- Speaker #0
J'ai failli arrêter parce que justement je ne prenais plus de plaisir, je ne savais plus pourquoi je faisais ce sport. J'étais tombée dans juste, il faut que je performe, il faut que je sois la meilleure, on m'a sélectionnée en équipe, il faut que je montre que... Et puis en même temps tu as du mal à réaliser parce que tu es là, moi ce que j'ai fait là, j'ai juste fait ce que je fais tous les jours à l'entraînement. Du coup tu te dis, je ne sais pas, c'est bizarre et j'ai du mal vraiment à réaliser. La première fois que j'ai réalisé, c'est quand j'étais à l'entraînement, que c'était dur. Un temps après, je me suis dit, ouais, tu veux être championne du monde ou quoi ? Bon, ben bouge-toi, tu vois. Et là, je me suis dit, ben non,
- Speaker #1
je suis déjà championne du monde. Hello everybody, j'espère que vous allez bien et surtout que le froid de l'hiver ne vous aura pas frigorifié. Pour ce 13e épisode, il est l'honneur d'avoir reçu Annah Abravanel, qui est une championne dans sa discipline. Elle pratique... le beach flag et puis le softash sportif pour faire une brève présentation de ses résultats elle est multiple championne d'Europe multiple championne de France depuis 2017 en 2024 elle a été championne du Japon et championne en France et en 2025 tout récemment elle a été championne d'Espagne et championne d'Australie et membre depuis l'équipe de France senior depuis Denis, 22 ans, Anna, elle est également étudiante à Sciences Po Paris et préparatrice mentale. Mais avant tout, c'est une jeune femme qui aujourd'hui nous fait l'honneur d'être sur ce podcast et de nous partager son histoire. Sur ce podcast, nous partons à la découverte du sauvetage sportif qui est par ailleurs le sport national en Australie et plus précisément de la discipline du biflax. Puis, nous avons continué notre échange autour de l'alliage. entre les notions de plaisir, pression et de performance. Et nous avons conclu notre échange sur une longue discussion autour de l'importance de la connaissance de soi dans la réussite des objectifs et dans un équilibre personnel et professionnel. Bref, encore une fois, traite de bavardage, je vous laisse à notre échange avec Anna. Je vous souhaite une bonne écoute. Je m'appelle Annah Abravanel, j'ai 22 ans.
- Speaker #0
Je suis en faculté au Pays Basque, donc à Saint-Jean-de-Luz. Je suis sportive de haut niveau en sauvetage sportif. En parallèle, je suis préparatrice mentale, donc j'accompagne des athlètes et des clubs dans leur performance et dans leur recherche de bien-être. Et je suis aussi étudiante à Sciences Po en master marketing du poids à pas.
- Speaker #1
Est-ce que tu as toujours fait du sauvetage sportif ou tu es passée par d'autres sports avant d'en arriver à là ?
- Speaker #0
J'ai toujours été sportive, donc j'ai fait plein de sports. plein de choses, de la natation, de l'athlétisme. Et l'athlétisme, c'était plus... Je ne faisais pas du sprint, je faisais du demi-fond. J'ai fait de la voile, franchement, plein de sports. Et puis, quand j'ai eu 9 ans, j'ai une amie qui m'a dit d'aller essayer le sautage sportif. J'ai essayé et j'ai vraiment beaucoup aimé et c'est devenu mon sport principal.
- Speaker #1
Et à 9 ans, est-ce que tu te souviens qu'est-ce qui t'a plu dans ce sport plus que dans d'autres ?
- Speaker #0
Je pense que la diversité des épreuves m'a beaucoup Le fait de ramer, de nager, de courir, ça, c'était cool. Et puis, l'ambiance, les gens, les valeurs du sport, le fait d'apprendre à sauver quelqu'un, le fait d'avoir vraiment des valeurs en lien avec la protection de l'environnement, c'est chaud de là. Donc, je pense que c'est plein de choses qui ont fait que j'ai aimé. Et après, il y a eu cet aspect performance où j'ai vu que j'avais des facilités sur les épreuves sur le sac. qui peut être le sprint sur le sable. Et je me suis dit, petit à petit, on va s'entraîner un peu plus et voir jusqu'où ça peut m'admettre.
- Speaker #1
Pourquoi en Australie, ta discipline et le sport ? C'est le port national, il me semble, en Australie.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Et pourquoi en Australie ?
- Speaker #0
C'est le nélam. Du coup, il y a des bénévoles qui ont décidé de surveiller les plages. Et puis, au bout d'un moment, ils ont décidé de s'affronter. pour voir qui sauvait le plus vite quelqu'un, qui neigeait le plus vite, qui courait le plus vite. Et c'est de là qu'est né le sport, en fait.
- Speaker #1
Donc, de tragédie, on en a construit un. Comment tu pourrais, parce que c'est un sport qui est, je pourrais dire peut-être malheureusement peu connu en France, et comment tu pourrais nous l'expliquer simplement ?
- Speaker #0
Alors, le sauvetage sportif, déjà, il y a deux parties. Il y a une partie en piscine, une partie en mer. Moi, je suis spécialisée dans la partie en mer. À chaque fois, il y a six épreuves individuelles et des relais. En fait, chaque épreuve va avoir un lien avec le fait de sauver quelqu'un. Dans la partie en piscine, tu vas nager avec des mannequins, avec des pannes, avec des poétubles. Et dans la partie en mer, là, tu vas avoir des épreuves sur le sable et des épreuves dans l'eau. Donc de la nage, de la rame, du super ski. Et sur le sable, en fait, tu vas avoir, par exemple, du sprint sur le sable. Donc l'idée, c'est que tu fais les épreuves que tu veux. Ce n'est pas comme un décapelon où tu dois tout faire. Non. Tu fais les épreuves que tu veux. Et en fonction de ta place... ça va rapporter des points, par exemple, à ton club ou à l'équipe de France.
- Speaker #1
Ok. Parce que du coup, c'est dans un club, par exemple, vous êtes une équipe et vous concourez tous pour une discipline particulière et c'est là où les points s'accumulent.
- Speaker #0
Par exemple, je ne sais pas, dans l'équipe de France, il y a six filles seniors et on peut aligner sur chaque épreuve au maximum deux personnes. du même pays. Et en fonction de la place que tu vas faire, tu marques des points.
- Speaker #1
Et quand tu fais ces compétitions à l'international, tu joues pour l'équipe de France ? Non, pas forcément.
- Speaker #0
Généralement, les compétitions internationales que tu fais sous le bonnet de l'équipe de France, il y en a une par année si tu es sélectionnée. Pour la partie en mer. Mais par exemple, les championnats du Japon, les championnats d'Australie, je les fais sous les bonnets de mon club.
- Speaker #1
Et toi, quel est le nom de la discipline que tu pratiques ?
- Speaker #0
Alors moi, je fais les épreuves sur le sable. Il y en a deux. Il y a le 90 mètres sur le sable. C'est un 90 mètres sur le sable. Et je fais ce qu'on appelle des flags. Donc en fait, l'idée, c'est qu'on est allongé sur le sable, sur le ventre. Et à 20 mètres derrière nous, il y a des bâtons. Donc imaginons qu'on soit 10 filles. derrière nous, il va y avoir 9 bâtons. C'est un peu comme une chaise musicale. Il donne le top départ. Celui qui a un bâton, il passe au tour d'après. Si tu n'as pas de bâton, tu es éliminé. Et l'idée, c'est de faire ça jusqu'à ce qu'il n'y ait plus qu'un bâton et deux personnes.
- Speaker #1
Quelles sont les caractéristiques pour être bon dans ta discipline ?
- Speaker #0
En fait, ma préparation, c'est une préparation de sprinter. Donc, je fais beaucoup de pistes. et beaucoup de muscu, et après je vais sur le stade. Pour mes épreuves, c'est un peu les mêmes habiletés que des sprinteurs, donc ça va être très explosif, être très puissant, pouvoir créer beaucoup d'énergie en très peu de temps. Et concernant les flags, l'idée c'est que tu as une partie très technique, le retournement en fait c'est très important, donc tu as beaucoup de technique, et tu as aussi une partie tactique. Dans le sens où tu peux aller croiser les autres, tu peux protéger une personne ou essayer d'en éliminer une autre. En fait, tu as différentes tactiques de course. Là où le sprint, tu cours dans ton couloir et tu cours dans ton couloir.
- Speaker #1
Donc, ça demande de bien connaître ses adversaires pour mettre en place ces tactiques.
- Speaker #0
Pour bien connaître ses adversaires, il faut comprendre leur force, leur faiblesse et comment pouvoir les battre.
- Speaker #1
Tu commences à 9 ans, à partir de quand tu sais que tu peux viser le haut niveau et peut-être devenir professionnelle dans ta discipline ?
- Speaker #0
Ce qui est drôle, c'est que la semaine où j'ai commencé, il y a un entraîneur du club qui est venu me voir, il y avait ma mère à côté. Et on s'en souvient, ça nous avait vraiment marqué. Il m'a dit, oui, toi un jour tu seras championne du monde des flags en Australie. J'ai 9 ans. Et en plus, ce qu'il faut savoir, c'est que les championnats du monde en Australie, c'est... tous les 6 ans. C'est assez rare quand même. Et bon, et puis, en fait, très vite, j'ai gagné les compétitions sur les flags, notamment. Et puis, du coup, j'ai commencé à m'entraîner de plus en plus. Et en 2018, j'avais 15 ans. Là, je commençais à avoir déjà pas mal d'entraînement. Et c'est la première fois que j'ai été sélectionnée en équipe de France junior. Et là, à partir de là, ça s'est assez vite enchaîné. Chaque année, j'ai mis en place des nouvelles choses et j'ai progressé. C'est vraiment quelque chose qui s'est construit au fur et à mesure des années, sur tous les plans, que ce soit physique, technique, tactique, mental. Et juste pour préciser, je ne suis pas sûre de vous dire que je suis professionnelle dans ma discipline, dans le sens où je ne vis pas de ça. C'est un sport amateur.
- Speaker #1
Je pense que c'est important de le souligner parce que de là vient une autre question. C'est dans les déplacements internationaux, du coup, tu joues avec ton club, donc non pas sous la casquette de la fédération. Pour les déplacements, tu t'autofinances ou non ? Comment ça se passe ?
- Speaker #0
Je suis sponsor, donc ça c'est cool. Et j'ai un fonds de dotation qui m'aide notamment pour les compétitions internationales. C'est le but du truc. Et donc, pour financer mes voyages en Australie ou mes stages en Australie, ils vont m'aider et m'accompagner dans ça. Ce n'est pas toujours été le cas. Donc, c'est vrai qu'il y a eu une période où c'était un peu compliqué. Mais comme je savais que la clé pour progresser et me rapprocher de ce titre mondial, qui était mon objectif, ça passait par faire des stages en Australie et faire des compétitions internationales face aux meilleurs. Du coup, j'ai cherché des solutions pour... trouver ces fonds-là,
- Speaker #1
et ça s'est développé comme ça. Ok, donc toujours motivée par cet objectif de fonds, mais c'est vrai que ça doit rajouter une certaine pression aussi, de se dire, bon, là, il faut forcément de la finance pour partir à l'autre bout du monde, et de se dire, il faut aussi peut-être des résultats pour que je sois vue, et avoir une certaine image pour pouvoir que je puisse me présenter devant des entreprises pour dire, bon, ben voilà, c'est pas un objectif comme ça dans l'air, c'est un objectif... Un objectif qui peut être réalisé.
- Speaker #0
Complètement. Si jamais vous êtes des sponsors ou quoi, n'hésitez pas à me contacter.
- Speaker #1
Et justement, quel est ton speech, on va dire, si tu dois te présenter pour donner envie aux personnes de t'accompagner dans cette aventure qui sort complètement de l'ordinaire ?
- Speaker #0
Par exemple, là, ça faisait longtemps que je bataillais. pour avoir un partenariat avec Pillage. Et en fait, c'est plus, il n'y a pas forcément de pitch, c'est plus, par exemple, à moi, c'est une entreprise qui parlait vraiment et c'est leur produit qu'ils utilisaient vraiment déjà de base dans mon quotidien, dans ma préparation. Et puis en fait, on a beaucoup échangé sur qu'est-ce qu'ils peuvent m'apporter, qu'est-ce que je peux leur apporter et quel est mon objectif. Donc moi, mon objectif, c'était d'être championne du monde, d'être championne d'Australie, de rester la meilleure du monde. Et l'idée, c'est qu'ils m'accompagnent dans cette démarche-là, en fait.
- Speaker #1
Ok. Donc, des marques ou des entreprises qui correspondent à tes valeurs, que tu utilises, et où ça match vraiment au niveau autant de leur côté que du tien, pour pouvoir porter haut leurs valeurs et qu'eux aussi portent tes valeurs.
- Speaker #0
Complètement, c'est ça.
- Speaker #1
C'est une question pas facile. Comment tu sais que... prends toujours du plaisir dans ta pratique ? On va vraiment se concentrer dans la pratique sportive parce que c'est quelque chose que tu fais au quotidien. Comment tu sais que tu prends encore et toujours du plaisir dans ta pratique sportive ? Malgré l'intensité augmente, que les exigences augmentent et le nombre d'années que tu pratiques, comment tu sais que tu aimes encore tu prends du plaisir à pratiquer ce sport-là ?
- Speaker #0
C'est une bonne question parce que c'est vrai qu'à un certain niveau, avec les résultats que tu fais, Ciao ! tu as de la pression, tu as de l'enjeu. Les compétitions sont difficiles, elles sont fatigantes, que ce soit physiquement ou émotionnellement. Et tu as l'impression de tout le temps te battre pour ta place, pour montrer, pour faire des résultats. Ce n'est pas quelque chose qui est facile. Et c'est pareil dans les entraînements. En fait, chaque entraînement, tu as mal, c'est dur, tu es fatigué. Et ça, c'est deux fois par jour, tous les jours. Puis tu as la récup' avec les bains froids, les kinés, etc. Donc ce n'est pas forcément une partie plaisir ou juste tu kiffes, tu vois. Tu es à la plage et tu passes un bon moment. Genre, tu es là, tu travailles et c'est difficile. Je pense que, moi, il y a eu une période, donc pour répondre à ta question, il y a eu une période où j'ai failli arrêter parce que justement, je ne prenais plus de plaisir, je ne savais plus pourquoi je faisais ce sport. J'étais tombée dans juste, il faut que je performe, il faut que je sois la meilleure. On m'a sélectionnée en équipe, il faut que je montre que... Donc j'étais complètement tombée dans ce truc du résultat et de prendre du plaisir pour avoir envie de s'entraîner. Et je pense que j'ai fait un gros travail et qu'aujourd'hui, j'arrive à prendre du recul avec la performance, même si c'est très important. Et je sais que j'aime encore ce sport parce que le matin, quand je me lève, je suis contente d'aller m'entraîner, je suis contente de progresser. Je suis excitée à l'idée de faire des compétitions. Et au final, quand je regarde en arrière, je me dis que j'ai bien fait de le faire, j'ai bien fait de faire cette compétition, j'ai bien fait de partir. Même si parfois, en vrai, ça m'est déjà arrivé plein de fois. Je pars en Australie faire mon stage d'entraînement. Et au bout du monde, tu es tout seul. C'est dur. Et là, tu te dis, mais qu'est-ce que je fais là ? Et puis, au bout d'un moment, tu te dis, je suis là parce que... Je vais apprendre des nouvelles personnes, j'apprends une nouvelle culture, je m'entraîne avec des athlètes qui sont super forts, je progresse, j'apprends des choses que les autres ils n'apprendront pas parce qu'on peut les apprendre que là. Je fais la meilleure compétition du monde. compte que t'aimes ce que tu fais, même si globalement, c'est difficile.
- Speaker #1
C'est de ne pas tomber dans ce système de productivité, de performance, et c'est de se dire, comme dans la vie de tous les jours, la vie, ce n'est pas facile. On rencontre des difficultés, mais toujours avec cette question de sens et de plaisir. Oui, c'est ça.
- Speaker #0
En fait, c'est pourquoi tu fais ça. Si tu n'as pas de réponse, peut-être qu'il faut te poser des questions. Mais si tu te dis, je fais ça parce que ça, ça, ça, ça, ça, peut-être que tu aimes toujours ce que tu fais et ce n'est pas forcément facile, mais tu vas dans la bonne direction.
- Speaker #1
C'est ça qui doit nous porter. Si on ne trouve pas des réponses à ces questions-là, je pense que les difficultés vont être perçues comme vraiment des montagnes à gravir, des murs de 30 mètres de haut. C'est dire, waouh, comment je fais de ne pas percevoir, enfin, plus prendre l'exemple de la montagne parce qu'il y a toujours un moyen de gravir. Mais si on ne met pas de sens, la montagne va être infranchissable.
- Speaker #0
C'est ça, mais complètement, tu as raison. Et moi, c'est ce que je bosse dans mes coachings avec les athlètes que je suis, où justement, en fait, les recentrer sur pourquoi tu fais ça, prendre du plaisir. OK, quels sont tes objectifs ? Qu'est-ce que tu peux faire pour atteindre ces objectifs, pour te rapprocher de ça, en fait ?
- Speaker #1
C'est hyper important, ton retour d'expérience, notamment sur le fait que tu t'es... toi-même poser la question mais qu'est-ce que je fais là en fait parce que c'est de montrer que ça peut arriver à tout le monde et c'est pas parce qu'on pratique sa passion que c'est toujours tout rose, on se pose jamais de questions ou quoi et je trouve que c'est vachement c'est vachement bien je pense que quand on fait des compétitions internationales comme tu as pu faire donc là récemment en septembre championne du monde félicitations déjà merci qui plus est, c'était ton objectif. Quand on atteint cet objectif-là, qu'est-ce qui se passe après ?
- Speaker #0
Quand je suis rentrée des championnats du Japon, déjà, j'ai renseigné. Je suis rentrée, je n'ai pas eu le temps de fêter mon titre, je suis rentrée directe, j'ai eu ma rentrée, j'ai renseigné avec les championnats de France, je suis partie au Japon toute seule, j'ai fait les championnats du Japon. Et là, quand je suis rentrée, j'ai fait un peu une explosion. Alors, j'avais toujours envie de m'entraîner. Bon, j'ai fait un break de trois semaines, mais on récupérait. Mais j'avais toujours envie de m'entraîner. J'étais heureuse de m'entraîner. J'avais envie de faire des compètes. C'était plus physiologiquement où je n'arrivais plus… Je ne pouvais pas lire. Alors, moi, je lis beaucoup et je ne pouvais pas lire mes cours. Je ne pouvais pas les lire parce que je ne comprenais rien, même une phrase, même mes messages. Je ne pouvais pas écrire de messages. J'avais des crises de… Pas de panique, mais tu sais, de… d'anxiété, je pleurais pour rien, j'étais mal, enfin tu vois le truc, voilà quoi. Quand j'allais à Paris toutes les semaines pour les cours, c'était, dans le train, c'était horrible. Les 4h30, je l'ai passé à pleurer, j'étais au téléphone avec ma mère, ça va pas, enfin franchement, voilà. Pareil, mes constantes, tu vois, mon rythme cardiaque, d'habitude je suis sous les 40 et là elle était genre à 70 alors que je m'entraînais pas. et ça a mis ça de octobre jusqu'à janvier, ça a commencé à aller bien en janvier. J'ai lu mon premier livre fin janvier, tu vois.
- Speaker #1
Ok.
- Speaker #0
Donc vraiment, pas bien du tout. Mais j'avais envie de m'entraîner, je m'entraînais, je m'entraînais dur, je progressais, ça c'était cool. C'était vraiment juste, j'étais mal. Et je ne savais pas pourquoi, je me levais le matin, je n'étais pas bien.
- Speaker #1
Et avec du recul ? Est-ce que tu sais pourquoi tout ça s'est arrivé, tout ça s'est déclenché ou même maintenant aujourd'hui c'est une énigme ?
- Speaker #0
Je pense qu'il y a eu beaucoup de choses. En fait, j'ai eu plein d'opportunités que j'ai saisies et ça a été peut-être un peu trop dans le sens où, tu vois, après les championnats du monde, je n'ai pas décompressé. J'ai fini vers 16h et à 20h, j'étais à l'aéroport pour rentrer. Le lendemain, je suis arrivée un lundi après-midi, le mardi, j'avais ma rentrée. Je suis partie au championnat de France, je ne suis pas rentrée chez moi, je suis partie directement au Japon. Et en fait, c'est juste que trop de stress, trop de pression, trop de voyage. Et je pense que j'avais besoin de me poser, de récupérer. Et je pense que ça n'aurait pas été aussi intense ce que j'ai vécu si après les mondes, je n'avais pas eu d'autres compétitions. Je pense que je l'aurais mieux vécu. Donc je pense qu'il y a ça. Et le fait peut-être que tu te lèves tous les jours pour un objectif pendant des années, et puis un jour, cet objectif, il est atteint, et derrière, il y a une sorte de vide, tu vois. Les crises d'anxiété que j'avais, je ne saurais pas trop comment les expliquer, parce que ça se déclenchait, tu vois, vraiment. Bon, au début, c'était tout le temps. Et après, c'est resté surtout quand je partais de chez moi. Donc, quand j'allais à Paris, quand je passais un week-end chez des copains. Et j'ai reçu ça. Je suis partie en Australie pour mon stage d'entraînement, c'est la seule chose que j'ai re-eue. Et après tout le reste c'est parti, il n'y avait rien d'autre. Et aujourd'hui ça va mieux à 100%. Je pense que c'est bon, c'est passé. Mais je ne sais pas trop toi comment tu l'expliquerais avec ton expertise.
- Speaker #1
Donc dans un premier temps on pourrait dire que déjà depuis toute petite, depuis que tu as commencé... La pratique du softage sportif, l'entraîneur t'avait dit que tu serais à un moment donné championne du monde. Donc même si jadis cela paraissait un petit peu étrange et un petit peu questionnant, il se peut que cette information se soit ancrée dans ton inconscient. Puis dans un deuxième temps, depuis que tu t'es spécialisé dans les beach flags, tu t'entraînais dans l'objectif de devenir championne du monde. et là, après tant d'années de pratique, d'entraînement et de compétition, tu arrives à cet objectif-là. Avant d'élaborer une hypothèse, j'aimerais que tu répondes à cette question. Est-ce que tu as pris le temps de prendre conscience, justement, de ce qui s'était passé, de ce que tu avais atteint et gravi, ou pas ?
- Speaker #0
Au moment où j'ai vécu, mais après, tout est passé vite. J'ai eu un contrôle antidopage. J'ai dû me tromper à l'hôtel J'ai eu la séquence Faire mes affaires, manger Aller à l'aéroport Et puis en même temps t'as du mal à réaliser Parce que t'es là, moi ce que j'ai fait là J'ai juste fait ce que je fais tous les jours L'entraînement tu vois Du coup tu te dis c'est bizarre Et j'ai du mal vraiment à réaliser La première fois que j'ai réalisé c'est quand j'étais à l'entraînement C'était dur, longtemps après Que je me suis dit ouais tu veux être championne du monde ou quoi Bon bah bouge toi tu vois Et là je me suis dit C'est déjà le moment où j'ai commencé à réaliser. Pour répondre à ta question, sur le moment même, oui, je me suis dit « putain, j'ai gagné » , et après, tu as du mal à vraiment le réaliser.
- Speaker #1
Rien que dans l'intitulé même du terme, tu es championne du monde, championne du monde entier. J'avais pu échanger avec un jeune qui est à 18 ans, qui est plus très jeune que ça. Mais qui était dans le monde du volet, qui est venu par ailleurs dans le podcast, Joris Sedi, qui a dit qu'il était champion du monde, donc dans un sport collectif, et son fond d'écran, c'était le monde, justement. Il dit, mais je suis champion de tout ça. Wow ! Psychologiquement parlant, c'est quelque chose d'extraordinaire, dans son sens étymologique, de se dire que ça sort de l'ordinaire. tout un chacun et qui plus est quand c'est ton objectif et c'est comme un peu une grosse claque de se dire wow et toi tu as enchaîné tout ça,
- Speaker #0
peut-être psychologiquement tu n'as pas eu le temps de te poser un agent ça faisait beaucoup parce que tu vois on a passé un mois là-bas aussi en stage et comment te dire que j'ai fait attention à toute ma récup, mon alimentation et du coup tu es très stran au taquet tu as beaucoup de discipline et c'est vachement pesant en fait Merci. Parce que c'est plein de petits trucs trop nuls, tu ne le vois pas, mais en fait, tu les accumules et c'est ça qui fait la diff. Sauf que ce ne sont que des trucs qui sont relous à faire, qui prennent de l'énergie et au bout d'un moment, c'est dur. Et j'avais eu une grosse saison aussi l'année d'avant où j'ai pas mal entraîné et je pense qu'en fait, il m'a manqué ce temps de récup. Et je n'avais pas bien préparé cette après parce que je pense que c'est quelque chose dont on ne parle pas assez. Et aujourd'hui, tu vois, je fais les choses différemment et je me prévois vraiment des temps d'après un peu plus tranquille pour vraiment me permettre de récupérer, de me régénérer.
- Speaker #1
Parce que déjà, ce qui est bien dans ton cas, c'est que tu n'as pas perdu cette envie et cette envie de pratique. Donc ça, c'est top. mais Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas quelque chose d'autre qui se passe. La preuve, ton corps parlait malheureusement pour toi. Et le corps, souvent, parle avant qu'on ait son capacité de mettre des mots dessus. Et ça prouve que là, il a dit stop, arrête. J'avais un jour, c'était horrible. Et ça,
- Speaker #0
c'était... C'était pas fondé. C'était vraiment une partie difficile. En fait, ce qui était dur, c'est que ça n'a pas duré genre trois semaines. C'est que au bout d'un mois et demi où tu es mal et que tu n'as pas un centimètre d'amélioration, bon, là, tu te dis, OK, là, il y a un problème. Et c'est là où mes parents ont commencé à vraiment s'inquiéter, etc. Mais j'étais bien accompagnée, j'étais bien entourée. Mon médecin du sport m'a dit que c'était une des réactions qui était normale, qu'il fallait juste du temps. le corps s'adapte, que le cerveau s'adapte. Comme j'ai beaucoup voyagé, j'ai pu parler à beaucoup d'athlètes, dont des athlètes qui ont fait les Jeux Olympiques de Paris, et dont un athlète japonais qui a eu le même parcours que moi, mais lui, il a 30 ans, et il a été champion du monde et champion d'Australie la même année. Et en fait, il était tellement mal après les championnats du monde, quand il était au Japon pour faire les championnats du Japon, il s'est qualifié en finale et il a déclaré forfait. Parce qu'il ne se sentait pas capable de faire la finale alors qu'il gagnait largement. Et en fait, juste parce que mentalement, il était trop, trop, trop, trop mal. Et je me suis dit, bon, en fait, je ne suis pas la seule. Et lui, il est dans son pays et il avait les championnats de France avant. Et tu vois, plein d'autres trucs comme ça. Donc, je me suis dit, bon, déjà, je ne suis pas la seule à être comme ça. Et ensuite, j'ai une amie australienne qui a été qualifiée pour... Les Jeux de Paris, elle a fait le 400 mètres et elle m'a dit que, elle, pareil, quand elle est rentrée des Jeux, jusqu'en janvier, février, elle ne pouvait pas se lever de son lit, elle n'était pas bien, etc.
- Speaker #1
Et pour le temps de s'en rendre compte de tout ça, c'est le temps, c'est vrai, l'accompagnement avec les proches, les professionnels de santé, pour mettre des mots, en fait, sur ce qu'on a vécu. Et justement, qu'est-ce que tu retiens de cette expérience ?
- Speaker #0
Maintenant, je fais attention à derrière, à voir cette phase de pouvoir récupérer. Donc, je suis vraiment gaffe à ça. C'est vraiment quelque chose qui est planifié maintenant.
- Speaker #1
Ça fait partie de ton planification, de ton après-poste compétition.
- Speaker #0
Exactement. C'est-à-dire que je me réserve un créneau. Alors ça dépend, si c'est une très grosse compète, ça va peut-être 2-3 semaines, si c'est une petite, ça va peut-être être une semaine, j'en sais rien, tu vois. Mais je sais que je me réserve un temps pour, tu vois.
- Speaker #1
Ok, bon ben c'est bien, déjà ça permet de, c'est marqué dans ton planning, c'est marqué, on ne peut plus bouger, mais aussi peut-être empêcher de la culpabilité d'arriver. Oui,
- Speaker #0
c'est vraiment, j'ai plus de temps pour récupérer et être bien, et d'ailleurs, derrière, pouvoir mieux repartir.
- Speaker #1
que ça soit dans le cas d'une réussite d'un objectif ou d'une expérience qui n'aboutit pas de la manière dont on souhaite, c'est important de prendre du temps pour soi, de prendre le temps, tout simplement, d'encaisser ce qui vient de se passer. Dans un premier temps, c'est important pour prendre conscience du chemin que l'on a parcouru et de l'aboutissement de notre expérience, qu'il soit positif ou plus ou moins négatif. Dans un deuxième temps, pour pouvoir l'accepter, tout ça, parce que que ça soit dans l'échec, Ou dans la réussite, ce n'est pas évident parce qu'on accomplit tout un chemin qui est plus ou moins long pour un résultat qui nous convient plus ou moins. Et puis dans un troisième temps, cette période de transition qui est primordiale pour se remettre dans le train de la vie, de savoir où est-ce que l'on souhaite aller, que cela ait du sens pour nous. Donc tout ce chemin prend plus ou moins du temps en fonction des personnes, mais aussi en fonction de la période dans laquelle nous sommes et dans l'état dans lequel nous sommes. Le plus important, c'est d'être à l'écoute de soi, d'accepter ce temps de latence, ce temps suspendu où on a l'impression que rien ne se passe, parce que tout est en train de se créer, tout est en train de maturer, de se transformer pour pouvoir continuer à avancer. Il est important de faire une pause dans cette spirale infernale de la vie, de s'écouter, d'être à l'écoute des signaux que notre corps nous envoie, parce que toute transition, toute finalité de cycle est importante, qu'elle soit bonne ou qu'elle soit moins bonne. Après avoir atteint son objectif premier, comment fait-on pour se remettre et pour se relancer surtout ?
- Speaker #0
Je pense que ce qui est important, c'est de se focaliser. C'est ce que je bosse dans mes coachings aussi avec mes athlètes. C'est se focaliser sur le chemin plus que sur le résultat en lui-même. Parce que l'idée, c'est que quand tu es championne du monde, ça ne te change pas. Ce n'est pas « je suis championne du monde et je suis meilleure » . annoncé. Tous les jours, le fait de t'entraîner, t'améliorer, le chemin qui va faire que tu vas progresser. Et l'idée, c'est de se concentrer sur ce chemin-là et d'essayer de continuer de voir jusqu'où tu peux aller, jusqu'où tu peux progresser. et vraiment kiffer le process en fait et d'essayer de rester au plus haut niveau le plus longtemps possible parce que comme c'est très bien dit, c'est facile de... peut-être en haut de la montagne, mais d'y rester, c'est difficile parce qu'il n'y a pas beaucoup de place, il n'y a pas beaucoup d'air. C'est étouffant. Donc au final, la partie la plus difficile, c'est peut-être celle-là.
- Speaker #1
Et aussi, une fois qu'on a atteint cet objectif-là, maintenant tu es connue dans ta discipline, tu étais déjà connue auprès de tes adversaires, mais là maintenant, tu es plus que redoutable. auprès de ces dernières-là, donc tu seras la personne à battre sur la prochaine.
- Speaker #0
C'est un statut qu'il faut apprendre à gérer et en fait, ce n'est pas forcément facile parce que tu n'as pas du tout l'habitude d'avoir ce statut-là. Du coup, c'est un peu bizarre parce que toi, tu es toujours la même personne, mais tu sens que derrière, ce n'est pas pareil.
- Speaker #1
Comment tu travailles justement pour apprendre à gérer cette pression d'un nouveau statut ?
- Speaker #0
Je pense que c'est se recentrer sur soi. Et se recentrer sur ce que tu contrôles et pourquoi tu fais ça, qu'est-ce que t'aimes. En fait, vraiment te détacher de ça.
- Speaker #1
Est-ce que tu trouves que le fait d'être sensibilisée à cette question de mental, psychologique, est-ce que c'est un atout considérable dans ta vie de tous les jours et dans ta discipline ?
- Speaker #0
Oui, j'ai eu un avant-après quand j'ai fait cette formation de préparation mentale. et franchement Pour moi, c'est aussi important la préparation mentale que la préparation physique. Et ça devrait être intégré dans une programmation, donc pas, je ne sais pas, trois fois par semaine, tu vois, mais une fois par semaine, une fois toutes les deux semaines. Je pense que ça devrait être intégré pour tout le monde, que ce soit des sportifs, des artistes, des entrepreneurs, des étudiants, des gens qui veulent apprendre à agir à leur stress, avoir plus confiance en eux, à fixer des objectifs. Je pense que c'est quelque chose qui est... nécessaire à tout le monde en fait.
- Speaker #1
Et pour toi, c'est en tout cas pour moi intéressant de parler à quelqu'un qui fait la préparation mentale et qui a cet aspect psychologique. Quelle est la différence pour toi entre un psychologue clinicien du sport qui est spécialisé dans le sport et un préparateur mental ?
- Speaker #0
Alors c'est différent dans le sens où moi je ne vais pas du tout bosser avec les pathologies du mental. Donc il y a vraiment une limite et c'est vrai que parfois cette limite peut être fine et il faut faire assez attention de se dire Est-ce que là, ça rentre dans le cadre de mon travail ou non ? Et savoir déléguer un professionnel qui sera plus expert dans ça. Mais l'idée, c'est que moi, je vais juste t'aider à développer ton bien-être dans ce que tu fais et t'aider à être plus performant. En fait, c'est vraiment l'idée de la préparation mentale, c'est d'optimiser tes qualités mentales. Là où toi, je pense que tu vas plus intervenir sur des choses un peu pathologiques dans le sens où... moi, je ne serais pas compétente dans ça.
- Speaker #1
Un peu plus, disons, profond, où il y a vraiment une problématique à travailler. J'ai trois dernières questions, on va dire les questions signatures du podcast. Donc, la première question, c'est si tu étais une citation, laquelle serais-tu ?
- Speaker #0
J'aime bien celle qui est 1% meilleure chaque jour. Je trouve que ça dicte assez bien ma philosophie. de vie, que ce soit en tant que sportive ou qu'être humain, d'essayer de s'améliorer un petit peu tous les jours.
- Speaker #1
La deuxième question, c'est qu'est-ce que tu dirais à la Anna quand elle avait 9 ans, quand elle a commencé du coup sa pratique, sa discipline ?
- Speaker #0
Je dirais de s'accrocher, de persévérer, de croire en ses rêves, de se donner les moyens d'atteindre ses rêves-là. et juste qu'elle est dans le vrai et de kiffer le chemin.
- Speaker #1
Et la toute dernière question, c'est si je devais te souhaiter une ou plusieurs choses pour l'avenir, qu'est-ce que ça serait ?
- Speaker #0
Les panneaux dans ce que je fais, d'être bien entourée. Voilà, je resterai sur ça.
- Speaker #1
Ok, super. En tout cas, merci beaucoup pour cet échange qui s'est superri. Merci. Et voilà, notre échange avec Anna est déjà terminé. J'espère que vous avez pris plaisir à découvrir une nouvelle discipline et qui peut-être vous aura donné envie de la faire. J'espère aussi que vous avez pris du temps pour vous découvrir autrement. Vous pouvez retrouver Anna sur ses réseaux sociaux, Instagram ou LinkedIn ou sur son site internet à son prénom Anna, A-N-N-A-H, Abravanel. Quant à moi, vous pouvez me retrouver... sur LinkedIn et Instagram au nom du podcast à vos voix préparées. N'hésitez pas à commenter si vous avez des questions. Aimez et republiez pour donner la force au podcast et vous faire connaître le parcours de Anna et de tous les sportifs qui sont passés sur le podcast parce qu'en effet, il y a 13 épisodes auparavant. Je vous souhaite une bonne continuation et je vous dis à très vite pour un nouvel épisode. Prenez soin de vous.