il y a des trucs qui ont marché.

[00:32:24.890]

Tu nous reparle de l'intelligence artificielle que vous avez mise à votre profit. De quelle manière?

[00:32:30.870]

Oui, on a décidé de développer ça au moment où on a participé au hackathon de la Commission européenne. Ça aussi, c'est un peu une idée folle, mais c'était c'était super parce qu'on a pu gagner en visibilité aussi. A ce moment là, on a créé cet outil d'intelligence artificielle. L'idée, c'est de calculer la viralité de la news avant même qu'elle ne devienne virale, c'est à dire que 'intelligence artificielle va calculer selon les critères qu'on lui a inculqué un indicateur pointant les fake news qui peuvent cartonner.

[00:35:27.800]

Qu'est ce que tu retiens, toi, de de cette expérience? Qu'est ce qui t’a marqué? Qu'est ce qui t'a surpris? Qu'est ce qui t'a déçu? Je pense que ce qui m'a réellement marqué, c'était que mon équipe était capable de faire quelque chose à petite échelle. On n'a peut être pas les moyens, mais on va essayer de le faire. Ce qui m'a aussi marquée, c'est le fait que l'on arrive à produire énormément alors qu'on se connait pas. C'est peut être le confinement qui a fait ça, mais il s'est passé quelque chose d'extraordinaire, de production, de la même, dans une ambiance assez conviviale. Enfin, il y a eu un effort collectif, et je pense qu'il y a aussi cette partie de bénévolat qui a été assez importante parce que forcément, quand on décide d'être bénévole pour un collectif, c'est qu'on est ultra motivé. Donc, on a eu une espèce d'hyperactivité collective de 60 personnes en même temps. Je vous avoue que à gérer, ce n'était pas toujours facile. J'ai été diplômée il y a un an et je me retrouvais à la tête d'un collectif de 60 personnes à gérer.

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Crédits 

Interview : Philippe Couve et Marianne Rigaux

Design graphique : Benjamin Laible 

Communication : Laurie Lejeune

Générique et habillage sonore : Boris Laible

Production : Ginkio et Samsa.fr

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