- Speaker #0
Je pense que mes parents m'en ont parlé déjà toute petite, du fait de m'avoir attendue beaucoup, leur entourage qui m'avait attendue beaucoup. C'était une histoire qui se communiquait beaucoup dans leur réseau, parce que c'était mairie, on attendait beaucoup mairie. Donc on en a parlé beaucoup étant petite. Ça, je n'ai pas trop de souvenirs. Les seuls souvenirs qui me reviennent, c'est plus à l'école, où il y a des questions, où je me rends compte que tout le monde est blanc, sauf moi.
- Speaker #1
Bienvenue dans Adoption, graine d'amour, le podcast qui plonge au cœur des histoires poignantes et inspirantes de ceux qui ont été touchés par l'adoption. Je suis Hélène Lalouf, conférencière, formatrice, coach, éducatrice spécialisée et maman de deux adorables petites filles âgées de 6 et 12 ans. Mon histoire commence à plus de 7000 km de la France, en Inde, avant que je sois adoptée à 16 mois par une famille du nord de la France. Mon parcours personnel m'a conduit à explorer les multiples facettes de l'adoption et à partager ces récits extraordinaires avec toi. Ici, tu découvriras des témoignages vibrants de parents qui ont adopté, de personnes qui ont été adoptées au parcours unique, de parents biologiques ayant pris la décision de confier leur enfant et de tous les membres de la famille impliqués dans ce monde complexe et émouvant de l'adoption. Mes invités partagent des récits de résilience, d'amour inconditionnel, de pertes et de découvertes de soi. Chaque épisode dévoile des parcours exceptionnels où espoir et douleur, joie et défi s'entrelacent. L'adoption, avec ses multiples facettes, révèle comment les liens du cœur peuvent transformer des vies et surmonter des épreuves significatives. Chaque histoire d'adoption est un voyage d'émotions et de révélations qui méritent d'être entendues. Comment trouver sa place dans une nouvelle famille ? Comment forger son identité entre deux histoires de vie ? Comment vivre pleinement l'amour ? Malgré les blessures, nous explorerons ces thèmes avec profondeur et empathie. Ce podcast célèbre la diversité des expériences humaines et explore la puissance transformatrice de l'amour. C'est un hommage aux liens qui nous unissent, au-delà des différences et des épreuves. N'oublie pas, chaque rencontre peut tisser des liens qui changent une vie. Coucou à toi ! Alors je suis ravie de te recevoir sur le podcast Adoption Graines d'Amour. Est-ce que tu peux te présenter en quelques mots, dis-moi ?
- Speaker #0
Bonjour Hélène, moi c'est Mary Rani, je suis belge, j'ai 41 ans et je suis maman de deux enfants et je travaille avec des enfants sourds et malentendants.
- Speaker #1
À quel poste alors ?
- Speaker #0
Je suis éducatrice spécialisée, en Belgique on appelle ça comme ça, je ne sais pas, chez vous.
- Speaker #1
D'accord ! Et si j'ai bien compris,
- Speaker #0
tu travailles de nuit ? Là, le mercredi, oui, je travaille de nuit. Et sinon, les autres jours, je travaille en internat, donc en horaire de soirée plutôt.
- Speaker #1
D'accord, OK. Et ça fait combien de temps que tu fais ce travail ?
- Speaker #0
Ça fait 19 ans. Je suis à ma 19e rentrée en septembre maintenant.
- Speaker #1
D'accord, oui, ça fait pas mal. En tout cas, c'est un point commun qu'on a tous les jours.
- Speaker #0
Oui, on a beaucoup de points communs, je pense.
- Speaker #1
Oui, ça c'est certain et on va le voir pendant l'épisode. Mais oui, je pense qu'on a beaucoup de points communs. Et je te remercie d'être là ce matin pour l'enregistrement parce que tu as travaillé toute la nuit.
- Speaker #0
Avec plaisir.
- Speaker #1
Merci à toi d'être là.
- Speaker #0
Merci à toi de m'avoir contactée pour ça, c'est gentil.
- Speaker #1
Alors, est-ce que tu as des passions en dehors de ton travail ?
- Speaker #0
Je t'avoue que mon horaire ne me permet pas beaucoup de vie sociale la semaine. Je me passionne pour voir grandir mes enfants quand je peux le faire. Quand j'ai un peu de temps, j'essaie de le donner à mes amis. Essayer de voir un petit peu du monde autour de moi. Sinon, pour moi aussi, c'est bien. Je n'ai pas de temps vraiment pour des passions.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Plus lières.
- Speaker #1
C'est vrai qu'on travaille aussi en tant qu'éduque avec des horaires d'internat, c'est quand même assez chaud.
- Speaker #0
Oui, effectivement. Avec les trajets, ça ne me permet pas de vivre beaucoup la semaine, en tout cas.
- Speaker #1
Et tes enfants, à quel âge, d'ailleurs ?
- Speaker #0
Alors, j'ai deux garçons, le grand à 11 ans et le petit à 8 ans.
- Speaker #1
D'accord, ok. Et donc, tu les as tout le temps à la maison ou pas ?
- Speaker #0
J'ai une bonne entente avec leur papa qui me permet d'avoir un système de garde qui n'est pas traditionnel, je vais dire. Mais vu mes horaires et la complexité de mon emploi du temps, on arrive à s'organiser comme ça. Ils nous voient un petit peu tous les jours, toute la semaine, je vais dire. Enfin, presque tous les jours, toute la semaine. Mais voilà, ce n'est pas une semaine, une semaine, mais on se voit souvent et on est disponibles l'un comme l'autre, même si on n'est plus ensemble. régulièrement pour eux. C'est une bonne équipe, en tout cas, pour eux.
- Speaker #1
Vous êtes restée, en tout cas, une équipe parentale, un couple parental, quoi qu'il arrive, pour eux.
- Speaker #0
Oui, c'est ça.
- Speaker #1
Alors, je t'ai invitée parce que, bien évidemment, tu as un lien avec l'adoption. Et donc, quelle est ta relation personnelle, toi, avec l'adoption ?
- Speaker #0
Je suis moi-même adoptée et je suis en Belgique depuis que j'ai 15 mois. Je suis arrivée à 15 mois en Belgique. Je viens de l'Inde du Sud et mes parents ont fait les démarches en 1983 et je suis arrivée en septembre 1984.
- Speaker #1
D'accord. Et donc, tu viens de quel endroit de l'Inde, toi ?
- Speaker #0
Je viens de Coimbator, qui est dans le côté ouest de l'Inde du Sud, dans le côté de l'Inde.
- Speaker #1
Et est-ce que tu as une idée ou pas du tout de ton histoire ? avant d'arriver en Belgique ?
- Speaker #0
C'est très nébuleux. J'ai quelques anecdotes qu'on m'a racontées, mais des souvenirs, évidemment, à 15 mois, je n'en avais pas. Et voilà, c'est plutôt des photos et des souvenirs qui me viennent à l'esprit comme ça, mais pas de visage, pas de situation très concrète de là-bas, finalement. Parce que c'est juste le récit de mes parents ici en Belgique ou le récit des gens qui m'ont attendu très longuement ici parce que l'adoption a pris du temps. Et voilà, c'est plutôt des anecdotes de cet ordre-là. Mais de ma vie en Inde, non, je n'ai pas vraiment d'épisodes comme ça qui me viennent en tête. J'ai des pièces morts quand même, beaucoup dans le puzzle. Mais bon, voilà.
- Speaker #1
Et tu dis, ça a pris beaucoup, beaucoup de temps, ton adoption. Est-ce que tu peux raconter ce fait-là ? Qu'est-ce qui a fait ? Ou si tu es au courant que ça a pris beaucoup de temps ?
- Speaker #0
Mes parents, ici en Belgique, ma maman, entre autres, a eu du mal à avoir un enfant biologique. Et donc après plusieurs essais infructueux, je vais dire, ils ont choisi l'adoption. Et donc ça a pris énormément de temps parce qu'il a fallu passer par un tribunal. Les choses législatives prennent du temps et avoir des traductions aussi prennent du temps. Mes parents ne parlent pas un mot d'anglais, évidemment. et puis l'Inde... Ce n'est pas un système très rapide non plus. Et puis les communications avec l'orphelinat, je pense que ça a pris en tout et pour tout cinq ans. Je n'étais pas encore née qu'ils avaient déjà fait les démarches pour l'adoption. Et avec des demandes bien précises, où ils voulaient une petite fille, très petite. Et donc voilà, ça réduisait aussi le champ des possibilités pour avoir ce qu'ils désiraient. Du coup, voilà, c'est comme ça qu'ils ont pris contact avec une association qui était en Versoise. Je ne sais pas si vous situez ça en France, mais en tout cas, c'est flamand ici. En tout cas, c'est encore une autre langue que l'anglais. Et c'est une association qui s'occupait de faire les démarches et la transition entre les parents belges et l'orphelinat là-bas, direct en Inde. Elle avait les contacts là-bas.
- Speaker #1
D'accord. Et donc, tes parents ont directement choisi l'Inde ? ou ils avaient fait des démarches ailleurs ?
- Speaker #0
Non, je pense qu'ils ont directement choisi l'Inde parce qu'à l'époque, tu vois, c'était sur fond des années 80, il n'y avait pas beaucoup d'enfants adoptés, il n'y avait pas beaucoup d'histoires. Moi, je viens d'un petit village ici en Belgique où ce n'est pas légion d'avoir quelqu'un de couleur différente et d'avoir des parents qui ont fait cette procédure d'adoption. Donc, ils étaient en contact avec une famille qui avait déjà choisi l'Inde. Je pense que par facilité, par connaissance déjà du processus dont cette famille était passée, ils ont choisi l'Inde. Les infos leur sont arrivées par là, je pense, mais ils ne se sont pas tournés vers autre chose. Peut-être qu'à l'époque, c'était aussi facile, les démarches pour l'Inde étaient beaucoup plus faciles que vers d'autres pays, je ne sais pas. Peut-être au niveau du coût aussi. Je n'ai jamais parlé vraiment de ça, pourquoi l'Inde. Je sais qu'ils étaient en contact avec quelqu'un qui avait déjà fait les démarches pour l'Inde. À mon avis, par choix de facilité, pour en discuter plus facilement, c'était plus facile pour eux.
- Speaker #1
Comment tu as découvert, toi, que tu avais été adoptée ?
- Speaker #0
Je pense que ça date un peu de l'époque de rentrée à l'école. Parce que là, tu observes que tu n'as pas la même couleur de peau que les autres enfants. Je pense que mes parents m'en ont parlé déjà toute petite. Du fait de m'avoir attendue beaucoup, leur entourage qui m'avait attendue beaucoup. C'était une histoire qui se communiquait beaucoup dans leur réseau parce que c'était mairie, on attendait beaucoup mairie. Donc, on en a parlé beaucoup étant petite. Ça, je n'ai pas trop de souvenirs. Les seuls souvenirs qui me reviennent, c'est plus à l'école où il y a des questions, où je me rends compte que tout le monde est blanc, sauf moi. Et que, voilà, ça ouvre le sujet sur d'où je viens et qu'est-ce qui s'est passé. Après, j'étais un peu plus grande à l'entrée à l'école, donc j'avais peut-être plus la capacité de comprendre aussi de ce qui les animait d'avoir adopté un enfant. Oui,
- Speaker #1
c'est ça. Et est-ce que ça a été justement, quand tu es rentrée à l'école, ça a été un sujet compliqué pour toi ou pas du tout assez naturel finalement de répondre aux questions des autres enfants ?
- Speaker #0
Non, ça n'a jamais été tabou chez moi. Mes parents m'avaient peut-être déjà bien préparée à cela parce qu'il n'y avait rien de caché. Il n'y avait rien de... de sous-entendu, tout était transparent finalement par rapport à cela, donc je n'avais aucun souci à répondre à ça, j'étais une enfant qui était bien dans ses baskets et qui était à l'aise, j'étais bien là où j'étais, mais j'imagine qu'il a fallu le temps, je n'ai pas de souvenirs plus petits, mais peut-être j'ai pleuré, peut-être il s'est passé des choses, il n'y avait aucune psychologie de l'enfant à cette époque-là, dans les années 80, et de l'arrivée d'un déracinement d'un enfant. qui vient de l'autre bout du monde, comme ça, avec une autre culture, une autre langue, une autre chaleur, une autre couleur, une autre épice. Et puis finalement, on n'a pas trop pris ça en considération. Donc voilà, je pense que j'étais une enfant qui m'acclimatait assez vite, là où j'étais, peut-être trop, peut-être trop vite, peut-être… Voilà, mais en tout cas, à l'école, ça n'a pas posé de soucis. Je ne me souviens pas d'avoir eu des soucis ou de la peine ou d'avoir été blessée par quelque chose de cet ordre-là.
- Speaker #1
Et pourquoi tu dis justement « je pense que j'étais une enfant » ? qui s'acclimatait trop vite ?
- Speaker #0
Parce que je pense que ce qui me poursuit, même encore maintenant, à 41 ans, c'est de m'acclimater à une situation qui ne me convient pas. Et je pense que ça fait partie de mon histoire, de ce que mes parents attendaient de moi, de la vitrine que je pouvais offrir, de la petite poupée d'un enfant qu'on habillait bien, qu'on disait... qui était un peu exotique, qui venait d'ailleurs et qui était bonne image pour la famille ici en Belgique finalement. Et je me suis suradaptée à une situation qui parfois ne me convenait pas très certainement et encore maintenant dans ma vie d'adulte.
- Speaker #1
Merci d'avoir écouté cet épisode d'Adoption, une graine d'amour. On se retrouve dès demain pour la suite de l'épisode. J'espère en tout cas que cette histoire t'a touchée autant qu'elle m'a émue. Si ce podcast t'inspire et que tu veux qu'il touche encore plus de personnes, tu peux m'aider. en t'abonnant pour ne manquer aucun épisode. Laisse aussi 5 étoiles et un petit commentaire sur la plateforme d'écoute. Chaque note booste la visibilité du podcast et permet de faire entendre ces histoires au plus grand nombre. Et si cet épisode t'a marqué, partage-le autour de toi, avec ta famille, tes amis ou sur les réseaux sociaux. Qui sait, il pourrait changer une vie. Merci d'être là et de faire partie de cette belle aventure. A très vite pour un nouvel épisode plein d'émotions et d'humanité.