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Agent Double

Agent 001 // Hybra, agent engagé pour la diversité

Agent 001 // Hybra, agent engagé pour la diversité

36min |01/10/2024|

491

Play
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36min |01/10/2024|

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Description

Plus connu sous le nom d’Hybra, Ibrahim Hassou Tarouhit nous fait l’honneur d’être le tout premier invité de notre podcast Agent Double.

Celui qui se définit comme « noir, arabe et gay » ne se résume pas à ces 3 qualificatifs, mais bien par ses combats engagés dans la mise en avant d’artistes sous représentés.

Celui qui était notamment l’agent de la chanteuse Yseult et du DJ Kiddy Smile, se confie sans tabou sur ses aspirations, son rapport au métier d’agent et l’ingratitude que peut parfois générer les relations avec ses talents.

Une discussion à cœur ouvert avec une personnalité au grand cœur.


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Agent Double est un podcast indépendant sur une idée originale de Nayla Khalek, conçu, produit et animé par Pascale Wakim et Rand Khalek.


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🔹 Nous finançons entièrement ce podcast. Il n'y a pas de petits dons, que des grands MERCI, si vous souhaitez nous soutenir avec cette cagnotte.


🔹 Pour nous faire un coucou, écrivez-nous sur agentdoublepodcast@gmail.com


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Gratitude à notre fabuleuse équipe !


Vidéo et montage: Laetitia Moya Moukarzel

Son: Benjamin Lagadec

Graphisme: Yara Mehdi

Musique: Pascale Wakim

Mixage Musique: Eudoxe Parrain


Remerciements particuliers à Florian Rusterholtz pour son précieux coup de main sur les tournages 🙏


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Moi, j'ai un artiste, j'ai une énorme relation. C'est un exemple très concret, qui est très bête, ce que je vais vous dire, qui avait énormément de mal à dire merci. Et franchement, merci, on a tous envie de l'entendre. Dans n'importe quel job qu'on fait, de temps en temps, on a envie que notre collaborateur, notre boss, même ton stagiaire à qui tu as appris un truc, te dise merci. À bientôt !

  • Speaker #1

    Je suis Pascale Wackim.

  • Speaker #2

    Je suis Rand Kalec.

  • Speaker #1

    Vous écoutez Agent Double, le podcast qui dévoile les secrets des relations agent-talent.

  • Speaker #2

    Un jeudi sur deux, nous recevons un ou une invitée qui vient nous parler de ce métier si particulier, celui d'agent. Le podcast Agent Double, c'est mettre pour une fois dans la lumière celles et ceux qui œuvrent dans l'ombre pour le succès des autres.

  • Speaker #1

    Pour ne rater aucune de nos missions, abonnez-vous à notre chaîne YouTube Agent Double ou sur votre plateforme d'écoute préférée.

  • Speaker #2

    Et pour des contenus exclusifs... Suivez notre page Instagram, Agent Double Podcast. Aujourd'hui dans Agent Double, notre invité est un ancien directeur de casting, manager de talent aux idées novatrices et bousculant la bien-pensance. Il fonde en 2017 sa propre agence Ibra, dédiée aux artistes queer et sous-représentés, et il vient nous parler de son parcours et de ses convictions. Bonjour Ibrahim Asoutarouit.

  • Speaker #1

    Tu arrives à Paris il y a dix ans aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Il y a 11 ans, je suis arrivé pour un stage. J'avais postulé dans un bureau de casting qui s'appelle Casting Office, qui est le bureau de casting de Brice Compagnon. J'arrive, le premier job que je fais, c'était à Fashion Week Femme directement. Et j'arrive et le premier job sur lequel on est, on est en casting pour Vivienne Westwood. À l'époque, Brice et Maywen, qui étaient sa collaboratrice, travaillaient pour le casting de Vivienne Westwood. Donc, mon premier truc, c'était limite, on n'était pas au bureau, on était au showroom de Westwood. Donc, c'était un côté un peu impressionnant, puisque moi, je pense que c'était une des créatrices qui m'a le plus parlé, en tout cas, dans mon rapport à la mode et femme Ford Punk, qui renverse les codes. Donc ça, c'est un peu mon premier rapport au-delà des études. Mais le côté professionnel, ouais, c'était ça. arrivé à Paris, pas parisien, pas parisien, pas dans cet univers de la mode, voilà. Donc, il y a un peu cette frontière géographique, tu vois, des deux mondes. Aussi, la mode, c'est aussi un milieu de beaucoup de gens privilégiés, donc on ne vient pas de ce monde-là aussi. C'est plus dur de rentrer.

  • Speaker #2

    Oui, tu n'as jamais eu le syndrome de l'imposteur, tu t'es senti légitime tout le temps dans le milieu, malgré tout.

  • Speaker #0

    Moi, je me suis senti légitime. C'est juste que les gens ne te font pas sentir légitime en soi. Comment je me sens légitime dans le monde, en soi ? En fait, c'est un peu bizarre de devoir le dire, mais bon, moi, je suis noir, arabe, gay, français, venant d'un milieu populaire. Donc, il y a toujours un peu ce côté où j'ai déjà toutes ces identités-là. Et tu le ressens, il suffit de le voir. Il suffit de voir les gens qui ont ton âge. qui te ressemblent et quelles positions ils ont dans ton industrie ou qu'ils n'ont pas, plutôt. Est-ce qu'il y a des gens qui te ressemblent qui sont à des postes ou pas ? On le voit, en fait. Il n'y a pas de secret. Tu vois, il y a peut-être des choses qui s'ouvrent, des choses qui se ferment. Je pense que c'est ça. C'est comment tu prends ta place aussi.

  • Speaker #1

    Parce que quand tu arrives dans ce milieu à ce moment-là, est-ce que toutes tes identités sont complètement assumées, revendiquées ou tu es encore en cheminement dans un...

  • Speaker #0

    Non, toutes mes ondes de noticier, elles étaient assumées. Et puis, j'ai eu de la chance d'arriver, je le dis souvent, mais Brice, c'était un ovni dans la mode. Je ne suis pas arrivé dans une grande maison du style Dior Chanel, Vuitton, avec des choses très codifiées. Je suis arrivé dans une sorte de petite agence ou chez quelqu'un qui cassait déjà les codes. Donc moi, je n'ai pas vu le côté tout de suite de la mode hyper codifiée. Je suis arrivé déjà chez un ovni et tu sais, ta première expérience, ta première expérience, c'était un peu ton exemple, ton premier exemple. Donc, je me suis dit, ah, c'est la normalité. C'est bizarre à dire, mais voilà, en fait, c'était mon... Après, j'ai compris, ce n'était pas ça.

  • Speaker #2

    Mais tu n'aurais pas eu le même parcours si tu n'avais pas été directement dans ce contexte-là qui te permettait de...

  • Speaker #0

    Bien sûr,

  • Speaker #2

    développer.

  • Speaker #0

    Bien sûr, j'aurais eu un autre parcours. J'aurais eu un autre parcours. Et plus bridé, peut-être ? Peut-être que moi, je me serais plus bridé. Pas que mon parcours, il aurait été plus bridé. Peut-être que je serais rentré un peu plus dans des cases, parce que j'aurais peut-être dû comprendre, parce que j'ai aussi de l'ambition, j'ai envie de faire des choses, etc. Et que je me serais dit, il ne faut peut-être pas faire ci, pas faire ça. Tu ne corresponds pas à ce qu'ils attendent, etc. Donc, on est un animal sociable qui s'adapte.

  • Speaker #2

    Comment tu as décidé de devenir agent ?

  • Speaker #0

    Ma première expérience d'agent... Elle vient après deux ans où j'étais dans ce bureau de casting chez Brice Compagnon. Je suis parti quelques mois à Londres et j'ai pas mal vécu à l'étranger. Avant d'arriver à Paris, je me suis dit, vas-y, repars dans un milieu anglo-saxon. Et au bout de quelques mois à Londres, où j'étais encore en train de me chercher, on m'a proposé un taf à Paris. Et le taf en question, c'était... C'était dans une agence qui s'appelait Next Management. Je ne voulais pas être agent de mannequin, mais les artistes m'excitaient plus. Peut-être parce qu'il y avait un message, peut-être parce que tu pouvais raconter quelque chose de plus avec des artistes au-delà de la beauté. J'adore la beauté, j'adore, et je la comprends, dans mon côté casting, etc. Mais ça m'intéressait plus d'avoir quelqu'un avec un discours et pouvoir justement collaborer entre le discours de l'artiste et le discours d'une marque. Donc... Je me suis dirigé là-dessus et donc après, je suis resté deux ans chez Next là-dessus. Et après, j'ai commencé tout seul.

  • Speaker #1

    Et après, donc, tu crées Ibra.

  • Speaker #0

    Alors, je crée Ibra, ouais. C'est toujours un peu drôle parce que c'était juste mon nom Insta. Et en plus, je reprenais juste des syllabes qui sont dans le diminutif de mon prénom, donc Ibrahim. Écrit évidemment différemment. Donc la création, entre guillemets, la genèse du projet, on va dire, c'était plus des rencontres et un besoin de représentation dans l'industrie et dans notre société. Parce que dans les médias, je ne trouvais pas qu'il y avait assez de gens qui, ce n'est pas une question qui ne me ressemble qu'à moi, mais qui ressemble à d'autres gens. Il y a un peu tout le temps le même type. On parle d'il y a quelques années.

  • Speaker #2

    On précise juste que... Toi, tu t'es spécialisé dans la représentation des personnes queer et racisées, donc non blanches,

  • Speaker #0

    c'est ça ? Ouais, non blanches, il y a des personnes blanches, mais il y a des personnes... Ouais, surtout queer et racisées, ouais. Mais ça s'est fait naturellement, c'est toujours ça, c'est un peu cette spécialisation. En fait, moi, je parle juste avec des côtés de mes identités. Donc, je ne pense pas qu'il y avait un truc hyper... Souvent, on me dit Ah, t'as trouvé le bon créneau ! Oui, c'était pas une... Ce n'était pas un truc en fait. J'ai fait mes business models, mon business plan.

  • Speaker #1

    Évident pour toi.

  • Speaker #0

    Ouais, je vais faire que des gens qui ressemblent à ça. Parce que ça, ben non, mais quand tu as toutes les identités qui sont rassemblées, en tout cas les miennes, à l'intérieur d'une seule personne, ben moi, je me pose beaucoup de questions sur chaque penchant de ces identités-là, en permanence. Et je me suis retrouvé dans cette industrie-là. Je pense que je le dis souvent, mais moi, mon travail, je pourrais avoir peut-être d'autres carrières dans ma vie. Enfin, la question de la représentation, etc., elle sera toujours là. Si demain, je deviens médecin, je vais défendre les mêmes choses. Si demain, je deviens cuistot, je vais vouloir défendre les mêmes choses. Donc, c'est juste qu'en plus, je me suis retrouvé dans une place, dans mon industrie, dans la société, où en fait, on fait de l'image. Et l'image, en fait, c'est impactant. Donc, pour moi, j'ai pu utiliser tout ça pour pouvoir aller un peu... plus loin. Et donc, je me suis dit en plus, faisant de l'image, déjà, tu te rends compte que les gens qui font de l'image, on n'est pas beaucoup aussi qui ressemblent à ça. Il y a aussi ce truc, quand tu vois le derrière. Ah, ok. Mais comme aujourd'hui, on se dit putain, mais il y a plein de mannequins noirs sur les podiums. Leurs adjoints ressemblent à quoi ? Ils ont les mêmes problématiques. Ils comprennent la même chose par rapport à Dwayne, par rapport à... des questions esthétiques de cheveux de peau de etc ou pas c'est un débat il y en a sur ce post il y en a mais est ce que est ce que le ratio il est tu vois ouais voilà et on peut se poser la même question sur la question c'est à quoi ressemblent les gens qui gèrent leur argent entre guillemets si on va un peu plus loin dans que leur argent leur carrière enfin bon voilà mais on a compris l'idée de quoi

  • Speaker #2

    On dit souvent que des artistes sont engagés.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #2

    Est-ce que toi, tu ne serais pas finalement un agent engagé ?

  • Speaker #0

    Ah si, totalement. Ouais, totalement, totalement. Totalement, je ne suis pas... Je suis engagé totalement par rapport aux histoires que j'ai portées, par rapport... Il y a plein de gens qui me ressemblent, ils ne sont pas du tout engagés. Ce n'est pas parce que tu es gay que tu es... Voilà, ce n'est pas parce que tu es gay que tu es... Voilà, ce n'est pas parce que... Bien sûr. Exact, etc. Moi, oui. Mais après, comme je le dis, mon engagement, j'aurais pu faire d'autres types de... Enfin... Moi, ce qui m'intéressait, à la base, j'ai fait des études de relations internationales. Donc, ce qui m'intéressait, c'était la diversité des cultures dans le monde. Déjà, je viens de là, tu vois. OK, je me suis retrouvé à être agent d'artiste, etc. Mais ce que j'ai fait avant, la traduction, etc. a permis de nourrir tout mon propos et toute cette approche. Et je pense que j'ai pu faire ça de cette façon-là parce que j'avais ce bagage-là avant, tu vois. Et j'avais cette notion-là de... diversité des cultures, non seulement à travers ce que moi je vis et ce que je m'en vécu, mais également c'est aussi des choses où j'ai été à l'université pour comprendre aussi ce qui se passait dans le monde. Donc il y avait un peu ce côté-là.

  • Speaker #1

    En fait, il y a une différence entre toi avoir tes identités et puis vouloir passer à l'action et vouloir justement en faire peut-être un manifeste ou en tout cas vouloir travailler dans la représentation. Est-ce que par exemple tu penses qu'une expérience comme celle de Viviane Westwood, bien sûr, qui bousculent les codes, n'a pas été justement une influence sur toi pour te donner envie de le faire plus tard ?

  • Speaker #0

    Totalement. Avant même Villevienne-Ouetsu, si on prend des référents un peu plus mode, je pense que le plus grand, le mec qui a un peu bousculé, qui représente plus quelque chose pour moi et pour beaucoup de gens au fil de la dans ma génération, avec qui je partage pas mal de valeurs, je pense qu'en tant que Français, ça va être Gauthier. Voilà, si on parle mode, oui. il y avait un peu ce truc-là qui me parle mais c'est intéressant plus dans les exemples de vie j'avais demandé des figures numatiques en dehors de la mode en général des figures ?

  • Speaker #2

    est-ce que t'as quelqu'un qui t'a vraiment inspiré dans ses combats, dans ses convictions ?

  • Speaker #0

    en fait moi j'avais un peu ce truc, c'est que je trouvais qu'il n'y avait pas de rôle modèle en France pas forcément en France je sais mais en fait non Mon chemin, on va dire, dans cette aventure, tu vois, d'être agent, manager, image, où j'étais en mode, moi, ce que je veux, c'est faire des rôles modèles. Et je pense que c'est ce que j'ai, ou en tout cas, les amplifier, tu vois, amplifier leur voix pour que ça devienne des rôles modèles. Aujourd'hui, je suis très content, je suis très fier, parce que je pense que c'est ce qui arrive pour beaucoup d'entre eux.

  • Speaker #2

    Tu penses à Kiddy Smile, Izult.

  • Speaker #0

    Je pense à Nick Idol, Kiddy Smile, Izult, Pam Boy. Avec qui j'ai pu travailler ? Avec Rokhaya Diallo, mais Rokhaya c'est encore une figure. Je l'accompagnais un tout petit peu sur quelques petites choses, mais allez, je pense que sans Rokhaya, on ne serait pas là. Donc il y a aussi une autre conversation, mais ça, ce n'est pas moi. Mais avec d'autres Isol qui disent Smile, entre le moment où moi j'ai commencé à travailler avec eux, et là où on a arrêté de commencer avec eux, où j'ai arrêté de travailler avec eux, il y a non seulement une vraie évolution dans leur carrière, qui est... non seulement quantifiable, mais également visible, mais de ce qu'ils ont représenté, eux, dans la société, ils ont eux-mêmes un énorme rapport à l'image et à la mode. Ça a fonctionné, c'est parce qu'on avait, de leur côté et de mon côté, des visions très précises de ce qu'était l'image, de l'engagement, de... Des discriminations, enfin, pas mal de choses. C'était vraiment un truc collaboratif et c'est pour ça que ça a fonctionné, jusqu'à un certain point, mais c'est pour ça que ça a fonctionné, en tout cas.

  • Speaker #1

    Mais justement, par exemple, quand tu prends une artiste comme Isolde qui se manage elle-même, comment toi, tu viens apporter ta pierre pour qu'ensemble, vous arriviez à aller plus loin ?

  • Speaker #0

    Alors, dans les faits, moi, j'étais, on va dire, elle se manage elle-même sur le côté musique. Sur ce que j'ai apporté, on peut dire que je suis... co-manager sur le côté image. Il y a ce vocabulaire qui est très important, qui est agent et manager. Et je pense qu'il faut déjà partir de ça.

  • Speaker #2

    Tu distingues les deux, toi ?

  • Speaker #0

    A la base, aux Etats-Unis, ils distinguent les deux. C'est ça le truc. C'est que... Ce sont des mots qui viennent plus d'une culture du diversement, une culture américaine, etc. A la base, on distingue les deux. En France, on ne distingue pas les deux. Oh, les deux ! Un manager, il va aider l'artiste à créer les contenus, comme dans la musique. Le manager va te présenter un tel producteur ou tel studio, il va te présenter des labels pour grandir ton profil, et voilà. Ça, c'est le manager. En image, ce serait la même chose. C'est-à-dire que je vais te présenter des photographes, je vais construire avec toi ce photoshoot pour construire ton image. Ça, c'est du management. Un agent, normalement, il n'a pas besoin de construire quoi que ce soit. Il prend, par exemple, un agent, il va prendre ce que le manager lui a envoyé comme contenu, et il va travailler, il va aller vendre ton image à des marques pour amener des dix. Moi, dans beaucoup des cas, je faisais les deux. Enfin, dans la plupart des cas, je faisais les deux.

  • Speaker #1

    Ce qui est le cas de beaucoup d'agents.

  • Speaker #0

    Il y a beaucoup d'agents en France. C'est pour ça que je dis aux États-Unis et en France. On n'est pas dans la même temporalité, dans l'évolution de la culture, du divertissement, etc. Ils ont des années d'avance, etc. Donc, il y a des structures qui sont déjà mises en place là-bas. Aujourd'hui, nous, on arrive et en fait, il faut tout faire. Quand tu me demandes par rapport à Isolde, donc, tu vois... signer un contrat L'Oréal pour elle, etc. Ça, c'est du boulot d'agent. Tout à fait.

  • Speaker #2

    Tu t'es un peu perdu dans cette dualité, à force de prendre différents artistes, d'être un peu submergé ?

  • Speaker #0

    Ce n'est pas la dualité en soi, parce qu'en fait, il y a un côté où les deux jobs sont complémentaires. Mais la plupart des artistes avec lesquels je travaillais étaient plutôt des artistes indépendants. Déjà, eux-mêmes. Et moi, j'étais indépendant. Donc, ça veut dire qu'il n'y a pas forcément tout ce flux financier qui va pouvoir permettre de développer une certaine image, certaines relations, etc. Donc, moi, j'en avais conscience et j'étais aussi OK avec. Voilà, donc tu sais que tu vas devoir faire plus parce que tu as peut-être moins de moyens. Mais après, c'est la vie, c'est comme ça.

  • Speaker #2

    On rappelle qu'aujourd'hui, tu as décidé de ne plus être agent.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #2

    Après avoir fait ça pendant une dizaine d'années.

  • Speaker #0

    pendant, on va dire un peu moins, pendant quasiment 8 ans. Deux ans d'abord en agence et puis quasiment 6 ans tout seul.

  • Speaker #2

    Et donc pourquoi tu as arrêté ?

  • Speaker #0

    J'ai arrêté pour plusieurs raisons. J'ai arrêté parce que je ne m'y retrouvais pas personnellement. Je pense qu'il faut savoir aussi se faire du bien. Et je pense que quand quelque chose ne nous fait plus du bien, il faut aussi avoir la force d'arrêter. Parfois on est... On est confortable dans l'inconfort, ça peut durer longtemps, mais parfois, il faut savoir dire stop à l'inconfort. Moi, j'ai été extrêmement content, je suis extrêmement fier de ce qu'on a pu faire avec tous ces talents, ces divers artistes, la place que, en tout cas, j'ai aidée à leur faire prendre dans le paysage médiatique ou dans leur entrée dans le monde du luxe, avec certaines marques. et sociétal. Enfin, tu vois, tout cet apport sociétal et culturel. Pour que ça ait pu fonctionner, j'ai dû laisser de côté une partie de ma vie. Sur le côté personnel, moi, j'ai envie de construire d'autres choses. J'ai envie de construire d'autres aventures, que ce soit créatives, professionnelles, etc. Et c'était cool pour un temps, mais moi, c'était pas... Moi, quand j'ai commencé et qu'on a commencé l'aventure avec Kiddy, qui était le premier artiste où j'étais indépendant, j'ai dit, bon, dans un an, on voit où on en est parce que peut-être que... On ne va pas gagner nos vies, ça ne va pas marcher, etc. Bon, ça a fonctionné. Finalement, ça a duré quelques années. Mais voilà, moi, mon ambition dans la vie, ce n'est pas d'être agent. Ça ne l'a jamais été. Je suis très content de tout le côté culturel, social, représentation, etc. Parce qu'en plus, ça me touche personnellement. Mais en tout cas, le boulot en soi, et qu'il y a un côté très ingrat aussi, une partie, non, tu peux l'accepter jusqu'à un certain... Jusqu'à un certain stade. Et après, non, moi j'ai un autre rapport avec ma personne et j'avais besoin de me retrouver, de le retrouver.

  • Speaker #2

    À quelle forme d'ingratitude tu as dû faire face ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est pas méchant pour les artistes. Quand on commence comme ça, en général, ça va mal. Non, non, mais c'est une petite blague. Mais n'importe quelle personne, les artistes, parfois, ils ont du mal à le comprendre. Et à la fois, c'est pour ça qu'ils fonctionnent. C'est parce qu'ils sont... tellement centrés sur eux-mêmes, sur leurs propres projets, leur vie, etc., qu'ils ont parfois l'impression qu'ils pensent à toi, mais souvent, ce n'est pas trop le cas. Je ne parle pas de tous. Attention, il y en a qui sont très bien dans leur basket et tout va bien et ils savent considérer les gens, ils savent, tu vois, ils savent, tout va bien humainement.

  • Speaker #2

    Un exemple concret ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai un artiste, j'ai une énorme relation. C'est un exemple très concret qui est très bête ce que je vais vous dire. qui avaient énormément de mal à dire merci. Et franchement, merci, on a tous envie de l'entendre. Dans n'importe quel job qu'on fait, de temps en temps, on a envie que notre collaborateur, notre boss, même ton stagiaire à qui tu as appris un truc, te dise merci.

  • Speaker #1

    Bien sûr,

  • Speaker #0

    la reconnaissance. Et la reconnaissance. Et je parle juste du mot merci. Je ne parle pas autre chose en termes de gratitude, etc. Mais quand cet artiste-là te dit merci de temps en temps et qu'en plus, c'est comme si... C'est comme si... Enfin, tu vois, c'était hyper difficile pour que ça sorte de sa bouche. Et t'es un peu en mode, je fais tout ça pour toi. Et en plus... Déjà, je préférais limite que tu ne me le dises pas. Tu sais, quand t'arrives à ce point-là, je préférais même pas que tu me le dises parce qu'en fait, ça te brûle les lèvres tellement. Et ça se voit. Et tu te dis, waouh, on en est là.

  • Speaker #1

    Mais parce que dans le cadre de tes représentations, c'est toi qui as arrêté. En fait, en général, c'est l'inverse qui se passe. Pour toi, c'est un cas un peu particulier parce que c'est toi qui décides d'arrêter et qui leur annonces ça.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et comment ça se passe ? Comment ils le prennent ?

  • Speaker #0

    Je pense que j'arrivais dans un mal-être tellement intense dans ma vie et tellement extrême qu'il fallait que j'arrête. Mais sauf que je l'ai laissé traîner. tu vois c'est comme tous on est humain donc j'ai laissé traîner le truc je me suis réveillé un matin et je me suis réveillé avec ce sentiment de oh là c'est fini tu vois mais je me suis souvent réveillé avec ce sentiment là sauf que j'avais jamais eu les couilles de le faire il y a un peu ce truc là et un peu avec cette boule de ventre que tu vois ton bureau t'aime pas ton boss t'aime pas ton truc on l'a tous vécu je pense tu vois mais il y a le moment où il faut savoir prendre sa force et dire j'arrête quoi euh Et ce matin-là, je me souviens, je regarde, enfin, j'ouvre Insta comme d'hab, et là, j'ai l'annonce de la première ministre néo-zélandaise qui dit je démissionne, j'en peux plus

  • Speaker #1

    Inspiration. Franchement,

  • Speaker #0

    il faut être inspiré par des gens. Peut-être parce que c'est une femme. Je suis plus souvent inspiré par des femmes que par des hommes. Je me dis, mais attends, si elle a son truc, elle est capable de dire j'arrête et à tout son pays. Non, mais c'est bête. À tout son pays, je me dis, j'arrête, ça fait cinq ans et demi, j'ai fait tout ce que j'ai pu pour vous, en tout cas, et j'essaie de reprendre ma vie.

  • Speaker #2

    Honnêteté au vis-à-vis de soi-même aussi.

  • Speaker #0

    Oui, voilà. Exactement. Je me suis dit, mais à temps si elle, au niveau où elle en est dans sa vie, moi, je n'ai pas le courage de... Ben si, quand même. J'étais déjà au bout. C'est juste qu'il y avait un déclin, il y a eu un petit truc. et là je me suis dit ok c'est fini et à partir du moment tu sais quand tu passes par des moments comme ça il y a un côté un peu physique, quand tu prends la décision il y a un truc qui part et il y a un truc qui est parti je me souviens quand j'ai quitté un de mes anciens déjà bossé, épuisé et il y a une force qui est partie comme ça et je me suis dit ok c'est ça mais peut-être que certains le sentaient, il faut leur demander à eux oui Après, il y a ce truc aussi, tu vois, il y a un truc avec relation agent artiste, c'est-à-dire que l'un a besoin de l'un et l'autre a besoin de l'autre aussi. Donc moi, j'avais aussi ce truc de dire, tu vois, ces sentiments d'abandon, ça remonte à des trucs peut-être personnels chez moi, de se dire putain, je vais abandonner quelqu'un dans cette aventure, etc. Donc de mettre un peu de temps à prendre cette décision en tout cas. Mais après, c'est se remettre au centre de sa vie. Moi, j'avais besoin de ça, tu vois. Et en plus, il y a un côté, ouais, t'as besoin de l'un, de l'autre, au côté financier. Enfin, c'est eux qui... Oui, il y a une interdépendance. Il y a une interdépendance, tu vois, de ouf. Donc après, la question, c'est... Ça, c'est un exemple que je donne, comme du côté agent, comme du côté artiste chez l'agent. C'est, si tu vois que ton artiste ne va pas bien, et tu lui fais toujours faire des jobs. Si tu vois qu'en tant qu'artiste, ton agent ne va pas bien, est-ce que tu le pousses jusqu'au bout ? La question, elle va dans les deux sens. C'est pas...

  • Speaker #2

    L'image, c'est du jeu de la corde. Chacun tire dans son sens et tout. Et puis, au moins, ça peut lâcher. On tombe,

  • Speaker #0

    quoi. En fait,

  • Speaker #1

    c'est aussi l'idée qu'on a un peu cette image que l'agent doit prendre soin de son artiste. Mais c'est aussi l'artiste qui doit prendre soin de son agent.

  • Speaker #0

    Et je pense qu'il doit prendre soin de son agent à différents niveaux. Autant sur le côté gratitude simple, un mot de temps en temps, parfois un mot, tu sais quoi, ça te fait plus que plein d'autres choses, comme comment tu considères les gens.

  • Speaker #2

    Mais c'est difficile d'aller en parler. Si tu ressens de la gratitude par rapport à ce qu'a fait un artiste vis-à-vis de toi, c'est difficile d'aller lui dire, bah, t'aurais quand même pu me mettre collaborateur sur le projet, ou me remercier, tu vois,

  • Speaker #0

    c'est... Évidemment, parce que eux ils ont leur ego d'artiste, toi t'es pas artiste. L'égo d'artiste et l'égo de... Par artiste, c'est pas la même chose.

  • Speaker #1

    Mais de devoir le faire. En soi, c'est ça qui est terrible. C'est de devoir...

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr....ouvrir cette conversation.

  • Speaker #0

    Mais en réalité, je pense que... J'aurais eu un autre bagage... J'aurais eu un autre bagage... Je sais que vous recevez aussi des avocats et des choses comme ça. J'aurais eu un autre bagage universitaire. Je pense que cette conversation, elle aurait été là depuis le début.

  • Speaker #2

    T'aurais tout de suite... D'accord,

  • Speaker #0

    j'en crois plus. Bien sûr, parce que c'est une question de... Enfin... L'artiste, croyez-moi, quand il collabore avec quelqu'un, s'il lui met son nom, il va vouloir être crédité, rémunéré. Mais c'est juste que dans l'autre sens, quand c'est ses collaborateurs, parfois ça ne marche pas. Enfin, tu vois ce que je veux dire ? C'est toujours la même chose. Mais je pense que si j'avais voulu que ce truc-là soit ma carrière pendant 40 ans, j'aurais été avocat.

  • Speaker #1

    Ok. Et tu aurais commencé contractuellement à avoir cette émotion ?

  • Speaker #0

    Oui, évidemment, les avocats...

  • Speaker #2

    Ça file droit. Mais toi, l'aspect agent double, du coup, qui normalement, nous on pense à l'agent qui défend à la fois les intérêts des artistes qu'il représente et ses propres intérêts économiques.

  • Speaker #0

    Toi,

  • Speaker #2

    c'était une autre casquette de l'agent double. C'était plus ton projet, tes convictions, tes valeurs.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #2

    Et en ce temps, ce que voulaient tes artistes, c'est-à-dire les accompagner dans leur projet.

  • Speaker #0

    et beaucoup leur faire également moi je me suis oublié en même malheureusement c'est important d'en parler parce que il faut que les gens sachent même financièrement je me suis un peu oublié parce qu'il fallait un équilibre autre pour que moi je puisse m'y retrouver en termes de tu vois de deal de choses un peu comme ça de pourcentage etc etc Pour que mon entreprise roule, en fait, les deals que j'avais n'étaient pas bons. Je m'en fous de le dire, tu vois. Parce que moi, j'étais aussi dans un côté où je l'ai fait pour ces raisons-là, en fait.

  • Speaker #1

    Pour la passion.

  • Speaker #0

    Ouais, pour la passion. J'aurais dû être un peu plus greedy. Ce n'est pas dans un mauvais sens. C'est juste dans un sens... C'est une entreprise. J'avais pas la notion de l'entreprise, j'avais la notion créative et sociale pendant très longtemps. Et quand tu amènes la notion entreprise, tu te rends compte que tout est déjà...

  • Speaker #1

    Tu ne peux pas réfléchir des choses de l'autre face.

  • Speaker #0

    Tout est déjà déséquilibré.

  • Speaker #2

    C'est un regret ou pas ?

  • Speaker #0

    Non, parce que je suis jeune et que j'ai largement le temps. temps de vivre dix mille aventures professionnelles et créatives et tout ça est juste un bagage pour le futur donc non c'est pas du tout un regret tu as été naïf ou pas tu penses que tu as fait preuve de naïveté ouais quand tu essaies d'être entier à certains nouveaux j'étais naïf j'étais naïf avec mon industrie j'étais naïf avec des talents des artistes et des amis j'étais bien sûr j'étais naïf ouais bien sûr bien sûr est ce que

  • Speaker #2

    parfois tu as senti qu'on avait pris ta gentillesse ou ta naïveté pour que c'était un défaut et que du coup, les gens, ils en ont profité.

  • Speaker #0

    Je ne l'ai pas senti comme c'est un défaut parce que je suis très content d'être gentil. Moi, je me suis tellement donné à 300% dans ce que je faisais que quand je me suis rendu compte d'un truc, je me suis rendu compte de tout. D'accord, donc sur cet aspect là, je me suis rendu compte. Je me suis moi quand j'ai ouvert les yeux, j'ai ouvert les yeux sur tout. Voilà, il y avait un peu ce côté-là. Et un peu sur mon rapport. Et un peu, il y a ce côté gentil, mais il y a surtout ce côté où, en fait, je n'ai pas mis de limites. Donc, tu ne sais pas que j'en veux. Tu sais, quand tu donnes beaucoup aux gens, au final, tu leur donnes, ils prennent. Tu ne peux pas leur en vouloir. Donc, je ne te dirais pas, oui, ils ont pris, ils ont pris, mais en réalité, je leur donnais. Donc, la question, c'est, la limite, elle vient dans les deux sens, tu vois. Il y a des gens qui savent mettre des limites, il y a des gens qui ne savent pas mettre de limites. Je pense que pendant un certain temps, moi, je ne savais pas mettre de limite. Et quand tu mets la limite, j'ai mis la limite pour tout. Il y a un peu ce truc-là.

  • Speaker #1

    Tu ne fais pas les choses à moitié.

  • Speaker #0

    Non, pour beaucoup de choses, oui.

  • Speaker #2

    C'est vrai que si maintenant tu as un peu plus de recul, si tu regardes en arrière, il y a des éléments qui se détachent. Par exemple, de quoi tu es plus fier ?

  • Speaker #0

    Clairement, je pense que j'ai participé à plus de représentations dans notre pays, dans plein de domaines différents. Quand je vois aujourd'hui... un programme comme Drag Race qui est en train d'exploser en France et que je pense que si moi, je n'avais pas accompagné Niki Idol sur des questions de mode, elle n'aurait peut-être pas forcément été là ou en tout cas, son profil n'aurait pas été considéré de la même façon ou à appuyer en tout cas la création du programme. Mon parcours avec Kiddy Smile dans ses relations avec des marques de luxe, c'est vraiment... Peut-être qu'il aurait pas fait qu'il soit aussi d'Andra Grace dans le jury. Tu vois ce que je veux dire ? Quand je vois Iseult, avec qui on a signé chez L'Oréal en tant qu'égérie et qui est la première femme noire ronde en 100 ans à être égérie chez L'Oréal Paris, alors qu'on a l'impression qu'il représente tout le monde. Et tu te dis, quand on est arrivé, c'était la première. Tu vois, c'est quand même énorme. Et moi, L'Oréal, je trouve que ça parle à tout le monde dans le monde. L'Oréal, tu vois ce que je veux dire en termes de beauté ? Ça parle à tout le monde. Et aujourd'hui, le styliste avec qui elle fait des trucs de ouf, Jonathan Huguet, c'est quand même moi qui lui ai apporté. Aujourd'hui, il lui ouvre des portes différentes. Tu vois ? Et quand je la vois, là, à Cannes, habillée en Dior, les Dior, ils sont contents de l'habiller, mais je ne suis pas sûr qu'il y a quelques années, Dior, ils considéraient Isolt. Moi, qu'ils ne le fassent pas à une époque, ce n'est pas grave. Mais tant qu'ils changent, c'est ça qui m'importe. Pas le fait, je ne veux pas rester bloqué sur, OK... ils n'habillent pas telle ou telle physique, etc. C'est qu'aujourd'hui, ils ont habillé telle ou telle physique et l'image qu'elle a, Iseult, c'est parce qu'avant, on a fait Balmain, on a fait Mugler et que ces marques-là l'ont accompagnée et elles étaient là, elles ne se sont pas posées de questions. Et aujourd'hui, après cinq ans, tu as une marque comme Dior qui peut-être n'habillait pas ces canons de beauté-là, se dit, on va habiller un canon de beauté comme celui-là. Et ça, c'est intéressant. Après, si on reste bloqué sur oui, ils nous ont jamais intégrés, moi, ça ne m'intéresse pas la question, c'est quelle porte tu ouvres, quelle conversation tu peux avoir, et si c'est dans cinq ans, c'est génial, mais en fait, il faut l'avoir, la conversation. Il y a un peu ce truc-là.

  • Speaker #2

    Il y a encore beaucoup à faire, j'imagine.

  • Speaker #0

    C'est un chantier qui commence à peine à... Ça vient de commencer. Il est beau, il est... culturel et sociétal, il est à plein plein de strates dans la conversation. C'est pas... On voit beaucoup l'image, parce qu'on se dit voilà, mais après, il y a... Ça se passe chez les RH, ça se passe dans les écoles, ça se passe dans l'éducation, ça se passe à plein plein de niveaux, tu vois, c'est pas juste... Ouais génial parce qu'il y a une meuf qui est là à Cannes. Après c'est cool, mais après la question c'est toujours la même chose. Moi, quand j'ai eu cette conversation, même avant Isolt, même avec un Kid Ismail qui fait quasiment deux mètres et qui avait des proportions qui n'étaient pas celles que la plupart des gens ont, c'est la question, c'est cool, vous lui faites une tenue, mais après, ces tenues-là, est-ce qu'il y a les mêmes tailles en magasin ? Parce que les gens qui font... Enfin, tu vois, c'est... C'est pas allé plus loin.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Tu vois, c'est toujours la même chose. Donc, même moi, j'en avais peut-être pas conscience avant de... collaborer avec un Kiddy, parce que j'ai une taille plutôt standard, on dira. Donc, je n'ai jamais dû me poser ces questions-là, jusqu'à collaborer avec un artiste qui doit, je l'ai fait avec Kiddy, qui a préparé le terrain, peut-être pour ma conversation, les conversations que j'avais pour Isolt, juste après. C'est peut-être ça qui a aidé aussi, tu vois, chaque chose apporte au prochain projet. Aujourd'hui, voilà, je suis content qu'elle soit là, mais ce qui serait bien, c'est qu'il y en ait d'autres.

  • Speaker #1

    Comment toi, aujourd'hui, tu continues ? À te battre pour ce genre de choses, comment tu te vois dans 5 ans par rapport à ça ?

  • Speaker #2

    Vers quoi tu vas déjà en fait ? Parce que tu es en changement de nom, tu t'ouvres une nouvelle page dans ta vie professionnelle.

  • Speaker #0

    Peu importe où je sois, que ce soit dans une aventure en indépendant ou en maison, ou si demain, comme je disais, je ne sais pas, je ferai un autre truc créatif, je pense que mon propos, il sera le même.

  • Speaker #2

    Tu penses qu'aujourd'hui, les artistes ont nécessairement besoin d'un agent ? Non.

  • Speaker #0

    Enfin, ils ont besoin d'une structure. Donc après, ça peut être un agent qui les accompagne, comme parfois, tu as besoin au stade où tu en es. Par exemple, il n'y a pas longtemps, il y a beaucoup de gens qui veulent des agents. Je leur dis, mais pour l'instant, tu n'as pas besoin d'un agent, tu as besoin d'un PR. Peut-être que dans un an, t'auras besoin d'un agent. Parce que ton pillard, il aura fait assez de bon travail pour que t'aies une certaine place. Et voilà. Et t'as besoin d'un agent. Et tout le monde veut un agent, mais personne ne veut le payer.

  • Speaker #2

    Ouais.

  • Speaker #0

    Donc c'est un peu tout le temps le truc, tu vois. Il y a un peu, ah, je veux un agent, j'ai un agent. Mais t'as même pas les moyens de développer ton truc. Et comme je l'ai beaucoup vécu, ben non, on va pas travailler gratos, en fait. Tu vois ce que je veux dire ? Et ils se rendent pas compte du... Et souvent, ils se rendent vraiment pas compte. Parce qu'ils pensent que, en fait, le boulot... Moi, je me suis fait prendre à ce truc-là. C'est-à-dire que tu te rémunères sur une com. En réalité, ton travail, c'est pas juste la com. Ton travail, c'est tout ce que tu fais. Donc là, pourquoi t'es pas payé pendant tout ce que tu fais tout ça, en fait ? Mais moi, quand je me suis rendu compte que mon modèle économique n'était pas bon et que j'ai voulu avoir la conversation avec tous les artistes de il faut qu'on change ils m'ont pratiquement tous ignoré. Au bout d'un moment... Tu fais qu'investir, qu'investir. Au final, c'est moi qui me retrouve avec des dettes. Mais on apprend.

  • Speaker #2

    Je pense que l'interview touche à sa fin. Oui.

  • Speaker #1

    Bon, agent Ibra. Mission accomplie.

  • Speaker #0

    Anciennement agent Ibra.

  • Speaker #1

    Anciennement agent Ibra. Ouais,

  • Speaker #0

    ouais.

  • Speaker #1

    Ex-agent Ibra. Mission accomplie en tout cas. Merci vraiment d'avoir été notre invitée pour ce podcast. Merci de être venu là.

  • Speaker #0

    Merci à vous.

  • Speaker #3

    Merci de nous avoir écoutés jusqu'au bout. Et maintenant, c'est à vous d'entrer en action. Votre mission, si vous l'acceptez. Laissez 5 étoiles et un commentaire sur votre plateforme d'écoute. Abonnez-vous au podcast, à notre chaîne YouTube et à notre compte Instagram pour des contenus exclusifs. Et surtout, n'hésitez pas à partager autour de vous. Agent Double est un podcast indépendant. S'il vous a plu et pour qu'on puisse continuer à le développer, vous pouvez nous soutenir en cliquant sur le lien dans le descriptif de l'épisode. On compte sur vous et on se retrouve dans deux semaines pour un nouveau numéro d'Agent Double.

Description

Plus connu sous le nom d’Hybra, Ibrahim Hassou Tarouhit nous fait l’honneur d’être le tout premier invité de notre podcast Agent Double.

Celui qui se définit comme « noir, arabe et gay » ne se résume pas à ces 3 qualificatifs, mais bien par ses combats engagés dans la mise en avant d’artistes sous représentés.

Celui qui était notamment l’agent de la chanteuse Yseult et du DJ Kiddy Smile, se confie sans tabou sur ses aspirations, son rapport au métier d’agent et l’ingratitude que peut parfois générer les relations avec ses talents.

Une discussion à cœur ouvert avec une personnalité au grand cœur.


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Agent Double est un podcast indépendant sur une idée originale de Nayla Khalek, conçu, produit et animé par Pascale Wakim et Rand Khalek.


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Gratitude à notre fabuleuse équipe !


Vidéo et montage: Laetitia Moya Moukarzel

Son: Benjamin Lagadec

Graphisme: Yara Mehdi

Musique: Pascale Wakim

Mixage Musique: Eudoxe Parrain


Remerciements particuliers à Florian Rusterholtz pour son précieux coup de main sur les tournages 🙏


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Moi, j'ai un artiste, j'ai une énorme relation. C'est un exemple très concret, qui est très bête, ce que je vais vous dire, qui avait énormément de mal à dire merci. Et franchement, merci, on a tous envie de l'entendre. Dans n'importe quel job qu'on fait, de temps en temps, on a envie que notre collaborateur, notre boss, même ton stagiaire à qui tu as appris un truc, te dise merci. À bientôt !

  • Speaker #1

    Je suis Pascale Wackim.

  • Speaker #2

    Je suis Rand Kalec.

  • Speaker #1

    Vous écoutez Agent Double, le podcast qui dévoile les secrets des relations agent-talent.

  • Speaker #2

    Un jeudi sur deux, nous recevons un ou une invitée qui vient nous parler de ce métier si particulier, celui d'agent. Le podcast Agent Double, c'est mettre pour une fois dans la lumière celles et ceux qui œuvrent dans l'ombre pour le succès des autres.

  • Speaker #1

    Pour ne rater aucune de nos missions, abonnez-vous à notre chaîne YouTube Agent Double ou sur votre plateforme d'écoute préférée.

  • Speaker #2

    Et pour des contenus exclusifs... Suivez notre page Instagram, Agent Double Podcast. Aujourd'hui dans Agent Double, notre invité est un ancien directeur de casting, manager de talent aux idées novatrices et bousculant la bien-pensance. Il fonde en 2017 sa propre agence Ibra, dédiée aux artistes queer et sous-représentés, et il vient nous parler de son parcours et de ses convictions. Bonjour Ibrahim Asoutarouit.

  • Speaker #1

    Tu arrives à Paris il y a dix ans aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Il y a 11 ans, je suis arrivé pour un stage. J'avais postulé dans un bureau de casting qui s'appelle Casting Office, qui est le bureau de casting de Brice Compagnon. J'arrive, le premier job que je fais, c'était à Fashion Week Femme directement. Et j'arrive et le premier job sur lequel on est, on est en casting pour Vivienne Westwood. À l'époque, Brice et Maywen, qui étaient sa collaboratrice, travaillaient pour le casting de Vivienne Westwood. Donc, mon premier truc, c'était limite, on n'était pas au bureau, on était au showroom de Westwood. Donc, c'était un côté un peu impressionnant, puisque moi, je pense que c'était une des créatrices qui m'a le plus parlé, en tout cas, dans mon rapport à la mode et femme Ford Punk, qui renverse les codes. Donc ça, c'est un peu mon premier rapport au-delà des études. Mais le côté professionnel, ouais, c'était ça. arrivé à Paris, pas parisien, pas parisien, pas dans cet univers de la mode, voilà. Donc, il y a un peu cette frontière géographique, tu vois, des deux mondes. Aussi, la mode, c'est aussi un milieu de beaucoup de gens privilégiés, donc on ne vient pas de ce monde-là aussi. C'est plus dur de rentrer.

  • Speaker #2

    Oui, tu n'as jamais eu le syndrome de l'imposteur, tu t'es senti légitime tout le temps dans le milieu, malgré tout.

  • Speaker #0

    Moi, je me suis senti légitime. C'est juste que les gens ne te font pas sentir légitime en soi. Comment je me sens légitime dans le monde, en soi ? En fait, c'est un peu bizarre de devoir le dire, mais bon, moi, je suis noir, arabe, gay, français, venant d'un milieu populaire. Donc, il y a toujours un peu ce côté où j'ai déjà toutes ces identités-là. Et tu le ressens, il suffit de le voir. Il suffit de voir les gens qui ont ton âge. qui te ressemblent et quelles positions ils ont dans ton industrie ou qu'ils n'ont pas, plutôt. Est-ce qu'il y a des gens qui te ressemblent qui sont à des postes ou pas ? On le voit, en fait. Il n'y a pas de secret. Tu vois, il y a peut-être des choses qui s'ouvrent, des choses qui se ferment. Je pense que c'est ça. C'est comment tu prends ta place aussi.

  • Speaker #1

    Parce que quand tu arrives dans ce milieu à ce moment-là, est-ce que toutes tes identités sont complètement assumées, revendiquées ou tu es encore en cheminement dans un...

  • Speaker #0

    Non, toutes mes ondes de noticier, elles étaient assumées. Et puis, j'ai eu de la chance d'arriver, je le dis souvent, mais Brice, c'était un ovni dans la mode. Je ne suis pas arrivé dans une grande maison du style Dior Chanel, Vuitton, avec des choses très codifiées. Je suis arrivé dans une sorte de petite agence ou chez quelqu'un qui cassait déjà les codes. Donc moi, je n'ai pas vu le côté tout de suite de la mode hyper codifiée. Je suis arrivé déjà chez un ovni et tu sais, ta première expérience, ta première expérience, c'était un peu ton exemple, ton premier exemple. Donc, je me suis dit, ah, c'est la normalité. C'est bizarre à dire, mais voilà, en fait, c'était mon... Après, j'ai compris, ce n'était pas ça.

  • Speaker #2

    Mais tu n'aurais pas eu le même parcours si tu n'avais pas été directement dans ce contexte-là qui te permettait de...

  • Speaker #0

    Bien sûr,

  • Speaker #2

    développer.

  • Speaker #0

    Bien sûr, j'aurais eu un autre parcours. J'aurais eu un autre parcours. Et plus bridé, peut-être ? Peut-être que moi, je me serais plus bridé. Pas que mon parcours, il aurait été plus bridé. Peut-être que je serais rentré un peu plus dans des cases, parce que j'aurais peut-être dû comprendre, parce que j'ai aussi de l'ambition, j'ai envie de faire des choses, etc. Et que je me serais dit, il ne faut peut-être pas faire ci, pas faire ça. Tu ne corresponds pas à ce qu'ils attendent, etc. Donc, on est un animal sociable qui s'adapte.

  • Speaker #2

    Comment tu as décidé de devenir agent ?

  • Speaker #0

    Ma première expérience d'agent... Elle vient après deux ans où j'étais dans ce bureau de casting chez Brice Compagnon. Je suis parti quelques mois à Londres et j'ai pas mal vécu à l'étranger. Avant d'arriver à Paris, je me suis dit, vas-y, repars dans un milieu anglo-saxon. Et au bout de quelques mois à Londres, où j'étais encore en train de me chercher, on m'a proposé un taf à Paris. Et le taf en question, c'était... C'était dans une agence qui s'appelait Next Management. Je ne voulais pas être agent de mannequin, mais les artistes m'excitaient plus. Peut-être parce qu'il y avait un message, peut-être parce que tu pouvais raconter quelque chose de plus avec des artistes au-delà de la beauté. J'adore la beauté, j'adore, et je la comprends, dans mon côté casting, etc. Mais ça m'intéressait plus d'avoir quelqu'un avec un discours et pouvoir justement collaborer entre le discours de l'artiste et le discours d'une marque. Donc... Je me suis dirigé là-dessus et donc après, je suis resté deux ans chez Next là-dessus. Et après, j'ai commencé tout seul.

  • Speaker #1

    Et après, donc, tu crées Ibra.

  • Speaker #0

    Alors, je crée Ibra, ouais. C'est toujours un peu drôle parce que c'était juste mon nom Insta. Et en plus, je reprenais juste des syllabes qui sont dans le diminutif de mon prénom, donc Ibrahim. Écrit évidemment différemment. Donc la création, entre guillemets, la genèse du projet, on va dire, c'était plus des rencontres et un besoin de représentation dans l'industrie et dans notre société. Parce que dans les médias, je ne trouvais pas qu'il y avait assez de gens qui, ce n'est pas une question qui ne me ressemble qu'à moi, mais qui ressemble à d'autres gens. Il y a un peu tout le temps le même type. On parle d'il y a quelques années.

  • Speaker #2

    On précise juste que... Toi, tu t'es spécialisé dans la représentation des personnes queer et racisées, donc non blanches,

  • Speaker #0

    c'est ça ? Ouais, non blanches, il y a des personnes blanches, mais il y a des personnes... Ouais, surtout queer et racisées, ouais. Mais ça s'est fait naturellement, c'est toujours ça, c'est un peu cette spécialisation. En fait, moi, je parle juste avec des côtés de mes identités. Donc, je ne pense pas qu'il y avait un truc hyper... Souvent, on me dit Ah, t'as trouvé le bon créneau ! Oui, c'était pas une... Ce n'était pas un truc en fait. J'ai fait mes business models, mon business plan.

  • Speaker #1

    Évident pour toi.

  • Speaker #0

    Ouais, je vais faire que des gens qui ressemblent à ça. Parce que ça, ben non, mais quand tu as toutes les identités qui sont rassemblées, en tout cas les miennes, à l'intérieur d'une seule personne, ben moi, je me pose beaucoup de questions sur chaque penchant de ces identités-là, en permanence. Et je me suis retrouvé dans cette industrie-là. Je pense que je le dis souvent, mais moi, mon travail, je pourrais avoir peut-être d'autres carrières dans ma vie. Enfin, la question de la représentation, etc., elle sera toujours là. Si demain, je deviens médecin, je vais défendre les mêmes choses. Si demain, je deviens cuistot, je vais vouloir défendre les mêmes choses. Donc, c'est juste qu'en plus, je me suis retrouvé dans une place, dans mon industrie, dans la société, où en fait, on fait de l'image. Et l'image, en fait, c'est impactant. Donc, pour moi, j'ai pu utiliser tout ça pour pouvoir aller un peu... plus loin. Et donc, je me suis dit en plus, faisant de l'image, déjà, tu te rends compte que les gens qui font de l'image, on n'est pas beaucoup aussi qui ressemblent à ça. Il y a aussi ce truc, quand tu vois le derrière. Ah, ok. Mais comme aujourd'hui, on se dit putain, mais il y a plein de mannequins noirs sur les podiums. Leurs adjoints ressemblent à quoi ? Ils ont les mêmes problématiques. Ils comprennent la même chose par rapport à Dwayne, par rapport à... des questions esthétiques de cheveux de peau de etc ou pas c'est un débat il y en a sur ce post il y en a mais est ce que est ce que le ratio il est tu vois ouais voilà et on peut se poser la même question sur la question c'est à quoi ressemblent les gens qui gèrent leur argent entre guillemets si on va un peu plus loin dans que leur argent leur carrière enfin bon voilà mais on a compris l'idée de quoi

  • Speaker #2

    On dit souvent que des artistes sont engagés.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #2

    Est-ce que toi, tu ne serais pas finalement un agent engagé ?

  • Speaker #0

    Ah si, totalement. Ouais, totalement, totalement. Totalement, je ne suis pas... Je suis engagé totalement par rapport aux histoires que j'ai portées, par rapport... Il y a plein de gens qui me ressemblent, ils ne sont pas du tout engagés. Ce n'est pas parce que tu es gay que tu es... Voilà, ce n'est pas parce que tu es gay que tu es... Voilà, ce n'est pas parce que... Bien sûr. Exact, etc. Moi, oui. Mais après, comme je le dis, mon engagement, j'aurais pu faire d'autres types de... Enfin... Moi, ce qui m'intéressait, à la base, j'ai fait des études de relations internationales. Donc, ce qui m'intéressait, c'était la diversité des cultures dans le monde. Déjà, je viens de là, tu vois. OK, je me suis retrouvé à être agent d'artiste, etc. Mais ce que j'ai fait avant, la traduction, etc. a permis de nourrir tout mon propos et toute cette approche. Et je pense que j'ai pu faire ça de cette façon-là parce que j'avais ce bagage-là avant, tu vois. Et j'avais cette notion-là de... diversité des cultures, non seulement à travers ce que moi je vis et ce que je m'en vécu, mais également c'est aussi des choses où j'ai été à l'université pour comprendre aussi ce qui se passait dans le monde. Donc il y avait un peu ce côté-là.

  • Speaker #1

    En fait, il y a une différence entre toi avoir tes identités et puis vouloir passer à l'action et vouloir justement en faire peut-être un manifeste ou en tout cas vouloir travailler dans la représentation. Est-ce que par exemple tu penses qu'une expérience comme celle de Viviane Westwood, bien sûr, qui bousculent les codes, n'a pas été justement une influence sur toi pour te donner envie de le faire plus tard ?

  • Speaker #0

    Totalement. Avant même Villevienne-Ouetsu, si on prend des référents un peu plus mode, je pense que le plus grand, le mec qui a un peu bousculé, qui représente plus quelque chose pour moi et pour beaucoup de gens au fil de la dans ma génération, avec qui je partage pas mal de valeurs, je pense qu'en tant que Français, ça va être Gauthier. Voilà, si on parle mode, oui. il y avait un peu ce truc-là qui me parle mais c'est intéressant plus dans les exemples de vie j'avais demandé des figures numatiques en dehors de la mode en général des figures ?

  • Speaker #2

    est-ce que t'as quelqu'un qui t'a vraiment inspiré dans ses combats, dans ses convictions ?

  • Speaker #0

    en fait moi j'avais un peu ce truc, c'est que je trouvais qu'il n'y avait pas de rôle modèle en France pas forcément en France je sais mais en fait non Mon chemin, on va dire, dans cette aventure, tu vois, d'être agent, manager, image, où j'étais en mode, moi, ce que je veux, c'est faire des rôles modèles. Et je pense que c'est ce que j'ai, ou en tout cas, les amplifier, tu vois, amplifier leur voix pour que ça devienne des rôles modèles. Aujourd'hui, je suis très content, je suis très fier, parce que je pense que c'est ce qui arrive pour beaucoup d'entre eux.

  • Speaker #2

    Tu penses à Kiddy Smile, Izult.

  • Speaker #0

    Je pense à Nick Idol, Kiddy Smile, Izult, Pam Boy. Avec qui j'ai pu travailler ? Avec Rokhaya Diallo, mais Rokhaya c'est encore une figure. Je l'accompagnais un tout petit peu sur quelques petites choses, mais allez, je pense que sans Rokhaya, on ne serait pas là. Donc il y a aussi une autre conversation, mais ça, ce n'est pas moi. Mais avec d'autres Isol qui disent Smile, entre le moment où moi j'ai commencé à travailler avec eux, et là où on a arrêté de commencer avec eux, où j'ai arrêté de travailler avec eux, il y a non seulement une vraie évolution dans leur carrière, qui est... non seulement quantifiable, mais également visible, mais de ce qu'ils ont représenté, eux, dans la société, ils ont eux-mêmes un énorme rapport à l'image et à la mode. Ça a fonctionné, c'est parce qu'on avait, de leur côté et de mon côté, des visions très précises de ce qu'était l'image, de l'engagement, de... Des discriminations, enfin, pas mal de choses. C'était vraiment un truc collaboratif et c'est pour ça que ça a fonctionné, jusqu'à un certain point, mais c'est pour ça que ça a fonctionné, en tout cas.

  • Speaker #1

    Mais justement, par exemple, quand tu prends une artiste comme Isolde qui se manage elle-même, comment toi, tu viens apporter ta pierre pour qu'ensemble, vous arriviez à aller plus loin ?

  • Speaker #0

    Alors, dans les faits, moi, j'étais, on va dire, elle se manage elle-même sur le côté musique. Sur ce que j'ai apporté, on peut dire que je suis... co-manager sur le côté image. Il y a ce vocabulaire qui est très important, qui est agent et manager. Et je pense qu'il faut déjà partir de ça.

  • Speaker #2

    Tu distingues les deux, toi ?

  • Speaker #0

    A la base, aux Etats-Unis, ils distinguent les deux. C'est ça le truc. C'est que... Ce sont des mots qui viennent plus d'une culture du diversement, une culture américaine, etc. A la base, on distingue les deux. En France, on ne distingue pas les deux. Oh, les deux ! Un manager, il va aider l'artiste à créer les contenus, comme dans la musique. Le manager va te présenter un tel producteur ou tel studio, il va te présenter des labels pour grandir ton profil, et voilà. Ça, c'est le manager. En image, ce serait la même chose. C'est-à-dire que je vais te présenter des photographes, je vais construire avec toi ce photoshoot pour construire ton image. Ça, c'est du management. Un agent, normalement, il n'a pas besoin de construire quoi que ce soit. Il prend, par exemple, un agent, il va prendre ce que le manager lui a envoyé comme contenu, et il va travailler, il va aller vendre ton image à des marques pour amener des dix. Moi, dans beaucoup des cas, je faisais les deux. Enfin, dans la plupart des cas, je faisais les deux.

  • Speaker #1

    Ce qui est le cas de beaucoup d'agents.

  • Speaker #0

    Il y a beaucoup d'agents en France. C'est pour ça que je dis aux États-Unis et en France. On n'est pas dans la même temporalité, dans l'évolution de la culture, du divertissement, etc. Ils ont des années d'avance, etc. Donc, il y a des structures qui sont déjà mises en place là-bas. Aujourd'hui, nous, on arrive et en fait, il faut tout faire. Quand tu me demandes par rapport à Isolde, donc, tu vois... signer un contrat L'Oréal pour elle, etc. Ça, c'est du boulot d'agent. Tout à fait.

  • Speaker #2

    Tu t'es un peu perdu dans cette dualité, à force de prendre différents artistes, d'être un peu submergé ?

  • Speaker #0

    Ce n'est pas la dualité en soi, parce qu'en fait, il y a un côté où les deux jobs sont complémentaires. Mais la plupart des artistes avec lesquels je travaillais étaient plutôt des artistes indépendants. Déjà, eux-mêmes. Et moi, j'étais indépendant. Donc, ça veut dire qu'il n'y a pas forcément tout ce flux financier qui va pouvoir permettre de développer une certaine image, certaines relations, etc. Donc, moi, j'en avais conscience et j'étais aussi OK avec. Voilà, donc tu sais que tu vas devoir faire plus parce que tu as peut-être moins de moyens. Mais après, c'est la vie, c'est comme ça.

  • Speaker #2

    On rappelle qu'aujourd'hui, tu as décidé de ne plus être agent.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #2

    Après avoir fait ça pendant une dizaine d'années.

  • Speaker #0

    pendant, on va dire un peu moins, pendant quasiment 8 ans. Deux ans d'abord en agence et puis quasiment 6 ans tout seul.

  • Speaker #2

    Et donc pourquoi tu as arrêté ?

  • Speaker #0

    J'ai arrêté pour plusieurs raisons. J'ai arrêté parce que je ne m'y retrouvais pas personnellement. Je pense qu'il faut savoir aussi se faire du bien. Et je pense que quand quelque chose ne nous fait plus du bien, il faut aussi avoir la force d'arrêter. Parfois on est... On est confortable dans l'inconfort, ça peut durer longtemps, mais parfois, il faut savoir dire stop à l'inconfort. Moi, j'ai été extrêmement content, je suis extrêmement fier de ce qu'on a pu faire avec tous ces talents, ces divers artistes, la place que, en tout cas, j'ai aidée à leur faire prendre dans le paysage médiatique ou dans leur entrée dans le monde du luxe, avec certaines marques. et sociétal. Enfin, tu vois, tout cet apport sociétal et culturel. Pour que ça ait pu fonctionner, j'ai dû laisser de côté une partie de ma vie. Sur le côté personnel, moi, j'ai envie de construire d'autres choses. J'ai envie de construire d'autres aventures, que ce soit créatives, professionnelles, etc. Et c'était cool pour un temps, mais moi, c'était pas... Moi, quand j'ai commencé et qu'on a commencé l'aventure avec Kiddy, qui était le premier artiste où j'étais indépendant, j'ai dit, bon, dans un an, on voit où on en est parce que peut-être que... On ne va pas gagner nos vies, ça ne va pas marcher, etc. Bon, ça a fonctionné. Finalement, ça a duré quelques années. Mais voilà, moi, mon ambition dans la vie, ce n'est pas d'être agent. Ça ne l'a jamais été. Je suis très content de tout le côté culturel, social, représentation, etc. Parce qu'en plus, ça me touche personnellement. Mais en tout cas, le boulot en soi, et qu'il y a un côté très ingrat aussi, une partie, non, tu peux l'accepter jusqu'à un certain... Jusqu'à un certain stade. Et après, non, moi j'ai un autre rapport avec ma personne et j'avais besoin de me retrouver, de le retrouver.

  • Speaker #2

    À quelle forme d'ingratitude tu as dû faire face ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est pas méchant pour les artistes. Quand on commence comme ça, en général, ça va mal. Non, non, mais c'est une petite blague. Mais n'importe quelle personne, les artistes, parfois, ils ont du mal à le comprendre. Et à la fois, c'est pour ça qu'ils fonctionnent. C'est parce qu'ils sont... tellement centrés sur eux-mêmes, sur leurs propres projets, leur vie, etc., qu'ils ont parfois l'impression qu'ils pensent à toi, mais souvent, ce n'est pas trop le cas. Je ne parle pas de tous. Attention, il y en a qui sont très bien dans leur basket et tout va bien et ils savent considérer les gens, ils savent, tu vois, ils savent, tout va bien humainement.

  • Speaker #2

    Un exemple concret ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai un artiste, j'ai une énorme relation. C'est un exemple très concret qui est très bête ce que je vais vous dire. qui avaient énormément de mal à dire merci. Et franchement, merci, on a tous envie de l'entendre. Dans n'importe quel job qu'on fait, de temps en temps, on a envie que notre collaborateur, notre boss, même ton stagiaire à qui tu as appris un truc, te dise merci.

  • Speaker #1

    Bien sûr,

  • Speaker #0

    la reconnaissance. Et la reconnaissance. Et je parle juste du mot merci. Je ne parle pas autre chose en termes de gratitude, etc. Mais quand cet artiste-là te dit merci de temps en temps et qu'en plus, c'est comme si... C'est comme si... Enfin, tu vois, c'était hyper difficile pour que ça sorte de sa bouche. Et t'es un peu en mode, je fais tout ça pour toi. Et en plus... Déjà, je préférais limite que tu ne me le dises pas. Tu sais, quand t'arrives à ce point-là, je préférais même pas que tu me le dises parce qu'en fait, ça te brûle les lèvres tellement. Et ça se voit. Et tu te dis, waouh, on en est là.

  • Speaker #1

    Mais parce que dans le cadre de tes représentations, c'est toi qui as arrêté. En fait, en général, c'est l'inverse qui se passe. Pour toi, c'est un cas un peu particulier parce que c'est toi qui décides d'arrêter et qui leur annonces ça.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et comment ça se passe ? Comment ils le prennent ?

  • Speaker #0

    Je pense que j'arrivais dans un mal-être tellement intense dans ma vie et tellement extrême qu'il fallait que j'arrête. Mais sauf que je l'ai laissé traîner. tu vois c'est comme tous on est humain donc j'ai laissé traîner le truc je me suis réveillé un matin et je me suis réveillé avec ce sentiment de oh là c'est fini tu vois mais je me suis souvent réveillé avec ce sentiment là sauf que j'avais jamais eu les couilles de le faire il y a un peu ce truc là et un peu avec cette boule de ventre que tu vois ton bureau t'aime pas ton boss t'aime pas ton truc on l'a tous vécu je pense tu vois mais il y a le moment où il faut savoir prendre sa force et dire j'arrête quoi euh Et ce matin-là, je me souviens, je regarde, enfin, j'ouvre Insta comme d'hab, et là, j'ai l'annonce de la première ministre néo-zélandaise qui dit je démissionne, j'en peux plus

  • Speaker #1

    Inspiration. Franchement,

  • Speaker #0

    il faut être inspiré par des gens. Peut-être parce que c'est une femme. Je suis plus souvent inspiré par des femmes que par des hommes. Je me dis, mais attends, si elle a son truc, elle est capable de dire j'arrête et à tout son pays. Non, mais c'est bête. À tout son pays, je me dis, j'arrête, ça fait cinq ans et demi, j'ai fait tout ce que j'ai pu pour vous, en tout cas, et j'essaie de reprendre ma vie.

  • Speaker #2

    Honnêteté au vis-à-vis de soi-même aussi.

  • Speaker #0

    Oui, voilà. Exactement. Je me suis dit, mais à temps si elle, au niveau où elle en est dans sa vie, moi, je n'ai pas le courage de... Ben si, quand même. J'étais déjà au bout. C'est juste qu'il y avait un déclin, il y a eu un petit truc. et là je me suis dit ok c'est fini et à partir du moment tu sais quand tu passes par des moments comme ça il y a un côté un peu physique, quand tu prends la décision il y a un truc qui part et il y a un truc qui est parti je me souviens quand j'ai quitté un de mes anciens déjà bossé, épuisé et il y a une force qui est partie comme ça et je me suis dit ok c'est ça mais peut-être que certains le sentaient, il faut leur demander à eux oui Après, il y a ce truc aussi, tu vois, il y a un truc avec relation agent artiste, c'est-à-dire que l'un a besoin de l'un et l'autre a besoin de l'autre aussi. Donc moi, j'avais aussi ce truc de dire, tu vois, ces sentiments d'abandon, ça remonte à des trucs peut-être personnels chez moi, de se dire putain, je vais abandonner quelqu'un dans cette aventure, etc. Donc de mettre un peu de temps à prendre cette décision en tout cas. Mais après, c'est se remettre au centre de sa vie. Moi, j'avais besoin de ça, tu vois. Et en plus, il y a un côté, ouais, t'as besoin de l'un, de l'autre, au côté financier. Enfin, c'est eux qui... Oui, il y a une interdépendance. Il y a une interdépendance, tu vois, de ouf. Donc après, la question, c'est... Ça, c'est un exemple que je donne, comme du côté agent, comme du côté artiste chez l'agent. C'est, si tu vois que ton artiste ne va pas bien, et tu lui fais toujours faire des jobs. Si tu vois qu'en tant qu'artiste, ton agent ne va pas bien, est-ce que tu le pousses jusqu'au bout ? La question, elle va dans les deux sens. C'est pas...

  • Speaker #2

    L'image, c'est du jeu de la corde. Chacun tire dans son sens et tout. Et puis, au moins, ça peut lâcher. On tombe,

  • Speaker #0

    quoi. En fait,

  • Speaker #1

    c'est aussi l'idée qu'on a un peu cette image que l'agent doit prendre soin de son artiste. Mais c'est aussi l'artiste qui doit prendre soin de son agent.

  • Speaker #0

    Et je pense qu'il doit prendre soin de son agent à différents niveaux. Autant sur le côté gratitude simple, un mot de temps en temps, parfois un mot, tu sais quoi, ça te fait plus que plein d'autres choses, comme comment tu considères les gens.

  • Speaker #2

    Mais c'est difficile d'aller en parler. Si tu ressens de la gratitude par rapport à ce qu'a fait un artiste vis-à-vis de toi, c'est difficile d'aller lui dire, bah, t'aurais quand même pu me mettre collaborateur sur le projet, ou me remercier, tu vois,

  • Speaker #0

    c'est... Évidemment, parce que eux ils ont leur ego d'artiste, toi t'es pas artiste. L'égo d'artiste et l'égo de... Par artiste, c'est pas la même chose.

  • Speaker #1

    Mais de devoir le faire. En soi, c'est ça qui est terrible. C'est de devoir...

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr....ouvrir cette conversation.

  • Speaker #0

    Mais en réalité, je pense que... J'aurais eu un autre bagage... J'aurais eu un autre bagage... Je sais que vous recevez aussi des avocats et des choses comme ça. J'aurais eu un autre bagage universitaire. Je pense que cette conversation, elle aurait été là depuis le début.

  • Speaker #2

    T'aurais tout de suite... D'accord,

  • Speaker #0

    j'en crois plus. Bien sûr, parce que c'est une question de... Enfin... L'artiste, croyez-moi, quand il collabore avec quelqu'un, s'il lui met son nom, il va vouloir être crédité, rémunéré. Mais c'est juste que dans l'autre sens, quand c'est ses collaborateurs, parfois ça ne marche pas. Enfin, tu vois ce que je veux dire ? C'est toujours la même chose. Mais je pense que si j'avais voulu que ce truc-là soit ma carrière pendant 40 ans, j'aurais été avocat.

  • Speaker #1

    Ok. Et tu aurais commencé contractuellement à avoir cette émotion ?

  • Speaker #0

    Oui, évidemment, les avocats...

  • Speaker #2

    Ça file droit. Mais toi, l'aspect agent double, du coup, qui normalement, nous on pense à l'agent qui défend à la fois les intérêts des artistes qu'il représente et ses propres intérêts économiques.

  • Speaker #0

    Toi,

  • Speaker #2

    c'était une autre casquette de l'agent double. C'était plus ton projet, tes convictions, tes valeurs.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #2

    Et en ce temps, ce que voulaient tes artistes, c'est-à-dire les accompagner dans leur projet.

  • Speaker #0

    et beaucoup leur faire également moi je me suis oublié en même malheureusement c'est important d'en parler parce que il faut que les gens sachent même financièrement je me suis un peu oublié parce qu'il fallait un équilibre autre pour que moi je puisse m'y retrouver en termes de tu vois de deal de choses un peu comme ça de pourcentage etc etc Pour que mon entreprise roule, en fait, les deals que j'avais n'étaient pas bons. Je m'en fous de le dire, tu vois. Parce que moi, j'étais aussi dans un côté où je l'ai fait pour ces raisons-là, en fait.

  • Speaker #1

    Pour la passion.

  • Speaker #0

    Ouais, pour la passion. J'aurais dû être un peu plus greedy. Ce n'est pas dans un mauvais sens. C'est juste dans un sens... C'est une entreprise. J'avais pas la notion de l'entreprise, j'avais la notion créative et sociale pendant très longtemps. Et quand tu amènes la notion entreprise, tu te rends compte que tout est déjà...

  • Speaker #1

    Tu ne peux pas réfléchir des choses de l'autre face.

  • Speaker #0

    Tout est déjà déséquilibré.

  • Speaker #2

    C'est un regret ou pas ?

  • Speaker #0

    Non, parce que je suis jeune et que j'ai largement le temps. temps de vivre dix mille aventures professionnelles et créatives et tout ça est juste un bagage pour le futur donc non c'est pas du tout un regret tu as été naïf ou pas tu penses que tu as fait preuve de naïveté ouais quand tu essaies d'être entier à certains nouveaux j'étais naïf j'étais naïf avec mon industrie j'étais naïf avec des talents des artistes et des amis j'étais bien sûr j'étais naïf ouais bien sûr bien sûr est ce que

  • Speaker #2

    parfois tu as senti qu'on avait pris ta gentillesse ou ta naïveté pour que c'était un défaut et que du coup, les gens, ils en ont profité.

  • Speaker #0

    Je ne l'ai pas senti comme c'est un défaut parce que je suis très content d'être gentil. Moi, je me suis tellement donné à 300% dans ce que je faisais que quand je me suis rendu compte d'un truc, je me suis rendu compte de tout. D'accord, donc sur cet aspect là, je me suis rendu compte. Je me suis moi quand j'ai ouvert les yeux, j'ai ouvert les yeux sur tout. Voilà, il y avait un peu ce côté-là. Et un peu sur mon rapport. Et un peu, il y a ce côté gentil, mais il y a surtout ce côté où, en fait, je n'ai pas mis de limites. Donc, tu ne sais pas que j'en veux. Tu sais, quand tu donnes beaucoup aux gens, au final, tu leur donnes, ils prennent. Tu ne peux pas leur en vouloir. Donc, je ne te dirais pas, oui, ils ont pris, ils ont pris, mais en réalité, je leur donnais. Donc, la question, c'est, la limite, elle vient dans les deux sens, tu vois. Il y a des gens qui savent mettre des limites, il y a des gens qui ne savent pas mettre de limites. Je pense que pendant un certain temps, moi, je ne savais pas mettre de limite. Et quand tu mets la limite, j'ai mis la limite pour tout. Il y a un peu ce truc-là.

  • Speaker #1

    Tu ne fais pas les choses à moitié.

  • Speaker #0

    Non, pour beaucoup de choses, oui.

  • Speaker #2

    C'est vrai que si maintenant tu as un peu plus de recul, si tu regardes en arrière, il y a des éléments qui se détachent. Par exemple, de quoi tu es plus fier ?

  • Speaker #0

    Clairement, je pense que j'ai participé à plus de représentations dans notre pays, dans plein de domaines différents. Quand je vois aujourd'hui... un programme comme Drag Race qui est en train d'exploser en France et que je pense que si moi, je n'avais pas accompagné Niki Idol sur des questions de mode, elle n'aurait peut-être pas forcément été là ou en tout cas, son profil n'aurait pas été considéré de la même façon ou à appuyer en tout cas la création du programme. Mon parcours avec Kiddy Smile dans ses relations avec des marques de luxe, c'est vraiment... Peut-être qu'il aurait pas fait qu'il soit aussi d'Andra Grace dans le jury. Tu vois ce que je veux dire ? Quand je vois Iseult, avec qui on a signé chez L'Oréal en tant qu'égérie et qui est la première femme noire ronde en 100 ans à être égérie chez L'Oréal Paris, alors qu'on a l'impression qu'il représente tout le monde. Et tu te dis, quand on est arrivé, c'était la première. Tu vois, c'est quand même énorme. Et moi, L'Oréal, je trouve que ça parle à tout le monde dans le monde. L'Oréal, tu vois ce que je veux dire en termes de beauté ? Ça parle à tout le monde. Et aujourd'hui, le styliste avec qui elle fait des trucs de ouf, Jonathan Huguet, c'est quand même moi qui lui ai apporté. Aujourd'hui, il lui ouvre des portes différentes. Tu vois ? Et quand je la vois, là, à Cannes, habillée en Dior, les Dior, ils sont contents de l'habiller, mais je ne suis pas sûr qu'il y a quelques années, Dior, ils considéraient Isolt. Moi, qu'ils ne le fassent pas à une époque, ce n'est pas grave. Mais tant qu'ils changent, c'est ça qui m'importe. Pas le fait, je ne veux pas rester bloqué sur, OK... ils n'habillent pas telle ou telle physique, etc. C'est qu'aujourd'hui, ils ont habillé telle ou telle physique et l'image qu'elle a, Iseult, c'est parce qu'avant, on a fait Balmain, on a fait Mugler et que ces marques-là l'ont accompagnée et elles étaient là, elles ne se sont pas posées de questions. Et aujourd'hui, après cinq ans, tu as une marque comme Dior qui peut-être n'habillait pas ces canons de beauté-là, se dit, on va habiller un canon de beauté comme celui-là. Et ça, c'est intéressant. Après, si on reste bloqué sur oui, ils nous ont jamais intégrés, moi, ça ne m'intéresse pas la question, c'est quelle porte tu ouvres, quelle conversation tu peux avoir, et si c'est dans cinq ans, c'est génial, mais en fait, il faut l'avoir, la conversation. Il y a un peu ce truc-là.

  • Speaker #2

    Il y a encore beaucoup à faire, j'imagine.

  • Speaker #0

    C'est un chantier qui commence à peine à... Ça vient de commencer. Il est beau, il est... culturel et sociétal, il est à plein plein de strates dans la conversation. C'est pas... On voit beaucoup l'image, parce qu'on se dit voilà, mais après, il y a... Ça se passe chez les RH, ça se passe dans les écoles, ça se passe dans l'éducation, ça se passe à plein plein de niveaux, tu vois, c'est pas juste... Ouais génial parce qu'il y a une meuf qui est là à Cannes. Après c'est cool, mais après la question c'est toujours la même chose. Moi, quand j'ai eu cette conversation, même avant Isolt, même avec un Kid Ismail qui fait quasiment deux mètres et qui avait des proportions qui n'étaient pas celles que la plupart des gens ont, c'est la question, c'est cool, vous lui faites une tenue, mais après, ces tenues-là, est-ce qu'il y a les mêmes tailles en magasin ? Parce que les gens qui font... Enfin, tu vois, c'est... C'est pas allé plus loin.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Tu vois, c'est toujours la même chose. Donc, même moi, j'en avais peut-être pas conscience avant de... collaborer avec un Kiddy, parce que j'ai une taille plutôt standard, on dira. Donc, je n'ai jamais dû me poser ces questions-là, jusqu'à collaborer avec un artiste qui doit, je l'ai fait avec Kiddy, qui a préparé le terrain, peut-être pour ma conversation, les conversations que j'avais pour Isolt, juste après. C'est peut-être ça qui a aidé aussi, tu vois, chaque chose apporte au prochain projet. Aujourd'hui, voilà, je suis content qu'elle soit là, mais ce qui serait bien, c'est qu'il y en ait d'autres.

  • Speaker #1

    Comment toi, aujourd'hui, tu continues ? À te battre pour ce genre de choses, comment tu te vois dans 5 ans par rapport à ça ?

  • Speaker #2

    Vers quoi tu vas déjà en fait ? Parce que tu es en changement de nom, tu t'ouvres une nouvelle page dans ta vie professionnelle.

  • Speaker #0

    Peu importe où je sois, que ce soit dans une aventure en indépendant ou en maison, ou si demain, comme je disais, je ne sais pas, je ferai un autre truc créatif, je pense que mon propos, il sera le même.

  • Speaker #2

    Tu penses qu'aujourd'hui, les artistes ont nécessairement besoin d'un agent ? Non.

  • Speaker #0

    Enfin, ils ont besoin d'une structure. Donc après, ça peut être un agent qui les accompagne, comme parfois, tu as besoin au stade où tu en es. Par exemple, il n'y a pas longtemps, il y a beaucoup de gens qui veulent des agents. Je leur dis, mais pour l'instant, tu n'as pas besoin d'un agent, tu as besoin d'un PR. Peut-être que dans un an, t'auras besoin d'un agent. Parce que ton pillard, il aura fait assez de bon travail pour que t'aies une certaine place. Et voilà. Et t'as besoin d'un agent. Et tout le monde veut un agent, mais personne ne veut le payer.

  • Speaker #2

    Ouais.

  • Speaker #0

    Donc c'est un peu tout le temps le truc, tu vois. Il y a un peu, ah, je veux un agent, j'ai un agent. Mais t'as même pas les moyens de développer ton truc. Et comme je l'ai beaucoup vécu, ben non, on va pas travailler gratos, en fait. Tu vois ce que je veux dire ? Et ils se rendent pas compte du... Et souvent, ils se rendent vraiment pas compte. Parce qu'ils pensent que, en fait, le boulot... Moi, je me suis fait prendre à ce truc-là. C'est-à-dire que tu te rémunères sur une com. En réalité, ton travail, c'est pas juste la com. Ton travail, c'est tout ce que tu fais. Donc là, pourquoi t'es pas payé pendant tout ce que tu fais tout ça, en fait ? Mais moi, quand je me suis rendu compte que mon modèle économique n'était pas bon et que j'ai voulu avoir la conversation avec tous les artistes de il faut qu'on change ils m'ont pratiquement tous ignoré. Au bout d'un moment... Tu fais qu'investir, qu'investir. Au final, c'est moi qui me retrouve avec des dettes. Mais on apprend.

  • Speaker #2

    Je pense que l'interview touche à sa fin. Oui.

  • Speaker #1

    Bon, agent Ibra. Mission accomplie.

  • Speaker #0

    Anciennement agent Ibra.

  • Speaker #1

    Anciennement agent Ibra. Ouais,

  • Speaker #0

    ouais.

  • Speaker #1

    Ex-agent Ibra. Mission accomplie en tout cas. Merci vraiment d'avoir été notre invitée pour ce podcast. Merci de être venu là.

  • Speaker #0

    Merci à vous.

  • Speaker #3

    Merci de nous avoir écoutés jusqu'au bout. Et maintenant, c'est à vous d'entrer en action. Votre mission, si vous l'acceptez. Laissez 5 étoiles et un commentaire sur votre plateforme d'écoute. Abonnez-vous au podcast, à notre chaîne YouTube et à notre compte Instagram pour des contenus exclusifs. Et surtout, n'hésitez pas à partager autour de vous. Agent Double est un podcast indépendant. S'il vous a plu et pour qu'on puisse continuer à le développer, vous pouvez nous soutenir en cliquant sur le lien dans le descriptif de l'épisode. On compte sur vous et on se retrouve dans deux semaines pour un nouveau numéro d'Agent Double.

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Description

Plus connu sous le nom d’Hybra, Ibrahim Hassou Tarouhit nous fait l’honneur d’être le tout premier invité de notre podcast Agent Double.

Celui qui se définit comme « noir, arabe et gay » ne se résume pas à ces 3 qualificatifs, mais bien par ses combats engagés dans la mise en avant d’artistes sous représentés.

Celui qui était notamment l’agent de la chanteuse Yseult et du DJ Kiddy Smile, se confie sans tabou sur ses aspirations, son rapport au métier d’agent et l’ingratitude que peut parfois générer les relations avec ses talents.

Une discussion à cœur ouvert avec une personnalité au grand cœur.


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Agent Double est un podcast indépendant sur une idée originale de Nayla Khalek, conçu, produit et animé par Pascale Wakim et Rand Khalek.


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Gratitude à notre fabuleuse équipe !


Vidéo et montage: Laetitia Moya Moukarzel

Son: Benjamin Lagadec

Graphisme: Yara Mehdi

Musique: Pascale Wakim

Mixage Musique: Eudoxe Parrain


Remerciements particuliers à Florian Rusterholtz pour son précieux coup de main sur les tournages 🙏


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Moi, j'ai un artiste, j'ai une énorme relation. C'est un exemple très concret, qui est très bête, ce que je vais vous dire, qui avait énormément de mal à dire merci. Et franchement, merci, on a tous envie de l'entendre. Dans n'importe quel job qu'on fait, de temps en temps, on a envie que notre collaborateur, notre boss, même ton stagiaire à qui tu as appris un truc, te dise merci. À bientôt !

  • Speaker #1

    Je suis Pascale Wackim.

  • Speaker #2

    Je suis Rand Kalec.

  • Speaker #1

    Vous écoutez Agent Double, le podcast qui dévoile les secrets des relations agent-talent.

  • Speaker #2

    Un jeudi sur deux, nous recevons un ou une invitée qui vient nous parler de ce métier si particulier, celui d'agent. Le podcast Agent Double, c'est mettre pour une fois dans la lumière celles et ceux qui œuvrent dans l'ombre pour le succès des autres.

  • Speaker #1

    Pour ne rater aucune de nos missions, abonnez-vous à notre chaîne YouTube Agent Double ou sur votre plateforme d'écoute préférée.

  • Speaker #2

    Et pour des contenus exclusifs... Suivez notre page Instagram, Agent Double Podcast. Aujourd'hui dans Agent Double, notre invité est un ancien directeur de casting, manager de talent aux idées novatrices et bousculant la bien-pensance. Il fonde en 2017 sa propre agence Ibra, dédiée aux artistes queer et sous-représentés, et il vient nous parler de son parcours et de ses convictions. Bonjour Ibrahim Asoutarouit.

  • Speaker #1

    Tu arrives à Paris il y a dix ans aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Il y a 11 ans, je suis arrivé pour un stage. J'avais postulé dans un bureau de casting qui s'appelle Casting Office, qui est le bureau de casting de Brice Compagnon. J'arrive, le premier job que je fais, c'était à Fashion Week Femme directement. Et j'arrive et le premier job sur lequel on est, on est en casting pour Vivienne Westwood. À l'époque, Brice et Maywen, qui étaient sa collaboratrice, travaillaient pour le casting de Vivienne Westwood. Donc, mon premier truc, c'était limite, on n'était pas au bureau, on était au showroom de Westwood. Donc, c'était un côté un peu impressionnant, puisque moi, je pense que c'était une des créatrices qui m'a le plus parlé, en tout cas, dans mon rapport à la mode et femme Ford Punk, qui renverse les codes. Donc ça, c'est un peu mon premier rapport au-delà des études. Mais le côté professionnel, ouais, c'était ça. arrivé à Paris, pas parisien, pas parisien, pas dans cet univers de la mode, voilà. Donc, il y a un peu cette frontière géographique, tu vois, des deux mondes. Aussi, la mode, c'est aussi un milieu de beaucoup de gens privilégiés, donc on ne vient pas de ce monde-là aussi. C'est plus dur de rentrer.

  • Speaker #2

    Oui, tu n'as jamais eu le syndrome de l'imposteur, tu t'es senti légitime tout le temps dans le milieu, malgré tout.

  • Speaker #0

    Moi, je me suis senti légitime. C'est juste que les gens ne te font pas sentir légitime en soi. Comment je me sens légitime dans le monde, en soi ? En fait, c'est un peu bizarre de devoir le dire, mais bon, moi, je suis noir, arabe, gay, français, venant d'un milieu populaire. Donc, il y a toujours un peu ce côté où j'ai déjà toutes ces identités-là. Et tu le ressens, il suffit de le voir. Il suffit de voir les gens qui ont ton âge. qui te ressemblent et quelles positions ils ont dans ton industrie ou qu'ils n'ont pas, plutôt. Est-ce qu'il y a des gens qui te ressemblent qui sont à des postes ou pas ? On le voit, en fait. Il n'y a pas de secret. Tu vois, il y a peut-être des choses qui s'ouvrent, des choses qui se ferment. Je pense que c'est ça. C'est comment tu prends ta place aussi.

  • Speaker #1

    Parce que quand tu arrives dans ce milieu à ce moment-là, est-ce que toutes tes identités sont complètement assumées, revendiquées ou tu es encore en cheminement dans un...

  • Speaker #0

    Non, toutes mes ondes de noticier, elles étaient assumées. Et puis, j'ai eu de la chance d'arriver, je le dis souvent, mais Brice, c'était un ovni dans la mode. Je ne suis pas arrivé dans une grande maison du style Dior Chanel, Vuitton, avec des choses très codifiées. Je suis arrivé dans une sorte de petite agence ou chez quelqu'un qui cassait déjà les codes. Donc moi, je n'ai pas vu le côté tout de suite de la mode hyper codifiée. Je suis arrivé déjà chez un ovni et tu sais, ta première expérience, ta première expérience, c'était un peu ton exemple, ton premier exemple. Donc, je me suis dit, ah, c'est la normalité. C'est bizarre à dire, mais voilà, en fait, c'était mon... Après, j'ai compris, ce n'était pas ça.

  • Speaker #2

    Mais tu n'aurais pas eu le même parcours si tu n'avais pas été directement dans ce contexte-là qui te permettait de...

  • Speaker #0

    Bien sûr,

  • Speaker #2

    développer.

  • Speaker #0

    Bien sûr, j'aurais eu un autre parcours. J'aurais eu un autre parcours. Et plus bridé, peut-être ? Peut-être que moi, je me serais plus bridé. Pas que mon parcours, il aurait été plus bridé. Peut-être que je serais rentré un peu plus dans des cases, parce que j'aurais peut-être dû comprendre, parce que j'ai aussi de l'ambition, j'ai envie de faire des choses, etc. Et que je me serais dit, il ne faut peut-être pas faire ci, pas faire ça. Tu ne corresponds pas à ce qu'ils attendent, etc. Donc, on est un animal sociable qui s'adapte.

  • Speaker #2

    Comment tu as décidé de devenir agent ?

  • Speaker #0

    Ma première expérience d'agent... Elle vient après deux ans où j'étais dans ce bureau de casting chez Brice Compagnon. Je suis parti quelques mois à Londres et j'ai pas mal vécu à l'étranger. Avant d'arriver à Paris, je me suis dit, vas-y, repars dans un milieu anglo-saxon. Et au bout de quelques mois à Londres, où j'étais encore en train de me chercher, on m'a proposé un taf à Paris. Et le taf en question, c'était... C'était dans une agence qui s'appelait Next Management. Je ne voulais pas être agent de mannequin, mais les artistes m'excitaient plus. Peut-être parce qu'il y avait un message, peut-être parce que tu pouvais raconter quelque chose de plus avec des artistes au-delà de la beauté. J'adore la beauté, j'adore, et je la comprends, dans mon côté casting, etc. Mais ça m'intéressait plus d'avoir quelqu'un avec un discours et pouvoir justement collaborer entre le discours de l'artiste et le discours d'une marque. Donc... Je me suis dirigé là-dessus et donc après, je suis resté deux ans chez Next là-dessus. Et après, j'ai commencé tout seul.

  • Speaker #1

    Et après, donc, tu crées Ibra.

  • Speaker #0

    Alors, je crée Ibra, ouais. C'est toujours un peu drôle parce que c'était juste mon nom Insta. Et en plus, je reprenais juste des syllabes qui sont dans le diminutif de mon prénom, donc Ibrahim. Écrit évidemment différemment. Donc la création, entre guillemets, la genèse du projet, on va dire, c'était plus des rencontres et un besoin de représentation dans l'industrie et dans notre société. Parce que dans les médias, je ne trouvais pas qu'il y avait assez de gens qui, ce n'est pas une question qui ne me ressemble qu'à moi, mais qui ressemble à d'autres gens. Il y a un peu tout le temps le même type. On parle d'il y a quelques années.

  • Speaker #2

    On précise juste que... Toi, tu t'es spécialisé dans la représentation des personnes queer et racisées, donc non blanches,

  • Speaker #0

    c'est ça ? Ouais, non blanches, il y a des personnes blanches, mais il y a des personnes... Ouais, surtout queer et racisées, ouais. Mais ça s'est fait naturellement, c'est toujours ça, c'est un peu cette spécialisation. En fait, moi, je parle juste avec des côtés de mes identités. Donc, je ne pense pas qu'il y avait un truc hyper... Souvent, on me dit Ah, t'as trouvé le bon créneau ! Oui, c'était pas une... Ce n'était pas un truc en fait. J'ai fait mes business models, mon business plan.

  • Speaker #1

    Évident pour toi.

  • Speaker #0

    Ouais, je vais faire que des gens qui ressemblent à ça. Parce que ça, ben non, mais quand tu as toutes les identités qui sont rassemblées, en tout cas les miennes, à l'intérieur d'une seule personne, ben moi, je me pose beaucoup de questions sur chaque penchant de ces identités-là, en permanence. Et je me suis retrouvé dans cette industrie-là. Je pense que je le dis souvent, mais moi, mon travail, je pourrais avoir peut-être d'autres carrières dans ma vie. Enfin, la question de la représentation, etc., elle sera toujours là. Si demain, je deviens médecin, je vais défendre les mêmes choses. Si demain, je deviens cuistot, je vais vouloir défendre les mêmes choses. Donc, c'est juste qu'en plus, je me suis retrouvé dans une place, dans mon industrie, dans la société, où en fait, on fait de l'image. Et l'image, en fait, c'est impactant. Donc, pour moi, j'ai pu utiliser tout ça pour pouvoir aller un peu... plus loin. Et donc, je me suis dit en plus, faisant de l'image, déjà, tu te rends compte que les gens qui font de l'image, on n'est pas beaucoup aussi qui ressemblent à ça. Il y a aussi ce truc, quand tu vois le derrière. Ah, ok. Mais comme aujourd'hui, on se dit putain, mais il y a plein de mannequins noirs sur les podiums. Leurs adjoints ressemblent à quoi ? Ils ont les mêmes problématiques. Ils comprennent la même chose par rapport à Dwayne, par rapport à... des questions esthétiques de cheveux de peau de etc ou pas c'est un débat il y en a sur ce post il y en a mais est ce que est ce que le ratio il est tu vois ouais voilà et on peut se poser la même question sur la question c'est à quoi ressemblent les gens qui gèrent leur argent entre guillemets si on va un peu plus loin dans que leur argent leur carrière enfin bon voilà mais on a compris l'idée de quoi

  • Speaker #2

    On dit souvent que des artistes sont engagés.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #2

    Est-ce que toi, tu ne serais pas finalement un agent engagé ?

  • Speaker #0

    Ah si, totalement. Ouais, totalement, totalement. Totalement, je ne suis pas... Je suis engagé totalement par rapport aux histoires que j'ai portées, par rapport... Il y a plein de gens qui me ressemblent, ils ne sont pas du tout engagés. Ce n'est pas parce que tu es gay que tu es... Voilà, ce n'est pas parce que tu es gay que tu es... Voilà, ce n'est pas parce que... Bien sûr. Exact, etc. Moi, oui. Mais après, comme je le dis, mon engagement, j'aurais pu faire d'autres types de... Enfin... Moi, ce qui m'intéressait, à la base, j'ai fait des études de relations internationales. Donc, ce qui m'intéressait, c'était la diversité des cultures dans le monde. Déjà, je viens de là, tu vois. OK, je me suis retrouvé à être agent d'artiste, etc. Mais ce que j'ai fait avant, la traduction, etc. a permis de nourrir tout mon propos et toute cette approche. Et je pense que j'ai pu faire ça de cette façon-là parce que j'avais ce bagage-là avant, tu vois. Et j'avais cette notion-là de... diversité des cultures, non seulement à travers ce que moi je vis et ce que je m'en vécu, mais également c'est aussi des choses où j'ai été à l'université pour comprendre aussi ce qui se passait dans le monde. Donc il y avait un peu ce côté-là.

  • Speaker #1

    En fait, il y a une différence entre toi avoir tes identités et puis vouloir passer à l'action et vouloir justement en faire peut-être un manifeste ou en tout cas vouloir travailler dans la représentation. Est-ce que par exemple tu penses qu'une expérience comme celle de Viviane Westwood, bien sûr, qui bousculent les codes, n'a pas été justement une influence sur toi pour te donner envie de le faire plus tard ?

  • Speaker #0

    Totalement. Avant même Villevienne-Ouetsu, si on prend des référents un peu plus mode, je pense que le plus grand, le mec qui a un peu bousculé, qui représente plus quelque chose pour moi et pour beaucoup de gens au fil de la dans ma génération, avec qui je partage pas mal de valeurs, je pense qu'en tant que Français, ça va être Gauthier. Voilà, si on parle mode, oui. il y avait un peu ce truc-là qui me parle mais c'est intéressant plus dans les exemples de vie j'avais demandé des figures numatiques en dehors de la mode en général des figures ?

  • Speaker #2

    est-ce que t'as quelqu'un qui t'a vraiment inspiré dans ses combats, dans ses convictions ?

  • Speaker #0

    en fait moi j'avais un peu ce truc, c'est que je trouvais qu'il n'y avait pas de rôle modèle en France pas forcément en France je sais mais en fait non Mon chemin, on va dire, dans cette aventure, tu vois, d'être agent, manager, image, où j'étais en mode, moi, ce que je veux, c'est faire des rôles modèles. Et je pense que c'est ce que j'ai, ou en tout cas, les amplifier, tu vois, amplifier leur voix pour que ça devienne des rôles modèles. Aujourd'hui, je suis très content, je suis très fier, parce que je pense que c'est ce qui arrive pour beaucoup d'entre eux.

  • Speaker #2

    Tu penses à Kiddy Smile, Izult.

  • Speaker #0

    Je pense à Nick Idol, Kiddy Smile, Izult, Pam Boy. Avec qui j'ai pu travailler ? Avec Rokhaya Diallo, mais Rokhaya c'est encore une figure. Je l'accompagnais un tout petit peu sur quelques petites choses, mais allez, je pense que sans Rokhaya, on ne serait pas là. Donc il y a aussi une autre conversation, mais ça, ce n'est pas moi. Mais avec d'autres Isol qui disent Smile, entre le moment où moi j'ai commencé à travailler avec eux, et là où on a arrêté de commencer avec eux, où j'ai arrêté de travailler avec eux, il y a non seulement une vraie évolution dans leur carrière, qui est... non seulement quantifiable, mais également visible, mais de ce qu'ils ont représenté, eux, dans la société, ils ont eux-mêmes un énorme rapport à l'image et à la mode. Ça a fonctionné, c'est parce qu'on avait, de leur côté et de mon côté, des visions très précises de ce qu'était l'image, de l'engagement, de... Des discriminations, enfin, pas mal de choses. C'était vraiment un truc collaboratif et c'est pour ça que ça a fonctionné, jusqu'à un certain point, mais c'est pour ça que ça a fonctionné, en tout cas.

  • Speaker #1

    Mais justement, par exemple, quand tu prends une artiste comme Isolde qui se manage elle-même, comment toi, tu viens apporter ta pierre pour qu'ensemble, vous arriviez à aller plus loin ?

  • Speaker #0

    Alors, dans les faits, moi, j'étais, on va dire, elle se manage elle-même sur le côté musique. Sur ce que j'ai apporté, on peut dire que je suis... co-manager sur le côté image. Il y a ce vocabulaire qui est très important, qui est agent et manager. Et je pense qu'il faut déjà partir de ça.

  • Speaker #2

    Tu distingues les deux, toi ?

  • Speaker #0

    A la base, aux Etats-Unis, ils distinguent les deux. C'est ça le truc. C'est que... Ce sont des mots qui viennent plus d'une culture du diversement, une culture américaine, etc. A la base, on distingue les deux. En France, on ne distingue pas les deux. Oh, les deux ! Un manager, il va aider l'artiste à créer les contenus, comme dans la musique. Le manager va te présenter un tel producteur ou tel studio, il va te présenter des labels pour grandir ton profil, et voilà. Ça, c'est le manager. En image, ce serait la même chose. C'est-à-dire que je vais te présenter des photographes, je vais construire avec toi ce photoshoot pour construire ton image. Ça, c'est du management. Un agent, normalement, il n'a pas besoin de construire quoi que ce soit. Il prend, par exemple, un agent, il va prendre ce que le manager lui a envoyé comme contenu, et il va travailler, il va aller vendre ton image à des marques pour amener des dix. Moi, dans beaucoup des cas, je faisais les deux. Enfin, dans la plupart des cas, je faisais les deux.

  • Speaker #1

    Ce qui est le cas de beaucoup d'agents.

  • Speaker #0

    Il y a beaucoup d'agents en France. C'est pour ça que je dis aux États-Unis et en France. On n'est pas dans la même temporalité, dans l'évolution de la culture, du divertissement, etc. Ils ont des années d'avance, etc. Donc, il y a des structures qui sont déjà mises en place là-bas. Aujourd'hui, nous, on arrive et en fait, il faut tout faire. Quand tu me demandes par rapport à Isolde, donc, tu vois... signer un contrat L'Oréal pour elle, etc. Ça, c'est du boulot d'agent. Tout à fait.

  • Speaker #2

    Tu t'es un peu perdu dans cette dualité, à force de prendre différents artistes, d'être un peu submergé ?

  • Speaker #0

    Ce n'est pas la dualité en soi, parce qu'en fait, il y a un côté où les deux jobs sont complémentaires. Mais la plupart des artistes avec lesquels je travaillais étaient plutôt des artistes indépendants. Déjà, eux-mêmes. Et moi, j'étais indépendant. Donc, ça veut dire qu'il n'y a pas forcément tout ce flux financier qui va pouvoir permettre de développer une certaine image, certaines relations, etc. Donc, moi, j'en avais conscience et j'étais aussi OK avec. Voilà, donc tu sais que tu vas devoir faire plus parce que tu as peut-être moins de moyens. Mais après, c'est la vie, c'est comme ça.

  • Speaker #2

    On rappelle qu'aujourd'hui, tu as décidé de ne plus être agent.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #2

    Après avoir fait ça pendant une dizaine d'années.

  • Speaker #0

    pendant, on va dire un peu moins, pendant quasiment 8 ans. Deux ans d'abord en agence et puis quasiment 6 ans tout seul.

  • Speaker #2

    Et donc pourquoi tu as arrêté ?

  • Speaker #0

    J'ai arrêté pour plusieurs raisons. J'ai arrêté parce que je ne m'y retrouvais pas personnellement. Je pense qu'il faut savoir aussi se faire du bien. Et je pense que quand quelque chose ne nous fait plus du bien, il faut aussi avoir la force d'arrêter. Parfois on est... On est confortable dans l'inconfort, ça peut durer longtemps, mais parfois, il faut savoir dire stop à l'inconfort. Moi, j'ai été extrêmement content, je suis extrêmement fier de ce qu'on a pu faire avec tous ces talents, ces divers artistes, la place que, en tout cas, j'ai aidée à leur faire prendre dans le paysage médiatique ou dans leur entrée dans le monde du luxe, avec certaines marques. et sociétal. Enfin, tu vois, tout cet apport sociétal et culturel. Pour que ça ait pu fonctionner, j'ai dû laisser de côté une partie de ma vie. Sur le côté personnel, moi, j'ai envie de construire d'autres choses. J'ai envie de construire d'autres aventures, que ce soit créatives, professionnelles, etc. Et c'était cool pour un temps, mais moi, c'était pas... Moi, quand j'ai commencé et qu'on a commencé l'aventure avec Kiddy, qui était le premier artiste où j'étais indépendant, j'ai dit, bon, dans un an, on voit où on en est parce que peut-être que... On ne va pas gagner nos vies, ça ne va pas marcher, etc. Bon, ça a fonctionné. Finalement, ça a duré quelques années. Mais voilà, moi, mon ambition dans la vie, ce n'est pas d'être agent. Ça ne l'a jamais été. Je suis très content de tout le côté culturel, social, représentation, etc. Parce qu'en plus, ça me touche personnellement. Mais en tout cas, le boulot en soi, et qu'il y a un côté très ingrat aussi, une partie, non, tu peux l'accepter jusqu'à un certain... Jusqu'à un certain stade. Et après, non, moi j'ai un autre rapport avec ma personne et j'avais besoin de me retrouver, de le retrouver.

  • Speaker #2

    À quelle forme d'ingratitude tu as dû faire face ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est pas méchant pour les artistes. Quand on commence comme ça, en général, ça va mal. Non, non, mais c'est une petite blague. Mais n'importe quelle personne, les artistes, parfois, ils ont du mal à le comprendre. Et à la fois, c'est pour ça qu'ils fonctionnent. C'est parce qu'ils sont... tellement centrés sur eux-mêmes, sur leurs propres projets, leur vie, etc., qu'ils ont parfois l'impression qu'ils pensent à toi, mais souvent, ce n'est pas trop le cas. Je ne parle pas de tous. Attention, il y en a qui sont très bien dans leur basket et tout va bien et ils savent considérer les gens, ils savent, tu vois, ils savent, tout va bien humainement.

  • Speaker #2

    Un exemple concret ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai un artiste, j'ai une énorme relation. C'est un exemple très concret qui est très bête ce que je vais vous dire. qui avaient énormément de mal à dire merci. Et franchement, merci, on a tous envie de l'entendre. Dans n'importe quel job qu'on fait, de temps en temps, on a envie que notre collaborateur, notre boss, même ton stagiaire à qui tu as appris un truc, te dise merci.

  • Speaker #1

    Bien sûr,

  • Speaker #0

    la reconnaissance. Et la reconnaissance. Et je parle juste du mot merci. Je ne parle pas autre chose en termes de gratitude, etc. Mais quand cet artiste-là te dit merci de temps en temps et qu'en plus, c'est comme si... C'est comme si... Enfin, tu vois, c'était hyper difficile pour que ça sorte de sa bouche. Et t'es un peu en mode, je fais tout ça pour toi. Et en plus... Déjà, je préférais limite que tu ne me le dises pas. Tu sais, quand t'arrives à ce point-là, je préférais même pas que tu me le dises parce qu'en fait, ça te brûle les lèvres tellement. Et ça se voit. Et tu te dis, waouh, on en est là.

  • Speaker #1

    Mais parce que dans le cadre de tes représentations, c'est toi qui as arrêté. En fait, en général, c'est l'inverse qui se passe. Pour toi, c'est un cas un peu particulier parce que c'est toi qui décides d'arrêter et qui leur annonces ça.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et comment ça se passe ? Comment ils le prennent ?

  • Speaker #0

    Je pense que j'arrivais dans un mal-être tellement intense dans ma vie et tellement extrême qu'il fallait que j'arrête. Mais sauf que je l'ai laissé traîner. tu vois c'est comme tous on est humain donc j'ai laissé traîner le truc je me suis réveillé un matin et je me suis réveillé avec ce sentiment de oh là c'est fini tu vois mais je me suis souvent réveillé avec ce sentiment là sauf que j'avais jamais eu les couilles de le faire il y a un peu ce truc là et un peu avec cette boule de ventre que tu vois ton bureau t'aime pas ton boss t'aime pas ton truc on l'a tous vécu je pense tu vois mais il y a le moment où il faut savoir prendre sa force et dire j'arrête quoi euh Et ce matin-là, je me souviens, je regarde, enfin, j'ouvre Insta comme d'hab, et là, j'ai l'annonce de la première ministre néo-zélandaise qui dit je démissionne, j'en peux plus

  • Speaker #1

    Inspiration. Franchement,

  • Speaker #0

    il faut être inspiré par des gens. Peut-être parce que c'est une femme. Je suis plus souvent inspiré par des femmes que par des hommes. Je me dis, mais attends, si elle a son truc, elle est capable de dire j'arrête et à tout son pays. Non, mais c'est bête. À tout son pays, je me dis, j'arrête, ça fait cinq ans et demi, j'ai fait tout ce que j'ai pu pour vous, en tout cas, et j'essaie de reprendre ma vie.

  • Speaker #2

    Honnêteté au vis-à-vis de soi-même aussi.

  • Speaker #0

    Oui, voilà. Exactement. Je me suis dit, mais à temps si elle, au niveau où elle en est dans sa vie, moi, je n'ai pas le courage de... Ben si, quand même. J'étais déjà au bout. C'est juste qu'il y avait un déclin, il y a eu un petit truc. et là je me suis dit ok c'est fini et à partir du moment tu sais quand tu passes par des moments comme ça il y a un côté un peu physique, quand tu prends la décision il y a un truc qui part et il y a un truc qui est parti je me souviens quand j'ai quitté un de mes anciens déjà bossé, épuisé et il y a une force qui est partie comme ça et je me suis dit ok c'est ça mais peut-être que certains le sentaient, il faut leur demander à eux oui Après, il y a ce truc aussi, tu vois, il y a un truc avec relation agent artiste, c'est-à-dire que l'un a besoin de l'un et l'autre a besoin de l'autre aussi. Donc moi, j'avais aussi ce truc de dire, tu vois, ces sentiments d'abandon, ça remonte à des trucs peut-être personnels chez moi, de se dire putain, je vais abandonner quelqu'un dans cette aventure, etc. Donc de mettre un peu de temps à prendre cette décision en tout cas. Mais après, c'est se remettre au centre de sa vie. Moi, j'avais besoin de ça, tu vois. Et en plus, il y a un côté, ouais, t'as besoin de l'un, de l'autre, au côté financier. Enfin, c'est eux qui... Oui, il y a une interdépendance. Il y a une interdépendance, tu vois, de ouf. Donc après, la question, c'est... Ça, c'est un exemple que je donne, comme du côté agent, comme du côté artiste chez l'agent. C'est, si tu vois que ton artiste ne va pas bien, et tu lui fais toujours faire des jobs. Si tu vois qu'en tant qu'artiste, ton agent ne va pas bien, est-ce que tu le pousses jusqu'au bout ? La question, elle va dans les deux sens. C'est pas...

  • Speaker #2

    L'image, c'est du jeu de la corde. Chacun tire dans son sens et tout. Et puis, au moins, ça peut lâcher. On tombe,

  • Speaker #0

    quoi. En fait,

  • Speaker #1

    c'est aussi l'idée qu'on a un peu cette image que l'agent doit prendre soin de son artiste. Mais c'est aussi l'artiste qui doit prendre soin de son agent.

  • Speaker #0

    Et je pense qu'il doit prendre soin de son agent à différents niveaux. Autant sur le côté gratitude simple, un mot de temps en temps, parfois un mot, tu sais quoi, ça te fait plus que plein d'autres choses, comme comment tu considères les gens.

  • Speaker #2

    Mais c'est difficile d'aller en parler. Si tu ressens de la gratitude par rapport à ce qu'a fait un artiste vis-à-vis de toi, c'est difficile d'aller lui dire, bah, t'aurais quand même pu me mettre collaborateur sur le projet, ou me remercier, tu vois,

  • Speaker #0

    c'est... Évidemment, parce que eux ils ont leur ego d'artiste, toi t'es pas artiste. L'égo d'artiste et l'égo de... Par artiste, c'est pas la même chose.

  • Speaker #1

    Mais de devoir le faire. En soi, c'est ça qui est terrible. C'est de devoir...

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr....ouvrir cette conversation.

  • Speaker #0

    Mais en réalité, je pense que... J'aurais eu un autre bagage... J'aurais eu un autre bagage... Je sais que vous recevez aussi des avocats et des choses comme ça. J'aurais eu un autre bagage universitaire. Je pense que cette conversation, elle aurait été là depuis le début.

  • Speaker #2

    T'aurais tout de suite... D'accord,

  • Speaker #0

    j'en crois plus. Bien sûr, parce que c'est une question de... Enfin... L'artiste, croyez-moi, quand il collabore avec quelqu'un, s'il lui met son nom, il va vouloir être crédité, rémunéré. Mais c'est juste que dans l'autre sens, quand c'est ses collaborateurs, parfois ça ne marche pas. Enfin, tu vois ce que je veux dire ? C'est toujours la même chose. Mais je pense que si j'avais voulu que ce truc-là soit ma carrière pendant 40 ans, j'aurais été avocat.

  • Speaker #1

    Ok. Et tu aurais commencé contractuellement à avoir cette émotion ?

  • Speaker #0

    Oui, évidemment, les avocats...

  • Speaker #2

    Ça file droit. Mais toi, l'aspect agent double, du coup, qui normalement, nous on pense à l'agent qui défend à la fois les intérêts des artistes qu'il représente et ses propres intérêts économiques.

  • Speaker #0

    Toi,

  • Speaker #2

    c'était une autre casquette de l'agent double. C'était plus ton projet, tes convictions, tes valeurs.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #2

    Et en ce temps, ce que voulaient tes artistes, c'est-à-dire les accompagner dans leur projet.

  • Speaker #0

    et beaucoup leur faire également moi je me suis oublié en même malheureusement c'est important d'en parler parce que il faut que les gens sachent même financièrement je me suis un peu oublié parce qu'il fallait un équilibre autre pour que moi je puisse m'y retrouver en termes de tu vois de deal de choses un peu comme ça de pourcentage etc etc Pour que mon entreprise roule, en fait, les deals que j'avais n'étaient pas bons. Je m'en fous de le dire, tu vois. Parce que moi, j'étais aussi dans un côté où je l'ai fait pour ces raisons-là, en fait.

  • Speaker #1

    Pour la passion.

  • Speaker #0

    Ouais, pour la passion. J'aurais dû être un peu plus greedy. Ce n'est pas dans un mauvais sens. C'est juste dans un sens... C'est une entreprise. J'avais pas la notion de l'entreprise, j'avais la notion créative et sociale pendant très longtemps. Et quand tu amènes la notion entreprise, tu te rends compte que tout est déjà...

  • Speaker #1

    Tu ne peux pas réfléchir des choses de l'autre face.

  • Speaker #0

    Tout est déjà déséquilibré.

  • Speaker #2

    C'est un regret ou pas ?

  • Speaker #0

    Non, parce que je suis jeune et que j'ai largement le temps. temps de vivre dix mille aventures professionnelles et créatives et tout ça est juste un bagage pour le futur donc non c'est pas du tout un regret tu as été naïf ou pas tu penses que tu as fait preuve de naïveté ouais quand tu essaies d'être entier à certains nouveaux j'étais naïf j'étais naïf avec mon industrie j'étais naïf avec des talents des artistes et des amis j'étais bien sûr j'étais naïf ouais bien sûr bien sûr est ce que

  • Speaker #2

    parfois tu as senti qu'on avait pris ta gentillesse ou ta naïveté pour que c'était un défaut et que du coup, les gens, ils en ont profité.

  • Speaker #0

    Je ne l'ai pas senti comme c'est un défaut parce que je suis très content d'être gentil. Moi, je me suis tellement donné à 300% dans ce que je faisais que quand je me suis rendu compte d'un truc, je me suis rendu compte de tout. D'accord, donc sur cet aspect là, je me suis rendu compte. Je me suis moi quand j'ai ouvert les yeux, j'ai ouvert les yeux sur tout. Voilà, il y avait un peu ce côté-là. Et un peu sur mon rapport. Et un peu, il y a ce côté gentil, mais il y a surtout ce côté où, en fait, je n'ai pas mis de limites. Donc, tu ne sais pas que j'en veux. Tu sais, quand tu donnes beaucoup aux gens, au final, tu leur donnes, ils prennent. Tu ne peux pas leur en vouloir. Donc, je ne te dirais pas, oui, ils ont pris, ils ont pris, mais en réalité, je leur donnais. Donc, la question, c'est, la limite, elle vient dans les deux sens, tu vois. Il y a des gens qui savent mettre des limites, il y a des gens qui ne savent pas mettre de limites. Je pense que pendant un certain temps, moi, je ne savais pas mettre de limite. Et quand tu mets la limite, j'ai mis la limite pour tout. Il y a un peu ce truc-là.

  • Speaker #1

    Tu ne fais pas les choses à moitié.

  • Speaker #0

    Non, pour beaucoup de choses, oui.

  • Speaker #2

    C'est vrai que si maintenant tu as un peu plus de recul, si tu regardes en arrière, il y a des éléments qui se détachent. Par exemple, de quoi tu es plus fier ?

  • Speaker #0

    Clairement, je pense que j'ai participé à plus de représentations dans notre pays, dans plein de domaines différents. Quand je vois aujourd'hui... un programme comme Drag Race qui est en train d'exploser en France et que je pense que si moi, je n'avais pas accompagné Niki Idol sur des questions de mode, elle n'aurait peut-être pas forcément été là ou en tout cas, son profil n'aurait pas été considéré de la même façon ou à appuyer en tout cas la création du programme. Mon parcours avec Kiddy Smile dans ses relations avec des marques de luxe, c'est vraiment... Peut-être qu'il aurait pas fait qu'il soit aussi d'Andra Grace dans le jury. Tu vois ce que je veux dire ? Quand je vois Iseult, avec qui on a signé chez L'Oréal en tant qu'égérie et qui est la première femme noire ronde en 100 ans à être égérie chez L'Oréal Paris, alors qu'on a l'impression qu'il représente tout le monde. Et tu te dis, quand on est arrivé, c'était la première. Tu vois, c'est quand même énorme. Et moi, L'Oréal, je trouve que ça parle à tout le monde dans le monde. L'Oréal, tu vois ce que je veux dire en termes de beauté ? Ça parle à tout le monde. Et aujourd'hui, le styliste avec qui elle fait des trucs de ouf, Jonathan Huguet, c'est quand même moi qui lui ai apporté. Aujourd'hui, il lui ouvre des portes différentes. Tu vois ? Et quand je la vois, là, à Cannes, habillée en Dior, les Dior, ils sont contents de l'habiller, mais je ne suis pas sûr qu'il y a quelques années, Dior, ils considéraient Isolt. Moi, qu'ils ne le fassent pas à une époque, ce n'est pas grave. Mais tant qu'ils changent, c'est ça qui m'importe. Pas le fait, je ne veux pas rester bloqué sur, OK... ils n'habillent pas telle ou telle physique, etc. C'est qu'aujourd'hui, ils ont habillé telle ou telle physique et l'image qu'elle a, Iseult, c'est parce qu'avant, on a fait Balmain, on a fait Mugler et que ces marques-là l'ont accompagnée et elles étaient là, elles ne se sont pas posées de questions. Et aujourd'hui, après cinq ans, tu as une marque comme Dior qui peut-être n'habillait pas ces canons de beauté-là, se dit, on va habiller un canon de beauté comme celui-là. Et ça, c'est intéressant. Après, si on reste bloqué sur oui, ils nous ont jamais intégrés, moi, ça ne m'intéresse pas la question, c'est quelle porte tu ouvres, quelle conversation tu peux avoir, et si c'est dans cinq ans, c'est génial, mais en fait, il faut l'avoir, la conversation. Il y a un peu ce truc-là.

  • Speaker #2

    Il y a encore beaucoup à faire, j'imagine.

  • Speaker #0

    C'est un chantier qui commence à peine à... Ça vient de commencer. Il est beau, il est... culturel et sociétal, il est à plein plein de strates dans la conversation. C'est pas... On voit beaucoup l'image, parce qu'on se dit voilà, mais après, il y a... Ça se passe chez les RH, ça se passe dans les écoles, ça se passe dans l'éducation, ça se passe à plein plein de niveaux, tu vois, c'est pas juste... Ouais génial parce qu'il y a une meuf qui est là à Cannes. Après c'est cool, mais après la question c'est toujours la même chose. Moi, quand j'ai eu cette conversation, même avant Isolt, même avec un Kid Ismail qui fait quasiment deux mètres et qui avait des proportions qui n'étaient pas celles que la plupart des gens ont, c'est la question, c'est cool, vous lui faites une tenue, mais après, ces tenues-là, est-ce qu'il y a les mêmes tailles en magasin ? Parce que les gens qui font... Enfin, tu vois, c'est... C'est pas allé plus loin.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Tu vois, c'est toujours la même chose. Donc, même moi, j'en avais peut-être pas conscience avant de... collaborer avec un Kiddy, parce que j'ai une taille plutôt standard, on dira. Donc, je n'ai jamais dû me poser ces questions-là, jusqu'à collaborer avec un artiste qui doit, je l'ai fait avec Kiddy, qui a préparé le terrain, peut-être pour ma conversation, les conversations que j'avais pour Isolt, juste après. C'est peut-être ça qui a aidé aussi, tu vois, chaque chose apporte au prochain projet. Aujourd'hui, voilà, je suis content qu'elle soit là, mais ce qui serait bien, c'est qu'il y en ait d'autres.

  • Speaker #1

    Comment toi, aujourd'hui, tu continues ? À te battre pour ce genre de choses, comment tu te vois dans 5 ans par rapport à ça ?

  • Speaker #2

    Vers quoi tu vas déjà en fait ? Parce que tu es en changement de nom, tu t'ouvres une nouvelle page dans ta vie professionnelle.

  • Speaker #0

    Peu importe où je sois, que ce soit dans une aventure en indépendant ou en maison, ou si demain, comme je disais, je ne sais pas, je ferai un autre truc créatif, je pense que mon propos, il sera le même.

  • Speaker #2

    Tu penses qu'aujourd'hui, les artistes ont nécessairement besoin d'un agent ? Non.

  • Speaker #0

    Enfin, ils ont besoin d'une structure. Donc après, ça peut être un agent qui les accompagne, comme parfois, tu as besoin au stade où tu en es. Par exemple, il n'y a pas longtemps, il y a beaucoup de gens qui veulent des agents. Je leur dis, mais pour l'instant, tu n'as pas besoin d'un agent, tu as besoin d'un PR. Peut-être que dans un an, t'auras besoin d'un agent. Parce que ton pillard, il aura fait assez de bon travail pour que t'aies une certaine place. Et voilà. Et t'as besoin d'un agent. Et tout le monde veut un agent, mais personne ne veut le payer.

  • Speaker #2

    Ouais.

  • Speaker #0

    Donc c'est un peu tout le temps le truc, tu vois. Il y a un peu, ah, je veux un agent, j'ai un agent. Mais t'as même pas les moyens de développer ton truc. Et comme je l'ai beaucoup vécu, ben non, on va pas travailler gratos, en fait. Tu vois ce que je veux dire ? Et ils se rendent pas compte du... Et souvent, ils se rendent vraiment pas compte. Parce qu'ils pensent que, en fait, le boulot... Moi, je me suis fait prendre à ce truc-là. C'est-à-dire que tu te rémunères sur une com. En réalité, ton travail, c'est pas juste la com. Ton travail, c'est tout ce que tu fais. Donc là, pourquoi t'es pas payé pendant tout ce que tu fais tout ça, en fait ? Mais moi, quand je me suis rendu compte que mon modèle économique n'était pas bon et que j'ai voulu avoir la conversation avec tous les artistes de il faut qu'on change ils m'ont pratiquement tous ignoré. Au bout d'un moment... Tu fais qu'investir, qu'investir. Au final, c'est moi qui me retrouve avec des dettes. Mais on apprend.

  • Speaker #2

    Je pense que l'interview touche à sa fin. Oui.

  • Speaker #1

    Bon, agent Ibra. Mission accomplie.

  • Speaker #0

    Anciennement agent Ibra.

  • Speaker #1

    Anciennement agent Ibra. Ouais,

  • Speaker #0

    ouais.

  • Speaker #1

    Ex-agent Ibra. Mission accomplie en tout cas. Merci vraiment d'avoir été notre invitée pour ce podcast. Merci de être venu là.

  • Speaker #0

    Merci à vous.

  • Speaker #3

    Merci de nous avoir écoutés jusqu'au bout. Et maintenant, c'est à vous d'entrer en action. Votre mission, si vous l'acceptez. Laissez 5 étoiles et un commentaire sur votre plateforme d'écoute. Abonnez-vous au podcast, à notre chaîne YouTube et à notre compte Instagram pour des contenus exclusifs. Et surtout, n'hésitez pas à partager autour de vous. Agent Double est un podcast indépendant. S'il vous a plu et pour qu'on puisse continuer à le développer, vous pouvez nous soutenir en cliquant sur le lien dans le descriptif de l'épisode. On compte sur vous et on se retrouve dans deux semaines pour un nouveau numéro d'Agent Double.

Description

Plus connu sous le nom d’Hybra, Ibrahim Hassou Tarouhit nous fait l’honneur d’être le tout premier invité de notre podcast Agent Double.

Celui qui se définit comme « noir, arabe et gay » ne se résume pas à ces 3 qualificatifs, mais bien par ses combats engagés dans la mise en avant d’artistes sous représentés.

Celui qui était notamment l’agent de la chanteuse Yseult et du DJ Kiddy Smile, se confie sans tabou sur ses aspirations, son rapport au métier d’agent et l’ingratitude que peut parfois générer les relations avec ses talents.

Une discussion à cœur ouvert avec une personnalité au grand cœur.


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Agent Double est un podcast indépendant sur une idée originale de Nayla Khalek, conçu, produit et animé par Pascale Wakim et Rand Khalek.


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Gratitude à notre fabuleuse équipe !


Vidéo et montage: Laetitia Moya Moukarzel

Son: Benjamin Lagadec

Graphisme: Yara Mehdi

Musique: Pascale Wakim

Mixage Musique: Eudoxe Parrain


Remerciements particuliers à Florian Rusterholtz pour son précieux coup de main sur les tournages 🙏


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Moi, j'ai un artiste, j'ai une énorme relation. C'est un exemple très concret, qui est très bête, ce que je vais vous dire, qui avait énormément de mal à dire merci. Et franchement, merci, on a tous envie de l'entendre. Dans n'importe quel job qu'on fait, de temps en temps, on a envie que notre collaborateur, notre boss, même ton stagiaire à qui tu as appris un truc, te dise merci. À bientôt !

  • Speaker #1

    Je suis Pascale Wackim.

  • Speaker #2

    Je suis Rand Kalec.

  • Speaker #1

    Vous écoutez Agent Double, le podcast qui dévoile les secrets des relations agent-talent.

  • Speaker #2

    Un jeudi sur deux, nous recevons un ou une invitée qui vient nous parler de ce métier si particulier, celui d'agent. Le podcast Agent Double, c'est mettre pour une fois dans la lumière celles et ceux qui œuvrent dans l'ombre pour le succès des autres.

  • Speaker #1

    Pour ne rater aucune de nos missions, abonnez-vous à notre chaîne YouTube Agent Double ou sur votre plateforme d'écoute préférée.

  • Speaker #2

    Et pour des contenus exclusifs... Suivez notre page Instagram, Agent Double Podcast. Aujourd'hui dans Agent Double, notre invité est un ancien directeur de casting, manager de talent aux idées novatrices et bousculant la bien-pensance. Il fonde en 2017 sa propre agence Ibra, dédiée aux artistes queer et sous-représentés, et il vient nous parler de son parcours et de ses convictions. Bonjour Ibrahim Asoutarouit.

  • Speaker #1

    Tu arrives à Paris il y a dix ans aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Il y a 11 ans, je suis arrivé pour un stage. J'avais postulé dans un bureau de casting qui s'appelle Casting Office, qui est le bureau de casting de Brice Compagnon. J'arrive, le premier job que je fais, c'était à Fashion Week Femme directement. Et j'arrive et le premier job sur lequel on est, on est en casting pour Vivienne Westwood. À l'époque, Brice et Maywen, qui étaient sa collaboratrice, travaillaient pour le casting de Vivienne Westwood. Donc, mon premier truc, c'était limite, on n'était pas au bureau, on était au showroom de Westwood. Donc, c'était un côté un peu impressionnant, puisque moi, je pense que c'était une des créatrices qui m'a le plus parlé, en tout cas, dans mon rapport à la mode et femme Ford Punk, qui renverse les codes. Donc ça, c'est un peu mon premier rapport au-delà des études. Mais le côté professionnel, ouais, c'était ça. arrivé à Paris, pas parisien, pas parisien, pas dans cet univers de la mode, voilà. Donc, il y a un peu cette frontière géographique, tu vois, des deux mondes. Aussi, la mode, c'est aussi un milieu de beaucoup de gens privilégiés, donc on ne vient pas de ce monde-là aussi. C'est plus dur de rentrer.

  • Speaker #2

    Oui, tu n'as jamais eu le syndrome de l'imposteur, tu t'es senti légitime tout le temps dans le milieu, malgré tout.

  • Speaker #0

    Moi, je me suis senti légitime. C'est juste que les gens ne te font pas sentir légitime en soi. Comment je me sens légitime dans le monde, en soi ? En fait, c'est un peu bizarre de devoir le dire, mais bon, moi, je suis noir, arabe, gay, français, venant d'un milieu populaire. Donc, il y a toujours un peu ce côté où j'ai déjà toutes ces identités-là. Et tu le ressens, il suffit de le voir. Il suffit de voir les gens qui ont ton âge. qui te ressemblent et quelles positions ils ont dans ton industrie ou qu'ils n'ont pas, plutôt. Est-ce qu'il y a des gens qui te ressemblent qui sont à des postes ou pas ? On le voit, en fait. Il n'y a pas de secret. Tu vois, il y a peut-être des choses qui s'ouvrent, des choses qui se ferment. Je pense que c'est ça. C'est comment tu prends ta place aussi.

  • Speaker #1

    Parce que quand tu arrives dans ce milieu à ce moment-là, est-ce que toutes tes identités sont complètement assumées, revendiquées ou tu es encore en cheminement dans un...

  • Speaker #0

    Non, toutes mes ondes de noticier, elles étaient assumées. Et puis, j'ai eu de la chance d'arriver, je le dis souvent, mais Brice, c'était un ovni dans la mode. Je ne suis pas arrivé dans une grande maison du style Dior Chanel, Vuitton, avec des choses très codifiées. Je suis arrivé dans une sorte de petite agence ou chez quelqu'un qui cassait déjà les codes. Donc moi, je n'ai pas vu le côté tout de suite de la mode hyper codifiée. Je suis arrivé déjà chez un ovni et tu sais, ta première expérience, ta première expérience, c'était un peu ton exemple, ton premier exemple. Donc, je me suis dit, ah, c'est la normalité. C'est bizarre à dire, mais voilà, en fait, c'était mon... Après, j'ai compris, ce n'était pas ça.

  • Speaker #2

    Mais tu n'aurais pas eu le même parcours si tu n'avais pas été directement dans ce contexte-là qui te permettait de...

  • Speaker #0

    Bien sûr,

  • Speaker #2

    développer.

  • Speaker #0

    Bien sûr, j'aurais eu un autre parcours. J'aurais eu un autre parcours. Et plus bridé, peut-être ? Peut-être que moi, je me serais plus bridé. Pas que mon parcours, il aurait été plus bridé. Peut-être que je serais rentré un peu plus dans des cases, parce que j'aurais peut-être dû comprendre, parce que j'ai aussi de l'ambition, j'ai envie de faire des choses, etc. Et que je me serais dit, il ne faut peut-être pas faire ci, pas faire ça. Tu ne corresponds pas à ce qu'ils attendent, etc. Donc, on est un animal sociable qui s'adapte.

  • Speaker #2

    Comment tu as décidé de devenir agent ?

  • Speaker #0

    Ma première expérience d'agent... Elle vient après deux ans où j'étais dans ce bureau de casting chez Brice Compagnon. Je suis parti quelques mois à Londres et j'ai pas mal vécu à l'étranger. Avant d'arriver à Paris, je me suis dit, vas-y, repars dans un milieu anglo-saxon. Et au bout de quelques mois à Londres, où j'étais encore en train de me chercher, on m'a proposé un taf à Paris. Et le taf en question, c'était... C'était dans une agence qui s'appelait Next Management. Je ne voulais pas être agent de mannequin, mais les artistes m'excitaient plus. Peut-être parce qu'il y avait un message, peut-être parce que tu pouvais raconter quelque chose de plus avec des artistes au-delà de la beauté. J'adore la beauté, j'adore, et je la comprends, dans mon côté casting, etc. Mais ça m'intéressait plus d'avoir quelqu'un avec un discours et pouvoir justement collaborer entre le discours de l'artiste et le discours d'une marque. Donc... Je me suis dirigé là-dessus et donc après, je suis resté deux ans chez Next là-dessus. Et après, j'ai commencé tout seul.

  • Speaker #1

    Et après, donc, tu crées Ibra.

  • Speaker #0

    Alors, je crée Ibra, ouais. C'est toujours un peu drôle parce que c'était juste mon nom Insta. Et en plus, je reprenais juste des syllabes qui sont dans le diminutif de mon prénom, donc Ibrahim. Écrit évidemment différemment. Donc la création, entre guillemets, la genèse du projet, on va dire, c'était plus des rencontres et un besoin de représentation dans l'industrie et dans notre société. Parce que dans les médias, je ne trouvais pas qu'il y avait assez de gens qui, ce n'est pas une question qui ne me ressemble qu'à moi, mais qui ressemble à d'autres gens. Il y a un peu tout le temps le même type. On parle d'il y a quelques années.

  • Speaker #2

    On précise juste que... Toi, tu t'es spécialisé dans la représentation des personnes queer et racisées, donc non blanches,

  • Speaker #0

    c'est ça ? Ouais, non blanches, il y a des personnes blanches, mais il y a des personnes... Ouais, surtout queer et racisées, ouais. Mais ça s'est fait naturellement, c'est toujours ça, c'est un peu cette spécialisation. En fait, moi, je parle juste avec des côtés de mes identités. Donc, je ne pense pas qu'il y avait un truc hyper... Souvent, on me dit Ah, t'as trouvé le bon créneau ! Oui, c'était pas une... Ce n'était pas un truc en fait. J'ai fait mes business models, mon business plan.

  • Speaker #1

    Évident pour toi.

  • Speaker #0

    Ouais, je vais faire que des gens qui ressemblent à ça. Parce que ça, ben non, mais quand tu as toutes les identités qui sont rassemblées, en tout cas les miennes, à l'intérieur d'une seule personne, ben moi, je me pose beaucoup de questions sur chaque penchant de ces identités-là, en permanence. Et je me suis retrouvé dans cette industrie-là. Je pense que je le dis souvent, mais moi, mon travail, je pourrais avoir peut-être d'autres carrières dans ma vie. Enfin, la question de la représentation, etc., elle sera toujours là. Si demain, je deviens médecin, je vais défendre les mêmes choses. Si demain, je deviens cuistot, je vais vouloir défendre les mêmes choses. Donc, c'est juste qu'en plus, je me suis retrouvé dans une place, dans mon industrie, dans la société, où en fait, on fait de l'image. Et l'image, en fait, c'est impactant. Donc, pour moi, j'ai pu utiliser tout ça pour pouvoir aller un peu... plus loin. Et donc, je me suis dit en plus, faisant de l'image, déjà, tu te rends compte que les gens qui font de l'image, on n'est pas beaucoup aussi qui ressemblent à ça. Il y a aussi ce truc, quand tu vois le derrière. Ah, ok. Mais comme aujourd'hui, on se dit putain, mais il y a plein de mannequins noirs sur les podiums. Leurs adjoints ressemblent à quoi ? Ils ont les mêmes problématiques. Ils comprennent la même chose par rapport à Dwayne, par rapport à... des questions esthétiques de cheveux de peau de etc ou pas c'est un débat il y en a sur ce post il y en a mais est ce que est ce que le ratio il est tu vois ouais voilà et on peut se poser la même question sur la question c'est à quoi ressemblent les gens qui gèrent leur argent entre guillemets si on va un peu plus loin dans que leur argent leur carrière enfin bon voilà mais on a compris l'idée de quoi

  • Speaker #2

    On dit souvent que des artistes sont engagés.

  • Speaker #0

    Bien sûr.

  • Speaker #2

    Est-ce que toi, tu ne serais pas finalement un agent engagé ?

  • Speaker #0

    Ah si, totalement. Ouais, totalement, totalement. Totalement, je ne suis pas... Je suis engagé totalement par rapport aux histoires que j'ai portées, par rapport... Il y a plein de gens qui me ressemblent, ils ne sont pas du tout engagés. Ce n'est pas parce que tu es gay que tu es... Voilà, ce n'est pas parce que tu es gay que tu es... Voilà, ce n'est pas parce que... Bien sûr. Exact, etc. Moi, oui. Mais après, comme je le dis, mon engagement, j'aurais pu faire d'autres types de... Enfin... Moi, ce qui m'intéressait, à la base, j'ai fait des études de relations internationales. Donc, ce qui m'intéressait, c'était la diversité des cultures dans le monde. Déjà, je viens de là, tu vois. OK, je me suis retrouvé à être agent d'artiste, etc. Mais ce que j'ai fait avant, la traduction, etc. a permis de nourrir tout mon propos et toute cette approche. Et je pense que j'ai pu faire ça de cette façon-là parce que j'avais ce bagage-là avant, tu vois. Et j'avais cette notion-là de... diversité des cultures, non seulement à travers ce que moi je vis et ce que je m'en vécu, mais également c'est aussi des choses où j'ai été à l'université pour comprendre aussi ce qui se passait dans le monde. Donc il y avait un peu ce côté-là.

  • Speaker #1

    En fait, il y a une différence entre toi avoir tes identités et puis vouloir passer à l'action et vouloir justement en faire peut-être un manifeste ou en tout cas vouloir travailler dans la représentation. Est-ce que par exemple tu penses qu'une expérience comme celle de Viviane Westwood, bien sûr, qui bousculent les codes, n'a pas été justement une influence sur toi pour te donner envie de le faire plus tard ?

  • Speaker #0

    Totalement. Avant même Villevienne-Ouetsu, si on prend des référents un peu plus mode, je pense que le plus grand, le mec qui a un peu bousculé, qui représente plus quelque chose pour moi et pour beaucoup de gens au fil de la dans ma génération, avec qui je partage pas mal de valeurs, je pense qu'en tant que Français, ça va être Gauthier. Voilà, si on parle mode, oui. il y avait un peu ce truc-là qui me parle mais c'est intéressant plus dans les exemples de vie j'avais demandé des figures numatiques en dehors de la mode en général des figures ?

  • Speaker #2

    est-ce que t'as quelqu'un qui t'a vraiment inspiré dans ses combats, dans ses convictions ?

  • Speaker #0

    en fait moi j'avais un peu ce truc, c'est que je trouvais qu'il n'y avait pas de rôle modèle en France pas forcément en France je sais mais en fait non Mon chemin, on va dire, dans cette aventure, tu vois, d'être agent, manager, image, où j'étais en mode, moi, ce que je veux, c'est faire des rôles modèles. Et je pense que c'est ce que j'ai, ou en tout cas, les amplifier, tu vois, amplifier leur voix pour que ça devienne des rôles modèles. Aujourd'hui, je suis très content, je suis très fier, parce que je pense que c'est ce qui arrive pour beaucoup d'entre eux.

  • Speaker #2

    Tu penses à Kiddy Smile, Izult.

  • Speaker #0

    Je pense à Nick Idol, Kiddy Smile, Izult, Pam Boy. Avec qui j'ai pu travailler ? Avec Rokhaya Diallo, mais Rokhaya c'est encore une figure. Je l'accompagnais un tout petit peu sur quelques petites choses, mais allez, je pense que sans Rokhaya, on ne serait pas là. Donc il y a aussi une autre conversation, mais ça, ce n'est pas moi. Mais avec d'autres Isol qui disent Smile, entre le moment où moi j'ai commencé à travailler avec eux, et là où on a arrêté de commencer avec eux, où j'ai arrêté de travailler avec eux, il y a non seulement une vraie évolution dans leur carrière, qui est... non seulement quantifiable, mais également visible, mais de ce qu'ils ont représenté, eux, dans la société, ils ont eux-mêmes un énorme rapport à l'image et à la mode. Ça a fonctionné, c'est parce qu'on avait, de leur côté et de mon côté, des visions très précises de ce qu'était l'image, de l'engagement, de... Des discriminations, enfin, pas mal de choses. C'était vraiment un truc collaboratif et c'est pour ça que ça a fonctionné, jusqu'à un certain point, mais c'est pour ça que ça a fonctionné, en tout cas.

  • Speaker #1

    Mais justement, par exemple, quand tu prends une artiste comme Isolde qui se manage elle-même, comment toi, tu viens apporter ta pierre pour qu'ensemble, vous arriviez à aller plus loin ?

  • Speaker #0

    Alors, dans les faits, moi, j'étais, on va dire, elle se manage elle-même sur le côté musique. Sur ce que j'ai apporté, on peut dire que je suis... co-manager sur le côté image. Il y a ce vocabulaire qui est très important, qui est agent et manager. Et je pense qu'il faut déjà partir de ça.

  • Speaker #2

    Tu distingues les deux, toi ?

  • Speaker #0

    A la base, aux Etats-Unis, ils distinguent les deux. C'est ça le truc. C'est que... Ce sont des mots qui viennent plus d'une culture du diversement, une culture américaine, etc. A la base, on distingue les deux. En France, on ne distingue pas les deux. Oh, les deux ! Un manager, il va aider l'artiste à créer les contenus, comme dans la musique. Le manager va te présenter un tel producteur ou tel studio, il va te présenter des labels pour grandir ton profil, et voilà. Ça, c'est le manager. En image, ce serait la même chose. C'est-à-dire que je vais te présenter des photographes, je vais construire avec toi ce photoshoot pour construire ton image. Ça, c'est du management. Un agent, normalement, il n'a pas besoin de construire quoi que ce soit. Il prend, par exemple, un agent, il va prendre ce que le manager lui a envoyé comme contenu, et il va travailler, il va aller vendre ton image à des marques pour amener des dix. Moi, dans beaucoup des cas, je faisais les deux. Enfin, dans la plupart des cas, je faisais les deux.

  • Speaker #1

    Ce qui est le cas de beaucoup d'agents.

  • Speaker #0

    Il y a beaucoup d'agents en France. C'est pour ça que je dis aux États-Unis et en France. On n'est pas dans la même temporalité, dans l'évolution de la culture, du divertissement, etc. Ils ont des années d'avance, etc. Donc, il y a des structures qui sont déjà mises en place là-bas. Aujourd'hui, nous, on arrive et en fait, il faut tout faire. Quand tu me demandes par rapport à Isolde, donc, tu vois... signer un contrat L'Oréal pour elle, etc. Ça, c'est du boulot d'agent. Tout à fait.

  • Speaker #2

    Tu t'es un peu perdu dans cette dualité, à force de prendre différents artistes, d'être un peu submergé ?

  • Speaker #0

    Ce n'est pas la dualité en soi, parce qu'en fait, il y a un côté où les deux jobs sont complémentaires. Mais la plupart des artistes avec lesquels je travaillais étaient plutôt des artistes indépendants. Déjà, eux-mêmes. Et moi, j'étais indépendant. Donc, ça veut dire qu'il n'y a pas forcément tout ce flux financier qui va pouvoir permettre de développer une certaine image, certaines relations, etc. Donc, moi, j'en avais conscience et j'étais aussi OK avec. Voilà, donc tu sais que tu vas devoir faire plus parce que tu as peut-être moins de moyens. Mais après, c'est la vie, c'est comme ça.

  • Speaker #2

    On rappelle qu'aujourd'hui, tu as décidé de ne plus être agent.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #2

    Après avoir fait ça pendant une dizaine d'années.

  • Speaker #0

    pendant, on va dire un peu moins, pendant quasiment 8 ans. Deux ans d'abord en agence et puis quasiment 6 ans tout seul.

  • Speaker #2

    Et donc pourquoi tu as arrêté ?

  • Speaker #0

    J'ai arrêté pour plusieurs raisons. J'ai arrêté parce que je ne m'y retrouvais pas personnellement. Je pense qu'il faut savoir aussi se faire du bien. Et je pense que quand quelque chose ne nous fait plus du bien, il faut aussi avoir la force d'arrêter. Parfois on est... On est confortable dans l'inconfort, ça peut durer longtemps, mais parfois, il faut savoir dire stop à l'inconfort. Moi, j'ai été extrêmement content, je suis extrêmement fier de ce qu'on a pu faire avec tous ces talents, ces divers artistes, la place que, en tout cas, j'ai aidée à leur faire prendre dans le paysage médiatique ou dans leur entrée dans le monde du luxe, avec certaines marques. et sociétal. Enfin, tu vois, tout cet apport sociétal et culturel. Pour que ça ait pu fonctionner, j'ai dû laisser de côté une partie de ma vie. Sur le côté personnel, moi, j'ai envie de construire d'autres choses. J'ai envie de construire d'autres aventures, que ce soit créatives, professionnelles, etc. Et c'était cool pour un temps, mais moi, c'était pas... Moi, quand j'ai commencé et qu'on a commencé l'aventure avec Kiddy, qui était le premier artiste où j'étais indépendant, j'ai dit, bon, dans un an, on voit où on en est parce que peut-être que... On ne va pas gagner nos vies, ça ne va pas marcher, etc. Bon, ça a fonctionné. Finalement, ça a duré quelques années. Mais voilà, moi, mon ambition dans la vie, ce n'est pas d'être agent. Ça ne l'a jamais été. Je suis très content de tout le côté culturel, social, représentation, etc. Parce qu'en plus, ça me touche personnellement. Mais en tout cas, le boulot en soi, et qu'il y a un côté très ingrat aussi, une partie, non, tu peux l'accepter jusqu'à un certain... Jusqu'à un certain stade. Et après, non, moi j'ai un autre rapport avec ma personne et j'avais besoin de me retrouver, de le retrouver.

  • Speaker #2

    À quelle forme d'ingratitude tu as dû faire face ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est pas méchant pour les artistes. Quand on commence comme ça, en général, ça va mal. Non, non, mais c'est une petite blague. Mais n'importe quelle personne, les artistes, parfois, ils ont du mal à le comprendre. Et à la fois, c'est pour ça qu'ils fonctionnent. C'est parce qu'ils sont... tellement centrés sur eux-mêmes, sur leurs propres projets, leur vie, etc., qu'ils ont parfois l'impression qu'ils pensent à toi, mais souvent, ce n'est pas trop le cas. Je ne parle pas de tous. Attention, il y en a qui sont très bien dans leur basket et tout va bien et ils savent considérer les gens, ils savent, tu vois, ils savent, tout va bien humainement.

  • Speaker #2

    Un exemple concret ?

  • Speaker #0

    Moi, j'ai un artiste, j'ai une énorme relation. C'est un exemple très concret qui est très bête ce que je vais vous dire. qui avaient énormément de mal à dire merci. Et franchement, merci, on a tous envie de l'entendre. Dans n'importe quel job qu'on fait, de temps en temps, on a envie que notre collaborateur, notre boss, même ton stagiaire à qui tu as appris un truc, te dise merci.

  • Speaker #1

    Bien sûr,

  • Speaker #0

    la reconnaissance. Et la reconnaissance. Et je parle juste du mot merci. Je ne parle pas autre chose en termes de gratitude, etc. Mais quand cet artiste-là te dit merci de temps en temps et qu'en plus, c'est comme si... C'est comme si... Enfin, tu vois, c'était hyper difficile pour que ça sorte de sa bouche. Et t'es un peu en mode, je fais tout ça pour toi. Et en plus... Déjà, je préférais limite que tu ne me le dises pas. Tu sais, quand t'arrives à ce point-là, je préférais même pas que tu me le dises parce qu'en fait, ça te brûle les lèvres tellement. Et ça se voit. Et tu te dis, waouh, on en est là.

  • Speaker #1

    Mais parce que dans le cadre de tes représentations, c'est toi qui as arrêté. En fait, en général, c'est l'inverse qui se passe. Pour toi, c'est un cas un peu particulier parce que c'est toi qui décides d'arrêter et qui leur annonces ça.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Et comment ça se passe ? Comment ils le prennent ?

  • Speaker #0

    Je pense que j'arrivais dans un mal-être tellement intense dans ma vie et tellement extrême qu'il fallait que j'arrête. Mais sauf que je l'ai laissé traîner. tu vois c'est comme tous on est humain donc j'ai laissé traîner le truc je me suis réveillé un matin et je me suis réveillé avec ce sentiment de oh là c'est fini tu vois mais je me suis souvent réveillé avec ce sentiment là sauf que j'avais jamais eu les couilles de le faire il y a un peu ce truc là et un peu avec cette boule de ventre que tu vois ton bureau t'aime pas ton boss t'aime pas ton truc on l'a tous vécu je pense tu vois mais il y a le moment où il faut savoir prendre sa force et dire j'arrête quoi euh Et ce matin-là, je me souviens, je regarde, enfin, j'ouvre Insta comme d'hab, et là, j'ai l'annonce de la première ministre néo-zélandaise qui dit je démissionne, j'en peux plus

  • Speaker #1

    Inspiration. Franchement,

  • Speaker #0

    il faut être inspiré par des gens. Peut-être parce que c'est une femme. Je suis plus souvent inspiré par des femmes que par des hommes. Je me dis, mais attends, si elle a son truc, elle est capable de dire j'arrête et à tout son pays. Non, mais c'est bête. À tout son pays, je me dis, j'arrête, ça fait cinq ans et demi, j'ai fait tout ce que j'ai pu pour vous, en tout cas, et j'essaie de reprendre ma vie.

  • Speaker #2

    Honnêteté au vis-à-vis de soi-même aussi.

  • Speaker #0

    Oui, voilà. Exactement. Je me suis dit, mais à temps si elle, au niveau où elle en est dans sa vie, moi, je n'ai pas le courage de... Ben si, quand même. J'étais déjà au bout. C'est juste qu'il y avait un déclin, il y a eu un petit truc. et là je me suis dit ok c'est fini et à partir du moment tu sais quand tu passes par des moments comme ça il y a un côté un peu physique, quand tu prends la décision il y a un truc qui part et il y a un truc qui est parti je me souviens quand j'ai quitté un de mes anciens déjà bossé, épuisé et il y a une force qui est partie comme ça et je me suis dit ok c'est ça mais peut-être que certains le sentaient, il faut leur demander à eux oui Après, il y a ce truc aussi, tu vois, il y a un truc avec relation agent artiste, c'est-à-dire que l'un a besoin de l'un et l'autre a besoin de l'autre aussi. Donc moi, j'avais aussi ce truc de dire, tu vois, ces sentiments d'abandon, ça remonte à des trucs peut-être personnels chez moi, de se dire putain, je vais abandonner quelqu'un dans cette aventure, etc. Donc de mettre un peu de temps à prendre cette décision en tout cas. Mais après, c'est se remettre au centre de sa vie. Moi, j'avais besoin de ça, tu vois. Et en plus, il y a un côté, ouais, t'as besoin de l'un, de l'autre, au côté financier. Enfin, c'est eux qui... Oui, il y a une interdépendance. Il y a une interdépendance, tu vois, de ouf. Donc après, la question, c'est... Ça, c'est un exemple que je donne, comme du côté agent, comme du côté artiste chez l'agent. C'est, si tu vois que ton artiste ne va pas bien, et tu lui fais toujours faire des jobs. Si tu vois qu'en tant qu'artiste, ton agent ne va pas bien, est-ce que tu le pousses jusqu'au bout ? La question, elle va dans les deux sens. C'est pas...

  • Speaker #2

    L'image, c'est du jeu de la corde. Chacun tire dans son sens et tout. Et puis, au moins, ça peut lâcher. On tombe,

  • Speaker #0

    quoi. En fait,

  • Speaker #1

    c'est aussi l'idée qu'on a un peu cette image que l'agent doit prendre soin de son artiste. Mais c'est aussi l'artiste qui doit prendre soin de son agent.

  • Speaker #0

    Et je pense qu'il doit prendre soin de son agent à différents niveaux. Autant sur le côté gratitude simple, un mot de temps en temps, parfois un mot, tu sais quoi, ça te fait plus que plein d'autres choses, comme comment tu considères les gens.

  • Speaker #2

    Mais c'est difficile d'aller en parler. Si tu ressens de la gratitude par rapport à ce qu'a fait un artiste vis-à-vis de toi, c'est difficile d'aller lui dire, bah, t'aurais quand même pu me mettre collaborateur sur le projet, ou me remercier, tu vois,

  • Speaker #0

    c'est... Évidemment, parce que eux ils ont leur ego d'artiste, toi t'es pas artiste. L'égo d'artiste et l'égo de... Par artiste, c'est pas la même chose.

  • Speaker #1

    Mais de devoir le faire. En soi, c'est ça qui est terrible. C'est de devoir...

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    bien sûr....ouvrir cette conversation.

  • Speaker #0

    Mais en réalité, je pense que... J'aurais eu un autre bagage... J'aurais eu un autre bagage... Je sais que vous recevez aussi des avocats et des choses comme ça. J'aurais eu un autre bagage universitaire. Je pense que cette conversation, elle aurait été là depuis le début.

  • Speaker #2

    T'aurais tout de suite... D'accord,

  • Speaker #0

    j'en crois plus. Bien sûr, parce que c'est une question de... Enfin... L'artiste, croyez-moi, quand il collabore avec quelqu'un, s'il lui met son nom, il va vouloir être crédité, rémunéré. Mais c'est juste que dans l'autre sens, quand c'est ses collaborateurs, parfois ça ne marche pas. Enfin, tu vois ce que je veux dire ? C'est toujours la même chose. Mais je pense que si j'avais voulu que ce truc-là soit ma carrière pendant 40 ans, j'aurais été avocat.

  • Speaker #1

    Ok. Et tu aurais commencé contractuellement à avoir cette émotion ?

  • Speaker #0

    Oui, évidemment, les avocats...

  • Speaker #2

    Ça file droit. Mais toi, l'aspect agent double, du coup, qui normalement, nous on pense à l'agent qui défend à la fois les intérêts des artistes qu'il représente et ses propres intérêts économiques.

  • Speaker #0

    Toi,

  • Speaker #2

    c'était une autre casquette de l'agent double. C'était plus ton projet, tes convictions, tes valeurs.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #2

    Et en ce temps, ce que voulaient tes artistes, c'est-à-dire les accompagner dans leur projet.

  • Speaker #0

    et beaucoup leur faire également moi je me suis oublié en même malheureusement c'est important d'en parler parce que il faut que les gens sachent même financièrement je me suis un peu oublié parce qu'il fallait un équilibre autre pour que moi je puisse m'y retrouver en termes de tu vois de deal de choses un peu comme ça de pourcentage etc etc Pour que mon entreprise roule, en fait, les deals que j'avais n'étaient pas bons. Je m'en fous de le dire, tu vois. Parce que moi, j'étais aussi dans un côté où je l'ai fait pour ces raisons-là, en fait.

  • Speaker #1

    Pour la passion.

  • Speaker #0

    Ouais, pour la passion. J'aurais dû être un peu plus greedy. Ce n'est pas dans un mauvais sens. C'est juste dans un sens... C'est une entreprise. J'avais pas la notion de l'entreprise, j'avais la notion créative et sociale pendant très longtemps. Et quand tu amènes la notion entreprise, tu te rends compte que tout est déjà...

  • Speaker #1

    Tu ne peux pas réfléchir des choses de l'autre face.

  • Speaker #0

    Tout est déjà déséquilibré.

  • Speaker #2

    C'est un regret ou pas ?

  • Speaker #0

    Non, parce que je suis jeune et que j'ai largement le temps. temps de vivre dix mille aventures professionnelles et créatives et tout ça est juste un bagage pour le futur donc non c'est pas du tout un regret tu as été naïf ou pas tu penses que tu as fait preuve de naïveté ouais quand tu essaies d'être entier à certains nouveaux j'étais naïf j'étais naïf avec mon industrie j'étais naïf avec des talents des artistes et des amis j'étais bien sûr j'étais naïf ouais bien sûr bien sûr est ce que

  • Speaker #2

    parfois tu as senti qu'on avait pris ta gentillesse ou ta naïveté pour que c'était un défaut et que du coup, les gens, ils en ont profité.

  • Speaker #0

    Je ne l'ai pas senti comme c'est un défaut parce que je suis très content d'être gentil. Moi, je me suis tellement donné à 300% dans ce que je faisais que quand je me suis rendu compte d'un truc, je me suis rendu compte de tout. D'accord, donc sur cet aspect là, je me suis rendu compte. Je me suis moi quand j'ai ouvert les yeux, j'ai ouvert les yeux sur tout. Voilà, il y avait un peu ce côté-là. Et un peu sur mon rapport. Et un peu, il y a ce côté gentil, mais il y a surtout ce côté où, en fait, je n'ai pas mis de limites. Donc, tu ne sais pas que j'en veux. Tu sais, quand tu donnes beaucoup aux gens, au final, tu leur donnes, ils prennent. Tu ne peux pas leur en vouloir. Donc, je ne te dirais pas, oui, ils ont pris, ils ont pris, mais en réalité, je leur donnais. Donc, la question, c'est, la limite, elle vient dans les deux sens, tu vois. Il y a des gens qui savent mettre des limites, il y a des gens qui ne savent pas mettre de limites. Je pense que pendant un certain temps, moi, je ne savais pas mettre de limite. Et quand tu mets la limite, j'ai mis la limite pour tout. Il y a un peu ce truc-là.

  • Speaker #1

    Tu ne fais pas les choses à moitié.

  • Speaker #0

    Non, pour beaucoup de choses, oui.

  • Speaker #2

    C'est vrai que si maintenant tu as un peu plus de recul, si tu regardes en arrière, il y a des éléments qui se détachent. Par exemple, de quoi tu es plus fier ?

  • Speaker #0

    Clairement, je pense que j'ai participé à plus de représentations dans notre pays, dans plein de domaines différents. Quand je vois aujourd'hui... un programme comme Drag Race qui est en train d'exploser en France et que je pense que si moi, je n'avais pas accompagné Niki Idol sur des questions de mode, elle n'aurait peut-être pas forcément été là ou en tout cas, son profil n'aurait pas été considéré de la même façon ou à appuyer en tout cas la création du programme. Mon parcours avec Kiddy Smile dans ses relations avec des marques de luxe, c'est vraiment... Peut-être qu'il aurait pas fait qu'il soit aussi d'Andra Grace dans le jury. Tu vois ce que je veux dire ? Quand je vois Iseult, avec qui on a signé chez L'Oréal en tant qu'égérie et qui est la première femme noire ronde en 100 ans à être égérie chez L'Oréal Paris, alors qu'on a l'impression qu'il représente tout le monde. Et tu te dis, quand on est arrivé, c'était la première. Tu vois, c'est quand même énorme. Et moi, L'Oréal, je trouve que ça parle à tout le monde dans le monde. L'Oréal, tu vois ce que je veux dire en termes de beauté ? Ça parle à tout le monde. Et aujourd'hui, le styliste avec qui elle fait des trucs de ouf, Jonathan Huguet, c'est quand même moi qui lui ai apporté. Aujourd'hui, il lui ouvre des portes différentes. Tu vois ? Et quand je la vois, là, à Cannes, habillée en Dior, les Dior, ils sont contents de l'habiller, mais je ne suis pas sûr qu'il y a quelques années, Dior, ils considéraient Isolt. Moi, qu'ils ne le fassent pas à une époque, ce n'est pas grave. Mais tant qu'ils changent, c'est ça qui m'importe. Pas le fait, je ne veux pas rester bloqué sur, OK... ils n'habillent pas telle ou telle physique, etc. C'est qu'aujourd'hui, ils ont habillé telle ou telle physique et l'image qu'elle a, Iseult, c'est parce qu'avant, on a fait Balmain, on a fait Mugler et que ces marques-là l'ont accompagnée et elles étaient là, elles ne se sont pas posées de questions. Et aujourd'hui, après cinq ans, tu as une marque comme Dior qui peut-être n'habillait pas ces canons de beauté-là, se dit, on va habiller un canon de beauté comme celui-là. Et ça, c'est intéressant. Après, si on reste bloqué sur oui, ils nous ont jamais intégrés, moi, ça ne m'intéresse pas la question, c'est quelle porte tu ouvres, quelle conversation tu peux avoir, et si c'est dans cinq ans, c'est génial, mais en fait, il faut l'avoir, la conversation. Il y a un peu ce truc-là.

  • Speaker #2

    Il y a encore beaucoup à faire, j'imagine.

  • Speaker #0

    C'est un chantier qui commence à peine à... Ça vient de commencer. Il est beau, il est... culturel et sociétal, il est à plein plein de strates dans la conversation. C'est pas... On voit beaucoup l'image, parce qu'on se dit voilà, mais après, il y a... Ça se passe chez les RH, ça se passe dans les écoles, ça se passe dans l'éducation, ça se passe à plein plein de niveaux, tu vois, c'est pas juste... Ouais génial parce qu'il y a une meuf qui est là à Cannes. Après c'est cool, mais après la question c'est toujours la même chose. Moi, quand j'ai eu cette conversation, même avant Isolt, même avec un Kid Ismail qui fait quasiment deux mètres et qui avait des proportions qui n'étaient pas celles que la plupart des gens ont, c'est la question, c'est cool, vous lui faites une tenue, mais après, ces tenues-là, est-ce qu'il y a les mêmes tailles en magasin ? Parce que les gens qui font... Enfin, tu vois, c'est... C'est pas allé plus loin.

  • Speaker #1

    Oui, bien sûr.

  • Speaker #0

    Tu vois, c'est toujours la même chose. Donc, même moi, j'en avais peut-être pas conscience avant de... collaborer avec un Kiddy, parce que j'ai une taille plutôt standard, on dira. Donc, je n'ai jamais dû me poser ces questions-là, jusqu'à collaborer avec un artiste qui doit, je l'ai fait avec Kiddy, qui a préparé le terrain, peut-être pour ma conversation, les conversations que j'avais pour Isolt, juste après. C'est peut-être ça qui a aidé aussi, tu vois, chaque chose apporte au prochain projet. Aujourd'hui, voilà, je suis content qu'elle soit là, mais ce qui serait bien, c'est qu'il y en ait d'autres.

  • Speaker #1

    Comment toi, aujourd'hui, tu continues ? À te battre pour ce genre de choses, comment tu te vois dans 5 ans par rapport à ça ?

  • Speaker #2

    Vers quoi tu vas déjà en fait ? Parce que tu es en changement de nom, tu t'ouvres une nouvelle page dans ta vie professionnelle.

  • Speaker #0

    Peu importe où je sois, que ce soit dans une aventure en indépendant ou en maison, ou si demain, comme je disais, je ne sais pas, je ferai un autre truc créatif, je pense que mon propos, il sera le même.

  • Speaker #2

    Tu penses qu'aujourd'hui, les artistes ont nécessairement besoin d'un agent ? Non.

  • Speaker #0

    Enfin, ils ont besoin d'une structure. Donc après, ça peut être un agent qui les accompagne, comme parfois, tu as besoin au stade où tu en es. Par exemple, il n'y a pas longtemps, il y a beaucoup de gens qui veulent des agents. Je leur dis, mais pour l'instant, tu n'as pas besoin d'un agent, tu as besoin d'un PR. Peut-être que dans un an, t'auras besoin d'un agent. Parce que ton pillard, il aura fait assez de bon travail pour que t'aies une certaine place. Et voilà. Et t'as besoin d'un agent. Et tout le monde veut un agent, mais personne ne veut le payer.

  • Speaker #2

    Ouais.

  • Speaker #0

    Donc c'est un peu tout le temps le truc, tu vois. Il y a un peu, ah, je veux un agent, j'ai un agent. Mais t'as même pas les moyens de développer ton truc. Et comme je l'ai beaucoup vécu, ben non, on va pas travailler gratos, en fait. Tu vois ce que je veux dire ? Et ils se rendent pas compte du... Et souvent, ils se rendent vraiment pas compte. Parce qu'ils pensent que, en fait, le boulot... Moi, je me suis fait prendre à ce truc-là. C'est-à-dire que tu te rémunères sur une com. En réalité, ton travail, c'est pas juste la com. Ton travail, c'est tout ce que tu fais. Donc là, pourquoi t'es pas payé pendant tout ce que tu fais tout ça, en fait ? Mais moi, quand je me suis rendu compte que mon modèle économique n'était pas bon et que j'ai voulu avoir la conversation avec tous les artistes de il faut qu'on change ils m'ont pratiquement tous ignoré. Au bout d'un moment... Tu fais qu'investir, qu'investir. Au final, c'est moi qui me retrouve avec des dettes. Mais on apprend.

  • Speaker #2

    Je pense que l'interview touche à sa fin. Oui.

  • Speaker #1

    Bon, agent Ibra. Mission accomplie.

  • Speaker #0

    Anciennement agent Ibra.

  • Speaker #1

    Anciennement agent Ibra. Ouais,

  • Speaker #0

    ouais.

  • Speaker #1

    Ex-agent Ibra. Mission accomplie en tout cas. Merci vraiment d'avoir été notre invitée pour ce podcast. Merci de être venu là.

  • Speaker #0

    Merci à vous.

  • Speaker #3

    Merci de nous avoir écoutés jusqu'au bout. Et maintenant, c'est à vous d'entrer en action. Votre mission, si vous l'acceptez. Laissez 5 étoiles et un commentaire sur votre plateforme d'écoute. Abonnez-vous au podcast, à notre chaîne YouTube et à notre compte Instagram pour des contenus exclusifs. Et surtout, n'hésitez pas à partager autour de vous. Agent Double est un podcast indépendant. S'il vous a plu et pour qu'on puisse continuer à le développer, vous pouvez nous soutenir en cliquant sur le lien dans le descriptif de l'épisode. On compte sur vous et on se retrouve dans deux semaines pour un nouveau numéro d'Agent Double.

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