- Speaker #0
Ce podcast parle de troubles en santé mentale et de situations réellement vécues. Les témoignages que vous allez entendre peuvent heurter la sensibilité de certaines personnes. Si vous êtes en détresse psychique ou avez des pensées suicidaires, si vous pensez qu'une personne de votre entourage est en situation de crise, vous devez contacter le 112, le 15, le 18 ou le 3114, le numéro national de prévention du suicide. C'est l'histoire de Julie qui a fait une tentative de suicide, de Pierre qui boit trop. C'est aussi l'histoire de Nathalie qui rêve chaque nuit de son accident de voiture. Vous aussi vous connaissez peut-être quelqu'un qui est concerné par un problème de santé mentale. Chez PSSM, Premier Secours en Santé Mentale, nous sommes convaincus qu'engager une conversation peut tout changer. Je m'appelle Oriana et je vous souhaite la bienvenue dans cette discussion où se mêlent témoignages, histoires de vie et conseils pour tous ensemble briser les tabous autour des troubles psychiques. Vous écoutez Apprendre à aider, le podcast sur le secourisme en santé mentale. T'as un problème ? L'association d'idées c'est t'es fou, t'es folle, il y a quelque chose qui va pas chez toi, t'es dysfonctionnel en fait.
- Speaker #1
Nos capacités de résilience sont débordées.
- Speaker #0
J'étais pas forcément bien dans ma peau et tout ça a fait que j'étais vraiment vraiment mal et qu'au lycée je faisais plus rien. La personne qu'il avait eue au bout du fil lui avait conseillé de poser directement la question à sa compagne si elle avait l'intention de mettre fin à ses jours. On sort de la formation déjà avec des nouveaux outils, ça donne un cadre, c'est sécurisant parce qu'on se dit qu'on ne va pas faire n'importe quoi justement parce qu'on sait qu'on va trouver les bons mots la bonne manière. Apprendre à aider, le podcast sur le secourisme en santé mentale. Le trouble lié à la consommation d'alcool désigne une altération de la capacité à arrêter ou à contrôler la consommation de boissons alcoolisées et ce en dépit des répercussions négatives dans la vie de la personne concernée. Des répercussions à la fois en termes de santé, mais aussi dans les sphères personnelles, sociales et professionnelles. Les conséquences sont multiples et peuvent aboutir à des conduites agressives, ou à risques, ou encore à des problématiques d'addiction et de dépendance. Avec ses 47 millions de consommateurs, la France compte parmi les pays les plus adeptes de l'alcool. Selon une récente enquête de Santé publique France, 22% des Français boivent plus de 10 verres par semaine et dépassent ainsi le plafond d'alcool recommandé. Le coût social associé à cette consommation excessive est notable, puisqu'il est estimé à 118 milliards d'euros selon l'Inserm, avec environ 49 000 morts par an dans l'Hexagone. La consommation de ce produit psychoactif est en effet responsable, de manière directe ou indirecte, d'une soixantaine de pathologies, parmi lesquelles les cancers, maladies cardiovasculaires et digestives, ou encore les troubles neurologiques et psychiques. Cela entraîne également une majoration des risques psychosociaux et constitue la première cause d'hospitalisation et la deuxième cause de mortalité évitable après le tabac. Bonjour Stan.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Vous êtes secouriste en santé mentale depuis début 2023. Racontez-nous l'intervention qui vous a le plus marqué.
- Speaker #1
Alors l'intervention qui m'a le plus marqué, c'est une intervention à titre personnel, parce que j'ai dû agir pour aider mon meilleur ami, mon ami d'enfance, dans une période de crise, de détresse particulière, liée à son addiction à l'alcool. qui était en fait une automédication pour lui, qui était certainement révélatrice d'autres troubles psy. Et grâce à la formation PSSM, grâce à la méthode aérée, j'ai pu, on va dire, agir avec un peu plus de recul et de sérénité que j'aurais pu le faire certainement en étant non formé, non éveillé en fait à ces problématiques de santé mentale.
- Speaker #0
Est-ce que vous pouvez nous raconter comment vous avez pu détecter les signes et les symptômes liés au trouble de sa consommation d'alcool ?
- Speaker #1
Alors oui, je vais essayer. En tout cas, c'est particulier dans son histoire et dans notre histoire parce qu'il a conscience depuis quelques années d'avoir cette problématique. Cette épée de Damoclès, un peu, de l'alcool, parce que son père est alcoolique depuis de nombreuses années. Il en a conscience. Son frère également. Donc, il y a une histoire familiale qui est bien particulière. Et c'est vrai que pour mon ami, on ne l'a pas forcément vu venir. En tout cas, dans le groupe d'amis, on n'a pas forcément réagi. Mais lui, en même temps que l'alcool a pris plus de place dans son quotidien, il a eu conscience que c'était problématique. Et en fait, il l'a assez vite verbalisé. En même temps que moi, je me posais des questions et que j'allais dire Non mais là, il y a quelque chose qui ne va pas lui, il a verbalisé tout de suite que c'était un problème. Ce qui a été vraiment un tournant dans son histoire, c'est la période Covid. Je pense que comme beaucoup de personnes, ça a eu un fort impact sur sa santé mentale, ou en tout cas, ça a fait émerger des traits. Et en fait, en tant que profession exposée, il a vécu des choses particulières qui l'ont fait sombrer en fait, et l'alcool est devenu sa soupape.
- Speaker #0
Est-ce qu'il y a une crise en particulier qui vous a fait réagir ?
- Speaker #1
Oui. La dernière en date, et c'est ce qui a permis un rebond finalement et un accompagnement par la suite. Sa consommation d'alcool a commencé à peser sur sa relation de manière prépondérante et effectivement, sa rupture a déclenché une détresse psychologique particulière. Et à ce moment-là... Il avait envie de se noyer dans l'alcool. Il avait ce besoin-là d'être tout le temps en ébriété. Ses horizons se sont complètement disparus. Et en quelques jours, il était sans arrêt ivre. Et de plus en plus dans une logorée autour de la disparition. de la mort de laisser les autres en paix et donc là ça a été vraiment, c'était un appel à l'aide et moi j'avais pas forcément les moyens de détecter si c'était une crise suicidaire urgente et qu'il fallait intervenir tout de suite pour lui sauver la vie, ou si c'est simplement l'alcool qui parlait à travers lui et qui, par le poids de la culpabilité, le victimisait, etc. Et donc j'ai décidé, à un moment où j'avais du mal à établir la communication par téléphone, où je me disais, là, si il a trop bu, ça peut être potentiellement le coma éthylique mortel, j'ai fait le choix d'appeler le 3114, qui est le numéro de prévention suicide, d'urgence suicide, qui nous a été communiqué en formation. Et donc là, j'ai été... particulièrement bien accompagné par une personne professionnelle de la santé mentale et qui m'a écouté, qui m'a donné des clés de compréhension et qui m'a proposé de prendre contact directement avec mon ami. Donc il a été proactif en fait pour établir la communication avec lui, sachant que je l'avais informé, mon ami, que ce numéro existait, qu'il pouvait prendre contact avec eux pour être soutenu. Et j'ai perçu qu'il n'avait pas la force, en fait. Il y a des moments comme ça de détresse où même composer quatre chiffres sur le téléphone, ce n'est pas possible. Donc j'ai été vraiment soulagé que cette personne me dise Oui, il n'y a pas de souci, moi je peux appeler. Et elle a appelé même à plusieurs reprises. Dans un premier temps, elle a laissé un message vocal, elle a même rappelé. Et ils ont fini par échanger au téléphone. Même si mon ami en état d'ébriété n'a pas des souvenirs de... vraiment profond de cette conversation, mais il a une impression d'avoir été écouté, une impression très positive. Donc ça, quand on a eu l'occasion d'en reparler, c'est un moment qui a été positif pour lui. Donc c'est top, c'est tout bon. Entre l'échange que moi j'ai eu avec cette personne-là, et que lui a pu avoir aussi, on est sur quelque chose d'extra. Et... Et on a pu avoir cette communication avec le 3114 grâce à la formation PSSM. Je n'avais absolument jamais entendu parler de ce numéro avant.
- Speaker #0
Comment va-t-il aujourd'hui, votre ami ?
- Speaker #1
Aujourd'hui, il est rétabli. Dans la santé mentale, on parle de rétablissement. Il a été accompagné, il a fait une cure d'un mois en centre, qui a fait vraiment des merveilles, qu'il a remis sur pied et aujourd'hui, ça fait une dizaine de mois, bientôt un an, en fait, qu'il est sobre et qu'il a repris sa vie en main. Et que je le trouve particulièrement alerte, conscient et dynamique pour la suite. Je le sens armé, donc c'est très positif.
- Speaker #0
Avec le recul Stan, y a-t-il quelque chose que vous feriez différemment ?
- Speaker #1
Alors sur le moment de la crise, sur le moment vraiment de l'intervention, pas spécialement, les choses se sont faites assez naturellement parce qu'il y avait une forte inquiétude de ma part, de ses proches et donc on a pu agir en fait à ce moment là pour qu'il soit pris en charge et ça s'est terminé d'ailleurs aux urgences mais en amont oui. Et je pense que la formation PSSM m'a vraiment apporté des éléments pour prendre du recul. Et surtout pour quelque chose que j'analyse seulement maintenant, enfin longtemps après cet événement-là, c'est que dans nos échanges, et par rapport à son trouble lié à l'addiction ou au trouble psychique qu'il peut subir, je pouvais être un peu dans l'affect, malgré moi, donc forcément maladroit, parce que c'est un proche. Alors moi, je n'étais pas dans la culpabilisation, mais je sais qu'un conjoint peut l'être. Par exemple, très souvent, malgré soi, en fait. Mais par exemple, j'ai mis très longtemps à moi ne plus consommer d'alcool devant lui. Enfin, très longtemps, trop longtemps, on va dire. Et je sais qu'il y a des éléments qui sont donnés dans la formation qui... propose des outils, une guideline pour comment se comporter avec tel ou tel trouble. Et donc avec le recul, j'aurais pu agir de manière plus précoce et plus précise pour l'encourager, pour l'accompagner dans son trouble et pour le renseigner sur les ressources qui étaient à sa disposition.
- Speaker #0
Justement, vous parliez de la formation tout à l'heure. Qu'est-ce que la formation vous a apporté ?
- Speaker #1
Alors, beaucoup de choses. La formatrice était hors pair. Vraiment, elle a su fédérer le groupe. On a parlé de sujets sérieux, mais toujours avec des soupapes de sécurité de décompression. Donc, on a pu parler de sujets très sérieux. et très grave et très prenant émotionnellement, mais parfois avec la touche de légèreté qui allait bien. Et donc le moment était super. Et après, les connaissances apportées par la formation, moi, ce qui m'a le plus frappé et ce qui me sert le plus aujourd'hui, c'est de faire la distinction entre... La santé mentale telle que traitée par PSSM, c'est-à-dire de vraiment parler des troubles psy et d'avoir une approche de la santé mentale comme on peut l'avoir de la santé physique, là c'est vraiment une plongée dans la santé mentale et c'est une prise de conscience qu'on est concerné à titre personnel, dans la famille, les proches, les collègues de travail et c'est vraiment hyper riche en fait.
- Speaker #0
Est-ce que je peux en conclure que vous conseilleriez cette formation ?
- Speaker #1
Oui, bien sûr, totalement. Je suis vraiment bluffé par l'initiative PSSM en France. Ça n'existait pas avant, donc aujourd'hui c'est une chance de l'avoir. Et je recommande la formation, parce que c'est une formation qui est citoyenne, et donc qui s'adresse à toutes et tous, avec encore une fois ce discours qui parle de nous, qui nous parle de nous, qui nous offre des clés de compréhension sur nous-mêmes. et sur nos interactions sociales. Donc oui, je la recommande vraiment de tout mon cœur.
- Speaker #0
Merci Stan pour votre témoignage.
- Speaker #2
Merci.
- Speaker #0
Jean-Michel Delile, bonjour.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Vous êtes président de la Fédération Addiction et Psychiatre. C'est tout naturellement que nous nous sommes tournés vers vous pour cet épisode sur les troubles liés à la consommation d'alcool. Justement, qu'est-ce qu'un trouble lié à l'utilisation de substances ?
- Speaker #2
Un trouble lié à l'utilisation de substances se définit essentiellement par une perte de contrôle. C'est-à-dire quand une substance qu'on utilisait jusqu'alors, un peu comme tout le monde, à l'occasion, lors de soirées, lors de fêtes, lors de repas de famille, notamment de l'alcool, commence à déborder. C'est-à-dire qu'on se rend compte qu'on s'était donné des limites en termes de quantité, parce qu'on sait qu'au-delà d'une certaine quantité, on va commencer à avoir des problèmes. Et puis une fois qu'on a commencé à boire, on ne peut plus s'interrompre. On se donne des limites de temps, on ne va pas dépasser deux heures, trois heures lors d'une soirée. Et puis en fait, une fois que c'est parti... partie, ça continue. On va se donner également d'autres limites, c'est-à-dire que jamais ça n'interfère avec sa vie professionnelle ou sa vie familiale. Et puis hélas, on va se rendre compte que par moment, on a des troubles du comportement, des ivresses qui vont créer des problèmes dans sa vie de famille. On va commencer à avoir des retards au travail, etc. Donc le trouble se définit par la perte de contrôle essentiellement, c'est-à-dire au bout d'un moment, on se rend compte que le produit est en train de prendre le dessus et qu'on ne maîtrise plus en fait sa consommation, alors même qu'on commence à repérer qu'il y a des conséquences. conséquences dommageables, qu'on essaye de rectifier le tir, de diminuer. À ce moment-là, on se rend compte qu'en fait, on a perdu le contrôle, on n'y arrive plus. Donc c'est à ce moment-là que clairement, on se rend compte qu'on présente un trouble de usage.
- Speaker #0
Est-ce que vous avez quelques chiffres à nous donner justement liés à la consommation d'alcool ?
- Speaker #2
On sait qu'en France, la consommation d'alcool est une consommation traditionnelle, donc très très importante. La grande majorité de nos compatriotes ont bu au moins une fois dans leur vie. une substance alcoolisée, donc c'est des dizaines de millions de personnes. On se rend compte qu'ensuite, ceux qui sont vraiment des usagers beaucoup plus réguliers, peut-être plus intensifs, des usagers quotidiens, on est aux alentours de 5 millions à peu près, et on arrive quand même à un peu plus d'un million de personnes qui manifestement ont un trouble de l'usage. Sachant que l'impact en termes de santé publique est important, puisque après le tabac, c'est vraiment la deuxième cause de mortalité évitable, avec pratiquement 40 000 morts par an dans notre pays.
- Speaker #0
Et quelle est la différence entre addiction et dépendance ?
- Speaker #1
Le terme dépendance renvoyait un peu à ce qu'on appelait aussi avec d'autres produits les toxicomanies. Il se trouve que c'est un terme qui est un peu dérivé, qui est stigmatisant, ce qui fait que c'est parfois difficile à aborder avec des personnes. L'avantage du terme addiction, d'une part, c'est qu'il est plus récent, en tout cas en français courant, moins stigmatisé, on le voit dans des pubs, pour faute de parfum, des choses comme ça. Donc il a un côté moins dramatique, plus acceptable. Et d'autre part, il a permis d'élargir le champ des addictions. à une réalité contemporaine, c'est-à-dire on se rend compte que de plus en plus, on peut avoir des pertes de contrôle par rapport à des comportements, pas simplement par rapport à des produits, des drogues ou de l'alcool ou du tabac, mais également des comportements comme les achats, les paris sportifs ou évidemment chez les jeunes, les écrans. Donc l'intérêt du terme addiction, c'est d'une part, c'est un peu plus banal, c'est un peu plus acceptable, ça permet d'établir un terrain de dialogue avec les personnes concernées et d'autre part, ça permet de renvoyer un concept plus large peut-être que celui de dépendance.
- Speaker #0
Quelles sont les répercussions potentielles sur une personne par rapport à sa consommation d'alcool ? Ou à une consommation excessive tout du monde ?
- Speaker #1
Les consommations excessives vont avoir deux types de conséquences. Des conséquences à court terme, des conséquences aiguës. Lors d'une ivresse par exemple, où on peut avoir des troubles du comportement, on peut avoir un accident de la route, on peut être désinhibé, devenir violent. On peut à l'inverse être tellement vraque qu'on va être victimisé, qu'on peut être victime de... d'agressions, d'abus divers, etc. On peut avoir des pertes de conscience, on peut avoir des traumas sévères liés à ces accidents. Donc ça, c'est les éléments à court terme qui doivent évidemment attirer l'attention. À côté de cela, ce qui est peut-être le plus important, c'est qu'un certain nombre de personnes vont avoir une répétition, effectivement, de ces épisodes aigus, ce qui traduit souvent une perte de contrôle beaucoup plus durable, ce qu'on appelle pour le coup un trouble de l'usage, c'est-à-dire quelque chose qui s'inscrit dans la durée. Il faut au moins un an pour parler de... de troubles de l'usage, et à ce moment-là peuvent se surajouter des complications à moyen terme, même à long terme, au plan psychiatrique, avec des détériorations au plan cognitif, au plan intellectuel, mais aussi au plan de l'humeur, l'alcool est dépressogène, c'est-à-dire initialement ça donne l'impression que ça aide à passer un mauvais cap, mais si ensuite on commence à boire de plus en plus régulièrement, les effets entre guillemets bénéfiques attendus au départ vont avoir tendance à s'atténuer et s'inverser même. avec des mécanismes de sevrage qui sont très très inconfortables, et puis une image de soi qui se détériore avec tous les problèmes qu'on a au boulot, avec les copains, copines, ce qui fait que globalement c'est plutôt un effet dépressogène. Et puis évidemment il y a toutes les complications physiques bien connues, sur le foie, le système cardiovasculaire, ce qui fait que c'est vraiment à l'origine en plus d'une mortalité tout à fait importante chez des gens qui ont des troubles de l'usage durable.
- Speaker #0
A partir de quelle quantité d'alcool tombe-t-on dans un état à risque et comment se situe-t-on en France ? Tout à l'heure vous disiez que la France était un des premiers pays consommateurs.
- Speaker #1
Alors oui, il y a quand même des bonnes nouvelles. Une des bonnes nouvelles c'est que si on compare les niveaux de consommation d'alcool qui étaient ceux qui existaient en France quand j'étais jeune, très jeune, dans les années 60 et maintenant, il y a un effondrement de la consommation d'alcool en France. On est passé de 30 litres d'alcool pur par français par an en 60. à un peu plus de 10 litres actuellement. Donc c'est une division par trois.
- Speaker #0
Donc il y a quand même une prise de conscience.
- Speaker #1
Oui, ça c'est très important. Et on voit d'ailleurs que la mortalité induite commence légèrement à décrocher, même s'il y en reste évidemment à des niveaux très préoccupants. Mais alors ce qui est important de constater en France, c'est qu'il y a vraiment une mutation des modes de consommation. C'est-à-dire qu'on avait un mode de consommation qui était ce qu'on appelle dans le jargon une culture humide, c'est-à-dire où tout le monde, en tout cas tous les hommes, buvaient beaucoup, trop, du vin à table à tous les repas, etc. Donc où il y avait des conséquences ensuite sur le foie, le cerveau, qui était tout à fait préjudiciable. Des modes de consommation où la plupart des jeunes qui annoncent les modes ultérieurs se font plutôt à l'anglo-saxonne, c'est-à-dire avec une quasi-disparition de cette imprégnation quotidienne et massive. Beaucoup de jeunes ne boivent plus du tout de vin à table. C'est d'ailleurs le... les consommations de vin qui se sont effondrées dans notre pays. En revanche, le soir, le vendredi soir, le samedi soir, enfin le dimanche soir, ils vont avoir tendance à boire beaucoup plus d'alcool en aiguë, mais souvent des alcools forts, des bières, qui finalement ont tendance à devenir les premiers alcools consommés. Si bien que là, les complications vont être plutôt des complications liées à des ivresses massives le soir, donc 5, 6, 7 verres d'alcool en une occasion, c'est-à-dire en moins de 2 heures, où il va y avoir des risques aigus, en fait, d'ivresse aiguë. Et finalement, on ne s'oriente pas. plus vers cette problématique-là, ce qui renvoie en termes de vulnérabilité, souvent à des vulnérabilités psychologiques. Ce n'est pas anodin pour un jeune, toutes les semaines, de boire des quantités aussi importantes. Ça renvoie beaucoup plus à des vulnérabilités, comme on voyait avec des usagers de drogue, c'est-à-dire des fragilités, des doutes, des difficultés de vie qu'on essaye d'anesthésier ou d'oublier avec des produits. Alors qu'historiquement, on était plutôt dans des modes de consommation sociaux. qui ne faisait pas nécessairement référence à des vulnérabilités psychologiques très massives, mais plutôt à des phénomènes d'entraînement.
- Speaker #0
Vous parlez depuis tout à l'heure de l'aspect social de la consommation. Qu'est-ce que l'alcoolisme mondain ? C'est une expression que l'on entend relativement souvent dans les discussions. Et à partir de quand on développe une dépendance ? À quelle quantité ? À quelle fréquence ?
- Speaker #1
On se rend compte effectivement que, quel que soit le contexte de vie dans lequel on est, il y a toujours, malgré tout, en France, une pression à la consommation. Quand on va dans un repas de famille, un mariage ou même une fête banale, il va y avoir des apéritifs qui circulent, des produits qu'on va vous proposer, mais très gentiment, affectueusement. Et souvent, les gens vont être surpris finalement si vous ne consommez pas ou que vous refusez, etc.
- Speaker #0
Oui, c'est ce que vous disiez, on attend de nous.
- Speaker #1
Oui, il y a une forme de prescription sociale, parce que l'alcool a une forte signification d'intégration à un groupe, c'est-à-dire c'est un marqueur social, c'est un signe d'affiliation. Ce qui fait que dans d'autres groupes, ça sera plutôt de la bière ou des tequila, vodka, etc. Si on a affaire à un public jeune, si on est dans des milieux branchés, jet-set ou riche, ça sera peut-être plutôt champagne et éventuellement cocaïne. Mais donc il va y avoir des identifiants comme ça. Et une bonne partie du travail qu'on essaye de faire, justement, c'est d'essayer de faire en sorte que les personnes sachent résister à cette pression de groupe. Non pas pour ne pas boire, mais pour boire quand ils souhaitent boire. mais pas plus, et qu'ils sachent le cas échéant, dire non si ça dépasse ce qu'ils ont envie de faire. De toute façon, on arrive plus facilement peut-être à résister à cette pression collective, et que la consommation, si elle doit avoir lieu, soit vraiment le fruit d'un choix autonome. Alors à partir de quelle quantité s'accroche-t-on ? C'est difficile à dire, mais ce qui est évident, c'est que pour qu'il y ait dépendance, il faut en tout cas qu'il y ait une consommation extrêmement régulière, c'est-à-dire au moins quotidienne. La majorité des consommateurs quotidiens dans notre pays ne présentent pas de troubles de l'usage. Néanmoins, c'est en leur sein qu'on trouve ceux qui perdent le contrôle. Et généralement, la perte de contrôle, c'est quand on dépasse les limites qui sont celles qu'on s'est auto-imposées. Et alors, ça dépend des niveaux de tolérance. Mais en tout cas, ce qui devra attirer l'attention des sujets, ce n'est pas tellement un volume particulier. C'est plutôt quand le volume qu'on consomme est supérieur à celui qu'on s'était soi-même fixé. C'est ça qui doit attirer l'attention, quel que soit le niveau.
- Speaker #0
Quelle approche spécifique doit-on avoir face à une personne en état d'ébriété ? Quel conseil nous donnez-vous par rapport à ça ?
- Speaker #1
Alors quand on rencontre une personne en état d'ébriété, il y a deux dimensions là aussi. Une intervention immédiate. qui est celle d'ailleurs des premiers secours d'une certaine manière en santé mentale, c'est-à-dire un impératif de protection, de mise en sécurité si la personne commence à avoir des problèmes de conscience, position latérale de sécurité, éviter qu'elle vomisse, qu'elle inhale ce qu'elle vient de vomir, etc., appeler les secours, enfin tous les gestes classiques de premiers secours. À côté de cela, évidemment, si la personne est quand même un peu plus vigile, essayez de faire en sorte que si elle souhaite à tout prix rentrer chez elle, qu'elle le fasse dans de bonnes conditions de sécurité, c'est-à-dire appeler un tarif. taxi, voir s'il y a des amis qui peuvent le ou la raccompagner, etc. Faire en sorte en tout cas qu'elle ne rentre pas en scooter ou en voiture par ses propres moyens, parce que là, évidemment, les risques seraient massifs, aussi bien d'accidents d'ailleurs que de victimisation et d'agressions en soirée. Donc là, il faut agir dans l'immédiat pour sécuriser la personne au plan physique et par rapport au risque d'accident. La deuxième dimension, c'est que si c'est... Un épisode tout à fait isolé, ponctuel, c'est arrivé à beaucoup de gens sans qu'il y ait nécessairement de conséquences dramatiques, ou autres que celles qui peuvent survenir immédiatement. En revanche, à partir du moment où ça commence à être un peu répété, voire même à s'intensifier, à ce moment-là, il faut que l'intervenant ait une petite lumière qui s'allume pour lui dire, attention, là on est peut-être dans une situation à risque, qui traduit justement la perte de contrôle, qui traduit le risque d'évolution vers un... un trouble de l'usage d'alcool, et il faut pouvoir aborder la question avec la personne, pas sur un ton jugeant, moraliste, c'est pas bien. pas parler d'alcoolisme, alcoolique, etc. T'as pas honte, tu fais le malheur de ta famille, etc. Mais essayer sur un terrain d'égal à égal, de comprendre ce qui se passe, et voir quelle est la représentation que le sujet a lui-même de cette perte de contrôle. Et souvent, dans ces phases initiales, les gens se rendent compte qu'il y a quelque chose qui n'est pas net, ou ils vont un peu au-delà de ce qu'ils souhaiteraient faire, ce qui fait qu'on a un petit angle d'attache, d'accroche, pour essayer de comprendre avec eux, qu'est-ce qui est en train de se passer, et comment le cas échéant pourrait les aider. aider à faire en sorte que ça n'aille pas plus loin ou vraiment, si vraiment ils sont dans une situation plus difficile, qu'on puisse les orienter vers des services professionnels.
- Speaker #0
Alors justement, comment le secouriste en santé mentale peut approcher ou aider une personne qui a des troubles liés à la consommation d'alcool ? Qu'est-ce que vous nous conseillez ?
- Speaker #1
Alors le secouriste est dans une situation essentielle parce que souvent, aussi bien dans un contexte familial que social, lors de soirées, qu'aussi dans un contexte professionnel, on peut être confronté au spectacle. d'une personne qui est en état d'ébriété, ou à des retards répétés, des choses comme ça, qui laissent supposer, parce qu'il y a des rumeurs, des bruits qui courent, selon lesquels cette personne aurait peut-être des problèmes d'alcool. Mais c'est une question difficile à aborder parce que c'est extrêmement stigmatisé. notamment par rapport à l'alcool, puisque une des fiertés des personnes, c'est de tenir l'alcool, de faire la fête, d'être comme tout le monde. Donc ceux qui sont en train de perdre le contrôle, souvent ils ont une très mauvaise image d'eux-mêmes, ils ont un peu honte, ils aimeraient bien arriver à s'en sortir. Ce qui fait que dans une première phase, ça va être difficile de partager cette notion avec les personnes concernées du fait de la culpabilité et de la honte. Donc la conséquence, c'est que l'intervenant... Le premier secours doit vraiment se mettre sur une position horizontale, pas du tout d'expert, mais plutôt d'ami, de collègue, ça dépend de la nature des relations qui les unissent. Et en disant, j'ai observé tel ou tel phénomène, donc une ivresse aiguë ou des conséquences du truc, est-ce que tu souhaiterais qu'on puisse en discuter ? Parce qu'apparemment il se passe quelque chose, je suis là pour t'accompagner, t'aider, etc. Donc avoir une approche qui soit la plus... proche possible avec un bon engagement affectif, une bonne présence, une bonne disponibilité, une absence totale de jugement, de critique, etc. Et très vite, ce qui permettra d'ouvrir sur une question essentielle, c'est qu'est-ce que tu en penses de ta situation, de ta consommation ? Est-ce que tu n'as pas l'impression, toi, de ton côté, que par moments c'est un peu trop, etc. Et à ce moment-là, généralement, les personnes qui commencent à déborder acceptent, s'ils sentent que le terrain est sûr, calme, bienveillant. de s'ouvrir un petit peu et de commencer à parler, ce qui est le début du mouvement vers le changement.
- Speaker #0
Merci beaucoup, merci pour votre éclairage.
- Speaker #1
Merci à vous.
- Speaker #0
Bonjour Christine.
- Speaker #2
Bonjour.
- Speaker #0
Vous êtes secouriste en santé mentale depuis 2019. Est-ce que vous auriez une histoire, une intervention ? un peu significative depuis que vous êtes secouriste à raconter à nos auditeurs ?
- Speaker #2
Alors j'en aurais même plusieurs, mais j'ai fait le choix en fait de vous parler aujourd'hui d'une intervention en tant que secouriste qui m'a marquée puisqu'elle s'est déroulée dans le milieu amical et dans le cadre d'un repas en fait entre amis, j'ai pu observer à un moment donné qu'un de mes amis avait sur le temps du repas bu l'intégralité d'une bouteille de vin rouge. Alors je précise que j'ai pu m'en rendre compte parce que nous autres nous buvions plutôt du vin blanc. Peut-être que si on avait tous bu du vin blanc, je ne me serais pas rendue compte de sa consommation. Et c'est vrai qu'à un moment donné, ça m'a vraiment interpellée. Je pense quand il s'est servi le dernier verre que pouvait contenir la bouteille. Et très calmement, je l'ai interpellée sur le fait qu'il termine la bouteille. Et je lui ai demandé si c'était rendu compte. Parce que ce qui me renvoyait aussi, ce n'était pas du tout un état d'ébriété. Même pour moi, dans ma tête, je me disais, mais il y a comme un décalage entre finalement la quantité d'alcool qu'il vient d'ingérer et ce qui me renvoie comme comportement. Donc voilà, je l'ai interpellé. Tout simplement, je crois que de mémoire, je lui ai dit, dis donc, tu viens de terminer la bouteille. Comment tu te sens là ? Tu t'es rendu compte que tu avais bu à toi seule la bouteille de vin rouge ? Et en fait, ce qui m'a aussi marquée, c'est qu'à ce moment-là, il a mis un temps d'arrêt. Et il a regardé la bouteille, il m'a dit, ah ouais, effectivement, et je ne m'en étais pas, non, je ne m'en étais pas rendu compte. Donc on a eu tous les deux comme un micro, un petit blanc en fait, où on s'est regardé en se disant, qu'est-ce qu'on fait maintenant ? Et là, je lui ai dit, écoute, si tu te sens bien, tant mieux, mais néanmoins quand même, est-ce que tu as notion de la quantité d'alcool que tu viens d'ingérer avec cette bouteille de vin rouge ? Donc là, il m'a dit que non. Donc moi, ça m'a permis en fait... puisqu'on le voit dans la formation des premiers secours, ce qui est une quantité, un verre standard d'alcool. Donc, j'ai pu lui donner l'information à ce moment-là, en lui disant, tu sais, un verre standard d'alcool, c'est 10 grammes d'alcool. Et dans une bouteille de vin, au regard du degré du vin lactin ingéré, tu as à gérer à peu près 70 grammes d'alcool, soit 7 verres standards. Et là, je lui ai dit, est-ce que tu aurais en tête, à tout hasard, les campagnes de prévention qu'on entend quand même ? Et là, il a réfléchi, il me dit, je crois que c'est... Un verre, non, deux verres, je ne sais plus. Je dis, bah oui, c'est deux verres. Et surtout, il faut avoir deux jours dans la semaine où il n'y a pas du tout de consommation. Donc pas plus de deux verres par jour. Et deux jours dans la semaine où il n'y a pas du tout de consommation. Et je dis, est-ce que c'est ton cas ? Et là, donc, il y a eu de nouveau un blanc parce que je sentais qu'il réfléchissait. Alors, l'avantage quand on est entre amis, c'est qu'il n'a pas déclenché, je dirais, de mécanisme ni de protection ni d'agressivité. Et je me rappelle aussi que ça avait quand même arrêté le reste de la discussion, puisque nos autres amis étaient là. Et du coup, c'est devenu un petit peu le sujet du repas. Et on a pu échanger ensemble sur, effectivement, même nous tous, la quantité d'alcool qu'on pouvait ingérer sans forcément se rendre compte de la quantité qu'on intègre. Donc voilà. Donc il m'a dit que non, il ne faisait pas forcément attention à sa consommation au quotidien, mais que... il se rendait quand même compte que certainement elle était au-dessus de ce qui était recommandé comme une consommation raisonnable. Voilà, donc on en est resté là en fait sur le premier échange et puis j'ai senti que ça suffisait. Et ça c'est aussi quelque chose que m'a apporté moi la formation des premiers secours en santé mentale. C'est aussi, comment dire, pas faire le forcing, c'est pas parce qu'on observe quelque chose, c'est quelqu'un qu'il faut forcément vouloir d'abord lui apporter des solutions tout de suite. C'est... Ça lui permet déjà de se rendre compte d'eux, est-ce qu'il y a une prise de conscience ou pas. Donc là, ce n'était pas le cas. Je pense que c'était important aussi de lui laisser le temps par rapport à ce qu'on venait de se dire. C'est ce qui s'est fait et quelques jours après, je l'ai eu au téléphone, ce qui m'a permis d'en rediscuter avec lui et de voir où il en était. C'est-à-dire, je crois même lui avoir dit, du coup, par rapport à ce qu'on s'était dit pendant notre repas, est-ce que tu as pu y repenser ? Est-ce que tu as pu… Réévaluer finalement ta consommation, c'est quelqu'un qui est dans l'environnement du commerce en fait. Donc je lui ai demandé s'il avait pu réévaluer sa consommation, mais vraiment au quotidien en fait, déconnecté aussi uniquement, là je suis entre amis et potentiellement peut-être qu'effectivement on peut avoir des fois des consommations qui sont un petit peu plus importantes. Donc il m'a dit qu'il essayait de regarder, que ça faisait quand même chemin dans sa tête. et que oui, s'était rendu compte que peut-être sa consommation était un peu au-dessus de la moyenne. Voilà ce qu'il m'a dit à ce moment-là. Et du coup, je lui ai demandé, je lui ai dit, qu'est-ce que tu comptes faire avec ça ? Comment tu comptes te saisir de cette information ? De quoi tu aurais besoin là maintenant ? Est-ce que tu as envie d'être aidé par rapport à ça ? Et ça aussi, c'est la formation PSSM qui nous l'apprend à être... être plutôt dans le de quoi tu aurais besoin, plutôt de faire ceci ou faire cela. Et ça, franchement, c'est pas... Enfin, avant qu'on nous forme là-dessus, c'est pas forcément évident. On peut être beaucoup plus dans le fait de pousser des solutions et de se rendre compte que finalement, c'est quand on ouvre la possibilité à la personne par elle-même de se dire voilà où j'en suis, voilà ce que je pourrais faire. C'est là où on se rend compte qu'on peut plus facilement avancer avec la personne et surtout que ça va lui permettre aussi à elle des fois de nous dire... ce qui est sa solution à elle.
- Speaker #0
Surtout que là, vous aviez déclenché une prise de conscience.
- Speaker #2
Et ça pour moi...
- Speaker #0
Donc le cheminement est finalement...
- Speaker #2
Depuis 2019 que je suis secourie, c'est vrai que je me rends compte combien la prise de conscience est ce qui est fondamental. Tant que la personne n'a pas conscience, qu'il se passe quelque chose pour elle, à la limite... Et je peux même le entendre, pourquoi elle ferait quelque chose ? Il n'y a pas de problème. Voilà, il n'y a pas de problème, il n'y a pas de difficulté. Et sur l'alcool, je trouve que c'est même... On ne peut pas se voiler la face non plus, on est quand même dans un pays où l'alcool est... et très présent, et très mis en avant, voire même normalisé. Donc voilà. Donc en fait, là, ce qui a été intéressant, je trouve, dans cet échange que j'ai eu avec mon ami, c'est qu'on en a rediscuté une seconde fois au téléphone. Il m'a dit qu'effectivement, il regardait où l'on était dans sa consommation. On n'a pas été plus loin non plus sur cet échange-là. Et c'est dans le cadre d'un autre... d'une autre fois où on s'est vu, où je suis revenue sur le sujet. C'est toujours moi quand même qui revenais sur le sujet.
- Speaker #0
Donc pour la troisième fois du coup,
- Speaker #2
Christophe ? Oui, pour la troisième fois. Et là, il m'a dit, écoute, tu sais, je vais aller voir mon généraliste. Et il m'a dit, je vais lui en parler, je vais voir ce que lui, il en dit. Et en fait, c'est là où j'ai, enfin, déjà, je l'ai félicité, parce que je pense que ce n'est pas évident. Et je pense que quand on a comme ça une prise de conscience, c'est important peut-être aussi d'être encouragé. à aller jusqu'au bout de sa démarche. Donc voilà, je l'ai encouragée effectivement à en parler à son médecin traitant pour que lui puisse effectivement, cette fois, avec son regard aussi de médecin, voir ce qu'il en était, faire son job de médecin. Et moi, je dirais que mon rôle de secouriste sur la notion de prise de conscience, d'information, je pense que j'avais fait ce que j'avais à faire. J'avais donné les informations qui sont en ma possession. Et j'ai passé le relais à un autre professionnel qui va pouvoir continuer à avancer avec lui. Donc voilà, c'était une belle expérience aussi de pouvoir se dire qu'on peut aider sans non plus... Enfin moi, je ne l'ai pas vécu à ce moment-là comme quelque chose de... Comment dire ? Je dois sauver mon ami ou... Voilà, ce n'est pas ça en fait. C'est vraiment comment je peux établir le lien avec quelqu'un qui m'est cher. Et ne pas stigmatiser finalement le comportement qu'il peut avoir, mais lui permettre de comprendre que s'il continue avec ce type de comportement, et il en a le droit, je ne suis pas là pour décider à sa place, mais néanmoins qu'il met en jeu sa santé physique et psychique. Et ça, c'est vraiment avec la formation que j'ai pu apprendre à le faire. Ce n'est pas si évident que ça en fait.
- Speaker #0
Comment va-t-il aujourd'hui ?
- Speaker #2
Eh bien, il va bien, mais je dirais, peut-être malheureusement, dans le sens où c'est ce qui est très pervers avec l'alcool. Il va bien. Il est toujours en réflexion sur aller plus loin. Moi, je lui ai montré un autre manuel des premiers secours en santé mentale. On a regardé ensemble la partie sur les substances. J'ai pu aussi lui montrer les ressources qu'on peut avoir sur un faux conso, alcool, etc. Et ça, je pense que c'est des informations qu'il a. Maintenant, c'est à lui de s'en saisir. Il sait aussi qu'on peut en... en discuter librement, mais je pense que c'est à lui maintenant d'agir. Et il a, et son médecin qui est informé, donc voilà, maintenant c'est à lui d'agir. Mais il s'est fait là.
- Speaker #0
Vous parliez du manuel, Christine. Justement, qu'est-ce que la formation PSSM vous a apporté dans ce cas de figure-là, évidemment dans cette expérience que vous venez de nous raconter, mais également dans votre vie de secouriste au quotidien ?
- Speaker #2
Je crois en fait, enfin moi ce que j'ai trouvé le plus impactant dans cette formation, c'est vraiment le plan d'action du secouriste. Parce que quand on voit que quelqu'un ne va pas bien, on ne peut pas toujours forcément très bien savoir. Comment rentrer en contact avec la personne ? Je me rappelle, on nous avait interpellé en nous disant Mais ça sert à quoi votre avis, un plan d'action ? Pourquoi on crée des plans d'action ? C'est vrai que la question, elle peut paraître... Je me suis dit que je n'avais pas la réponse. Notre formatrice nous a dit que quand on est face à des personnes qui ne vont pas bien, on est en situation de stress. Le stress va nous envahir. Quand on est en situation de stress, notre capacité à raisonner, à analyser, peut être bloquée par de la biochimie, par ce qui va se passer dans notre corps. Quand on a un plan d'action et qu'on l'a bien compris, on a des réflexes d'action. Et donc c'est ça qui va prendre le dessus. Et donc on sait comment mieux gérer en fait une situation. Et c'est ça je trouve qui est important dans un plan d'action. Ça va nous apporter une sécurité. Ça nous autorise en fait à aller vers l'autre en se disant je sais quand même comment je vais pouvoir avancer dans les différentes étapes avec lui. Et quand on a bien compris comment fonctionne le plan d'action, et surtout c'est important dans celui du secourisme en santé mentale, parce que c'est différent avec le secours physique, c'est aussi pouvoir s'autoriser à se dire, là je peux lâcher. L'échange, parce que la personne, elle est peut-être arrivée à son niveau de ce qu'elle peut entendre pour l'instant. Il vaut mieux lâcher et je reviendrai à un autre moment. Et ça aussi, on l'expérimente pendant la formation. De se rendre compte de, là, c'est le bon moment, je peux continuer. Ou là, ce n'est pas le bon moment. Et ça, comment je peux l'observer ? Je l'observe aussi par la communication non verbale de l'individu. Tout ça, c'est des choses qu'on apprend pendant la formation. Et qui sont... associées au plan d'action. Et dans ce plan d'action, il y a vraiment des étapes qui sont vraiment marquées et qui nous guident aussi dans comment je vais pouvoir avancer avec la personne.
- Speaker #0
Est-ce que j'en déduis que vous conseilleriez cette formation ?
- Speaker #2
Ah oui, vraiment. Pour plein de raisons. Je suis venue à faire cette formation d'abord parce que je pense qu'elles sont en lien avec ce que sont mes valeurs. Moi, je suis personnellement concernée par les troubles psychiques. Donc, je pense que j'avais déjà à la base une sensibilité peut-être un petit peu plus forte. que certaines personnes, mais en fait, ce que j'ai vraiment apprécié dans cette formation, c'est d'abord, c'est simple. C'est, enfin, vous voyez, et des fois, on peut, enfin, la santé mentale, on peut, on en entend beaucoup parler, mais on a souvent une fausse connaissance de ce que peut être la santé mentale, où on ne sait pas trop, d'ailleurs, qu'est-ce qu'on met là-dedans, en fait, dans la santé mentale. Donc, c'est ce que j'ai vraiment apprécié. Alors, c'est deux journées qui sont denses. Je les recommande à tout le monde, mais c'est deux journées qui sont denses, c'est intense. Mais franchement, on ne les voit pas passer. Et on repart, je pense, de cette formation. On est quand même, on est changé. Parce qu'on repart, enfin moi, en tous les cas, je suis repartie, comment dire, un petit peu plus à l'aise. C'est venu aussi confirmer des connaissances que j'avais déjà, sur la partie peut-être un petit peu plus théorique. Mais par contre, on se sent plus fort.
- Speaker #0
Merci pour votre récit, Christine.
- Speaker #2
Merci.
- Speaker #0
Vous l'avez compris dans cet épisode, on a été, on est ou on sera peut-être tous concernés un jour par un proche qui ne va pas bien. Si vous êtes dans cette situation, voici quelques ressources sur lesquelles vous appuyez. Vous pouvez consulter le carnet du secouriste en santé mentale, mieux comprendre le trouble lié à la consommation d'alcool. Il est disponible en téléchargement gratuit sur le site internet de PSSM France. Le site Alcool Info Service vous permettra de vous informer et d'évaluer votre consommation. Vous pouvez également écouter le podcast d'Arte Radio. Vivons heureux avant la fin du monde, alcool, nous avons un problème. Delphine Saltel lit Jour Zéro, le journal de bord que Stéphanie Braqueuil a commencé à écrire quand elle a décidé d'arrêter de boire. Et au fil des jours de sobriété, elle explique comment elle arrive à s'extirper peu à peu des automatismes de consommation. En plus de ses ressources, sachez que venir en aide à quelqu'un atteint de troubles liés à la consommation d'alcool, ça s'apprend. Sans pour autant se substituer au professionnel, sans pour autant devenir un soignant. Comment apporter son soutien ? Que faut-il dire ou au contraire ne pas dire ? Quelles sont les ressources et les professionnels vers qui orienter ? Autant d'éléments qui sont abordés lors de la formation de premiers secours en santé mentale. Nous avons tous un rôle à jouer en tant que secouristes en santé mentale. Alors vous aussi, rejoignez cette démarche citoyenne et apprenez à aider en vous formant aux premiers secours en santé mentale. Pour cela, rien de plus simple. Rendez-vous sur le site internet de PSSM. C'était Apprendre à aider, le podcast sur le secourisme en santé mentale. Si vous avez aimé cet épisode, laissez-nous un commentaire ou un like sur votre plateforme d'écoute. Rendez-vous dans un mois pour votre prochain épisode. Apprendre à aider est un podcast PSSM France, produit par Plus de Sens. Ce podcast a été rendu possible grâce au Self-Esteem Club d'Herborian, partenaire de PSSM France. Présentation, Oriana Dobrometz. Direction éditoriale, Stéphanie Rojdix et Oriana Dobrometz. Direction de la production. Nicolas Pinault