Speaker #0Là on est en décembre, on a rallumé les lumières, le capitalisme scintille pour faire briller l'espoir de jours meilleurs aux hougours dans un monde en paix. Tata Thérèse reprend un verre de Genepi pour faire passer le racisme pour de la maladresse. Et ceux qui n'ont pas de famille ou des familles dysfonctionnelles sont priés de la fermer parce qu'on s'en fout un peu devant votre douleur. Et si votre douleur vous égare, allez voir un spectacle, ça vous fera du bien. Bon ben ça tombe bien parce que notez la fabuleuse transition que je viens de faire parce qu'au mois de janvier... et bien il y a Blue Monday le spectacle qui te donne le droit de ne pas être heureux alors pour ceux qui débarquent Blue Monday c'est le spectacle que je mets en scène du 8 au 18 janvier au théâtre à la courte échelle à Liège mais c'est une commande qui m'avait été confiée par le théâtre Le Procénium un autre théâtre de Liège et qui pour la petite anecdote est pour l'instant en pleine rénovation et donc ils ont un partenariat avec le théâtre à la courte échelle Merci. Et si c'est pas beau la solidarité, le monde associatif, je t'aime, petit cœur. N'empêche, je leur avais dit de ne rien me confier, même pas l'intro de ce podcast, bordel. Bon, je vais devoir commencer encore maintenant. Ben voilà, je te l'ai dit, dans cette intro qui est complètement éclatée au sol, il ne fallait rien me confier, même pas cette intro. Bref, je ne t'ai même pas parlé du sujet, je crois. Enfin si, sous le prisme de la promo, c'est-à-dire que je t'ai parlé de Blue Monday, qui est un spectacle qui se jouera du 8 au 18 janvier au théâtre à la courte échelle. Et voilà, comme c'est la période de Noël et que je ne perds pas mon esprit capitaliste, tu peux acheter une place de spectacle, ça fera toujours plus plaisir qu'un pull dégueulasse qu'on échangera sur Vinted. Enfin, encore faut-il aimer le spectacle et le théâtre en général. Donc, ta petite Thérèse qui boit son genépi, tu peux la laisser à la maison. Bien ! Alors aujourd'hui tu t'installes avec moi, tu bois ton thé matcha même si tu as un gros masque parce que le théâtre tu aimes ça et que le jouer c'est du sérieux. On va analyser les différents types de responsabilités qu'a un metteur en scène, mon expérience en tant que metteur en scène sur ce projet Blue Monday. Donc comme ça je vais pouvoir t'expliquer un tout petit peu l'envers du décor, que tu sois artiste. ou que tu aimes le théâtre, que tu t'intéresses à comment ça se construit un spectacle, je te raconte tout ça dans cet épisode. Alors la première chose qu'il faut savoir, c'est qu'on est venu me trouver pour mettre en scène un spectacle pour le mois de janvier 2026, le Théâtre Procénium qui est à Liège, je me demande de le faire. Comme ils sont en reconstruction pour l'instant, le gentil monde associatif, fait que le spectacle se déroulera au théâtre à la courte échelle rue Rotterdam à Liège, parce qu'ils sont super généreux et que du coup ils prêtent leur plateau aux comédiens du Procénium pendant leurs travaux qui sont assez longs et le monde associatif étant très peu soutenu par les politiques, petit message, ça rame un peu derrière pour essayer de rénover ce théâtre qui est en plein cœur de Liège. Donc voilà, petit mot pour eux, j'espère quand même que... on va se bouger un peu le cul pour que ça fonctionne. Et donc, il faut remplir les salles où se jouent les spectacles du proscenium pour que le proscenium puisse continuer à proposer des œuvres avec différents artistes liégeois. Ça, c'était la première chose. Et ce qu'il faut savoir, c'est que quand il me propose ça, il me propose ça en me disant « mais on aimerait bien que ce soit une création » . Donc, on est parti sur une création, on n'est pas parti sur un texte de type Molière, à savoir les comédiens reçoivent. le script et doivent l'étudier pour pouvoir travailler sur plateau et commencer la mise en scène. Non, là, les comédiens étaient déjà à la base au courant qu'on allait devoir co-créer à partir d'improvisations, à partir de travail sur plateau, mais pas de texte déjà préécrit. La base, c'est qu'on part quand même de trois bouts de ficelle et qu'on a l'ambition de l'opéra garnier. Mais ça, c'est ce qui est génial dans aussi ce milieu associatif, c'est que les comédiens vont se donner à fond et tout le monde va se donner à fond pour essayer de créer un spectacle en soutenant le projet. Et pour ça, il faut pouvoir le vendre. On est parti maintenant sur les véritables responsabilités et la construction de ce spectacle en tant que metteur en scène. Mais d'abord, Blue Monday, qu'est-ce que c'est ? Eh bien, ce spectacle, il suit une équipe dans son département le plus déprimant de la big société Happiness Powerful et ils n'ont que cinq jours pour éviter le licenciement. Alors, face à cette menace des nouveaux patrons japonais, le manager Wilfried et ses associés Cholet, Richard et Claire décident de transformer leur propre désespoir en un produit de luxe. Alors c'est une comédie qui se veut complètement loufoque, un peu Monty Pythonesque, et faute de pouvoir se battre contre le système, l'équipe va choisir de célébrer la fatalité. Comme c'est une co-création, comme je le disais précédemment, les acteurs se sont engagés dans le processus créatif, où ils ne seraient pas juste des passeurs de textes. Comme dans l'exemple avec Molière, on reçoit un texte et puis hop, on va travailler sur plateau. Mais on est parti sur une base qui était les impros et la création sur plateau. Alors, on savait qu'avec Blumonday, on pouvait travailler sur le thème du bleu, le thème du travail, le thème de la dépression. Donc, ce qu'on a essayé de créer sur ce thème, c'est ce qu'on peut brainstormer généralement. Mais est-ce que c'est une bonne idée ? Là, je vous pose la question. Est-ce que c'est une bonne idée ? Je me la suis moi-même posée. À mon humble avis, non, ce n'est pas une bonne idée de plonger directement dans le milieu du travail. Ce que j'ai essayé de proposer aux comédiens, c'est de partir d'abord sur des improvisations qui étaient très éloignées du monde du travail, pour essayer de libérer leur esprit et de voir très large sur tout, mais aussi de voir comment ils pouvaient être imaginatifs et créer entre eux. Créer la synergie, ce sont quand même quatre comédiens, mais quatre comédiens qui se connaissent plus ou moins, peut-être qui se sont déjà croisés deux, trois fois. Certains se sont croisés depuis beaucoup plus longtemps. Certains étaient amis depuis plus longtemps. Mais n'empêche, il fallait voir un peu leur interaction, comment ils créaient leurs personnages, comment leurs personnages interagissaient avec les personnages des autres. Et au fur et à mesure, j'ai vu qu'il y avait des gimmicks, des personnages qui revenaient souvent. donc des comédiens qui se sentaient dans des zones de confiance sur certains personnages. Et mon but, c'était ensuite de prendre ces propositions, qui étaient loufoques sur des thèmes tout aussi loufoques, et d'aller pousser, créer un élastique d'énergie avec ces personnages, d'aller les étirer pour essayer de créer des... des personnages qui soient presque cartoonesques. Et une fois que j'avais ce matériel de comédien, de corps et de voix, je pouvais commencer à les mettre dans un entonnoir, c'est-à-dire proposer des improvisations de plus en plus concrètes sur le monde du travail. Comment ces personnages cartoonesques arrivent dans le monde du travail ? Avec le cartoonesque, je m'assurais la partie drôle, la partie loufoque. Et avec le monde du travail, je pouvais le faire entrer dans quelque chose qui était concret et faire rencontrer deux univers, l'impossible et le possible, le quotidien. Donc, il fallait laisser lâcher prise et laisser les comédiens faire sur scène pour les voir interagir. Et ce n'est que là que mon intervention devenait intéressante, c'est-à-dire essayer de voir, ça je pourrais trouver quelque chose qui me fait rire, quelque chose... qui dans le quotidien pourraient apparaître. Mais voyons ce qui se passe quand on commence à ouvrir tout ce qui se passe dans le chromosome de ce mini-événement. Je fais le geste, pour ceux qui me voient sur le site ou sur la vidéo, comme un scientifique qui ouvre le chromosome et de voir un peu ce qu'il y a à l'intérieur. Il faut essayer aussi d'éviter... de faire de la private joke, parce qu'à force de faire de l'improvisation, on commence à se connaître, on commence à rigoler un peu des mêmes choses, on voit ce qui réagit mieux que d'autres choses. Donc, il faut éviter la private joke, puisque l'objectif final, c'est de servir un spectacle au public. Ne l'oublions pas, et le public n'a pas suivi tous nos délires. Donc, on va essayer d'éviter l'anecdotique, la private joke, on va devenir un chercheur d'or avec sa petite épuisette qui va chercher les petits grains de paillettes qu'il y a dedans, s'il y a, pas toujours le cas. Ensuite, après l'improvisation, il faut pouvoir les reproduire. Ce qui a été spontané, il faut pouvoir le coucher sur papier. Alors, on ne va pas encore quitter le thème de l'improvisation parce que nos premières journées, les comédiens venaient raconter un peu des histoires qui étaient au milieu du monde du travail. On est rentrés dedans. Quand on est arrivé aux situations plus concrètes et qu'on a pu commencer à voir certaines choses, il fallait savoir ce qu'on qu'on voulait raconter avec ces choses-là. C'est-à-dire, oui, on peut parler du monde du travail, mais qu'est-ce qu'on en dit ? Quel sera notre enjeu ? Quelle sera notre urgence ? Et c'est vrai qu'on en a une idée quand on part en tant que metteur en scène. Et puis, quand on a nos comédiens en face de soi, l'enjeu va commencer un peu à se transformer pour commencer à se dire, OK, nous, ce qu'on a envie de dire, ce qu'on voudrait passer comme message au public, c'est ça. Quand je dis passer un message au public, attention, je ne parle pas de je suis moralisateur, je viens toujours pour apporter une petite information dans le cerveau, n'oubliez pas que. Le problème des improvisations, c'est qu'on s'amuse, qu'on est entre nous, et quand on s'amuse, on ne voit pas le temps passer. Et ça, c'est une grande première responsabilité du metteur en scène, c'est d'essayer d'être le maître du temps. Il faut garder l'efficacité du travail. tout en gardant toutes les bulles d'oxygène et de respiration que les comédiens veulent pouvoir créer. Si on ne leur laisse pas ce temps libre, si on ne leur laisse pas cet étalement, cette liberté d'expression, ils ne créeront rien. Mais nous, il faut avoir en tête, en tant que metteur en scène, en tant que porteur de projet, que nous avons un objectif et que cet objectif est toujours plus court quand le temps passe. Pour être très concret, je vais vous dire que Blue Monday, c'était 30 séances de répétition de plus ou moins 3 heures. 30 chacune et 15 séances d'écriture de plus ou moins le même temps, 3h30 chacune. Donc on avait en tout 45 fois, on doit se voir, avant la première représentation. On ne peut pas perdre du temps. On doit pouvoir le maîtriser. Et donc c'est un juste équilibre. Et puis, quand je parle de temps, c'est évidemment de penser que le temps n'est pas le même pour tout le monde. Là, je viens évidemment à un autre sujet de responsabilité, la responsabilité des comédiens et la responsabilité des artistes de l'ombre. Que serait un spectacle si on n'avait pas un scénographe, un créateur lumière, un costumier, dans mon cas j'en ai deux, et les accessoiristes, le technicien qui va pouvoir... manipuler tout ce qui est dangereux pour nous, qu'on ne maîtrise pas. Moi, je ne suis pas électricien, donc ça, c'est une chose importante aussi. En amont, alors qu'on est déjà en répétition avec les comédiens, qu'on commence peut-être à coucher les premières répliques, on doit penser qu'on doit avoir une équipe qui doit déjà pouvoir répondre oui pour la première date de spectacle. On ne peut pas confier ça aux comédiens, même si on a une troupe très solide. Donc, il faut penser à ... Essayez de motiver des gens qui eux ne savent pas du tout quel projet vous allez mener. Et vous-même vous ne le savez pas, du coup vous devez leur vendre un produit que personne ne sait ce que ça va être au final. Alors on a une idée globale, Blue Monday, ça va parler du monde du travail, de la dépression, du moment où on est le plus mal dans l'année soi-disant, etc. Et on doit commencer aussi à créer avec ces artistes de l'ombre qui n'ont pas la même maîtrise du temps. C'est-à-dire que pour eux, ils voient une date qui est au mois de janvier, ils se disent « bon ok » . Tu ne sais pas encore ce que tu vas faire et c'est au mois de janvier, rappelle-moi quand tu le sauras. Et en même temps, se dire au matin, moi je n'ai que 45 dates avec mes comédiens, au fur et à mesure, je dois leur donner des réponses pour savoir dans quel plateau ils vont se déplacer à un moment donné quand on va retourner sur le plateau. Ou quand on a des obligations scéniques, quand on écrit, on ne peut pas écrire tout ce qu'on veut. Alors oui, on a l'ambition de l'Opéra Garnier, mais on reste quand même un petit troupe, une petite structure et on doit avoir avec un tout petit budget, voire un budget tellement serré qu'il est quasi inexistant, une capacité de montrer quelque chose d'intéressant au public. Mais moi, la contrainte, ça ne me fait pas peur. La contrainte, ça me donne plutôt l'envie de créer. Et moi, j'ai eu de la chance de mon côté. Toutes ces personnes de l'ombre, scénographes, créateurs-lumières, costumiers, c'est venu très naturellement et presque magiquement. Donc, du coup, je n'ai pas eu trop de stress par rapport à ça. mais c'est vrai que leur temps n'est pas le même. Ça nous donne une troisième étape de responsabilité, c'est-à-dire de pouvoir gérer deux équipes qui ne se rencontrent pas nécessairement au début. Donc nous, on a une idée globale et on va devoir communiquer entre deux équipes les mêmes informations. Mais les mêmes informations vont évoluer au fur et à mesure du temps, puisque les idées de la scénographe et les idées des comédiens ne vont pas évoluer en même temps. Et donc, il va falloir transférer des informations, revenir en arrière, aller de l'avant. Ça, ça m'a créé une grosse phobie, si je peux le dire. C'est la multiplication des moyens de communication entre WhatsApp, Messenger, les mails. moi je... Moi, je favorise les mails parce que les mails, on peut les gérer un peu comme on veut, on peut les trier, etc. Que quand on voit un message sur Messenger pendant la journée, on n'a pas encore répondu. Parfois, je l'oublie. Moi-même, j'avais mis un groupe WhatsApp d'urgence entre les comédiens. Finalement, c'est un groupe où on n'arrête pas de faire des blagues. Ah bah tiens, grosse surprise ! Et quand on pense s'être dit « Ah oui, ça je l'ai bien rangé, finalement, en fait, on a mis à la corbeille un message qu'il ne fallait absolument pas remettre et on ne retourne plus dessus. » Enfin bref, c'est un peu le bordel, ce moyen de communication. Je reviendrai sur la communication qui est quand même une hyper grosse responsabilité. Entre ces deux équipes-là, il faut pouvoir du coup motiver, donner cette impression qu'on avance, même si un tout petit peu, mais on avance, que le projet prend vraiment forme. au fur et à mesure et ça demande une grande confiance en soi parce qu'il faut prouver que on maîtrise tout, que tout va bien alors qu'en fait on a l'impression que le feu est dans la maison et puis en même temps ça demande aussi un lâcher prise parce qu'il faut faire confiance à ces comédiens qui sont créateurs mais il faut faire confiance aussi à ces personnes qui sont dans l'ombre, qu'on voit peut-être un peu moins vite ou un peu moins souvent et qui créent à leur rythme et se dire qu'il faut faire confiance, ils ont leurs idées Merci. Ils vont venir avec leurs idées et ces idées vont venir influencer ma première pensée. Ça va être chouette, ça va créer, ça va émulser quelque chose de nouveau. Que vont raconter les accessoires ? Que vont raconter les décors ? Que vont raconter les costumes ? Ça demande du lâcher prise parce que ce n'est pas mon domaine. On a sa propre vision, donc ça reste quand même moi le capitaine du groupe. Mais c'est toujours bien aussi parfois de dire... Je suis capitaine du groupe, mais je fais confiance, je lâche là-dessus. En parlant de lâcher prise, on a donc deux équipes, mais on en a une troisième qui est un peu cachée, qui était déjà là à la base, c'est l'équipe administrative. Ils sont là pour faire leur boulot parce qu'ils veulent vendre un spectacle. Le théâtre Procenium, je l'ai expliqué, ils ont un théâtre qui est en travaux, ils peuvent avoir accès au théâtre à la courte échelle, ils en sont très contents, mais voilà. Il faut à un moment donné pouvoir rentrer dans ses frais, faire rentrer des frais pour pouvoir réaccueillir le public au Théâtre Le Procénium. Du coup, eux, ils sont pressés par des obligations administratives, ça me paraît logique, mais ils demandent des visuels, des pitches, des comptes rendus, des répétitions. C'est clair que c'est leur travail, mais quand on ne sait toujours pas vers où on va... C'est un peu la panique à bord parce qu'on se dit, tiens, il faut que je crée un visuel, alors que je ne sais pas exactement ce que je vais raconter. On est au mois d'août là, mais c'est au mois de janvier mon spectacle. Je n'ai toujours pas une seule ligne de réplique. Je viens à peine de rencontrer les comédiens. Donc voilà, il faut essayer d'être un tout petit peu sensitif et avoir du pif et se dire, tiens, on va aller par là et on va créer un visuel qui ressemble à ça. L'univers que j'aimerais respecter. Comme on a, nous, notre vision globale, bon, ça facilite les choses, mais ça nous donne une charge de travail supplémentaire qui est créer tout ça, alors que rien n'est encore concret. Dans la gestion de ces trois équipes, il y a la gestion, du coup, de tout ce timing entre toutes ces personnes qui vous pressent d'avancer, sans oublier que nous, on arrive au mois d'octobre, novembre. Décembre, l'automne. Et l'automne, qu'est-ce que c'est ? L'automne, c'est les grippes. L'automne, c'est les petits trucs qui viennent vous mettre le système immunitaire dans la merde. Mais voilà, justement, j'en parlais. Et me voilà en train de justement me dire qu'on est tous malades. Donc, on ne peut pas perdre une répétition. En tout cas, si on perd une répétition, il faut pouvoir récupérer le temps. Donc, on se répète son mantra. Ça va d'aller. J'en ai parlé tout à l'heure. L'autre chose qui est très importante et qui est certainement le plus gros des dossiers, la clé de tout, c'est la communication. On a trois équipes, il faut pouvoir communiquer. Chaque équipe communique différemment en plus. Dans mon cas, pour Blue Monday, j'ai en plus demandé des musiciens, parce que j'aime bien les choses compliquées. Du coup, Anne-Claude Dejas et Pierre Fontaine, pour nous citer. puisqu'ils sont les deux musiciens qui ont créé l'hymne. J'ai demandé un hymne à notre Blue Monday. Ils avaient aussi leurs exigences techniques. Tout ça demande évidemment de communiquer correctement. Si je crée une chanson, ça veut dire que potentiellement, on va chanter en direct ou en lip-sync. Si on crée un lip-sync, du coup, j'ai peut-être besoin d'une lumière qui soit spécifique pour que... le spectateur et la convention que tout va bien aller, que c'est un lip-sync et que c'est logique qu'on n'entende pas les comédiens chanter directement. Parce que si c'est direct, alors il me faut un micro, du coup je dois demander au technicien s'il sait me prêter un micro, de quelle manière on va amplifier la voix, est-ce qu'il y aura des baffes, est-ce qu'il y aura des retours ? Donc tout ça, ce sont aussi des choses qui ajoutent des responsabilités en notion de communication, de temps et de jeu. de création artistique. Petite parenthèse, il faut aussi créer un certain équilibre entre les comédiens, parce qu'ils sont quatre comédiens, on doit tous les voir, et donc ils ont décidé de participer à la création. Il faut essayer de partager de façon égalitaire et ne pas vouloir faire plaisir en même temps à tout le monde. Donc garder cet équilibre et en même temps respecter pour le public L'idée que chaque personnage n'a pas le même nombre de répliques. Je n'ai pas des comédiens qui sont comme ça, mais parfois, c'est vrai que ça pose question quand on se dit qu'il y a un personnage qui est plus en retrait. Du coup, qu'est-ce qu'on lui donne comme intention de façon muette pour le nourrir, pour que le public puisse s'attacher à lui ? On n'a quand même que quatre comédiens, ces quatre personnages principaux, ces quatre héros qui sont à égalité dans l'histoire qu'on raconte. Du coup, ben... C'est très important de garder cet arc narratif et dans cet arc narratif de nourrir chaque personnage, ne pas faire qu'un ou deux héros et laisser les deux autres de côté. Je pense que c'était important, mais par contre ça demandait un défi aussi, parce qu'il faut garder toujours cette idée de cohérence. Il y a communiquer et puis il y a aussi ne pas communiquer. Est-ce qu'on doit motiver une équipe ? Et en vrai, il faut respecter ses temps morts. C'est-à-dire leur laisser des vacances, leur laisser des moments de vide à soi-même et puis aux autres. Quand on est hyper motivé, alors l'anecdote, j'ai tombé malade pendant une semaine et je me suis mis à écrire, écrire, écrire, écrire, écrire, écrire, travailler, essayer de penser justement à mon équipe de l'ombre. Quand on est à fond à deux heures du matin et qu'on est hyper excité par une idée, il ne faut surtout pas envoyer de messages à cette heure-là. Parce qu'on risque de passer pour un gros relou, puis on risque aussi de perdre la patience de ces comédiens ou des personnes qui travaillent avec nous. Même chose, toujours cette question d'équilibre. On ne travaille pas tous en même temps. Alors, il y a des créatifs qui ont besoin d'énormément de temps libre et de temps de vide. Moi, j'ai besoin de me dire que les choses sont faites, d'avancer, mon cerveau travaille. un peu constamment, parfois j'ai du mal justement à l'arrêter, il faudrait que je puisse, mais je ne dois pas communiquer tout le temps. Autant je dois communiquer sur j'avance, autant parfois je dois me dire je me restreins. Et puis, il y a cette dernière étape de communication, c'est la gestion de la communication autour du spectacle. Et oui, il faut quand même que le moment donné, vous, public, vous sachiez. qu'on existe, qu'on est là, qu'on va créer un spectacle et qu'il est là pour vous. Et dans quel style il va être. Même s'il n'est pas terminé, il faut créer l'envie au spectateur de venir voir. Alors là, on est au mois de décembre, on est quasiment sûr, on sait où on va, on raconte la même histoire. Et donc, il faut créer de la promotion, il faut créer de la publicité. Par publicité, ça ne veut pas dire nécessairement payante, mais il faut créer de la vidéo, il faut créer du texte, il faut créer des visuels en plus, et les premiers visuels pour régénérer l'envie, pour recréer le désir de connaître les différents indices qu'on laisse glaner sur le spectacle, pour que le spectateur puisse voir, puisse choisir son spectacle, c'est très important, pouvoir choisir son spectacle, savoir « je vais voir ça » . Je disais en début de podcast que c'est un spectacle un peu Monty Pythonesque, il faut effectivement aimer ce style, donc il faut rentrer dans cet univers. Ce podcast, ce que j'ai voulu raconter à travers tout ça, c'est que dans un projet, il y a énormément de responsabilités. Pour reprendre, d'abord il faut se créer une équipe, une équipe de la lumière, les artistes qui vont vraiment présenter votre projet, et puis une équipe de l'ombre. dans laquelle on pourrait préciser encore dans un autre podcast, le scénographe, le créateur lumière, le costumier, l'accessoiriste et aussi les techniciens, les gens vraiment de la régie, les gens qui sont électriciens et qui vont vraiment aller créer votre régie plateau et régie lumière son. Dans mon cas aussi des musiciens, technique supplémentaire, et puis aussi votre équipe administrative à qui vous devez rendre des comptes puisqu'ils sont là aussi pour vous aider, mais en même temps pour savoir où va le bateau et ce qu'eux vont proposer, sous quel nom ils vont proposer ça. C'est énormément de responsabilité, mais quelle joie c'est d'être responsable de tout ça parce que... C'est des rencontres avec des gens, évidemment. C'est aussi des moments où on s'éclate sur scène. C'est des moments de stress, mais c'est des moments où il y a des contraintes. Il faut pouvoir réaliser vers où on veut aller. C'est plein de choix, plein d'assumés. Et ça, c'est super chouette. Voilà, si tu es un artiste et que tu as des questions sur le sujet, si ce podcast t'a aidé, j'en suis super heureux, tu peux le noter 5 étoiles directement. On se retrouve ici de toute façon toutes les deux semaines pour un nouvel épisode. C'est notre petit rendez-vous qui n'est pas si secret que ça, mais quand même un peu secret. Si tu as aimé le plongeon dans cet univers de Blue Monday, n'hésite pas à réserver ta place pour Blue Monday ou n'hésite pas simplement à partager à tes copains qui ont besoin d'une bonne cure de rire. partage sur Spotify, Apple Podcasts et YouTube aussi. Tu peux me retrouver sur YouTube ou sur toutes les plateformes d'écoute de toute façon. C'est gratuit, ça fait un bien fou et à mon égo d'artiste, c'est encore mieux. Il est l'heure de te dire merci d'avoir joué avec moi pour ce septième épisode de À quoi tu joues. On se retrouve dans deux semaines. Il paraît que Paris fait mieux. C'est ce qu'on verra avec mes deux invités. C'était le podcast À quoi tu joues parce que jouer, c'est du sérieux. Musique Musique