#TransparenceCHU : l’union fait l’enquête en PQR, avec Cédric Motte cover
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A Parte

#TransparenceCHU : l’union fait l’enquête en PQR, avec Cédric Motte

#TransparenceCHU : l’union fait l’enquête en PQR, avec Cédric Motte

27min |13/02/2020
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Description

Mi-janvier, les titres de presse locale ont affiché le même sujet en Une de leurs éditions papiers à travers la France. Cette grande enquête baptisée “Transparence CHU” a été construite à partir du site d’open data du gouvernement, Transparence Santé. L’intérêt de ces masses d’informations recensant les liens d’intérêts entre médecins et laboratoires pharmaceutiques avait été repéré par Frédéric Sallet, journaliste de Sud-Ouest. Le collectif Data + Local s’en est emparé et a convaincu les directions des journaux régionaux d’unir leurs forces pour sortir cette enquête d’envergure.Notre invité, Cédric Motte, est le coordonnateur de cette grande opération. Ce journaliste passionné de data est aujourd’hui directeur des produits digitaux et du développement éditorial du groupe de presse Centre France. A l’automne 2017, il a lancé le collectif Data + Local convaincu de la nécessité de la collaboration entre les rédactions et aussi de l’intérêt de s’inspirer d’autres pratiques comme celles des développeurs. Et c’est sur le groupe Slack de Data + Local que s’est construite l’investigation collaborative “Transparence CHU”. À surveiller : dans la perspective des municipales, le collectif a lancé un grand questionnaire “Si j’étais maire” pour tenter de faire émerger les préoccupations des citoyens à travers la France.

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Pour aller plus loin

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L’essentiel de l’épisode

La construction de l’enquête Transparence CHU 

[00:03:57] C’est Frédéric Sallet de Sud-Ouest qui a repéré auprès du CHU de Bordeaux des anomalies et, fin septembre - début octobre, a contacté les membres du collectif Data+local qui regroupe les journalistes installés dans la rédaction de la presse quotidienne régionale. A partir de là, chaque journaliste lève la main d'une certaine manière dans le groupe Slack pour manifester son intérêt. Et donc là, Fred nous a fait passer un jeu de données qu'il avait récupéré de Transparence Santé qui est un site tout à fait public. A partir de là, on a commencé chacun à gratter les données. 

Et ce qui est important et particulièrement intéressant, c'est que Frédéric, avec Marie Toulemonde également de Sud-Ouest, ont réfléchi à la méthode d'analyse des fichiers pour qu'on ait tous une lecture qui soit identique et qu'on n'ait pas pour les uns des valeurs qui ont une importance là où pour les autres, elle serait considérée comme nulle et non avenue. Donc, on fait une méthodologie de travail autour des fichiers qui a été constituée par essentiellement les journalistes de Sud Ouest et du coup, ils ont partagé et on a tous regardé avec cette méthodologie les documents et on s'est rendu compte qu'on avait tous des histoires à raconter sur les médecins et les liens d'intérêts entre ces médecins et l'industrie de la santé.

[00:06:53] En fait, d'une certaine manière, appeler ça Transparence Santé, c'est un peu, voire complètement, survendu dans la mesure où il n'y a aucun contrôle de la transparence. C'est du déclaratif. Certains CHU n'étaient jusqu'à maintenant pas équipés de comité de déontologie sur ce sujet. Ils en ont potentiellement un sur les aspects médicaux, mais pas forcément sur cet aspect “financier”. Et donc, les effets de cette enquête dans certains CHU, ça a été de se dire qu’il était peut-être temps de s’équiper d'un comité de déontologie sur ces sujets-là. 

[00:08:20] Il y a eu une prise de conscience de la limite des procédés et des processus actuels sur cette histoire de transparence, de liens d'intérêts entre les médecins et les labos, notamment.

[00:11:27] Là ce qui est un peu nouveau et ce qui nous a particulièrement intéressé, c'est que l'enquête a largement dépassé le simple domaine du datajournalisme. Dans certaines rédac, ce n'est pas juste le datajournaliste qui a fait ça dans son coin avec ses fichiers Excel. Ce sont des équipes entières avec des journalistes “classiques” qui sont allées mener l'enquête, c'est-à-dire ont fait des rendez-vous, des interviews avec les médecins, les CHU, les laboratoires… Les rédactions se sont emparés du sujet et l'ont traitée comme un objet journalistique et pas comme juste une production de datajournalisme. C'est une enquête journalistique, en l'occurrence basée sur des données. Et donc, comme toute enquête journalistique qui a une importance, elle a fait la Une. 

Data + Local : le datajournalisme en mode collectif

[00:13:44] Le collectif Data + local est un collectif de datajournalistes, donc ce sont des journalistes au sens le plus pur du terme qui ont un défaut - ou une qualité - qui est d'adorer plonger dans des fichiers Excel ou des bases de données pour repérer des anomalies, ou faire des moyennes, ou faire des médianes, et essayer, à partir de ces chiffres-là, de trouver des histoires à raconter ou des enquêtes à mener. 

En fait, ces datajournalistes existent dans les rédactions de PQR de façon très isolée depuis 4-5 ans. Il y a une accélération mais les rédactions se sont petit à petit équipées de ces profils avec une compétence journaliste et data, et en fait tout le monde était un petit peu isolé chacun dans son coin.

Le collectif Data + Local a été monté au sein de La Montagne et du groupe Centre France en octobre 2017 avec un premier rendez vous qui a eu lieu à Clermont-Ferrand, où une vingtaine de journalistes sont venus d’un peu partout, un peu interrogatifs sur cette idée de casser les murs des rédactions, de venir bosser ensemble. Au démarrage, un petit peu étonné. 

[00:15:50] En fait, ça s’est fait finalement assez assez naturellement et avec une volonté au départ de ne pas créer d'associations, pour ne pas faire quelque chose de lourd. Il n'y a pas des règles pour entrer, pour sortir. Il n'y a pas d'obligation de participer au sujet. Je suis sensible à la data pour faire des bons papiers et donc j'adhère au collectif pour pouvoir profiter de plusieurs choses. La première : un nettoyage des jeux de données qu'on partage. 

On récupère tous des données qui ont souvent une valeur pour l'ensemble du territoire français, même si la granularité, c'est à dire le niveau de détail, descend à la commune ou aux départements. Donc on va chercher un jeu de données qui a une valeur sur toute la France mais on ne va travailler que le département du Loiret, par exemple. Mais pour travailler un jeu de données, il faut le nettoyer parce qu'il y a toujours des colonnes en trop et un minimum de calculs à faire. En fait, on le faisait chacun plus ou moins dans notre coin. 

[00:18:21] C’est vraiment cette idée que je porte en moi que la collaboration et le fait de bosser ensemble, et en l'occurrence en s'inspirant des pratiques d’autres métiers, va nous permettre d'aller plus loin, mieux, différemment. En tout cas, de renouveler une pratique journalistique qui, manifestement parfois, a tendance à ne plus forcément rencontrer son public. 

[00:24:08] On travaille sur un questionnaire autour des municipales qu'on a commencé à réfléchir ensemble en juin 2019 à Bordeaux pour un des événements de Data + Local à Sud Sud-Ouest. Le questionnaire s'appelle “Si j'étais maire”. Sud-Ouest l’a publié. Nous on est en train de l’avoir. D'autres titres sont en train de regarder leur utilisation potentielle de ce questionnaire-là. Et on verra si on a la possibilité d'exploiter les données qui sont fournies là-dedans pour voir si, par exemple, les villes d'une même strate, qui ont entre 10 et 20.000 habitants par exemple, ont toutes la même problématique de médecins ou de transports…

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Crédits

Description

Mi-janvier, les titres de presse locale ont affiché le même sujet en Une de leurs éditions papiers à travers la France. Cette grande enquête baptisée “Transparence CHU” a été construite à partir du site d’open data du gouvernement, Transparence Santé. L’intérêt de ces masses d’informations recensant les liens d’intérêts entre médecins et laboratoires pharmaceutiques avait été repéré par Frédéric Sallet, journaliste de Sud-Ouest. Le collectif Data + Local s’en est emparé et a convaincu les directions des journaux régionaux d’unir leurs forces pour sortir cette enquête d’envergure.Notre invité, Cédric Motte, est le coordonnateur de cette grande opération. Ce journaliste passionné de data est aujourd’hui directeur des produits digitaux et du développement éditorial du groupe de presse Centre France. A l’automne 2017, il a lancé le collectif Data + Local convaincu de la nécessité de la collaboration entre les rédactions et aussi de l’intérêt de s’inspirer d’autres pratiques comme celles des développeurs. Et c’est sur le groupe Slack de Data + Local que s’est construite l’investigation collaborative “Transparence CHU”. À surveiller : dans la perspective des municipales, le collectif a lancé un grand questionnaire “Si j’étais maire” pour tenter de faire émerger les préoccupations des citoyens à travers la France.

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Pour aller plus loin

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L’essentiel de l’épisode

La construction de l’enquête Transparence CHU 

[00:03:57] C’est Frédéric Sallet de Sud-Ouest qui a repéré auprès du CHU de Bordeaux des anomalies et, fin septembre - début octobre, a contacté les membres du collectif Data+local qui regroupe les journalistes installés dans la rédaction de la presse quotidienne régionale. A partir de là, chaque journaliste lève la main d'une certaine manière dans le groupe Slack pour manifester son intérêt. Et donc là, Fred nous a fait passer un jeu de données qu'il avait récupéré de Transparence Santé qui est un site tout à fait public. A partir de là, on a commencé chacun à gratter les données. 

Et ce qui est important et particulièrement intéressant, c'est que Frédéric, avec Marie Toulemonde également de Sud-Ouest, ont réfléchi à la méthode d'analyse des fichiers pour qu'on ait tous une lecture qui soit identique et qu'on n'ait pas pour les uns des valeurs qui ont une importance là où pour les autres, elle serait considérée comme nulle et non avenue. Donc, on fait une méthodologie de travail autour des fichiers qui a été constituée par essentiellement les journalistes de Sud Ouest et du coup, ils ont partagé et on a tous regardé avec cette méthodologie les documents et on s'est rendu compte qu'on avait tous des histoires à raconter sur les médecins et les liens d'intérêts entre ces médecins et l'industrie de la santé.

[00:06:53] En fait, d'une certaine manière, appeler ça Transparence Santé, c'est un peu, voire complètement, survendu dans la mesure où il n'y a aucun contrôle de la transparence. C'est du déclaratif. Certains CHU n'étaient jusqu'à maintenant pas équipés de comité de déontologie sur ce sujet. Ils en ont potentiellement un sur les aspects médicaux, mais pas forcément sur cet aspect “financier”. Et donc, les effets de cette enquête dans certains CHU, ça a été de se dire qu’il était peut-être temps de s’équiper d'un comité de déontologie sur ces sujets-là. 

[00:08:20] Il y a eu une prise de conscience de la limite des procédés et des processus actuels sur cette histoire de transparence, de liens d'intérêts entre les médecins et les labos, notamment.

[00:11:27] Là ce qui est un peu nouveau et ce qui nous a particulièrement intéressé, c'est que l'enquête a largement dépassé le simple domaine du datajournalisme. Dans certaines rédac, ce n'est pas juste le datajournaliste qui a fait ça dans son coin avec ses fichiers Excel. Ce sont des équipes entières avec des journalistes “classiques” qui sont allées mener l'enquête, c'est-à-dire ont fait des rendez-vous, des interviews avec les médecins, les CHU, les laboratoires… Les rédactions se sont emparés du sujet et l'ont traitée comme un objet journalistique et pas comme juste une production de datajournalisme. C'est une enquête journalistique, en l'occurrence basée sur des données. Et donc, comme toute enquête journalistique qui a une importance, elle a fait la Une. 

Data + Local : le datajournalisme en mode collectif

[00:13:44] Le collectif Data + local est un collectif de datajournalistes, donc ce sont des journalistes au sens le plus pur du terme qui ont un défaut - ou une qualité - qui est d'adorer plonger dans des fichiers Excel ou des bases de données pour repérer des anomalies, ou faire des moyennes, ou faire des médianes, et essayer, à partir de ces chiffres-là, de trouver des histoires à raconter ou des enquêtes à mener. 

En fait, ces datajournalistes existent dans les rédactions de PQR de façon très isolée depuis 4-5 ans. Il y a une accélération mais les rédactions se sont petit à petit équipées de ces profils avec une compétence journaliste et data, et en fait tout le monde était un petit peu isolé chacun dans son coin.

Le collectif Data + Local a été monté au sein de La Montagne et du groupe Centre France en octobre 2017 avec un premier rendez vous qui a eu lieu à Clermont-Ferrand, où une vingtaine de journalistes sont venus d’un peu partout, un peu interrogatifs sur cette idée de casser les murs des rédactions, de venir bosser ensemble. Au démarrage, un petit peu étonné. 

[00:15:50] En fait, ça s’est fait finalement assez assez naturellement et avec une volonté au départ de ne pas créer d'associations, pour ne pas faire quelque chose de lourd. Il n'y a pas des règles pour entrer, pour sortir. Il n'y a pas d'obligation de participer au sujet. Je suis sensible à la data pour faire des bons papiers et donc j'adhère au collectif pour pouvoir profiter de plusieurs choses. La première : un nettoyage des jeux de données qu'on partage. 

On récupère tous des données qui ont souvent une valeur pour l'ensemble du territoire français, même si la granularité, c'est à dire le niveau de détail, descend à la commune ou aux départements. Donc on va chercher un jeu de données qui a une valeur sur toute la France mais on ne va travailler que le département du Loiret, par exemple. Mais pour travailler un jeu de données, il faut le nettoyer parce qu'il y a toujours des colonnes en trop et un minimum de calculs à faire. En fait, on le faisait chacun plus ou moins dans notre coin. 

[00:18:21] C’est vraiment cette idée que je porte en moi que la collaboration et le fait de bosser ensemble, et en l'occurrence en s'inspirant des pratiques d’autres métiers, va nous permettre d'aller plus loin, mieux, différemment. En tout cas, de renouveler une pratique journalistique qui, manifestement parfois, a tendance à ne plus forcément rencontrer son public. 

[00:24:08] On travaille sur un questionnaire autour des municipales qu'on a commencé à réfléchir ensemble en juin 2019 à Bordeaux pour un des événements de Data + Local à Sud Sud-Ouest. Le questionnaire s'appelle “Si j'étais maire”. Sud-Ouest l’a publié. Nous on est en train de l’avoir. D'autres titres sont en train de regarder leur utilisation potentielle de ce questionnaire-là. Et on verra si on a la possibilité d'exploiter les données qui sont fournies là-dedans pour voir si, par exemple, les villes d'une même strate, qui ont entre 10 et 20.000 habitants par exemple, ont toutes la même problématique de médecins ou de transports…

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Mi-janvier, les titres de presse locale ont affiché le même sujet en Une de leurs éditions papiers à travers la France. Cette grande enquête baptisée “Transparence CHU” a été construite à partir du site d’open data du gouvernement, Transparence Santé. L’intérêt de ces masses d’informations recensant les liens d’intérêts entre médecins et laboratoires pharmaceutiques avait été repéré par Frédéric Sallet, journaliste de Sud-Ouest. Le collectif Data + Local s’en est emparé et a convaincu les directions des journaux régionaux d’unir leurs forces pour sortir cette enquête d’envergure.Notre invité, Cédric Motte, est le coordonnateur de cette grande opération. Ce journaliste passionné de data est aujourd’hui directeur des produits digitaux et du développement éditorial du groupe de presse Centre France. A l’automne 2017, il a lancé le collectif Data + Local convaincu de la nécessité de la collaboration entre les rédactions et aussi de l’intérêt de s’inspirer d’autres pratiques comme celles des développeurs. Et c’est sur le groupe Slack de Data + Local que s’est construite l’investigation collaborative “Transparence CHU”. À surveiller : dans la perspective des municipales, le collectif a lancé un grand questionnaire “Si j’étais maire” pour tenter de faire émerger les préoccupations des citoyens à travers la France.

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L’essentiel de l’épisode

La construction de l’enquête Transparence CHU 

[00:03:57] C’est Frédéric Sallet de Sud-Ouest qui a repéré auprès du CHU de Bordeaux des anomalies et, fin septembre - début octobre, a contacté les membres du collectif Data+local qui regroupe les journalistes installés dans la rédaction de la presse quotidienne régionale. A partir de là, chaque journaliste lève la main d'une certaine manière dans le groupe Slack pour manifester son intérêt. Et donc là, Fred nous a fait passer un jeu de données qu'il avait récupéré de Transparence Santé qui est un site tout à fait public. A partir de là, on a commencé chacun à gratter les données. 

Et ce qui est important et particulièrement intéressant, c'est que Frédéric, avec Marie Toulemonde également de Sud-Ouest, ont réfléchi à la méthode d'analyse des fichiers pour qu'on ait tous une lecture qui soit identique et qu'on n'ait pas pour les uns des valeurs qui ont une importance là où pour les autres, elle serait considérée comme nulle et non avenue. Donc, on fait une méthodologie de travail autour des fichiers qui a été constituée par essentiellement les journalistes de Sud Ouest et du coup, ils ont partagé et on a tous regardé avec cette méthodologie les documents et on s'est rendu compte qu'on avait tous des histoires à raconter sur les médecins et les liens d'intérêts entre ces médecins et l'industrie de la santé.

[00:06:53] En fait, d'une certaine manière, appeler ça Transparence Santé, c'est un peu, voire complètement, survendu dans la mesure où il n'y a aucun contrôle de la transparence. C'est du déclaratif. Certains CHU n'étaient jusqu'à maintenant pas équipés de comité de déontologie sur ce sujet. Ils en ont potentiellement un sur les aspects médicaux, mais pas forcément sur cet aspect “financier”. Et donc, les effets de cette enquête dans certains CHU, ça a été de se dire qu’il était peut-être temps de s’équiper d'un comité de déontologie sur ces sujets-là. 

[00:08:20] Il y a eu une prise de conscience de la limite des procédés et des processus actuels sur cette histoire de transparence, de liens d'intérêts entre les médecins et les labos, notamment.

[00:11:27] Là ce qui est un peu nouveau et ce qui nous a particulièrement intéressé, c'est que l'enquête a largement dépassé le simple domaine du datajournalisme. Dans certaines rédac, ce n'est pas juste le datajournaliste qui a fait ça dans son coin avec ses fichiers Excel. Ce sont des équipes entières avec des journalistes “classiques” qui sont allées mener l'enquête, c'est-à-dire ont fait des rendez-vous, des interviews avec les médecins, les CHU, les laboratoires… Les rédactions se sont emparés du sujet et l'ont traitée comme un objet journalistique et pas comme juste une production de datajournalisme. C'est une enquête journalistique, en l'occurrence basée sur des données. Et donc, comme toute enquête journalistique qui a une importance, elle a fait la Une. 

Data + Local : le datajournalisme en mode collectif

[00:13:44] Le collectif Data + local est un collectif de datajournalistes, donc ce sont des journalistes au sens le plus pur du terme qui ont un défaut - ou une qualité - qui est d'adorer plonger dans des fichiers Excel ou des bases de données pour repérer des anomalies, ou faire des moyennes, ou faire des médianes, et essayer, à partir de ces chiffres-là, de trouver des histoires à raconter ou des enquêtes à mener. 

En fait, ces datajournalistes existent dans les rédactions de PQR de façon très isolée depuis 4-5 ans. Il y a une accélération mais les rédactions se sont petit à petit équipées de ces profils avec une compétence journaliste et data, et en fait tout le monde était un petit peu isolé chacun dans son coin.

Le collectif Data + Local a été monté au sein de La Montagne et du groupe Centre France en octobre 2017 avec un premier rendez vous qui a eu lieu à Clermont-Ferrand, où une vingtaine de journalistes sont venus d’un peu partout, un peu interrogatifs sur cette idée de casser les murs des rédactions, de venir bosser ensemble. Au démarrage, un petit peu étonné. 

[00:15:50] En fait, ça s’est fait finalement assez assez naturellement et avec une volonté au départ de ne pas créer d'associations, pour ne pas faire quelque chose de lourd. Il n'y a pas des règles pour entrer, pour sortir. Il n'y a pas d'obligation de participer au sujet. Je suis sensible à la data pour faire des bons papiers et donc j'adhère au collectif pour pouvoir profiter de plusieurs choses. La première : un nettoyage des jeux de données qu'on partage. 

On récupère tous des données qui ont souvent une valeur pour l'ensemble du territoire français, même si la granularité, c'est à dire le niveau de détail, descend à la commune ou aux départements. Donc on va chercher un jeu de données qui a une valeur sur toute la France mais on ne va travailler que le département du Loiret, par exemple. Mais pour travailler un jeu de données, il faut le nettoyer parce qu'il y a toujours des colonnes en trop et un minimum de calculs à faire. En fait, on le faisait chacun plus ou moins dans notre coin. 

[00:18:21] C’est vraiment cette idée que je porte en moi que la collaboration et le fait de bosser ensemble, et en l'occurrence en s'inspirant des pratiques d’autres métiers, va nous permettre d'aller plus loin, mieux, différemment. En tout cas, de renouveler une pratique journalistique qui, manifestement parfois, a tendance à ne plus forcément rencontrer son public. 

[00:24:08] On travaille sur un questionnaire autour des municipales qu'on a commencé à réfléchir ensemble en juin 2019 à Bordeaux pour un des événements de Data + Local à Sud Sud-Ouest. Le questionnaire s'appelle “Si j'étais maire”. Sud-Ouest l’a publié. Nous on est en train de l’avoir. D'autres titres sont en train de regarder leur utilisation potentielle de ce questionnaire-là. Et on verra si on a la possibilité d'exploiter les données qui sont fournies là-dedans pour voir si, par exemple, les villes d'une même strate, qui ont entre 10 et 20.000 habitants par exemple, ont toutes la même problématique de médecins ou de transports…

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Description

Mi-janvier, les titres de presse locale ont affiché le même sujet en Une de leurs éditions papiers à travers la France. Cette grande enquête baptisée “Transparence CHU” a été construite à partir du site d’open data du gouvernement, Transparence Santé. L’intérêt de ces masses d’informations recensant les liens d’intérêts entre médecins et laboratoires pharmaceutiques avait été repéré par Frédéric Sallet, journaliste de Sud-Ouest. Le collectif Data + Local s’en est emparé et a convaincu les directions des journaux régionaux d’unir leurs forces pour sortir cette enquête d’envergure.Notre invité, Cédric Motte, est le coordonnateur de cette grande opération. Ce journaliste passionné de data est aujourd’hui directeur des produits digitaux et du développement éditorial du groupe de presse Centre France. A l’automne 2017, il a lancé le collectif Data + Local convaincu de la nécessité de la collaboration entre les rédactions et aussi de l’intérêt de s’inspirer d’autres pratiques comme celles des développeurs. Et c’est sur le groupe Slack de Data + Local que s’est construite l’investigation collaborative “Transparence CHU”. À surveiller : dans la perspective des municipales, le collectif a lancé un grand questionnaire “Si j’étais maire” pour tenter de faire émerger les préoccupations des citoyens à travers la France.

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L’essentiel de l’épisode

La construction de l’enquête Transparence CHU 

[00:03:57] C’est Frédéric Sallet de Sud-Ouest qui a repéré auprès du CHU de Bordeaux des anomalies et, fin septembre - début octobre, a contacté les membres du collectif Data+local qui regroupe les journalistes installés dans la rédaction de la presse quotidienne régionale. A partir de là, chaque journaliste lève la main d'une certaine manière dans le groupe Slack pour manifester son intérêt. Et donc là, Fred nous a fait passer un jeu de données qu'il avait récupéré de Transparence Santé qui est un site tout à fait public. A partir de là, on a commencé chacun à gratter les données. 

Et ce qui est important et particulièrement intéressant, c'est que Frédéric, avec Marie Toulemonde également de Sud-Ouest, ont réfléchi à la méthode d'analyse des fichiers pour qu'on ait tous une lecture qui soit identique et qu'on n'ait pas pour les uns des valeurs qui ont une importance là où pour les autres, elle serait considérée comme nulle et non avenue. Donc, on fait une méthodologie de travail autour des fichiers qui a été constituée par essentiellement les journalistes de Sud Ouest et du coup, ils ont partagé et on a tous regardé avec cette méthodologie les documents et on s'est rendu compte qu'on avait tous des histoires à raconter sur les médecins et les liens d'intérêts entre ces médecins et l'industrie de la santé.

[00:06:53] En fait, d'une certaine manière, appeler ça Transparence Santé, c'est un peu, voire complètement, survendu dans la mesure où il n'y a aucun contrôle de la transparence. C'est du déclaratif. Certains CHU n'étaient jusqu'à maintenant pas équipés de comité de déontologie sur ce sujet. Ils en ont potentiellement un sur les aspects médicaux, mais pas forcément sur cet aspect “financier”. Et donc, les effets de cette enquête dans certains CHU, ça a été de se dire qu’il était peut-être temps de s’équiper d'un comité de déontologie sur ces sujets-là. 

[00:08:20] Il y a eu une prise de conscience de la limite des procédés et des processus actuels sur cette histoire de transparence, de liens d'intérêts entre les médecins et les labos, notamment.

[00:11:27] Là ce qui est un peu nouveau et ce qui nous a particulièrement intéressé, c'est que l'enquête a largement dépassé le simple domaine du datajournalisme. Dans certaines rédac, ce n'est pas juste le datajournaliste qui a fait ça dans son coin avec ses fichiers Excel. Ce sont des équipes entières avec des journalistes “classiques” qui sont allées mener l'enquête, c'est-à-dire ont fait des rendez-vous, des interviews avec les médecins, les CHU, les laboratoires… Les rédactions se sont emparés du sujet et l'ont traitée comme un objet journalistique et pas comme juste une production de datajournalisme. C'est une enquête journalistique, en l'occurrence basée sur des données. Et donc, comme toute enquête journalistique qui a une importance, elle a fait la Une. 

Data + Local : le datajournalisme en mode collectif

[00:13:44] Le collectif Data + local est un collectif de datajournalistes, donc ce sont des journalistes au sens le plus pur du terme qui ont un défaut - ou une qualité - qui est d'adorer plonger dans des fichiers Excel ou des bases de données pour repérer des anomalies, ou faire des moyennes, ou faire des médianes, et essayer, à partir de ces chiffres-là, de trouver des histoires à raconter ou des enquêtes à mener. 

En fait, ces datajournalistes existent dans les rédactions de PQR de façon très isolée depuis 4-5 ans. Il y a une accélération mais les rédactions se sont petit à petit équipées de ces profils avec une compétence journaliste et data, et en fait tout le monde était un petit peu isolé chacun dans son coin.

Le collectif Data + Local a été monté au sein de La Montagne et du groupe Centre France en octobre 2017 avec un premier rendez vous qui a eu lieu à Clermont-Ferrand, où une vingtaine de journalistes sont venus d’un peu partout, un peu interrogatifs sur cette idée de casser les murs des rédactions, de venir bosser ensemble. Au démarrage, un petit peu étonné. 

[00:15:50] En fait, ça s’est fait finalement assez assez naturellement et avec une volonté au départ de ne pas créer d'associations, pour ne pas faire quelque chose de lourd. Il n'y a pas des règles pour entrer, pour sortir. Il n'y a pas d'obligation de participer au sujet. Je suis sensible à la data pour faire des bons papiers et donc j'adhère au collectif pour pouvoir profiter de plusieurs choses. La première : un nettoyage des jeux de données qu'on partage. 

On récupère tous des données qui ont souvent une valeur pour l'ensemble du territoire français, même si la granularité, c'est à dire le niveau de détail, descend à la commune ou aux départements. Donc on va chercher un jeu de données qui a une valeur sur toute la France mais on ne va travailler que le département du Loiret, par exemple. Mais pour travailler un jeu de données, il faut le nettoyer parce qu'il y a toujours des colonnes en trop et un minimum de calculs à faire. En fait, on le faisait chacun plus ou moins dans notre coin. 

[00:18:21] C’est vraiment cette idée que je porte en moi que la collaboration et le fait de bosser ensemble, et en l'occurrence en s'inspirant des pratiques d’autres métiers, va nous permettre d'aller plus loin, mieux, différemment. En tout cas, de renouveler une pratique journalistique qui, manifestement parfois, a tendance à ne plus forcément rencontrer son public. 

[00:24:08] On travaille sur un questionnaire autour des municipales qu'on a commencé à réfléchir ensemble en juin 2019 à Bordeaux pour un des événements de Data + Local à Sud Sud-Ouest. Le questionnaire s'appelle “Si j'étais maire”. Sud-Ouest l’a publié. Nous on est en train de l’avoir. D'autres titres sont en train de regarder leur utilisation potentielle de ce questionnaire-là. Et on verra si on a la possibilité d'exploiter les données qui sont fournies là-dedans pour voir si, par exemple, les villes d'une même strate, qui ont entre 10 et 20.000 habitants par exemple, ont toutes la même problématique de médecins ou de transports…

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