- Speaker #0
Ils pensent que l'agence est miraculeuse et qu'ils n'y arrivent pas tout seuls. Donc ils vont prendre un agent et tout d'un coup, ça va être fantastique. Et en fait, pas du tout. Moi, je ne pense pas du tout. Je pense que nous, on est là pour accompagner un moteur qui est déjà en marche et on va pouvoir le potentialiser. Mais si ce moteur ne tourne pas, nous, on ne peut rien faire. L'artiste qui attend dans son coin que ça tombe comme ça, ça ne peut pas fonctionner. Ça ne marche pas du tout. Agent Double.
- Speaker #1
Je suis Pascal Wakim.
- Speaker #2
Je suis Rand Kalec.
- Speaker #1
Vous écoutez Agent Double, le podcast qui dévoile les secrets des relations agent-talent.
- Speaker #2
Un jeudi sur deux, nous recevons un ou une invitée qui vient nous parler de ce métier si particulier, celui d'agent. Le podcast Agent Double, c'est mettre pour une fois dans la lumière celles et ceux qui œuvrent dans l'ombre pour le succès des autres.
- Speaker #1
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- Speaker #2
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- Speaker #1
Le temps érode les passions ? Pas pour notre agent 010. Depuis des décennies, son énergie débordante anime son répertoire de photographes dont Vincent Bousserez, Eric Sauvage ou encore Tim Flack font partie. Des univers visuels singuliers, réunis sous l'œil avisé de notre invité, dont l'enthousiasme communicatif pourrait redonner vie à une nature morte. Écoutez, vous comprendrez. Bienvenue Eleonore Charest.
- Speaker #2
On a un point commun, vous et moi, c'est le journalisme. Sauf que vous, vous étiez dans la partie commerciale,
- Speaker #0
c'est ça ? Oui, alors j'ai travaillé dans des médias, des grands médias, des marques préconnues, voilà. Mais jamais dans la partie journaliste. dans la partie régie publicitaire. Oui. En fait, qu'est-ce que c'est qu'une régie publicitaire ? C'est une structure qui vend l'espace d'un média, donc qui est un intermédiaire Déjà. entre un monde des marques et un monde des médias et il faut essayer de faire converger tout ça. Donc c'était assez simple quand j'étais à Europe 1 puisqu'on était, enfin je travaillais sur des écrans publicitaires qui sont assez classiques. mais beaucoup plus compliqué à France Télévisions où là j'ai travaillé sur les opérations spéciales qui sont les intégrations des marques en dehors des écrans publicitaires. Donc les opérations sur mesure pour les marques qui sont montées. Donc c'est des parrainages d'émissions classiques, c'est Darty qui vous présente la météo, ça tout le monde connaît. Mais c'est aussi parfois des petits programmes courts, des choses qu'on monte pour les marques. Et à ce moment-là il faut faire converger les intérêts, enfin les envies de la marque. Et ce que veut bien accepter aussi la chaîne. Ce n'est pas toujours pareil. Et puis la production éventuellement si on est sur une émission. Et donc surtout sur le service public, France Télévisions, ce n'est pas évident parce que France Télévisions a quand même des pudeurs vis-à-vis du monde privé. Et donc quand on faisait rentrer des marques... sur des émissions, bon ben c'était pas toujours simple, je pense que c'était plus simple sur TF1 par exemple.
- Speaker #1
Et vous étiez au cœur des négociations Eleonore ?
- Speaker #0
Ah oui oui bien sûr, nous on courait partout, on avait les marques, ensuite on allait discuter avec les chaînes, avec les responsables des programmes, les responsables des productions, le directeur artistique de la chaîne, par exemple je me souviens je faisais un partenariat avec le Café Grand-Mère, donc c'était le Café Grand-Mère. Faites des grand-mères pendant deux jours sur France Télévisions. Donc, il fallait que la météo en parle, qu'on en parle dans les émissions de jeux. On voyait des petites pastilles avec des petits micros, des films très courts, en fait, avec une pastille qui a fait grand-mère et tout, qui se promenait toute la chaîne. Donc, il fallait que tout le monde soit d'accord. Il fallait négocier sans arrêt avec tout le monde.
- Speaker #2
Ça compte la part qu'il y a. Oui,
- Speaker #0
c'est énorme. Deux, trois jours. Ah bah oui. Oui, c'était de très grosses opérations.
- Speaker #1
Les points de relais sont énormes, météo, etc. Je ne me rends pas compte.
- Speaker #0
Ah oui, c'était vraiment des grosses machines à faire tourner. Et c'est vrai que nous, on était entre la chaîne et les marques. Souvent, évidemment, une représentation avec une agence qui les aidait dans les choix et les fabrications. Parce qu'on fabriquait aussi des... On fabriquait. des images pour ces partenariats, puisque c'est très... Il y a une législation qui est très lourde sur la façon dont une marque peut communiquer dans le cadre de ses partenariats. On ne peut pas montrer le produit, on doit l'évoquer, on ne peut pas mettre exactement le spot qu'ils ont dans un écran publicitaire et le transférer en billboard de 5 secondes. Il faut l'adapter pour qu'il... obéissent à une réglementation qui est assez contraignante. Et donc du coup, on avait un service production, et on faisait appel à des réalisateurs, et on fabriquait vraiment des billboards ex nihilo, c'était très amusant.
- Speaker #1
Donc en fait, en réalité, vous étiez déjà entraînée pour le rôle après à ce moment-là ? Absolument. Et qu'est-ce qui a fait que vous êtes partie de la télé, que vous avez été vers...
- Speaker #0
Alors, je ne sais pas si j'ose le dire, mais je vais oser. C'est mon mari.
- Speaker #2
Pourquoi vous n'osez pas dire que c'est votre mari ?
- Speaker #0
Parce que ça paraît un truc incroyable, mais je rentrais le soir, et après une longue journée de travail, et il me disait, alors ça s'est bien passé ? Je disais, ouais, ouais, super, au café grand-mère par exemple. Super opération. Puis en télévision, ce sont des montants très importants, évidemment, parce que l'écran, je veux dire, le temps publicitaire en télévision est cher. Donc, on est tout de suite dans des... Donc, l'argent est dématérialisé finalement, parce que c'est tellement haut que... Voilà, ça... Puis nous, on ne le voit pas passer. Quand on est dans ces structures-là, c'est énorme. Il y a quelqu'un qui va facturer. Nous, on est un maillon de la chaîne, le commercial. Mais bon, on est quand même à l'origine d'avoir généré ce revenu. Et mon mari m'a dit, c'est quand même dommage de générer des revenus comme ça pour les autres. Est-ce que tu ne pourrais pas mettre ton énergie à ton service ? Et là, j'ai dit, non, non, je suis incapable, c'est impossible. Je ne peux pas travailler toute seule, je ne sais pas le faire. J'avais que l'idée des constructeurs. Je n'avais pas ce modèle en tête du tout. Moi, j'ai des parents qui n'étaient pas du tout dans cet univers-là, qui étaient dans les grosses boîtes. Pour moi, on travaillait dans une grosse entreprise. On grandissait dans cette entreprise, on en changeait pour optimiser. Je n'avais pas l'idée de la micro-entreprise et d'être à son compte. C'était un truc qui était complètement en dehors de mon champ de réflexion.
- Speaker #1
Et quel a été le déclic alors ?
- Speaker #0
En fait, ce qui a été le déclic, c'est que j'ai réfléchi à ce qu'il a dit. Je me suis dit, c'est vrai, c'est intéressant. Puis j'ai regardé autour de moi quelles copines ou quels amis j'avais qui avaient déjà monté des boîtes. Et c'est ça qui était amusant. Moi, j'ai une formation, j'avais fait des études à Dauphine de gestion. Et j'avais des copines qui avaient fait des grandes écoles. Et je regardais, mais en fait, il n'y en avait aucune qui avait monté des boîtes. Elles étaient toutes dans des grosses structures. À l'époque, la mode, c'était de travailler dans le marketing des grands lessiviers ou chez L'Oréal et tout pour démarrer une carrière et puis ensuite évoluer. Ou dans le conseil, chez Arthur Andersen, des choses comme ça. Et j'avais une copine qui avait une boîte et qui était agent de photographe. Laurence Torgeman non une copine vraiment une copine d'enfance par le métier mais non j'ai eu une copine qui était agente photographe et qui était spécialisée dans la mode et vous avez attiré dans ce milieu j'ai été la voir et ce qui est intéressant en fait ça donne aussi beaucoup d'informations sur le métier j'ai été la voir et je lui ai dit dis donc Raconte-moi un peu comment ça marche d'avoir sa boîte. Moi, c'était cet angle-là que je n'avais pas vu tellement le métier. Et elle m'a dit à l'époque, elle m'a dit, ben, t'as qu'à le faire. Tu me diras.
- Speaker #1
On compare.
- Speaker #0
Oui, je dis, mais oui, mais attends, j'y connais rien. Je n'ai jamais fait et tout. À l'époque, j'avais 28 ans. J'étais quand même 29 ans. J'étais jeune encore. Et elle me dit, ouais, mais bon, attends. Tu devrais faire de la nature morte, te représenter des photographes de nature morte. J'ai ma copine truc qui le fait et ça marche très bien, tu devrais le faire. Et je ne sais pas pourquoi, moi qui suis pourtant quelqu'un d'hyper rationnel, je dis Oh bah d'accord ! Et du coup, je me suis lancée en fait. Et en fait, ce que vous avez dit tout à l'heure était juste, c'est-à-dire que le métier, je le connaissais quelque part. C'est la notion d'être intermédiaire entre un média. Et une marque, après un artiste et une marque, il y a quelque chose de similaire. Sauf qu'on est une échelle qui est complètement différente. Mais sur le fond, on est un intermédiaire. Donc ça reste vrai. On n'est pas la vedette. La vedette, c'est le média. La vedette, c'est l'artiste photographe qu'on va représenter. on est celui qui est l'intermédiaire en fait et donc de ce point de vue là il y avait cette cohérence et puis le marché publicitaire aussi moi je savais très bien ce que c'était qu'une vraie image et habituel des images lui aussi on pense que c'était du film mais bon là la photo donc ça quelque part c'était familier ont acté les et en fait bah voilà ça ça a été le c'est le plus difficile dans nos métiers et notre vrai Si j'ose dire client, c'est évidemment le photographe, c'est le plus dur à trouver. Et ça, c'est grâce à mon ami avec qui j'ai partagé...
- Speaker #2
Qui n'est pas Laurent Stornemann, on le rappelle.
- Speaker #0
Non, voilà, qui s'appelait France Drillon à l'époque, qui n'est plus agent maintenant, mais qui a travaillé pendant des années et qui m'a donné les clés pour comprendre le métier et qui à l'époque m'a dit, on partage le bureau, on partage les frais et moi j'ai monté une structure, je vais donner des parts. Et comme ça, si ça marchait, elle gagnait.
- Speaker #2
C'est hyper intéressant.
- Speaker #1
Vous avez travaillé ensemble, en fait. Oui, oui.
- Speaker #2
Finalement, vous n'avez pas commencé toute seule.
- Speaker #0
Non, non.
- Speaker #1
Vous aviez presque une associée, d'une certaine façon. Oui,
- Speaker #0
absolument. Je lui ai donné des parts et elle m'a donné les clés pour comprendre le marché.
- Speaker #1
C'était une humaine, la meilleure façon de commencer.
- Speaker #0
Bien sûr, elle m'a dit, là, il faut aller là, il faut aller là. Là, c'est les gens qui comptent, là, c'est les trucs. En revanche, la nature morte, elle ne connaissait pas du tout parce qu'elle faisait de la mode, elle. Et moi, je me suis dit, elle m'a dit, commence par la nature morte parce que ça, c'est plus facile à comprendre et ça va être plus... Et j'ai dit, OK. Et effectivement, c'est un excellent conseil. En plus, à une époque où se développaient les banques d'images et qui ont déjà attaqué le marché de la commande, puisqu'une marque pouvait acheter une image toute faite versus la fabriquer. Quand on travaille autour de l'objet... On est préservé puisque l'objet, on ne peut pas le remplacer. Le parfum qui vient de sortir, la montre, le sac, ça, on doit toujours le prendre en photo. Il existe, il est nouveau. Alors que la banque d'images, elle peut toujours fournir le couple qui se balade sur la plage avec un coucher de soleil. Et en fait, ça m'a mis tout de suite dans un marché qui a très bien résisté aux secousses des banques d'images. et qui était en plus facile à produire, c'est-à-dire que c'est plus facile d'organiser un set où il y a un objet, une équipe photo, quelqu'un qui va faire un peu de décor. On n'a pas un mannequin qui vient de loin, on n'a pas un extérieur, on n'a pas un voyage. Oui, c'est beaucoup plus léger à organiser. Donc aussi, en termes de rentabilité, c'est pas mal parce qu'on peut en produire très régulièrement. temps de préparation sont courts. Il y a plein de...
- Speaker #1
Effectivement, c'était un créneau très avantageux. Moi,
- Speaker #0
j'ai trouvé,
- Speaker #1
en tout cas.
- Speaker #0
Et à ce moment-là, d'ailleurs, les gros... À l'époque, quand j'ai commencé, c'était vraiment le parent pauvre. Les gens regardaient en disant, la nature morte, ça faisait un peu chier.
- Speaker #2
Alors... Justement, toi, t'es pas très fan de la nature morte. Moi,
- Speaker #1
au début, alors, j'ai changé d'avis depuis que j'ai regardé votre roster. Mais alors, déjà, l'idée de nature morte, le mot, ce que ça évoque pour moi, c'est un petit peu... Et ce qui est... Et vous savez ce qui est paradoxal, c'est qu'en anglais on dit still life Comment est-ce qu'on peut appeler la même chose ? La vie et la mort dépendent du langage.
- Speaker #0
Justement, moi je suis tout à fait d'accord avec ce que vous venez de dire. Et j'utilise très peu nature morte Je l'utilise de façon très conviviale. Mais dès que je suis dans un… C'est still life qui prime parce que c'est quand même beaucoup plus sympathique que nature morte C'est vraiment… Effectivement, nature morte c'est… affreux.
- Speaker #1
Mais personne n'a envie.
- Speaker #0
Mais c'est le jargon.
- Speaker #2
Pas très vendeur.
- Speaker #0
C'est le jargon du milieu. Tout le monde comprend de quoi on parle. Dans la photo, en tout cas, dans la commande commerciale, quand on utilise ce terme, tout le monde sait à quoi on se réfère.
- Speaker #1
Alors, je vais en profiter pour parler de votre roster. Parce que moi, Olivier Foulon et Eric Sauvage, qui sont deux photographes que vous représentez, qui font de la nature morte, m'ont fait changer d'avis. Parce que je me suis rendu compte qu'en fait, Un objet quand il est mis en scène, c'est là toute la magie. Ça prend vie. J'ai passé dix minutes à regarder des copies d'escargots. Vraiment, c'est magnifique. Je vais faire un petit tour pour citer un peu les personnes avec qui vous travaillez. On a Vincent Bousserez, hyper intéressant. Il a une série qui s'appelle Plastic Life et que je vous conseille d'aller regarder. Hyper intéressante. C'est un peu une satire.
- Speaker #0
Oui, tout à fait. Après, il raconte plein d'histoires avec ce petit personnage. Donc, il peut créer des situations très drôles, très poétiques. Moi,
- Speaker #2
je trouve que c'est à la fois un truc qui est régressif et en même temps, c'est abordable. C'est-à-dire, on peut commencer à montrer ça à des enfants.
- Speaker #0
C'est drôle,
- Speaker #1
honnêtement, c'est drôle.
- Speaker #2
Oui, vraiment, il est hyper intéressant ce que fait Van Gogh.
- Speaker #1
Vous avez aussi Claire Kurt qui, elle, est spécialisée dans les commandes, les livres, les films.
- Speaker #0
Le lifestyle, on dit dans notre métier. C'est-à-dire qu'elle... Elle capture des moments de vie, de l'instantané, de la vie. Donc en fait, ça peut être des scènes de décoration ou à table. Donc elle a des clients qui sont un peu différents, qui vont être dans le milieu de la décoration ou de l'édition autour de la cuisine un peu. Parce que je vous ai dit que je ne faisais pas beaucoup de culinaire, mais je n'en fais pas pur, mais il y en a un peu quand même, à travers Claire, mais qui le fait avec des chefs. Et donc c'est une écriture, oui. Très instantanée, avec une lumière naturelle. C'est très féminin, c'est un peu cinématographique aussi. Des extérieurs, c'est assez beau.
- Speaker #1
Vous avez aussi Tim Flack, britannique, donc très célèbre pour ses portraits d'animaux, absolument magnifique. Moi, j'ai eu envie d'acheter un chat, littéralement.
- Speaker #0
Et puis, il s'investit aussi dans la cause des animaux en disparition. Absolument. Et avec un très haut niveau d'intervention. Il a une chaire à Cambridge. Enfin, il intervient, il réfléchit avec des gens. Ah oui, il est très entouré dans ses recherches. Et il réfléchit vraiment sur comment sensibiliser les gens à la... au problème de la préservation des espèces.
- Speaker #2
Je trouve qu'il les humanise, il y a vraiment un côté où ils ont des expressions. Oui,
- Speaker #0
il a fait un livre tout à fait qui s'appelle Mourn and Human où c'est vraiment ça.
- Speaker #2
C'est bluffant, c'est très impactant.
- Speaker #1
On a aussi Olivier Foulon qui est plus dans les natures mortes que j'avais cité justement sur les coquilles d'escargots et que j'avais trouvé superbe en mise en scène. Nils Herrmann qui est spécialisé plutôt en bijoux.
- Speaker #0
Oui, alors Nils, il a développé une capacité depuis quelques années ou une spécialisation. très particulière, c'est l'objet ancien. Et dans un monde où on retouche tout aujourd'hui, tous les objets sont très touchés quand on les montre. L'objet ancien, c'est un vrai sujet parce qu'il n'est pas neuf. Mais il faut quand même qu'il ait l'air beau. Et donc, quand on le prend en photo, il faut le prendre avec une précision et ensuite le retravailler pour qu'il soit beau, mais pas neuf. C'est un vrai savoir-faire. Mais ça, c'est très pointu.
- Speaker #1
On a aussi Renaud Marion. Alors lui, il a des projets personnels et des commandes. Il a une série qui s'appelle Air Drive. Alors pour tous les adeptes de Retour vers le futur, vous allez adorer.
- Speaker #2
Je suis un très très très fan.
- Speaker #1
Il peut voler des voitures de collection un petit peu.
- Speaker #0
Oui, c'est ça, des voitures un peu vintage auxquelles il a levé les roues. Et donc, c'est un peu effectivement de mélange de quelque chose de très futuriste et vintage en même temps. Elle a eu beaucoup de succès cette série. On a beaucoup tourné, on a fait une exposition, plusieurs expositions et c'est vraiment une très belle série. Renaud, c'est un photographe de grands espaces, d'architecture, un peu de portrait aussi. Les voitures, il les met devant le bâtiment,
- Speaker #1
donc ça se marrait très bien. Et Éric Sauvage, par lequel je termine et qui a été en fait votre première représentation.
- Speaker #0
Oui, c'est ça.
- Speaker #1
Vous avez commencé à travailler avec lui.
- Speaker #0
Oui, oui, tout à fait. On a démarré ensemble. tout à fait au début de l'agence. C'est quelqu'un que je représente depuis, je n'ose à peine dire,
- Speaker #1
25 ans.
- Speaker #0
C'est une tranche de vie. Et pour moi, c'est vraiment une réussite au sens où comme je vous disais, moi j'envisage le métier d'agent sous l'angle du temps long. C'est une collaboration dans le temps long pour que ça fonctionne bien. Et là, je trouve que c'est vraiment... Une belle réussite, parce que c'est quelqu'un qui travaille beaucoup.
- Speaker #1
Énormément de campagnes,
- Speaker #0
publicités. Voilà, mais bon, il a aussi un moteur personnel qui est toujours en action. Et c'est vrai que l'agent sans ce moteur ne peut rien faire. Il faut que l'auteur ait ce moteur et produise de la matière pour faire en vie, en fait, après au marché.
- Speaker #2
Mais ce moteur, on le retrouve aussi chez vous, puisque vous nous disiez tout à l'heure en off que s'il y a un projet qui ne vous plaît pas, vous n'y allez pas ?
- Speaker #0
Alors non, ce n'est pas du point de vue commercial. C'est-à-dire que du point de vue commercial, si une marque m'appelle et nous demande de faire un truc que je trouve sans intérêt, je serai toujours emballée. Moi, je suis toujours emballée quand on nous appelle. Je trouve ça toujours super et toutes les collaborations me plaisent et m'intéressent. Ce qui, en revanche, peut être quelque chose que je ne développe pas, c'est un nouveau marché. On a parlé tout à l'heure de l'IA. Je ne sais pas si j'ai le droit de le dire maintenant. Bien sûr. Par exemple, c'est un marché que pour le moment, je n'ai pas du tout développé, bien que certains de mes photographes, en particulier Vincent Pourez, a vraiment... abordé de façon hyper efficace. Mais pour le moment, c'est très prématuré et je ne sais pas comment le commercialiser. Du coup, je n'ai pas tellement d'envie. Donc, je suis un peu bloquée. Et pour un exemple plus simple aussi, on a parlé tout à l'heure des dossiers qui sont des artistes, auteurs, photographes qui sont purement avec un dossier culinaire, comme ça existe. dans notre métier et qui sont sur un marché qui est réel sur lequel il y a de quoi faire commercialement et ça j'ai jamais non plus choisi de représenter des dossiers comme ça parce que ça ça ne m'intéresse pas tellement ça me plaît pas en fait et je ne peux pas vendre quelque chose qui me plaît pas donc c'est en sac dans ce sens là où je peux pas aller je peux pas me jeter sur tout n'importe comment je sais pas du tout il ya plein de il faut que le dossier me plaise au départ pour que j'arrive à À le vendre, en fait. Je ne peux pas vendre quelque chose qui ne me plaît pas. En fait, c'est ça, je crois, comme on peut résumer.
- Speaker #1
Et comment vous avez commencé à travailler avec... Comment vous avez convaincu Éric Sauvage de travailler avec vous ? C'était votre première représentation. Vous veniez de l'achat de la chance.
- Speaker #0
Oui, à l'époque, il était plus jeune aussi. Et il n'avait pas autant de clients. Donc, il avait déjà été représenté. Et justement, grâce à mon ami, qui m'a présenté à l'époque une acheteuse d'art qui existe toujours, qui est une dame extraordinaire qui s'appelle Catherine Mahé, qui travaillait chez Saint-Laurent à l'époque. Et j'avais été avec mon amie chez Saint-Laurent, l'accompagner. Elle allait présenter ses dossiers mode. Et elle me présente à Catherine en disant, Je te présente mon amie Eleonore, elle va développer la nature morte à l'agence. Si jamais tu connais des photographes de nature morte, tu peux lui envoyer. Voilà, tout simplement. Et Catherine, elle nous a rencontrés toutes les deux. Elle aimait bien ma copine. On a bien accroché. Et puis, voilà. Après, elle a croisé Eric peut-être le lendemain. Elle a dit qu'il cherchait un agent. Il lui a dit, tiens, va voir Eleonore. Elle a l'air sympa. Voilà. Et il est venu. On s'est rencontrés. Et voilà. Et ça, c'est bien.
- Speaker #1
Et vous avez tout de suite accroché avec son travail ? Oui,
- Speaker #0
oui, oui. Et avec la personnalité, parce que c'est indissociable. Il y a... Je ne peux pas prendre un dossier qui est super beau si derrière, il n'y a pas une personnalité avec laquelle je me sens à l'aise. Parce que c'est un échange presque au quotidien. Donc, il faut qu'on ait envie de se parler. Il faut qu'on ait un langage commun, en fait. Si on est trop différent, même si le travail est très beau, j'ai essayé. Donc, je sais, j'ai pris des dossiers en me disant, non, c'est bien, il faut le prendre et tout. Mais la personne, je me sentais... pas super à l'aise et en fait ça marche pas très bien parce qu'on n'est pas dans le même c'est éthiquement il y a quelque chose qui match pas donc il faut qu'il y ait le dossier le travail soit inspirant et aussi il faut qu'on se sente à l'aise en tant que personne et il faut qu'il y ait une confiance aussi, il y a un truc qui est très important moi dans ma façon d'appréhender les auteurs que je vais représenter c'est leur rapport à l'argent Il faut que le rapport à l'argent soit très sain. C'est-à-dire qu'il faut qu'il y ait une confiance absolue et il ne faut pas qu'il y ait peur de se faire avoir. Il y a un truc que je n'aime pas du tout. Moi, c'est les gens qui sont toujours dans l'angoisse de se faire avoir. Non, on est généreux, on a envie de travailler, on est content d'un projet, on y va. Et puis, on est totalement solidaires financièrement et on partage ce qu'on arrivera à gagner. Voilà, moi, c'est vraiment ma vision.
- Speaker #1
Est-ce que c'est un problème que vous avez senti dans votre métier justement en tant qu'agent, d'avoir l'impression, d'avoir un peu cette image de la personne qui va prendre une part du gâteau ? Oui,
- Speaker #0
complètement. Le métier d'agent est parfois mal perçu et on a l'impression que c'est quelqu'un qui va effectivement bouffer la laine sur le dos de l'auteur. faire monter le prix artificiellement pour le commanditaire. Donc oui, il y a cette image-là qui n'est pas bonne du tout.
- Speaker #1
Et qui a toujours existé ?
- Speaker #0
Moi, je pense, oui, je l'ai toujours entendu. Je l'ai toujours entendu, mais parce qu'aussi, il y a dans nos métiers plein de personnalités différentes, plus ou moins aussi...
- Speaker #2
Fiables ? Ou droite, ou...
- Speaker #0
Voilà, c'est ça. Et puis, qui pratiquent différemment, qui sont plus ou moins sincères, plus ou moins... Voilà, mais la plupart, enfin, moi, j'en connais quand même énormément, des agents, la plupart le font avec une sincérité incroyable et une honnêteté incroyable. Et donc, ça me paraissait dommage que ça ne soit pas plus diffusé, cette idée.
- Speaker #2
Je reviens sur la relation longue que vous avez avec Éric Sauvage, qui était votre... Première représentation, quand on travaille avec le même artiste depuis aussi longtemps, est-ce que le niveau d'exigence baisse ? Est-ce qu'il y a une forme de lassitude qui s'installe ? Ou au contraire, c'est une relation qui est tellement forte qu'à la limite vous ne comprenez pas ?
- Speaker #0
Il y a un indicateur qui donne tout de suite le là Est-ce que le chiffre tient ? Est-ce qu'on est bon de ce point de vue-là ? Déjà, si on est bon de ce point de vue-là, on est déjà plus à l'aise. Parce qu'en face, effectivement, il y a un auteur qui a besoin de gagner sa vie, qui a des enfants. Il faut que ça tourne, quoi. Des studios. Donc, il faut que ça tourne. Mais à travers le temps, c'est une question de personnalité, mais c'est une confiance. C'est vraiment la confiance. Il n'y a aucune lassitude. Non, je ne crois pas qu'il y ait de lassitude dès lors qu'on a toujours des projets, des belles images. Et ça, ça vient du moteur, effectivement. Tant que le moteur chez l'auteur fonctionne bien, c'est fantastique. Que ce soit un Vincent, un Renaud ou un Eric, ils sont des gens qui produisent, qui amènent toujours une fraîcheur et un échange qui est nourri et riche. C'est mon bonheur au quotidien, c'est-à-dire mon échange avec eux. C'est la grande joie de mon métier. Parce qu'on est dans un échange simple, on est comme en famille en fait. D'ailleurs, la semaine prochaine, on fait un dîner à l'agence où je réunis tout le monde, je le fais au moins une fois par an. Et on échange sur le métier, etc. Mais c'est hyper sympa, c'est familial. Parce que moi, j'envisage ça dans le temps long. Et tous les artistes avec qui je travaille aujourd'hui sont des gens avec qui je travaille depuis des années. Parce que... Au début, on tâtonne, on se trompe, il y a des erreurs. Et puis au fil du temps, on comprend mieux quel genre de profil on doit représenter et avec qui ça va fonctionner.
- Speaker #2
Quelles erreurs vous avez faites ?
- Speaker #0
J'ai pris des auteurs avec qui ça n'a pas fonctionné. Je ne me suis pas entendue, je n'ai pas réussi à les développer, j'ai cru que ça allait marcher, ça n'a pas marché. Donc ça, pour moi, c'est un échec.
- Speaker #1
Et l'idée d'avoir un roster réduit à taille familiale, c'était une vision que vous aviez dès le départ ?
- Speaker #0
Oui, tout à fait. Merci de le souligner parce que c'est un choix. C'était un choix conscient que vous avez fait.
- Speaker #1
C'était un choix conscient et ça revient à ce que je viens d'expliquer. C'est-à-dire que moi, mon bonheur, c'est de communiquer la proximité avec les auteurs et la proximité au sens où je connais très bien leur travail. Je connais leur emploi du temps au sens où je sais quand ils sont disponibles, pas disponibles, leurs capacités, leurs attentes. Et donc, vis-à-vis d'un client, on va être super efficace, en fait, parce qu'on sait tout de suite répondre. C'est-à-dire que je n'ai pas besoin de dire, oh là là, il faut que je l'appelle. Je ne sais pas s'il va dire oui. Je ne sais pas s'il est disponible. Je ne sais pas. Je sais tout. Je sais. Je sais si ça va plaire. Je sais s'il voudra le faire. Je sais dans quelles conditions. Quasiment, je sais avec qui. Enfin, je sais déjà énormément de choses parce qu'on a cette proximité et ce travail dans la durée. C'est ça qui fait la... On est très forts en fait. On est très pro, on est ultra pro.
- Speaker #2
Mais justement, vous arrivez à mettre une limite entre le pro et le personnel ou c'est vraiment un peu lié ?
- Speaker #1
Ah oui, c'est complètement... C'est aussi ça qui fait dans le choix des profils, je pense. C'est qu'on a tous des vies dans l'agence, des vies familiales ou personnelles et ça ne se mélange pas du tout. Pas du tout. C'est assez incroyable, mais ça c'est aussi mon choix. Parce que, voilà, moi, quand j'ai commencé, j'avais déjà le début d'une vie familiale qui n'est pas du tout dans ce milieu-là. J'ai un mari qui est médecin. Enfin, on n'est pas du tout dans ce milieu-là. Ce qui est assez rare, d'ailleurs, parce que dans notre univers, généralement, ça se mélange beaucoup. Surtout dans la mode où là, il faut vraiment vivre le sujet. C'est-à-dire qu'on doit complètement en être. tout le temps pour faire du réseautage, pour connaître les bons...
- Speaker #2
C'est pas que la mode d'ailleurs. Toutes les agents qu'on a reçus...
- Speaker #1
Il faut y être à 200%. C'est vrai que moi, j'ai une façon de travailler qui fonctionne avec les auteurs que je représente. C'est que, voilà, on a une limite.
- Speaker #0
Et c'est pas presque un avantage, justement, d'avoir un mari médecin qui vous sort un peu de cet univers de temps en temps au lieu de tourner en boucle. Si vous aviez peut-être un partenaire qui était dans le même milieu, on parle toujours de ça. Oui,
- Speaker #1
c'est vrai. C'est vrai que ça met les enjeux en perspective. Parce que quand on passe une après-midi à savoir si on doit éclairer l'arête à droite un peu plus que l'arête à gauche, et que ça fait l'objet de 15... messages qui sont envoyés entre les gens présents sur le plateau, les gens qui sont dans les bureaux. Est-ce que le chef a validé ? J'en mets une encore en bas, en dessus. Et puis derrière, la vraie vie, avec les enjeux de la santé qu'on connaît tous et qui sont parfois autre chose.
- Speaker #0
Vous participez à la direction artistique d'un projet ?
- Speaker #1
A priori, le chef artistique, c'est le photographe. C'est l'auteur photographe. puisqu'on l'appelle pour son regard, pour son univers, c'est lui qui a la direction artistique. Maintenant, sur des petites choses, on peut très bien avoir un input, au sens où on va conseiller tel ou tel intervenant pour fabriquer le décor, le stylisme, qui va donner une couleur un peu différente. Donc on va être là, en appui, mais ce n'est jamais moi qui vais prendre la parole en disant, il faut faire comme ça, ou il faut faire comme ça. Je laisse toujours l'auteur, c'est lui qui drive l'image. Nous, on est là en appui.
- Speaker #2
J'ai appris en discutant avec vous avant qu'on se mette dans le studio qu'on parlait de droit d'auteur pour les photographes. Et moi, je pensais que c'était le droit à l'image.
- Speaker #1
Alors non, moi, je ne connais pas ce terme-là. Pour moi, le droit à l'image, c'est plutôt quelqu'un, une star qui va donner son image pour un produit ou quelque chose. Nous, on parle de droit d'auteur parce que le photographe réalise une œuvre, quelle qu'elle soit, dès lors qu'il produit une image. C'est une œuvre, ça s'appelle comme ça, et il a pour la diffusion de cette œuvre une contrepartie de droit d'auteur. Il est rémunéré sur la diffusion de cette œuvre. Donc c'est du droit d'auteur et c'est un statut particulier en effet, c'est pas un intermittent du spectacle. Oui,
- Speaker #2
donc s'il ne travaille pas,
- Speaker #1
il n'y a pas de part. Voilà, il n'y a pas de continuité du revenu, il n'y a pas de revenu pour le temps de la création, c'est le revenu n'est là que quand il fabrique. dans la prestation et dans la diffusion.
- Speaker #2
Et il n'y a pas aussi ce rapport des artistes qui, souvent, ont tendance à penser que l'agent doit porter les deals de manière un peu fluide. et qui sont dans l'expectatif.
- Speaker #1
Ah oui, tout à fait. La plupart des gens pensent que c'est comme ça.
- Speaker #2
L'agent non plus.
- Speaker #1
Ils pensent que l'agent, c'est miraculeux et qu'eux, ils n'y arrivent pas tout seuls. Et donc, ils vont prendre un agent et tout d'un coup, ça va être fantastique. Et en fait, pas du tout. Moi, je ne pense pas du tout. Je pense que nous, on est là pour accompagner un moteur qui est déjà en marche et on va pouvoir le potentialiser. mais si ce moteur ne tourne pas nous on ne peut rien faire L'artiste qui attend dans son coin que ça tombe comme ça ça ne peut pas fonctionner ça ça ne marche pas du tout et moi j'en...
- Speaker #2
Et ils comprennent ça ?
- Speaker #1
Alors non il y a beaucoup de... il y a beaucoup d'auteurs qui comprennent pas ça qui pensent que le fait d'avoir un agent ça va être la solution à tout alors qu'en fait pas du tout ce qui sera la solution à tout c'est leur capacité de produire et de produire des choses qui sont en écho à une demande commerciale. Mais de penser que l'agent va se substituer à ce qu'ils peuvent faire eux, ce n'est pas du tout vrai. Et de la même façon, on voit des gens aussi qui travaillent beaucoup tout seuls. Ils ont des carrières assez performantes tout seuls. Et puis tout d'un coup, il y a un creux. Et à ce moment-là, ils disent, il faut que j'aille prendre un agent, alors que c'est une erreur colossale d'analyse. Quand ça tournait à fond, il fallait à ce moment-là avoir un agent.
- Speaker #0
Pour capitaliser ?
- Speaker #1
Oui, et puis un agent, ça permet de... Et puis ça libère de plein de choses. C'est-à-dire que quand on travaille, nous, on apporte plein de solutions à plein de problématiques, dont une qui est hyper importante, ce qui est la récupération de l'argent. C'est déjà de le négocier et puis ensuite de le facturer et de le récupérer. On est dans des mondes où chaque étape est quelque chose.
- Speaker #2
Il y a beaucoup d'artistes qui n'aiment pas négocier, qui n'aiment pas parler d'argent. Dès qu'on prête de l'argent, ils sont en recul.
- Speaker #1
C'est très difficile de vendre son propre travail.
- Speaker #2
Bien sûr, bien sûr.
- Speaker #0
Est-ce que c'est une partie que vous aimez, la négociation ?
- Speaker #1
Oui, oui, moi je suis très à l'aise avec ça. C'est ma formation d'origine. Donc là, je n'ai aucun problème à parler d'argent. Et d'autant moins que, comme je vends quelque chose que j'aime, je suis droit dans mes bottes. Je n'ai aucun mal à défendre quelque chose. J'estime juste. J'ai l'impression qu'on vend quelque chose qui a une valeur. Et cette valeur, moi, je la reconnais, je la ressens. Et donc, je n'ai aucun mal à la défendre.
- Speaker #0
Mais je peux arriver à voir combien vous pouvez être convaincante. Moi, j'achèterais tout de suite.
- Speaker #1
Mais oui, mais je pense que c'est la confiance qui... qui est le maître mot de tout. C'est-à-dire que même nos clients doivent avoir confiance. Et pour inspirer confiance, moi j'inspire confiance parce que je suis sûre de ce que je vends. Bien sûr,
- Speaker #0
de toute façon c'est le secret de la vente. Il faut y croire déjà.
- Speaker #2
C'est pas un secret, mais vous avez commencé c'était en franc. Comment vous avez vu l'évolution de ce métier et de ce monde ?
- Speaker #1
Alors moi, j'ai commencé en franc, sans Internet.
- Speaker #2
On précise quand même, on ne peut pas abuser.
- Speaker #1
J'ai vu arriver l'euro, effectivement. Bon, ça, ce n'était pas grand-chose, mais c'est surtout l'Internet qui a été un truc incroyable. Parce qu'après, au moment de la création d'Internet, puis effectivement du développement des réseaux sociaux, c'est une explosion de la façon de montrer le travail. C'est-à-dire que... Avant, les images étaient dans un book. Pour savoir ce qu'il y avait dans le book, il fallait téléphoner à l'agent ou au photographe pour pouvoir découvrir les images. Aujourd'hui, on va sur un site et on voit tout ce que fait tel photographe. Tout est lisible. Open bar, on voit tout, tout, tout. C'est un changement incroyable.
- Speaker #0
Au point où on se demande si on prend le photographe ou pas un influenceur aussi. C'est les dérives.
- Speaker #1
Mais après, du coup, tout est possible. Et surtout que pour quelqu'un qui n'est pas hyper pointu, on ne peut pas toujours estimer la qualité du travail ou l'input réel de l'auteur. Donc, on peut se tromper dans un choix d'auteur pour interpréter une campagne. Mais ce que je veux dire, c'est que même pour les auteurs, c'est difficile parce qu'ils voient aussi le travail des autres. Les autres voient leur travail. et donc de garder confiance dans son travail, c'est difficile.
- Speaker #2
C'est beaucoup plus difficile. Le fait de voir le travail d'un autre, ça va impacter sur sa confiance ?
- Speaker #1
Oui, ça peut, parce qu'on se dit la vache, c'est vachement bien moi, je fais moins bien je caricature un petit peu, mais il y a un peu cette idée-là, quand tout le monde se regarde un peu, alors qu'avant, on produisait...
- Speaker #0
Chacun travaillait un peu dans son coin. Oui,
- Speaker #1
on voyait de temps en temps une image qui sortait, mais... Là, on voit tout. C'est incroyable.
- Speaker #0
Alors justement, est-ce que le fait que les gens arrivent à voir un peu ce que font les uns et les autres, ça ne fait pas une forme d'unification du marché où on arrive à avoir vraiment des directions ?
- Speaker #1
Bien sûr, il y a des tendances. Tout le monde fait le même truc. Tout le monde s'engouffre dans les mêmes choses. Et puis, de toute façon, le marché vit avec des cycles créatifs. Il y a des moments où il y a des choses qui sont très en vogue. On voit bien des genres d'écriture avec lumière, sans lumière. des fonds noirs, des fonds blancs. Il y a des moments, il y a des cycles créatifs où certains vont avoir des moments de gloire, puis tout d'un coup ça tourne. Ça passe un peu à d'autres. Mais en tout cas, on se voit, on se scrute. Et puis, ce qui fait que les images sont un peu lissées, c'est surtout les commanditaires. Ce qu'on produit en commande aujourd'hui, c'est très lissé. Il y a peu d'aspérité. Oui. Et c'est vrai que le marketing dans les entreprises impose des...
- Speaker #2
C'est toujours plus normé.
- Speaker #1
Ils veulent que ce soit, que le produit soit montré comme ça, avec un cahier des charges. Et donc, forcément, ça lisse un peu. On prend la retouche et on ne veut pas tellement d'aspérité.
- Speaker #2
Moi, j'ai remarqué que, c'est vraiment personnel ce que je veux dire, mais dans quasiment tous les domaines, J'ai l'impression qu'on est impacté par le fait que les gens sont moins professionnels, de manière générale. C'est vraiment partout.
- Speaker #1
Je suis d'accord, tellement d'accord.
- Speaker #2
Mais est-ce que le fait d'être très très pro, aujourd'hui, c'est limite moins bien vu ? Je ne sais pas, c'est une vraie question, mais est-ce qu'on n'est pas dans l'économie, dans ce qu'on appelle l'uberisation ? Je n'ai rien contre Uber, mais je veux dire dans ce côté un peu industrialisé, tout le monde fait tout.
- Speaker #1
mais même dans les artistes les musiciens font des films les mecs de mode aussi on a Tom Ford qui a fait des films voilà, il fait tout d'accord alors que moi je crois aux spécialistes je pense qu'on est j'adore les spécialistes les spécialistes ils voient des trucs que les autres voient pas, mais c'est une autre façon de faire après mais est-ce qu'ils sont moins bien considérés ? Je ne saurais pas dire, mais dans notre business, aujourd'hui, c'est vrai que c'est moins valorisé parce que l'œil est moins affûté. Oui,
- Speaker #2
on l'a tellement habitué à construire.
- Speaker #1
L'exigence de l'œil, nous, les directeurs artistiques avec lesquels on travaillait avant, ils étaient très affûtés. Ils avaient des exigences, ils avaient des références. Vraiment, ils étaient très impliqués dans ce qu'ils faisaient. Aujourd'hui, beaucoup moins. Beaucoup moins.
- Speaker #2
C'est dans tous les domaines, c'est fou.
- Speaker #1
Mais aussi, c'est le marketing aussi qui fait ça. C'est le fait de vendre les produits de la façon dont on vend les produits. C'est-à-dire qu'on lisse, on lisse, on lisse, on lisse. Donc, ça déteint sur tout. C'est-à-dire que l'enjeu de marketing il va déborder sur tout. Il va intervenir sur tout, sur la façon dont on parle des choses, la façon dont on les vend, la façon dont on les met en avant.
- Speaker #0
C'est aussi parce que le tempo s'est accéléré. Il faut tout rendre plus vite. On a des délais plus courts.
- Speaker #1
Il est devenu dingue.
- Speaker #0
Exactement. Donc, en fait, on a beaucoup moins de temps pour perfectionner. Oui,
- Speaker #1
bien sûr. Parce que nous, les projets, on reçoit des projets, mais gros, parfois, des trucs comme ça, où il faut produire beaucoup d'images, du film, du machin. Et on nous dit... On est, je ne sais pas, au jour 1 et on nous dit qu'il faut qu'on ait tout fini à J plus 30 ou J plus... Bon, ça ne vous parle pas, mais ce que je veux dire, c'est que le temps de préparation, de fabrication, de post-production, il est quand même réel. Donc à un moment, on ne peut pas... Alors c'est vrai qu'avec le numérique, tout va très vite parce qu'on s'envoie les choses. C'est ça qui a créé cette fluide. Et puis on met sur Instagram, on met sur les réseaux très vite.
- Speaker #2
Oui, mais le temps de créativité,
- Speaker #0
du coup...
- Speaker #1
Le temps pour faire, c'est raccourci et pour préparer surtout. C'est le temps de préparation. Alors là où on voulait un beau décor, mais si tu veux avoir ce super effet, il faut passer par machin, il va te faire cette texture, il va te donner ce rendu, etc. Non, on n'a pas le temps parce que c'est même pas une question d'argent. Non, on n'a pas le temps parce que moi, il faut que ce soit fait en une semaine. On se coupe des possibilités, c'est sûr. On se coupe des possibilités, mais moi je suis bien d'accord que les... Moi je crois au cycle, c'est-à-dire que là c'est comme ça, il y a bien un moment où si quelqu'un fait un truc super beau, on se dira, ah merde, c'est vachement bien ce qu'ils ont fait, comment ils ont fait ? Ah bah ils ont fait en argentique, ils ont préparé pendant un mois, s'il y en a un qui le fait comme ça et que c'est super beau, c'est un peu le cas chez Hermès, qui donne quand même un tempo qui fait envie à tout. tout le monde adore parce que eux c'est une entreprise qui reste une entreprise familiale donc ils n'ont pas l'exigence de la rentabilité comme ont tous ces groupes c'est eux qui mettent le taille donc ils choisissent mais du coup ils se placent naturellement au-dessus de la mêlée on a l'impression de par ce positionnement parce qu'ils n'ont pas besoin de rendre des comptes à des investisseurs et à des actionnaires donc ça change tout Ça change tout. Ils n'ont pas une rentabilité. Ils ne sont pas obligés de promettre une rentabilité. C'est une famille. Ils choisissent leur tempo.
- Speaker #2
Et en interne, ils ont une gestion aussi de redistribution qui est...
- Speaker #1
Après, je ne connais pas tous les détails,
- Speaker #2
mais je suis sûre que ça influence. De la caissière jusqu'à... Oui, c'est vrai.
- Speaker #1
Mais ce que je veux dire, c'est que ça, qui effectivement tue, même dans le voie, dans le luxe. tous ces gros groupes qui sont particulièrement LVMH. C'est compliqué de travailler avec LVMH aujourd'hui. Parce qu'on n'est limite plus dans le luxe. On est dans une industrialisation. C'est-à-dire qu'on ne se donne pas le temps, on ne réfléchit pas, on va vite. On s'est pris le chou en disant je vais faire ce produit sur fond blanc. Et puis après il y a le chef qui dit ah ben non, moi je veux un fond noir. Alors on a fait des beaux reflets, des beaux retours. autour, tout le monde s'est pris le chou. Et puis à la fin, on va mettre un fond noir, on va détourer, on va faire un truc dégueulasse. Enfin, que nous, on trouve dégueulasse. Et ça ne gêne personne. Donc c'est ça que je veux dire, c'est qu'à un moment, c'est le chef, il y a ce problème dans les boîtes.
- Speaker #2
C'est le créateur qui décide.
- Speaker #1
Voilà, voilà, exactement. Alors,
- Speaker #0
on a reçu Laurence Torgeman, et on vous mettra le lien de l'épisode, qui, elle, avait un autre point de vue là-dessus. Elle, elle nous disait qu'au contraire, aujourd'hui, les marques, les grandes maisons, elles cherchent une patte. elle cherche vraiment à rêver. Oui, tout à fait. Et elles vont aller chercher un artiste pour sa patte en particulier. Et donc, il ne va pas forcément rentrer dans des contraintes techniques ou un brief que la marque va lui imposer.
- Speaker #2
C'est le produit qui va s'adapter.
- Speaker #1
Oui, alors ça, c'est le vœu pieux de départ. Elle a raison, Laurence. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, ils veulent avoir en face d'eux un univers très créatif, très disruptif, très nouveau. Voilà. Mais à la fin, Ce qui va sortir, ça va être très lissé. En fait, au départ, on est toujours dans cette envie. Et là, les marques, ils ont envie de rentrer, de s'approprier cet univers. Mais à la fin, quand on voit ce qui sort...
- Speaker #2
Pas le risque, quoi.
- Speaker #1
Non, parce qu'elles ne peuvent pas. Il y a un chiffre d'affaires à produire, il y a un cahier des charges, il y a un produit à montrer. Il faut que ce soit clac-clac. Et à la fin, on revient toujours au même truc. Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, là où... où Laurence a raison et je suis tout à fait d'accord avec elle, pour rentrer chez les marques, il faut montrer des écritures très fortes, quelque chose de plus artistique qu'il y a quelques années. Il y a quelques années, il fallait montrer des références. Mais c'est là où je parle de cycle, en fait. Il y a des modes. Avant, il fallait montrer des références. Quand on voulait faire du parfum, il fallait montrer vraiment du parfum. Aujourd'hui, maintenant, pas du tout. On va montrer un paysage avec une pierre au milieu et on va faire un parfum. C'est assez étonnant.
- Speaker #2
C'est quoi le plus difficile pour vous aujourd'hui dans ce métier ?
- Speaker #1
Aujourd'hui, c'est de rencontrer les gens. Rencontrer les gens, c'est devenu difficile. Avant, les gens étaient dans leur bureau.
- Speaker #2
Tous ultra connectés, on peut se contacter hyper facilement.
- Speaker #1
Oui, mais se voir en visu.
- Speaker #0
c'est devenu beaucoup plus difficile peut-être que les gens ne font plus l'effort justement parce qu'on peut se détexter et puis aussi parce que tout est visible partout,
- Speaker #1
donc ils n'ont pas besoin de rencontrer les gens moi je ne demande même pas aux gens de se déplacer je vais les voir, je suis ravie je vais les voir dans leur bureau, on discute, je montre le travail et ça c'était un truc qu'on faisait et même avant, quand on préparait des réunions de production, ce qu'on appelle un... Une pré-production, une réunion de pré-production, on rencontrait les gens dans leur bureau, on se déplaçait, on allait dans les bureaux, maintenant on fait tout en zoom, on se déplace beaucoup moins, c'est ce côté là que je trouve aujourd'hui un peu difficile. C'est le post-covid ? Oui, post-covid plus la connexion, oui, pour faciliter les choses et le télétravail, donc les gens sont moins dans leur bureau, donc ils peuvent moins vous recevoir, c'est plus compliqué. je connais très bien et que j'aime beaucoup et je sais qu'il m'aime bien et qu'on a plaisir à se voir. C'est compliqué de se voir. C'est incroyable. On voit bien, le déjeuner va être dans l'agenda et va se décaler trois fois avant qu'on arrive à le mettre en place. Et ça, je...
- Speaker #2
C'est l'humain qui est empathie, finalement.
- Speaker #1
Oui, je pense qu'on perd quelque chose là.
- Speaker #2
Plus, on va en parler, l'avènement et le développement massif de l'IA, de l'intelligence artificielle. Alors, oui,
- Speaker #1
aujourd'hui, c'est encore un peu tôt pour voir quelque chose. Moi, dans mon quotidien, pour le moment, je ne vois pas d'impact réel, à part le fait que ça existe et qu'on en parle. Et qu'effectivement, dans les agences, ils commencent à l'utiliser, à produire pour les clients. Non, mais... Aujourd'hui, pour faire des belles photos dans des formats adaptés à des exploitations de très grande taille, on n'y est pas encore tout à fait. Et puis, je pense que ça reste un outil et que la créativité, ça ne se remplace pas. Mais c'est sûr que ça va nous prendre une part de marché. Et puis, c'est un truc un peu inhumain puisqu'on est tout seul derrière sa machine quelque part. Donc, la notion de travail d'équipe qui est le plateau photo aujourd'hui. c'est hyper simple, le plateau photo vous avez toute une équipe il y a le photographe il y a l'assistant, il y a celui qui s'occupe du décor, alors s'il y a effectivement des mannequins, il y a aussi ceux qui s'occupent du mannequin, donc qui l'habillent qui le maquillent, donc ça fait quand même toute une...
- Speaker #0
ça fait un travail d'équipe bien sûr,
- Speaker #1
on est nombreux ils viennent sur le client, sur l'agence donc c'est une journée où il y a beaucoup de monde c'est des groupes Il y a des échanges, c'est gai. Alors que si on est tout seul derrière son ordi, c'est sec, l'IA.
- Speaker #0
Et puis il y a un truc qui, moi, me perturbe beaucoup dans l'IA, c'est le teint parfait, c'est la texture parfaite de la peau, cette espèce de perfection à laquelle je me dis, si on s'habitue à cette perfection, comment on va réussir ?
- Speaker #1
Alors, moi, je trouve qu'on est déjà bien habitués, parce que quand on voit les retouches qui sont faites sur les images, il y a des images qui sortent et qui ne sont pas... très très lissé, c'est ce dont je parlais tout à l'heure c'est-à-dire que c'est l'image lissée qui prévaut donc surtout on ne tolère pas les simples questions qui sont assez peu tolérées donc on est déjà bien habitué mais c'est vrai que l'IA donne un côté un peu plus synthétique, ça pousse un petit peu le côté synthétique de l'ensemble et c'est vrai que ça c'est très perturbant mais c'est pour ça que je crois au cycle à nouveau, c'est-à-dire que Il y a ça qui se développe, mais il y a aussi le retour Ausha l'argentique. On a toujours cette envie du réel, du grain. Et ça, ça existera toujours aussi.
- Speaker #2
C'est paradoxal parce qu'effectivement, il y a l'IA qui se développe massivement. Et d'un autre côté, on a, comme vous dites, le retour à l'argentique. Moi, je n'ai jamais vu autant de jeunes acheter les Kodak jetables, alors que c'est un truc de notre époque à nous, quand on était gamins. Mais oui,
- Speaker #1
mais parce que...
- Speaker #2
Ce n'est pas drôle d'avoir ce retour à l'authentique.
- Speaker #1
Mais voilà, mais parce que c'est ce que... C'est ce que j'expliquais tout à l'heure, c'est la notion du cycle. Et puis après, je pense que les choses s'équilibrent. C'est-à-dire qu'on va à fond. Moi, j'ai vu quand la retouche numérique s'est développée, on est allé à fond. Les marques, les photographes, les images. Ouais, ouais, ouais, les images avec des montages, avec des trucs et tout. Et puis après, il y a eu un peu un ras-le-bol de ça. Et donc, on est revenu à des choses plus naturelles.
- Speaker #0
On a remis du frein sur les photos. Voilà.
- Speaker #1
Et donc... c'est des modes et donc après ça s'équilibre mais il empêche que quand même au passage on perd des plumes et donc l'IA ça va être ça, c'est à dire que je ne suis pas non plus Zara Soustra, je ne sais pas tout à l'avance mais je veux dire ça va quand même bouffer certains marchés, c'est évident mais ça ne pourra pas remplacer quand même complètement c'est sûr que non.
- Speaker #2
A quel moment vous vous êtes rendu compte que le concept de photo il est passé d'un objet physique, qu'on touchait, qu'on regardait, qu'on développait, à quelque chose qu'on prend à foison, dans lequel on zoome, on déplace.
- Speaker #1
Alors nous, on l'a vécu.
- Speaker #2
Si on demande à un jeune de 15 ans aujourd'hui, c'est quoi une photo ? Il va se dire, c'est ça,
- Speaker #1
je l'en prends. Oui, c'est un gros problème pour le droit d'auteur, pour la diffusion, la consommation, l'ultra consommation de l'image, dématérialise l'auteur. C'est-à-dire qu'à un moment, on ne réalise plus qu'il y a quelqu'un derrière l'image qui l'a faite. on oublie que quelqu'un l'a faite en fait et c'est ça le... oui c'est très embêtant pour la photographie et nous dans tous les actions enfin on n'en a pas encore parlé mais toutes les choses dans lesquelles on va arriver à ça vous êtes présidente des agents associés donc vous allez nous expliquer pourquoi voilà ça ça fait partie des sujets dont on s'occupe mais nous on l'a vu commercialement je reviens sur le concept de photo oui de ce qu'on fabrique oui Mais commercialement, moi, je me souviens des prises de vue où on sortait un Polaroid. Et donc, il y avait un petit suspense pour savoir ce qu'elle est dessus. Et puis, il y avait aussi un petit cours pour le lire, le Polaroid. Parce que le Polaroid en 4-5 fait à la chambre, c'est un truc particulier. Et donc, tout le monde ne sait pas le lire. Donc, il faut expliquer au client. Donc, il y a quand même le rôle du photographe était bien plus sacralisé que maintenant. Aujourd'hui, que se passe-t-il ? Vous faites une prise de vue, il y a un écran. de retour et vous avez derrière l'écran évidemment le photographe qui regarde mais vous avez aussi le commanditaire, l'agence, éventuellement le stagiaire et puis tout le monde y va de son commentaire.
- Speaker #2
C'est pas un phénomène, c'est un phénomène.
- Speaker #1
Tiens, on dirait un poisson. Et puis alors à ce moment-là, ça crée des trucs surréalistes, des situations et donc ça désacralise beaucoup.
- Speaker #2
Du coup, on ne respecte plus l'œuvre.
- Speaker #1
Moins. elle est dépistée il se rend plus con alors que le point de vue de l'artiste c'est le moment où il prend sa photo voilà et donc c'est vrai que c'est là où il faut être fort pour arriver justement à montrer qu'on maîtrise son sujet et montrer les subtilités qu'on peut créer les diverses on essaye des choses et on profite de l'outil et de son agilité pour justement montrer les choses différentes en un espace temps court pour montrer les choix possibles... et donner la possibilité aux clients de choisir des pistes. Et donc là, c'est enrichissant, c'est intéressant. Et l'artiste a pu, l'auteur, le photographe, a pu exprimer quelque chose de l'ordre de la compétence.
- Speaker #0
Et c'est là où votre rôle est indispensable aussi, parce que vous allez venir défendre aussi la vision du photographe.
- Speaker #1
Alors, absolument. Non, mais c'est sûr que quand c'est difficile sur un plateau, moi, je n'y suis pas tout le temps sur les plateaux de shoot, mais quand c'est difficile et que je sens... On sait quand ça va être difficile, on le fait en avance, ça va être compliqué. Voilà, donc à ce moment-là, on va temporiser, on va faire en sorte que les choses circulent fluides et qu'à la fin, tout se passe bien. Mais oui, là, il y a effectivement un rôle pour fluidifier la communication.
- Speaker #0
Qu'est-ce qui vous a rendu agile en négociation ? Comment vous avez appris à négocier ?
- Speaker #1
Alors, moi, je pense que c'est la personnalité. D'abord, j'ai... Je n'ai pas cette peur de se faire avoir dont je parlais tout à l'heure. J'ai confiance dans l'autre, a priori.
- Speaker #2
Ça vous a joué des tours ou pas ?
- Speaker #1
Je ne peux pas savoir. Moi, j'estime que si le deal est bon, me plaît, ça me suffit. Je n'ai pas besoin de me dire, il avait peut-être 100 000 de plus et il ne me les a pas donnés. Ça m'est égal. C'est ce que je dis toujours. Si on est content de ce qu'on a, on est content de ce qu'on a. On ne va pas commencer à se dire, il avait peut-être 100 000, il se les a mis dans la poche. Au passage, ça m'est égal. Ce que je veux, c'est qu'on vende notre travail au prix juste et qu'on soit content de l'ensemble. Mais il n'y a pas l'angoisse d'en avoir encore plus. Pas du tout. Et ce qui me rend bonne dans ma négociation, c'est d'être sûre de mon produit.
- Speaker #0
Ok,
- Speaker #2
c'est évident.
- Speaker #0
Ça paraît évident,
- Speaker #2
mais c'est sûr qu'on négocie mieux quand on sait ce qu'on vend et qu'on est passionné.
- Speaker #1
Et justement, cette proximité avec les photographes que je représente, ça me permet de parler de leur travail d'une façon...
- Speaker #0
Vous les connaissez par cœur, en fait.
- Speaker #1
Bien sûr.
- Speaker #0
Et de la même façon, le lien que vous avez tissé au cours des années avec les annonceurs fait que vous êtes une long-termiste. Vous voyez les choses sur le long terme, dans ce que vous dites. Oui. Est-ce que c'est un lien que vous avez travaillé aujourd'hui ? Vous travaillez avec des annonceurs depuis des années, c'est toujours un peu les mêmes. Est-ce que ça vous a permis de... C'est comme ça que vous avez travaillé votre tissu en fait ?
- Speaker #1
Alors, la difficulté de notre milieu, c'est qu'on est dans un milieu de la création. Et donc, le renouvellement créatif passe souvent par le changement de l'interlocuteur. On se dit, je travaille avec machin, si je travaille avec machin pendant cinq ans, Ouais mais bon là on va se renouveler, on va changer machin. Alors que machin peut peut-être faire quelque chose différemment.
- Speaker #0
Mais ça, jamais. Nous, on est confrontés à ce problème. C'est-à-dire qu'on a beau avoir fait bien, au bon prix, à la satisfaction de tous, il y a un moment où le renouvellement, ça passe par je change d'interlocuteur Et on recommence. Voilà. Et donc nous, on commence toujours avec la page blanche, en fait. Et chaque année, on redémarre à zéro. Mais bon, on redémarre à zéro, mais on a des belles références, on a construit. Donc au fil des années, quand même, on a de quoi rassurer. Mais c'est vrai que c'est rare d'avoir... Un client qui reste avec nous pendant des années et des années. Ça reste pendant un an, deux ans, trois ans. Et puis après, paf, ça tourne parce qu'aussi, il va y avoir chez le client quelqu'un de nouveau.
- Speaker #1
Un changement de direction.
- Speaker #0
Là, il peut prendre des équipes à lui, qu'il connaît. Ça peut être plein de choses, mais quand même, fondamentalement, le renouvellement créatif passe d'abord par le changement d'interlocuteur. C'est vrai chez les marques qui vont changer d'agence. Voilà, c'est pour nous. Donc, c'est une réalité. C'est la difficulté de notre métier. Ça rend la chose très difficile parce qu'on n'est jamais sécurisé en se disant là, c'est bon, je l'ai pendant... Alors qu'il y a des métiers où on peut rester en place pendant des années avec les mêmes clients.
- Speaker #1
Mais aussi, c'est peut-être pas plus mal parce qu'est-ce qu'on s'endort pas un peu finalement quand tout coule comme un long fleuve tranquille ? Est-ce que ça rend pas la...
- Speaker #0
Moi, je trouverais que ce serait agréable d'avoir un espèce de fond de sauce graphique et ensuite d'aller chercher de la nouveauté.
- Speaker #1
Ça pourrait être un VRX Live.
- Speaker #0
C'est très confortable.
- Speaker #1
Ce serait pas mal.
- Speaker #2
Mais est-ce que ce n'est pas dans ce but-là aussi d'apporter un peu de stabilité que vous avez créé les agents associés en 2014 ?
- Speaker #0
Ah non, alors ça, c'est complètement différent, les agents associés. D'abord, ce n'est pas moi qui les ai créés. Ça existait... Un truc très ancien qui était endormi et qui s'est réveillé au début des années 2000, au moment où le marché est devenu un peu plus compliqué. Et donc il y a eu une envie de se réunir, les gens qui faisaient le même métier, pour échanger et voir si on travaillait de la même façon, et voir si on pouvait protéger un peu le métier, et notamment le droit d'auteur qui était très attaqué. C'est-à-dire qu'aujourd'hui... Il y a des années, c'était très simple d'avoir le droit d'auteur. C'était une évidence. Tout le monde, personne ne le discutait. Et aujourd'hui, on est dans un rapport de force inversé. C'est-à-dire qu'on nous impose des tarifs et qui vraiment bafouent souvent le droit d'auteur. Donc, c'était... C'est parce qu'ils sont trop bas ? Aujourd'hui, oui. Ils sont beaucoup baissés. Oui, beaucoup baissés. Oui, oui. Et donc, ça, c'est très embêtant parce que comme on en parlait tout à l'heure... L'auteur photographe, c'est quelqu'un qui vit avec ses droits d'auteur et sa prestation. Donc, s'il ne vend pas bien ses droits d'auteur...
- Speaker #1
Il n'y a pas de revenu.
- Speaker #0
Non, alors que son image va être utilisée pendant des années. Ce n'est pas juste.
- Speaker #2
Et surtout maintenant, je pense que les images sont encore plus utilisées. Oui,
- Speaker #0
ce n'est pas juste. Il y a quelque chose de pas normal là-dedans. À l'époque, il n'y avait même pas les réseaux sociaux. Déjà, ça commençait à se fragiliser un petit peu. Et donc, il y a eu cette réunion d'agents qui, moi, m'a donné beaucoup d'informations parce que je faisais le métier depuis quelques années et je me demandais effectivement comment travaillaient les autres. Je ne les connaissais pas parce que je connaissais ma copine, mais je ne connaissais pas tellement les autres. Et donc, à travers ces réunions, j'ai découvert en fait un monde avec des gens qui travaillaient sur des segments de marché très différents, avec des techniques un peu différentes, mais qui, au fond, avaient la même préoccupation qui était la représentation d'un auteur. et la vente de sa prestation et de ses droits. Et les agents associés regroupent aujourd'hui une quarantaine d'agents qui sont à la fois des agents de photographes et aussi des agents d'illustrateurs. D'accord. Donc on est un peu plus large que la photographie.
- Speaker #2
Et on présente 600 créateurs quand même, c'est énorme.
- Speaker #0
En tout, ça fait 600 auteurs, c'est énorme. C'est énorme. Et c'est vraiment une force de représentation et une expertise aussi de connaissance de notre marché. Et moi, ce qui m'intéressait dans cette association, d'abord le collectif m'intéresse et on en parlait au début de notre conversation, c'est l'image de l'agent. Je pensais que c'était quelque chose qui avait besoin d'être revalorisé en fait. Et il me semblait que ça, c'était un axe, on avait une voix commune pour dire attendez, on existe, on sait travailler, on a des méthodes, on a des références. et on a un input positif dans l'évolution de la carrière d'un auteur. On n'existait pas en tant qu'interlocuteur au sein du monde de la photo et en fait on a bien travaillé l'officialisation de notre input et aujourd'hui on est reconnu par... tous les métiers de la photo. C'est vachement important de se dire que l'agent, c'est un vrai interlocuteur qui fait avancer les choses. C'est un interlocuteur constructif.
- Speaker #1
C'est un pari récolté.
- Speaker #0
De ce point de vue-là, les agents associés, ça a bien fonctionné. Et aussi, on travaille après pour réfléchir sur notre métier, comment l'optimiser, comment protéger les droits d'auteur, réfléchir à l'IA.
- Speaker #2
Vous voyez la solution ? Comment est-ce qu'on contrôle les droits à l'image, les droits d'auteur sur les photos ?
- Speaker #0
Contrôlée, c'est-à-dire ?
- Speaker #2
Avec cette manière d'utilisation qu'on ne utilise pas.
- Speaker #0
Alors, il y a deux problématiques. En fait, c'est le tarif au départ, combien je le vends. Et après, est-ce que l'image est bien utilisée comme on m'a dit qu'elle serait utilisée ? C'est ça dont vous parlez. Alors ça, effectivement, on a une assez peu, enfin, une petite maîtrise là-dessus puisque c'est, à un moment, c'est une question de confiance. Mais en France, on est bien protégé. Si on voit que l'image est utilisée alors qu'elle ne doit pas l'être. on a des recours juridiques solides quand même. Donc les gens ne jouent pas tellement avec ça. Ceci étant dit, on voit bien quand même qu'il y a des images en temps qui se promènent et on encourage les auteurs à avoir des dispositifs numériques. Ils peuvent en fait taguer leurs images et donc quand elles se promènent sur la toile...
- Speaker #1
Ça va arriver à ça.
- Speaker #0
Oui, ils peuvent savoir.
- Speaker #1
Avec des méthodes.
- Speaker #2
Donc il y a quand même des choses qui ont été mises en place pour les protéger.
- Speaker #0
Ah oui, oui, oui. Mais ça, ce n'est pas les agents associés qui l'ont initié, mais nous... Nous, on se sert de notre collectif pour en parler, pour trouver des solutions. On réfléchit à l'IA. Donc, on réfléchit à toutes les problématiques qui sont liées à notre secteur.
- Speaker #1
Alors, il y a autre chose que les agents associés ont mis en place, c'est le prix des jeunes talents. C'est drôle, parce que c'est votre bébé. C'est votre bébé ? Oui, oui. Justement, j'étais curieuse parce que votre roster, vous n'accueillez pas. pas de, sauf si je me trompe, mais je comprends que vous n'accueillez pas de nouveaux photographes. Vous travaillez avec...
- Speaker #0
Non, non, non. C'est... Alors, deux choses différentes. Oui, le prix Jeune Talent, en fait, c'est un... Je dis que c'est mon bébé, mais je le partage quand même. À l'époque, c'était Catherine Kueckermann, qui était un agent de photographie très connu, qui avait eu cette idée de mettre en place ce prix Jeune Talent. Et en fait, c'était une façon pour nous d'organiser un événement en tant qu'agent associé autour d'une dimension de notre métier qui est de repérer les jeunes talents. Et donc c'est montrer une capacité, et c'est positif de notre métier. Et donc on a organisé ce prix qui met en avant chaque année 12 finalistes, 6 en illustration et 6 en photographie, et qui leur donne en fait la possibilité, c'est un petit peu comme un mentorat, c'est-à-dire qu'on va les aider. on va leur donner un retour sur leur travail, on va leur donner des connexions, on les convoque à une soirée, on leur donne une table, ils mettent leur travail sur la table et on invite les acteurs du marché, on invite les agents. Et en une soirée, ils gagnent deux ans. Parce qu'avant d'arriver à rencontrer tout le monde, c'est hyper difficile.
- Speaker #1
Ça n'existe pas dans d'autres... Enfin, peut-être à des castings et tout, mais...
- Speaker #2
Pour le cinéma, t'as le Nikon Film Festival.
- Speaker #0
Ça, je ne sais pas dire. Je ne sais pas si ça existe dans d'autres trucs.
- Speaker #2
Je prends des commentaires de deux minutes et puis c'est un jury assez prestigieux.
- Speaker #1
C'est un peu un tremplin pour la photographie, en tout cas pour les jeunes photographes.
- Speaker #0
Nous, on trouve que ça les aide et en ça, on est soutenu par le ministère de la Culture, en fait, puisqu'on dit un auteur, c'est bien, mais un auteur qui gagne sa vie, c'est mieux. Et il peut gagner sa vie évidemment en vendant son travail personnel, ses tirages, en ayant un développement artistique. Mais il peut gagner sa vie aussi en ayant de la commande. Et nous, on lui donne un peu les clés pour comprendre ce que c'est que la commande, ce que c'est qu'un agent, ce que c'est qu'un commanditaire. Et ça, un jeune auteur, il ne le sait pas tout seul. Et c'est vrai que le fait de venir à notre prix et d'être sélectionné pour être dans cette soirée, cet événement où on met en... en lien tout ce monde-là, il sort de là et il a gagné deux ans. S'il est malin, il a noté les noms, les mails, les trucs, et puis après, il tient au courant, il relance, et il voit bien ce qui lui a plu, ce qui lui a pas plu, ce que les gens ont fait comme feedback sur son travail. Et donc, c'est hyper constructif. Et c'est en ça que le ministère de la Culture nous soutient. C'est-à-dire qu'il dit c'est mieux que d'avoir des auteurs qui gagnent pas d'argent, qui souffrent.
- Speaker #2
Il y a de l'argent, le vainqueur ?
- Speaker #0
Le vainqueur, il ne gagne pas d'argent. Nous, on ne lui donne pas d'argent, mais il lui donne. Il gagne un carnet d'adresse et après, il gagne la possibilité de se développer s'il est astucieux. Parce qu'on revient toujours au même. Il faut que son moteur fonctionne.
- Speaker #1
Est-ce que vous avez repéré des talents qui ont intégré l'agence ?
- Speaker #0
Alors, je ne l'ai pas fait parce qu'effectivement, je n'ai pas eu l'occasion d'élargir. C'est vrai que j'ai du mal aujourd'hui à prendre des... parce que je suis dans le temps long, comme on a expliqué, et donc je sais que quand je vais prendre un... je vais m'engager auprès d'un auteur, en tout cas de mon côté, ça sera dans la durée.
- Speaker #1
C'est hyper intéressant. Combien de temps ça prend de développer ?
- Speaker #0
Moi je pense qu'il faut bien 2-3 ans déjà pour arriver à mettre les choses un peu en place et à familiariser le marché. Parce qu'en fait... Ce qui est intéressant, c'est quand on fait circuler un nom avec son travail, avec des références associées, il y a un moment où on crée une familiarité. Moi, je le vois bien moi-même. Il y a des gens qui m'envoient régulièrement des news. Et puis, à force de la recevoir, à force de le lire, et puis de me dire, ça, c'est pas mal, ça, c'est pas mal. À la fin, j'ai comme une espèce de capital sympathie pour la personne que j'ai pourtant éventuellement jamais rencontrée. Mais il m'est familier tout d'un coup. Et donc ça, ça prend du temps. Je vous donne un exemple à l'usure peut-être. Oui,
- Speaker #2
elle a creusé. Oui, oui,
- Speaker #0
oui. Moi,
- Speaker #1
j'aime bien le capital sympathie, c'est bien. Oui,
- Speaker #0
parce que c'est...
- Speaker #2
Elle a continué, elle vous a relancé.
- Speaker #0
Oui, c'est-à-dire que ce n'est pas quelque chose d'agressif. C'est comme à... Parce que moi, je ne suis pas du tout comme ça. Il y a des gens qui sont commercialement... très efficaces. De recul, comme on dit. Oui, non, mais c'est-à-dire qu'ils vont effectivement forcer les portes et tout.
- Speaker #1
Vous êtes la force tranquille.
- Speaker #0
Moi, je ne sais pas mon registre. Moi, je reviens avec quelque chose, je fais briller, je fais briller. À un moment, ça brille tellement qu'on en a envie. Voilà, c'est un peu ça.
- Speaker #1
Et donc, oui, trois ans pour développer un jeune talent, ce qui veut dire qu'on doit avoir les reins solides, une trésorerie solide. Donc, c'est ça ce que ça coûte aujourd'hui de développer un jeune talent. Pour un jeune agent, c'est vraiment un message ?
- Speaker #0
Oui, parce qu'aujourd'hui, au début, évidemment, on ne va pas lui confier des campagnes où il va gagner tout de suite énormément, sauf quand il est sélectionnel, ça peut arriver, mais ce n'est quand même pas le général. Et donc, il y a un temps où, effectivement, il va gagner assez peu d'argent. Donc, il ne faut pas espérer tout de suite transformer. Donc, il faut avoir le temps long. Il ne faut pas non plus qu'il s'impatiente. Il faut qu'il y ait une combinaison des facteurs. Il faut qu'à la fois, il ne s'impatiente pas, qu'on trouve qu'il ait des choses. C'est pour ça que prendre un très jeune auteur, c'est très courageux. D'autant qu'aujourd'hui, avant, il y avait la presse qui nous aidait beaucoup à développer les jeunes. Et maintenant, c'est vrai que la presse, elle ne paye plus. Et les rares supports qui sont un peu lus sont pris d'assaut. Donc, il faut aller comme ça. C'est un peu ingrat. Donc, c'est plus difficile aujourd'hui de prendre un jeune auteur. Mais en même temps, c'est hyper sympa. Mais s'il a un moteur qui enregistre et tout, why not ? Non, non, moi, je suis toujours ouverte.
- Speaker #2
J'aime bien votre métaphore sur le moteur.
- Speaker #0
J'ai le tricot aussi. Une maille à l'envers. Je dis, tous les jours, il faut tricoter une maille. La difficulté des artistes en général, c'est que le matin, ils se lèvent. Il faut qu'ils, s'ils n'ont pas un boulot ce jour-là ou quelque chose, il faut qu'ils remplissent la journée. Et il faut qu'ils remplissent la journée en avançant. Il faut qu'à la fin de la journée, ils aient fait un pas. Il est peut-être petit, il est peut-être pas... On ne se dit pas, oh là là, j'ai fait un truc extraordinaire. Mais voilà, il y a des jours où ce sera extraordinaire, des jours où ce sera un peu plus petit. Mais tous les jours, il faut avancer un petit peu, un petit peu, un petit peu. Parce que sinon... L'immobilisme, c'est la fin. En fait, on ne peut pas percer, on ne peut pas performer dans les métiers artistiques si on n'est pas tous les jours devant sa copie. Bah, Laurence,
- Speaker #1
la très bonne expérience.
- Speaker #0
Oui, exactement. Moi, je suis tout à fait d'accord avec ça.
- Speaker #2
On sent quand même que vous êtes une passionnée.
- Speaker #0
Je ne sais pas.
- Speaker #2
Non, moi, je vous le dis. Je pense que les gens qui...
- Speaker #1
Je téléphone. Vous avez dit, moi, je suis passionnée. Très rationnelle.
- Speaker #2
Oui, mais bon, ça...
- Speaker #0
Je n'ai pas une passion.
- Speaker #2
Je ne suis pas en lien, mais...
- Speaker #0
J'ai pas une passion qui...
- Speaker #2
Ouais, vous rends pas aveugle. J'ai une énergie.
- Speaker #0
Je suis quelqu'un de très énergique.
- Speaker #2
Et comment vous gardez cette énergie, justement ?
- Speaker #0
Ah bah ça, c'est la nature. Je pense que...
- Speaker #2
Vous levez le matin, qu'est-ce qui vous motive ?
- Speaker #0
Ah, d'avancer. J'ai très peur de l'immobilisme. L'immobilisme, c'est la mort. Pourtant, c'est le still life. Je sais pas, il y a un truc là-dedans. C'est ça. Je vais m'allonger.
- Speaker #2
Un petit bon...
- Speaker #0
J'ai un truc. Si j'essaye de mettre de la vie dans le still life, c'est peut-être ça.
- Speaker #2
Oui, mais c'est une bonne manière de voir les choses, c'est de mettre de la vie dans les natures mortes.
- Speaker #0
Il y a un peu ça. Aujourd'hui, j'ai un truc, je me dis, est-ce que je ne suis pas un peu figée ? Est-ce qu'il faut que je retrouve du mouvement ? Est-ce que je remette de la jeunesse ? On en parlait tout à l'heure dans l'équipe. Ou un collaborateur plus jeune ? Moi, je me pose toujours plein de questions. En fait, je n'ai pas de certitude. Comme je vous ai dit, la page blanche des jours.
- Speaker #1
Est-ce qu'il y a une collaboration qui vous fait rêver ? Un truc que vous aimeriez mettre en place et que vous n'avez pas encore fait ?
- Speaker #0
Aujourd'hui, mon rêve, ce serait d'avoir un agent jeune qui arrive avec des talents formidables. et qu'on fasse comme une association de savoir-faire c'est-à-dire que moi avec un socle solide sur quelque chose de plus expérimenté et puis qui permet d'aller prendre des risques sur des choses
- Speaker #1
Pour finir Eleonore, est-ce que vous avez un conseil à donner à un photographe qui chercherait à approcher un agent aujourd'hui ?
- Speaker #0
Ah oui, alors d'abord qu'il a un moteur qui tourne bien...
- Speaker #2
Ça, ça va être la phrase, le sous-titre de l'épisode.
- Speaker #0
Plus il sera fort, plus il trouvera un agent facilement. Donc, il faut qu'il arrive avec des belles images, des belles séries, des choses bien construites. Après, peut-être qu'il a des clients, il n'en a pas. Ça, c'est secondaire presque. Mais si déjà, il est fort dans son travail, là, il sera bien placé pour trouver un agent. Après, il faut qu'il y ait... Il faut qu'ils regardent les écritures qui sont défendues dans les différentes agences pour être dans une qui correspond. Parce qu'il y a quand même, je pense qu'on a un goût en fait. Et ce goût, on aime, on n'aime pas, ce n'est pas rationnel. Mais il détermine quand même la couleur générale de l'agence. Moi, je n'aime pas tellement aller chercher non plus, parce que je trouve que quand on va chercher, ça... inverse le rapport de force, c'est-à-dire qu'après, on a une promesse, c'est-à-dire que viens chez moi, je vais te représenter, ça va marcher de la balle. Puis si jamais ça ne marche pas trop bien, après, c'est chiant parce qu'il faut dire ouais, mais c'est difficile, voilà. Donc ça, j'aime pas trop. Donc je préfère que les gens viennent me voir, en fait. Mais ça, c'est du confort que je me crée.
- Speaker #1
Mais c'est vrai, c'est une bonne technique, enfin une bonne technique, je ne sais pas, mais ça fait du sens.
- Speaker #0
Bah oui mais c'est...
- Speaker #2
Vous avez moins de responsabilités dans le cas où ça ne fonctionnerait pas.
- Speaker #0
Voilà, c'est-à-dire que...
- Speaker #2
Ça vous enlève un poids.
- Speaker #0
Moi je suis assez entière donc je suis plus à l'aise comme ça. Mais après c'est vrai que ça peut-être ça coupe des opportunités. Parce que du coup on ne va pas chercher des gens qu'on aurait pu aller chercher. C'est peut-être moins courageux, je ne sais pas. Mais moi c'est plus confortable pour moi.
- Speaker #1
De toute façon, à vous écouter, je me dis, il n'y a pas une bonne façon de faire. Vous choisissez un amalgame entre la limite que je vais mettre entre ma vie de famille et ma vie personnelle. La façon dont je vais approcher mes talents. En fait, chacun fait sa recette. Et je me dis, si vous êtes encore là aujourd'hui, que vous avez envie de continuer, vous avez plein de projets, c'est que quelque part, ça fonctionne pour vous et c'est très bien.
- Speaker #0
C'est-à-dire que oui, il y a un équilibre général à mettre en place. Parce que... je pense qu'il n'y a pas d'effort surhumain qui puisse être fait dans la durée. C'est-à-dire qu'on ne peut pas aller...
- Speaker #2
Oui, c'est un marathon, comme vous disiez. Voilà,
- Speaker #0
si on veut être dans la durée, il ne faut pas être trop dans l'effort, parce que sinon, on s'épuise. Enfin, on s'use. Il faut que ce soit quand même quelque chose d'assez naturel.
- Speaker #2
Et vous l'avez compris rapidement, ça ?
- Speaker #0
Oui, très rapidement. Oui, ça, j'ai compris très vite, parce que... c'est pareil pour tout dans la vie, c'est pareil dans la vie de couple. Si vous prenez un partenaire et que c'est un effort un petit peu d'écouter le matin parce qu'il vous saoule, ça va un jour, deux jours, mais au bout d'un mois, vous allez être comme ça et vous l'envoyez par la fenêtre. Donc en fait, il ne faut qu'il n'y ait pas d'effort. Il faut partir sur une base simple. Non ?
- Speaker #1
Je suis d'accord. On a perdu la douceur de la négociation, là, il passe par la fenêtre. Oui,
- Speaker #0
mais si jamais... Oui, il faut... Il faut se sentir...
- Speaker #1
Non, non, mais bien sûr,
- Speaker #0
bien sûr. Voilà, s'apprêter énormément pour voir votre mari tous les matins ou votre partenaire tous les matins. Non, mais à moins, il faut être nature. Il faut que les choses soient simples. Il ne faut pas qu'il y ait d'efforts trop pesants, sinon on ne peut pas le tenir dans la durée. Bien sûr. C'est logique. Donc, moi, c'est pareil.
- Speaker #2
Vous appliquez vos principes à votre travail.
- Speaker #0
Ben, c'est tout. C'est l'équilibre dans la vie. C'est-à-dire que... Évidemment, il y a du travail, il n'y a rien qui arrive. Mais on le fait d'autant mieux que ça nous plaît, qu'on est à l'aise. Évidemment qu'il faut faire à un moment un effort et que...
- Speaker #2
Oui, il y a des compromis de toute façon.
- Speaker #0
Oui, il faut bouger pour que les choses se passent. Mais quand même, c'est plus facile si ça nous plaît. C'est plus facile d'aller présenter un dossier, si vous direz j'ai un dossier c'est de la balle, je suis trop contente d'aller le montrer. Si on a un dossier, je trouve moyen le truc. C'est vous,
- Speaker #1
c'est vous.
- Speaker #2
C'est vous, c'est vous. C'est vous, c'est vous. C'est vous,
- Speaker #0
c'est vous. C'est vous, c'est vous. Oui, c'est-à-dire que je vois bien quand on construit un dossier, bon, à l'époque, on avait des trucs, on tournait les pages. Maintenant, même si c'est très, tout est très numérique, moi, j'ai gardé des coffrets avec des tirages papier un peu jolis, facilement.
- Speaker #1
C'est un collecteur, c'est magnifique.
- Speaker #0
On fait ça maintenant, les agents, Pour la plupart utilisent cette technique, c'est-à-dire qu'on a plus ces espèces de books tout terrain qu'on envoyait à droite à gauche, parce que pour découvrir le travail d'un photographe, il fallait envoyer le book.
- Speaker #1
C'est ce que nous disait Laurence.
- Speaker #0
Voilà, maintenant c'est différent, donc on a ces objets qu'on transporte nous-mêmes de temps en temps, et ils circulent plus sans nous en fait, alors qu'avant les books circulaient sans nous, on les envoyait, c'était publiciste. Envoie-moi le book de machin et l'acheteuse d'art. Et puis elle le présentait au directeur de création. Et puis on le récupérait chez les coursiers. Enfin nous, on avait des notes de coursiers comme ça.
- Speaker #2
C'est un autre monde maintenant. C'est dingue. C'est dingue.
- Speaker #0
Et on allait chez Publiciste, il y avait 150 books dans le truc. C'était trop marrant. Bon, et maintenant on est passé, tout est digitalisé, bien sûr. C'est très bien parce que c'est plus simple, ça va plus vite. Et on a ces objets. Mais quand on les construit, on voit bien que dans le choix de l'editing, s'il y a une image avec laquelle on n'est pas à 100%, ça va passer quand on le regarde au bureau. Puis quand on le présente à quelqu'un, tout d'un coup, on a une exigence dans l'œil qui augmente. Je ne sais pas pourquoi, moi, quand je présente un travail, mon exigence, mon regard devient encore plus exigeant. En amont.
- Speaker #1
C'est peut-être le stress sur le moment.
- Speaker #0
Oui, c'est ça.
- Speaker #1
L'adrénaline.
- Speaker #0
Le changement de posture aussi, c'est-à-dire que je me viens celui qui me met à sa place. Oui,
- Speaker #1
qui peut le convaincre.
- Speaker #0
Je me mets à la place de celui qui regarde. Et tout d'un coup, il y a des trucs que je me dis, oh non, ça marche pas du tout. Des trucs et des images que je vais enlever après. Ok. C'est dans le moment de présentation que je vois que ça passe pas.
- Speaker #1
Ah, c'est drôle.
- Speaker #0
Alors qu'on l'a laissé passer au bureau. Ouais, c'est très intéressant. Mais en fait,
- Speaker #1
c'est un changement de perspective au moment où la situation est... Ouais,
- Speaker #0
ouais, ouais. On est... un petit chouille plus exigeant, je pense. On est un petit chouille plus exigeant et donc du coup, l'editing, il doit être vraiment parfait, sinon on voit que ça grince, ça ne passe pas. Pour être accroché, il faut que quelqu'un arrive avec déjà une... qu'il ait développé quelque chose de démarche, un sens au fait qu'il se présente là, plutôt que là ou là.
- Speaker #1
Et qu'il vous ait donné l'impression qu'il vous a contacté à vous parce qu'il a réfléchi, qu'il pourrait être bien dans votre agence à vous. Oui.
- Speaker #0
Il a réfléchi et ça lui a donné envie parce que. Voilà. Et là, il y a quelque chose. Mais c'est vrai que ce n'est pas facile pour un photographe de trouver une représentation. Mais ce n'est pas facile pour un agent de trouver un bon photographe. C'est parce que c'est le marketing, c'est le problème de la vente de produits qui décide. C'est le chiffre d'affaires.
- Speaker #1
Ce n'est pas le créateur.
- Speaker #2
C'est le partenariat qui régit tout. C'est ça que vous allez me dire.
- Speaker #0
Oui, quelque part, oui, c'est ça. Ça revient à ça, non ? C'est sûr que c'est exactement ça. Ce n'est plus le créateur qui a le pouvoir.
- Speaker #1
Alors oui, comme toujours.
- Speaker #0
C'est le créateur qui avait le pouvoir.
- Speaker #1
Comme dans le cycle dont vous parlez, il va falloir attendre qu'il y ait quelqu'un qui sorte des choses magnifiques pour d'autres. Et dire, ah non, en fait, on ne peut pas faire ce truc. Il va falloir penser à l'île maintenant sur ça.
- Speaker #0
Oui, j'espère que ça va revenir. Mais bon, je ne suis pas naïve non plus. Donc je pense que... Quand même, on perd des plumes un peu à chaque fois. Le cercle, il tourne, mais il se resserre. Et donc, c'est là où il va falloir être vraiment très fort pour rester capable de produire des choses comme ça, très précises, très pointues, et que quelqu'un verra que c'est précis et pointu. Il va falloir être très fort.
- Speaker #2
On a quand même une manière de conclure chez Agent Double, où on dit Agent Eleonore. Mission accomplie.
- Speaker #1
On était ravis de vous recevoir. Merci beaucoup.
- Speaker #0
Merci de vous être intéressé à ma microstructure et à mon métier et à mes talents.
- Speaker #2
Merci d'être venu.
- Speaker #1
Merci beaucoup. Merci de nous avoir écouté jusqu'au bout. Et maintenant, c'est à vous d'entrer en action. Votre mission, si vous l'acceptez, laissez 5 étoiles et un commentaire sur votre plateforme d'écoute. Abonnez-vous au podcast, à notre chaîne YouTube et à notre compte Instagram pour des contenus exclusifs. Et surtout, n'hésitez pas à partager autour de vous. Agent Double est un podcast indépendant. S'il vous a plu, et pour qu'on puisse continuer à le développer, vous pouvez nous soutenir en cliquant sur le lien dans le descriptif de l'épisode. On compte sur vous, et on se retrouve dans deux semaines pour un nouveau numéro d'Agent Double.