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A ton tour du monde : récits de voyageurs

Voyage en autostop : 55 000 km, 25 pays et 1100 rencontres avec Lucas Véner"

Voyage en autostop : 55 000 km, 25 pays et 1100 rencontres avec Lucas Véner"

58min |13/12/2024
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58min |13/12/2024
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Description

Dans cet épisode d'À ton tour du monde, Lucas Véner nous entraîne dans son incroyable aventure : 55 000 kilomètres à travers 25 pays en autostop, porté par la magie des rencontres. Plus qu’un simple voyage, Lucas partage des leçons de vie inoubliables, empreintes de tolérance, de dépassement de soi et de foi en l’humanité.

🌟 Au Programme de l’Épisode :

  • Une quête audacieuse : Pourquoi Lucas a choisi l’autostop pour parcourir le monde, en repoussant les limites du voyage conventionnel.

  • Des rencontres marquantes : Découvrez les anecdotes captivantes et les moments d’échange uniques avec plus de 1100 conducteurs à travers le globe.

  • Un cheminement intérieur : Comment chaque étape, du désert de Gobi à une audience avec le Dalai Lama, a transformé Lucas et renforcé sa foi en l’humanité.

Plongez dans une odyssée humaine où chaque kilomètre raconte une histoire, où chaque visage croisé ouvre la porte à un nouveau monde.

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invité: @poucepour1


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hello les voyageurs et bienvenue sur A ton tour du monde, le récit des voyageurs. Aujourd'hui j'accueille un invité incroyable, un véritable aventurier qui a su repousser toutes les limites. J'accueille Lucas Véner. Lucas Véner c'est l'homme qui se cache derrière Pouce Pourrin. Alors il faut qu'on imagine 55 000 kilomètres parcourus, plus de 500 jours de voyage, 25 pays visités et tout ça en stop. Lucas a voyagé grâce à 1100 conducteurs sans dépenser un seul centime en transport. Mais son aventure c'est bien plus qu'un défi logistique, c'est une véritable leçon de vie. Son objectif à la base était de relier le point le plus éloigné de France en partageant dans les écoles du monde entier des valeurs qui lui tiennent à cœur, la tolérance, le dépassement de soi et l'écologie. Lucas prouve qu'on peut voyager autrement, sans avion et surtout avec un esprit d'ouverture. incroyable. Bref, c'est un voyage qui inspire et je suis super contente qu'il soit avec nous pour nous raconter tout ça. Bienvenue Lucas.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup à toi, c'est un plaisir d'être ici.

  • Speaker #2

    Est-ce qu'on peut commencer peut-être par nous dire qui tu es et comment est née cette idée de Pouce pour un et ce défi un peu fou ?

  • Speaker #1

    Alors ce défi, il a mis beaucoup d'années à mûrir. Il faut savoir que j'ai eu un parcours un petit peu classique. lycée, école d'ingénieurs, etc. Et rien ne me prédestinait un petit peu à faire des voyages de cette envergure. Quand je suis arrivé en école d'ingénieurs, ma première année d'école d'ingénieurs, ça a été la période du Covid, qui comme énormément de monde, c'était une période très difficile. Et donc je me suis dit, dès que j'aurai la capacité de voyager, de partir un peu à l'aventure, de découvrir le monde, j'ai envie de le faire. Il faut savoir qu'avant ce voyage-là, je n'étais jamais sorti d'Europe. Donc je me suis dit, ça sera déjà une première d'aller en Turquie, ça sera déjà l'inconnu. Ce voyage, il a fait son petit bonhomme de chemin. Donc pendant toute mon école d'ingénieur, les deux, trois années qui ont précédé ce voyage, j'ai réfléchi où est-ce que je voudrais aller, quel type de transport utiliser, etc. Autostop s'est avéré à mes yeux le moyen le plus pratique pour rencontrer, discuter, sympathiser avec les personnes, car pour toutes les activités du quotidien. J'étais en contact avec eux, que ce soit pour me déplacer, mais également pour me loger, pour me nourrir, pour visiter, etc. Et donc ça, c'était une immersion complète dans la vie des habitants. C'est pour ça que j'ai choisi ce moyen de transport. Donc j'avais déjà fait des petits voyages en autostop en Europe, à l'étranger, deux, trois semaines. Et ça m'avait vraiment donné le goût à l'autostop. Et je me suis dit, bon voilà, si je fais un grand voyage, ça sera avec ce moyen de transport. Pendant les six derniers mois avant le départ de ce tour du monde, J'ai vraiment dit, OK, l'objectif, ça va être de rejoindre l'endroit le plus éloigné, uniquement en autostop, pour une durée de un an, un an et demi. Et j'ai également trouvé les sponsors, créé des partenariats avec les écoles de ma région, etc. Et donc, tout ça, ça a mis deux, trois ans à germer. Mais c'est vraiment lors des six derniers mois que j'ai travaillé à fond sur le projet.

  • Speaker #2

    C'est top. Donc, c'est super bien préparé. Par curiosité, est-ce que ton entourage a bien réagi ? Comment ils ont pris la nouvelle de partir comme ça ? Tu n'avais pas forcément de date de retour en plus.

  • Speaker #1

    Si, j'avais une date de retour. Peut-être ma spécificité par rapport à beaucoup de gens qui partent des fois sur des durées un petit peu indéterminées. Moi, c'était de rentrer pour les Jeux Olympiques de Paris. Je suis un immense fan de sport. Et donc, je me suis dit dans tous les cas que je sois arrivé en Nouvelle-Zélande ou pas, je serai de retour pour les Jeux Olympiques. Donc, j'ai réussi à être de retour pour les Jeux. Cette date butoir. Après, l'entourage, mes parents, mes frères, ils l'ont assez bien pris car... Je pense que c'est de plus en plus toléré de prendre des années sabbatiques, surtout après les études, etc. Mes grands-parents ont eu un peu plus de mal à comprendre car c'est une autre génération. Pour eux, dès que j'avais obtenu ce diplôme d'ingénieur, en plus je suis le seul de la famille à en avoir un, ils voulaient que je profite, que je rentabilise le diplôme. Mais voilà, ils l'ont très bien pris. Et puis comme il y a eu tout ce projet, j'ai réussi à trouver des sponsors qui ont financé l'intégralité du voyage avec les écoles, etc. Ils se sont rendus compte que ce n'était pas un projet. un projet, voilà, juste un voyage, mais qu'il y avait vraiment tout un projet autour, qu'il y avait des acteurs, etc., et que je n'étais pas seul à voyager. Donc, ça les a rassurés. Donc, ils ont très bien pris la nouvelle.

  • Speaker #2

    Premier pays, du coup, c'était la Turquie.

  • Speaker #1

    Donc, le premier pays, c'était la France. Ensuite, il y a eu l'Italie, l'Albanie, la Grèce. Et donc, le premier pays en dehors de l'Europe, c'était la Turquie. J'étais déjà allé en Italie et en Grèce avant. Le premier pays un peu inconnu, c'était la Turquie.

  • Speaker #2

    Le premier pays où il y a une différence culturelle peut-être un peu plus importante. Est-ce que tu te souviens de ces premières sensations ? Est-ce que tu t'es dit mon Dieu, qu'est-ce que je fous là ? ou c'était quoi les premières émotions quand tu arrives en Turquie et que tu as fait tes premiers stops en Turquie ?

  • Speaker #1

    Ça, c'est une très bonne question parce qu'en plus, je l'ai franchi la frontière à 3h30 du matin parce que j'avais des soucis, etc. Et donc, il a fallu que je trouve un camionneur pour passer la frontière. Et donc, du coup, on a passé la frontière en pleine nuit. Et il m'a déposé dans une banlieue industrielle d'une ville inconnue en Turquie à 4h du matin où j'étais poursuivi par des chiens, etc. Donc là, je me suis dit, ah ouais, l'aventure commence. Et au final, ça s'est bien passé. J'ai planté ma toile de tente dans un jardin public où il y avait les... les vieux toboggans, les balançoires pour enfants, etc. Donc, j'ai dormi quelques heures là. Et puis, le lendemain, je suis reparti. Mais c'est vrai que ça a été un choc parce que la première chose qui m'a vraiment épaté en Turquie, c'est la notion de vide, en fait. C'est qu'il y a des espaces où il n'y a rien sur 100 kilomètres. Il n'y a pas un village. C'est très aride, donc il ne peut pas y avoir de culture. Il y a vraiment cette notion où il n'y a rien qui se passe, entre guillemets. Il n'y a pas de vie. Et en France, il y a quand même un grand... un grand maillage de villages et puis s'il n'y a pas de villages, il y a des alpages, il y a des forêts, il y a de la vie entre guillemets. Et là, dès la Turquie, je me suis retrouvé face à des steppes où il n'y avait rien et donc ça m'a vraiment perturbé. Je me suis dit, la Turquie, c'est déjà gigantesque mais comparé à l'Asie, c'est rien du tout. Donc l'Asie, c'est vraiment un continent immense. On a beaucoup de mal à réaliser la taille et je me suis dit, ça va être long. Et puis plus on avance, plus les routes sont de... mauvaise qualité, plus les voitures sont également de mauvaise qualité. Donc du coup, si en France ou en Italie, on peut rouler à 130 km heure sur des routes tout droite, dès qu'on se retrouve en Turquie, des fois on roule à 60, 70 sur des routes qui serpentent comme ça et on passe sa journée à faire 200, 250 km, ce qu'on pouvait faire en deux heures lorsqu'on était encore en Europe.

  • Speaker #2

    Après, j'imagine que c'est aussi ce que tu allais chercher en faisant du stop, c'était aussi la rencontre des conducteurs et de pouvoir papoter justement pendant ces trajets. Est-ce qu'il y a eu des rencontres un peu inattendues parmi les conducteurs ?

  • Speaker #1

    Oui, énormément. C'est vrai que sur ces 1100 conducteurs, c'est difficile d'en choisir quelques-uns, mais il y a eu des personnes avec qui j'ai fait du stop déjà plusieurs jours. Par exemple, lorsque j'étais en Chine, il y a un camionneur chinois avec qui j'ai traversé tout le désert de Gobi. On a fait 3000 kilomètres de stop ensemble sur 5 jours. Et donc, en fait, je dormais dans son camion. Donc, il y avait deux couchettes. Je dormais sur celle du dessus et lui, il roulait 16 heures par jour. Le désert de Gobilly, c'était en plein hiver, il faisait moins 20. Tout était enneigé autour de nous, donc c'était vraiment des paysages magnifiques à traverser. Et donc pendant cinq jours, j'ai vécu dans son habitacle où lui, il vivait, il dormait, dans sa maison quasiment. C'est vrai que c'était une expérience très, très forte. Pendant les deux premiers jours, il était un petit peu timide. Puis ensuite, j'ai commencé à lui mettre de la variété française, du Claude François, de France Gall, Michel Sardouche, Auda Saint-Etienne. Donc on a commencé à sympathiser, puis de fil en aiguille, il a commencé à me parler de sa vie, de ses enfants, de sa femme qui voyait qu'une fois tous les trois semaines, de comment il s'était retrouvé chauffeur routier, de son quotidien. Donc ça, c'était une très très belle rencontre, car on voit qu'on bâtit du lien et le rapport de demi-journée en demi-journée n'est plus le même avec la personne. Donc ça, c'était une très très belle rencontre. Il y a eu également un directeur d'ONG. lorsque j'étais en Inde, qui m'a pris en autostop, un Indien. Et lui, c'était extrêmement sympathique parce qu'en Inde, tout le monde n'a pas accès, je pense qu'on y reviendra, mais tout le monde n'a pas forcément accès à l'éducation en fonction de sa religion, de sa case, de son milieu social. Et lui, scolarisait un peu tous les reclus, les rejetés du système. Et donc, j'ai pu intervenir dans son ONG. Et c'est vrai que ça m'a fait extrêmement plaisir de rencontrer tous les enfants. Et c'est une expérience qui a été possible grâce à l'autostop, plus toutes les personnes qui m'ont hébergé. À chaque fois, c'est des personnes qui spontanément... me prenaient dans leur voiture, le courant passait bien, et puis elles me ramenaient chez elles. Et c'est vrai que j'ai eu la chance de vivre des moments incroyables grâce à l'autostop, grâce à la magie de ces rencontres sur la route.

  • Speaker #2

    Ta méthode, c'était de mettre du cloclo et du Johnny ?

  • Speaker #1

    Donc c'est vrai que c'est pas mal. Puis c'est des musiques, même si on ne parle pas forcément français, il y a quelque chose dans le rythme, il y a quelque chose dans l'air, et ce qui fait que le chinois, l'indien ou l'indonésien, même s'ils ne comprennent rien, la mélodie lui provoque quelque chose quand même. C'est vrai que c'est pas mal. J'ai vu des gens s'ambiancer sur les lacs du Connemara, par exemple. Chaque fois qu'il y avait des mariages, je la chantais. Et les gens, ils étaient à fond.

  • Speaker #2

    Et tu parlais de ce monsieur-là. Une fois que tu as passé trois jours comme ça, il se passe en... En plus, c'est comme tu dis, dans un espace très restreint. Donc, il se passe vraiment quelque chose dans la relation. Quand tu descends du camion, c'est quoi l'émotion ?

  • Speaker #1

    Alors moi j'étais très triste, j'avais limite les larmes aux yeux, puis en plus il m'a déposé quasiment à 300 km de Pékin, mais comme je venais de faire 4000 km, 300 km c'était à côté. Donc dans ma tête j'étais quasiment à Pékin, c'était grâce à lui que j'allais traverser la Chine, donc moi j'avais les larmes aux yeux. Lui c'était une culture, les Asiatiques, les Chinois en particulier, sont quand même des personnes très réservées, donc c'est vrai qu'ils ne montraient pas forcément ses émotions. Voilà, c'est une personne qui encore le mois dernier m'envoie des messages, etc. c'est qu'on continue quand même d'échanger et de discuter. Donc, on voit qu'on a bâti quelque chose. Et puis, il m'envoie des photos de ses enfants, des photos de son camion, etc. Et c'est vrai que c'est super. Et c'est des rencontres très poignantes. Et c'est peut-être un peu le seul point négatif de ce genre de voyage. Mais c'est qu'on vit des moments extrêmement forts, des rencontres qui sont magnifiques. Des fois, on reste avec des gens juste une soirée, mais on est comme des frères à la fin. Et le lendemain, on doit repartir sur les routes. Donc, c'est un petit peu difficile. Et ça, on ne s'habitue jamais réellement à vivre des moments extraordinaires et à devoir quitter ces personnes le lendemain. Mais ça fait partie de la beauté également de ces rencontres, c'est qu'à chaque fois, elles sont très éphémères et qu'on sait qu'on est limité à une soirée ou le temps d'un trajet. Donc, c'est ça qui fait partie en même temps du voyage.

  • Speaker #2

    C'était assez timé. Imaginons qu'à un moment donné, tu te sentes vraiment bien dans un endroit. Est-ce que tu pouvais t'accorder justement plusieurs nuits ou plusieurs jours au même endroit ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, oui, à part à certains moments où pour des raisons de visa ou des raisons logistiques, je devais quitter les pays. Sinon, j'avais quand même un programme assez souple. Il faut savoir que par exemple, en Inde, en Indonésie, je m'étais dit, OK, je vais faire deux, trois choses importantes. Par exemple, en Inde, je voulais aller dans le village natal de Gandhi. Je voulais aller au Taj Mahal, à Pondichéry, deux, trois choses comme ça. Mais sinon, entre, j'étais très libre, très flexible. Après, c'était un peu au gré des rencontres que j'édifiais mon parcours. Les personnes me recommandaient mon itinéraire. C'est vrai que ça m'est arrivé des fois de juste faire du stock. Je ne pensais même pas rester dans un village, juste le traverser. Au final, je suis tombé sur une mère de famille extrêmement sympathique. Je suis resté une semaine chez elle à rencontrer tous les cousins, tous les membres de la famille. Ça, c'était complètement impromptu. Je dirais qu'au début de mon voyage, j'avais quand même plus la bougeotte que vers la fin. Pendant le début du voyage, je pense que les trois quarts du temps, je changeais d'endroit tous les soirs. Alors que dans la deuxième partie du voyage, quand j'étais bien à un endroit, j'y restais pour deux, trois jours au moins.

  • Speaker #2

    Tu as pris le temps aussi d'écouter et de savoir apprécier encore plus les rencontres à la fin.

  • Speaker #1

    Tout à fait, oui.

  • Speaker #2

    Est-ce qu'il y a des jours où forcément des galères, il y a dû y en avoir et tu vas nous raconter, mais le plus long moment où tu es resté sur la route ?

  • Speaker #1

    C'est une bonne question. Tu penserais combien toi ?

  • Speaker #2

    Je dirais... Une demi-journée ?

  • Speaker #1

    C'est ça, oui. Ce qui est énorme, mais ça n'a apparu qu'une fois, c'était en Australie. J'ai attendu trois heures avant de me faire prendre en autostop. L'Australie était de loin le pays le plus compliqué. Il faut savoir que j'ai attendu, je crois que 15 ou 20 fois plus d'une heure. Mais sinon, très souvent, c'était 5-10 minutes. Quelquefois, ça montait à une demi-heure, mais je pense que les trois quarts du temps, c'était moins de cinq minutes. L'autostop était très facile. Ça dépendait des pays, pays comme l'Inde, la Chine, l'Indonésie. Je n'attendais pas plus de cinq minutes. C'était juste plus compliqué en Australie, non seulement parce qu'il n'y a pas beaucoup de trafic et deuxièmement parce que les autostoppers ne sont pas forcément bien vus. Donc, c'était un petit peu plus compliqué. En Australie, une fois, j'ai attendu trois heures et sinon en moyenne, c'était une heure et demie, deux heures, deux heures et demie. Donc, lorsque vous attendez en plein soleil, être attaqué par les mouches, c'était un peu désagréable, mais ça faisait partie de l'aventure.

  • Speaker #2

    J'ai l'impression que tu avais presque fait aussi une… Un peu une préparation mentale en fait ?

  • Speaker #1

    Alors je ne sais pas si j'ai fait une préparation, si c'est venu au fur et à mesure. Ça, ça serait une bonne question. Je pense que déjà au fur et à mesure, j'ai développé un peu des techniques d'autostoppeur, de savoir comment me positionner, comment me tenir au bord de la route, les premières phrases d'accroche, dire lorsque une voiture s'arrête ou comment aborder les gens dans les stations de service. Il y a tout ça qui est venu au fur et à mesure. Et puis je pense qu'après, oui, il y a eu de l'expérience, un peu plus de résilience également. Et ce qui fait que la première fois que j'attends plus d'une heure, c'était en Grèce et pour moi, c'était la terre s'arrêter. Et puis après, en Australie, j'attendais une heure et demie à chaque fois et puis j'étais plus habitué. Donc, je pense que le corps s'habitue. On arrive à découvrir des techniques. Et puis après, en Australie aussi, j'attendais trois heures, mais c'était quelqu'un qui me prenait pour 500 kilomètres parce que c'est des grandes étendues où il n'y a pas grand-chose. Donc, au final, quand on fait son prorata sur la journée, on a quand même avancé. Alors qu'au final, en Inde, j'attendais moins de deux minutes à chaque fois, mais c'est des gens qui allaient au pétrole. prochain village à 2 km. Donc, au bout de la journée, 20 conducteurs pour faire 50 km, ce n'est pas forcément l'éclate. Donc après, les gens m'invitaient quand même pour l'OT, etc. D'un point de vue lien humain, c'était fascinant. Mais lorsque vous dites, OK, je vais aller dans le sud de l'Inde, c'est à 3000 km de là, et puis que vous faites 50 km par jour, vous dites, bon, je ne sais pas, je vais mettre un peu de temps avant d'y aller.

  • Speaker #2

    C'est quoi cette fameuse phrase d'accroche ?

  • Speaker #1

    Alors, il y en a eu plusieurs. Il faut savoir que déjà, le concept d'autostop n'était pas compris dans tous les pays. Et il y a certains pays où, par exemple au Laos, au Népal, le mot autostop n'existe pas. Donc, personne ne connaisse pas. Et donc, pour eux, un étranger dans leur pays, soit il prend un bus, soit il prend un taxi. Mais donc, c'est inconcevable de le faire monter dans sa voiture. Donc, il fallait à chaque fois m'assurer que les personnes comprennent bien et que ce ne soit pas des taxis. ou des personnes qui se transforment en taxi juste pour moi. Donc, ma technique, c'était de ne jamais dire où j'allais directement, à chaque fois de demander où allait la personne pour voir si elle me dit, moi, je vais dans telle ville. Je dis, parce que je peux monter avec vous. Si jamais c'était des taxis, ils ne me disaient pas de ville parce qu'ils n'avaient pas de destination. Et donc, comme ça, j'arrivais un peu à faire le tri. Et donc, la phrase d'accroche, c'était bonjour, je suis français, je voyage à travers le monde, j'aimerais bien me rendre dans… Voilà, dans la direction de Delhi, de Pékin, de Jakarta. Vous, dans quelle ville vous allez ? Est-ce que je peux monter à l'arrière avec vous ? Et voilà, j'essayais de baratiner ça, soit en apprenant quelques mots de langue locale, soit en imprimant un texte papier où j'expliquais mon cas, en fait. Où je disais, ben voilà, je suis français, je voyage sans argent, sans prendre les bus, sans prendre les trains, mais en faisant de l'autostop. Autostop, des fois, s'il n'y avait pas de mots dans les langues, je traduisais ça par trajet gratuit ou des équivalents. ou voyager avec vous dans votre véhicule, voyager avec des inconnus. C'est fort sympathique et c'est vrai que dans certains pays, c'était plus forcément mettre ton pouce au bord de la route et attendre qu'une voiture s'arrête. Dans d'autres pays, c'était simplement aller dans les stations-service. D'autres fois, c'était avec des pancartes. J'ai un peu tout essayé dans chaque pays. Puis en fait, il y avait à chaque fois une technique qui émergeait, qui était plus efficace et qu'ensuite que j'employais pour le restant de mes jours dans le pays.

  • Speaker #2

    Oui, parce que j'imagine en tout cas en France, surtout peut-être, mais même comme tu parlais de l'Australie, il peut y avoir aussi un petit peu parfois cette trouille de prendre quelqu'un dans la voiture qu'on ne connaît pas.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #2

    La situation peut-être la plus cocasse parce que tu as dû être pris parfois dans des camions, des voitures, des motos. C'est quoi la situation la plus cocasse que tu aies eu ?

  • Speaker #1

    Il y en a eu beaucoup. Il y en a une qui était très gênante, c'est qu'en fait, j'ai été pris par un couple qui s'est engueulé. En fait, j'assistais à une dispute de couple. En fait, c'était un couple, c'était en Thaïlande. Et en fait, le mari avait fait de l'autostop dans sa jeunesse, donc il voulait me prendre en tant qu'autostoppeur. Et sa femme ne voulait pas du tout. Et donc, du coup, ils m'ont fait monter à bord. Et donc, du coup, ils se sont engueulés non-stop. Et c'était très compliqué. Et en plus, ils savaient que j'étais français, mais ils parlaient allemand. parce que la femme était thaïlandaise et le mari était allemand. Et donc, en fait, il parlait en allemand. Et en fait, il ne savait pas que je comprenais un petit peu l'allemand. Et donc, en fait, j'ai compris que la femme m'insultait en allemand. Il y a quelques notions d'allemand. J'ai compris qu'elle m'insultait en allemand. Et je me disais, oh là là, dans quelle galère je me suis mis. Et le mari était super gentil, mais la femme ne faisait que de l'insulter, etc. Et donc, au final, ça s'est passé qu'ils m'ont déposé sur l'autoroute, sur la bande d'arrêt d'urgence. Donc, c'était un peu... un peu compliqué donc j'ai dû remarcher pour aller une station service mais mais voilà j'ai quand même faire 150 km avant vraiment que que la femme ait raison de son mari mais ouais c'était un peu particulier il ya eu des personnes des fois beaucoup de quiproquos mais ouais celle ci c'était assez particulière il y avait également un monsieur qui était un acheteur compulsif entre guillemets à chaque fois qu'ils voyaient une station service il s'arrêtait dans les stations services pour acheter des mm des mars des sni En fait, on a roulé 8 heures ensemble. Il n'a jamais pris de vrai repas, entre guillemets, avec du riz, des pâtes, etc. Et en fait, à chaque station service, il m'achetait aussi des sneakers. Et donc, du coup, j'ai dû manger 5 paquets de M&M's et 5 sneakers dans la journée parce qu'en fait, on s'arrêtait à chaque fois. Il prenait également toutes les boissons énergisantes, les coca thaïlandais. Pour vrai, on a fait 15 arrêts en 8 heures. C'était un peu... C'était un peu aberrant, mais extrêmement sympathique, le monsieur. Et donc, c'est des situations qui sont un petit peu cocasses. Après, des fois, il y a des belles rencontres humaines, des personnes où on a vraiment eu des bonnes discussions, mais des gens juste un peu étranges, un peu curieux, mais c'était rigolo.

  • Speaker #2

    Et celui qui s'est engueulé avec sa femme, lui, clairement, tu dis, il ne va pas m'inviter à dormir ce soir.

  • Speaker #1

    Clairement. Je pense qu'il aurait été seul lui, parce que lui il était extrêmement sympathique, mais la personne là non. Et après moi, j'ai jamais demandé directement l'hospitalité chez les gens. En fait, j'ai expliqué mon projet, puis ensuite libre à eux. Je laissais sous-entendre que j'étais ouvert à cette possibilité, mais c'est à chaque fois les gens qui faisaient le premier pas. J'ai jamais voulu m'imposer en demandant à l'hospitalité. Parce que c'est vrai qu'il y a certaines cultures où les gens n'osent pas dire non. Et donc en fait, si on demande ouvertement, ils n'oseront pas dire non et donc on va s'imposer à dormir chez eux. C'est pour ça que je n'ai jamais demandé directement. Même s'il y a peut-être 5 ou 10 des personnes qui m'invitaient chez elles, comme sur une journée, des fois, j'avais 10, 20, 25 conducteurs. Le plus, ça a été 28 en une seule journée. Dans le lot, il y a forcément des gens qui se proposent de m'inviter chez eux. C'est comme ça que plus de la moitié du temps, j'ai été hébergé chez l'habitant. Ou grâce aux habitants, des fois, c'est des personnes qui me disent Moi, je ne peux pas te loger chez moi, mais tiens, je vais te payer l'hôtel. Tu peux mettre ton matelas dans une salle de classe. Ou tiens, tu peux dormir à la mosquée, à l'église, au temple. Ou tiens, moi, je suis médecin dans cet hôpital. Et puis, il y a une chambre qui n'est pas utilisée. Donc, tu peux dormir dedans. Donc, j'ai dormi un peu dans tout type d'hébergement. Des hébergements très insolites. Ce qui était très insolite, il y a eu une mosquée. C'était très confortable grâce au tapis. Sinon, il y a eu les stations-service. Il y a eu sous les tables des restaurants. car je ne trouvais pas d'hébergement, je devais dormir sous les tables de restaurant. En fait, dans certains pays, c'est particulièrement le cas en Chine, les hôtels n'ont pas forcément la licence et l'agrément pour recevoir des étrangers. Donc ça veut dire qu'en tant qu'étranger, des fois je suis dans une ville de 10 millions d'habitants et aucun hôtel ne pouvait me recevoir, les hôtels ne pouvaient accueillir que des Chinois. Et donc je me suis dit, il faisait moins 15 degrés dans la ville, mais où est-ce que je vais dormir ? Et donc du coup, je tourne pendant deux heures, tous les hôtels me refusent. Et donc en fait, à la fin, j'ai toqué chez un marchand de nouilles et je lui ai dit, est-ce que je peux mettre mon matelas sous les tables ? J'ai poussé les chaises et j'ai dormi comme ça sous les tables du restaurant de deux heures à six, sept heures du matin. Et puis ensuite, je suis reparti le lendemain pour dormir au chaud parce qu'en fait, par moins 15, ce n'était pas possible de dormir dehors. Et donc, j'ai souvent dormi au Kazakhstan, en Inde, en Indonésie. C'était assez facile de dormir dans les restaurants. Dans d'autres pays, je négociais. Je disais, je vous prends un repas du soir et puis en échange, je peux dormir là. Donc, c'était une combine. Il y a souvent une bonne ambiance dans les restaurants. Donc, moi, j'aimais bien. Et c'était dans certains endroits, par exemple au Vietnam, au Laos, les gens n'ont pas forcément la culture d'inviter chez eux. Mais le restaurant, c'est un peu un lieu neutre. C'est un peu un entre-deux. Et donc du coup, les restaurateurs, quand je n'avais vraiment rien, je demandais à dormir dans ces lieux-là. Et puis les restaurateurs, ça lui faisait un repas pour le soin, un repas pour le lendemain au petit déjeuner. Donc dans certains pays, c'était appréciable pour eux. Et puis moi, je dormais sur mon matelas que je gonflais, dans mon sac de couchage. Donc ce n'était pas trop d'entretien pour eux.

  • Speaker #2

    J'adore parce que j'allais te dire, dans ces moments de galère, est-ce que tu n'as pas envie d'arrêter et de te demander pourquoi tu es là ? Et là, en fait, en t'écoutant, tu as transformé le truc en disant moi, j'aimais bien parce que les restaurateurs, ils étaient sympas J'ai l'impression que tu as une philosophie qui est quand même ultra positive et que même les moments de galère, tu les as oubliés.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Déjà, il n'y en a vraiment pas eu beaucoup des moments de galère. J'ai cette chance aussi qui est venue peut-être du fait de ce voyage à relativiser énormément. Et ce qui fait qu'en fait, j'essaye de voir le positif de chaque événement. Et par exemple, une fois, il y a eu un... C'est peut-être la plus grosse galère. Une fois, je me suis, suite à un malentendu, en fait, je me suis retrouvé arrêté par l'armée azerbaïdjanaise. J'ai passé une journée dans une prison slash caserne en Azerbaïdjan. Et c'est vrai que j'étais menacé par des kalachnikovs, etc. au début. Donc, c'était un petit peu inquiétant. Et puis, au final, je réussis à expliquer un petit peu mon cas. Et les gens étaient très sympathiques. Et puis après, ils m'ont apporté à manger. Ils ont présenté un peu leur quotidien à l'armée parce que moi, je n'ai pas fait mon service militaire. Donc, je ne savais pas trop comment c'était le quotidien à l'armée. Puis l'armée en Azerbaïdjan, je pense que ça va être un peu comme l'armée chez nous, mais il y a 50 ans. Donc, un peu comme mon père ou mon grand-père ont fait leur service militaire. Et au final, c'est vrai que c'était une grosse peur sur le moment. Mais après coup, je me suis dit que c'était une expérience géniale de découvrir un peu le quotidien de l'armée. Je n'ai jamais eu peur. C'est vrai que des fois, j'étais dans des situations un petit peu qu'on pourrait juger de difficiles. Et à chaque fois, j'essayais de voir le positif chez les gens et de me dire que rien de mal n'allait m'arriver. C'est vrai, sur les 1100 conducteurs, jamais j'ai eu, je me suis senti en danger. Jamais j'ai été menacé. Jamais j'ai été volé. Je ne suis tombé qu'une seule fois malade. J'ai pris du Doliprane pendant deux jours et puis j'ai été guéri. Je n'ai jamais eu de gros soucis entre guillemets, où j'ai dû être à l'hôpital pendant 15 jours, ou être volé tout mon sac à dos, etc. Ça ne m'est jamais arrivé. Donc, j'ai eu cette Ausha.

  • Speaker #2

    Écoute, en tout cas, tu vois, même le dernier épisode que j'ai enregistré, c'était quelqu'un qui disait, en fait, moi, je veux continuer d'avoir foi en la vie, en les hommes. Et tu confirmes vraiment ce côté-là, parce que c'est vrai que ça paraît dangereux. Et pour autant, une fois que tu es en prison en Azerbaïdjan, hop ! Je pense que j'aurais paniqué et j'aurais peut-être fait le mytho. Mais je pense qu'en effet, après, tu relativises tellement parce que tu as vraiment eu un coup dur et ça s'est finalement bien passé parce que tu avais aussi une belle personnalité, que tu avais confiance en fait en ton projet.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. J'ai réussi, quand j'étais en Azerbaïdjan, à faire confiance, à montrer qu'en fait, ils m'ont pris pour un espion à la base. C'était ça le motif de mon arrestation. Et après, ils ont vu que j'avais des sacs à dos, que j'avais des baklavas périmés dans mon sac à dos parce qu'avant, j'étais en Turquie, etc. Ils se sont dit, mais c'est qui cet espion ? Et donc après, ils ont relativisé. Et le point positif, c'est que le général de la caserne m'a pris en stop après et m'a ramené dans une autre ville. C'était un peu la petite victoire à la fin de la journée. J'ai toujours eu cette foi, même dans les moments les plus difficiles en l'humanité. quels que soient les pays, quelles que soient les religions, quelles que soient les cultures, je me suis dit, il y a des hommes bons partout. Et c'est vrai, n'importe où, j'ai toujours réussi à trouver des gens qui acceptent de me faire monter gratuitement dans leur véhicule. Il n'y a aucun endroit où je me suis dit, ah ouais, là, ça ne marche vraiment pas. Même en Australie, où c'était plus difficile, j'attendais deux, trois heures et puis je trouvais quand même quelqu'un pour avancer. Donc, à travers tous les pays, j'ai toujours trouvé des hommes charitables qui acceptaient de me faire monter dans leur véhicule. Ça, c'est vrai que c'est la plus belle des découvertes. Et c'est vrai que ce voyage… C'est le mien, mais c'est surtout celui de 1100 conducteurs, une immense chaîne humaine qui s'est relayée pour me conduire de chez moi à l'endroit le plus éloigné de France, jusqu'aux îles Chatham. Et ça, c'est vrai que ce n'était pas gagné d'avance. Moi, j'étais persuadé avant de partir qu'il y avait bien un moment où ça allait coincer. Au final, ça n'a jamais coincé. J'ai toujours pu avancer. J'ai toujours trouvé des âmes charitables qui acceptent de me faire monter dans leur véhicule, qui acceptent de m'accueillir chez eux, de me faire visiter leur région, de me faire découvrir leur gastronomie. Et c'est vrai que cette foi en l'humanité s'est vraiment renforcée à travers ce voyage et de se rendre compte qu'il y avait des personnes avec qui on ne parle pas forcément la même langue, mais qui sont extrêmement gentilles, qui me couvraient de cadeaux, qui me couvraient de nourriture, qui étaient extrêmement sympathiques, toujours avec le sourire. Ça, ça faisait vraiment chaud au cœur et ça donne foi dans le genre humain, ça c'est sûr.

  • Speaker #2

    C'est un super message. Je sais qu'au départ, tu voulais aussi transmettre ce message et tes valeurs à travers les écoles du monde entier. Est-ce que ça, tu peux nous en parler ?

  • Speaker #1

    Oui, donc c'est vrai, quand je suis parti, j'ai toujours voulu partager. Je me suis dit que ça allait être une belle aventure, ce serait dommage de la garder pour moi. Et donc, en fait, j'ai fait d'abord un partenariat avec quatre écoles primaires pour faire des visioconférences avec les enfants tous les 15 jours. Et donc, en fait, tous les 15 jours, j'appelais les enfants une heure et je leur présentais, voilà, aujourd'hui, je suis en Turquie, voici le quotidien des petits-enfants turcs dans tel pays. En Turquie, les petits garçons vont dans une école, les petites filles vont dans une autre école, ce n'est pas mixte. Dans ce pays-là, ils ont un uniforme. Dans ce pays-là, les enfants ne vont à l'école que le matin. Dans tel pays, ils ne vont à l'école que l'après-midi. Je représentais le quotidien. Des fois, dans certains pays, les enfants vont aller au champ. Dans certains pays, les filles n'avaient pas le droit d'avoir accès à l'éducation, alors que les petits garçons avaient le droit. Je leur présentais toutes ces facettes-là. Je leur présentais la gastronomie, je leur présentais les climats. Je leur montrais les billets dans les différents pays. présenter, voilà, tous ces aspects-là. Donc, c'était super intéressant pour eux. Et je me suis dit, ça peut être également sympa de le partager, mais avec les enfants sur place. Et donc, du coup, la première école où je suis allé, c'était en Italie. Ça a été une expérience géniale. Le corps enseignant s'est montré vraiment très enthousiaste à l'égard du projet. Donc, comme ça, j'ai pu passer une après-midi dans une école primaire, à passer de classe en classe, à parler de mon voyage, à répondre aux questionnements des plus petits, puis essayer également de transmettre… des messages, des valeurs de tolérance, de dépassement de soi, de vivre ensemble, de croire en ses rêves. Tous ces messages-là, ça m'a conduit à intervenir dans une trentaine d'établissements. Dans la plupart des pays où je passais, j'essayais d'aller au moins dans un collège, dans un lycée, dans une association, dans une ONG, pour rencontrer les enfants. Et puis moi, ça me permettait également de discuter avec eux, de voir leur passion, leur sport préféré, la personnalité française qu'ils connaissaient. C'était super intéressant d'avoir tous ces dialogues interculturels à travers le monde et ça j'ai adoré. Au fur et à mesure, j'en faisais de plus en plus. Je pense qu'au tout début du voyage, c'était une fois par mois. Puis à la fin, je passais au moins une journée par semaine à intervenir. Et moi, ça m'a permis de donner du sens à ce projet. Également, d'avoir du contact pour les écoliers français. Parce que la plupart du temps, quand je passais par exemple un lycée en Indonésie ou en Inde, je demandais aux écoliers d'écrire une lettre. Et ensuite, je l'ai envoyée, je l'ai scannée pour les enfants en France. Donc comme ça, ils voyaient... le quotidien et puis également il pouvait avoir un peu un échange avec les gens

  • Speaker #0

    les colliers, mais à l'autre bout de la planète. Et ça, c'était une expérience formidable et qui m'a vraiment également permis de me dire, voilà, ce voyage a un sens. Ce n'est pas juste du tourisme déguisé, etc. Mais il y a vraiment quelque chose. Et puis, ça me permettait également de redonner un petit peu à l'humanité tout ce que l'humanité m'offrait. Et c'est vrai que c'est pour ça que je me suis beaucoup investi en Inde ou en Indonésie, où les gens étaient extrêmement généralement des gars. Je me dis, mais comment les remercier ? Je trouvais que faire voyager, faire rêver leurs enfants, c'était une belle manière de les remercier.

  • Speaker #1

    Alors moi, j'ai une question par rapport à ça. Est-ce que tu as eu une réaction justement peut-être aussi de certains enfants quand tu dis que c'était important aussi de leur montrer que c'est d'aller au bout de ses rêves ? Tu vois, moi, à Bali cet été, à un moment donné, je discutais avec un chauffeur qui était dans une région magnifique et je lui dis quand même qu'est-ce que tu es chanceux de vivre ici. Tu vois, c'était… Oui. Et lui me dit, pour moi, ça me paraissait, tu vois, le paradis sur Terre. Et lui me dit, entre nous deux, je pense que le plus chanceux, c'est toi, parce que toi, tu peux découvrir le monde. Alors que moi, je suis, OK, je vis dans ce paradis, mais je rêverais d'aller justement découvrir un petit peu d'autres facettes et qu'ils n'ont forcément clairement pas les mêmes moyens. Donc, ça m'intéresse, tu vois, de voir un peu comment, est-ce qu'ils pensaient que c'était accessible aussi pour eux ? Comment ils réagissaient quand tu leur disais ? Vous parliez de dépassement de soi et de réalisation de rêve.

  • Speaker #0

    Donc, c'est vrai que je les incitais à accomplir leurs rêves, mais ce n'était pas forcément de faire un tour du monde ou faire ce genre de choses. Il y a certains pays, c'est les motiver à continuer leurs études, les motiver à s'investir dans le sport. Et si cette barrière que voyager, on pense objectivement que ça coûte cher, que c'est ça qui pourrait restreindre les Indonésiens, les Indiens de voyager. Et en fait, lorsqu'on parcourt le monde, on se rend compte Moi, je dépensais des fois en Inde, je dépensais par mois, je dépensais moins d'un smic indien, donc je dépensais moins de 50 euros par mois. Et donc, c'était possible de voyager en fait dans ces conditions. Et il y a certains pays où les gens ont un peu des barrières mentales, ils pensent que c'est très très cher de voyager, etc. Et puis en Inde, j'ai rencontré beaucoup de gens qui sont un salaire de misère, etc. Mais ils vont s'entasser dans des bus, ils vont traverser le pays, ils vont aller dans des temples, etc. Ils sont très éloignés. et qui vont ainsi pouvoir voyager et avoir ce moyen de découvrir leur pays. Donc c'était possible, mais surtout ce que j'essayais de faire, c'était vraiment les motiver à continuer les études, car dans certains pays, c'est ce qui fait la différence au final, l'éducation, que ce soit par la maîtrise de l'anglais, car il y a beaucoup de gens qui n'ont pas l'intérêt de parler l'anglais ou même les langues étrangères de manière générale. Donc je leur disais, vous pouvez discuter avec moi, vous pouvez... vous renseigner sur Internet, vous pouvez aller travailler, étudier dans d'autres pays. Et donc, j'ai essayé de leur faire sauter un petit peu ces barrières mentales qu'ils avaient dans la tête.

  • Speaker #1

    C'est très chouette. Est-ce que tu penses que ce voyage t'a changé, toi, personnellement ?

  • Speaker #0

    Oui, infiniment. Et même moi, je voyais de semaine en semaine, je n'étais plus le même. Ça a vraiment été très flagrant. Et c'est vrai que dans certains pays, j'arrivais, je me disais, c'est bizarre ça, machin. Et puis au final, je me disais, mais pourquoi ils font ci, pourquoi ils font ça ? Et puis au bout de 15 jours, je me disais, ah oui, mais c'est normal, c'était moi qui ne comprenais pas. Et ça, ça s'est passé de manière perpétuelle, en fait, pendant ces 17 mois d'aventure. Je me voyais vraiment évoluer et beaucoup sur la tolérance. Car des fois, on dit, ah ouais, mais c'est vrai que c'est bizarre. Certains pays, certaines religions, il y a une conception de l'homme et de la femme qui est différente. En Inde, il y a les castes. Mais voilà, d'essayer de ne pas transposer ce que nous, on pense est le mieux pour eux. Mais essayer juste de voir qu'ils vivent en harmonie, que tout le monde est heureux comme ça. C'est vrai que cette tolérance est quelque chose qui est fondamental. Dans certains pays, par exemple en Indonésie, il y a différentes religions. Mais tout le monde arrive à vivre en paix ensemble parce qu'il y a une très grande tolérance. Mais en Inde, il n'y a pas cette même tolérance. Et donc, du coup, il y a beaucoup d'exactions qui sont commises par les communautés religieuses les unes envers les autres. Et c'est vrai qu'on se rend compte que c'est un peu la pierre angulaire. pour bâtir une société multiculturelle où chacun peut vivre sa foi, vivre dans sa culture en paix. Et également, une grande tolérance, ça permet de ne pas avoir de préjugés, de ne pas avoir d'a priori lorsqu'on va vers les autres et ainsi de pouvoir faire une discussion, une pleine conversation avec les gens. On discute de manière pleine et on est apte à recevoir car on n'a pas de fixettes, on n'a pas d'a priori, on n'a pas de préjugés, on abandonne tout ça. Et comme on n'a plus tout ça, on peut vraiment vivre des belles relations et des beaux échanges avec les personnes, quels que soient les pays.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu crois que dans ta vie de tous les jours, alors après tu vas nous raconter ce qui va se passer après ce voyage, mais est-ce que tu penses que dans ta vie de tous les jours, tu vas réussir à garder ce même objectif de réussir à vivre avec tolérance, sans préjugés ? Est-ce que tu penses que tu vas savoir l'appliquer aussi bien dans ton quotidien en France qu'en voyage ?

  • Speaker #0

    Je vais essayer, mais je pense que cette ouverture d'esprit, ça m'a permis de... C'est des choses que j'ai apprises et qui me serviront toute ma vie. Ce sens de la nuance également, essayer de ne pas voir le monde de manière binaire, de manière très manichéenne, comme ça peut être le cas si généralement on regarde les médias, où il y a un camp du bien contre un camp des méchants. mais que l'histoire et les pays sont très complexes. Donc, toute cette ouverture d'esprit, je pense, elle me servira. C'est vrai que maintenant, quand je regarde les médias, quand je suis revenu, c'était pour le deuxième tour des législatives. J'ai quand même plus de profondeur d'esprit, arriver à décrypter, lire entre les lignes. Et ça, ça me servira beaucoup. Je pense que c'est quelque chose, je ne sais pas si j'aurais pu l'acquérir autrement que par ce voyage, une expérience de dépouillement complet. d'aller à rencontre de personnes au mode de vie complètement différent. Mais ce n'est pas parce que le gars est fermier au fin fond de l'Inde, à vivre dans une maison en terre, qu'il n'a rien à m'apprendre. Je pense qu'au contraire, il a autant de choses à m'apprendre que le millionnaire chinois ou le banquier australien. Et donc, toutes ces personnes-là avaient quelque chose à me transmettre. Et je suis riche de toutes leurs expériences, de tous leurs témoignages pour pouvoir grandir et mûrir au fur et à mesure. Et c'est vrai que je pense que c'est peut-être également pour ça que j'intervenais plus dans les écoles au fur et à mesure de mon voyage. C'est qu'au début, au bout de deux mois, j'avais quand même des acquis, parce que deux mois de voyage en autostop, ce n'est pas rien. Mais après plus d'un an, un an et demi, j'avais quand même beaucoup plus de choses à transmettre qui revaloient auprès des étudiants, des lycéens, etc.

  • Speaker #1

    En tout cas, tu le retranscris vraiment très bien.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Si tu devais choisir, parce que souvent, on me pose la question, c'est quoi les pays que tu as préférés, etc. C'est trop compliqué, je trouve. Si tu avais une journée sur les 500 à revivre, ça serait laquelle ?

  • Speaker #0

    Waouh ! Ah, on ne me l'avait jamais posé celle-ci, c'est une bonne question. On ne me l'avait jamais posé. Je pense que c'est une journée qui a eu beaucoup d'ascenseurs émotionnels. C'est cette journée où j'ai dormi dans le restaurant, où c'était extrêmement compliqué parce qu'en fait, je venais de faire 1000 km d'autostop. J'arrive, 1000 km de stop en Chine, ce n'était pas rien. J'arrive dans une ville à 23h, je ne trouve aucun hébergement. Je trouve un hébergement au final à 2h du matin dans un restaurant. Je dors 5h sur un matelas, vraiment pas très bien. Le lendemain, je me réveille à 6h par le restaurateur qui avait des clients. Le lendemain, je marche 4h, je suis éreinté pour sortir de la ville parce que la ville faisait 15 millions d'habitants, donc je ne pouvais pas faire du stop en centre-ville pour marcher jusqu'à une entrée d'autoroute. Donc voilà, j'arrive à une station de service, j'arrive à trouver des gens qui me permettent d'avancer. Et puis au final, à 14h-15h, je tombe sur une multimillionnaire chinoise, une personne complètement déroutante. et elle m'invite, prend stop, elle me ramène chez elle, elle me présente à des amis, elle m'invite dans un restaurant panoramique, elle me paye une suite le soir pour dormir, et ses amis parlaient tous en anglais, donc j'ai vraiment pu avoir une discussion passionnante avec eux, ils m'ont emmené dans des casinos clandestins, parce que les casinos sont interdits en Chine, et on a terminé la soirée je pense à 4h du matin, et c'est vrai qu'outre le fait qu'elle soit millionnaire, c'est surtout la censure émotionnelle en fait. On vit et en fait, c'est des choses qui sont très difficiles à vivre et peut-être seul l'autostop est capable de transmettre ces choses-là. Ou en fait, le matin, on passe de vagabond. J'étais affamé, je n'avais pas dormi. J'avais marché 15 kilomètres par moins 10 degrés. J'étais enmitouflé dans ma grosse parquette. Et deux heures après, je suis pris en stop par une millionnaire qui m'invite dans un restaurant panoramique, qui me paye une suite. J'avais une baignoire dans ma chambre d'hôtel. Vraiment un truc lunaire comparé à toutes les galères que j'avais vécues. C'est vrai que cette journée, c'est peut-être là où j'ai plus d'ascenseur émotionnel. C'est vrai qu'il y en a eu des dizaines et des dizaines, des journées comme ça. Ne serait-ce que la joie d'arriver dans un nouveau pays, franchir une frontière à pied. On a le passeport tamponné, on arrive dans un nouveau pays, c'est un nouvel alphabet, c'est une nouvelle cuisine, c'est des nouveaux billets. Toutes ces choses-là, ce sont des choses qui sont extraordinaires. Ils sont très difficiles à retranscrire également, parce que maintenant que je m'attends à écrire le livre, c'est très difficile et des fois frustrant de ne pas avoir cette sensation d'écrire très très bien, alors que ce qu'on a vécu, au fond de soi, on sait que c'est exceptionnel et que c'est des choses qu'on souviendra toute notre vie. Cette journée-là était très particulière. Et puis ensuite, je suis resté deux jours avec elle, et ensuite le lendemain, deux jours après, j'ai repris l'autostop. Puis au final, je suis tombé sur des gens qui ne m'ont pas invité chez eux, et j'ai donc dû dormir dans la salle pour changer les bébés. dans les stations essence parce que de minuit à 6h du matin, il n'y a pas de bébés qui sont changés. Et puis j'ai mangé mes nouilles chinoises froides dans la station service. Et puis voilà, c'était vraiment les montagnes russes d'émotion. Et puis ensuite, après, je suis retombé sur quelqu'un qui m'a invité chez lui, etc. Donc c'était vraiment de manière perpétuelle, encore plus accentuée en Chine, où c'était vraiment, je passais de tout à rien. Mais oui, il y a eu des émotions très fortes. Après, il y a eu certains moments très, très forts. Par exemple, arriver devant l'Opéra de Sydney, ça c'est un moment qui est magique. Après 3000, 4000 kilomètres d'autostop en Australie, on arrive devant l'Opéra de Sydney, que moi je connaissais depuis Nemo, que j'avais vu quand j'avais 3 ou 4 ans, et un lieu que ça fait 20 ans que je connais, là j'arrive en autostop, c'était complètement lunaire. Et donc ouais, il y a eu beaucoup de pics émotionnels comme ça, qui sont exceptionnels en fait.

  • Speaker #1

    Je ne te demande pas si l'objectif est atteint.

  • Speaker #0

    Oui, plus qu'à peine. C'est vrai qu'en partant, on se dit, tiens, j'ai une ligne directrice avec les îles Ausha. Je pense que c'est quand même bien d'avoir un objectif. Mais le plus important, c'est les rencontres. C'est le chemin plus que la destination qui importe. C'est vrai que toutes ces rencontres, je ne pensais pas vivre le dixième de ce que j'ai vécu. Moi, j'aurais pensé que l'autosab aurait été bien plus compliqué, que mon quotidien se résumerait à errer sur les stations-service, au bord des aires d'autoroute. à la sortie des ronds-points avec un panneau sous la pluie. Au final, c'était une odyssée humaine et l'autostop, bien sûr, c'est ce qui m'a permis de vivre ces éléments, mais c'est toutes ces rencontres que je vais retenir et qui ont marqué ce périple de manière indélébile.

  • Speaker #1

    Il y a vraiment, en tout cas, une rencontre dont j'avais vraiment envie d'entendre ton récit, c'est celle du Dalaï-Lama, et c'est d'ailleurs pour ça que je t'ai contactée aussi. Ce qui est assez rigolo, tu vois, c'est que là, on est bientôt à une heure d'enregistrement. Tu n'allais pratiquement pas. Si je te posais la question, tu n'allais pas en parler. Tu parles juste des gens qui sont comme toi et moi dans n'importe quel pays, alors que là, c'est quand même en tout cas un peu le graal d'une rencontre comme ça. Est-ce que tu peux quand même nous en parler ?

  • Speaker #0

    Bien sûr, oui. Mais c'est vrai, tellement de choses, c'est difficile après de resituer quand on vit plein d'émotions très fortes. Mais c'est vrai que le Dalai Lama, c'est d'abord un immense concours de circonstances. Pour resituer un petit peu le contexte, moi, je me trouvais au Tadjikistan et je voulais continuer par la Chine. Sauf que la Chine me refuse le visa dans un premier temps et je ne peux pas aller en Chine. Et donc, du coup, je me retrouve au Tadjikistan et je me retrouve bloqué entre la Chine, la Russie, l'Afghanistan.... Donc voilà, mes parents, je les comprends, ne voulaient pas que je fasse de stop en Afghanistan. Donc je prends un petit avion pour survoler l'Afghanistan et pour arriver dans le nord de l'Inde. Et là, je me retrouve en Inde sans trop savoir pourquoi, parce que c'était le premier pays disponible qui était à une heure et demie d'avion. Il n'y avait que 700 kilomètres à vol d'oiseau. Donc je me retrouve en Inde, je commence à faire le stop et ça se passe bien avec les gens et les personnes. me recommande, tiens, va dans cette ville, à Dharamsala, dans l'Himalaya, tu verras, tu vas adorer. Moi, je n'avais pas de plan parce qu'en fait, encore une semaine avant, je pensais aller en Chine, je pensais être à Pékin, au final, je me retrouve à Delhi. Donc, c'est quand même un peu rien à voir. Et donc, je me retrouve en fait à me dire, tiens, je vais aller dans cette ville de Dharamsala. Donc, après une petite semaine de stop, j'arrive dans cette ville qui est vraiment magnifique. Pour le coup, je me dis, je comprends pourquoi les gens m'ont recommandé. En Inde, il faisait 45 degrés. Dans cette ville, on est à 2000 mètres d'altitude, donc il fait 20-25 degrés. On respire bien plus. Il y a la montagne, il y a de la forêt. C'est super sympathique. On balade dans la ville. C'est vrai qu'il y a un temple qui est marqué Temple du Dalai Lama. Je me dis que c'est rigolo qu'ils appellent ça comme ça. Mais je ne l'utilise pas parce que d'un point de vue purement religieux, il y a plein d'églises qui sont baptisées selon le nom de pape, selon le nom de saint. Donc moi, je me dis, OK, ils appellent le temple comme ça. Et puis moi, dans ma tête, le Dalai Lama, il était au Népal. Donc je me dis, bon, il n'est pas en Inde. Puisque je ne connais pas. Et au final, je me balade dans la ville et j'entends parler français. Et donc là, moi, ça faisait un mois que je n'avais pas entendu parler français. Donc je saute sur le gars. Je lui dis, mais waouh, je n'ai pas parlé de français. J'étais trop heureux. Et en fait, c'était un franco-tibétain. qui venait là pour justement demander une audience avec le Dalai Lama. Donc, on discute, etc. Je lui dis, qu'est-ce que tu fais là ? Il me dit, moi, je vais rencontrer le Dalai Lama. Donc, j'explose de rire parce que pour moi, le Dalai Lama, il est au Népal. Pour moi, on ne peut pas le rencontrer. Au final, il me dit, si, c'est possible. D'ailleurs, je le rencontre à la fin de la semaine. Mais d'ailleurs, toi aussi, tu peux le rencontrer si tu veux. Je lui dis, non, mais c'est… arrête de dire n'importe quoi, ce n'est pas possible. Et puis on rentre chez son cousin qui l'hébergeait. Donc moi, j'ai passé la semaine à vivre chez son cousin. Il me dit, en fait, il faut contacter l'office du bureau du Dalai Lama. Donc j'écris un mail, je n'ai pas de réponse. Il me dit, ah bah oui, mais c'est vrai, toi, tu l'as écrit en anglais, il faut peut-être le faire en tibétain. Bon, allez, viens avec moi. Et donc du coup, je me ramène avec ce franco-tibétain dans le bureau du directeur de communication du Dalai Lama où j'explique mon projet, etc. Lui, il joue l'interprète et là, il me dit Bon, ok, on vous tient au courant Donc là, je visite la ville, j'interviens dans l'école où il y a toute une école pour les exilés tibétains, où il y a plus de 3000 étudiants, donc je fais des conférences dans cette école. Et puis, je reçois un mail Cher M. Vénère, nous pourrons vous accepter pour une audience avec sa sainteté, le Dalaï-Lama, demain matin Et donc comme ça, en une semaine, j'ai pu obtenir une audience. Donc l'audience, on était dans un petit groupe, on n'était que sept étrangers, puis c'était des gens… Je me disais, j'étais un petit peu illégitime entre guillemets, c'est parce qu'il y avait quelqu'un qui s'était converti au bouddhisme, ça faisait dix ans qu'il lisait les enseignements, le frère du dentiste du Dalai Lama, et il me dit, ah ouais, moi depuis 50 ans, ils étaient plus âgés que moi, 50 ans que je suis le Dalai Lama, moi ça faisait une semaine, je ne savais même pas qu'il vivait là. Je suis sur les réseaux tous les jours, etc. Je ne savais même pas que le Dalai Lama avait Instagram. Et donc du coup je me ramène avec ce petit groupe là, et donc on arrive à avoir une audience, et donc il nous reçoit, et donc on a en fait, ça paraît éternel, mais on a 45 secondes en fait d'échange avec le Dalai Lama, ce qui est énorme. Donc on a un interprète qui lui précise qui on est, moi je lui dis bah voilà je suis français, je suis venu le voir en autostop, j'ai fait 15 000 km d'autostop pour venir le voir, donc là il me dit c'est quoi l'autostop, etc. Il dit Ah bon, ça marche bien et tout Et il rigole. Et ensuite, il prend mon pouce et il le frotte contre son front comme pour le bénir. Et il nous remet ensuite une grande écharpe qui symbolise qu'on a rencontré le Dalai Lama. Et puis ensuite, ça passe au suivant. Et c'est un moment qui est exceptionnel et qui est complètement irréel. Et pour moi, c'était inconcevable de pouvoir le rencontrer sur un immense concours de circonstances. 5-6 maillons qui se sont passés que si un seul ne s'était pas réalisé, je n'aurais pas eu la chance de le rencontrer. Et au final, j'ai pu rencontrer le Dalai Lama. Et puis ensuite, j'ai continué ma visite de l'Inde. Mais c'est vrai que ça s'est passé le 7 ou le 8e jour de mon arrivée en Inde. Et je ne comptais même pas aller là-bas. Donc, c'est vrai que c'est assez fou.

  • Speaker #1

    C'est incroyable. Et qu'est-ce qu'il y a comme émotion quand tu te retrouves en face de lui ? Il se passe vraiment quelque chose ?

  • Speaker #0

    Il se passe vraiment quelque chose et je dirais que déjà ça se ressent. Donc après, les croyances du bouddhisme, c'est intéressant, mais c'est vrai que tout le monde dit qu'il y a une énergie particulière dans toute la ville, qu'il y a l'aura du Dalai Lama qui rayonne. Et c'est vrai que je dois dire que même moi, si j'étais un peu cartésien et reluctant à ces idées-là, il y a quand même quelque chose de spécial. Et c'est vrai que dans toutes les rencontres que j'ai faites, des rencontres passionnantes, par exemple, le gars qui faisait le... les soupes de nous qui parlaient un anglais parfait, qui avaient été philosophes, qui avaient été marines dans l'armée indienne, qui se retrouvent là. Vraiment que des profils un peu atypiques, qu'une série de rencontres complètement extraordinaires. C'est vrai que pendant une semaine, ça a été fou. Quand on est face à lui, c'est une partie de l'histoire qui est face à nous. C'est la personne la plus connue, entre guillemets, que j'ai rencontrée lors de mon voyage, en tout du moins qui est... qui est connu même en France. Après, j'ai rencontré des chanteurs chinois qui sont suivis par 10 millions de Chinois, mais donc personne ne connaît en France. Mais lui, il est connu. C'est vrai qu'il a été pris le Nobel de la paix. Il a quand même une image et des préceptes qui sont très intéressants. Et pouvoir le rencontrer, c'était juste une chance inespérée. Et c'est vrai que du coup, il a béni mon voyage. Et moi, avant de partir, j'étais allé à Place Saint-Pierre où j'avais assisté à la bénédiction papale. Et donc, en fait, en quatre mois, mon voyage a été béni par le pape et par le Dalai Lama. Donc, j'étais vraiment sous les meilleurs auspices pour arriver à bon port. Donc, c'est vrai que c'était exceptionnel de recevoir la bénédiction du Dalai Lama et puis la bénédiction papale. La bénédiction papale, ce n'est pas pareil parce qu'il est à son balcon, on est sur une place, il y a 10 000 personnes. Mais voilà, c'est quand même deux personnes incroyables où il y a des milliards de personnes qui suivent leurs enseignements. qu'on soit pour ou contre, c'est quand même des personnes qui marquent le monde.

  • Speaker #1

    Faux et en même temps, je pense qu'il n'y a pas complètement de hasard. Il y a tellement peu de personnes qui ont pu le rencontrer et toi, ça a été de manière aussi facile. Je pense que c'est vraiment pas par hasard. Est-ce que avant qu'on termine, est-ce qu'en termes de spiritualité, ton voyage a changé quelque chose ? Alors, les valeurs, on l'a compris, mais en termes de spiritualité ou de religion, est-ce que ça a changé quelque chose ?

  • Speaker #0

    Oui, énormément. Moi, je dirais que je n'étais pas forcément très religieux avant de partir, mais j'ai eu la chance d'être immergé dans les six plus grandes religions du monde. Si on prend ces six religions, elles représentent 85% des croyances de la population mondiale. Et si on enlève les Chinois, c'est les croyances de 99% de la population mondiale. Donc, c'est les chrétiens, les musulmans, les juifs, les bouddhistes, les hindous et les sikhs. Et ces six religions, elles… Elles façonnent le monde par leur imprégnation dans les cultures, etc. Donc j'ai eu la chance de discuter avec des personnes de toutes ces religions. J'ai vécu deux ramadans, j'ai vécu deux fêtes de Pâques, j'ai vécu quatre mois dans un pays hindou, quatre mois dans des pays bouddhistes. J'ai rencontré des musulmans en Turquie, en Indonésie, sous les tropiques, en Chine, dans le désert de Gobi. Pour les chrétiens, j'en ai rencontré en Italie, j'en ai rencontré en Australie, dans quasiment tous les pays que j'ai traversés. C'est vrai que tous ces échanges spirituels, ça m'a beaucoup nourri, ça m'a beaucoup amené à me poser des questions. Et c'est vrai que je leur dis Ah ouais, c'est vrai que j'ai quand même beaucoup de chance dans mon voyage, tout se passe bien, j'attends pas longtemps, etc. Et beaucoup de personnes religieuses, quelle que soit leur religion, elles me disent Mais tu sais Lucas, il n'y a pas de hasard. Donc c'est vrai que ça amène à se poser des questions. J'ai beaucoup évolué, c'est vrai que maintenant j'ai des croyances qui n'étaient pas le cas avant de partir. Et puis c'est... Des fois, on est en galère, on est en Australie. Moi, ça faisait trois heures que j'attendais, il ne se passe rien. On fait une petite prière et puis bim, il y a une voiture qui s'arrête. Un gars qui nous propose de nous ramener chez nous, qui sort une côte de bœuf de 300 grammes, un barbecue ou un machin, alors qu'on était bouffé par les mouches toute l'après-midi. Donc oui, il y a des choses qui posent des questions. Et également, beaucoup de témoignages de personnes où, par exemple, des femmes qui n'arrivaient pas à avoir d'enfants. Au final, elles sont allées dans un monastère et la femme a eu des triplés le mois d'après. Une personne qui était vraiment en perdition, qui a envoyé une lettre à Lourdes et qui a réussi à obtenir une maison et un meilleur travail. Ou une personne qui ne s'en sortait pas dans sa vie, qui a fait un pèlerinage à la Mecque et qui a pu construire une école dans son village. Des personnes qui sont converties au bouddhisme et qui ont trouvé leur voie. Et c'est vrai que toutes ces personnes, ça m'a beaucoup interloqué, parce que je me suis dit, c'est fou, parce qu'il y a quand même six grandes religions à travers le monde. Ça me paraît très curieux qu'il y en ait une qui détienne plus la vérité que des autres, parce qu'il y a des milliards de musulmans, il y a des milliards de chrétiens, et pourtant, à chaque fois qu'ils prient leur Dieu, ça se réalise.

  • Speaker #1

    Dans tes prières, tu n'es pas obligé de répondre parce que c'est peut-être un peu intime, dans tes prières, tu priais qui ? Un dieu ? L'univers ? L'épisode ?

  • Speaker #0

    Moi, je dirais que j'ai… J'ai beaucoup évolué, donc c'est vrai qu'au début j'étais plus déiste j'étais vraiment plus de cette catégorie-là, de plus en plus, il y a un Dieu, mais voilà, qui s'exprime sous différentes formes. Et puis en fait, ce qui m'a beaucoup perturbé, qui m'a beaucoup intéressé, c'est qu'en fait la personnalité de Jésus est présente dans toutes les religions. Et en fait, toutes les religions essayent, et ça c'est un fait que j'ignorais complètement, et en fait toutes les religions essayent de, pas de le s'accaparer, mais essayent de le… de correspondre et d'avoir un lien avec lui. Par exemple, pour les musulmans, ils reconnaissent qu'il est né de la Vierge de Marie, que c'est un prophète, etc. Pour la religion Baha'i, c'est également un prophète. Pour certains courants du bouddhisme, c'est une réincarnation de Bouddha. Du coup, c'est un illuminé, quelqu'un qui a réussi à atteindre le nirvana. Il faut également suivre les enseignements. Pour les hindous, Pareil pour les hindous, ils sont polythéistes, donc du coup, ils disent moi j'ai Shiva, j'ai Brahma, mais j'ai également Jésus Donc ça m'a beaucoup interloqué que toutes ces religions se reconnaissent en fait, s'y ir de par ces enseignements. Et donc c'est vrai qu'après je me suis posé plus dans les livres religieux. Et après, qu'on soit croyant ou pas, il y a quand même des messages philosophiques extrêmement intéressants. C'est surtout de voir que chacun essayait de se l'approprier. Par exemple, les Ouïghours, ils me disaient Jésus, il est venu en Mongolie L'Indien me disait qu'il est passé en Inde, qu'il y a un prophète qui est allé en Turquie. Tout le monde a essayé de se réattribuer. C'est vrai que ça m'a beaucoup questionné. J'essaie toujours de chercher, de découvrir. Mais ça m'a beaucoup interloqué ces questions. Et puis, c'est également dans tous les pays, il y a des chrétiens, alors qu'il y a certaines religions comme l'hindouisme qui sont quand même plus cantonnées à certains pays ou certaines zones géographiques, alors que c'est une religion… qui est plus répandue, après même si ce n'est pas forcément énormément de fidèles à chaque fois, mais il y a quand même des millions de fidèles au Vietnam, en Mongolie, en Indonésie.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui se passe après ? Le retour, tu es revenu quand ?

  • Speaker #0

    Moi, je suis revenu à la fin du mois de juin. Ça va bientôt faire cinq mois que je suis rentré. Maintenant, je m'occupe entre… j'écris un livre. Le livre est quasiment fini. Maintenant, je vais essayer de chercher des éditeurs parce que ça va être bien compliqué. Je donne des conférences, j'anime des conférences environ toutes les semaines, tous les dix jours, donc dans les entreprises, dans les associations, dans les écoles, dans des ONG. J'ai également le projet de repartir pour l'Amérique du Sud en autostop cette fois-ci. Là, j'ai réussi à trouver un bateau qui va de Marseille à Rio. C'est vrai que ça vient vite parce que je pars la semaine prochaine. Donc voilà, je repars à l'aventure, peut-être pas pour un an et demi, mais peut-être au moins pour six mois, quelque chose comme ça. peut-être retravailler après ce voyage en Amérique du Sud. Là, c'est vrai que pendant cinq mois, j'ai donné les conférences et le livre. Je me disais, je vivote entre guillemets avec les conférences, le temps que ça finance le livre, que ça finance l'écriture. Et puis ensuite, dans le tourisme responsable, etc., il y a plein de possibilités. Puis c'est vrai qu'il y a plein de profils de carrière, de profils de vie qui n'existaient peut-être pas il y a 20 ans. Et maintenant, on en voit de plus en plus. Donc, je ne me ferme pas de porte, mais c'est vrai que j'aimais quand même beaucoup l'ingénierie.

  • Speaker #1

    donc avoir peut-être retravaillé puis peut-être qu'au bout de 6 mois je verrai que j'aime plus ça que j'ai envie de faire autre chose donc on verra et que le voyage te manque trop est-ce que tu aurais un conseil à donner la même aventure que ce soit du voyage ou de l'autostop est-ce que tu aurais un conseil à donner je

  • Speaker #0

    dirais qu'il faut faire confiance aux gens et le problème de notre société c'est qu'on ne fait pas assez confiance aux gens on essaye à chaque fois de voir ce qui ne va pas les aspects négatifs et moi je suis toujours parti du principe que les gens me voulaient du bien Il fallait voir le côté positif des gens, qu'il fallait faire confiance aux personnes, même si elles paraissent louches, même si elles paraissent bizarres, il faut quand même leur faire confiance. Et au final, c'est un peu difficile à décrire, mais les personnes le ressentent lorsqu'on leur fait confiance, lorsqu'il y a un lien comme ça. Lorsqu'on est dans une énergie positive, les gens le ressentent. Et après, ça crée le chemin pour des magnifiques rencontres. Et après, on est sur une autoroute du plaisir et une autoroute de belles rencontres. Et c'est vrai que moi, je suis parti du principe de tout le temps faire confiance aux gens. Et ça a toujours marché. C'est ce qui m'a permis de vivre cette aventure extraordinaire. Donc, au début, il faut peut-être avoir peur un petit peu. Il ne faut pas avoir peur de se lancer. Mais ensuite, en faisant confiance aux gens et à la Providence, tout se passe bien et on vit des choses extraordinaires.

  • Speaker #1

    C'est une conclusion magnifique.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Je vais en tout cas les conseiller. Je pense que tout le monde va essayer de le suivre. Merci. J'ai vraiment adoré cet enregistrement. J'ai trouvé que c'était passionnant. En plus, tu le racontes.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Moi, j'ai la vidéo devant, donc avec tellement de... Tu as un sourire permanent sur le visage et c'est vraiment très, très agréable. On peut te suivre, du coup, sur Instagram, Pouce pour un. C'est ça. Et d'autres endroits où tu aimerais qu'on puisse te retrouver. Le livre, j'espère, bientôt. C'est ça. Si quelqu'un peut t'aider pour la sortie,

  • Speaker #0

    qu'il te suive. Je suis prôneur. Et principalement sur Pouce pour un, sur le compte Instagram, la plupart des choses. Donc, c'est là que je communiquerai pour le livre, pour les conférences et puis pour le voyage en Amérique du Sud. C'est principalement sur ce réseau. Après, je fais également des vidéos sur YouTube et TikTok. Donc, c'est également Pouce. Mais c'est principalement sur le compte Instagram où je communique, que ce soit pour les choses un peu formelles comme les conférences, les podcasts et pour l'aventure au quotidien.

  • Speaker #1

    Merci en tout cas d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #0

    J'ai hâte de te faire un plaisir.

  • Speaker #1

    De tes aventures maintenant en Amérique du Sud. Et puis, en tout cas, on te souhaite le meilleur. Et merci pour ton partage.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. C'était un plaisir. Bonne journée. Au revoir.

  • Speaker #1

    Salut Lucas. Et voilà, cet épisode est terminé. J'espère qu'il vous a plu. Si c'est le cas, n'hésitez pas à le partager avec votre entourage. Abonnez-vous pour ne manquer aucun épisode et prenez quelques instants pour laisser un avis ou une note sur votre plateforme préférée. Vos retours sont précieux et m'aideront énormément. Merci d'avance et à bientôt pour de nouvelles aventures.

Description

Dans cet épisode d'À ton tour du monde, Lucas Véner nous entraîne dans son incroyable aventure : 55 000 kilomètres à travers 25 pays en autostop, porté par la magie des rencontres. Plus qu’un simple voyage, Lucas partage des leçons de vie inoubliables, empreintes de tolérance, de dépassement de soi et de foi en l’humanité.

🌟 Au Programme de l’Épisode :

  • Une quête audacieuse : Pourquoi Lucas a choisi l’autostop pour parcourir le monde, en repoussant les limites du voyage conventionnel.

  • Des rencontres marquantes : Découvrez les anecdotes captivantes et les moments d’échange uniques avec plus de 1100 conducteurs à travers le globe.

  • Un cheminement intérieur : Comment chaque étape, du désert de Gobi à une audience avec le Dalai Lama, a transformé Lucas et renforcé sa foi en l’humanité.

Plongez dans une odyssée humaine où chaque kilomètre raconte une histoire, où chaque visage croisé ouvre la porte à un nouveau monde.

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invité: @poucepour1


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hello les voyageurs et bienvenue sur A ton tour du monde, le récit des voyageurs. Aujourd'hui j'accueille un invité incroyable, un véritable aventurier qui a su repousser toutes les limites. J'accueille Lucas Véner. Lucas Véner c'est l'homme qui se cache derrière Pouce Pourrin. Alors il faut qu'on imagine 55 000 kilomètres parcourus, plus de 500 jours de voyage, 25 pays visités et tout ça en stop. Lucas a voyagé grâce à 1100 conducteurs sans dépenser un seul centime en transport. Mais son aventure c'est bien plus qu'un défi logistique, c'est une véritable leçon de vie. Son objectif à la base était de relier le point le plus éloigné de France en partageant dans les écoles du monde entier des valeurs qui lui tiennent à cœur, la tolérance, le dépassement de soi et l'écologie. Lucas prouve qu'on peut voyager autrement, sans avion et surtout avec un esprit d'ouverture. incroyable. Bref, c'est un voyage qui inspire et je suis super contente qu'il soit avec nous pour nous raconter tout ça. Bienvenue Lucas.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup à toi, c'est un plaisir d'être ici.

  • Speaker #2

    Est-ce qu'on peut commencer peut-être par nous dire qui tu es et comment est née cette idée de Pouce pour un et ce défi un peu fou ?

  • Speaker #1

    Alors ce défi, il a mis beaucoup d'années à mûrir. Il faut savoir que j'ai eu un parcours un petit peu classique. lycée, école d'ingénieurs, etc. Et rien ne me prédestinait un petit peu à faire des voyages de cette envergure. Quand je suis arrivé en école d'ingénieurs, ma première année d'école d'ingénieurs, ça a été la période du Covid, qui comme énormément de monde, c'était une période très difficile. Et donc je me suis dit, dès que j'aurai la capacité de voyager, de partir un peu à l'aventure, de découvrir le monde, j'ai envie de le faire. Il faut savoir qu'avant ce voyage-là, je n'étais jamais sorti d'Europe. Donc je me suis dit, ça sera déjà une première d'aller en Turquie, ça sera déjà l'inconnu. Ce voyage, il a fait son petit bonhomme de chemin. Donc pendant toute mon école d'ingénieur, les deux, trois années qui ont précédé ce voyage, j'ai réfléchi où est-ce que je voudrais aller, quel type de transport utiliser, etc. Autostop s'est avéré à mes yeux le moyen le plus pratique pour rencontrer, discuter, sympathiser avec les personnes, car pour toutes les activités du quotidien. J'étais en contact avec eux, que ce soit pour me déplacer, mais également pour me loger, pour me nourrir, pour visiter, etc. Et donc ça, c'était une immersion complète dans la vie des habitants. C'est pour ça que j'ai choisi ce moyen de transport. Donc j'avais déjà fait des petits voyages en autostop en Europe, à l'étranger, deux, trois semaines. Et ça m'avait vraiment donné le goût à l'autostop. Et je me suis dit, bon voilà, si je fais un grand voyage, ça sera avec ce moyen de transport. Pendant les six derniers mois avant le départ de ce tour du monde, J'ai vraiment dit, OK, l'objectif, ça va être de rejoindre l'endroit le plus éloigné, uniquement en autostop, pour une durée de un an, un an et demi. Et j'ai également trouvé les sponsors, créé des partenariats avec les écoles de ma région, etc. Et donc, tout ça, ça a mis deux, trois ans à germer. Mais c'est vraiment lors des six derniers mois que j'ai travaillé à fond sur le projet.

  • Speaker #2

    C'est top. Donc, c'est super bien préparé. Par curiosité, est-ce que ton entourage a bien réagi ? Comment ils ont pris la nouvelle de partir comme ça ? Tu n'avais pas forcément de date de retour en plus.

  • Speaker #1

    Si, j'avais une date de retour. Peut-être ma spécificité par rapport à beaucoup de gens qui partent des fois sur des durées un petit peu indéterminées. Moi, c'était de rentrer pour les Jeux Olympiques de Paris. Je suis un immense fan de sport. Et donc, je me suis dit dans tous les cas que je sois arrivé en Nouvelle-Zélande ou pas, je serai de retour pour les Jeux Olympiques. Donc, j'ai réussi à être de retour pour les Jeux. Cette date butoir. Après, l'entourage, mes parents, mes frères, ils l'ont assez bien pris car... Je pense que c'est de plus en plus toléré de prendre des années sabbatiques, surtout après les études, etc. Mes grands-parents ont eu un peu plus de mal à comprendre car c'est une autre génération. Pour eux, dès que j'avais obtenu ce diplôme d'ingénieur, en plus je suis le seul de la famille à en avoir un, ils voulaient que je profite, que je rentabilise le diplôme. Mais voilà, ils l'ont très bien pris. Et puis comme il y a eu tout ce projet, j'ai réussi à trouver des sponsors qui ont financé l'intégralité du voyage avec les écoles, etc. Ils se sont rendus compte que ce n'était pas un projet. un projet, voilà, juste un voyage, mais qu'il y avait vraiment tout un projet autour, qu'il y avait des acteurs, etc., et que je n'étais pas seul à voyager. Donc, ça les a rassurés. Donc, ils ont très bien pris la nouvelle.

  • Speaker #2

    Premier pays, du coup, c'était la Turquie.

  • Speaker #1

    Donc, le premier pays, c'était la France. Ensuite, il y a eu l'Italie, l'Albanie, la Grèce. Et donc, le premier pays en dehors de l'Europe, c'était la Turquie. J'étais déjà allé en Italie et en Grèce avant. Le premier pays un peu inconnu, c'était la Turquie.

  • Speaker #2

    Le premier pays où il y a une différence culturelle peut-être un peu plus importante. Est-ce que tu te souviens de ces premières sensations ? Est-ce que tu t'es dit mon Dieu, qu'est-ce que je fous là ? ou c'était quoi les premières émotions quand tu arrives en Turquie et que tu as fait tes premiers stops en Turquie ?

  • Speaker #1

    Ça, c'est une très bonne question parce qu'en plus, je l'ai franchi la frontière à 3h30 du matin parce que j'avais des soucis, etc. Et donc, il a fallu que je trouve un camionneur pour passer la frontière. Et donc, du coup, on a passé la frontière en pleine nuit. Et il m'a déposé dans une banlieue industrielle d'une ville inconnue en Turquie à 4h du matin où j'étais poursuivi par des chiens, etc. Donc là, je me suis dit, ah ouais, l'aventure commence. Et au final, ça s'est bien passé. J'ai planté ma toile de tente dans un jardin public où il y avait les... les vieux toboggans, les balançoires pour enfants, etc. Donc, j'ai dormi quelques heures là. Et puis, le lendemain, je suis reparti. Mais c'est vrai que ça a été un choc parce que la première chose qui m'a vraiment épaté en Turquie, c'est la notion de vide, en fait. C'est qu'il y a des espaces où il n'y a rien sur 100 kilomètres. Il n'y a pas un village. C'est très aride, donc il ne peut pas y avoir de culture. Il y a vraiment cette notion où il n'y a rien qui se passe, entre guillemets. Il n'y a pas de vie. Et en France, il y a quand même un grand... un grand maillage de villages et puis s'il n'y a pas de villages, il y a des alpages, il y a des forêts, il y a de la vie entre guillemets. Et là, dès la Turquie, je me suis retrouvé face à des steppes où il n'y avait rien et donc ça m'a vraiment perturbé. Je me suis dit, la Turquie, c'est déjà gigantesque mais comparé à l'Asie, c'est rien du tout. Donc l'Asie, c'est vraiment un continent immense. On a beaucoup de mal à réaliser la taille et je me suis dit, ça va être long. Et puis plus on avance, plus les routes sont de... mauvaise qualité, plus les voitures sont également de mauvaise qualité. Donc du coup, si en France ou en Italie, on peut rouler à 130 km heure sur des routes tout droite, dès qu'on se retrouve en Turquie, des fois on roule à 60, 70 sur des routes qui serpentent comme ça et on passe sa journée à faire 200, 250 km, ce qu'on pouvait faire en deux heures lorsqu'on était encore en Europe.

  • Speaker #2

    Après, j'imagine que c'est aussi ce que tu allais chercher en faisant du stop, c'était aussi la rencontre des conducteurs et de pouvoir papoter justement pendant ces trajets. Est-ce qu'il y a eu des rencontres un peu inattendues parmi les conducteurs ?

  • Speaker #1

    Oui, énormément. C'est vrai que sur ces 1100 conducteurs, c'est difficile d'en choisir quelques-uns, mais il y a eu des personnes avec qui j'ai fait du stop déjà plusieurs jours. Par exemple, lorsque j'étais en Chine, il y a un camionneur chinois avec qui j'ai traversé tout le désert de Gobi. On a fait 3000 kilomètres de stop ensemble sur 5 jours. Et donc, en fait, je dormais dans son camion. Donc, il y avait deux couchettes. Je dormais sur celle du dessus et lui, il roulait 16 heures par jour. Le désert de Gobilly, c'était en plein hiver, il faisait moins 20. Tout était enneigé autour de nous, donc c'était vraiment des paysages magnifiques à traverser. Et donc pendant cinq jours, j'ai vécu dans son habitacle où lui, il vivait, il dormait, dans sa maison quasiment. C'est vrai que c'était une expérience très, très forte. Pendant les deux premiers jours, il était un petit peu timide. Puis ensuite, j'ai commencé à lui mettre de la variété française, du Claude François, de France Gall, Michel Sardouche, Auda Saint-Etienne. Donc on a commencé à sympathiser, puis de fil en aiguille, il a commencé à me parler de sa vie, de ses enfants, de sa femme qui voyait qu'une fois tous les trois semaines, de comment il s'était retrouvé chauffeur routier, de son quotidien. Donc ça, c'était une très très belle rencontre, car on voit qu'on bâtit du lien et le rapport de demi-journée en demi-journée n'est plus le même avec la personne. Donc ça, c'était une très très belle rencontre. Il y a eu également un directeur d'ONG. lorsque j'étais en Inde, qui m'a pris en autostop, un Indien. Et lui, c'était extrêmement sympathique parce qu'en Inde, tout le monde n'a pas accès, je pense qu'on y reviendra, mais tout le monde n'a pas forcément accès à l'éducation en fonction de sa religion, de sa case, de son milieu social. Et lui, scolarisait un peu tous les reclus, les rejetés du système. Et donc, j'ai pu intervenir dans son ONG. Et c'est vrai que ça m'a fait extrêmement plaisir de rencontrer tous les enfants. Et c'est une expérience qui a été possible grâce à l'autostop, plus toutes les personnes qui m'ont hébergé. À chaque fois, c'est des personnes qui spontanément... me prenaient dans leur voiture, le courant passait bien, et puis elles me ramenaient chez elles. Et c'est vrai que j'ai eu la chance de vivre des moments incroyables grâce à l'autostop, grâce à la magie de ces rencontres sur la route.

  • Speaker #2

    Ta méthode, c'était de mettre du cloclo et du Johnny ?

  • Speaker #1

    Donc c'est vrai que c'est pas mal. Puis c'est des musiques, même si on ne parle pas forcément français, il y a quelque chose dans le rythme, il y a quelque chose dans l'air, et ce qui fait que le chinois, l'indien ou l'indonésien, même s'ils ne comprennent rien, la mélodie lui provoque quelque chose quand même. C'est vrai que c'est pas mal. J'ai vu des gens s'ambiancer sur les lacs du Connemara, par exemple. Chaque fois qu'il y avait des mariages, je la chantais. Et les gens, ils étaient à fond.

  • Speaker #2

    Et tu parlais de ce monsieur-là. Une fois que tu as passé trois jours comme ça, il se passe en... En plus, c'est comme tu dis, dans un espace très restreint. Donc, il se passe vraiment quelque chose dans la relation. Quand tu descends du camion, c'est quoi l'émotion ?

  • Speaker #1

    Alors moi j'étais très triste, j'avais limite les larmes aux yeux, puis en plus il m'a déposé quasiment à 300 km de Pékin, mais comme je venais de faire 4000 km, 300 km c'était à côté. Donc dans ma tête j'étais quasiment à Pékin, c'était grâce à lui que j'allais traverser la Chine, donc moi j'avais les larmes aux yeux. Lui c'était une culture, les Asiatiques, les Chinois en particulier, sont quand même des personnes très réservées, donc c'est vrai qu'ils ne montraient pas forcément ses émotions. Voilà, c'est une personne qui encore le mois dernier m'envoie des messages, etc. c'est qu'on continue quand même d'échanger et de discuter. Donc, on voit qu'on a bâti quelque chose. Et puis, il m'envoie des photos de ses enfants, des photos de son camion, etc. Et c'est vrai que c'est super. Et c'est des rencontres très poignantes. Et c'est peut-être un peu le seul point négatif de ce genre de voyage. Mais c'est qu'on vit des moments extrêmement forts, des rencontres qui sont magnifiques. Des fois, on reste avec des gens juste une soirée, mais on est comme des frères à la fin. Et le lendemain, on doit repartir sur les routes. Donc, c'est un petit peu difficile. Et ça, on ne s'habitue jamais réellement à vivre des moments extraordinaires et à devoir quitter ces personnes le lendemain. Mais ça fait partie de la beauté également de ces rencontres, c'est qu'à chaque fois, elles sont très éphémères et qu'on sait qu'on est limité à une soirée ou le temps d'un trajet. Donc, c'est ça qui fait partie en même temps du voyage.

  • Speaker #2

    C'était assez timé. Imaginons qu'à un moment donné, tu te sentes vraiment bien dans un endroit. Est-ce que tu pouvais t'accorder justement plusieurs nuits ou plusieurs jours au même endroit ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, oui, à part à certains moments où pour des raisons de visa ou des raisons logistiques, je devais quitter les pays. Sinon, j'avais quand même un programme assez souple. Il faut savoir que par exemple, en Inde, en Indonésie, je m'étais dit, OK, je vais faire deux, trois choses importantes. Par exemple, en Inde, je voulais aller dans le village natal de Gandhi. Je voulais aller au Taj Mahal, à Pondichéry, deux, trois choses comme ça. Mais sinon, entre, j'étais très libre, très flexible. Après, c'était un peu au gré des rencontres que j'édifiais mon parcours. Les personnes me recommandaient mon itinéraire. C'est vrai que ça m'est arrivé des fois de juste faire du stock. Je ne pensais même pas rester dans un village, juste le traverser. Au final, je suis tombé sur une mère de famille extrêmement sympathique. Je suis resté une semaine chez elle à rencontrer tous les cousins, tous les membres de la famille. Ça, c'était complètement impromptu. Je dirais qu'au début de mon voyage, j'avais quand même plus la bougeotte que vers la fin. Pendant le début du voyage, je pense que les trois quarts du temps, je changeais d'endroit tous les soirs. Alors que dans la deuxième partie du voyage, quand j'étais bien à un endroit, j'y restais pour deux, trois jours au moins.

  • Speaker #2

    Tu as pris le temps aussi d'écouter et de savoir apprécier encore plus les rencontres à la fin.

  • Speaker #1

    Tout à fait, oui.

  • Speaker #2

    Est-ce qu'il y a des jours où forcément des galères, il y a dû y en avoir et tu vas nous raconter, mais le plus long moment où tu es resté sur la route ?

  • Speaker #1

    C'est une bonne question. Tu penserais combien toi ?

  • Speaker #2

    Je dirais... Une demi-journée ?

  • Speaker #1

    C'est ça, oui. Ce qui est énorme, mais ça n'a apparu qu'une fois, c'était en Australie. J'ai attendu trois heures avant de me faire prendre en autostop. L'Australie était de loin le pays le plus compliqué. Il faut savoir que j'ai attendu, je crois que 15 ou 20 fois plus d'une heure. Mais sinon, très souvent, c'était 5-10 minutes. Quelquefois, ça montait à une demi-heure, mais je pense que les trois quarts du temps, c'était moins de cinq minutes. L'autostop était très facile. Ça dépendait des pays, pays comme l'Inde, la Chine, l'Indonésie. Je n'attendais pas plus de cinq minutes. C'était juste plus compliqué en Australie, non seulement parce qu'il n'y a pas beaucoup de trafic et deuxièmement parce que les autostoppers ne sont pas forcément bien vus. Donc, c'était un petit peu plus compliqué. En Australie, une fois, j'ai attendu trois heures et sinon en moyenne, c'était une heure et demie, deux heures, deux heures et demie. Donc, lorsque vous attendez en plein soleil, être attaqué par les mouches, c'était un peu désagréable, mais ça faisait partie de l'aventure.

  • Speaker #2

    J'ai l'impression que tu avais presque fait aussi une… Un peu une préparation mentale en fait ?

  • Speaker #1

    Alors je ne sais pas si j'ai fait une préparation, si c'est venu au fur et à mesure. Ça, ça serait une bonne question. Je pense que déjà au fur et à mesure, j'ai développé un peu des techniques d'autostoppeur, de savoir comment me positionner, comment me tenir au bord de la route, les premières phrases d'accroche, dire lorsque une voiture s'arrête ou comment aborder les gens dans les stations de service. Il y a tout ça qui est venu au fur et à mesure. Et puis je pense qu'après, oui, il y a eu de l'expérience, un peu plus de résilience également. Et ce qui fait que la première fois que j'attends plus d'une heure, c'était en Grèce et pour moi, c'était la terre s'arrêter. Et puis après, en Australie, j'attendais une heure et demie à chaque fois et puis j'étais plus habitué. Donc, je pense que le corps s'habitue. On arrive à découvrir des techniques. Et puis après, en Australie aussi, j'attendais trois heures, mais c'était quelqu'un qui me prenait pour 500 kilomètres parce que c'est des grandes étendues où il n'y a pas grand-chose. Donc, au final, quand on fait son prorata sur la journée, on a quand même avancé. Alors qu'au final, en Inde, j'attendais moins de deux minutes à chaque fois, mais c'est des gens qui allaient au pétrole. prochain village à 2 km. Donc, au bout de la journée, 20 conducteurs pour faire 50 km, ce n'est pas forcément l'éclate. Donc après, les gens m'invitaient quand même pour l'OT, etc. D'un point de vue lien humain, c'était fascinant. Mais lorsque vous dites, OK, je vais aller dans le sud de l'Inde, c'est à 3000 km de là, et puis que vous faites 50 km par jour, vous dites, bon, je ne sais pas, je vais mettre un peu de temps avant d'y aller.

  • Speaker #2

    C'est quoi cette fameuse phrase d'accroche ?

  • Speaker #1

    Alors, il y en a eu plusieurs. Il faut savoir que déjà, le concept d'autostop n'était pas compris dans tous les pays. Et il y a certains pays où, par exemple au Laos, au Népal, le mot autostop n'existe pas. Donc, personne ne connaisse pas. Et donc, pour eux, un étranger dans leur pays, soit il prend un bus, soit il prend un taxi. Mais donc, c'est inconcevable de le faire monter dans sa voiture. Donc, il fallait à chaque fois m'assurer que les personnes comprennent bien et que ce ne soit pas des taxis. ou des personnes qui se transforment en taxi juste pour moi. Donc, ma technique, c'était de ne jamais dire où j'allais directement, à chaque fois de demander où allait la personne pour voir si elle me dit, moi, je vais dans telle ville. Je dis, parce que je peux monter avec vous. Si jamais c'était des taxis, ils ne me disaient pas de ville parce qu'ils n'avaient pas de destination. Et donc, comme ça, j'arrivais un peu à faire le tri. Et donc, la phrase d'accroche, c'était bonjour, je suis français, je voyage à travers le monde, j'aimerais bien me rendre dans… Voilà, dans la direction de Delhi, de Pékin, de Jakarta. Vous, dans quelle ville vous allez ? Est-ce que je peux monter à l'arrière avec vous ? Et voilà, j'essayais de baratiner ça, soit en apprenant quelques mots de langue locale, soit en imprimant un texte papier où j'expliquais mon cas, en fait. Où je disais, ben voilà, je suis français, je voyage sans argent, sans prendre les bus, sans prendre les trains, mais en faisant de l'autostop. Autostop, des fois, s'il n'y avait pas de mots dans les langues, je traduisais ça par trajet gratuit ou des équivalents. ou voyager avec vous dans votre véhicule, voyager avec des inconnus. C'est fort sympathique et c'est vrai que dans certains pays, c'était plus forcément mettre ton pouce au bord de la route et attendre qu'une voiture s'arrête. Dans d'autres pays, c'était simplement aller dans les stations-service. D'autres fois, c'était avec des pancartes. J'ai un peu tout essayé dans chaque pays. Puis en fait, il y avait à chaque fois une technique qui émergeait, qui était plus efficace et qu'ensuite que j'employais pour le restant de mes jours dans le pays.

  • Speaker #2

    Oui, parce que j'imagine en tout cas en France, surtout peut-être, mais même comme tu parlais de l'Australie, il peut y avoir aussi un petit peu parfois cette trouille de prendre quelqu'un dans la voiture qu'on ne connaît pas.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #2

    La situation peut-être la plus cocasse parce que tu as dû être pris parfois dans des camions, des voitures, des motos. C'est quoi la situation la plus cocasse que tu aies eu ?

  • Speaker #1

    Il y en a eu beaucoup. Il y en a une qui était très gênante, c'est qu'en fait, j'ai été pris par un couple qui s'est engueulé. En fait, j'assistais à une dispute de couple. En fait, c'était un couple, c'était en Thaïlande. Et en fait, le mari avait fait de l'autostop dans sa jeunesse, donc il voulait me prendre en tant qu'autostoppeur. Et sa femme ne voulait pas du tout. Et donc, du coup, ils m'ont fait monter à bord. Et donc, du coup, ils se sont engueulés non-stop. Et c'était très compliqué. Et en plus, ils savaient que j'étais français, mais ils parlaient allemand. parce que la femme était thaïlandaise et le mari était allemand. Et donc, en fait, il parlait en allemand. Et en fait, il ne savait pas que je comprenais un petit peu l'allemand. Et donc, en fait, j'ai compris que la femme m'insultait en allemand. Il y a quelques notions d'allemand. J'ai compris qu'elle m'insultait en allemand. Et je me disais, oh là là, dans quelle galère je me suis mis. Et le mari était super gentil, mais la femme ne faisait que de l'insulter, etc. Et donc, au final, ça s'est passé qu'ils m'ont déposé sur l'autoroute, sur la bande d'arrêt d'urgence. Donc, c'était un peu... un peu compliqué donc j'ai dû remarcher pour aller une station service mais mais voilà j'ai quand même faire 150 km avant vraiment que que la femme ait raison de son mari mais ouais c'était un peu particulier il ya eu des personnes des fois beaucoup de quiproquos mais ouais celle ci c'était assez particulière il y avait également un monsieur qui était un acheteur compulsif entre guillemets à chaque fois qu'ils voyaient une station service il s'arrêtait dans les stations services pour acheter des mm des mars des sni En fait, on a roulé 8 heures ensemble. Il n'a jamais pris de vrai repas, entre guillemets, avec du riz, des pâtes, etc. Et en fait, à chaque station service, il m'achetait aussi des sneakers. Et donc, du coup, j'ai dû manger 5 paquets de M&M's et 5 sneakers dans la journée parce qu'en fait, on s'arrêtait à chaque fois. Il prenait également toutes les boissons énergisantes, les coca thaïlandais. Pour vrai, on a fait 15 arrêts en 8 heures. C'était un peu... C'était un peu aberrant, mais extrêmement sympathique, le monsieur. Et donc, c'est des situations qui sont un petit peu cocasses. Après, des fois, il y a des belles rencontres humaines, des personnes où on a vraiment eu des bonnes discussions, mais des gens juste un peu étranges, un peu curieux, mais c'était rigolo.

  • Speaker #2

    Et celui qui s'est engueulé avec sa femme, lui, clairement, tu dis, il ne va pas m'inviter à dormir ce soir.

  • Speaker #1

    Clairement. Je pense qu'il aurait été seul lui, parce que lui il était extrêmement sympathique, mais la personne là non. Et après moi, j'ai jamais demandé directement l'hospitalité chez les gens. En fait, j'ai expliqué mon projet, puis ensuite libre à eux. Je laissais sous-entendre que j'étais ouvert à cette possibilité, mais c'est à chaque fois les gens qui faisaient le premier pas. J'ai jamais voulu m'imposer en demandant à l'hospitalité. Parce que c'est vrai qu'il y a certaines cultures où les gens n'osent pas dire non. Et donc en fait, si on demande ouvertement, ils n'oseront pas dire non et donc on va s'imposer à dormir chez eux. C'est pour ça que je n'ai jamais demandé directement. Même s'il y a peut-être 5 ou 10 des personnes qui m'invitaient chez elles, comme sur une journée, des fois, j'avais 10, 20, 25 conducteurs. Le plus, ça a été 28 en une seule journée. Dans le lot, il y a forcément des gens qui se proposent de m'inviter chez eux. C'est comme ça que plus de la moitié du temps, j'ai été hébergé chez l'habitant. Ou grâce aux habitants, des fois, c'est des personnes qui me disent Moi, je ne peux pas te loger chez moi, mais tiens, je vais te payer l'hôtel. Tu peux mettre ton matelas dans une salle de classe. Ou tiens, tu peux dormir à la mosquée, à l'église, au temple. Ou tiens, moi, je suis médecin dans cet hôpital. Et puis, il y a une chambre qui n'est pas utilisée. Donc, tu peux dormir dedans. Donc, j'ai dormi un peu dans tout type d'hébergement. Des hébergements très insolites. Ce qui était très insolite, il y a eu une mosquée. C'était très confortable grâce au tapis. Sinon, il y a eu les stations-service. Il y a eu sous les tables des restaurants. car je ne trouvais pas d'hébergement, je devais dormir sous les tables de restaurant. En fait, dans certains pays, c'est particulièrement le cas en Chine, les hôtels n'ont pas forcément la licence et l'agrément pour recevoir des étrangers. Donc ça veut dire qu'en tant qu'étranger, des fois je suis dans une ville de 10 millions d'habitants et aucun hôtel ne pouvait me recevoir, les hôtels ne pouvaient accueillir que des Chinois. Et donc je me suis dit, il faisait moins 15 degrés dans la ville, mais où est-ce que je vais dormir ? Et donc du coup, je tourne pendant deux heures, tous les hôtels me refusent. Et donc en fait, à la fin, j'ai toqué chez un marchand de nouilles et je lui ai dit, est-ce que je peux mettre mon matelas sous les tables ? J'ai poussé les chaises et j'ai dormi comme ça sous les tables du restaurant de deux heures à six, sept heures du matin. Et puis ensuite, je suis reparti le lendemain pour dormir au chaud parce qu'en fait, par moins 15, ce n'était pas possible de dormir dehors. Et donc, j'ai souvent dormi au Kazakhstan, en Inde, en Indonésie. C'était assez facile de dormir dans les restaurants. Dans d'autres pays, je négociais. Je disais, je vous prends un repas du soir et puis en échange, je peux dormir là. Donc, c'était une combine. Il y a souvent une bonne ambiance dans les restaurants. Donc, moi, j'aimais bien. Et c'était dans certains endroits, par exemple au Vietnam, au Laos, les gens n'ont pas forcément la culture d'inviter chez eux. Mais le restaurant, c'est un peu un lieu neutre. C'est un peu un entre-deux. Et donc du coup, les restaurateurs, quand je n'avais vraiment rien, je demandais à dormir dans ces lieux-là. Et puis les restaurateurs, ça lui faisait un repas pour le soin, un repas pour le lendemain au petit déjeuner. Donc dans certains pays, c'était appréciable pour eux. Et puis moi, je dormais sur mon matelas que je gonflais, dans mon sac de couchage. Donc ce n'était pas trop d'entretien pour eux.

  • Speaker #2

    J'adore parce que j'allais te dire, dans ces moments de galère, est-ce que tu n'as pas envie d'arrêter et de te demander pourquoi tu es là ? Et là, en fait, en t'écoutant, tu as transformé le truc en disant moi, j'aimais bien parce que les restaurateurs, ils étaient sympas J'ai l'impression que tu as une philosophie qui est quand même ultra positive et que même les moments de galère, tu les as oubliés.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Déjà, il n'y en a vraiment pas eu beaucoup des moments de galère. J'ai cette chance aussi qui est venue peut-être du fait de ce voyage à relativiser énormément. Et ce qui fait qu'en fait, j'essaye de voir le positif de chaque événement. Et par exemple, une fois, il y a eu un... C'est peut-être la plus grosse galère. Une fois, je me suis, suite à un malentendu, en fait, je me suis retrouvé arrêté par l'armée azerbaïdjanaise. J'ai passé une journée dans une prison slash caserne en Azerbaïdjan. Et c'est vrai que j'étais menacé par des kalachnikovs, etc. au début. Donc, c'était un petit peu inquiétant. Et puis, au final, je réussis à expliquer un petit peu mon cas. Et les gens étaient très sympathiques. Et puis après, ils m'ont apporté à manger. Ils ont présenté un peu leur quotidien à l'armée parce que moi, je n'ai pas fait mon service militaire. Donc, je ne savais pas trop comment c'était le quotidien à l'armée. Puis l'armée en Azerbaïdjan, je pense que ça va être un peu comme l'armée chez nous, mais il y a 50 ans. Donc, un peu comme mon père ou mon grand-père ont fait leur service militaire. Et au final, c'est vrai que c'était une grosse peur sur le moment. Mais après coup, je me suis dit que c'était une expérience géniale de découvrir un peu le quotidien de l'armée. Je n'ai jamais eu peur. C'est vrai que des fois, j'étais dans des situations un petit peu qu'on pourrait juger de difficiles. Et à chaque fois, j'essayais de voir le positif chez les gens et de me dire que rien de mal n'allait m'arriver. C'est vrai, sur les 1100 conducteurs, jamais j'ai eu, je me suis senti en danger. Jamais j'ai été menacé. Jamais j'ai été volé. Je ne suis tombé qu'une seule fois malade. J'ai pris du Doliprane pendant deux jours et puis j'ai été guéri. Je n'ai jamais eu de gros soucis entre guillemets, où j'ai dû être à l'hôpital pendant 15 jours, ou être volé tout mon sac à dos, etc. Ça ne m'est jamais arrivé. Donc, j'ai eu cette Ausha.

  • Speaker #2

    Écoute, en tout cas, tu vois, même le dernier épisode que j'ai enregistré, c'était quelqu'un qui disait, en fait, moi, je veux continuer d'avoir foi en la vie, en les hommes. Et tu confirmes vraiment ce côté-là, parce que c'est vrai que ça paraît dangereux. Et pour autant, une fois que tu es en prison en Azerbaïdjan, hop ! Je pense que j'aurais paniqué et j'aurais peut-être fait le mytho. Mais je pense qu'en effet, après, tu relativises tellement parce que tu as vraiment eu un coup dur et ça s'est finalement bien passé parce que tu avais aussi une belle personnalité, que tu avais confiance en fait en ton projet.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. J'ai réussi, quand j'étais en Azerbaïdjan, à faire confiance, à montrer qu'en fait, ils m'ont pris pour un espion à la base. C'était ça le motif de mon arrestation. Et après, ils ont vu que j'avais des sacs à dos, que j'avais des baklavas périmés dans mon sac à dos parce qu'avant, j'étais en Turquie, etc. Ils se sont dit, mais c'est qui cet espion ? Et donc après, ils ont relativisé. Et le point positif, c'est que le général de la caserne m'a pris en stop après et m'a ramené dans une autre ville. C'était un peu la petite victoire à la fin de la journée. J'ai toujours eu cette foi, même dans les moments les plus difficiles en l'humanité. quels que soient les pays, quelles que soient les religions, quelles que soient les cultures, je me suis dit, il y a des hommes bons partout. Et c'est vrai, n'importe où, j'ai toujours réussi à trouver des gens qui acceptent de me faire monter gratuitement dans leur véhicule. Il n'y a aucun endroit où je me suis dit, ah ouais, là, ça ne marche vraiment pas. Même en Australie, où c'était plus difficile, j'attendais deux, trois heures et puis je trouvais quand même quelqu'un pour avancer. Donc, à travers tous les pays, j'ai toujours trouvé des hommes charitables qui acceptaient de me faire monter dans leur véhicule. Ça, c'est vrai que c'est la plus belle des découvertes. Et c'est vrai que ce voyage… C'est le mien, mais c'est surtout celui de 1100 conducteurs, une immense chaîne humaine qui s'est relayée pour me conduire de chez moi à l'endroit le plus éloigné de France, jusqu'aux îles Chatham. Et ça, c'est vrai que ce n'était pas gagné d'avance. Moi, j'étais persuadé avant de partir qu'il y avait bien un moment où ça allait coincer. Au final, ça n'a jamais coincé. J'ai toujours pu avancer. J'ai toujours trouvé des âmes charitables qui acceptent de me faire monter dans leur véhicule, qui acceptent de m'accueillir chez eux, de me faire visiter leur région, de me faire découvrir leur gastronomie. Et c'est vrai que cette foi en l'humanité s'est vraiment renforcée à travers ce voyage et de se rendre compte qu'il y avait des personnes avec qui on ne parle pas forcément la même langue, mais qui sont extrêmement gentilles, qui me couvraient de cadeaux, qui me couvraient de nourriture, qui étaient extrêmement sympathiques, toujours avec le sourire. Ça, ça faisait vraiment chaud au cœur et ça donne foi dans le genre humain, ça c'est sûr.

  • Speaker #2

    C'est un super message. Je sais qu'au départ, tu voulais aussi transmettre ce message et tes valeurs à travers les écoles du monde entier. Est-ce que ça, tu peux nous en parler ?

  • Speaker #1

    Oui, donc c'est vrai, quand je suis parti, j'ai toujours voulu partager. Je me suis dit que ça allait être une belle aventure, ce serait dommage de la garder pour moi. Et donc, en fait, j'ai fait d'abord un partenariat avec quatre écoles primaires pour faire des visioconférences avec les enfants tous les 15 jours. Et donc, en fait, tous les 15 jours, j'appelais les enfants une heure et je leur présentais, voilà, aujourd'hui, je suis en Turquie, voici le quotidien des petits-enfants turcs dans tel pays. En Turquie, les petits garçons vont dans une école, les petites filles vont dans une autre école, ce n'est pas mixte. Dans ce pays-là, ils ont un uniforme. Dans ce pays-là, les enfants ne vont à l'école que le matin. Dans tel pays, ils ne vont à l'école que l'après-midi. Je représentais le quotidien. Des fois, dans certains pays, les enfants vont aller au champ. Dans certains pays, les filles n'avaient pas le droit d'avoir accès à l'éducation, alors que les petits garçons avaient le droit. Je leur présentais toutes ces facettes-là. Je leur présentais la gastronomie, je leur présentais les climats. Je leur montrais les billets dans les différents pays. présenter, voilà, tous ces aspects-là. Donc, c'était super intéressant pour eux. Et je me suis dit, ça peut être également sympa de le partager, mais avec les enfants sur place. Et donc, du coup, la première école où je suis allé, c'était en Italie. Ça a été une expérience géniale. Le corps enseignant s'est montré vraiment très enthousiaste à l'égard du projet. Donc, comme ça, j'ai pu passer une après-midi dans une école primaire, à passer de classe en classe, à parler de mon voyage, à répondre aux questionnements des plus petits, puis essayer également de transmettre… des messages, des valeurs de tolérance, de dépassement de soi, de vivre ensemble, de croire en ses rêves. Tous ces messages-là, ça m'a conduit à intervenir dans une trentaine d'établissements. Dans la plupart des pays où je passais, j'essayais d'aller au moins dans un collège, dans un lycée, dans une association, dans une ONG, pour rencontrer les enfants. Et puis moi, ça me permettait également de discuter avec eux, de voir leur passion, leur sport préféré, la personnalité française qu'ils connaissaient. C'était super intéressant d'avoir tous ces dialogues interculturels à travers le monde et ça j'ai adoré. Au fur et à mesure, j'en faisais de plus en plus. Je pense qu'au tout début du voyage, c'était une fois par mois. Puis à la fin, je passais au moins une journée par semaine à intervenir. Et moi, ça m'a permis de donner du sens à ce projet. Également, d'avoir du contact pour les écoliers français. Parce que la plupart du temps, quand je passais par exemple un lycée en Indonésie ou en Inde, je demandais aux écoliers d'écrire une lettre. Et ensuite, je l'ai envoyée, je l'ai scannée pour les enfants en France. Donc comme ça, ils voyaient... le quotidien et puis également il pouvait avoir un peu un échange avec les gens

  • Speaker #0

    les colliers, mais à l'autre bout de la planète. Et ça, c'était une expérience formidable et qui m'a vraiment également permis de me dire, voilà, ce voyage a un sens. Ce n'est pas juste du tourisme déguisé, etc. Mais il y a vraiment quelque chose. Et puis, ça me permettait également de redonner un petit peu à l'humanité tout ce que l'humanité m'offrait. Et c'est vrai que c'est pour ça que je me suis beaucoup investi en Inde ou en Indonésie, où les gens étaient extrêmement généralement des gars. Je me dis, mais comment les remercier ? Je trouvais que faire voyager, faire rêver leurs enfants, c'était une belle manière de les remercier.

  • Speaker #1

    Alors moi, j'ai une question par rapport à ça. Est-ce que tu as eu une réaction justement peut-être aussi de certains enfants quand tu dis que c'était important aussi de leur montrer que c'est d'aller au bout de ses rêves ? Tu vois, moi, à Bali cet été, à un moment donné, je discutais avec un chauffeur qui était dans une région magnifique et je lui dis quand même qu'est-ce que tu es chanceux de vivre ici. Tu vois, c'était… Oui. Et lui me dit, pour moi, ça me paraissait, tu vois, le paradis sur Terre. Et lui me dit, entre nous deux, je pense que le plus chanceux, c'est toi, parce que toi, tu peux découvrir le monde. Alors que moi, je suis, OK, je vis dans ce paradis, mais je rêverais d'aller justement découvrir un petit peu d'autres facettes et qu'ils n'ont forcément clairement pas les mêmes moyens. Donc, ça m'intéresse, tu vois, de voir un peu comment, est-ce qu'ils pensaient que c'était accessible aussi pour eux ? Comment ils réagissaient quand tu leur disais ? Vous parliez de dépassement de soi et de réalisation de rêve.

  • Speaker #0

    Donc, c'est vrai que je les incitais à accomplir leurs rêves, mais ce n'était pas forcément de faire un tour du monde ou faire ce genre de choses. Il y a certains pays, c'est les motiver à continuer leurs études, les motiver à s'investir dans le sport. Et si cette barrière que voyager, on pense objectivement que ça coûte cher, que c'est ça qui pourrait restreindre les Indonésiens, les Indiens de voyager. Et en fait, lorsqu'on parcourt le monde, on se rend compte Moi, je dépensais des fois en Inde, je dépensais par mois, je dépensais moins d'un smic indien, donc je dépensais moins de 50 euros par mois. Et donc, c'était possible de voyager en fait dans ces conditions. Et il y a certains pays où les gens ont un peu des barrières mentales, ils pensent que c'est très très cher de voyager, etc. Et puis en Inde, j'ai rencontré beaucoup de gens qui sont un salaire de misère, etc. Mais ils vont s'entasser dans des bus, ils vont traverser le pays, ils vont aller dans des temples, etc. Ils sont très éloignés. et qui vont ainsi pouvoir voyager et avoir ce moyen de découvrir leur pays. Donc c'était possible, mais surtout ce que j'essayais de faire, c'était vraiment les motiver à continuer les études, car dans certains pays, c'est ce qui fait la différence au final, l'éducation, que ce soit par la maîtrise de l'anglais, car il y a beaucoup de gens qui n'ont pas l'intérêt de parler l'anglais ou même les langues étrangères de manière générale. Donc je leur disais, vous pouvez discuter avec moi, vous pouvez... vous renseigner sur Internet, vous pouvez aller travailler, étudier dans d'autres pays. Et donc, j'ai essayé de leur faire sauter un petit peu ces barrières mentales qu'ils avaient dans la tête.

  • Speaker #1

    C'est très chouette. Est-ce que tu penses que ce voyage t'a changé, toi, personnellement ?

  • Speaker #0

    Oui, infiniment. Et même moi, je voyais de semaine en semaine, je n'étais plus le même. Ça a vraiment été très flagrant. Et c'est vrai que dans certains pays, j'arrivais, je me disais, c'est bizarre ça, machin. Et puis au final, je me disais, mais pourquoi ils font ci, pourquoi ils font ça ? Et puis au bout de 15 jours, je me disais, ah oui, mais c'est normal, c'était moi qui ne comprenais pas. Et ça, ça s'est passé de manière perpétuelle, en fait, pendant ces 17 mois d'aventure. Je me voyais vraiment évoluer et beaucoup sur la tolérance. Car des fois, on dit, ah ouais, mais c'est vrai que c'est bizarre. Certains pays, certaines religions, il y a une conception de l'homme et de la femme qui est différente. En Inde, il y a les castes. Mais voilà, d'essayer de ne pas transposer ce que nous, on pense est le mieux pour eux. Mais essayer juste de voir qu'ils vivent en harmonie, que tout le monde est heureux comme ça. C'est vrai que cette tolérance est quelque chose qui est fondamental. Dans certains pays, par exemple en Indonésie, il y a différentes religions. Mais tout le monde arrive à vivre en paix ensemble parce qu'il y a une très grande tolérance. Mais en Inde, il n'y a pas cette même tolérance. Et donc, du coup, il y a beaucoup d'exactions qui sont commises par les communautés religieuses les unes envers les autres. Et c'est vrai qu'on se rend compte que c'est un peu la pierre angulaire. pour bâtir une société multiculturelle où chacun peut vivre sa foi, vivre dans sa culture en paix. Et également, une grande tolérance, ça permet de ne pas avoir de préjugés, de ne pas avoir d'a priori lorsqu'on va vers les autres et ainsi de pouvoir faire une discussion, une pleine conversation avec les gens. On discute de manière pleine et on est apte à recevoir car on n'a pas de fixettes, on n'a pas d'a priori, on n'a pas de préjugés, on abandonne tout ça. Et comme on n'a plus tout ça, on peut vraiment vivre des belles relations et des beaux échanges avec les personnes, quels que soient les pays.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu crois que dans ta vie de tous les jours, alors après tu vas nous raconter ce qui va se passer après ce voyage, mais est-ce que tu penses que dans ta vie de tous les jours, tu vas réussir à garder ce même objectif de réussir à vivre avec tolérance, sans préjugés ? Est-ce que tu penses que tu vas savoir l'appliquer aussi bien dans ton quotidien en France qu'en voyage ?

  • Speaker #0

    Je vais essayer, mais je pense que cette ouverture d'esprit, ça m'a permis de... C'est des choses que j'ai apprises et qui me serviront toute ma vie. Ce sens de la nuance également, essayer de ne pas voir le monde de manière binaire, de manière très manichéenne, comme ça peut être le cas si généralement on regarde les médias, où il y a un camp du bien contre un camp des méchants. mais que l'histoire et les pays sont très complexes. Donc, toute cette ouverture d'esprit, je pense, elle me servira. C'est vrai que maintenant, quand je regarde les médias, quand je suis revenu, c'était pour le deuxième tour des législatives. J'ai quand même plus de profondeur d'esprit, arriver à décrypter, lire entre les lignes. Et ça, ça me servira beaucoup. Je pense que c'est quelque chose, je ne sais pas si j'aurais pu l'acquérir autrement que par ce voyage, une expérience de dépouillement complet. d'aller à rencontre de personnes au mode de vie complètement différent. Mais ce n'est pas parce que le gars est fermier au fin fond de l'Inde, à vivre dans une maison en terre, qu'il n'a rien à m'apprendre. Je pense qu'au contraire, il a autant de choses à m'apprendre que le millionnaire chinois ou le banquier australien. Et donc, toutes ces personnes-là avaient quelque chose à me transmettre. Et je suis riche de toutes leurs expériences, de tous leurs témoignages pour pouvoir grandir et mûrir au fur et à mesure. Et c'est vrai que je pense que c'est peut-être également pour ça que j'intervenais plus dans les écoles au fur et à mesure de mon voyage. C'est qu'au début, au bout de deux mois, j'avais quand même des acquis, parce que deux mois de voyage en autostop, ce n'est pas rien. Mais après plus d'un an, un an et demi, j'avais quand même beaucoup plus de choses à transmettre qui revaloient auprès des étudiants, des lycéens, etc.

  • Speaker #1

    En tout cas, tu le retranscris vraiment très bien.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Si tu devais choisir, parce que souvent, on me pose la question, c'est quoi les pays que tu as préférés, etc. C'est trop compliqué, je trouve. Si tu avais une journée sur les 500 à revivre, ça serait laquelle ?

  • Speaker #0

    Waouh ! Ah, on ne me l'avait jamais posé celle-ci, c'est une bonne question. On ne me l'avait jamais posé. Je pense que c'est une journée qui a eu beaucoup d'ascenseurs émotionnels. C'est cette journée où j'ai dormi dans le restaurant, où c'était extrêmement compliqué parce qu'en fait, je venais de faire 1000 km d'autostop. J'arrive, 1000 km de stop en Chine, ce n'était pas rien. J'arrive dans une ville à 23h, je ne trouve aucun hébergement. Je trouve un hébergement au final à 2h du matin dans un restaurant. Je dors 5h sur un matelas, vraiment pas très bien. Le lendemain, je me réveille à 6h par le restaurateur qui avait des clients. Le lendemain, je marche 4h, je suis éreinté pour sortir de la ville parce que la ville faisait 15 millions d'habitants, donc je ne pouvais pas faire du stop en centre-ville pour marcher jusqu'à une entrée d'autoroute. Donc voilà, j'arrive à une station de service, j'arrive à trouver des gens qui me permettent d'avancer. Et puis au final, à 14h-15h, je tombe sur une multimillionnaire chinoise, une personne complètement déroutante. et elle m'invite, prend stop, elle me ramène chez elle, elle me présente à des amis, elle m'invite dans un restaurant panoramique, elle me paye une suite le soir pour dormir, et ses amis parlaient tous en anglais, donc j'ai vraiment pu avoir une discussion passionnante avec eux, ils m'ont emmené dans des casinos clandestins, parce que les casinos sont interdits en Chine, et on a terminé la soirée je pense à 4h du matin, et c'est vrai qu'outre le fait qu'elle soit millionnaire, c'est surtout la censure émotionnelle en fait. On vit et en fait, c'est des choses qui sont très difficiles à vivre et peut-être seul l'autostop est capable de transmettre ces choses-là. Ou en fait, le matin, on passe de vagabond. J'étais affamé, je n'avais pas dormi. J'avais marché 15 kilomètres par moins 10 degrés. J'étais enmitouflé dans ma grosse parquette. Et deux heures après, je suis pris en stop par une millionnaire qui m'invite dans un restaurant panoramique, qui me paye une suite. J'avais une baignoire dans ma chambre d'hôtel. Vraiment un truc lunaire comparé à toutes les galères que j'avais vécues. C'est vrai que cette journée, c'est peut-être là où j'ai plus d'ascenseur émotionnel. C'est vrai qu'il y en a eu des dizaines et des dizaines, des journées comme ça. Ne serait-ce que la joie d'arriver dans un nouveau pays, franchir une frontière à pied. On a le passeport tamponné, on arrive dans un nouveau pays, c'est un nouvel alphabet, c'est une nouvelle cuisine, c'est des nouveaux billets. Toutes ces choses-là, ce sont des choses qui sont extraordinaires. Ils sont très difficiles à retranscrire également, parce que maintenant que je m'attends à écrire le livre, c'est très difficile et des fois frustrant de ne pas avoir cette sensation d'écrire très très bien, alors que ce qu'on a vécu, au fond de soi, on sait que c'est exceptionnel et que c'est des choses qu'on souviendra toute notre vie. Cette journée-là était très particulière. Et puis ensuite, je suis resté deux jours avec elle, et ensuite le lendemain, deux jours après, j'ai repris l'autostop. Puis au final, je suis tombé sur des gens qui ne m'ont pas invité chez eux, et j'ai donc dû dormir dans la salle pour changer les bébés. dans les stations essence parce que de minuit à 6h du matin, il n'y a pas de bébés qui sont changés. Et puis j'ai mangé mes nouilles chinoises froides dans la station service. Et puis voilà, c'était vraiment les montagnes russes d'émotion. Et puis ensuite, après, je suis retombé sur quelqu'un qui m'a invité chez lui, etc. Donc c'était vraiment de manière perpétuelle, encore plus accentuée en Chine, où c'était vraiment, je passais de tout à rien. Mais oui, il y a eu des émotions très fortes. Après, il y a eu certains moments très, très forts. Par exemple, arriver devant l'Opéra de Sydney, ça c'est un moment qui est magique. Après 3000, 4000 kilomètres d'autostop en Australie, on arrive devant l'Opéra de Sydney, que moi je connaissais depuis Nemo, que j'avais vu quand j'avais 3 ou 4 ans, et un lieu que ça fait 20 ans que je connais, là j'arrive en autostop, c'était complètement lunaire. Et donc ouais, il y a eu beaucoup de pics émotionnels comme ça, qui sont exceptionnels en fait.

  • Speaker #1

    Je ne te demande pas si l'objectif est atteint.

  • Speaker #0

    Oui, plus qu'à peine. C'est vrai qu'en partant, on se dit, tiens, j'ai une ligne directrice avec les îles Ausha. Je pense que c'est quand même bien d'avoir un objectif. Mais le plus important, c'est les rencontres. C'est le chemin plus que la destination qui importe. C'est vrai que toutes ces rencontres, je ne pensais pas vivre le dixième de ce que j'ai vécu. Moi, j'aurais pensé que l'autosab aurait été bien plus compliqué, que mon quotidien se résumerait à errer sur les stations-service, au bord des aires d'autoroute. à la sortie des ronds-points avec un panneau sous la pluie. Au final, c'était une odyssée humaine et l'autostop, bien sûr, c'est ce qui m'a permis de vivre ces éléments, mais c'est toutes ces rencontres que je vais retenir et qui ont marqué ce périple de manière indélébile.

  • Speaker #1

    Il y a vraiment, en tout cas, une rencontre dont j'avais vraiment envie d'entendre ton récit, c'est celle du Dalaï-Lama, et c'est d'ailleurs pour ça que je t'ai contactée aussi. Ce qui est assez rigolo, tu vois, c'est que là, on est bientôt à une heure d'enregistrement. Tu n'allais pratiquement pas. Si je te posais la question, tu n'allais pas en parler. Tu parles juste des gens qui sont comme toi et moi dans n'importe quel pays, alors que là, c'est quand même en tout cas un peu le graal d'une rencontre comme ça. Est-ce que tu peux quand même nous en parler ?

  • Speaker #0

    Bien sûr, oui. Mais c'est vrai, tellement de choses, c'est difficile après de resituer quand on vit plein d'émotions très fortes. Mais c'est vrai que le Dalai Lama, c'est d'abord un immense concours de circonstances. Pour resituer un petit peu le contexte, moi, je me trouvais au Tadjikistan et je voulais continuer par la Chine. Sauf que la Chine me refuse le visa dans un premier temps et je ne peux pas aller en Chine. Et donc, du coup, je me retrouve au Tadjikistan et je me retrouve bloqué entre la Chine, la Russie, l'Afghanistan.... Donc voilà, mes parents, je les comprends, ne voulaient pas que je fasse de stop en Afghanistan. Donc je prends un petit avion pour survoler l'Afghanistan et pour arriver dans le nord de l'Inde. Et là, je me retrouve en Inde sans trop savoir pourquoi, parce que c'était le premier pays disponible qui était à une heure et demie d'avion. Il n'y avait que 700 kilomètres à vol d'oiseau. Donc je me retrouve en Inde, je commence à faire le stop et ça se passe bien avec les gens et les personnes. me recommande, tiens, va dans cette ville, à Dharamsala, dans l'Himalaya, tu verras, tu vas adorer. Moi, je n'avais pas de plan parce qu'en fait, encore une semaine avant, je pensais aller en Chine, je pensais être à Pékin, au final, je me retrouve à Delhi. Donc, c'est quand même un peu rien à voir. Et donc, je me retrouve en fait à me dire, tiens, je vais aller dans cette ville de Dharamsala. Donc, après une petite semaine de stop, j'arrive dans cette ville qui est vraiment magnifique. Pour le coup, je me dis, je comprends pourquoi les gens m'ont recommandé. En Inde, il faisait 45 degrés. Dans cette ville, on est à 2000 mètres d'altitude, donc il fait 20-25 degrés. On respire bien plus. Il y a la montagne, il y a de la forêt. C'est super sympathique. On balade dans la ville. C'est vrai qu'il y a un temple qui est marqué Temple du Dalai Lama. Je me dis que c'est rigolo qu'ils appellent ça comme ça. Mais je ne l'utilise pas parce que d'un point de vue purement religieux, il y a plein d'églises qui sont baptisées selon le nom de pape, selon le nom de saint. Donc moi, je me dis, OK, ils appellent le temple comme ça. Et puis moi, dans ma tête, le Dalai Lama, il était au Népal. Donc je me dis, bon, il n'est pas en Inde. Puisque je ne connais pas. Et au final, je me balade dans la ville et j'entends parler français. Et donc là, moi, ça faisait un mois que je n'avais pas entendu parler français. Donc je saute sur le gars. Je lui dis, mais waouh, je n'ai pas parlé de français. J'étais trop heureux. Et en fait, c'était un franco-tibétain. qui venait là pour justement demander une audience avec le Dalai Lama. Donc, on discute, etc. Je lui dis, qu'est-ce que tu fais là ? Il me dit, moi, je vais rencontrer le Dalai Lama. Donc, j'explose de rire parce que pour moi, le Dalai Lama, il est au Népal. Pour moi, on ne peut pas le rencontrer. Au final, il me dit, si, c'est possible. D'ailleurs, je le rencontre à la fin de la semaine. Mais d'ailleurs, toi aussi, tu peux le rencontrer si tu veux. Je lui dis, non, mais c'est… arrête de dire n'importe quoi, ce n'est pas possible. Et puis on rentre chez son cousin qui l'hébergeait. Donc moi, j'ai passé la semaine à vivre chez son cousin. Il me dit, en fait, il faut contacter l'office du bureau du Dalai Lama. Donc j'écris un mail, je n'ai pas de réponse. Il me dit, ah bah oui, mais c'est vrai, toi, tu l'as écrit en anglais, il faut peut-être le faire en tibétain. Bon, allez, viens avec moi. Et donc du coup, je me ramène avec ce franco-tibétain dans le bureau du directeur de communication du Dalai Lama où j'explique mon projet, etc. Lui, il joue l'interprète et là, il me dit Bon, ok, on vous tient au courant Donc là, je visite la ville, j'interviens dans l'école où il y a toute une école pour les exilés tibétains, où il y a plus de 3000 étudiants, donc je fais des conférences dans cette école. Et puis, je reçois un mail Cher M. Vénère, nous pourrons vous accepter pour une audience avec sa sainteté, le Dalaï-Lama, demain matin Et donc comme ça, en une semaine, j'ai pu obtenir une audience. Donc l'audience, on était dans un petit groupe, on n'était que sept étrangers, puis c'était des gens… Je me disais, j'étais un petit peu illégitime entre guillemets, c'est parce qu'il y avait quelqu'un qui s'était converti au bouddhisme, ça faisait dix ans qu'il lisait les enseignements, le frère du dentiste du Dalai Lama, et il me dit, ah ouais, moi depuis 50 ans, ils étaient plus âgés que moi, 50 ans que je suis le Dalai Lama, moi ça faisait une semaine, je ne savais même pas qu'il vivait là. Je suis sur les réseaux tous les jours, etc. Je ne savais même pas que le Dalai Lama avait Instagram. Et donc du coup je me ramène avec ce petit groupe là, et donc on arrive à avoir une audience, et donc il nous reçoit, et donc on a en fait, ça paraît éternel, mais on a 45 secondes en fait d'échange avec le Dalai Lama, ce qui est énorme. Donc on a un interprète qui lui précise qui on est, moi je lui dis bah voilà je suis français, je suis venu le voir en autostop, j'ai fait 15 000 km d'autostop pour venir le voir, donc là il me dit c'est quoi l'autostop, etc. Il dit Ah bon, ça marche bien et tout Et il rigole. Et ensuite, il prend mon pouce et il le frotte contre son front comme pour le bénir. Et il nous remet ensuite une grande écharpe qui symbolise qu'on a rencontré le Dalai Lama. Et puis ensuite, ça passe au suivant. Et c'est un moment qui est exceptionnel et qui est complètement irréel. Et pour moi, c'était inconcevable de pouvoir le rencontrer sur un immense concours de circonstances. 5-6 maillons qui se sont passés que si un seul ne s'était pas réalisé, je n'aurais pas eu la chance de le rencontrer. Et au final, j'ai pu rencontrer le Dalai Lama. Et puis ensuite, j'ai continué ma visite de l'Inde. Mais c'est vrai que ça s'est passé le 7 ou le 8e jour de mon arrivée en Inde. Et je ne comptais même pas aller là-bas. Donc, c'est vrai que c'est assez fou.

  • Speaker #1

    C'est incroyable. Et qu'est-ce qu'il y a comme émotion quand tu te retrouves en face de lui ? Il se passe vraiment quelque chose ?

  • Speaker #0

    Il se passe vraiment quelque chose et je dirais que déjà ça se ressent. Donc après, les croyances du bouddhisme, c'est intéressant, mais c'est vrai que tout le monde dit qu'il y a une énergie particulière dans toute la ville, qu'il y a l'aura du Dalai Lama qui rayonne. Et c'est vrai que je dois dire que même moi, si j'étais un peu cartésien et reluctant à ces idées-là, il y a quand même quelque chose de spécial. Et c'est vrai que dans toutes les rencontres que j'ai faites, des rencontres passionnantes, par exemple, le gars qui faisait le... les soupes de nous qui parlaient un anglais parfait, qui avaient été philosophes, qui avaient été marines dans l'armée indienne, qui se retrouvent là. Vraiment que des profils un peu atypiques, qu'une série de rencontres complètement extraordinaires. C'est vrai que pendant une semaine, ça a été fou. Quand on est face à lui, c'est une partie de l'histoire qui est face à nous. C'est la personne la plus connue, entre guillemets, que j'ai rencontrée lors de mon voyage, en tout du moins qui est... qui est connu même en France. Après, j'ai rencontré des chanteurs chinois qui sont suivis par 10 millions de Chinois, mais donc personne ne connaît en France. Mais lui, il est connu. C'est vrai qu'il a été pris le Nobel de la paix. Il a quand même une image et des préceptes qui sont très intéressants. Et pouvoir le rencontrer, c'était juste une chance inespérée. Et c'est vrai que du coup, il a béni mon voyage. Et moi, avant de partir, j'étais allé à Place Saint-Pierre où j'avais assisté à la bénédiction papale. Et donc, en fait, en quatre mois, mon voyage a été béni par le pape et par le Dalai Lama. Donc, j'étais vraiment sous les meilleurs auspices pour arriver à bon port. Donc, c'est vrai que c'était exceptionnel de recevoir la bénédiction du Dalai Lama et puis la bénédiction papale. La bénédiction papale, ce n'est pas pareil parce qu'il est à son balcon, on est sur une place, il y a 10 000 personnes. Mais voilà, c'est quand même deux personnes incroyables où il y a des milliards de personnes qui suivent leurs enseignements. qu'on soit pour ou contre, c'est quand même des personnes qui marquent le monde.

  • Speaker #1

    Faux et en même temps, je pense qu'il n'y a pas complètement de hasard. Il y a tellement peu de personnes qui ont pu le rencontrer et toi, ça a été de manière aussi facile. Je pense que c'est vraiment pas par hasard. Est-ce que avant qu'on termine, est-ce qu'en termes de spiritualité, ton voyage a changé quelque chose ? Alors, les valeurs, on l'a compris, mais en termes de spiritualité ou de religion, est-ce que ça a changé quelque chose ?

  • Speaker #0

    Oui, énormément. Moi, je dirais que je n'étais pas forcément très religieux avant de partir, mais j'ai eu la chance d'être immergé dans les six plus grandes religions du monde. Si on prend ces six religions, elles représentent 85% des croyances de la population mondiale. Et si on enlève les Chinois, c'est les croyances de 99% de la population mondiale. Donc, c'est les chrétiens, les musulmans, les juifs, les bouddhistes, les hindous et les sikhs. Et ces six religions, elles… Elles façonnent le monde par leur imprégnation dans les cultures, etc. Donc j'ai eu la chance de discuter avec des personnes de toutes ces religions. J'ai vécu deux ramadans, j'ai vécu deux fêtes de Pâques, j'ai vécu quatre mois dans un pays hindou, quatre mois dans des pays bouddhistes. J'ai rencontré des musulmans en Turquie, en Indonésie, sous les tropiques, en Chine, dans le désert de Gobi. Pour les chrétiens, j'en ai rencontré en Italie, j'en ai rencontré en Australie, dans quasiment tous les pays que j'ai traversés. C'est vrai que tous ces échanges spirituels, ça m'a beaucoup nourri, ça m'a beaucoup amené à me poser des questions. Et c'est vrai que je leur dis Ah ouais, c'est vrai que j'ai quand même beaucoup de chance dans mon voyage, tout se passe bien, j'attends pas longtemps, etc. Et beaucoup de personnes religieuses, quelle que soit leur religion, elles me disent Mais tu sais Lucas, il n'y a pas de hasard. Donc c'est vrai que ça amène à se poser des questions. J'ai beaucoup évolué, c'est vrai que maintenant j'ai des croyances qui n'étaient pas le cas avant de partir. Et puis c'est... Des fois, on est en galère, on est en Australie. Moi, ça faisait trois heures que j'attendais, il ne se passe rien. On fait une petite prière et puis bim, il y a une voiture qui s'arrête. Un gars qui nous propose de nous ramener chez nous, qui sort une côte de bœuf de 300 grammes, un barbecue ou un machin, alors qu'on était bouffé par les mouches toute l'après-midi. Donc oui, il y a des choses qui posent des questions. Et également, beaucoup de témoignages de personnes où, par exemple, des femmes qui n'arrivaient pas à avoir d'enfants. Au final, elles sont allées dans un monastère et la femme a eu des triplés le mois d'après. Une personne qui était vraiment en perdition, qui a envoyé une lettre à Lourdes et qui a réussi à obtenir une maison et un meilleur travail. Ou une personne qui ne s'en sortait pas dans sa vie, qui a fait un pèlerinage à la Mecque et qui a pu construire une école dans son village. Des personnes qui sont converties au bouddhisme et qui ont trouvé leur voie. Et c'est vrai que toutes ces personnes, ça m'a beaucoup interloqué, parce que je me suis dit, c'est fou, parce qu'il y a quand même six grandes religions à travers le monde. Ça me paraît très curieux qu'il y en ait une qui détienne plus la vérité que des autres, parce qu'il y a des milliards de musulmans, il y a des milliards de chrétiens, et pourtant, à chaque fois qu'ils prient leur Dieu, ça se réalise.

  • Speaker #1

    Dans tes prières, tu n'es pas obligé de répondre parce que c'est peut-être un peu intime, dans tes prières, tu priais qui ? Un dieu ? L'univers ? L'épisode ?

  • Speaker #0

    Moi, je dirais que j'ai… J'ai beaucoup évolué, donc c'est vrai qu'au début j'étais plus déiste j'étais vraiment plus de cette catégorie-là, de plus en plus, il y a un Dieu, mais voilà, qui s'exprime sous différentes formes. Et puis en fait, ce qui m'a beaucoup perturbé, qui m'a beaucoup intéressé, c'est qu'en fait la personnalité de Jésus est présente dans toutes les religions. Et en fait, toutes les religions essayent, et ça c'est un fait que j'ignorais complètement, et en fait toutes les religions essayent de, pas de le s'accaparer, mais essayent de le… de correspondre et d'avoir un lien avec lui. Par exemple, pour les musulmans, ils reconnaissent qu'il est né de la Vierge de Marie, que c'est un prophète, etc. Pour la religion Baha'i, c'est également un prophète. Pour certains courants du bouddhisme, c'est une réincarnation de Bouddha. Du coup, c'est un illuminé, quelqu'un qui a réussi à atteindre le nirvana. Il faut également suivre les enseignements. Pour les hindous, Pareil pour les hindous, ils sont polythéistes, donc du coup, ils disent moi j'ai Shiva, j'ai Brahma, mais j'ai également Jésus Donc ça m'a beaucoup interloqué que toutes ces religions se reconnaissent en fait, s'y ir de par ces enseignements. Et donc c'est vrai qu'après je me suis posé plus dans les livres religieux. Et après, qu'on soit croyant ou pas, il y a quand même des messages philosophiques extrêmement intéressants. C'est surtout de voir que chacun essayait de se l'approprier. Par exemple, les Ouïghours, ils me disaient Jésus, il est venu en Mongolie L'Indien me disait qu'il est passé en Inde, qu'il y a un prophète qui est allé en Turquie. Tout le monde a essayé de se réattribuer. C'est vrai que ça m'a beaucoup questionné. J'essaie toujours de chercher, de découvrir. Mais ça m'a beaucoup interloqué ces questions. Et puis, c'est également dans tous les pays, il y a des chrétiens, alors qu'il y a certaines religions comme l'hindouisme qui sont quand même plus cantonnées à certains pays ou certaines zones géographiques, alors que c'est une religion… qui est plus répandue, après même si ce n'est pas forcément énormément de fidèles à chaque fois, mais il y a quand même des millions de fidèles au Vietnam, en Mongolie, en Indonésie.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui se passe après ? Le retour, tu es revenu quand ?

  • Speaker #0

    Moi, je suis revenu à la fin du mois de juin. Ça va bientôt faire cinq mois que je suis rentré. Maintenant, je m'occupe entre… j'écris un livre. Le livre est quasiment fini. Maintenant, je vais essayer de chercher des éditeurs parce que ça va être bien compliqué. Je donne des conférences, j'anime des conférences environ toutes les semaines, tous les dix jours, donc dans les entreprises, dans les associations, dans les écoles, dans des ONG. J'ai également le projet de repartir pour l'Amérique du Sud en autostop cette fois-ci. Là, j'ai réussi à trouver un bateau qui va de Marseille à Rio. C'est vrai que ça vient vite parce que je pars la semaine prochaine. Donc voilà, je repars à l'aventure, peut-être pas pour un an et demi, mais peut-être au moins pour six mois, quelque chose comme ça. peut-être retravailler après ce voyage en Amérique du Sud. Là, c'est vrai que pendant cinq mois, j'ai donné les conférences et le livre. Je me disais, je vivote entre guillemets avec les conférences, le temps que ça finance le livre, que ça finance l'écriture. Et puis ensuite, dans le tourisme responsable, etc., il y a plein de possibilités. Puis c'est vrai qu'il y a plein de profils de carrière, de profils de vie qui n'existaient peut-être pas il y a 20 ans. Et maintenant, on en voit de plus en plus. Donc, je ne me ferme pas de porte, mais c'est vrai que j'aimais quand même beaucoup l'ingénierie.

  • Speaker #1

    donc avoir peut-être retravaillé puis peut-être qu'au bout de 6 mois je verrai que j'aime plus ça que j'ai envie de faire autre chose donc on verra et que le voyage te manque trop est-ce que tu aurais un conseil à donner la même aventure que ce soit du voyage ou de l'autostop est-ce que tu aurais un conseil à donner je

  • Speaker #0

    dirais qu'il faut faire confiance aux gens et le problème de notre société c'est qu'on ne fait pas assez confiance aux gens on essaye à chaque fois de voir ce qui ne va pas les aspects négatifs et moi je suis toujours parti du principe que les gens me voulaient du bien Il fallait voir le côté positif des gens, qu'il fallait faire confiance aux personnes, même si elles paraissent louches, même si elles paraissent bizarres, il faut quand même leur faire confiance. Et au final, c'est un peu difficile à décrire, mais les personnes le ressentent lorsqu'on leur fait confiance, lorsqu'il y a un lien comme ça. Lorsqu'on est dans une énergie positive, les gens le ressentent. Et après, ça crée le chemin pour des magnifiques rencontres. Et après, on est sur une autoroute du plaisir et une autoroute de belles rencontres. Et c'est vrai que moi, je suis parti du principe de tout le temps faire confiance aux gens. Et ça a toujours marché. C'est ce qui m'a permis de vivre cette aventure extraordinaire. Donc, au début, il faut peut-être avoir peur un petit peu. Il ne faut pas avoir peur de se lancer. Mais ensuite, en faisant confiance aux gens et à la Providence, tout se passe bien et on vit des choses extraordinaires.

  • Speaker #1

    C'est une conclusion magnifique.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Je vais en tout cas les conseiller. Je pense que tout le monde va essayer de le suivre. Merci. J'ai vraiment adoré cet enregistrement. J'ai trouvé que c'était passionnant. En plus, tu le racontes.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Moi, j'ai la vidéo devant, donc avec tellement de... Tu as un sourire permanent sur le visage et c'est vraiment très, très agréable. On peut te suivre, du coup, sur Instagram, Pouce pour un. C'est ça. Et d'autres endroits où tu aimerais qu'on puisse te retrouver. Le livre, j'espère, bientôt. C'est ça. Si quelqu'un peut t'aider pour la sortie,

  • Speaker #0

    qu'il te suive. Je suis prôneur. Et principalement sur Pouce pour un, sur le compte Instagram, la plupart des choses. Donc, c'est là que je communiquerai pour le livre, pour les conférences et puis pour le voyage en Amérique du Sud. C'est principalement sur ce réseau. Après, je fais également des vidéos sur YouTube et TikTok. Donc, c'est également Pouce. Mais c'est principalement sur le compte Instagram où je communique, que ce soit pour les choses un peu formelles comme les conférences, les podcasts et pour l'aventure au quotidien.

  • Speaker #1

    Merci en tout cas d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #0

    J'ai hâte de te faire un plaisir.

  • Speaker #1

    De tes aventures maintenant en Amérique du Sud. Et puis, en tout cas, on te souhaite le meilleur. Et merci pour ton partage.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. C'était un plaisir. Bonne journée. Au revoir.

  • Speaker #1

    Salut Lucas. Et voilà, cet épisode est terminé. J'espère qu'il vous a plu. Si c'est le cas, n'hésitez pas à le partager avec votre entourage. Abonnez-vous pour ne manquer aucun épisode et prenez quelques instants pour laisser un avis ou une note sur votre plateforme préférée. Vos retours sont précieux et m'aideront énormément. Merci d'avance et à bientôt pour de nouvelles aventures.

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Dans cet épisode d'À ton tour du monde, Lucas Véner nous entraîne dans son incroyable aventure : 55 000 kilomètres à travers 25 pays en autostop, porté par la magie des rencontres. Plus qu’un simple voyage, Lucas partage des leçons de vie inoubliables, empreintes de tolérance, de dépassement de soi et de foi en l’humanité.

🌟 Au Programme de l’Épisode :

  • Une quête audacieuse : Pourquoi Lucas a choisi l’autostop pour parcourir le monde, en repoussant les limites du voyage conventionnel.

  • Des rencontres marquantes : Découvrez les anecdotes captivantes et les moments d’échange uniques avec plus de 1100 conducteurs à travers le globe.

  • Un cheminement intérieur : Comment chaque étape, du désert de Gobi à une audience avec le Dalai Lama, a transformé Lucas et renforcé sa foi en l’humanité.

Plongez dans une odyssée humaine où chaque kilomètre raconte une histoire, où chaque visage croisé ouvre la porte à un nouveau monde.

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invité: @poucepour1


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hello les voyageurs et bienvenue sur A ton tour du monde, le récit des voyageurs. Aujourd'hui j'accueille un invité incroyable, un véritable aventurier qui a su repousser toutes les limites. J'accueille Lucas Véner. Lucas Véner c'est l'homme qui se cache derrière Pouce Pourrin. Alors il faut qu'on imagine 55 000 kilomètres parcourus, plus de 500 jours de voyage, 25 pays visités et tout ça en stop. Lucas a voyagé grâce à 1100 conducteurs sans dépenser un seul centime en transport. Mais son aventure c'est bien plus qu'un défi logistique, c'est une véritable leçon de vie. Son objectif à la base était de relier le point le plus éloigné de France en partageant dans les écoles du monde entier des valeurs qui lui tiennent à cœur, la tolérance, le dépassement de soi et l'écologie. Lucas prouve qu'on peut voyager autrement, sans avion et surtout avec un esprit d'ouverture. incroyable. Bref, c'est un voyage qui inspire et je suis super contente qu'il soit avec nous pour nous raconter tout ça. Bienvenue Lucas.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup à toi, c'est un plaisir d'être ici.

  • Speaker #2

    Est-ce qu'on peut commencer peut-être par nous dire qui tu es et comment est née cette idée de Pouce pour un et ce défi un peu fou ?

  • Speaker #1

    Alors ce défi, il a mis beaucoup d'années à mûrir. Il faut savoir que j'ai eu un parcours un petit peu classique. lycée, école d'ingénieurs, etc. Et rien ne me prédestinait un petit peu à faire des voyages de cette envergure. Quand je suis arrivé en école d'ingénieurs, ma première année d'école d'ingénieurs, ça a été la période du Covid, qui comme énormément de monde, c'était une période très difficile. Et donc je me suis dit, dès que j'aurai la capacité de voyager, de partir un peu à l'aventure, de découvrir le monde, j'ai envie de le faire. Il faut savoir qu'avant ce voyage-là, je n'étais jamais sorti d'Europe. Donc je me suis dit, ça sera déjà une première d'aller en Turquie, ça sera déjà l'inconnu. Ce voyage, il a fait son petit bonhomme de chemin. Donc pendant toute mon école d'ingénieur, les deux, trois années qui ont précédé ce voyage, j'ai réfléchi où est-ce que je voudrais aller, quel type de transport utiliser, etc. Autostop s'est avéré à mes yeux le moyen le plus pratique pour rencontrer, discuter, sympathiser avec les personnes, car pour toutes les activités du quotidien. J'étais en contact avec eux, que ce soit pour me déplacer, mais également pour me loger, pour me nourrir, pour visiter, etc. Et donc ça, c'était une immersion complète dans la vie des habitants. C'est pour ça que j'ai choisi ce moyen de transport. Donc j'avais déjà fait des petits voyages en autostop en Europe, à l'étranger, deux, trois semaines. Et ça m'avait vraiment donné le goût à l'autostop. Et je me suis dit, bon voilà, si je fais un grand voyage, ça sera avec ce moyen de transport. Pendant les six derniers mois avant le départ de ce tour du monde, J'ai vraiment dit, OK, l'objectif, ça va être de rejoindre l'endroit le plus éloigné, uniquement en autostop, pour une durée de un an, un an et demi. Et j'ai également trouvé les sponsors, créé des partenariats avec les écoles de ma région, etc. Et donc, tout ça, ça a mis deux, trois ans à germer. Mais c'est vraiment lors des six derniers mois que j'ai travaillé à fond sur le projet.

  • Speaker #2

    C'est top. Donc, c'est super bien préparé. Par curiosité, est-ce que ton entourage a bien réagi ? Comment ils ont pris la nouvelle de partir comme ça ? Tu n'avais pas forcément de date de retour en plus.

  • Speaker #1

    Si, j'avais une date de retour. Peut-être ma spécificité par rapport à beaucoup de gens qui partent des fois sur des durées un petit peu indéterminées. Moi, c'était de rentrer pour les Jeux Olympiques de Paris. Je suis un immense fan de sport. Et donc, je me suis dit dans tous les cas que je sois arrivé en Nouvelle-Zélande ou pas, je serai de retour pour les Jeux Olympiques. Donc, j'ai réussi à être de retour pour les Jeux. Cette date butoir. Après, l'entourage, mes parents, mes frères, ils l'ont assez bien pris car... Je pense que c'est de plus en plus toléré de prendre des années sabbatiques, surtout après les études, etc. Mes grands-parents ont eu un peu plus de mal à comprendre car c'est une autre génération. Pour eux, dès que j'avais obtenu ce diplôme d'ingénieur, en plus je suis le seul de la famille à en avoir un, ils voulaient que je profite, que je rentabilise le diplôme. Mais voilà, ils l'ont très bien pris. Et puis comme il y a eu tout ce projet, j'ai réussi à trouver des sponsors qui ont financé l'intégralité du voyage avec les écoles, etc. Ils se sont rendus compte que ce n'était pas un projet. un projet, voilà, juste un voyage, mais qu'il y avait vraiment tout un projet autour, qu'il y avait des acteurs, etc., et que je n'étais pas seul à voyager. Donc, ça les a rassurés. Donc, ils ont très bien pris la nouvelle.

  • Speaker #2

    Premier pays, du coup, c'était la Turquie.

  • Speaker #1

    Donc, le premier pays, c'était la France. Ensuite, il y a eu l'Italie, l'Albanie, la Grèce. Et donc, le premier pays en dehors de l'Europe, c'était la Turquie. J'étais déjà allé en Italie et en Grèce avant. Le premier pays un peu inconnu, c'était la Turquie.

  • Speaker #2

    Le premier pays où il y a une différence culturelle peut-être un peu plus importante. Est-ce que tu te souviens de ces premières sensations ? Est-ce que tu t'es dit mon Dieu, qu'est-ce que je fous là ? ou c'était quoi les premières émotions quand tu arrives en Turquie et que tu as fait tes premiers stops en Turquie ?

  • Speaker #1

    Ça, c'est une très bonne question parce qu'en plus, je l'ai franchi la frontière à 3h30 du matin parce que j'avais des soucis, etc. Et donc, il a fallu que je trouve un camionneur pour passer la frontière. Et donc, du coup, on a passé la frontière en pleine nuit. Et il m'a déposé dans une banlieue industrielle d'une ville inconnue en Turquie à 4h du matin où j'étais poursuivi par des chiens, etc. Donc là, je me suis dit, ah ouais, l'aventure commence. Et au final, ça s'est bien passé. J'ai planté ma toile de tente dans un jardin public où il y avait les... les vieux toboggans, les balançoires pour enfants, etc. Donc, j'ai dormi quelques heures là. Et puis, le lendemain, je suis reparti. Mais c'est vrai que ça a été un choc parce que la première chose qui m'a vraiment épaté en Turquie, c'est la notion de vide, en fait. C'est qu'il y a des espaces où il n'y a rien sur 100 kilomètres. Il n'y a pas un village. C'est très aride, donc il ne peut pas y avoir de culture. Il y a vraiment cette notion où il n'y a rien qui se passe, entre guillemets. Il n'y a pas de vie. Et en France, il y a quand même un grand... un grand maillage de villages et puis s'il n'y a pas de villages, il y a des alpages, il y a des forêts, il y a de la vie entre guillemets. Et là, dès la Turquie, je me suis retrouvé face à des steppes où il n'y avait rien et donc ça m'a vraiment perturbé. Je me suis dit, la Turquie, c'est déjà gigantesque mais comparé à l'Asie, c'est rien du tout. Donc l'Asie, c'est vraiment un continent immense. On a beaucoup de mal à réaliser la taille et je me suis dit, ça va être long. Et puis plus on avance, plus les routes sont de... mauvaise qualité, plus les voitures sont également de mauvaise qualité. Donc du coup, si en France ou en Italie, on peut rouler à 130 km heure sur des routes tout droite, dès qu'on se retrouve en Turquie, des fois on roule à 60, 70 sur des routes qui serpentent comme ça et on passe sa journée à faire 200, 250 km, ce qu'on pouvait faire en deux heures lorsqu'on était encore en Europe.

  • Speaker #2

    Après, j'imagine que c'est aussi ce que tu allais chercher en faisant du stop, c'était aussi la rencontre des conducteurs et de pouvoir papoter justement pendant ces trajets. Est-ce qu'il y a eu des rencontres un peu inattendues parmi les conducteurs ?

  • Speaker #1

    Oui, énormément. C'est vrai que sur ces 1100 conducteurs, c'est difficile d'en choisir quelques-uns, mais il y a eu des personnes avec qui j'ai fait du stop déjà plusieurs jours. Par exemple, lorsque j'étais en Chine, il y a un camionneur chinois avec qui j'ai traversé tout le désert de Gobi. On a fait 3000 kilomètres de stop ensemble sur 5 jours. Et donc, en fait, je dormais dans son camion. Donc, il y avait deux couchettes. Je dormais sur celle du dessus et lui, il roulait 16 heures par jour. Le désert de Gobilly, c'était en plein hiver, il faisait moins 20. Tout était enneigé autour de nous, donc c'était vraiment des paysages magnifiques à traverser. Et donc pendant cinq jours, j'ai vécu dans son habitacle où lui, il vivait, il dormait, dans sa maison quasiment. C'est vrai que c'était une expérience très, très forte. Pendant les deux premiers jours, il était un petit peu timide. Puis ensuite, j'ai commencé à lui mettre de la variété française, du Claude François, de France Gall, Michel Sardouche, Auda Saint-Etienne. Donc on a commencé à sympathiser, puis de fil en aiguille, il a commencé à me parler de sa vie, de ses enfants, de sa femme qui voyait qu'une fois tous les trois semaines, de comment il s'était retrouvé chauffeur routier, de son quotidien. Donc ça, c'était une très très belle rencontre, car on voit qu'on bâtit du lien et le rapport de demi-journée en demi-journée n'est plus le même avec la personne. Donc ça, c'était une très très belle rencontre. Il y a eu également un directeur d'ONG. lorsque j'étais en Inde, qui m'a pris en autostop, un Indien. Et lui, c'était extrêmement sympathique parce qu'en Inde, tout le monde n'a pas accès, je pense qu'on y reviendra, mais tout le monde n'a pas forcément accès à l'éducation en fonction de sa religion, de sa case, de son milieu social. Et lui, scolarisait un peu tous les reclus, les rejetés du système. Et donc, j'ai pu intervenir dans son ONG. Et c'est vrai que ça m'a fait extrêmement plaisir de rencontrer tous les enfants. Et c'est une expérience qui a été possible grâce à l'autostop, plus toutes les personnes qui m'ont hébergé. À chaque fois, c'est des personnes qui spontanément... me prenaient dans leur voiture, le courant passait bien, et puis elles me ramenaient chez elles. Et c'est vrai que j'ai eu la chance de vivre des moments incroyables grâce à l'autostop, grâce à la magie de ces rencontres sur la route.

  • Speaker #2

    Ta méthode, c'était de mettre du cloclo et du Johnny ?

  • Speaker #1

    Donc c'est vrai que c'est pas mal. Puis c'est des musiques, même si on ne parle pas forcément français, il y a quelque chose dans le rythme, il y a quelque chose dans l'air, et ce qui fait que le chinois, l'indien ou l'indonésien, même s'ils ne comprennent rien, la mélodie lui provoque quelque chose quand même. C'est vrai que c'est pas mal. J'ai vu des gens s'ambiancer sur les lacs du Connemara, par exemple. Chaque fois qu'il y avait des mariages, je la chantais. Et les gens, ils étaient à fond.

  • Speaker #2

    Et tu parlais de ce monsieur-là. Une fois que tu as passé trois jours comme ça, il se passe en... En plus, c'est comme tu dis, dans un espace très restreint. Donc, il se passe vraiment quelque chose dans la relation. Quand tu descends du camion, c'est quoi l'émotion ?

  • Speaker #1

    Alors moi j'étais très triste, j'avais limite les larmes aux yeux, puis en plus il m'a déposé quasiment à 300 km de Pékin, mais comme je venais de faire 4000 km, 300 km c'était à côté. Donc dans ma tête j'étais quasiment à Pékin, c'était grâce à lui que j'allais traverser la Chine, donc moi j'avais les larmes aux yeux. Lui c'était une culture, les Asiatiques, les Chinois en particulier, sont quand même des personnes très réservées, donc c'est vrai qu'ils ne montraient pas forcément ses émotions. Voilà, c'est une personne qui encore le mois dernier m'envoie des messages, etc. c'est qu'on continue quand même d'échanger et de discuter. Donc, on voit qu'on a bâti quelque chose. Et puis, il m'envoie des photos de ses enfants, des photos de son camion, etc. Et c'est vrai que c'est super. Et c'est des rencontres très poignantes. Et c'est peut-être un peu le seul point négatif de ce genre de voyage. Mais c'est qu'on vit des moments extrêmement forts, des rencontres qui sont magnifiques. Des fois, on reste avec des gens juste une soirée, mais on est comme des frères à la fin. Et le lendemain, on doit repartir sur les routes. Donc, c'est un petit peu difficile. Et ça, on ne s'habitue jamais réellement à vivre des moments extraordinaires et à devoir quitter ces personnes le lendemain. Mais ça fait partie de la beauté également de ces rencontres, c'est qu'à chaque fois, elles sont très éphémères et qu'on sait qu'on est limité à une soirée ou le temps d'un trajet. Donc, c'est ça qui fait partie en même temps du voyage.

  • Speaker #2

    C'était assez timé. Imaginons qu'à un moment donné, tu te sentes vraiment bien dans un endroit. Est-ce que tu pouvais t'accorder justement plusieurs nuits ou plusieurs jours au même endroit ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, oui, à part à certains moments où pour des raisons de visa ou des raisons logistiques, je devais quitter les pays. Sinon, j'avais quand même un programme assez souple. Il faut savoir que par exemple, en Inde, en Indonésie, je m'étais dit, OK, je vais faire deux, trois choses importantes. Par exemple, en Inde, je voulais aller dans le village natal de Gandhi. Je voulais aller au Taj Mahal, à Pondichéry, deux, trois choses comme ça. Mais sinon, entre, j'étais très libre, très flexible. Après, c'était un peu au gré des rencontres que j'édifiais mon parcours. Les personnes me recommandaient mon itinéraire. C'est vrai que ça m'est arrivé des fois de juste faire du stock. Je ne pensais même pas rester dans un village, juste le traverser. Au final, je suis tombé sur une mère de famille extrêmement sympathique. Je suis resté une semaine chez elle à rencontrer tous les cousins, tous les membres de la famille. Ça, c'était complètement impromptu. Je dirais qu'au début de mon voyage, j'avais quand même plus la bougeotte que vers la fin. Pendant le début du voyage, je pense que les trois quarts du temps, je changeais d'endroit tous les soirs. Alors que dans la deuxième partie du voyage, quand j'étais bien à un endroit, j'y restais pour deux, trois jours au moins.

  • Speaker #2

    Tu as pris le temps aussi d'écouter et de savoir apprécier encore plus les rencontres à la fin.

  • Speaker #1

    Tout à fait, oui.

  • Speaker #2

    Est-ce qu'il y a des jours où forcément des galères, il y a dû y en avoir et tu vas nous raconter, mais le plus long moment où tu es resté sur la route ?

  • Speaker #1

    C'est une bonne question. Tu penserais combien toi ?

  • Speaker #2

    Je dirais... Une demi-journée ?

  • Speaker #1

    C'est ça, oui. Ce qui est énorme, mais ça n'a apparu qu'une fois, c'était en Australie. J'ai attendu trois heures avant de me faire prendre en autostop. L'Australie était de loin le pays le plus compliqué. Il faut savoir que j'ai attendu, je crois que 15 ou 20 fois plus d'une heure. Mais sinon, très souvent, c'était 5-10 minutes. Quelquefois, ça montait à une demi-heure, mais je pense que les trois quarts du temps, c'était moins de cinq minutes. L'autostop était très facile. Ça dépendait des pays, pays comme l'Inde, la Chine, l'Indonésie. Je n'attendais pas plus de cinq minutes. C'était juste plus compliqué en Australie, non seulement parce qu'il n'y a pas beaucoup de trafic et deuxièmement parce que les autostoppers ne sont pas forcément bien vus. Donc, c'était un petit peu plus compliqué. En Australie, une fois, j'ai attendu trois heures et sinon en moyenne, c'était une heure et demie, deux heures, deux heures et demie. Donc, lorsque vous attendez en plein soleil, être attaqué par les mouches, c'était un peu désagréable, mais ça faisait partie de l'aventure.

  • Speaker #2

    J'ai l'impression que tu avais presque fait aussi une… Un peu une préparation mentale en fait ?

  • Speaker #1

    Alors je ne sais pas si j'ai fait une préparation, si c'est venu au fur et à mesure. Ça, ça serait une bonne question. Je pense que déjà au fur et à mesure, j'ai développé un peu des techniques d'autostoppeur, de savoir comment me positionner, comment me tenir au bord de la route, les premières phrases d'accroche, dire lorsque une voiture s'arrête ou comment aborder les gens dans les stations de service. Il y a tout ça qui est venu au fur et à mesure. Et puis je pense qu'après, oui, il y a eu de l'expérience, un peu plus de résilience également. Et ce qui fait que la première fois que j'attends plus d'une heure, c'était en Grèce et pour moi, c'était la terre s'arrêter. Et puis après, en Australie, j'attendais une heure et demie à chaque fois et puis j'étais plus habitué. Donc, je pense que le corps s'habitue. On arrive à découvrir des techniques. Et puis après, en Australie aussi, j'attendais trois heures, mais c'était quelqu'un qui me prenait pour 500 kilomètres parce que c'est des grandes étendues où il n'y a pas grand-chose. Donc, au final, quand on fait son prorata sur la journée, on a quand même avancé. Alors qu'au final, en Inde, j'attendais moins de deux minutes à chaque fois, mais c'est des gens qui allaient au pétrole. prochain village à 2 km. Donc, au bout de la journée, 20 conducteurs pour faire 50 km, ce n'est pas forcément l'éclate. Donc après, les gens m'invitaient quand même pour l'OT, etc. D'un point de vue lien humain, c'était fascinant. Mais lorsque vous dites, OK, je vais aller dans le sud de l'Inde, c'est à 3000 km de là, et puis que vous faites 50 km par jour, vous dites, bon, je ne sais pas, je vais mettre un peu de temps avant d'y aller.

  • Speaker #2

    C'est quoi cette fameuse phrase d'accroche ?

  • Speaker #1

    Alors, il y en a eu plusieurs. Il faut savoir que déjà, le concept d'autostop n'était pas compris dans tous les pays. Et il y a certains pays où, par exemple au Laos, au Népal, le mot autostop n'existe pas. Donc, personne ne connaisse pas. Et donc, pour eux, un étranger dans leur pays, soit il prend un bus, soit il prend un taxi. Mais donc, c'est inconcevable de le faire monter dans sa voiture. Donc, il fallait à chaque fois m'assurer que les personnes comprennent bien et que ce ne soit pas des taxis. ou des personnes qui se transforment en taxi juste pour moi. Donc, ma technique, c'était de ne jamais dire où j'allais directement, à chaque fois de demander où allait la personne pour voir si elle me dit, moi, je vais dans telle ville. Je dis, parce que je peux monter avec vous. Si jamais c'était des taxis, ils ne me disaient pas de ville parce qu'ils n'avaient pas de destination. Et donc, comme ça, j'arrivais un peu à faire le tri. Et donc, la phrase d'accroche, c'était bonjour, je suis français, je voyage à travers le monde, j'aimerais bien me rendre dans… Voilà, dans la direction de Delhi, de Pékin, de Jakarta. Vous, dans quelle ville vous allez ? Est-ce que je peux monter à l'arrière avec vous ? Et voilà, j'essayais de baratiner ça, soit en apprenant quelques mots de langue locale, soit en imprimant un texte papier où j'expliquais mon cas, en fait. Où je disais, ben voilà, je suis français, je voyage sans argent, sans prendre les bus, sans prendre les trains, mais en faisant de l'autostop. Autostop, des fois, s'il n'y avait pas de mots dans les langues, je traduisais ça par trajet gratuit ou des équivalents. ou voyager avec vous dans votre véhicule, voyager avec des inconnus. C'est fort sympathique et c'est vrai que dans certains pays, c'était plus forcément mettre ton pouce au bord de la route et attendre qu'une voiture s'arrête. Dans d'autres pays, c'était simplement aller dans les stations-service. D'autres fois, c'était avec des pancartes. J'ai un peu tout essayé dans chaque pays. Puis en fait, il y avait à chaque fois une technique qui émergeait, qui était plus efficace et qu'ensuite que j'employais pour le restant de mes jours dans le pays.

  • Speaker #2

    Oui, parce que j'imagine en tout cas en France, surtout peut-être, mais même comme tu parlais de l'Australie, il peut y avoir aussi un petit peu parfois cette trouille de prendre quelqu'un dans la voiture qu'on ne connaît pas.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #2

    La situation peut-être la plus cocasse parce que tu as dû être pris parfois dans des camions, des voitures, des motos. C'est quoi la situation la plus cocasse que tu aies eu ?

  • Speaker #1

    Il y en a eu beaucoup. Il y en a une qui était très gênante, c'est qu'en fait, j'ai été pris par un couple qui s'est engueulé. En fait, j'assistais à une dispute de couple. En fait, c'était un couple, c'était en Thaïlande. Et en fait, le mari avait fait de l'autostop dans sa jeunesse, donc il voulait me prendre en tant qu'autostoppeur. Et sa femme ne voulait pas du tout. Et donc, du coup, ils m'ont fait monter à bord. Et donc, du coup, ils se sont engueulés non-stop. Et c'était très compliqué. Et en plus, ils savaient que j'étais français, mais ils parlaient allemand. parce que la femme était thaïlandaise et le mari était allemand. Et donc, en fait, il parlait en allemand. Et en fait, il ne savait pas que je comprenais un petit peu l'allemand. Et donc, en fait, j'ai compris que la femme m'insultait en allemand. Il y a quelques notions d'allemand. J'ai compris qu'elle m'insultait en allemand. Et je me disais, oh là là, dans quelle galère je me suis mis. Et le mari était super gentil, mais la femme ne faisait que de l'insulter, etc. Et donc, au final, ça s'est passé qu'ils m'ont déposé sur l'autoroute, sur la bande d'arrêt d'urgence. Donc, c'était un peu... un peu compliqué donc j'ai dû remarcher pour aller une station service mais mais voilà j'ai quand même faire 150 km avant vraiment que que la femme ait raison de son mari mais ouais c'était un peu particulier il ya eu des personnes des fois beaucoup de quiproquos mais ouais celle ci c'était assez particulière il y avait également un monsieur qui était un acheteur compulsif entre guillemets à chaque fois qu'ils voyaient une station service il s'arrêtait dans les stations services pour acheter des mm des mars des sni En fait, on a roulé 8 heures ensemble. Il n'a jamais pris de vrai repas, entre guillemets, avec du riz, des pâtes, etc. Et en fait, à chaque station service, il m'achetait aussi des sneakers. Et donc, du coup, j'ai dû manger 5 paquets de M&M's et 5 sneakers dans la journée parce qu'en fait, on s'arrêtait à chaque fois. Il prenait également toutes les boissons énergisantes, les coca thaïlandais. Pour vrai, on a fait 15 arrêts en 8 heures. C'était un peu... C'était un peu aberrant, mais extrêmement sympathique, le monsieur. Et donc, c'est des situations qui sont un petit peu cocasses. Après, des fois, il y a des belles rencontres humaines, des personnes où on a vraiment eu des bonnes discussions, mais des gens juste un peu étranges, un peu curieux, mais c'était rigolo.

  • Speaker #2

    Et celui qui s'est engueulé avec sa femme, lui, clairement, tu dis, il ne va pas m'inviter à dormir ce soir.

  • Speaker #1

    Clairement. Je pense qu'il aurait été seul lui, parce que lui il était extrêmement sympathique, mais la personne là non. Et après moi, j'ai jamais demandé directement l'hospitalité chez les gens. En fait, j'ai expliqué mon projet, puis ensuite libre à eux. Je laissais sous-entendre que j'étais ouvert à cette possibilité, mais c'est à chaque fois les gens qui faisaient le premier pas. J'ai jamais voulu m'imposer en demandant à l'hospitalité. Parce que c'est vrai qu'il y a certaines cultures où les gens n'osent pas dire non. Et donc en fait, si on demande ouvertement, ils n'oseront pas dire non et donc on va s'imposer à dormir chez eux. C'est pour ça que je n'ai jamais demandé directement. Même s'il y a peut-être 5 ou 10 des personnes qui m'invitaient chez elles, comme sur une journée, des fois, j'avais 10, 20, 25 conducteurs. Le plus, ça a été 28 en une seule journée. Dans le lot, il y a forcément des gens qui se proposent de m'inviter chez eux. C'est comme ça que plus de la moitié du temps, j'ai été hébergé chez l'habitant. Ou grâce aux habitants, des fois, c'est des personnes qui me disent Moi, je ne peux pas te loger chez moi, mais tiens, je vais te payer l'hôtel. Tu peux mettre ton matelas dans une salle de classe. Ou tiens, tu peux dormir à la mosquée, à l'église, au temple. Ou tiens, moi, je suis médecin dans cet hôpital. Et puis, il y a une chambre qui n'est pas utilisée. Donc, tu peux dormir dedans. Donc, j'ai dormi un peu dans tout type d'hébergement. Des hébergements très insolites. Ce qui était très insolite, il y a eu une mosquée. C'était très confortable grâce au tapis. Sinon, il y a eu les stations-service. Il y a eu sous les tables des restaurants. car je ne trouvais pas d'hébergement, je devais dormir sous les tables de restaurant. En fait, dans certains pays, c'est particulièrement le cas en Chine, les hôtels n'ont pas forcément la licence et l'agrément pour recevoir des étrangers. Donc ça veut dire qu'en tant qu'étranger, des fois je suis dans une ville de 10 millions d'habitants et aucun hôtel ne pouvait me recevoir, les hôtels ne pouvaient accueillir que des Chinois. Et donc je me suis dit, il faisait moins 15 degrés dans la ville, mais où est-ce que je vais dormir ? Et donc du coup, je tourne pendant deux heures, tous les hôtels me refusent. Et donc en fait, à la fin, j'ai toqué chez un marchand de nouilles et je lui ai dit, est-ce que je peux mettre mon matelas sous les tables ? J'ai poussé les chaises et j'ai dormi comme ça sous les tables du restaurant de deux heures à six, sept heures du matin. Et puis ensuite, je suis reparti le lendemain pour dormir au chaud parce qu'en fait, par moins 15, ce n'était pas possible de dormir dehors. Et donc, j'ai souvent dormi au Kazakhstan, en Inde, en Indonésie. C'était assez facile de dormir dans les restaurants. Dans d'autres pays, je négociais. Je disais, je vous prends un repas du soir et puis en échange, je peux dormir là. Donc, c'était une combine. Il y a souvent une bonne ambiance dans les restaurants. Donc, moi, j'aimais bien. Et c'était dans certains endroits, par exemple au Vietnam, au Laos, les gens n'ont pas forcément la culture d'inviter chez eux. Mais le restaurant, c'est un peu un lieu neutre. C'est un peu un entre-deux. Et donc du coup, les restaurateurs, quand je n'avais vraiment rien, je demandais à dormir dans ces lieux-là. Et puis les restaurateurs, ça lui faisait un repas pour le soin, un repas pour le lendemain au petit déjeuner. Donc dans certains pays, c'était appréciable pour eux. Et puis moi, je dormais sur mon matelas que je gonflais, dans mon sac de couchage. Donc ce n'était pas trop d'entretien pour eux.

  • Speaker #2

    J'adore parce que j'allais te dire, dans ces moments de galère, est-ce que tu n'as pas envie d'arrêter et de te demander pourquoi tu es là ? Et là, en fait, en t'écoutant, tu as transformé le truc en disant moi, j'aimais bien parce que les restaurateurs, ils étaient sympas J'ai l'impression que tu as une philosophie qui est quand même ultra positive et que même les moments de galère, tu les as oubliés.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Déjà, il n'y en a vraiment pas eu beaucoup des moments de galère. J'ai cette chance aussi qui est venue peut-être du fait de ce voyage à relativiser énormément. Et ce qui fait qu'en fait, j'essaye de voir le positif de chaque événement. Et par exemple, une fois, il y a eu un... C'est peut-être la plus grosse galère. Une fois, je me suis, suite à un malentendu, en fait, je me suis retrouvé arrêté par l'armée azerbaïdjanaise. J'ai passé une journée dans une prison slash caserne en Azerbaïdjan. Et c'est vrai que j'étais menacé par des kalachnikovs, etc. au début. Donc, c'était un petit peu inquiétant. Et puis, au final, je réussis à expliquer un petit peu mon cas. Et les gens étaient très sympathiques. Et puis après, ils m'ont apporté à manger. Ils ont présenté un peu leur quotidien à l'armée parce que moi, je n'ai pas fait mon service militaire. Donc, je ne savais pas trop comment c'était le quotidien à l'armée. Puis l'armée en Azerbaïdjan, je pense que ça va être un peu comme l'armée chez nous, mais il y a 50 ans. Donc, un peu comme mon père ou mon grand-père ont fait leur service militaire. Et au final, c'est vrai que c'était une grosse peur sur le moment. Mais après coup, je me suis dit que c'était une expérience géniale de découvrir un peu le quotidien de l'armée. Je n'ai jamais eu peur. C'est vrai que des fois, j'étais dans des situations un petit peu qu'on pourrait juger de difficiles. Et à chaque fois, j'essayais de voir le positif chez les gens et de me dire que rien de mal n'allait m'arriver. C'est vrai, sur les 1100 conducteurs, jamais j'ai eu, je me suis senti en danger. Jamais j'ai été menacé. Jamais j'ai été volé. Je ne suis tombé qu'une seule fois malade. J'ai pris du Doliprane pendant deux jours et puis j'ai été guéri. Je n'ai jamais eu de gros soucis entre guillemets, où j'ai dû être à l'hôpital pendant 15 jours, ou être volé tout mon sac à dos, etc. Ça ne m'est jamais arrivé. Donc, j'ai eu cette Ausha.

  • Speaker #2

    Écoute, en tout cas, tu vois, même le dernier épisode que j'ai enregistré, c'était quelqu'un qui disait, en fait, moi, je veux continuer d'avoir foi en la vie, en les hommes. Et tu confirmes vraiment ce côté-là, parce que c'est vrai que ça paraît dangereux. Et pour autant, une fois que tu es en prison en Azerbaïdjan, hop ! Je pense que j'aurais paniqué et j'aurais peut-être fait le mytho. Mais je pense qu'en effet, après, tu relativises tellement parce que tu as vraiment eu un coup dur et ça s'est finalement bien passé parce que tu avais aussi une belle personnalité, que tu avais confiance en fait en ton projet.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. J'ai réussi, quand j'étais en Azerbaïdjan, à faire confiance, à montrer qu'en fait, ils m'ont pris pour un espion à la base. C'était ça le motif de mon arrestation. Et après, ils ont vu que j'avais des sacs à dos, que j'avais des baklavas périmés dans mon sac à dos parce qu'avant, j'étais en Turquie, etc. Ils se sont dit, mais c'est qui cet espion ? Et donc après, ils ont relativisé. Et le point positif, c'est que le général de la caserne m'a pris en stop après et m'a ramené dans une autre ville. C'était un peu la petite victoire à la fin de la journée. J'ai toujours eu cette foi, même dans les moments les plus difficiles en l'humanité. quels que soient les pays, quelles que soient les religions, quelles que soient les cultures, je me suis dit, il y a des hommes bons partout. Et c'est vrai, n'importe où, j'ai toujours réussi à trouver des gens qui acceptent de me faire monter gratuitement dans leur véhicule. Il n'y a aucun endroit où je me suis dit, ah ouais, là, ça ne marche vraiment pas. Même en Australie, où c'était plus difficile, j'attendais deux, trois heures et puis je trouvais quand même quelqu'un pour avancer. Donc, à travers tous les pays, j'ai toujours trouvé des hommes charitables qui acceptaient de me faire monter dans leur véhicule. Ça, c'est vrai que c'est la plus belle des découvertes. Et c'est vrai que ce voyage… C'est le mien, mais c'est surtout celui de 1100 conducteurs, une immense chaîne humaine qui s'est relayée pour me conduire de chez moi à l'endroit le plus éloigné de France, jusqu'aux îles Chatham. Et ça, c'est vrai que ce n'était pas gagné d'avance. Moi, j'étais persuadé avant de partir qu'il y avait bien un moment où ça allait coincer. Au final, ça n'a jamais coincé. J'ai toujours pu avancer. J'ai toujours trouvé des âmes charitables qui acceptent de me faire monter dans leur véhicule, qui acceptent de m'accueillir chez eux, de me faire visiter leur région, de me faire découvrir leur gastronomie. Et c'est vrai que cette foi en l'humanité s'est vraiment renforcée à travers ce voyage et de se rendre compte qu'il y avait des personnes avec qui on ne parle pas forcément la même langue, mais qui sont extrêmement gentilles, qui me couvraient de cadeaux, qui me couvraient de nourriture, qui étaient extrêmement sympathiques, toujours avec le sourire. Ça, ça faisait vraiment chaud au cœur et ça donne foi dans le genre humain, ça c'est sûr.

  • Speaker #2

    C'est un super message. Je sais qu'au départ, tu voulais aussi transmettre ce message et tes valeurs à travers les écoles du monde entier. Est-ce que ça, tu peux nous en parler ?

  • Speaker #1

    Oui, donc c'est vrai, quand je suis parti, j'ai toujours voulu partager. Je me suis dit que ça allait être une belle aventure, ce serait dommage de la garder pour moi. Et donc, en fait, j'ai fait d'abord un partenariat avec quatre écoles primaires pour faire des visioconférences avec les enfants tous les 15 jours. Et donc, en fait, tous les 15 jours, j'appelais les enfants une heure et je leur présentais, voilà, aujourd'hui, je suis en Turquie, voici le quotidien des petits-enfants turcs dans tel pays. En Turquie, les petits garçons vont dans une école, les petites filles vont dans une autre école, ce n'est pas mixte. Dans ce pays-là, ils ont un uniforme. Dans ce pays-là, les enfants ne vont à l'école que le matin. Dans tel pays, ils ne vont à l'école que l'après-midi. Je représentais le quotidien. Des fois, dans certains pays, les enfants vont aller au champ. Dans certains pays, les filles n'avaient pas le droit d'avoir accès à l'éducation, alors que les petits garçons avaient le droit. Je leur présentais toutes ces facettes-là. Je leur présentais la gastronomie, je leur présentais les climats. Je leur montrais les billets dans les différents pays. présenter, voilà, tous ces aspects-là. Donc, c'était super intéressant pour eux. Et je me suis dit, ça peut être également sympa de le partager, mais avec les enfants sur place. Et donc, du coup, la première école où je suis allé, c'était en Italie. Ça a été une expérience géniale. Le corps enseignant s'est montré vraiment très enthousiaste à l'égard du projet. Donc, comme ça, j'ai pu passer une après-midi dans une école primaire, à passer de classe en classe, à parler de mon voyage, à répondre aux questionnements des plus petits, puis essayer également de transmettre… des messages, des valeurs de tolérance, de dépassement de soi, de vivre ensemble, de croire en ses rêves. Tous ces messages-là, ça m'a conduit à intervenir dans une trentaine d'établissements. Dans la plupart des pays où je passais, j'essayais d'aller au moins dans un collège, dans un lycée, dans une association, dans une ONG, pour rencontrer les enfants. Et puis moi, ça me permettait également de discuter avec eux, de voir leur passion, leur sport préféré, la personnalité française qu'ils connaissaient. C'était super intéressant d'avoir tous ces dialogues interculturels à travers le monde et ça j'ai adoré. Au fur et à mesure, j'en faisais de plus en plus. Je pense qu'au tout début du voyage, c'était une fois par mois. Puis à la fin, je passais au moins une journée par semaine à intervenir. Et moi, ça m'a permis de donner du sens à ce projet. Également, d'avoir du contact pour les écoliers français. Parce que la plupart du temps, quand je passais par exemple un lycée en Indonésie ou en Inde, je demandais aux écoliers d'écrire une lettre. Et ensuite, je l'ai envoyée, je l'ai scannée pour les enfants en France. Donc comme ça, ils voyaient... le quotidien et puis également il pouvait avoir un peu un échange avec les gens

  • Speaker #0

    les colliers, mais à l'autre bout de la planète. Et ça, c'était une expérience formidable et qui m'a vraiment également permis de me dire, voilà, ce voyage a un sens. Ce n'est pas juste du tourisme déguisé, etc. Mais il y a vraiment quelque chose. Et puis, ça me permettait également de redonner un petit peu à l'humanité tout ce que l'humanité m'offrait. Et c'est vrai que c'est pour ça que je me suis beaucoup investi en Inde ou en Indonésie, où les gens étaient extrêmement généralement des gars. Je me dis, mais comment les remercier ? Je trouvais que faire voyager, faire rêver leurs enfants, c'était une belle manière de les remercier.

  • Speaker #1

    Alors moi, j'ai une question par rapport à ça. Est-ce que tu as eu une réaction justement peut-être aussi de certains enfants quand tu dis que c'était important aussi de leur montrer que c'est d'aller au bout de ses rêves ? Tu vois, moi, à Bali cet été, à un moment donné, je discutais avec un chauffeur qui était dans une région magnifique et je lui dis quand même qu'est-ce que tu es chanceux de vivre ici. Tu vois, c'était… Oui. Et lui me dit, pour moi, ça me paraissait, tu vois, le paradis sur Terre. Et lui me dit, entre nous deux, je pense que le plus chanceux, c'est toi, parce que toi, tu peux découvrir le monde. Alors que moi, je suis, OK, je vis dans ce paradis, mais je rêverais d'aller justement découvrir un petit peu d'autres facettes et qu'ils n'ont forcément clairement pas les mêmes moyens. Donc, ça m'intéresse, tu vois, de voir un peu comment, est-ce qu'ils pensaient que c'était accessible aussi pour eux ? Comment ils réagissaient quand tu leur disais ? Vous parliez de dépassement de soi et de réalisation de rêve.

  • Speaker #0

    Donc, c'est vrai que je les incitais à accomplir leurs rêves, mais ce n'était pas forcément de faire un tour du monde ou faire ce genre de choses. Il y a certains pays, c'est les motiver à continuer leurs études, les motiver à s'investir dans le sport. Et si cette barrière que voyager, on pense objectivement que ça coûte cher, que c'est ça qui pourrait restreindre les Indonésiens, les Indiens de voyager. Et en fait, lorsqu'on parcourt le monde, on se rend compte Moi, je dépensais des fois en Inde, je dépensais par mois, je dépensais moins d'un smic indien, donc je dépensais moins de 50 euros par mois. Et donc, c'était possible de voyager en fait dans ces conditions. Et il y a certains pays où les gens ont un peu des barrières mentales, ils pensent que c'est très très cher de voyager, etc. Et puis en Inde, j'ai rencontré beaucoup de gens qui sont un salaire de misère, etc. Mais ils vont s'entasser dans des bus, ils vont traverser le pays, ils vont aller dans des temples, etc. Ils sont très éloignés. et qui vont ainsi pouvoir voyager et avoir ce moyen de découvrir leur pays. Donc c'était possible, mais surtout ce que j'essayais de faire, c'était vraiment les motiver à continuer les études, car dans certains pays, c'est ce qui fait la différence au final, l'éducation, que ce soit par la maîtrise de l'anglais, car il y a beaucoup de gens qui n'ont pas l'intérêt de parler l'anglais ou même les langues étrangères de manière générale. Donc je leur disais, vous pouvez discuter avec moi, vous pouvez... vous renseigner sur Internet, vous pouvez aller travailler, étudier dans d'autres pays. Et donc, j'ai essayé de leur faire sauter un petit peu ces barrières mentales qu'ils avaient dans la tête.

  • Speaker #1

    C'est très chouette. Est-ce que tu penses que ce voyage t'a changé, toi, personnellement ?

  • Speaker #0

    Oui, infiniment. Et même moi, je voyais de semaine en semaine, je n'étais plus le même. Ça a vraiment été très flagrant. Et c'est vrai que dans certains pays, j'arrivais, je me disais, c'est bizarre ça, machin. Et puis au final, je me disais, mais pourquoi ils font ci, pourquoi ils font ça ? Et puis au bout de 15 jours, je me disais, ah oui, mais c'est normal, c'était moi qui ne comprenais pas. Et ça, ça s'est passé de manière perpétuelle, en fait, pendant ces 17 mois d'aventure. Je me voyais vraiment évoluer et beaucoup sur la tolérance. Car des fois, on dit, ah ouais, mais c'est vrai que c'est bizarre. Certains pays, certaines religions, il y a une conception de l'homme et de la femme qui est différente. En Inde, il y a les castes. Mais voilà, d'essayer de ne pas transposer ce que nous, on pense est le mieux pour eux. Mais essayer juste de voir qu'ils vivent en harmonie, que tout le monde est heureux comme ça. C'est vrai que cette tolérance est quelque chose qui est fondamental. Dans certains pays, par exemple en Indonésie, il y a différentes religions. Mais tout le monde arrive à vivre en paix ensemble parce qu'il y a une très grande tolérance. Mais en Inde, il n'y a pas cette même tolérance. Et donc, du coup, il y a beaucoup d'exactions qui sont commises par les communautés religieuses les unes envers les autres. Et c'est vrai qu'on se rend compte que c'est un peu la pierre angulaire. pour bâtir une société multiculturelle où chacun peut vivre sa foi, vivre dans sa culture en paix. Et également, une grande tolérance, ça permet de ne pas avoir de préjugés, de ne pas avoir d'a priori lorsqu'on va vers les autres et ainsi de pouvoir faire une discussion, une pleine conversation avec les gens. On discute de manière pleine et on est apte à recevoir car on n'a pas de fixettes, on n'a pas d'a priori, on n'a pas de préjugés, on abandonne tout ça. Et comme on n'a plus tout ça, on peut vraiment vivre des belles relations et des beaux échanges avec les personnes, quels que soient les pays.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu crois que dans ta vie de tous les jours, alors après tu vas nous raconter ce qui va se passer après ce voyage, mais est-ce que tu penses que dans ta vie de tous les jours, tu vas réussir à garder ce même objectif de réussir à vivre avec tolérance, sans préjugés ? Est-ce que tu penses que tu vas savoir l'appliquer aussi bien dans ton quotidien en France qu'en voyage ?

  • Speaker #0

    Je vais essayer, mais je pense que cette ouverture d'esprit, ça m'a permis de... C'est des choses que j'ai apprises et qui me serviront toute ma vie. Ce sens de la nuance également, essayer de ne pas voir le monde de manière binaire, de manière très manichéenne, comme ça peut être le cas si généralement on regarde les médias, où il y a un camp du bien contre un camp des méchants. mais que l'histoire et les pays sont très complexes. Donc, toute cette ouverture d'esprit, je pense, elle me servira. C'est vrai que maintenant, quand je regarde les médias, quand je suis revenu, c'était pour le deuxième tour des législatives. J'ai quand même plus de profondeur d'esprit, arriver à décrypter, lire entre les lignes. Et ça, ça me servira beaucoup. Je pense que c'est quelque chose, je ne sais pas si j'aurais pu l'acquérir autrement que par ce voyage, une expérience de dépouillement complet. d'aller à rencontre de personnes au mode de vie complètement différent. Mais ce n'est pas parce que le gars est fermier au fin fond de l'Inde, à vivre dans une maison en terre, qu'il n'a rien à m'apprendre. Je pense qu'au contraire, il a autant de choses à m'apprendre que le millionnaire chinois ou le banquier australien. Et donc, toutes ces personnes-là avaient quelque chose à me transmettre. Et je suis riche de toutes leurs expériences, de tous leurs témoignages pour pouvoir grandir et mûrir au fur et à mesure. Et c'est vrai que je pense que c'est peut-être également pour ça que j'intervenais plus dans les écoles au fur et à mesure de mon voyage. C'est qu'au début, au bout de deux mois, j'avais quand même des acquis, parce que deux mois de voyage en autostop, ce n'est pas rien. Mais après plus d'un an, un an et demi, j'avais quand même beaucoup plus de choses à transmettre qui revaloient auprès des étudiants, des lycéens, etc.

  • Speaker #1

    En tout cas, tu le retranscris vraiment très bien.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Si tu devais choisir, parce que souvent, on me pose la question, c'est quoi les pays que tu as préférés, etc. C'est trop compliqué, je trouve. Si tu avais une journée sur les 500 à revivre, ça serait laquelle ?

  • Speaker #0

    Waouh ! Ah, on ne me l'avait jamais posé celle-ci, c'est une bonne question. On ne me l'avait jamais posé. Je pense que c'est une journée qui a eu beaucoup d'ascenseurs émotionnels. C'est cette journée où j'ai dormi dans le restaurant, où c'était extrêmement compliqué parce qu'en fait, je venais de faire 1000 km d'autostop. J'arrive, 1000 km de stop en Chine, ce n'était pas rien. J'arrive dans une ville à 23h, je ne trouve aucun hébergement. Je trouve un hébergement au final à 2h du matin dans un restaurant. Je dors 5h sur un matelas, vraiment pas très bien. Le lendemain, je me réveille à 6h par le restaurateur qui avait des clients. Le lendemain, je marche 4h, je suis éreinté pour sortir de la ville parce que la ville faisait 15 millions d'habitants, donc je ne pouvais pas faire du stop en centre-ville pour marcher jusqu'à une entrée d'autoroute. Donc voilà, j'arrive à une station de service, j'arrive à trouver des gens qui me permettent d'avancer. Et puis au final, à 14h-15h, je tombe sur une multimillionnaire chinoise, une personne complètement déroutante. et elle m'invite, prend stop, elle me ramène chez elle, elle me présente à des amis, elle m'invite dans un restaurant panoramique, elle me paye une suite le soir pour dormir, et ses amis parlaient tous en anglais, donc j'ai vraiment pu avoir une discussion passionnante avec eux, ils m'ont emmené dans des casinos clandestins, parce que les casinos sont interdits en Chine, et on a terminé la soirée je pense à 4h du matin, et c'est vrai qu'outre le fait qu'elle soit millionnaire, c'est surtout la censure émotionnelle en fait. On vit et en fait, c'est des choses qui sont très difficiles à vivre et peut-être seul l'autostop est capable de transmettre ces choses-là. Ou en fait, le matin, on passe de vagabond. J'étais affamé, je n'avais pas dormi. J'avais marché 15 kilomètres par moins 10 degrés. J'étais enmitouflé dans ma grosse parquette. Et deux heures après, je suis pris en stop par une millionnaire qui m'invite dans un restaurant panoramique, qui me paye une suite. J'avais une baignoire dans ma chambre d'hôtel. Vraiment un truc lunaire comparé à toutes les galères que j'avais vécues. C'est vrai que cette journée, c'est peut-être là où j'ai plus d'ascenseur émotionnel. C'est vrai qu'il y en a eu des dizaines et des dizaines, des journées comme ça. Ne serait-ce que la joie d'arriver dans un nouveau pays, franchir une frontière à pied. On a le passeport tamponné, on arrive dans un nouveau pays, c'est un nouvel alphabet, c'est une nouvelle cuisine, c'est des nouveaux billets. Toutes ces choses-là, ce sont des choses qui sont extraordinaires. Ils sont très difficiles à retranscrire également, parce que maintenant que je m'attends à écrire le livre, c'est très difficile et des fois frustrant de ne pas avoir cette sensation d'écrire très très bien, alors que ce qu'on a vécu, au fond de soi, on sait que c'est exceptionnel et que c'est des choses qu'on souviendra toute notre vie. Cette journée-là était très particulière. Et puis ensuite, je suis resté deux jours avec elle, et ensuite le lendemain, deux jours après, j'ai repris l'autostop. Puis au final, je suis tombé sur des gens qui ne m'ont pas invité chez eux, et j'ai donc dû dormir dans la salle pour changer les bébés. dans les stations essence parce que de minuit à 6h du matin, il n'y a pas de bébés qui sont changés. Et puis j'ai mangé mes nouilles chinoises froides dans la station service. Et puis voilà, c'était vraiment les montagnes russes d'émotion. Et puis ensuite, après, je suis retombé sur quelqu'un qui m'a invité chez lui, etc. Donc c'était vraiment de manière perpétuelle, encore plus accentuée en Chine, où c'était vraiment, je passais de tout à rien. Mais oui, il y a eu des émotions très fortes. Après, il y a eu certains moments très, très forts. Par exemple, arriver devant l'Opéra de Sydney, ça c'est un moment qui est magique. Après 3000, 4000 kilomètres d'autostop en Australie, on arrive devant l'Opéra de Sydney, que moi je connaissais depuis Nemo, que j'avais vu quand j'avais 3 ou 4 ans, et un lieu que ça fait 20 ans que je connais, là j'arrive en autostop, c'était complètement lunaire. Et donc ouais, il y a eu beaucoup de pics émotionnels comme ça, qui sont exceptionnels en fait.

  • Speaker #1

    Je ne te demande pas si l'objectif est atteint.

  • Speaker #0

    Oui, plus qu'à peine. C'est vrai qu'en partant, on se dit, tiens, j'ai une ligne directrice avec les îles Ausha. Je pense que c'est quand même bien d'avoir un objectif. Mais le plus important, c'est les rencontres. C'est le chemin plus que la destination qui importe. C'est vrai que toutes ces rencontres, je ne pensais pas vivre le dixième de ce que j'ai vécu. Moi, j'aurais pensé que l'autosab aurait été bien plus compliqué, que mon quotidien se résumerait à errer sur les stations-service, au bord des aires d'autoroute. à la sortie des ronds-points avec un panneau sous la pluie. Au final, c'était une odyssée humaine et l'autostop, bien sûr, c'est ce qui m'a permis de vivre ces éléments, mais c'est toutes ces rencontres que je vais retenir et qui ont marqué ce périple de manière indélébile.

  • Speaker #1

    Il y a vraiment, en tout cas, une rencontre dont j'avais vraiment envie d'entendre ton récit, c'est celle du Dalaï-Lama, et c'est d'ailleurs pour ça que je t'ai contactée aussi. Ce qui est assez rigolo, tu vois, c'est que là, on est bientôt à une heure d'enregistrement. Tu n'allais pratiquement pas. Si je te posais la question, tu n'allais pas en parler. Tu parles juste des gens qui sont comme toi et moi dans n'importe quel pays, alors que là, c'est quand même en tout cas un peu le graal d'une rencontre comme ça. Est-ce que tu peux quand même nous en parler ?

  • Speaker #0

    Bien sûr, oui. Mais c'est vrai, tellement de choses, c'est difficile après de resituer quand on vit plein d'émotions très fortes. Mais c'est vrai que le Dalai Lama, c'est d'abord un immense concours de circonstances. Pour resituer un petit peu le contexte, moi, je me trouvais au Tadjikistan et je voulais continuer par la Chine. Sauf que la Chine me refuse le visa dans un premier temps et je ne peux pas aller en Chine. Et donc, du coup, je me retrouve au Tadjikistan et je me retrouve bloqué entre la Chine, la Russie, l'Afghanistan.... Donc voilà, mes parents, je les comprends, ne voulaient pas que je fasse de stop en Afghanistan. Donc je prends un petit avion pour survoler l'Afghanistan et pour arriver dans le nord de l'Inde. Et là, je me retrouve en Inde sans trop savoir pourquoi, parce que c'était le premier pays disponible qui était à une heure et demie d'avion. Il n'y avait que 700 kilomètres à vol d'oiseau. Donc je me retrouve en Inde, je commence à faire le stop et ça se passe bien avec les gens et les personnes. me recommande, tiens, va dans cette ville, à Dharamsala, dans l'Himalaya, tu verras, tu vas adorer. Moi, je n'avais pas de plan parce qu'en fait, encore une semaine avant, je pensais aller en Chine, je pensais être à Pékin, au final, je me retrouve à Delhi. Donc, c'est quand même un peu rien à voir. Et donc, je me retrouve en fait à me dire, tiens, je vais aller dans cette ville de Dharamsala. Donc, après une petite semaine de stop, j'arrive dans cette ville qui est vraiment magnifique. Pour le coup, je me dis, je comprends pourquoi les gens m'ont recommandé. En Inde, il faisait 45 degrés. Dans cette ville, on est à 2000 mètres d'altitude, donc il fait 20-25 degrés. On respire bien plus. Il y a la montagne, il y a de la forêt. C'est super sympathique. On balade dans la ville. C'est vrai qu'il y a un temple qui est marqué Temple du Dalai Lama. Je me dis que c'est rigolo qu'ils appellent ça comme ça. Mais je ne l'utilise pas parce que d'un point de vue purement religieux, il y a plein d'églises qui sont baptisées selon le nom de pape, selon le nom de saint. Donc moi, je me dis, OK, ils appellent le temple comme ça. Et puis moi, dans ma tête, le Dalai Lama, il était au Népal. Donc je me dis, bon, il n'est pas en Inde. Puisque je ne connais pas. Et au final, je me balade dans la ville et j'entends parler français. Et donc là, moi, ça faisait un mois que je n'avais pas entendu parler français. Donc je saute sur le gars. Je lui dis, mais waouh, je n'ai pas parlé de français. J'étais trop heureux. Et en fait, c'était un franco-tibétain. qui venait là pour justement demander une audience avec le Dalai Lama. Donc, on discute, etc. Je lui dis, qu'est-ce que tu fais là ? Il me dit, moi, je vais rencontrer le Dalai Lama. Donc, j'explose de rire parce que pour moi, le Dalai Lama, il est au Népal. Pour moi, on ne peut pas le rencontrer. Au final, il me dit, si, c'est possible. D'ailleurs, je le rencontre à la fin de la semaine. Mais d'ailleurs, toi aussi, tu peux le rencontrer si tu veux. Je lui dis, non, mais c'est… arrête de dire n'importe quoi, ce n'est pas possible. Et puis on rentre chez son cousin qui l'hébergeait. Donc moi, j'ai passé la semaine à vivre chez son cousin. Il me dit, en fait, il faut contacter l'office du bureau du Dalai Lama. Donc j'écris un mail, je n'ai pas de réponse. Il me dit, ah bah oui, mais c'est vrai, toi, tu l'as écrit en anglais, il faut peut-être le faire en tibétain. Bon, allez, viens avec moi. Et donc du coup, je me ramène avec ce franco-tibétain dans le bureau du directeur de communication du Dalai Lama où j'explique mon projet, etc. Lui, il joue l'interprète et là, il me dit Bon, ok, on vous tient au courant Donc là, je visite la ville, j'interviens dans l'école où il y a toute une école pour les exilés tibétains, où il y a plus de 3000 étudiants, donc je fais des conférences dans cette école. Et puis, je reçois un mail Cher M. Vénère, nous pourrons vous accepter pour une audience avec sa sainteté, le Dalaï-Lama, demain matin Et donc comme ça, en une semaine, j'ai pu obtenir une audience. Donc l'audience, on était dans un petit groupe, on n'était que sept étrangers, puis c'était des gens… Je me disais, j'étais un petit peu illégitime entre guillemets, c'est parce qu'il y avait quelqu'un qui s'était converti au bouddhisme, ça faisait dix ans qu'il lisait les enseignements, le frère du dentiste du Dalai Lama, et il me dit, ah ouais, moi depuis 50 ans, ils étaient plus âgés que moi, 50 ans que je suis le Dalai Lama, moi ça faisait une semaine, je ne savais même pas qu'il vivait là. Je suis sur les réseaux tous les jours, etc. Je ne savais même pas que le Dalai Lama avait Instagram. Et donc du coup je me ramène avec ce petit groupe là, et donc on arrive à avoir une audience, et donc il nous reçoit, et donc on a en fait, ça paraît éternel, mais on a 45 secondes en fait d'échange avec le Dalai Lama, ce qui est énorme. Donc on a un interprète qui lui précise qui on est, moi je lui dis bah voilà je suis français, je suis venu le voir en autostop, j'ai fait 15 000 km d'autostop pour venir le voir, donc là il me dit c'est quoi l'autostop, etc. Il dit Ah bon, ça marche bien et tout Et il rigole. Et ensuite, il prend mon pouce et il le frotte contre son front comme pour le bénir. Et il nous remet ensuite une grande écharpe qui symbolise qu'on a rencontré le Dalai Lama. Et puis ensuite, ça passe au suivant. Et c'est un moment qui est exceptionnel et qui est complètement irréel. Et pour moi, c'était inconcevable de pouvoir le rencontrer sur un immense concours de circonstances. 5-6 maillons qui se sont passés que si un seul ne s'était pas réalisé, je n'aurais pas eu la chance de le rencontrer. Et au final, j'ai pu rencontrer le Dalai Lama. Et puis ensuite, j'ai continué ma visite de l'Inde. Mais c'est vrai que ça s'est passé le 7 ou le 8e jour de mon arrivée en Inde. Et je ne comptais même pas aller là-bas. Donc, c'est vrai que c'est assez fou.

  • Speaker #1

    C'est incroyable. Et qu'est-ce qu'il y a comme émotion quand tu te retrouves en face de lui ? Il se passe vraiment quelque chose ?

  • Speaker #0

    Il se passe vraiment quelque chose et je dirais que déjà ça se ressent. Donc après, les croyances du bouddhisme, c'est intéressant, mais c'est vrai que tout le monde dit qu'il y a une énergie particulière dans toute la ville, qu'il y a l'aura du Dalai Lama qui rayonne. Et c'est vrai que je dois dire que même moi, si j'étais un peu cartésien et reluctant à ces idées-là, il y a quand même quelque chose de spécial. Et c'est vrai que dans toutes les rencontres que j'ai faites, des rencontres passionnantes, par exemple, le gars qui faisait le... les soupes de nous qui parlaient un anglais parfait, qui avaient été philosophes, qui avaient été marines dans l'armée indienne, qui se retrouvent là. Vraiment que des profils un peu atypiques, qu'une série de rencontres complètement extraordinaires. C'est vrai que pendant une semaine, ça a été fou. Quand on est face à lui, c'est une partie de l'histoire qui est face à nous. C'est la personne la plus connue, entre guillemets, que j'ai rencontrée lors de mon voyage, en tout du moins qui est... qui est connu même en France. Après, j'ai rencontré des chanteurs chinois qui sont suivis par 10 millions de Chinois, mais donc personne ne connaît en France. Mais lui, il est connu. C'est vrai qu'il a été pris le Nobel de la paix. Il a quand même une image et des préceptes qui sont très intéressants. Et pouvoir le rencontrer, c'était juste une chance inespérée. Et c'est vrai que du coup, il a béni mon voyage. Et moi, avant de partir, j'étais allé à Place Saint-Pierre où j'avais assisté à la bénédiction papale. Et donc, en fait, en quatre mois, mon voyage a été béni par le pape et par le Dalai Lama. Donc, j'étais vraiment sous les meilleurs auspices pour arriver à bon port. Donc, c'est vrai que c'était exceptionnel de recevoir la bénédiction du Dalai Lama et puis la bénédiction papale. La bénédiction papale, ce n'est pas pareil parce qu'il est à son balcon, on est sur une place, il y a 10 000 personnes. Mais voilà, c'est quand même deux personnes incroyables où il y a des milliards de personnes qui suivent leurs enseignements. qu'on soit pour ou contre, c'est quand même des personnes qui marquent le monde.

  • Speaker #1

    Faux et en même temps, je pense qu'il n'y a pas complètement de hasard. Il y a tellement peu de personnes qui ont pu le rencontrer et toi, ça a été de manière aussi facile. Je pense que c'est vraiment pas par hasard. Est-ce que avant qu'on termine, est-ce qu'en termes de spiritualité, ton voyage a changé quelque chose ? Alors, les valeurs, on l'a compris, mais en termes de spiritualité ou de religion, est-ce que ça a changé quelque chose ?

  • Speaker #0

    Oui, énormément. Moi, je dirais que je n'étais pas forcément très religieux avant de partir, mais j'ai eu la chance d'être immergé dans les six plus grandes religions du monde. Si on prend ces six religions, elles représentent 85% des croyances de la population mondiale. Et si on enlève les Chinois, c'est les croyances de 99% de la population mondiale. Donc, c'est les chrétiens, les musulmans, les juifs, les bouddhistes, les hindous et les sikhs. Et ces six religions, elles… Elles façonnent le monde par leur imprégnation dans les cultures, etc. Donc j'ai eu la chance de discuter avec des personnes de toutes ces religions. J'ai vécu deux ramadans, j'ai vécu deux fêtes de Pâques, j'ai vécu quatre mois dans un pays hindou, quatre mois dans des pays bouddhistes. J'ai rencontré des musulmans en Turquie, en Indonésie, sous les tropiques, en Chine, dans le désert de Gobi. Pour les chrétiens, j'en ai rencontré en Italie, j'en ai rencontré en Australie, dans quasiment tous les pays que j'ai traversés. C'est vrai que tous ces échanges spirituels, ça m'a beaucoup nourri, ça m'a beaucoup amené à me poser des questions. Et c'est vrai que je leur dis Ah ouais, c'est vrai que j'ai quand même beaucoup de chance dans mon voyage, tout se passe bien, j'attends pas longtemps, etc. Et beaucoup de personnes religieuses, quelle que soit leur religion, elles me disent Mais tu sais Lucas, il n'y a pas de hasard. Donc c'est vrai que ça amène à se poser des questions. J'ai beaucoup évolué, c'est vrai que maintenant j'ai des croyances qui n'étaient pas le cas avant de partir. Et puis c'est... Des fois, on est en galère, on est en Australie. Moi, ça faisait trois heures que j'attendais, il ne se passe rien. On fait une petite prière et puis bim, il y a une voiture qui s'arrête. Un gars qui nous propose de nous ramener chez nous, qui sort une côte de bœuf de 300 grammes, un barbecue ou un machin, alors qu'on était bouffé par les mouches toute l'après-midi. Donc oui, il y a des choses qui posent des questions. Et également, beaucoup de témoignages de personnes où, par exemple, des femmes qui n'arrivaient pas à avoir d'enfants. Au final, elles sont allées dans un monastère et la femme a eu des triplés le mois d'après. Une personne qui était vraiment en perdition, qui a envoyé une lettre à Lourdes et qui a réussi à obtenir une maison et un meilleur travail. Ou une personne qui ne s'en sortait pas dans sa vie, qui a fait un pèlerinage à la Mecque et qui a pu construire une école dans son village. Des personnes qui sont converties au bouddhisme et qui ont trouvé leur voie. Et c'est vrai que toutes ces personnes, ça m'a beaucoup interloqué, parce que je me suis dit, c'est fou, parce qu'il y a quand même six grandes religions à travers le monde. Ça me paraît très curieux qu'il y en ait une qui détienne plus la vérité que des autres, parce qu'il y a des milliards de musulmans, il y a des milliards de chrétiens, et pourtant, à chaque fois qu'ils prient leur Dieu, ça se réalise.

  • Speaker #1

    Dans tes prières, tu n'es pas obligé de répondre parce que c'est peut-être un peu intime, dans tes prières, tu priais qui ? Un dieu ? L'univers ? L'épisode ?

  • Speaker #0

    Moi, je dirais que j'ai… J'ai beaucoup évolué, donc c'est vrai qu'au début j'étais plus déiste j'étais vraiment plus de cette catégorie-là, de plus en plus, il y a un Dieu, mais voilà, qui s'exprime sous différentes formes. Et puis en fait, ce qui m'a beaucoup perturbé, qui m'a beaucoup intéressé, c'est qu'en fait la personnalité de Jésus est présente dans toutes les religions. Et en fait, toutes les religions essayent, et ça c'est un fait que j'ignorais complètement, et en fait toutes les religions essayent de, pas de le s'accaparer, mais essayent de le… de correspondre et d'avoir un lien avec lui. Par exemple, pour les musulmans, ils reconnaissent qu'il est né de la Vierge de Marie, que c'est un prophète, etc. Pour la religion Baha'i, c'est également un prophète. Pour certains courants du bouddhisme, c'est une réincarnation de Bouddha. Du coup, c'est un illuminé, quelqu'un qui a réussi à atteindre le nirvana. Il faut également suivre les enseignements. Pour les hindous, Pareil pour les hindous, ils sont polythéistes, donc du coup, ils disent moi j'ai Shiva, j'ai Brahma, mais j'ai également Jésus Donc ça m'a beaucoup interloqué que toutes ces religions se reconnaissent en fait, s'y ir de par ces enseignements. Et donc c'est vrai qu'après je me suis posé plus dans les livres religieux. Et après, qu'on soit croyant ou pas, il y a quand même des messages philosophiques extrêmement intéressants. C'est surtout de voir que chacun essayait de se l'approprier. Par exemple, les Ouïghours, ils me disaient Jésus, il est venu en Mongolie L'Indien me disait qu'il est passé en Inde, qu'il y a un prophète qui est allé en Turquie. Tout le monde a essayé de se réattribuer. C'est vrai que ça m'a beaucoup questionné. J'essaie toujours de chercher, de découvrir. Mais ça m'a beaucoup interloqué ces questions. Et puis, c'est également dans tous les pays, il y a des chrétiens, alors qu'il y a certaines religions comme l'hindouisme qui sont quand même plus cantonnées à certains pays ou certaines zones géographiques, alors que c'est une religion… qui est plus répandue, après même si ce n'est pas forcément énormément de fidèles à chaque fois, mais il y a quand même des millions de fidèles au Vietnam, en Mongolie, en Indonésie.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui se passe après ? Le retour, tu es revenu quand ?

  • Speaker #0

    Moi, je suis revenu à la fin du mois de juin. Ça va bientôt faire cinq mois que je suis rentré. Maintenant, je m'occupe entre… j'écris un livre. Le livre est quasiment fini. Maintenant, je vais essayer de chercher des éditeurs parce que ça va être bien compliqué. Je donne des conférences, j'anime des conférences environ toutes les semaines, tous les dix jours, donc dans les entreprises, dans les associations, dans les écoles, dans des ONG. J'ai également le projet de repartir pour l'Amérique du Sud en autostop cette fois-ci. Là, j'ai réussi à trouver un bateau qui va de Marseille à Rio. C'est vrai que ça vient vite parce que je pars la semaine prochaine. Donc voilà, je repars à l'aventure, peut-être pas pour un an et demi, mais peut-être au moins pour six mois, quelque chose comme ça. peut-être retravailler après ce voyage en Amérique du Sud. Là, c'est vrai que pendant cinq mois, j'ai donné les conférences et le livre. Je me disais, je vivote entre guillemets avec les conférences, le temps que ça finance le livre, que ça finance l'écriture. Et puis ensuite, dans le tourisme responsable, etc., il y a plein de possibilités. Puis c'est vrai qu'il y a plein de profils de carrière, de profils de vie qui n'existaient peut-être pas il y a 20 ans. Et maintenant, on en voit de plus en plus. Donc, je ne me ferme pas de porte, mais c'est vrai que j'aimais quand même beaucoup l'ingénierie.

  • Speaker #1

    donc avoir peut-être retravaillé puis peut-être qu'au bout de 6 mois je verrai que j'aime plus ça que j'ai envie de faire autre chose donc on verra et que le voyage te manque trop est-ce que tu aurais un conseil à donner la même aventure que ce soit du voyage ou de l'autostop est-ce que tu aurais un conseil à donner je

  • Speaker #0

    dirais qu'il faut faire confiance aux gens et le problème de notre société c'est qu'on ne fait pas assez confiance aux gens on essaye à chaque fois de voir ce qui ne va pas les aspects négatifs et moi je suis toujours parti du principe que les gens me voulaient du bien Il fallait voir le côté positif des gens, qu'il fallait faire confiance aux personnes, même si elles paraissent louches, même si elles paraissent bizarres, il faut quand même leur faire confiance. Et au final, c'est un peu difficile à décrire, mais les personnes le ressentent lorsqu'on leur fait confiance, lorsqu'il y a un lien comme ça. Lorsqu'on est dans une énergie positive, les gens le ressentent. Et après, ça crée le chemin pour des magnifiques rencontres. Et après, on est sur une autoroute du plaisir et une autoroute de belles rencontres. Et c'est vrai que moi, je suis parti du principe de tout le temps faire confiance aux gens. Et ça a toujours marché. C'est ce qui m'a permis de vivre cette aventure extraordinaire. Donc, au début, il faut peut-être avoir peur un petit peu. Il ne faut pas avoir peur de se lancer. Mais ensuite, en faisant confiance aux gens et à la Providence, tout se passe bien et on vit des choses extraordinaires.

  • Speaker #1

    C'est une conclusion magnifique.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Je vais en tout cas les conseiller. Je pense que tout le monde va essayer de le suivre. Merci. J'ai vraiment adoré cet enregistrement. J'ai trouvé que c'était passionnant. En plus, tu le racontes.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Moi, j'ai la vidéo devant, donc avec tellement de... Tu as un sourire permanent sur le visage et c'est vraiment très, très agréable. On peut te suivre, du coup, sur Instagram, Pouce pour un. C'est ça. Et d'autres endroits où tu aimerais qu'on puisse te retrouver. Le livre, j'espère, bientôt. C'est ça. Si quelqu'un peut t'aider pour la sortie,

  • Speaker #0

    qu'il te suive. Je suis prôneur. Et principalement sur Pouce pour un, sur le compte Instagram, la plupart des choses. Donc, c'est là que je communiquerai pour le livre, pour les conférences et puis pour le voyage en Amérique du Sud. C'est principalement sur ce réseau. Après, je fais également des vidéos sur YouTube et TikTok. Donc, c'est également Pouce. Mais c'est principalement sur le compte Instagram où je communique, que ce soit pour les choses un peu formelles comme les conférences, les podcasts et pour l'aventure au quotidien.

  • Speaker #1

    Merci en tout cas d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #0

    J'ai hâte de te faire un plaisir.

  • Speaker #1

    De tes aventures maintenant en Amérique du Sud. Et puis, en tout cas, on te souhaite le meilleur. Et merci pour ton partage.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. C'était un plaisir. Bonne journée. Au revoir.

  • Speaker #1

    Salut Lucas. Et voilà, cet épisode est terminé. J'espère qu'il vous a plu. Si c'est le cas, n'hésitez pas à le partager avec votre entourage. Abonnez-vous pour ne manquer aucun épisode et prenez quelques instants pour laisser un avis ou une note sur votre plateforme préférée. Vos retours sont précieux et m'aideront énormément. Merci d'avance et à bientôt pour de nouvelles aventures.

Description

Dans cet épisode d'À ton tour du monde, Lucas Véner nous entraîne dans son incroyable aventure : 55 000 kilomètres à travers 25 pays en autostop, porté par la magie des rencontres. Plus qu’un simple voyage, Lucas partage des leçons de vie inoubliables, empreintes de tolérance, de dépassement de soi et de foi en l’humanité.

🌟 Au Programme de l’Épisode :

  • Une quête audacieuse : Pourquoi Lucas a choisi l’autostop pour parcourir le monde, en repoussant les limites du voyage conventionnel.

  • Des rencontres marquantes : Découvrez les anecdotes captivantes et les moments d’échange uniques avec plus de 1100 conducteurs à travers le globe.

  • Un cheminement intérieur : Comment chaque étape, du désert de Gobi à une audience avec le Dalai Lama, a transformé Lucas et renforcé sa foi en l’humanité.

Plongez dans une odyssée humaine où chaque kilomètre raconte une histoire, où chaque visage croisé ouvre la porte à un nouveau monde.

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invité: @poucepour1


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hello les voyageurs et bienvenue sur A ton tour du monde, le récit des voyageurs. Aujourd'hui j'accueille un invité incroyable, un véritable aventurier qui a su repousser toutes les limites. J'accueille Lucas Véner. Lucas Véner c'est l'homme qui se cache derrière Pouce Pourrin. Alors il faut qu'on imagine 55 000 kilomètres parcourus, plus de 500 jours de voyage, 25 pays visités et tout ça en stop. Lucas a voyagé grâce à 1100 conducteurs sans dépenser un seul centime en transport. Mais son aventure c'est bien plus qu'un défi logistique, c'est une véritable leçon de vie. Son objectif à la base était de relier le point le plus éloigné de France en partageant dans les écoles du monde entier des valeurs qui lui tiennent à cœur, la tolérance, le dépassement de soi et l'écologie. Lucas prouve qu'on peut voyager autrement, sans avion et surtout avec un esprit d'ouverture. incroyable. Bref, c'est un voyage qui inspire et je suis super contente qu'il soit avec nous pour nous raconter tout ça. Bienvenue Lucas.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup à toi, c'est un plaisir d'être ici.

  • Speaker #2

    Est-ce qu'on peut commencer peut-être par nous dire qui tu es et comment est née cette idée de Pouce pour un et ce défi un peu fou ?

  • Speaker #1

    Alors ce défi, il a mis beaucoup d'années à mûrir. Il faut savoir que j'ai eu un parcours un petit peu classique. lycée, école d'ingénieurs, etc. Et rien ne me prédestinait un petit peu à faire des voyages de cette envergure. Quand je suis arrivé en école d'ingénieurs, ma première année d'école d'ingénieurs, ça a été la période du Covid, qui comme énormément de monde, c'était une période très difficile. Et donc je me suis dit, dès que j'aurai la capacité de voyager, de partir un peu à l'aventure, de découvrir le monde, j'ai envie de le faire. Il faut savoir qu'avant ce voyage-là, je n'étais jamais sorti d'Europe. Donc je me suis dit, ça sera déjà une première d'aller en Turquie, ça sera déjà l'inconnu. Ce voyage, il a fait son petit bonhomme de chemin. Donc pendant toute mon école d'ingénieur, les deux, trois années qui ont précédé ce voyage, j'ai réfléchi où est-ce que je voudrais aller, quel type de transport utiliser, etc. Autostop s'est avéré à mes yeux le moyen le plus pratique pour rencontrer, discuter, sympathiser avec les personnes, car pour toutes les activités du quotidien. J'étais en contact avec eux, que ce soit pour me déplacer, mais également pour me loger, pour me nourrir, pour visiter, etc. Et donc ça, c'était une immersion complète dans la vie des habitants. C'est pour ça que j'ai choisi ce moyen de transport. Donc j'avais déjà fait des petits voyages en autostop en Europe, à l'étranger, deux, trois semaines. Et ça m'avait vraiment donné le goût à l'autostop. Et je me suis dit, bon voilà, si je fais un grand voyage, ça sera avec ce moyen de transport. Pendant les six derniers mois avant le départ de ce tour du monde, J'ai vraiment dit, OK, l'objectif, ça va être de rejoindre l'endroit le plus éloigné, uniquement en autostop, pour une durée de un an, un an et demi. Et j'ai également trouvé les sponsors, créé des partenariats avec les écoles de ma région, etc. Et donc, tout ça, ça a mis deux, trois ans à germer. Mais c'est vraiment lors des six derniers mois que j'ai travaillé à fond sur le projet.

  • Speaker #2

    C'est top. Donc, c'est super bien préparé. Par curiosité, est-ce que ton entourage a bien réagi ? Comment ils ont pris la nouvelle de partir comme ça ? Tu n'avais pas forcément de date de retour en plus.

  • Speaker #1

    Si, j'avais une date de retour. Peut-être ma spécificité par rapport à beaucoup de gens qui partent des fois sur des durées un petit peu indéterminées. Moi, c'était de rentrer pour les Jeux Olympiques de Paris. Je suis un immense fan de sport. Et donc, je me suis dit dans tous les cas que je sois arrivé en Nouvelle-Zélande ou pas, je serai de retour pour les Jeux Olympiques. Donc, j'ai réussi à être de retour pour les Jeux. Cette date butoir. Après, l'entourage, mes parents, mes frères, ils l'ont assez bien pris car... Je pense que c'est de plus en plus toléré de prendre des années sabbatiques, surtout après les études, etc. Mes grands-parents ont eu un peu plus de mal à comprendre car c'est une autre génération. Pour eux, dès que j'avais obtenu ce diplôme d'ingénieur, en plus je suis le seul de la famille à en avoir un, ils voulaient que je profite, que je rentabilise le diplôme. Mais voilà, ils l'ont très bien pris. Et puis comme il y a eu tout ce projet, j'ai réussi à trouver des sponsors qui ont financé l'intégralité du voyage avec les écoles, etc. Ils se sont rendus compte que ce n'était pas un projet. un projet, voilà, juste un voyage, mais qu'il y avait vraiment tout un projet autour, qu'il y avait des acteurs, etc., et que je n'étais pas seul à voyager. Donc, ça les a rassurés. Donc, ils ont très bien pris la nouvelle.

  • Speaker #2

    Premier pays, du coup, c'était la Turquie.

  • Speaker #1

    Donc, le premier pays, c'était la France. Ensuite, il y a eu l'Italie, l'Albanie, la Grèce. Et donc, le premier pays en dehors de l'Europe, c'était la Turquie. J'étais déjà allé en Italie et en Grèce avant. Le premier pays un peu inconnu, c'était la Turquie.

  • Speaker #2

    Le premier pays où il y a une différence culturelle peut-être un peu plus importante. Est-ce que tu te souviens de ces premières sensations ? Est-ce que tu t'es dit mon Dieu, qu'est-ce que je fous là ? ou c'était quoi les premières émotions quand tu arrives en Turquie et que tu as fait tes premiers stops en Turquie ?

  • Speaker #1

    Ça, c'est une très bonne question parce qu'en plus, je l'ai franchi la frontière à 3h30 du matin parce que j'avais des soucis, etc. Et donc, il a fallu que je trouve un camionneur pour passer la frontière. Et donc, du coup, on a passé la frontière en pleine nuit. Et il m'a déposé dans une banlieue industrielle d'une ville inconnue en Turquie à 4h du matin où j'étais poursuivi par des chiens, etc. Donc là, je me suis dit, ah ouais, l'aventure commence. Et au final, ça s'est bien passé. J'ai planté ma toile de tente dans un jardin public où il y avait les... les vieux toboggans, les balançoires pour enfants, etc. Donc, j'ai dormi quelques heures là. Et puis, le lendemain, je suis reparti. Mais c'est vrai que ça a été un choc parce que la première chose qui m'a vraiment épaté en Turquie, c'est la notion de vide, en fait. C'est qu'il y a des espaces où il n'y a rien sur 100 kilomètres. Il n'y a pas un village. C'est très aride, donc il ne peut pas y avoir de culture. Il y a vraiment cette notion où il n'y a rien qui se passe, entre guillemets. Il n'y a pas de vie. Et en France, il y a quand même un grand... un grand maillage de villages et puis s'il n'y a pas de villages, il y a des alpages, il y a des forêts, il y a de la vie entre guillemets. Et là, dès la Turquie, je me suis retrouvé face à des steppes où il n'y avait rien et donc ça m'a vraiment perturbé. Je me suis dit, la Turquie, c'est déjà gigantesque mais comparé à l'Asie, c'est rien du tout. Donc l'Asie, c'est vraiment un continent immense. On a beaucoup de mal à réaliser la taille et je me suis dit, ça va être long. Et puis plus on avance, plus les routes sont de... mauvaise qualité, plus les voitures sont également de mauvaise qualité. Donc du coup, si en France ou en Italie, on peut rouler à 130 km heure sur des routes tout droite, dès qu'on se retrouve en Turquie, des fois on roule à 60, 70 sur des routes qui serpentent comme ça et on passe sa journée à faire 200, 250 km, ce qu'on pouvait faire en deux heures lorsqu'on était encore en Europe.

  • Speaker #2

    Après, j'imagine que c'est aussi ce que tu allais chercher en faisant du stop, c'était aussi la rencontre des conducteurs et de pouvoir papoter justement pendant ces trajets. Est-ce qu'il y a eu des rencontres un peu inattendues parmi les conducteurs ?

  • Speaker #1

    Oui, énormément. C'est vrai que sur ces 1100 conducteurs, c'est difficile d'en choisir quelques-uns, mais il y a eu des personnes avec qui j'ai fait du stop déjà plusieurs jours. Par exemple, lorsque j'étais en Chine, il y a un camionneur chinois avec qui j'ai traversé tout le désert de Gobi. On a fait 3000 kilomètres de stop ensemble sur 5 jours. Et donc, en fait, je dormais dans son camion. Donc, il y avait deux couchettes. Je dormais sur celle du dessus et lui, il roulait 16 heures par jour. Le désert de Gobilly, c'était en plein hiver, il faisait moins 20. Tout était enneigé autour de nous, donc c'était vraiment des paysages magnifiques à traverser. Et donc pendant cinq jours, j'ai vécu dans son habitacle où lui, il vivait, il dormait, dans sa maison quasiment. C'est vrai que c'était une expérience très, très forte. Pendant les deux premiers jours, il était un petit peu timide. Puis ensuite, j'ai commencé à lui mettre de la variété française, du Claude François, de France Gall, Michel Sardouche, Auda Saint-Etienne. Donc on a commencé à sympathiser, puis de fil en aiguille, il a commencé à me parler de sa vie, de ses enfants, de sa femme qui voyait qu'une fois tous les trois semaines, de comment il s'était retrouvé chauffeur routier, de son quotidien. Donc ça, c'était une très très belle rencontre, car on voit qu'on bâtit du lien et le rapport de demi-journée en demi-journée n'est plus le même avec la personne. Donc ça, c'était une très très belle rencontre. Il y a eu également un directeur d'ONG. lorsque j'étais en Inde, qui m'a pris en autostop, un Indien. Et lui, c'était extrêmement sympathique parce qu'en Inde, tout le monde n'a pas accès, je pense qu'on y reviendra, mais tout le monde n'a pas forcément accès à l'éducation en fonction de sa religion, de sa case, de son milieu social. Et lui, scolarisait un peu tous les reclus, les rejetés du système. Et donc, j'ai pu intervenir dans son ONG. Et c'est vrai que ça m'a fait extrêmement plaisir de rencontrer tous les enfants. Et c'est une expérience qui a été possible grâce à l'autostop, plus toutes les personnes qui m'ont hébergé. À chaque fois, c'est des personnes qui spontanément... me prenaient dans leur voiture, le courant passait bien, et puis elles me ramenaient chez elles. Et c'est vrai que j'ai eu la chance de vivre des moments incroyables grâce à l'autostop, grâce à la magie de ces rencontres sur la route.

  • Speaker #2

    Ta méthode, c'était de mettre du cloclo et du Johnny ?

  • Speaker #1

    Donc c'est vrai que c'est pas mal. Puis c'est des musiques, même si on ne parle pas forcément français, il y a quelque chose dans le rythme, il y a quelque chose dans l'air, et ce qui fait que le chinois, l'indien ou l'indonésien, même s'ils ne comprennent rien, la mélodie lui provoque quelque chose quand même. C'est vrai que c'est pas mal. J'ai vu des gens s'ambiancer sur les lacs du Connemara, par exemple. Chaque fois qu'il y avait des mariages, je la chantais. Et les gens, ils étaient à fond.

  • Speaker #2

    Et tu parlais de ce monsieur-là. Une fois que tu as passé trois jours comme ça, il se passe en... En plus, c'est comme tu dis, dans un espace très restreint. Donc, il se passe vraiment quelque chose dans la relation. Quand tu descends du camion, c'est quoi l'émotion ?

  • Speaker #1

    Alors moi j'étais très triste, j'avais limite les larmes aux yeux, puis en plus il m'a déposé quasiment à 300 km de Pékin, mais comme je venais de faire 4000 km, 300 km c'était à côté. Donc dans ma tête j'étais quasiment à Pékin, c'était grâce à lui que j'allais traverser la Chine, donc moi j'avais les larmes aux yeux. Lui c'était une culture, les Asiatiques, les Chinois en particulier, sont quand même des personnes très réservées, donc c'est vrai qu'ils ne montraient pas forcément ses émotions. Voilà, c'est une personne qui encore le mois dernier m'envoie des messages, etc. c'est qu'on continue quand même d'échanger et de discuter. Donc, on voit qu'on a bâti quelque chose. Et puis, il m'envoie des photos de ses enfants, des photos de son camion, etc. Et c'est vrai que c'est super. Et c'est des rencontres très poignantes. Et c'est peut-être un peu le seul point négatif de ce genre de voyage. Mais c'est qu'on vit des moments extrêmement forts, des rencontres qui sont magnifiques. Des fois, on reste avec des gens juste une soirée, mais on est comme des frères à la fin. Et le lendemain, on doit repartir sur les routes. Donc, c'est un petit peu difficile. Et ça, on ne s'habitue jamais réellement à vivre des moments extraordinaires et à devoir quitter ces personnes le lendemain. Mais ça fait partie de la beauté également de ces rencontres, c'est qu'à chaque fois, elles sont très éphémères et qu'on sait qu'on est limité à une soirée ou le temps d'un trajet. Donc, c'est ça qui fait partie en même temps du voyage.

  • Speaker #2

    C'était assez timé. Imaginons qu'à un moment donné, tu te sentes vraiment bien dans un endroit. Est-ce que tu pouvais t'accorder justement plusieurs nuits ou plusieurs jours au même endroit ?

  • Speaker #1

    Bien sûr, oui, à part à certains moments où pour des raisons de visa ou des raisons logistiques, je devais quitter les pays. Sinon, j'avais quand même un programme assez souple. Il faut savoir que par exemple, en Inde, en Indonésie, je m'étais dit, OK, je vais faire deux, trois choses importantes. Par exemple, en Inde, je voulais aller dans le village natal de Gandhi. Je voulais aller au Taj Mahal, à Pondichéry, deux, trois choses comme ça. Mais sinon, entre, j'étais très libre, très flexible. Après, c'était un peu au gré des rencontres que j'édifiais mon parcours. Les personnes me recommandaient mon itinéraire. C'est vrai que ça m'est arrivé des fois de juste faire du stock. Je ne pensais même pas rester dans un village, juste le traverser. Au final, je suis tombé sur une mère de famille extrêmement sympathique. Je suis resté une semaine chez elle à rencontrer tous les cousins, tous les membres de la famille. Ça, c'était complètement impromptu. Je dirais qu'au début de mon voyage, j'avais quand même plus la bougeotte que vers la fin. Pendant le début du voyage, je pense que les trois quarts du temps, je changeais d'endroit tous les soirs. Alors que dans la deuxième partie du voyage, quand j'étais bien à un endroit, j'y restais pour deux, trois jours au moins.

  • Speaker #2

    Tu as pris le temps aussi d'écouter et de savoir apprécier encore plus les rencontres à la fin.

  • Speaker #1

    Tout à fait, oui.

  • Speaker #2

    Est-ce qu'il y a des jours où forcément des galères, il y a dû y en avoir et tu vas nous raconter, mais le plus long moment où tu es resté sur la route ?

  • Speaker #1

    C'est une bonne question. Tu penserais combien toi ?

  • Speaker #2

    Je dirais... Une demi-journée ?

  • Speaker #1

    C'est ça, oui. Ce qui est énorme, mais ça n'a apparu qu'une fois, c'était en Australie. J'ai attendu trois heures avant de me faire prendre en autostop. L'Australie était de loin le pays le plus compliqué. Il faut savoir que j'ai attendu, je crois que 15 ou 20 fois plus d'une heure. Mais sinon, très souvent, c'était 5-10 minutes. Quelquefois, ça montait à une demi-heure, mais je pense que les trois quarts du temps, c'était moins de cinq minutes. L'autostop était très facile. Ça dépendait des pays, pays comme l'Inde, la Chine, l'Indonésie. Je n'attendais pas plus de cinq minutes. C'était juste plus compliqué en Australie, non seulement parce qu'il n'y a pas beaucoup de trafic et deuxièmement parce que les autostoppers ne sont pas forcément bien vus. Donc, c'était un petit peu plus compliqué. En Australie, une fois, j'ai attendu trois heures et sinon en moyenne, c'était une heure et demie, deux heures, deux heures et demie. Donc, lorsque vous attendez en plein soleil, être attaqué par les mouches, c'était un peu désagréable, mais ça faisait partie de l'aventure.

  • Speaker #2

    J'ai l'impression que tu avais presque fait aussi une… Un peu une préparation mentale en fait ?

  • Speaker #1

    Alors je ne sais pas si j'ai fait une préparation, si c'est venu au fur et à mesure. Ça, ça serait une bonne question. Je pense que déjà au fur et à mesure, j'ai développé un peu des techniques d'autostoppeur, de savoir comment me positionner, comment me tenir au bord de la route, les premières phrases d'accroche, dire lorsque une voiture s'arrête ou comment aborder les gens dans les stations de service. Il y a tout ça qui est venu au fur et à mesure. Et puis je pense qu'après, oui, il y a eu de l'expérience, un peu plus de résilience également. Et ce qui fait que la première fois que j'attends plus d'une heure, c'était en Grèce et pour moi, c'était la terre s'arrêter. Et puis après, en Australie, j'attendais une heure et demie à chaque fois et puis j'étais plus habitué. Donc, je pense que le corps s'habitue. On arrive à découvrir des techniques. Et puis après, en Australie aussi, j'attendais trois heures, mais c'était quelqu'un qui me prenait pour 500 kilomètres parce que c'est des grandes étendues où il n'y a pas grand-chose. Donc, au final, quand on fait son prorata sur la journée, on a quand même avancé. Alors qu'au final, en Inde, j'attendais moins de deux minutes à chaque fois, mais c'est des gens qui allaient au pétrole. prochain village à 2 km. Donc, au bout de la journée, 20 conducteurs pour faire 50 km, ce n'est pas forcément l'éclate. Donc après, les gens m'invitaient quand même pour l'OT, etc. D'un point de vue lien humain, c'était fascinant. Mais lorsque vous dites, OK, je vais aller dans le sud de l'Inde, c'est à 3000 km de là, et puis que vous faites 50 km par jour, vous dites, bon, je ne sais pas, je vais mettre un peu de temps avant d'y aller.

  • Speaker #2

    C'est quoi cette fameuse phrase d'accroche ?

  • Speaker #1

    Alors, il y en a eu plusieurs. Il faut savoir que déjà, le concept d'autostop n'était pas compris dans tous les pays. Et il y a certains pays où, par exemple au Laos, au Népal, le mot autostop n'existe pas. Donc, personne ne connaisse pas. Et donc, pour eux, un étranger dans leur pays, soit il prend un bus, soit il prend un taxi. Mais donc, c'est inconcevable de le faire monter dans sa voiture. Donc, il fallait à chaque fois m'assurer que les personnes comprennent bien et que ce ne soit pas des taxis. ou des personnes qui se transforment en taxi juste pour moi. Donc, ma technique, c'était de ne jamais dire où j'allais directement, à chaque fois de demander où allait la personne pour voir si elle me dit, moi, je vais dans telle ville. Je dis, parce que je peux monter avec vous. Si jamais c'était des taxis, ils ne me disaient pas de ville parce qu'ils n'avaient pas de destination. Et donc, comme ça, j'arrivais un peu à faire le tri. Et donc, la phrase d'accroche, c'était bonjour, je suis français, je voyage à travers le monde, j'aimerais bien me rendre dans… Voilà, dans la direction de Delhi, de Pékin, de Jakarta. Vous, dans quelle ville vous allez ? Est-ce que je peux monter à l'arrière avec vous ? Et voilà, j'essayais de baratiner ça, soit en apprenant quelques mots de langue locale, soit en imprimant un texte papier où j'expliquais mon cas, en fait. Où je disais, ben voilà, je suis français, je voyage sans argent, sans prendre les bus, sans prendre les trains, mais en faisant de l'autostop. Autostop, des fois, s'il n'y avait pas de mots dans les langues, je traduisais ça par trajet gratuit ou des équivalents. ou voyager avec vous dans votre véhicule, voyager avec des inconnus. C'est fort sympathique et c'est vrai que dans certains pays, c'était plus forcément mettre ton pouce au bord de la route et attendre qu'une voiture s'arrête. Dans d'autres pays, c'était simplement aller dans les stations-service. D'autres fois, c'était avec des pancartes. J'ai un peu tout essayé dans chaque pays. Puis en fait, il y avait à chaque fois une technique qui émergeait, qui était plus efficace et qu'ensuite que j'employais pour le restant de mes jours dans le pays.

  • Speaker #2

    Oui, parce que j'imagine en tout cas en France, surtout peut-être, mais même comme tu parlais de l'Australie, il peut y avoir aussi un petit peu parfois cette trouille de prendre quelqu'un dans la voiture qu'on ne connaît pas.

  • Speaker #1

    Bien sûr.

  • Speaker #2

    La situation peut-être la plus cocasse parce que tu as dû être pris parfois dans des camions, des voitures, des motos. C'est quoi la situation la plus cocasse que tu aies eu ?

  • Speaker #1

    Il y en a eu beaucoup. Il y en a une qui était très gênante, c'est qu'en fait, j'ai été pris par un couple qui s'est engueulé. En fait, j'assistais à une dispute de couple. En fait, c'était un couple, c'était en Thaïlande. Et en fait, le mari avait fait de l'autostop dans sa jeunesse, donc il voulait me prendre en tant qu'autostoppeur. Et sa femme ne voulait pas du tout. Et donc, du coup, ils m'ont fait monter à bord. Et donc, du coup, ils se sont engueulés non-stop. Et c'était très compliqué. Et en plus, ils savaient que j'étais français, mais ils parlaient allemand. parce que la femme était thaïlandaise et le mari était allemand. Et donc, en fait, il parlait en allemand. Et en fait, il ne savait pas que je comprenais un petit peu l'allemand. Et donc, en fait, j'ai compris que la femme m'insultait en allemand. Il y a quelques notions d'allemand. J'ai compris qu'elle m'insultait en allemand. Et je me disais, oh là là, dans quelle galère je me suis mis. Et le mari était super gentil, mais la femme ne faisait que de l'insulter, etc. Et donc, au final, ça s'est passé qu'ils m'ont déposé sur l'autoroute, sur la bande d'arrêt d'urgence. Donc, c'était un peu... un peu compliqué donc j'ai dû remarcher pour aller une station service mais mais voilà j'ai quand même faire 150 km avant vraiment que que la femme ait raison de son mari mais ouais c'était un peu particulier il ya eu des personnes des fois beaucoup de quiproquos mais ouais celle ci c'était assez particulière il y avait également un monsieur qui était un acheteur compulsif entre guillemets à chaque fois qu'ils voyaient une station service il s'arrêtait dans les stations services pour acheter des mm des mars des sni En fait, on a roulé 8 heures ensemble. Il n'a jamais pris de vrai repas, entre guillemets, avec du riz, des pâtes, etc. Et en fait, à chaque station service, il m'achetait aussi des sneakers. Et donc, du coup, j'ai dû manger 5 paquets de M&M's et 5 sneakers dans la journée parce qu'en fait, on s'arrêtait à chaque fois. Il prenait également toutes les boissons énergisantes, les coca thaïlandais. Pour vrai, on a fait 15 arrêts en 8 heures. C'était un peu... C'était un peu aberrant, mais extrêmement sympathique, le monsieur. Et donc, c'est des situations qui sont un petit peu cocasses. Après, des fois, il y a des belles rencontres humaines, des personnes où on a vraiment eu des bonnes discussions, mais des gens juste un peu étranges, un peu curieux, mais c'était rigolo.

  • Speaker #2

    Et celui qui s'est engueulé avec sa femme, lui, clairement, tu dis, il ne va pas m'inviter à dormir ce soir.

  • Speaker #1

    Clairement. Je pense qu'il aurait été seul lui, parce que lui il était extrêmement sympathique, mais la personne là non. Et après moi, j'ai jamais demandé directement l'hospitalité chez les gens. En fait, j'ai expliqué mon projet, puis ensuite libre à eux. Je laissais sous-entendre que j'étais ouvert à cette possibilité, mais c'est à chaque fois les gens qui faisaient le premier pas. J'ai jamais voulu m'imposer en demandant à l'hospitalité. Parce que c'est vrai qu'il y a certaines cultures où les gens n'osent pas dire non. Et donc en fait, si on demande ouvertement, ils n'oseront pas dire non et donc on va s'imposer à dormir chez eux. C'est pour ça que je n'ai jamais demandé directement. Même s'il y a peut-être 5 ou 10 des personnes qui m'invitaient chez elles, comme sur une journée, des fois, j'avais 10, 20, 25 conducteurs. Le plus, ça a été 28 en une seule journée. Dans le lot, il y a forcément des gens qui se proposent de m'inviter chez eux. C'est comme ça que plus de la moitié du temps, j'ai été hébergé chez l'habitant. Ou grâce aux habitants, des fois, c'est des personnes qui me disent Moi, je ne peux pas te loger chez moi, mais tiens, je vais te payer l'hôtel. Tu peux mettre ton matelas dans une salle de classe. Ou tiens, tu peux dormir à la mosquée, à l'église, au temple. Ou tiens, moi, je suis médecin dans cet hôpital. Et puis, il y a une chambre qui n'est pas utilisée. Donc, tu peux dormir dedans. Donc, j'ai dormi un peu dans tout type d'hébergement. Des hébergements très insolites. Ce qui était très insolite, il y a eu une mosquée. C'était très confortable grâce au tapis. Sinon, il y a eu les stations-service. Il y a eu sous les tables des restaurants. car je ne trouvais pas d'hébergement, je devais dormir sous les tables de restaurant. En fait, dans certains pays, c'est particulièrement le cas en Chine, les hôtels n'ont pas forcément la licence et l'agrément pour recevoir des étrangers. Donc ça veut dire qu'en tant qu'étranger, des fois je suis dans une ville de 10 millions d'habitants et aucun hôtel ne pouvait me recevoir, les hôtels ne pouvaient accueillir que des Chinois. Et donc je me suis dit, il faisait moins 15 degrés dans la ville, mais où est-ce que je vais dormir ? Et donc du coup, je tourne pendant deux heures, tous les hôtels me refusent. Et donc en fait, à la fin, j'ai toqué chez un marchand de nouilles et je lui ai dit, est-ce que je peux mettre mon matelas sous les tables ? J'ai poussé les chaises et j'ai dormi comme ça sous les tables du restaurant de deux heures à six, sept heures du matin. Et puis ensuite, je suis reparti le lendemain pour dormir au chaud parce qu'en fait, par moins 15, ce n'était pas possible de dormir dehors. Et donc, j'ai souvent dormi au Kazakhstan, en Inde, en Indonésie. C'était assez facile de dormir dans les restaurants. Dans d'autres pays, je négociais. Je disais, je vous prends un repas du soir et puis en échange, je peux dormir là. Donc, c'était une combine. Il y a souvent une bonne ambiance dans les restaurants. Donc, moi, j'aimais bien. Et c'était dans certains endroits, par exemple au Vietnam, au Laos, les gens n'ont pas forcément la culture d'inviter chez eux. Mais le restaurant, c'est un peu un lieu neutre. C'est un peu un entre-deux. Et donc du coup, les restaurateurs, quand je n'avais vraiment rien, je demandais à dormir dans ces lieux-là. Et puis les restaurateurs, ça lui faisait un repas pour le soin, un repas pour le lendemain au petit déjeuner. Donc dans certains pays, c'était appréciable pour eux. Et puis moi, je dormais sur mon matelas que je gonflais, dans mon sac de couchage. Donc ce n'était pas trop d'entretien pour eux.

  • Speaker #2

    J'adore parce que j'allais te dire, dans ces moments de galère, est-ce que tu n'as pas envie d'arrêter et de te demander pourquoi tu es là ? Et là, en fait, en t'écoutant, tu as transformé le truc en disant moi, j'aimais bien parce que les restaurateurs, ils étaient sympas J'ai l'impression que tu as une philosophie qui est quand même ultra positive et que même les moments de galère, tu les as oubliés.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr. Déjà, il n'y en a vraiment pas eu beaucoup des moments de galère. J'ai cette chance aussi qui est venue peut-être du fait de ce voyage à relativiser énormément. Et ce qui fait qu'en fait, j'essaye de voir le positif de chaque événement. Et par exemple, une fois, il y a eu un... C'est peut-être la plus grosse galère. Une fois, je me suis, suite à un malentendu, en fait, je me suis retrouvé arrêté par l'armée azerbaïdjanaise. J'ai passé une journée dans une prison slash caserne en Azerbaïdjan. Et c'est vrai que j'étais menacé par des kalachnikovs, etc. au début. Donc, c'était un petit peu inquiétant. Et puis, au final, je réussis à expliquer un petit peu mon cas. Et les gens étaient très sympathiques. Et puis après, ils m'ont apporté à manger. Ils ont présenté un peu leur quotidien à l'armée parce que moi, je n'ai pas fait mon service militaire. Donc, je ne savais pas trop comment c'était le quotidien à l'armée. Puis l'armée en Azerbaïdjan, je pense que ça va être un peu comme l'armée chez nous, mais il y a 50 ans. Donc, un peu comme mon père ou mon grand-père ont fait leur service militaire. Et au final, c'est vrai que c'était une grosse peur sur le moment. Mais après coup, je me suis dit que c'était une expérience géniale de découvrir un peu le quotidien de l'armée. Je n'ai jamais eu peur. C'est vrai que des fois, j'étais dans des situations un petit peu qu'on pourrait juger de difficiles. Et à chaque fois, j'essayais de voir le positif chez les gens et de me dire que rien de mal n'allait m'arriver. C'est vrai, sur les 1100 conducteurs, jamais j'ai eu, je me suis senti en danger. Jamais j'ai été menacé. Jamais j'ai été volé. Je ne suis tombé qu'une seule fois malade. J'ai pris du Doliprane pendant deux jours et puis j'ai été guéri. Je n'ai jamais eu de gros soucis entre guillemets, où j'ai dû être à l'hôpital pendant 15 jours, ou être volé tout mon sac à dos, etc. Ça ne m'est jamais arrivé. Donc, j'ai eu cette Ausha.

  • Speaker #2

    Écoute, en tout cas, tu vois, même le dernier épisode que j'ai enregistré, c'était quelqu'un qui disait, en fait, moi, je veux continuer d'avoir foi en la vie, en les hommes. Et tu confirmes vraiment ce côté-là, parce que c'est vrai que ça paraît dangereux. Et pour autant, une fois que tu es en prison en Azerbaïdjan, hop ! Je pense que j'aurais paniqué et j'aurais peut-être fait le mytho. Mais je pense qu'en effet, après, tu relativises tellement parce que tu as vraiment eu un coup dur et ça s'est finalement bien passé parce que tu avais aussi une belle personnalité, que tu avais confiance en fait en ton projet.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. J'ai réussi, quand j'étais en Azerbaïdjan, à faire confiance, à montrer qu'en fait, ils m'ont pris pour un espion à la base. C'était ça le motif de mon arrestation. Et après, ils ont vu que j'avais des sacs à dos, que j'avais des baklavas périmés dans mon sac à dos parce qu'avant, j'étais en Turquie, etc. Ils se sont dit, mais c'est qui cet espion ? Et donc après, ils ont relativisé. Et le point positif, c'est que le général de la caserne m'a pris en stop après et m'a ramené dans une autre ville. C'était un peu la petite victoire à la fin de la journée. J'ai toujours eu cette foi, même dans les moments les plus difficiles en l'humanité. quels que soient les pays, quelles que soient les religions, quelles que soient les cultures, je me suis dit, il y a des hommes bons partout. Et c'est vrai, n'importe où, j'ai toujours réussi à trouver des gens qui acceptent de me faire monter gratuitement dans leur véhicule. Il n'y a aucun endroit où je me suis dit, ah ouais, là, ça ne marche vraiment pas. Même en Australie, où c'était plus difficile, j'attendais deux, trois heures et puis je trouvais quand même quelqu'un pour avancer. Donc, à travers tous les pays, j'ai toujours trouvé des hommes charitables qui acceptaient de me faire monter dans leur véhicule. Ça, c'est vrai que c'est la plus belle des découvertes. Et c'est vrai que ce voyage… C'est le mien, mais c'est surtout celui de 1100 conducteurs, une immense chaîne humaine qui s'est relayée pour me conduire de chez moi à l'endroit le plus éloigné de France, jusqu'aux îles Chatham. Et ça, c'est vrai que ce n'était pas gagné d'avance. Moi, j'étais persuadé avant de partir qu'il y avait bien un moment où ça allait coincer. Au final, ça n'a jamais coincé. J'ai toujours pu avancer. J'ai toujours trouvé des âmes charitables qui acceptent de me faire monter dans leur véhicule, qui acceptent de m'accueillir chez eux, de me faire visiter leur région, de me faire découvrir leur gastronomie. Et c'est vrai que cette foi en l'humanité s'est vraiment renforcée à travers ce voyage et de se rendre compte qu'il y avait des personnes avec qui on ne parle pas forcément la même langue, mais qui sont extrêmement gentilles, qui me couvraient de cadeaux, qui me couvraient de nourriture, qui étaient extrêmement sympathiques, toujours avec le sourire. Ça, ça faisait vraiment chaud au cœur et ça donne foi dans le genre humain, ça c'est sûr.

  • Speaker #2

    C'est un super message. Je sais qu'au départ, tu voulais aussi transmettre ce message et tes valeurs à travers les écoles du monde entier. Est-ce que ça, tu peux nous en parler ?

  • Speaker #1

    Oui, donc c'est vrai, quand je suis parti, j'ai toujours voulu partager. Je me suis dit que ça allait être une belle aventure, ce serait dommage de la garder pour moi. Et donc, en fait, j'ai fait d'abord un partenariat avec quatre écoles primaires pour faire des visioconférences avec les enfants tous les 15 jours. Et donc, en fait, tous les 15 jours, j'appelais les enfants une heure et je leur présentais, voilà, aujourd'hui, je suis en Turquie, voici le quotidien des petits-enfants turcs dans tel pays. En Turquie, les petits garçons vont dans une école, les petites filles vont dans une autre école, ce n'est pas mixte. Dans ce pays-là, ils ont un uniforme. Dans ce pays-là, les enfants ne vont à l'école que le matin. Dans tel pays, ils ne vont à l'école que l'après-midi. Je représentais le quotidien. Des fois, dans certains pays, les enfants vont aller au champ. Dans certains pays, les filles n'avaient pas le droit d'avoir accès à l'éducation, alors que les petits garçons avaient le droit. Je leur présentais toutes ces facettes-là. Je leur présentais la gastronomie, je leur présentais les climats. Je leur montrais les billets dans les différents pays. présenter, voilà, tous ces aspects-là. Donc, c'était super intéressant pour eux. Et je me suis dit, ça peut être également sympa de le partager, mais avec les enfants sur place. Et donc, du coup, la première école où je suis allé, c'était en Italie. Ça a été une expérience géniale. Le corps enseignant s'est montré vraiment très enthousiaste à l'égard du projet. Donc, comme ça, j'ai pu passer une après-midi dans une école primaire, à passer de classe en classe, à parler de mon voyage, à répondre aux questionnements des plus petits, puis essayer également de transmettre… des messages, des valeurs de tolérance, de dépassement de soi, de vivre ensemble, de croire en ses rêves. Tous ces messages-là, ça m'a conduit à intervenir dans une trentaine d'établissements. Dans la plupart des pays où je passais, j'essayais d'aller au moins dans un collège, dans un lycée, dans une association, dans une ONG, pour rencontrer les enfants. Et puis moi, ça me permettait également de discuter avec eux, de voir leur passion, leur sport préféré, la personnalité française qu'ils connaissaient. C'était super intéressant d'avoir tous ces dialogues interculturels à travers le monde et ça j'ai adoré. Au fur et à mesure, j'en faisais de plus en plus. Je pense qu'au tout début du voyage, c'était une fois par mois. Puis à la fin, je passais au moins une journée par semaine à intervenir. Et moi, ça m'a permis de donner du sens à ce projet. Également, d'avoir du contact pour les écoliers français. Parce que la plupart du temps, quand je passais par exemple un lycée en Indonésie ou en Inde, je demandais aux écoliers d'écrire une lettre. Et ensuite, je l'ai envoyée, je l'ai scannée pour les enfants en France. Donc comme ça, ils voyaient... le quotidien et puis également il pouvait avoir un peu un échange avec les gens

  • Speaker #0

    les colliers, mais à l'autre bout de la planète. Et ça, c'était une expérience formidable et qui m'a vraiment également permis de me dire, voilà, ce voyage a un sens. Ce n'est pas juste du tourisme déguisé, etc. Mais il y a vraiment quelque chose. Et puis, ça me permettait également de redonner un petit peu à l'humanité tout ce que l'humanité m'offrait. Et c'est vrai que c'est pour ça que je me suis beaucoup investi en Inde ou en Indonésie, où les gens étaient extrêmement généralement des gars. Je me dis, mais comment les remercier ? Je trouvais que faire voyager, faire rêver leurs enfants, c'était une belle manière de les remercier.

  • Speaker #1

    Alors moi, j'ai une question par rapport à ça. Est-ce que tu as eu une réaction justement peut-être aussi de certains enfants quand tu dis que c'était important aussi de leur montrer que c'est d'aller au bout de ses rêves ? Tu vois, moi, à Bali cet été, à un moment donné, je discutais avec un chauffeur qui était dans une région magnifique et je lui dis quand même qu'est-ce que tu es chanceux de vivre ici. Tu vois, c'était… Oui. Et lui me dit, pour moi, ça me paraissait, tu vois, le paradis sur Terre. Et lui me dit, entre nous deux, je pense que le plus chanceux, c'est toi, parce que toi, tu peux découvrir le monde. Alors que moi, je suis, OK, je vis dans ce paradis, mais je rêverais d'aller justement découvrir un petit peu d'autres facettes et qu'ils n'ont forcément clairement pas les mêmes moyens. Donc, ça m'intéresse, tu vois, de voir un peu comment, est-ce qu'ils pensaient que c'était accessible aussi pour eux ? Comment ils réagissaient quand tu leur disais ? Vous parliez de dépassement de soi et de réalisation de rêve.

  • Speaker #0

    Donc, c'est vrai que je les incitais à accomplir leurs rêves, mais ce n'était pas forcément de faire un tour du monde ou faire ce genre de choses. Il y a certains pays, c'est les motiver à continuer leurs études, les motiver à s'investir dans le sport. Et si cette barrière que voyager, on pense objectivement que ça coûte cher, que c'est ça qui pourrait restreindre les Indonésiens, les Indiens de voyager. Et en fait, lorsqu'on parcourt le monde, on se rend compte Moi, je dépensais des fois en Inde, je dépensais par mois, je dépensais moins d'un smic indien, donc je dépensais moins de 50 euros par mois. Et donc, c'était possible de voyager en fait dans ces conditions. Et il y a certains pays où les gens ont un peu des barrières mentales, ils pensent que c'est très très cher de voyager, etc. Et puis en Inde, j'ai rencontré beaucoup de gens qui sont un salaire de misère, etc. Mais ils vont s'entasser dans des bus, ils vont traverser le pays, ils vont aller dans des temples, etc. Ils sont très éloignés. et qui vont ainsi pouvoir voyager et avoir ce moyen de découvrir leur pays. Donc c'était possible, mais surtout ce que j'essayais de faire, c'était vraiment les motiver à continuer les études, car dans certains pays, c'est ce qui fait la différence au final, l'éducation, que ce soit par la maîtrise de l'anglais, car il y a beaucoup de gens qui n'ont pas l'intérêt de parler l'anglais ou même les langues étrangères de manière générale. Donc je leur disais, vous pouvez discuter avec moi, vous pouvez... vous renseigner sur Internet, vous pouvez aller travailler, étudier dans d'autres pays. Et donc, j'ai essayé de leur faire sauter un petit peu ces barrières mentales qu'ils avaient dans la tête.

  • Speaker #1

    C'est très chouette. Est-ce que tu penses que ce voyage t'a changé, toi, personnellement ?

  • Speaker #0

    Oui, infiniment. Et même moi, je voyais de semaine en semaine, je n'étais plus le même. Ça a vraiment été très flagrant. Et c'est vrai que dans certains pays, j'arrivais, je me disais, c'est bizarre ça, machin. Et puis au final, je me disais, mais pourquoi ils font ci, pourquoi ils font ça ? Et puis au bout de 15 jours, je me disais, ah oui, mais c'est normal, c'était moi qui ne comprenais pas. Et ça, ça s'est passé de manière perpétuelle, en fait, pendant ces 17 mois d'aventure. Je me voyais vraiment évoluer et beaucoup sur la tolérance. Car des fois, on dit, ah ouais, mais c'est vrai que c'est bizarre. Certains pays, certaines religions, il y a une conception de l'homme et de la femme qui est différente. En Inde, il y a les castes. Mais voilà, d'essayer de ne pas transposer ce que nous, on pense est le mieux pour eux. Mais essayer juste de voir qu'ils vivent en harmonie, que tout le monde est heureux comme ça. C'est vrai que cette tolérance est quelque chose qui est fondamental. Dans certains pays, par exemple en Indonésie, il y a différentes religions. Mais tout le monde arrive à vivre en paix ensemble parce qu'il y a une très grande tolérance. Mais en Inde, il n'y a pas cette même tolérance. Et donc, du coup, il y a beaucoup d'exactions qui sont commises par les communautés religieuses les unes envers les autres. Et c'est vrai qu'on se rend compte que c'est un peu la pierre angulaire. pour bâtir une société multiculturelle où chacun peut vivre sa foi, vivre dans sa culture en paix. Et également, une grande tolérance, ça permet de ne pas avoir de préjugés, de ne pas avoir d'a priori lorsqu'on va vers les autres et ainsi de pouvoir faire une discussion, une pleine conversation avec les gens. On discute de manière pleine et on est apte à recevoir car on n'a pas de fixettes, on n'a pas d'a priori, on n'a pas de préjugés, on abandonne tout ça. Et comme on n'a plus tout ça, on peut vraiment vivre des belles relations et des beaux échanges avec les personnes, quels que soient les pays.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu crois que dans ta vie de tous les jours, alors après tu vas nous raconter ce qui va se passer après ce voyage, mais est-ce que tu penses que dans ta vie de tous les jours, tu vas réussir à garder ce même objectif de réussir à vivre avec tolérance, sans préjugés ? Est-ce que tu penses que tu vas savoir l'appliquer aussi bien dans ton quotidien en France qu'en voyage ?

  • Speaker #0

    Je vais essayer, mais je pense que cette ouverture d'esprit, ça m'a permis de... C'est des choses que j'ai apprises et qui me serviront toute ma vie. Ce sens de la nuance également, essayer de ne pas voir le monde de manière binaire, de manière très manichéenne, comme ça peut être le cas si généralement on regarde les médias, où il y a un camp du bien contre un camp des méchants. mais que l'histoire et les pays sont très complexes. Donc, toute cette ouverture d'esprit, je pense, elle me servira. C'est vrai que maintenant, quand je regarde les médias, quand je suis revenu, c'était pour le deuxième tour des législatives. J'ai quand même plus de profondeur d'esprit, arriver à décrypter, lire entre les lignes. Et ça, ça me servira beaucoup. Je pense que c'est quelque chose, je ne sais pas si j'aurais pu l'acquérir autrement que par ce voyage, une expérience de dépouillement complet. d'aller à rencontre de personnes au mode de vie complètement différent. Mais ce n'est pas parce que le gars est fermier au fin fond de l'Inde, à vivre dans une maison en terre, qu'il n'a rien à m'apprendre. Je pense qu'au contraire, il a autant de choses à m'apprendre que le millionnaire chinois ou le banquier australien. Et donc, toutes ces personnes-là avaient quelque chose à me transmettre. Et je suis riche de toutes leurs expériences, de tous leurs témoignages pour pouvoir grandir et mûrir au fur et à mesure. Et c'est vrai que je pense que c'est peut-être également pour ça que j'intervenais plus dans les écoles au fur et à mesure de mon voyage. C'est qu'au début, au bout de deux mois, j'avais quand même des acquis, parce que deux mois de voyage en autostop, ce n'est pas rien. Mais après plus d'un an, un an et demi, j'avais quand même beaucoup plus de choses à transmettre qui revaloient auprès des étudiants, des lycéens, etc.

  • Speaker #1

    En tout cas, tu le retranscris vraiment très bien.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Si tu devais choisir, parce que souvent, on me pose la question, c'est quoi les pays que tu as préférés, etc. C'est trop compliqué, je trouve. Si tu avais une journée sur les 500 à revivre, ça serait laquelle ?

  • Speaker #0

    Waouh ! Ah, on ne me l'avait jamais posé celle-ci, c'est une bonne question. On ne me l'avait jamais posé. Je pense que c'est une journée qui a eu beaucoup d'ascenseurs émotionnels. C'est cette journée où j'ai dormi dans le restaurant, où c'était extrêmement compliqué parce qu'en fait, je venais de faire 1000 km d'autostop. J'arrive, 1000 km de stop en Chine, ce n'était pas rien. J'arrive dans une ville à 23h, je ne trouve aucun hébergement. Je trouve un hébergement au final à 2h du matin dans un restaurant. Je dors 5h sur un matelas, vraiment pas très bien. Le lendemain, je me réveille à 6h par le restaurateur qui avait des clients. Le lendemain, je marche 4h, je suis éreinté pour sortir de la ville parce que la ville faisait 15 millions d'habitants, donc je ne pouvais pas faire du stop en centre-ville pour marcher jusqu'à une entrée d'autoroute. Donc voilà, j'arrive à une station de service, j'arrive à trouver des gens qui me permettent d'avancer. Et puis au final, à 14h-15h, je tombe sur une multimillionnaire chinoise, une personne complètement déroutante. et elle m'invite, prend stop, elle me ramène chez elle, elle me présente à des amis, elle m'invite dans un restaurant panoramique, elle me paye une suite le soir pour dormir, et ses amis parlaient tous en anglais, donc j'ai vraiment pu avoir une discussion passionnante avec eux, ils m'ont emmené dans des casinos clandestins, parce que les casinos sont interdits en Chine, et on a terminé la soirée je pense à 4h du matin, et c'est vrai qu'outre le fait qu'elle soit millionnaire, c'est surtout la censure émotionnelle en fait. On vit et en fait, c'est des choses qui sont très difficiles à vivre et peut-être seul l'autostop est capable de transmettre ces choses-là. Ou en fait, le matin, on passe de vagabond. J'étais affamé, je n'avais pas dormi. J'avais marché 15 kilomètres par moins 10 degrés. J'étais enmitouflé dans ma grosse parquette. Et deux heures après, je suis pris en stop par une millionnaire qui m'invite dans un restaurant panoramique, qui me paye une suite. J'avais une baignoire dans ma chambre d'hôtel. Vraiment un truc lunaire comparé à toutes les galères que j'avais vécues. C'est vrai que cette journée, c'est peut-être là où j'ai plus d'ascenseur émotionnel. C'est vrai qu'il y en a eu des dizaines et des dizaines, des journées comme ça. Ne serait-ce que la joie d'arriver dans un nouveau pays, franchir une frontière à pied. On a le passeport tamponné, on arrive dans un nouveau pays, c'est un nouvel alphabet, c'est une nouvelle cuisine, c'est des nouveaux billets. Toutes ces choses-là, ce sont des choses qui sont extraordinaires. Ils sont très difficiles à retranscrire également, parce que maintenant que je m'attends à écrire le livre, c'est très difficile et des fois frustrant de ne pas avoir cette sensation d'écrire très très bien, alors que ce qu'on a vécu, au fond de soi, on sait que c'est exceptionnel et que c'est des choses qu'on souviendra toute notre vie. Cette journée-là était très particulière. Et puis ensuite, je suis resté deux jours avec elle, et ensuite le lendemain, deux jours après, j'ai repris l'autostop. Puis au final, je suis tombé sur des gens qui ne m'ont pas invité chez eux, et j'ai donc dû dormir dans la salle pour changer les bébés. dans les stations essence parce que de minuit à 6h du matin, il n'y a pas de bébés qui sont changés. Et puis j'ai mangé mes nouilles chinoises froides dans la station service. Et puis voilà, c'était vraiment les montagnes russes d'émotion. Et puis ensuite, après, je suis retombé sur quelqu'un qui m'a invité chez lui, etc. Donc c'était vraiment de manière perpétuelle, encore plus accentuée en Chine, où c'était vraiment, je passais de tout à rien. Mais oui, il y a eu des émotions très fortes. Après, il y a eu certains moments très, très forts. Par exemple, arriver devant l'Opéra de Sydney, ça c'est un moment qui est magique. Après 3000, 4000 kilomètres d'autostop en Australie, on arrive devant l'Opéra de Sydney, que moi je connaissais depuis Nemo, que j'avais vu quand j'avais 3 ou 4 ans, et un lieu que ça fait 20 ans que je connais, là j'arrive en autostop, c'était complètement lunaire. Et donc ouais, il y a eu beaucoup de pics émotionnels comme ça, qui sont exceptionnels en fait.

  • Speaker #1

    Je ne te demande pas si l'objectif est atteint.

  • Speaker #0

    Oui, plus qu'à peine. C'est vrai qu'en partant, on se dit, tiens, j'ai une ligne directrice avec les îles Ausha. Je pense que c'est quand même bien d'avoir un objectif. Mais le plus important, c'est les rencontres. C'est le chemin plus que la destination qui importe. C'est vrai que toutes ces rencontres, je ne pensais pas vivre le dixième de ce que j'ai vécu. Moi, j'aurais pensé que l'autosab aurait été bien plus compliqué, que mon quotidien se résumerait à errer sur les stations-service, au bord des aires d'autoroute. à la sortie des ronds-points avec un panneau sous la pluie. Au final, c'était une odyssée humaine et l'autostop, bien sûr, c'est ce qui m'a permis de vivre ces éléments, mais c'est toutes ces rencontres que je vais retenir et qui ont marqué ce périple de manière indélébile.

  • Speaker #1

    Il y a vraiment, en tout cas, une rencontre dont j'avais vraiment envie d'entendre ton récit, c'est celle du Dalaï-Lama, et c'est d'ailleurs pour ça que je t'ai contactée aussi. Ce qui est assez rigolo, tu vois, c'est que là, on est bientôt à une heure d'enregistrement. Tu n'allais pratiquement pas. Si je te posais la question, tu n'allais pas en parler. Tu parles juste des gens qui sont comme toi et moi dans n'importe quel pays, alors que là, c'est quand même en tout cas un peu le graal d'une rencontre comme ça. Est-ce que tu peux quand même nous en parler ?

  • Speaker #0

    Bien sûr, oui. Mais c'est vrai, tellement de choses, c'est difficile après de resituer quand on vit plein d'émotions très fortes. Mais c'est vrai que le Dalai Lama, c'est d'abord un immense concours de circonstances. Pour resituer un petit peu le contexte, moi, je me trouvais au Tadjikistan et je voulais continuer par la Chine. Sauf que la Chine me refuse le visa dans un premier temps et je ne peux pas aller en Chine. Et donc, du coup, je me retrouve au Tadjikistan et je me retrouve bloqué entre la Chine, la Russie, l'Afghanistan.... Donc voilà, mes parents, je les comprends, ne voulaient pas que je fasse de stop en Afghanistan. Donc je prends un petit avion pour survoler l'Afghanistan et pour arriver dans le nord de l'Inde. Et là, je me retrouve en Inde sans trop savoir pourquoi, parce que c'était le premier pays disponible qui était à une heure et demie d'avion. Il n'y avait que 700 kilomètres à vol d'oiseau. Donc je me retrouve en Inde, je commence à faire le stop et ça se passe bien avec les gens et les personnes. me recommande, tiens, va dans cette ville, à Dharamsala, dans l'Himalaya, tu verras, tu vas adorer. Moi, je n'avais pas de plan parce qu'en fait, encore une semaine avant, je pensais aller en Chine, je pensais être à Pékin, au final, je me retrouve à Delhi. Donc, c'est quand même un peu rien à voir. Et donc, je me retrouve en fait à me dire, tiens, je vais aller dans cette ville de Dharamsala. Donc, après une petite semaine de stop, j'arrive dans cette ville qui est vraiment magnifique. Pour le coup, je me dis, je comprends pourquoi les gens m'ont recommandé. En Inde, il faisait 45 degrés. Dans cette ville, on est à 2000 mètres d'altitude, donc il fait 20-25 degrés. On respire bien plus. Il y a la montagne, il y a de la forêt. C'est super sympathique. On balade dans la ville. C'est vrai qu'il y a un temple qui est marqué Temple du Dalai Lama. Je me dis que c'est rigolo qu'ils appellent ça comme ça. Mais je ne l'utilise pas parce que d'un point de vue purement religieux, il y a plein d'églises qui sont baptisées selon le nom de pape, selon le nom de saint. Donc moi, je me dis, OK, ils appellent le temple comme ça. Et puis moi, dans ma tête, le Dalai Lama, il était au Népal. Donc je me dis, bon, il n'est pas en Inde. Puisque je ne connais pas. Et au final, je me balade dans la ville et j'entends parler français. Et donc là, moi, ça faisait un mois que je n'avais pas entendu parler français. Donc je saute sur le gars. Je lui dis, mais waouh, je n'ai pas parlé de français. J'étais trop heureux. Et en fait, c'était un franco-tibétain. qui venait là pour justement demander une audience avec le Dalai Lama. Donc, on discute, etc. Je lui dis, qu'est-ce que tu fais là ? Il me dit, moi, je vais rencontrer le Dalai Lama. Donc, j'explose de rire parce que pour moi, le Dalai Lama, il est au Népal. Pour moi, on ne peut pas le rencontrer. Au final, il me dit, si, c'est possible. D'ailleurs, je le rencontre à la fin de la semaine. Mais d'ailleurs, toi aussi, tu peux le rencontrer si tu veux. Je lui dis, non, mais c'est… arrête de dire n'importe quoi, ce n'est pas possible. Et puis on rentre chez son cousin qui l'hébergeait. Donc moi, j'ai passé la semaine à vivre chez son cousin. Il me dit, en fait, il faut contacter l'office du bureau du Dalai Lama. Donc j'écris un mail, je n'ai pas de réponse. Il me dit, ah bah oui, mais c'est vrai, toi, tu l'as écrit en anglais, il faut peut-être le faire en tibétain. Bon, allez, viens avec moi. Et donc du coup, je me ramène avec ce franco-tibétain dans le bureau du directeur de communication du Dalai Lama où j'explique mon projet, etc. Lui, il joue l'interprète et là, il me dit Bon, ok, on vous tient au courant Donc là, je visite la ville, j'interviens dans l'école où il y a toute une école pour les exilés tibétains, où il y a plus de 3000 étudiants, donc je fais des conférences dans cette école. Et puis, je reçois un mail Cher M. Vénère, nous pourrons vous accepter pour une audience avec sa sainteté, le Dalaï-Lama, demain matin Et donc comme ça, en une semaine, j'ai pu obtenir une audience. Donc l'audience, on était dans un petit groupe, on n'était que sept étrangers, puis c'était des gens… Je me disais, j'étais un petit peu illégitime entre guillemets, c'est parce qu'il y avait quelqu'un qui s'était converti au bouddhisme, ça faisait dix ans qu'il lisait les enseignements, le frère du dentiste du Dalai Lama, et il me dit, ah ouais, moi depuis 50 ans, ils étaient plus âgés que moi, 50 ans que je suis le Dalai Lama, moi ça faisait une semaine, je ne savais même pas qu'il vivait là. Je suis sur les réseaux tous les jours, etc. Je ne savais même pas que le Dalai Lama avait Instagram. Et donc du coup je me ramène avec ce petit groupe là, et donc on arrive à avoir une audience, et donc il nous reçoit, et donc on a en fait, ça paraît éternel, mais on a 45 secondes en fait d'échange avec le Dalai Lama, ce qui est énorme. Donc on a un interprète qui lui précise qui on est, moi je lui dis bah voilà je suis français, je suis venu le voir en autostop, j'ai fait 15 000 km d'autostop pour venir le voir, donc là il me dit c'est quoi l'autostop, etc. Il dit Ah bon, ça marche bien et tout Et il rigole. Et ensuite, il prend mon pouce et il le frotte contre son front comme pour le bénir. Et il nous remet ensuite une grande écharpe qui symbolise qu'on a rencontré le Dalai Lama. Et puis ensuite, ça passe au suivant. Et c'est un moment qui est exceptionnel et qui est complètement irréel. Et pour moi, c'était inconcevable de pouvoir le rencontrer sur un immense concours de circonstances. 5-6 maillons qui se sont passés que si un seul ne s'était pas réalisé, je n'aurais pas eu la chance de le rencontrer. Et au final, j'ai pu rencontrer le Dalai Lama. Et puis ensuite, j'ai continué ma visite de l'Inde. Mais c'est vrai que ça s'est passé le 7 ou le 8e jour de mon arrivée en Inde. Et je ne comptais même pas aller là-bas. Donc, c'est vrai que c'est assez fou.

  • Speaker #1

    C'est incroyable. Et qu'est-ce qu'il y a comme émotion quand tu te retrouves en face de lui ? Il se passe vraiment quelque chose ?

  • Speaker #0

    Il se passe vraiment quelque chose et je dirais que déjà ça se ressent. Donc après, les croyances du bouddhisme, c'est intéressant, mais c'est vrai que tout le monde dit qu'il y a une énergie particulière dans toute la ville, qu'il y a l'aura du Dalai Lama qui rayonne. Et c'est vrai que je dois dire que même moi, si j'étais un peu cartésien et reluctant à ces idées-là, il y a quand même quelque chose de spécial. Et c'est vrai que dans toutes les rencontres que j'ai faites, des rencontres passionnantes, par exemple, le gars qui faisait le... les soupes de nous qui parlaient un anglais parfait, qui avaient été philosophes, qui avaient été marines dans l'armée indienne, qui se retrouvent là. Vraiment que des profils un peu atypiques, qu'une série de rencontres complètement extraordinaires. C'est vrai que pendant une semaine, ça a été fou. Quand on est face à lui, c'est une partie de l'histoire qui est face à nous. C'est la personne la plus connue, entre guillemets, que j'ai rencontrée lors de mon voyage, en tout du moins qui est... qui est connu même en France. Après, j'ai rencontré des chanteurs chinois qui sont suivis par 10 millions de Chinois, mais donc personne ne connaît en France. Mais lui, il est connu. C'est vrai qu'il a été pris le Nobel de la paix. Il a quand même une image et des préceptes qui sont très intéressants. Et pouvoir le rencontrer, c'était juste une chance inespérée. Et c'est vrai que du coup, il a béni mon voyage. Et moi, avant de partir, j'étais allé à Place Saint-Pierre où j'avais assisté à la bénédiction papale. Et donc, en fait, en quatre mois, mon voyage a été béni par le pape et par le Dalai Lama. Donc, j'étais vraiment sous les meilleurs auspices pour arriver à bon port. Donc, c'est vrai que c'était exceptionnel de recevoir la bénédiction du Dalai Lama et puis la bénédiction papale. La bénédiction papale, ce n'est pas pareil parce qu'il est à son balcon, on est sur une place, il y a 10 000 personnes. Mais voilà, c'est quand même deux personnes incroyables où il y a des milliards de personnes qui suivent leurs enseignements. qu'on soit pour ou contre, c'est quand même des personnes qui marquent le monde.

  • Speaker #1

    Faux et en même temps, je pense qu'il n'y a pas complètement de hasard. Il y a tellement peu de personnes qui ont pu le rencontrer et toi, ça a été de manière aussi facile. Je pense que c'est vraiment pas par hasard. Est-ce que avant qu'on termine, est-ce qu'en termes de spiritualité, ton voyage a changé quelque chose ? Alors, les valeurs, on l'a compris, mais en termes de spiritualité ou de religion, est-ce que ça a changé quelque chose ?

  • Speaker #0

    Oui, énormément. Moi, je dirais que je n'étais pas forcément très religieux avant de partir, mais j'ai eu la chance d'être immergé dans les six plus grandes religions du monde. Si on prend ces six religions, elles représentent 85% des croyances de la population mondiale. Et si on enlève les Chinois, c'est les croyances de 99% de la population mondiale. Donc, c'est les chrétiens, les musulmans, les juifs, les bouddhistes, les hindous et les sikhs. Et ces six religions, elles… Elles façonnent le monde par leur imprégnation dans les cultures, etc. Donc j'ai eu la chance de discuter avec des personnes de toutes ces religions. J'ai vécu deux ramadans, j'ai vécu deux fêtes de Pâques, j'ai vécu quatre mois dans un pays hindou, quatre mois dans des pays bouddhistes. J'ai rencontré des musulmans en Turquie, en Indonésie, sous les tropiques, en Chine, dans le désert de Gobi. Pour les chrétiens, j'en ai rencontré en Italie, j'en ai rencontré en Australie, dans quasiment tous les pays que j'ai traversés. C'est vrai que tous ces échanges spirituels, ça m'a beaucoup nourri, ça m'a beaucoup amené à me poser des questions. Et c'est vrai que je leur dis Ah ouais, c'est vrai que j'ai quand même beaucoup de chance dans mon voyage, tout se passe bien, j'attends pas longtemps, etc. Et beaucoup de personnes religieuses, quelle que soit leur religion, elles me disent Mais tu sais Lucas, il n'y a pas de hasard. Donc c'est vrai que ça amène à se poser des questions. J'ai beaucoup évolué, c'est vrai que maintenant j'ai des croyances qui n'étaient pas le cas avant de partir. Et puis c'est... Des fois, on est en galère, on est en Australie. Moi, ça faisait trois heures que j'attendais, il ne se passe rien. On fait une petite prière et puis bim, il y a une voiture qui s'arrête. Un gars qui nous propose de nous ramener chez nous, qui sort une côte de bœuf de 300 grammes, un barbecue ou un machin, alors qu'on était bouffé par les mouches toute l'après-midi. Donc oui, il y a des choses qui posent des questions. Et également, beaucoup de témoignages de personnes où, par exemple, des femmes qui n'arrivaient pas à avoir d'enfants. Au final, elles sont allées dans un monastère et la femme a eu des triplés le mois d'après. Une personne qui était vraiment en perdition, qui a envoyé une lettre à Lourdes et qui a réussi à obtenir une maison et un meilleur travail. Ou une personne qui ne s'en sortait pas dans sa vie, qui a fait un pèlerinage à la Mecque et qui a pu construire une école dans son village. Des personnes qui sont converties au bouddhisme et qui ont trouvé leur voie. Et c'est vrai que toutes ces personnes, ça m'a beaucoup interloqué, parce que je me suis dit, c'est fou, parce qu'il y a quand même six grandes religions à travers le monde. Ça me paraît très curieux qu'il y en ait une qui détienne plus la vérité que des autres, parce qu'il y a des milliards de musulmans, il y a des milliards de chrétiens, et pourtant, à chaque fois qu'ils prient leur Dieu, ça se réalise.

  • Speaker #1

    Dans tes prières, tu n'es pas obligé de répondre parce que c'est peut-être un peu intime, dans tes prières, tu priais qui ? Un dieu ? L'univers ? L'épisode ?

  • Speaker #0

    Moi, je dirais que j'ai… J'ai beaucoup évolué, donc c'est vrai qu'au début j'étais plus déiste j'étais vraiment plus de cette catégorie-là, de plus en plus, il y a un Dieu, mais voilà, qui s'exprime sous différentes formes. Et puis en fait, ce qui m'a beaucoup perturbé, qui m'a beaucoup intéressé, c'est qu'en fait la personnalité de Jésus est présente dans toutes les religions. Et en fait, toutes les religions essayent, et ça c'est un fait que j'ignorais complètement, et en fait toutes les religions essayent de, pas de le s'accaparer, mais essayent de le… de correspondre et d'avoir un lien avec lui. Par exemple, pour les musulmans, ils reconnaissent qu'il est né de la Vierge de Marie, que c'est un prophète, etc. Pour la religion Baha'i, c'est également un prophète. Pour certains courants du bouddhisme, c'est une réincarnation de Bouddha. Du coup, c'est un illuminé, quelqu'un qui a réussi à atteindre le nirvana. Il faut également suivre les enseignements. Pour les hindous, Pareil pour les hindous, ils sont polythéistes, donc du coup, ils disent moi j'ai Shiva, j'ai Brahma, mais j'ai également Jésus Donc ça m'a beaucoup interloqué que toutes ces religions se reconnaissent en fait, s'y ir de par ces enseignements. Et donc c'est vrai qu'après je me suis posé plus dans les livres religieux. Et après, qu'on soit croyant ou pas, il y a quand même des messages philosophiques extrêmement intéressants. C'est surtout de voir que chacun essayait de se l'approprier. Par exemple, les Ouïghours, ils me disaient Jésus, il est venu en Mongolie L'Indien me disait qu'il est passé en Inde, qu'il y a un prophète qui est allé en Turquie. Tout le monde a essayé de se réattribuer. C'est vrai que ça m'a beaucoup questionné. J'essaie toujours de chercher, de découvrir. Mais ça m'a beaucoup interloqué ces questions. Et puis, c'est également dans tous les pays, il y a des chrétiens, alors qu'il y a certaines religions comme l'hindouisme qui sont quand même plus cantonnées à certains pays ou certaines zones géographiques, alors que c'est une religion… qui est plus répandue, après même si ce n'est pas forcément énormément de fidèles à chaque fois, mais il y a quand même des millions de fidèles au Vietnam, en Mongolie, en Indonésie.

  • Speaker #1

    Qu'est-ce qui se passe après ? Le retour, tu es revenu quand ?

  • Speaker #0

    Moi, je suis revenu à la fin du mois de juin. Ça va bientôt faire cinq mois que je suis rentré. Maintenant, je m'occupe entre… j'écris un livre. Le livre est quasiment fini. Maintenant, je vais essayer de chercher des éditeurs parce que ça va être bien compliqué. Je donne des conférences, j'anime des conférences environ toutes les semaines, tous les dix jours, donc dans les entreprises, dans les associations, dans les écoles, dans des ONG. J'ai également le projet de repartir pour l'Amérique du Sud en autostop cette fois-ci. Là, j'ai réussi à trouver un bateau qui va de Marseille à Rio. C'est vrai que ça vient vite parce que je pars la semaine prochaine. Donc voilà, je repars à l'aventure, peut-être pas pour un an et demi, mais peut-être au moins pour six mois, quelque chose comme ça. peut-être retravailler après ce voyage en Amérique du Sud. Là, c'est vrai que pendant cinq mois, j'ai donné les conférences et le livre. Je me disais, je vivote entre guillemets avec les conférences, le temps que ça finance le livre, que ça finance l'écriture. Et puis ensuite, dans le tourisme responsable, etc., il y a plein de possibilités. Puis c'est vrai qu'il y a plein de profils de carrière, de profils de vie qui n'existaient peut-être pas il y a 20 ans. Et maintenant, on en voit de plus en plus. Donc, je ne me ferme pas de porte, mais c'est vrai que j'aimais quand même beaucoup l'ingénierie.

  • Speaker #1

    donc avoir peut-être retravaillé puis peut-être qu'au bout de 6 mois je verrai que j'aime plus ça que j'ai envie de faire autre chose donc on verra et que le voyage te manque trop est-ce que tu aurais un conseil à donner la même aventure que ce soit du voyage ou de l'autostop est-ce que tu aurais un conseil à donner je

  • Speaker #0

    dirais qu'il faut faire confiance aux gens et le problème de notre société c'est qu'on ne fait pas assez confiance aux gens on essaye à chaque fois de voir ce qui ne va pas les aspects négatifs et moi je suis toujours parti du principe que les gens me voulaient du bien Il fallait voir le côté positif des gens, qu'il fallait faire confiance aux personnes, même si elles paraissent louches, même si elles paraissent bizarres, il faut quand même leur faire confiance. Et au final, c'est un peu difficile à décrire, mais les personnes le ressentent lorsqu'on leur fait confiance, lorsqu'il y a un lien comme ça. Lorsqu'on est dans une énergie positive, les gens le ressentent. Et après, ça crée le chemin pour des magnifiques rencontres. Et après, on est sur une autoroute du plaisir et une autoroute de belles rencontres. Et c'est vrai que moi, je suis parti du principe de tout le temps faire confiance aux gens. Et ça a toujours marché. C'est ce qui m'a permis de vivre cette aventure extraordinaire. Donc, au début, il faut peut-être avoir peur un petit peu. Il ne faut pas avoir peur de se lancer. Mais ensuite, en faisant confiance aux gens et à la Providence, tout se passe bien et on vit des choses extraordinaires.

  • Speaker #1

    C'est une conclusion magnifique.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Je vais en tout cas les conseiller. Je pense que tout le monde va essayer de le suivre. Merci. J'ai vraiment adoré cet enregistrement. J'ai trouvé que c'était passionnant. En plus, tu le racontes.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Moi, j'ai la vidéo devant, donc avec tellement de... Tu as un sourire permanent sur le visage et c'est vraiment très, très agréable. On peut te suivre, du coup, sur Instagram, Pouce pour un. C'est ça. Et d'autres endroits où tu aimerais qu'on puisse te retrouver. Le livre, j'espère, bientôt. C'est ça. Si quelqu'un peut t'aider pour la sortie,

  • Speaker #0

    qu'il te suive. Je suis prôneur. Et principalement sur Pouce pour un, sur le compte Instagram, la plupart des choses. Donc, c'est là que je communiquerai pour le livre, pour les conférences et puis pour le voyage en Amérique du Sud. C'est principalement sur ce réseau. Après, je fais également des vidéos sur YouTube et TikTok. Donc, c'est également Pouce. Mais c'est principalement sur le compte Instagram où je communique, que ce soit pour les choses un peu formelles comme les conférences, les podcasts et pour l'aventure au quotidien.

  • Speaker #1

    Merci en tout cas d'avoir accepté mon invitation.

  • Speaker #0

    J'ai hâte de te faire un plaisir.

  • Speaker #1

    De tes aventures maintenant en Amérique du Sud. Et puis, en tout cas, on te souhaite le meilleur. Et merci pour ton partage.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. C'était un plaisir. Bonne journée. Au revoir.

  • Speaker #1

    Salut Lucas. Et voilà, cet épisode est terminé. J'espère qu'il vous a plu. Si c'est le cas, n'hésitez pas à le partager avec votre entourage. Abonnez-vous pour ne manquer aucun épisode et prenez quelques instants pour laisser un avis ou une note sur votre plateforme préférée. Vos retours sont précieux et m'aideront énormément. Merci d'avance et à bientôt pour de nouvelles aventures.

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