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EP #18 - Aimery Duriez-Mise - L'Enfance Meurtrie Forge-t-elle des Leaders plus Humains ? cover
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A Poil et Sans Filet

EP #18 - Aimery Duriez-Mise - L'Enfance Meurtrie Forge-t-elle des Leaders plus Humains ?

EP #18 - Aimery Duriez-Mise - L'Enfance Meurtrie Forge-t-elle des Leaders plus Humains ?

1h40 |13/05/2025
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A Poil et Sans Filet

EP #18 - Aimery Duriez-Mise - L'Enfance Meurtrie Forge-t-elle des Leaders plus Humains ?

EP #18 - Aimery Duriez-Mise - L'Enfance Meurtrie Forge-t-elle des Leaders plus Humains ?

1h40 |13/05/2025
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Description

Il a grandi dans la violence. Il dirige aujourd’hui une entreprise où la vulnérabilité est une force.

Les ESN c’est le côté obscur de l’entrepreneuriat. Mais voici Aimery Duriez-Mise qui mène la révolte avec Alenia Consulting et ses 300 salariés.

Aimery a d’abord passé 15 ans dans une grande banque où

- Il manageait jusqu’à 800 personnes

- Il avait un package à 6 chiffres

- Il venait tous les matins en costume 3 pièces

Bon…la vie était confortable et Aimery aime les costards

Mais un jour il rencontre sa future associée qui lui dit “viens on créée une ESN”. Il lui répond “tu es malade ? ce secteur c’est une boucherie humaine”.

Et la réputation des ESN / SSII (avec qui il travaillait) - c’est :

- des ingénieurs placés à la pelle à droite à gauche qui restent 2 ans

- un salaire de consultant au fixe bas, avec des com’ “carottes”

- des horaires indécents

Mais il réfléchit et s’il se lance ce sera pour changer les choses.

Car Aimery adore le management et se forme en permanence.

Il m’a ainsi expliqué ”J’ai envie de redonner leur place aux émotions dans le travail. Surtout dans mon secteur.”

Alors ils ont créé une culture où :

1. on accueille toute la gamme des émotions humaines

2. il n'y a ni commerciaux ni recruteurs : 100% des talents viennent de la cooptation

3. chaque collaborateur est accompagné et le turnover est très faible

Le tout à l’échelle d’une boîte de 30M€ de CA en très forte croissance en France et à l’étranger. En moins de 6 ans !

Mais derrière cette belle histoire, Aimery revient de loin.

Il a vécu une enfance brutale qui lui a forgé une carapace pendant ses années de Sogé.

Il a mis en application chez Alenia sa transformation personnelle.

C’est la question à laquelle j’ai voulu répondre dans ce podcast filmé : « L'enfance meurtrie forge-t-elle des leaders plus humains ? »

On parle dans cet épisode de A Poil et Sans Filet

- comment se relever d’une enfance violente ?

- l’ouverture aux émotions dans le travail

- l’affaire Jerôme Kerviel et ce que ça dit du monde corpo

- comment transformer une organisation

Merci Aimery pour ton témoignage rare !

PS : il ressemble un peu à Obi-Wan en vrai non ?


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Pour la première fois de ma vie, j'arrive à vivre au présent. En fait, mec, t'as déjà vécu la moitié de ta vie. Et la question qui t'arrive dans la gueule hyper violemment, c'est est-ce que tu veux vivre la seconde partie de ta vie de la même façon ? Moi, à l'époque, en tout cas, c'était général, il faut être clair, j'avais ma deuxième journée de travail qui commençait à 19h. Un trauma colossal qui va écrouler cette banque-là, qui s'appelle Jérôme Kerviel. Mon absence d'armure aujourd'hui est devenue un super pouvoir incroyable. pourquoi qui a décidé que du lundi au vendredi de 9h à 17h on devait être quelqu'un de différent on peut jamais être aussi performant que quand on est vraiment soi-même la vie pro, si pour vous c'est dur c'est compliqué etc, il y a une façon de le gérer qui est de se dire que c'est juste un jeu à quel moment on a dit que la bienveillance c'est pas dire la vérité ? Jamais justement au contraire, la bienveillance c'est d'abord se dire les choses et les choses qui piquent

  • Speaker #1

    Bienvenue dans À poil et sans filet, le podcast qui met à nul les leaders d'aujourd'hui pour comprendre qui ils sont vraiment. Chaque semaine, je vous partage mes conversations dénudées avec des dirigeants ou des dirigeantes qui m'inspirent. Je suis convaincu que la vulnérabilité est le super pouvoir du leadership et que c'est en comprenant le dessous des cartes qu'on progresse vraiment. Merci à tous pour vos messages d'encouragement et de vous abonner chaque semaine plus nombreux, des antennes à chaque épisode. C'est hyper valorisant pour le travail que je mène. Donc si ça vous a plu, n'hésitez pas à mettre 5 sur 5 sur la plateforme de votre choix, Spotify, Deezer, Apple Podcast, ça nous aide énormément. Merci.

  • Speaker #0

    On est content, on a passé la barre des 25. On tangentait et on a regardé et on a dit c'est bon on est au-dessus des 25, donc ça c'est cool.

  • Speaker #1

    C'est impressionnant. Ouais c'est cool. Parce que c'est en 5 ans.

  • Speaker #0

    En 6 ans là, on vient de passer les 6 ans.

  • Speaker #1

    Vous venez de passer les 6 ans.

  • Speaker #0

    On arrive aux 6 ans, ouais exactement. C'est une croissance qui est monstrueuse en vrai. Non c'est cool, c'est top. Et on a encore un potentiel de fou. Jusqu'on bosse.

  • Speaker #1

    Ouais bien sûr, c'est clair.

  • Speaker #0

    Et qu'on le réalise. Ouais bien sûr. Mais tout à fait, non c'est clair, c'est béton. Ouais c'est vraiment béton.

  • Speaker #1

    Écoute, avant de parler business business... je vais te poser la question que je pose à tous mes invités C'est quand la dernière fois que tu t'es senti à poil et sans filet, Emery ?

  • Speaker #0

    Déjà, merci de me recevoir, c'est trop cool. Surtout parce que aussi, ce sujet me parle à mort. C'est presque le sujet de ma life, globalement, maintenant. Et d'un tournant énorme chez moi. Maintenant, j'ai envie de te dire, tous les jours, c'est un truc de malade. Maintenant, je suis à poil et sans filet tous les jours. C'est un truc de fou furieux.

  • Speaker #1

    Le matin, quand tu te lèves et que tu es en caleçon ?

  • Speaker #0

    Franchement, non, vraiment. Pour de vrai, vrai. avec Avec mes collabs, avec mes amis, avec mon amoureuse, avec les entrepreneurs qui m'entourent, avec tout le monde. Franchement, j'ai l'impression que c'est presque un guide de vie aujourd'hui, maintenant. Après, il y a des moments où tu es encore plus tout de bonne. Et c'est sûr que tout ce qui... Tu es un jeune papa. Tout ce qui touche aux enfants, ça a une capacité. Ou même les personnes qui ont le plus d'armure ou le plus de masque. ça t'amène de toute façon à une vulnérabilité absolue. C'est vrai que même en étant à poil et sans filet tout le temps, dans les trucs qui peuvent arriver à mes filles, ça me ramène encore plus à une vulnérabilité absolue.

  • Speaker #1

    Tu as deux enfants ?

  • Speaker #0

    Oui, j'ai deux princesses qui ont grandi puisque maintenant elles ont 15 ans et 12 ans.

  • Speaker #1

    Mais qu'est-ce que ça veut dire pour toi, du coup, être tout le temps à poil et sans filet ? C'est difficile pour les gens d'imaginer ça parce qu'ils se disent soit une bullshit, soit soit tu vois il est

  • Speaker #0

    il est vraiment chelou ce gars c'est vrai et c'est pas facile à factualiser ce truc là donc si on va reparler sans doute un peu de mon parcours j'ai grandi et j'ai évolué jusqu'à quasiment mes 40 ans dans une vie qui a pas été ultra simple même si ça a pas été la pire et qui m'a poussé à construire une énorme armure à mettre masque sur mon corps. masque sur masque et j'ai été super moi ça j'ai été un excellent acteur j'ai surperformé là dedans et puis puis un jour voilà la vie a fait toc toc toc en fait c'est juste pas possible il tu peux pas continuer comme ça tout simplement et ses limites physiques pour le coup et à partir de ça j'ai pendant ouais plus de plus de six ans déconstruit parce que ça s'enlève pas du jour au lendemain, en plus c'est long. d'enlever ses masques, d'enlever l'armure, d'accepter tes vulnérabilités, puis de gérer cette vulnérabilité, parce que au début tu enlèves et c'est comme une croûte, au début ta chair elle est à vif, donc tu peux être ultra réactif, sur vulnérable, etc. Voilà, je pleurais énormément, j'étais à fond dans l'émotion, j'avais des réactions émotionnelles très fortes. j'avais pas mal de colère aussi et puis voilà au bout d'un moment tu continues à travailler sur toi, t'acceptes tu verbalises les émotions et puis t'arrives à un moment d'apaisement vraiment parce que je t'interromps mais tu dis encore tu parles de toi en tu

  • Speaker #1

    C'est parce que tu as du mal encore à dire jeu de cette période ?

  • Speaker #0

    Non, j'essaie plutôt de porter ce sujet-là vers l'autre. Aujourd'hui, c'est un de mes déclics récents. Aujourd'hui, pour la première fois de ma vie, j'arrive à vivre auprès de... présent. J'ai lu ce fucking bouquin de Gartollet il y a quelques années. Il n'y a pas si longtemps. Il y a trois ans, il m'a écorché. Il m'a fait hyper mal ce bouquin. Il m'a fait rendre compte à quel point je n'y étais pas, mais pas du tout, du tout, du tout. Et c'était une violence. J'adore lire, on en a parlé, je dévore bouquin sur bouquin sur bouquin. Celui-là, j'ai eu un mal de chien, le finir. J'ai dû me forcer, mais je n'y étais pas. Aujourd'hui, enfin, J'y suis. et j'ai atteint un niveau de sérénité où j'ai super envie de partager ça donc voilà c'est dans mes résolutions du dernier semi bootstrap qui a eu lieu il y a quelques semaines c'est d'aider les gens qui m'entourent à

  • Speaker #1

    atteindre ce niveau de sérénité alors je suis pas un gourou on est à Obi-Wan vous pouvez le voir il a son tout noir c'est vrai qu'on m'a dit que je ressemblais un peu c'est le stage c'était Anakin mais

  • Speaker #0

    C'est le méga-gourou. Non, pas du tout. C'est quoi le déclic en fait ?

  • Speaker #1

    Parce que tu vas nous parler un petit peu de ton enfance pour commencer, peut-être raconter comment tu as grandi et qu'est-ce qui... Tu dis que tu as créé une armure, mais avant ça, qu'est-ce qui a été le déclic ?

  • Speaker #0

    Comment j'ai basculé là-dedans ? Je pense que j'ai eu la chance de vivre énormément d'épreuves dans ma life. Et donc, je pense qu'aujourd'hui, le fait que j'y arrive à ce stade, à vraiment être à poil et sans filet, c'est qu'avant, j'ai eu tellement... C'est un retour de médaille, globalement. J'étais tellement à jouer l'acteur que... Aujourd'hui, il y a la bascule inverse. Donc, j'arrive à quelque chose de totalement naked.

  • Speaker #1

    Je veux dire, c'est arrivé parce qu'il y a eu un moment, un accident,

  • Speaker #0

    où c'est plus pressif. Il y a eu une accumulation totale, c'est clair pour le coup. Et puis, à un moment où je sature, il y a eu des déclics successifs. Je pense qu'on va y venir. Puis, il y a un truc complètement con qui m'a explosé à la gueule. C'est la crise de la quarantaine. Franchement, je m'énervais tellement j'étais une caricature. de voilà, c'est juste... cette prise de conscience totalement humaine que, en fait, mec, t'as déjà vécu la moitié de ta vie. Et la question qui te... Vraiment, mais qui t'arrive dans la gueule hyper violemment, c'est est-ce que tu veux vivre la seconde partie de ta vie de la même façon que tu as vécu la première ? Et ce truc-là est une puissance infâme. C'est vraiment... C'est juste un rétro de première partie de vie. Et voilà. Et parce que t'es toujours en train de dire non, mais attends, ça va aller, j'ai un plan dans 5 ans. on est au top, dans 10 ans on va être au maximum, etc. Non, en fait, le sujet il est pas là. T'as déjà vécu la moitié, t'es déjà à 50%. Donc là, maintenant, aujourd'hui, qu'est-ce que tu fous ? Et dans quel état t'es ? Et qu'est-ce que tu veux être aujourd'hui ? Pas dans 5 ans ou dans 10 ans. Aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Notre deuxième vie commence quand on réalise qu'on n'en a qu'une.

  • Speaker #0

    Ouais, et puis qu'elle va peut-être se terminer puisqu'en plus, tu vois, bon déjà, si à 40 t'es à la moitié, c'est-à-dire que tu vivras à 80, c'est déjà pas mal, pour le coup, ça sera pas 4 ans

  • Speaker #1

    quel âge là aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    J'ai 44, je vais avoir 45 cet été. Pareil, il y a aussi prise de conscience. Oui, il y a 100%. Là, pour le goût, je suis bien à 50.

  • Speaker #1

    Ok. Est-ce que tu peux nous dire un petit peu où est-ce que tu as grandi ?

  • Speaker #0

    Ouais, tu t'avais. Moi, en termes d'écosystème, ma vie est ultra paradoxale, mais il y a des choses assez rigolotes. J'ai grandi dans un... Je suis issu d'une famille d'entrepreneurs qui avaient pas mal de moyens, en tout cas du côté de ma mère. et Et on a grandi dans un petit village qui s'appelle Saint-Nan-la-Bretage, qui est à côté de Saint-Germain-la-Laye et qui est connu pour être très friqué. Il y a un des plus grands et select golf de France dedans. Mais ma mère et mon beau-père, voilà, avaient mis tout l'argent dans l'achat du terrain et dans les quatre murs de la maison. Très belle maison d'extérieur. Et à l'intérieur, on a vécu pendant 15 ans dans une maison en travaux. Surréaliste. Donc tous mes potes qui venaient, qui étaient souvent de conditions assez basses, Ils arrivaient et disaient « Mais mec, tu vis dans un palace. » Et ils ouvraient et rentraient chez moi. Et il n'y avait même pas de papier peint. On a vécu pendant 18 ans où mon beau-père, comme il n'y avait pas d'argent, mon beau-père insistait pour faire lui-même toutes les pièces. Et il faisait au mieux une pièce par an. Et la baraque était très grande, du coup ils avaient construit des grands murs. Et à l'intérieur, c'était que du plâtre, partout, partout, partout. Et j'ai grandi dans le plâtre et on avait à peine, honnêtement, les conditions étaient compliquées, on avait à peine de quoi manger pour le coup. Donc évidemment, il n'y avait pas d'argent pour faire intervenir des gens, pour mettre du papier peint et de la moquette.

  • Speaker #1

    Mais attends, la famille de ta maman était aisée, mais vous avez vécu dans...

  • Speaker #0

    Tout ça est assez compliqué. Globalement, à mes 5 ans, déjà, mes deux parents décident de se séparer. Ça ne se fait pas dans des conditions top. Ma mère, très vite, rencontre mon beau-père qui a 20 ans de plus. Et voilà, qui est ultra old school. Avec lui, ça va être très compliqué tout de suite et on va s'affronter. Et je vais avoir une enfance avec des violences physiques et psychologiques répétées. J'ai une grande sœur et deux petits frères. Le dernier petit frère, il n'a pas du tout été concerné. Parce qu'au contraire, lui, il est de mon beau-père. Et les trois premiers, on est d'un autre père. Bref, contexte super complexe. et mon beau-père a emmené ma mère sur une rupture totale avec la... la famille. Donc la famille a continué à avoir les petits-enfants, mes grands-parents ont continué à avoir les petits-enfants, mais ils ont repu les liens avec ma maman. Et ils ont aidé dans une certaine mesure, mais pour ça, il fallait aussi qu'ils aient l'information, que ma mère soit OK, etc. Donc voilà, oui, c'était un paradoxe total. On avait des vacances incroyables, mes grands-parents avaient une maison de fous à l'île de Léron, dans laquelle j'ai fait tous mes étés de toute mon enfance et adolescence. Et là, c'était l'opulence la plus totale. Le mercredi, on allait chez la grand-mère. On se ruinait le bide à base de bonbons. Et puis, on arrivait à la maison et il n'y avait plus rien à manger.

  • Speaker #1

    Oui, d'accord. Donc, c'était deux vies en une.

  • Speaker #0

    Oui, complètement.

  • Speaker #1

    C'est plus l'air, quoi.

  • Speaker #0

    Donc, ce côté famille Paris match où, globalement, tu dois montrer que tout va bien. C'était quelque chose de très important pour tous les niveaux de la famille. Donc, tu souris, tout va bien et tu ne parles jamais des problèmes. Donc ça, tout ça, la violence subie, physique et psychologique, l'incapacité à ma maman de réussir à vraiment en parler, au contraire, elle déchargeait sa charge mentale et émotionnelle sur nous, ma grande sœur et moi en particulier. Tout ça fait qu'il y a un moment pour survivre, il n'y a pas 50 façons. Alors j'ai eu une chance extraordinaire, c'est que je n'avais pas de télé. On n'a pas eu de télé jusqu'à mes 15 ans. En revanche, on avait une immense bibliothèque. Et donc je me suis oublié dans la lecture. Donc j'ai lu énormément, aucun filtre. Donc voilà, j'avais lu tout Sartre à 11 ans, tout Malraux au même moment aussi. Tout ça m'a aidé à développer un imaginaire et puis à me dire en fait ce déclic de tu peux devenir qui tu veux. C'est à toi de le construire, c'est à toi de le travailler. Et bon, quand t'es gamin, le truc c'est que tu vas quand même prendre certains raccourcis et le raccourci que j'ai dû prendre à l'époque c'est je vais être quelqu'un d'autre. Et c'est un peu différent de je vais devenir quelqu'un d'autre. Là, c'est je vais être quelqu'un d'autre. Donc, je vais construire une armure et je vais porter une armure qui va faire que je vais jouer le rôle de quelqu'un d'autre.

  • Speaker #1

    Et c'est quoi ? C'est quelqu'un d'autre ?

  • Speaker #0

    C'est quelqu'un de fort. C'est quelqu'un qui ne pleure jamais. C'est quelqu'un qui peut devenir ce qu'il veut. C'est quelqu'un qui va cocher les cases. Donc, il faut être beau, fort, intelligent, avoir du leadership il faut gagner de l'argent, il faut être autonome, il faut soutenir sa maman, il faut soutenir sa famille, il faut faire des études, il faut réussir. Un peu tous les standards qu'on peut avoir.

  • Speaker #1

    Le regard social qui fait que tu es un bon garçon et que tu es quelqu'un qui va bien s'intégrer dans la société, auprès de ta famille, etc.

  • Speaker #0

    Sans jamais être soi-même à la fin. Ça, ça fait une enfance et une adolescence. qui sont soutenus par un grand-père, des deux côtés paternels, mon grand-père et mon oncle, qui sont deux figures paternelles qui ont comblé l'absence de père, et puis le beau-père en question. Et puis pas de bol, en fin d'adolescence, les deux vont décéder au coup sur coup. Le premier arrêt cardiaque au milieu du living room, au moment où j'avais quitté le foyer familial pour aller vivre avec mes grands-parents, et voilà, ils meurent dans le salon. trauma et puis deux ans plus tard mon oncle qui était mon autre figure paternelle se suicide et juste avant il m'avait confié sa femme et ses enfants. Donc là...

  • Speaker #1

    Attends, ton oncle t'a confié sa femme et ses enfants, mais t'avais quel âge ?

  • Speaker #0

    Alors c'est un peu plus tard mais globalement j'avais 25 ans. Ouais, quelque chose comme ça.

  • Speaker #1

    Et donc il t'a confié tes cousins pour que tu les adoptes ?

  • Speaker #0

    Oui, alors évidemment il ne dit pas exactement ça, mais il arrive un samedi chez nous. Je viens d'avoir ma première fille Mila, elle a un an, je l'ai dans les bras. Il est en larmes, c'était un géant, 1m90, blond, un beau gosse de ouf, hyper fort, première fois de ma vie que je le vois pleurer. Il m'annonce qu'il se sépare avec sa femme, alors que mon ex-femme et moi, on était hyper proches de lui, on se dit, ok... Le couple absolu, tu vois, celui que tu regardes, le couple parfait. Et puis bon, là, tu découvres que pas du tout. Et il nous dit, en fait, là, du coup, je ne m'attendais pas à ça. Gros choc. J'ai décidé de partir en voyage. Je vais partir pour six mois. Et en attendant, j'aimerais que tu gères ma femme et mes enfants et que tu en prennes bien soin. Et il s'en va. Et deux jours plus tard, tu découvres qu'en fait, c'était un autre type de voyage qu'il a entrepris.

  • Speaker #1

    Il s'est suicidé.

  • Speaker #0

    Il s'est suicidé,

  • Speaker #1

    oui. Il est terrible. au donc effectivement les responsabilités sont arrivées assez vite dans le deep direct c'est bien déjà merci de partager tout ça c'est la première fois que je le partage exactement tout ça c'est la première fois que je le partage merci pour ta confiance parce que je pense que il y a peu de mecs qui osent parler de leur vulnérabilité de leur enfance, de leur traumatisme aussi clairement aussi assumé donc merci pour ça et puis je pense particulièrement peu de dirigeants gens qui même si on est plus dans une époque du partage, de l'ouverture aux eaux, de faire tomber les masques comme tu as dit c'est quand même très rare donc je trouve que c'est précieux pour les autres pas dans un objectif de voyeurisme mais plus dans un objectif de comprendre comment est-ce qu'on se construit tu vois en tant que patron et toi ce qui m'inspire c'est vraiment justement ta capacité à manager et à vraiment mettre de presque de l'ingénierie dans l'humain c'est ce dont on va parler aussi un petit peu après tu vois mais parce que t'en es passionné, parce que t'es quelqu'un de profond profondément empathique et d'engager, etc. Donc voilà, merci de commencer comme ça. La question qui me vient suivante, c'est, à cet âge-là, du coup, où tu te disais, bon, ben voilà, enfance très difficile, avec de la violence, avec des responsabilités tout de suite, etc. Qu'est-ce qui te vient comme rêve à l'âge de, je sais pas, du coup, où tu commences à te construire cette armure à 10 ans, à 15 ans, à 17 ans, je sais pas. Qu'est-ce que tu veux comme rêve ? Qu'est-ce que tu veux devenir, en fait ?

  • Speaker #0

    À l'époque, je me souviens... Je me construis totalement en réaction contre mon beau-père. Je veux devenir tout ce qu'il n'est pas. et ça, ça va couvrir plein de choses donc je veux devenir quelqu'un d'inspirant je veux devenir quelqu'un d'humain quelqu'un de fort alors aussi pour pouvoir affronter quelqu'un de violent et bon typiquement dans le niveau de connerie où j'ai pu aller donc il racontait, c'est quelqu'un qui mentait beaucoup et qui construisait des mythes autour de lui et donc un grand mythe c'était qu'il était ingénieur en électronique, donc tout le monde y compris dans son boulot. il disait je suis ingénieur en électronique pas du tout il avait pas le bac donc compliqué de devenir ingénieur sans le bac et donc juste pour le faire chier j'ai fait l'institut supérieur d'électronique de Paris voilà au bout de 10 minutes j'ai compris que ça allait jamais m'intéresser et rien à foutre j'ai terminé cette école et j'ai été ingénieur en électronique je n'ai jamais fait d'électronique de ma vie et j'en ferai jamais et juste pour le faire chier je l'ai fait ça a guidé ma vie vraiment très très longtemps pour le coup Du coup... C'était vraiment une construction antique, une construction par réaction d'eux.

  • Speaker #1

    Waouh. Et avec le recul, qu'est-ce que tu conseillerais à des jeunes adolescents aussi qui peuvent se poser ces questions-là ? Je ne sais pas s'il y en a beaucoup dans l'audience, ou même plutôt à des adultes managers qui ont eu des enfances parfois vraiment compliquées, qui sont construits contre, parce que le moteur de la revanche, notamment vis-à-vis de la figure du père ou du beau-père, chez les mecs, c'est un truc très présent que je rencontre chez les entrepreneurs. Qu'est-ce que tu pourrais leur conseiller avec le recul ?

  • Speaker #0

    trois trucs qui me viennent en tête un il y a la prise de conscience j'ai mis énormément de temps à comprendre que j'ai pas grandi dans un environnement normal mais vraiment je pense qu'il y a mes 18 ans que j'ai découvert en discutant avec certains potes que mon écosystème familial et mon quotidien à la maison c'était pas normal de se cacher de fuir les coups de pied dans le ventre pour moi c'était juste monde était comme ça tu vois et comme je dis moi mon oxygène c'était les livres Les livres représentent une autre forme de réalité. Tu ne peux pas te dire c'est ça la réalité. Et entre potes, tu ne viens pas beaucoup sur ces discussions-là. Tu vas parler sport, tu vas parler nana, tu vas parler plein de trucs. Tu ne parles pas de ce genre de sujet, pour le coup. Donc ça a mis énormément de temps, mais vraiment. Et je me souviens de ce jour au lycée où j'allais être en première ou en terminale. Je suis sur le cul à me dire, mais en fait, mes potes n'ont jamais subi ni de violences psychologiques ni physiques, pour le coup. Donc là-dessus, il faut... Il faut réussir à en parler et en prendre conscience. Déjà, rien que la prise de conscience, elle est folle. Et aujourd'hui, j'ai encore régulièrement des révélations de fou. J'ai réalisé il y a seulement, j'en ai parlé avec mon frère, il y a quelques mois seulement, j'ai un sujet d'addiction, j'ai un comportement addictif. Et en particulier, ça peut venir sur la bouffe. Et je mange très très vite. Et je mange beaucoup très vite. Donc aujourd'hui je l'ai compris, je le gère, etc. Et en fait j'ai compris que, pourquoi ? Parce que pendant toute mon enfance et mon adolescence, le dîner c'est le seul moment que je ne pouvais pas esquiver, où je devais être en face de mon beau-père. Et donc par définition, c'est pas un moment de plaisir, de très loin, c'est un moment de combat, et donc c'est un moment où du coup j'essayais de minimiser la surface de combat. Et donc on arrivait, on mangeait hyper vite, et après on se barrait hyper vite. Et aujourd'hui, c'est resté. C'est-à-dire que je suis capable de bouffer, mais en 3 minutes 45, je t'ai dévoré tout un dîner. Ah oui. Et la seule façon de travailler ou de gérer ce truc-là, c'est d'en prendre conscience. Et puis après, le problème, c'est qu'une fois que tu en as pris conscience, c'est pas fini.

  • Speaker #1

    Comment t'as fait pour prendre conscience ?

  • Speaker #0

    C'est des déclics à force de lire, à force d'en parler, et puis des psys. Alors pour le coup, j'ai fait plusieurs psychothérapies qui m'ont vachement aidé. Et puis à un moment, tu sais, tu connectes deux dots, tu commences à avoir des liens à comprendre, ton cerveau s'est vraiment mis en marche, etc. Et puis, j'étais prise de conscience au fur et à mesure. On me dit, mais en fait, putain, c'est ça, quoi.

  • Speaker #1

    C'est quoi le livre qui t'a le plus marqué, qui t'a permis justement de casser l'armure, de dépasser ces traumatismes initiaux ? Encore une fois, pour des gens qui nous écoutent, peut-être qu'ils ne seraient pas toujours bien dans leur peau, tu leur conseillerais quoi ? Dire quoi ?

  • Speaker #0

    Alors, j'en ai un dont j'avais envie de... parler, mais alors là, on va vraiment basculer dans le monde professionnel. Pour le coup, c'est un bouquin qui m'a vachement inspiré, qui s'appelle Getting Naked, de Patrick Lencioni. Se mettre à poil. Se mettre à poil, donc on est à fond dans l'intermédiaire. À fond dans l'intermédiaire,

  • Speaker #1

    j'adore.

  • Speaker #0

    Chez nous, chez Alenia, la boîte que j'ai co-créée, c'est devenu vraiment le bouquin de référence. qui explique à quel point la puissance de se mettre à nu face à tes collaborateurs et face à tes clients. Et ce truc-là, moi, ça m'a vachement aidé parce qu'on a créé Alenia, on expliquera dans quel contexte. contexte, mais justement avec cette idée de vraiment créer une société de conseil très différente des autres. Et ce bouquin-là m'a dit, ah mais en fait, je ne suis pas seul. Il y a déjà quelqu'un qui a eu l'idée, il a déjà théorisé ça, et puis en fait, on s'est aperçu qu'on faisait déjà 70%, il restait un petit peu. Bref.

  • Speaker #1

    C'est quoi les principes clés de ce bouquin ? Qu'est-ce qui te marque le plus ? Avant ça, je remercie notre partenaire 108 milliards fondé par Mounia RK. C'est le coaching basé sur les neurosciences qui t'apprend à reprogrammer ton cerveau pour parvenir à tes objectifs. J'en bénéficie depuis trois mois, c'est absolument ouf. J'ai réussi à reprogrammer totalement mon agenda, à oser y intégrer des moments de pause, à caler les moments importants au bon endroit et aussi à pratiquer la visualisation et le téléchargement de pensée pour être bien plus performant dans mes journées. Je vous invite à les contacter vivement.

  • Speaker #0

    Alors, on est dans cette idée que finalement, n'est jamais autant puissant que quand... on est totalement soi même donc ça c'est vraiment quelque chose que je porte aujourd'hui c'est presque ma nouvelle armure c'est toi c'est pas d'armure et mais c'est une c'est un super pouvoir ma vulnérabilité en absence d'armure aujourd'hui est devenu un super pouvoir incroyable ça semble un peu chelou ou du bullshit en effet mais c'est fou donc j'ai donné un exemple très concret aujourd'hui chez Alenia quand on a envie qu'on commence à vouloir travailler avec un client, on va déjà connecter avec des humains. On ne connecte pas avec une entreprise, on connecte avec des humains. Un humain en particulier, en général, un ou deux. Et puis, en fait, on va avoir envie, on va commencer à travailler pour cet humain-là gratuitement. Parce qu'on n'est pas là pour un chèque, on n'est pas là pour facturer. On est là pour rendre service. Là aussi, ça peut sembler super bullshit, mais pour donner un exemple... Il n'y a pas si longtemps encore, on est chez un prospect qui est une filiale de Total. Donc on est un truc assez institutionnel et tout. Ils ont des problèmes. Ils avaient prévu une demi-heure pour qu'on présente notre offre. OK, on arrive, on ne monte pas de PowerPoint. je raconte en cinq minutes qui on est ce qu'on fait et au bout de la sixième minute c'est c'est quoi vos problèmes ok c'est quoi vos problèmes vient on va prendre un marqueur etc on va se lever ensemble et j'ai commencé à travailler ton problème, tu vas rebondir, tu vas réagir, etc. Au bout d'une demi-heure, il regarde sa montre et puis il dit il appelle sa secrétaire et puis il décale. On parle d'un CIO, donc quelqu'un qui pilotait un millier de personnes, etc. Il décale son meeting d'après, etc. On continue, on raisonne, on discute et je ne suis pas juste en appetizer, on n'est pas juste en train de préparer un truc, teaser quelque chose. Je suis déjà en train de répondre à son problème. Il s'est passé deux heures et demie. Il a niqué tout son après-midi. Au bout de deux heures et demie, honnêtement, je lui avais déjà quasiment répondu à ses problématiques. Et à la fin, j'ai dit franchement, c'était génial. J'ai passé un super moment. On a hyper connecté. Voilà, si ça te dit de venir à une soirée ou chez nous ou quoi que ce soit, ça sera hyper cool. Je te présenterai des gens, etc. Il fait non, non, mais en fait, non. J'ai envie et j'ai besoin qu'on bosse ensemble. C'est combien et c'est quand ? C'est hyper drôle. Je ne parle pas d'argent, je ne parle pas de contrat, je ne parle pas d'engagement, je ne parle pas de next step, je ne parle pas d'action. Moi, je suis là pour rendre service. j'ai rendu service, j'ai connecté avec un être humain, j'ai adoré, j'ai kiffé, j'ai eu... J'ai vibré avec ces gens-là. Et puis, du coup, magiquement, le truc s'enclenche. Et là, je ne parle pas... Attention, parce que moi, je ne vends pas de l'émotionnel, par défaut, etc. Je vends du conseil IT, principalement pour des banques, des assurances ou le monde de l'énergie. Donc, on est vraiment sur un truc rien à voir.

  • Speaker #1

    Il y a un monde où les dirigeants ont plutôt des masques, ils sont plutôt, effectivement, dans le next step, dans la... la clarté dans le rationnel.

  • Speaker #0

    Du monde de McKinsey, du monde d'Accenture, de Capgemini. On est sur du papier glacé, du PowerPoint, du costard cravate. Donc voilà. Ça m'aide aussi, parce que du coup, je joue les contrastes à mort. Je suis entouré que par des gens comme ça, et ça aide énormément.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a des gens qui, du coup, à l'inverse, détestent ?

  • Speaker #0

    Il y a des systèmes qui détestent ? En fait non, c'est assez drôle, c'est une très bonne question. L'être humain, j'ai rencontré aucun être humain qui n'aime pas qu'on soit totalement transparent et qu'on commence à lui rendre service. En fait non, honnêtement j'ai eu personne. qui bloquaient totalement. Alors, quand on va aller sur un terrain d'émotion, parce que j'y vais aussi sur le terrain émotionnel avec des prospects ou des clients, là, c'est un peu plus intéressant. Mais dans le temps long, j'ai vu personne qui bloquait. Tout le monde aurait envie d'être un être humain au travail. Après, il y a des fonctions où c'est compliqué. Je ne peux pas présenter ma boîte de la même façon Ausha. qu'aux êtres humains avec qui je travaille. Parce que là, c'est très compliqué. Pourquoi ? Mes amis, les achats. Un jour, je crois que je vais aller dans ce métier-là, parce que moi, quand je vais en problème, j'adore le régler. Donc, il y a un jour, je pense que je vais y aller. et ils font un métier qui est sans doute utile, etc. Mais leur code et leur approche font que ma boîte n'a pas de sens. On est 250, on fait 25 millions de CA l'année dernière, on est dans 6 places, 4 pays et on a zéro commerciaux. on n'a pas de recruteur en interne. Donc on a un modèle qui est un peu fucked up pour eux, qu'ils ne comprennent pas. Et eux, ils ont un track où il faut avoir des niveaux hiérarchiques, un card, ils veulent parler à mon DRH, je n'ai pas de DRH. Ils veulent avoir le nom du commercial, je n'ai pas de commercial. Du coup, on a un objet chelou pour eux qu'ils ne comprennent pas. Et puis en plus, 100% du temps, on a un client en prospect qui vient en disant je veux bosser avec eux. parce qu'en fait, il veut le bosser avec...

  • Speaker #1

    Un client interne.

  • Speaker #0

    Oui, un client interne chez eux.

  • Speaker #1

    Juste pour faire un petit pas de recul, la fonction achat, ça existe plutôt dans des grosses structures.

  • Speaker #0

    Mais c'est mes clients.

  • Speaker #1

    C'est eux qui prennent la décision finale ou c'est le client interne, c'est-à-dire le manager d'une BU ?

  • Speaker #0

    Non, c'est les managers des BU qui prennent la décision, mais ils doivent passer à travers les filtres, les mailles des achats. Et les achats, s'ils disent non, c'est non. Donc, il faut qu'on arrive quand même à matcher avec leur cadre. Et ça, quand le client leur explique qu'ils ont eu un ultra bon fit, que c'est ces personnes-là, ces personnes d'autres, etc., qui ne veulent pas passer par le process d'achat, etc., les achats sont horrifiés. Voire même parfois, on a eu vraiment des questionnements en mode, est-ce qu'on a filé des places à Roland-Garros ? Est-ce qu'on a fait pas quoi ? Est-ce qu'on a corrompu ? Est-ce qu'on a corrompu ? Voilà, exactement. Alors que c'est pas ça, le sujet n'est pas là du tout. Le sujet, il est juste, on a connecté. Et en effet, entre une personne avec qui tu vas vraiment connecter, avec qui tu vas avoir confiance, avec qui tu vas avoir envie de travailler. D'ailleurs, tu as commencé à travailler, donc tu as déjà commencé à avoir la valeur. Et puis, un référencement qui est sur cinq critères à travers 17 press powerpoint qui te sont envoyés. Bon, à la fin, tu sais avec qui tu travailles.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce qui t'empêche de faire la même chose qu'avec le client final responsable de l'ABU Total ou d'une grande banque, avec le responsable des achats ?

  • Speaker #0

    C'est un très bon point. Il y en a avec qui on a réussi à faire ça. Et là, c'est génial. C'est assez merveilleux puisqu'ils t'ouvrent des portes, etc. Maintenant, la plupart des équipes à achat, ils refusent de passer du temps d'être humain normal avec les fournisseurs. Donc, tu ne peux pas aller déjeuner avec eux. Tu ne peux pas aller boire... une bière tu peux pas les dîners tout ce ou à quoi tu as droit c'est une demi heure une fois par an ou quelque chose comme ça et moi pour connecter avec quelqu'un il me faut plus de temps et donc pour mes prospects pour mes clients ils vont avoir quand même ce minimum de temps pour connecter parce qu'ils ont un intérêt, parce que j'ai une street credibility, parce que j'ai quelque chose à leur apporter ou quoi que ce soit. Les achats, je suis juste une coquille parmi 6 000 qu'ils ont en phase 2. Donc, c'est plus compliqué à approcher. Alors, il y a quand même des choses. Et d'ailleurs, tu vois, si on met en avant des trucs que les achats font vraiment super bien. Et je vais citer un de mes clients qui est Crédit Agricole. Les achats de Crédit Agricole, ils font un truc incroyable. C'est qu'ils vont aller vraiment regarder l'impact carbone de ta boîte, ils vont vraiment discuter systématiquement avec toi de comment tu travailles, c'est quoi tes initiatives internes et sur quoi tu vas vraiment avancer là-dessus. Franchement, là-dessus, il y a déjà 4-5 ans qu'ils le font. Ça, c'est franchement... Là, il y a une vraie vertu, il y a un truc super bien. Et bon, aller pinailler sur les 10 euros ou je sais pas quoi... Sur le document 95B que tu n'as pas rempli, c'est vrai que j'ai un peu plus de mal à voir la valeur.

  • Speaker #1

    Je l'imagine. Ok, donc Gating Naked, le bouquin qui t'a le plus marqué, qui consiste à être vulnérable, à être authentique, à poser l'armure comme façon de convaincre les gens et d'attirer les gens à toi, et puis d'être mis dans tes pompes aussi, surtout.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Il y a quoi d'autre là-dedans ?

  • Speaker #0

    Une des conséquences aussi, c'est que systématiquement, je dis en toute franchise à mes clients, là-dessus, je suis super bon. Là-dessus, teste-moi. juge. Donc nous notre grosse spécialité c'est de faire tourner des gros systèmes IT, 24h sur 24, 7h sur 7, sans lenteur, sans problématique, etc. C'est ce qu'on appelle la prod IT.

  • Speaker #1

    C'est quoi pour quelqu'un qui n'est pas initié à ce milieu des scènes et de la prod, comment tu le résumerais ?

  • Speaker #0

    Moi, je viens du monde de la bourse. Donc voilà, du loup de Wall Street.

  • Speaker #1

    On va parler de la société générale après ta première vie, parce que ça va être très intéressant.

  • Speaker #0

    Donc je viens de ça. Et vous imaginez bien que pour faire tourner ça, pour faire tourner tous les moteurs qui affichent des prix et pour passer à un ordre d'achat ou de vente d'actions, etc. Les systèmes IT derrière, ils sont colossaux. Pour donner un ordre de grandeur, l'IT de... Cette activité de la Société Générale, qui a à peu près un tiers de son métier au total, de banque, c'était à un moment 8000 informaticiens qui bossaient, qui développaient tous les jours sur des systèmes. et donc sur ces 8000 personnes là il y en avait 1000 dont le job c'était de s'assurer que ces applications fonctionnent sans interruption sans incidence, sans problème en performance et avec le niveau de service qu'on veut ça c'est mon job ça c'est en particulier ce sur quoi on est hyper bon chez Alenia et on est les seuls en Europe à être vraiment ultra pointu là dessus

  • Speaker #1

    D'accord, ok.

  • Speaker #0

    Voilà, on n'est pas sur du glamour, on n'est pas sur de l'émotionnel. Au contraire, on est sur un métier anti-émotionnel. Et donc, là-dessus, je peux dire à mes clients, je suis le meilleur en Europe, je pense même être le meilleur au monde. En revanche, il y a des trucs sur lesquels je ne suis pas bon ou je ne suis pas le meilleur. Voilà, la data, tout le monde s'est emparé du sujet. On a une offre data, donc on va être très bon sur, par exemple, la data en termes de connexion avec le métier de la prod. Là, je suis très bon. ou alors comment organiser des équipes data face à un métier, je suis assez bon, sur le reste je suis nul. Et je le dis à tous mes prospects, je leur dis, là-dessus je suis nul. Je suis à l'aise pour le coup. Et je peux leur dire, là-dessus, je suis nul. Là-dessus, je suis hyper bon, world champion.

  • Speaker #1

    Je vous recommande quelqu'un d'autre.

  • Speaker #0

    Je passe ma vie à recommander des gens. Dédicace à Jonathan Salmonac et sa magnifique boîte Shodo, où ils ont des développeurs craft qui sont excellents. Là-dessus, systématiquement, je recours à Shodo. C'est en plus plein de valeurs en commun,

  • Speaker #1

    Shodo. Regardez, pour ceux qui aiment le sujet de l'humain dans la tech, et l'humain, particulièrement dans les OSN, sur tous les boucheries euh Du conseil, notre ami Jonathan, il a fait une boîte, on l'appelle le Robin des bois de l'entrepreneuriat. Il fait des congés menstruels, il a des crédits de salaire transparents, il augmente tout le monde. Il planifie les augmentations avant même d'avoir le résultat net de la boîte. C'est très intéressant aussi, on le salue. Très belle boîte.

  • Speaker #0

    Oui, et puis je vais saluer aussi toutes les autres SN, New Generation. On a créé même un petit collectif. Parce qu'il y en a plein des petites boîtes qui sont en train de monter avec des vraies valeurs, avec une vraie intention, où on se dit la vérité. On dit surtout la vérité à nos collaborateurs et à nos clients.

  • Speaker #1

    C'était quoi les gros... Parce qu'effectivement, ce marché, cet écosystème, il est assez connu pour son côté bullshit, nouveau, riche, violent, ce que tu veux. Moi, je me souviens, même, j'avais passé des entretiens pour rentrer dans une ESN. Je pense que c'était avant même que je rentre chez Ignition, il y a plus de huit ans, tu vois. Mais je me souviens d'une boîte où il y avait déjà, ça ne faisait pas très longtemps, ils étaient déjà plus de 1000 collaborateurs. Donc, ça va très, très vite. C'est des formes de croissance, comme c'est du placement de consultant. Enfin, en tout cas, certaines, c'est placement de consultant. Ça va extrêmement vite parce que la croissance est liée à l'humain. C'est leur produit principal. Donc, ils recrutent tout le temps. Et je me souviens d'avoir rencontré un patron qui m'avait dit, il m'avait demandé si j'étais célibataire. Il m'avait demandé si j'avais des potes. J'ai répondu oui aux deux. Ils m'avaient dit, il va falloir oublier parce que tes potes et tes meufs, ça va devenir tes collègues. J'avais dit, OK. Tandis que lui, il était avec ses chaussures en croco, son costume, son boss. Et vraiment, c'était un cliché. Et c'est le monde de, tu finis pas avant. Ils m'avaient dit, tu finis jamais avant 20h le vendredi soir. Et par contre, tu auras des grosses communications et il y a un baby-foot. J'étais sur le cul. Je m'étais dit, mais jamais, j'avais fui en courant. J'ai dit, très bien, pas de problème, avec plaisir, mais la prochaine fois. Donc est-ce que tu peux nous en dire un peu plus ? C'est quoi les trucs les plus dingues que tu vois dans ce monde d'ESN ?

  • Speaker #0

    On reparlera de l'ASG, mais moi j'y ai passé 18 ans, donc mes 18 premières années de carrière, Société Générale. Et puis pendant 18 ans, j'ai été un client et parfois un gros client des ESN parce que j'ai managé jusqu'à 1000 personnes. Et parmi ces 1000 personnes, il y avait en moyenne 70% de contracteurs, donc de prestataires. qui sont des salariés des ESN. Et c'est toutes les banques et toutes les grosses boîtes du CAC 40 fonctionnent comme ça. Leur équipe à E.T. est composée souvent, au moins pour moitié, de prestataires qui viennent d'ESN. Et pendant mes 18 ans, quand j'ai fait le bilan à la fin, que Marjan, mon associé actuel, quand elle est venue me dire, viens, on va monter une boîte de courses à E.T., mon premier réflexe, c'était, mais jamais de la vie. Je sortais de la Société Générale parce que je voulais me réaliser. aligné avec mes valeurs. Et pour moi, c'était un monde de salopards. Et de mon expérience personnelle, j'avais bossé, j'ai fait le compte avec plus de 200 ESN quand j'étais à Société Générale. Et il y en a mon 3 avec lesquels j'avais vraiment réussi à connecter, en qui j'avais confiance.

  • Speaker #1

    Don Chodeau d'ailleurs,

  • Speaker #0

    non ? Don Chodeau, exactement, Don Jonathan. Et encore, quand je dis 3, c'est pas tant des entreprises que des êtres humains, finalement. Donc ça fait pas beaucoup, globalement. Attends,

  • Speaker #1

    juste petit point de détail. Ça veut dire que quand la société générale bosse avec une ESN, c'est que par exemple, ils vont lui demander, tu vas leur recruter, vous allez recruter un dev qui va être placé chez vous. C'est ça. Voilà, OK, d'accord.

  • Speaker #0

    Ces équipes sont composées à 70% de développeurs, de testeurs, de business analysts ou chefs de projet qui sont ESN 1, ESN 2, ESN 4, etc. Globalement. Donc, j'étais hyper critique de ces boîtes-là quand on a démarré Alenia en 2019. Et surtout, il y a des trucs que je ne comprenais pas. C'est-à-dire que rationnellement, je n'arrivais pas à comprendre pourquoi il faisait ce qu'il faisait. C'est une discussion d'ailleurs avec John, c'était en 2017, qui m'avait éclairé sur un truc où il m'avait dit, en fait, le seul réflexe de ces boîtes-là, c'est plus les ondes de turnover, évidemment, plus tu as des comportements de salopard, plus tu as de turnover, plus tu as de turnover, plus tu... C'est quoi ton réflexe ? Tu vas recruter. En fait, leur truc, c'est plus ça va mal, plus le bateau fuit et plus on va y couper. Globalement, le truc est incroyable. Au lieu de te poser la question de pourquoi il fuit et comment arrêter de fuir, maintenant, on va plutôt accélérer et du coup, on va précipiter les problèmes. Bref.

  • Speaker #1

    Oui, ils n'essaient jamais de regarder leur culture ou leur management ou leur fonctionnement interne, mais ils sont juste des bourrins du recrutement et de l'acquisition. Oui.

  • Speaker #0

    Alors aujourd'hui, au bout de six ans, j'ai quand même pris du recul et il y a des choses sur lesquelles, en tout cas, j'ai beaucoup mieux compris. Je suis plus en empathie aussi parce que le métier est loin d'être aussi simple que ce que je pensais. Très clairement, j'avais un regard assez simpliste sur le sujet et maintenant, je le vois dans le regard de certains de mes clients aussi. Je peux comprendre. Et bon, voilà. Après, si on va sur les caricatures, il y a un gros problème dans ce truc là. Il y a même deux gros problèmes. Ouais, mais plus que ça, bon. Ok. Prenons les deux premiers. Un, tu mets des commerciaux. Et les profils commerciaux de ces boîtes-là, c'est des gens qui sont d'école de commerce, qui vont aller... On leur met à disposition des ressources qui sont des ingénieurs en informatique. Ils vont aller placer chez des ingénieurs en informatique. D'accord ? Donc, ils font le pont entre deux personnes qui, fondamentalement, ont le même background, les mêmes connaissances. le même intérêt, etc. Mais eux, on n'a pas le même background, pas le même intérêt, etc. C'est quoi le truc, le concret du coup ? C'est-à-dire que, un, moi je ne comprends pas ce que tu fais, mais je vais quand même essayer de te vendre et de te placer globalement chez... un client, il s'y racousait.

  • Speaker #1

    Ah oui, tu veux dire qu'en gros, les commerciaux des ESN ne comprennent pas le métier des ingénieurs qui placent, et du coup, ils s'en fichent, ils se débrouillent juste pour les placer à la pelle, parce que c'est comme ça qu'ils vont gagner de l'argent.

  • Speaker #0

    Ils ne comprennent pas, et en effet, malheureusement, il y en a un certain nombre qui s'en foutent Moi quand je déjeunais avec des commerciaux, le seul truc dont ils voulaient me parler c'était des secrétaires et de foot. Alors c'est pas de bol, franchement ni l'un ni l'autre ne m'intéressait passionnément, voilà, et j'avais vraiment envie de leur parler de mes problèmes. J'en avais plein des problèmes. J'avais envie de créer des partenariats, j'avais envie de comprendre comment ils sourçaient, de voir comment on pouvait augmenter la qualité, réduire le temps passé en recrutement, etc. Et c'était pas du tout ça. Ils voulaient juste me payer des coûts, être sûr que la fois d'après, je prendrais... prendrait quelqu'un de chez eux sans regarder. Et puis pour ça, c'était mieux de parler de football. Non, en fait, c'est là où on revient sur Getting Naked. C'est essayer fondamentalement de vraiment comprendre c'est quoi le problème de la personne et essayer d'y répondre. Là, on n'était pas du tout là-dessus. Donc ça, c'est un des gros problèmes là-dessus. C'est pour ça qu'on n'a pas de commerciaux chez El Nenia. Le deuxième gros problème, c'est que globalement, il faut manager des gens. Enfin... Comme tu l'as dit, moi, c'est un de mes dada. Le problème, c'est que tu vas manager des gens qui vont vivre une majorité du temps, pas dans ton écosystème. Donc, ils sont placés chez un client. Ils sont placés.

  • Speaker #1

    Et donc, en fait, ils sont en CDI. Les ingénieurs qui sont placés par les ESN sont en CDI chez l'ESN. Ils sont placés chez le client comme prestataires.

  • Speaker #0

    Exactement. Donc, à l'époque où il n'y avait pas de télétravail, un salarié à l'ENIA Consulting, il aurait passé 100% de son temps chez le client. Aujourd'hui, heureusement, il y a un peu de télétravail, il y a même pas mal de télétravail et tout. Donc ils vont passer plutôt trois jours chez le client, et puis on essaie de faire en sorte que les deux autres jours, il en passe un à la journée chez lui, puis il vient chez nous aussi. Ou alors, on fait un équilibre, etc. Mais en fait, si tu vis pas l'aventure, l'expérience, typiquement, on met deux premières années de... collab à la Société Générale, j'étais pas salarié Société Générale, j'étais salarié d'une ESN. Je ne me souviens pas. Je ne sais pas. Je ne sais pas te dire dans quelle boîte j'étais. J'ai vu le commercial deux fois, voilà. Je ne l'ai jamais revu à part ça. Le jour où j'ai été interdit. Ah oui,

  • Speaker #1

    d'accord.

  • Speaker #0

    Je ne connais pas ton nom.

  • Speaker #1

    Ah, mais c'est ça qui est dingue. C'est qu'en fait, les boîtes, les ESN, quand elles te disent j'ai mis du salarié, en fait, elles les connaissent.

  • Speaker #0

    C'est des fantômes. C'est des fantômes. C'est une armée de fantômes.

  • Speaker #1

    En fait, ils n'ont que les commerciaux qui sont là.

  • Speaker #0

    Les RH. Les RH, exactement.

  • Speaker #1

    Ah ouais, je viens de comprendre en fait. C'est une énorme bullshit. C'est incroyable.

  • Speaker #0

    Donc, leur valeur à eux, c'est du recrutement, de la connexion avec le client, c'est le push. un peu au forceps d'un rond dans un carré globalement et de faire en sorte que la personne reste le plus longtemps possible au meilleur tarif possible. il y a matière à faire autrement il y a matière à faire différemment mais le problème c'est qu'en plus les clients sont un peu attachés à ce truc là aussi donc quand ils essayent de faire différemment c'est pas si évident que ça non plus pour le coup et donc ça veut dire que typiquement quand nos collabs ça peut être tendu avec le manager côté client t'engages un dialogue sur le style de management, sur la pression, sur la vibe, etc. Et ça, ou la culture de la boîte, et ça, ils ne sont pas super habitués, ils ne sont pas super prêts. Donc, ce n'est pas simple non plus.

  • Speaker #1

    On va faire, de toute façon, une grosse plongée dans Alenia et votre mode de management qui est si particulier. Donc, restez et nous écoutez, parce que vous allez voir, vous allez en prendre plein les mirettes. Mais avant, quand même, j'aimerais bien parler de la société générale, parce que tu as passé 15 ans dans cette énorme boîte.

  • Speaker #0

    18 ans.

  • Speaker #1

    Donc, c'est énorme. Qu'est-ce que tu en retiens à chaud, à froid plutôt ?

  • Speaker #0

    Déjà, je suis tombé totalement par hasard. Et je pense que je voulais absolument faire un stage de fin d'études à l'étranger. Le seul qui a lu mon CV dans les anciens de mon école d'ingé.

  • Speaker #1

    De l'ingé électronique.

  • Speaker #0

    De l'ISEP exactement. Et c'est un certain Thibault Ricard qui bossait pour la Société Générale. Donc on appelle l'ASGIB, le monde de la bourse à la Société Générale. Et donc, il bossait à Londres. Et c'est le seul, vraiment, littéralement, la seule réponse que j'ai eue. Et il se trouve qu'il m'a embauché à Londres comme stagiaire. Donc, j'y ai passé neuf mois en 2002. Et c'était encore de 2002 jusqu'à 2007. C'était vraiment encore la golden période sur les mondes de la bourse. Bref, j'ai découvert un monde, je ne comprenais rien. À l'époque, j'étais développeur, j'étais nul en développement. et au revoir chez vous un putain de niveau d'adrénaline mais incroyable il y avait des gens ultra brillant ultra réactif ça punchait tout le temps c'était hyper intensif et c'est ça que je cherchais globalement et puis en plus je voyais bien qu'il y avait moyen de monter vite fort etc donc je suis tombé là dedans on n'y connaissait rien et quand je suis revenu à paris parce que je vais faire mais j'ai dû faire mes six mois de spécialisation et après commencer ma vie pro et puis là il y avait on était post crise internet c'était la grosse misère j'ai fait 45 entre où tout le monde me disait super profil on veut vous prendre des bons on n'a pas de mission et donc il ya fini une scène qui a fini par essayer à me repositionner à la société générale parce que j'ai été passé que à l'époque c'était ça c'est important la société générale à l'époque en 2002 2003 et jusqu'à 2007 c'est la plus grande banque markets, des marchés de capitaux au monde après Goldman Sachs. C'est le champion du monde, c'est le numéro 2 au monde sur ces produits financiers-là. Enfin, c'est pas rien, c'est un truc colossal, c'est monstrueux et donc ça veut dire les meilleurs traders et les meilleurs IT. Donc les mecs étaient vraiment... Et ça allait tellement vite, c'est un métier qui a été digitalisé assez tard, globalement, et ça allait tellement vite que de toute façon, ça a été une des forces, ils ont pris des gens de tout durement. horizons. Ils ne pouvaient pas se dire, je prends que des polytechniciens, je ne sais pas quoi, ce qui était le cas de marchés matures comme la défense, l'industrie, etc. Là, on prenait tout le monde tous horizons. Ça, c'est génial parce qu'ils prenaient même des mecs qui sortaient d'une école d'ingé assez moyenne comme la mienne. Ils prenaient, la diversité était maximum, hommes, femmes, c'est énormément nationalité, etc. Et en fait, c'est super cool parce que ce driver d'urgence, à la croissance et au win, amène une population hyper diverse et variée. Et franchement, ça, c'était super cool. Je découvre un monde avec une adrénaline de malade mental. Tu arrives et puis tu as tous les accès, tu peux tout faire, etc. Et puis très vite, tu as des grosses responsabilités. Alors le truc, c'est que sur le terrain, il faut être expert pour bien réussir dans ces métiers-là. Et moi, l'expertise, ce n'est pas du tout mon truc. Donc très vite je me rends compte que je suis vraiment un zèbre au milieu des chevaux, c'est une image que j'utilise souvent, j'ai été... chelou. J'avais un profil très différent. Alors aussi pourquoi ? Parce que je pense que fondamentalement, je n'aurais pas eu mon beau-père dans ma vie, j'aurais plutôt fait une école de commerce. Donc je me retrouve avec certaines skills ou compétences qui ne sont pas du tout celles des ingés. Donc je ne suis pas bon à coder, je ne suis pas bon en expertise. Mais en revanche, quand il s'agit de mettre du leadership de l'organisation, de faire grandir les gens, ou surtout de parler à un client, là apparemment je suis assez bon. Et donc je vais avoir une trajectoire très verticale dans la structure. et tous les 2-3 ans, je vais être promu et gagner un cran. dans la hiérarchie. Ce qui va m'amener assez haut et très vite, beaucoup plus vite.

  • Speaker #1

    Ce qui ne contarnait pas, c'était quoi l'astrogé ?

  • Speaker #0

    Alors Surtout de l'avant-dernier poste où j'ai été globalement patron de toute la prod IT, de toutes les applications qui tournaient autour de la bourse de la SGIB. Et comme je disais, c'était les métiers de capitaux de la Société Générale. Et donc ça, c'était 1000 personnes entre Paris, Londres, New York, il y en avait partout dans le monde. Globalement, 50 cultures, une énorme place en Inde, etc. Donc beaucoup de cultures, beaucoup d'enjeux, etc.

  • Speaker #1

    Donc tu manages 1000 personnes ?

  • Speaker #0

    Ouais, ça j'ai découvert que c'est un vrai savoir-faire en arrivant dans le monde de l'entrepreneuriat et dans le monde des startups aussi. C'est vraiment un savoir-faire, c'est rigolo. Dans les réponses, il y a un des pratiques de management. très explicite, très claire. Tu formes. Il faut former, il faut former, il faut former au management, pour entraîner, etc. Donc voilà, ça repousse sur des gens. Voilà, t'as confiance en T-1, T-1 a confiance en N-2, etc. Et puis après, t'as du process. Alors le process, ça donne des boutons à tout le monde. Mais quand c'est des process intelligents, c'est un truc de fou, quoi. Pour le coup, tu as écrit la façon dont tu veux qu'on travaille, ou vous avez co-écrit la façon dont vous voulez travailler. et puis vous améliorez le process et puis vous le suivez.

  • Speaker #1

    Tu nous as donné un exemple de process que tu trouvais performant ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai mis plein de process dans le management, par exemple. Donc, on a écrit très clairement les one-to-one, comment ça fonctionne, les revues annuelles, comment ça fonctionne. On décrit là, par exemple, comment tu dois faire un rendez-vous avec tes clients. Voilà, les standards. Ça ne veut pas dire qu'on te demande systématiquement comment d'aller appliquer à la lettre, etc. C'est-à-dire que tu as un cadre de référence. Tu es perdu, tu sais. Voilà, globalement. On passe beaucoup de temps à écrire tout ça. Et à la SOG, il y en avait partout. Alors, ils n'étaient pas toujours intelligents. Mais au moins, tu as un cadre de fonctionnement et tu peux répliquer, tu peux ouvrir une nouvelle place, tu peux démultiplier, tu peux passer à l'échelle, etc. Ça, c'était quand même super intéressant. Donc,

  • Speaker #1

    c'est une vie où, globalement, tu avais combien de N-1 à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Alors, tu as un N-1 déjà dans tous les pays. Donc déjà, tu en as au moins 7. Et puis après, à Paris, c'est pareil, il devait y en avoir à peu près 7 aussi. Donc, tu as à peu près 14 reporting.

  • Speaker #1

    14 reporting directs ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense.

  • Speaker #1

    Ce qui est monstereux, parce que du coup, 14 reporting directs, tu leur parles toutes les semaines ?

  • Speaker #0

    Oui, forcément, tu as un board et puis après, tu es allé one to one. Donc, oui, tu passes ça. Alors moi, ma vie depuis 20 ans, c'est un agenda où tout le monde rigole quand il voit mon agenda. C'est meeting sur meeting sur meeting.

  • Speaker #1

    Oui, mais c'est épuisant en plus. Oui,

  • Speaker #0

    c'est beaucoup d'énergie.

  • Speaker #1

    C'est énorme, t'as beau aimer ça, c'est pompant de faire autant de calls, d'appels. Surtout, ce que je trouve fascinant, même sur les questions d'orgasme, c'est que je me demande comment tu fais quand t'as autant de meetings qui s'enchaînent, pour ne serait-ce faire le follow-up. Alors soit tu délègues complètement le follow-up, du coup, est-ce que c'est ce que tu fais ? Comment tu gères quand t'as autant de meetings qui s'enchaînent dans une journée parce que t'as tellement de reportings directs ?

  • Speaker #0

    Il faut être hyper efficace. Moi, à l'époque, en tout cas, société générale, il faut être clair, j'avais ma deuxième journée de travail qui commençait à 19h. Donc ça veut dire que pendant 18 ans, j'ai passé quasiment tous les soirs à reprendre avec le laptop sur mes genoux et travailler jusqu'à 22h ou 23h. Surtout qu'en plus, j'avais des équipes partout autour du monde. Comme j'expliquais, mon métier, c'était de m'assurer que tous les systèmes IT fonctionnaient jour et nuit, 24h, 24h, 7h, 7h. Ça veut dire que pendant 18 ans, j'ai été réveillé la nuit, parfois 4 à 5 fois la nuit. J'ai eu 3 25 décembre de suite où on m'a appelé à 7h du matin parce qu'il y avait un problème à Hong Kong. À 7h, je suis gentil, c'était 5h. Enfin bref, parce qu'il y avait un problème à Hong Kong et qu'il y avait un énorme problème sur l'arrêté comptable, etc. Ça, c'était ma life aussi. Et puis à l'époque, on était les accros du Blackberry. Je me souviens de passer même des soirées où on allait boire des coups jusqu'à... capadeur, mais t'es quand même sur le Blackberry en train de répondre et en train de travailler ou en train de prendre un call de crise. Tu vois, à la maternité, je me souviens que sur ma première fille, j'ai passé trois heures en conf call entre comment va mon ex-femme qui est en train d'accoucher et puis j'ai une conf de crise de l'autre côté. Tu deviens ultra multitasking. Ouais, mais...

  • Speaker #1

    T'as aimé cette balle ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai adoré ça. Ah ouais ? J'ai adoré ça.

  • Speaker #1

    Parce que c'était en fait un peu aussi l'accomplissement de tout ce que tu voulais prouver au monde.

  • Speaker #0

    Exactement, tout à fait. très tôt j'ai eu une prise de conscience je me souviens c'est au bout d'un an à la Société Générale je rentre dans cette immense hall où il y a un immense statut en forme de ballon de rugby et je me rends compte qu'en fait tout ça c'est un jeu ça c'est un truc que je partage aussi beaucoup maintenant, la vie pro si pour vous c'est dur, c'est compliqué etc, il y a une façon de le gérer qui est de se dire que c'est juste un jeu et c'est comme pour les gamers c'est comme un RPG ou je sais pas quoi en fait mettez-vous dans le costume d'un player, pour le coup. Et tu vas gagner des exp, parfois tu vas perdre des points de vie, mais tu vas gagner de l'expérience, tu vas aller récupérer des nouvelles compétences, tu vas changer de monde, tu vas évoluer, etc. Et si tu le gamifies, si ta carrière, tu la gamifies, tout à coup, tu arrives à prendre un certain détachement par rapport à ça. Et puis si tu as perdu une partie, c'est pas grave, tu reprends un crédit et puis tu joues une autre partie, tu vois. C'est pas la fin du joueur, c'est juste la fin de ta partie. dans le game. Ce truc là m'a énormément aidé et j'ai adoré jouer avec ça. Du coup c'est là aussi où j'ai compris, j'ai commencé à jouer avec les jeux politiques parce que dans ces boîtes là, les jeux politiques sont énormes et réussir à comprendre qui sont les alliances, qui sont tes alliés, qui sont tes ennemis, quelles sont les mouvances du moment, quels sont les mots du moment, sur quoi il faut être ultra pointu, à quel meeting il faut être, à quel meeting il faut pas être, etc.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est sûr, t'as raison, c'est vraiment l'archétype du jeu. C'est le film, c'est les films américains, c'est le film sur la bourse que j'adore.

  • Speaker #0

    Wall Street ? Ouais,

  • Speaker #1

    avec, je suis en train d'oublier, avec celui qui a eu un cancer de la gorge, l'acteur. Non,

  • Speaker #0

    c'est pas vrai.

  • Speaker #1

    Bon, je retrouverai après. C'est incroyable. Tu étais payé combien à ce moment-là, quand tu gères 1000 personnes ? Ah,

  • Speaker #0

    une misère. Un scandale. Non. Un scandale. Peu de temps après ça, je suis allé voir deux chasseurs de tête parce que justement, je sentais que c'était le moment de partir. Les deux chasseurs de tête ont littéralement explosé de rire quand ils ont eu mon salaire. À l'époque où je pilote 1000 personnes, je suis encore très jeune pour le coup. Et puis, j'ai eu le tort de démarrer tout de suite à la Société Générale. C'est d'un grand groupe. Le problème, c'est que même quand tu es ultra performant et j'ai toujours été super bien noté, j'ai eu que des super managers. Je dis beaucoup de bien de cette boîte parce qu'elle m'a rendu énormément de choses, mais pas beaucoup d'argent. Pour le coup, quand je pilotais 1000 personnes, j'avais déjà 15 ans d'exp et j'étais payé 75 000 euros brut annuel.

  • Speaker #1

    Du coup, c'était il y a 10 ans ?

  • Speaker #0

    J'avais déjà 15 ans d'exp, donc j'avais 38 ans.

  • Speaker #1

    Donc c'était à 7 ou 8 ans. Donc, il y avait moins d'inflation quand même, mais quand même, c'est rien du tout. Je m'attendais à 120, 130. Alors...

  • Speaker #0

    Après, j'avais un gros variable. Donc ça, c'est le problème du système du monde du trading. C'est-à-dire que ces gens-là ont pensé que... on était tous des traders et donc il devait y avoir un variable basé sur des objectifs opérationnels et évidemment que ces objectifs opérationnels n'ont pas vraiment de sens et c'est devenu très compliqué c'était complété par un très beau variable en effet mais objectivement c'était vraiment WTF en terme de fixe c'est

  • Speaker #1

    dingue, c'est fou pour le temps de travail c'est ça,

  • Speaker #0

    rapporter à l'heure, alors là pour le coup comme je disais

  • Speaker #1

    Oui, c'est un salaire d'entretien de... de ménage.

  • Speaker #0

    Je passais soirée, week-end, vacances inclus, etc. En plus, la vie personnelle,

  • Speaker #1

    on prend un énorme coup.

  • Speaker #0

    C'était extrêmement violent. En plus, un peu plus tôt dans ma carrière, on a morflé sur la crise carrielle où on s'est pris dans la gueule en 2008 parce qu'on était vraiment totalement alignés avec ce qui s'est passé. J'étais responsable avec Avec mon associé, d'ailleurs, on avait les deux équipes de support qui étaient directement alignées avec Jérôme. Et donc, Jérôme, on l'avait au téléphone, pas tous les jours, mais quasiment. Pour le coup, on allait boire des bières avec lui. Donc, on était dedans. Et quand le truc a explosé, si tu veux, pour répondre à ta question aussi, c'est assez facile de subir ou de gérer, en tout cas, cette charge de travail, ce stress et la violence aussi psychologique qu'il y a dans ce monde-là, qui est hyper forte. Tant que t'es dans un truc hyper en croissance, en fait on revient au monde des startups, on était un peu dans un monde de startups de l'époque pour le coup, on était en hyper croissance, on faisait un pognon de malade mental, on était quand même augmenté chaque année, je tiens la première année où j'ai eu un bonus je crois que c'est en 2005. Je viens de passer de contracteur à interne, je suis pas du tout éligible au truc. En fait, les gars avaient trop d'enveloppes de bonus et trop de pognon. Donc ils sont venus me voir en disant, bon franchement, t'as pas le droit normalement, mais comme t'as fait une bonne année, même si t'étais contracteur, allez, on te file un gros bonus. et c'était énorme pour l'époque. j'ai touché 8000 balles de bonus, comme ça, qui n'était pas prévu. J'étais en mode, mais what the fuck ? Bref, à l'époque, il y avait tellement d'argent, etc. Et tout le monde était dans le mood que tout ça était super accepté. Tu vois, voilà. Bref, et puis un jour, tu as un énorme éclair qui te tombe sur la gueule. la gueule, t'as un trauma colossal qui va écrouler cette banque-là, qui s'appelle Jérôme Kerviel. Et là, tout ça devient vachement plus compliqué. Alors heureusement, vu qu'il y avait cette culture de très performeur, hyper bon en gestion de crise, etc., ils ont eu l'intelligence de basculer toute cette énergie en... D'ailleurs, le projet de rémédiation s'appelait Fighting Back. Donc c'était... On a gardé cette posture de combat, non plus dans un combat pour la paix. pour la croissance, mais un combat pour la survie. Parce que ça a vraiment été le sujet. La banque est passée très très proche de mourir. Et on a combattu pour survivre. Et ça, ça a marché encore un certain nombre d'années. Puis à un moment où l'énergie quand même est redescendue. À ce point-là,

  • Speaker #1

    c'est-à-dire que les gens sont que c'est dur de capter... Parce que Kerviel, il avait fait perdre combien en fait ?

  • Speaker #0

    Alors au final, 4,8 milliards d'euros.

  • Speaker #1

    Mais c'est rien, tu vois, par rapport à... Enfin, c'est rien, non, quand même pas. 4,8 milliards.

  • Speaker #0

    4,8 milliards, c'est plus qu'une année de résultats de la Société Générale.

  • Speaker #1

    Mais c'était assez sur des milliards de trésors, tu vois, même à l'époque.

  • Speaker #0

    Ah non, pas du tout. Alors pour le coup, la capitalisation totale de la Société Générale à l'époque, c'était 35 milliards d'euros. La valeur totale du groupe, je ne parle pas de réseau, je parle de tu revends les immeubles, tu revends le fonds de commerce, tu revends tout et tu en avais pour 35 milliards. Donc quand tu en perds 5, ça pique un peu quand même. Et après, il y a quelque chose de beaucoup plus grave, c'est que derrière, il fallait 1, gérer l'impact client. parce qu'évidemment, tu as beaucoup moins envie de travailler avec la société générale à ce moment-là. Deux, on est en plein dans un cri de décès subprime. Donc, de toute façon, c'est au même moment, à six mois près.

  • Speaker #1

    Personne ne veut bosser avec les banques.

  • Speaker #0

    Plus personne, voilà. Et puis, voilà. Trois, tu as le régulateur qui arrive. On va passer notre vie avec le régulateur, la police judiciaire, etc. Les médias, tout ça, voilà. Et donc, tout ça secoué fait que les revenus sont jamais... Et la rentabilité. Oui, plus les investissements nécessaires pour couvrir toutes les failles qu'on connaissait, mais qu'on ne voulait pas traiter à l'époque parce que ce n'était pas le sujet. Là, tout à coup, ta renta, elle s'écroule totalement.

  • Speaker #1

    En fait, tu es passé d'une période où toi, jeune cadre dans Don Boy, avec des bonus à non plus pouvoir, ça bosse dans tous les pays, dans toutes les langues, avec tout le monde, la croissance de malade, pognon partout, à Jérôme Kerviel, plus personne n'a confiance, c'est la crise. La banque va peut-être crever. Donc, ils ont viré plein de gens, je suppose, à ce moment-là aussi.

  • Speaker #0

    Bien sûr, évidemment. Des prestats, mais aussi des internes, etc. Enfin oui, ça a été hyper, hyper, hyper dur. On a bossé encore plus dur, encore plus tard, encore plus fort pour moins de bonus, pour une ambiance de merde. Mais pourquoi t'es resté,

  • Speaker #1

    du coup, toi, dans une boîte Paris ?

  • Speaker #0

    Parce que j'étais dans le combat. Parce que pour moi, c'était une religion, c'était une famille. D'ailleurs, c'est encore une famille, aujourd'hui. On se voit en... encore hyper régulièrement, dans ma boîte, il y a pas mal de gens qui sortent de la Société Générale, dans mes clients, j'ai des instances de Société Générale, c'était une famille, c'était une élite de ouf, c'était, il y a un côté, d'ailleurs, il y a une des équipes, on en rigolait pas mal, mais qui avait une série de casques. de spartiate une collection de casques spartiate et c'était 300 on était on était ces par 7 l'arbre logo c'est à la vie à la mort vraiment c'était un truc de fou tu avais une trentaine d'années exactement et pas encore d'enfants quand il est car bien non je venais non je n'en jeu deux ans plus tard j'ai mis là.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Donc j'enchaîne Carviel avec ma première fille, mon oncle dont je parlais tout à l'heure. Et je venais juste avant Carviel, je vais perdre mon grand-père. Tout ça s'enchaîne hyper fort. Et donc c'est là aussi où... les armures que j'ai construites, le jeu que je jouais, etc. Tout ça va commencer à vaciller assez fort. Carviel, en gros, va me faire faire un burn-out. La crise, pas la personne. Et la crise, je vais vraiment faire un burn-out sur lequel je ne mettrai pas ce mot-là, parce qu'à l'époque, on n'en parlait pas beaucoup déjà. Je vais prendre 20 kilos. Je n'arrive plus à dormir. Je me réfugie dans la bouffe. Je n'arrive pas à gérer mon stress autrement. Et je suis à deux doigts d'exploser. Et heureusement, mon ex-femme, un jour, prend un salon et me dit, soit on parle, soit je me barre. Et on venait de se marier, je crois. On était mariés depuis moins d'un an. Donc heureusement, elle a réussi à... montre ouvrir la porte et elle me dit elle me forçait à commencer à reconnaître mes émotions et à verbaliser et bon après il y a encore pas mal de choses qui se passent avant que j'y arrive totalement mais en tout cas c'était la porte ouverte ah oui d'accord donc et

  • Speaker #1

    donc c'est là où tu as commencé ok donc ça commence à t'ouvrir tu commences à faire un travail sur toi tu commences à faire un travail de psy je suppose aussi peut-être un peu longtemps après oui tout à fait avec ce qui se passe voilà parce que vraiment des tonnes de traumas qui me dorment j'ai

  • Speaker #0

    J'ai vraiment cette chance dans la vie. Il m'est arrivé des trucs hyper durs. Ma meilleure amie meurt d'un cancer fulgurant à ce moment-là, où elle disparaît en six mois. Donc là aussi, tu es confronté. Là, j'étais confronté à la mort, mais à peu près tous les six mois, j'avais quelqu'un très proche autour de moi qui est décédé de façon totalement inattendue. Donc là, j'ai eu recours à un psy pour réussir à gérer ce truc-là. Et en plus, mes deux filles sont nées à trois ans d'écart. La première a très peu ou pas dormi pendant trois ans, parce qu'elle faisait des terrors nocturnes. donc ça veut dire deux à trois réveils par nuit plus les réveils du boulot et on a enchaîné avec la deuxième qui elle a eu un énorme problème enfin un énorme problème de santé elle est née avec ce qu'on appelle des pieds beaux donc c'est ces gens qui on les voit dans les pays sous développés vont marcher avec un pied dans le travers donc elle est née avec deux pieds comme ça pour le coup et bon alors ça a amené en plus des préoccupations parce que en général c'est un C'est un signe avancé de trisomie. quand tu as deux pieds beaux. Jusqu'à sa naissance on a cru qu'elle était trisomique. Voilà et donc quand elle est née on a eu le bonheur de découvrir que ce n'était pas du tout le cas. Et en revanche ça a généré encore trois ans où elle a eu des attelles, des plâtres jusqu'à la hanche qui généraient des blessures, des problématiques. On n'a pas pu partir en vacances, c'était voilà cinq séances de clinique par semaine et des réveils aussi là trois à cinq fois par nuit. Donc j'ai passé six ans. où en six ans, on avait compté avec mon ex-femme, on a eu onze nuits complètes. Et donc, j'avais quasiment pas de sommeil. Donc, tout ça cumulé fait qu'à un moment, j'ai eu besoin de soutien d'un psy. Oui, il y a eu quelque chose,

  • Speaker #1

    mais pas potentiellement.

  • Speaker #0

    Heureusement que je m'étais construit cette putain d'armure. C'est clair, c'est clair.

  • Speaker #1

    C'est la preuve. Ça, c'est quand même, quand j'entends ton témoignage, je me dis, effectivement, on a tellement de ressources. Puis après, quand tu vois, a fortiori... Oui. sans m'inhumider, mais tu vois, les gens qui sont passés par la Shoah, qui sont passés par des horreurs absolues dans des pays en dictature, ou qui ont été torturés, etc., ou qui se sont fait kidnapper, tu te rends compte, en fait, il y a un écart énorme entre ce que tu penses pouvoir encaisser et ce que sont vraiment tes limites, et comment ton cerveau, ton corps peut se mettre en mode survie. C'est hallucinant, tu vois, parce que là, quand tu dis ça, même 6 ans sans dormir, avec effectivement des proches qui partent et tout, c'est déjà très violent. Donc, qu'est ce qui fait du coup le déclic au moment où tu te dis bon, c'est bon, la SOG, ça suffit, il faut que j'y aille.

  • Speaker #0

    Alors déjà, j'arrive à un moment où les gens arrêtent de mourir autour de moi, où j'arrive à dormir, etc. T'as quel âge à peu près là ? Ouais, je pense que c'est autour de mes 37 ans, 38 ans. Donc, tu vois, c'est déjà quand même assez... assez avancé et des lectures, des rencontres, un certain nombre de choses, la prise de conscience aussi. Ouais, un gros problème d'alignement de valeur. Ah oui, donc mon dernier job. Donc après que je manage 1000 personnes, je reprends d'autres, une équipe un peu plus petite de 300 personnes. Mais là, je suis seul maître à bord. C'est-à-dire que là, j'ai vraiment la capacité de faire tout ce que je veux. Et là, on est dans un moment où l'agilité est un gros, gros trend. Je rencontre des gens extraordinaires dans cette équipe-là qui vont m'éveiller un certain nombre de styles de management, etc. qui à l'époque n'existaient pas trop. Donc, tu vois, c'était le tout début du servant leadership. J'écoute ce truc-là, alors là ça match à mort avec mes convictions, mes valeurs, etc. Et on va déployer un modèle organisationnel assez différent, qui est assez proche d'une entreprise libérée. Au sein donc, vous avez compris, de l'écosystème que je racontais précédemment. C'est rigolo, j'ai des gens extraordinaires en dessous, et des clients extraordinaires aussi, et des clients internes. Il va falloir que ça va cartonner. En interne, on crée un écosystème où je casse tous les niveaux hiérarchiques. Quasiment, il n'y en a plus qu'un seul parce qu'on n'avait pas trop le choix. Toutes les décisions sont prises par le terrain. On fait énormément de... L'AIG a un écosystème hyper tourné vers soi et ne partage pas du tout. Dans cette équipe-là, on va faire des talks. On faisait 35 talks par an. en externe, 35 conférences par an. J'avais 35 personnes dans mes équipes qui faisaient au moins une conf par an, en externe. Ça n'existait absolument pas à l'époque. Bref, grosse ouverture sur l'externe. modèle d'engagement interne, etc. Tout ça fonctionne à mort, sauf que en fait, c'est en lisant Reinventing Organization de Frédéric Lalou, c'est le premier bouquin que j'ai lu en sortant de l'AIG, qui m'a expliqué pourquoi... pourquoi j'avais morflé, parce qu'en fait, on avait développé un cancer au sein d'un organisme. En tout cas, on avait développé la définition du cancer, je crois. C'est une cellule qui va fonctionner très différemment par rapport au reste de l'organisme. Et il se passe quoi ? Du coup, le reste de l'organisme ne comprend pas et se met à attaquer la cellule. Et c'est vraiment ce qui s'est passé. Et comme j'avais complètement déstructuré mon organisation, le seul bouclier qui existait, c'était moi. Et je rigolais souvent en expliquant que dans la même... la même journée, c'est ce qui s'est vraiment passé. Le matin, je passe toute la matinée à discuter avec mon business de comment on peut tripler les revenus à horizon 10 ans, donc ultra stratégique. Et à midi, il y a le commercial de Nespresso qui arrive, il dit, putain, mais votre machine à café, elle est dégueulasse, c'est qui le responsable ? Et tout le monde fait, bah, c'est Emery. Donc moi, j'étais vraiment responsable de tout, tu vois, depuis la propreté de la machine à laver, à café, jusqu'au plan stratégique à 10 ans de comment on fait x2. Bref, donc je faisais déjà de l'entrepreneuriat, mais je ne le savais pas. Et donc, à ce moment-là, à ce moment-là, il y a une énorme agression politique de l'écosystème sur moi, enfin sur mes équipes.

  • Speaker #1

    Tu veux dire en gros de la hiérarchie de Société Générale ? Ouais,

  • Speaker #0

    et pas forcément que en haut, c'est aussi les équipes d'à côté qui n'aiment pas ce que je fais parce que du coup mes clients sont hyper contents, ça cartonne, etc.

  • Speaker #1

    La jalousie quoi.

  • Speaker #0

    Bah oui, et tous les collabs des autres équipes qui voient comment c'est chez moi, ils veulent venir, du coup je deviens le mec qui débauche tout le monde, enfin en tout cas c'est la réplique que j'ai. Les RH qui ne comprennent pas trop les process chez moi, comment ça se fait que maintenant les bonus, etc. Les gens commencent à avoir le droit de dire ce qu'ils veulent, etc. Donc le truc, voilà. écosystème merveilleux, on construit un truc de fou, mais à un moment, la pression est hyper forte, depuis que j'en ai marre, ça fait 18 ans que je suis dans ce groupe-là, donc je dis, ok, j'ai atteint un peu mon paroxysme, j'ai envie d'aller faire quelque chose ailleurs, et c'est là où, du coup, il y a Marjan, ma futaire associée, qui passe par là, et qui me dit, viens, on va créer une ESN. Une ESN différente. Est-ce qu'on va vraiment faire ça ?

  • Speaker #1

    Ou pas ? Ok, donc là, c'est le début d'Alenia Consulting, dont tu tires, effectivement, Pas mal de principes, je suppose, de cette expérience à la Société Générale où tu as pu un peu développer l'entreprise libérée, le management horizontal, créer cette espèce de cancer positif, cette bullnourse un peu dans le business. C'est quoi, pour décrire aux gens qui nous écoutent, les trois ou quatre points saillants de la culture d'Alenia qui sont remarquables, qui sont particuliers, qui te rendent fier ?

  • Speaker #0

    Vous aurez compris, du coup, j'espère que moi, mon besoin en sortant de la Société Générale, c'était de redevenir moi-même. Et j'avais envie de créer un écosystème sur lequel tout le monde pourrait vraiment être soi-même. C'est un truc super bateau et standard, mais en fait, j'avais envie de poser l'armure. En fait, on dit souvent à Chaliniac, on essaie de réaligner le moi pro et le moi perso. Donc ça fait un peu... C'est un peu psy. Il y a quelque chose comme ça. Pourquoi qui a décidé que du lundi au vendredi, de 9h à 17h, on devait être quelqu'un de différent ? D'où vient ce fucking truc ? Qui a dit ça ? Et pourquoi ? Et en quoi ça nous rend plus performants et, je sais pas, plus opérants ? Non. Jamais. On peut jamais être aussi performant que quand on est vraiment soi-même. Ok, let's go, let's do it. Essayons, testons ce truc-là. Donc on l'a testé. On est allé super loin. Ça, ça veut dire aussi accepter plein de choses qu'on n'accepte pas normalement dans le monde pro. Dans le monde pro, tu n'as pas le droit de pleurer. Tu n'as pas le droit d'être triste. Ça va ? Ça va ? C'était bien hier ? Ouais, super. Bon, ok. Et ton week-end ? Super, franchement, on a joué au foot. C'est cool. T'as pas le droit d'être en colère, ça aussi, c'est rigolo. C'est d'ailleurs une émotion qui est ultra bannie.

  • Speaker #1

    Ah ouais, dans le monde du travail, moi ça m'énerve, pour le coup.

  • Speaker #0

    Incroyable.

  • Speaker #1

    Le fait de ne pas pouvoir exprimer des couilles.

  • Speaker #0

    La colère, c'est très violent d'ailleurs. C'est une émotion qu'on ne reconnaît pas et qui est inacceptable dans le monde professionnel. Désolé, je suis humain. Désolé, il y a des moments où je suis en colère, des moments où je suis triste. il y a des moments où je ne vais pas être en forme, il y a des moments où je vais être down. Je ne vois pas en quoi j'ai besoin de porter des masques ou de ne plus être moi-même à ce moment-là. Non. Donc j'ai décidé qu'entre 8h59 et 9h01, je vais rester la même personne et je ne vais pas tout à coup mettre des masques et une armure. Ça semble super théorique. Si je donne un petit peu de concret, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que déjà, typiquement, on s'autorise tous à vivre toutes nos émotions dans le travail. Donc ça veut dire que les trois associés de la boîte, ils ont régulièrement fondu en larmes devant tout le monde. C'est super ok. Voilà. C'est hyper ok.

  • Speaker #1

    Mais à quelle occasion ? Parce qu'on pourrait très torquer quand même. Comment dirais-je que... Même parfois, tu vois, l'environnement de travail est une safe place parce que justement, il y a une protection vis-à-vis d'émotions qui pourraient être trop fortes. Il y a plein de gens qui préfèrent dans le travail avoir cette espèce de costume qui leur permet de s'accomplir intellectuellement, de se challenger, de grandir, mais qui n'est pas forcément la même chose que ce que tu peux vivre dans la vie perso. Pas soit parce qu'ils ont une vie personnelle qui peut être difficile, bouleversante, ou soit parce que tout simplement, ils ont décidé que c'était comme ça et c'est mieux. tu vois donc C'est quoi le... En fait, ce que toi, tu dis, c'est que si ça doit sortir, ça sort, quoi. C'est autorisé.

  • Speaker #0

    Tout à fait,

  • Speaker #1

    c'est hyper ok. C'est autorisé ou c'est encouragé ?

  • Speaker #0

    C'est encouragé. Ouais, c'est encouragé. Pour le coup, c'est encouragé. Ouais, c'est encouragé. Parce qu'en fait, de toute façon, sinon, ça ressortira autrement. Ça peut ressortir avec de la sous-performance. Ça peut ressortir avec je vais m'exclure. Peut-être qu'à un moment, ça va ressortir en mode je suis tellement pas bien qu'il faut que je... change de boîte. Et alors, je vais te dire, c'est un truc magique, magnifique, et je n'ai pas à m'en étirer particulièrement, mais on est tellement peu à faire ça, qu'une fois que tu t'es habitué à ça, c'est presque un piège. C'est-à-dire que moi, je ne peux plus rebosser dans un environnement sur lequel je remettrais une armure. Voilà. Et c'est le cas, je pense, de pas mal de mes collabs, pour le coup.

  • Speaker #1

    C'est pas un argument de rétention.

  • Speaker #0

    De rétention, mais de fou. D'ailleurs, j'ai envie qu'il y ait plein d'autres boîtes qui fassent ça. Parce que même pour mes collabs, ils ont le droit un jour de dire que leur aventure prochaine, et il y en a qui le font, c'est plus Alenia. Et j'ai envie qu'ils retrouvent ailleurs des écosystèmes qui sont OK avec ça. Parce qu'en revanche, redevenir soi-même, pour après reporter des armures, ça va être une violence infâme. Moi, je vois pas en quoi ça diminue ma performance. de pleurer, d'être en colère à un moment ou quoi que ce soit. Au contraire, je pense que si on prend l'émotion qu'est la colère, sur laquelle je peux comprendre qu'il y ait beaucoup plus de débats, c'est un peu plus compliqué que la tristesse à la limite. D'abord, le premier truc sur lequel on essaie de travailler avec nos collabs, c'est d'identifier et de verbaliser sur les émotions, de reconnaître ces émotions. et de le verbaliser. À partir du moment où déjà tu vas dire « je suis en colère » , c'est un truc totalement magique qui va quasiment te faire basculer dans une autre émotion. Si déjà tu la reconnais et en plus tu la partages, tu la verbalises, donc tu lui donnes une certaine légitimité, ça va déjà adoucir le truc énormément. Et d'ailleurs, tu vas pouvoir basculer de l'émotion au raisonnement. Tu vas déjà pouvoir aller chercher le « ben pourquoi ? » D'accord ? Et ça aussi, c'est un de nos problèmes. C'est-à-dire qu'on parle rarement de l'origine. On va rarement tirer le fil. Déjà, donc, un, ah, je ressens ça. OK ? Et maintenant, pourquoi ? OK ? Et après, peut-être le comment ou comment j'ai... j'évolue, comment j'avance, etc.

  • Speaker #1

    C'est vrai que Chris Voss, qui est le fameux négociateur du GIGN, il dit que nommer la colère fait redescendre, enfin nommer une émotion la fait redescendre immédiatement. Et par contre, il faut faire attention parce que ça, moi, j'ai fini par le comprendre. Si tu dis à quelqu'un j'ai l'impression que tu es en colère, ça peut l'énerver beaucoup plus. En fait, il faut dire j'entends dans tes propos de la colère et du coup, il faut bien distinguer la personne du propos parce que sinon, tu le colle une étiquette qui est d'ailleurs peut-être même pas son émotion ou alors en tout cas qui va le contraindre dans son truc. Donc il faut faire attention à l'annonce.

  • Speaker #0

    Tu as raison parce que c'est très différent de verbaliser ses propres émotions ou d'aller interpréter les émotions de la personne en face. Là, on est sur quelque chose de très différent. Je dis souvent à mes collabs il y a une vérité absolue, c'est ce que vous vous ressentez. Ça, c'est une réalité. Et je ne peux pas la changer. Si tu me dis que tu ressens quelque chose, je peux pas te dire c'est pas vrai non qui je suis pour te dire ce que toi tu ressens à l'inter de toi donc c'est une réalité c'est une vérité donc après je ne peux pas interpréter justement moi comment tu te sens donc je peux te dire mathieu moi ce que je ressens quand tu dis ça je ressens de la colère toi qu'est ce que tu ressens fait pour le coup Là-dessus, c'est un dialogue. C'est intéressant. Le problème de la colère, si on revient là-dessus, ce n'est pas tant l'émotion en elle-même. C'est la façon dont on va la verbaliser, la façon dont on va réagir face à cette émotion. Et c'est vrai que c'est une émotion qui en elle-même amène plus de violence potentielle que d'autres émotions. C'est vrai. Encore une fois, un, si tu la verbalises, ça réduit. Et puis deux, après, comment tu vas gérer cette violence-là ? on peut en parler en entreprise aussi. On fait quoi si on ressent de la colère ?

  • Speaker #1

    Tu as un exemple concret, par exemple, de quelqu'un qui était en colère récemment, ou toi ou quelqu'un d'autre, et comment tu l'as géré ?

  • Speaker #0

    Alors, je peux te dire que moi, je l'ai mal géré il y a encore 2-3 ans. Il y a 2-3 ans, j'étais pourtant en plein dans ce voyage émotionnel, etc. Une situation qui m'a vraiment mis en colère fort. Et j'ai tapé tellement fort sur la table que globalement, j'ai dû aller à l'hôpital pour vérifier que je ne m'étais pas cassé un os donc voilà c'est un truc qui m'a animé quand même pas mal dans mon enfance on rigole beaucoup parce que un jour mon petit frère m'a tellement énervé j'avais déjà 18 ans j'ai défoncé une porte avec mon poing dans la maison de vacances la fameuse maison de vacances à l'île de l'Eran il y avait une porte avec un trou au milieu parce que j'avais passé mon poing à travers tellement il m'avait énervé dans The Office avec Andy qui tape dans le mur Ouais,

  • Speaker #1

    on voit bien. Un petit peu du Hunger Man. je m'arrête après.

  • Speaker #0

    Voilà, bon, ça, c'est la façon dont il ne faut pas faire. Parce que voilà, ce qui est intéressant, en revanche, c'est d'aller chercher l'origine. C'est quoi la blessure ? Qu'est-ce qui fait que cette situation t'a mis autant en colère ? Qu'est-ce qui fait que ça t'a basculé en zone rouge ? Je vais te donner, je ne sais pas si ça va totalement répondre à la question, mais maintenant comment on va gérer un peu différemment en tout cas. Et ça c'est, je vais partager un truc qu'on fait systématiquement dans tous nos one-to-one. On démoire nos one-to-one ou le manager va commencer par verbaliser son état émotionnel du moment. un tout petit peu gamifié le truc, on a dans le fichier de suivi, tu as toutes les émotions un peu en mode emoji. Et donc, on va aller cocher les différentes émotions dans lesquelles tu es. Et état émotionnel. Donc, je peux être typiquement en colère, fatigué, saoulé, je ne sais pas quoi. Et je coche ces trucs-là. Et le manager, lui aussi, juste après, va verbaliser son état émotionnel. Ça, ça aide énormément parce qu'encore une fois, déjà, les deux parties... vont donner finalement les règles du jeu. Ça, c'est méga intéressant. Et en fait, tu vas gérer ton one-to-one de façon hyper différente en fonction de l'état émotionnel du manager et du manager.

  • Speaker #1

    La question qui me vient immédiatement, et je pense que des dirigeants ou des managers qui nous écoutent vont te dire tout de suite, mais comment ça ne part pas en cacahuète, ce truc-là, et ça ne se transforme pas en le café du commerce où Jacqueline raconte ses penches sur... les problèmes de son chien qui a mal aux dents, son mari qui l'a emmerdé, et je ne sais pas quoi. Et l'autre qui lui raconte qu'en fait, ça le met en colère parce qu'il n'en a rien à foutre. Tu vois ? Comment tu fais pour rester pro, en fait ? Pour avancer, tout simplement, sur les sujets.

  • Speaker #0

    Alors, ce qui est aussi super important, on va insister là-dessus, c'est le sous-jacent de tout ça, on est dans une entreprise et qui a besoin d'être performante. D'accord ? C'est con, j'ai mis du temps à le comprendre ce truc-là. Parce que pour moi, ce que je voulais, c'était un lieu... C'était quasiment... Tu voulais te préparer en fait aussi. Ouais, déjà, complètement. Et puis je voulais un hébergement, je voulais réparer les gens.

  • Speaker #1

    Tu voulais réparer les gens.

  • Speaker #0

    et je vais créer une SPA C'est super la SPA, mais sa base, j'imagine, je crois que c'est un statut d'association. Donc, il faut qu'il y ait des gens qui donnent de l'argent pour que ça fonctionne. Ce n'est pas le principe de l'entreprise. Donc, le sous-jacent de l'entreprise...

  • Speaker #1

    Même la SPA, sous-dit en passant, elle doit réparer les animaux. Donc, il faut qu'il y ait un objectif de performance aussi.

  • Speaker #0

    Donc, tout ça, le sous-jacent, on n'est pas une œuvre caritative. Il faut qui est de la performance. Après, c'est marrant parce que la façon dont toi tu réagis là-dessus, et c'est le cas de plein de gens en effet, tu vas aller voir déjà des cas extrêmes. Et en plus, c'est des gens qui ont accumulé tellement d'émotions non partagées qui vont, quand ils vont ouvrir... Le coffre, ça va être un déversement. Et en effet, chez nous, on a en effet les six premiers mois où tu embarques dans la boîte, on constate souvent en effet des gens qui ont un trop-plein d'émotions, de vécu, etc., qui vont avoir besoin. Et puis, mais très vite, ça se normalise. Les gens n'ont pas tous les jours envie de te raconter leur enfance, leur trauma, etc. Maintenant, on a appris à se connaître, on a confiance, on a la même vision, on a envie d'être performant. Donc, c'est important que tu saches qu'en ce moment, je suis fatigué parce que mes gamins, ils dorment. mais pas que je suis en colère parce que telle situation, je l'avais vu venir, je n'ai pas réussi à la gérer. Donc, j'ai une grosse frustration par rapport à ça. Mais fondamentalement, on est dans la même boîte, on a envie d'y aller. J'ai envie de réussir, j'ai envie de grandir dans ma carrière. Donc maintenant, aide-moi et aidons-nous à réussir. Et franchement, je n'ai jamais ça, pour le moment. Je n'ai jamais ça.

  • Speaker #1

    Ok, donc le fait de désamorcer ne pollue pas la discussion business, selon toi ?

  • Speaker #0

    Absolument pas.

  • Speaker #1

    C'est intéressant. Je me fais l'incarnation des objections que n'importe quel manager ou dirigeant d'entreprise va se faire. Je pense que c'est la peur qu'ils ont. Je pense que si on a transformé le monde professionnel en masque, c'est pour être efficace. C'est parce qu'on pense en tout cas que c'est ça qui va rendre les gens efficaces.

  • Speaker #0

    Ouais, alors pour le coup, on vient aussi au principe de brutal honesty. Voilà, et c'est quelque chose que j'aime.

  • Speaker #1

    Radical Condor, tu veux dire ? Ouais,

  • Speaker #0

    de Radical Condor, exactement. C'est un super bouquin. Ouais, c'est vraiment génial. Et ça, ça va avec, en fait. Encore une fois, pour moi, on n'est jamais autant... performant qu'au moment où on est en totale transparence et en totale vérité et honnêteté. Pour ça il faut se dire les choses. Donc ça c'est typiquement un sujet que j'ai eu il n'y a pas si longtemps aussi dans la boîte c'est on m'a dit non non mais je peux pas lui faire tel feedback d'amélioration, parce que tu comprends, on est quand même dans une boîte bienveillante. Mais à quel moment on a dit que la bienveillance, c'est pas dire la vérité ? Jamais. Justement, au contraire. La bienveillance, c'est d'abord se dire les choses, et les choses qui piquent. Parce que, un, si moi je le pense, peut-être que d'autres le pensent. Deux, la bienveillance, c'est vouloir le bien pour la personne en face, et le bien, c'est l'aider à s'améliorer. Puis en plus, c'est ta vérité à toi. peut-être que ça va y avoir à la personne en face elle est différente mettons les choses sur le papier soyons objectifs partageons truc soyons regardons dans la même direction et tout de suite on va voir que évidemment la haute poutre ce sera encore quelque chose de différent que ce que moi je pense est ce que toi tu penses ce que tu vois et oui on va construire on va avancer la bienveillance elle commence par la performance Et surtout, disons-nous la vérité. Et cette vérité, elle est objective et elle est aussi émotionnelle.

  • Speaker #1

    Ok. Ok, c'est intéressant. En tout cas, il y a deux points saillants qui sont la capacité à poser les émotions pour désamorcer et pour rendre la condition de travail beaucoup plus agréable et du coup, une finie à la performance meilleure. le fait de faire des feedbacks. Est-ce qu'il y a autre chose chez Alenia qui...

  • Speaker #0

    Beaucoup de rétro. On adore la rétro, pour le coup. Les rétro ? Oui, les rétro, c'est une cérémonie qui vient... Tu fais gaffe,

  • Speaker #1

    parce que tu nous emploies un nombre de buzzwords.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Vous allez, c'est mon monde. La rétro, c'est une cérémonie qui vient du monde de l'agilité et qui fait qu'à la fin d'un cycle... où on a travaillé à développer des trucs, on va regarder dans le rétroviseur, simplement. Et on va regarder, donc c'est là, on va regarder qu'est-ce qu'on aurait pu faire mieux, qu'est-ce qu'on a bien fait, qu'est-ce qu'on doit changer, qu'est-ce qu'on doit arrêter, etc. Et puis, nous, on rajoute toute cette couche d'état émotionnel. On va discuter aussi, ok, au bout de ces deux semaines, par exemple, typiquement, dans quel état émotionnel j'ai été, dans quel état émotionnel je termine. Et ce truc-là aide aussi vachement à ancrer un truc, à amener amener un dialogue, etc. Et là où c'est rigolo, c'est qu'on fait ça en interne, et puis en fait, on a commencé il y a quelques années à faire ça avec les clients. Là, c'est super intéressant parce que tu amènes le sujet de l'intelligence émotionnelle chez ton client. Nos clients, je rappelle, c'est des grandes banques, des grosses boîtes dans l'énergie, de l'assurance, etc. Des gens plutôt en costard, qui ont un certain âge, qui ont payé cher pour avoir des consultants chez eux, etc. Donc on va dire que c'est pas un environnement super favorable. Donc la première fois que tu fais ça avec eux, ils voient bien Heu... ce qu'on fait, etc. Ils nous trouvent assez sympas, etc. Et on leur demande, à toi, Philippe, ce vendredi après-midi, après ces deux semaines, t'es dans quel état émotionnel, toi ? T'es comment ? Tu te sens comment ? La première fois, ils vont te dire, ouais, ça va, ça va, tout va bien. Et en fait, première fois, deuxième fois, troisième fois, parce qu'ils vont voir que nous, en revanche, on va être beaucoup plus ouverts, etc. Et tout à coup, tu vas avoir des clients qui vont se livrer totalement sur leur état émotionnel. Et tu vas connecter à un niveau incroyable. et donc tu vas te mettre à pleurer des vendredis après-midi soit en physique, soit dans des teams, avec tes clients ah oui je te parle de choses qui arrivent régulièrement en rétro en rétro

  • Speaker #1

    fait le récap de ce que vous avez fait ensemble.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Et je vais vous parler de tout,

  • Speaker #1

    sauf de boulot, en fait.

  • Speaker #0

    Alors, le sous-jacent, c'est toujours le boulot. Et tu vas, si, tu vas quand même, en plus, tu vas être orienté sur les actions d'amélioration, etc. Mais on va vraiment passer, tu vois, ces rétros, elles peuvent prendre facilement deux heures. Et sur les deux heures, tu vas vraiment commencer par une grosse demi-heure sur laquelle on va parler de l'état émotionnel. Et ce qui est, évidemment, ton état émotionnel, il n'est pas le résultat juste du projet sur lequel tu bosses ensemble. et le résultat de ta relation ici avec ton boss c'est de la relation avec ton boss avec tes pères, à la maison, avec ta femme, avec tes enfants, etc. Donc en fait, t'emmènes les gens, avec ce truc-là, t'emmènes aussi les gens sur la réunification du mois pro et du mois perso, et tu vas connecter avec la personne, donc ça crée une connexion incroyable pour le groupe.

  • Speaker #1

    C'est dingue de se dire que tes clients vont pleurer. Alors moi, du coup, j'ai eu la chance d'avoir ça. La chance. C'est bizarre, on est réunis de secte aussi, mais le club bootstrap, c'était ça. On a vécu quand même des bonnes soirées, les deux, avec plein d'autres gens parce que c'est un cadre d'entraide pour des entrepreneurs donc c'est un moment où notamment en séminaire on part trois jours dans la forêt quelque part loin de Paris où tout le monde vient justement prendre du recul vider son sac être soi-même poser la carapace du dirigeant donc il y a évidemment plein de moments extrêmement authentiques extrêmement touchants donc les larmes font partie de cet épisode mais en fait il faut imaginer cette épreuve-là il faut pas la croire dans un poète haïti en fait il faut garder

  • Speaker #0

    cet état-là, état d'esprit, état émotionnel tout le temps. Pourquoi tu reviens du séminaire Boss Rap et pourquoi tu remets la carapace et l'armure ? Et d'ailleurs, c'est quelque chose qui m'a frappé encore sur le dernier séminaire. Le nombre d'entrepreneurs autour de moi qui sont dans des thématiques de comment je pourrais être un peu plus moi-même dans ma boîte. Les gars, c'est les patrons. Et ils n'arrivent pas à être eux-mêmes dans leur boîte. Et c'est dur. C'est absolument pas un repatch. Vu tout ce que j'ai vécu avant, je ne saurais pas le placer. Mais je suis en empathie hyper forte avec eux. Parce que c'est... Déjà, le job d'entrepreneur, il est méga hardcore. Si en plus, on doit endorser tout ça avec... Avec de l'armure, le sourire forcé, etc. Putain, non.

  • Speaker #1

    C'est marrant parce que pour le coup, dans l'épisode que j'ai fait avec Wilfried, qui est un des premiers que j'ai tourné, de Super Prof, lui, quand je lui ai demandé est-ce que tu préfères être un leader empathique, authentique et du coup aimé de tous ou justement au contraire, être un leader qui incarne la force, la puissance, qui porte un masque. Lui m'a répondu que... et qui n'émet pas de doute, il m'a dit moi jamais je n'exprime de doute jamais, jamais, jamais je suis Gengis Khan qui part à la guerre parce qu'en plus lui il va conquérir la Chine en ce moment racheter des boîtes en Chine et tout jamais de sa vie il accepte de montrer ses vulnérabilités à son équipe c'est mort quoi j'adore l'épisode,

  • Speaker #0

    franchement il est super cool cool et coucou Wilfrid connaissant Wilfrid j'ai mis un doute quand même je pense qu'il a une grosse part de lui-même dans son quotidien avec sa boîte moi, soyons clairs je suis un putain de conquérant mes associés aussi on a déjà une histoire assez incroyable et unique tu fais pas 25 millions en 6 ans sans ça et puis j'ai faim on va bouffer le monde, c'est vénère aussi mais en revanche pourquoi je vais bouffer le monde euh c'est quoi l'ambition, etc. Moi, pourquoi j'ai envie de bouffer le monde, c'est qu'il y a aussi un truc où j'ai envie d'offrir cette expérience incroyable à un maximum de collaborateurs, à un maximum de clients. Je pense qu'ils le méritent. Et ce que je disais, d'ailleurs, j'engage aussi les gens autour de moi, mes compétiteurs, à faire la même chose. Faites ça. C'est ouf. C'est incroyable. C'est un putain de kiff de malade mental. Et en plus, il y a de l'espace. Tout le monde, fondamentalement, veut ça. Voilà. Même les achats. donc

  • Speaker #1

    partout dans le monde mais donc du coup toi régulièrement notamment en all-ins par exemple donc face à toute ton équipe tu es capable de dire j'ai des doutes ça me fait peur tout le temps la vulnérabilité c'est un super pouvoir c'est un putain de super pouvoir c'est incroyable et

  • Speaker #0

    pourquoi aussi parce que les gens quand je les regarde ils savent que je dis la vérité il y a un moment et pareil à mes clients quand je leur dis je sais confiance, que je leur dis je ne sais pas, ils ont confiance. Quand je leur dis, franchement, je ne suis pas sûr, mais viens, on va le faire ensemble. Ils ont confiance et ils ont envie d'y aller. Ils ont été bullshittés pendant tellement longtemps. On a tous bullshitté. On s'est tous fait bullshitter pendant tellement longtemps que le discours de vérité, on est prêt à l'entendre totalement. C'est même super rassurant. Au fond de toi, tu es super rassuré.

  • Speaker #1

    Et je pense que, pour avoir vécu un peu ce sujet-là aussi, je trouve que la vulnérabilité, ce n'est pas moi qui vais te contredire. ou l'authenticité, que tu vas dire le contraire, parce que vraiment, ça a été aussi ma quête d'accepter qui je suis, mes démons, mes faiblesses, mes peurs, de les partager, tu vois, de plus en plus, même, j'ai fait devant mes partenaires d'entrepreneurs, mon papa et les CD, tu vois, j'ai essayé d'être le plus authentique possible, parce que je crois, comme toi, à pouvoir de la vulnérabilité, d'abord d'un point de vue égoïste, pour soi, parce que ça fait du bien, parce que ça permet de créer des relations plus authentiques, et plus fortes, in fine, qui t'amènent beaucoup plus de choses dans la vie. Néanmoins, Dans le rôle du leader, je trouve que c'est essentiel de la doubler d'une vision claire.

  • Speaker #0

    Complètement. Complètement, totalement. Ça, ça marche exactement. D'ailleurs, ta faiblesse du moment, à partir du moment où elle s'inscrit dans une trajectoire qui a été prouvée, etc. Et une vision qui va être claire, là, c'est très différent. Personne ne va croire qu'une entreprise, c'est une route lisse, c'est une autoroute qui vient d'être mise à neuf. Personne ne croit à ça. on sait tous que c'est un peu compliqué compliqué, y compris les collabs. En revanche, si derrière toi, t'as prouvé que t'y es arrivé et tu sais à 10 ans où est-ce qu'on va aller, si aujourd'hui t'es pas bien et t'es triste et t'es un peu so-so, c'est OK. Après, moi, j'ai la chance aussi, on est trois associés. Ça aussi, ça aide. Pour le coup, ça veut dire qu'on n'est pas tous les trois down au même moment, on n'a pas des problèmes, etc. Et après, je ne suis pas comme, je pense que John dans sa boîte, un niveau de transparence qui est encore beaucoup plus fort que le mien. ... Et donc, je ne prône pas non plus la transparence totale à tout le monde.

  • Speaker #1

    Sur quoi, par exemple ?

  • Speaker #0

    Par exemple, les grilles de salaire, pour moi, c'est un vrai sujet. Dans mon référentiel, dans mes valeurs, je ne peux pas avoir de grilles de valeurs qui sont... sont totalement publiques. Parce qu'il y a trop de complexité, il y a un historique des gens, il y a des raisons pour lesquelles il va y avoir des variables. Franchement, je les assume, je les regarde tous les jours, etc. Je sais expliquer ça et ça au cas par cas. Mais si j'ouvre la boîte demain à 250 collaborateurs... Je vais passer un an à expliquer, à discuter de pourquoi ce chiffre-là, il est comme ça, etc.

  • Speaker #1

    Pourquoi tu as payé plus que l'autre ? Exactement.

  • Speaker #0

    Et parfois, il y a des gens qui ne sont pas encore payés, ce qui devrait être. Ils sont dans une trajectoire, on a déjà bien commencé à les augmenter. Et ça va prendre du temps. Parfois, il y a des gens aussi, peut-être qu'ils nous ont quittés depuis, mais on les avait embauchés trop cher. Ça peut arriver, on n'est pas omniscient. Parfois, on fait de la merde. Donc, ça, c'est un sujet sur lequel ce n'est pas évident. Il y a d'autres sujets sur lesquels la transparence absolue est complexe. Il peut y avoir des sujets légaux, il peut y avoir des sujets politiques, il peut y avoir des sujets aussi sur lesquels des problématiques interpersonnelles, ça ne mérite pas forcément à ce que tout le monde soit au courant.

  • Speaker #1

    Alors justement, par exemple, c'est la question que j'allais te poser, c'est les deux dernières questions de ce podcast qu'on arrive à la fin. Comment tu vires les gens ?

  • Speaker #0

    Ah oui, alors ça c'est un vrai fucking sujet.

  • Speaker #1

    Vire-moi, imagine.

  • Speaker #0

    Dans mon monde de oui-oui que j'avais essayé de construire, ça m'amenait quand même des grosses problématiques. Pour le coup, la sous-performance. le client très complexe les gens malheureux et c'est à cause du boulot voire même les burn out d'un tout ça moi ça m'a confronté à des énormes problématiques c'est mon associé marjan qui m'a pas mal aidé là-dessus en expliquant que finalement, déjà, un, tout ça, comme je disais, ne peut fonctionner que si on est performant économiquement. D'accord ? Donc, moi qui étais dans un truc où non, mais l'argent, c'est secondaire, etc. C'est vrai, mais sauf que si à un moment tu gagnes plus de l'argent, tu n'existes plus. Donc, ton monde de oui-oui, il n'est plus financier, il n'existe plus. D'accord ? Donc, voilà. Bon, bah, déjà, il faut être performant. Ok, on revient à ça. Ensuite, on a un monde merveilleux. mais qui ne convient pas à tout le monde. Et il ne convient pas à tout le monde en termes de valeur, d'écosystème, etc. Donc ça, je l'ai accepté assez vite, finalement, pour le coup. On a même une histoire, on a failli avoir un quatrième associé qui a démarré chez nous, qu'on a présenté. comme tout le monde, comme un 4ème associé. Et puis il a clairement eu, il a verbalisé explicitement des alignements de valeur ce qui fait que du coup, assez vite, tout de suite, on a dû s'en séparer. Et donc là du coup, nos équipes ont vu qu'on était sérieux sur le fait qu'on était une boîte drivée par les... valeur et donc pour revenir si on doit virer quelqu'un ben en fait là on revient sur l'honnêteté la transparence c'est le pourquoi si on doit te virer c'est parce qu'il n'est pas le bon véhicule pour toi pour ta carrière pour ton futur si on n'est pas le bon écosystème c'est pas parce que t'es pas là une bonne personne c'est pas parce que tu es pas performant probablement c'est juste qu'on n'est pas le bon bateau dans lequel tu vas faire ton prochain bout de chemin où tu vas être être super performant. Et ce qui ne veut pas dire que je ne suis pas... de la peine, ça veut pas dire que je suis pas triste de te voir partir de devoir même t'annoncer ça pour le coup on va essayer de gérer ça ensemble on va t'accompagner etc on va être en empathie totale mais en revanche c'est la meilleure décision pour toi et à partir du moment où je suis certain que c'est la meilleure décision pour toi là je redeviens super aligné avec mes valeurs et les droits dans mes bottes et c'est ok, je pense vraiment fondamentalement que c'est la meilleure décision pour toi, c'est aussi la meilleure décision pour nous mais en fait l'un va passer en l'autre ok,

  • Speaker #1

    ok, écoute je veux bien me faire virer par toi j'accepte Au revoir. Ok, écoute, peut-être dernière question sur laquelle j'aimerais... C'est quoi l'habitude dans ton quotidien qui transforme le plus ta vie ou qui a le plus d'impact sur ta vie ?

  • Speaker #0

    C'est génial, prise de conscience il y a quelques semaines. Il y a un an, je me suis mis à pratiquer une sous-catégorie de la méditation qui est la visualisation. ça fait un an et ce truc là à changer ma vie.

  • Speaker #1

    La visualisation ?

  • Speaker #0

    La visualisation. Donc, alors moi, et je pratique un sous-type de visualisation. Voilà, donc vous pouvez me pinguer, je vous enverrai ma playlist YouTube gratuite sur le sujet. Et donc, la visualisation, c'est tous les matins, dans ma bagnole ou posée sur ma terrasse ou je ne sais pas quoi, je vais répéter pendant 15 minutes des phrases positives, de visualisations positives. C'est très drôle, parce que c'est ce que faisaient un certain nombre d'Amériques dans les années 70 avec leurs cassettes dans leur voiture dans les embouteillages pas je suis la même chose voilà alors oui non ça va tourner plutôt autour de J'ai une gratitude immense pour l'environnement qui m'entoure, pour les gens avec qui je travaille. pour les gens avec qui je vis. J'ai confiance en mon corps qui me soutient au quotidien. Voilà, donc c'est des phrases de renforcement positif. Ce truc-là peut sembler complètement bullshit, gourou, tout ce que tu veux. Il y a des études hyper sérieuses qui expliquent que globalement, tu vas créer des connexions synaptiques qui vont faire qu'à force de les répéter, en fait, ton cerveau va décider que c'est une autoroute qui va conduire de... Voilà, j'ai confiance en moi. Si tous les matins, je répète que j'ai confiance en moi, il y a une autre dans ton cerveau qui se crée. Et la route qui va être vers j'ai pas confiance en moi, j'ai peur, elle sera beaucoup plus longue à apprendre. Ça sera une vieille départementale. Alors que la route j'ai confiance en moi, ça sera une autoroute. Les connexions synaptiques. Et ce truc-là, en un an, a totalement changé ma vie.

  • Speaker #1

    On va terminer là-dessus. Je vais me mettre à faire ça.

  • Speaker #0

    15 minutes par jour.

  • Speaker #1

    Merci Emery. Merci beaucoup pour ton honnêteté. Merci. Voilà, ta justesse.

  • Speaker #0

    Merci Matt.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté cet épisode de A Poil et sans filet. Si vous avez aimé, n'hésitez pas à nous mettre 5 sur 5 sur la plateforme de votre choix, parce que ça nous aide énormément à faire grandir le format. Il est retrouvable sur Deezer, sur Apple, sur Spotify, sur Youtube en vidéo si vous avez envie aussi. Donc n'hésitez pas à partager, à nous mettre 5 sur 5, ça nous aide, et surtout, à très bientôt pour le prochain épisode.

Chapters

  • Intro

    00:00

  • J’ai attendu 40 ans pour commencer à vivre au présent

    01:32

  • Effacer une enfance difficile par une armure

    08:56

  • Prendre conscience de l’anormal

    17:23

  • On n’est jamais autant puissant que lorsqu’on est soi-même

    22:23

  • « Je n’ai rencontré aucun être humain qui n’aime pas la transparence »

    26:24

  • Il faut dire "je ne sais pas faire" à ses clients

    31:34

  • ESN : comment manager des gens que tu ne vois pas ?

    35:00

  • 18 ans à la Société Générale : quelles séquelles ?

    45:53

  • Peut-on (vraiment) manager 1000 personnes ?

    48:21

  • « La vie pro, voyez-la comme un jeu »

    52:30

  • L’affaire Kerviel : vivre la crise de l’intérieur

    57:29

  • Le déclic : 11 nuits complètes en 6 ans

    01:02:17

  • Qui a dit qu’on devait être différent au travail et dans le perso ?

    01:09:14

  • Nommer la colère permet de la faire redescendre

    01:14:42

  • L’honnêteté ne pollue pas le business, au contraire

    01:21:57

  • Faiblesse & vision

    01:31:23

  • Le monde de Oui-Oui ne fonctionne que s’il y a du cash

    01:34:20

  • Construire son autoroute

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Description

Il a grandi dans la violence. Il dirige aujourd’hui une entreprise où la vulnérabilité est une force.

Les ESN c’est le côté obscur de l’entrepreneuriat. Mais voici Aimery Duriez-Mise qui mène la révolte avec Alenia Consulting et ses 300 salariés.

Aimery a d’abord passé 15 ans dans une grande banque où

- Il manageait jusqu’à 800 personnes

- Il avait un package à 6 chiffres

- Il venait tous les matins en costume 3 pièces

Bon…la vie était confortable et Aimery aime les costards

Mais un jour il rencontre sa future associée qui lui dit “viens on créée une ESN”. Il lui répond “tu es malade ? ce secteur c’est une boucherie humaine”.

Et la réputation des ESN / SSII (avec qui il travaillait) - c’est :

- des ingénieurs placés à la pelle à droite à gauche qui restent 2 ans

- un salaire de consultant au fixe bas, avec des com’ “carottes”

- des horaires indécents

Mais il réfléchit et s’il se lance ce sera pour changer les choses.

Car Aimery adore le management et se forme en permanence.

Il m’a ainsi expliqué ”J’ai envie de redonner leur place aux émotions dans le travail. Surtout dans mon secteur.”

Alors ils ont créé une culture où :

1. on accueille toute la gamme des émotions humaines

2. il n'y a ni commerciaux ni recruteurs : 100% des talents viennent de la cooptation

3. chaque collaborateur est accompagné et le turnover est très faible

Le tout à l’échelle d’une boîte de 30M€ de CA en très forte croissance en France et à l’étranger. En moins de 6 ans !

Mais derrière cette belle histoire, Aimery revient de loin.

Il a vécu une enfance brutale qui lui a forgé une carapace pendant ses années de Sogé.

Il a mis en application chez Alenia sa transformation personnelle.

C’est la question à laquelle j’ai voulu répondre dans ce podcast filmé : « L'enfance meurtrie forge-t-elle des leaders plus humains ? »

On parle dans cet épisode de A Poil et Sans Filet

- comment se relever d’une enfance violente ?

- l’ouverture aux émotions dans le travail

- l’affaire Jerôme Kerviel et ce que ça dit du monde corpo

- comment transformer une organisation

Merci Aimery pour ton témoignage rare !

PS : il ressemble un peu à Obi-Wan en vrai non ?


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Pour la première fois de ma vie, j'arrive à vivre au présent. En fait, mec, t'as déjà vécu la moitié de ta vie. Et la question qui t'arrive dans la gueule hyper violemment, c'est est-ce que tu veux vivre la seconde partie de ta vie de la même façon ? Moi, à l'époque, en tout cas, c'était général, il faut être clair, j'avais ma deuxième journée de travail qui commençait à 19h. Un trauma colossal qui va écrouler cette banque-là, qui s'appelle Jérôme Kerviel. Mon absence d'armure aujourd'hui est devenue un super pouvoir incroyable. pourquoi qui a décidé que du lundi au vendredi de 9h à 17h on devait être quelqu'un de différent on peut jamais être aussi performant que quand on est vraiment soi-même la vie pro, si pour vous c'est dur c'est compliqué etc, il y a une façon de le gérer qui est de se dire que c'est juste un jeu à quel moment on a dit que la bienveillance c'est pas dire la vérité ? Jamais justement au contraire, la bienveillance c'est d'abord se dire les choses et les choses qui piquent

  • Speaker #1

    Bienvenue dans À poil et sans filet, le podcast qui met à nul les leaders d'aujourd'hui pour comprendre qui ils sont vraiment. Chaque semaine, je vous partage mes conversations dénudées avec des dirigeants ou des dirigeantes qui m'inspirent. Je suis convaincu que la vulnérabilité est le super pouvoir du leadership et que c'est en comprenant le dessous des cartes qu'on progresse vraiment. Merci à tous pour vos messages d'encouragement et de vous abonner chaque semaine plus nombreux, des antennes à chaque épisode. C'est hyper valorisant pour le travail que je mène. Donc si ça vous a plu, n'hésitez pas à mettre 5 sur 5 sur la plateforme de votre choix, Spotify, Deezer, Apple Podcast, ça nous aide énormément. Merci.

  • Speaker #0

    On est content, on a passé la barre des 25. On tangentait et on a regardé et on a dit c'est bon on est au-dessus des 25, donc ça c'est cool.

  • Speaker #1

    C'est impressionnant. Ouais c'est cool. Parce que c'est en 5 ans.

  • Speaker #0

    En 6 ans là, on vient de passer les 6 ans.

  • Speaker #1

    Vous venez de passer les 6 ans.

  • Speaker #0

    On arrive aux 6 ans, ouais exactement. C'est une croissance qui est monstrueuse en vrai. Non c'est cool, c'est top. Et on a encore un potentiel de fou. Jusqu'on bosse.

  • Speaker #1

    Ouais bien sûr, c'est clair.

  • Speaker #0

    Et qu'on le réalise. Ouais bien sûr. Mais tout à fait, non c'est clair, c'est béton. Ouais c'est vraiment béton.

  • Speaker #1

    Écoute, avant de parler business business... je vais te poser la question que je pose à tous mes invités C'est quand la dernière fois que tu t'es senti à poil et sans filet, Emery ?

  • Speaker #0

    Déjà, merci de me recevoir, c'est trop cool. Surtout parce que aussi, ce sujet me parle à mort. C'est presque le sujet de ma life, globalement, maintenant. Et d'un tournant énorme chez moi. Maintenant, j'ai envie de te dire, tous les jours, c'est un truc de malade. Maintenant, je suis à poil et sans filet tous les jours. C'est un truc de fou furieux.

  • Speaker #1

    Le matin, quand tu te lèves et que tu es en caleçon ?

  • Speaker #0

    Franchement, non, vraiment. Pour de vrai, vrai. avec Avec mes collabs, avec mes amis, avec mon amoureuse, avec les entrepreneurs qui m'entourent, avec tout le monde. Franchement, j'ai l'impression que c'est presque un guide de vie aujourd'hui, maintenant. Après, il y a des moments où tu es encore plus tout de bonne. Et c'est sûr que tout ce qui... Tu es un jeune papa. Tout ce qui touche aux enfants, ça a une capacité. Ou même les personnes qui ont le plus d'armure ou le plus de masque. ça t'amène de toute façon à une vulnérabilité absolue. C'est vrai que même en étant à poil et sans filet tout le temps, dans les trucs qui peuvent arriver à mes filles, ça me ramène encore plus à une vulnérabilité absolue.

  • Speaker #1

    Tu as deux enfants ?

  • Speaker #0

    Oui, j'ai deux princesses qui ont grandi puisque maintenant elles ont 15 ans et 12 ans.

  • Speaker #1

    Mais qu'est-ce que ça veut dire pour toi, du coup, être tout le temps à poil et sans filet ? C'est difficile pour les gens d'imaginer ça parce qu'ils se disent soit une bullshit, soit soit tu vois il est

  • Speaker #0

    il est vraiment chelou ce gars c'est vrai et c'est pas facile à factualiser ce truc là donc si on va reparler sans doute un peu de mon parcours j'ai grandi et j'ai évolué jusqu'à quasiment mes 40 ans dans une vie qui a pas été ultra simple même si ça a pas été la pire et qui m'a poussé à construire une énorme armure à mettre masque sur mon corps. masque sur masque et j'ai été super moi ça j'ai été un excellent acteur j'ai surperformé là dedans et puis puis un jour voilà la vie a fait toc toc toc en fait c'est juste pas possible il tu peux pas continuer comme ça tout simplement et ses limites physiques pour le coup et à partir de ça j'ai pendant ouais plus de plus de six ans déconstruit parce que ça s'enlève pas du jour au lendemain, en plus c'est long. d'enlever ses masques, d'enlever l'armure, d'accepter tes vulnérabilités, puis de gérer cette vulnérabilité, parce que au début tu enlèves et c'est comme une croûte, au début ta chair elle est à vif, donc tu peux être ultra réactif, sur vulnérable, etc. Voilà, je pleurais énormément, j'étais à fond dans l'émotion, j'avais des réactions émotionnelles très fortes. j'avais pas mal de colère aussi et puis voilà au bout d'un moment tu continues à travailler sur toi, t'acceptes tu verbalises les émotions et puis t'arrives à un moment d'apaisement vraiment parce que je t'interromps mais tu dis encore tu parles de toi en tu

  • Speaker #1

    C'est parce que tu as du mal encore à dire jeu de cette période ?

  • Speaker #0

    Non, j'essaie plutôt de porter ce sujet-là vers l'autre. Aujourd'hui, c'est un de mes déclics récents. Aujourd'hui, pour la première fois de ma vie, j'arrive à vivre auprès de... présent. J'ai lu ce fucking bouquin de Gartollet il y a quelques années. Il n'y a pas si longtemps. Il y a trois ans, il m'a écorché. Il m'a fait hyper mal ce bouquin. Il m'a fait rendre compte à quel point je n'y étais pas, mais pas du tout, du tout, du tout. Et c'était une violence. J'adore lire, on en a parlé, je dévore bouquin sur bouquin sur bouquin. Celui-là, j'ai eu un mal de chien, le finir. J'ai dû me forcer, mais je n'y étais pas. Aujourd'hui, enfin, J'y suis. et j'ai atteint un niveau de sérénité où j'ai super envie de partager ça donc voilà c'est dans mes résolutions du dernier semi bootstrap qui a eu lieu il y a quelques semaines c'est d'aider les gens qui m'entourent à

  • Speaker #1

    atteindre ce niveau de sérénité alors je suis pas un gourou on est à Obi-Wan vous pouvez le voir il a son tout noir c'est vrai qu'on m'a dit que je ressemblais un peu c'est le stage c'était Anakin mais

  • Speaker #0

    C'est le méga-gourou. Non, pas du tout. C'est quoi le déclic en fait ?

  • Speaker #1

    Parce que tu vas nous parler un petit peu de ton enfance pour commencer, peut-être raconter comment tu as grandi et qu'est-ce qui... Tu dis que tu as créé une armure, mais avant ça, qu'est-ce qui a été le déclic ?

  • Speaker #0

    Comment j'ai basculé là-dedans ? Je pense que j'ai eu la chance de vivre énormément d'épreuves dans ma life. Et donc, je pense qu'aujourd'hui, le fait que j'y arrive à ce stade, à vraiment être à poil et sans filet, c'est qu'avant, j'ai eu tellement... C'est un retour de médaille, globalement. J'étais tellement à jouer l'acteur que... Aujourd'hui, il y a la bascule inverse. Donc, j'arrive à quelque chose de totalement naked.

  • Speaker #1

    Je veux dire, c'est arrivé parce qu'il y a eu un moment, un accident,

  • Speaker #0

    où c'est plus pressif. Il y a eu une accumulation totale, c'est clair pour le coup. Et puis, à un moment où je sature, il y a eu des déclics successifs. Je pense qu'on va y venir. Puis, il y a un truc complètement con qui m'a explosé à la gueule. C'est la crise de la quarantaine. Franchement, je m'énervais tellement j'étais une caricature. de voilà, c'est juste... cette prise de conscience totalement humaine que, en fait, mec, t'as déjà vécu la moitié de ta vie. Et la question qui te... Vraiment, mais qui t'arrive dans la gueule hyper violemment, c'est est-ce que tu veux vivre la seconde partie de ta vie de la même façon que tu as vécu la première ? Et ce truc-là est une puissance infâme. C'est vraiment... C'est juste un rétro de première partie de vie. Et voilà. Et parce que t'es toujours en train de dire non, mais attends, ça va aller, j'ai un plan dans 5 ans. on est au top, dans 10 ans on va être au maximum, etc. Non, en fait, le sujet il est pas là. T'as déjà vécu la moitié, t'es déjà à 50%. Donc là, maintenant, aujourd'hui, qu'est-ce que tu fous ? Et dans quel état t'es ? Et qu'est-ce que tu veux être aujourd'hui ? Pas dans 5 ans ou dans 10 ans. Aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Notre deuxième vie commence quand on réalise qu'on n'en a qu'une.

  • Speaker #0

    Ouais, et puis qu'elle va peut-être se terminer puisqu'en plus, tu vois, bon déjà, si à 40 t'es à la moitié, c'est-à-dire que tu vivras à 80, c'est déjà pas mal, pour le coup, ça sera pas 4 ans

  • Speaker #1

    quel âge là aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    J'ai 44, je vais avoir 45 cet été. Pareil, il y a aussi prise de conscience. Oui, il y a 100%. Là, pour le goût, je suis bien à 50.

  • Speaker #1

    Ok. Est-ce que tu peux nous dire un petit peu où est-ce que tu as grandi ?

  • Speaker #0

    Ouais, tu t'avais. Moi, en termes d'écosystème, ma vie est ultra paradoxale, mais il y a des choses assez rigolotes. J'ai grandi dans un... Je suis issu d'une famille d'entrepreneurs qui avaient pas mal de moyens, en tout cas du côté de ma mère. et Et on a grandi dans un petit village qui s'appelle Saint-Nan-la-Bretage, qui est à côté de Saint-Germain-la-Laye et qui est connu pour être très friqué. Il y a un des plus grands et select golf de France dedans. Mais ma mère et mon beau-père, voilà, avaient mis tout l'argent dans l'achat du terrain et dans les quatre murs de la maison. Très belle maison d'extérieur. Et à l'intérieur, on a vécu pendant 15 ans dans une maison en travaux. Surréaliste. Donc tous mes potes qui venaient, qui étaient souvent de conditions assez basses, Ils arrivaient et disaient « Mais mec, tu vis dans un palace. » Et ils ouvraient et rentraient chez moi. Et il n'y avait même pas de papier peint. On a vécu pendant 18 ans où mon beau-père, comme il n'y avait pas d'argent, mon beau-père insistait pour faire lui-même toutes les pièces. Et il faisait au mieux une pièce par an. Et la baraque était très grande, du coup ils avaient construit des grands murs. Et à l'intérieur, c'était que du plâtre, partout, partout, partout. Et j'ai grandi dans le plâtre et on avait à peine, honnêtement, les conditions étaient compliquées, on avait à peine de quoi manger pour le coup. Donc évidemment, il n'y avait pas d'argent pour faire intervenir des gens, pour mettre du papier peint et de la moquette.

  • Speaker #1

    Mais attends, la famille de ta maman était aisée, mais vous avez vécu dans...

  • Speaker #0

    Tout ça est assez compliqué. Globalement, à mes 5 ans, déjà, mes deux parents décident de se séparer. Ça ne se fait pas dans des conditions top. Ma mère, très vite, rencontre mon beau-père qui a 20 ans de plus. Et voilà, qui est ultra old school. Avec lui, ça va être très compliqué tout de suite et on va s'affronter. Et je vais avoir une enfance avec des violences physiques et psychologiques répétées. J'ai une grande sœur et deux petits frères. Le dernier petit frère, il n'a pas du tout été concerné. Parce qu'au contraire, lui, il est de mon beau-père. Et les trois premiers, on est d'un autre père. Bref, contexte super complexe. et mon beau-père a emmené ma mère sur une rupture totale avec la... la famille. Donc la famille a continué à avoir les petits-enfants, mes grands-parents ont continué à avoir les petits-enfants, mais ils ont repu les liens avec ma maman. Et ils ont aidé dans une certaine mesure, mais pour ça, il fallait aussi qu'ils aient l'information, que ma mère soit OK, etc. Donc voilà, oui, c'était un paradoxe total. On avait des vacances incroyables, mes grands-parents avaient une maison de fous à l'île de Léron, dans laquelle j'ai fait tous mes étés de toute mon enfance et adolescence. Et là, c'était l'opulence la plus totale. Le mercredi, on allait chez la grand-mère. On se ruinait le bide à base de bonbons. Et puis, on arrivait à la maison et il n'y avait plus rien à manger.

  • Speaker #1

    Oui, d'accord. Donc, c'était deux vies en une.

  • Speaker #0

    Oui, complètement.

  • Speaker #1

    C'est plus l'air, quoi.

  • Speaker #0

    Donc, ce côté famille Paris match où, globalement, tu dois montrer que tout va bien. C'était quelque chose de très important pour tous les niveaux de la famille. Donc, tu souris, tout va bien et tu ne parles jamais des problèmes. Donc ça, tout ça, la violence subie, physique et psychologique, l'incapacité à ma maman de réussir à vraiment en parler, au contraire, elle déchargeait sa charge mentale et émotionnelle sur nous, ma grande sœur et moi en particulier. Tout ça fait qu'il y a un moment pour survivre, il n'y a pas 50 façons. Alors j'ai eu une chance extraordinaire, c'est que je n'avais pas de télé. On n'a pas eu de télé jusqu'à mes 15 ans. En revanche, on avait une immense bibliothèque. Et donc je me suis oublié dans la lecture. Donc j'ai lu énormément, aucun filtre. Donc voilà, j'avais lu tout Sartre à 11 ans, tout Malraux au même moment aussi. Tout ça m'a aidé à développer un imaginaire et puis à me dire en fait ce déclic de tu peux devenir qui tu veux. C'est à toi de le construire, c'est à toi de le travailler. Et bon, quand t'es gamin, le truc c'est que tu vas quand même prendre certains raccourcis et le raccourci que j'ai dû prendre à l'époque c'est je vais être quelqu'un d'autre. Et c'est un peu différent de je vais devenir quelqu'un d'autre. Là, c'est je vais être quelqu'un d'autre. Donc, je vais construire une armure et je vais porter une armure qui va faire que je vais jouer le rôle de quelqu'un d'autre.

  • Speaker #1

    Et c'est quoi ? C'est quelqu'un d'autre ?

  • Speaker #0

    C'est quelqu'un de fort. C'est quelqu'un qui ne pleure jamais. C'est quelqu'un qui peut devenir ce qu'il veut. C'est quelqu'un qui va cocher les cases. Donc, il faut être beau, fort, intelligent, avoir du leadership il faut gagner de l'argent, il faut être autonome, il faut soutenir sa maman, il faut soutenir sa famille, il faut faire des études, il faut réussir. Un peu tous les standards qu'on peut avoir.

  • Speaker #1

    Le regard social qui fait que tu es un bon garçon et que tu es quelqu'un qui va bien s'intégrer dans la société, auprès de ta famille, etc.

  • Speaker #0

    Sans jamais être soi-même à la fin. Ça, ça fait une enfance et une adolescence. qui sont soutenus par un grand-père, des deux côtés paternels, mon grand-père et mon oncle, qui sont deux figures paternelles qui ont comblé l'absence de père, et puis le beau-père en question. Et puis pas de bol, en fin d'adolescence, les deux vont décéder au coup sur coup. Le premier arrêt cardiaque au milieu du living room, au moment où j'avais quitté le foyer familial pour aller vivre avec mes grands-parents, et voilà, ils meurent dans le salon. trauma et puis deux ans plus tard mon oncle qui était mon autre figure paternelle se suicide et juste avant il m'avait confié sa femme et ses enfants. Donc là...

  • Speaker #1

    Attends, ton oncle t'a confié sa femme et ses enfants, mais t'avais quel âge ?

  • Speaker #0

    Alors c'est un peu plus tard mais globalement j'avais 25 ans. Ouais, quelque chose comme ça.

  • Speaker #1

    Et donc il t'a confié tes cousins pour que tu les adoptes ?

  • Speaker #0

    Oui, alors évidemment il ne dit pas exactement ça, mais il arrive un samedi chez nous. Je viens d'avoir ma première fille Mila, elle a un an, je l'ai dans les bras. Il est en larmes, c'était un géant, 1m90, blond, un beau gosse de ouf, hyper fort, première fois de ma vie que je le vois pleurer. Il m'annonce qu'il se sépare avec sa femme, alors que mon ex-femme et moi, on était hyper proches de lui, on se dit, ok... Le couple absolu, tu vois, celui que tu regardes, le couple parfait. Et puis bon, là, tu découvres que pas du tout. Et il nous dit, en fait, là, du coup, je ne m'attendais pas à ça. Gros choc. J'ai décidé de partir en voyage. Je vais partir pour six mois. Et en attendant, j'aimerais que tu gères ma femme et mes enfants et que tu en prennes bien soin. Et il s'en va. Et deux jours plus tard, tu découvres qu'en fait, c'était un autre type de voyage qu'il a entrepris.

  • Speaker #1

    Il s'est suicidé.

  • Speaker #0

    Il s'est suicidé,

  • Speaker #1

    oui. Il est terrible. au donc effectivement les responsabilités sont arrivées assez vite dans le deep direct c'est bien déjà merci de partager tout ça c'est la première fois que je le partage exactement tout ça c'est la première fois que je le partage merci pour ta confiance parce que je pense que il y a peu de mecs qui osent parler de leur vulnérabilité de leur enfance, de leur traumatisme aussi clairement aussi assumé donc merci pour ça et puis je pense particulièrement peu de dirigeants gens qui même si on est plus dans une époque du partage, de l'ouverture aux eaux, de faire tomber les masques comme tu as dit c'est quand même très rare donc je trouve que c'est précieux pour les autres pas dans un objectif de voyeurisme mais plus dans un objectif de comprendre comment est-ce qu'on se construit tu vois en tant que patron et toi ce qui m'inspire c'est vraiment justement ta capacité à manager et à vraiment mettre de presque de l'ingénierie dans l'humain c'est ce dont on va parler aussi un petit peu après tu vois mais parce que t'en es passionné, parce que t'es quelqu'un de profond profondément empathique et d'engager, etc. Donc voilà, merci de commencer comme ça. La question qui me vient suivante, c'est, à cet âge-là, du coup, où tu te disais, bon, ben voilà, enfance très difficile, avec de la violence, avec des responsabilités tout de suite, etc. Qu'est-ce qui te vient comme rêve à l'âge de, je sais pas, du coup, où tu commences à te construire cette armure à 10 ans, à 15 ans, à 17 ans, je sais pas. Qu'est-ce que tu veux comme rêve ? Qu'est-ce que tu veux devenir, en fait ?

  • Speaker #0

    À l'époque, je me souviens... Je me construis totalement en réaction contre mon beau-père. Je veux devenir tout ce qu'il n'est pas. et ça, ça va couvrir plein de choses donc je veux devenir quelqu'un d'inspirant je veux devenir quelqu'un d'humain quelqu'un de fort alors aussi pour pouvoir affronter quelqu'un de violent et bon typiquement dans le niveau de connerie où j'ai pu aller donc il racontait, c'est quelqu'un qui mentait beaucoup et qui construisait des mythes autour de lui et donc un grand mythe c'était qu'il était ingénieur en électronique, donc tout le monde y compris dans son boulot. il disait je suis ingénieur en électronique pas du tout il avait pas le bac donc compliqué de devenir ingénieur sans le bac et donc juste pour le faire chier j'ai fait l'institut supérieur d'électronique de Paris voilà au bout de 10 minutes j'ai compris que ça allait jamais m'intéresser et rien à foutre j'ai terminé cette école et j'ai été ingénieur en électronique je n'ai jamais fait d'électronique de ma vie et j'en ferai jamais et juste pour le faire chier je l'ai fait ça a guidé ma vie vraiment très très longtemps pour le coup Du coup... C'était vraiment une construction antique, une construction par réaction d'eux.

  • Speaker #1

    Waouh. Et avec le recul, qu'est-ce que tu conseillerais à des jeunes adolescents aussi qui peuvent se poser ces questions-là ? Je ne sais pas s'il y en a beaucoup dans l'audience, ou même plutôt à des adultes managers qui ont eu des enfances parfois vraiment compliquées, qui sont construits contre, parce que le moteur de la revanche, notamment vis-à-vis de la figure du père ou du beau-père, chez les mecs, c'est un truc très présent que je rencontre chez les entrepreneurs. Qu'est-ce que tu pourrais leur conseiller avec le recul ?

  • Speaker #0

    trois trucs qui me viennent en tête un il y a la prise de conscience j'ai mis énormément de temps à comprendre que j'ai pas grandi dans un environnement normal mais vraiment je pense qu'il y a mes 18 ans que j'ai découvert en discutant avec certains potes que mon écosystème familial et mon quotidien à la maison c'était pas normal de se cacher de fuir les coups de pied dans le ventre pour moi c'était juste monde était comme ça tu vois et comme je dis moi mon oxygène c'était les livres Les livres représentent une autre forme de réalité. Tu ne peux pas te dire c'est ça la réalité. Et entre potes, tu ne viens pas beaucoup sur ces discussions-là. Tu vas parler sport, tu vas parler nana, tu vas parler plein de trucs. Tu ne parles pas de ce genre de sujet, pour le coup. Donc ça a mis énormément de temps, mais vraiment. Et je me souviens de ce jour au lycée où j'allais être en première ou en terminale. Je suis sur le cul à me dire, mais en fait, mes potes n'ont jamais subi ni de violences psychologiques ni physiques, pour le coup. Donc là-dessus, il faut... Il faut réussir à en parler et en prendre conscience. Déjà, rien que la prise de conscience, elle est folle. Et aujourd'hui, j'ai encore régulièrement des révélations de fou. J'ai réalisé il y a seulement, j'en ai parlé avec mon frère, il y a quelques mois seulement, j'ai un sujet d'addiction, j'ai un comportement addictif. Et en particulier, ça peut venir sur la bouffe. Et je mange très très vite. Et je mange beaucoup très vite. Donc aujourd'hui je l'ai compris, je le gère, etc. Et en fait j'ai compris que, pourquoi ? Parce que pendant toute mon enfance et mon adolescence, le dîner c'est le seul moment que je ne pouvais pas esquiver, où je devais être en face de mon beau-père. Et donc par définition, c'est pas un moment de plaisir, de très loin, c'est un moment de combat, et donc c'est un moment où du coup j'essayais de minimiser la surface de combat. Et donc on arrivait, on mangeait hyper vite, et après on se barrait hyper vite. Et aujourd'hui, c'est resté. C'est-à-dire que je suis capable de bouffer, mais en 3 minutes 45, je t'ai dévoré tout un dîner. Ah oui. Et la seule façon de travailler ou de gérer ce truc-là, c'est d'en prendre conscience. Et puis après, le problème, c'est qu'une fois que tu en as pris conscience, c'est pas fini.

  • Speaker #1

    Comment t'as fait pour prendre conscience ?

  • Speaker #0

    C'est des déclics à force de lire, à force d'en parler, et puis des psys. Alors pour le coup, j'ai fait plusieurs psychothérapies qui m'ont vachement aidé. Et puis à un moment, tu sais, tu connectes deux dots, tu commences à avoir des liens à comprendre, ton cerveau s'est vraiment mis en marche, etc. Et puis, j'étais prise de conscience au fur et à mesure. On me dit, mais en fait, putain, c'est ça, quoi.

  • Speaker #1

    C'est quoi le livre qui t'a le plus marqué, qui t'a permis justement de casser l'armure, de dépasser ces traumatismes initiaux ? Encore une fois, pour des gens qui nous écoutent, peut-être qu'ils ne seraient pas toujours bien dans leur peau, tu leur conseillerais quoi ? Dire quoi ?

  • Speaker #0

    Alors, j'en ai un dont j'avais envie de... parler, mais alors là, on va vraiment basculer dans le monde professionnel. Pour le coup, c'est un bouquin qui m'a vachement inspiré, qui s'appelle Getting Naked, de Patrick Lencioni. Se mettre à poil. Se mettre à poil, donc on est à fond dans l'intermédiaire. À fond dans l'intermédiaire,

  • Speaker #1

    j'adore.

  • Speaker #0

    Chez nous, chez Alenia, la boîte que j'ai co-créée, c'est devenu vraiment le bouquin de référence. qui explique à quel point la puissance de se mettre à nu face à tes collaborateurs et face à tes clients. Et ce truc-là, moi, ça m'a vachement aidé parce qu'on a créé Alenia, on expliquera dans quel contexte. contexte, mais justement avec cette idée de vraiment créer une société de conseil très différente des autres. Et ce bouquin-là m'a dit, ah mais en fait, je ne suis pas seul. Il y a déjà quelqu'un qui a eu l'idée, il a déjà théorisé ça, et puis en fait, on s'est aperçu qu'on faisait déjà 70%, il restait un petit peu. Bref.

  • Speaker #1

    C'est quoi les principes clés de ce bouquin ? Qu'est-ce qui te marque le plus ? Avant ça, je remercie notre partenaire 108 milliards fondé par Mounia RK. C'est le coaching basé sur les neurosciences qui t'apprend à reprogrammer ton cerveau pour parvenir à tes objectifs. J'en bénéficie depuis trois mois, c'est absolument ouf. J'ai réussi à reprogrammer totalement mon agenda, à oser y intégrer des moments de pause, à caler les moments importants au bon endroit et aussi à pratiquer la visualisation et le téléchargement de pensée pour être bien plus performant dans mes journées. Je vous invite à les contacter vivement.

  • Speaker #0

    Alors, on est dans cette idée que finalement, n'est jamais autant puissant que quand... on est totalement soi même donc ça c'est vraiment quelque chose que je porte aujourd'hui c'est presque ma nouvelle armure c'est toi c'est pas d'armure et mais c'est une c'est un super pouvoir ma vulnérabilité en absence d'armure aujourd'hui est devenu un super pouvoir incroyable ça semble un peu chelou ou du bullshit en effet mais c'est fou donc j'ai donné un exemple très concret aujourd'hui chez Alenia quand on a envie qu'on commence à vouloir travailler avec un client, on va déjà connecter avec des humains. On ne connecte pas avec une entreprise, on connecte avec des humains. Un humain en particulier, en général, un ou deux. Et puis, en fait, on va avoir envie, on va commencer à travailler pour cet humain-là gratuitement. Parce qu'on n'est pas là pour un chèque, on n'est pas là pour facturer. On est là pour rendre service. Là aussi, ça peut sembler super bullshit, mais pour donner un exemple... Il n'y a pas si longtemps encore, on est chez un prospect qui est une filiale de Total. Donc on est un truc assez institutionnel et tout. Ils ont des problèmes. Ils avaient prévu une demi-heure pour qu'on présente notre offre. OK, on arrive, on ne monte pas de PowerPoint. je raconte en cinq minutes qui on est ce qu'on fait et au bout de la sixième minute c'est c'est quoi vos problèmes ok c'est quoi vos problèmes vient on va prendre un marqueur etc on va se lever ensemble et j'ai commencé à travailler ton problème, tu vas rebondir, tu vas réagir, etc. Au bout d'une demi-heure, il regarde sa montre et puis il dit il appelle sa secrétaire et puis il décale. On parle d'un CIO, donc quelqu'un qui pilotait un millier de personnes, etc. Il décale son meeting d'après, etc. On continue, on raisonne, on discute et je ne suis pas juste en appetizer, on n'est pas juste en train de préparer un truc, teaser quelque chose. Je suis déjà en train de répondre à son problème. Il s'est passé deux heures et demie. Il a niqué tout son après-midi. Au bout de deux heures et demie, honnêtement, je lui avais déjà quasiment répondu à ses problématiques. Et à la fin, j'ai dit franchement, c'était génial. J'ai passé un super moment. On a hyper connecté. Voilà, si ça te dit de venir à une soirée ou chez nous ou quoi que ce soit, ça sera hyper cool. Je te présenterai des gens, etc. Il fait non, non, mais en fait, non. J'ai envie et j'ai besoin qu'on bosse ensemble. C'est combien et c'est quand ? C'est hyper drôle. Je ne parle pas d'argent, je ne parle pas de contrat, je ne parle pas d'engagement, je ne parle pas de next step, je ne parle pas d'action. Moi, je suis là pour rendre service. j'ai rendu service, j'ai connecté avec un être humain, j'ai adoré, j'ai kiffé, j'ai eu... J'ai vibré avec ces gens-là. Et puis, du coup, magiquement, le truc s'enclenche. Et là, je ne parle pas... Attention, parce que moi, je ne vends pas de l'émotionnel, par défaut, etc. Je vends du conseil IT, principalement pour des banques, des assurances ou le monde de l'énergie. Donc, on est vraiment sur un truc rien à voir.

  • Speaker #1

    Il y a un monde où les dirigeants ont plutôt des masques, ils sont plutôt, effectivement, dans le next step, dans la... la clarté dans le rationnel.

  • Speaker #0

    Du monde de McKinsey, du monde d'Accenture, de Capgemini. On est sur du papier glacé, du PowerPoint, du costard cravate. Donc voilà. Ça m'aide aussi, parce que du coup, je joue les contrastes à mort. Je suis entouré que par des gens comme ça, et ça aide énormément.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a des gens qui, du coup, à l'inverse, détestent ?

  • Speaker #0

    Il y a des systèmes qui détestent ? En fait non, c'est assez drôle, c'est une très bonne question. L'être humain, j'ai rencontré aucun être humain qui n'aime pas qu'on soit totalement transparent et qu'on commence à lui rendre service. En fait non, honnêtement j'ai eu personne. qui bloquaient totalement. Alors, quand on va aller sur un terrain d'émotion, parce que j'y vais aussi sur le terrain émotionnel avec des prospects ou des clients, là, c'est un peu plus intéressant. Mais dans le temps long, j'ai vu personne qui bloquait. Tout le monde aurait envie d'être un être humain au travail. Après, il y a des fonctions où c'est compliqué. Je ne peux pas présenter ma boîte de la même façon Ausha. qu'aux êtres humains avec qui je travaille. Parce que là, c'est très compliqué. Pourquoi ? Mes amis, les achats. Un jour, je crois que je vais aller dans ce métier-là, parce que moi, quand je vais en problème, j'adore le régler. Donc, il y a un jour, je pense que je vais y aller. et ils font un métier qui est sans doute utile, etc. Mais leur code et leur approche font que ma boîte n'a pas de sens. On est 250, on fait 25 millions de CA l'année dernière, on est dans 6 places, 4 pays et on a zéro commerciaux. on n'a pas de recruteur en interne. Donc on a un modèle qui est un peu fucked up pour eux, qu'ils ne comprennent pas. Et eux, ils ont un track où il faut avoir des niveaux hiérarchiques, un card, ils veulent parler à mon DRH, je n'ai pas de DRH. Ils veulent avoir le nom du commercial, je n'ai pas de commercial. Du coup, on a un objet chelou pour eux qu'ils ne comprennent pas. Et puis en plus, 100% du temps, on a un client en prospect qui vient en disant je veux bosser avec eux. parce qu'en fait, il veut le bosser avec...

  • Speaker #1

    Un client interne.

  • Speaker #0

    Oui, un client interne chez eux.

  • Speaker #1

    Juste pour faire un petit pas de recul, la fonction achat, ça existe plutôt dans des grosses structures.

  • Speaker #0

    Mais c'est mes clients.

  • Speaker #1

    C'est eux qui prennent la décision finale ou c'est le client interne, c'est-à-dire le manager d'une BU ?

  • Speaker #0

    Non, c'est les managers des BU qui prennent la décision, mais ils doivent passer à travers les filtres, les mailles des achats. Et les achats, s'ils disent non, c'est non. Donc, il faut qu'on arrive quand même à matcher avec leur cadre. Et ça, quand le client leur explique qu'ils ont eu un ultra bon fit, que c'est ces personnes-là, ces personnes d'autres, etc., qui ne veulent pas passer par le process d'achat, etc., les achats sont horrifiés. Voire même parfois, on a eu vraiment des questionnements en mode, est-ce qu'on a filé des places à Roland-Garros ? Est-ce qu'on a fait pas quoi ? Est-ce qu'on a corrompu ? Est-ce qu'on a corrompu ? Voilà, exactement. Alors que c'est pas ça, le sujet n'est pas là du tout. Le sujet, il est juste, on a connecté. Et en effet, entre une personne avec qui tu vas vraiment connecter, avec qui tu vas avoir confiance, avec qui tu vas avoir envie de travailler. D'ailleurs, tu as commencé à travailler, donc tu as déjà commencé à avoir la valeur. Et puis, un référencement qui est sur cinq critères à travers 17 press powerpoint qui te sont envoyés. Bon, à la fin, tu sais avec qui tu travailles.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce qui t'empêche de faire la même chose qu'avec le client final responsable de l'ABU Total ou d'une grande banque, avec le responsable des achats ?

  • Speaker #0

    C'est un très bon point. Il y en a avec qui on a réussi à faire ça. Et là, c'est génial. C'est assez merveilleux puisqu'ils t'ouvrent des portes, etc. Maintenant, la plupart des équipes à achat, ils refusent de passer du temps d'être humain normal avec les fournisseurs. Donc, tu ne peux pas aller déjeuner avec eux. Tu ne peux pas aller boire... une bière tu peux pas les dîners tout ce ou à quoi tu as droit c'est une demi heure une fois par an ou quelque chose comme ça et moi pour connecter avec quelqu'un il me faut plus de temps et donc pour mes prospects pour mes clients ils vont avoir quand même ce minimum de temps pour connecter parce qu'ils ont un intérêt, parce que j'ai une street credibility, parce que j'ai quelque chose à leur apporter ou quoi que ce soit. Les achats, je suis juste une coquille parmi 6 000 qu'ils ont en phase 2. Donc, c'est plus compliqué à approcher. Alors, il y a quand même des choses. Et d'ailleurs, tu vois, si on met en avant des trucs que les achats font vraiment super bien. Et je vais citer un de mes clients qui est Crédit Agricole. Les achats de Crédit Agricole, ils font un truc incroyable. C'est qu'ils vont aller vraiment regarder l'impact carbone de ta boîte, ils vont vraiment discuter systématiquement avec toi de comment tu travailles, c'est quoi tes initiatives internes et sur quoi tu vas vraiment avancer là-dessus. Franchement, là-dessus, il y a déjà 4-5 ans qu'ils le font. Ça, c'est franchement... Là, il y a une vraie vertu, il y a un truc super bien. Et bon, aller pinailler sur les 10 euros ou je sais pas quoi... Sur le document 95B que tu n'as pas rempli, c'est vrai que j'ai un peu plus de mal à voir la valeur.

  • Speaker #1

    Je l'imagine. Ok, donc Gating Naked, le bouquin qui t'a le plus marqué, qui consiste à être vulnérable, à être authentique, à poser l'armure comme façon de convaincre les gens et d'attirer les gens à toi, et puis d'être mis dans tes pompes aussi, surtout.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Il y a quoi d'autre là-dedans ?

  • Speaker #0

    Une des conséquences aussi, c'est que systématiquement, je dis en toute franchise à mes clients, là-dessus, je suis super bon. Là-dessus, teste-moi. juge. Donc nous notre grosse spécialité c'est de faire tourner des gros systèmes IT, 24h sur 24, 7h sur 7, sans lenteur, sans problématique, etc. C'est ce qu'on appelle la prod IT.

  • Speaker #1

    C'est quoi pour quelqu'un qui n'est pas initié à ce milieu des scènes et de la prod, comment tu le résumerais ?

  • Speaker #0

    Moi, je viens du monde de la bourse. Donc voilà, du loup de Wall Street.

  • Speaker #1

    On va parler de la société générale après ta première vie, parce que ça va être très intéressant.

  • Speaker #0

    Donc je viens de ça. Et vous imaginez bien que pour faire tourner ça, pour faire tourner tous les moteurs qui affichent des prix et pour passer à un ordre d'achat ou de vente d'actions, etc. Les systèmes IT derrière, ils sont colossaux. Pour donner un ordre de grandeur, l'IT de... Cette activité de la Société Générale, qui a à peu près un tiers de son métier au total, de banque, c'était à un moment 8000 informaticiens qui bossaient, qui développaient tous les jours sur des systèmes. et donc sur ces 8000 personnes là il y en avait 1000 dont le job c'était de s'assurer que ces applications fonctionnent sans interruption sans incidence, sans problème en performance et avec le niveau de service qu'on veut ça c'est mon job ça c'est en particulier ce sur quoi on est hyper bon chez Alenia et on est les seuls en Europe à être vraiment ultra pointu là dessus

  • Speaker #1

    D'accord, ok.

  • Speaker #0

    Voilà, on n'est pas sur du glamour, on n'est pas sur de l'émotionnel. Au contraire, on est sur un métier anti-émotionnel. Et donc, là-dessus, je peux dire à mes clients, je suis le meilleur en Europe, je pense même être le meilleur au monde. En revanche, il y a des trucs sur lesquels je ne suis pas bon ou je ne suis pas le meilleur. Voilà, la data, tout le monde s'est emparé du sujet. On a une offre data, donc on va être très bon sur, par exemple, la data en termes de connexion avec le métier de la prod. Là, je suis très bon. ou alors comment organiser des équipes data face à un métier, je suis assez bon, sur le reste je suis nul. Et je le dis à tous mes prospects, je leur dis, là-dessus je suis nul. Je suis à l'aise pour le coup. Et je peux leur dire, là-dessus, je suis nul. Là-dessus, je suis hyper bon, world champion.

  • Speaker #1

    Je vous recommande quelqu'un d'autre.

  • Speaker #0

    Je passe ma vie à recommander des gens. Dédicace à Jonathan Salmonac et sa magnifique boîte Shodo, où ils ont des développeurs craft qui sont excellents. Là-dessus, systématiquement, je recours à Shodo. C'est en plus plein de valeurs en commun,

  • Speaker #1

    Shodo. Regardez, pour ceux qui aiment le sujet de l'humain dans la tech, et l'humain, particulièrement dans les OSN, sur tous les boucheries euh Du conseil, notre ami Jonathan, il a fait une boîte, on l'appelle le Robin des bois de l'entrepreneuriat. Il fait des congés menstruels, il a des crédits de salaire transparents, il augmente tout le monde. Il planifie les augmentations avant même d'avoir le résultat net de la boîte. C'est très intéressant aussi, on le salue. Très belle boîte.

  • Speaker #0

    Oui, et puis je vais saluer aussi toutes les autres SN, New Generation. On a créé même un petit collectif. Parce qu'il y en a plein des petites boîtes qui sont en train de monter avec des vraies valeurs, avec une vraie intention, où on se dit la vérité. On dit surtout la vérité à nos collaborateurs et à nos clients.

  • Speaker #1

    C'était quoi les gros... Parce qu'effectivement, ce marché, cet écosystème, il est assez connu pour son côté bullshit, nouveau, riche, violent, ce que tu veux. Moi, je me souviens, même, j'avais passé des entretiens pour rentrer dans une ESN. Je pense que c'était avant même que je rentre chez Ignition, il y a plus de huit ans, tu vois. Mais je me souviens d'une boîte où il y avait déjà, ça ne faisait pas très longtemps, ils étaient déjà plus de 1000 collaborateurs. Donc, ça va très, très vite. C'est des formes de croissance, comme c'est du placement de consultant. Enfin, en tout cas, certaines, c'est placement de consultant. Ça va extrêmement vite parce que la croissance est liée à l'humain. C'est leur produit principal. Donc, ils recrutent tout le temps. Et je me souviens d'avoir rencontré un patron qui m'avait dit, il m'avait demandé si j'étais célibataire. Il m'avait demandé si j'avais des potes. J'ai répondu oui aux deux. Ils m'avaient dit, il va falloir oublier parce que tes potes et tes meufs, ça va devenir tes collègues. J'avais dit, OK. Tandis que lui, il était avec ses chaussures en croco, son costume, son boss. Et vraiment, c'était un cliché. Et c'est le monde de, tu finis pas avant. Ils m'avaient dit, tu finis jamais avant 20h le vendredi soir. Et par contre, tu auras des grosses communications et il y a un baby-foot. J'étais sur le cul. Je m'étais dit, mais jamais, j'avais fui en courant. J'ai dit, très bien, pas de problème, avec plaisir, mais la prochaine fois. Donc est-ce que tu peux nous en dire un peu plus ? C'est quoi les trucs les plus dingues que tu vois dans ce monde d'ESN ?

  • Speaker #0

    On reparlera de l'ASG, mais moi j'y ai passé 18 ans, donc mes 18 premières années de carrière, Société Générale. Et puis pendant 18 ans, j'ai été un client et parfois un gros client des ESN parce que j'ai managé jusqu'à 1000 personnes. Et parmi ces 1000 personnes, il y avait en moyenne 70% de contracteurs, donc de prestataires. qui sont des salariés des ESN. Et c'est toutes les banques et toutes les grosses boîtes du CAC 40 fonctionnent comme ça. Leur équipe à E.T. est composée souvent, au moins pour moitié, de prestataires qui viennent d'ESN. Et pendant mes 18 ans, quand j'ai fait le bilan à la fin, que Marjan, mon associé actuel, quand elle est venue me dire, viens, on va monter une boîte de courses à E.T., mon premier réflexe, c'était, mais jamais de la vie. Je sortais de la Société Générale parce que je voulais me réaliser. aligné avec mes valeurs. Et pour moi, c'était un monde de salopards. Et de mon expérience personnelle, j'avais bossé, j'ai fait le compte avec plus de 200 ESN quand j'étais à Société Générale. Et il y en a mon 3 avec lesquels j'avais vraiment réussi à connecter, en qui j'avais confiance.

  • Speaker #1

    Don Chodeau d'ailleurs,

  • Speaker #0

    non ? Don Chodeau, exactement, Don Jonathan. Et encore, quand je dis 3, c'est pas tant des entreprises que des êtres humains, finalement. Donc ça fait pas beaucoup, globalement. Attends,

  • Speaker #1

    juste petit point de détail. Ça veut dire que quand la société générale bosse avec une ESN, c'est que par exemple, ils vont lui demander, tu vas leur recruter, vous allez recruter un dev qui va être placé chez vous. C'est ça. Voilà, OK, d'accord.

  • Speaker #0

    Ces équipes sont composées à 70% de développeurs, de testeurs, de business analysts ou chefs de projet qui sont ESN 1, ESN 2, ESN 4, etc. Globalement. Donc, j'étais hyper critique de ces boîtes-là quand on a démarré Alenia en 2019. Et surtout, il y a des trucs que je ne comprenais pas. C'est-à-dire que rationnellement, je n'arrivais pas à comprendre pourquoi il faisait ce qu'il faisait. C'est une discussion d'ailleurs avec John, c'était en 2017, qui m'avait éclairé sur un truc où il m'avait dit, en fait, le seul réflexe de ces boîtes-là, c'est plus les ondes de turnover, évidemment, plus tu as des comportements de salopard, plus tu as de turnover, plus tu as de turnover, plus tu... C'est quoi ton réflexe ? Tu vas recruter. En fait, leur truc, c'est plus ça va mal, plus le bateau fuit et plus on va y couper. Globalement, le truc est incroyable. Au lieu de te poser la question de pourquoi il fuit et comment arrêter de fuir, maintenant, on va plutôt accélérer et du coup, on va précipiter les problèmes. Bref.

  • Speaker #1

    Oui, ils n'essaient jamais de regarder leur culture ou leur management ou leur fonctionnement interne, mais ils sont juste des bourrins du recrutement et de l'acquisition. Oui.

  • Speaker #0

    Alors aujourd'hui, au bout de six ans, j'ai quand même pris du recul et il y a des choses sur lesquelles, en tout cas, j'ai beaucoup mieux compris. Je suis plus en empathie aussi parce que le métier est loin d'être aussi simple que ce que je pensais. Très clairement, j'avais un regard assez simpliste sur le sujet et maintenant, je le vois dans le regard de certains de mes clients aussi. Je peux comprendre. Et bon, voilà. Après, si on va sur les caricatures, il y a un gros problème dans ce truc là. Il y a même deux gros problèmes. Ouais, mais plus que ça, bon. Ok. Prenons les deux premiers. Un, tu mets des commerciaux. Et les profils commerciaux de ces boîtes-là, c'est des gens qui sont d'école de commerce, qui vont aller... On leur met à disposition des ressources qui sont des ingénieurs en informatique. Ils vont aller placer chez des ingénieurs en informatique. D'accord ? Donc, ils font le pont entre deux personnes qui, fondamentalement, ont le même background, les mêmes connaissances. le même intérêt, etc. Mais eux, on n'a pas le même background, pas le même intérêt, etc. C'est quoi le truc, le concret du coup ? C'est-à-dire que, un, moi je ne comprends pas ce que tu fais, mais je vais quand même essayer de te vendre et de te placer globalement chez... un client, il s'y racousait.

  • Speaker #1

    Ah oui, tu veux dire qu'en gros, les commerciaux des ESN ne comprennent pas le métier des ingénieurs qui placent, et du coup, ils s'en fichent, ils se débrouillent juste pour les placer à la pelle, parce que c'est comme ça qu'ils vont gagner de l'argent.

  • Speaker #0

    Ils ne comprennent pas, et en effet, malheureusement, il y en a un certain nombre qui s'en foutent Moi quand je déjeunais avec des commerciaux, le seul truc dont ils voulaient me parler c'était des secrétaires et de foot. Alors c'est pas de bol, franchement ni l'un ni l'autre ne m'intéressait passionnément, voilà, et j'avais vraiment envie de leur parler de mes problèmes. J'en avais plein des problèmes. J'avais envie de créer des partenariats, j'avais envie de comprendre comment ils sourçaient, de voir comment on pouvait augmenter la qualité, réduire le temps passé en recrutement, etc. Et c'était pas du tout ça. Ils voulaient juste me payer des coûts, être sûr que la fois d'après, je prendrais... prendrait quelqu'un de chez eux sans regarder. Et puis pour ça, c'était mieux de parler de football. Non, en fait, c'est là où on revient sur Getting Naked. C'est essayer fondamentalement de vraiment comprendre c'est quoi le problème de la personne et essayer d'y répondre. Là, on n'était pas du tout là-dessus. Donc ça, c'est un des gros problèmes là-dessus. C'est pour ça qu'on n'a pas de commerciaux chez El Nenia. Le deuxième gros problème, c'est que globalement, il faut manager des gens. Enfin... Comme tu l'as dit, moi, c'est un de mes dada. Le problème, c'est que tu vas manager des gens qui vont vivre une majorité du temps, pas dans ton écosystème. Donc, ils sont placés chez un client. Ils sont placés.

  • Speaker #1

    Et donc, en fait, ils sont en CDI. Les ingénieurs qui sont placés par les ESN sont en CDI chez l'ESN. Ils sont placés chez le client comme prestataires.

  • Speaker #0

    Exactement. Donc, à l'époque où il n'y avait pas de télétravail, un salarié à l'ENIA Consulting, il aurait passé 100% de son temps chez le client. Aujourd'hui, heureusement, il y a un peu de télétravail, il y a même pas mal de télétravail et tout. Donc ils vont passer plutôt trois jours chez le client, et puis on essaie de faire en sorte que les deux autres jours, il en passe un à la journée chez lui, puis il vient chez nous aussi. Ou alors, on fait un équilibre, etc. Mais en fait, si tu vis pas l'aventure, l'expérience, typiquement, on met deux premières années de... collab à la Société Générale, j'étais pas salarié Société Générale, j'étais salarié d'une ESN. Je ne me souviens pas. Je ne sais pas. Je ne sais pas te dire dans quelle boîte j'étais. J'ai vu le commercial deux fois, voilà. Je ne l'ai jamais revu à part ça. Le jour où j'ai été interdit. Ah oui,

  • Speaker #1

    d'accord.

  • Speaker #0

    Je ne connais pas ton nom.

  • Speaker #1

    Ah, mais c'est ça qui est dingue. C'est qu'en fait, les boîtes, les ESN, quand elles te disent j'ai mis du salarié, en fait, elles les connaissent.

  • Speaker #0

    C'est des fantômes. C'est des fantômes. C'est une armée de fantômes.

  • Speaker #1

    En fait, ils n'ont que les commerciaux qui sont là.

  • Speaker #0

    Les RH. Les RH, exactement.

  • Speaker #1

    Ah ouais, je viens de comprendre en fait. C'est une énorme bullshit. C'est incroyable.

  • Speaker #0

    Donc, leur valeur à eux, c'est du recrutement, de la connexion avec le client, c'est le push. un peu au forceps d'un rond dans un carré globalement et de faire en sorte que la personne reste le plus longtemps possible au meilleur tarif possible. il y a matière à faire autrement il y a matière à faire différemment mais le problème c'est qu'en plus les clients sont un peu attachés à ce truc là aussi donc quand ils essayent de faire différemment c'est pas si évident que ça non plus pour le coup et donc ça veut dire que typiquement quand nos collabs ça peut être tendu avec le manager côté client t'engages un dialogue sur le style de management, sur la pression, sur la vibe, etc. Et ça, ou la culture de la boîte, et ça, ils ne sont pas super habitués, ils ne sont pas super prêts. Donc, ce n'est pas simple non plus.

  • Speaker #1

    On va faire, de toute façon, une grosse plongée dans Alenia et votre mode de management qui est si particulier. Donc, restez et nous écoutez, parce que vous allez voir, vous allez en prendre plein les mirettes. Mais avant, quand même, j'aimerais bien parler de la société générale, parce que tu as passé 15 ans dans cette énorme boîte.

  • Speaker #0

    18 ans.

  • Speaker #1

    Donc, c'est énorme. Qu'est-ce que tu en retiens à chaud, à froid plutôt ?

  • Speaker #0

    Déjà, je suis tombé totalement par hasard. Et je pense que je voulais absolument faire un stage de fin d'études à l'étranger. Le seul qui a lu mon CV dans les anciens de mon école d'ingé.

  • Speaker #1

    De l'ingé électronique.

  • Speaker #0

    De l'ISEP exactement. Et c'est un certain Thibault Ricard qui bossait pour la Société Générale. Donc on appelle l'ASGIB, le monde de la bourse à la Société Générale. Et donc, il bossait à Londres. Et c'est le seul, vraiment, littéralement, la seule réponse que j'ai eue. Et il se trouve qu'il m'a embauché à Londres comme stagiaire. Donc, j'y ai passé neuf mois en 2002. Et c'était encore de 2002 jusqu'à 2007. C'était vraiment encore la golden période sur les mondes de la bourse. Bref, j'ai découvert un monde, je ne comprenais rien. À l'époque, j'étais développeur, j'étais nul en développement. et au revoir chez vous un putain de niveau d'adrénaline mais incroyable il y avait des gens ultra brillant ultra réactif ça punchait tout le temps c'était hyper intensif et c'est ça que je cherchais globalement et puis en plus je voyais bien qu'il y avait moyen de monter vite fort etc donc je suis tombé là dedans on n'y connaissait rien et quand je suis revenu à paris parce que je vais faire mais j'ai dû faire mes six mois de spécialisation et après commencer ma vie pro et puis là il y avait on était post crise internet c'était la grosse misère j'ai fait 45 entre où tout le monde me disait super profil on veut vous prendre des bons on n'a pas de mission et donc il ya fini une scène qui a fini par essayer à me repositionner à la société générale parce que j'ai été passé que à l'époque c'était ça c'est important la société générale à l'époque en 2002 2003 et jusqu'à 2007 c'est la plus grande banque markets, des marchés de capitaux au monde après Goldman Sachs. C'est le champion du monde, c'est le numéro 2 au monde sur ces produits financiers-là. Enfin, c'est pas rien, c'est un truc colossal, c'est monstrueux et donc ça veut dire les meilleurs traders et les meilleurs IT. Donc les mecs étaient vraiment... Et ça allait tellement vite, c'est un métier qui a été digitalisé assez tard, globalement, et ça allait tellement vite que de toute façon, ça a été une des forces, ils ont pris des gens de tout durement. horizons. Ils ne pouvaient pas se dire, je prends que des polytechniciens, je ne sais pas quoi, ce qui était le cas de marchés matures comme la défense, l'industrie, etc. Là, on prenait tout le monde tous horizons. Ça, c'est génial parce qu'ils prenaient même des mecs qui sortaient d'une école d'ingé assez moyenne comme la mienne. Ils prenaient, la diversité était maximum, hommes, femmes, c'est énormément nationalité, etc. Et en fait, c'est super cool parce que ce driver d'urgence, à la croissance et au win, amène une population hyper diverse et variée. Et franchement, ça, c'était super cool. Je découvre un monde avec une adrénaline de malade mental. Tu arrives et puis tu as tous les accès, tu peux tout faire, etc. Et puis très vite, tu as des grosses responsabilités. Alors le truc, c'est que sur le terrain, il faut être expert pour bien réussir dans ces métiers-là. Et moi, l'expertise, ce n'est pas du tout mon truc. Donc très vite je me rends compte que je suis vraiment un zèbre au milieu des chevaux, c'est une image que j'utilise souvent, j'ai été... chelou. J'avais un profil très différent. Alors aussi pourquoi ? Parce que je pense que fondamentalement, je n'aurais pas eu mon beau-père dans ma vie, j'aurais plutôt fait une école de commerce. Donc je me retrouve avec certaines skills ou compétences qui ne sont pas du tout celles des ingés. Donc je ne suis pas bon à coder, je ne suis pas bon en expertise. Mais en revanche, quand il s'agit de mettre du leadership de l'organisation, de faire grandir les gens, ou surtout de parler à un client, là apparemment je suis assez bon. Et donc je vais avoir une trajectoire très verticale dans la structure. et tous les 2-3 ans, je vais être promu et gagner un cran. dans la hiérarchie. Ce qui va m'amener assez haut et très vite, beaucoup plus vite.

  • Speaker #1

    Ce qui ne contarnait pas, c'était quoi l'astrogé ?

  • Speaker #0

    Alors Surtout de l'avant-dernier poste où j'ai été globalement patron de toute la prod IT, de toutes les applications qui tournaient autour de la bourse de la SGIB. Et comme je disais, c'était les métiers de capitaux de la Société Générale. Et donc ça, c'était 1000 personnes entre Paris, Londres, New York, il y en avait partout dans le monde. Globalement, 50 cultures, une énorme place en Inde, etc. Donc beaucoup de cultures, beaucoup d'enjeux, etc.

  • Speaker #1

    Donc tu manages 1000 personnes ?

  • Speaker #0

    Ouais, ça j'ai découvert que c'est un vrai savoir-faire en arrivant dans le monde de l'entrepreneuriat et dans le monde des startups aussi. C'est vraiment un savoir-faire, c'est rigolo. Dans les réponses, il y a un des pratiques de management. très explicite, très claire. Tu formes. Il faut former, il faut former, il faut former au management, pour entraîner, etc. Donc voilà, ça repousse sur des gens. Voilà, t'as confiance en T-1, T-1 a confiance en N-2, etc. Et puis après, t'as du process. Alors le process, ça donne des boutons à tout le monde. Mais quand c'est des process intelligents, c'est un truc de fou, quoi. Pour le coup, tu as écrit la façon dont tu veux qu'on travaille, ou vous avez co-écrit la façon dont vous voulez travailler. et puis vous améliorez le process et puis vous le suivez.

  • Speaker #1

    Tu nous as donné un exemple de process que tu trouvais performant ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai mis plein de process dans le management, par exemple. Donc, on a écrit très clairement les one-to-one, comment ça fonctionne, les revues annuelles, comment ça fonctionne. On décrit là, par exemple, comment tu dois faire un rendez-vous avec tes clients. Voilà, les standards. Ça ne veut pas dire qu'on te demande systématiquement comment d'aller appliquer à la lettre, etc. C'est-à-dire que tu as un cadre de référence. Tu es perdu, tu sais. Voilà, globalement. On passe beaucoup de temps à écrire tout ça. Et à la SOG, il y en avait partout. Alors, ils n'étaient pas toujours intelligents. Mais au moins, tu as un cadre de fonctionnement et tu peux répliquer, tu peux ouvrir une nouvelle place, tu peux démultiplier, tu peux passer à l'échelle, etc. Ça, c'était quand même super intéressant. Donc,

  • Speaker #1

    c'est une vie où, globalement, tu avais combien de N-1 à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Alors, tu as un N-1 déjà dans tous les pays. Donc déjà, tu en as au moins 7. Et puis après, à Paris, c'est pareil, il devait y en avoir à peu près 7 aussi. Donc, tu as à peu près 14 reporting.

  • Speaker #1

    14 reporting directs ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense.

  • Speaker #1

    Ce qui est monstereux, parce que du coup, 14 reporting directs, tu leur parles toutes les semaines ?

  • Speaker #0

    Oui, forcément, tu as un board et puis après, tu es allé one to one. Donc, oui, tu passes ça. Alors moi, ma vie depuis 20 ans, c'est un agenda où tout le monde rigole quand il voit mon agenda. C'est meeting sur meeting sur meeting.

  • Speaker #1

    Oui, mais c'est épuisant en plus. Oui,

  • Speaker #0

    c'est beaucoup d'énergie.

  • Speaker #1

    C'est énorme, t'as beau aimer ça, c'est pompant de faire autant de calls, d'appels. Surtout, ce que je trouve fascinant, même sur les questions d'orgasme, c'est que je me demande comment tu fais quand t'as autant de meetings qui s'enchaînent, pour ne serait-ce faire le follow-up. Alors soit tu délègues complètement le follow-up, du coup, est-ce que c'est ce que tu fais ? Comment tu gères quand t'as autant de meetings qui s'enchaînent dans une journée parce que t'as tellement de reportings directs ?

  • Speaker #0

    Il faut être hyper efficace. Moi, à l'époque, en tout cas, société générale, il faut être clair, j'avais ma deuxième journée de travail qui commençait à 19h. Donc ça veut dire que pendant 18 ans, j'ai passé quasiment tous les soirs à reprendre avec le laptop sur mes genoux et travailler jusqu'à 22h ou 23h. Surtout qu'en plus, j'avais des équipes partout autour du monde. Comme j'expliquais, mon métier, c'était de m'assurer que tous les systèmes IT fonctionnaient jour et nuit, 24h, 24h, 7h, 7h. Ça veut dire que pendant 18 ans, j'ai été réveillé la nuit, parfois 4 à 5 fois la nuit. J'ai eu 3 25 décembre de suite où on m'a appelé à 7h du matin parce qu'il y avait un problème à Hong Kong. À 7h, je suis gentil, c'était 5h. Enfin bref, parce qu'il y avait un problème à Hong Kong et qu'il y avait un énorme problème sur l'arrêté comptable, etc. Ça, c'était ma life aussi. Et puis à l'époque, on était les accros du Blackberry. Je me souviens de passer même des soirées où on allait boire des coups jusqu'à... capadeur, mais t'es quand même sur le Blackberry en train de répondre et en train de travailler ou en train de prendre un call de crise. Tu vois, à la maternité, je me souviens que sur ma première fille, j'ai passé trois heures en conf call entre comment va mon ex-femme qui est en train d'accoucher et puis j'ai une conf de crise de l'autre côté. Tu deviens ultra multitasking. Ouais, mais...

  • Speaker #1

    T'as aimé cette balle ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai adoré ça. Ah ouais ? J'ai adoré ça.

  • Speaker #1

    Parce que c'était en fait un peu aussi l'accomplissement de tout ce que tu voulais prouver au monde.

  • Speaker #0

    Exactement, tout à fait. très tôt j'ai eu une prise de conscience je me souviens c'est au bout d'un an à la Société Générale je rentre dans cette immense hall où il y a un immense statut en forme de ballon de rugby et je me rends compte qu'en fait tout ça c'est un jeu ça c'est un truc que je partage aussi beaucoup maintenant, la vie pro si pour vous c'est dur, c'est compliqué etc, il y a une façon de le gérer qui est de se dire que c'est juste un jeu et c'est comme pour les gamers c'est comme un RPG ou je sais pas quoi en fait mettez-vous dans le costume d'un player, pour le coup. Et tu vas gagner des exp, parfois tu vas perdre des points de vie, mais tu vas gagner de l'expérience, tu vas aller récupérer des nouvelles compétences, tu vas changer de monde, tu vas évoluer, etc. Et si tu le gamifies, si ta carrière, tu la gamifies, tout à coup, tu arrives à prendre un certain détachement par rapport à ça. Et puis si tu as perdu une partie, c'est pas grave, tu reprends un crédit et puis tu joues une autre partie, tu vois. C'est pas la fin du joueur, c'est juste la fin de ta partie. dans le game. Ce truc là m'a énormément aidé et j'ai adoré jouer avec ça. Du coup c'est là aussi où j'ai compris, j'ai commencé à jouer avec les jeux politiques parce que dans ces boîtes là, les jeux politiques sont énormes et réussir à comprendre qui sont les alliances, qui sont tes alliés, qui sont tes ennemis, quelles sont les mouvances du moment, quels sont les mots du moment, sur quoi il faut être ultra pointu, à quel meeting il faut être, à quel meeting il faut pas être, etc.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est sûr, t'as raison, c'est vraiment l'archétype du jeu. C'est le film, c'est les films américains, c'est le film sur la bourse que j'adore.

  • Speaker #0

    Wall Street ? Ouais,

  • Speaker #1

    avec, je suis en train d'oublier, avec celui qui a eu un cancer de la gorge, l'acteur. Non,

  • Speaker #0

    c'est pas vrai.

  • Speaker #1

    Bon, je retrouverai après. C'est incroyable. Tu étais payé combien à ce moment-là, quand tu gères 1000 personnes ? Ah,

  • Speaker #0

    une misère. Un scandale. Non. Un scandale. Peu de temps après ça, je suis allé voir deux chasseurs de tête parce que justement, je sentais que c'était le moment de partir. Les deux chasseurs de tête ont littéralement explosé de rire quand ils ont eu mon salaire. À l'époque où je pilote 1000 personnes, je suis encore très jeune pour le coup. Et puis, j'ai eu le tort de démarrer tout de suite à la Société Générale. C'est d'un grand groupe. Le problème, c'est que même quand tu es ultra performant et j'ai toujours été super bien noté, j'ai eu que des super managers. Je dis beaucoup de bien de cette boîte parce qu'elle m'a rendu énormément de choses, mais pas beaucoup d'argent. Pour le coup, quand je pilotais 1000 personnes, j'avais déjà 15 ans d'exp et j'étais payé 75 000 euros brut annuel.

  • Speaker #1

    Du coup, c'était il y a 10 ans ?

  • Speaker #0

    J'avais déjà 15 ans d'exp, donc j'avais 38 ans.

  • Speaker #1

    Donc c'était à 7 ou 8 ans. Donc, il y avait moins d'inflation quand même, mais quand même, c'est rien du tout. Je m'attendais à 120, 130. Alors...

  • Speaker #0

    Après, j'avais un gros variable. Donc ça, c'est le problème du système du monde du trading. C'est-à-dire que ces gens-là ont pensé que... on était tous des traders et donc il devait y avoir un variable basé sur des objectifs opérationnels et évidemment que ces objectifs opérationnels n'ont pas vraiment de sens et c'est devenu très compliqué c'était complété par un très beau variable en effet mais objectivement c'était vraiment WTF en terme de fixe c'est

  • Speaker #1

    dingue, c'est fou pour le temps de travail c'est ça,

  • Speaker #0

    rapporter à l'heure, alors là pour le coup comme je disais

  • Speaker #1

    Oui, c'est un salaire d'entretien de... de ménage.

  • Speaker #0

    Je passais soirée, week-end, vacances inclus, etc. En plus, la vie personnelle,

  • Speaker #1

    on prend un énorme coup.

  • Speaker #0

    C'était extrêmement violent. En plus, un peu plus tôt dans ma carrière, on a morflé sur la crise carrielle où on s'est pris dans la gueule en 2008 parce qu'on était vraiment totalement alignés avec ce qui s'est passé. J'étais responsable avec Avec mon associé, d'ailleurs, on avait les deux équipes de support qui étaient directement alignées avec Jérôme. Et donc, Jérôme, on l'avait au téléphone, pas tous les jours, mais quasiment. Pour le coup, on allait boire des bières avec lui. Donc, on était dedans. Et quand le truc a explosé, si tu veux, pour répondre à ta question aussi, c'est assez facile de subir ou de gérer, en tout cas, cette charge de travail, ce stress et la violence aussi psychologique qu'il y a dans ce monde-là, qui est hyper forte. Tant que t'es dans un truc hyper en croissance, en fait on revient au monde des startups, on était un peu dans un monde de startups de l'époque pour le coup, on était en hyper croissance, on faisait un pognon de malade mental, on était quand même augmenté chaque année, je tiens la première année où j'ai eu un bonus je crois que c'est en 2005. Je viens de passer de contracteur à interne, je suis pas du tout éligible au truc. En fait, les gars avaient trop d'enveloppes de bonus et trop de pognon. Donc ils sont venus me voir en disant, bon franchement, t'as pas le droit normalement, mais comme t'as fait une bonne année, même si t'étais contracteur, allez, on te file un gros bonus. et c'était énorme pour l'époque. j'ai touché 8000 balles de bonus, comme ça, qui n'était pas prévu. J'étais en mode, mais what the fuck ? Bref, à l'époque, il y avait tellement d'argent, etc. Et tout le monde était dans le mood que tout ça était super accepté. Tu vois, voilà. Bref, et puis un jour, tu as un énorme éclair qui te tombe sur la gueule. la gueule, t'as un trauma colossal qui va écrouler cette banque-là, qui s'appelle Jérôme Kerviel. Et là, tout ça devient vachement plus compliqué. Alors heureusement, vu qu'il y avait cette culture de très performeur, hyper bon en gestion de crise, etc., ils ont eu l'intelligence de basculer toute cette énergie en... D'ailleurs, le projet de rémédiation s'appelait Fighting Back. Donc c'était... On a gardé cette posture de combat, non plus dans un combat pour la paix. pour la croissance, mais un combat pour la survie. Parce que ça a vraiment été le sujet. La banque est passée très très proche de mourir. Et on a combattu pour survivre. Et ça, ça a marché encore un certain nombre d'années. Puis à un moment où l'énergie quand même est redescendue. À ce point-là,

  • Speaker #1

    c'est-à-dire que les gens sont que c'est dur de capter... Parce que Kerviel, il avait fait perdre combien en fait ?

  • Speaker #0

    Alors au final, 4,8 milliards d'euros.

  • Speaker #1

    Mais c'est rien, tu vois, par rapport à... Enfin, c'est rien, non, quand même pas. 4,8 milliards.

  • Speaker #0

    4,8 milliards, c'est plus qu'une année de résultats de la Société Générale.

  • Speaker #1

    Mais c'était assez sur des milliards de trésors, tu vois, même à l'époque.

  • Speaker #0

    Ah non, pas du tout. Alors pour le coup, la capitalisation totale de la Société Générale à l'époque, c'était 35 milliards d'euros. La valeur totale du groupe, je ne parle pas de réseau, je parle de tu revends les immeubles, tu revends le fonds de commerce, tu revends tout et tu en avais pour 35 milliards. Donc quand tu en perds 5, ça pique un peu quand même. Et après, il y a quelque chose de beaucoup plus grave, c'est que derrière, il fallait 1, gérer l'impact client. parce qu'évidemment, tu as beaucoup moins envie de travailler avec la société générale à ce moment-là. Deux, on est en plein dans un cri de décès subprime. Donc, de toute façon, c'est au même moment, à six mois près.

  • Speaker #1

    Personne ne veut bosser avec les banques.

  • Speaker #0

    Plus personne, voilà. Et puis, voilà. Trois, tu as le régulateur qui arrive. On va passer notre vie avec le régulateur, la police judiciaire, etc. Les médias, tout ça, voilà. Et donc, tout ça secoué fait que les revenus sont jamais... Et la rentabilité. Oui, plus les investissements nécessaires pour couvrir toutes les failles qu'on connaissait, mais qu'on ne voulait pas traiter à l'époque parce que ce n'était pas le sujet. Là, tout à coup, ta renta, elle s'écroule totalement.

  • Speaker #1

    En fait, tu es passé d'une période où toi, jeune cadre dans Don Boy, avec des bonus à non plus pouvoir, ça bosse dans tous les pays, dans toutes les langues, avec tout le monde, la croissance de malade, pognon partout, à Jérôme Kerviel, plus personne n'a confiance, c'est la crise. La banque va peut-être crever. Donc, ils ont viré plein de gens, je suppose, à ce moment-là aussi.

  • Speaker #0

    Bien sûr, évidemment. Des prestats, mais aussi des internes, etc. Enfin oui, ça a été hyper, hyper, hyper dur. On a bossé encore plus dur, encore plus tard, encore plus fort pour moins de bonus, pour une ambiance de merde. Mais pourquoi t'es resté,

  • Speaker #1

    du coup, toi, dans une boîte Paris ?

  • Speaker #0

    Parce que j'étais dans le combat. Parce que pour moi, c'était une religion, c'était une famille. D'ailleurs, c'est encore une famille, aujourd'hui. On se voit en... encore hyper régulièrement, dans ma boîte, il y a pas mal de gens qui sortent de la Société Générale, dans mes clients, j'ai des instances de Société Générale, c'était une famille, c'était une élite de ouf, c'était, il y a un côté, d'ailleurs, il y a une des équipes, on en rigolait pas mal, mais qui avait une série de casques. de spartiate une collection de casques spartiate et c'était 300 on était on était ces par 7 l'arbre logo c'est à la vie à la mort vraiment c'était un truc de fou tu avais une trentaine d'années exactement et pas encore d'enfants quand il est car bien non je venais non je n'en jeu deux ans plus tard j'ai mis là.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Donc j'enchaîne Carviel avec ma première fille, mon oncle dont je parlais tout à l'heure. Et je venais juste avant Carviel, je vais perdre mon grand-père. Tout ça s'enchaîne hyper fort. Et donc c'est là aussi où... les armures que j'ai construites, le jeu que je jouais, etc. Tout ça va commencer à vaciller assez fort. Carviel, en gros, va me faire faire un burn-out. La crise, pas la personne. Et la crise, je vais vraiment faire un burn-out sur lequel je ne mettrai pas ce mot-là, parce qu'à l'époque, on n'en parlait pas beaucoup déjà. Je vais prendre 20 kilos. Je n'arrive plus à dormir. Je me réfugie dans la bouffe. Je n'arrive pas à gérer mon stress autrement. Et je suis à deux doigts d'exploser. Et heureusement, mon ex-femme, un jour, prend un salon et me dit, soit on parle, soit je me barre. Et on venait de se marier, je crois. On était mariés depuis moins d'un an. Donc heureusement, elle a réussi à... montre ouvrir la porte et elle me dit elle me forçait à commencer à reconnaître mes émotions et à verbaliser et bon après il y a encore pas mal de choses qui se passent avant que j'y arrive totalement mais en tout cas c'était la porte ouverte ah oui d'accord donc et

  • Speaker #1

    donc c'est là où tu as commencé ok donc ça commence à t'ouvrir tu commences à faire un travail sur toi tu commences à faire un travail de psy je suppose aussi peut-être un peu longtemps après oui tout à fait avec ce qui se passe voilà parce que vraiment des tonnes de traumas qui me dorment j'ai

  • Speaker #0

    J'ai vraiment cette chance dans la vie. Il m'est arrivé des trucs hyper durs. Ma meilleure amie meurt d'un cancer fulgurant à ce moment-là, où elle disparaît en six mois. Donc là aussi, tu es confronté. Là, j'étais confronté à la mort, mais à peu près tous les six mois, j'avais quelqu'un très proche autour de moi qui est décédé de façon totalement inattendue. Donc là, j'ai eu recours à un psy pour réussir à gérer ce truc-là. Et en plus, mes deux filles sont nées à trois ans d'écart. La première a très peu ou pas dormi pendant trois ans, parce qu'elle faisait des terrors nocturnes. donc ça veut dire deux à trois réveils par nuit plus les réveils du boulot et on a enchaîné avec la deuxième qui elle a eu un énorme problème enfin un énorme problème de santé elle est née avec ce qu'on appelle des pieds beaux donc c'est ces gens qui on les voit dans les pays sous développés vont marcher avec un pied dans le travers donc elle est née avec deux pieds comme ça pour le coup et bon alors ça a amené en plus des préoccupations parce que en général c'est un C'est un signe avancé de trisomie. quand tu as deux pieds beaux. Jusqu'à sa naissance on a cru qu'elle était trisomique. Voilà et donc quand elle est née on a eu le bonheur de découvrir que ce n'était pas du tout le cas. Et en revanche ça a généré encore trois ans où elle a eu des attelles, des plâtres jusqu'à la hanche qui généraient des blessures, des problématiques. On n'a pas pu partir en vacances, c'était voilà cinq séances de clinique par semaine et des réveils aussi là trois à cinq fois par nuit. Donc j'ai passé six ans. où en six ans, on avait compté avec mon ex-femme, on a eu onze nuits complètes. Et donc, j'avais quasiment pas de sommeil. Donc, tout ça cumulé fait qu'à un moment, j'ai eu besoin de soutien d'un psy. Oui, il y a eu quelque chose,

  • Speaker #1

    mais pas potentiellement.

  • Speaker #0

    Heureusement que je m'étais construit cette putain d'armure. C'est clair, c'est clair.

  • Speaker #1

    C'est la preuve. Ça, c'est quand même, quand j'entends ton témoignage, je me dis, effectivement, on a tellement de ressources. Puis après, quand tu vois, a fortiori... Oui. sans m'inhumider, mais tu vois, les gens qui sont passés par la Shoah, qui sont passés par des horreurs absolues dans des pays en dictature, ou qui ont été torturés, etc., ou qui se sont fait kidnapper, tu te rends compte, en fait, il y a un écart énorme entre ce que tu penses pouvoir encaisser et ce que sont vraiment tes limites, et comment ton cerveau, ton corps peut se mettre en mode survie. C'est hallucinant, tu vois, parce que là, quand tu dis ça, même 6 ans sans dormir, avec effectivement des proches qui partent et tout, c'est déjà très violent. Donc, qu'est ce qui fait du coup le déclic au moment où tu te dis bon, c'est bon, la SOG, ça suffit, il faut que j'y aille.

  • Speaker #0

    Alors déjà, j'arrive à un moment où les gens arrêtent de mourir autour de moi, où j'arrive à dormir, etc. T'as quel âge à peu près là ? Ouais, je pense que c'est autour de mes 37 ans, 38 ans. Donc, tu vois, c'est déjà quand même assez... assez avancé et des lectures, des rencontres, un certain nombre de choses, la prise de conscience aussi. Ouais, un gros problème d'alignement de valeur. Ah oui, donc mon dernier job. Donc après que je manage 1000 personnes, je reprends d'autres, une équipe un peu plus petite de 300 personnes. Mais là, je suis seul maître à bord. C'est-à-dire que là, j'ai vraiment la capacité de faire tout ce que je veux. Et là, on est dans un moment où l'agilité est un gros, gros trend. Je rencontre des gens extraordinaires dans cette équipe-là qui vont m'éveiller un certain nombre de styles de management, etc. qui à l'époque n'existaient pas trop. Donc, tu vois, c'était le tout début du servant leadership. J'écoute ce truc-là, alors là ça match à mort avec mes convictions, mes valeurs, etc. Et on va déployer un modèle organisationnel assez différent, qui est assez proche d'une entreprise libérée. Au sein donc, vous avez compris, de l'écosystème que je racontais précédemment. C'est rigolo, j'ai des gens extraordinaires en dessous, et des clients extraordinaires aussi, et des clients internes. Il va falloir que ça va cartonner. En interne, on crée un écosystème où je casse tous les niveaux hiérarchiques. Quasiment, il n'y en a plus qu'un seul parce qu'on n'avait pas trop le choix. Toutes les décisions sont prises par le terrain. On fait énormément de... L'AIG a un écosystème hyper tourné vers soi et ne partage pas du tout. Dans cette équipe-là, on va faire des talks. On faisait 35 talks par an. en externe, 35 conférences par an. J'avais 35 personnes dans mes équipes qui faisaient au moins une conf par an, en externe. Ça n'existait absolument pas à l'époque. Bref, grosse ouverture sur l'externe. modèle d'engagement interne, etc. Tout ça fonctionne à mort, sauf que en fait, c'est en lisant Reinventing Organization de Frédéric Lalou, c'est le premier bouquin que j'ai lu en sortant de l'AIG, qui m'a expliqué pourquoi... pourquoi j'avais morflé, parce qu'en fait, on avait développé un cancer au sein d'un organisme. En tout cas, on avait développé la définition du cancer, je crois. C'est une cellule qui va fonctionner très différemment par rapport au reste de l'organisme. Et il se passe quoi ? Du coup, le reste de l'organisme ne comprend pas et se met à attaquer la cellule. Et c'est vraiment ce qui s'est passé. Et comme j'avais complètement déstructuré mon organisation, le seul bouclier qui existait, c'était moi. Et je rigolais souvent en expliquant que dans la même... la même journée, c'est ce qui s'est vraiment passé. Le matin, je passe toute la matinée à discuter avec mon business de comment on peut tripler les revenus à horizon 10 ans, donc ultra stratégique. Et à midi, il y a le commercial de Nespresso qui arrive, il dit, putain, mais votre machine à café, elle est dégueulasse, c'est qui le responsable ? Et tout le monde fait, bah, c'est Emery. Donc moi, j'étais vraiment responsable de tout, tu vois, depuis la propreté de la machine à laver, à café, jusqu'au plan stratégique à 10 ans de comment on fait x2. Bref, donc je faisais déjà de l'entrepreneuriat, mais je ne le savais pas. Et donc, à ce moment-là, à ce moment-là, il y a une énorme agression politique de l'écosystème sur moi, enfin sur mes équipes.

  • Speaker #1

    Tu veux dire en gros de la hiérarchie de Société Générale ? Ouais,

  • Speaker #0

    et pas forcément que en haut, c'est aussi les équipes d'à côté qui n'aiment pas ce que je fais parce que du coup mes clients sont hyper contents, ça cartonne, etc.

  • Speaker #1

    La jalousie quoi.

  • Speaker #0

    Bah oui, et tous les collabs des autres équipes qui voient comment c'est chez moi, ils veulent venir, du coup je deviens le mec qui débauche tout le monde, enfin en tout cas c'est la réplique que j'ai. Les RH qui ne comprennent pas trop les process chez moi, comment ça se fait que maintenant les bonus, etc. Les gens commencent à avoir le droit de dire ce qu'ils veulent, etc. Donc le truc, voilà. écosystème merveilleux, on construit un truc de fou, mais à un moment, la pression est hyper forte, depuis que j'en ai marre, ça fait 18 ans que je suis dans ce groupe-là, donc je dis, ok, j'ai atteint un peu mon paroxysme, j'ai envie d'aller faire quelque chose ailleurs, et c'est là où, du coup, il y a Marjan, ma futaire associée, qui passe par là, et qui me dit, viens, on va créer une ESN. Une ESN différente. Est-ce qu'on va vraiment faire ça ?

  • Speaker #1

    Ou pas ? Ok, donc là, c'est le début d'Alenia Consulting, dont tu tires, effectivement, Pas mal de principes, je suppose, de cette expérience à la Société Générale où tu as pu un peu développer l'entreprise libérée, le management horizontal, créer cette espèce de cancer positif, cette bullnourse un peu dans le business. C'est quoi, pour décrire aux gens qui nous écoutent, les trois ou quatre points saillants de la culture d'Alenia qui sont remarquables, qui sont particuliers, qui te rendent fier ?

  • Speaker #0

    Vous aurez compris, du coup, j'espère que moi, mon besoin en sortant de la Société Générale, c'était de redevenir moi-même. Et j'avais envie de créer un écosystème sur lequel tout le monde pourrait vraiment être soi-même. C'est un truc super bateau et standard, mais en fait, j'avais envie de poser l'armure. En fait, on dit souvent à Chaliniac, on essaie de réaligner le moi pro et le moi perso. Donc ça fait un peu... C'est un peu psy. Il y a quelque chose comme ça. Pourquoi qui a décidé que du lundi au vendredi, de 9h à 17h, on devait être quelqu'un de différent ? D'où vient ce fucking truc ? Qui a dit ça ? Et pourquoi ? Et en quoi ça nous rend plus performants et, je sais pas, plus opérants ? Non. Jamais. On peut jamais être aussi performant que quand on est vraiment soi-même. Ok, let's go, let's do it. Essayons, testons ce truc-là. Donc on l'a testé. On est allé super loin. Ça, ça veut dire aussi accepter plein de choses qu'on n'accepte pas normalement dans le monde pro. Dans le monde pro, tu n'as pas le droit de pleurer. Tu n'as pas le droit d'être triste. Ça va ? Ça va ? C'était bien hier ? Ouais, super. Bon, ok. Et ton week-end ? Super, franchement, on a joué au foot. C'est cool. T'as pas le droit d'être en colère, ça aussi, c'est rigolo. C'est d'ailleurs une émotion qui est ultra bannie.

  • Speaker #1

    Ah ouais, dans le monde du travail, moi ça m'énerve, pour le coup.

  • Speaker #0

    Incroyable.

  • Speaker #1

    Le fait de ne pas pouvoir exprimer des couilles.

  • Speaker #0

    La colère, c'est très violent d'ailleurs. C'est une émotion qu'on ne reconnaît pas et qui est inacceptable dans le monde professionnel. Désolé, je suis humain. Désolé, il y a des moments où je suis en colère, des moments où je suis triste. il y a des moments où je ne vais pas être en forme, il y a des moments où je vais être down. Je ne vois pas en quoi j'ai besoin de porter des masques ou de ne plus être moi-même à ce moment-là. Non. Donc j'ai décidé qu'entre 8h59 et 9h01, je vais rester la même personne et je ne vais pas tout à coup mettre des masques et une armure. Ça semble super théorique. Si je donne un petit peu de concret, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que déjà, typiquement, on s'autorise tous à vivre toutes nos émotions dans le travail. Donc ça veut dire que les trois associés de la boîte, ils ont régulièrement fondu en larmes devant tout le monde. C'est super ok. Voilà. C'est hyper ok.

  • Speaker #1

    Mais à quelle occasion ? Parce qu'on pourrait très torquer quand même. Comment dirais-je que... Même parfois, tu vois, l'environnement de travail est une safe place parce que justement, il y a une protection vis-à-vis d'émotions qui pourraient être trop fortes. Il y a plein de gens qui préfèrent dans le travail avoir cette espèce de costume qui leur permet de s'accomplir intellectuellement, de se challenger, de grandir, mais qui n'est pas forcément la même chose que ce que tu peux vivre dans la vie perso. Pas soit parce qu'ils ont une vie personnelle qui peut être difficile, bouleversante, ou soit parce que tout simplement, ils ont décidé que c'était comme ça et c'est mieux. tu vois donc C'est quoi le... En fait, ce que toi, tu dis, c'est que si ça doit sortir, ça sort, quoi. C'est autorisé.

  • Speaker #0

    Tout à fait,

  • Speaker #1

    c'est hyper ok. C'est autorisé ou c'est encouragé ?

  • Speaker #0

    C'est encouragé. Ouais, c'est encouragé. Pour le coup, c'est encouragé. Ouais, c'est encouragé. Parce qu'en fait, de toute façon, sinon, ça ressortira autrement. Ça peut ressortir avec de la sous-performance. Ça peut ressortir avec je vais m'exclure. Peut-être qu'à un moment, ça va ressortir en mode je suis tellement pas bien qu'il faut que je... change de boîte. Et alors, je vais te dire, c'est un truc magique, magnifique, et je n'ai pas à m'en étirer particulièrement, mais on est tellement peu à faire ça, qu'une fois que tu t'es habitué à ça, c'est presque un piège. C'est-à-dire que moi, je ne peux plus rebosser dans un environnement sur lequel je remettrais une armure. Voilà. Et c'est le cas, je pense, de pas mal de mes collabs, pour le coup.

  • Speaker #1

    C'est pas un argument de rétention.

  • Speaker #0

    De rétention, mais de fou. D'ailleurs, j'ai envie qu'il y ait plein d'autres boîtes qui fassent ça. Parce que même pour mes collabs, ils ont le droit un jour de dire que leur aventure prochaine, et il y en a qui le font, c'est plus Alenia. Et j'ai envie qu'ils retrouvent ailleurs des écosystèmes qui sont OK avec ça. Parce qu'en revanche, redevenir soi-même, pour après reporter des armures, ça va être une violence infâme. Moi, je vois pas en quoi ça diminue ma performance. de pleurer, d'être en colère à un moment ou quoi que ce soit. Au contraire, je pense que si on prend l'émotion qu'est la colère, sur laquelle je peux comprendre qu'il y ait beaucoup plus de débats, c'est un peu plus compliqué que la tristesse à la limite. D'abord, le premier truc sur lequel on essaie de travailler avec nos collabs, c'est d'identifier et de verbaliser sur les émotions, de reconnaître ces émotions. et de le verbaliser. À partir du moment où déjà tu vas dire « je suis en colère » , c'est un truc totalement magique qui va quasiment te faire basculer dans une autre émotion. Si déjà tu la reconnais et en plus tu la partages, tu la verbalises, donc tu lui donnes une certaine légitimité, ça va déjà adoucir le truc énormément. Et d'ailleurs, tu vas pouvoir basculer de l'émotion au raisonnement. Tu vas déjà pouvoir aller chercher le « ben pourquoi ? » D'accord ? Et ça aussi, c'est un de nos problèmes. C'est-à-dire qu'on parle rarement de l'origine. On va rarement tirer le fil. Déjà, donc, un, ah, je ressens ça. OK ? Et maintenant, pourquoi ? OK ? Et après, peut-être le comment ou comment j'ai... j'évolue, comment j'avance, etc.

  • Speaker #1

    C'est vrai que Chris Voss, qui est le fameux négociateur du GIGN, il dit que nommer la colère fait redescendre, enfin nommer une émotion la fait redescendre immédiatement. Et par contre, il faut faire attention parce que ça, moi, j'ai fini par le comprendre. Si tu dis à quelqu'un j'ai l'impression que tu es en colère, ça peut l'énerver beaucoup plus. En fait, il faut dire j'entends dans tes propos de la colère et du coup, il faut bien distinguer la personne du propos parce que sinon, tu le colle une étiquette qui est d'ailleurs peut-être même pas son émotion ou alors en tout cas qui va le contraindre dans son truc. Donc il faut faire attention à l'annonce.

  • Speaker #0

    Tu as raison parce que c'est très différent de verbaliser ses propres émotions ou d'aller interpréter les émotions de la personne en face. Là, on est sur quelque chose de très différent. Je dis souvent à mes collabs il y a une vérité absolue, c'est ce que vous vous ressentez. Ça, c'est une réalité. Et je ne peux pas la changer. Si tu me dis que tu ressens quelque chose, je peux pas te dire c'est pas vrai non qui je suis pour te dire ce que toi tu ressens à l'inter de toi donc c'est une réalité c'est une vérité donc après je ne peux pas interpréter justement moi comment tu te sens donc je peux te dire mathieu moi ce que je ressens quand tu dis ça je ressens de la colère toi qu'est ce que tu ressens fait pour le coup Là-dessus, c'est un dialogue. C'est intéressant. Le problème de la colère, si on revient là-dessus, ce n'est pas tant l'émotion en elle-même. C'est la façon dont on va la verbaliser, la façon dont on va réagir face à cette émotion. Et c'est vrai que c'est une émotion qui en elle-même amène plus de violence potentielle que d'autres émotions. C'est vrai. Encore une fois, un, si tu la verbalises, ça réduit. Et puis deux, après, comment tu vas gérer cette violence-là ? on peut en parler en entreprise aussi. On fait quoi si on ressent de la colère ?

  • Speaker #1

    Tu as un exemple concret, par exemple, de quelqu'un qui était en colère récemment, ou toi ou quelqu'un d'autre, et comment tu l'as géré ?

  • Speaker #0

    Alors, je peux te dire que moi, je l'ai mal géré il y a encore 2-3 ans. Il y a 2-3 ans, j'étais pourtant en plein dans ce voyage émotionnel, etc. Une situation qui m'a vraiment mis en colère fort. Et j'ai tapé tellement fort sur la table que globalement, j'ai dû aller à l'hôpital pour vérifier que je ne m'étais pas cassé un os donc voilà c'est un truc qui m'a animé quand même pas mal dans mon enfance on rigole beaucoup parce que un jour mon petit frère m'a tellement énervé j'avais déjà 18 ans j'ai défoncé une porte avec mon poing dans la maison de vacances la fameuse maison de vacances à l'île de l'Eran il y avait une porte avec un trou au milieu parce que j'avais passé mon poing à travers tellement il m'avait énervé dans The Office avec Andy qui tape dans le mur Ouais,

  • Speaker #1

    on voit bien. Un petit peu du Hunger Man. je m'arrête après.

  • Speaker #0

    Voilà, bon, ça, c'est la façon dont il ne faut pas faire. Parce que voilà, ce qui est intéressant, en revanche, c'est d'aller chercher l'origine. C'est quoi la blessure ? Qu'est-ce qui fait que cette situation t'a mis autant en colère ? Qu'est-ce qui fait que ça t'a basculé en zone rouge ? Je vais te donner, je ne sais pas si ça va totalement répondre à la question, mais maintenant comment on va gérer un peu différemment en tout cas. Et ça c'est, je vais partager un truc qu'on fait systématiquement dans tous nos one-to-one. On démoire nos one-to-one ou le manager va commencer par verbaliser son état émotionnel du moment. un tout petit peu gamifié le truc, on a dans le fichier de suivi, tu as toutes les émotions un peu en mode emoji. Et donc, on va aller cocher les différentes émotions dans lesquelles tu es. Et état émotionnel. Donc, je peux être typiquement en colère, fatigué, saoulé, je ne sais pas quoi. Et je coche ces trucs-là. Et le manager, lui aussi, juste après, va verbaliser son état émotionnel. Ça, ça aide énormément parce qu'encore une fois, déjà, les deux parties... vont donner finalement les règles du jeu. Ça, c'est méga intéressant. Et en fait, tu vas gérer ton one-to-one de façon hyper différente en fonction de l'état émotionnel du manager et du manager.

  • Speaker #1

    La question qui me vient immédiatement, et je pense que des dirigeants ou des managers qui nous écoutent vont te dire tout de suite, mais comment ça ne part pas en cacahuète, ce truc-là, et ça ne se transforme pas en le café du commerce où Jacqueline raconte ses penches sur... les problèmes de son chien qui a mal aux dents, son mari qui l'a emmerdé, et je ne sais pas quoi. Et l'autre qui lui raconte qu'en fait, ça le met en colère parce qu'il n'en a rien à foutre. Tu vois ? Comment tu fais pour rester pro, en fait ? Pour avancer, tout simplement, sur les sujets.

  • Speaker #0

    Alors, ce qui est aussi super important, on va insister là-dessus, c'est le sous-jacent de tout ça, on est dans une entreprise et qui a besoin d'être performante. D'accord ? C'est con, j'ai mis du temps à le comprendre ce truc-là. Parce que pour moi, ce que je voulais, c'était un lieu... C'était quasiment... Tu voulais te préparer en fait aussi. Ouais, déjà, complètement. Et puis je voulais un hébergement, je voulais réparer les gens.

  • Speaker #1

    Tu voulais réparer les gens.

  • Speaker #0

    et je vais créer une SPA C'est super la SPA, mais sa base, j'imagine, je crois que c'est un statut d'association. Donc, il faut qu'il y ait des gens qui donnent de l'argent pour que ça fonctionne. Ce n'est pas le principe de l'entreprise. Donc, le sous-jacent de l'entreprise...

  • Speaker #1

    Même la SPA, sous-dit en passant, elle doit réparer les animaux. Donc, il faut qu'il y ait un objectif de performance aussi.

  • Speaker #0

    Donc, tout ça, le sous-jacent, on n'est pas une œuvre caritative. Il faut qui est de la performance. Après, c'est marrant parce que la façon dont toi tu réagis là-dessus, et c'est le cas de plein de gens en effet, tu vas aller voir déjà des cas extrêmes. Et en plus, c'est des gens qui ont accumulé tellement d'émotions non partagées qui vont, quand ils vont ouvrir... Le coffre, ça va être un déversement. Et en effet, chez nous, on a en effet les six premiers mois où tu embarques dans la boîte, on constate souvent en effet des gens qui ont un trop-plein d'émotions, de vécu, etc., qui vont avoir besoin. Et puis, mais très vite, ça se normalise. Les gens n'ont pas tous les jours envie de te raconter leur enfance, leur trauma, etc. Maintenant, on a appris à se connaître, on a confiance, on a la même vision, on a envie d'être performant. Donc, c'est important que tu saches qu'en ce moment, je suis fatigué parce que mes gamins, ils dorment. mais pas que je suis en colère parce que telle situation, je l'avais vu venir, je n'ai pas réussi à la gérer. Donc, j'ai une grosse frustration par rapport à ça. Mais fondamentalement, on est dans la même boîte, on a envie d'y aller. J'ai envie de réussir, j'ai envie de grandir dans ma carrière. Donc maintenant, aide-moi et aidons-nous à réussir. Et franchement, je n'ai jamais ça, pour le moment. Je n'ai jamais ça.

  • Speaker #1

    Ok, donc le fait de désamorcer ne pollue pas la discussion business, selon toi ?

  • Speaker #0

    Absolument pas.

  • Speaker #1

    C'est intéressant. Je me fais l'incarnation des objections que n'importe quel manager ou dirigeant d'entreprise va se faire. Je pense que c'est la peur qu'ils ont. Je pense que si on a transformé le monde professionnel en masque, c'est pour être efficace. C'est parce qu'on pense en tout cas que c'est ça qui va rendre les gens efficaces.

  • Speaker #0

    Ouais, alors pour le coup, on vient aussi au principe de brutal honesty. Voilà, et c'est quelque chose que j'aime.

  • Speaker #1

    Radical Condor, tu veux dire ? Ouais,

  • Speaker #0

    de Radical Condor, exactement. C'est un super bouquin. Ouais, c'est vraiment génial. Et ça, ça va avec, en fait. Encore une fois, pour moi, on n'est jamais autant... performant qu'au moment où on est en totale transparence et en totale vérité et honnêteté. Pour ça il faut se dire les choses. Donc ça c'est typiquement un sujet que j'ai eu il n'y a pas si longtemps aussi dans la boîte c'est on m'a dit non non mais je peux pas lui faire tel feedback d'amélioration, parce que tu comprends, on est quand même dans une boîte bienveillante. Mais à quel moment on a dit que la bienveillance, c'est pas dire la vérité ? Jamais. Justement, au contraire. La bienveillance, c'est d'abord se dire les choses, et les choses qui piquent. Parce que, un, si moi je le pense, peut-être que d'autres le pensent. Deux, la bienveillance, c'est vouloir le bien pour la personne en face, et le bien, c'est l'aider à s'améliorer. Puis en plus, c'est ta vérité à toi. peut-être que ça va y avoir à la personne en face elle est différente mettons les choses sur le papier soyons objectifs partageons truc soyons regardons dans la même direction et tout de suite on va voir que évidemment la haute poutre ce sera encore quelque chose de différent que ce que moi je pense est ce que toi tu penses ce que tu vois et oui on va construire on va avancer la bienveillance elle commence par la performance Et surtout, disons-nous la vérité. Et cette vérité, elle est objective et elle est aussi émotionnelle.

  • Speaker #1

    Ok. Ok, c'est intéressant. En tout cas, il y a deux points saillants qui sont la capacité à poser les émotions pour désamorcer et pour rendre la condition de travail beaucoup plus agréable et du coup, une finie à la performance meilleure. le fait de faire des feedbacks. Est-ce qu'il y a autre chose chez Alenia qui...

  • Speaker #0

    Beaucoup de rétro. On adore la rétro, pour le coup. Les rétro ? Oui, les rétro, c'est une cérémonie qui vient... Tu fais gaffe,

  • Speaker #1

    parce que tu nous emploies un nombre de buzzwords.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Vous allez, c'est mon monde. La rétro, c'est une cérémonie qui vient du monde de l'agilité et qui fait qu'à la fin d'un cycle... où on a travaillé à développer des trucs, on va regarder dans le rétroviseur, simplement. Et on va regarder, donc c'est là, on va regarder qu'est-ce qu'on aurait pu faire mieux, qu'est-ce qu'on a bien fait, qu'est-ce qu'on doit changer, qu'est-ce qu'on doit arrêter, etc. Et puis, nous, on rajoute toute cette couche d'état émotionnel. On va discuter aussi, ok, au bout de ces deux semaines, par exemple, typiquement, dans quel état émotionnel j'ai été, dans quel état émotionnel je termine. Et ce truc-là aide aussi vachement à ancrer un truc, à amener amener un dialogue, etc. Et là où c'est rigolo, c'est qu'on fait ça en interne, et puis en fait, on a commencé il y a quelques années à faire ça avec les clients. Là, c'est super intéressant parce que tu amènes le sujet de l'intelligence émotionnelle chez ton client. Nos clients, je rappelle, c'est des grandes banques, des grosses boîtes dans l'énergie, de l'assurance, etc. Des gens plutôt en costard, qui ont un certain âge, qui ont payé cher pour avoir des consultants chez eux, etc. Donc on va dire que c'est pas un environnement super favorable. Donc la première fois que tu fais ça avec eux, ils voient bien Heu... ce qu'on fait, etc. Ils nous trouvent assez sympas, etc. Et on leur demande, à toi, Philippe, ce vendredi après-midi, après ces deux semaines, t'es dans quel état émotionnel, toi ? T'es comment ? Tu te sens comment ? La première fois, ils vont te dire, ouais, ça va, ça va, tout va bien. Et en fait, première fois, deuxième fois, troisième fois, parce qu'ils vont voir que nous, en revanche, on va être beaucoup plus ouverts, etc. Et tout à coup, tu vas avoir des clients qui vont se livrer totalement sur leur état émotionnel. Et tu vas connecter à un niveau incroyable. et donc tu vas te mettre à pleurer des vendredis après-midi soit en physique, soit dans des teams, avec tes clients ah oui je te parle de choses qui arrivent régulièrement en rétro en rétro

  • Speaker #1

    fait le récap de ce que vous avez fait ensemble.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Et je vais vous parler de tout,

  • Speaker #1

    sauf de boulot, en fait.

  • Speaker #0

    Alors, le sous-jacent, c'est toujours le boulot. Et tu vas, si, tu vas quand même, en plus, tu vas être orienté sur les actions d'amélioration, etc. Mais on va vraiment passer, tu vois, ces rétros, elles peuvent prendre facilement deux heures. Et sur les deux heures, tu vas vraiment commencer par une grosse demi-heure sur laquelle on va parler de l'état émotionnel. Et ce qui est, évidemment, ton état émotionnel, il n'est pas le résultat juste du projet sur lequel tu bosses ensemble. et le résultat de ta relation ici avec ton boss c'est de la relation avec ton boss avec tes pères, à la maison, avec ta femme, avec tes enfants, etc. Donc en fait, t'emmènes les gens, avec ce truc-là, t'emmènes aussi les gens sur la réunification du mois pro et du mois perso, et tu vas connecter avec la personne, donc ça crée une connexion incroyable pour le groupe.

  • Speaker #1

    C'est dingue de se dire que tes clients vont pleurer. Alors moi, du coup, j'ai eu la chance d'avoir ça. La chance. C'est bizarre, on est réunis de secte aussi, mais le club bootstrap, c'était ça. On a vécu quand même des bonnes soirées, les deux, avec plein d'autres gens parce que c'est un cadre d'entraide pour des entrepreneurs donc c'est un moment où notamment en séminaire on part trois jours dans la forêt quelque part loin de Paris où tout le monde vient justement prendre du recul vider son sac être soi-même poser la carapace du dirigeant donc il y a évidemment plein de moments extrêmement authentiques extrêmement touchants donc les larmes font partie de cet épisode mais en fait il faut imaginer cette épreuve-là il faut pas la croire dans un poète haïti en fait il faut garder

  • Speaker #0

    cet état-là, état d'esprit, état émotionnel tout le temps. Pourquoi tu reviens du séminaire Boss Rap et pourquoi tu remets la carapace et l'armure ? Et d'ailleurs, c'est quelque chose qui m'a frappé encore sur le dernier séminaire. Le nombre d'entrepreneurs autour de moi qui sont dans des thématiques de comment je pourrais être un peu plus moi-même dans ma boîte. Les gars, c'est les patrons. Et ils n'arrivent pas à être eux-mêmes dans leur boîte. Et c'est dur. C'est absolument pas un repatch. Vu tout ce que j'ai vécu avant, je ne saurais pas le placer. Mais je suis en empathie hyper forte avec eux. Parce que c'est... Déjà, le job d'entrepreneur, il est méga hardcore. Si en plus, on doit endorser tout ça avec... Avec de l'armure, le sourire forcé, etc. Putain, non.

  • Speaker #1

    C'est marrant parce que pour le coup, dans l'épisode que j'ai fait avec Wilfried, qui est un des premiers que j'ai tourné, de Super Prof, lui, quand je lui ai demandé est-ce que tu préfères être un leader empathique, authentique et du coup aimé de tous ou justement au contraire, être un leader qui incarne la force, la puissance, qui porte un masque. Lui m'a répondu que... et qui n'émet pas de doute, il m'a dit moi jamais je n'exprime de doute jamais, jamais, jamais je suis Gengis Khan qui part à la guerre parce qu'en plus lui il va conquérir la Chine en ce moment racheter des boîtes en Chine et tout jamais de sa vie il accepte de montrer ses vulnérabilités à son équipe c'est mort quoi j'adore l'épisode,

  • Speaker #0

    franchement il est super cool cool et coucou Wilfrid connaissant Wilfrid j'ai mis un doute quand même je pense qu'il a une grosse part de lui-même dans son quotidien avec sa boîte moi, soyons clairs je suis un putain de conquérant mes associés aussi on a déjà une histoire assez incroyable et unique tu fais pas 25 millions en 6 ans sans ça et puis j'ai faim on va bouffer le monde, c'est vénère aussi mais en revanche pourquoi je vais bouffer le monde euh c'est quoi l'ambition, etc. Moi, pourquoi j'ai envie de bouffer le monde, c'est qu'il y a aussi un truc où j'ai envie d'offrir cette expérience incroyable à un maximum de collaborateurs, à un maximum de clients. Je pense qu'ils le méritent. Et ce que je disais, d'ailleurs, j'engage aussi les gens autour de moi, mes compétiteurs, à faire la même chose. Faites ça. C'est ouf. C'est incroyable. C'est un putain de kiff de malade mental. Et en plus, il y a de l'espace. Tout le monde, fondamentalement, veut ça. Voilà. Même les achats. donc

  • Speaker #1

    partout dans le monde mais donc du coup toi régulièrement notamment en all-ins par exemple donc face à toute ton équipe tu es capable de dire j'ai des doutes ça me fait peur tout le temps la vulnérabilité c'est un super pouvoir c'est un putain de super pouvoir c'est incroyable et

  • Speaker #0

    pourquoi aussi parce que les gens quand je les regarde ils savent que je dis la vérité il y a un moment et pareil à mes clients quand je leur dis je sais confiance, que je leur dis je ne sais pas, ils ont confiance. Quand je leur dis, franchement, je ne suis pas sûr, mais viens, on va le faire ensemble. Ils ont confiance et ils ont envie d'y aller. Ils ont été bullshittés pendant tellement longtemps. On a tous bullshitté. On s'est tous fait bullshitter pendant tellement longtemps que le discours de vérité, on est prêt à l'entendre totalement. C'est même super rassurant. Au fond de toi, tu es super rassuré.

  • Speaker #1

    Et je pense que, pour avoir vécu un peu ce sujet-là aussi, je trouve que la vulnérabilité, ce n'est pas moi qui vais te contredire. ou l'authenticité, que tu vas dire le contraire, parce que vraiment, ça a été aussi ma quête d'accepter qui je suis, mes démons, mes faiblesses, mes peurs, de les partager, tu vois, de plus en plus, même, j'ai fait devant mes partenaires d'entrepreneurs, mon papa et les CD, tu vois, j'ai essayé d'être le plus authentique possible, parce que je crois, comme toi, à pouvoir de la vulnérabilité, d'abord d'un point de vue égoïste, pour soi, parce que ça fait du bien, parce que ça permet de créer des relations plus authentiques, et plus fortes, in fine, qui t'amènent beaucoup plus de choses dans la vie. Néanmoins, Dans le rôle du leader, je trouve que c'est essentiel de la doubler d'une vision claire.

  • Speaker #0

    Complètement. Complètement, totalement. Ça, ça marche exactement. D'ailleurs, ta faiblesse du moment, à partir du moment où elle s'inscrit dans une trajectoire qui a été prouvée, etc. Et une vision qui va être claire, là, c'est très différent. Personne ne va croire qu'une entreprise, c'est une route lisse, c'est une autoroute qui vient d'être mise à neuf. Personne ne croit à ça. on sait tous que c'est un peu compliqué compliqué, y compris les collabs. En revanche, si derrière toi, t'as prouvé que t'y es arrivé et tu sais à 10 ans où est-ce qu'on va aller, si aujourd'hui t'es pas bien et t'es triste et t'es un peu so-so, c'est OK. Après, moi, j'ai la chance aussi, on est trois associés. Ça aussi, ça aide. Pour le coup, ça veut dire qu'on n'est pas tous les trois down au même moment, on n'a pas des problèmes, etc. Et après, je ne suis pas comme, je pense que John dans sa boîte, un niveau de transparence qui est encore beaucoup plus fort que le mien. ... Et donc, je ne prône pas non plus la transparence totale à tout le monde.

  • Speaker #1

    Sur quoi, par exemple ?

  • Speaker #0

    Par exemple, les grilles de salaire, pour moi, c'est un vrai sujet. Dans mon référentiel, dans mes valeurs, je ne peux pas avoir de grilles de valeurs qui sont... sont totalement publiques. Parce qu'il y a trop de complexité, il y a un historique des gens, il y a des raisons pour lesquelles il va y avoir des variables. Franchement, je les assume, je les regarde tous les jours, etc. Je sais expliquer ça et ça au cas par cas. Mais si j'ouvre la boîte demain à 250 collaborateurs... Je vais passer un an à expliquer, à discuter de pourquoi ce chiffre-là, il est comme ça, etc.

  • Speaker #1

    Pourquoi tu as payé plus que l'autre ? Exactement.

  • Speaker #0

    Et parfois, il y a des gens qui ne sont pas encore payés, ce qui devrait être. Ils sont dans une trajectoire, on a déjà bien commencé à les augmenter. Et ça va prendre du temps. Parfois, il y a des gens aussi, peut-être qu'ils nous ont quittés depuis, mais on les avait embauchés trop cher. Ça peut arriver, on n'est pas omniscient. Parfois, on fait de la merde. Donc, ça, c'est un sujet sur lequel ce n'est pas évident. Il y a d'autres sujets sur lesquels la transparence absolue est complexe. Il peut y avoir des sujets légaux, il peut y avoir des sujets politiques, il peut y avoir des sujets aussi sur lesquels des problématiques interpersonnelles, ça ne mérite pas forcément à ce que tout le monde soit au courant.

  • Speaker #1

    Alors justement, par exemple, c'est la question que j'allais te poser, c'est les deux dernières questions de ce podcast qu'on arrive à la fin. Comment tu vires les gens ?

  • Speaker #0

    Ah oui, alors ça c'est un vrai fucking sujet.

  • Speaker #1

    Vire-moi, imagine.

  • Speaker #0

    Dans mon monde de oui-oui que j'avais essayé de construire, ça m'amenait quand même des grosses problématiques. Pour le coup, la sous-performance. le client très complexe les gens malheureux et c'est à cause du boulot voire même les burn out d'un tout ça moi ça m'a confronté à des énormes problématiques c'est mon associé marjan qui m'a pas mal aidé là-dessus en expliquant que finalement, déjà, un, tout ça, comme je disais, ne peut fonctionner que si on est performant économiquement. D'accord ? Donc, moi qui étais dans un truc où non, mais l'argent, c'est secondaire, etc. C'est vrai, mais sauf que si à un moment tu gagnes plus de l'argent, tu n'existes plus. Donc, ton monde de oui-oui, il n'est plus financier, il n'existe plus. D'accord ? Donc, voilà. Bon, bah, déjà, il faut être performant. Ok, on revient à ça. Ensuite, on a un monde merveilleux. mais qui ne convient pas à tout le monde. Et il ne convient pas à tout le monde en termes de valeur, d'écosystème, etc. Donc ça, je l'ai accepté assez vite, finalement, pour le coup. On a même une histoire, on a failli avoir un quatrième associé qui a démarré chez nous, qu'on a présenté. comme tout le monde, comme un 4ème associé. Et puis il a clairement eu, il a verbalisé explicitement des alignements de valeur ce qui fait que du coup, assez vite, tout de suite, on a dû s'en séparer. Et donc là du coup, nos équipes ont vu qu'on était sérieux sur le fait qu'on était une boîte drivée par les... valeur et donc pour revenir si on doit virer quelqu'un ben en fait là on revient sur l'honnêteté la transparence c'est le pourquoi si on doit te virer c'est parce qu'il n'est pas le bon véhicule pour toi pour ta carrière pour ton futur si on n'est pas le bon écosystème c'est pas parce que t'es pas là une bonne personne c'est pas parce que tu es pas performant probablement c'est juste qu'on n'est pas le bon bateau dans lequel tu vas faire ton prochain bout de chemin où tu vas être être super performant. Et ce qui ne veut pas dire que je ne suis pas... de la peine, ça veut pas dire que je suis pas triste de te voir partir de devoir même t'annoncer ça pour le coup on va essayer de gérer ça ensemble on va t'accompagner etc on va être en empathie totale mais en revanche c'est la meilleure décision pour toi et à partir du moment où je suis certain que c'est la meilleure décision pour toi là je redeviens super aligné avec mes valeurs et les droits dans mes bottes et c'est ok, je pense vraiment fondamentalement que c'est la meilleure décision pour toi, c'est aussi la meilleure décision pour nous mais en fait l'un va passer en l'autre ok,

  • Speaker #1

    ok, écoute je veux bien me faire virer par toi j'accepte Au revoir. Ok, écoute, peut-être dernière question sur laquelle j'aimerais... C'est quoi l'habitude dans ton quotidien qui transforme le plus ta vie ou qui a le plus d'impact sur ta vie ?

  • Speaker #0

    C'est génial, prise de conscience il y a quelques semaines. Il y a un an, je me suis mis à pratiquer une sous-catégorie de la méditation qui est la visualisation. ça fait un an et ce truc là à changer ma vie.

  • Speaker #1

    La visualisation ?

  • Speaker #0

    La visualisation. Donc, alors moi, et je pratique un sous-type de visualisation. Voilà, donc vous pouvez me pinguer, je vous enverrai ma playlist YouTube gratuite sur le sujet. Et donc, la visualisation, c'est tous les matins, dans ma bagnole ou posée sur ma terrasse ou je ne sais pas quoi, je vais répéter pendant 15 minutes des phrases positives, de visualisations positives. C'est très drôle, parce que c'est ce que faisaient un certain nombre d'Amériques dans les années 70 avec leurs cassettes dans leur voiture dans les embouteillages pas je suis la même chose voilà alors oui non ça va tourner plutôt autour de J'ai une gratitude immense pour l'environnement qui m'entoure, pour les gens avec qui je travaille. pour les gens avec qui je vis. J'ai confiance en mon corps qui me soutient au quotidien. Voilà, donc c'est des phrases de renforcement positif. Ce truc-là peut sembler complètement bullshit, gourou, tout ce que tu veux. Il y a des études hyper sérieuses qui expliquent que globalement, tu vas créer des connexions synaptiques qui vont faire qu'à force de les répéter, en fait, ton cerveau va décider que c'est une autoroute qui va conduire de... Voilà, j'ai confiance en moi. Si tous les matins, je répète que j'ai confiance en moi, il y a une autre dans ton cerveau qui se crée. Et la route qui va être vers j'ai pas confiance en moi, j'ai peur, elle sera beaucoup plus longue à apprendre. Ça sera une vieille départementale. Alors que la route j'ai confiance en moi, ça sera une autoroute. Les connexions synaptiques. Et ce truc-là, en un an, a totalement changé ma vie.

  • Speaker #1

    On va terminer là-dessus. Je vais me mettre à faire ça.

  • Speaker #0

    15 minutes par jour.

  • Speaker #1

    Merci Emery. Merci beaucoup pour ton honnêteté. Merci. Voilà, ta justesse.

  • Speaker #0

    Merci Matt.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté cet épisode de A Poil et sans filet. Si vous avez aimé, n'hésitez pas à nous mettre 5 sur 5 sur la plateforme de votre choix, parce que ça nous aide énormément à faire grandir le format. Il est retrouvable sur Deezer, sur Apple, sur Spotify, sur Youtube en vidéo si vous avez envie aussi. Donc n'hésitez pas à partager, à nous mettre 5 sur 5, ça nous aide, et surtout, à très bientôt pour le prochain épisode.

Chapters

  • Intro

    00:00

  • J’ai attendu 40 ans pour commencer à vivre au présent

    01:32

  • Effacer une enfance difficile par une armure

    08:56

  • Prendre conscience de l’anormal

    17:23

  • On n’est jamais autant puissant que lorsqu’on est soi-même

    22:23

  • « Je n’ai rencontré aucun être humain qui n’aime pas la transparence »

    26:24

  • Il faut dire "je ne sais pas faire" à ses clients

    31:34

  • ESN : comment manager des gens que tu ne vois pas ?

    35:00

  • 18 ans à la Société Générale : quelles séquelles ?

    45:53

  • Peut-on (vraiment) manager 1000 personnes ?

    48:21

  • « La vie pro, voyez-la comme un jeu »

    52:30

  • L’affaire Kerviel : vivre la crise de l’intérieur

    57:29

  • Le déclic : 11 nuits complètes en 6 ans

    01:02:17

  • Qui a dit qu’on devait être différent au travail et dans le perso ?

    01:09:14

  • Nommer la colère permet de la faire redescendre

    01:14:42

  • L’honnêteté ne pollue pas le business, au contraire

    01:21:57

  • Faiblesse & vision

    01:31:23

  • Le monde de Oui-Oui ne fonctionne que s’il y a du cash

    01:34:20

  • Construire son autoroute

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Description

Il a grandi dans la violence. Il dirige aujourd’hui une entreprise où la vulnérabilité est une force.

Les ESN c’est le côté obscur de l’entrepreneuriat. Mais voici Aimery Duriez-Mise qui mène la révolte avec Alenia Consulting et ses 300 salariés.

Aimery a d’abord passé 15 ans dans une grande banque où

- Il manageait jusqu’à 800 personnes

- Il avait un package à 6 chiffres

- Il venait tous les matins en costume 3 pièces

Bon…la vie était confortable et Aimery aime les costards

Mais un jour il rencontre sa future associée qui lui dit “viens on créée une ESN”. Il lui répond “tu es malade ? ce secteur c’est une boucherie humaine”.

Et la réputation des ESN / SSII (avec qui il travaillait) - c’est :

- des ingénieurs placés à la pelle à droite à gauche qui restent 2 ans

- un salaire de consultant au fixe bas, avec des com’ “carottes”

- des horaires indécents

Mais il réfléchit et s’il se lance ce sera pour changer les choses.

Car Aimery adore le management et se forme en permanence.

Il m’a ainsi expliqué ”J’ai envie de redonner leur place aux émotions dans le travail. Surtout dans mon secteur.”

Alors ils ont créé une culture où :

1. on accueille toute la gamme des émotions humaines

2. il n'y a ni commerciaux ni recruteurs : 100% des talents viennent de la cooptation

3. chaque collaborateur est accompagné et le turnover est très faible

Le tout à l’échelle d’une boîte de 30M€ de CA en très forte croissance en France et à l’étranger. En moins de 6 ans !

Mais derrière cette belle histoire, Aimery revient de loin.

Il a vécu une enfance brutale qui lui a forgé une carapace pendant ses années de Sogé.

Il a mis en application chez Alenia sa transformation personnelle.

C’est la question à laquelle j’ai voulu répondre dans ce podcast filmé : « L'enfance meurtrie forge-t-elle des leaders plus humains ? »

On parle dans cet épisode de A Poil et Sans Filet

- comment se relever d’une enfance violente ?

- l’ouverture aux émotions dans le travail

- l’affaire Jerôme Kerviel et ce que ça dit du monde corpo

- comment transformer une organisation

Merci Aimery pour ton témoignage rare !

PS : il ressemble un peu à Obi-Wan en vrai non ?


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Pour la première fois de ma vie, j'arrive à vivre au présent. En fait, mec, t'as déjà vécu la moitié de ta vie. Et la question qui t'arrive dans la gueule hyper violemment, c'est est-ce que tu veux vivre la seconde partie de ta vie de la même façon ? Moi, à l'époque, en tout cas, c'était général, il faut être clair, j'avais ma deuxième journée de travail qui commençait à 19h. Un trauma colossal qui va écrouler cette banque-là, qui s'appelle Jérôme Kerviel. Mon absence d'armure aujourd'hui est devenue un super pouvoir incroyable. pourquoi qui a décidé que du lundi au vendredi de 9h à 17h on devait être quelqu'un de différent on peut jamais être aussi performant que quand on est vraiment soi-même la vie pro, si pour vous c'est dur c'est compliqué etc, il y a une façon de le gérer qui est de se dire que c'est juste un jeu à quel moment on a dit que la bienveillance c'est pas dire la vérité ? Jamais justement au contraire, la bienveillance c'est d'abord se dire les choses et les choses qui piquent

  • Speaker #1

    Bienvenue dans À poil et sans filet, le podcast qui met à nul les leaders d'aujourd'hui pour comprendre qui ils sont vraiment. Chaque semaine, je vous partage mes conversations dénudées avec des dirigeants ou des dirigeantes qui m'inspirent. Je suis convaincu que la vulnérabilité est le super pouvoir du leadership et que c'est en comprenant le dessous des cartes qu'on progresse vraiment. Merci à tous pour vos messages d'encouragement et de vous abonner chaque semaine plus nombreux, des antennes à chaque épisode. C'est hyper valorisant pour le travail que je mène. Donc si ça vous a plu, n'hésitez pas à mettre 5 sur 5 sur la plateforme de votre choix, Spotify, Deezer, Apple Podcast, ça nous aide énormément. Merci.

  • Speaker #0

    On est content, on a passé la barre des 25. On tangentait et on a regardé et on a dit c'est bon on est au-dessus des 25, donc ça c'est cool.

  • Speaker #1

    C'est impressionnant. Ouais c'est cool. Parce que c'est en 5 ans.

  • Speaker #0

    En 6 ans là, on vient de passer les 6 ans.

  • Speaker #1

    Vous venez de passer les 6 ans.

  • Speaker #0

    On arrive aux 6 ans, ouais exactement. C'est une croissance qui est monstrueuse en vrai. Non c'est cool, c'est top. Et on a encore un potentiel de fou. Jusqu'on bosse.

  • Speaker #1

    Ouais bien sûr, c'est clair.

  • Speaker #0

    Et qu'on le réalise. Ouais bien sûr. Mais tout à fait, non c'est clair, c'est béton. Ouais c'est vraiment béton.

  • Speaker #1

    Écoute, avant de parler business business... je vais te poser la question que je pose à tous mes invités C'est quand la dernière fois que tu t'es senti à poil et sans filet, Emery ?

  • Speaker #0

    Déjà, merci de me recevoir, c'est trop cool. Surtout parce que aussi, ce sujet me parle à mort. C'est presque le sujet de ma life, globalement, maintenant. Et d'un tournant énorme chez moi. Maintenant, j'ai envie de te dire, tous les jours, c'est un truc de malade. Maintenant, je suis à poil et sans filet tous les jours. C'est un truc de fou furieux.

  • Speaker #1

    Le matin, quand tu te lèves et que tu es en caleçon ?

  • Speaker #0

    Franchement, non, vraiment. Pour de vrai, vrai. avec Avec mes collabs, avec mes amis, avec mon amoureuse, avec les entrepreneurs qui m'entourent, avec tout le monde. Franchement, j'ai l'impression que c'est presque un guide de vie aujourd'hui, maintenant. Après, il y a des moments où tu es encore plus tout de bonne. Et c'est sûr que tout ce qui... Tu es un jeune papa. Tout ce qui touche aux enfants, ça a une capacité. Ou même les personnes qui ont le plus d'armure ou le plus de masque. ça t'amène de toute façon à une vulnérabilité absolue. C'est vrai que même en étant à poil et sans filet tout le temps, dans les trucs qui peuvent arriver à mes filles, ça me ramène encore plus à une vulnérabilité absolue.

  • Speaker #1

    Tu as deux enfants ?

  • Speaker #0

    Oui, j'ai deux princesses qui ont grandi puisque maintenant elles ont 15 ans et 12 ans.

  • Speaker #1

    Mais qu'est-ce que ça veut dire pour toi, du coup, être tout le temps à poil et sans filet ? C'est difficile pour les gens d'imaginer ça parce qu'ils se disent soit une bullshit, soit soit tu vois il est

  • Speaker #0

    il est vraiment chelou ce gars c'est vrai et c'est pas facile à factualiser ce truc là donc si on va reparler sans doute un peu de mon parcours j'ai grandi et j'ai évolué jusqu'à quasiment mes 40 ans dans une vie qui a pas été ultra simple même si ça a pas été la pire et qui m'a poussé à construire une énorme armure à mettre masque sur mon corps. masque sur masque et j'ai été super moi ça j'ai été un excellent acteur j'ai surperformé là dedans et puis puis un jour voilà la vie a fait toc toc toc en fait c'est juste pas possible il tu peux pas continuer comme ça tout simplement et ses limites physiques pour le coup et à partir de ça j'ai pendant ouais plus de plus de six ans déconstruit parce que ça s'enlève pas du jour au lendemain, en plus c'est long. d'enlever ses masques, d'enlever l'armure, d'accepter tes vulnérabilités, puis de gérer cette vulnérabilité, parce que au début tu enlèves et c'est comme une croûte, au début ta chair elle est à vif, donc tu peux être ultra réactif, sur vulnérable, etc. Voilà, je pleurais énormément, j'étais à fond dans l'émotion, j'avais des réactions émotionnelles très fortes. j'avais pas mal de colère aussi et puis voilà au bout d'un moment tu continues à travailler sur toi, t'acceptes tu verbalises les émotions et puis t'arrives à un moment d'apaisement vraiment parce que je t'interromps mais tu dis encore tu parles de toi en tu

  • Speaker #1

    C'est parce que tu as du mal encore à dire jeu de cette période ?

  • Speaker #0

    Non, j'essaie plutôt de porter ce sujet-là vers l'autre. Aujourd'hui, c'est un de mes déclics récents. Aujourd'hui, pour la première fois de ma vie, j'arrive à vivre auprès de... présent. J'ai lu ce fucking bouquin de Gartollet il y a quelques années. Il n'y a pas si longtemps. Il y a trois ans, il m'a écorché. Il m'a fait hyper mal ce bouquin. Il m'a fait rendre compte à quel point je n'y étais pas, mais pas du tout, du tout, du tout. Et c'était une violence. J'adore lire, on en a parlé, je dévore bouquin sur bouquin sur bouquin. Celui-là, j'ai eu un mal de chien, le finir. J'ai dû me forcer, mais je n'y étais pas. Aujourd'hui, enfin, J'y suis. et j'ai atteint un niveau de sérénité où j'ai super envie de partager ça donc voilà c'est dans mes résolutions du dernier semi bootstrap qui a eu lieu il y a quelques semaines c'est d'aider les gens qui m'entourent à

  • Speaker #1

    atteindre ce niveau de sérénité alors je suis pas un gourou on est à Obi-Wan vous pouvez le voir il a son tout noir c'est vrai qu'on m'a dit que je ressemblais un peu c'est le stage c'était Anakin mais

  • Speaker #0

    C'est le méga-gourou. Non, pas du tout. C'est quoi le déclic en fait ?

  • Speaker #1

    Parce que tu vas nous parler un petit peu de ton enfance pour commencer, peut-être raconter comment tu as grandi et qu'est-ce qui... Tu dis que tu as créé une armure, mais avant ça, qu'est-ce qui a été le déclic ?

  • Speaker #0

    Comment j'ai basculé là-dedans ? Je pense que j'ai eu la chance de vivre énormément d'épreuves dans ma life. Et donc, je pense qu'aujourd'hui, le fait que j'y arrive à ce stade, à vraiment être à poil et sans filet, c'est qu'avant, j'ai eu tellement... C'est un retour de médaille, globalement. J'étais tellement à jouer l'acteur que... Aujourd'hui, il y a la bascule inverse. Donc, j'arrive à quelque chose de totalement naked.

  • Speaker #1

    Je veux dire, c'est arrivé parce qu'il y a eu un moment, un accident,

  • Speaker #0

    où c'est plus pressif. Il y a eu une accumulation totale, c'est clair pour le coup. Et puis, à un moment où je sature, il y a eu des déclics successifs. Je pense qu'on va y venir. Puis, il y a un truc complètement con qui m'a explosé à la gueule. C'est la crise de la quarantaine. Franchement, je m'énervais tellement j'étais une caricature. de voilà, c'est juste... cette prise de conscience totalement humaine que, en fait, mec, t'as déjà vécu la moitié de ta vie. Et la question qui te... Vraiment, mais qui t'arrive dans la gueule hyper violemment, c'est est-ce que tu veux vivre la seconde partie de ta vie de la même façon que tu as vécu la première ? Et ce truc-là est une puissance infâme. C'est vraiment... C'est juste un rétro de première partie de vie. Et voilà. Et parce que t'es toujours en train de dire non, mais attends, ça va aller, j'ai un plan dans 5 ans. on est au top, dans 10 ans on va être au maximum, etc. Non, en fait, le sujet il est pas là. T'as déjà vécu la moitié, t'es déjà à 50%. Donc là, maintenant, aujourd'hui, qu'est-ce que tu fous ? Et dans quel état t'es ? Et qu'est-ce que tu veux être aujourd'hui ? Pas dans 5 ans ou dans 10 ans. Aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Notre deuxième vie commence quand on réalise qu'on n'en a qu'une.

  • Speaker #0

    Ouais, et puis qu'elle va peut-être se terminer puisqu'en plus, tu vois, bon déjà, si à 40 t'es à la moitié, c'est-à-dire que tu vivras à 80, c'est déjà pas mal, pour le coup, ça sera pas 4 ans

  • Speaker #1

    quel âge là aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    J'ai 44, je vais avoir 45 cet été. Pareil, il y a aussi prise de conscience. Oui, il y a 100%. Là, pour le goût, je suis bien à 50.

  • Speaker #1

    Ok. Est-ce que tu peux nous dire un petit peu où est-ce que tu as grandi ?

  • Speaker #0

    Ouais, tu t'avais. Moi, en termes d'écosystème, ma vie est ultra paradoxale, mais il y a des choses assez rigolotes. J'ai grandi dans un... Je suis issu d'une famille d'entrepreneurs qui avaient pas mal de moyens, en tout cas du côté de ma mère. et Et on a grandi dans un petit village qui s'appelle Saint-Nan-la-Bretage, qui est à côté de Saint-Germain-la-Laye et qui est connu pour être très friqué. Il y a un des plus grands et select golf de France dedans. Mais ma mère et mon beau-père, voilà, avaient mis tout l'argent dans l'achat du terrain et dans les quatre murs de la maison. Très belle maison d'extérieur. Et à l'intérieur, on a vécu pendant 15 ans dans une maison en travaux. Surréaliste. Donc tous mes potes qui venaient, qui étaient souvent de conditions assez basses, Ils arrivaient et disaient « Mais mec, tu vis dans un palace. » Et ils ouvraient et rentraient chez moi. Et il n'y avait même pas de papier peint. On a vécu pendant 18 ans où mon beau-père, comme il n'y avait pas d'argent, mon beau-père insistait pour faire lui-même toutes les pièces. Et il faisait au mieux une pièce par an. Et la baraque était très grande, du coup ils avaient construit des grands murs. Et à l'intérieur, c'était que du plâtre, partout, partout, partout. Et j'ai grandi dans le plâtre et on avait à peine, honnêtement, les conditions étaient compliquées, on avait à peine de quoi manger pour le coup. Donc évidemment, il n'y avait pas d'argent pour faire intervenir des gens, pour mettre du papier peint et de la moquette.

  • Speaker #1

    Mais attends, la famille de ta maman était aisée, mais vous avez vécu dans...

  • Speaker #0

    Tout ça est assez compliqué. Globalement, à mes 5 ans, déjà, mes deux parents décident de se séparer. Ça ne se fait pas dans des conditions top. Ma mère, très vite, rencontre mon beau-père qui a 20 ans de plus. Et voilà, qui est ultra old school. Avec lui, ça va être très compliqué tout de suite et on va s'affronter. Et je vais avoir une enfance avec des violences physiques et psychologiques répétées. J'ai une grande sœur et deux petits frères. Le dernier petit frère, il n'a pas du tout été concerné. Parce qu'au contraire, lui, il est de mon beau-père. Et les trois premiers, on est d'un autre père. Bref, contexte super complexe. et mon beau-père a emmené ma mère sur une rupture totale avec la... la famille. Donc la famille a continué à avoir les petits-enfants, mes grands-parents ont continué à avoir les petits-enfants, mais ils ont repu les liens avec ma maman. Et ils ont aidé dans une certaine mesure, mais pour ça, il fallait aussi qu'ils aient l'information, que ma mère soit OK, etc. Donc voilà, oui, c'était un paradoxe total. On avait des vacances incroyables, mes grands-parents avaient une maison de fous à l'île de Léron, dans laquelle j'ai fait tous mes étés de toute mon enfance et adolescence. Et là, c'était l'opulence la plus totale. Le mercredi, on allait chez la grand-mère. On se ruinait le bide à base de bonbons. Et puis, on arrivait à la maison et il n'y avait plus rien à manger.

  • Speaker #1

    Oui, d'accord. Donc, c'était deux vies en une.

  • Speaker #0

    Oui, complètement.

  • Speaker #1

    C'est plus l'air, quoi.

  • Speaker #0

    Donc, ce côté famille Paris match où, globalement, tu dois montrer que tout va bien. C'était quelque chose de très important pour tous les niveaux de la famille. Donc, tu souris, tout va bien et tu ne parles jamais des problèmes. Donc ça, tout ça, la violence subie, physique et psychologique, l'incapacité à ma maman de réussir à vraiment en parler, au contraire, elle déchargeait sa charge mentale et émotionnelle sur nous, ma grande sœur et moi en particulier. Tout ça fait qu'il y a un moment pour survivre, il n'y a pas 50 façons. Alors j'ai eu une chance extraordinaire, c'est que je n'avais pas de télé. On n'a pas eu de télé jusqu'à mes 15 ans. En revanche, on avait une immense bibliothèque. Et donc je me suis oublié dans la lecture. Donc j'ai lu énormément, aucun filtre. Donc voilà, j'avais lu tout Sartre à 11 ans, tout Malraux au même moment aussi. Tout ça m'a aidé à développer un imaginaire et puis à me dire en fait ce déclic de tu peux devenir qui tu veux. C'est à toi de le construire, c'est à toi de le travailler. Et bon, quand t'es gamin, le truc c'est que tu vas quand même prendre certains raccourcis et le raccourci que j'ai dû prendre à l'époque c'est je vais être quelqu'un d'autre. Et c'est un peu différent de je vais devenir quelqu'un d'autre. Là, c'est je vais être quelqu'un d'autre. Donc, je vais construire une armure et je vais porter une armure qui va faire que je vais jouer le rôle de quelqu'un d'autre.

  • Speaker #1

    Et c'est quoi ? C'est quelqu'un d'autre ?

  • Speaker #0

    C'est quelqu'un de fort. C'est quelqu'un qui ne pleure jamais. C'est quelqu'un qui peut devenir ce qu'il veut. C'est quelqu'un qui va cocher les cases. Donc, il faut être beau, fort, intelligent, avoir du leadership il faut gagner de l'argent, il faut être autonome, il faut soutenir sa maman, il faut soutenir sa famille, il faut faire des études, il faut réussir. Un peu tous les standards qu'on peut avoir.

  • Speaker #1

    Le regard social qui fait que tu es un bon garçon et que tu es quelqu'un qui va bien s'intégrer dans la société, auprès de ta famille, etc.

  • Speaker #0

    Sans jamais être soi-même à la fin. Ça, ça fait une enfance et une adolescence. qui sont soutenus par un grand-père, des deux côtés paternels, mon grand-père et mon oncle, qui sont deux figures paternelles qui ont comblé l'absence de père, et puis le beau-père en question. Et puis pas de bol, en fin d'adolescence, les deux vont décéder au coup sur coup. Le premier arrêt cardiaque au milieu du living room, au moment où j'avais quitté le foyer familial pour aller vivre avec mes grands-parents, et voilà, ils meurent dans le salon. trauma et puis deux ans plus tard mon oncle qui était mon autre figure paternelle se suicide et juste avant il m'avait confié sa femme et ses enfants. Donc là...

  • Speaker #1

    Attends, ton oncle t'a confié sa femme et ses enfants, mais t'avais quel âge ?

  • Speaker #0

    Alors c'est un peu plus tard mais globalement j'avais 25 ans. Ouais, quelque chose comme ça.

  • Speaker #1

    Et donc il t'a confié tes cousins pour que tu les adoptes ?

  • Speaker #0

    Oui, alors évidemment il ne dit pas exactement ça, mais il arrive un samedi chez nous. Je viens d'avoir ma première fille Mila, elle a un an, je l'ai dans les bras. Il est en larmes, c'était un géant, 1m90, blond, un beau gosse de ouf, hyper fort, première fois de ma vie que je le vois pleurer. Il m'annonce qu'il se sépare avec sa femme, alors que mon ex-femme et moi, on était hyper proches de lui, on se dit, ok... Le couple absolu, tu vois, celui que tu regardes, le couple parfait. Et puis bon, là, tu découvres que pas du tout. Et il nous dit, en fait, là, du coup, je ne m'attendais pas à ça. Gros choc. J'ai décidé de partir en voyage. Je vais partir pour six mois. Et en attendant, j'aimerais que tu gères ma femme et mes enfants et que tu en prennes bien soin. Et il s'en va. Et deux jours plus tard, tu découvres qu'en fait, c'était un autre type de voyage qu'il a entrepris.

  • Speaker #1

    Il s'est suicidé.

  • Speaker #0

    Il s'est suicidé,

  • Speaker #1

    oui. Il est terrible. au donc effectivement les responsabilités sont arrivées assez vite dans le deep direct c'est bien déjà merci de partager tout ça c'est la première fois que je le partage exactement tout ça c'est la première fois que je le partage merci pour ta confiance parce que je pense que il y a peu de mecs qui osent parler de leur vulnérabilité de leur enfance, de leur traumatisme aussi clairement aussi assumé donc merci pour ça et puis je pense particulièrement peu de dirigeants gens qui même si on est plus dans une époque du partage, de l'ouverture aux eaux, de faire tomber les masques comme tu as dit c'est quand même très rare donc je trouve que c'est précieux pour les autres pas dans un objectif de voyeurisme mais plus dans un objectif de comprendre comment est-ce qu'on se construit tu vois en tant que patron et toi ce qui m'inspire c'est vraiment justement ta capacité à manager et à vraiment mettre de presque de l'ingénierie dans l'humain c'est ce dont on va parler aussi un petit peu après tu vois mais parce que t'en es passionné, parce que t'es quelqu'un de profond profondément empathique et d'engager, etc. Donc voilà, merci de commencer comme ça. La question qui me vient suivante, c'est, à cet âge-là, du coup, où tu te disais, bon, ben voilà, enfance très difficile, avec de la violence, avec des responsabilités tout de suite, etc. Qu'est-ce qui te vient comme rêve à l'âge de, je sais pas, du coup, où tu commences à te construire cette armure à 10 ans, à 15 ans, à 17 ans, je sais pas. Qu'est-ce que tu veux comme rêve ? Qu'est-ce que tu veux devenir, en fait ?

  • Speaker #0

    À l'époque, je me souviens... Je me construis totalement en réaction contre mon beau-père. Je veux devenir tout ce qu'il n'est pas. et ça, ça va couvrir plein de choses donc je veux devenir quelqu'un d'inspirant je veux devenir quelqu'un d'humain quelqu'un de fort alors aussi pour pouvoir affronter quelqu'un de violent et bon typiquement dans le niveau de connerie où j'ai pu aller donc il racontait, c'est quelqu'un qui mentait beaucoup et qui construisait des mythes autour de lui et donc un grand mythe c'était qu'il était ingénieur en électronique, donc tout le monde y compris dans son boulot. il disait je suis ingénieur en électronique pas du tout il avait pas le bac donc compliqué de devenir ingénieur sans le bac et donc juste pour le faire chier j'ai fait l'institut supérieur d'électronique de Paris voilà au bout de 10 minutes j'ai compris que ça allait jamais m'intéresser et rien à foutre j'ai terminé cette école et j'ai été ingénieur en électronique je n'ai jamais fait d'électronique de ma vie et j'en ferai jamais et juste pour le faire chier je l'ai fait ça a guidé ma vie vraiment très très longtemps pour le coup Du coup... C'était vraiment une construction antique, une construction par réaction d'eux.

  • Speaker #1

    Waouh. Et avec le recul, qu'est-ce que tu conseillerais à des jeunes adolescents aussi qui peuvent se poser ces questions-là ? Je ne sais pas s'il y en a beaucoup dans l'audience, ou même plutôt à des adultes managers qui ont eu des enfances parfois vraiment compliquées, qui sont construits contre, parce que le moteur de la revanche, notamment vis-à-vis de la figure du père ou du beau-père, chez les mecs, c'est un truc très présent que je rencontre chez les entrepreneurs. Qu'est-ce que tu pourrais leur conseiller avec le recul ?

  • Speaker #0

    trois trucs qui me viennent en tête un il y a la prise de conscience j'ai mis énormément de temps à comprendre que j'ai pas grandi dans un environnement normal mais vraiment je pense qu'il y a mes 18 ans que j'ai découvert en discutant avec certains potes que mon écosystème familial et mon quotidien à la maison c'était pas normal de se cacher de fuir les coups de pied dans le ventre pour moi c'était juste monde était comme ça tu vois et comme je dis moi mon oxygène c'était les livres Les livres représentent une autre forme de réalité. Tu ne peux pas te dire c'est ça la réalité. Et entre potes, tu ne viens pas beaucoup sur ces discussions-là. Tu vas parler sport, tu vas parler nana, tu vas parler plein de trucs. Tu ne parles pas de ce genre de sujet, pour le coup. Donc ça a mis énormément de temps, mais vraiment. Et je me souviens de ce jour au lycée où j'allais être en première ou en terminale. Je suis sur le cul à me dire, mais en fait, mes potes n'ont jamais subi ni de violences psychologiques ni physiques, pour le coup. Donc là-dessus, il faut... Il faut réussir à en parler et en prendre conscience. Déjà, rien que la prise de conscience, elle est folle. Et aujourd'hui, j'ai encore régulièrement des révélations de fou. J'ai réalisé il y a seulement, j'en ai parlé avec mon frère, il y a quelques mois seulement, j'ai un sujet d'addiction, j'ai un comportement addictif. Et en particulier, ça peut venir sur la bouffe. Et je mange très très vite. Et je mange beaucoup très vite. Donc aujourd'hui je l'ai compris, je le gère, etc. Et en fait j'ai compris que, pourquoi ? Parce que pendant toute mon enfance et mon adolescence, le dîner c'est le seul moment que je ne pouvais pas esquiver, où je devais être en face de mon beau-père. Et donc par définition, c'est pas un moment de plaisir, de très loin, c'est un moment de combat, et donc c'est un moment où du coup j'essayais de minimiser la surface de combat. Et donc on arrivait, on mangeait hyper vite, et après on se barrait hyper vite. Et aujourd'hui, c'est resté. C'est-à-dire que je suis capable de bouffer, mais en 3 minutes 45, je t'ai dévoré tout un dîner. Ah oui. Et la seule façon de travailler ou de gérer ce truc-là, c'est d'en prendre conscience. Et puis après, le problème, c'est qu'une fois que tu en as pris conscience, c'est pas fini.

  • Speaker #1

    Comment t'as fait pour prendre conscience ?

  • Speaker #0

    C'est des déclics à force de lire, à force d'en parler, et puis des psys. Alors pour le coup, j'ai fait plusieurs psychothérapies qui m'ont vachement aidé. Et puis à un moment, tu sais, tu connectes deux dots, tu commences à avoir des liens à comprendre, ton cerveau s'est vraiment mis en marche, etc. Et puis, j'étais prise de conscience au fur et à mesure. On me dit, mais en fait, putain, c'est ça, quoi.

  • Speaker #1

    C'est quoi le livre qui t'a le plus marqué, qui t'a permis justement de casser l'armure, de dépasser ces traumatismes initiaux ? Encore une fois, pour des gens qui nous écoutent, peut-être qu'ils ne seraient pas toujours bien dans leur peau, tu leur conseillerais quoi ? Dire quoi ?

  • Speaker #0

    Alors, j'en ai un dont j'avais envie de... parler, mais alors là, on va vraiment basculer dans le monde professionnel. Pour le coup, c'est un bouquin qui m'a vachement inspiré, qui s'appelle Getting Naked, de Patrick Lencioni. Se mettre à poil. Se mettre à poil, donc on est à fond dans l'intermédiaire. À fond dans l'intermédiaire,

  • Speaker #1

    j'adore.

  • Speaker #0

    Chez nous, chez Alenia, la boîte que j'ai co-créée, c'est devenu vraiment le bouquin de référence. qui explique à quel point la puissance de se mettre à nu face à tes collaborateurs et face à tes clients. Et ce truc-là, moi, ça m'a vachement aidé parce qu'on a créé Alenia, on expliquera dans quel contexte. contexte, mais justement avec cette idée de vraiment créer une société de conseil très différente des autres. Et ce bouquin-là m'a dit, ah mais en fait, je ne suis pas seul. Il y a déjà quelqu'un qui a eu l'idée, il a déjà théorisé ça, et puis en fait, on s'est aperçu qu'on faisait déjà 70%, il restait un petit peu. Bref.

  • Speaker #1

    C'est quoi les principes clés de ce bouquin ? Qu'est-ce qui te marque le plus ? Avant ça, je remercie notre partenaire 108 milliards fondé par Mounia RK. C'est le coaching basé sur les neurosciences qui t'apprend à reprogrammer ton cerveau pour parvenir à tes objectifs. J'en bénéficie depuis trois mois, c'est absolument ouf. J'ai réussi à reprogrammer totalement mon agenda, à oser y intégrer des moments de pause, à caler les moments importants au bon endroit et aussi à pratiquer la visualisation et le téléchargement de pensée pour être bien plus performant dans mes journées. Je vous invite à les contacter vivement.

  • Speaker #0

    Alors, on est dans cette idée que finalement, n'est jamais autant puissant que quand... on est totalement soi même donc ça c'est vraiment quelque chose que je porte aujourd'hui c'est presque ma nouvelle armure c'est toi c'est pas d'armure et mais c'est une c'est un super pouvoir ma vulnérabilité en absence d'armure aujourd'hui est devenu un super pouvoir incroyable ça semble un peu chelou ou du bullshit en effet mais c'est fou donc j'ai donné un exemple très concret aujourd'hui chez Alenia quand on a envie qu'on commence à vouloir travailler avec un client, on va déjà connecter avec des humains. On ne connecte pas avec une entreprise, on connecte avec des humains. Un humain en particulier, en général, un ou deux. Et puis, en fait, on va avoir envie, on va commencer à travailler pour cet humain-là gratuitement. Parce qu'on n'est pas là pour un chèque, on n'est pas là pour facturer. On est là pour rendre service. Là aussi, ça peut sembler super bullshit, mais pour donner un exemple... Il n'y a pas si longtemps encore, on est chez un prospect qui est une filiale de Total. Donc on est un truc assez institutionnel et tout. Ils ont des problèmes. Ils avaient prévu une demi-heure pour qu'on présente notre offre. OK, on arrive, on ne monte pas de PowerPoint. je raconte en cinq minutes qui on est ce qu'on fait et au bout de la sixième minute c'est c'est quoi vos problèmes ok c'est quoi vos problèmes vient on va prendre un marqueur etc on va se lever ensemble et j'ai commencé à travailler ton problème, tu vas rebondir, tu vas réagir, etc. Au bout d'une demi-heure, il regarde sa montre et puis il dit il appelle sa secrétaire et puis il décale. On parle d'un CIO, donc quelqu'un qui pilotait un millier de personnes, etc. Il décale son meeting d'après, etc. On continue, on raisonne, on discute et je ne suis pas juste en appetizer, on n'est pas juste en train de préparer un truc, teaser quelque chose. Je suis déjà en train de répondre à son problème. Il s'est passé deux heures et demie. Il a niqué tout son après-midi. Au bout de deux heures et demie, honnêtement, je lui avais déjà quasiment répondu à ses problématiques. Et à la fin, j'ai dit franchement, c'était génial. J'ai passé un super moment. On a hyper connecté. Voilà, si ça te dit de venir à une soirée ou chez nous ou quoi que ce soit, ça sera hyper cool. Je te présenterai des gens, etc. Il fait non, non, mais en fait, non. J'ai envie et j'ai besoin qu'on bosse ensemble. C'est combien et c'est quand ? C'est hyper drôle. Je ne parle pas d'argent, je ne parle pas de contrat, je ne parle pas d'engagement, je ne parle pas de next step, je ne parle pas d'action. Moi, je suis là pour rendre service. j'ai rendu service, j'ai connecté avec un être humain, j'ai adoré, j'ai kiffé, j'ai eu... J'ai vibré avec ces gens-là. Et puis, du coup, magiquement, le truc s'enclenche. Et là, je ne parle pas... Attention, parce que moi, je ne vends pas de l'émotionnel, par défaut, etc. Je vends du conseil IT, principalement pour des banques, des assurances ou le monde de l'énergie. Donc, on est vraiment sur un truc rien à voir.

  • Speaker #1

    Il y a un monde où les dirigeants ont plutôt des masques, ils sont plutôt, effectivement, dans le next step, dans la... la clarté dans le rationnel.

  • Speaker #0

    Du monde de McKinsey, du monde d'Accenture, de Capgemini. On est sur du papier glacé, du PowerPoint, du costard cravate. Donc voilà. Ça m'aide aussi, parce que du coup, je joue les contrastes à mort. Je suis entouré que par des gens comme ça, et ça aide énormément.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a des gens qui, du coup, à l'inverse, détestent ?

  • Speaker #0

    Il y a des systèmes qui détestent ? En fait non, c'est assez drôle, c'est une très bonne question. L'être humain, j'ai rencontré aucun être humain qui n'aime pas qu'on soit totalement transparent et qu'on commence à lui rendre service. En fait non, honnêtement j'ai eu personne. qui bloquaient totalement. Alors, quand on va aller sur un terrain d'émotion, parce que j'y vais aussi sur le terrain émotionnel avec des prospects ou des clients, là, c'est un peu plus intéressant. Mais dans le temps long, j'ai vu personne qui bloquait. Tout le monde aurait envie d'être un être humain au travail. Après, il y a des fonctions où c'est compliqué. Je ne peux pas présenter ma boîte de la même façon Ausha. qu'aux êtres humains avec qui je travaille. Parce que là, c'est très compliqué. Pourquoi ? Mes amis, les achats. Un jour, je crois que je vais aller dans ce métier-là, parce que moi, quand je vais en problème, j'adore le régler. Donc, il y a un jour, je pense que je vais y aller. et ils font un métier qui est sans doute utile, etc. Mais leur code et leur approche font que ma boîte n'a pas de sens. On est 250, on fait 25 millions de CA l'année dernière, on est dans 6 places, 4 pays et on a zéro commerciaux. on n'a pas de recruteur en interne. Donc on a un modèle qui est un peu fucked up pour eux, qu'ils ne comprennent pas. Et eux, ils ont un track où il faut avoir des niveaux hiérarchiques, un card, ils veulent parler à mon DRH, je n'ai pas de DRH. Ils veulent avoir le nom du commercial, je n'ai pas de commercial. Du coup, on a un objet chelou pour eux qu'ils ne comprennent pas. Et puis en plus, 100% du temps, on a un client en prospect qui vient en disant je veux bosser avec eux. parce qu'en fait, il veut le bosser avec...

  • Speaker #1

    Un client interne.

  • Speaker #0

    Oui, un client interne chez eux.

  • Speaker #1

    Juste pour faire un petit pas de recul, la fonction achat, ça existe plutôt dans des grosses structures.

  • Speaker #0

    Mais c'est mes clients.

  • Speaker #1

    C'est eux qui prennent la décision finale ou c'est le client interne, c'est-à-dire le manager d'une BU ?

  • Speaker #0

    Non, c'est les managers des BU qui prennent la décision, mais ils doivent passer à travers les filtres, les mailles des achats. Et les achats, s'ils disent non, c'est non. Donc, il faut qu'on arrive quand même à matcher avec leur cadre. Et ça, quand le client leur explique qu'ils ont eu un ultra bon fit, que c'est ces personnes-là, ces personnes d'autres, etc., qui ne veulent pas passer par le process d'achat, etc., les achats sont horrifiés. Voire même parfois, on a eu vraiment des questionnements en mode, est-ce qu'on a filé des places à Roland-Garros ? Est-ce qu'on a fait pas quoi ? Est-ce qu'on a corrompu ? Est-ce qu'on a corrompu ? Voilà, exactement. Alors que c'est pas ça, le sujet n'est pas là du tout. Le sujet, il est juste, on a connecté. Et en effet, entre une personne avec qui tu vas vraiment connecter, avec qui tu vas avoir confiance, avec qui tu vas avoir envie de travailler. D'ailleurs, tu as commencé à travailler, donc tu as déjà commencé à avoir la valeur. Et puis, un référencement qui est sur cinq critères à travers 17 press powerpoint qui te sont envoyés. Bon, à la fin, tu sais avec qui tu travailles.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce qui t'empêche de faire la même chose qu'avec le client final responsable de l'ABU Total ou d'une grande banque, avec le responsable des achats ?

  • Speaker #0

    C'est un très bon point. Il y en a avec qui on a réussi à faire ça. Et là, c'est génial. C'est assez merveilleux puisqu'ils t'ouvrent des portes, etc. Maintenant, la plupart des équipes à achat, ils refusent de passer du temps d'être humain normal avec les fournisseurs. Donc, tu ne peux pas aller déjeuner avec eux. Tu ne peux pas aller boire... une bière tu peux pas les dîners tout ce ou à quoi tu as droit c'est une demi heure une fois par an ou quelque chose comme ça et moi pour connecter avec quelqu'un il me faut plus de temps et donc pour mes prospects pour mes clients ils vont avoir quand même ce minimum de temps pour connecter parce qu'ils ont un intérêt, parce que j'ai une street credibility, parce que j'ai quelque chose à leur apporter ou quoi que ce soit. Les achats, je suis juste une coquille parmi 6 000 qu'ils ont en phase 2. Donc, c'est plus compliqué à approcher. Alors, il y a quand même des choses. Et d'ailleurs, tu vois, si on met en avant des trucs que les achats font vraiment super bien. Et je vais citer un de mes clients qui est Crédit Agricole. Les achats de Crédit Agricole, ils font un truc incroyable. C'est qu'ils vont aller vraiment regarder l'impact carbone de ta boîte, ils vont vraiment discuter systématiquement avec toi de comment tu travailles, c'est quoi tes initiatives internes et sur quoi tu vas vraiment avancer là-dessus. Franchement, là-dessus, il y a déjà 4-5 ans qu'ils le font. Ça, c'est franchement... Là, il y a une vraie vertu, il y a un truc super bien. Et bon, aller pinailler sur les 10 euros ou je sais pas quoi... Sur le document 95B que tu n'as pas rempli, c'est vrai que j'ai un peu plus de mal à voir la valeur.

  • Speaker #1

    Je l'imagine. Ok, donc Gating Naked, le bouquin qui t'a le plus marqué, qui consiste à être vulnérable, à être authentique, à poser l'armure comme façon de convaincre les gens et d'attirer les gens à toi, et puis d'être mis dans tes pompes aussi, surtout.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Il y a quoi d'autre là-dedans ?

  • Speaker #0

    Une des conséquences aussi, c'est que systématiquement, je dis en toute franchise à mes clients, là-dessus, je suis super bon. Là-dessus, teste-moi. juge. Donc nous notre grosse spécialité c'est de faire tourner des gros systèmes IT, 24h sur 24, 7h sur 7, sans lenteur, sans problématique, etc. C'est ce qu'on appelle la prod IT.

  • Speaker #1

    C'est quoi pour quelqu'un qui n'est pas initié à ce milieu des scènes et de la prod, comment tu le résumerais ?

  • Speaker #0

    Moi, je viens du monde de la bourse. Donc voilà, du loup de Wall Street.

  • Speaker #1

    On va parler de la société générale après ta première vie, parce que ça va être très intéressant.

  • Speaker #0

    Donc je viens de ça. Et vous imaginez bien que pour faire tourner ça, pour faire tourner tous les moteurs qui affichent des prix et pour passer à un ordre d'achat ou de vente d'actions, etc. Les systèmes IT derrière, ils sont colossaux. Pour donner un ordre de grandeur, l'IT de... Cette activité de la Société Générale, qui a à peu près un tiers de son métier au total, de banque, c'était à un moment 8000 informaticiens qui bossaient, qui développaient tous les jours sur des systèmes. et donc sur ces 8000 personnes là il y en avait 1000 dont le job c'était de s'assurer que ces applications fonctionnent sans interruption sans incidence, sans problème en performance et avec le niveau de service qu'on veut ça c'est mon job ça c'est en particulier ce sur quoi on est hyper bon chez Alenia et on est les seuls en Europe à être vraiment ultra pointu là dessus

  • Speaker #1

    D'accord, ok.

  • Speaker #0

    Voilà, on n'est pas sur du glamour, on n'est pas sur de l'émotionnel. Au contraire, on est sur un métier anti-émotionnel. Et donc, là-dessus, je peux dire à mes clients, je suis le meilleur en Europe, je pense même être le meilleur au monde. En revanche, il y a des trucs sur lesquels je ne suis pas bon ou je ne suis pas le meilleur. Voilà, la data, tout le monde s'est emparé du sujet. On a une offre data, donc on va être très bon sur, par exemple, la data en termes de connexion avec le métier de la prod. Là, je suis très bon. ou alors comment organiser des équipes data face à un métier, je suis assez bon, sur le reste je suis nul. Et je le dis à tous mes prospects, je leur dis, là-dessus je suis nul. Je suis à l'aise pour le coup. Et je peux leur dire, là-dessus, je suis nul. Là-dessus, je suis hyper bon, world champion.

  • Speaker #1

    Je vous recommande quelqu'un d'autre.

  • Speaker #0

    Je passe ma vie à recommander des gens. Dédicace à Jonathan Salmonac et sa magnifique boîte Shodo, où ils ont des développeurs craft qui sont excellents. Là-dessus, systématiquement, je recours à Shodo. C'est en plus plein de valeurs en commun,

  • Speaker #1

    Shodo. Regardez, pour ceux qui aiment le sujet de l'humain dans la tech, et l'humain, particulièrement dans les OSN, sur tous les boucheries euh Du conseil, notre ami Jonathan, il a fait une boîte, on l'appelle le Robin des bois de l'entrepreneuriat. Il fait des congés menstruels, il a des crédits de salaire transparents, il augmente tout le monde. Il planifie les augmentations avant même d'avoir le résultat net de la boîte. C'est très intéressant aussi, on le salue. Très belle boîte.

  • Speaker #0

    Oui, et puis je vais saluer aussi toutes les autres SN, New Generation. On a créé même un petit collectif. Parce qu'il y en a plein des petites boîtes qui sont en train de monter avec des vraies valeurs, avec une vraie intention, où on se dit la vérité. On dit surtout la vérité à nos collaborateurs et à nos clients.

  • Speaker #1

    C'était quoi les gros... Parce qu'effectivement, ce marché, cet écosystème, il est assez connu pour son côté bullshit, nouveau, riche, violent, ce que tu veux. Moi, je me souviens, même, j'avais passé des entretiens pour rentrer dans une ESN. Je pense que c'était avant même que je rentre chez Ignition, il y a plus de huit ans, tu vois. Mais je me souviens d'une boîte où il y avait déjà, ça ne faisait pas très longtemps, ils étaient déjà plus de 1000 collaborateurs. Donc, ça va très, très vite. C'est des formes de croissance, comme c'est du placement de consultant. Enfin, en tout cas, certaines, c'est placement de consultant. Ça va extrêmement vite parce que la croissance est liée à l'humain. C'est leur produit principal. Donc, ils recrutent tout le temps. Et je me souviens d'avoir rencontré un patron qui m'avait dit, il m'avait demandé si j'étais célibataire. Il m'avait demandé si j'avais des potes. J'ai répondu oui aux deux. Ils m'avaient dit, il va falloir oublier parce que tes potes et tes meufs, ça va devenir tes collègues. J'avais dit, OK. Tandis que lui, il était avec ses chaussures en croco, son costume, son boss. Et vraiment, c'était un cliché. Et c'est le monde de, tu finis pas avant. Ils m'avaient dit, tu finis jamais avant 20h le vendredi soir. Et par contre, tu auras des grosses communications et il y a un baby-foot. J'étais sur le cul. Je m'étais dit, mais jamais, j'avais fui en courant. J'ai dit, très bien, pas de problème, avec plaisir, mais la prochaine fois. Donc est-ce que tu peux nous en dire un peu plus ? C'est quoi les trucs les plus dingues que tu vois dans ce monde d'ESN ?

  • Speaker #0

    On reparlera de l'ASG, mais moi j'y ai passé 18 ans, donc mes 18 premières années de carrière, Société Générale. Et puis pendant 18 ans, j'ai été un client et parfois un gros client des ESN parce que j'ai managé jusqu'à 1000 personnes. Et parmi ces 1000 personnes, il y avait en moyenne 70% de contracteurs, donc de prestataires. qui sont des salariés des ESN. Et c'est toutes les banques et toutes les grosses boîtes du CAC 40 fonctionnent comme ça. Leur équipe à E.T. est composée souvent, au moins pour moitié, de prestataires qui viennent d'ESN. Et pendant mes 18 ans, quand j'ai fait le bilan à la fin, que Marjan, mon associé actuel, quand elle est venue me dire, viens, on va monter une boîte de courses à E.T., mon premier réflexe, c'était, mais jamais de la vie. Je sortais de la Société Générale parce que je voulais me réaliser. aligné avec mes valeurs. Et pour moi, c'était un monde de salopards. Et de mon expérience personnelle, j'avais bossé, j'ai fait le compte avec plus de 200 ESN quand j'étais à Société Générale. Et il y en a mon 3 avec lesquels j'avais vraiment réussi à connecter, en qui j'avais confiance.

  • Speaker #1

    Don Chodeau d'ailleurs,

  • Speaker #0

    non ? Don Chodeau, exactement, Don Jonathan. Et encore, quand je dis 3, c'est pas tant des entreprises que des êtres humains, finalement. Donc ça fait pas beaucoup, globalement. Attends,

  • Speaker #1

    juste petit point de détail. Ça veut dire que quand la société générale bosse avec une ESN, c'est que par exemple, ils vont lui demander, tu vas leur recruter, vous allez recruter un dev qui va être placé chez vous. C'est ça. Voilà, OK, d'accord.

  • Speaker #0

    Ces équipes sont composées à 70% de développeurs, de testeurs, de business analysts ou chefs de projet qui sont ESN 1, ESN 2, ESN 4, etc. Globalement. Donc, j'étais hyper critique de ces boîtes-là quand on a démarré Alenia en 2019. Et surtout, il y a des trucs que je ne comprenais pas. C'est-à-dire que rationnellement, je n'arrivais pas à comprendre pourquoi il faisait ce qu'il faisait. C'est une discussion d'ailleurs avec John, c'était en 2017, qui m'avait éclairé sur un truc où il m'avait dit, en fait, le seul réflexe de ces boîtes-là, c'est plus les ondes de turnover, évidemment, plus tu as des comportements de salopard, plus tu as de turnover, plus tu as de turnover, plus tu... C'est quoi ton réflexe ? Tu vas recruter. En fait, leur truc, c'est plus ça va mal, plus le bateau fuit et plus on va y couper. Globalement, le truc est incroyable. Au lieu de te poser la question de pourquoi il fuit et comment arrêter de fuir, maintenant, on va plutôt accélérer et du coup, on va précipiter les problèmes. Bref.

  • Speaker #1

    Oui, ils n'essaient jamais de regarder leur culture ou leur management ou leur fonctionnement interne, mais ils sont juste des bourrins du recrutement et de l'acquisition. Oui.

  • Speaker #0

    Alors aujourd'hui, au bout de six ans, j'ai quand même pris du recul et il y a des choses sur lesquelles, en tout cas, j'ai beaucoup mieux compris. Je suis plus en empathie aussi parce que le métier est loin d'être aussi simple que ce que je pensais. Très clairement, j'avais un regard assez simpliste sur le sujet et maintenant, je le vois dans le regard de certains de mes clients aussi. Je peux comprendre. Et bon, voilà. Après, si on va sur les caricatures, il y a un gros problème dans ce truc là. Il y a même deux gros problèmes. Ouais, mais plus que ça, bon. Ok. Prenons les deux premiers. Un, tu mets des commerciaux. Et les profils commerciaux de ces boîtes-là, c'est des gens qui sont d'école de commerce, qui vont aller... On leur met à disposition des ressources qui sont des ingénieurs en informatique. Ils vont aller placer chez des ingénieurs en informatique. D'accord ? Donc, ils font le pont entre deux personnes qui, fondamentalement, ont le même background, les mêmes connaissances. le même intérêt, etc. Mais eux, on n'a pas le même background, pas le même intérêt, etc. C'est quoi le truc, le concret du coup ? C'est-à-dire que, un, moi je ne comprends pas ce que tu fais, mais je vais quand même essayer de te vendre et de te placer globalement chez... un client, il s'y racousait.

  • Speaker #1

    Ah oui, tu veux dire qu'en gros, les commerciaux des ESN ne comprennent pas le métier des ingénieurs qui placent, et du coup, ils s'en fichent, ils se débrouillent juste pour les placer à la pelle, parce que c'est comme ça qu'ils vont gagner de l'argent.

  • Speaker #0

    Ils ne comprennent pas, et en effet, malheureusement, il y en a un certain nombre qui s'en foutent Moi quand je déjeunais avec des commerciaux, le seul truc dont ils voulaient me parler c'était des secrétaires et de foot. Alors c'est pas de bol, franchement ni l'un ni l'autre ne m'intéressait passionnément, voilà, et j'avais vraiment envie de leur parler de mes problèmes. J'en avais plein des problèmes. J'avais envie de créer des partenariats, j'avais envie de comprendre comment ils sourçaient, de voir comment on pouvait augmenter la qualité, réduire le temps passé en recrutement, etc. Et c'était pas du tout ça. Ils voulaient juste me payer des coûts, être sûr que la fois d'après, je prendrais... prendrait quelqu'un de chez eux sans regarder. Et puis pour ça, c'était mieux de parler de football. Non, en fait, c'est là où on revient sur Getting Naked. C'est essayer fondamentalement de vraiment comprendre c'est quoi le problème de la personne et essayer d'y répondre. Là, on n'était pas du tout là-dessus. Donc ça, c'est un des gros problèmes là-dessus. C'est pour ça qu'on n'a pas de commerciaux chez El Nenia. Le deuxième gros problème, c'est que globalement, il faut manager des gens. Enfin... Comme tu l'as dit, moi, c'est un de mes dada. Le problème, c'est que tu vas manager des gens qui vont vivre une majorité du temps, pas dans ton écosystème. Donc, ils sont placés chez un client. Ils sont placés.

  • Speaker #1

    Et donc, en fait, ils sont en CDI. Les ingénieurs qui sont placés par les ESN sont en CDI chez l'ESN. Ils sont placés chez le client comme prestataires.

  • Speaker #0

    Exactement. Donc, à l'époque où il n'y avait pas de télétravail, un salarié à l'ENIA Consulting, il aurait passé 100% de son temps chez le client. Aujourd'hui, heureusement, il y a un peu de télétravail, il y a même pas mal de télétravail et tout. Donc ils vont passer plutôt trois jours chez le client, et puis on essaie de faire en sorte que les deux autres jours, il en passe un à la journée chez lui, puis il vient chez nous aussi. Ou alors, on fait un équilibre, etc. Mais en fait, si tu vis pas l'aventure, l'expérience, typiquement, on met deux premières années de... collab à la Société Générale, j'étais pas salarié Société Générale, j'étais salarié d'une ESN. Je ne me souviens pas. Je ne sais pas. Je ne sais pas te dire dans quelle boîte j'étais. J'ai vu le commercial deux fois, voilà. Je ne l'ai jamais revu à part ça. Le jour où j'ai été interdit. Ah oui,

  • Speaker #1

    d'accord.

  • Speaker #0

    Je ne connais pas ton nom.

  • Speaker #1

    Ah, mais c'est ça qui est dingue. C'est qu'en fait, les boîtes, les ESN, quand elles te disent j'ai mis du salarié, en fait, elles les connaissent.

  • Speaker #0

    C'est des fantômes. C'est des fantômes. C'est une armée de fantômes.

  • Speaker #1

    En fait, ils n'ont que les commerciaux qui sont là.

  • Speaker #0

    Les RH. Les RH, exactement.

  • Speaker #1

    Ah ouais, je viens de comprendre en fait. C'est une énorme bullshit. C'est incroyable.

  • Speaker #0

    Donc, leur valeur à eux, c'est du recrutement, de la connexion avec le client, c'est le push. un peu au forceps d'un rond dans un carré globalement et de faire en sorte que la personne reste le plus longtemps possible au meilleur tarif possible. il y a matière à faire autrement il y a matière à faire différemment mais le problème c'est qu'en plus les clients sont un peu attachés à ce truc là aussi donc quand ils essayent de faire différemment c'est pas si évident que ça non plus pour le coup et donc ça veut dire que typiquement quand nos collabs ça peut être tendu avec le manager côté client t'engages un dialogue sur le style de management, sur la pression, sur la vibe, etc. Et ça, ou la culture de la boîte, et ça, ils ne sont pas super habitués, ils ne sont pas super prêts. Donc, ce n'est pas simple non plus.

  • Speaker #1

    On va faire, de toute façon, une grosse plongée dans Alenia et votre mode de management qui est si particulier. Donc, restez et nous écoutez, parce que vous allez voir, vous allez en prendre plein les mirettes. Mais avant, quand même, j'aimerais bien parler de la société générale, parce que tu as passé 15 ans dans cette énorme boîte.

  • Speaker #0

    18 ans.

  • Speaker #1

    Donc, c'est énorme. Qu'est-ce que tu en retiens à chaud, à froid plutôt ?

  • Speaker #0

    Déjà, je suis tombé totalement par hasard. Et je pense que je voulais absolument faire un stage de fin d'études à l'étranger. Le seul qui a lu mon CV dans les anciens de mon école d'ingé.

  • Speaker #1

    De l'ingé électronique.

  • Speaker #0

    De l'ISEP exactement. Et c'est un certain Thibault Ricard qui bossait pour la Société Générale. Donc on appelle l'ASGIB, le monde de la bourse à la Société Générale. Et donc, il bossait à Londres. Et c'est le seul, vraiment, littéralement, la seule réponse que j'ai eue. Et il se trouve qu'il m'a embauché à Londres comme stagiaire. Donc, j'y ai passé neuf mois en 2002. Et c'était encore de 2002 jusqu'à 2007. C'était vraiment encore la golden période sur les mondes de la bourse. Bref, j'ai découvert un monde, je ne comprenais rien. À l'époque, j'étais développeur, j'étais nul en développement. et au revoir chez vous un putain de niveau d'adrénaline mais incroyable il y avait des gens ultra brillant ultra réactif ça punchait tout le temps c'était hyper intensif et c'est ça que je cherchais globalement et puis en plus je voyais bien qu'il y avait moyen de monter vite fort etc donc je suis tombé là dedans on n'y connaissait rien et quand je suis revenu à paris parce que je vais faire mais j'ai dû faire mes six mois de spécialisation et après commencer ma vie pro et puis là il y avait on était post crise internet c'était la grosse misère j'ai fait 45 entre où tout le monde me disait super profil on veut vous prendre des bons on n'a pas de mission et donc il ya fini une scène qui a fini par essayer à me repositionner à la société générale parce que j'ai été passé que à l'époque c'était ça c'est important la société générale à l'époque en 2002 2003 et jusqu'à 2007 c'est la plus grande banque markets, des marchés de capitaux au monde après Goldman Sachs. C'est le champion du monde, c'est le numéro 2 au monde sur ces produits financiers-là. Enfin, c'est pas rien, c'est un truc colossal, c'est monstrueux et donc ça veut dire les meilleurs traders et les meilleurs IT. Donc les mecs étaient vraiment... Et ça allait tellement vite, c'est un métier qui a été digitalisé assez tard, globalement, et ça allait tellement vite que de toute façon, ça a été une des forces, ils ont pris des gens de tout durement. horizons. Ils ne pouvaient pas se dire, je prends que des polytechniciens, je ne sais pas quoi, ce qui était le cas de marchés matures comme la défense, l'industrie, etc. Là, on prenait tout le monde tous horizons. Ça, c'est génial parce qu'ils prenaient même des mecs qui sortaient d'une école d'ingé assez moyenne comme la mienne. Ils prenaient, la diversité était maximum, hommes, femmes, c'est énormément nationalité, etc. Et en fait, c'est super cool parce que ce driver d'urgence, à la croissance et au win, amène une population hyper diverse et variée. Et franchement, ça, c'était super cool. Je découvre un monde avec une adrénaline de malade mental. Tu arrives et puis tu as tous les accès, tu peux tout faire, etc. Et puis très vite, tu as des grosses responsabilités. Alors le truc, c'est que sur le terrain, il faut être expert pour bien réussir dans ces métiers-là. Et moi, l'expertise, ce n'est pas du tout mon truc. Donc très vite je me rends compte que je suis vraiment un zèbre au milieu des chevaux, c'est une image que j'utilise souvent, j'ai été... chelou. J'avais un profil très différent. Alors aussi pourquoi ? Parce que je pense que fondamentalement, je n'aurais pas eu mon beau-père dans ma vie, j'aurais plutôt fait une école de commerce. Donc je me retrouve avec certaines skills ou compétences qui ne sont pas du tout celles des ingés. Donc je ne suis pas bon à coder, je ne suis pas bon en expertise. Mais en revanche, quand il s'agit de mettre du leadership de l'organisation, de faire grandir les gens, ou surtout de parler à un client, là apparemment je suis assez bon. Et donc je vais avoir une trajectoire très verticale dans la structure. et tous les 2-3 ans, je vais être promu et gagner un cran. dans la hiérarchie. Ce qui va m'amener assez haut et très vite, beaucoup plus vite.

  • Speaker #1

    Ce qui ne contarnait pas, c'était quoi l'astrogé ?

  • Speaker #0

    Alors Surtout de l'avant-dernier poste où j'ai été globalement patron de toute la prod IT, de toutes les applications qui tournaient autour de la bourse de la SGIB. Et comme je disais, c'était les métiers de capitaux de la Société Générale. Et donc ça, c'était 1000 personnes entre Paris, Londres, New York, il y en avait partout dans le monde. Globalement, 50 cultures, une énorme place en Inde, etc. Donc beaucoup de cultures, beaucoup d'enjeux, etc.

  • Speaker #1

    Donc tu manages 1000 personnes ?

  • Speaker #0

    Ouais, ça j'ai découvert que c'est un vrai savoir-faire en arrivant dans le monde de l'entrepreneuriat et dans le monde des startups aussi. C'est vraiment un savoir-faire, c'est rigolo. Dans les réponses, il y a un des pratiques de management. très explicite, très claire. Tu formes. Il faut former, il faut former, il faut former au management, pour entraîner, etc. Donc voilà, ça repousse sur des gens. Voilà, t'as confiance en T-1, T-1 a confiance en N-2, etc. Et puis après, t'as du process. Alors le process, ça donne des boutons à tout le monde. Mais quand c'est des process intelligents, c'est un truc de fou, quoi. Pour le coup, tu as écrit la façon dont tu veux qu'on travaille, ou vous avez co-écrit la façon dont vous voulez travailler. et puis vous améliorez le process et puis vous le suivez.

  • Speaker #1

    Tu nous as donné un exemple de process que tu trouvais performant ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai mis plein de process dans le management, par exemple. Donc, on a écrit très clairement les one-to-one, comment ça fonctionne, les revues annuelles, comment ça fonctionne. On décrit là, par exemple, comment tu dois faire un rendez-vous avec tes clients. Voilà, les standards. Ça ne veut pas dire qu'on te demande systématiquement comment d'aller appliquer à la lettre, etc. C'est-à-dire que tu as un cadre de référence. Tu es perdu, tu sais. Voilà, globalement. On passe beaucoup de temps à écrire tout ça. Et à la SOG, il y en avait partout. Alors, ils n'étaient pas toujours intelligents. Mais au moins, tu as un cadre de fonctionnement et tu peux répliquer, tu peux ouvrir une nouvelle place, tu peux démultiplier, tu peux passer à l'échelle, etc. Ça, c'était quand même super intéressant. Donc,

  • Speaker #1

    c'est une vie où, globalement, tu avais combien de N-1 à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Alors, tu as un N-1 déjà dans tous les pays. Donc déjà, tu en as au moins 7. Et puis après, à Paris, c'est pareil, il devait y en avoir à peu près 7 aussi. Donc, tu as à peu près 14 reporting.

  • Speaker #1

    14 reporting directs ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense.

  • Speaker #1

    Ce qui est monstereux, parce que du coup, 14 reporting directs, tu leur parles toutes les semaines ?

  • Speaker #0

    Oui, forcément, tu as un board et puis après, tu es allé one to one. Donc, oui, tu passes ça. Alors moi, ma vie depuis 20 ans, c'est un agenda où tout le monde rigole quand il voit mon agenda. C'est meeting sur meeting sur meeting.

  • Speaker #1

    Oui, mais c'est épuisant en plus. Oui,

  • Speaker #0

    c'est beaucoup d'énergie.

  • Speaker #1

    C'est énorme, t'as beau aimer ça, c'est pompant de faire autant de calls, d'appels. Surtout, ce que je trouve fascinant, même sur les questions d'orgasme, c'est que je me demande comment tu fais quand t'as autant de meetings qui s'enchaînent, pour ne serait-ce faire le follow-up. Alors soit tu délègues complètement le follow-up, du coup, est-ce que c'est ce que tu fais ? Comment tu gères quand t'as autant de meetings qui s'enchaînent dans une journée parce que t'as tellement de reportings directs ?

  • Speaker #0

    Il faut être hyper efficace. Moi, à l'époque, en tout cas, société générale, il faut être clair, j'avais ma deuxième journée de travail qui commençait à 19h. Donc ça veut dire que pendant 18 ans, j'ai passé quasiment tous les soirs à reprendre avec le laptop sur mes genoux et travailler jusqu'à 22h ou 23h. Surtout qu'en plus, j'avais des équipes partout autour du monde. Comme j'expliquais, mon métier, c'était de m'assurer que tous les systèmes IT fonctionnaient jour et nuit, 24h, 24h, 7h, 7h. Ça veut dire que pendant 18 ans, j'ai été réveillé la nuit, parfois 4 à 5 fois la nuit. J'ai eu 3 25 décembre de suite où on m'a appelé à 7h du matin parce qu'il y avait un problème à Hong Kong. À 7h, je suis gentil, c'était 5h. Enfin bref, parce qu'il y avait un problème à Hong Kong et qu'il y avait un énorme problème sur l'arrêté comptable, etc. Ça, c'était ma life aussi. Et puis à l'époque, on était les accros du Blackberry. Je me souviens de passer même des soirées où on allait boire des coups jusqu'à... capadeur, mais t'es quand même sur le Blackberry en train de répondre et en train de travailler ou en train de prendre un call de crise. Tu vois, à la maternité, je me souviens que sur ma première fille, j'ai passé trois heures en conf call entre comment va mon ex-femme qui est en train d'accoucher et puis j'ai une conf de crise de l'autre côté. Tu deviens ultra multitasking. Ouais, mais...

  • Speaker #1

    T'as aimé cette balle ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai adoré ça. Ah ouais ? J'ai adoré ça.

  • Speaker #1

    Parce que c'était en fait un peu aussi l'accomplissement de tout ce que tu voulais prouver au monde.

  • Speaker #0

    Exactement, tout à fait. très tôt j'ai eu une prise de conscience je me souviens c'est au bout d'un an à la Société Générale je rentre dans cette immense hall où il y a un immense statut en forme de ballon de rugby et je me rends compte qu'en fait tout ça c'est un jeu ça c'est un truc que je partage aussi beaucoup maintenant, la vie pro si pour vous c'est dur, c'est compliqué etc, il y a une façon de le gérer qui est de se dire que c'est juste un jeu et c'est comme pour les gamers c'est comme un RPG ou je sais pas quoi en fait mettez-vous dans le costume d'un player, pour le coup. Et tu vas gagner des exp, parfois tu vas perdre des points de vie, mais tu vas gagner de l'expérience, tu vas aller récupérer des nouvelles compétences, tu vas changer de monde, tu vas évoluer, etc. Et si tu le gamifies, si ta carrière, tu la gamifies, tout à coup, tu arrives à prendre un certain détachement par rapport à ça. Et puis si tu as perdu une partie, c'est pas grave, tu reprends un crédit et puis tu joues une autre partie, tu vois. C'est pas la fin du joueur, c'est juste la fin de ta partie. dans le game. Ce truc là m'a énormément aidé et j'ai adoré jouer avec ça. Du coup c'est là aussi où j'ai compris, j'ai commencé à jouer avec les jeux politiques parce que dans ces boîtes là, les jeux politiques sont énormes et réussir à comprendre qui sont les alliances, qui sont tes alliés, qui sont tes ennemis, quelles sont les mouvances du moment, quels sont les mots du moment, sur quoi il faut être ultra pointu, à quel meeting il faut être, à quel meeting il faut pas être, etc.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est sûr, t'as raison, c'est vraiment l'archétype du jeu. C'est le film, c'est les films américains, c'est le film sur la bourse que j'adore.

  • Speaker #0

    Wall Street ? Ouais,

  • Speaker #1

    avec, je suis en train d'oublier, avec celui qui a eu un cancer de la gorge, l'acteur. Non,

  • Speaker #0

    c'est pas vrai.

  • Speaker #1

    Bon, je retrouverai après. C'est incroyable. Tu étais payé combien à ce moment-là, quand tu gères 1000 personnes ? Ah,

  • Speaker #0

    une misère. Un scandale. Non. Un scandale. Peu de temps après ça, je suis allé voir deux chasseurs de tête parce que justement, je sentais que c'était le moment de partir. Les deux chasseurs de tête ont littéralement explosé de rire quand ils ont eu mon salaire. À l'époque où je pilote 1000 personnes, je suis encore très jeune pour le coup. Et puis, j'ai eu le tort de démarrer tout de suite à la Société Générale. C'est d'un grand groupe. Le problème, c'est que même quand tu es ultra performant et j'ai toujours été super bien noté, j'ai eu que des super managers. Je dis beaucoup de bien de cette boîte parce qu'elle m'a rendu énormément de choses, mais pas beaucoup d'argent. Pour le coup, quand je pilotais 1000 personnes, j'avais déjà 15 ans d'exp et j'étais payé 75 000 euros brut annuel.

  • Speaker #1

    Du coup, c'était il y a 10 ans ?

  • Speaker #0

    J'avais déjà 15 ans d'exp, donc j'avais 38 ans.

  • Speaker #1

    Donc c'était à 7 ou 8 ans. Donc, il y avait moins d'inflation quand même, mais quand même, c'est rien du tout. Je m'attendais à 120, 130. Alors...

  • Speaker #0

    Après, j'avais un gros variable. Donc ça, c'est le problème du système du monde du trading. C'est-à-dire que ces gens-là ont pensé que... on était tous des traders et donc il devait y avoir un variable basé sur des objectifs opérationnels et évidemment que ces objectifs opérationnels n'ont pas vraiment de sens et c'est devenu très compliqué c'était complété par un très beau variable en effet mais objectivement c'était vraiment WTF en terme de fixe c'est

  • Speaker #1

    dingue, c'est fou pour le temps de travail c'est ça,

  • Speaker #0

    rapporter à l'heure, alors là pour le coup comme je disais

  • Speaker #1

    Oui, c'est un salaire d'entretien de... de ménage.

  • Speaker #0

    Je passais soirée, week-end, vacances inclus, etc. En plus, la vie personnelle,

  • Speaker #1

    on prend un énorme coup.

  • Speaker #0

    C'était extrêmement violent. En plus, un peu plus tôt dans ma carrière, on a morflé sur la crise carrielle où on s'est pris dans la gueule en 2008 parce qu'on était vraiment totalement alignés avec ce qui s'est passé. J'étais responsable avec Avec mon associé, d'ailleurs, on avait les deux équipes de support qui étaient directement alignées avec Jérôme. Et donc, Jérôme, on l'avait au téléphone, pas tous les jours, mais quasiment. Pour le coup, on allait boire des bières avec lui. Donc, on était dedans. Et quand le truc a explosé, si tu veux, pour répondre à ta question aussi, c'est assez facile de subir ou de gérer, en tout cas, cette charge de travail, ce stress et la violence aussi psychologique qu'il y a dans ce monde-là, qui est hyper forte. Tant que t'es dans un truc hyper en croissance, en fait on revient au monde des startups, on était un peu dans un monde de startups de l'époque pour le coup, on était en hyper croissance, on faisait un pognon de malade mental, on était quand même augmenté chaque année, je tiens la première année où j'ai eu un bonus je crois que c'est en 2005. Je viens de passer de contracteur à interne, je suis pas du tout éligible au truc. En fait, les gars avaient trop d'enveloppes de bonus et trop de pognon. Donc ils sont venus me voir en disant, bon franchement, t'as pas le droit normalement, mais comme t'as fait une bonne année, même si t'étais contracteur, allez, on te file un gros bonus. et c'était énorme pour l'époque. j'ai touché 8000 balles de bonus, comme ça, qui n'était pas prévu. J'étais en mode, mais what the fuck ? Bref, à l'époque, il y avait tellement d'argent, etc. Et tout le monde était dans le mood que tout ça était super accepté. Tu vois, voilà. Bref, et puis un jour, tu as un énorme éclair qui te tombe sur la gueule. la gueule, t'as un trauma colossal qui va écrouler cette banque-là, qui s'appelle Jérôme Kerviel. Et là, tout ça devient vachement plus compliqué. Alors heureusement, vu qu'il y avait cette culture de très performeur, hyper bon en gestion de crise, etc., ils ont eu l'intelligence de basculer toute cette énergie en... D'ailleurs, le projet de rémédiation s'appelait Fighting Back. Donc c'était... On a gardé cette posture de combat, non plus dans un combat pour la paix. pour la croissance, mais un combat pour la survie. Parce que ça a vraiment été le sujet. La banque est passée très très proche de mourir. Et on a combattu pour survivre. Et ça, ça a marché encore un certain nombre d'années. Puis à un moment où l'énergie quand même est redescendue. À ce point-là,

  • Speaker #1

    c'est-à-dire que les gens sont que c'est dur de capter... Parce que Kerviel, il avait fait perdre combien en fait ?

  • Speaker #0

    Alors au final, 4,8 milliards d'euros.

  • Speaker #1

    Mais c'est rien, tu vois, par rapport à... Enfin, c'est rien, non, quand même pas. 4,8 milliards.

  • Speaker #0

    4,8 milliards, c'est plus qu'une année de résultats de la Société Générale.

  • Speaker #1

    Mais c'était assez sur des milliards de trésors, tu vois, même à l'époque.

  • Speaker #0

    Ah non, pas du tout. Alors pour le coup, la capitalisation totale de la Société Générale à l'époque, c'était 35 milliards d'euros. La valeur totale du groupe, je ne parle pas de réseau, je parle de tu revends les immeubles, tu revends le fonds de commerce, tu revends tout et tu en avais pour 35 milliards. Donc quand tu en perds 5, ça pique un peu quand même. Et après, il y a quelque chose de beaucoup plus grave, c'est que derrière, il fallait 1, gérer l'impact client. parce qu'évidemment, tu as beaucoup moins envie de travailler avec la société générale à ce moment-là. Deux, on est en plein dans un cri de décès subprime. Donc, de toute façon, c'est au même moment, à six mois près.

  • Speaker #1

    Personne ne veut bosser avec les banques.

  • Speaker #0

    Plus personne, voilà. Et puis, voilà. Trois, tu as le régulateur qui arrive. On va passer notre vie avec le régulateur, la police judiciaire, etc. Les médias, tout ça, voilà. Et donc, tout ça secoué fait que les revenus sont jamais... Et la rentabilité. Oui, plus les investissements nécessaires pour couvrir toutes les failles qu'on connaissait, mais qu'on ne voulait pas traiter à l'époque parce que ce n'était pas le sujet. Là, tout à coup, ta renta, elle s'écroule totalement.

  • Speaker #1

    En fait, tu es passé d'une période où toi, jeune cadre dans Don Boy, avec des bonus à non plus pouvoir, ça bosse dans tous les pays, dans toutes les langues, avec tout le monde, la croissance de malade, pognon partout, à Jérôme Kerviel, plus personne n'a confiance, c'est la crise. La banque va peut-être crever. Donc, ils ont viré plein de gens, je suppose, à ce moment-là aussi.

  • Speaker #0

    Bien sûr, évidemment. Des prestats, mais aussi des internes, etc. Enfin oui, ça a été hyper, hyper, hyper dur. On a bossé encore plus dur, encore plus tard, encore plus fort pour moins de bonus, pour une ambiance de merde. Mais pourquoi t'es resté,

  • Speaker #1

    du coup, toi, dans une boîte Paris ?

  • Speaker #0

    Parce que j'étais dans le combat. Parce que pour moi, c'était une religion, c'était une famille. D'ailleurs, c'est encore une famille, aujourd'hui. On se voit en... encore hyper régulièrement, dans ma boîte, il y a pas mal de gens qui sortent de la Société Générale, dans mes clients, j'ai des instances de Société Générale, c'était une famille, c'était une élite de ouf, c'était, il y a un côté, d'ailleurs, il y a une des équipes, on en rigolait pas mal, mais qui avait une série de casques. de spartiate une collection de casques spartiate et c'était 300 on était on était ces par 7 l'arbre logo c'est à la vie à la mort vraiment c'était un truc de fou tu avais une trentaine d'années exactement et pas encore d'enfants quand il est car bien non je venais non je n'en jeu deux ans plus tard j'ai mis là.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Donc j'enchaîne Carviel avec ma première fille, mon oncle dont je parlais tout à l'heure. Et je venais juste avant Carviel, je vais perdre mon grand-père. Tout ça s'enchaîne hyper fort. Et donc c'est là aussi où... les armures que j'ai construites, le jeu que je jouais, etc. Tout ça va commencer à vaciller assez fort. Carviel, en gros, va me faire faire un burn-out. La crise, pas la personne. Et la crise, je vais vraiment faire un burn-out sur lequel je ne mettrai pas ce mot-là, parce qu'à l'époque, on n'en parlait pas beaucoup déjà. Je vais prendre 20 kilos. Je n'arrive plus à dormir. Je me réfugie dans la bouffe. Je n'arrive pas à gérer mon stress autrement. Et je suis à deux doigts d'exploser. Et heureusement, mon ex-femme, un jour, prend un salon et me dit, soit on parle, soit je me barre. Et on venait de se marier, je crois. On était mariés depuis moins d'un an. Donc heureusement, elle a réussi à... montre ouvrir la porte et elle me dit elle me forçait à commencer à reconnaître mes émotions et à verbaliser et bon après il y a encore pas mal de choses qui se passent avant que j'y arrive totalement mais en tout cas c'était la porte ouverte ah oui d'accord donc et

  • Speaker #1

    donc c'est là où tu as commencé ok donc ça commence à t'ouvrir tu commences à faire un travail sur toi tu commences à faire un travail de psy je suppose aussi peut-être un peu longtemps après oui tout à fait avec ce qui se passe voilà parce que vraiment des tonnes de traumas qui me dorment j'ai

  • Speaker #0

    J'ai vraiment cette chance dans la vie. Il m'est arrivé des trucs hyper durs. Ma meilleure amie meurt d'un cancer fulgurant à ce moment-là, où elle disparaît en six mois. Donc là aussi, tu es confronté. Là, j'étais confronté à la mort, mais à peu près tous les six mois, j'avais quelqu'un très proche autour de moi qui est décédé de façon totalement inattendue. Donc là, j'ai eu recours à un psy pour réussir à gérer ce truc-là. Et en plus, mes deux filles sont nées à trois ans d'écart. La première a très peu ou pas dormi pendant trois ans, parce qu'elle faisait des terrors nocturnes. donc ça veut dire deux à trois réveils par nuit plus les réveils du boulot et on a enchaîné avec la deuxième qui elle a eu un énorme problème enfin un énorme problème de santé elle est née avec ce qu'on appelle des pieds beaux donc c'est ces gens qui on les voit dans les pays sous développés vont marcher avec un pied dans le travers donc elle est née avec deux pieds comme ça pour le coup et bon alors ça a amené en plus des préoccupations parce que en général c'est un C'est un signe avancé de trisomie. quand tu as deux pieds beaux. Jusqu'à sa naissance on a cru qu'elle était trisomique. Voilà et donc quand elle est née on a eu le bonheur de découvrir que ce n'était pas du tout le cas. Et en revanche ça a généré encore trois ans où elle a eu des attelles, des plâtres jusqu'à la hanche qui généraient des blessures, des problématiques. On n'a pas pu partir en vacances, c'était voilà cinq séances de clinique par semaine et des réveils aussi là trois à cinq fois par nuit. Donc j'ai passé six ans. où en six ans, on avait compté avec mon ex-femme, on a eu onze nuits complètes. Et donc, j'avais quasiment pas de sommeil. Donc, tout ça cumulé fait qu'à un moment, j'ai eu besoin de soutien d'un psy. Oui, il y a eu quelque chose,

  • Speaker #1

    mais pas potentiellement.

  • Speaker #0

    Heureusement que je m'étais construit cette putain d'armure. C'est clair, c'est clair.

  • Speaker #1

    C'est la preuve. Ça, c'est quand même, quand j'entends ton témoignage, je me dis, effectivement, on a tellement de ressources. Puis après, quand tu vois, a fortiori... Oui. sans m'inhumider, mais tu vois, les gens qui sont passés par la Shoah, qui sont passés par des horreurs absolues dans des pays en dictature, ou qui ont été torturés, etc., ou qui se sont fait kidnapper, tu te rends compte, en fait, il y a un écart énorme entre ce que tu penses pouvoir encaisser et ce que sont vraiment tes limites, et comment ton cerveau, ton corps peut se mettre en mode survie. C'est hallucinant, tu vois, parce que là, quand tu dis ça, même 6 ans sans dormir, avec effectivement des proches qui partent et tout, c'est déjà très violent. Donc, qu'est ce qui fait du coup le déclic au moment où tu te dis bon, c'est bon, la SOG, ça suffit, il faut que j'y aille.

  • Speaker #0

    Alors déjà, j'arrive à un moment où les gens arrêtent de mourir autour de moi, où j'arrive à dormir, etc. T'as quel âge à peu près là ? Ouais, je pense que c'est autour de mes 37 ans, 38 ans. Donc, tu vois, c'est déjà quand même assez... assez avancé et des lectures, des rencontres, un certain nombre de choses, la prise de conscience aussi. Ouais, un gros problème d'alignement de valeur. Ah oui, donc mon dernier job. Donc après que je manage 1000 personnes, je reprends d'autres, une équipe un peu plus petite de 300 personnes. Mais là, je suis seul maître à bord. C'est-à-dire que là, j'ai vraiment la capacité de faire tout ce que je veux. Et là, on est dans un moment où l'agilité est un gros, gros trend. Je rencontre des gens extraordinaires dans cette équipe-là qui vont m'éveiller un certain nombre de styles de management, etc. qui à l'époque n'existaient pas trop. Donc, tu vois, c'était le tout début du servant leadership. J'écoute ce truc-là, alors là ça match à mort avec mes convictions, mes valeurs, etc. Et on va déployer un modèle organisationnel assez différent, qui est assez proche d'une entreprise libérée. Au sein donc, vous avez compris, de l'écosystème que je racontais précédemment. C'est rigolo, j'ai des gens extraordinaires en dessous, et des clients extraordinaires aussi, et des clients internes. Il va falloir que ça va cartonner. En interne, on crée un écosystème où je casse tous les niveaux hiérarchiques. Quasiment, il n'y en a plus qu'un seul parce qu'on n'avait pas trop le choix. Toutes les décisions sont prises par le terrain. On fait énormément de... L'AIG a un écosystème hyper tourné vers soi et ne partage pas du tout. Dans cette équipe-là, on va faire des talks. On faisait 35 talks par an. en externe, 35 conférences par an. J'avais 35 personnes dans mes équipes qui faisaient au moins une conf par an, en externe. Ça n'existait absolument pas à l'époque. Bref, grosse ouverture sur l'externe. modèle d'engagement interne, etc. Tout ça fonctionne à mort, sauf que en fait, c'est en lisant Reinventing Organization de Frédéric Lalou, c'est le premier bouquin que j'ai lu en sortant de l'AIG, qui m'a expliqué pourquoi... pourquoi j'avais morflé, parce qu'en fait, on avait développé un cancer au sein d'un organisme. En tout cas, on avait développé la définition du cancer, je crois. C'est une cellule qui va fonctionner très différemment par rapport au reste de l'organisme. Et il se passe quoi ? Du coup, le reste de l'organisme ne comprend pas et se met à attaquer la cellule. Et c'est vraiment ce qui s'est passé. Et comme j'avais complètement déstructuré mon organisation, le seul bouclier qui existait, c'était moi. Et je rigolais souvent en expliquant que dans la même... la même journée, c'est ce qui s'est vraiment passé. Le matin, je passe toute la matinée à discuter avec mon business de comment on peut tripler les revenus à horizon 10 ans, donc ultra stratégique. Et à midi, il y a le commercial de Nespresso qui arrive, il dit, putain, mais votre machine à café, elle est dégueulasse, c'est qui le responsable ? Et tout le monde fait, bah, c'est Emery. Donc moi, j'étais vraiment responsable de tout, tu vois, depuis la propreté de la machine à laver, à café, jusqu'au plan stratégique à 10 ans de comment on fait x2. Bref, donc je faisais déjà de l'entrepreneuriat, mais je ne le savais pas. Et donc, à ce moment-là, à ce moment-là, il y a une énorme agression politique de l'écosystème sur moi, enfin sur mes équipes.

  • Speaker #1

    Tu veux dire en gros de la hiérarchie de Société Générale ? Ouais,

  • Speaker #0

    et pas forcément que en haut, c'est aussi les équipes d'à côté qui n'aiment pas ce que je fais parce que du coup mes clients sont hyper contents, ça cartonne, etc.

  • Speaker #1

    La jalousie quoi.

  • Speaker #0

    Bah oui, et tous les collabs des autres équipes qui voient comment c'est chez moi, ils veulent venir, du coup je deviens le mec qui débauche tout le monde, enfin en tout cas c'est la réplique que j'ai. Les RH qui ne comprennent pas trop les process chez moi, comment ça se fait que maintenant les bonus, etc. Les gens commencent à avoir le droit de dire ce qu'ils veulent, etc. Donc le truc, voilà. écosystème merveilleux, on construit un truc de fou, mais à un moment, la pression est hyper forte, depuis que j'en ai marre, ça fait 18 ans que je suis dans ce groupe-là, donc je dis, ok, j'ai atteint un peu mon paroxysme, j'ai envie d'aller faire quelque chose ailleurs, et c'est là où, du coup, il y a Marjan, ma futaire associée, qui passe par là, et qui me dit, viens, on va créer une ESN. Une ESN différente. Est-ce qu'on va vraiment faire ça ?

  • Speaker #1

    Ou pas ? Ok, donc là, c'est le début d'Alenia Consulting, dont tu tires, effectivement, Pas mal de principes, je suppose, de cette expérience à la Société Générale où tu as pu un peu développer l'entreprise libérée, le management horizontal, créer cette espèce de cancer positif, cette bullnourse un peu dans le business. C'est quoi, pour décrire aux gens qui nous écoutent, les trois ou quatre points saillants de la culture d'Alenia qui sont remarquables, qui sont particuliers, qui te rendent fier ?

  • Speaker #0

    Vous aurez compris, du coup, j'espère que moi, mon besoin en sortant de la Société Générale, c'était de redevenir moi-même. Et j'avais envie de créer un écosystème sur lequel tout le monde pourrait vraiment être soi-même. C'est un truc super bateau et standard, mais en fait, j'avais envie de poser l'armure. En fait, on dit souvent à Chaliniac, on essaie de réaligner le moi pro et le moi perso. Donc ça fait un peu... C'est un peu psy. Il y a quelque chose comme ça. Pourquoi qui a décidé que du lundi au vendredi, de 9h à 17h, on devait être quelqu'un de différent ? D'où vient ce fucking truc ? Qui a dit ça ? Et pourquoi ? Et en quoi ça nous rend plus performants et, je sais pas, plus opérants ? Non. Jamais. On peut jamais être aussi performant que quand on est vraiment soi-même. Ok, let's go, let's do it. Essayons, testons ce truc-là. Donc on l'a testé. On est allé super loin. Ça, ça veut dire aussi accepter plein de choses qu'on n'accepte pas normalement dans le monde pro. Dans le monde pro, tu n'as pas le droit de pleurer. Tu n'as pas le droit d'être triste. Ça va ? Ça va ? C'était bien hier ? Ouais, super. Bon, ok. Et ton week-end ? Super, franchement, on a joué au foot. C'est cool. T'as pas le droit d'être en colère, ça aussi, c'est rigolo. C'est d'ailleurs une émotion qui est ultra bannie.

  • Speaker #1

    Ah ouais, dans le monde du travail, moi ça m'énerve, pour le coup.

  • Speaker #0

    Incroyable.

  • Speaker #1

    Le fait de ne pas pouvoir exprimer des couilles.

  • Speaker #0

    La colère, c'est très violent d'ailleurs. C'est une émotion qu'on ne reconnaît pas et qui est inacceptable dans le monde professionnel. Désolé, je suis humain. Désolé, il y a des moments où je suis en colère, des moments où je suis triste. il y a des moments où je ne vais pas être en forme, il y a des moments où je vais être down. Je ne vois pas en quoi j'ai besoin de porter des masques ou de ne plus être moi-même à ce moment-là. Non. Donc j'ai décidé qu'entre 8h59 et 9h01, je vais rester la même personne et je ne vais pas tout à coup mettre des masques et une armure. Ça semble super théorique. Si je donne un petit peu de concret, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que déjà, typiquement, on s'autorise tous à vivre toutes nos émotions dans le travail. Donc ça veut dire que les trois associés de la boîte, ils ont régulièrement fondu en larmes devant tout le monde. C'est super ok. Voilà. C'est hyper ok.

  • Speaker #1

    Mais à quelle occasion ? Parce qu'on pourrait très torquer quand même. Comment dirais-je que... Même parfois, tu vois, l'environnement de travail est une safe place parce que justement, il y a une protection vis-à-vis d'émotions qui pourraient être trop fortes. Il y a plein de gens qui préfèrent dans le travail avoir cette espèce de costume qui leur permet de s'accomplir intellectuellement, de se challenger, de grandir, mais qui n'est pas forcément la même chose que ce que tu peux vivre dans la vie perso. Pas soit parce qu'ils ont une vie personnelle qui peut être difficile, bouleversante, ou soit parce que tout simplement, ils ont décidé que c'était comme ça et c'est mieux. tu vois donc C'est quoi le... En fait, ce que toi, tu dis, c'est que si ça doit sortir, ça sort, quoi. C'est autorisé.

  • Speaker #0

    Tout à fait,

  • Speaker #1

    c'est hyper ok. C'est autorisé ou c'est encouragé ?

  • Speaker #0

    C'est encouragé. Ouais, c'est encouragé. Pour le coup, c'est encouragé. Ouais, c'est encouragé. Parce qu'en fait, de toute façon, sinon, ça ressortira autrement. Ça peut ressortir avec de la sous-performance. Ça peut ressortir avec je vais m'exclure. Peut-être qu'à un moment, ça va ressortir en mode je suis tellement pas bien qu'il faut que je... change de boîte. Et alors, je vais te dire, c'est un truc magique, magnifique, et je n'ai pas à m'en étirer particulièrement, mais on est tellement peu à faire ça, qu'une fois que tu t'es habitué à ça, c'est presque un piège. C'est-à-dire que moi, je ne peux plus rebosser dans un environnement sur lequel je remettrais une armure. Voilà. Et c'est le cas, je pense, de pas mal de mes collabs, pour le coup.

  • Speaker #1

    C'est pas un argument de rétention.

  • Speaker #0

    De rétention, mais de fou. D'ailleurs, j'ai envie qu'il y ait plein d'autres boîtes qui fassent ça. Parce que même pour mes collabs, ils ont le droit un jour de dire que leur aventure prochaine, et il y en a qui le font, c'est plus Alenia. Et j'ai envie qu'ils retrouvent ailleurs des écosystèmes qui sont OK avec ça. Parce qu'en revanche, redevenir soi-même, pour après reporter des armures, ça va être une violence infâme. Moi, je vois pas en quoi ça diminue ma performance. de pleurer, d'être en colère à un moment ou quoi que ce soit. Au contraire, je pense que si on prend l'émotion qu'est la colère, sur laquelle je peux comprendre qu'il y ait beaucoup plus de débats, c'est un peu plus compliqué que la tristesse à la limite. D'abord, le premier truc sur lequel on essaie de travailler avec nos collabs, c'est d'identifier et de verbaliser sur les émotions, de reconnaître ces émotions. et de le verbaliser. À partir du moment où déjà tu vas dire « je suis en colère » , c'est un truc totalement magique qui va quasiment te faire basculer dans une autre émotion. Si déjà tu la reconnais et en plus tu la partages, tu la verbalises, donc tu lui donnes une certaine légitimité, ça va déjà adoucir le truc énormément. Et d'ailleurs, tu vas pouvoir basculer de l'émotion au raisonnement. Tu vas déjà pouvoir aller chercher le « ben pourquoi ? » D'accord ? Et ça aussi, c'est un de nos problèmes. C'est-à-dire qu'on parle rarement de l'origine. On va rarement tirer le fil. Déjà, donc, un, ah, je ressens ça. OK ? Et maintenant, pourquoi ? OK ? Et après, peut-être le comment ou comment j'ai... j'évolue, comment j'avance, etc.

  • Speaker #1

    C'est vrai que Chris Voss, qui est le fameux négociateur du GIGN, il dit que nommer la colère fait redescendre, enfin nommer une émotion la fait redescendre immédiatement. Et par contre, il faut faire attention parce que ça, moi, j'ai fini par le comprendre. Si tu dis à quelqu'un j'ai l'impression que tu es en colère, ça peut l'énerver beaucoup plus. En fait, il faut dire j'entends dans tes propos de la colère et du coup, il faut bien distinguer la personne du propos parce que sinon, tu le colle une étiquette qui est d'ailleurs peut-être même pas son émotion ou alors en tout cas qui va le contraindre dans son truc. Donc il faut faire attention à l'annonce.

  • Speaker #0

    Tu as raison parce que c'est très différent de verbaliser ses propres émotions ou d'aller interpréter les émotions de la personne en face. Là, on est sur quelque chose de très différent. Je dis souvent à mes collabs il y a une vérité absolue, c'est ce que vous vous ressentez. Ça, c'est une réalité. Et je ne peux pas la changer. Si tu me dis que tu ressens quelque chose, je peux pas te dire c'est pas vrai non qui je suis pour te dire ce que toi tu ressens à l'inter de toi donc c'est une réalité c'est une vérité donc après je ne peux pas interpréter justement moi comment tu te sens donc je peux te dire mathieu moi ce que je ressens quand tu dis ça je ressens de la colère toi qu'est ce que tu ressens fait pour le coup Là-dessus, c'est un dialogue. C'est intéressant. Le problème de la colère, si on revient là-dessus, ce n'est pas tant l'émotion en elle-même. C'est la façon dont on va la verbaliser, la façon dont on va réagir face à cette émotion. Et c'est vrai que c'est une émotion qui en elle-même amène plus de violence potentielle que d'autres émotions. C'est vrai. Encore une fois, un, si tu la verbalises, ça réduit. Et puis deux, après, comment tu vas gérer cette violence-là ? on peut en parler en entreprise aussi. On fait quoi si on ressent de la colère ?

  • Speaker #1

    Tu as un exemple concret, par exemple, de quelqu'un qui était en colère récemment, ou toi ou quelqu'un d'autre, et comment tu l'as géré ?

  • Speaker #0

    Alors, je peux te dire que moi, je l'ai mal géré il y a encore 2-3 ans. Il y a 2-3 ans, j'étais pourtant en plein dans ce voyage émotionnel, etc. Une situation qui m'a vraiment mis en colère fort. Et j'ai tapé tellement fort sur la table que globalement, j'ai dû aller à l'hôpital pour vérifier que je ne m'étais pas cassé un os donc voilà c'est un truc qui m'a animé quand même pas mal dans mon enfance on rigole beaucoup parce que un jour mon petit frère m'a tellement énervé j'avais déjà 18 ans j'ai défoncé une porte avec mon poing dans la maison de vacances la fameuse maison de vacances à l'île de l'Eran il y avait une porte avec un trou au milieu parce que j'avais passé mon poing à travers tellement il m'avait énervé dans The Office avec Andy qui tape dans le mur Ouais,

  • Speaker #1

    on voit bien. Un petit peu du Hunger Man. je m'arrête après.

  • Speaker #0

    Voilà, bon, ça, c'est la façon dont il ne faut pas faire. Parce que voilà, ce qui est intéressant, en revanche, c'est d'aller chercher l'origine. C'est quoi la blessure ? Qu'est-ce qui fait que cette situation t'a mis autant en colère ? Qu'est-ce qui fait que ça t'a basculé en zone rouge ? Je vais te donner, je ne sais pas si ça va totalement répondre à la question, mais maintenant comment on va gérer un peu différemment en tout cas. Et ça c'est, je vais partager un truc qu'on fait systématiquement dans tous nos one-to-one. On démoire nos one-to-one ou le manager va commencer par verbaliser son état émotionnel du moment. un tout petit peu gamifié le truc, on a dans le fichier de suivi, tu as toutes les émotions un peu en mode emoji. Et donc, on va aller cocher les différentes émotions dans lesquelles tu es. Et état émotionnel. Donc, je peux être typiquement en colère, fatigué, saoulé, je ne sais pas quoi. Et je coche ces trucs-là. Et le manager, lui aussi, juste après, va verbaliser son état émotionnel. Ça, ça aide énormément parce qu'encore une fois, déjà, les deux parties... vont donner finalement les règles du jeu. Ça, c'est méga intéressant. Et en fait, tu vas gérer ton one-to-one de façon hyper différente en fonction de l'état émotionnel du manager et du manager.

  • Speaker #1

    La question qui me vient immédiatement, et je pense que des dirigeants ou des managers qui nous écoutent vont te dire tout de suite, mais comment ça ne part pas en cacahuète, ce truc-là, et ça ne se transforme pas en le café du commerce où Jacqueline raconte ses penches sur... les problèmes de son chien qui a mal aux dents, son mari qui l'a emmerdé, et je ne sais pas quoi. Et l'autre qui lui raconte qu'en fait, ça le met en colère parce qu'il n'en a rien à foutre. Tu vois ? Comment tu fais pour rester pro, en fait ? Pour avancer, tout simplement, sur les sujets.

  • Speaker #0

    Alors, ce qui est aussi super important, on va insister là-dessus, c'est le sous-jacent de tout ça, on est dans une entreprise et qui a besoin d'être performante. D'accord ? C'est con, j'ai mis du temps à le comprendre ce truc-là. Parce que pour moi, ce que je voulais, c'était un lieu... C'était quasiment... Tu voulais te préparer en fait aussi. Ouais, déjà, complètement. Et puis je voulais un hébergement, je voulais réparer les gens.

  • Speaker #1

    Tu voulais réparer les gens.

  • Speaker #0

    et je vais créer une SPA C'est super la SPA, mais sa base, j'imagine, je crois que c'est un statut d'association. Donc, il faut qu'il y ait des gens qui donnent de l'argent pour que ça fonctionne. Ce n'est pas le principe de l'entreprise. Donc, le sous-jacent de l'entreprise...

  • Speaker #1

    Même la SPA, sous-dit en passant, elle doit réparer les animaux. Donc, il faut qu'il y ait un objectif de performance aussi.

  • Speaker #0

    Donc, tout ça, le sous-jacent, on n'est pas une œuvre caritative. Il faut qui est de la performance. Après, c'est marrant parce que la façon dont toi tu réagis là-dessus, et c'est le cas de plein de gens en effet, tu vas aller voir déjà des cas extrêmes. Et en plus, c'est des gens qui ont accumulé tellement d'émotions non partagées qui vont, quand ils vont ouvrir... Le coffre, ça va être un déversement. Et en effet, chez nous, on a en effet les six premiers mois où tu embarques dans la boîte, on constate souvent en effet des gens qui ont un trop-plein d'émotions, de vécu, etc., qui vont avoir besoin. Et puis, mais très vite, ça se normalise. Les gens n'ont pas tous les jours envie de te raconter leur enfance, leur trauma, etc. Maintenant, on a appris à se connaître, on a confiance, on a la même vision, on a envie d'être performant. Donc, c'est important que tu saches qu'en ce moment, je suis fatigué parce que mes gamins, ils dorment. mais pas que je suis en colère parce que telle situation, je l'avais vu venir, je n'ai pas réussi à la gérer. Donc, j'ai une grosse frustration par rapport à ça. Mais fondamentalement, on est dans la même boîte, on a envie d'y aller. J'ai envie de réussir, j'ai envie de grandir dans ma carrière. Donc maintenant, aide-moi et aidons-nous à réussir. Et franchement, je n'ai jamais ça, pour le moment. Je n'ai jamais ça.

  • Speaker #1

    Ok, donc le fait de désamorcer ne pollue pas la discussion business, selon toi ?

  • Speaker #0

    Absolument pas.

  • Speaker #1

    C'est intéressant. Je me fais l'incarnation des objections que n'importe quel manager ou dirigeant d'entreprise va se faire. Je pense que c'est la peur qu'ils ont. Je pense que si on a transformé le monde professionnel en masque, c'est pour être efficace. C'est parce qu'on pense en tout cas que c'est ça qui va rendre les gens efficaces.

  • Speaker #0

    Ouais, alors pour le coup, on vient aussi au principe de brutal honesty. Voilà, et c'est quelque chose que j'aime.

  • Speaker #1

    Radical Condor, tu veux dire ? Ouais,

  • Speaker #0

    de Radical Condor, exactement. C'est un super bouquin. Ouais, c'est vraiment génial. Et ça, ça va avec, en fait. Encore une fois, pour moi, on n'est jamais autant... performant qu'au moment où on est en totale transparence et en totale vérité et honnêteté. Pour ça il faut se dire les choses. Donc ça c'est typiquement un sujet que j'ai eu il n'y a pas si longtemps aussi dans la boîte c'est on m'a dit non non mais je peux pas lui faire tel feedback d'amélioration, parce que tu comprends, on est quand même dans une boîte bienveillante. Mais à quel moment on a dit que la bienveillance, c'est pas dire la vérité ? Jamais. Justement, au contraire. La bienveillance, c'est d'abord se dire les choses, et les choses qui piquent. Parce que, un, si moi je le pense, peut-être que d'autres le pensent. Deux, la bienveillance, c'est vouloir le bien pour la personne en face, et le bien, c'est l'aider à s'améliorer. Puis en plus, c'est ta vérité à toi. peut-être que ça va y avoir à la personne en face elle est différente mettons les choses sur le papier soyons objectifs partageons truc soyons regardons dans la même direction et tout de suite on va voir que évidemment la haute poutre ce sera encore quelque chose de différent que ce que moi je pense est ce que toi tu penses ce que tu vois et oui on va construire on va avancer la bienveillance elle commence par la performance Et surtout, disons-nous la vérité. Et cette vérité, elle est objective et elle est aussi émotionnelle.

  • Speaker #1

    Ok. Ok, c'est intéressant. En tout cas, il y a deux points saillants qui sont la capacité à poser les émotions pour désamorcer et pour rendre la condition de travail beaucoup plus agréable et du coup, une finie à la performance meilleure. le fait de faire des feedbacks. Est-ce qu'il y a autre chose chez Alenia qui...

  • Speaker #0

    Beaucoup de rétro. On adore la rétro, pour le coup. Les rétro ? Oui, les rétro, c'est une cérémonie qui vient... Tu fais gaffe,

  • Speaker #1

    parce que tu nous emploies un nombre de buzzwords.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Vous allez, c'est mon monde. La rétro, c'est une cérémonie qui vient du monde de l'agilité et qui fait qu'à la fin d'un cycle... où on a travaillé à développer des trucs, on va regarder dans le rétroviseur, simplement. Et on va regarder, donc c'est là, on va regarder qu'est-ce qu'on aurait pu faire mieux, qu'est-ce qu'on a bien fait, qu'est-ce qu'on doit changer, qu'est-ce qu'on doit arrêter, etc. Et puis, nous, on rajoute toute cette couche d'état émotionnel. On va discuter aussi, ok, au bout de ces deux semaines, par exemple, typiquement, dans quel état émotionnel j'ai été, dans quel état émotionnel je termine. Et ce truc-là aide aussi vachement à ancrer un truc, à amener amener un dialogue, etc. Et là où c'est rigolo, c'est qu'on fait ça en interne, et puis en fait, on a commencé il y a quelques années à faire ça avec les clients. Là, c'est super intéressant parce que tu amènes le sujet de l'intelligence émotionnelle chez ton client. Nos clients, je rappelle, c'est des grandes banques, des grosses boîtes dans l'énergie, de l'assurance, etc. Des gens plutôt en costard, qui ont un certain âge, qui ont payé cher pour avoir des consultants chez eux, etc. Donc on va dire que c'est pas un environnement super favorable. Donc la première fois que tu fais ça avec eux, ils voient bien Heu... ce qu'on fait, etc. Ils nous trouvent assez sympas, etc. Et on leur demande, à toi, Philippe, ce vendredi après-midi, après ces deux semaines, t'es dans quel état émotionnel, toi ? T'es comment ? Tu te sens comment ? La première fois, ils vont te dire, ouais, ça va, ça va, tout va bien. Et en fait, première fois, deuxième fois, troisième fois, parce qu'ils vont voir que nous, en revanche, on va être beaucoup plus ouverts, etc. Et tout à coup, tu vas avoir des clients qui vont se livrer totalement sur leur état émotionnel. Et tu vas connecter à un niveau incroyable. et donc tu vas te mettre à pleurer des vendredis après-midi soit en physique, soit dans des teams, avec tes clients ah oui je te parle de choses qui arrivent régulièrement en rétro en rétro

  • Speaker #1

    fait le récap de ce que vous avez fait ensemble.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Et je vais vous parler de tout,

  • Speaker #1

    sauf de boulot, en fait.

  • Speaker #0

    Alors, le sous-jacent, c'est toujours le boulot. Et tu vas, si, tu vas quand même, en plus, tu vas être orienté sur les actions d'amélioration, etc. Mais on va vraiment passer, tu vois, ces rétros, elles peuvent prendre facilement deux heures. Et sur les deux heures, tu vas vraiment commencer par une grosse demi-heure sur laquelle on va parler de l'état émotionnel. Et ce qui est, évidemment, ton état émotionnel, il n'est pas le résultat juste du projet sur lequel tu bosses ensemble. et le résultat de ta relation ici avec ton boss c'est de la relation avec ton boss avec tes pères, à la maison, avec ta femme, avec tes enfants, etc. Donc en fait, t'emmènes les gens, avec ce truc-là, t'emmènes aussi les gens sur la réunification du mois pro et du mois perso, et tu vas connecter avec la personne, donc ça crée une connexion incroyable pour le groupe.

  • Speaker #1

    C'est dingue de se dire que tes clients vont pleurer. Alors moi, du coup, j'ai eu la chance d'avoir ça. La chance. C'est bizarre, on est réunis de secte aussi, mais le club bootstrap, c'était ça. On a vécu quand même des bonnes soirées, les deux, avec plein d'autres gens parce que c'est un cadre d'entraide pour des entrepreneurs donc c'est un moment où notamment en séminaire on part trois jours dans la forêt quelque part loin de Paris où tout le monde vient justement prendre du recul vider son sac être soi-même poser la carapace du dirigeant donc il y a évidemment plein de moments extrêmement authentiques extrêmement touchants donc les larmes font partie de cet épisode mais en fait il faut imaginer cette épreuve-là il faut pas la croire dans un poète haïti en fait il faut garder

  • Speaker #0

    cet état-là, état d'esprit, état émotionnel tout le temps. Pourquoi tu reviens du séminaire Boss Rap et pourquoi tu remets la carapace et l'armure ? Et d'ailleurs, c'est quelque chose qui m'a frappé encore sur le dernier séminaire. Le nombre d'entrepreneurs autour de moi qui sont dans des thématiques de comment je pourrais être un peu plus moi-même dans ma boîte. Les gars, c'est les patrons. Et ils n'arrivent pas à être eux-mêmes dans leur boîte. Et c'est dur. C'est absolument pas un repatch. Vu tout ce que j'ai vécu avant, je ne saurais pas le placer. Mais je suis en empathie hyper forte avec eux. Parce que c'est... Déjà, le job d'entrepreneur, il est méga hardcore. Si en plus, on doit endorser tout ça avec... Avec de l'armure, le sourire forcé, etc. Putain, non.

  • Speaker #1

    C'est marrant parce que pour le coup, dans l'épisode que j'ai fait avec Wilfried, qui est un des premiers que j'ai tourné, de Super Prof, lui, quand je lui ai demandé est-ce que tu préfères être un leader empathique, authentique et du coup aimé de tous ou justement au contraire, être un leader qui incarne la force, la puissance, qui porte un masque. Lui m'a répondu que... et qui n'émet pas de doute, il m'a dit moi jamais je n'exprime de doute jamais, jamais, jamais je suis Gengis Khan qui part à la guerre parce qu'en plus lui il va conquérir la Chine en ce moment racheter des boîtes en Chine et tout jamais de sa vie il accepte de montrer ses vulnérabilités à son équipe c'est mort quoi j'adore l'épisode,

  • Speaker #0

    franchement il est super cool cool et coucou Wilfrid connaissant Wilfrid j'ai mis un doute quand même je pense qu'il a une grosse part de lui-même dans son quotidien avec sa boîte moi, soyons clairs je suis un putain de conquérant mes associés aussi on a déjà une histoire assez incroyable et unique tu fais pas 25 millions en 6 ans sans ça et puis j'ai faim on va bouffer le monde, c'est vénère aussi mais en revanche pourquoi je vais bouffer le monde euh c'est quoi l'ambition, etc. Moi, pourquoi j'ai envie de bouffer le monde, c'est qu'il y a aussi un truc où j'ai envie d'offrir cette expérience incroyable à un maximum de collaborateurs, à un maximum de clients. Je pense qu'ils le méritent. Et ce que je disais, d'ailleurs, j'engage aussi les gens autour de moi, mes compétiteurs, à faire la même chose. Faites ça. C'est ouf. C'est incroyable. C'est un putain de kiff de malade mental. Et en plus, il y a de l'espace. Tout le monde, fondamentalement, veut ça. Voilà. Même les achats. donc

  • Speaker #1

    partout dans le monde mais donc du coup toi régulièrement notamment en all-ins par exemple donc face à toute ton équipe tu es capable de dire j'ai des doutes ça me fait peur tout le temps la vulnérabilité c'est un super pouvoir c'est un putain de super pouvoir c'est incroyable et

  • Speaker #0

    pourquoi aussi parce que les gens quand je les regarde ils savent que je dis la vérité il y a un moment et pareil à mes clients quand je leur dis je sais confiance, que je leur dis je ne sais pas, ils ont confiance. Quand je leur dis, franchement, je ne suis pas sûr, mais viens, on va le faire ensemble. Ils ont confiance et ils ont envie d'y aller. Ils ont été bullshittés pendant tellement longtemps. On a tous bullshitté. On s'est tous fait bullshitter pendant tellement longtemps que le discours de vérité, on est prêt à l'entendre totalement. C'est même super rassurant. Au fond de toi, tu es super rassuré.

  • Speaker #1

    Et je pense que, pour avoir vécu un peu ce sujet-là aussi, je trouve que la vulnérabilité, ce n'est pas moi qui vais te contredire. ou l'authenticité, que tu vas dire le contraire, parce que vraiment, ça a été aussi ma quête d'accepter qui je suis, mes démons, mes faiblesses, mes peurs, de les partager, tu vois, de plus en plus, même, j'ai fait devant mes partenaires d'entrepreneurs, mon papa et les CD, tu vois, j'ai essayé d'être le plus authentique possible, parce que je crois, comme toi, à pouvoir de la vulnérabilité, d'abord d'un point de vue égoïste, pour soi, parce que ça fait du bien, parce que ça permet de créer des relations plus authentiques, et plus fortes, in fine, qui t'amènent beaucoup plus de choses dans la vie. Néanmoins, Dans le rôle du leader, je trouve que c'est essentiel de la doubler d'une vision claire.

  • Speaker #0

    Complètement. Complètement, totalement. Ça, ça marche exactement. D'ailleurs, ta faiblesse du moment, à partir du moment où elle s'inscrit dans une trajectoire qui a été prouvée, etc. Et une vision qui va être claire, là, c'est très différent. Personne ne va croire qu'une entreprise, c'est une route lisse, c'est une autoroute qui vient d'être mise à neuf. Personne ne croit à ça. on sait tous que c'est un peu compliqué compliqué, y compris les collabs. En revanche, si derrière toi, t'as prouvé que t'y es arrivé et tu sais à 10 ans où est-ce qu'on va aller, si aujourd'hui t'es pas bien et t'es triste et t'es un peu so-so, c'est OK. Après, moi, j'ai la chance aussi, on est trois associés. Ça aussi, ça aide. Pour le coup, ça veut dire qu'on n'est pas tous les trois down au même moment, on n'a pas des problèmes, etc. Et après, je ne suis pas comme, je pense que John dans sa boîte, un niveau de transparence qui est encore beaucoup plus fort que le mien. ... Et donc, je ne prône pas non plus la transparence totale à tout le monde.

  • Speaker #1

    Sur quoi, par exemple ?

  • Speaker #0

    Par exemple, les grilles de salaire, pour moi, c'est un vrai sujet. Dans mon référentiel, dans mes valeurs, je ne peux pas avoir de grilles de valeurs qui sont... sont totalement publiques. Parce qu'il y a trop de complexité, il y a un historique des gens, il y a des raisons pour lesquelles il va y avoir des variables. Franchement, je les assume, je les regarde tous les jours, etc. Je sais expliquer ça et ça au cas par cas. Mais si j'ouvre la boîte demain à 250 collaborateurs... Je vais passer un an à expliquer, à discuter de pourquoi ce chiffre-là, il est comme ça, etc.

  • Speaker #1

    Pourquoi tu as payé plus que l'autre ? Exactement.

  • Speaker #0

    Et parfois, il y a des gens qui ne sont pas encore payés, ce qui devrait être. Ils sont dans une trajectoire, on a déjà bien commencé à les augmenter. Et ça va prendre du temps. Parfois, il y a des gens aussi, peut-être qu'ils nous ont quittés depuis, mais on les avait embauchés trop cher. Ça peut arriver, on n'est pas omniscient. Parfois, on fait de la merde. Donc, ça, c'est un sujet sur lequel ce n'est pas évident. Il y a d'autres sujets sur lesquels la transparence absolue est complexe. Il peut y avoir des sujets légaux, il peut y avoir des sujets politiques, il peut y avoir des sujets aussi sur lesquels des problématiques interpersonnelles, ça ne mérite pas forcément à ce que tout le monde soit au courant.

  • Speaker #1

    Alors justement, par exemple, c'est la question que j'allais te poser, c'est les deux dernières questions de ce podcast qu'on arrive à la fin. Comment tu vires les gens ?

  • Speaker #0

    Ah oui, alors ça c'est un vrai fucking sujet.

  • Speaker #1

    Vire-moi, imagine.

  • Speaker #0

    Dans mon monde de oui-oui que j'avais essayé de construire, ça m'amenait quand même des grosses problématiques. Pour le coup, la sous-performance. le client très complexe les gens malheureux et c'est à cause du boulot voire même les burn out d'un tout ça moi ça m'a confronté à des énormes problématiques c'est mon associé marjan qui m'a pas mal aidé là-dessus en expliquant que finalement, déjà, un, tout ça, comme je disais, ne peut fonctionner que si on est performant économiquement. D'accord ? Donc, moi qui étais dans un truc où non, mais l'argent, c'est secondaire, etc. C'est vrai, mais sauf que si à un moment tu gagnes plus de l'argent, tu n'existes plus. Donc, ton monde de oui-oui, il n'est plus financier, il n'existe plus. D'accord ? Donc, voilà. Bon, bah, déjà, il faut être performant. Ok, on revient à ça. Ensuite, on a un monde merveilleux. mais qui ne convient pas à tout le monde. Et il ne convient pas à tout le monde en termes de valeur, d'écosystème, etc. Donc ça, je l'ai accepté assez vite, finalement, pour le coup. On a même une histoire, on a failli avoir un quatrième associé qui a démarré chez nous, qu'on a présenté. comme tout le monde, comme un 4ème associé. Et puis il a clairement eu, il a verbalisé explicitement des alignements de valeur ce qui fait que du coup, assez vite, tout de suite, on a dû s'en séparer. Et donc là du coup, nos équipes ont vu qu'on était sérieux sur le fait qu'on était une boîte drivée par les... valeur et donc pour revenir si on doit virer quelqu'un ben en fait là on revient sur l'honnêteté la transparence c'est le pourquoi si on doit te virer c'est parce qu'il n'est pas le bon véhicule pour toi pour ta carrière pour ton futur si on n'est pas le bon écosystème c'est pas parce que t'es pas là une bonne personne c'est pas parce que tu es pas performant probablement c'est juste qu'on n'est pas le bon bateau dans lequel tu vas faire ton prochain bout de chemin où tu vas être être super performant. Et ce qui ne veut pas dire que je ne suis pas... de la peine, ça veut pas dire que je suis pas triste de te voir partir de devoir même t'annoncer ça pour le coup on va essayer de gérer ça ensemble on va t'accompagner etc on va être en empathie totale mais en revanche c'est la meilleure décision pour toi et à partir du moment où je suis certain que c'est la meilleure décision pour toi là je redeviens super aligné avec mes valeurs et les droits dans mes bottes et c'est ok, je pense vraiment fondamentalement que c'est la meilleure décision pour toi, c'est aussi la meilleure décision pour nous mais en fait l'un va passer en l'autre ok,

  • Speaker #1

    ok, écoute je veux bien me faire virer par toi j'accepte Au revoir. Ok, écoute, peut-être dernière question sur laquelle j'aimerais... C'est quoi l'habitude dans ton quotidien qui transforme le plus ta vie ou qui a le plus d'impact sur ta vie ?

  • Speaker #0

    C'est génial, prise de conscience il y a quelques semaines. Il y a un an, je me suis mis à pratiquer une sous-catégorie de la méditation qui est la visualisation. ça fait un an et ce truc là à changer ma vie.

  • Speaker #1

    La visualisation ?

  • Speaker #0

    La visualisation. Donc, alors moi, et je pratique un sous-type de visualisation. Voilà, donc vous pouvez me pinguer, je vous enverrai ma playlist YouTube gratuite sur le sujet. Et donc, la visualisation, c'est tous les matins, dans ma bagnole ou posée sur ma terrasse ou je ne sais pas quoi, je vais répéter pendant 15 minutes des phrases positives, de visualisations positives. C'est très drôle, parce que c'est ce que faisaient un certain nombre d'Amériques dans les années 70 avec leurs cassettes dans leur voiture dans les embouteillages pas je suis la même chose voilà alors oui non ça va tourner plutôt autour de J'ai une gratitude immense pour l'environnement qui m'entoure, pour les gens avec qui je travaille. pour les gens avec qui je vis. J'ai confiance en mon corps qui me soutient au quotidien. Voilà, donc c'est des phrases de renforcement positif. Ce truc-là peut sembler complètement bullshit, gourou, tout ce que tu veux. Il y a des études hyper sérieuses qui expliquent que globalement, tu vas créer des connexions synaptiques qui vont faire qu'à force de les répéter, en fait, ton cerveau va décider que c'est une autoroute qui va conduire de... Voilà, j'ai confiance en moi. Si tous les matins, je répète que j'ai confiance en moi, il y a une autre dans ton cerveau qui se crée. Et la route qui va être vers j'ai pas confiance en moi, j'ai peur, elle sera beaucoup plus longue à apprendre. Ça sera une vieille départementale. Alors que la route j'ai confiance en moi, ça sera une autoroute. Les connexions synaptiques. Et ce truc-là, en un an, a totalement changé ma vie.

  • Speaker #1

    On va terminer là-dessus. Je vais me mettre à faire ça.

  • Speaker #0

    15 minutes par jour.

  • Speaker #1

    Merci Emery. Merci beaucoup pour ton honnêteté. Merci. Voilà, ta justesse.

  • Speaker #0

    Merci Matt.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté cet épisode de A Poil et sans filet. Si vous avez aimé, n'hésitez pas à nous mettre 5 sur 5 sur la plateforme de votre choix, parce que ça nous aide énormément à faire grandir le format. Il est retrouvable sur Deezer, sur Apple, sur Spotify, sur Youtube en vidéo si vous avez envie aussi. Donc n'hésitez pas à partager, à nous mettre 5 sur 5, ça nous aide, et surtout, à très bientôt pour le prochain épisode.

Chapters

  • Intro

    00:00

  • J’ai attendu 40 ans pour commencer à vivre au présent

    01:32

  • Effacer une enfance difficile par une armure

    08:56

  • Prendre conscience de l’anormal

    17:23

  • On n’est jamais autant puissant que lorsqu’on est soi-même

    22:23

  • « Je n’ai rencontré aucun être humain qui n’aime pas la transparence »

    26:24

  • Il faut dire "je ne sais pas faire" à ses clients

    31:34

  • ESN : comment manager des gens que tu ne vois pas ?

    35:00

  • 18 ans à la Société Générale : quelles séquelles ?

    45:53

  • Peut-on (vraiment) manager 1000 personnes ?

    48:21

  • « La vie pro, voyez-la comme un jeu »

    52:30

  • L’affaire Kerviel : vivre la crise de l’intérieur

    57:29

  • Le déclic : 11 nuits complètes en 6 ans

    01:02:17

  • Qui a dit qu’on devait être différent au travail et dans le perso ?

    01:09:14

  • Nommer la colère permet de la faire redescendre

    01:14:42

  • L’honnêteté ne pollue pas le business, au contraire

    01:21:57

  • Faiblesse & vision

    01:31:23

  • Le monde de Oui-Oui ne fonctionne que s’il y a du cash

    01:34:20

  • Construire son autoroute

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Description

Il a grandi dans la violence. Il dirige aujourd’hui une entreprise où la vulnérabilité est une force.

Les ESN c’est le côté obscur de l’entrepreneuriat. Mais voici Aimery Duriez-Mise qui mène la révolte avec Alenia Consulting et ses 300 salariés.

Aimery a d’abord passé 15 ans dans une grande banque où

- Il manageait jusqu’à 800 personnes

- Il avait un package à 6 chiffres

- Il venait tous les matins en costume 3 pièces

Bon…la vie était confortable et Aimery aime les costards

Mais un jour il rencontre sa future associée qui lui dit “viens on créée une ESN”. Il lui répond “tu es malade ? ce secteur c’est une boucherie humaine”.

Et la réputation des ESN / SSII (avec qui il travaillait) - c’est :

- des ingénieurs placés à la pelle à droite à gauche qui restent 2 ans

- un salaire de consultant au fixe bas, avec des com’ “carottes”

- des horaires indécents

Mais il réfléchit et s’il se lance ce sera pour changer les choses.

Car Aimery adore le management et se forme en permanence.

Il m’a ainsi expliqué ”J’ai envie de redonner leur place aux émotions dans le travail. Surtout dans mon secteur.”

Alors ils ont créé une culture où :

1. on accueille toute la gamme des émotions humaines

2. il n'y a ni commerciaux ni recruteurs : 100% des talents viennent de la cooptation

3. chaque collaborateur est accompagné et le turnover est très faible

Le tout à l’échelle d’une boîte de 30M€ de CA en très forte croissance en France et à l’étranger. En moins de 6 ans !

Mais derrière cette belle histoire, Aimery revient de loin.

Il a vécu une enfance brutale qui lui a forgé une carapace pendant ses années de Sogé.

Il a mis en application chez Alenia sa transformation personnelle.

C’est la question à laquelle j’ai voulu répondre dans ce podcast filmé : « L'enfance meurtrie forge-t-elle des leaders plus humains ? »

On parle dans cet épisode de A Poil et Sans Filet

- comment se relever d’une enfance violente ?

- l’ouverture aux émotions dans le travail

- l’affaire Jerôme Kerviel et ce que ça dit du monde corpo

- comment transformer une organisation

Merci Aimery pour ton témoignage rare !

PS : il ressemble un peu à Obi-Wan en vrai non ?


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Pour la première fois de ma vie, j'arrive à vivre au présent. En fait, mec, t'as déjà vécu la moitié de ta vie. Et la question qui t'arrive dans la gueule hyper violemment, c'est est-ce que tu veux vivre la seconde partie de ta vie de la même façon ? Moi, à l'époque, en tout cas, c'était général, il faut être clair, j'avais ma deuxième journée de travail qui commençait à 19h. Un trauma colossal qui va écrouler cette banque-là, qui s'appelle Jérôme Kerviel. Mon absence d'armure aujourd'hui est devenue un super pouvoir incroyable. pourquoi qui a décidé que du lundi au vendredi de 9h à 17h on devait être quelqu'un de différent on peut jamais être aussi performant que quand on est vraiment soi-même la vie pro, si pour vous c'est dur c'est compliqué etc, il y a une façon de le gérer qui est de se dire que c'est juste un jeu à quel moment on a dit que la bienveillance c'est pas dire la vérité ? Jamais justement au contraire, la bienveillance c'est d'abord se dire les choses et les choses qui piquent

  • Speaker #1

    Bienvenue dans À poil et sans filet, le podcast qui met à nul les leaders d'aujourd'hui pour comprendre qui ils sont vraiment. Chaque semaine, je vous partage mes conversations dénudées avec des dirigeants ou des dirigeantes qui m'inspirent. Je suis convaincu que la vulnérabilité est le super pouvoir du leadership et que c'est en comprenant le dessous des cartes qu'on progresse vraiment. Merci à tous pour vos messages d'encouragement et de vous abonner chaque semaine plus nombreux, des antennes à chaque épisode. C'est hyper valorisant pour le travail que je mène. Donc si ça vous a plu, n'hésitez pas à mettre 5 sur 5 sur la plateforme de votre choix, Spotify, Deezer, Apple Podcast, ça nous aide énormément. Merci.

  • Speaker #0

    On est content, on a passé la barre des 25. On tangentait et on a regardé et on a dit c'est bon on est au-dessus des 25, donc ça c'est cool.

  • Speaker #1

    C'est impressionnant. Ouais c'est cool. Parce que c'est en 5 ans.

  • Speaker #0

    En 6 ans là, on vient de passer les 6 ans.

  • Speaker #1

    Vous venez de passer les 6 ans.

  • Speaker #0

    On arrive aux 6 ans, ouais exactement. C'est une croissance qui est monstrueuse en vrai. Non c'est cool, c'est top. Et on a encore un potentiel de fou. Jusqu'on bosse.

  • Speaker #1

    Ouais bien sûr, c'est clair.

  • Speaker #0

    Et qu'on le réalise. Ouais bien sûr. Mais tout à fait, non c'est clair, c'est béton. Ouais c'est vraiment béton.

  • Speaker #1

    Écoute, avant de parler business business... je vais te poser la question que je pose à tous mes invités C'est quand la dernière fois que tu t'es senti à poil et sans filet, Emery ?

  • Speaker #0

    Déjà, merci de me recevoir, c'est trop cool. Surtout parce que aussi, ce sujet me parle à mort. C'est presque le sujet de ma life, globalement, maintenant. Et d'un tournant énorme chez moi. Maintenant, j'ai envie de te dire, tous les jours, c'est un truc de malade. Maintenant, je suis à poil et sans filet tous les jours. C'est un truc de fou furieux.

  • Speaker #1

    Le matin, quand tu te lèves et que tu es en caleçon ?

  • Speaker #0

    Franchement, non, vraiment. Pour de vrai, vrai. avec Avec mes collabs, avec mes amis, avec mon amoureuse, avec les entrepreneurs qui m'entourent, avec tout le monde. Franchement, j'ai l'impression que c'est presque un guide de vie aujourd'hui, maintenant. Après, il y a des moments où tu es encore plus tout de bonne. Et c'est sûr que tout ce qui... Tu es un jeune papa. Tout ce qui touche aux enfants, ça a une capacité. Ou même les personnes qui ont le plus d'armure ou le plus de masque. ça t'amène de toute façon à une vulnérabilité absolue. C'est vrai que même en étant à poil et sans filet tout le temps, dans les trucs qui peuvent arriver à mes filles, ça me ramène encore plus à une vulnérabilité absolue.

  • Speaker #1

    Tu as deux enfants ?

  • Speaker #0

    Oui, j'ai deux princesses qui ont grandi puisque maintenant elles ont 15 ans et 12 ans.

  • Speaker #1

    Mais qu'est-ce que ça veut dire pour toi, du coup, être tout le temps à poil et sans filet ? C'est difficile pour les gens d'imaginer ça parce qu'ils se disent soit une bullshit, soit soit tu vois il est

  • Speaker #0

    il est vraiment chelou ce gars c'est vrai et c'est pas facile à factualiser ce truc là donc si on va reparler sans doute un peu de mon parcours j'ai grandi et j'ai évolué jusqu'à quasiment mes 40 ans dans une vie qui a pas été ultra simple même si ça a pas été la pire et qui m'a poussé à construire une énorme armure à mettre masque sur mon corps. masque sur masque et j'ai été super moi ça j'ai été un excellent acteur j'ai surperformé là dedans et puis puis un jour voilà la vie a fait toc toc toc en fait c'est juste pas possible il tu peux pas continuer comme ça tout simplement et ses limites physiques pour le coup et à partir de ça j'ai pendant ouais plus de plus de six ans déconstruit parce que ça s'enlève pas du jour au lendemain, en plus c'est long. d'enlever ses masques, d'enlever l'armure, d'accepter tes vulnérabilités, puis de gérer cette vulnérabilité, parce que au début tu enlèves et c'est comme une croûte, au début ta chair elle est à vif, donc tu peux être ultra réactif, sur vulnérable, etc. Voilà, je pleurais énormément, j'étais à fond dans l'émotion, j'avais des réactions émotionnelles très fortes. j'avais pas mal de colère aussi et puis voilà au bout d'un moment tu continues à travailler sur toi, t'acceptes tu verbalises les émotions et puis t'arrives à un moment d'apaisement vraiment parce que je t'interromps mais tu dis encore tu parles de toi en tu

  • Speaker #1

    C'est parce que tu as du mal encore à dire jeu de cette période ?

  • Speaker #0

    Non, j'essaie plutôt de porter ce sujet-là vers l'autre. Aujourd'hui, c'est un de mes déclics récents. Aujourd'hui, pour la première fois de ma vie, j'arrive à vivre auprès de... présent. J'ai lu ce fucking bouquin de Gartollet il y a quelques années. Il n'y a pas si longtemps. Il y a trois ans, il m'a écorché. Il m'a fait hyper mal ce bouquin. Il m'a fait rendre compte à quel point je n'y étais pas, mais pas du tout, du tout, du tout. Et c'était une violence. J'adore lire, on en a parlé, je dévore bouquin sur bouquin sur bouquin. Celui-là, j'ai eu un mal de chien, le finir. J'ai dû me forcer, mais je n'y étais pas. Aujourd'hui, enfin, J'y suis. et j'ai atteint un niveau de sérénité où j'ai super envie de partager ça donc voilà c'est dans mes résolutions du dernier semi bootstrap qui a eu lieu il y a quelques semaines c'est d'aider les gens qui m'entourent à

  • Speaker #1

    atteindre ce niveau de sérénité alors je suis pas un gourou on est à Obi-Wan vous pouvez le voir il a son tout noir c'est vrai qu'on m'a dit que je ressemblais un peu c'est le stage c'était Anakin mais

  • Speaker #0

    C'est le méga-gourou. Non, pas du tout. C'est quoi le déclic en fait ?

  • Speaker #1

    Parce que tu vas nous parler un petit peu de ton enfance pour commencer, peut-être raconter comment tu as grandi et qu'est-ce qui... Tu dis que tu as créé une armure, mais avant ça, qu'est-ce qui a été le déclic ?

  • Speaker #0

    Comment j'ai basculé là-dedans ? Je pense que j'ai eu la chance de vivre énormément d'épreuves dans ma life. Et donc, je pense qu'aujourd'hui, le fait que j'y arrive à ce stade, à vraiment être à poil et sans filet, c'est qu'avant, j'ai eu tellement... C'est un retour de médaille, globalement. J'étais tellement à jouer l'acteur que... Aujourd'hui, il y a la bascule inverse. Donc, j'arrive à quelque chose de totalement naked.

  • Speaker #1

    Je veux dire, c'est arrivé parce qu'il y a eu un moment, un accident,

  • Speaker #0

    où c'est plus pressif. Il y a eu une accumulation totale, c'est clair pour le coup. Et puis, à un moment où je sature, il y a eu des déclics successifs. Je pense qu'on va y venir. Puis, il y a un truc complètement con qui m'a explosé à la gueule. C'est la crise de la quarantaine. Franchement, je m'énervais tellement j'étais une caricature. de voilà, c'est juste... cette prise de conscience totalement humaine que, en fait, mec, t'as déjà vécu la moitié de ta vie. Et la question qui te... Vraiment, mais qui t'arrive dans la gueule hyper violemment, c'est est-ce que tu veux vivre la seconde partie de ta vie de la même façon que tu as vécu la première ? Et ce truc-là est une puissance infâme. C'est vraiment... C'est juste un rétro de première partie de vie. Et voilà. Et parce que t'es toujours en train de dire non, mais attends, ça va aller, j'ai un plan dans 5 ans. on est au top, dans 10 ans on va être au maximum, etc. Non, en fait, le sujet il est pas là. T'as déjà vécu la moitié, t'es déjà à 50%. Donc là, maintenant, aujourd'hui, qu'est-ce que tu fous ? Et dans quel état t'es ? Et qu'est-ce que tu veux être aujourd'hui ? Pas dans 5 ans ou dans 10 ans. Aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Notre deuxième vie commence quand on réalise qu'on n'en a qu'une.

  • Speaker #0

    Ouais, et puis qu'elle va peut-être se terminer puisqu'en plus, tu vois, bon déjà, si à 40 t'es à la moitié, c'est-à-dire que tu vivras à 80, c'est déjà pas mal, pour le coup, ça sera pas 4 ans

  • Speaker #1

    quel âge là aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    J'ai 44, je vais avoir 45 cet été. Pareil, il y a aussi prise de conscience. Oui, il y a 100%. Là, pour le goût, je suis bien à 50.

  • Speaker #1

    Ok. Est-ce que tu peux nous dire un petit peu où est-ce que tu as grandi ?

  • Speaker #0

    Ouais, tu t'avais. Moi, en termes d'écosystème, ma vie est ultra paradoxale, mais il y a des choses assez rigolotes. J'ai grandi dans un... Je suis issu d'une famille d'entrepreneurs qui avaient pas mal de moyens, en tout cas du côté de ma mère. et Et on a grandi dans un petit village qui s'appelle Saint-Nan-la-Bretage, qui est à côté de Saint-Germain-la-Laye et qui est connu pour être très friqué. Il y a un des plus grands et select golf de France dedans. Mais ma mère et mon beau-père, voilà, avaient mis tout l'argent dans l'achat du terrain et dans les quatre murs de la maison. Très belle maison d'extérieur. Et à l'intérieur, on a vécu pendant 15 ans dans une maison en travaux. Surréaliste. Donc tous mes potes qui venaient, qui étaient souvent de conditions assez basses, Ils arrivaient et disaient « Mais mec, tu vis dans un palace. » Et ils ouvraient et rentraient chez moi. Et il n'y avait même pas de papier peint. On a vécu pendant 18 ans où mon beau-père, comme il n'y avait pas d'argent, mon beau-père insistait pour faire lui-même toutes les pièces. Et il faisait au mieux une pièce par an. Et la baraque était très grande, du coup ils avaient construit des grands murs. Et à l'intérieur, c'était que du plâtre, partout, partout, partout. Et j'ai grandi dans le plâtre et on avait à peine, honnêtement, les conditions étaient compliquées, on avait à peine de quoi manger pour le coup. Donc évidemment, il n'y avait pas d'argent pour faire intervenir des gens, pour mettre du papier peint et de la moquette.

  • Speaker #1

    Mais attends, la famille de ta maman était aisée, mais vous avez vécu dans...

  • Speaker #0

    Tout ça est assez compliqué. Globalement, à mes 5 ans, déjà, mes deux parents décident de se séparer. Ça ne se fait pas dans des conditions top. Ma mère, très vite, rencontre mon beau-père qui a 20 ans de plus. Et voilà, qui est ultra old school. Avec lui, ça va être très compliqué tout de suite et on va s'affronter. Et je vais avoir une enfance avec des violences physiques et psychologiques répétées. J'ai une grande sœur et deux petits frères. Le dernier petit frère, il n'a pas du tout été concerné. Parce qu'au contraire, lui, il est de mon beau-père. Et les trois premiers, on est d'un autre père. Bref, contexte super complexe. et mon beau-père a emmené ma mère sur une rupture totale avec la... la famille. Donc la famille a continué à avoir les petits-enfants, mes grands-parents ont continué à avoir les petits-enfants, mais ils ont repu les liens avec ma maman. Et ils ont aidé dans une certaine mesure, mais pour ça, il fallait aussi qu'ils aient l'information, que ma mère soit OK, etc. Donc voilà, oui, c'était un paradoxe total. On avait des vacances incroyables, mes grands-parents avaient une maison de fous à l'île de Léron, dans laquelle j'ai fait tous mes étés de toute mon enfance et adolescence. Et là, c'était l'opulence la plus totale. Le mercredi, on allait chez la grand-mère. On se ruinait le bide à base de bonbons. Et puis, on arrivait à la maison et il n'y avait plus rien à manger.

  • Speaker #1

    Oui, d'accord. Donc, c'était deux vies en une.

  • Speaker #0

    Oui, complètement.

  • Speaker #1

    C'est plus l'air, quoi.

  • Speaker #0

    Donc, ce côté famille Paris match où, globalement, tu dois montrer que tout va bien. C'était quelque chose de très important pour tous les niveaux de la famille. Donc, tu souris, tout va bien et tu ne parles jamais des problèmes. Donc ça, tout ça, la violence subie, physique et psychologique, l'incapacité à ma maman de réussir à vraiment en parler, au contraire, elle déchargeait sa charge mentale et émotionnelle sur nous, ma grande sœur et moi en particulier. Tout ça fait qu'il y a un moment pour survivre, il n'y a pas 50 façons. Alors j'ai eu une chance extraordinaire, c'est que je n'avais pas de télé. On n'a pas eu de télé jusqu'à mes 15 ans. En revanche, on avait une immense bibliothèque. Et donc je me suis oublié dans la lecture. Donc j'ai lu énormément, aucun filtre. Donc voilà, j'avais lu tout Sartre à 11 ans, tout Malraux au même moment aussi. Tout ça m'a aidé à développer un imaginaire et puis à me dire en fait ce déclic de tu peux devenir qui tu veux. C'est à toi de le construire, c'est à toi de le travailler. Et bon, quand t'es gamin, le truc c'est que tu vas quand même prendre certains raccourcis et le raccourci que j'ai dû prendre à l'époque c'est je vais être quelqu'un d'autre. Et c'est un peu différent de je vais devenir quelqu'un d'autre. Là, c'est je vais être quelqu'un d'autre. Donc, je vais construire une armure et je vais porter une armure qui va faire que je vais jouer le rôle de quelqu'un d'autre.

  • Speaker #1

    Et c'est quoi ? C'est quelqu'un d'autre ?

  • Speaker #0

    C'est quelqu'un de fort. C'est quelqu'un qui ne pleure jamais. C'est quelqu'un qui peut devenir ce qu'il veut. C'est quelqu'un qui va cocher les cases. Donc, il faut être beau, fort, intelligent, avoir du leadership il faut gagner de l'argent, il faut être autonome, il faut soutenir sa maman, il faut soutenir sa famille, il faut faire des études, il faut réussir. Un peu tous les standards qu'on peut avoir.

  • Speaker #1

    Le regard social qui fait que tu es un bon garçon et que tu es quelqu'un qui va bien s'intégrer dans la société, auprès de ta famille, etc.

  • Speaker #0

    Sans jamais être soi-même à la fin. Ça, ça fait une enfance et une adolescence. qui sont soutenus par un grand-père, des deux côtés paternels, mon grand-père et mon oncle, qui sont deux figures paternelles qui ont comblé l'absence de père, et puis le beau-père en question. Et puis pas de bol, en fin d'adolescence, les deux vont décéder au coup sur coup. Le premier arrêt cardiaque au milieu du living room, au moment où j'avais quitté le foyer familial pour aller vivre avec mes grands-parents, et voilà, ils meurent dans le salon. trauma et puis deux ans plus tard mon oncle qui était mon autre figure paternelle se suicide et juste avant il m'avait confié sa femme et ses enfants. Donc là...

  • Speaker #1

    Attends, ton oncle t'a confié sa femme et ses enfants, mais t'avais quel âge ?

  • Speaker #0

    Alors c'est un peu plus tard mais globalement j'avais 25 ans. Ouais, quelque chose comme ça.

  • Speaker #1

    Et donc il t'a confié tes cousins pour que tu les adoptes ?

  • Speaker #0

    Oui, alors évidemment il ne dit pas exactement ça, mais il arrive un samedi chez nous. Je viens d'avoir ma première fille Mila, elle a un an, je l'ai dans les bras. Il est en larmes, c'était un géant, 1m90, blond, un beau gosse de ouf, hyper fort, première fois de ma vie que je le vois pleurer. Il m'annonce qu'il se sépare avec sa femme, alors que mon ex-femme et moi, on était hyper proches de lui, on se dit, ok... Le couple absolu, tu vois, celui que tu regardes, le couple parfait. Et puis bon, là, tu découvres que pas du tout. Et il nous dit, en fait, là, du coup, je ne m'attendais pas à ça. Gros choc. J'ai décidé de partir en voyage. Je vais partir pour six mois. Et en attendant, j'aimerais que tu gères ma femme et mes enfants et que tu en prennes bien soin. Et il s'en va. Et deux jours plus tard, tu découvres qu'en fait, c'était un autre type de voyage qu'il a entrepris.

  • Speaker #1

    Il s'est suicidé.

  • Speaker #0

    Il s'est suicidé,

  • Speaker #1

    oui. Il est terrible. au donc effectivement les responsabilités sont arrivées assez vite dans le deep direct c'est bien déjà merci de partager tout ça c'est la première fois que je le partage exactement tout ça c'est la première fois que je le partage merci pour ta confiance parce que je pense que il y a peu de mecs qui osent parler de leur vulnérabilité de leur enfance, de leur traumatisme aussi clairement aussi assumé donc merci pour ça et puis je pense particulièrement peu de dirigeants gens qui même si on est plus dans une époque du partage, de l'ouverture aux eaux, de faire tomber les masques comme tu as dit c'est quand même très rare donc je trouve que c'est précieux pour les autres pas dans un objectif de voyeurisme mais plus dans un objectif de comprendre comment est-ce qu'on se construit tu vois en tant que patron et toi ce qui m'inspire c'est vraiment justement ta capacité à manager et à vraiment mettre de presque de l'ingénierie dans l'humain c'est ce dont on va parler aussi un petit peu après tu vois mais parce que t'en es passionné, parce que t'es quelqu'un de profond profondément empathique et d'engager, etc. Donc voilà, merci de commencer comme ça. La question qui me vient suivante, c'est, à cet âge-là, du coup, où tu te disais, bon, ben voilà, enfance très difficile, avec de la violence, avec des responsabilités tout de suite, etc. Qu'est-ce qui te vient comme rêve à l'âge de, je sais pas, du coup, où tu commences à te construire cette armure à 10 ans, à 15 ans, à 17 ans, je sais pas. Qu'est-ce que tu veux comme rêve ? Qu'est-ce que tu veux devenir, en fait ?

  • Speaker #0

    À l'époque, je me souviens... Je me construis totalement en réaction contre mon beau-père. Je veux devenir tout ce qu'il n'est pas. et ça, ça va couvrir plein de choses donc je veux devenir quelqu'un d'inspirant je veux devenir quelqu'un d'humain quelqu'un de fort alors aussi pour pouvoir affronter quelqu'un de violent et bon typiquement dans le niveau de connerie où j'ai pu aller donc il racontait, c'est quelqu'un qui mentait beaucoup et qui construisait des mythes autour de lui et donc un grand mythe c'était qu'il était ingénieur en électronique, donc tout le monde y compris dans son boulot. il disait je suis ingénieur en électronique pas du tout il avait pas le bac donc compliqué de devenir ingénieur sans le bac et donc juste pour le faire chier j'ai fait l'institut supérieur d'électronique de Paris voilà au bout de 10 minutes j'ai compris que ça allait jamais m'intéresser et rien à foutre j'ai terminé cette école et j'ai été ingénieur en électronique je n'ai jamais fait d'électronique de ma vie et j'en ferai jamais et juste pour le faire chier je l'ai fait ça a guidé ma vie vraiment très très longtemps pour le coup Du coup... C'était vraiment une construction antique, une construction par réaction d'eux.

  • Speaker #1

    Waouh. Et avec le recul, qu'est-ce que tu conseillerais à des jeunes adolescents aussi qui peuvent se poser ces questions-là ? Je ne sais pas s'il y en a beaucoup dans l'audience, ou même plutôt à des adultes managers qui ont eu des enfances parfois vraiment compliquées, qui sont construits contre, parce que le moteur de la revanche, notamment vis-à-vis de la figure du père ou du beau-père, chez les mecs, c'est un truc très présent que je rencontre chez les entrepreneurs. Qu'est-ce que tu pourrais leur conseiller avec le recul ?

  • Speaker #0

    trois trucs qui me viennent en tête un il y a la prise de conscience j'ai mis énormément de temps à comprendre que j'ai pas grandi dans un environnement normal mais vraiment je pense qu'il y a mes 18 ans que j'ai découvert en discutant avec certains potes que mon écosystème familial et mon quotidien à la maison c'était pas normal de se cacher de fuir les coups de pied dans le ventre pour moi c'était juste monde était comme ça tu vois et comme je dis moi mon oxygène c'était les livres Les livres représentent une autre forme de réalité. Tu ne peux pas te dire c'est ça la réalité. Et entre potes, tu ne viens pas beaucoup sur ces discussions-là. Tu vas parler sport, tu vas parler nana, tu vas parler plein de trucs. Tu ne parles pas de ce genre de sujet, pour le coup. Donc ça a mis énormément de temps, mais vraiment. Et je me souviens de ce jour au lycée où j'allais être en première ou en terminale. Je suis sur le cul à me dire, mais en fait, mes potes n'ont jamais subi ni de violences psychologiques ni physiques, pour le coup. Donc là-dessus, il faut... Il faut réussir à en parler et en prendre conscience. Déjà, rien que la prise de conscience, elle est folle. Et aujourd'hui, j'ai encore régulièrement des révélations de fou. J'ai réalisé il y a seulement, j'en ai parlé avec mon frère, il y a quelques mois seulement, j'ai un sujet d'addiction, j'ai un comportement addictif. Et en particulier, ça peut venir sur la bouffe. Et je mange très très vite. Et je mange beaucoup très vite. Donc aujourd'hui je l'ai compris, je le gère, etc. Et en fait j'ai compris que, pourquoi ? Parce que pendant toute mon enfance et mon adolescence, le dîner c'est le seul moment que je ne pouvais pas esquiver, où je devais être en face de mon beau-père. Et donc par définition, c'est pas un moment de plaisir, de très loin, c'est un moment de combat, et donc c'est un moment où du coup j'essayais de minimiser la surface de combat. Et donc on arrivait, on mangeait hyper vite, et après on se barrait hyper vite. Et aujourd'hui, c'est resté. C'est-à-dire que je suis capable de bouffer, mais en 3 minutes 45, je t'ai dévoré tout un dîner. Ah oui. Et la seule façon de travailler ou de gérer ce truc-là, c'est d'en prendre conscience. Et puis après, le problème, c'est qu'une fois que tu en as pris conscience, c'est pas fini.

  • Speaker #1

    Comment t'as fait pour prendre conscience ?

  • Speaker #0

    C'est des déclics à force de lire, à force d'en parler, et puis des psys. Alors pour le coup, j'ai fait plusieurs psychothérapies qui m'ont vachement aidé. Et puis à un moment, tu sais, tu connectes deux dots, tu commences à avoir des liens à comprendre, ton cerveau s'est vraiment mis en marche, etc. Et puis, j'étais prise de conscience au fur et à mesure. On me dit, mais en fait, putain, c'est ça, quoi.

  • Speaker #1

    C'est quoi le livre qui t'a le plus marqué, qui t'a permis justement de casser l'armure, de dépasser ces traumatismes initiaux ? Encore une fois, pour des gens qui nous écoutent, peut-être qu'ils ne seraient pas toujours bien dans leur peau, tu leur conseillerais quoi ? Dire quoi ?

  • Speaker #0

    Alors, j'en ai un dont j'avais envie de... parler, mais alors là, on va vraiment basculer dans le monde professionnel. Pour le coup, c'est un bouquin qui m'a vachement inspiré, qui s'appelle Getting Naked, de Patrick Lencioni. Se mettre à poil. Se mettre à poil, donc on est à fond dans l'intermédiaire. À fond dans l'intermédiaire,

  • Speaker #1

    j'adore.

  • Speaker #0

    Chez nous, chez Alenia, la boîte que j'ai co-créée, c'est devenu vraiment le bouquin de référence. qui explique à quel point la puissance de se mettre à nu face à tes collaborateurs et face à tes clients. Et ce truc-là, moi, ça m'a vachement aidé parce qu'on a créé Alenia, on expliquera dans quel contexte. contexte, mais justement avec cette idée de vraiment créer une société de conseil très différente des autres. Et ce bouquin-là m'a dit, ah mais en fait, je ne suis pas seul. Il y a déjà quelqu'un qui a eu l'idée, il a déjà théorisé ça, et puis en fait, on s'est aperçu qu'on faisait déjà 70%, il restait un petit peu. Bref.

  • Speaker #1

    C'est quoi les principes clés de ce bouquin ? Qu'est-ce qui te marque le plus ? Avant ça, je remercie notre partenaire 108 milliards fondé par Mounia RK. C'est le coaching basé sur les neurosciences qui t'apprend à reprogrammer ton cerveau pour parvenir à tes objectifs. J'en bénéficie depuis trois mois, c'est absolument ouf. J'ai réussi à reprogrammer totalement mon agenda, à oser y intégrer des moments de pause, à caler les moments importants au bon endroit et aussi à pratiquer la visualisation et le téléchargement de pensée pour être bien plus performant dans mes journées. Je vous invite à les contacter vivement.

  • Speaker #0

    Alors, on est dans cette idée que finalement, n'est jamais autant puissant que quand... on est totalement soi même donc ça c'est vraiment quelque chose que je porte aujourd'hui c'est presque ma nouvelle armure c'est toi c'est pas d'armure et mais c'est une c'est un super pouvoir ma vulnérabilité en absence d'armure aujourd'hui est devenu un super pouvoir incroyable ça semble un peu chelou ou du bullshit en effet mais c'est fou donc j'ai donné un exemple très concret aujourd'hui chez Alenia quand on a envie qu'on commence à vouloir travailler avec un client, on va déjà connecter avec des humains. On ne connecte pas avec une entreprise, on connecte avec des humains. Un humain en particulier, en général, un ou deux. Et puis, en fait, on va avoir envie, on va commencer à travailler pour cet humain-là gratuitement. Parce qu'on n'est pas là pour un chèque, on n'est pas là pour facturer. On est là pour rendre service. Là aussi, ça peut sembler super bullshit, mais pour donner un exemple... Il n'y a pas si longtemps encore, on est chez un prospect qui est une filiale de Total. Donc on est un truc assez institutionnel et tout. Ils ont des problèmes. Ils avaient prévu une demi-heure pour qu'on présente notre offre. OK, on arrive, on ne monte pas de PowerPoint. je raconte en cinq minutes qui on est ce qu'on fait et au bout de la sixième minute c'est c'est quoi vos problèmes ok c'est quoi vos problèmes vient on va prendre un marqueur etc on va se lever ensemble et j'ai commencé à travailler ton problème, tu vas rebondir, tu vas réagir, etc. Au bout d'une demi-heure, il regarde sa montre et puis il dit il appelle sa secrétaire et puis il décale. On parle d'un CIO, donc quelqu'un qui pilotait un millier de personnes, etc. Il décale son meeting d'après, etc. On continue, on raisonne, on discute et je ne suis pas juste en appetizer, on n'est pas juste en train de préparer un truc, teaser quelque chose. Je suis déjà en train de répondre à son problème. Il s'est passé deux heures et demie. Il a niqué tout son après-midi. Au bout de deux heures et demie, honnêtement, je lui avais déjà quasiment répondu à ses problématiques. Et à la fin, j'ai dit franchement, c'était génial. J'ai passé un super moment. On a hyper connecté. Voilà, si ça te dit de venir à une soirée ou chez nous ou quoi que ce soit, ça sera hyper cool. Je te présenterai des gens, etc. Il fait non, non, mais en fait, non. J'ai envie et j'ai besoin qu'on bosse ensemble. C'est combien et c'est quand ? C'est hyper drôle. Je ne parle pas d'argent, je ne parle pas de contrat, je ne parle pas d'engagement, je ne parle pas de next step, je ne parle pas d'action. Moi, je suis là pour rendre service. j'ai rendu service, j'ai connecté avec un être humain, j'ai adoré, j'ai kiffé, j'ai eu... J'ai vibré avec ces gens-là. Et puis, du coup, magiquement, le truc s'enclenche. Et là, je ne parle pas... Attention, parce que moi, je ne vends pas de l'émotionnel, par défaut, etc. Je vends du conseil IT, principalement pour des banques, des assurances ou le monde de l'énergie. Donc, on est vraiment sur un truc rien à voir.

  • Speaker #1

    Il y a un monde où les dirigeants ont plutôt des masques, ils sont plutôt, effectivement, dans le next step, dans la... la clarté dans le rationnel.

  • Speaker #0

    Du monde de McKinsey, du monde d'Accenture, de Capgemini. On est sur du papier glacé, du PowerPoint, du costard cravate. Donc voilà. Ça m'aide aussi, parce que du coup, je joue les contrastes à mort. Je suis entouré que par des gens comme ça, et ça aide énormément.

  • Speaker #1

    Est-ce qu'il y a des gens qui, du coup, à l'inverse, détestent ?

  • Speaker #0

    Il y a des systèmes qui détestent ? En fait non, c'est assez drôle, c'est une très bonne question. L'être humain, j'ai rencontré aucun être humain qui n'aime pas qu'on soit totalement transparent et qu'on commence à lui rendre service. En fait non, honnêtement j'ai eu personne. qui bloquaient totalement. Alors, quand on va aller sur un terrain d'émotion, parce que j'y vais aussi sur le terrain émotionnel avec des prospects ou des clients, là, c'est un peu plus intéressant. Mais dans le temps long, j'ai vu personne qui bloquait. Tout le monde aurait envie d'être un être humain au travail. Après, il y a des fonctions où c'est compliqué. Je ne peux pas présenter ma boîte de la même façon Ausha. qu'aux êtres humains avec qui je travaille. Parce que là, c'est très compliqué. Pourquoi ? Mes amis, les achats. Un jour, je crois que je vais aller dans ce métier-là, parce que moi, quand je vais en problème, j'adore le régler. Donc, il y a un jour, je pense que je vais y aller. et ils font un métier qui est sans doute utile, etc. Mais leur code et leur approche font que ma boîte n'a pas de sens. On est 250, on fait 25 millions de CA l'année dernière, on est dans 6 places, 4 pays et on a zéro commerciaux. on n'a pas de recruteur en interne. Donc on a un modèle qui est un peu fucked up pour eux, qu'ils ne comprennent pas. Et eux, ils ont un track où il faut avoir des niveaux hiérarchiques, un card, ils veulent parler à mon DRH, je n'ai pas de DRH. Ils veulent avoir le nom du commercial, je n'ai pas de commercial. Du coup, on a un objet chelou pour eux qu'ils ne comprennent pas. Et puis en plus, 100% du temps, on a un client en prospect qui vient en disant je veux bosser avec eux. parce qu'en fait, il veut le bosser avec...

  • Speaker #1

    Un client interne.

  • Speaker #0

    Oui, un client interne chez eux.

  • Speaker #1

    Juste pour faire un petit pas de recul, la fonction achat, ça existe plutôt dans des grosses structures.

  • Speaker #0

    Mais c'est mes clients.

  • Speaker #1

    C'est eux qui prennent la décision finale ou c'est le client interne, c'est-à-dire le manager d'une BU ?

  • Speaker #0

    Non, c'est les managers des BU qui prennent la décision, mais ils doivent passer à travers les filtres, les mailles des achats. Et les achats, s'ils disent non, c'est non. Donc, il faut qu'on arrive quand même à matcher avec leur cadre. Et ça, quand le client leur explique qu'ils ont eu un ultra bon fit, que c'est ces personnes-là, ces personnes d'autres, etc., qui ne veulent pas passer par le process d'achat, etc., les achats sont horrifiés. Voire même parfois, on a eu vraiment des questionnements en mode, est-ce qu'on a filé des places à Roland-Garros ? Est-ce qu'on a fait pas quoi ? Est-ce qu'on a corrompu ? Est-ce qu'on a corrompu ? Voilà, exactement. Alors que c'est pas ça, le sujet n'est pas là du tout. Le sujet, il est juste, on a connecté. Et en effet, entre une personne avec qui tu vas vraiment connecter, avec qui tu vas avoir confiance, avec qui tu vas avoir envie de travailler. D'ailleurs, tu as commencé à travailler, donc tu as déjà commencé à avoir la valeur. Et puis, un référencement qui est sur cinq critères à travers 17 press powerpoint qui te sont envoyés. Bon, à la fin, tu sais avec qui tu travailles.

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce qui t'empêche de faire la même chose qu'avec le client final responsable de l'ABU Total ou d'une grande banque, avec le responsable des achats ?

  • Speaker #0

    C'est un très bon point. Il y en a avec qui on a réussi à faire ça. Et là, c'est génial. C'est assez merveilleux puisqu'ils t'ouvrent des portes, etc. Maintenant, la plupart des équipes à achat, ils refusent de passer du temps d'être humain normal avec les fournisseurs. Donc, tu ne peux pas aller déjeuner avec eux. Tu ne peux pas aller boire... une bière tu peux pas les dîners tout ce ou à quoi tu as droit c'est une demi heure une fois par an ou quelque chose comme ça et moi pour connecter avec quelqu'un il me faut plus de temps et donc pour mes prospects pour mes clients ils vont avoir quand même ce minimum de temps pour connecter parce qu'ils ont un intérêt, parce que j'ai une street credibility, parce que j'ai quelque chose à leur apporter ou quoi que ce soit. Les achats, je suis juste une coquille parmi 6 000 qu'ils ont en phase 2. Donc, c'est plus compliqué à approcher. Alors, il y a quand même des choses. Et d'ailleurs, tu vois, si on met en avant des trucs que les achats font vraiment super bien. Et je vais citer un de mes clients qui est Crédit Agricole. Les achats de Crédit Agricole, ils font un truc incroyable. C'est qu'ils vont aller vraiment regarder l'impact carbone de ta boîte, ils vont vraiment discuter systématiquement avec toi de comment tu travailles, c'est quoi tes initiatives internes et sur quoi tu vas vraiment avancer là-dessus. Franchement, là-dessus, il y a déjà 4-5 ans qu'ils le font. Ça, c'est franchement... Là, il y a une vraie vertu, il y a un truc super bien. Et bon, aller pinailler sur les 10 euros ou je sais pas quoi... Sur le document 95B que tu n'as pas rempli, c'est vrai que j'ai un peu plus de mal à voir la valeur.

  • Speaker #1

    Je l'imagine. Ok, donc Gating Naked, le bouquin qui t'a le plus marqué, qui consiste à être vulnérable, à être authentique, à poser l'armure comme façon de convaincre les gens et d'attirer les gens à toi, et puis d'être mis dans tes pompes aussi, surtout.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Il y a quoi d'autre là-dedans ?

  • Speaker #0

    Une des conséquences aussi, c'est que systématiquement, je dis en toute franchise à mes clients, là-dessus, je suis super bon. Là-dessus, teste-moi. juge. Donc nous notre grosse spécialité c'est de faire tourner des gros systèmes IT, 24h sur 24, 7h sur 7, sans lenteur, sans problématique, etc. C'est ce qu'on appelle la prod IT.

  • Speaker #1

    C'est quoi pour quelqu'un qui n'est pas initié à ce milieu des scènes et de la prod, comment tu le résumerais ?

  • Speaker #0

    Moi, je viens du monde de la bourse. Donc voilà, du loup de Wall Street.

  • Speaker #1

    On va parler de la société générale après ta première vie, parce que ça va être très intéressant.

  • Speaker #0

    Donc je viens de ça. Et vous imaginez bien que pour faire tourner ça, pour faire tourner tous les moteurs qui affichent des prix et pour passer à un ordre d'achat ou de vente d'actions, etc. Les systèmes IT derrière, ils sont colossaux. Pour donner un ordre de grandeur, l'IT de... Cette activité de la Société Générale, qui a à peu près un tiers de son métier au total, de banque, c'était à un moment 8000 informaticiens qui bossaient, qui développaient tous les jours sur des systèmes. et donc sur ces 8000 personnes là il y en avait 1000 dont le job c'était de s'assurer que ces applications fonctionnent sans interruption sans incidence, sans problème en performance et avec le niveau de service qu'on veut ça c'est mon job ça c'est en particulier ce sur quoi on est hyper bon chez Alenia et on est les seuls en Europe à être vraiment ultra pointu là dessus

  • Speaker #1

    D'accord, ok.

  • Speaker #0

    Voilà, on n'est pas sur du glamour, on n'est pas sur de l'émotionnel. Au contraire, on est sur un métier anti-émotionnel. Et donc, là-dessus, je peux dire à mes clients, je suis le meilleur en Europe, je pense même être le meilleur au monde. En revanche, il y a des trucs sur lesquels je ne suis pas bon ou je ne suis pas le meilleur. Voilà, la data, tout le monde s'est emparé du sujet. On a une offre data, donc on va être très bon sur, par exemple, la data en termes de connexion avec le métier de la prod. Là, je suis très bon. ou alors comment organiser des équipes data face à un métier, je suis assez bon, sur le reste je suis nul. Et je le dis à tous mes prospects, je leur dis, là-dessus je suis nul. Je suis à l'aise pour le coup. Et je peux leur dire, là-dessus, je suis nul. Là-dessus, je suis hyper bon, world champion.

  • Speaker #1

    Je vous recommande quelqu'un d'autre.

  • Speaker #0

    Je passe ma vie à recommander des gens. Dédicace à Jonathan Salmonac et sa magnifique boîte Shodo, où ils ont des développeurs craft qui sont excellents. Là-dessus, systématiquement, je recours à Shodo. C'est en plus plein de valeurs en commun,

  • Speaker #1

    Shodo. Regardez, pour ceux qui aiment le sujet de l'humain dans la tech, et l'humain, particulièrement dans les OSN, sur tous les boucheries euh Du conseil, notre ami Jonathan, il a fait une boîte, on l'appelle le Robin des bois de l'entrepreneuriat. Il fait des congés menstruels, il a des crédits de salaire transparents, il augmente tout le monde. Il planifie les augmentations avant même d'avoir le résultat net de la boîte. C'est très intéressant aussi, on le salue. Très belle boîte.

  • Speaker #0

    Oui, et puis je vais saluer aussi toutes les autres SN, New Generation. On a créé même un petit collectif. Parce qu'il y en a plein des petites boîtes qui sont en train de monter avec des vraies valeurs, avec une vraie intention, où on se dit la vérité. On dit surtout la vérité à nos collaborateurs et à nos clients.

  • Speaker #1

    C'était quoi les gros... Parce qu'effectivement, ce marché, cet écosystème, il est assez connu pour son côté bullshit, nouveau, riche, violent, ce que tu veux. Moi, je me souviens, même, j'avais passé des entretiens pour rentrer dans une ESN. Je pense que c'était avant même que je rentre chez Ignition, il y a plus de huit ans, tu vois. Mais je me souviens d'une boîte où il y avait déjà, ça ne faisait pas très longtemps, ils étaient déjà plus de 1000 collaborateurs. Donc, ça va très, très vite. C'est des formes de croissance, comme c'est du placement de consultant. Enfin, en tout cas, certaines, c'est placement de consultant. Ça va extrêmement vite parce que la croissance est liée à l'humain. C'est leur produit principal. Donc, ils recrutent tout le temps. Et je me souviens d'avoir rencontré un patron qui m'avait dit, il m'avait demandé si j'étais célibataire. Il m'avait demandé si j'avais des potes. J'ai répondu oui aux deux. Ils m'avaient dit, il va falloir oublier parce que tes potes et tes meufs, ça va devenir tes collègues. J'avais dit, OK. Tandis que lui, il était avec ses chaussures en croco, son costume, son boss. Et vraiment, c'était un cliché. Et c'est le monde de, tu finis pas avant. Ils m'avaient dit, tu finis jamais avant 20h le vendredi soir. Et par contre, tu auras des grosses communications et il y a un baby-foot. J'étais sur le cul. Je m'étais dit, mais jamais, j'avais fui en courant. J'ai dit, très bien, pas de problème, avec plaisir, mais la prochaine fois. Donc est-ce que tu peux nous en dire un peu plus ? C'est quoi les trucs les plus dingues que tu vois dans ce monde d'ESN ?

  • Speaker #0

    On reparlera de l'ASG, mais moi j'y ai passé 18 ans, donc mes 18 premières années de carrière, Société Générale. Et puis pendant 18 ans, j'ai été un client et parfois un gros client des ESN parce que j'ai managé jusqu'à 1000 personnes. Et parmi ces 1000 personnes, il y avait en moyenne 70% de contracteurs, donc de prestataires. qui sont des salariés des ESN. Et c'est toutes les banques et toutes les grosses boîtes du CAC 40 fonctionnent comme ça. Leur équipe à E.T. est composée souvent, au moins pour moitié, de prestataires qui viennent d'ESN. Et pendant mes 18 ans, quand j'ai fait le bilan à la fin, que Marjan, mon associé actuel, quand elle est venue me dire, viens, on va monter une boîte de courses à E.T., mon premier réflexe, c'était, mais jamais de la vie. Je sortais de la Société Générale parce que je voulais me réaliser. aligné avec mes valeurs. Et pour moi, c'était un monde de salopards. Et de mon expérience personnelle, j'avais bossé, j'ai fait le compte avec plus de 200 ESN quand j'étais à Société Générale. Et il y en a mon 3 avec lesquels j'avais vraiment réussi à connecter, en qui j'avais confiance.

  • Speaker #1

    Don Chodeau d'ailleurs,

  • Speaker #0

    non ? Don Chodeau, exactement, Don Jonathan. Et encore, quand je dis 3, c'est pas tant des entreprises que des êtres humains, finalement. Donc ça fait pas beaucoup, globalement. Attends,

  • Speaker #1

    juste petit point de détail. Ça veut dire que quand la société générale bosse avec une ESN, c'est que par exemple, ils vont lui demander, tu vas leur recruter, vous allez recruter un dev qui va être placé chez vous. C'est ça. Voilà, OK, d'accord.

  • Speaker #0

    Ces équipes sont composées à 70% de développeurs, de testeurs, de business analysts ou chefs de projet qui sont ESN 1, ESN 2, ESN 4, etc. Globalement. Donc, j'étais hyper critique de ces boîtes-là quand on a démarré Alenia en 2019. Et surtout, il y a des trucs que je ne comprenais pas. C'est-à-dire que rationnellement, je n'arrivais pas à comprendre pourquoi il faisait ce qu'il faisait. C'est une discussion d'ailleurs avec John, c'était en 2017, qui m'avait éclairé sur un truc où il m'avait dit, en fait, le seul réflexe de ces boîtes-là, c'est plus les ondes de turnover, évidemment, plus tu as des comportements de salopard, plus tu as de turnover, plus tu as de turnover, plus tu... C'est quoi ton réflexe ? Tu vas recruter. En fait, leur truc, c'est plus ça va mal, plus le bateau fuit et plus on va y couper. Globalement, le truc est incroyable. Au lieu de te poser la question de pourquoi il fuit et comment arrêter de fuir, maintenant, on va plutôt accélérer et du coup, on va précipiter les problèmes. Bref.

  • Speaker #1

    Oui, ils n'essaient jamais de regarder leur culture ou leur management ou leur fonctionnement interne, mais ils sont juste des bourrins du recrutement et de l'acquisition. Oui.

  • Speaker #0

    Alors aujourd'hui, au bout de six ans, j'ai quand même pris du recul et il y a des choses sur lesquelles, en tout cas, j'ai beaucoup mieux compris. Je suis plus en empathie aussi parce que le métier est loin d'être aussi simple que ce que je pensais. Très clairement, j'avais un regard assez simpliste sur le sujet et maintenant, je le vois dans le regard de certains de mes clients aussi. Je peux comprendre. Et bon, voilà. Après, si on va sur les caricatures, il y a un gros problème dans ce truc là. Il y a même deux gros problèmes. Ouais, mais plus que ça, bon. Ok. Prenons les deux premiers. Un, tu mets des commerciaux. Et les profils commerciaux de ces boîtes-là, c'est des gens qui sont d'école de commerce, qui vont aller... On leur met à disposition des ressources qui sont des ingénieurs en informatique. Ils vont aller placer chez des ingénieurs en informatique. D'accord ? Donc, ils font le pont entre deux personnes qui, fondamentalement, ont le même background, les mêmes connaissances. le même intérêt, etc. Mais eux, on n'a pas le même background, pas le même intérêt, etc. C'est quoi le truc, le concret du coup ? C'est-à-dire que, un, moi je ne comprends pas ce que tu fais, mais je vais quand même essayer de te vendre et de te placer globalement chez... un client, il s'y racousait.

  • Speaker #1

    Ah oui, tu veux dire qu'en gros, les commerciaux des ESN ne comprennent pas le métier des ingénieurs qui placent, et du coup, ils s'en fichent, ils se débrouillent juste pour les placer à la pelle, parce que c'est comme ça qu'ils vont gagner de l'argent.

  • Speaker #0

    Ils ne comprennent pas, et en effet, malheureusement, il y en a un certain nombre qui s'en foutent Moi quand je déjeunais avec des commerciaux, le seul truc dont ils voulaient me parler c'était des secrétaires et de foot. Alors c'est pas de bol, franchement ni l'un ni l'autre ne m'intéressait passionnément, voilà, et j'avais vraiment envie de leur parler de mes problèmes. J'en avais plein des problèmes. J'avais envie de créer des partenariats, j'avais envie de comprendre comment ils sourçaient, de voir comment on pouvait augmenter la qualité, réduire le temps passé en recrutement, etc. Et c'était pas du tout ça. Ils voulaient juste me payer des coûts, être sûr que la fois d'après, je prendrais... prendrait quelqu'un de chez eux sans regarder. Et puis pour ça, c'était mieux de parler de football. Non, en fait, c'est là où on revient sur Getting Naked. C'est essayer fondamentalement de vraiment comprendre c'est quoi le problème de la personne et essayer d'y répondre. Là, on n'était pas du tout là-dessus. Donc ça, c'est un des gros problèmes là-dessus. C'est pour ça qu'on n'a pas de commerciaux chez El Nenia. Le deuxième gros problème, c'est que globalement, il faut manager des gens. Enfin... Comme tu l'as dit, moi, c'est un de mes dada. Le problème, c'est que tu vas manager des gens qui vont vivre une majorité du temps, pas dans ton écosystème. Donc, ils sont placés chez un client. Ils sont placés.

  • Speaker #1

    Et donc, en fait, ils sont en CDI. Les ingénieurs qui sont placés par les ESN sont en CDI chez l'ESN. Ils sont placés chez le client comme prestataires.

  • Speaker #0

    Exactement. Donc, à l'époque où il n'y avait pas de télétravail, un salarié à l'ENIA Consulting, il aurait passé 100% de son temps chez le client. Aujourd'hui, heureusement, il y a un peu de télétravail, il y a même pas mal de télétravail et tout. Donc ils vont passer plutôt trois jours chez le client, et puis on essaie de faire en sorte que les deux autres jours, il en passe un à la journée chez lui, puis il vient chez nous aussi. Ou alors, on fait un équilibre, etc. Mais en fait, si tu vis pas l'aventure, l'expérience, typiquement, on met deux premières années de... collab à la Société Générale, j'étais pas salarié Société Générale, j'étais salarié d'une ESN. Je ne me souviens pas. Je ne sais pas. Je ne sais pas te dire dans quelle boîte j'étais. J'ai vu le commercial deux fois, voilà. Je ne l'ai jamais revu à part ça. Le jour où j'ai été interdit. Ah oui,

  • Speaker #1

    d'accord.

  • Speaker #0

    Je ne connais pas ton nom.

  • Speaker #1

    Ah, mais c'est ça qui est dingue. C'est qu'en fait, les boîtes, les ESN, quand elles te disent j'ai mis du salarié, en fait, elles les connaissent.

  • Speaker #0

    C'est des fantômes. C'est des fantômes. C'est une armée de fantômes.

  • Speaker #1

    En fait, ils n'ont que les commerciaux qui sont là.

  • Speaker #0

    Les RH. Les RH, exactement.

  • Speaker #1

    Ah ouais, je viens de comprendre en fait. C'est une énorme bullshit. C'est incroyable.

  • Speaker #0

    Donc, leur valeur à eux, c'est du recrutement, de la connexion avec le client, c'est le push. un peu au forceps d'un rond dans un carré globalement et de faire en sorte que la personne reste le plus longtemps possible au meilleur tarif possible. il y a matière à faire autrement il y a matière à faire différemment mais le problème c'est qu'en plus les clients sont un peu attachés à ce truc là aussi donc quand ils essayent de faire différemment c'est pas si évident que ça non plus pour le coup et donc ça veut dire que typiquement quand nos collabs ça peut être tendu avec le manager côté client t'engages un dialogue sur le style de management, sur la pression, sur la vibe, etc. Et ça, ou la culture de la boîte, et ça, ils ne sont pas super habitués, ils ne sont pas super prêts. Donc, ce n'est pas simple non plus.

  • Speaker #1

    On va faire, de toute façon, une grosse plongée dans Alenia et votre mode de management qui est si particulier. Donc, restez et nous écoutez, parce que vous allez voir, vous allez en prendre plein les mirettes. Mais avant, quand même, j'aimerais bien parler de la société générale, parce que tu as passé 15 ans dans cette énorme boîte.

  • Speaker #0

    18 ans.

  • Speaker #1

    Donc, c'est énorme. Qu'est-ce que tu en retiens à chaud, à froid plutôt ?

  • Speaker #0

    Déjà, je suis tombé totalement par hasard. Et je pense que je voulais absolument faire un stage de fin d'études à l'étranger. Le seul qui a lu mon CV dans les anciens de mon école d'ingé.

  • Speaker #1

    De l'ingé électronique.

  • Speaker #0

    De l'ISEP exactement. Et c'est un certain Thibault Ricard qui bossait pour la Société Générale. Donc on appelle l'ASGIB, le monde de la bourse à la Société Générale. Et donc, il bossait à Londres. Et c'est le seul, vraiment, littéralement, la seule réponse que j'ai eue. Et il se trouve qu'il m'a embauché à Londres comme stagiaire. Donc, j'y ai passé neuf mois en 2002. Et c'était encore de 2002 jusqu'à 2007. C'était vraiment encore la golden période sur les mondes de la bourse. Bref, j'ai découvert un monde, je ne comprenais rien. À l'époque, j'étais développeur, j'étais nul en développement. et au revoir chez vous un putain de niveau d'adrénaline mais incroyable il y avait des gens ultra brillant ultra réactif ça punchait tout le temps c'était hyper intensif et c'est ça que je cherchais globalement et puis en plus je voyais bien qu'il y avait moyen de monter vite fort etc donc je suis tombé là dedans on n'y connaissait rien et quand je suis revenu à paris parce que je vais faire mais j'ai dû faire mes six mois de spécialisation et après commencer ma vie pro et puis là il y avait on était post crise internet c'était la grosse misère j'ai fait 45 entre où tout le monde me disait super profil on veut vous prendre des bons on n'a pas de mission et donc il ya fini une scène qui a fini par essayer à me repositionner à la société générale parce que j'ai été passé que à l'époque c'était ça c'est important la société générale à l'époque en 2002 2003 et jusqu'à 2007 c'est la plus grande banque markets, des marchés de capitaux au monde après Goldman Sachs. C'est le champion du monde, c'est le numéro 2 au monde sur ces produits financiers-là. Enfin, c'est pas rien, c'est un truc colossal, c'est monstrueux et donc ça veut dire les meilleurs traders et les meilleurs IT. Donc les mecs étaient vraiment... Et ça allait tellement vite, c'est un métier qui a été digitalisé assez tard, globalement, et ça allait tellement vite que de toute façon, ça a été une des forces, ils ont pris des gens de tout durement. horizons. Ils ne pouvaient pas se dire, je prends que des polytechniciens, je ne sais pas quoi, ce qui était le cas de marchés matures comme la défense, l'industrie, etc. Là, on prenait tout le monde tous horizons. Ça, c'est génial parce qu'ils prenaient même des mecs qui sortaient d'une école d'ingé assez moyenne comme la mienne. Ils prenaient, la diversité était maximum, hommes, femmes, c'est énormément nationalité, etc. Et en fait, c'est super cool parce que ce driver d'urgence, à la croissance et au win, amène une population hyper diverse et variée. Et franchement, ça, c'était super cool. Je découvre un monde avec une adrénaline de malade mental. Tu arrives et puis tu as tous les accès, tu peux tout faire, etc. Et puis très vite, tu as des grosses responsabilités. Alors le truc, c'est que sur le terrain, il faut être expert pour bien réussir dans ces métiers-là. Et moi, l'expertise, ce n'est pas du tout mon truc. Donc très vite je me rends compte que je suis vraiment un zèbre au milieu des chevaux, c'est une image que j'utilise souvent, j'ai été... chelou. J'avais un profil très différent. Alors aussi pourquoi ? Parce que je pense que fondamentalement, je n'aurais pas eu mon beau-père dans ma vie, j'aurais plutôt fait une école de commerce. Donc je me retrouve avec certaines skills ou compétences qui ne sont pas du tout celles des ingés. Donc je ne suis pas bon à coder, je ne suis pas bon en expertise. Mais en revanche, quand il s'agit de mettre du leadership de l'organisation, de faire grandir les gens, ou surtout de parler à un client, là apparemment je suis assez bon. Et donc je vais avoir une trajectoire très verticale dans la structure. et tous les 2-3 ans, je vais être promu et gagner un cran. dans la hiérarchie. Ce qui va m'amener assez haut et très vite, beaucoup plus vite.

  • Speaker #1

    Ce qui ne contarnait pas, c'était quoi l'astrogé ?

  • Speaker #0

    Alors Surtout de l'avant-dernier poste où j'ai été globalement patron de toute la prod IT, de toutes les applications qui tournaient autour de la bourse de la SGIB. Et comme je disais, c'était les métiers de capitaux de la Société Générale. Et donc ça, c'était 1000 personnes entre Paris, Londres, New York, il y en avait partout dans le monde. Globalement, 50 cultures, une énorme place en Inde, etc. Donc beaucoup de cultures, beaucoup d'enjeux, etc.

  • Speaker #1

    Donc tu manages 1000 personnes ?

  • Speaker #0

    Ouais, ça j'ai découvert que c'est un vrai savoir-faire en arrivant dans le monde de l'entrepreneuriat et dans le monde des startups aussi. C'est vraiment un savoir-faire, c'est rigolo. Dans les réponses, il y a un des pratiques de management. très explicite, très claire. Tu formes. Il faut former, il faut former, il faut former au management, pour entraîner, etc. Donc voilà, ça repousse sur des gens. Voilà, t'as confiance en T-1, T-1 a confiance en N-2, etc. Et puis après, t'as du process. Alors le process, ça donne des boutons à tout le monde. Mais quand c'est des process intelligents, c'est un truc de fou, quoi. Pour le coup, tu as écrit la façon dont tu veux qu'on travaille, ou vous avez co-écrit la façon dont vous voulez travailler. et puis vous améliorez le process et puis vous le suivez.

  • Speaker #1

    Tu nous as donné un exemple de process que tu trouvais performant ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai mis plein de process dans le management, par exemple. Donc, on a écrit très clairement les one-to-one, comment ça fonctionne, les revues annuelles, comment ça fonctionne. On décrit là, par exemple, comment tu dois faire un rendez-vous avec tes clients. Voilà, les standards. Ça ne veut pas dire qu'on te demande systématiquement comment d'aller appliquer à la lettre, etc. C'est-à-dire que tu as un cadre de référence. Tu es perdu, tu sais. Voilà, globalement. On passe beaucoup de temps à écrire tout ça. Et à la SOG, il y en avait partout. Alors, ils n'étaient pas toujours intelligents. Mais au moins, tu as un cadre de fonctionnement et tu peux répliquer, tu peux ouvrir une nouvelle place, tu peux démultiplier, tu peux passer à l'échelle, etc. Ça, c'était quand même super intéressant. Donc,

  • Speaker #1

    c'est une vie où, globalement, tu avais combien de N-1 à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    Alors, tu as un N-1 déjà dans tous les pays. Donc déjà, tu en as au moins 7. Et puis après, à Paris, c'est pareil, il devait y en avoir à peu près 7 aussi. Donc, tu as à peu près 14 reporting.

  • Speaker #1

    14 reporting directs ?

  • Speaker #0

    Oui, je pense.

  • Speaker #1

    Ce qui est monstereux, parce que du coup, 14 reporting directs, tu leur parles toutes les semaines ?

  • Speaker #0

    Oui, forcément, tu as un board et puis après, tu es allé one to one. Donc, oui, tu passes ça. Alors moi, ma vie depuis 20 ans, c'est un agenda où tout le monde rigole quand il voit mon agenda. C'est meeting sur meeting sur meeting.

  • Speaker #1

    Oui, mais c'est épuisant en plus. Oui,

  • Speaker #0

    c'est beaucoup d'énergie.

  • Speaker #1

    C'est énorme, t'as beau aimer ça, c'est pompant de faire autant de calls, d'appels. Surtout, ce que je trouve fascinant, même sur les questions d'orgasme, c'est que je me demande comment tu fais quand t'as autant de meetings qui s'enchaînent, pour ne serait-ce faire le follow-up. Alors soit tu délègues complètement le follow-up, du coup, est-ce que c'est ce que tu fais ? Comment tu gères quand t'as autant de meetings qui s'enchaînent dans une journée parce que t'as tellement de reportings directs ?

  • Speaker #0

    Il faut être hyper efficace. Moi, à l'époque, en tout cas, société générale, il faut être clair, j'avais ma deuxième journée de travail qui commençait à 19h. Donc ça veut dire que pendant 18 ans, j'ai passé quasiment tous les soirs à reprendre avec le laptop sur mes genoux et travailler jusqu'à 22h ou 23h. Surtout qu'en plus, j'avais des équipes partout autour du monde. Comme j'expliquais, mon métier, c'était de m'assurer que tous les systèmes IT fonctionnaient jour et nuit, 24h, 24h, 7h, 7h. Ça veut dire que pendant 18 ans, j'ai été réveillé la nuit, parfois 4 à 5 fois la nuit. J'ai eu 3 25 décembre de suite où on m'a appelé à 7h du matin parce qu'il y avait un problème à Hong Kong. À 7h, je suis gentil, c'était 5h. Enfin bref, parce qu'il y avait un problème à Hong Kong et qu'il y avait un énorme problème sur l'arrêté comptable, etc. Ça, c'était ma life aussi. Et puis à l'époque, on était les accros du Blackberry. Je me souviens de passer même des soirées où on allait boire des coups jusqu'à... capadeur, mais t'es quand même sur le Blackberry en train de répondre et en train de travailler ou en train de prendre un call de crise. Tu vois, à la maternité, je me souviens que sur ma première fille, j'ai passé trois heures en conf call entre comment va mon ex-femme qui est en train d'accoucher et puis j'ai une conf de crise de l'autre côté. Tu deviens ultra multitasking. Ouais, mais...

  • Speaker #1

    T'as aimé cette balle ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai adoré ça. Ah ouais ? J'ai adoré ça.

  • Speaker #1

    Parce que c'était en fait un peu aussi l'accomplissement de tout ce que tu voulais prouver au monde.

  • Speaker #0

    Exactement, tout à fait. très tôt j'ai eu une prise de conscience je me souviens c'est au bout d'un an à la Société Générale je rentre dans cette immense hall où il y a un immense statut en forme de ballon de rugby et je me rends compte qu'en fait tout ça c'est un jeu ça c'est un truc que je partage aussi beaucoup maintenant, la vie pro si pour vous c'est dur, c'est compliqué etc, il y a une façon de le gérer qui est de se dire que c'est juste un jeu et c'est comme pour les gamers c'est comme un RPG ou je sais pas quoi en fait mettez-vous dans le costume d'un player, pour le coup. Et tu vas gagner des exp, parfois tu vas perdre des points de vie, mais tu vas gagner de l'expérience, tu vas aller récupérer des nouvelles compétences, tu vas changer de monde, tu vas évoluer, etc. Et si tu le gamifies, si ta carrière, tu la gamifies, tout à coup, tu arrives à prendre un certain détachement par rapport à ça. Et puis si tu as perdu une partie, c'est pas grave, tu reprends un crédit et puis tu joues une autre partie, tu vois. C'est pas la fin du joueur, c'est juste la fin de ta partie. dans le game. Ce truc là m'a énormément aidé et j'ai adoré jouer avec ça. Du coup c'est là aussi où j'ai compris, j'ai commencé à jouer avec les jeux politiques parce que dans ces boîtes là, les jeux politiques sont énormes et réussir à comprendre qui sont les alliances, qui sont tes alliés, qui sont tes ennemis, quelles sont les mouvances du moment, quels sont les mots du moment, sur quoi il faut être ultra pointu, à quel meeting il faut être, à quel meeting il faut pas être, etc.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est sûr, t'as raison, c'est vraiment l'archétype du jeu. C'est le film, c'est les films américains, c'est le film sur la bourse que j'adore.

  • Speaker #0

    Wall Street ? Ouais,

  • Speaker #1

    avec, je suis en train d'oublier, avec celui qui a eu un cancer de la gorge, l'acteur. Non,

  • Speaker #0

    c'est pas vrai.

  • Speaker #1

    Bon, je retrouverai après. C'est incroyable. Tu étais payé combien à ce moment-là, quand tu gères 1000 personnes ? Ah,

  • Speaker #0

    une misère. Un scandale. Non. Un scandale. Peu de temps après ça, je suis allé voir deux chasseurs de tête parce que justement, je sentais que c'était le moment de partir. Les deux chasseurs de tête ont littéralement explosé de rire quand ils ont eu mon salaire. À l'époque où je pilote 1000 personnes, je suis encore très jeune pour le coup. Et puis, j'ai eu le tort de démarrer tout de suite à la Société Générale. C'est d'un grand groupe. Le problème, c'est que même quand tu es ultra performant et j'ai toujours été super bien noté, j'ai eu que des super managers. Je dis beaucoup de bien de cette boîte parce qu'elle m'a rendu énormément de choses, mais pas beaucoup d'argent. Pour le coup, quand je pilotais 1000 personnes, j'avais déjà 15 ans d'exp et j'étais payé 75 000 euros brut annuel.

  • Speaker #1

    Du coup, c'était il y a 10 ans ?

  • Speaker #0

    J'avais déjà 15 ans d'exp, donc j'avais 38 ans.

  • Speaker #1

    Donc c'était à 7 ou 8 ans. Donc, il y avait moins d'inflation quand même, mais quand même, c'est rien du tout. Je m'attendais à 120, 130. Alors...

  • Speaker #0

    Après, j'avais un gros variable. Donc ça, c'est le problème du système du monde du trading. C'est-à-dire que ces gens-là ont pensé que... on était tous des traders et donc il devait y avoir un variable basé sur des objectifs opérationnels et évidemment que ces objectifs opérationnels n'ont pas vraiment de sens et c'est devenu très compliqué c'était complété par un très beau variable en effet mais objectivement c'était vraiment WTF en terme de fixe c'est

  • Speaker #1

    dingue, c'est fou pour le temps de travail c'est ça,

  • Speaker #0

    rapporter à l'heure, alors là pour le coup comme je disais

  • Speaker #1

    Oui, c'est un salaire d'entretien de... de ménage.

  • Speaker #0

    Je passais soirée, week-end, vacances inclus, etc. En plus, la vie personnelle,

  • Speaker #1

    on prend un énorme coup.

  • Speaker #0

    C'était extrêmement violent. En plus, un peu plus tôt dans ma carrière, on a morflé sur la crise carrielle où on s'est pris dans la gueule en 2008 parce qu'on était vraiment totalement alignés avec ce qui s'est passé. J'étais responsable avec Avec mon associé, d'ailleurs, on avait les deux équipes de support qui étaient directement alignées avec Jérôme. Et donc, Jérôme, on l'avait au téléphone, pas tous les jours, mais quasiment. Pour le coup, on allait boire des bières avec lui. Donc, on était dedans. Et quand le truc a explosé, si tu veux, pour répondre à ta question aussi, c'est assez facile de subir ou de gérer, en tout cas, cette charge de travail, ce stress et la violence aussi psychologique qu'il y a dans ce monde-là, qui est hyper forte. Tant que t'es dans un truc hyper en croissance, en fait on revient au monde des startups, on était un peu dans un monde de startups de l'époque pour le coup, on était en hyper croissance, on faisait un pognon de malade mental, on était quand même augmenté chaque année, je tiens la première année où j'ai eu un bonus je crois que c'est en 2005. Je viens de passer de contracteur à interne, je suis pas du tout éligible au truc. En fait, les gars avaient trop d'enveloppes de bonus et trop de pognon. Donc ils sont venus me voir en disant, bon franchement, t'as pas le droit normalement, mais comme t'as fait une bonne année, même si t'étais contracteur, allez, on te file un gros bonus. et c'était énorme pour l'époque. j'ai touché 8000 balles de bonus, comme ça, qui n'était pas prévu. J'étais en mode, mais what the fuck ? Bref, à l'époque, il y avait tellement d'argent, etc. Et tout le monde était dans le mood que tout ça était super accepté. Tu vois, voilà. Bref, et puis un jour, tu as un énorme éclair qui te tombe sur la gueule. la gueule, t'as un trauma colossal qui va écrouler cette banque-là, qui s'appelle Jérôme Kerviel. Et là, tout ça devient vachement plus compliqué. Alors heureusement, vu qu'il y avait cette culture de très performeur, hyper bon en gestion de crise, etc., ils ont eu l'intelligence de basculer toute cette énergie en... D'ailleurs, le projet de rémédiation s'appelait Fighting Back. Donc c'était... On a gardé cette posture de combat, non plus dans un combat pour la paix. pour la croissance, mais un combat pour la survie. Parce que ça a vraiment été le sujet. La banque est passée très très proche de mourir. Et on a combattu pour survivre. Et ça, ça a marché encore un certain nombre d'années. Puis à un moment où l'énergie quand même est redescendue. À ce point-là,

  • Speaker #1

    c'est-à-dire que les gens sont que c'est dur de capter... Parce que Kerviel, il avait fait perdre combien en fait ?

  • Speaker #0

    Alors au final, 4,8 milliards d'euros.

  • Speaker #1

    Mais c'est rien, tu vois, par rapport à... Enfin, c'est rien, non, quand même pas. 4,8 milliards.

  • Speaker #0

    4,8 milliards, c'est plus qu'une année de résultats de la Société Générale.

  • Speaker #1

    Mais c'était assez sur des milliards de trésors, tu vois, même à l'époque.

  • Speaker #0

    Ah non, pas du tout. Alors pour le coup, la capitalisation totale de la Société Générale à l'époque, c'était 35 milliards d'euros. La valeur totale du groupe, je ne parle pas de réseau, je parle de tu revends les immeubles, tu revends le fonds de commerce, tu revends tout et tu en avais pour 35 milliards. Donc quand tu en perds 5, ça pique un peu quand même. Et après, il y a quelque chose de beaucoup plus grave, c'est que derrière, il fallait 1, gérer l'impact client. parce qu'évidemment, tu as beaucoup moins envie de travailler avec la société générale à ce moment-là. Deux, on est en plein dans un cri de décès subprime. Donc, de toute façon, c'est au même moment, à six mois près.

  • Speaker #1

    Personne ne veut bosser avec les banques.

  • Speaker #0

    Plus personne, voilà. Et puis, voilà. Trois, tu as le régulateur qui arrive. On va passer notre vie avec le régulateur, la police judiciaire, etc. Les médias, tout ça, voilà. Et donc, tout ça secoué fait que les revenus sont jamais... Et la rentabilité. Oui, plus les investissements nécessaires pour couvrir toutes les failles qu'on connaissait, mais qu'on ne voulait pas traiter à l'époque parce que ce n'était pas le sujet. Là, tout à coup, ta renta, elle s'écroule totalement.

  • Speaker #1

    En fait, tu es passé d'une période où toi, jeune cadre dans Don Boy, avec des bonus à non plus pouvoir, ça bosse dans tous les pays, dans toutes les langues, avec tout le monde, la croissance de malade, pognon partout, à Jérôme Kerviel, plus personne n'a confiance, c'est la crise. La banque va peut-être crever. Donc, ils ont viré plein de gens, je suppose, à ce moment-là aussi.

  • Speaker #0

    Bien sûr, évidemment. Des prestats, mais aussi des internes, etc. Enfin oui, ça a été hyper, hyper, hyper dur. On a bossé encore plus dur, encore plus tard, encore plus fort pour moins de bonus, pour une ambiance de merde. Mais pourquoi t'es resté,

  • Speaker #1

    du coup, toi, dans une boîte Paris ?

  • Speaker #0

    Parce que j'étais dans le combat. Parce que pour moi, c'était une religion, c'était une famille. D'ailleurs, c'est encore une famille, aujourd'hui. On se voit en... encore hyper régulièrement, dans ma boîte, il y a pas mal de gens qui sortent de la Société Générale, dans mes clients, j'ai des instances de Société Générale, c'était une famille, c'était une élite de ouf, c'était, il y a un côté, d'ailleurs, il y a une des équipes, on en rigolait pas mal, mais qui avait une série de casques. de spartiate une collection de casques spartiate et c'était 300 on était on était ces par 7 l'arbre logo c'est à la vie à la mort vraiment c'était un truc de fou tu avais une trentaine d'années exactement et pas encore d'enfants quand il est car bien non je venais non je n'en jeu deux ans plus tard j'ai mis là.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Donc j'enchaîne Carviel avec ma première fille, mon oncle dont je parlais tout à l'heure. Et je venais juste avant Carviel, je vais perdre mon grand-père. Tout ça s'enchaîne hyper fort. Et donc c'est là aussi où... les armures que j'ai construites, le jeu que je jouais, etc. Tout ça va commencer à vaciller assez fort. Carviel, en gros, va me faire faire un burn-out. La crise, pas la personne. Et la crise, je vais vraiment faire un burn-out sur lequel je ne mettrai pas ce mot-là, parce qu'à l'époque, on n'en parlait pas beaucoup déjà. Je vais prendre 20 kilos. Je n'arrive plus à dormir. Je me réfugie dans la bouffe. Je n'arrive pas à gérer mon stress autrement. Et je suis à deux doigts d'exploser. Et heureusement, mon ex-femme, un jour, prend un salon et me dit, soit on parle, soit je me barre. Et on venait de se marier, je crois. On était mariés depuis moins d'un an. Donc heureusement, elle a réussi à... montre ouvrir la porte et elle me dit elle me forçait à commencer à reconnaître mes émotions et à verbaliser et bon après il y a encore pas mal de choses qui se passent avant que j'y arrive totalement mais en tout cas c'était la porte ouverte ah oui d'accord donc et

  • Speaker #1

    donc c'est là où tu as commencé ok donc ça commence à t'ouvrir tu commences à faire un travail sur toi tu commences à faire un travail de psy je suppose aussi peut-être un peu longtemps après oui tout à fait avec ce qui se passe voilà parce que vraiment des tonnes de traumas qui me dorment j'ai

  • Speaker #0

    J'ai vraiment cette chance dans la vie. Il m'est arrivé des trucs hyper durs. Ma meilleure amie meurt d'un cancer fulgurant à ce moment-là, où elle disparaît en six mois. Donc là aussi, tu es confronté. Là, j'étais confronté à la mort, mais à peu près tous les six mois, j'avais quelqu'un très proche autour de moi qui est décédé de façon totalement inattendue. Donc là, j'ai eu recours à un psy pour réussir à gérer ce truc-là. Et en plus, mes deux filles sont nées à trois ans d'écart. La première a très peu ou pas dormi pendant trois ans, parce qu'elle faisait des terrors nocturnes. donc ça veut dire deux à trois réveils par nuit plus les réveils du boulot et on a enchaîné avec la deuxième qui elle a eu un énorme problème enfin un énorme problème de santé elle est née avec ce qu'on appelle des pieds beaux donc c'est ces gens qui on les voit dans les pays sous développés vont marcher avec un pied dans le travers donc elle est née avec deux pieds comme ça pour le coup et bon alors ça a amené en plus des préoccupations parce que en général c'est un C'est un signe avancé de trisomie. quand tu as deux pieds beaux. Jusqu'à sa naissance on a cru qu'elle était trisomique. Voilà et donc quand elle est née on a eu le bonheur de découvrir que ce n'était pas du tout le cas. Et en revanche ça a généré encore trois ans où elle a eu des attelles, des plâtres jusqu'à la hanche qui généraient des blessures, des problématiques. On n'a pas pu partir en vacances, c'était voilà cinq séances de clinique par semaine et des réveils aussi là trois à cinq fois par nuit. Donc j'ai passé six ans. où en six ans, on avait compté avec mon ex-femme, on a eu onze nuits complètes. Et donc, j'avais quasiment pas de sommeil. Donc, tout ça cumulé fait qu'à un moment, j'ai eu besoin de soutien d'un psy. Oui, il y a eu quelque chose,

  • Speaker #1

    mais pas potentiellement.

  • Speaker #0

    Heureusement que je m'étais construit cette putain d'armure. C'est clair, c'est clair.

  • Speaker #1

    C'est la preuve. Ça, c'est quand même, quand j'entends ton témoignage, je me dis, effectivement, on a tellement de ressources. Puis après, quand tu vois, a fortiori... Oui. sans m'inhumider, mais tu vois, les gens qui sont passés par la Shoah, qui sont passés par des horreurs absolues dans des pays en dictature, ou qui ont été torturés, etc., ou qui se sont fait kidnapper, tu te rends compte, en fait, il y a un écart énorme entre ce que tu penses pouvoir encaisser et ce que sont vraiment tes limites, et comment ton cerveau, ton corps peut se mettre en mode survie. C'est hallucinant, tu vois, parce que là, quand tu dis ça, même 6 ans sans dormir, avec effectivement des proches qui partent et tout, c'est déjà très violent. Donc, qu'est ce qui fait du coup le déclic au moment où tu te dis bon, c'est bon, la SOG, ça suffit, il faut que j'y aille.

  • Speaker #0

    Alors déjà, j'arrive à un moment où les gens arrêtent de mourir autour de moi, où j'arrive à dormir, etc. T'as quel âge à peu près là ? Ouais, je pense que c'est autour de mes 37 ans, 38 ans. Donc, tu vois, c'est déjà quand même assez... assez avancé et des lectures, des rencontres, un certain nombre de choses, la prise de conscience aussi. Ouais, un gros problème d'alignement de valeur. Ah oui, donc mon dernier job. Donc après que je manage 1000 personnes, je reprends d'autres, une équipe un peu plus petite de 300 personnes. Mais là, je suis seul maître à bord. C'est-à-dire que là, j'ai vraiment la capacité de faire tout ce que je veux. Et là, on est dans un moment où l'agilité est un gros, gros trend. Je rencontre des gens extraordinaires dans cette équipe-là qui vont m'éveiller un certain nombre de styles de management, etc. qui à l'époque n'existaient pas trop. Donc, tu vois, c'était le tout début du servant leadership. J'écoute ce truc-là, alors là ça match à mort avec mes convictions, mes valeurs, etc. Et on va déployer un modèle organisationnel assez différent, qui est assez proche d'une entreprise libérée. Au sein donc, vous avez compris, de l'écosystème que je racontais précédemment. C'est rigolo, j'ai des gens extraordinaires en dessous, et des clients extraordinaires aussi, et des clients internes. Il va falloir que ça va cartonner. En interne, on crée un écosystème où je casse tous les niveaux hiérarchiques. Quasiment, il n'y en a plus qu'un seul parce qu'on n'avait pas trop le choix. Toutes les décisions sont prises par le terrain. On fait énormément de... L'AIG a un écosystème hyper tourné vers soi et ne partage pas du tout. Dans cette équipe-là, on va faire des talks. On faisait 35 talks par an. en externe, 35 conférences par an. J'avais 35 personnes dans mes équipes qui faisaient au moins une conf par an, en externe. Ça n'existait absolument pas à l'époque. Bref, grosse ouverture sur l'externe. modèle d'engagement interne, etc. Tout ça fonctionne à mort, sauf que en fait, c'est en lisant Reinventing Organization de Frédéric Lalou, c'est le premier bouquin que j'ai lu en sortant de l'AIG, qui m'a expliqué pourquoi... pourquoi j'avais morflé, parce qu'en fait, on avait développé un cancer au sein d'un organisme. En tout cas, on avait développé la définition du cancer, je crois. C'est une cellule qui va fonctionner très différemment par rapport au reste de l'organisme. Et il se passe quoi ? Du coup, le reste de l'organisme ne comprend pas et se met à attaquer la cellule. Et c'est vraiment ce qui s'est passé. Et comme j'avais complètement déstructuré mon organisation, le seul bouclier qui existait, c'était moi. Et je rigolais souvent en expliquant que dans la même... la même journée, c'est ce qui s'est vraiment passé. Le matin, je passe toute la matinée à discuter avec mon business de comment on peut tripler les revenus à horizon 10 ans, donc ultra stratégique. Et à midi, il y a le commercial de Nespresso qui arrive, il dit, putain, mais votre machine à café, elle est dégueulasse, c'est qui le responsable ? Et tout le monde fait, bah, c'est Emery. Donc moi, j'étais vraiment responsable de tout, tu vois, depuis la propreté de la machine à laver, à café, jusqu'au plan stratégique à 10 ans de comment on fait x2. Bref, donc je faisais déjà de l'entrepreneuriat, mais je ne le savais pas. Et donc, à ce moment-là, à ce moment-là, il y a une énorme agression politique de l'écosystème sur moi, enfin sur mes équipes.

  • Speaker #1

    Tu veux dire en gros de la hiérarchie de Société Générale ? Ouais,

  • Speaker #0

    et pas forcément que en haut, c'est aussi les équipes d'à côté qui n'aiment pas ce que je fais parce que du coup mes clients sont hyper contents, ça cartonne, etc.

  • Speaker #1

    La jalousie quoi.

  • Speaker #0

    Bah oui, et tous les collabs des autres équipes qui voient comment c'est chez moi, ils veulent venir, du coup je deviens le mec qui débauche tout le monde, enfin en tout cas c'est la réplique que j'ai. Les RH qui ne comprennent pas trop les process chez moi, comment ça se fait que maintenant les bonus, etc. Les gens commencent à avoir le droit de dire ce qu'ils veulent, etc. Donc le truc, voilà. écosystème merveilleux, on construit un truc de fou, mais à un moment, la pression est hyper forte, depuis que j'en ai marre, ça fait 18 ans que je suis dans ce groupe-là, donc je dis, ok, j'ai atteint un peu mon paroxysme, j'ai envie d'aller faire quelque chose ailleurs, et c'est là où, du coup, il y a Marjan, ma futaire associée, qui passe par là, et qui me dit, viens, on va créer une ESN. Une ESN différente. Est-ce qu'on va vraiment faire ça ?

  • Speaker #1

    Ou pas ? Ok, donc là, c'est le début d'Alenia Consulting, dont tu tires, effectivement, Pas mal de principes, je suppose, de cette expérience à la Société Générale où tu as pu un peu développer l'entreprise libérée, le management horizontal, créer cette espèce de cancer positif, cette bullnourse un peu dans le business. C'est quoi, pour décrire aux gens qui nous écoutent, les trois ou quatre points saillants de la culture d'Alenia qui sont remarquables, qui sont particuliers, qui te rendent fier ?

  • Speaker #0

    Vous aurez compris, du coup, j'espère que moi, mon besoin en sortant de la Société Générale, c'était de redevenir moi-même. Et j'avais envie de créer un écosystème sur lequel tout le monde pourrait vraiment être soi-même. C'est un truc super bateau et standard, mais en fait, j'avais envie de poser l'armure. En fait, on dit souvent à Chaliniac, on essaie de réaligner le moi pro et le moi perso. Donc ça fait un peu... C'est un peu psy. Il y a quelque chose comme ça. Pourquoi qui a décidé que du lundi au vendredi, de 9h à 17h, on devait être quelqu'un de différent ? D'où vient ce fucking truc ? Qui a dit ça ? Et pourquoi ? Et en quoi ça nous rend plus performants et, je sais pas, plus opérants ? Non. Jamais. On peut jamais être aussi performant que quand on est vraiment soi-même. Ok, let's go, let's do it. Essayons, testons ce truc-là. Donc on l'a testé. On est allé super loin. Ça, ça veut dire aussi accepter plein de choses qu'on n'accepte pas normalement dans le monde pro. Dans le monde pro, tu n'as pas le droit de pleurer. Tu n'as pas le droit d'être triste. Ça va ? Ça va ? C'était bien hier ? Ouais, super. Bon, ok. Et ton week-end ? Super, franchement, on a joué au foot. C'est cool. T'as pas le droit d'être en colère, ça aussi, c'est rigolo. C'est d'ailleurs une émotion qui est ultra bannie.

  • Speaker #1

    Ah ouais, dans le monde du travail, moi ça m'énerve, pour le coup.

  • Speaker #0

    Incroyable.

  • Speaker #1

    Le fait de ne pas pouvoir exprimer des couilles.

  • Speaker #0

    La colère, c'est très violent d'ailleurs. C'est une émotion qu'on ne reconnaît pas et qui est inacceptable dans le monde professionnel. Désolé, je suis humain. Désolé, il y a des moments où je suis en colère, des moments où je suis triste. il y a des moments où je ne vais pas être en forme, il y a des moments où je vais être down. Je ne vois pas en quoi j'ai besoin de porter des masques ou de ne plus être moi-même à ce moment-là. Non. Donc j'ai décidé qu'entre 8h59 et 9h01, je vais rester la même personne et je ne vais pas tout à coup mettre des masques et une armure. Ça semble super théorique. Si je donne un petit peu de concret, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que déjà, typiquement, on s'autorise tous à vivre toutes nos émotions dans le travail. Donc ça veut dire que les trois associés de la boîte, ils ont régulièrement fondu en larmes devant tout le monde. C'est super ok. Voilà. C'est hyper ok.

  • Speaker #1

    Mais à quelle occasion ? Parce qu'on pourrait très torquer quand même. Comment dirais-je que... Même parfois, tu vois, l'environnement de travail est une safe place parce que justement, il y a une protection vis-à-vis d'émotions qui pourraient être trop fortes. Il y a plein de gens qui préfèrent dans le travail avoir cette espèce de costume qui leur permet de s'accomplir intellectuellement, de se challenger, de grandir, mais qui n'est pas forcément la même chose que ce que tu peux vivre dans la vie perso. Pas soit parce qu'ils ont une vie personnelle qui peut être difficile, bouleversante, ou soit parce que tout simplement, ils ont décidé que c'était comme ça et c'est mieux. tu vois donc C'est quoi le... En fait, ce que toi, tu dis, c'est que si ça doit sortir, ça sort, quoi. C'est autorisé.

  • Speaker #0

    Tout à fait,

  • Speaker #1

    c'est hyper ok. C'est autorisé ou c'est encouragé ?

  • Speaker #0

    C'est encouragé. Ouais, c'est encouragé. Pour le coup, c'est encouragé. Ouais, c'est encouragé. Parce qu'en fait, de toute façon, sinon, ça ressortira autrement. Ça peut ressortir avec de la sous-performance. Ça peut ressortir avec je vais m'exclure. Peut-être qu'à un moment, ça va ressortir en mode je suis tellement pas bien qu'il faut que je... change de boîte. Et alors, je vais te dire, c'est un truc magique, magnifique, et je n'ai pas à m'en étirer particulièrement, mais on est tellement peu à faire ça, qu'une fois que tu t'es habitué à ça, c'est presque un piège. C'est-à-dire que moi, je ne peux plus rebosser dans un environnement sur lequel je remettrais une armure. Voilà. Et c'est le cas, je pense, de pas mal de mes collabs, pour le coup.

  • Speaker #1

    C'est pas un argument de rétention.

  • Speaker #0

    De rétention, mais de fou. D'ailleurs, j'ai envie qu'il y ait plein d'autres boîtes qui fassent ça. Parce que même pour mes collabs, ils ont le droit un jour de dire que leur aventure prochaine, et il y en a qui le font, c'est plus Alenia. Et j'ai envie qu'ils retrouvent ailleurs des écosystèmes qui sont OK avec ça. Parce qu'en revanche, redevenir soi-même, pour après reporter des armures, ça va être une violence infâme. Moi, je vois pas en quoi ça diminue ma performance. de pleurer, d'être en colère à un moment ou quoi que ce soit. Au contraire, je pense que si on prend l'émotion qu'est la colère, sur laquelle je peux comprendre qu'il y ait beaucoup plus de débats, c'est un peu plus compliqué que la tristesse à la limite. D'abord, le premier truc sur lequel on essaie de travailler avec nos collabs, c'est d'identifier et de verbaliser sur les émotions, de reconnaître ces émotions. et de le verbaliser. À partir du moment où déjà tu vas dire « je suis en colère » , c'est un truc totalement magique qui va quasiment te faire basculer dans une autre émotion. Si déjà tu la reconnais et en plus tu la partages, tu la verbalises, donc tu lui donnes une certaine légitimité, ça va déjà adoucir le truc énormément. Et d'ailleurs, tu vas pouvoir basculer de l'émotion au raisonnement. Tu vas déjà pouvoir aller chercher le « ben pourquoi ? » D'accord ? Et ça aussi, c'est un de nos problèmes. C'est-à-dire qu'on parle rarement de l'origine. On va rarement tirer le fil. Déjà, donc, un, ah, je ressens ça. OK ? Et maintenant, pourquoi ? OK ? Et après, peut-être le comment ou comment j'ai... j'évolue, comment j'avance, etc.

  • Speaker #1

    C'est vrai que Chris Voss, qui est le fameux négociateur du GIGN, il dit que nommer la colère fait redescendre, enfin nommer une émotion la fait redescendre immédiatement. Et par contre, il faut faire attention parce que ça, moi, j'ai fini par le comprendre. Si tu dis à quelqu'un j'ai l'impression que tu es en colère, ça peut l'énerver beaucoup plus. En fait, il faut dire j'entends dans tes propos de la colère et du coup, il faut bien distinguer la personne du propos parce que sinon, tu le colle une étiquette qui est d'ailleurs peut-être même pas son émotion ou alors en tout cas qui va le contraindre dans son truc. Donc il faut faire attention à l'annonce.

  • Speaker #0

    Tu as raison parce que c'est très différent de verbaliser ses propres émotions ou d'aller interpréter les émotions de la personne en face. Là, on est sur quelque chose de très différent. Je dis souvent à mes collabs il y a une vérité absolue, c'est ce que vous vous ressentez. Ça, c'est une réalité. Et je ne peux pas la changer. Si tu me dis que tu ressens quelque chose, je peux pas te dire c'est pas vrai non qui je suis pour te dire ce que toi tu ressens à l'inter de toi donc c'est une réalité c'est une vérité donc après je ne peux pas interpréter justement moi comment tu te sens donc je peux te dire mathieu moi ce que je ressens quand tu dis ça je ressens de la colère toi qu'est ce que tu ressens fait pour le coup Là-dessus, c'est un dialogue. C'est intéressant. Le problème de la colère, si on revient là-dessus, ce n'est pas tant l'émotion en elle-même. C'est la façon dont on va la verbaliser, la façon dont on va réagir face à cette émotion. Et c'est vrai que c'est une émotion qui en elle-même amène plus de violence potentielle que d'autres émotions. C'est vrai. Encore une fois, un, si tu la verbalises, ça réduit. Et puis deux, après, comment tu vas gérer cette violence-là ? on peut en parler en entreprise aussi. On fait quoi si on ressent de la colère ?

  • Speaker #1

    Tu as un exemple concret, par exemple, de quelqu'un qui était en colère récemment, ou toi ou quelqu'un d'autre, et comment tu l'as géré ?

  • Speaker #0

    Alors, je peux te dire que moi, je l'ai mal géré il y a encore 2-3 ans. Il y a 2-3 ans, j'étais pourtant en plein dans ce voyage émotionnel, etc. Une situation qui m'a vraiment mis en colère fort. Et j'ai tapé tellement fort sur la table que globalement, j'ai dû aller à l'hôpital pour vérifier que je ne m'étais pas cassé un os donc voilà c'est un truc qui m'a animé quand même pas mal dans mon enfance on rigole beaucoup parce que un jour mon petit frère m'a tellement énervé j'avais déjà 18 ans j'ai défoncé une porte avec mon poing dans la maison de vacances la fameuse maison de vacances à l'île de l'Eran il y avait une porte avec un trou au milieu parce que j'avais passé mon poing à travers tellement il m'avait énervé dans The Office avec Andy qui tape dans le mur Ouais,

  • Speaker #1

    on voit bien. Un petit peu du Hunger Man. je m'arrête après.

  • Speaker #0

    Voilà, bon, ça, c'est la façon dont il ne faut pas faire. Parce que voilà, ce qui est intéressant, en revanche, c'est d'aller chercher l'origine. C'est quoi la blessure ? Qu'est-ce qui fait que cette situation t'a mis autant en colère ? Qu'est-ce qui fait que ça t'a basculé en zone rouge ? Je vais te donner, je ne sais pas si ça va totalement répondre à la question, mais maintenant comment on va gérer un peu différemment en tout cas. Et ça c'est, je vais partager un truc qu'on fait systématiquement dans tous nos one-to-one. On démoire nos one-to-one ou le manager va commencer par verbaliser son état émotionnel du moment. un tout petit peu gamifié le truc, on a dans le fichier de suivi, tu as toutes les émotions un peu en mode emoji. Et donc, on va aller cocher les différentes émotions dans lesquelles tu es. Et état émotionnel. Donc, je peux être typiquement en colère, fatigué, saoulé, je ne sais pas quoi. Et je coche ces trucs-là. Et le manager, lui aussi, juste après, va verbaliser son état émotionnel. Ça, ça aide énormément parce qu'encore une fois, déjà, les deux parties... vont donner finalement les règles du jeu. Ça, c'est méga intéressant. Et en fait, tu vas gérer ton one-to-one de façon hyper différente en fonction de l'état émotionnel du manager et du manager.

  • Speaker #1

    La question qui me vient immédiatement, et je pense que des dirigeants ou des managers qui nous écoutent vont te dire tout de suite, mais comment ça ne part pas en cacahuète, ce truc-là, et ça ne se transforme pas en le café du commerce où Jacqueline raconte ses penches sur... les problèmes de son chien qui a mal aux dents, son mari qui l'a emmerdé, et je ne sais pas quoi. Et l'autre qui lui raconte qu'en fait, ça le met en colère parce qu'il n'en a rien à foutre. Tu vois ? Comment tu fais pour rester pro, en fait ? Pour avancer, tout simplement, sur les sujets.

  • Speaker #0

    Alors, ce qui est aussi super important, on va insister là-dessus, c'est le sous-jacent de tout ça, on est dans une entreprise et qui a besoin d'être performante. D'accord ? C'est con, j'ai mis du temps à le comprendre ce truc-là. Parce que pour moi, ce que je voulais, c'était un lieu... C'était quasiment... Tu voulais te préparer en fait aussi. Ouais, déjà, complètement. Et puis je voulais un hébergement, je voulais réparer les gens.

  • Speaker #1

    Tu voulais réparer les gens.

  • Speaker #0

    et je vais créer une SPA C'est super la SPA, mais sa base, j'imagine, je crois que c'est un statut d'association. Donc, il faut qu'il y ait des gens qui donnent de l'argent pour que ça fonctionne. Ce n'est pas le principe de l'entreprise. Donc, le sous-jacent de l'entreprise...

  • Speaker #1

    Même la SPA, sous-dit en passant, elle doit réparer les animaux. Donc, il faut qu'il y ait un objectif de performance aussi.

  • Speaker #0

    Donc, tout ça, le sous-jacent, on n'est pas une œuvre caritative. Il faut qui est de la performance. Après, c'est marrant parce que la façon dont toi tu réagis là-dessus, et c'est le cas de plein de gens en effet, tu vas aller voir déjà des cas extrêmes. Et en plus, c'est des gens qui ont accumulé tellement d'émotions non partagées qui vont, quand ils vont ouvrir... Le coffre, ça va être un déversement. Et en effet, chez nous, on a en effet les six premiers mois où tu embarques dans la boîte, on constate souvent en effet des gens qui ont un trop-plein d'émotions, de vécu, etc., qui vont avoir besoin. Et puis, mais très vite, ça se normalise. Les gens n'ont pas tous les jours envie de te raconter leur enfance, leur trauma, etc. Maintenant, on a appris à se connaître, on a confiance, on a la même vision, on a envie d'être performant. Donc, c'est important que tu saches qu'en ce moment, je suis fatigué parce que mes gamins, ils dorment. mais pas que je suis en colère parce que telle situation, je l'avais vu venir, je n'ai pas réussi à la gérer. Donc, j'ai une grosse frustration par rapport à ça. Mais fondamentalement, on est dans la même boîte, on a envie d'y aller. J'ai envie de réussir, j'ai envie de grandir dans ma carrière. Donc maintenant, aide-moi et aidons-nous à réussir. Et franchement, je n'ai jamais ça, pour le moment. Je n'ai jamais ça.

  • Speaker #1

    Ok, donc le fait de désamorcer ne pollue pas la discussion business, selon toi ?

  • Speaker #0

    Absolument pas.

  • Speaker #1

    C'est intéressant. Je me fais l'incarnation des objections que n'importe quel manager ou dirigeant d'entreprise va se faire. Je pense que c'est la peur qu'ils ont. Je pense que si on a transformé le monde professionnel en masque, c'est pour être efficace. C'est parce qu'on pense en tout cas que c'est ça qui va rendre les gens efficaces.

  • Speaker #0

    Ouais, alors pour le coup, on vient aussi au principe de brutal honesty. Voilà, et c'est quelque chose que j'aime.

  • Speaker #1

    Radical Condor, tu veux dire ? Ouais,

  • Speaker #0

    de Radical Condor, exactement. C'est un super bouquin. Ouais, c'est vraiment génial. Et ça, ça va avec, en fait. Encore une fois, pour moi, on n'est jamais autant... performant qu'au moment où on est en totale transparence et en totale vérité et honnêteté. Pour ça il faut se dire les choses. Donc ça c'est typiquement un sujet que j'ai eu il n'y a pas si longtemps aussi dans la boîte c'est on m'a dit non non mais je peux pas lui faire tel feedback d'amélioration, parce que tu comprends, on est quand même dans une boîte bienveillante. Mais à quel moment on a dit que la bienveillance, c'est pas dire la vérité ? Jamais. Justement, au contraire. La bienveillance, c'est d'abord se dire les choses, et les choses qui piquent. Parce que, un, si moi je le pense, peut-être que d'autres le pensent. Deux, la bienveillance, c'est vouloir le bien pour la personne en face, et le bien, c'est l'aider à s'améliorer. Puis en plus, c'est ta vérité à toi. peut-être que ça va y avoir à la personne en face elle est différente mettons les choses sur le papier soyons objectifs partageons truc soyons regardons dans la même direction et tout de suite on va voir que évidemment la haute poutre ce sera encore quelque chose de différent que ce que moi je pense est ce que toi tu penses ce que tu vois et oui on va construire on va avancer la bienveillance elle commence par la performance Et surtout, disons-nous la vérité. Et cette vérité, elle est objective et elle est aussi émotionnelle.

  • Speaker #1

    Ok. Ok, c'est intéressant. En tout cas, il y a deux points saillants qui sont la capacité à poser les émotions pour désamorcer et pour rendre la condition de travail beaucoup plus agréable et du coup, une finie à la performance meilleure. le fait de faire des feedbacks. Est-ce qu'il y a autre chose chez Alenia qui...

  • Speaker #0

    Beaucoup de rétro. On adore la rétro, pour le coup. Les rétro ? Oui, les rétro, c'est une cérémonie qui vient... Tu fais gaffe,

  • Speaker #1

    parce que tu nous emploies un nombre de buzzwords.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Vous allez, c'est mon monde. La rétro, c'est une cérémonie qui vient du monde de l'agilité et qui fait qu'à la fin d'un cycle... où on a travaillé à développer des trucs, on va regarder dans le rétroviseur, simplement. Et on va regarder, donc c'est là, on va regarder qu'est-ce qu'on aurait pu faire mieux, qu'est-ce qu'on a bien fait, qu'est-ce qu'on doit changer, qu'est-ce qu'on doit arrêter, etc. Et puis, nous, on rajoute toute cette couche d'état émotionnel. On va discuter aussi, ok, au bout de ces deux semaines, par exemple, typiquement, dans quel état émotionnel j'ai été, dans quel état émotionnel je termine. Et ce truc-là aide aussi vachement à ancrer un truc, à amener amener un dialogue, etc. Et là où c'est rigolo, c'est qu'on fait ça en interne, et puis en fait, on a commencé il y a quelques années à faire ça avec les clients. Là, c'est super intéressant parce que tu amènes le sujet de l'intelligence émotionnelle chez ton client. Nos clients, je rappelle, c'est des grandes banques, des grosses boîtes dans l'énergie, de l'assurance, etc. Des gens plutôt en costard, qui ont un certain âge, qui ont payé cher pour avoir des consultants chez eux, etc. Donc on va dire que c'est pas un environnement super favorable. Donc la première fois que tu fais ça avec eux, ils voient bien Heu... ce qu'on fait, etc. Ils nous trouvent assez sympas, etc. Et on leur demande, à toi, Philippe, ce vendredi après-midi, après ces deux semaines, t'es dans quel état émotionnel, toi ? T'es comment ? Tu te sens comment ? La première fois, ils vont te dire, ouais, ça va, ça va, tout va bien. Et en fait, première fois, deuxième fois, troisième fois, parce qu'ils vont voir que nous, en revanche, on va être beaucoup plus ouverts, etc. Et tout à coup, tu vas avoir des clients qui vont se livrer totalement sur leur état émotionnel. Et tu vas connecter à un niveau incroyable. et donc tu vas te mettre à pleurer des vendredis après-midi soit en physique, soit dans des teams, avec tes clients ah oui je te parle de choses qui arrivent régulièrement en rétro en rétro

  • Speaker #1

    fait le récap de ce que vous avez fait ensemble.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Et je vais vous parler de tout,

  • Speaker #1

    sauf de boulot, en fait.

  • Speaker #0

    Alors, le sous-jacent, c'est toujours le boulot. Et tu vas, si, tu vas quand même, en plus, tu vas être orienté sur les actions d'amélioration, etc. Mais on va vraiment passer, tu vois, ces rétros, elles peuvent prendre facilement deux heures. Et sur les deux heures, tu vas vraiment commencer par une grosse demi-heure sur laquelle on va parler de l'état émotionnel. Et ce qui est, évidemment, ton état émotionnel, il n'est pas le résultat juste du projet sur lequel tu bosses ensemble. et le résultat de ta relation ici avec ton boss c'est de la relation avec ton boss avec tes pères, à la maison, avec ta femme, avec tes enfants, etc. Donc en fait, t'emmènes les gens, avec ce truc-là, t'emmènes aussi les gens sur la réunification du mois pro et du mois perso, et tu vas connecter avec la personne, donc ça crée une connexion incroyable pour le groupe.

  • Speaker #1

    C'est dingue de se dire que tes clients vont pleurer. Alors moi, du coup, j'ai eu la chance d'avoir ça. La chance. C'est bizarre, on est réunis de secte aussi, mais le club bootstrap, c'était ça. On a vécu quand même des bonnes soirées, les deux, avec plein d'autres gens parce que c'est un cadre d'entraide pour des entrepreneurs donc c'est un moment où notamment en séminaire on part trois jours dans la forêt quelque part loin de Paris où tout le monde vient justement prendre du recul vider son sac être soi-même poser la carapace du dirigeant donc il y a évidemment plein de moments extrêmement authentiques extrêmement touchants donc les larmes font partie de cet épisode mais en fait il faut imaginer cette épreuve-là il faut pas la croire dans un poète haïti en fait il faut garder

  • Speaker #0

    cet état-là, état d'esprit, état émotionnel tout le temps. Pourquoi tu reviens du séminaire Boss Rap et pourquoi tu remets la carapace et l'armure ? Et d'ailleurs, c'est quelque chose qui m'a frappé encore sur le dernier séminaire. Le nombre d'entrepreneurs autour de moi qui sont dans des thématiques de comment je pourrais être un peu plus moi-même dans ma boîte. Les gars, c'est les patrons. Et ils n'arrivent pas à être eux-mêmes dans leur boîte. Et c'est dur. C'est absolument pas un repatch. Vu tout ce que j'ai vécu avant, je ne saurais pas le placer. Mais je suis en empathie hyper forte avec eux. Parce que c'est... Déjà, le job d'entrepreneur, il est méga hardcore. Si en plus, on doit endorser tout ça avec... Avec de l'armure, le sourire forcé, etc. Putain, non.

  • Speaker #1

    C'est marrant parce que pour le coup, dans l'épisode que j'ai fait avec Wilfried, qui est un des premiers que j'ai tourné, de Super Prof, lui, quand je lui ai demandé est-ce que tu préfères être un leader empathique, authentique et du coup aimé de tous ou justement au contraire, être un leader qui incarne la force, la puissance, qui porte un masque. Lui m'a répondu que... et qui n'émet pas de doute, il m'a dit moi jamais je n'exprime de doute jamais, jamais, jamais je suis Gengis Khan qui part à la guerre parce qu'en plus lui il va conquérir la Chine en ce moment racheter des boîtes en Chine et tout jamais de sa vie il accepte de montrer ses vulnérabilités à son équipe c'est mort quoi j'adore l'épisode,

  • Speaker #0

    franchement il est super cool cool et coucou Wilfrid connaissant Wilfrid j'ai mis un doute quand même je pense qu'il a une grosse part de lui-même dans son quotidien avec sa boîte moi, soyons clairs je suis un putain de conquérant mes associés aussi on a déjà une histoire assez incroyable et unique tu fais pas 25 millions en 6 ans sans ça et puis j'ai faim on va bouffer le monde, c'est vénère aussi mais en revanche pourquoi je vais bouffer le monde euh c'est quoi l'ambition, etc. Moi, pourquoi j'ai envie de bouffer le monde, c'est qu'il y a aussi un truc où j'ai envie d'offrir cette expérience incroyable à un maximum de collaborateurs, à un maximum de clients. Je pense qu'ils le méritent. Et ce que je disais, d'ailleurs, j'engage aussi les gens autour de moi, mes compétiteurs, à faire la même chose. Faites ça. C'est ouf. C'est incroyable. C'est un putain de kiff de malade mental. Et en plus, il y a de l'espace. Tout le monde, fondamentalement, veut ça. Voilà. Même les achats. donc

  • Speaker #1

    partout dans le monde mais donc du coup toi régulièrement notamment en all-ins par exemple donc face à toute ton équipe tu es capable de dire j'ai des doutes ça me fait peur tout le temps la vulnérabilité c'est un super pouvoir c'est un putain de super pouvoir c'est incroyable et

  • Speaker #0

    pourquoi aussi parce que les gens quand je les regarde ils savent que je dis la vérité il y a un moment et pareil à mes clients quand je leur dis je sais confiance, que je leur dis je ne sais pas, ils ont confiance. Quand je leur dis, franchement, je ne suis pas sûr, mais viens, on va le faire ensemble. Ils ont confiance et ils ont envie d'y aller. Ils ont été bullshittés pendant tellement longtemps. On a tous bullshitté. On s'est tous fait bullshitter pendant tellement longtemps que le discours de vérité, on est prêt à l'entendre totalement. C'est même super rassurant. Au fond de toi, tu es super rassuré.

  • Speaker #1

    Et je pense que, pour avoir vécu un peu ce sujet-là aussi, je trouve que la vulnérabilité, ce n'est pas moi qui vais te contredire. ou l'authenticité, que tu vas dire le contraire, parce que vraiment, ça a été aussi ma quête d'accepter qui je suis, mes démons, mes faiblesses, mes peurs, de les partager, tu vois, de plus en plus, même, j'ai fait devant mes partenaires d'entrepreneurs, mon papa et les CD, tu vois, j'ai essayé d'être le plus authentique possible, parce que je crois, comme toi, à pouvoir de la vulnérabilité, d'abord d'un point de vue égoïste, pour soi, parce que ça fait du bien, parce que ça permet de créer des relations plus authentiques, et plus fortes, in fine, qui t'amènent beaucoup plus de choses dans la vie. Néanmoins, Dans le rôle du leader, je trouve que c'est essentiel de la doubler d'une vision claire.

  • Speaker #0

    Complètement. Complètement, totalement. Ça, ça marche exactement. D'ailleurs, ta faiblesse du moment, à partir du moment où elle s'inscrit dans une trajectoire qui a été prouvée, etc. Et une vision qui va être claire, là, c'est très différent. Personne ne va croire qu'une entreprise, c'est une route lisse, c'est une autoroute qui vient d'être mise à neuf. Personne ne croit à ça. on sait tous que c'est un peu compliqué compliqué, y compris les collabs. En revanche, si derrière toi, t'as prouvé que t'y es arrivé et tu sais à 10 ans où est-ce qu'on va aller, si aujourd'hui t'es pas bien et t'es triste et t'es un peu so-so, c'est OK. Après, moi, j'ai la chance aussi, on est trois associés. Ça aussi, ça aide. Pour le coup, ça veut dire qu'on n'est pas tous les trois down au même moment, on n'a pas des problèmes, etc. Et après, je ne suis pas comme, je pense que John dans sa boîte, un niveau de transparence qui est encore beaucoup plus fort que le mien. ... Et donc, je ne prône pas non plus la transparence totale à tout le monde.

  • Speaker #1

    Sur quoi, par exemple ?

  • Speaker #0

    Par exemple, les grilles de salaire, pour moi, c'est un vrai sujet. Dans mon référentiel, dans mes valeurs, je ne peux pas avoir de grilles de valeurs qui sont... sont totalement publiques. Parce qu'il y a trop de complexité, il y a un historique des gens, il y a des raisons pour lesquelles il va y avoir des variables. Franchement, je les assume, je les regarde tous les jours, etc. Je sais expliquer ça et ça au cas par cas. Mais si j'ouvre la boîte demain à 250 collaborateurs... Je vais passer un an à expliquer, à discuter de pourquoi ce chiffre-là, il est comme ça, etc.

  • Speaker #1

    Pourquoi tu as payé plus que l'autre ? Exactement.

  • Speaker #0

    Et parfois, il y a des gens qui ne sont pas encore payés, ce qui devrait être. Ils sont dans une trajectoire, on a déjà bien commencé à les augmenter. Et ça va prendre du temps. Parfois, il y a des gens aussi, peut-être qu'ils nous ont quittés depuis, mais on les avait embauchés trop cher. Ça peut arriver, on n'est pas omniscient. Parfois, on fait de la merde. Donc, ça, c'est un sujet sur lequel ce n'est pas évident. Il y a d'autres sujets sur lesquels la transparence absolue est complexe. Il peut y avoir des sujets légaux, il peut y avoir des sujets politiques, il peut y avoir des sujets aussi sur lesquels des problématiques interpersonnelles, ça ne mérite pas forcément à ce que tout le monde soit au courant.

  • Speaker #1

    Alors justement, par exemple, c'est la question que j'allais te poser, c'est les deux dernières questions de ce podcast qu'on arrive à la fin. Comment tu vires les gens ?

  • Speaker #0

    Ah oui, alors ça c'est un vrai fucking sujet.

  • Speaker #1

    Vire-moi, imagine.

  • Speaker #0

    Dans mon monde de oui-oui que j'avais essayé de construire, ça m'amenait quand même des grosses problématiques. Pour le coup, la sous-performance. le client très complexe les gens malheureux et c'est à cause du boulot voire même les burn out d'un tout ça moi ça m'a confronté à des énormes problématiques c'est mon associé marjan qui m'a pas mal aidé là-dessus en expliquant que finalement, déjà, un, tout ça, comme je disais, ne peut fonctionner que si on est performant économiquement. D'accord ? Donc, moi qui étais dans un truc où non, mais l'argent, c'est secondaire, etc. C'est vrai, mais sauf que si à un moment tu gagnes plus de l'argent, tu n'existes plus. Donc, ton monde de oui-oui, il n'est plus financier, il n'existe plus. D'accord ? Donc, voilà. Bon, bah, déjà, il faut être performant. Ok, on revient à ça. Ensuite, on a un monde merveilleux. mais qui ne convient pas à tout le monde. Et il ne convient pas à tout le monde en termes de valeur, d'écosystème, etc. Donc ça, je l'ai accepté assez vite, finalement, pour le coup. On a même une histoire, on a failli avoir un quatrième associé qui a démarré chez nous, qu'on a présenté. comme tout le monde, comme un 4ème associé. Et puis il a clairement eu, il a verbalisé explicitement des alignements de valeur ce qui fait que du coup, assez vite, tout de suite, on a dû s'en séparer. Et donc là du coup, nos équipes ont vu qu'on était sérieux sur le fait qu'on était une boîte drivée par les... valeur et donc pour revenir si on doit virer quelqu'un ben en fait là on revient sur l'honnêteté la transparence c'est le pourquoi si on doit te virer c'est parce qu'il n'est pas le bon véhicule pour toi pour ta carrière pour ton futur si on n'est pas le bon écosystème c'est pas parce que t'es pas là une bonne personne c'est pas parce que tu es pas performant probablement c'est juste qu'on n'est pas le bon bateau dans lequel tu vas faire ton prochain bout de chemin où tu vas être être super performant. Et ce qui ne veut pas dire que je ne suis pas... de la peine, ça veut pas dire que je suis pas triste de te voir partir de devoir même t'annoncer ça pour le coup on va essayer de gérer ça ensemble on va t'accompagner etc on va être en empathie totale mais en revanche c'est la meilleure décision pour toi et à partir du moment où je suis certain que c'est la meilleure décision pour toi là je redeviens super aligné avec mes valeurs et les droits dans mes bottes et c'est ok, je pense vraiment fondamentalement que c'est la meilleure décision pour toi, c'est aussi la meilleure décision pour nous mais en fait l'un va passer en l'autre ok,

  • Speaker #1

    ok, écoute je veux bien me faire virer par toi j'accepte Au revoir. Ok, écoute, peut-être dernière question sur laquelle j'aimerais... C'est quoi l'habitude dans ton quotidien qui transforme le plus ta vie ou qui a le plus d'impact sur ta vie ?

  • Speaker #0

    C'est génial, prise de conscience il y a quelques semaines. Il y a un an, je me suis mis à pratiquer une sous-catégorie de la méditation qui est la visualisation. ça fait un an et ce truc là à changer ma vie.

  • Speaker #1

    La visualisation ?

  • Speaker #0

    La visualisation. Donc, alors moi, et je pratique un sous-type de visualisation. Voilà, donc vous pouvez me pinguer, je vous enverrai ma playlist YouTube gratuite sur le sujet. Et donc, la visualisation, c'est tous les matins, dans ma bagnole ou posée sur ma terrasse ou je ne sais pas quoi, je vais répéter pendant 15 minutes des phrases positives, de visualisations positives. C'est très drôle, parce que c'est ce que faisaient un certain nombre d'Amériques dans les années 70 avec leurs cassettes dans leur voiture dans les embouteillages pas je suis la même chose voilà alors oui non ça va tourner plutôt autour de J'ai une gratitude immense pour l'environnement qui m'entoure, pour les gens avec qui je travaille. pour les gens avec qui je vis. J'ai confiance en mon corps qui me soutient au quotidien. Voilà, donc c'est des phrases de renforcement positif. Ce truc-là peut sembler complètement bullshit, gourou, tout ce que tu veux. Il y a des études hyper sérieuses qui expliquent que globalement, tu vas créer des connexions synaptiques qui vont faire qu'à force de les répéter, en fait, ton cerveau va décider que c'est une autoroute qui va conduire de... Voilà, j'ai confiance en moi. Si tous les matins, je répète que j'ai confiance en moi, il y a une autre dans ton cerveau qui se crée. Et la route qui va être vers j'ai pas confiance en moi, j'ai peur, elle sera beaucoup plus longue à apprendre. Ça sera une vieille départementale. Alors que la route j'ai confiance en moi, ça sera une autoroute. Les connexions synaptiques. Et ce truc-là, en un an, a totalement changé ma vie.

  • Speaker #1

    On va terminer là-dessus. Je vais me mettre à faire ça.

  • Speaker #0

    15 minutes par jour.

  • Speaker #1

    Merci Emery. Merci beaucoup pour ton honnêteté. Merci. Voilà, ta justesse.

  • Speaker #0

    Merci Matt.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté cet épisode de A Poil et sans filet. Si vous avez aimé, n'hésitez pas à nous mettre 5 sur 5 sur la plateforme de votre choix, parce que ça nous aide énormément à faire grandir le format. Il est retrouvable sur Deezer, sur Apple, sur Spotify, sur Youtube en vidéo si vous avez envie aussi. Donc n'hésitez pas à partager, à nous mettre 5 sur 5, ça nous aide, et surtout, à très bientôt pour le prochain épisode.

Chapters

  • Intro

    00:00

  • J’ai attendu 40 ans pour commencer à vivre au présent

    01:32

  • Effacer une enfance difficile par une armure

    08:56

  • Prendre conscience de l’anormal

    17:23

  • On n’est jamais autant puissant que lorsqu’on est soi-même

    22:23

  • « Je n’ai rencontré aucun être humain qui n’aime pas la transparence »

    26:24

  • Il faut dire "je ne sais pas faire" à ses clients

    31:34

  • ESN : comment manager des gens que tu ne vois pas ?

    35:00

  • 18 ans à la Société Générale : quelles séquelles ?

    45:53

  • Peut-on (vraiment) manager 1000 personnes ?

    48:21

  • « La vie pro, voyez-la comme un jeu »

    52:30

  • L’affaire Kerviel : vivre la crise de l’intérieur

    57:29

  • Le déclic : 11 nuits complètes en 6 ans

    01:02:17

  • Qui a dit qu’on devait être différent au travail et dans le perso ?

    01:09:14

  • Nommer la colère permet de la faire redescendre

    01:14:42

  • L’honnêteté ne pollue pas le business, au contraire

    01:21:57

  • Faiblesse & vision

    01:31:23

  • Le monde de Oui-Oui ne fonctionne que s’il y a du cash

    01:34:20

  • Construire son autoroute

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