- Speaker #0
Si tu avais une leçon que tu as retenue et que tu aimerais partager de ces sept années, que tu t'es autorisé à prendre ou que tu as embrassé, cette forme de vie d'existentiel, ce serait laquelle ?
- Speaker #1
Une leçon ? Alors, j'ai toujours un peu de mal sur une leçon, mais... Deux leçons,
- Speaker #0
si tu veux.
- Speaker #1
Je pense que ça vaut vraiment le coup de travailler sur soi, quel que soit ton média. Moi, ça a été beaucoup la psychanalyse que j'ai trouvé être l'une des explorations humaines les plus... passionnante à faire, mais la méditation, le sport, peu importe ce qui te met dans un état méditatif, mais travailler sur soi, apprendre à se connaître, se découvrir, pour justement se réaligner en permanence, ça vaut le coup de prendre ce temps-là profondément. Et puis après, faire confiance à la sérendipité, à la vie. Et à un moment, je n'avais pas du tout prévu de créer Astéryon. C'est né d'une manière organique avec le Covid. Et puis aujourd'hui, je m'y trouve tellement aligné, à ma place, dans mon ikigai, pour reprendre cette expression japonaise de là où se rencontrent ton talent, les besoins du monde. Et ça ne se décide pas. Donc, faire confiance, avancer. Pour reprendre une phrase de Rilke, qui m'a beaucoup guidé aussi, c'est « Être un homme, c'est savoir passer l'hiver sans craindre que l'été puisse ne pas venir. » Dans les moments difficiles, savoir que demain, il y aura l'été, et savoir attendre. Et c'est important parce que c'est en hiver que se développe le tissu racinaire, qu'il se passe plein de choses qui, après, permettent vraiment de... de renaître au monde. Donc, accepter ces traversées, y aller vraiment.
- Speaker #0
J'aime bien cette notion de saison. C'est poétique, mais c'est très vrai. On a l'impression que dans un monde qui est rempli de technologies, on ne voit plus la différence entre le jour, la nuit, l'hiver, l'été. On peut bouger à Bali en plein mois de novembre, on peut rester... dans un endroit éclairé après 23 heures, pareil, au mois de janvier, c'est plus un problème pour nous. On a l'impression qu'on a complètement oublié ça. Ça crée beaucoup de fatigue aussi, puisqu'on ne respecte pas quelque chose qui est millénaire, qui est ancré en nous. Et je trouve ça très juste que tu dis de voir la vie professionnelle comme des saisons. Parfois, il y a l'été, parfois c'est le printemps, c'est la renaissance, parfois c'est l'hiver. Moi, je me suis rendu compte récemment que j'étais dans une période d'hiver. après justement le départ du club bootstrap que j'avais monté pareil une séparation difficile et pendant des mois qui a concilié aussi à la naissance de mon deuxième enfant, ma fille c'était... en fait c'était dur c'était très très dur j'avais l'impression que j'avais pu être capable de relancer quoi que ce soit que j'étais que j'étais J'allais pas retrouver le drive qui m'animait pendant les cinq dernières années. C'était vraiment difficile.
- Speaker #1
C'est dur, c'est bon.
- Speaker #0
Et ça a commencé à aller mieux quand j'ai accepté que ça n'allait pas, que ça allait mal. Et que je me disais, voilà, j'ai fait un post-admission. Je me suis dit, en fait, parfois, c'est l'hiver professionnel, c'est l'hiver. Et puis là, j'ai l'impression d'être à nouveau dans le printemps. Donc, c'est agréable.
- Speaker #1
C'est tellement bon quand ça revient. Et quand c'est l'été,
- Speaker #0
parfois, on transpire trop.
- Speaker #1
Exactement. mais en tout cas, il y a un truc si tu veux sur cette cette très belle phrase d'être un homme, c'est savoir passer l'hiver sans craindre que l'été puisse ne pas venir, qui est quand même que quand tu as eu à se lâcher prise dans les moments difficiles, c'est là où tu facilites la renaissance. Et c'est exactement ce que tu viens de raconter, c'est quand tu acceptes que c'est dur, ça ne va pas, que la renaissance s'amorce, c'est un peu le coup de pied au fond de la piscine, mais pour ça il faut accepter de descendre. Ce serait ça la chose que je recommanderais.
- Speaker #0
Qu'est-ce qui t'a fait repartir finalement, te relancer dans le monde du business après avoir failli tout arrêter, te retirer du monde, etc. Qu'est-ce qui t'a donné ?
- Speaker #1
Déjà Fabrice qui me dit, vas-y, réfléchis, Fabrice Midal, t'es fait pour créer et pas pour méditer. Et merci du conseil. Et puis après, écoute, pour... C'est d'abord, il y avait d'anciens de mon cabinet qui sont venus me voir en me disant Steph, on sait que t'es un peu rangé des voitures et tout, mais on a un projet. Est-ce que tu pourrais regarder quand même avec nous et tout ? et je les revois sur le palier de la porte avec deux packs de bière, ils arrivent, leur ordi, leur powerpoint, et moi au bout de dix minutes je suis comme un gamin, on me dit c'est génial votre projet, mais alors le go to market, et je me vois agir et je me dis mais merde, comment j'ai fait pour pendant sept ans me passer de cette joie de la création de l'entrepreneuriat où j'étais. Et finalement, le projet ne se fait pas, fausse bonne idée. Mais je me dis, quand même, Business Angel, c'est pas mal, parce que je vais continuer l'assaut, etc. Mais je vais un peu participer à des projets. Et donc, j'investis plutôt dans des trucs que je connais, les fintechs, et j'ai vachement aidé. Et d'ailleurs, c'est devenu un investisseur chez nous, et je l'adore, Constantin, qui avait monté Pumpkin, jusqu'à la revente à Crédit Mutuel Arkea et tout. mais... Comme beaucoup de mecs de ma génération, t'as d'un côté le business, Et de l'autre côté, l'associatif et le nom de profit. Et en fait, avant de monter à Stéryon, si tu veux, pour moi, il y avait le business, des fintechs, et puis l'assaut. Le monde de l'argent et le monde de l'associatif. Voilà, le monde palliatif. Et ma vie est comme ça. Donc, le soir, je regarde des decks, je mets quelques petits billets. Et puis, la journée, j'ai ma vie plus personnelle. Et c'était il y a six ans, je crois. Je reçois, je ne sais plus par quel canal, Euh... Un deck, ah si c'était chez Make Sense.
- Speaker #0
Un incubateur dédié au métier de transition. Oui,
- Speaker #1
et donc ils ont un incubateur accélérateur, ils ont des démodés, et j'y vais, et je vois. Rime et Marguerite, deux entrepreneurs incroyables qui ont monté Clear Fashion, qui est un peu le Yuka de la mode qui te donne toutes les infos sur tes fringues, qui disent, on veut changer l'industrie de la mode en donnant une info transparente aux consommateurs et on veut le faire à l'échelle mondiale. Je me dis, putain, il y a des projets qui veulent être des business géants et qui ont énormément de sens, mais vas-y, canon, quoi. Et on est un bon groupe qui se créent, on est quoi, 30 à 40 à mettre un billet, on ne se connaît pas tous au départ, mais c'est assez hétérogène, t'as Laurent Ritter qui a monté Voodoo, t'as Francis Napèze, cofondateur de Blabla, t'as Emery Jaquia de la Camif, t'as un mec que je ne connaissais pas qui est devenu cofondateur d'Astéryon, Clément Marcorel, qui emmène ses potes et tout, et on se retrouve tous à se dire, putain mais, c'est bon quoi, ces projets qui ont du sens et tout, et il se crée un truc, bon. Et petit à petit, je me mets à regarder énormément de dossiers impact. Et j'arrête mes activités associatives et je ne fais que ça. Le Covid arrive et... je pense qu'au bout de dix jours, j'ai mon premier coup de fil. Je me rappelle encore, le mec m'appelle et me dit écoute, j'ai eu tes coordonnées par Francis, et ça fait dix jours que je petit déjeune, déjeune, dîne avec mes gamins, et qu'ils me tannent en me disant, papa, quand est-ce que tu feras un truc pour la planète ? Il paraît que tu fais de l'impact. Est-ce que je peux investir avec toi ? Et d'autres qui me disent, écoute, en fait, là, j'ai du temps. Je me rends compte que ma vie est un peu vide de sang. J'ai envie de faire des trucs utiles. On sort des deux confinements. On est plus de 300 à se dire comment on peut faire un truc utile et aider des entrepreneurs à réussir leur boîte dans l'impact. C'est comme ça qu'est né Astéryon. Et c'est ça qui m'a remis complètement au mouvement, mais un peu par hasard.