- Geoffroy
Musique Vous écoutez Quartier d'Affaires, le podcast dédié au monde de l'entreprise. Podcast dans lequel vous retrouvez des interviews de professionnels passionnés et passionnants. Nous parlerons de leur histoire, leur activité et leur business, leur actualité et leur projection, en gardant un axe fondamental, l'humain. Comme l'a si bien dit Antoine de Saint-Exupéry, la grandeur d'un métier est avant tout d'unir les hommes, il n'est qu'un luxe véritable et c'est celui des relations humaines. Bienvenue à tous et à toutes sur ce nouvel épisode de Quartier d'Affaires. Je suis très heureux aujourd'hui d'accueillir Arnaud. Arnaud Habsiger. Salut Arnaud.
- Arnaud
Salut, ça va ?
- Geoffroy
Ça va bien. Arnaud Habseiger qui est le patron de la société. C'est une société, c'est capitaine d'industrie. Qu'est-ce qu'on dit ?
- Arnaud
Une entreprise.
- Geoffroy
Une entreprise de cette magnifique entreprise qui s'appelle Osborne Metals. Alors Arnaud, déjà, dis-nous avant toute chose, qu'est-ce que fait Osborne Metals ?
- Arnaud
Alors Osborne Metal, on est une entreprise qui fait de l'étirage à froid, de tubes, profils et barres en acier, inox, aluminium, super alliage cuivreux.
- Geoffroy
Alors ça c'est magnifique, là au Camoulox tu gagnes direct.
- Arnaud
Donc là normalement on perd tout le monde.
- Geoffroy
Mais en plus, ce qui est dingue parce qu'on a préparé évidemment cette émission etc. Mais c'est qu'en fait c'est passionnant, c'est passionnant. Alors pour un profane que je suis, c'est quoi ?
- Arnaud
C'est simple, on transforme les métaux à froid pour donner la forme du profil ou du tube aux spécifications du client. Donc on achète des gros tubes, des grandes barres dans les aciéries. Produite en très grande quantité et ensuite on fait exactement le produit du client sur mesure.
- Geoffroy
Alors ton client, qui a besoin de ça ?
- Arnaud
Beaucoup de gens. Chez nous en priorité l'aéronautique, la défense. Un de nos plus gros clients c'est Airbus. Donc on ne le sait pas mais quand on est dans un Airbus A320, on est entouré de tubes produits Schossborn Metal.
- Geoffroy
La première fois que je monte dans un Airbus, je suis entouré de toi en fait, de ton entreprise.
- Arnaud
De tubes. je ne peux pas prendre tout le monde dans les bras de tubes puisqu'on est fournisseur unique donc on est sûr qu'à partir du moment où il y a enfin pas de tous les tubes sinon on serait plus gros mais en tout cas certains types de tubes en acier on est fournisseur unique donc on sait que quand il y a un Airbus à 320 qui vole, on est entouré de tubes produits à Longueville près de Provins dans le 77 voilà Excellent, combien de salariés ? 60 actuellement, après on varie à la marge avec éventuellement des intérimaires pour un petit peu prendre les coups de bourre ou produire un peu plus ou un peu moins en fonction des saisons. Dans ce secteur, quels sont tes principaux concurrents ? Tu te situes où ? Tu es gros, tu es petit, tu es moyen, c'est quoi ? On est petit, mais la concurrence peut venir de partout et nulle part. J'ai l'habitude de dire que sur notre cœur de métier pur et dur, on a zéro concurrent, que ce soit en France ou en Europe.
- Geoffroy
C'est lié à la spécificité des tubes ? Voilà,
- Arnaud
c'est très très très spécifique. Alors après, on a aussi une multitude de concurrents. C'est-à-dire nos concurrents, ça peut être des aceries beaucoup plus grosses que nous, par exemple des Benteller, des Mannesmann qui sont situés en Allemagne et qui peuvent produire des milliers, voire des millions de tonnes de tubes par an. Nous, on ne fait que de l'ordre du millier de tonnes, 1000, 1500 tonnes par an. Par contre, ce qu'on peut faire et ce qu'ils peuvent faire ne sont pas... pas du tout pareils. Donc parfois, ils nous attaquent sur des gros marchés. Parfois, on va leur grappiller quelques petits marchés qui sont des miettes pour eux, mais des marchés sur lesquels c'est là qu'on prend notre sens, à être agile, pouvoir sortir des petites quantités, des choses ultra spécifiques que ces grosses assiries beaucoup plus lourdes à mettre en mouvement ne sont pas capables de faire.
- Geoffroy
Donc ça veut dire pour Osborn que quand on est dans le contexte actuel où il y a une énorme mise en avant de notre défense nationale, pour toi tu te dis, tu fais partie de cet effort entre guillemets de guerre, ça participe ou pas à l'évolution de l'entreprise ?
- Arnaud
Alors oui, en fait Osborne est considéré comme entreprise stratégique pour la DGA. On fait partie de la base de données qu'ils appellent la BITD, c'est-à-dire l'ensemble des entreprises qui peuvent servir la défense. On en est très fiers. C'est très important pour nous de garder nos savoir-faire et surtout l'entreprise en France. On se bat parce que ce n'est pas facile tous les jours. On a des clients qui viennent chez nous parce qu'on est français et ils ne peuvent pas forcément acheter les tubes dans d'autres régions du monde. pour le risque que ça peut représenter.
- Geoffroy
On est complètement dans tout ce qu'on entend encore depuis quelques années, notamment depuis le Covid, sur l'indépendance française, stratégique, de production. Ça fait partie de ces enjeux-là. On appelle ça la souveraineté industrielle française.
- Arnaud
Et donc, c'est le fait d'être encore capable de faire des produits ultra spécifiques en France et pour des secteurs où il y a de la confidentialité et où... Il est absolument fondamental d'avoir des produits quand on en a besoin.
- Geoffroy
Date de création d'Osborn ?
- Arnaud
Il y a très très longtemps, ça a plus que 150 ans. Tu ne le fais pas Arnaud ? La date exacte, je ne la connais même pas. Je sais qu'au début, Osborn Metals, c'était un moulin, parce que c'est situé le long d'une rivière. Donc en fait, pendant des années, ils ont utilisé la force motrice de la rivière pour...
- Geoffroy
Un moulin en haut ?
- Arnaud
Je pense que c'était un moulin à huile plutôt. Il y avait un moulin à eau pour faire de l'huile. Et puis après, petit à petit, à la force de la rivière, c'est transformé en puissance pour aller donner de la puissance à des machines d'étirage qui sont situées là-bas. Donc depuis 150 ans, on a un beau site industriel avec de la vieille pierre et une belle friche aussi industrielle. puisqu'en fait... Au gré de la modernisation, les bâtiments ont grossi et donc on a encore nos vieux bâtiments historiques qui peuvent être à la fois un trésor et parfois un boulet.
- Geoffroy
C'est un peu les deux. Alors maintenant qu'on a parlé de ton entreprise, un autre que tu diriges, Osborne Metal, on va maintenant s'intéresser un petit peu à ton parcours d'homme d'entreprise. Et pour ça, on va faire une petite chronique qui s'appelle Thé ou Café ? Alors thé ou café Arnaud ? Très simple, une alternative et tu réponds tac au tac. C'est bon pour toi ? On y va. Mer ou montagne ?
- Arnaud
Mer.
- Geoffroy
Ville ou campagne ? Ville. Lundi ou vendredi ?
- Arnaud
Vendredi.
- Geoffroy
Oh là là, et on enregistre ce podcast justement un lundi, je suis désolé, la prochaine fois on fera un enregistrement le vendredi. Ciné ou Netflix ?
- Arnaud
Netflix.
- Geoffroy
Voiture ou vélo ?
- Arnaud
Voiture.
- Geoffroy
Bureau ou télétravail ?
- Arnaud
J'aime bien le bureau.
- Geoffroy
Cuisiner ou Uber Eats ?
- Arnaud
Cuisiner.
- Geoffroy
Préparer ou improviser ?
- Arnaud
Improviser.
- Geoffroy
On te connait un peu mieux Arnaud Qu'est-ce qui t'a amené à la direction de cette entreprise ? Déjà, c'était en quelle année qu'on t'a repris cette entreprise ?
- Arnaud
Je l'ai reprise en 2022, mais dans les faits, je suis arrivé en 2019. D'accord. On avait le projet déjà d'une transmission. Sauf que j'ai eu la surprise que trois semaines après avoir fait ma LOI et d'être arrivé dans l'entreprise pour... commencer à reprendre les dossiers du sédan, il y a eu le Covid. Ce qui a un petit peu rebattu les cartes, rebattu les prix, rebattu le business. Et en fait, on s'est assis avec le sédan et je lui ai dit, c'est le Covid. Je n'ai rien d'autre à faire. Donc, c'est simple. Un, on va sauver l'entreprise parce que c'était la catastrophe. Et de deux, quand tout ira mieux... On se remettra autour de cette même table et puis on rediscutera prix, conditions de session, etc. Alors fin de Covid, c'est ce qui s'est passé et c'est là où tu as signé après derrière.
- Geoffroy
Et qu'est-ce qui t'a amené à aller dans cette entreprise ? Ton parcours c'est quoi ? C'est des études de quoi ? J'imagine ingénieur ?
- Arnaud
Oui, en fait moi de base je suis ingénieur motoriste. J'ai commencé ma carrière chez Renault F1. J'ai eu la chance de vivre les deux championnats du monde avec Fernando Alonso.
- Geoffroy
C'est génial ! Qu'est-ce qu'on fait quand on est motoriste chez Renault F1 ?
- Arnaud
Encore un truc incompréhensible.
- Geoffroy
Allez, vas-y, achève-nous.
- Arnaud
J'étais responsable des calculs dynamiques du groupe motopropulseur et des frottements dans le moteur.
- Geoffroy
Ah ben voilà, Camoulox a gagné. Et alors, en simple, ça fait quoi ?
- Arnaud
Donc en simple, un moteur de Formule 1, ça tourne très vite, c'est très léger, donc ça n'arrête pas de se tortiller dans tous les sens et ça peut mener jusqu'à des casses moteur. Et donc, j'étais responsable de la simulation de... de ces mouvements dans le moteur pour les limiter et éviter les casses sur la piste.
- Geoffroy
C'est fou parce qu'au début on ne comprend rien, mais au final c'est passionnant en fait. C'est incroyable. Et ça veut dire que tu faisais partie de ceux qui regardaient forcément les Grands Prix et qui stressaient pour savoir si ça allait tenir ou pas ?
- Arnaud
Ah oui, oui. Moi je détestais voir les voitures à l'arrêt assez bizarrement sur les lignes de départ parce que ça peut chauffer et péter. Dès qu'il y a de la fumée derrière, on dit j'espère que ce n'est pas ma pièce.
- Geoffroy
On n'imagine pas ça en fait que derrière une ligne de départ il y a plein de gens qui stressent mais pour des raisons très très spécifiques.
- Arnaud
Ah oui oui c'est très stressant.
- Geoffroy
Et alors de Renault F1 après t'as fait ?
- Arnaud
Je suis resté un petit peu dans Sport Auto après j'ai travaillé sur les moteurs diesel Dumont pour Peugeot pour les 24 heures. Ensuite avec l'équipe on a fait un moteur dans le cadre d'un programme Clean Sky de R&D avec à l'époque Eurocopter maintenant ça s'appelle Airbus Helicopter. pour remplacer une turbine dans les hélicoptères par la technologie des moteurs à piston. Il y a un challenge de poids, puisqu'un moteur à piston, ça consomme moins, mais c'est quand même très lourd. Eurocopter à l'époque voulait évaluer les gains de consommation en mettant cette technologie et donc on a dérivé le moteur du Mans qu'on avait fait pour Peugeot en l'avionnant et en le mettant dans l'hélicoptère. C'est énorme, ça veut dire que tu as fait un lien entre les courses de voiture et l'hélicoptère. Oui, entre les courses de voitures, l'aéro, pendant longtemps, n'a pas été si loin, puisque souvent les technologies de l'aéro ont nourri les idées de la compétition automobile au sens large et inversement. On ne voit pas ça dans le back-office,
- Geoffroy
les liens qu'il y a, qui sont effectivement passionnants. Il faudrait qu'il y ait un reportage là-dessus. Tu sais, on a quelque chose, mais je suis sûr que ça intéresserait le grand public, de comment les voitures... Les moteurs de voitures F1, elles se nourrissent de quoi ? Et ça nourrit quoi par la suite ? Parce que parfois, on se dit, bon, ben voilà, c'est des voitures, ça va très vite. Mais on ne se rend pas compte que la technologie recherchée pour aller justement ces voitures, ça nourrit au final la voiture qu'on a au quotidien, j'imagine. Ça fait progresser, c'est de la recherche.
- Arnaud
Oui, c'est de la recherche. Recherche appliquée, en fait. C'est surtout très en avance avec des gros moyens. Donc, ils peuvent essayer beaucoup de choses. Par exemple, la technologie du turbo. Ça a été vraiment, dans les années 80 avec Renault, ça a vraiment pris de l'ampleur et on a vu tout ce que ça pouvait apporter avec un tout petit moteur, avec des énormes turbos par rapport à un moteur atmosphérique.
- Geoffroy
C'est dingue.
- Arnaud
Et qu'est-ce qui fait qu'à un moment donné tu te dis je me lance dans l'aventure entrepreneuriale ? Et bien quand on travaille avec des américains, on va être un peu méchant. Après je suis parti dans une structure américaine qui faisait des outils spéciaux pour la construction d'avions. Donc ça m'a permis de beaucoup me promener dans le monde, voir tous les sites de construction d'Airbus, Boeing et même chez Comac en Chine. Mais au bout d'un moment, on entend beaucoup « je veux quelque chose qui fasse sens » , etc. Moi, ça n'avait plus de sens au bout d'un moment de travailler pour cette société qui me demandait toujours de faire plus avec moins, plus avec moins, plus avec moins. Et au bout d'un moment, on dit « ben non, en fait, j'ai envie de faire plus, mais avec plus » . En investissant, en développant des produits, en étant plus...
- Geoffroy
Et c'est l'étincelle qui a...
- Arnaud
Et c'est l'étincelle, oui.
- Geoffroy
Magnifique, Arnaud. Écoute, on arrive à la fin de cet épisode. Un grand merci pour ta présence et pour la présentation de Osborn Metals. Où est-ce qu'on peut trouver les informations si nos auditeurs souhaitent chercher ? Il y a un site internet ?
- Arnaud
Un site internet qui est très bien fait. J'y participe beaucoup à essayer de le maintenir, le moderniser, le rendre vivant. Il y a beaucoup de données sur l'entreprise, donc sur l'historique qui est très intéressant, mais aussi sur tous nos produits avec des catalogues de tubes, des comparateurs qui ont peu en fonction de l'acier dont on a besoin, ce qu'on veut faire, on clique, on clique et puis on finit par trouver son tube.
- Geoffroy
Alors c'est osbornemetal.com,
- Arnaud
c'est quoi ? C'est www.osbornemetals.com Et Osborn,
- Geoffroy
O-S-B-O-R-N ? Magnifique Arnaud, merci d'avoir été avec nous.
- Arnaud
Merci, merci.
- Geoffroy
Nous espérons que cet épisode vous a plu. Retrouvez-nous sur votre plateforme de streaming préférée. Si vous avez aimé ce podcast, notez-le. 5 étoiles, c'est mieux. Et partagez-le. Si vous êtes une entreprise des Hauts-de-Seine-Sud ou du sud de Paris, visitez le site internet de l'AEM www.entreprise-monrouge.net ainsi que ses réseaux sociaux. A très vite pour le prochain épisode de Quartier d'Affaires.