Mahery Andriamanantena - Colorophile - Usages de la flore tinctoriale de l'océan Indien pour le textile et la cosmétique cover
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ArtEcoVert La voix de la couleur végétale et des plantes tinctoriales

Mahery Andriamanantena - Colorophile - Usages de la flore tinctoriale de l'océan Indien pour le textile et la cosmétique

Mahery Andriamanantena - Colorophile - Usages de la flore tinctoriale de l'océan Indien pour le textile et la cosmétique

1h22 |01/05/2025
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Mahery Andriamanantena - Colorophile - Usages de la flore tinctoriale de l'océan Indien pour le textile et la cosmétique

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1h22 |01/05/2025
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Description

Dans cet épisode captivant du podcast ArtEcoVert, Pauline Leroux a le plaisir d'accueillir Mahery Andriamanantena, un chercheur et entrepreneur passionné par la couleur végétale et les plantes tinctoriales. Ensemble, ils plongent au cœur de l'univers fascinant des colorants naturels, explorant un parcours riche en découvertes et en innovations. Mahery, fort de sept années d'expérience dans le domaine, partage ses recherches sur l'extraction et la stabilisation des colorants issus de plantes, qu'il s'agisse de l'indigo, de la garance ou d'autres pigments végétaux.


Au fil de la discussion, Pauline et Mahery abordent les applications multiples des colorants végétaux, notamment dans les secteurs du textile et de la cosmétique. Ils mettent en lumière les défis actuels de la filière, notamment la nécessité de standardiser les procédés pour répondre à la demande croissante des industries. Cette standardisation est essentielle pour garantir une qualité constante et pour promouvoir l'utilisation de colorants biosourcés, qui respectent à la fois l'environnement et la santé des consommateurs.


Dans un monde où la teinture végétale et la coloration capillaire végétale gagnent en popularité, il est crucial de sensibiliser le public et les industriels à l'importance des colorants naturels. Mahery souligne également le potentiel des plantes envahissantes, souvent perçues comme des nuisibles, en tant que sources inestimables de colorants. "La nature regorge de trésors qui n'attendent qu'à être découverts", affirme-t-il, rappelant ainsi l'importance de la biodiversité, notamment celle de l'océan Indien.


Cet épisode d'ArtEcoVert est non seulement une invitation à explorer le monde des couleurs de plantes, mais aussi un appel à l'action pour encourager des collaborations entre chercheurs, artisans et entreprises. En partageant des ressources et des connaissances, Pauline et Mahery espèrent démocratiser l'utilisation des colorants végétaux et promouvoir un design plus respectueux de l'environnement.


Ne manquez pas cette discussion enrichissante qui vous ouvrira les yeux sur l'avenir prometteur de la couleur végétale. Que vous soyez passionné par les fibres naturelles, l'encre végétale ou simplement curieux d'en savoir plus sur la teinture naturelle, cet épisode est fait pour vous.


Pour découvrir plus d'informations sur les plantes tinctoriales et les techniques de teinture végétale, n'hésitez pas à consulter les liens utiles mentionnés dans la description.


Belle écoute,


Pauline


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Pauline



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Transcription

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Bonjour et bienvenue dans le podcast ArtEcoVert, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes, et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants. pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de valeur. Mon but, fédérer et démocratiser la couleur végétale dans le monde. Alors c'est parti, bonne écoute ! Donc bonjour à tous, je suis ravie d'accueillir sur le podcast Aréco Vert, Maëry Andriama Nantena. Bonjour Maëry.

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, bonjour Pauline et bonjour à tous les auditeurs et merci de m'avoir invité dans ce podcast ArtEcoVert.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors, Maëry, je suis ravie de t'avoir aujourd'hui parce qu'on va déjà partir en voyage, ça va nous faire du bien. On va parler de couleurs, tu vas nous apporter tous tes travaux et les postes que j'ai vus passer, ce qui m'ont attiré l'œil forcément, j'ai vu ça sur LinkedIn, je te suis sur LinkedIn. Mais avant tout ça, est-ce que tu peux te présenter, raconter un petit peu aux auditeurs ton parcours et comment tu as cheminé jusqu'à la couleur végétale ?

  • Mahery Andriamanantena

    Je suis donc Maëry Andrea Malatena ou Maëry... un GM à l'intérêt en malgache, et je suis chercheur et entrepreneur. J'ai une formation de base en ingénieur agronome spécialisé dans le génie des procédés des systèmes agricoles et alimentaires, et j'ai également un doctorat en chimie et biologie spécialisé dans la valorisation chimique et biologique des plantes. Je travaille actuellement en tant que consultant de recherche, et je suis en cours de création de ma start-up. colorophiles axés dans le domaine des colorants naturels. Donc moi les colorants naturels, c'est une histoire qui a commencé à travers ma thèse. Donc cela fait bientôt sept ans, sept ans que je baigne dans la couleur végétale. Donc par rapport à la teinture de fibres naturelles, j'ai appris énormément d'une dame, une artiste artisane française qui habite à Madagascar. que je remercie. J'ai beaucoup appris des artisanes locales, donc principalement à Madagascar, mais aussi d'une des pentes de la teinture que vous connaissez tous, Dominique Cardan, qui était à l'époque dans mon comité de thèse et qui était mon rapporteur de thèse. Génial ! Donc après, sur les procédés chimie et biologie des plantes tinctoriales, j'ai été autodidacte à travers mon doctorat. donc à travers les livres, les articles scientifiques, mais bien sûr avec l'appui indispensable de mes directeurs de thèse, de mes encadrants de thèse et de mes collègues. Donc là, je continue toujours d'apprendre. Il y a tellement à découvrir encore dans le domaine des colorants végétaux et surtout à être impressionné par ce que la nature nous offre et c'est pour cela que ces domaines me passionnent particulièrement.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je crois qu'on est tombé dans la même passion, mais on n'a pas fait le même parcours. Alors, c'est hyper intéressant ce que tu viens de nous expliquer. Est-ce que tu peux clarifier ce que c'est que consultant de recherche ? C'est-à-dire qu'il y a des gens qui t'appellent pour monter des programmes de recherche, pour étudier plus spécifiquement une plante, pour étudier plus spécifiquement une application. Est-ce que tu peux nous détailler un peu qu'on se le représente ?

  • Mahery Andriamanantena

    Donc, consultant de recherche, c'est-à-dire que moi, je vais travailler à 100% dans une université ou en tant que chercheur associé au niveau d'une université. Actuellement, par exemple, je suis également sur un projet qui s'appelle Natural Malagasy Plant Dyes. C'est un projet qui est totalement dédié à la coloration de fibres naturelles. Donc, à la différence de ce que j'ai fait sur... On va dire ces cinq, six dernières années, nous nous sommes un peu plus focalisés lors de ma thèse et de mon postdoctorat à l'Université de La Réunion sur les extractions des colorants issus des plantes. Ensuite, sur l'application, que ce soit dans le domaine textile, cosmétique ou pharmacologique, étant donné qu'il y avait un grand volet activité biologique également, donc antioxydants, anti-inflammatoires, etc. Pour ce projet en particulier, Au niveau duquel je suis consultant de recherche, c'est vraiment axé sur la coloration de textile. Donc principalement la soie, le coton et la laine.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, ok. Et alors quand tu dis, donc ça fait 7 ans que tu travailles ta thèse, tu as donc les deux bagages, on va dire, tu as pour moi le côté agronomique, donc vraiment compréhension de la plante, de sa culture, etc. Et la partie chimique, j'imagine notamment avec de la phytochimie pour comprendre comment ça se passe, etc. Est-ce qu'on peut faire l'exercice de... J'essaye de te dire un peu à quoi j'imagine ton métier et tu me dis si c'est réellement ça que tu fais. En gros, tu as d'abord étudié les réactions, le métabolisme des plantes pour comprendre pourquoi elles produisent de la couleur. Je pense que tu as dû essayer de comprendre comment on extrayait ou comment on augmentait cette couleur dans la plante, parce que tu es ingénieur agronome et donc forcément, je pense que ça a dû... Donc les techniques d'extraction, comme tu as accès à des labos, des chimistes, etc., je pense que c'est une étape intéressante. Donc l'extraction et ensuite les réflexions d'application possibles. Tu n'es pas forcément qu'arrêté au textile, j'imagine. Tu as vu tout, comme tu dis, ce domaine est hyper large. Moi au début, pareil, je suis rentrée par le textile. mais en fait on en découvre plein des applications de la couleur végétale. Est-ce que toi tu as pu pointer du doigt quelques applications ? Est-ce que tu peux nous faire un petit peu comme une rétrospection de tes 7 ans ? Par quoi t'es passé ? Est-ce que t'as voulu creuser ? Pour qu'on comprenne parce qu'en fait tu vois au fur et à mesure des épisodes de podcast j'ai l'impression qu'on mène une enquête qui avance conjointement tu vois et j'aimerais bien que tu nous fasses toi ton retour sur ces 7 ans, ce qui t'a interpellé, ce que t'as voulu creuser etc.

  • Mahery Andriamanantena

    Oui donc Je... Sept ans de recherche sur les plans tectoriels. Et c'est après ces sept ans que j'ai aussi monté le projet Colrophile, le projet de création de start-up. Une start-up parce que, justement, pendant ces sept ans, j'ai vu tout le chaînon, toutes les chaînes de valeur, à partir des collectes, à partir des enquêtes et relations avec les artisans. donc les artisans locaux, que ce soit des teinturières, que ce soit des cultivateurs. Il y a aussi le volet procédés, à travers mon ingénierie, on génie des procédés, où je vois comment les couleurs sont extraites, quel type d'application, type de stabilité, et ainsi de suite. Et donc aussi ce volet... que j'avais fait particulièrement pendant ma thèse et mon premier postdoctorat, principalement en phytochimie et activité biologique. Donc c'était vraiment d'essayer de comprendre d'où viennent les colorants à l'intérieur des plantes, donc principalement des métabolites secondaires, et donc également de se dire comment est-ce qu'on va faire pour extraire ces métabolites secondaires, parce que ce sont des familles chimiques qui peuvent être très différentes. En fonction de quelle famille chimique est présente dans la plante, la méthode d'extraction sera également différente. On peut partir sur un procédé que avec de l'eau, un procédé avec un mélange eau-éthanol, et donc également le produit que nous allons obtenir à la fin, après quelques optimisations, ce sera aussi un produit qui va contenir... soit que les métabolites secondaires responsables de la coloration, soit d'autres métabolites secondaires qui seront responsables d'activités biologiques, par exemple. D'accord. Donc c'est pour cela que nous nous sommes également, sur ces dernières années, focalisés sur ces activités biologiques. Donc comme j'avais dit tout à l'heure, il y a beaucoup de plantes qui sont antioxydantes également. ou qui ont des propriétés anti-inflammatoires ou antibactériennes, voire même, d'après nos enquêtes sur la biodiversité de l'océan Indien, que ce soit à La Réunion ou à Madagascar, presque, voire même plus de 80% des plantes sectoriales qui ont été inventoriées, donc à des potentiels riches en colorants et pigments, sont également des plantes médicinales qui sont déjà décrites dans la littérature.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Génial ! Écoute, il va falloir que... Peut-être que tu l'as connue, je te coupe deux secondes. Est-ce que tu connais Delphine Talbot ? Ça te parle ou pas ?

  • Mahery Andriamanantena

    Non, je ne la connais pas.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors, j'ai enregistré avec elle il y a dix jours, je pense. Elle est enseignante-chercheure à Toulouse. Elle travaille sur le lien entre la couleur et la santé et les propriétés médicinales, le care en anglais. Et en fait, c'est son combat. C'est vraiment quelque chose qui lui est venu très naturellement il y a quelques années pendant sa thèse aussi à elle. Et elle a réussi à avoir un budget de recherche qui va démarrer là. Et donc, c'est passionnant parce que toi, d'emblée, tu l'abordes non plus comme une hypothèse, mais comme une… Voilà, tu as constaté qu'il y a 80% des plantes tectoriales, donc à La Réunion et à Madagascar, qui ont en plus des propriétés médicinales. Donc, je trouve ça génial parce que tu vois, c'est pour ça qu'il est bien ce podcast, sans me lancer des fleurs, mais c'est qu'on a différents niveaux d'avancée. en fonction des pays, des contributions, des professions, etc. Donc hyper intéressant. Donc vous, vous avez répertorié, et dans les plantes que vous avez répertoriées, il y en a 80% qui ont en plus d'un pouvoir colorant, un pouvoir médicinal.

  • Mahery Andriamanantena

    Voilà, 80% en plus de pouvoir colorant qui a également des pouvoirs médicinales. Et voire même, je dis 80% Parce que sur une partie des 20% restantes, c'est parce que ces plantes-là n'ont pas encore été vraiment étudiées.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ah, d'accord.

  • Mahery Andriamanantena

    Voire même, je suis prêt à parier que si on fait des études d'activité biologique sur ces 20%, on aura encore un bon nombre de plantes intéressantes en termes d'activité biologique.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Top. Ça, c'est vraiment génial de parler de ça et de voir que, voilà, toi, tu n'en es plus au stade de… supposer, tu es au stade que c'est réellement ce qui existe et il y a encore de quoi découvrir. Tu as parlé d'un... Tu as donné un terme en parlant des extractions. Tu as parlé de la stabilité aussi. Tu extrais les colorants mais il faut les rendre stables. Tu parles comme d'autres domaines d'application, de réaction à la lumière, réaction au changement de pH et ces choses-là, changement de température. C'est ça que tu dis dans on extrait mais il faut aussi les rendre stables ?

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, voilà. Enfin... Ce n'est pas vraiment les rendre stables, c'est plutôt qu'à travers plusieurs essais, plusieurs choix de plantes, on va faire des tests de stabilité, par exemple de la couleur, pour se dire, cet extrait-là, est-ce que si on la met à 60°C pendant quelques heures, à 90°C ainsi de suite, est-ce que la couleur va rester ? Et pareil, est-ce que si on le met à un pH... acide très acide ou alcalin très alcalin est ce que la couleur va virer à une autre couleur parce que ça on le remarque généralement avec les plantes unctorial tout est question de ph et avec les bains teinture tout est question de température et en fait ces stabilités ça nous permet également de se dire est ce qu'on pourra également les appliquer dans notre domaine donc le domaine de la cosmétique qui veut des pH un peu plus neutres par exemple, on aura des choix des plantes sur lesquelles on va se dire que ça sera un peu plus important. Ou le domaine agroalimentaire qui utilise un peu plus des pH acides pour la conservation, ça permet de se dire que ces plantes-là sont un peu plus adaptées à l'alimentaire. Et après, les activités biologiques aussi qui permettent d'avoir un double usage, on va dire, avec ces plantes. Donc principalement, Dans le domaine de la cosmétique, peut-être que le responsable de la coloration, je veux dire les métabolites secondaires, sera également responsable des activités antioxydantes. Donc là, il y aura deux voies, soit de l'utiliser en tant qu'antioxydant, soit de l'utiliser en tant que colorant.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord. Donc, une fois que tu as identifié les plantes, comme tu dis, il y a cette histoire de stabilité qui te permet d'orienter. une plante vers un domaine d'application. Ça, c'est hyper intéressant ce que tu as dit. pH neutre plutôt pour la cosmétique, pH acide pour la conservation en alimentaire. J'ai énormément bossé ces derniers jours sur justement les colorants alimentaires d'origine végétale. Et à chaque colorant, donc tu sais, je me suis refait tous les E des normes européennes. Et à chaque fois, il y a des propriétés antioxydantes pour la coloration de la peau, pour des activités. Et en fait, j'ai trouvé ça, mais je me suis dit, Pauline, tu aurais dû commencer par les colorants. alimentaire, parce qu'en fait, tu vois que pour moi, c'était la porte d'entrée, en fait, j'aurais dû faire dans ce sens-là plutôt que l'inverse, mais bon. Et donc, ça nous dit qu'en fait, en fonction de d'un, comment dire, d'une résistance ou d'une variation à un pH, ça se destine à différents secteurs d'activité, et quand tu dis on y adjoint la couleur avec un autre procédé actif, Ce que je voudrais te demander, parce que ça m'est souvent posé comme question, et je voudrais vraiment qu'on le rappelle, c'est qu'il ne faut pas confondre que quelque chose qui vient des plantes, qui est naturel, n'est pas forcément non nocif. J'aimerais qu'on réexplique aux gens qu'en fait, ce n'est pas parce que ça vient des plantes, parce que c'est dit naturel, que ça ne peut pas causer de tort. Et j'aimerais bien que tu puisses, parce que dans les colorants... Dans les colorants végétaux, c'est des cocktails de molécules. Tu as le colorant, mais tu as d'autres trucs qui viennent avec, comme tu dis, des principes actifs. Et en fait, j'aimerais bien qu'on ressensibilise tout le monde avec cette notion de attention, ce n'est pas parce que ça vient de la plante que ça ne peut pas causer de tort

  • Mahery Andriamanantena

    C'est une très bonne remarque, effectivement. Parce que quand on prend un extrait de plante, un extrait de plante peut être à la fois toxique, peut être à la fois irritant. mais peut avoir également ses propriétés médicinales, ses propriétés nutritionnelles. C'est pour ça qu'il faut faire très attention quand on va utiliser des plantes. C'est pour cela qu'autant dans l'utilisation d'un extrait que dans la teinture, il y a toujours une recette qui dit utiliser tel ou tel ratio de plantes avec de l'eau, avec des fibres. J'imagine que pour définir ces recettes, il y a déjà eu également derrière des tests de toxicité, notamment en... irritation sur la peau, qui définit qu'à cette proportion-là, il n'y a pas cette toxicité. Cette toxicité, c'est une histoire de dose, en fait. C'est comme toute chose, quand on en utilise trop, ça devient toxique, mais il faut l'utiliser à sa juste utilisation.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Du coup, ça me fait penser à l'histoire de la pharmacopée qu'on a commencé à aborder avec des invités sur le podcast. qui réglemente, qui cadre un peu l'utilisation des plantes. Est-ce qu'au niveau des plantes exotiques, tu vois, type La Réunion, Madagascar, est-ce que vous avez une pharmacopée ? Est-ce que vous êtes rattaché, par exemple, pour La Réunion, à la pharmacopée française, je suppose ? Mais par exemple, pour Madagascar, est-ce que c'est une pharmacopée internationale ? Est-ce que c'est quelque chose de spécifique à Lille ? Comment ça fonctionne ?

  • Mahery Andriamanantena

    Pour La Réunion, c'est la pharmacopée française. Donc il y a plusieurs projets, notamment au niveau du laboratoire KM BioPro, où j'ai fait ma thèse, où ils étudient les plantes médicinales justement dans le but d'introduire ces plantes-là dans la pharmacopée française.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Top, génial !

  • Mahery Andriamanantena

    Et pour Madagascar, c'est assez différent. Donc il y a des connaissances traditionnelles qui sont très présentes sur l'utilisation des plantes. Mais la législation ne permet pas encore de vraiment les commercialiser, de les mettre à l'international. Bien sûr, il y a plusieurs laboratoires de Madagascar qui travaillent sur les plantes et qui sortent déjà des produits. Mais la législation, elle est particulière.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, elle est un peu… D'accord, ok. Et alors du coup, une autre question. Désolée, ça me passionne. Mais alors du coup, cette histoire de pharmacopée qui régit, qui donne le cadre des plantes qu'on peut utiliser ou non, est-ce que toi, dans tes recherches, tu as constaté sur les plantes tectoriales des potentielles irritations, des potentielles allergies ? Est-ce que tu as cerné ? Est-ce que tu peux nous parler de quelques plantes pour nous expliquer qu'effectivement, ce n'est pas toujours tout rose ?

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, nous avons collecté par exemple, désolé je ne me souviens pas du nom de la plante, parce qu'on fait des collectes, on fait des extractions et il y en a toute une liste. Mais vraiment il y a des cas des plantes où juste en les manipulant, on remarque cette irritation. Parce que nous on ne se base pas que sur les plantes qui sont déjà utilisées par la population ou les artisans. On essaie de voir aussi... par rapport à d'autres genres ou d'autres espèces de la même famille botanique. Je veux dire, s'il y a une espèce qui est très utilisée en Inde ou en Europe, si on a une espèce qui est à peu près similaire, on va également essayer de voir qu'est-ce que ça pourrait donner. Génial. Il y a vraiment des cas de plantes où on a ressenti ces irritations-là. Et surtout qu'il faut toujours mettre des gants quand on fait ces expérimentations. Mais des fois, tu vois, avec la passion, la ferveur, on est trop curieux et des fois on oublie. Et ça m'est arrivé où j'avais les mains qui grattaient pendant toute une demi-journée. Donc, c'est pourtant vraiment que, voilà, si pour les gens qui s'aventurent à collecter des plantes dans leur jardin, qui ne savent pas ce que c'est, il faut quand même faire attention. Parce que, comme tu avais dit tout à l'heure, plante ne veut pas forcément dire sécure.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ok. Bon, top. Parce que, du coup, tu vois, on m'a posé plein de fois la question. Ah, Pauline, tu parles énormément des plantes qui colorent, etc. Alors, je n'oppose pas les colorants de synthèse parce qu'on a besoin des deux, mais j'aimerais des colorants de synthèse plus propres et moins impactants et des colorants végétaux plus mis en avant et que toute la chaîne de valeur soit valorisée parce qu'il y a énormément de beaux projets à faire. Mais moi aussi, j'ai vu, tu vois, par exemple, que pour l'indigo, dans la coloration capillaire, ça pouvait faire des irritations pas très longues, tu vois, mais il y a certaines personnes qui réagissent moins bien à l'indigo. Il y avait le roucou qui pouvait être aussi source d'allergie. Bref, pour rappeler qu'il n'y a pas une innocuité à zéro, on n'est pas à zéro, comme toute plante, c'est vivant, il y a forcément des interactions. Ok, écoute, désolé.

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, juste pour terminer ce paragraphe, quand on va utiliser une nouvelle plante, je veux dire, d'ordre général, c'est justement les deux tests qu'il faut toujours faire. Un test de sensibilisation, donc par rapport au... aux allergies et un test d'irritation. Donc surtout dans le domaine de la cosmétique où on va appliquer les produits sur la peau et dans le domaine du textile où on va manipuler le produit et également les tissus qui vont être en contact de la peau.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, tu vois, je ne savais pas ça du coup. Ok, donc deux tests à réaliser pour être sûr que ce ne soit pas compliqué. Au moins, c'est de l'appui. Bon, alors du coup... On a vu ton parcours dans la chimie, phytochimie, comprendre les plantes tectoriales, les répertorier, extraire, savoir les stabiliser pour qu'elles soient utilisables dans différents types d'applications. Est-ce que tu as suivi des formations ? Quel livre tu as lu ? Qui tu as été voir pour acquérir cette connaissance ? Moi, j'essaye de chercher des infos pour démocratiser le sujet, mettre les acteurs en avant, en parler davantage. Je trouve que bon. Il faut sacrément trouver les bonnes sources pour trouver des informations fiables, et pas des interprétations, des blogs ou des trucs pas très fiables. Comment toi tu as fait ? Vers qui tu t'es tourné ? Est-ce que tu peux nous raconter un petit peu ?

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, au début, c'était vraiment les artisans en teinturière. Donc, partir vraiment de cette connaissance traditionnelle, on va dire. sur l'utilisation des plantes, des plantes de l'océan indien. Et après, après compréhension du phénomène, on voit à travers la bibliographie que les plantes se ressemblent à peu près. Je veux dire que quand on va parler de colorant, les couleurs jeunes, cela va toujours par exemple être des flavonoïdes en général. Quand on veut un mordansage naturel, il peut s'agir des plantes accumulatrices d'aluminium par exemple. Donc c'est toujours les mêmes théories, mais il faut juste pouvoir expliquer ce que font les artisans et partir de là pour pouvoir les optimiser. Après en termes de livres, bien sûr moi j'avais acheté au début de ma thèse le livre de Dominique Ardant, Le monde des teintures naturelles. Et pour la petite anecdote, sur ma première année de thèse, je l'ai acheté en français et en anglais. les deux versions en même temps. Parce que je me suis dit, vu que tous les articles scientifiques sont en anglais, je n'avais pas cette richesse en vocabulaire de plan tectorial. Donc ça m'a beaucoup aidé à faire le lien entre quels mots sont utilisés en anglais ou en français. Donc à part ça, ces dernières années, j'ai été aussi en contact avec des designers. Donc plutôt dans le sens application pour voir quel est actuellement le besoin des industriels ou le besoin du marché en termes de colorants naturels en textile par exemple, ou voir d'autres applications.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et pour toi, suite à ces 7 ans de recherche, on a dit tout à l'heure qu'il y avait plein de domaines d'application de la couleur végétale. Globalement, pour interroger, échanger avec des acteurs de tous les domaines, je vois que le retour aux colorants végétaux est dans tous les domaines. Il n'y a pas un domaine qui est au ralenti, c'est vraiment un virage qui est pris. Besoin de naturalité, demande des consommateurs, on fait attention à notre impact environnemental, on se rend compte que la synthèse, ce n'est pas si extraordinaire que ça. Pour toi, quel est le domaine d'application dans lequel soit il y a plus urgence à venir apporter une solution ou soit il y a le plus de demandes ? Pour toi, c'est quoi un peu les rapports entre les différents domaines d'application ?

  • Mahery Andriamanantena

    Il faut citer… deux domaines d'application, moi je dirais le textile et la cosmétique. Le textile en premier parce que pourquoi est-ce que nous on veut revenir dans les colorants naturels ? C'est parce qu'il y a cette pollution environnementale qui est très présente à partir de la coloration de textile. Donc en ce moment, c'est encore une échelle qui est très faible, à une échelle de... artisanal ou à un marché de niche. Mais petit à petit, je pense qu'avec plus de communication, donc justement, je pense que c'est l'un des valeurs de ton podcast également, c'est de fédérer par rapport à toute cette utilisation autour des colorants végétaux pour que les gens les acceptent de plus en plus et se tournent vers les colorants végétaux de plus en plus. Et en deuxième utilisation, je dirais également la cosmétique. Donc ici, je pense que ce n'est pas forcément un problème environnemental, mais plutôt un problème en termes de santé humaine, où nous, on ne veut plus utiliser ces colorants artificiels, pas que les colorants finalement, on veut utiliser des produits naturels, voire même à 100% naturels. Donc on voit toujours qu'on a des produits... à 95% ou à 90% naturel, parce que les industriels ne peuvent pas encore substituer tous les ingrédients par des produits naturels. Mais je pense que ça va venir, que le jour où ils pourront remplacer ces ingrédients-là par du 100% naturel, c'est sûr qu'ils vont également le faire.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    On a rencontré, je ne sais pas si tu connais, Élodie Carpentier du Rouge Français. qui est la première entreprise mondiale, parce qu'elle a le brevet, à faire des cosmétiques avec de la couleur végétale uniquement. Donc elle fait un vernis à ongles, elle fait du rouge à lèvres, du mascara, etc. Et elle, ce qu'elle veut, c'est aller jusqu'au bout. C'est-à-dire que même son packaging, par exemple, de rouge à lèvres, il est fait à partir de, alors je ne sais plus la plante, je ne voudrais pas dire une ânerie, mais c'est un emballage même à base de plantes. Elle y met des colorants. comme la garance, etc., pour avoir un rouge comme Cléopâtre. C'est le message. Mais tu vois, elle, elle y va. Et j'ai reçu un autre invité la semaine dernière qui était de LVMH. Il s'appelait Patrice André. Il a travaillé pour LVMH sur Christian, Dior et sur les parfums. Et il disait que lui, pareil, c'était son combat pendant toute sa carrière, c'était de végétaliser au maximum. Et en fait, effectivement, il y a encore quelques freins. à soulever, mais que c'est vraiment une volonté. C'est vraiment une volonté. Donc ça, c'est pour moi des points positifs. Donc tu dirais, toi, textile et cosmétique, OK. Est-ce que tu peux nous parler du coup, avec tout ce que tu as vu, tout ce que tu as expérimenté, tu en es arrivé à vouloir créer ton entreprise, donc Colorophile. Est-ce que tu peux nous raconter ce que tu vas proposer comme mission ? Sur quel secteur tu vas te positionner ? Est-ce que tu vas proposer ? avec cette entreprise ?

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, donc Colorophile, c'est une start-up qui est actuellement incubée au niveau de la Technopole et qui se veut de proposer des produits et services autour de la coloration naturelle et des ingrédients naturels. L'objectif, c'est de proposer des ingrédients, notamment des pigments ou des colorants techniques. stable par rapport à l'utilisation voulue, durable par rapport à son utilisation en termes de conservation de la biodiversité, par exemple, ou en termes de sourcine de la plante. Nous, c'est vraiment dans ce sens de respecter à la fois les êtres humains et respecter l'environnement. Nous proposons également des services de coloration, de coloration soit...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    de tissus, soit d'ingrédients cosmétiques, notamment des huiles végétales, et également des prestations de recherche et développement, si le client a un besoin particulier en termes de, soit l'application du colorant dans leurs produits, ou bien des besoins particuliers en termes d'ingrédients.

  • Mahery Andriamanantena

    Ok, alors quand tu dis que vous proposez des produits stables, on en a parlé tout à l'heure de la stabilité, c'est bien quand tu stabilises tes produits, c'est bien qu'avec des produits naturels. C'est en gros, tu as ton extrait colorant que tu vas venir stabiliser, mais ce que tu utilises pour les stabiliser, c'est bien naturel. C'est une question que je pose parce que j'ai vu des fois des choses très curieuses où on parle de colorant issu de plantes et en fait, tu vois qu'ils rajoutent des trucs pour que ce soit applicable et qui ne sont pas naturels. Et donc, la question, c'est est-ce que toi, tu es vraiment... 100% sur de la plante ou du naturel ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Quand je dis stable, en fait, ce n'est pas qu'on va rajouter quelque chose qui va rendre le produit stable. C'est que déjà, le produit en lui-même, il est stable par rapport à certains facteurs de variation. Donc, comme nous, on travaille sur une large biodiversité de l'océan Indien. Donc, on peut se permettre de se dire, là, nous avons une source de bleu qui est stable à... à la température, au pH par exemple, où là nous avons une source de jeûne qui est très stable au lavage, contrairement à d'autres qu'on a sur le marché. Donc bien sûr, dans les techniques de textile par exemple, c'est toujours les mêmes techniques de mordant sage, que ce soit avec des mordants minéraux ou bien on essaie aussi de faire des applications avec des mordants naturels.

  • Mahery Andriamanantena

    Biomordants ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Bio-mordant, voilà, c'est le mot. Enfin, je ne sais pas si c'est un mot qui est utilisé à l'international, mais en tout cas, ça en dit tout sur l'utilisation naturelle du mordant.

  • Mahery Andriamanantena

    On a reçu Céline Philippe de Teinture Végétale, qui est basée, si je ne dis pas de bêtises, du côté de Lyon, qui, elle, a voulu se passer des sels métalliques. Pas qu'elle est contre, mais elle s'est dit, tant qu'à faire avec les plantes, autant essayer de tout faire avec les plantes. Et elle a travaillé sur des biomordants assez connus, parce que j'ai l'impression que c'est toujours les mêmes qui reviennent, le lycopode et le simplocos. Et j'ai entendu parler d'un autre biomordant, alors attends que je ne te dise pas de bêtises, est-ce que c'est possible le poirier sauvage, les racines de poirier sauvage, ou les écorces de poirier sauvage ? Un truc comme ça.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je ne connais pas la plante, mais ça ne m'étonnerait pas avec des écorces ou des racines.

  • Mahery Andriamanantena

    Bon, il faudrait que je repréciserais, je mettrais une petite astérisque dans le descriptif quand je retrouverai la mémoire de tous ces sujets. Mais du coup, toi, c'est aussi une volonté, c'est-à-dire, on va sur des colorants végétaux et on va venir travailler ou en tout cas rechercher des biomordants d'origine naturelle. Toi, qu'est-ce que tu as dans l'océan indien trouvé comme biomordant ? qui pourrait être une source renouvelable ? Parce qu'il y avait aussi cette question, tu vois, sur le simple ocos et le lycopode. Je crois que le lycopode pousse dans des tourbières et en fait, c'est des écosystèmes fragiles. Donc, il y avait cette notion de ne pas être trop impactant sur l'environnement. Et pour l'autre, je crois qu'il y avait une notion de filière. Et donc, Céline expliquait qu'elle ne travaillait qu'avec du simple ocos issu d'une filière renouvelable, etc. Est-ce que toi, c'est un peu la même chose ? Tu as trouvé des biomordants qui peuvent être des ressources renouvelables. Est-ce que tu peux nous raconter un petit peu ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, j'ai écouté ce podcast de Céline Philippe qui est justement très intéressant. Et justement, on part toujours du même principe. Le simple ocus ou l'hélicopode, ils sont réputés pour être des plantes accumulatrices d'aluminium. Et en fait, si on veut par exemple substituer l'alun dans les... techniques de mordant sage c'est tout à fait normal et logique que nous on va se focaliser sur ces plantes accumulatrice d'aluminium donc je n'ai rien contre contre l'alun ça fonctionne très bien en termes de mordant sage pour pour la teinture naturelle mais comme tu as dit tout à l'heure c'est vraiment dans cette initiative de travailler en 100% naturel donc se dire que dans la mesure du possible si on peut substituer tous les ingrédients utilisés que ce soit en teinture ou en mordant sage par des ingrédients issus de plantes donc ça serait très bien et nous ce qu'on essaie de faire on a par exemple trois types de plantes Donc une autre lycopode également, mais plutôt une lycopode de cette biodiversité de l'océan Indien, qui existe aussi dans d'autres parties du monde. Et l'autre biomordant sur lequel on est en train de travailler, c'est une plante de la famille des mélastomacées. On va essayer encore de définir le nom exact de l'espèce, ce que... La plante a été récoltée en forêt, on va dire, donc l'identification prend un peu plus de temps. Mais nous, on essaie vraiment de se focaliser sur des plantes avec un sourcine éventuellement durable. Je dis éventuellement durable parce qu'on essaie de se focaliser sur des plantes pas forcément exotiques, elles peuvent être endémiques, mais par exemple des feuilles. donc des feuilles qui peuvent se renouveler à longueur pendant toute l'année ou bien à des parties de plantes, à des petites branches, donc des parties de plantes qui se renouvellent assez facilement. Bien sûr au niveau de la recherche qu'on avait faite sur ces dernières années, on s'est dit on va faire de tout, que ce soit les racines, que ce soit les écorces, mais le souci c'est qu'on utilise beaucoup les écorces, mais pour le renouvellement de ces écorces, on n'a pas assez de recul pour se dire si je prends l'écorce de la plante cette année est-ce que ça va se refermer dans les prochaines années et on n'aura pas autant de chance que les écorces qu'on utilise actuellement pour se dire qu'on collecte des coproduits ou des sous-produits de plantes ou d'arbres qui sont utilisés dans la construction par exemple donc nous on essaie vraiment de se focaliser sur ces sourcines durables pour que l'on puisse monter ces filières durables en termes d'approvisionnement.

  • Mahery Andriamanantena

    D'accord, donc tu pourrais proposer un service potentiellement demain 100% végétal à tes clients avec un colorant à base de plantes et un mordant d'origine végétale. Alors attention, je pousse le bouchon, mais en fait, j'ai beaucoup réfléchi sur la teinture, mais je me suis dit qu'il y a quand même tout ce qui est après qu'on vient mettre sur les tissus une fois teint. qui leur confèrent des propriétés soit imperméabilisantes ou autres. Est-ce que ces apprêts, tu travailles aussi sur des apprêts d'origine végétale ou naturelle ? Est-ce que c'est un sujet que tu regardes ou pas ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non, pour le moment, on essaie de se focaliser sur la coloration et voir le mordansage naturel. Mais effectivement, je pense qu'en termes de produits naturels, tout est possible et tout reste à faire. Ok,

  • Mahery Andriamanantena

    top. Parce que j'avais reçu Louise Bécart de Pincroft en Angleterre, qui elle travaille, pareil, elle expliquait, ils travaillent sur, tu sais, les uniformes, les vêtements de travail pour les chefs cuisiniers, les pompiers, etc. Des vêtements techniques et ils ont donc besoin d'après de qualité qui soit vraiment sûre. Et ils sont en train de vraiment bosser sur des apprets plutôt naturels parce que forcément, on voit que c'est un vrai besoin, parce que c'est surtout les produits d'apprets et de teinture, enfin, on va dire l'ennoblissement en général, qui est quand même polluant. Donc, voilà, c'était ma petite question bonus.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Juste en tant qu'exemple, par rapport à ces techniques de finishing, en fait, le tannage du cuir... a été souvent fait auparavant avec les teintes naturelles, ce qui permet de colorer le cuir, de le traiter, de l'imperméabiliser. Donc ça, ça fonctionne avec le cuir, peut-être pas avec du coton ou d'autres tissus, mais pour dire que je pense que c'est tout à fait possible.

  • Mahery Andriamanantena

    Ok, donc ça à suivre, je lance l'appel, s'il y a des gens qui travaillent sur les après, n'hésitez pas, on sera ravis d'échanger. Alors, j'ai regardé ton site, du coup, j'ai été hyper curieuse. Tu as mis sur ton site que vous proposiez des sources colorantes qui peuvent pallier les limites actuelles de la filière. Tu entends quoi par limite ? Parce qu'en fait, sur le podcast, j'ai démarré avec justement Dominique Cardon et Sandrine Rosier. La première étape, c'était de faire exploser les préjugés qu'on avait sur la teinture végétale. Donc, on a passé du temps de la pédagogie à expliquer par preuve et démonter chacun des préjugés. Je pense qu'il faudra quand même des études scientifiques parce que même si tu invites les meilleurs experts et que c'est juste du verbal et que tu n'as pas un rapport qui te montre que c'est vraiment véridique, les gens ont du mal quand même à lever ces préjugés sur la teinture. Donc, qu'est-ce qui, selon toi, quelles sont les limites actuelles justement de la filière et qu'est-ce que tu proposes du coup pour lever ces fameux préjugés ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    En termes de... Limite, moi je te dirais deux choses, les propriétés techniques de ces colorants et le sourcine, avec le coût qui vient avec. Je parle ici en termes de technique à la fois du pouvoir tectorial, de la couleur qui ressort et également de la stabilité. Il y a toujours cette répudation des couleurs naturelles. les gens qui disent que ce sont des couleurs qui sont fades, qui ne sont pas stables, qui ne sont pas optimales. Mais à travers les travaux de tout plein de gens qui ont travaillé sur les couleurs naturelles, en fait, il y a des milliers d'exemples qui démontrent que les couleurs naturelles peuvent également être des couleurs qui sont très vives, des couleurs qui sont très foncées et des couleurs qui peuvent être très stables également. Donc ce n'est pas Dominique Cardan qui dira le contraire, puisqu'elle découvre des tissus qui ont des centaines d'années et dont la coloration est encore très présente. Donc c'est vraiment ce genre d'informations qu'il faut partager pour que les gens arrêtent de se dire que les colorants naturels sont des colorants fades et que la stabilité laisse à désirer.

  • Mahery Andriamanantena

    C'est une question de candidat en fait. On a énormément de plantes tectoriales. En fonction de l'application, du projet, c'est choisir le bon candidat qui aura la solidité lumière, si ça doit passer au lavage, qu'il soit résistant au lavage. En fait, c'est ça, c'est sélectionner le bon candidat. Et je pense qu'en fait, c'est ça qu'il faut rabâcher, c'est que toutes les plantes ne sont pas bonnes pour toutes les applications. Il faut vraiment faire ce choix de... Ça tombe pas du... Enfin voilà, il faut faire ce choix de recherche et de trouver le bon candidat, je trouve. C'est un peu... Et alors quand... Oh pardon, vas-y.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, j'allais dire que justement, parce que pourquoi est-ce qu'on utilise toujours la garance, la gode et l'indigo ? C'est que ce sont les trois plantes pour moi qui sont les plus stables à l'international et qui sont les plus célèbres. C'est ça. Et ça, ça provient surtout de cette connaissance traditionnelle et de cette histoire en Europe et en Inde. Mais si on se base également sur d'autres types de biodiversité, Je pense qu'au niveau de l'océan Indien, on pourra aussi sortir la prochaine garance, la prochaine god à partir de cette biodiversité avec une plante stable et avec des couleurs très prononcées également.

  • Mahery Andriamanantena

    C'est ce que tu vois, on a reçu Henri-Joseph de Guadeloupe, de Phytobocase, Colorbocase, je ne sais pas si tu connais. Et lui, c'est ça qu'il a dit à la fin de son épisode, c'est pour lui, la biodiversité qu'il y a dans les îles, que ce soit la Guadeloupe, la Réunion, etc. tout ce qui est flore tropicale, pour lui, c'est la suite de l'histoire. C'est-à-dire que c'est là qu'on va trouver, et il dit qu'il en trouve régulièrement, que c'est vraiment une source de richesse. Il y a tellement de biodiversité dans les îles que c'est là où on aura la couleur. Je suis en accord avec toi. C'est-à-dire que tout n'a pas été trouvé et que potentiellement, c'est là qu'on trouvera la suite de l'histoire tout en gardant nos trois vedettes, Indigo, Garance et Reseda. Ça, c'est clair. Mais... Ok, je voulais voir avec toi, donc tu as dit les propriétés techniques de ces colorants et leur stabilité et le sourcing. Le sourcing, tu entends par être sûr de l'origine de ta plante, où elle se trouve et comment elle est cultivée ou collectée ? Ou est-ce que tu entends dans le sourcing l'histoire de la logistique de tiens, elle arrive de si loin, ça rajoute des frais, du coup mes colorants ne sont pas forcément rentables parce que je mets un fric fou dans la logistique ? Est-ce que c'est dans le terme sourcing, tu entends quoi ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    C'est dans les deux sens. D'abord, une traçabilité, parce que nous, quand on va produire des colorants végétaux, et donc la teinture végétale ou les produits naturels, derrière, il y a toujours ces valeurs, ces éthiques, qui veulent que la production suive, par exemple, des conditions... équitable ou biologique, donc d'où la nécessité de tracer d'où viennent ces différents colorants. Et également en termes de quantité, parce que ça c'est toujours la question des industriels quand nous on va leur proposer ou on va parler des colorants, c'est de se dire donc demain s'il y a un client, une marque qui va nous demander 100 kilos de t-shirt, est-ce que vous allez pouvoir nous produire ces colorants-là ? Donc en ce moment, si on me dit, j'ai envie de colorer... 4 kg, 10 kg, je dirais que c'est tout à fait possible. Si on nous dit qu'on va colorer 100 kg pour l'année 2025, je dirais que ça peut être faisable, mais à partir du sens où quelqu'un va dire qu'on a besoin de colorer 100 kg de tissu tous les mois, ça c'est une autre histoire. Et la filière n'est pas encore... assez riche, assez organisée pour pouvoir répondre à ses besoins. Alors que je me dis que pour vraiment fédérer autour de la couleur végétale il faut vraiment que ça touche tout le monde et donc si on veut toucher tout le monde il faut qu'on touche en termes de quantité. Bien sûr je ne parle pas de produire incessamment ou mais vraiment de de produire avec ces valeurs et éthiques autour de la coloration naturelle.

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, donc plutôt un regroupement de lots, c'est-à-dire que les agriculteurs, tu vois, c'est ce qu'on a essayé de faire. Il y a eu une quinzaine de l'agriculture teinturielle que j'ai organisée en mars avec une vingtaine d'invités intervenant, experts dans leur domaine et les gens du podcast qui sont membres payants pouvaient assister à ces 20 heures de conférence. Franchement, j'ai vraiment essayé de faire un programme hyper large. et à l'intérieur de ce programme, on s'est posé cette question, c'est exactement ça, c'est que ce n'est pas produire pour produire, parce que d'une certaine manière, si on revient aux plantes, c'est qu'on n'est pas forcément d'accord avec le modèle actuel, mais c'est comment organiser une logistique tinctoriale, de regrouper, déjà rien que de se faire connaître les acteurs, les agriculteurs, les cultivateurs de ces plantes tinctoriales et d'être en capacité de mutualiser les lots. Et en fait, ça, tu vois, c'est quelque chose qu'on ne lâche pas comme sujet. Donc là, il y a une quarantaine d'agriculteurs avec lesquels moi, je travaille en métropole et un peu Belgique et un peu Europe. Et l'idée, c'est ça, c'est de se dire comment on pourrait mutualiser nos kilos de pigments, qui pourrait nous analyser ces lots pour en faire des lots homogènes et réguliers pour pouvoir avoir une quantité qui réponde à une demande de l'industrie textile. Parce que forcément, ce n'est pas avec 5 kilos que tu vas aller séduire une entreprise. Et elle va se dire, mince, si mon sourcing est pas fiable, constant, régulier et qui va s'interrompre, en gros, elles y vont pas. Donc, c'est aussi à nous d'être au clair là-dessus et de trouver un moyen de s'organiser, notamment en métropole. Mais je sais pas comment ça se passe. Est-ce que toi, ta connaissance de réseau, je sais pas, à La Réunion, à Madagascar, comment ça fonctionne aujourd'hui ? Est-ce qu'il y a une mutualisation de ces agri...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    En ce moment, au niveau de la filière de production des plantes unctoriales, c'est vraiment des particuliers qui le font. Donc vraiment, chacun plante sa propre plantation de plantes unctoriales dans son jardin ou sur ses terres cultivables. Donc justement, le choix des plantes à cultiver, ils ne sont pas forcément en accord également.

  • Mahery Andriamanantena

    Avec les besoins.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Voilà, pas en accord avec les besoins. Donc, si quelqu'un cherche ou un industriel, un client cherche une quantité considérable, ce n'est pas forcément qui travaille sur ces plantes, quels agriculteurs ou quels cultivateurs sont en train de travailler sur ces plantes. C'est ça. Donc, je suis vraiment d'accord avec ce que tu avais avancé tout à l'heure, qu'il est temps et il serait vraiment intéressant de mutualiser ces productions. donc je ne sais pas encore par quelle manière, mais de mutualiser à la fois le choix des plantes à cultiver, de mutualiser la production en faisant des partages de connaissances par rapport à l'aspect agronomique, et également l'aspect phytochimique, je veux dire, en termes d'extraction, en termes d'utilisation. Et après, bien sûr, en termes d'utilisation, J'ai vu que sur ton podcast et en parlant avec d'autres collègues également, il commence à y avoir des machines qui sont à cette échelle semi-industrielle. Parce qu'il y a ce souci-là également dans la teinture de produits naturels, c'est qu'avec une marmite, avec un simple bain de teinture, c'est peut-être... une autre tente que nous allons avoir. Mais avec une machine qui est un peu plus industrielle, ça peut virer. Et donc, ça pourrait être problématique par rapport à un client qui veut quelque chose de très précis.

  • Mahery Andriamanantena

    Alors, dans ce que tu dis, il y a plein de choses intéressantes. Donc, pour les plantes cultivées, je dis, moi, à ma petite échelle, j'essaye de parler avec les agris qui sont soit auditeurs, soit que j'ai eus en termes d'invités, savoir quelles sont les surfaces qu'ils cultivent, les plantes qu'ils cultivent et ce qu'ils ont mis en place des plans de culture. Parce que tu vois, j'ai travaillé dans la grande distri et on faisait des plans de culture pour dire, tiens, telle année, ça va, je ne sais pas, les petits poivrons, ça va cartonner. Telle année, un tel aura besoin de telle ressource, etc. Et je me dis, ce serait hyper intéressant de se mutualiser, ne serait-ce que de connaître les surfaces, les cultures. Également, avoir une vision, une perspective avec les plans de culture. Qui va travailler quoi ? Quelle variété ? Quelle couleur, entre guillemets ? Et... Pour le côté agronomique, à la sortie de cette quinzaine de l'agriculture teintoriale, ce qui a été remonté, c'est qu'en fait, les agris aimeraient avoir connaissance des différents facteurs qui augmentent le taux de colorant dans les plantes. Donc, j'ai travaillé dessus, j'ai fait des épisodes de podcast. Il y en a une dizaine qui peuvent influer, en tout cas, de ce que j'ai trouvé. Donc, comprendre ces facteurs. Et il y en a même qui demandaient des tests faciles à faire sur champ pour froisser ta feuille d'indigo et te dire c'est bon, ma persiquaire, enfin froisser ta feuille de persiquaire plutôt, et dire c'est bon, j'ai un super taux de colorant, on y va, on récolte. Je sais qu'il y a Erubescence, donc c'est Christine d'un Grandot, qui travaille elle sur la garance et qui fait des tests en champ sur les racines directement pour voir si le taux qu'elle recherche dans les rouges est assez puissant. Et elle suit cette évolution. Et c'est des sujets qui sont sous brevet, un peu accord de confidentialité, machin. Et en fait, l'idée, ce serait d'arriver à trouver des outils faciles de mesure qui soient applicables en champ et surtout qu'on puisse démocratiser. Parce que ces acteurs, comme tu dis, c'est soit dans des petites surfaces, soit dans leur jardin. Ce n'est pas forcément déclaré dans des cultures, mais pas forcément en tant que teintorial. Parce que tu n'arrives pas, tu n'as pas de mention teintorial. Donc du coup, s'il n'y a pas cette mise en relation de ces acteurs, en fait, l'information, tu la perds. Tu ne sais pas ce qu'on cultive comme couleur, tu ne sais pas s'ils se partagent les bonnes infos et tu ne sais pas comment tu peux les aider à récolter au bon moment parce que c'est tellement un boulot quand même de cultiver des plantes pour la couleur qui serait quand même… Enfin, tu vois, si on attend trois jours de soleil de plus pour avoir une augmentation de ton colorant, c'est quand même hyper intéressant d'avoir cette info. Donc, tu vois, tout ça, c'est des sujets qu'on a pointés du doigt pendant cette quinzaine de l'agriculture territorial, que je suis allée défendre auprès des chambres d'agriculture. Tu sais, en France, il y a eu un genre de conférence où tu avais toutes les chambres des régions. Et donc, ces problèmes-là, on les a… Enfin, en tout cas, moi, je les ai recités à cette chambre d'agriculture en disant Est-ce qu'il y a moyen de mettre des outils agronomiques, des ressources ? Et donc, la conclusion, c'est toujours la même, c'est que tant qu'il n'y a pas soit un gros client, soit un énorme budget, que ce soit des aides, des subventions, etc., il n'y aura rien qui sera entrepris. Donc, la recommandation qui a été faite, c'était, un, regroupez-vous. Donc, tu vois, on m'a suggéré de faire une association à récovers où tous les agris viendraient, etc. Bon, je ne peux pas être partout. Donc, se regrouper, réussir à récolter des fonds et ensuite travailler sur, ben voilà, ces études agronomiques, ces mutualisations de quantité. et le lien entre l'agriculture et l'industriel, parce que comme tu dis, derrière, ensuite, il faut que ces extraits, ils soient de bonne qualité pour être travaillés en industrie, soit dans des machines spécifiques dédiées à ça, soit dans des machines qui existent déjà, dans lesquelles on va venir, à la place de mettre des extraits synthétiques, venir mettre des colorants végétaux. Donc, tout ce que tu... C'est génial, parce que tout ce que tu me dis là, c'est tout le boulot que j'essaye de... Tu sais, d'essayer de recoller les morceaux, c'est le pulse que j'essaye de monter. très difficilement, mais voilà, c'est l'idée. Donc, je vois que c'est quand même la bonne route, en tout cas. J'avais une autre question. Alors, la transition est plus difficile, mais est-ce que tu travailles aussi sur tout ce qui est plantes envahissantes et autres sources sectoriales que sources cultivées ? Parce qu'il y a ce qu'on cultive en champ, et en fait, on se rend compte que tu peux trouver de la couleur dans des plantes envahissantes, dans des déchets d'industrie, dans plein de choses. Est-ce que c'est quelque chose que tu t'autorises à regarder ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, bien sûr. Voir même, je me dis, c'est l'une des principales catégories de plantes les plus intéressantes en termes d'utilisation pour une échelle. on va dire semi-industrielles ou industrielles. Voire même pour moi, le plus intéressant, c'est de se focaliser sur des plantes qu'envahissantes, parce qu'envahissantes voudra dire qu'il y a un potentiel de domestication, de culture derrière, et que si nous voulons tout de suite augmenter l'échelle, ces plantes seront déjà présentes. pour ne pas attendre la culture de quelques années avant de pouvoir avoir des matières premières. Donc justement, il y a par exemple deux principales plantes au niveau de Cholrophile, notamment la source de bleu et la source de vert que j'avais déjà publié un peu sur LinkedIn et que tu as probablement vu passer.

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, et c'est sur quoi je voudrais, si tu as le droit d'ailleurs d'en parler. d'ailleurs si t'as pas le droit tu dis que t'es sous accord de confidentialité tu nous dis que ce que tu peux nous dire mais c'est vrai que ça m'intéresse donc du coup tu pars de sources qui sont envahissantes donc fortement présentes avec un potentiel un potentiel en termes de volume une grosse biomasse et tu vas chercher, c'est ça que je trouve génial c'est une couleur qui deux couleurs qui font défaut le bleu parce que comme tu l'as dit tout à l'heure à part la persiquaire, le pastel et quelques indigotiers le bleu c'est quand même pas très fréquent. Et le vert, c'est, je dirais, rarissime quand même pour moi, parce que nous, ici, tu vois, j'ai entendu, oui, telle plante fait source de vert. Bon, tu vois, donc je trouve que tu t'es orienté vers deux vrais besoins. Est-ce que tu peux nous en dire plus sur ta recherche de bleu et de vert ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    En fait, ces recherches de bleu et de vert, c'est un peu devenu... une obsession aussi sur ces dernières années de recherche comme j'entendais toujours le vert c'est toujours un mélange de bleu et de jaune le bleu c'est toujours artificiel, enfin il y a très très peu de sources de bleu, donc dès que j'ai vu à travers mes enquêtes qu'il y avait potentiellement des sources de bleu et de vert, je me suis dit il y a quelque chose à faire voire même que Pendant ma thèse, j'avais ces deux pistes-là, mais que je n'avais pas pu traiter à l'époque, puisque soit on n'avait pas la matière, soit on n'avait pas le procédé et qu'on n'a pas eu de bons résultats. Quelques années après, et j'en suis fier parce que nous avons réussi à développer quand même les procédés qui permettent d'utiliser ces plantes, donc de les trouver déjà, voire en grande quantité, et les procédés qui permettent... d'extraire les principes afin de les utiliser dans différents domaines. Donc si je parle du bleu, le bleu il vient du Ravennala madagascariensis, ce qu'on appelle l'arbre du voyageur.

  • Mahery Andriamanantena

    Un genre de palmier ? Oui, que j'ai vu à la réunion justement. Justement, oui. Ça ressemble à un palmier.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ça ressemble à un palmier. On dit que c'est un faux palmier. Cette plante par exemple est réputée envahissante à La Réunion et à l'île Maurice. Et à Madagascar, il y a encore des hectares, des forêts entières de Ravenala, des forêts naturelles, parce que c'est un arbre qui se multiplie facilement après les feux de brousse, après... après le cyclone qui est très résistant également au cyclone. Donc je dirais, je ne me focalise pas seulement sur les plantes envahissantes, mais on a quand même été bien chanceux d'avoir trouvé une plante envahissante, et qui est également emblématique de l'océan Indien. Donc une plante envahissante, mais une plante également qui a des potentiels en termes d'ingrédients naturels ou de coloration. Donc le pigment qui est extrait de cette plante, la matière, c'est une matière qui est très grasse. Donc c'est plus une matière grasse où le colorant est bien réparti sur cette matière, donc plus une utilisation dans le domaine de la cosmétique.

  • Mahery Andriamanantena

    Plus une huile pigmentaire presque.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Voilà, oui. Donc une huile pigmentaire, une huile bleue qui peut être incorporée dans tout type de plantes. de formulation comme c'est déjà un ingrédient qui est sur la liste INSEE. de la cosmétique européenne mais utilisée en tant que émollients.

  • Mahery Andriamanantena

    Ah d'accord et toi tu en as trouvé en plus de la couleur, génial !

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et oui voilà donc c'est aussi l'intérêt de ces plantes à propriété active parce qu'elles peuvent être utilisées en tant qu'émollientes mais elles confèrent également la coloration. Et en plus le bleu, enfin... on ne va pas faire un masque bleu ou des rouges à lèvres bleus, mais c'est une couleur primaire qui permet d'avoir les touches de violet, de vert, de marron, et ainsi de suite. Donc comme c'est une couleur primaire, c'est une couleur également qui est très recherchée dans le domaine de la cosmétique, et des sources naturelles de bleu stable, donc c'est très stable à l'UV. C'est stable également à des températures modérées d'utilisation en cosmétique et stable également au pH. Donc ça permet d'ouvrir l'utilisation de la plante. Top,

  • Mahery Andriamanantena

    nickel. Et alors je vais forcément te la poser la question, mais d'emblée j'ai l'impression que plutôt non. Comme c'est un système d'huile pigmentaire, tu ne peux pas l'envisager pour la teinture.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    On a essayé pour la teinture de fibre naturelle, mais justement cette partie... Grasse, je pense. Ça ne veut pas forcément... Ça crée... Visuellement, artistiquement, c'est très beau, mais si on va porter le vêtement, c'est vraiment très gras.

  • Mahery Andriamanantena

    D'accord, ok. Ce bleu de l'arbre du voyageur, et tu as raison, c'est un arbre symbolique, parce que c'est vrai que c'est un arbre qu'on met souvent en avant sur les cartes postales de la Réunion, etc. Donc, celui-là. Et ta source de verre ? J'ai vu ta photo sur LinkedIn. J'essaierai de mettre le lien parce que franchement, ça m'a bluffée. Vraiment, je suis très curieuse.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Pour la source de verre, pour la petite historique, c'est justement Dominique Ardon qui m'avait soufflé cette piste à travers ses enquêtes à Madagascar. Elle m'avait raconté, c'était sur ma deuxième année de thèse, on s'est rencontré au niveau d'une conférence sur la peinture naturelle. Elle m'avait montré une écharpe qui était d'un vert, tu vois, ce n'est pas les verts kaki ou verts qu'on voit généralement, c'est vraiment d'un vert pur et foncé. Donc elle me disait que ça provenait éventuellement de telle ou telle plante, de telle ou telle région. Donc j'ai mené mes petites enquêtes, j'ai trouvé la plante. Il y a une artisane qui m'avait montré comment faire, mais je n'ai jamais réussi à sortir ce verre pendant ma thèse. Donc je me suis dit que j'aurais d'autres occasions. Peut-être qu'elle a rajouté quelque chose dedans, mais que moi je n'avais pas vu. Et en fait, c'est très scientifique. Et qu'il y a... facteur de variation qui fait en sorte que ça donne la couleur verte. Bien sûr je peux pas vous dire plus parce que c'est un procédé qu'on est en train d'optimiser, qui est presque optimisé et un brevet en cours de rédaction. Donc c'est une plante qui a été déjà utilisée par des artisans, donc des connaissances traditionnelles que nous on a essayé d'optimiser pour comprendre. qu'est-ce qui donne ce phénomène et également comment reproduire cette couleur en échelle et standardiser. Génial. Parce que nous, on entend dire que si c'est cette plante qu'on utilise, elle est un peu plus verte. Si c'est l'autre, c'est moins vert. Si on la laisse toute une nuit, ça donne cette couleur. Si on la laisse que quelques heures, ça donne une autre couleur. En fait, nous, on s'est dit que c'est toujours de la science. Ce n'est pas possible que ça soit... aussi aléatoire. Aléatoire. Et finalement, on a trouvé quels étaient les facteurs de variation qui donnaient le vert à tous les coups et qui nous permettaient de maîtriser les palettes de vert, du vert clair au vert français.

  • Mahery Andriamanantena

    Celui que tu as mis en ligne, il est vraiment... Je n'en ai jamais vu des comme ça de vert. Donc oui, il faut vraiment que je remette le lien de la photo pour que les gens puissent aller voir sur ton LinkedIn. Donc cette source de verre est là plutôt destinée au textile, si je comprends bien.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Particulièrement au textile, oui. Nous sommes en train d'essayer de voir un peu s'il y a d'autres types d'applications, mais en tout cas, l'application textile, elle est confirmée, elle est bien validée.

  • Mahery Andriamanantena

    D'accord, ok. Donc, ce que je comprends, c'est que tu as fait un parcours pendant sept ans de recherche, tu as tout le bagage qu'il faut, clairement, c'est l'agronomie, la phytochimie et tout ce qui est dans le textile, etc. tu as expérimenté pendant sept ans. Quels sont pour toi les défis qu'il faudrait relever pour qu'on parle davantage de la couleur végétale, pour que ce soit davantage employé ? Qu'est-ce qui, pour toi, manque aujourd'hui ? Qu'est-ce qu'on doit faire, en fait ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Moi, je dirais, en termes vraiment de... en quelques points, en termes de marché. Parce que, on dirait que nous sommes encore une... Petite communauté à être intéressée par la couleur végétale, même si petit à petit on voit que ça se développe. Et ce marché, ce lobbying en termes de consommateurs et d'utilisation, bien sûr nous on peut apporter notre pierre par rapport à cela, mais il faut que ça soit sur une large clientèle, une large population. en passant par les industriels ou en se mettant en communauté pour pouvoir avoir plus d'impact.

  • Mahery Andriamanantena

    Ok, donc des débouchés de niveaux conséquents pour pouvoir accompagner la filière de la graine, de la plante à la fin, et donc des acteurs conséquents, type industriel ou plus grande marque, qui peuvent montrer la voie, entre guillemets. Et du coup... lever les préjugés parce qu'il n'y a rien de mieux que le faire pour montrer que c'est possible en fait. Donc on est bien là-dessus. Ok, d'accord. Est-ce que tu as, dans ton choix de créer Colorophile, tu as dû faire une étude de marché des autres entreprises qui pouvaient proposer le même type de service que toi ? Est-ce que tu as trouvé, donc si je ne dis pas de bêtises, nous en France, métropolitaine, on a Greening qui propose ce genre de service et on a Plant. et couleurs avec Anne de La Sayette. On les a tous les deux reçus. Donc, épisodes 9 et 10 pour Greening et épisode 26 pour Anne de La Sayette. Est-ce que tu connais d'autres acteurs en France métropolitaine ? Est-ce qu'à La Réunion, à Madagascar, à l'Île Maurice, dans ton secteur, est-ce que tu en connais d'autres ou au niveau international ? Et comment tu as fait pour te positionner ? Parce que je trouve que tu fais des choix stratégiques intéressants de par la source que tu choisis, de par... Donc, on a dit des... sources renouvelables, tu embarques directement le sourcing qui est le nerf de la guerre pour pas avoir de fraude tu prends des couleurs qu'on a du mal à trouver tu pars parce que t'es d'origine malgache d'une faune enfin d'une flore plutôt d'une flore qui est encore enfin j'ai pas envie de dire encore à découvrir mais si tu vois j'ai l'impression qu'on a pas tout trouvé et qu'il y a encore plein de choses, donc tous ces choix là sont Alors, ce sont soit des coïncidences parce que tu viens de là-bas, etc. Mais je trouve que c'est hyper intelligent parce que tu te places à un endroit où j'ai l'impression qu'il n'y a personne aujourd'hui. Est-ce que tu as dans ton étude de marché des acteurs, même des gens que je pourrais interroger sur le podcast ? Mais est-ce que tu peux me dire comment tu as réalisé tout ça pour te placer si bien dans un… Je trouve que c'est ciblé, textile, cosmétique, bam, du vert, du bleu, des ressources renouvelables. Tu vois, ce que je veux dire, c'est vraiment pousser.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    En termes de sourcine Océan Indien, qui fait des entreprises qui font la même activité dans l'Océan Indien, je n'en connais pas trop. À La Réunion, mais elle est également basée entre La Réunion et Paris, il y a Aurélia Wolf, que j'ai déjà entendue sur le podcast également. Après, elle ne fait pas vraiment d'extraits, elle ne commercialise pas. d'extraits, elles commercialisent plutôt des produits finis ou bien de la peinture donc de la peinture pour les beaux-arts ou pour ces appels-là mais sur l'océan Indien je ne connais pas d'autres entreprises qui sont positionnées là-dessus enfin il y en a beaucoup qui se focalisent sur les plantes actives, les plantes propriétaires biologiques médicinales ou nutraceutiques Mais en termes de colorants et pigments, pour le moment, il n'y en a pas tant que ça. Si je parle de Madagascar... Il y a aussi des entreprises qui font de la coloration de soie, de la coloration et confection de produits à base de raffia ou de soie. Mais ça reste au niveau de cette échelle artisanale. Et donc toujours le souci avec l'artisanal, c'est que déjà le sourcine, il est compliqué. Et en termes de répétabilité, le jeûne que nous allons produire aujourd'hui, ne sera pas le jeûne qui sera produit demain. C'est vraiment là qu'on essaie d'intervenir, de standardiser les process pour avoir un produit standard, un produit qui est répétable, qui peut répondre aux besoins du marché. Après, en métropole, je connais un peu ces entreprises, Couleur de Plante et Greenin, je trouve qu'ils ont de très beaux projets. Ils font énormément pour vulgariser cette filière des collants végétaux. Mais nous ne travaillons pas sur la même source puisque ce ne sont pas non plus les mêmes biodiversités.

  • Mahery Andriamanantena

    C'est génial. Franchement, je suis hyper contente de ton projet. Je te dis, j'ai vraiment eu un… Tu l'as vu, on est très vite rentrés en contact sur LinkedIn parce qu'on est sur les mêmes sujets. On a le… Voilà, donc on a très vite voulu échanger. Je suis vraiment hyper contente de ton projet, je te le dis, parce que j'y vois plein d'intérêts. Plein d'intérêts parce que tu adoptes une autre échelle, des autres ressources, tu prends des critères en compte qui, à mon sens, te feront gagner du temps pour la suite. Cette histoire de sourcing, de traçabilité, tout ça, c'est hyper important. Les bio mordants, pour moi, c'est la cerise sur le gâteau. Et c'est ce que je te disais, les après, pareil, je pense... que d'autres entreprises vont y aller, mais je pense que vous avez carrément les ressources dans l'océan Indien. Je suis très... Comment dire ? J'ai beaucoup de... J'ai du mal à parler aujourd'hui. J'ai beaucoup d'espoir avec les dom-toms, notamment, tu vois, je vais recevoir une Guyanaise qui travaille pareil, la phytochimie, la nutraceutique, l'utilisation des colorants. Elle a plein de choses à raconter. On a eu Henri-Joseph de Guadeloupe. Je sais que ça bouge beaucoup dans les... dans les dom-toms, la Martinique me demande T'as pas interrogé la Martinique ? Et en fait, je vois une effervescence. Alors, elle est présente en métropole, mais j'ai l'impression qu'on est un peu plus en métropole, comme tu disais tout à l'heure, sur des sources déjà connues, historiques, qui a un peu moins d'innovation dans les plantes à découvrir, si je peux me permettre cette réflexion. Et du coup, vous êtes un peu... de nouveau l'énergie qui va stimuler l'effervescence de la découverte des plantes, des techniques. Donc, je suis vraiment hyper... J'ai hâte de suivre tes aventures et j'aimerais que tu puisses revenir, tu vois, nous raconter régulièrement ce que tu as découvert, tes premiers... Quand tu auras le droit d'en parler, mais voilà, tout ce que tu vas trouver, ça m'intéresse à fond, et tes domaines de recherche. Je vais arrêter de parler trop. Est-ce que tu peux me dire si tu étais un colorant ? une plante tanctoriale, on va dire, ou une source tanctoriale, laquelle tu serais et pourquoi ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Si j'étais un colorant, si j'étais une source tanctoriale, je dirais que je serais l'arbre du voyageur. Je suis obsédé par cette plante dernièrement, mais il y a une raison. Parce que je me dis... L'arbre du voyageur, c'est un arbre qui est très stable, qui ne bouge pas, même après le cyclone ou les feux de brousse. Et je me reconnais un peu à travers ce caractère, parce que tous mes collègues le diront, je suis de nature très très calme. Je crois même qu'à la fin de ma thèse, lors de ma soutenance, c'était la remarque de mon directeur de thèse que Il n'a jamais vu quelqu'un, un doctorant, qui ne s'est jamais énervé sur les trois anthèses, enfin quatre anthèses. Donc, cette stabilité, mais qui cache quelque chose au fond de lui, qui cache cette couleur bleue, enfin, ce n'est pas moi qui l'ai découvert, bien sûr, mais j'ai envie de la pousser, de faire en sorte qu'elle ait une belle aventure. dans différents types d'utilisation.

  • Mahery Andriamanantena

    Génial, c'est génial. Est-ce que tu as des livres que tu voudrais recommander aux auditeurs sur la flore réunionnaise de Madagascar ou sur des sujets ou des livres de phytochimie ? Parce qu'on me demande beaucoup en ce moment, je ne te cache pas, d'aller plus explorer la phytochimie. J'ai reçu notamment une chercheuse de l'ITEPMAI en France sur tout ce qui était technique d'extraction, phytochimie, pharmacopée pour reposer tout ça. Les livres qui t'inspirent et que tu as envie de mentionner ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Là, je pense tout de suite à Le monde des teintures naturelles de Dominique Ardant. Après, je pense que la plupart des gens qui travaillent dans le domaine de la coloration végétale l'ont déjà. C'est vraiment une bible qui m'a permis d'apprendre, de comprendre et d'innover par rapport à cette filière de la coloration végétale. Après, j'aimerais aussi conseiller aux gens de partir un peu plus sur les articles scientifiques. Parce que j'ai vu qu'il y a vraiment beaucoup d'études qui ont été effectuées sur des process qui sont très détaillés dans les articles scientifiques par rapport à l'utilisation, à l'extraction, voire même à l'application, soit dans la coloration cosmétique ou dans la coloration de textile. Donc moi j'ai vraiment... appris avec cette base scientifique de plutôt partir sur ces articles scientifiques-là, juste en tapant des mots-clés sur les moteurs de recherche d'articles scientifiques. Et en fait, même si on n'est pas vraiment scientifique, on peut quand même trouver des informations qui peuvent nous aider par rapport à l'extraction, par rapport à l'application.

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, complètement. Alors, pour rebondir sur ce que tu viens de dire, j'ai lancé l'Aréco Veille. C'est exactement ce que je fais. C'est tous les jours, je regarde les articles scientifiques qui sont parus sur la couleur végétale dans le monde entier. Alors, ça n'arrête pas. C'est-à-dire que l'Inde, la Chine, la Thaïlande, ça n'arrête pas. Tous les jours, dans toutes les applications, soit des nouvelles méthodes d'extraction, soit des nouveaux colorants associés, des plantes qu'on utilisait pour autre chose. comme tu disais tout à l'heure, qui ont des propriétés émultifiantes ou émolliantes, je ne sais plus exactement le terme, émolliantes et qui finalement peuvent aussi apporter de la couleur et c'est un peu ça. Et donc du coup, dans cette Arécoveille, je mets par domaine d'application de la couleur végétale, les différents sujets de recherche et comme tu disais, l'anglais est indispensable parce que tout est publié en anglais. Donc, tu es obligé d'avoir des traductions et faire attention à la traduction pour ne pas te planter parce que des fois, ils te parlent d'une plante traduit en français et c'est pas du tout ça, donc être vigilant sur les termes anglais, t'avais complètement raison au début de préciser ça et donc cet Arecoveil, le but c'est vraiment d'ouvrir les chakras et de voir que depuis, donc tu vois je l'ai démarré en octobre dernier et depuis octobre, l'intensification des publications, c'est incroyable, donc tu vois j'ai vraiment je me dis que ça c'est un indicateur quand même d'un vrai retour sur ce sujet là et c'est pas que dans le textile C'est aussi dans l'alimentaire, c'est aussi dans la cosmétique, dans la nutraceutique à fond les ballons. Et du coup, je me dis, tu vois, tous ces petits signaux faibles, moi, me donnent beaucoup d'espoir en me disant, tu vois, il y a moyen que vraiment cette filière teintoriale, elle se structure et qu'on arrive à trouver quelque chose à faire. Enfin, voilà, c'est vraiment mon vœu. J'ai une dernière question à te poser. Est-ce que tu embauches des gens dans ta startup ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Pour le moment, pas encore. Pas tout de suite, mais bien sûr que c'est prévu. Après, pour faire la veille documentaire aussi, déjà, c'est… Eh bien,

  • Mahery Andriamanantena

    tu peux. Eh bien, moi, je la fais, ta veille documentaire. On s'en parle après. Mais non, mais c'est, tu vois, un service aussi que j'essaye de proposer pour… Tu vois, moi, j'essaye de faire vivre ce podcast gratuitement pour tout le monde. Mais il faut bien que derrière… Donc, je leur explique. Je fais des missions pour des entreprises, que ce soit agronomique, que ce soit dans tous les métiers que j'ai faits. enfin je n'en ai pas fait 12 000, mais tous les métiers que j'ai fait avant, j'essaye de les mettre à disposition pour le secteur de la couleur végétale et que globalement ça fasse avancer la filière teintoriale. Et je garde ce souhait qu'on va y arriver à se mutualiser, à raccrocher tous les maillons et qu'on va y arriver en fait, parce qu'on a tout et en fait, il faut, comme je te disais, mettre les pièces les unes à côté des autres, mais on a tout ce qu'il faut. Donc si tu as besoin de veille, il n'y a aucun problème. Et la dernière vraie question que je voulais te poser, c'est à qui tu penses ? pour continuer ce genre d'échange qu'on a eu, à qui tu penses pour parler de la couleur végétale, de ses recherches, de ses sources, de ses découvertes en plantes tectoriales, tu aimerais me recommander quelle personne ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Là, toutes les personnes que j'ai en tête sont déjà passées au niveau de ton podcast. Je suis par exemple en contact avec Dominique Ardant, Aurélia. J'avais quelqu'un en tête également, mais je l'ai vu il y a deux semaines. Il m'avait dit que c'était prévu que tu fasses déjà un podcast avec lui. Donc Patrice André que j'ai vu. On a déjà venu ensemble il y a quelques jours.

  • Mahery Andriamanantena

    Génial.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Là, je n'ai pas d'autres personnes en tête, mais si quelqu'un me vient, je t'informerai.

  • Mahery Andriamanantena

    Top, génial. Franchement, je te dis, j'ai vraiment apprécié nos échanges. Je trouve que ça refait le pont entre plein de sujets qu'on avait vus avec les invités. Est-ce que tu as un sujet qu'on n'a pas abordé que tu aimerais mettre en avant ? Est-ce qu'il y a quelque chose qu'on n'a pas... qu'on n'a pas abordé et que tu aimerais venir ajouter ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je pense que la plupart de ce que je voulais dire a été dit. Après, il y aura d'autres occasions, j'imagine. Carrément. Dès que nos brevets seront déposés, voire publiés, on parlera de ces sources de bleu et de vert et tu pourras me poser toutes les questions que tu veux. par rapport à ces deux couleurs.

  • Mahery Andriamanantena

    Génial. Bon, écoute, Maëry, je te dis vraiment un très grand merci pour tout ce temps de rentrer dans les détails, de nous expliquer, de nous partager tout ça. On sent ta volonté. Tu cherchais le mot tout à l'heure pour l'arbre du voyageur. Il est résilient. Il passe les encombres. Il tient bon. Il persévère, etc. Je te souhaite plein de bonnes choses pour ton projet. Et comme je te dis, tu viens quand tu veux nous en reparler. Un grand merci à toi. Franchement, c'était vraiment génial cet épisode.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Merci pour l'invitation. C'est toujours un vrai plaisir pour moi aussi de parler de couleur végétale, de parler de la biodiversité, de parler de la nature.

  • Mahery Andriamanantena

    Alors, je coupe ici. Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram ARTECOVERT pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast est de le noter et le commenter. sur la plateforme d'écoute de votre choix. C'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Merci à tous ! Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin agriculture tinctoriale

Chapters

  • Introduction au podcast ArtEcoVert et à l'invité Mahery Andriamanantena

    00:00

  • Présentation de Mahery Andriamanantena et de son parcours

    00:44

  • Les débuts de Mahery dans la couleur végétale et ses inspirations

    02:10

  • Le rôle de consultant de recherche de Mahery

    03:36

  • Rétrospective des 7 ans de recherche sur les plantes tinctoriales

    06:52

  • Les propriétés médicinales des plantes tinctoriales

    09:41

  • Les défis de la couleur végétale dans l'industrie

    11:46

  • Présentation de la start-up Colorophile de Mahery

    28:47

  • Les limites actuelles de la filière des colorants végétaux

    39:57

  • Conclusion sur l'avenir de la couleur végétale et les recommandations

    01:04:49

Description

Dans cet épisode captivant du podcast ArtEcoVert, Pauline Leroux a le plaisir d'accueillir Mahery Andriamanantena, un chercheur et entrepreneur passionné par la couleur végétale et les plantes tinctoriales. Ensemble, ils plongent au cœur de l'univers fascinant des colorants naturels, explorant un parcours riche en découvertes et en innovations. Mahery, fort de sept années d'expérience dans le domaine, partage ses recherches sur l'extraction et la stabilisation des colorants issus de plantes, qu'il s'agisse de l'indigo, de la garance ou d'autres pigments végétaux.


Au fil de la discussion, Pauline et Mahery abordent les applications multiples des colorants végétaux, notamment dans les secteurs du textile et de la cosmétique. Ils mettent en lumière les défis actuels de la filière, notamment la nécessité de standardiser les procédés pour répondre à la demande croissante des industries. Cette standardisation est essentielle pour garantir une qualité constante et pour promouvoir l'utilisation de colorants biosourcés, qui respectent à la fois l'environnement et la santé des consommateurs.


Dans un monde où la teinture végétale et la coloration capillaire végétale gagnent en popularité, il est crucial de sensibiliser le public et les industriels à l'importance des colorants naturels. Mahery souligne également le potentiel des plantes envahissantes, souvent perçues comme des nuisibles, en tant que sources inestimables de colorants. "La nature regorge de trésors qui n'attendent qu'à être découverts", affirme-t-il, rappelant ainsi l'importance de la biodiversité, notamment celle de l'océan Indien.


Cet épisode d'ArtEcoVert est non seulement une invitation à explorer le monde des couleurs de plantes, mais aussi un appel à l'action pour encourager des collaborations entre chercheurs, artisans et entreprises. En partageant des ressources et des connaissances, Pauline et Mahery espèrent démocratiser l'utilisation des colorants végétaux et promouvoir un design plus respectueux de l'environnement.


Ne manquez pas cette discussion enrichissante qui vous ouvrira les yeux sur l'avenir prometteur de la couleur végétale. Que vous soyez passionné par les fibres naturelles, l'encre végétale ou simplement curieux d'en savoir plus sur la teinture naturelle, cet épisode est fait pour vous.


Pour découvrir plus d'informations sur les plantes tinctoriales et les techniques de teinture végétale, n'hésitez pas à consulter les liens utiles mentionnés dans la description.


Belle écoute,


Pauline


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Pauline



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Transcription

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Bonjour et bienvenue dans le podcast ArtEcoVert, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes, et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants. pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de valeur. Mon but, fédérer et démocratiser la couleur végétale dans le monde. Alors c'est parti, bonne écoute ! Donc bonjour à tous, je suis ravie d'accueillir sur le podcast Aréco Vert, Maëry Andriama Nantena. Bonjour Maëry.

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, bonjour Pauline et bonjour à tous les auditeurs et merci de m'avoir invité dans ce podcast ArtEcoVert.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors, Maëry, je suis ravie de t'avoir aujourd'hui parce qu'on va déjà partir en voyage, ça va nous faire du bien. On va parler de couleurs, tu vas nous apporter tous tes travaux et les postes que j'ai vus passer, ce qui m'ont attiré l'œil forcément, j'ai vu ça sur LinkedIn, je te suis sur LinkedIn. Mais avant tout ça, est-ce que tu peux te présenter, raconter un petit peu aux auditeurs ton parcours et comment tu as cheminé jusqu'à la couleur végétale ?

  • Mahery Andriamanantena

    Je suis donc Maëry Andrea Malatena ou Maëry... un GM à l'intérêt en malgache, et je suis chercheur et entrepreneur. J'ai une formation de base en ingénieur agronome spécialisé dans le génie des procédés des systèmes agricoles et alimentaires, et j'ai également un doctorat en chimie et biologie spécialisé dans la valorisation chimique et biologique des plantes. Je travaille actuellement en tant que consultant de recherche, et je suis en cours de création de ma start-up. colorophiles axés dans le domaine des colorants naturels. Donc moi les colorants naturels, c'est une histoire qui a commencé à travers ma thèse. Donc cela fait bientôt sept ans, sept ans que je baigne dans la couleur végétale. Donc par rapport à la teinture de fibres naturelles, j'ai appris énormément d'une dame, une artiste artisane française qui habite à Madagascar. que je remercie. J'ai beaucoup appris des artisanes locales, donc principalement à Madagascar, mais aussi d'une des pentes de la teinture que vous connaissez tous, Dominique Cardan, qui était à l'époque dans mon comité de thèse et qui était mon rapporteur de thèse. Génial ! Donc après, sur les procédés chimie et biologie des plantes tinctoriales, j'ai été autodidacte à travers mon doctorat. donc à travers les livres, les articles scientifiques, mais bien sûr avec l'appui indispensable de mes directeurs de thèse, de mes encadrants de thèse et de mes collègues. Donc là, je continue toujours d'apprendre. Il y a tellement à découvrir encore dans le domaine des colorants végétaux et surtout à être impressionné par ce que la nature nous offre et c'est pour cela que ces domaines me passionnent particulièrement.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je crois qu'on est tombé dans la même passion, mais on n'a pas fait le même parcours. Alors, c'est hyper intéressant ce que tu viens de nous expliquer. Est-ce que tu peux clarifier ce que c'est que consultant de recherche ? C'est-à-dire qu'il y a des gens qui t'appellent pour monter des programmes de recherche, pour étudier plus spécifiquement une plante, pour étudier plus spécifiquement une application. Est-ce que tu peux nous détailler un peu qu'on se le représente ?

  • Mahery Andriamanantena

    Donc, consultant de recherche, c'est-à-dire que moi, je vais travailler à 100% dans une université ou en tant que chercheur associé au niveau d'une université. Actuellement, par exemple, je suis également sur un projet qui s'appelle Natural Malagasy Plant Dyes. C'est un projet qui est totalement dédié à la coloration de fibres naturelles. Donc, à la différence de ce que j'ai fait sur... On va dire ces cinq, six dernières années, nous nous sommes un peu plus focalisés lors de ma thèse et de mon postdoctorat à l'Université de La Réunion sur les extractions des colorants issus des plantes. Ensuite, sur l'application, que ce soit dans le domaine textile, cosmétique ou pharmacologique, étant donné qu'il y avait un grand volet activité biologique également, donc antioxydants, anti-inflammatoires, etc. Pour ce projet en particulier, Au niveau duquel je suis consultant de recherche, c'est vraiment axé sur la coloration de textile. Donc principalement la soie, le coton et la laine.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, ok. Et alors quand tu dis, donc ça fait 7 ans que tu travailles ta thèse, tu as donc les deux bagages, on va dire, tu as pour moi le côté agronomique, donc vraiment compréhension de la plante, de sa culture, etc. Et la partie chimique, j'imagine notamment avec de la phytochimie pour comprendre comment ça se passe, etc. Est-ce qu'on peut faire l'exercice de... J'essaye de te dire un peu à quoi j'imagine ton métier et tu me dis si c'est réellement ça que tu fais. En gros, tu as d'abord étudié les réactions, le métabolisme des plantes pour comprendre pourquoi elles produisent de la couleur. Je pense que tu as dû essayer de comprendre comment on extrayait ou comment on augmentait cette couleur dans la plante, parce que tu es ingénieur agronome et donc forcément, je pense que ça a dû... Donc les techniques d'extraction, comme tu as accès à des labos, des chimistes, etc., je pense que c'est une étape intéressante. Donc l'extraction et ensuite les réflexions d'application possibles. Tu n'es pas forcément qu'arrêté au textile, j'imagine. Tu as vu tout, comme tu dis, ce domaine est hyper large. Moi au début, pareil, je suis rentrée par le textile. mais en fait on en découvre plein des applications de la couleur végétale. Est-ce que toi tu as pu pointer du doigt quelques applications ? Est-ce que tu peux nous faire un petit peu comme une rétrospection de tes 7 ans ? Par quoi t'es passé ? Est-ce que t'as voulu creuser ? Pour qu'on comprenne parce qu'en fait tu vois au fur et à mesure des épisodes de podcast j'ai l'impression qu'on mène une enquête qui avance conjointement tu vois et j'aimerais bien que tu nous fasses toi ton retour sur ces 7 ans, ce qui t'a interpellé, ce que t'as voulu creuser etc.

  • Mahery Andriamanantena

    Oui donc Je... Sept ans de recherche sur les plans tectoriels. Et c'est après ces sept ans que j'ai aussi monté le projet Colrophile, le projet de création de start-up. Une start-up parce que, justement, pendant ces sept ans, j'ai vu tout le chaînon, toutes les chaînes de valeur, à partir des collectes, à partir des enquêtes et relations avec les artisans. donc les artisans locaux, que ce soit des teinturières, que ce soit des cultivateurs. Il y a aussi le volet procédés, à travers mon ingénierie, on génie des procédés, où je vois comment les couleurs sont extraites, quel type d'application, type de stabilité, et ainsi de suite. Et donc aussi ce volet... que j'avais fait particulièrement pendant ma thèse et mon premier postdoctorat, principalement en phytochimie et activité biologique. Donc c'était vraiment d'essayer de comprendre d'où viennent les colorants à l'intérieur des plantes, donc principalement des métabolites secondaires, et donc également de se dire comment est-ce qu'on va faire pour extraire ces métabolites secondaires, parce que ce sont des familles chimiques qui peuvent être très différentes. En fonction de quelle famille chimique est présente dans la plante, la méthode d'extraction sera également différente. On peut partir sur un procédé que avec de l'eau, un procédé avec un mélange eau-éthanol, et donc également le produit que nous allons obtenir à la fin, après quelques optimisations, ce sera aussi un produit qui va contenir... soit que les métabolites secondaires responsables de la coloration, soit d'autres métabolites secondaires qui seront responsables d'activités biologiques, par exemple. D'accord. Donc c'est pour cela que nous nous sommes également, sur ces dernières années, focalisés sur ces activités biologiques. Donc comme j'avais dit tout à l'heure, il y a beaucoup de plantes qui sont antioxydantes également. ou qui ont des propriétés anti-inflammatoires ou antibactériennes, voire même, d'après nos enquêtes sur la biodiversité de l'océan Indien, que ce soit à La Réunion ou à Madagascar, presque, voire même plus de 80% des plantes sectoriales qui ont été inventoriées, donc à des potentiels riches en colorants et pigments, sont également des plantes médicinales qui sont déjà décrites dans la littérature.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Génial ! Écoute, il va falloir que... Peut-être que tu l'as connue, je te coupe deux secondes. Est-ce que tu connais Delphine Talbot ? Ça te parle ou pas ?

  • Mahery Andriamanantena

    Non, je ne la connais pas.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors, j'ai enregistré avec elle il y a dix jours, je pense. Elle est enseignante-chercheure à Toulouse. Elle travaille sur le lien entre la couleur et la santé et les propriétés médicinales, le care en anglais. Et en fait, c'est son combat. C'est vraiment quelque chose qui lui est venu très naturellement il y a quelques années pendant sa thèse aussi à elle. Et elle a réussi à avoir un budget de recherche qui va démarrer là. Et donc, c'est passionnant parce que toi, d'emblée, tu l'abordes non plus comme une hypothèse, mais comme une… Voilà, tu as constaté qu'il y a 80% des plantes tectoriales, donc à La Réunion et à Madagascar, qui ont en plus des propriétés médicinales. Donc, je trouve ça génial parce que tu vois, c'est pour ça qu'il est bien ce podcast, sans me lancer des fleurs, mais c'est qu'on a différents niveaux d'avancée. en fonction des pays, des contributions, des professions, etc. Donc hyper intéressant. Donc vous, vous avez répertorié, et dans les plantes que vous avez répertoriées, il y en a 80% qui ont en plus d'un pouvoir colorant, un pouvoir médicinal.

  • Mahery Andriamanantena

    Voilà, 80% en plus de pouvoir colorant qui a également des pouvoirs médicinales. Et voire même, je dis 80% Parce que sur une partie des 20% restantes, c'est parce que ces plantes-là n'ont pas encore été vraiment étudiées.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ah, d'accord.

  • Mahery Andriamanantena

    Voire même, je suis prêt à parier que si on fait des études d'activité biologique sur ces 20%, on aura encore un bon nombre de plantes intéressantes en termes d'activité biologique.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Top. Ça, c'est vraiment génial de parler de ça et de voir que, voilà, toi, tu n'en es plus au stade de… supposer, tu es au stade que c'est réellement ce qui existe et il y a encore de quoi découvrir. Tu as parlé d'un... Tu as donné un terme en parlant des extractions. Tu as parlé de la stabilité aussi. Tu extrais les colorants mais il faut les rendre stables. Tu parles comme d'autres domaines d'application, de réaction à la lumière, réaction au changement de pH et ces choses-là, changement de température. C'est ça que tu dis dans on extrait mais il faut aussi les rendre stables ?

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, voilà. Enfin... Ce n'est pas vraiment les rendre stables, c'est plutôt qu'à travers plusieurs essais, plusieurs choix de plantes, on va faire des tests de stabilité, par exemple de la couleur, pour se dire, cet extrait-là, est-ce que si on la met à 60°C pendant quelques heures, à 90°C ainsi de suite, est-ce que la couleur va rester ? Et pareil, est-ce que si on le met à un pH... acide très acide ou alcalin très alcalin est ce que la couleur va virer à une autre couleur parce que ça on le remarque généralement avec les plantes unctorial tout est question de ph et avec les bains teinture tout est question de température et en fait ces stabilités ça nous permet également de se dire est ce qu'on pourra également les appliquer dans notre domaine donc le domaine de la cosmétique qui veut des pH un peu plus neutres par exemple, on aura des choix des plantes sur lesquelles on va se dire que ça sera un peu plus important. Ou le domaine agroalimentaire qui utilise un peu plus des pH acides pour la conservation, ça permet de se dire que ces plantes-là sont un peu plus adaptées à l'alimentaire. Et après, les activités biologiques aussi qui permettent d'avoir un double usage, on va dire, avec ces plantes. Donc principalement, Dans le domaine de la cosmétique, peut-être que le responsable de la coloration, je veux dire les métabolites secondaires, sera également responsable des activités antioxydantes. Donc là, il y aura deux voies, soit de l'utiliser en tant qu'antioxydant, soit de l'utiliser en tant que colorant.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord. Donc, une fois que tu as identifié les plantes, comme tu dis, il y a cette histoire de stabilité qui te permet d'orienter. une plante vers un domaine d'application. Ça, c'est hyper intéressant ce que tu as dit. pH neutre plutôt pour la cosmétique, pH acide pour la conservation en alimentaire. J'ai énormément bossé ces derniers jours sur justement les colorants alimentaires d'origine végétale. Et à chaque colorant, donc tu sais, je me suis refait tous les E des normes européennes. Et à chaque fois, il y a des propriétés antioxydantes pour la coloration de la peau, pour des activités. Et en fait, j'ai trouvé ça, mais je me suis dit, Pauline, tu aurais dû commencer par les colorants. alimentaire, parce qu'en fait, tu vois que pour moi, c'était la porte d'entrée, en fait, j'aurais dû faire dans ce sens-là plutôt que l'inverse, mais bon. Et donc, ça nous dit qu'en fait, en fonction de d'un, comment dire, d'une résistance ou d'une variation à un pH, ça se destine à différents secteurs d'activité, et quand tu dis on y adjoint la couleur avec un autre procédé actif, Ce que je voudrais te demander, parce que ça m'est souvent posé comme question, et je voudrais vraiment qu'on le rappelle, c'est qu'il ne faut pas confondre que quelque chose qui vient des plantes, qui est naturel, n'est pas forcément non nocif. J'aimerais qu'on réexplique aux gens qu'en fait, ce n'est pas parce que ça vient des plantes, parce que c'est dit naturel, que ça ne peut pas causer de tort. Et j'aimerais bien que tu puisses, parce que dans les colorants... Dans les colorants végétaux, c'est des cocktails de molécules. Tu as le colorant, mais tu as d'autres trucs qui viennent avec, comme tu dis, des principes actifs. Et en fait, j'aimerais bien qu'on ressensibilise tout le monde avec cette notion de attention, ce n'est pas parce que ça vient de la plante que ça ne peut pas causer de tort

  • Mahery Andriamanantena

    C'est une très bonne remarque, effectivement. Parce que quand on prend un extrait de plante, un extrait de plante peut être à la fois toxique, peut être à la fois irritant. mais peut avoir également ses propriétés médicinales, ses propriétés nutritionnelles. C'est pour ça qu'il faut faire très attention quand on va utiliser des plantes. C'est pour cela qu'autant dans l'utilisation d'un extrait que dans la teinture, il y a toujours une recette qui dit utiliser tel ou tel ratio de plantes avec de l'eau, avec des fibres. J'imagine que pour définir ces recettes, il y a déjà eu également derrière des tests de toxicité, notamment en... irritation sur la peau, qui définit qu'à cette proportion-là, il n'y a pas cette toxicité. Cette toxicité, c'est une histoire de dose, en fait. C'est comme toute chose, quand on en utilise trop, ça devient toxique, mais il faut l'utiliser à sa juste utilisation.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Du coup, ça me fait penser à l'histoire de la pharmacopée qu'on a commencé à aborder avec des invités sur le podcast. qui réglemente, qui cadre un peu l'utilisation des plantes. Est-ce qu'au niveau des plantes exotiques, tu vois, type La Réunion, Madagascar, est-ce que vous avez une pharmacopée ? Est-ce que vous êtes rattaché, par exemple, pour La Réunion, à la pharmacopée française, je suppose ? Mais par exemple, pour Madagascar, est-ce que c'est une pharmacopée internationale ? Est-ce que c'est quelque chose de spécifique à Lille ? Comment ça fonctionne ?

  • Mahery Andriamanantena

    Pour La Réunion, c'est la pharmacopée française. Donc il y a plusieurs projets, notamment au niveau du laboratoire KM BioPro, où j'ai fait ma thèse, où ils étudient les plantes médicinales justement dans le but d'introduire ces plantes-là dans la pharmacopée française.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Top, génial !

  • Mahery Andriamanantena

    Et pour Madagascar, c'est assez différent. Donc il y a des connaissances traditionnelles qui sont très présentes sur l'utilisation des plantes. Mais la législation ne permet pas encore de vraiment les commercialiser, de les mettre à l'international. Bien sûr, il y a plusieurs laboratoires de Madagascar qui travaillent sur les plantes et qui sortent déjà des produits. Mais la législation, elle est particulière.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, elle est un peu… D'accord, ok. Et alors du coup, une autre question. Désolée, ça me passionne. Mais alors du coup, cette histoire de pharmacopée qui régit, qui donne le cadre des plantes qu'on peut utiliser ou non, est-ce que toi, dans tes recherches, tu as constaté sur les plantes tectoriales des potentielles irritations, des potentielles allergies ? Est-ce que tu as cerné ? Est-ce que tu peux nous parler de quelques plantes pour nous expliquer qu'effectivement, ce n'est pas toujours tout rose ?

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, nous avons collecté par exemple, désolé je ne me souviens pas du nom de la plante, parce qu'on fait des collectes, on fait des extractions et il y en a toute une liste. Mais vraiment il y a des cas des plantes où juste en les manipulant, on remarque cette irritation. Parce que nous on ne se base pas que sur les plantes qui sont déjà utilisées par la population ou les artisans. On essaie de voir aussi... par rapport à d'autres genres ou d'autres espèces de la même famille botanique. Je veux dire, s'il y a une espèce qui est très utilisée en Inde ou en Europe, si on a une espèce qui est à peu près similaire, on va également essayer de voir qu'est-ce que ça pourrait donner. Génial. Il y a vraiment des cas de plantes où on a ressenti ces irritations-là. Et surtout qu'il faut toujours mettre des gants quand on fait ces expérimentations. Mais des fois, tu vois, avec la passion, la ferveur, on est trop curieux et des fois on oublie. Et ça m'est arrivé où j'avais les mains qui grattaient pendant toute une demi-journée. Donc, c'est pourtant vraiment que, voilà, si pour les gens qui s'aventurent à collecter des plantes dans leur jardin, qui ne savent pas ce que c'est, il faut quand même faire attention. Parce que, comme tu avais dit tout à l'heure, plante ne veut pas forcément dire sécure.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ok. Bon, top. Parce que, du coup, tu vois, on m'a posé plein de fois la question. Ah, Pauline, tu parles énormément des plantes qui colorent, etc. Alors, je n'oppose pas les colorants de synthèse parce qu'on a besoin des deux, mais j'aimerais des colorants de synthèse plus propres et moins impactants et des colorants végétaux plus mis en avant et que toute la chaîne de valeur soit valorisée parce qu'il y a énormément de beaux projets à faire. Mais moi aussi, j'ai vu, tu vois, par exemple, que pour l'indigo, dans la coloration capillaire, ça pouvait faire des irritations pas très longues, tu vois, mais il y a certaines personnes qui réagissent moins bien à l'indigo. Il y avait le roucou qui pouvait être aussi source d'allergie. Bref, pour rappeler qu'il n'y a pas une innocuité à zéro, on n'est pas à zéro, comme toute plante, c'est vivant, il y a forcément des interactions. Ok, écoute, désolé.

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, juste pour terminer ce paragraphe, quand on va utiliser une nouvelle plante, je veux dire, d'ordre général, c'est justement les deux tests qu'il faut toujours faire. Un test de sensibilisation, donc par rapport au... aux allergies et un test d'irritation. Donc surtout dans le domaine de la cosmétique où on va appliquer les produits sur la peau et dans le domaine du textile où on va manipuler le produit et également les tissus qui vont être en contact de la peau.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, tu vois, je ne savais pas ça du coup. Ok, donc deux tests à réaliser pour être sûr que ce ne soit pas compliqué. Au moins, c'est de l'appui. Bon, alors du coup... On a vu ton parcours dans la chimie, phytochimie, comprendre les plantes tectoriales, les répertorier, extraire, savoir les stabiliser pour qu'elles soient utilisables dans différents types d'applications. Est-ce que tu as suivi des formations ? Quel livre tu as lu ? Qui tu as été voir pour acquérir cette connaissance ? Moi, j'essaye de chercher des infos pour démocratiser le sujet, mettre les acteurs en avant, en parler davantage. Je trouve que bon. Il faut sacrément trouver les bonnes sources pour trouver des informations fiables, et pas des interprétations, des blogs ou des trucs pas très fiables. Comment toi tu as fait ? Vers qui tu t'es tourné ? Est-ce que tu peux nous raconter un petit peu ?

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, au début, c'était vraiment les artisans en teinturière. Donc, partir vraiment de cette connaissance traditionnelle, on va dire. sur l'utilisation des plantes, des plantes de l'océan indien. Et après, après compréhension du phénomène, on voit à travers la bibliographie que les plantes se ressemblent à peu près. Je veux dire que quand on va parler de colorant, les couleurs jeunes, cela va toujours par exemple être des flavonoïdes en général. Quand on veut un mordansage naturel, il peut s'agir des plantes accumulatrices d'aluminium par exemple. Donc c'est toujours les mêmes théories, mais il faut juste pouvoir expliquer ce que font les artisans et partir de là pour pouvoir les optimiser. Après en termes de livres, bien sûr moi j'avais acheté au début de ma thèse le livre de Dominique Ardant, Le monde des teintures naturelles. Et pour la petite anecdote, sur ma première année de thèse, je l'ai acheté en français et en anglais. les deux versions en même temps. Parce que je me suis dit, vu que tous les articles scientifiques sont en anglais, je n'avais pas cette richesse en vocabulaire de plan tectorial. Donc ça m'a beaucoup aidé à faire le lien entre quels mots sont utilisés en anglais ou en français. Donc à part ça, ces dernières années, j'ai été aussi en contact avec des designers. Donc plutôt dans le sens application pour voir quel est actuellement le besoin des industriels ou le besoin du marché en termes de colorants naturels en textile par exemple, ou voir d'autres applications.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et pour toi, suite à ces 7 ans de recherche, on a dit tout à l'heure qu'il y avait plein de domaines d'application de la couleur végétale. Globalement, pour interroger, échanger avec des acteurs de tous les domaines, je vois que le retour aux colorants végétaux est dans tous les domaines. Il n'y a pas un domaine qui est au ralenti, c'est vraiment un virage qui est pris. Besoin de naturalité, demande des consommateurs, on fait attention à notre impact environnemental, on se rend compte que la synthèse, ce n'est pas si extraordinaire que ça. Pour toi, quel est le domaine d'application dans lequel soit il y a plus urgence à venir apporter une solution ou soit il y a le plus de demandes ? Pour toi, c'est quoi un peu les rapports entre les différents domaines d'application ?

  • Mahery Andriamanantena

    Il faut citer… deux domaines d'application, moi je dirais le textile et la cosmétique. Le textile en premier parce que pourquoi est-ce que nous on veut revenir dans les colorants naturels ? C'est parce qu'il y a cette pollution environnementale qui est très présente à partir de la coloration de textile. Donc en ce moment, c'est encore une échelle qui est très faible, à une échelle de... artisanal ou à un marché de niche. Mais petit à petit, je pense qu'avec plus de communication, donc justement, je pense que c'est l'un des valeurs de ton podcast également, c'est de fédérer par rapport à toute cette utilisation autour des colorants végétaux pour que les gens les acceptent de plus en plus et se tournent vers les colorants végétaux de plus en plus. Et en deuxième utilisation, je dirais également la cosmétique. Donc ici, je pense que ce n'est pas forcément un problème environnemental, mais plutôt un problème en termes de santé humaine, où nous, on ne veut plus utiliser ces colorants artificiels, pas que les colorants finalement, on veut utiliser des produits naturels, voire même à 100% naturels. Donc on voit toujours qu'on a des produits... à 95% ou à 90% naturel, parce que les industriels ne peuvent pas encore substituer tous les ingrédients par des produits naturels. Mais je pense que ça va venir, que le jour où ils pourront remplacer ces ingrédients-là par du 100% naturel, c'est sûr qu'ils vont également le faire.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    On a rencontré, je ne sais pas si tu connais, Élodie Carpentier du Rouge Français. qui est la première entreprise mondiale, parce qu'elle a le brevet, à faire des cosmétiques avec de la couleur végétale uniquement. Donc elle fait un vernis à ongles, elle fait du rouge à lèvres, du mascara, etc. Et elle, ce qu'elle veut, c'est aller jusqu'au bout. C'est-à-dire que même son packaging, par exemple, de rouge à lèvres, il est fait à partir de, alors je ne sais plus la plante, je ne voudrais pas dire une ânerie, mais c'est un emballage même à base de plantes. Elle y met des colorants. comme la garance, etc., pour avoir un rouge comme Cléopâtre. C'est le message. Mais tu vois, elle, elle y va. Et j'ai reçu un autre invité la semaine dernière qui était de LVMH. Il s'appelait Patrice André. Il a travaillé pour LVMH sur Christian, Dior et sur les parfums. Et il disait que lui, pareil, c'était son combat pendant toute sa carrière, c'était de végétaliser au maximum. Et en fait, effectivement, il y a encore quelques freins. à soulever, mais que c'est vraiment une volonté. C'est vraiment une volonté. Donc ça, c'est pour moi des points positifs. Donc tu dirais, toi, textile et cosmétique, OK. Est-ce que tu peux nous parler du coup, avec tout ce que tu as vu, tout ce que tu as expérimenté, tu en es arrivé à vouloir créer ton entreprise, donc Colorophile. Est-ce que tu peux nous raconter ce que tu vas proposer comme mission ? Sur quel secteur tu vas te positionner ? Est-ce que tu vas proposer ? avec cette entreprise ?

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, donc Colorophile, c'est une start-up qui est actuellement incubée au niveau de la Technopole et qui se veut de proposer des produits et services autour de la coloration naturelle et des ingrédients naturels. L'objectif, c'est de proposer des ingrédients, notamment des pigments ou des colorants techniques. stable par rapport à l'utilisation voulue, durable par rapport à son utilisation en termes de conservation de la biodiversité, par exemple, ou en termes de sourcine de la plante. Nous, c'est vraiment dans ce sens de respecter à la fois les êtres humains et respecter l'environnement. Nous proposons également des services de coloration, de coloration soit...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    de tissus, soit d'ingrédients cosmétiques, notamment des huiles végétales, et également des prestations de recherche et développement, si le client a un besoin particulier en termes de, soit l'application du colorant dans leurs produits, ou bien des besoins particuliers en termes d'ingrédients.

  • Mahery Andriamanantena

    Ok, alors quand tu dis que vous proposez des produits stables, on en a parlé tout à l'heure de la stabilité, c'est bien quand tu stabilises tes produits, c'est bien qu'avec des produits naturels. C'est en gros, tu as ton extrait colorant que tu vas venir stabiliser, mais ce que tu utilises pour les stabiliser, c'est bien naturel. C'est une question que je pose parce que j'ai vu des fois des choses très curieuses où on parle de colorant issu de plantes et en fait, tu vois qu'ils rajoutent des trucs pour que ce soit applicable et qui ne sont pas naturels. Et donc, la question, c'est est-ce que toi, tu es vraiment... 100% sur de la plante ou du naturel ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Quand je dis stable, en fait, ce n'est pas qu'on va rajouter quelque chose qui va rendre le produit stable. C'est que déjà, le produit en lui-même, il est stable par rapport à certains facteurs de variation. Donc, comme nous, on travaille sur une large biodiversité de l'océan Indien. Donc, on peut se permettre de se dire, là, nous avons une source de bleu qui est stable à... à la température, au pH par exemple, où là nous avons une source de jeûne qui est très stable au lavage, contrairement à d'autres qu'on a sur le marché. Donc bien sûr, dans les techniques de textile par exemple, c'est toujours les mêmes techniques de mordant sage, que ce soit avec des mordants minéraux ou bien on essaie aussi de faire des applications avec des mordants naturels.

  • Mahery Andriamanantena

    Biomordants ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Bio-mordant, voilà, c'est le mot. Enfin, je ne sais pas si c'est un mot qui est utilisé à l'international, mais en tout cas, ça en dit tout sur l'utilisation naturelle du mordant.

  • Mahery Andriamanantena

    On a reçu Céline Philippe de Teinture Végétale, qui est basée, si je ne dis pas de bêtises, du côté de Lyon, qui, elle, a voulu se passer des sels métalliques. Pas qu'elle est contre, mais elle s'est dit, tant qu'à faire avec les plantes, autant essayer de tout faire avec les plantes. Et elle a travaillé sur des biomordants assez connus, parce que j'ai l'impression que c'est toujours les mêmes qui reviennent, le lycopode et le simplocos. Et j'ai entendu parler d'un autre biomordant, alors attends que je ne te dise pas de bêtises, est-ce que c'est possible le poirier sauvage, les racines de poirier sauvage, ou les écorces de poirier sauvage ? Un truc comme ça.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je ne connais pas la plante, mais ça ne m'étonnerait pas avec des écorces ou des racines.

  • Mahery Andriamanantena

    Bon, il faudrait que je repréciserais, je mettrais une petite astérisque dans le descriptif quand je retrouverai la mémoire de tous ces sujets. Mais du coup, toi, c'est aussi une volonté, c'est-à-dire, on va sur des colorants végétaux et on va venir travailler ou en tout cas rechercher des biomordants d'origine naturelle. Toi, qu'est-ce que tu as dans l'océan indien trouvé comme biomordant ? qui pourrait être une source renouvelable ? Parce qu'il y avait aussi cette question, tu vois, sur le simple ocos et le lycopode. Je crois que le lycopode pousse dans des tourbières et en fait, c'est des écosystèmes fragiles. Donc, il y avait cette notion de ne pas être trop impactant sur l'environnement. Et pour l'autre, je crois qu'il y avait une notion de filière. Et donc, Céline expliquait qu'elle ne travaillait qu'avec du simple ocos issu d'une filière renouvelable, etc. Est-ce que toi, c'est un peu la même chose ? Tu as trouvé des biomordants qui peuvent être des ressources renouvelables. Est-ce que tu peux nous raconter un petit peu ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, j'ai écouté ce podcast de Céline Philippe qui est justement très intéressant. Et justement, on part toujours du même principe. Le simple ocus ou l'hélicopode, ils sont réputés pour être des plantes accumulatrices d'aluminium. Et en fait, si on veut par exemple substituer l'alun dans les... techniques de mordant sage c'est tout à fait normal et logique que nous on va se focaliser sur ces plantes accumulatrice d'aluminium donc je n'ai rien contre contre l'alun ça fonctionne très bien en termes de mordant sage pour pour la teinture naturelle mais comme tu as dit tout à l'heure c'est vraiment dans cette initiative de travailler en 100% naturel donc se dire que dans la mesure du possible si on peut substituer tous les ingrédients utilisés que ce soit en teinture ou en mordant sage par des ingrédients issus de plantes donc ça serait très bien et nous ce qu'on essaie de faire on a par exemple trois types de plantes Donc une autre lycopode également, mais plutôt une lycopode de cette biodiversité de l'océan Indien, qui existe aussi dans d'autres parties du monde. Et l'autre biomordant sur lequel on est en train de travailler, c'est une plante de la famille des mélastomacées. On va essayer encore de définir le nom exact de l'espèce, ce que... La plante a été récoltée en forêt, on va dire, donc l'identification prend un peu plus de temps. Mais nous, on essaie vraiment de se focaliser sur des plantes avec un sourcine éventuellement durable. Je dis éventuellement durable parce qu'on essaie de se focaliser sur des plantes pas forcément exotiques, elles peuvent être endémiques, mais par exemple des feuilles. donc des feuilles qui peuvent se renouveler à longueur pendant toute l'année ou bien à des parties de plantes, à des petites branches, donc des parties de plantes qui se renouvellent assez facilement. Bien sûr au niveau de la recherche qu'on avait faite sur ces dernières années, on s'est dit on va faire de tout, que ce soit les racines, que ce soit les écorces, mais le souci c'est qu'on utilise beaucoup les écorces, mais pour le renouvellement de ces écorces, on n'a pas assez de recul pour se dire si je prends l'écorce de la plante cette année est-ce que ça va se refermer dans les prochaines années et on n'aura pas autant de chance que les écorces qu'on utilise actuellement pour se dire qu'on collecte des coproduits ou des sous-produits de plantes ou d'arbres qui sont utilisés dans la construction par exemple donc nous on essaie vraiment de se focaliser sur ces sourcines durables pour que l'on puisse monter ces filières durables en termes d'approvisionnement.

  • Mahery Andriamanantena

    D'accord, donc tu pourrais proposer un service potentiellement demain 100% végétal à tes clients avec un colorant à base de plantes et un mordant d'origine végétale. Alors attention, je pousse le bouchon, mais en fait, j'ai beaucoup réfléchi sur la teinture, mais je me suis dit qu'il y a quand même tout ce qui est après qu'on vient mettre sur les tissus une fois teint. qui leur confèrent des propriétés soit imperméabilisantes ou autres. Est-ce que ces apprêts, tu travailles aussi sur des apprêts d'origine végétale ou naturelle ? Est-ce que c'est un sujet que tu regardes ou pas ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non, pour le moment, on essaie de se focaliser sur la coloration et voir le mordansage naturel. Mais effectivement, je pense qu'en termes de produits naturels, tout est possible et tout reste à faire. Ok,

  • Mahery Andriamanantena

    top. Parce que j'avais reçu Louise Bécart de Pincroft en Angleterre, qui elle travaille, pareil, elle expliquait, ils travaillent sur, tu sais, les uniformes, les vêtements de travail pour les chefs cuisiniers, les pompiers, etc. Des vêtements techniques et ils ont donc besoin d'après de qualité qui soit vraiment sûre. Et ils sont en train de vraiment bosser sur des apprets plutôt naturels parce que forcément, on voit que c'est un vrai besoin, parce que c'est surtout les produits d'apprets et de teinture, enfin, on va dire l'ennoblissement en général, qui est quand même polluant. Donc, voilà, c'était ma petite question bonus.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Juste en tant qu'exemple, par rapport à ces techniques de finishing, en fait, le tannage du cuir... a été souvent fait auparavant avec les teintes naturelles, ce qui permet de colorer le cuir, de le traiter, de l'imperméabiliser. Donc ça, ça fonctionne avec le cuir, peut-être pas avec du coton ou d'autres tissus, mais pour dire que je pense que c'est tout à fait possible.

  • Mahery Andriamanantena

    Ok, donc ça à suivre, je lance l'appel, s'il y a des gens qui travaillent sur les après, n'hésitez pas, on sera ravis d'échanger. Alors, j'ai regardé ton site, du coup, j'ai été hyper curieuse. Tu as mis sur ton site que vous proposiez des sources colorantes qui peuvent pallier les limites actuelles de la filière. Tu entends quoi par limite ? Parce qu'en fait, sur le podcast, j'ai démarré avec justement Dominique Cardon et Sandrine Rosier. La première étape, c'était de faire exploser les préjugés qu'on avait sur la teinture végétale. Donc, on a passé du temps de la pédagogie à expliquer par preuve et démonter chacun des préjugés. Je pense qu'il faudra quand même des études scientifiques parce que même si tu invites les meilleurs experts et que c'est juste du verbal et que tu n'as pas un rapport qui te montre que c'est vraiment véridique, les gens ont du mal quand même à lever ces préjugés sur la teinture. Donc, qu'est-ce qui, selon toi, quelles sont les limites actuelles justement de la filière et qu'est-ce que tu proposes du coup pour lever ces fameux préjugés ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    En termes de... Limite, moi je te dirais deux choses, les propriétés techniques de ces colorants et le sourcine, avec le coût qui vient avec. Je parle ici en termes de technique à la fois du pouvoir tectorial, de la couleur qui ressort et également de la stabilité. Il y a toujours cette répudation des couleurs naturelles. les gens qui disent que ce sont des couleurs qui sont fades, qui ne sont pas stables, qui ne sont pas optimales. Mais à travers les travaux de tout plein de gens qui ont travaillé sur les couleurs naturelles, en fait, il y a des milliers d'exemples qui démontrent que les couleurs naturelles peuvent également être des couleurs qui sont très vives, des couleurs qui sont très foncées et des couleurs qui peuvent être très stables également. Donc ce n'est pas Dominique Cardan qui dira le contraire, puisqu'elle découvre des tissus qui ont des centaines d'années et dont la coloration est encore très présente. Donc c'est vraiment ce genre d'informations qu'il faut partager pour que les gens arrêtent de se dire que les colorants naturels sont des colorants fades et que la stabilité laisse à désirer.

  • Mahery Andriamanantena

    C'est une question de candidat en fait. On a énormément de plantes tectoriales. En fonction de l'application, du projet, c'est choisir le bon candidat qui aura la solidité lumière, si ça doit passer au lavage, qu'il soit résistant au lavage. En fait, c'est ça, c'est sélectionner le bon candidat. Et je pense qu'en fait, c'est ça qu'il faut rabâcher, c'est que toutes les plantes ne sont pas bonnes pour toutes les applications. Il faut vraiment faire ce choix de... Ça tombe pas du... Enfin voilà, il faut faire ce choix de recherche et de trouver le bon candidat, je trouve. C'est un peu... Et alors quand... Oh pardon, vas-y.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, j'allais dire que justement, parce que pourquoi est-ce qu'on utilise toujours la garance, la gode et l'indigo ? C'est que ce sont les trois plantes pour moi qui sont les plus stables à l'international et qui sont les plus célèbres. C'est ça. Et ça, ça provient surtout de cette connaissance traditionnelle et de cette histoire en Europe et en Inde. Mais si on se base également sur d'autres types de biodiversité, Je pense qu'au niveau de l'océan Indien, on pourra aussi sortir la prochaine garance, la prochaine god à partir de cette biodiversité avec une plante stable et avec des couleurs très prononcées également.

  • Mahery Andriamanantena

    C'est ce que tu vois, on a reçu Henri-Joseph de Guadeloupe, de Phytobocase, Colorbocase, je ne sais pas si tu connais. Et lui, c'est ça qu'il a dit à la fin de son épisode, c'est pour lui, la biodiversité qu'il y a dans les îles, que ce soit la Guadeloupe, la Réunion, etc. tout ce qui est flore tropicale, pour lui, c'est la suite de l'histoire. C'est-à-dire que c'est là qu'on va trouver, et il dit qu'il en trouve régulièrement, que c'est vraiment une source de richesse. Il y a tellement de biodiversité dans les îles que c'est là où on aura la couleur. Je suis en accord avec toi. C'est-à-dire que tout n'a pas été trouvé et que potentiellement, c'est là qu'on trouvera la suite de l'histoire tout en gardant nos trois vedettes, Indigo, Garance et Reseda. Ça, c'est clair. Mais... Ok, je voulais voir avec toi, donc tu as dit les propriétés techniques de ces colorants et leur stabilité et le sourcing. Le sourcing, tu entends par être sûr de l'origine de ta plante, où elle se trouve et comment elle est cultivée ou collectée ? Ou est-ce que tu entends dans le sourcing l'histoire de la logistique de tiens, elle arrive de si loin, ça rajoute des frais, du coup mes colorants ne sont pas forcément rentables parce que je mets un fric fou dans la logistique ? Est-ce que c'est dans le terme sourcing, tu entends quoi ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    C'est dans les deux sens. D'abord, une traçabilité, parce que nous, quand on va produire des colorants végétaux, et donc la teinture végétale ou les produits naturels, derrière, il y a toujours ces valeurs, ces éthiques, qui veulent que la production suive, par exemple, des conditions... équitable ou biologique, donc d'où la nécessité de tracer d'où viennent ces différents colorants. Et également en termes de quantité, parce que ça c'est toujours la question des industriels quand nous on va leur proposer ou on va parler des colorants, c'est de se dire donc demain s'il y a un client, une marque qui va nous demander 100 kilos de t-shirt, est-ce que vous allez pouvoir nous produire ces colorants-là ? Donc en ce moment, si on me dit, j'ai envie de colorer... 4 kg, 10 kg, je dirais que c'est tout à fait possible. Si on nous dit qu'on va colorer 100 kg pour l'année 2025, je dirais que ça peut être faisable, mais à partir du sens où quelqu'un va dire qu'on a besoin de colorer 100 kg de tissu tous les mois, ça c'est une autre histoire. Et la filière n'est pas encore... assez riche, assez organisée pour pouvoir répondre à ses besoins. Alors que je me dis que pour vraiment fédérer autour de la couleur végétale il faut vraiment que ça touche tout le monde et donc si on veut toucher tout le monde il faut qu'on touche en termes de quantité. Bien sûr je ne parle pas de produire incessamment ou mais vraiment de de produire avec ces valeurs et éthiques autour de la coloration naturelle.

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, donc plutôt un regroupement de lots, c'est-à-dire que les agriculteurs, tu vois, c'est ce qu'on a essayé de faire. Il y a eu une quinzaine de l'agriculture teinturielle que j'ai organisée en mars avec une vingtaine d'invités intervenant, experts dans leur domaine et les gens du podcast qui sont membres payants pouvaient assister à ces 20 heures de conférence. Franchement, j'ai vraiment essayé de faire un programme hyper large. et à l'intérieur de ce programme, on s'est posé cette question, c'est exactement ça, c'est que ce n'est pas produire pour produire, parce que d'une certaine manière, si on revient aux plantes, c'est qu'on n'est pas forcément d'accord avec le modèle actuel, mais c'est comment organiser une logistique tinctoriale, de regrouper, déjà rien que de se faire connaître les acteurs, les agriculteurs, les cultivateurs de ces plantes tinctoriales et d'être en capacité de mutualiser les lots. Et en fait, ça, tu vois, c'est quelque chose qu'on ne lâche pas comme sujet. Donc là, il y a une quarantaine d'agriculteurs avec lesquels moi, je travaille en métropole et un peu Belgique et un peu Europe. Et l'idée, c'est ça, c'est de se dire comment on pourrait mutualiser nos kilos de pigments, qui pourrait nous analyser ces lots pour en faire des lots homogènes et réguliers pour pouvoir avoir une quantité qui réponde à une demande de l'industrie textile. Parce que forcément, ce n'est pas avec 5 kilos que tu vas aller séduire une entreprise. Et elle va se dire, mince, si mon sourcing est pas fiable, constant, régulier et qui va s'interrompre, en gros, elles y vont pas. Donc, c'est aussi à nous d'être au clair là-dessus et de trouver un moyen de s'organiser, notamment en métropole. Mais je sais pas comment ça se passe. Est-ce que toi, ta connaissance de réseau, je sais pas, à La Réunion, à Madagascar, comment ça fonctionne aujourd'hui ? Est-ce qu'il y a une mutualisation de ces agri...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    En ce moment, au niveau de la filière de production des plantes unctoriales, c'est vraiment des particuliers qui le font. Donc vraiment, chacun plante sa propre plantation de plantes unctoriales dans son jardin ou sur ses terres cultivables. Donc justement, le choix des plantes à cultiver, ils ne sont pas forcément en accord également.

  • Mahery Andriamanantena

    Avec les besoins.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Voilà, pas en accord avec les besoins. Donc, si quelqu'un cherche ou un industriel, un client cherche une quantité considérable, ce n'est pas forcément qui travaille sur ces plantes, quels agriculteurs ou quels cultivateurs sont en train de travailler sur ces plantes. C'est ça. Donc, je suis vraiment d'accord avec ce que tu avais avancé tout à l'heure, qu'il est temps et il serait vraiment intéressant de mutualiser ces productions. donc je ne sais pas encore par quelle manière, mais de mutualiser à la fois le choix des plantes à cultiver, de mutualiser la production en faisant des partages de connaissances par rapport à l'aspect agronomique, et également l'aspect phytochimique, je veux dire, en termes d'extraction, en termes d'utilisation. Et après, bien sûr, en termes d'utilisation, J'ai vu que sur ton podcast et en parlant avec d'autres collègues également, il commence à y avoir des machines qui sont à cette échelle semi-industrielle. Parce qu'il y a ce souci-là également dans la teinture de produits naturels, c'est qu'avec une marmite, avec un simple bain de teinture, c'est peut-être... une autre tente que nous allons avoir. Mais avec une machine qui est un peu plus industrielle, ça peut virer. Et donc, ça pourrait être problématique par rapport à un client qui veut quelque chose de très précis.

  • Mahery Andriamanantena

    Alors, dans ce que tu dis, il y a plein de choses intéressantes. Donc, pour les plantes cultivées, je dis, moi, à ma petite échelle, j'essaye de parler avec les agris qui sont soit auditeurs, soit que j'ai eus en termes d'invités, savoir quelles sont les surfaces qu'ils cultivent, les plantes qu'ils cultivent et ce qu'ils ont mis en place des plans de culture. Parce que tu vois, j'ai travaillé dans la grande distri et on faisait des plans de culture pour dire, tiens, telle année, ça va, je ne sais pas, les petits poivrons, ça va cartonner. Telle année, un tel aura besoin de telle ressource, etc. Et je me dis, ce serait hyper intéressant de se mutualiser, ne serait-ce que de connaître les surfaces, les cultures. Également, avoir une vision, une perspective avec les plans de culture. Qui va travailler quoi ? Quelle variété ? Quelle couleur, entre guillemets ? Et... Pour le côté agronomique, à la sortie de cette quinzaine de l'agriculture teintoriale, ce qui a été remonté, c'est qu'en fait, les agris aimeraient avoir connaissance des différents facteurs qui augmentent le taux de colorant dans les plantes. Donc, j'ai travaillé dessus, j'ai fait des épisodes de podcast. Il y en a une dizaine qui peuvent influer, en tout cas, de ce que j'ai trouvé. Donc, comprendre ces facteurs. Et il y en a même qui demandaient des tests faciles à faire sur champ pour froisser ta feuille d'indigo et te dire c'est bon, ma persiquaire, enfin froisser ta feuille de persiquaire plutôt, et dire c'est bon, j'ai un super taux de colorant, on y va, on récolte. Je sais qu'il y a Erubescence, donc c'est Christine d'un Grandot, qui travaille elle sur la garance et qui fait des tests en champ sur les racines directement pour voir si le taux qu'elle recherche dans les rouges est assez puissant. Et elle suit cette évolution. Et c'est des sujets qui sont sous brevet, un peu accord de confidentialité, machin. Et en fait, l'idée, ce serait d'arriver à trouver des outils faciles de mesure qui soient applicables en champ et surtout qu'on puisse démocratiser. Parce que ces acteurs, comme tu dis, c'est soit dans des petites surfaces, soit dans leur jardin. Ce n'est pas forcément déclaré dans des cultures, mais pas forcément en tant que teintorial. Parce que tu n'arrives pas, tu n'as pas de mention teintorial. Donc du coup, s'il n'y a pas cette mise en relation de ces acteurs, en fait, l'information, tu la perds. Tu ne sais pas ce qu'on cultive comme couleur, tu ne sais pas s'ils se partagent les bonnes infos et tu ne sais pas comment tu peux les aider à récolter au bon moment parce que c'est tellement un boulot quand même de cultiver des plantes pour la couleur qui serait quand même… Enfin, tu vois, si on attend trois jours de soleil de plus pour avoir une augmentation de ton colorant, c'est quand même hyper intéressant d'avoir cette info. Donc, tu vois, tout ça, c'est des sujets qu'on a pointés du doigt pendant cette quinzaine de l'agriculture territorial, que je suis allée défendre auprès des chambres d'agriculture. Tu sais, en France, il y a eu un genre de conférence où tu avais toutes les chambres des régions. Et donc, ces problèmes-là, on les a… Enfin, en tout cas, moi, je les ai recités à cette chambre d'agriculture en disant Est-ce qu'il y a moyen de mettre des outils agronomiques, des ressources ? Et donc, la conclusion, c'est toujours la même, c'est que tant qu'il n'y a pas soit un gros client, soit un énorme budget, que ce soit des aides, des subventions, etc., il n'y aura rien qui sera entrepris. Donc, la recommandation qui a été faite, c'était, un, regroupez-vous. Donc, tu vois, on m'a suggéré de faire une association à récovers où tous les agris viendraient, etc. Bon, je ne peux pas être partout. Donc, se regrouper, réussir à récolter des fonds et ensuite travailler sur, ben voilà, ces études agronomiques, ces mutualisations de quantité. et le lien entre l'agriculture et l'industriel, parce que comme tu dis, derrière, ensuite, il faut que ces extraits, ils soient de bonne qualité pour être travaillés en industrie, soit dans des machines spécifiques dédiées à ça, soit dans des machines qui existent déjà, dans lesquelles on va venir, à la place de mettre des extraits synthétiques, venir mettre des colorants végétaux. Donc, tout ce que tu... C'est génial, parce que tout ce que tu me dis là, c'est tout le boulot que j'essaye de... Tu sais, d'essayer de recoller les morceaux, c'est le pulse que j'essaye de monter. très difficilement, mais voilà, c'est l'idée. Donc, je vois que c'est quand même la bonne route, en tout cas. J'avais une autre question. Alors, la transition est plus difficile, mais est-ce que tu travailles aussi sur tout ce qui est plantes envahissantes et autres sources sectoriales que sources cultivées ? Parce qu'il y a ce qu'on cultive en champ, et en fait, on se rend compte que tu peux trouver de la couleur dans des plantes envahissantes, dans des déchets d'industrie, dans plein de choses. Est-ce que c'est quelque chose que tu t'autorises à regarder ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, bien sûr. Voir même, je me dis, c'est l'une des principales catégories de plantes les plus intéressantes en termes d'utilisation pour une échelle. on va dire semi-industrielles ou industrielles. Voire même pour moi, le plus intéressant, c'est de se focaliser sur des plantes qu'envahissantes, parce qu'envahissantes voudra dire qu'il y a un potentiel de domestication, de culture derrière, et que si nous voulons tout de suite augmenter l'échelle, ces plantes seront déjà présentes. pour ne pas attendre la culture de quelques années avant de pouvoir avoir des matières premières. Donc justement, il y a par exemple deux principales plantes au niveau de Cholrophile, notamment la source de bleu et la source de vert que j'avais déjà publié un peu sur LinkedIn et que tu as probablement vu passer.

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, et c'est sur quoi je voudrais, si tu as le droit d'ailleurs d'en parler. d'ailleurs si t'as pas le droit tu dis que t'es sous accord de confidentialité tu nous dis que ce que tu peux nous dire mais c'est vrai que ça m'intéresse donc du coup tu pars de sources qui sont envahissantes donc fortement présentes avec un potentiel un potentiel en termes de volume une grosse biomasse et tu vas chercher, c'est ça que je trouve génial c'est une couleur qui deux couleurs qui font défaut le bleu parce que comme tu l'as dit tout à l'heure à part la persiquaire, le pastel et quelques indigotiers le bleu c'est quand même pas très fréquent. Et le vert, c'est, je dirais, rarissime quand même pour moi, parce que nous, ici, tu vois, j'ai entendu, oui, telle plante fait source de vert. Bon, tu vois, donc je trouve que tu t'es orienté vers deux vrais besoins. Est-ce que tu peux nous en dire plus sur ta recherche de bleu et de vert ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    En fait, ces recherches de bleu et de vert, c'est un peu devenu... une obsession aussi sur ces dernières années de recherche comme j'entendais toujours le vert c'est toujours un mélange de bleu et de jaune le bleu c'est toujours artificiel, enfin il y a très très peu de sources de bleu, donc dès que j'ai vu à travers mes enquêtes qu'il y avait potentiellement des sources de bleu et de vert, je me suis dit il y a quelque chose à faire voire même que Pendant ma thèse, j'avais ces deux pistes-là, mais que je n'avais pas pu traiter à l'époque, puisque soit on n'avait pas la matière, soit on n'avait pas le procédé et qu'on n'a pas eu de bons résultats. Quelques années après, et j'en suis fier parce que nous avons réussi à développer quand même les procédés qui permettent d'utiliser ces plantes, donc de les trouver déjà, voire en grande quantité, et les procédés qui permettent... d'extraire les principes afin de les utiliser dans différents domaines. Donc si je parle du bleu, le bleu il vient du Ravennala madagascariensis, ce qu'on appelle l'arbre du voyageur.

  • Mahery Andriamanantena

    Un genre de palmier ? Oui, que j'ai vu à la réunion justement. Justement, oui. Ça ressemble à un palmier.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ça ressemble à un palmier. On dit que c'est un faux palmier. Cette plante par exemple est réputée envahissante à La Réunion et à l'île Maurice. Et à Madagascar, il y a encore des hectares, des forêts entières de Ravenala, des forêts naturelles, parce que c'est un arbre qui se multiplie facilement après les feux de brousse, après... après le cyclone qui est très résistant également au cyclone. Donc je dirais, je ne me focalise pas seulement sur les plantes envahissantes, mais on a quand même été bien chanceux d'avoir trouvé une plante envahissante, et qui est également emblématique de l'océan Indien. Donc une plante envahissante, mais une plante également qui a des potentiels en termes d'ingrédients naturels ou de coloration. Donc le pigment qui est extrait de cette plante, la matière, c'est une matière qui est très grasse. Donc c'est plus une matière grasse où le colorant est bien réparti sur cette matière, donc plus une utilisation dans le domaine de la cosmétique.

  • Mahery Andriamanantena

    Plus une huile pigmentaire presque.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Voilà, oui. Donc une huile pigmentaire, une huile bleue qui peut être incorporée dans tout type de plantes. de formulation comme c'est déjà un ingrédient qui est sur la liste INSEE. de la cosmétique européenne mais utilisée en tant que émollients.

  • Mahery Andriamanantena

    Ah d'accord et toi tu en as trouvé en plus de la couleur, génial !

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et oui voilà donc c'est aussi l'intérêt de ces plantes à propriété active parce qu'elles peuvent être utilisées en tant qu'émollientes mais elles confèrent également la coloration. Et en plus le bleu, enfin... on ne va pas faire un masque bleu ou des rouges à lèvres bleus, mais c'est une couleur primaire qui permet d'avoir les touches de violet, de vert, de marron, et ainsi de suite. Donc comme c'est une couleur primaire, c'est une couleur également qui est très recherchée dans le domaine de la cosmétique, et des sources naturelles de bleu stable, donc c'est très stable à l'UV. C'est stable également à des températures modérées d'utilisation en cosmétique et stable également au pH. Donc ça permet d'ouvrir l'utilisation de la plante. Top,

  • Mahery Andriamanantena

    nickel. Et alors je vais forcément te la poser la question, mais d'emblée j'ai l'impression que plutôt non. Comme c'est un système d'huile pigmentaire, tu ne peux pas l'envisager pour la teinture.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    On a essayé pour la teinture de fibre naturelle, mais justement cette partie... Grasse, je pense. Ça ne veut pas forcément... Ça crée... Visuellement, artistiquement, c'est très beau, mais si on va porter le vêtement, c'est vraiment très gras.

  • Mahery Andriamanantena

    D'accord, ok. Ce bleu de l'arbre du voyageur, et tu as raison, c'est un arbre symbolique, parce que c'est vrai que c'est un arbre qu'on met souvent en avant sur les cartes postales de la Réunion, etc. Donc, celui-là. Et ta source de verre ? J'ai vu ta photo sur LinkedIn. J'essaierai de mettre le lien parce que franchement, ça m'a bluffée. Vraiment, je suis très curieuse.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Pour la source de verre, pour la petite historique, c'est justement Dominique Ardon qui m'avait soufflé cette piste à travers ses enquêtes à Madagascar. Elle m'avait raconté, c'était sur ma deuxième année de thèse, on s'est rencontré au niveau d'une conférence sur la peinture naturelle. Elle m'avait montré une écharpe qui était d'un vert, tu vois, ce n'est pas les verts kaki ou verts qu'on voit généralement, c'est vraiment d'un vert pur et foncé. Donc elle me disait que ça provenait éventuellement de telle ou telle plante, de telle ou telle région. Donc j'ai mené mes petites enquêtes, j'ai trouvé la plante. Il y a une artisane qui m'avait montré comment faire, mais je n'ai jamais réussi à sortir ce verre pendant ma thèse. Donc je me suis dit que j'aurais d'autres occasions. Peut-être qu'elle a rajouté quelque chose dedans, mais que moi je n'avais pas vu. Et en fait, c'est très scientifique. Et qu'il y a... facteur de variation qui fait en sorte que ça donne la couleur verte. Bien sûr je peux pas vous dire plus parce que c'est un procédé qu'on est en train d'optimiser, qui est presque optimisé et un brevet en cours de rédaction. Donc c'est une plante qui a été déjà utilisée par des artisans, donc des connaissances traditionnelles que nous on a essayé d'optimiser pour comprendre. qu'est-ce qui donne ce phénomène et également comment reproduire cette couleur en échelle et standardiser. Génial. Parce que nous, on entend dire que si c'est cette plante qu'on utilise, elle est un peu plus verte. Si c'est l'autre, c'est moins vert. Si on la laisse toute une nuit, ça donne cette couleur. Si on la laisse que quelques heures, ça donne une autre couleur. En fait, nous, on s'est dit que c'est toujours de la science. Ce n'est pas possible que ça soit... aussi aléatoire. Aléatoire. Et finalement, on a trouvé quels étaient les facteurs de variation qui donnaient le vert à tous les coups et qui nous permettaient de maîtriser les palettes de vert, du vert clair au vert français.

  • Mahery Andriamanantena

    Celui que tu as mis en ligne, il est vraiment... Je n'en ai jamais vu des comme ça de vert. Donc oui, il faut vraiment que je remette le lien de la photo pour que les gens puissent aller voir sur ton LinkedIn. Donc cette source de verre est là plutôt destinée au textile, si je comprends bien.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Particulièrement au textile, oui. Nous sommes en train d'essayer de voir un peu s'il y a d'autres types d'applications, mais en tout cas, l'application textile, elle est confirmée, elle est bien validée.

  • Mahery Andriamanantena

    D'accord, ok. Donc, ce que je comprends, c'est que tu as fait un parcours pendant sept ans de recherche, tu as tout le bagage qu'il faut, clairement, c'est l'agronomie, la phytochimie et tout ce qui est dans le textile, etc. tu as expérimenté pendant sept ans. Quels sont pour toi les défis qu'il faudrait relever pour qu'on parle davantage de la couleur végétale, pour que ce soit davantage employé ? Qu'est-ce qui, pour toi, manque aujourd'hui ? Qu'est-ce qu'on doit faire, en fait ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Moi, je dirais, en termes vraiment de... en quelques points, en termes de marché. Parce que, on dirait que nous sommes encore une... Petite communauté à être intéressée par la couleur végétale, même si petit à petit on voit que ça se développe. Et ce marché, ce lobbying en termes de consommateurs et d'utilisation, bien sûr nous on peut apporter notre pierre par rapport à cela, mais il faut que ça soit sur une large clientèle, une large population. en passant par les industriels ou en se mettant en communauté pour pouvoir avoir plus d'impact.

  • Mahery Andriamanantena

    Ok, donc des débouchés de niveaux conséquents pour pouvoir accompagner la filière de la graine, de la plante à la fin, et donc des acteurs conséquents, type industriel ou plus grande marque, qui peuvent montrer la voie, entre guillemets. Et du coup... lever les préjugés parce qu'il n'y a rien de mieux que le faire pour montrer que c'est possible en fait. Donc on est bien là-dessus. Ok, d'accord. Est-ce que tu as, dans ton choix de créer Colorophile, tu as dû faire une étude de marché des autres entreprises qui pouvaient proposer le même type de service que toi ? Est-ce que tu as trouvé, donc si je ne dis pas de bêtises, nous en France, métropolitaine, on a Greening qui propose ce genre de service et on a Plant. et couleurs avec Anne de La Sayette. On les a tous les deux reçus. Donc, épisodes 9 et 10 pour Greening et épisode 26 pour Anne de La Sayette. Est-ce que tu connais d'autres acteurs en France métropolitaine ? Est-ce qu'à La Réunion, à Madagascar, à l'Île Maurice, dans ton secteur, est-ce que tu en connais d'autres ou au niveau international ? Et comment tu as fait pour te positionner ? Parce que je trouve que tu fais des choix stratégiques intéressants de par la source que tu choisis, de par... Donc, on a dit des... sources renouvelables, tu embarques directement le sourcing qui est le nerf de la guerre pour pas avoir de fraude tu prends des couleurs qu'on a du mal à trouver tu pars parce que t'es d'origine malgache d'une faune enfin d'une flore plutôt d'une flore qui est encore enfin j'ai pas envie de dire encore à découvrir mais si tu vois j'ai l'impression qu'on a pas tout trouvé et qu'il y a encore plein de choses, donc tous ces choix là sont Alors, ce sont soit des coïncidences parce que tu viens de là-bas, etc. Mais je trouve que c'est hyper intelligent parce que tu te places à un endroit où j'ai l'impression qu'il n'y a personne aujourd'hui. Est-ce que tu as dans ton étude de marché des acteurs, même des gens que je pourrais interroger sur le podcast ? Mais est-ce que tu peux me dire comment tu as réalisé tout ça pour te placer si bien dans un… Je trouve que c'est ciblé, textile, cosmétique, bam, du vert, du bleu, des ressources renouvelables. Tu vois, ce que je veux dire, c'est vraiment pousser.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    En termes de sourcine Océan Indien, qui fait des entreprises qui font la même activité dans l'Océan Indien, je n'en connais pas trop. À La Réunion, mais elle est également basée entre La Réunion et Paris, il y a Aurélia Wolf, que j'ai déjà entendue sur le podcast également. Après, elle ne fait pas vraiment d'extraits, elle ne commercialise pas. d'extraits, elles commercialisent plutôt des produits finis ou bien de la peinture donc de la peinture pour les beaux-arts ou pour ces appels-là mais sur l'océan Indien je ne connais pas d'autres entreprises qui sont positionnées là-dessus enfin il y en a beaucoup qui se focalisent sur les plantes actives, les plantes propriétaires biologiques médicinales ou nutraceutiques Mais en termes de colorants et pigments, pour le moment, il n'y en a pas tant que ça. Si je parle de Madagascar... Il y a aussi des entreprises qui font de la coloration de soie, de la coloration et confection de produits à base de raffia ou de soie. Mais ça reste au niveau de cette échelle artisanale. Et donc toujours le souci avec l'artisanal, c'est que déjà le sourcine, il est compliqué. Et en termes de répétabilité, le jeûne que nous allons produire aujourd'hui, ne sera pas le jeûne qui sera produit demain. C'est vraiment là qu'on essaie d'intervenir, de standardiser les process pour avoir un produit standard, un produit qui est répétable, qui peut répondre aux besoins du marché. Après, en métropole, je connais un peu ces entreprises, Couleur de Plante et Greenin, je trouve qu'ils ont de très beaux projets. Ils font énormément pour vulgariser cette filière des collants végétaux. Mais nous ne travaillons pas sur la même source puisque ce ne sont pas non plus les mêmes biodiversités.

  • Mahery Andriamanantena

    C'est génial. Franchement, je suis hyper contente de ton projet. Je te dis, j'ai vraiment eu un… Tu l'as vu, on est très vite rentrés en contact sur LinkedIn parce qu'on est sur les mêmes sujets. On a le… Voilà, donc on a très vite voulu échanger. Je suis vraiment hyper contente de ton projet, je te le dis, parce que j'y vois plein d'intérêts. Plein d'intérêts parce que tu adoptes une autre échelle, des autres ressources, tu prends des critères en compte qui, à mon sens, te feront gagner du temps pour la suite. Cette histoire de sourcing, de traçabilité, tout ça, c'est hyper important. Les bio mordants, pour moi, c'est la cerise sur le gâteau. Et c'est ce que je te disais, les après, pareil, je pense... que d'autres entreprises vont y aller, mais je pense que vous avez carrément les ressources dans l'océan Indien. Je suis très... Comment dire ? J'ai beaucoup de... J'ai du mal à parler aujourd'hui. J'ai beaucoup d'espoir avec les dom-toms, notamment, tu vois, je vais recevoir une Guyanaise qui travaille pareil, la phytochimie, la nutraceutique, l'utilisation des colorants. Elle a plein de choses à raconter. On a eu Henri-Joseph de Guadeloupe. Je sais que ça bouge beaucoup dans les... dans les dom-toms, la Martinique me demande T'as pas interrogé la Martinique ? Et en fait, je vois une effervescence. Alors, elle est présente en métropole, mais j'ai l'impression qu'on est un peu plus en métropole, comme tu disais tout à l'heure, sur des sources déjà connues, historiques, qui a un peu moins d'innovation dans les plantes à découvrir, si je peux me permettre cette réflexion. Et du coup, vous êtes un peu... de nouveau l'énergie qui va stimuler l'effervescence de la découverte des plantes, des techniques. Donc, je suis vraiment hyper... J'ai hâte de suivre tes aventures et j'aimerais que tu puisses revenir, tu vois, nous raconter régulièrement ce que tu as découvert, tes premiers... Quand tu auras le droit d'en parler, mais voilà, tout ce que tu vas trouver, ça m'intéresse à fond, et tes domaines de recherche. Je vais arrêter de parler trop. Est-ce que tu peux me dire si tu étais un colorant ? une plante tanctoriale, on va dire, ou une source tanctoriale, laquelle tu serais et pourquoi ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Si j'étais un colorant, si j'étais une source tanctoriale, je dirais que je serais l'arbre du voyageur. Je suis obsédé par cette plante dernièrement, mais il y a une raison. Parce que je me dis... L'arbre du voyageur, c'est un arbre qui est très stable, qui ne bouge pas, même après le cyclone ou les feux de brousse. Et je me reconnais un peu à travers ce caractère, parce que tous mes collègues le diront, je suis de nature très très calme. Je crois même qu'à la fin de ma thèse, lors de ma soutenance, c'était la remarque de mon directeur de thèse que Il n'a jamais vu quelqu'un, un doctorant, qui ne s'est jamais énervé sur les trois anthèses, enfin quatre anthèses. Donc, cette stabilité, mais qui cache quelque chose au fond de lui, qui cache cette couleur bleue, enfin, ce n'est pas moi qui l'ai découvert, bien sûr, mais j'ai envie de la pousser, de faire en sorte qu'elle ait une belle aventure. dans différents types d'utilisation.

  • Mahery Andriamanantena

    Génial, c'est génial. Est-ce que tu as des livres que tu voudrais recommander aux auditeurs sur la flore réunionnaise de Madagascar ou sur des sujets ou des livres de phytochimie ? Parce qu'on me demande beaucoup en ce moment, je ne te cache pas, d'aller plus explorer la phytochimie. J'ai reçu notamment une chercheuse de l'ITEPMAI en France sur tout ce qui était technique d'extraction, phytochimie, pharmacopée pour reposer tout ça. Les livres qui t'inspirent et que tu as envie de mentionner ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Là, je pense tout de suite à Le monde des teintures naturelles de Dominique Ardant. Après, je pense que la plupart des gens qui travaillent dans le domaine de la coloration végétale l'ont déjà. C'est vraiment une bible qui m'a permis d'apprendre, de comprendre et d'innover par rapport à cette filière de la coloration végétale. Après, j'aimerais aussi conseiller aux gens de partir un peu plus sur les articles scientifiques. Parce que j'ai vu qu'il y a vraiment beaucoup d'études qui ont été effectuées sur des process qui sont très détaillés dans les articles scientifiques par rapport à l'utilisation, à l'extraction, voire même à l'application, soit dans la coloration cosmétique ou dans la coloration de textile. Donc moi j'ai vraiment... appris avec cette base scientifique de plutôt partir sur ces articles scientifiques-là, juste en tapant des mots-clés sur les moteurs de recherche d'articles scientifiques. Et en fait, même si on n'est pas vraiment scientifique, on peut quand même trouver des informations qui peuvent nous aider par rapport à l'extraction, par rapport à l'application.

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, complètement. Alors, pour rebondir sur ce que tu viens de dire, j'ai lancé l'Aréco Veille. C'est exactement ce que je fais. C'est tous les jours, je regarde les articles scientifiques qui sont parus sur la couleur végétale dans le monde entier. Alors, ça n'arrête pas. C'est-à-dire que l'Inde, la Chine, la Thaïlande, ça n'arrête pas. Tous les jours, dans toutes les applications, soit des nouvelles méthodes d'extraction, soit des nouveaux colorants associés, des plantes qu'on utilisait pour autre chose. comme tu disais tout à l'heure, qui ont des propriétés émultifiantes ou émolliantes, je ne sais plus exactement le terme, émolliantes et qui finalement peuvent aussi apporter de la couleur et c'est un peu ça. Et donc du coup, dans cette Arécoveille, je mets par domaine d'application de la couleur végétale, les différents sujets de recherche et comme tu disais, l'anglais est indispensable parce que tout est publié en anglais. Donc, tu es obligé d'avoir des traductions et faire attention à la traduction pour ne pas te planter parce que des fois, ils te parlent d'une plante traduit en français et c'est pas du tout ça, donc être vigilant sur les termes anglais, t'avais complètement raison au début de préciser ça et donc cet Arecoveil, le but c'est vraiment d'ouvrir les chakras et de voir que depuis, donc tu vois je l'ai démarré en octobre dernier et depuis octobre, l'intensification des publications, c'est incroyable, donc tu vois j'ai vraiment je me dis que ça c'est un indicateur quand même d'un vrai retour sur ce sujet là et c'est pas que dans le textile C'est aussi dans l'alimentaire, c'est aussi dans la cosmétique, dans la nutraceutique à fond les ballons. Et du coup, je me dis, tu vois, tous ces petits signaux faibles, moi, me donnent beaucoup d'espoir en me disant, tu vois, il y a moyen que vraiment cette filière teintoriale, elle se structure et qu'on arrive à trouver quelque chose à faire. Enfin, voilà, c'est vraiment mon vœu. J'ai une dernière question à te poser. Est-ce que tu embauches des gens dans ta startup ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Pour le moment, pas encore. Pas tout de suite, mais bien sûr que c'est prévu. Après, pour faire la veille documentaire aussi, déjà, c'est… Eh bien,

  • Mahery Andriamanantena

    tu peux. Eh bien, moi, je la fais, ta veille documentaire. On s'en parle après. Mais non, mais c'est, tu vois, un service aussi que j'essaye de proposer pour… Tu vois, moi, j'essaye de faire vivre ce podcast gratuitement pour tout le monde. Mais il faut bien que derrière… Donc, je leur explique. Je fais des missions pour des entreprises, que ce soit agronomique, que ce soit dans tous les métiers que j'ai faits. enfin je n'en ai pas fait 12 000, mais tous les métiers que j'ai fait avant, j'essaye de les mettre à disposition pour le secteur de la couleur végétale et que globalement ça fasse avancer la filière teintoriale. Et je garde ce souhait qu'on va y arriver à se mutualiser, à raccrocher tous les maillons et qu'on va y arriver en fait, parce qu'on a tout et en fait, il faut, comme je te disais, mettre les pièces les unes à côté des autres, mais on a tout ce qu'il faut. Donc si tu as besoin de veille, il n'y a aucun problème. Et la dernière vraie question que je voulais te poser, c'est à qui tu penses ? pour continuer ce genre d'échange qu'on a eu, à qui tu penses pour parler de la couleur végétale, de ses recherches, de ses sources, de ses découvertes en plantes tectoriales, tu aimerais me recommander quelle personne ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Là, toutes les personnes que j'ai en tête sont déjà passées au niveau de ton podcast. Je suis par exemple en contact avec Dominique Ardant, Aurélia. J'avais quelqu'un en tête également, mais je l'ai vu il y a deux semaines. Il m'avait dit que c'était prévu que tu fasses déjà un podcast avec lui. Donc Patrice André que j'ai vu. On a déjà venu ensemble il y a quelques jours.

  • Mahery Andriamanantena

    Génial.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Là, je n'ai pas d'autres personnes en tête, mais si quelqu'un me vient, je t'informerai.

  • Mahery Andriamanantena

    Top, génial. Franchement, je te dis, j'ai vraiment apprécié nos échanges. Je trouve que ça refait le pont entre plein de sujets qu'on avait vus avec les invités. Est-ce que tu as un sujet qu'on n'a pas abordé que tu aimerais mettre en avant ? Est-ce qu'il y a quelque chose qu'on n'a pas... qu'on n'a pas abordé et que tu aimerais venir ajouter ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je pense que la plupart de ce que je voulais dire a été dit. Après, il y aura d'autres occasions, j'imagine. Carrément. Dès que nos brevets seront déposés, voire publiés, on parlera de ces sources de bleu et de vert et tu pourras me poser toutes les questions que tu veux. par rapport à ces deux couleurs.

  • Mahery Andriamanantena

    Génial. Bon, écoute, Maëry, je te dis vraiment un très grand merci pour tout ce temps de rentrer dans les détails, de nous expliquer, de nous partager tout ça. On sent ta volonté. Tu cherchais le mot tout à l'heure pour l'arbre du voyageur. Il est résilient. Il passe les encombres. Il tient bon. Il persévère, etc. Je te souhaite plein de bonnes choses pour ton projet. Et comme je te dis, tu viens quand tu veux nous en reparler. Un grand merci à toi. Franchement, c'était vraiment génial cet épisode.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Merci pour l'invitation. C'est toujours un vrai plaisir pour moi aussi de parler de couleur végétale, de parler de la biodiversité, de parler de la nature.

  • Mahery Andriamanantena

    Alors, je coupe ici. Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram ARTECOVERT pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast est de le noter et le commenter. sur la plateforme d'écoute de votre choix. C'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Merci à tous ! Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin agriculture tinctoriale

Chapters

  • Introduction au podcast ArtEcoVert et à l'invité Mahery Andriamanantena

    00:00

  • Présentation de Mahery Andriamanantena et de son parcours

    00:44

  • Les débuts de Mahery dans la couleur végétale et ses inspirations

    02:10

  • Le rôle de consultant de recherche de Mahery

    03:36

  • Rétrospective des 7 ans de recherche sur les plantes tinctoriales

    06:52

  • Les propriétés médicinales des plantes tinctoriales

    09:41

  • Les défis de la couleur végétale dans l'industrie

    11:46

  • Présentation de la start-up Colorophile de Mahery

    28:47

  • Les limites actuelles de la filière des colorants végétaux

    39:57

  • Conclusion sur l'avenir de la couleur végétale et les recommandations

    01:04:49

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Description

Dans cet épisode captivant du podcast ArtEcoVert, Pauline Leroux a le plaisir d'accueillir Mahery Andriamanantena, un chercheur et entrepreneur passionné par la couleur végétale et les plantes tinctoriales. Ensemble, ils plongent au cœur de l'univers fascinant des colorants naturels, explorant un parcours riche en découvertes et en innovations. Mahery, fort de sept années d'expérience dans le domaine, partage ses recherches sur l'extraction et la stabilisation des colorants issus de plantes, qu'il s'agisse de l'indigo, de la garance ou d'autres pigments végétaux.


Au fil de la discussion, Pauline et Mahery abordent les applications multiples des colorants végétaux, notamment dans les secteurs du textile et de la cosmétique. Ils mettent en lumière les défis actuels de la filière, notamment la nécessité de standardiser les procédés pour répondre à la demande croissante des industries. Cette standardisation est essentielle pour garantir une qualité constante et pour promouvoir l'utilisation de colorants biosourcés, qui respectent à la fois l'environnement et la santé des consommateurs.


Dans un monde où la teinture végétale et la coloration capillaire végétale gagnent en popularité, il est crucial de sensibiliser le public et les industriels à l'importance des colorants naturels. Mahery souligne également le potentiel des plantes envahissantes, souvent perçues comme des nuisibles, en tant que sources inestimables de colorants. "La nature regorge de trésors qui n'attendent qu'à être découverts", affirme-t-il, rappelant ainsi l'importance de la biodiversité, notamment celle de l'océan Indien.


Cet épisode d'ArtEcoVert est non seulement une invitation à explorer le monde des couleurs de plantes, mais aussi un appel à l'action pour encourager des collaborations entre chercheurs, artisans et entreprises. En partageant des ressources et des connaissances, Pauline et Mahery espèrent démocratiser l'utilisation des colorants végétaux et promouvoir un design plus respectueux de l'environnement.


Ne manquez pas cette discussion enrichissante qui vous ouvrira les yeux sur l'avenir prometteur de la couleur végétale. Que vous soyez passionné par les fibres naturelles, l'encre végétale ou simplement curieux d'en savoir plus sur la teinture naturelle, cet épisode est fait pour vous.


Pour découvrir plus d'informations sur les plantes tinctoriales et les techniques de teinture végétale, n'hésitez pas à consulter les liens utiles mentionnés dans la description.


Belle écoute,


Pauline


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🗝️ Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin nuances indigo


Pauline



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Bonjour et bienvenue dans le podcast ArtEcoVert, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes, et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants. pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de valeur. Mon but, fédérer et démocratiser la couleur végétale dans le monde. Alors c'est parti, bonne écoute ! Donc bonjour à tous, je suis ravie d'accueillir sur le podcast Aréco Vert, Maëry Andriama Nantena. Bonjour Maëry.

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, bonjour Pauline et bonjour à tous les auditeurs et merci de m'avoir invité dans ce podcast ArtEcoVert.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors, Maëry, je suis ravie de t'avoir aujourd'hui parce qu'on va déjà partir en voyage, ça va nous faire du bien. On va parler de couleurs, tu vas nous apporter tous tes travaux et les postes que j'ai vus passer, ce qui m'ont attiré l'œil forcément, j'ai vu ça sur LinkedIn, je te suis sur LinkedIn. Mais avant tout ça, est-ce que tu peux te présenter, raconter un petit peu aux auditeurs ton parcours et comment tu as cheminé jusqu'à la couleur végétale ?

  • Mahery Andriamanantena

    Je suis donc Maëry Andrea Malatena ou Maëry... un GM à l'intérêt en malgache, et je suis chercheur et entrepreneur. J'ai une formation de base en ingénieur agronome spécialisé dans le génie des procédés des systèmes agricoles et alimentaires, et j'ai également un doctorat en chimie et biologie spécialisé dans la valorisation chimique et biologique des plantes. Je travaille actuellement en tant que consultant de recherche, et je suis en cours de création de ma start-up. colorophiles axés dans le domaine des colorants naturels. Donc moi les colorants naturels, c'est une histoire qui a commencé à travers ma thèse. Donc cela fait bientôt sept ans, sept ans que je baigne dans la couleur végétale. Donc par rapport à la teinture de fibres naturelles, j'ai appris énormément d'une dame, une artiste artisane française qui habite à Madagascar. que je remercie. J'ai beaucoup appris des artisanes locales, donc principalement à Madagascar, mais aussi d'une des pentes de la teinture que vous connaissez tous, Dominique Cardan, qui était à l'époque dans mon comité de thèse et qui était mon rapporteur de thèse. Génial ! Donc après, sur les procédés chimie et biologie des plantes tinctoriales, j'ai été autodidacte à travers mon doctorat. donc à travers les livres, les articles scientifiques, mais bien sûr avec l'appui indispensable de mes directeurs de thèse, de mes encadrants de thèse et de mes collègues. Donc là, je continue toujours d'apprendre. Il y a tellement à découvrir encore dans le domaine des colorants végétaux et surtout à être impressionné par ce que la nature nous offre et c'est pour cela que ces domaines me passionnent particulièrement.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je crois qu'on est tombé dans la même passion, mais on n'a pas fait le même parcours. Alors, c'est hyper intéressant ce que tu viens de nous expliquer. Est-ce que tu peux clarifier ce que c'est que consultant de recherche ? C'est-à-dire qu'il y a des gens qui t'appellent pour monter des programmes de recherche, pour étudier plus spécifiquement une plante, pour étudier plus spécifiquement une application. Est-ce que tu peux nous détailler un peu qu'on se le représente ?

  • Mahery Andriamanantena

    Donc, consultant de recherche, c'est-à-dire que moi, je vais travailler à 100% dans une université ou en tant que chercheur associé au niveau d'une université. Actuellement, par exemple, je suis également sur un projet qui s'appelle Natural Malagasy Plant Dyes. C'est un projet qui est totalement dédié à la coloration de fibres naturelles. Donc, à la différence de ce que j'ai fait sur... On va dire ces cinq, six dernières années, nous nous sommes un peu plus focalisés lors de ma thèse et de mon postdoctorat à l'Université de La Réunion sur les extractions des colorants issus des plantes. Ensuite, sur l'application, que ce soit dans le domaine textile, cosmétique ou pharmacologique, étant donné qu'il y avait un grand volet activité biologique également, donc antioxydants, anti-inflammatoires, etc. Pour ce projet en particulier, Au niveau duquel je suis consultant de recherche, c'est vraiment axé sur la coloration de textile. Donc principalement la soie, le coton et la laine.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, ok. Et alors quand tu dis, donc ça fait 7 ans que tu travailles ta thèse, tu as donc les deux bagages, on va dire, tu as pour moi le côté agronomique, donc vraiment compréhension de la plante, de sa culture, etc. Et la partie chimique, j'imagine notamment avec de la phytochimie pour comprendre comment ça se passe, etc. Est-ce qu'on peut faire l'exercice de... J'essaye de te dire un peu à quoi j'imagine ton métier et tu me dis si c'est réellement ça que tu fais. En gros, tu as d'abord étudié les réactions, le métabolisme des plantes pour comprendre pourquoi elles produisent de la couleur. Je pense que tu as dû essayer de comprendre comment on extrayait ou comment on augmentait cette couleur dans la plante, parce que tu es ingénieur agronome et donc forcément, je pense que ça a dû... Donc les techniques d'extraction, comme tu as accès à des labos, des chimistes, etc., je pense que c'est une étape intéressante. Donc l'extraction et ensuite les réflexions d'application possibles. Tu n'es pas forcément qu'arrêté au textile, j'imagine. Tu as vu tout, comme tu dis, ce domaine est hyper large. Moi au début, pareil, je suis rentrée par le textile. mais en fait on en découvre plein des applications de la couleur végétale. Est-ce que toi tu as pu pointer du doigt quelques applications ? Est-ce que tu peux nous faire un petit peu comme une rétrospection de tes 7 ans ? Par quoi t'es passé ? Est-ce que t'as voulu creuser ? Pour qu'on comprenne parce qu'en fait tu vois au fur et à mesure des épisodes de podcast j'ai l'impression qu'on mène une enquête qui avance conjointement tu vois et j'aimerais bien que tu nous fasses toi ton retour sur ces 7 ans, ce qui t'a interpellé, ce que t'as voulu creuser etc.

  • Mahery Andriamanantena

    Oui donc Je... Sept ans de recherche sur les plans tectoriels. Et c'est après ces sept ans que j'ai aussi monté le projet Colrophile, le projet de création de start-up. Une start-up parce que, justement, pendant ces sept ans, j'ai vu tout le chaînon, toutes les chaînes de valeur, à partir des collectes, à partir des enquêtes et relations avec les artisans. donc les artisans locaux, que ce soit des teinturières, que ce soit des cultivateurs. Il y a aussi le volet procédés, à travers mon ingénierie, on génie des procédés, où je vois comment les couleurs sont extraites, quel type d'application, type de stabilité, et ainsi de suite. Et donc aussi ce volet... que j'avais fait particulièrement pendant ma thèse et mon premier postdoctorat, principalement en phytochimie et activité biologique. Donc c'était vraiment d'essayer de comprendre d'où viennent les colorants à l'intérieur des plantes, donc principalement des métabolites secondaires, et donc également de se dire comment est-ce qu'on va faire pour extraire ces métabolites secondaires, parce que ce sont des familles chimiques qui peuvent être très différentes. En fonction de quelle famille chimique est présente dans la plante, la méthode d'extraction sera également différente. On peut partir sur un procédé que avec de l'eau, un procédé avec un mélange eau-éthanol, et donc également le produit que nous allons obtenir à la fin, après quelques optimisations, ce sera aussi un produit qui va contenir... soit que les métabolites secondaires responsables de la coloration, soit d'autres métabolites secondaires qui seront responsables d'activités biologiques, par exemple. D'accord. Donc c'est pour cela que nous nous sommes également, sur ces dernières années, focalisés sur ces activités biologiques. Donc comme j'avais dit tout à l'heure, il y a beaucoup de plantes qui sont antioxydantes également. ou qui ont des propriétés anti-inflammatoires ou antibactériennes, voire même, d'après nos enquêtes sur la biodiversité de l'océan Indien, que ce soit à La Réunion ou à Madagascar, presque, voire même plus de 80% des plantes sectoriales qui ont été inventoriées, donc à des potentiels riches en colorants et pigments, sont également des plantes médicinales qui sont déjà décrites dans la littérature.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Génial ! Écoute, il va falloir que... Peut-être que tu l'as connue, je te coupe deux secondes. Est-ce que tu connais Delphine Talbot ? Ça te parle ou pas ?

  • Mahery Andriamanantena

    Non, je ne la connais pas.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors, j'ai enregistré avec elle il y a dix jours, je pense. Elle est enseignante-chercheure à Toulouse. Elle travaille sur le lien entre la couleur et la santé et les propriétés médicinales, le care en anglais. Et en fait, c'est son combat. C'est vraiment quelque chose qui lui est venu très naturellement il y a quelques années pendant sa thèse aussi à elle. Et elle a réussi à avoir un budget de recherche qui va démarrer là. Et donc, c'est passionnant parce que toi, d'emblée, tu l'abordes non plus comme une hypothèse, mais comme une… Voilà, tu as constaté qu'il y a 80% des plantes tectoriales, donc à La Réunion et à Madagascar, qui ont en plus des propriétés médicinales. Donc, je trouve ça génial parce que tu vois, c'est pour ça qu'il est bien ce podcast, sans me lancer des fleurs, mais c'est qu'on a différents niveaux d'avancée. en fonction des pays, des contributions, des professions, etc. Donc hyper intéressant. Donc vous, vous avez répertorié, et dans les plantes que vous avez répertoriées, il y en a 80% qui ont en plus d'un pouvoir colorant, un pouvoir médicinal.

  • Mahery Andriamanantena

    Voilà, 80% en plus de pouvoir colorant qui a également des pouvoirs médicinales. Et voire même, je dis 80% Parce que sur une partie des 20% restantes, c'est parce que ces plantes-là n'ont pas encore été vraiment étudiées.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ah, d'accord.

  • Mahery Andriamanantena

    Voire même, je suis prêt à parier que si on fait des études d'activité biologique sur ces 20%, on aura encore un bon nombre de plantes intéressantes en termes d'activité biologique.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Top. Ça, c'est vraiment génial de parler de ça et de voir que, voilà, toi, tu n'en es plus au stade de… supposer, tu es au stade que c'est réellement ce qui existe et il y a encore de quoi découvrir. Tu as parlé d'un... Tu as donné un terme en parlant des extractions. Tu as parlé de la stabilité aussi. Tu extrais les colorants mais il faut les rendre stables. Tu parles comme d'autres domaines d'application, de réaction à la lumière, réaction au changement de pH et ces choses-là, changement de température. C'est ça que tu dis dans on extrait mais il faut aussi les rendre stables ?

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, voilà. Enfin... Ce n'est pas vraiment les rendre stables, c'est plutôt qu'à travers plusieurs essais, plusieurs choix de plantes, on va faire des tests de stabilité, par exemple de la couleur, pour se dire, cet extrait-là, est-ce que si on la met à 60°C pendant quelques heures, à 90°C ainsi de suite, est-ce que la couleur va rester ? Et pareil, est-ce que si on le met à un pH... acide très acide ou alcalin très alcalin est ce que la couleur va virer à une autre couleur parce que ça on le remarque généralement avec les plantes unctorial tout est question de ph et avec les bains teinture tout est question de température et en fait ces stabilités ça nous permet également de se dire est ce qu'on pourra également les appliquer dans notre domaine donc le domaine de la cosmétique qui veut des pH un peu plus neutres par exemple, on aura des choix des plantes sur lesquelles on va se dire que ça sera un peu plus important. Ou le domaine agroalimentaire qui utilise un peu plus des pH acides pour la conservation, ça permet de se dire que ces plantes-là sont un peu plus adaptées à l'alimentaire. Et après, les activités biologiques aussi qui permettent d'avoir un double usage, on va dire, avec ces plantes. Donc principalement, Dans le domaine de la cosmétique, peut-être que le responsable de la coloration, je veux dire les métabolites secondaires, sera également responsable des activités antioxydantes. Donc là, il y aura deux voies, soit de l'utiliser en tant qu'antioxydant, soit de l'utiliser en tant que colorant.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord. Donc, une fois que tu as identifié les plantes, comme tu dis, il y a cette histoire de stabilité qui te permet d'orienter. une plante vers un domaine d'application. Ça, c'est hyper intéressant ce que tu as dit. pH neutre plutôt pour la cosmétique, pH acide pour la conservation en alimentaire. J'ai énormément bossé ces derniers jours sur justement les colorants alimentaires d'origine végétale. Et à chaque colorant, donc tu sais, je me suis refait tous les E des normes européennes. Et à chaque fois, il y a des propriétés antioxydantes pour la coloration de la peau, pour des activités. Et en fait, j'ai trouvé ça, mais je me suis dit, Pauline, tu aurais dû commencer par les colorants. alimentaire, parce qu'en fait, tu vois que pour moi, c'était la porte d'entrée, en fait, j'aurais dû faire dans ce sens-là plutôt que l'inverse, mais bon. Et donc, ça nous dit qu'en fait, en fonction de d'un, comment dire, d'une résistance ou d'une variation à un pH, ça se destine à différents secteurs d'activité, et quand tu dis on y adjoint la couleur avec un autre procédé actif, Ce que je voudrais te demander, parce que ça m'est souvent posé comme question, et je voudrais vraiment qu'on le rappelle, c'est qu'il ne faut pas confondre que quelque chose qui vient des plantes, qui est naturel, n'est pas forcément non nocif. J'aimerais qu'on réexplique aux gens qu'en fait, ce n'est pas parce que ça vient des plantes, parce que c'est dit naturel, que ça ne peut pas causer de tort. Et j'aimerais bien que tu puisses, parce que dans les colorants... Dans les colorants végétaux, c'est des cocktails de molécules. Tu as le colorant, mais tu as d'autres trucs qui viennent avec, comme tu dis, des principes actifs. Et en fait, j'aimerais bien qu'on ressensibilise tout le monde avec cette notion de attention, ce n'est pas parce que ça vient de la plante que ça ne peut pas causer de tort

  • Mahery Andriamanantena

    C'est une très bonne remarque, effectivement. Parce que quand on prend un extrait de plante, un extrait de plante peut être à la fois toxique, peut être à la fois irritant. mais peut avoir également ses propriétés médicinales, ses propriétés nutritionnelles. C'est pour ça qu'il faut faire très attention quand on va utiliser des plantes. C'est pour cela qu'autant dans l'utilisation d'un extrait que dans la teinture, il y a toujours une recette qui dit utiliser tel ou tel ratio de plantes avec de l'eau, avec des fibres. J'imagine que pour définir ces recettes, il y a déjà eu également derrière des tests de toxicité, notamment en... irritation sur la peau, qui définit qu'à cette proportion-là, il n'y a pas cette toxicité. Cette toxicité, c'est une histoire de dose, en fait. C'est comme toute chose, quand on en utilise trop, ça devient toxique, mais il faut l'utiliser à sa juste utilisation.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Du coup, ça me fait penser à l'histoire de la pharmacopée qu'on a commencé à aborder avec des invités sur le podcast. qui réglemente, qui cadre un peu l'utilisation des plantes. Est-ce qu'au niveau des plantes exotiques, tu vois, type La Réunion, Madagascar, est-ce que vous avez une pharmacopée ? Est-ce que vous êtes rattaché, par exemple, pour La Réunion, à la pharmacopée française, je suppose ? Mais par exemple, pour Madagascar, est-ce que c'est une pharmacopée internationale ? Est-ce que c'est quelque chose de spécifique à Lille ? Comment ça fonctionne ?

  • Mahery Andriamanantena

    Pour La Réunion, c'est la pharmacopée française. Donc il y a plusieurs projets, notamment au niveau du laboratoire KM BioPro, où j'ai fait ma thèse, où ils étudient les plantes médicinales justement dans le but d'introduire ces plantes-là dans la pharmacopée française.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Top, génial !

  • Mahery Andriamanantena

    Et pour Madagascar, c'est assez différent. Donc il y a des connaissances traditionnelles qui sont très présentes sur l'utilisation des plantes. Mais la législation ne permet pas encore de vraiment les commercialiser, de les mettre à l'international. Bien sûr, il y a plusieurs laboratoires de Madagascar qui travaillent sur les plantes et qui sortent déjà des produits. Mais la législation, elle est particulière.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, elle est un peu… D'accord, ok. Et alors du coup, une autre question. Désolée, ça me passionne. Mais alors du coup, cette histoire de pharmacopée qui régit, qui donne le cadre des plantes qu'on peut utiliser ou non, est-ce que toi, dans tes recherches, tu as constaté sur les plantes tectoriales des potentielles irritations, des potentielles allergies ? Est-ce que tu as cerné ? Est-ce que tu peux nous parler de quelques plantes pour nous expliquer qu'effectivement, ce n'est pas toujours tout rose ?

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, nous avons collecté par exemple, désolé je ne me souviens pas du nom de la plante, parce qu'on fait des collectes, on fait des extractions et il y en a toute une liste. Mais vraiment il y a des cas des plantes où juste en les manipulant, on remarque cette irritation. Parce que nous on ne se base pas que sur les plantes qui sont déjà utilisées par la population ou les artisans. On essaie de voir aussi... par rapport à d'autres genres ou d'autres espèces de la même famille botanique. Je veux dire, s'il y a une espèce qui est très utilisée en Inde ou en Europe, si on a une espèce qui est à peu près similaire, on va également essayer de voir qu'est-ce que ça pourrait donner. Génial. Il y a vraiment des cas de plantes où on a ressenti ces irritations-là. Et surtout qu'il faut toujours mettre des gants quand on fait ces expérimentations. Mais des fois, tu vois, avec la passion, la ferveur, on est trop curieux et des fois on oublie. Et ça m'est arrivé où j'avais les mains qui grattaient pendant toute une demi-journée. Donc, c'est pourtant vraiment que, voilà, si pour les gens qui s'aventurent à collecter des plantes dans leur jardin, qui ne savent pas ce que c'est, il faut quand même faire attention. Parce que, comme tu avais dit tout à l'heure, plante ne veut pas forcément dire sécure.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ok. Bon, top. Parce que, du coup, tu vois, on m'a posé plein de fois la question. Ah, Pauline, tu parles énormément des plantes qui colorent, etc. Alors, je n'oppose pas les colorants de synthèse parce qu'on a besoin des deux, mais j'aimerais des colorants de synthèse plus propres et moins impactants et des colorants végétaux plus mis en avant et que toute la chaîne de valeur soit valorisée parce qu'il y a énormément de beaux projets à faire. Mais moi aussi, j'ai vu, tu vois, par exemple, que pour l'indigo, dans la coloration capillaire, ça pouvait faire des irritations pas très longues, tu vois, mais il y a certaines personnes qui réagissent moins bien à l'indigo. Il y avait le roucou qui pouvait être aussi source d'allergie. Bref, pour rappeler qu'il n'y a pas une innocuité à zéro, on n'est pas à zéro, comme toute plante, c'est vivant, il y a forcément des interactions. Ok, écoute, désolé.

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, juste pour terminer ce paragraphe, quand on va utiliser une nouvelle plante, je veux dire, d'ordre général, c'est justement les deux tests qu'il faut toujours faire. Un test de sensibilisation, donc par rapport au... aux allergies et un test d'irritation. Donc surtout dans le domaine de la cosmétique où on va appliquer les produits sur la peau et dans le domaine du textile où on va manipuler le produit et également les tissus qui vont être en contact de la peau.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, tu vois, je ne savais pas ça du coup. Ok, donc deux tests à réaliser pour être sûr que ce ne soit pas compliqué. Au moins, c'est de l'appui. Bon, alors du coup... On a vu ton parcours dans la chimie, phytochimie, comprendre les plantes tectoriales, les répertorier, extraire, savoir les stabiliser pour qu'elles soient utilisables dans différents types d'applications. Est-ce que tu as suivi des formations ? Quel livre tu as lu ? Qui tu as été voir pour acquérir cette connaissance ? Moi, j'essaye de chercher des infos pour démocratiser le sujet, mettre les acteurs en avant, en parler davantage. Je trouve que bon. Il faut sacrément trouver les bonnes sources pour trouver des informations fiables, et pas des interprétations, des blogs ou des trucs pas très fiables. Comment toi tu as fait ? Vers qui tu t'es tourné ? Est-ce que tu peux nous raconter un petit peu ?

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, au début, c'était vraiment les artisans en teinturière. Donc, partir vraiment de cette connaissance traditionnelle, on va dire. sur l'utilisation des plantes, des plantes de l'océan indien. Et après, après compréhension du phénomène, on voit à travers la bibliographie que les plantes se ressemblent à peu près. Je veux dire que quand on va parler de colorant, les couleurs jeunes, cela va toujours par exemple être des flavonoïdes en général. Quand on veut un mordansage naturel, il peut s'agir des plantes accumulatrices d'aluminium par exemple. Donc c'est toujours les mêmes théories, mais il faut juste pouvoir expliquer ce que font les artisans et partir de là pour pouvoir les optimiser. Après en termes de livres, bien sûr moi j'avais acheté au début de ma thèse le livre de Dominique Ardant, Le monde des teintures naturelles. Et pour la petite anecdote, sur ma première année de thèse, je l'ai acheté en français et en anglais. les deux versions en même temps. Parce que je me suis dit, vu que tous les articles scientifiques sont en anglais, je n'avais pas cette richesse en vocabulaire de plan tectorial. Donc ça m'a beaucoup aidé à faire le lien entre quels mots sont utilisés en anglais ou en français. Donc à part ça, ces dernières années, j'ai été aussi en contact avec des designers. Donc plutôt dans le sens application pour voir quel est actuellement le besoin des industriels ou le besoin du marché en termes de colorants naturels en textile par exemple, ou voir d'autres applications.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et pour toi, suite à ces 7 ans de recherche, on a dit tout à l'heure qu'il y avait plein de domaines d'application de la couleur végétale. Globalement, pour interroger, échanger avec des acteurs de tous les domaines, je vois que le retour aux colorants végétaux est dans tous les domaines. Il n'y a pas un domaine qui est au ralenti, c'est vraiment un virage qui est pris. Besoin de naturalité, demande des consommateurs, on fait attention à notre impact environnemental, on se rend compte que la synthèse, ce n'est pas si extraordinaire que ça. Pour toi, quel est le domaine d'application dans lequel soit il y a plus urgence à venir apporter une solution ou soit il y a le plus de demandes ? Pour toi, c'est quoi un peu les rapports entre les différents domaines d'application ?

  • Mahery Andriamanantena

    Il faut citer… deux domaines d'application, moi je dirais le textile et la cosmétique. Le textile en premier parce que pourquoi est-ce que nous on veut revenir dans les colorants naturels ? C'est parce qu'il y a cette pollution environnementale qui est très présente à partir de la coloration de textile. Donc en ce moment, c'est encore une échelle qui est très faible, à une échelle de... artisanal ou à un marché de niche. Mais petit à petit, je pense qu'avec plus de communication, donc justement, je pense que c'est l'un des valeurs de ton podcast également, c'est de fédérer par rapport à toute cette utilisation autour des colorants végétaux pour que les gens les acceptent de plus en plus et se tournent vers les colorants végétaux de plus en plus. Et en deuxième utilisation, je dirais également la cosmétique. Donc ici, je pense que ce n'est pas forcément un problème environnemental, mais plutôt un problème en termes de santé humaine, où nous, on ne veut plus utiliser ces colorants artificiels, pas que les colorants finalement, on veut utiliser des produits naturels, voire même à 100% naturels. Donc on voit toujours qu'on a des produits... à 95% ou à 90% naturel, parce que les industriels ne peuvent pas encore substituer tous les ingrédients par des produits naturels. Mais je pense que ça va venir, que le jour où ils pourront remplacer ces ingrédients-là par du 100% naturel, c'est sûr qu'ils vont également le faire.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    On a rencontré, je ne sais pas si tu connais, Élodie Carpentier du Rouge Français. qui est la première entreprise mondiale, parce qu'elle a le brevet, à faire des cosmétiques avec de la couleur végétale uniquement. Donc elle fait un vernis à ongles, elle fait du rouge à lèvres, du mascara, etc. Et elle, ce qu'elle veut, c'est aller jusqu'au bout. C'est-à-dire que même son packaging, par exemple, de rouge à lèvres, il est fait à partir de, alors je ne sais plus la plante, je ne voudrais pas dire une ânerie, mais c'est un emballage même à base de plantes. Elle y met des colorants. comme la garance, etc., pour avoir un rouge comme Cléopâtre. C'est le message. Mais tu vois, elle, elle y va. Et j'ai reçu un autre invité la semaine dernière qui était de LVMH. Il s'appelait Patrice André. Il a travaillé pour LVMH sur Christian, Dior et sur les parfums. Et il disait que lui, pareil, c'était son combat pendant toute sa carrière, c'était de végétaliser au maximum. Et en fait, effectivement, il y a encore quelques freins. à soulever, mais que c'est vraiment une volonté. C'est vraiment une volonté. Donc ça, c'est pour moi des points positifs. Donc tu dirais, toi, textile et cosmétique, OK. Est-ce que tu peux nous parler du coup, avec tout ce que tu as vu, tout ce que tu as expérimenté, tu en es arrivé à vouloir créer ton entreprise, donc Colorophile. Est-ce que tu peux nous raconter ce que tu vas proposer comme mission ? Sur quel secteur tu vas te positionner ? Est-ce que tu vas proposer ? avec cette entreprise ?

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, donc Colorophile, c'est une start-up qui est actuellement incubée au niveau de la Technopole et qui se veut de proposer des produits et services autour de la coloration naturelle et des ingrédients naturels. L'objectif, c'est de proposer des ingrédients, notamment des pigments ou des colorants techniques. stable par rapport à l'utilisation voulue, durable par rapport à son utilisation en termes de conservation de la biodiversité, par exemple, ou en termes de sourcine de la plante. Nous, c'est vraiment dans ce sens de respecter à la fois les êtres humains et respecter l'environnement. Nous proposons également des services de coloration, de coloration soit...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    de tissus, soit d'ingrédients cosmétiques, notamment des huiles végétales, et également des prestations de recherche et développement, si le client a un besoin particulier en termes de, soit l'application du colorant dans leurs produits, ou bien des besoins particuliers en termes d'ingrédients.

  • Mahery Andriamanantena

    Ok, alors quand tu dis que vous proposez des produits stables, on en a parlé tout à l'heure de la stabilité, c'est bien quand tu stabilises tes produits, c'est bien qu'avec des produits naturels. C'est en gros, tu as ton extrait colorant que tu vas venir stabiliser, mais ce que tu utilises pour les stabiliser, c'est bien naturel. C'est une question que je pose parce que j'ai vu des fois des choses très curieuses où on parle de colorant issu de plantes et en fait, tu vois qu'ils rajoutent des trucs pour que ce soit applicable et qui ne sont pas naturels. Et donc, la question, c'est est-ce que toi, tu es vraiment... 100% sur de la plante ou du naturel ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Quand je dis stable, en fait, ce n'est pas qu'on va rajouter quelque chose qui va rendre le produit stable. C'est que déjà, le produit en lui-même, il est stable par rapport à certains facteurs de variation. Donc, comme nous, on travaille sur une large biodiversité de l'océan Indien. Donc, on peut se permettre de se dire, là, nous avons une source de bleu qui est stable à... à la température, au pH par exemple, où là nous avons une source de jeûne qui est très stable au lavage, contrairement à d'autres qu'on a sur le marché. Donc bien sûr, dans les techniques de textile par exemple, c'est toujours les mêmes techniques de mordant sage, que ce soit avec des mordants minéraux ou bien on essaie aussi de faire des applications avec des mordants naturels.

  • Mahery Andriamanantena

    Biomordants ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Bio-mordant, voilà, c'est le mot. Enfin, je ne sais pas si c'est un mot qui est utilisé à l'international, mais en tout cas, ça en dit tout sur l'utilisation naturelle du mordant.

  • Mahery Andriamanantena

    On a reçu Céline Philippe de Teinture Végétale, qui est basée, si je ne dis pas de bêtises, du côté de Lyon, qui, elle, a voulu se passer des sels métalliques. Pas qu'elle est contre, mais elle s'est dit, tant qu'à faire avec les plantes, autant essayer de tout faire avec les plantes. Et elle a travaillé sur des biomordants assez connus, parce que j'ai l'impression que c'est toujours les mêmes qui reviennent, le lycopode et le simplocos. Et j'ai entendu parler d'un autre biomordant, alors attends que je ne te dise pas de bêtises, est-ce que c'est possible le poirier sauvage, les racines de poirier sauvage, ou les écorces de poirier sauvage ? Un truc comme ça.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je ne connais pas la plante, mais ça ne m'étonnerait pas avec des écorces ou des racines.

  • Mahery Andriamanantena

    Bon, il faudrait que je repréciserais, je mettrais une petite astérisque dans le descriptif quand je retrouverai la mémoire de tous ces sujets. Mais du coup, toi, c'est aussi une volonté, c'est-à-dire, on va sur des colorants végétaux et on va venir travailler ou en tout cas rechercher des biomordants d'origine naturelle. Toi, qu'est-ce que tu as dans l'océan indien trouvé comme biomordant ? qui pourrait être une source renouvelable ? Parce qu'il y avait aussi cette question, tu vois, sur le simple ocos et le lycopode. Je crois que le lycopode pousse dans des tourbières et en fait, c'est des écosystèmes fragiles. Donc, il y avait cette notion de ne pas être trop impactant sur l'environnement. Et pour l'autre, je crois qu'il y avait une notion de filière. Et donc, Céline expliquait qu'elle ne travaillait qu'avec du simple ocos issu d'une filière renouvelable, etc. Est-ce que toi, c'est un peu la même chose ? Tu as trouvé des biomordants qui peuvent être des ressources renouvelables. Est-ce que tu peux nous raconter un petit peu ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, j'ai écouté ce podcast de Céline Philippe qui est justement très intéressant. Et justement, on part toujours du même principe. Le simple ocus ou l'hélicopode, ils sont réputés pour être des plantes accumulatrices d'aluminium. Et en fait, si on veut par exemple substituer l'alun dans les... techniques de mordant sage c'est tout à fait normal et logique que nous on va se focaliser sur ces plantes accumulatrice d'aluminium donc je n'ai rien contre contre l'alun ça fonctionne très bien en termes de mordant sage pour pour la teinture naturelle mais comme tu as dit tout à l'heure c'est vraiment dans cette initiative de travailler en 100% naturel donc se dire que dans la mesure du possible si on peut substituer tous les ingrédients utilisés que ce soit en teinture ou en mordant sage par des ingrédients issus de plantes donc ça serait très bien et nous ce qu'on essaie de faire on a par exemple trois types de plantes Donc une autre lycopode également, mais plutôt une lycopode de cette biodiversité de l'océan Indien, qui existe aussi dans d'autres parties du monde. Et l'autre biomordant sur lequel on est en train de travailler, c'est une plante de la famille des mélastomacées. On va essayer encore de définir le nom exact de l'espèce, ce que... La plante a été récoltée en forêt, on va dire, donc l'identification prend un peu plus de temps. Mais nous, on essaie vraiment de se focaliser sur des plantes avec un sourcine éventuellement durable. Je dis éventuellement durable parce qu'on essaie de se focaliser sur des plantes pas forcément exotiques, elles peuvent être endémiques, mais par exemple des feuilles. donc des feuilles qui peuvent se renouveler à longueur pendant toute l'année ou bien à des parties de plantes, à des petites branches, donc des parties de plantes qui se renouvellent assez facilement. Bien sûr au niveau de la recherche qu'on avait faite sur ces dernières années, on s'est dit on va faire de tout, que ce soit les racines, que ce soit les écorces, mais le souci c'est qu'on utilise beaucoup les écorces, mais pour le renouvellement de ces écorces, on n'a pas assez de recul pour se dire si je prends l'écorce de la plante cette année est-ce que ça va se refermer dans les prochaines années et on n'aura pas autant de chance que les écorces qu'on utilise actuellement pour se dire qu'on collecte des coproduits ou des sous-produits de plantes ou d'arbres qui sont utilisés dans la construction par exemple donc nous on essaie vraiment de se focaliser sur ces sourcines durables pour que l'on puisse monter ces filières durables en termes d'approvisionnement.

  • Mahery Andriamanantena

    D'accord, donc tu pourrais proposer un service potentiellement demain 100% végétal à tes clients avec un colorant à base de plantes et un mordant d'origine végétale. Alors attention, je pousse le bouchon, mais en fait, j'ai beaucoup réfléchi sur la teinture, mais je me suis dit qu'il y a quand même tout ce qui est après qu'on vient mettre sur les tissus une fois teint. qui leur confèrent des propriétés soit imperméabilisantes ou autres. Est-ce que ces apprêts, tu travailles aussi sur des apprêts d'origine végétale ou naturelle ? Est-ce que c'est un sujet que tu regardes ou pas ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non, pour le moment, on essaie de se focaliser sur la coloration et voir le mordansage naturel. Mais effectivement, je pense qu'en termes de produits naturels, tout est possible et tout reste à faire. Ok,

  • Mahery Andriamanantena

    top. Parce que j'avais reçu Louise Bécart de Pincroft en Angleterre, qui elle travaille, pareil, elle expliquait, ils travaillent sur, tu sais, les uniformes, les vêtements de travail pour les chefs cuisiniers, les pompiers, etc. Des vêtements techniques et ils ont donc besoin d'après de qualité qui soit vraiment sûre. Et ils sont en train de vraiment bosser sur des apprets plutôt naturels parce que forcément, on voit que c'est un vrai besoin, parce que c'est surtout les produits d'apprets et de teinture, enfin, on va dire l'ennoblissement en général, qui est quand même polluant. Donc, voilà, c'était ma petite question bonus.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Juste en tant qu'exemple, par rapport à ces techniques de finishing, en fait, le tannage du cuir... a été souvent fait auparavant avec les teintes naturelles, ce qui permet de colorer le cuir, de le traiter, de l'imperméabiliser. Donc ça, ça fonctionne avec le cuir, peut-être pas avec du coton ou d'autres tissus, mais pour dire que je pense que c'est tout à fait possible.

  • Mahery Andriamanantena

    Ok, donc ça à suivre, je lance l'appel, s'il y a des gens qui travaillent sur les après, n'hésitez pas, on sera ravis d'échanger. Alors, j'ai regardé ton site, du coup, j'ai été hyper curieuse. Tu as mis sur ton site que vous proposiez des sources colorantes qui peuvent pallier les limites actuelles de la filière. Tu entends quoi par limite ? Parce qu'en fait, sur le podcast, j'ai démarré avec justement Dominique Cardon et Sandrine Rosier. La première étape, c'était de faire exploser les préjugés qu'on avait sur la teinture végétale. Donc, on a passé du temps de la pédagogie à expliquer par preuve et démonter chacun des préjugés. Je pense qu'il faudra quand même des études scientifiques parce que même si tu invites les meilleurs experts et que c'est juste du verbal et que tu n'as pas un rapport qui te montre que c'est vraiment véridique, les gens ont du mal quand même à lever ces préjugés sur la teinture. Donc, qu'est-ce qui, selon toi, quelles sont les limites actuelles justement de la filière et qu'est-ce que tu proposes du coup pour lever ces fameux préjugés ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    En termes de... Limite, moi je te dirais deux choses, les propriétés techniques de ces colorants et le sourcine, avec le coût qui vient avec. Je parle ici en termes de technique à la fois du pouvoir tectorial, de la couleur qui ressort et également de la stabilité. Il y a toujours cette répudation des couleurs naturelles. les gens qui disent que ce sont des couleurs qui sont fades, qui ne sont pas stables, qui ne sont pas optimales. Mais à travers les travaux de tout plein de gens qui ont travaillé sur les couleurs naturelles, en fait, il y a des milliers d'exemples qui démontrent que les couleurs naturelles peuvent également être des couleurs qui sont très vives, des couleurs qui sont très foncées et des couleurs qui peuvent être très stables également. Donc ce n'est pas Dominique Cardan qui dira le contraire, puisqu'elle découvre des tissus qui ont des centaines d'années et dont la coloration est encore très présente. Donc c'est vraiment ce genre d'informations qu'il faut partager pour que les gens arrêtent de se dire que les colorants naturels sont des colorants fades et que la stabilité laisse à désirer.

  • Mahery Andriamanantena

    C'est une question de candidat en fait. On a énormément de plantes tectoriales. En fonction de l'application, du projet, c'est choisir le bon candidat qui aura la solidité lumière, si ça doit passer au lavage, qu'il soit résistant au lavage. En fait, c'est ça, c'est sélectionner le bon candidat. Et je pense qu'en fait, c'est ça qu'il faut rabâcher, c'est que toutes les plantes ne sont pas bonnes pour toutes les applications. Il faut vraiment faire ce choix de... Ça tombe pas du... Enfin voilà, il faut faire ce choix de recherche et de trouver le bon candidat, je trouve. C'est un peu... Et alors quand... Oh pardon, vas-y.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, j'allais dire que justement, parce que pourquoi est-ce qu'on utilise toujours la garance, la gode et l'indigo ? C'est que ce sont les trois plantes pour moi qui sont les plus stables à l'international et qui sont les plus célèbres. C'est ça. Et ça, ça provient surtout de cette connaissance traditionnelle et de cette histoire en Europe et en Inde. Mais si on se base également sur d'autres types de biodiversité, Je pense qu'au niveau de l'océan Indien, on pourra aussi sortir la prochaine garance, la prochaine god à partir de cette biodiversité avec une plante stable et avec des couleurs très prononcées également.

  • Mahery Andriamanantena

    C'est ce que tu vois, on a reçu Henri-Joseph de Guadeloupe, de Phytobocase, Colorbocase, je ne sais pas si tu connais. Et lui, c'est ça qu'il a dit à la fin de son épisode, c'est pour lui, la biodiversité qu'il y a dans les îles, que ce soit la Guadeloupe, la Réunion, etc. tout ce qui est flore tropicale, pour lui, c'est la suite de l'histoire. C'est-à-dire que c'est là qu'on va trouver, et il dit qu'il en trouve régulièrement, que c'est vraiment une source de richesse. Il y a tellement de biodiversité dans les îles que c'est là où on aura la couleur. Je suis en accord avec toi. C'est-à-dire que tout n'a pas été trouvé et que potentiellement, c'est là qu'on trouvera la suite de l'histoire tout en gardant nos trois vedettes, Indigo, Garance et Reseda. Ça, c'est clair. Mais... Ok, je voulais voir avec toi, donc tu as dit les propriétés techniques de ces colorants et leur stabilité et le sourcing. Le sourcing, tu entends par être sûr de l'origine de ta plante, où elle se trouve et comment elle est cultivée ou collectée ? Ou est-ce que tu entends dans le sourcing l'histoire de la logistique de tiens, elle arrive de si loin, ça rajoute des frais, du coup mes colorants ne sont pas forcément rentables parce que je mets un fric fou dans la logistique ? Est-ce que c'est dans le terme sourcing, tu entends quoi ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    C'est dans les deux sens. D'abord, une traçabilité, parce que nous, quand on va produire des colorants végétaux, et donc la teinture végétale ou les produits naturels, derrière, il y a toujours ces valeurs, ces éthiques, qui veulent que la production suive, par exemple, des conditions... équitable ou biologique, donc d'où la nécessité de tracer d'où viennent ces différents colorants. Et également en termes de quantité, parce que ça c'est toujours la question des industriels quand nous on va leur proposer ou on va parler des colorants, c'est de se dire donc demain s'il y a un client, une marque qui va nous demander 100 kilos de t-shirt, est-ce que vous allez pouvoir nous produire ces colorants-là ? Donc en ce moment, si on me dit, j'ai envie de colorer... 4 kg, 10 kg, je dirais que c'est tout à fait possible. Si on nous dit qu'on va colorer 100 kg pour l'année 2025, je dirais que ça peut être faisable, mais à partir du sens où quelqu'un va dire qu'on a besoin de colorer 100 kg de tissu tous les mois, ça c'est une autre histoire. Et la filière n'est pas encore... assez riche, assez organisée pour pouvoir répondre à ses besoins. Alors que je me dis que pour vraiment fédérer autour de la couleur végétale il faut vraiment que ça touche tout le monde et donc si on veut toucher tout le monde il faut qu'on touche en termes de quantité. Bien sûr je ne parle pas de produire incessamment ou mais vraiment de de produire avec ces valeurs et éthiques autour de la coloration naturelle.

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, donc plutôt un regroupement de lots, c'est-à-dire que les agriculteurs, tu vois, c'est ce qu'on a essayé de faire. Il y a eu une quinzaine de l'agriculture teinturielle que j'ai organisée en mars avec une vingtaine d'invités intervenant, experts dans leur domaine et les gens du podcast qui sont membres payants pouvaient assister à ces 20 heures de conférence. Franchement, j'ai vraiment essayé de faire un programme hyper large. et à l'intérieur de ce programme, on s'est posé cette question, c'est exactement ça, c'est que ce n'est pas produire pour produire, parce que d'une certaine manière, si on revient aux plantes, c'est qu'on n'est pas forcément d'accord avec le modèle actuel, mais c'est comment organiser une logistique tinctoriale, de regrouper, déjà rien que de se faire connaître les acteurs, les agriculteurs, les cultivateurs de ces plantes tinctoriales et d'être en capacité de mutualiser les lots. Et en fait, ça, tu vois, c'est quelque chose qu'on ne lâche pas comme sujet. Donc là, il y a une quarantaine d'agriculteurs avec lesquels moi, je travaille en métropole et un peu Belgique et un peu Europe. Et l'idée, c'est ça, c'est de se dire comment on pourrait mutualiser nos kilos de pigments, qui pourrait nous analyser ces lots pour en faire des lots homogènes et réguliers pour pouvoir avoir une quantité qui réponde à une demande de l'industrie textile. Parce que forcément, ce n'est pas avec 5 kilos que tu vas aller séduire une entreprise. Et elle va se dire, mince, si mon sourcing est pas fiable, constant, régulier et qui va s'interrompre, en gros, elles y vont pas. Donc, c'est aussi à nous d'être au clair là-dessus et de trouver un moyen de s'organiser, notamment en métropole. Mais je sais pas comment ça se passe. Est-ce que toi, ta connaissance de réseau, je sais pas, à La Réunion, à Madagascar, comment ça fonctionne aujourd'hui ? Est-ce qu'il y a une mutualisation de ces agri...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    En ce moment, au niveau de la filière de production des plantes unctoriales, c'est vraiment des particuliers qui le font. Donc vraiment, chacun plante sa propre plantation de plantes unctoriales dans son jardin ou sur ses terres cultivables. Donc justement, le choix des plantes à cultiver, ils ne sont pas forcément en accord également.

  • Mahery Andriamanantena

    Avec les besoins.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Voilà, pas en accord avec les besoins. Donc, si quelqu'un cherche ou un industriel, un client cherche une quantité considérable, ce n'est pas forcément qui travaille sur ces plantes, quels agriculteurs ou quels cultivateurs sont en train de travailler sur ces plantes. C'est ça. Donc, je suis vraiment d'accord avec ce que tu avais avancé tout à l'heure, qu'il est temps et il serait vraiment intéressant de mutualiser ces productions. donc je ne sais pas encore par quelle manière, mais de mutualiser à la fois le choix des plantes à cultiver, de mutualiser la production en faisant des partages de connaissances par rapport à l'aspect agronomique, et également l'aspect phytochimique, je veux dire, en termes d'extraction, en termes d'utilisation. Et après, bien sûr, en termes d'utilisation, J'ai vu que sur ton podcast et en parlant avec d'autres collègues également, il commence à y avoir des machines qui sont à cette échelle semi-industrielle. Parce qu'il y a ce souci-là également dans la teinture de produits naturels, c'est qu'avec une marmite, avec un simple bain de teinture, c'est peut-être... une autre tente que nous allons avoir. Mais avec une machine qui est un peu plus industrielle, ça peut virer. Et donc, ça pourrait être problématique par rapport à un client qui veut quelque chose de très précis.

  • Mahery Andriamanantena

    Alors, dans ce que tu dis, il y a plein de choses intéressantes. Donc, pour les plantes cultivées, je dis, moi, à ma petite échelle, j'essaye de parler avec les agris qui sont soit auditeurs, soit que j'ai eus en termes d'invités, savoir quelles sont les surfaces qu'ils cultivent, les plantes qu'ils cultivent et ce qu'ils ont mis en place des plans de culture. Parce que tu vois, j'ai travaillé dans la grande distri et on faisait des plans de culture pour dire, tiens, telle année, ça va, je ne sais pas, les petits poivrons, ça va cartonner. Telle année, un tel aura besoin de telle ressource, etc. Et je me dis, ce serait hyper intéressant de se mutualiser, ne serait-ce que de connaître les surfaces, les cultures. Également, avoir une vision, une perspective avec les plans de culture. Qui va travailler quoi ? Quelle variété ? Quelle couleur, entre guillemets ? Et... Pour le côté agronomique, à la sortie de cette quinzaine de l'agriculture teintoriale, ce qui a été remonté, c'est qu'en fait, les agris aimeraient avoir connaissance des différents facteurs qui augmentent le taux de colorant dans les plantes. Donc, j'ai travaillé dessus, j'ai fait des épisodes de podcast. Il y en a une dizaine qui peuvent influer, en tout cas, de ce que j'ai trouvé. Donc, comprendre ces facteurs. Et il y en a même qui demandaient des tests faciles à faire sur champ pour froisser ta feuille d'indigo et te dire c'est bon, ma persiquaire, enfin froisser ta feuille de persiquaire plutôt, et dire c'est bon, j'ai un super taux de colorant, on y va, on récolte. Je sais qu'il y a Erubescence, donc c'est Christine d'un Grandot, qui travaille elle sur la garance et qui fait des tests en champ sur les racines directement pour voir si le taux qu'elle recherche dans les rouges est assez puissant. Et elle suit cette évolution. Et c'est des sujets qui sont sous brevet, un peu accord de confidentialité, machin. Et en fait, l'idée, ce serait d'arriver à trouver des outils faciles de mesure qui soient applicables en champ et surtout qu'on puisse démocratiser. Parce que ces acteurs, comme tu dis, c'est soit dans des petites surfaces, soit dans leur jardin. Ce n'est pas forcément déclaré dans des cultures, mais pas forcément en tant que teintorial. Parce que tu n'arrives pas, tu n'as pas de mention teintorial. Donc du coup, s'il n'y a pas cette mise en relation de ces acteurs, en fait, l'information, tu la perds. Tu ne sais pas ce qu'on cultive comme couleur, tu ne sais pas s'ils se partagent les bonnes infos et tu ne sais pas comment tu peux les aider à récolter au bon moment parce que c'est tellement un boulot quand même de cultiver des plantes pour la couleur qui serait quand même… Enfin, tu vois, si on attend trois jours de soleil de plus pour avoir une augmentation de ton colorant, c'est quand même hyper intéressant d'avoir cette info. Donc, tu vois, tout ça, c'est des sujets qu'on a pointés du doigt pendant cette quinzaine de l'agriculture territorial, que je suis allée défendre auprès des chambres d'agriculture. Tu sais, en France, il y a eu un genre de conférence où tu avais toutes les chambres des régions. Et donc, ces problèmes-là, on les a… Enfin, en tout cas, moi, je les ai recités à cette chambre d'agriculture en disant Est-ce qu'il y a moyen de mettre des outils agronomiques, des ressources ? Et donc, la conclusion, c'est toujours la même, c'est que tant qu'il n'y a pas soit un gros client, soit un énorme budget, que ce soit des aides, des subventions, etc., il n'y aura rien qui sera entrepris. Donc, la recommandation qui a été faite, c'était, un, regroupez-vous. Donc, tu vois, on m'a suggéré de faire une association à récovers où tous les agris viendraient, etc. Bon, je ne peux pas être partout. Donc, se regrouper, réussir à récolter des fonds et ensuite travailler sur, ben voilà, ces études agronomiques, ces mutualisations de quantité. et le lien entre l'agriculture et l'industriel, parce que comme tu dis, derrière, ensuite, il faut que ces extraits, ils soient de bonne qualité pour être travaillés en industrie, soit dans des machines spécifiques dédiées à ça, soit dans des machines qui existent déjà, dans lesquelles on va venir, à la place de mettre des extraits synthétiques, venir mettre des colorants végétaux. Donc, tout ce que tu... C'est génial, parce que tout ce que tu me dis là, c'est tout le boulot que j'essaye de... Tu sais, d'essayer de recoller les morceaux, c'est le pulse que j'essaye de monter. très difficilement, mais voilà, c'est l'idée. Donc, je vois que c'est quand même la bonne route, en tout cas. J'avais une autre question. Alors, la transition est plus difficile, mais est-ce que tu travailles aussi sur tout ce qui est plantes envahissantes et autres sources sectoriales que sources cultivées ? Parce qu'il y a ce qu'on cultive en champ, et en fait, on se rend compte que tu peux trouver de la couleur dans des plantes envahissantes, dans des déchets d'industrie, dans plein de choses. Est-ce que c'est quelque chose que tu t'autorises à regarder ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, bien sûr. Voir même, je me dis, c'est l'une des principales catégories de plantes les plus intéressantes en termes d'utilisation pour une échelle. on va dire semi-industrielles ou industrielles. Voire même pour moi, le plus intéressant, c'est de se focaliser sur des plantes qu'envahissantes, parce qu'envahissantes voudra dire qu'il y a un potentiel de domestication, de culture derrière, et que si nous voulons tout de suite augmenter l'échelle, ces plantes seront déjà présentes. pour ne pas attendre la culture de quelques années avant de pouvoir avoir des matières premières. Donc justement, il y a par exemple deux principales plantes au niveau de Cholrophile, notamment la source de bleu et la source de vert que j'avais déjà publié un peu sur LinkedIn et que tu as probablement vu passer.

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, et c'est sur quoi je voudrais, si tu as le droit d'ailleurs d'en parler. d'ailleurs si t'as pas le droit tu dis que t'es sous accord de confidentialité tu nous dis que ce que tu peux nous dire mais c'est vrai que ça m'intéresse donc du coup tu pars de sources qui sont envahissantes donc fortement présentes avec un potentiel un potentiel en termes de volume une grosse biomasse et tu vas chercher, c'est ça que je trouve génial c'est une couleur qui deux couleurs qui font défaut le bleu parce que comme tu l'as dit tout à l'heure à part la persiquaire, le pastel et quelques indigotiers le bleu c'est quand même pas très fréquent. Et le vert, c'est, je dirais, rarissime quand même pour moi, parce que nous, ici, tu vois, j'ai entendu, oui, telle plante fait source de vert. Bon, tu vois, donc je trouve que tu t'es orienté vers deux vrais besoins. Est-ce que tu peux nous en dire plus sur ta recherche de bleu et de vert ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    En fait, ces recherches de bleu et de vert, c'est un peu devenu... une obsession aussi sur ces dernières années de recherche comme j'entendais toujours le vert c'est toujours un mélange de bleu et de jaune le bleu c'est toujours artificiel, enfin il y a très très peu de sources de bleu, donc dès que j'ai vu à travers mes enquêtes qu'il y avait potentiellement des sources de bleu et de vert, je me suis dit il y a quelque chose à faire voire même que Pendant ma thèse, j'avais ces deux pistes-là, mais que je n'avais pas pu traiter à l'époque, puisque soit on n'avait pas la matière, soit on n'avait pas le procédé et qu'on n'a pas eu de bons résultats. Quelques années après, et j'en suis fier parce que nous avons réussi à développer quand même les procédés qui permettent d'utiliser ces plantes, donc de les trouver déjà, voire en grande quantité, et les procédés qui permettent... d'extraire les principes afin de les utiliser dans différents domaines. Donc si je parle du bleu, le bleu il vient du Ravennala madagascariensis, ce qu'on appelle l'arbre du voyageur.

  • Mahery Andriamanantena

    Un genre de palmier ? Oui, que j'ai vu à la réunion justement. Justement, oui. Ça ressemble à un palmier.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ça ressemble à un palmier. On dit que c'est un faux palmier. Cette plante par exemple est réputée envahissante à La Réunion et à l'île Maurice. Et à Madagascar, il y a encore des hectares, des forêts entières de Ravenala, des forêts naturelles, parce que c'est un arbre qui se multiplie facilement après les feux de brousse, après... après le cyclone qui est très résistant également au cyclone. Donc je dirais, je ne me focalise pas seulement sur les plantes envahissantes, mais on a quand même été bien chanceux d'avoir trouvé une plante envahissante, et qui est également emblématique de l'océan Indien. Donc une plante envahissante, mais une plante également qui a des potentiels en termes d'ingrédients naturels ou de coloration. Donc le pigment qui est extrait de cette plante, la matière, c'est une matière qui est très grasse. Donc c'est plus une matière grasse où le colorant est bien réparti sur cette matière, donc plus une utilisation dans le domaine de la cosmétique.

  • Mahery Andriamanantena

    Plus une huile pigmentaire presque.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Voilà, oui. Donc une huile pigmentaire, une huile bleue qui peut être incorporée dans tout type de plantes. de formulation comme c'est déjà un ingrédient qui est sur la liste INSEE. de la cosmétique européenne mais utilisée en tant que émollients.

  • Mahery Andriamanantena

    Ah d'accord et toi tu en as trouvé en plus de la couleur, génial !

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et oui voilà donc c'est aussi l'intérêt de ces plantes à propriété active parce qu'elles peuvent être utilisées en tant qu'émollientes mais elles confèrent également la coloration. Et en plus le bleu, enfin... on ne va pas faire un masque bleu ou des rouges à lèvres bleus, mais c'est une couleur primaire qui permet d'avoir les touches de violet, de vert, de marron, et ainsi de suite. Donc comme c'est une couleur primaire, c'est une couleur également qui est très recherchée dans le domaine de la cosmétique, et des sources naturelles de bleu stable, donc c'est très stable à l'UV. C'est stable également à des températures modérées d'utilisation en cosmétique et stable également au pH. Donc ça permet d'ouvrir l'utilisation de la plante. Top,

  • Mahery Andriamanantena

    nickel. Et alors je vais forcément te la poser la question, mais d'emblée j'ai l'impression que plutôt non. Comme c'est un système d'huile pigmentaire, tu ne peux pas l'envisager pour la teinture.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    On a essayé pour la teinture de fibre naturelle, mais justement cette partie... Grasse, je pense. Ça ne veut pas forcément... Ça crée... Visuellement, artistiquement, c'est très beau, mais si on va porter le vêtement, c'est vraiment très gras.

  • Mahery Andriamanantena

    D'accord, ok. Ce bleu de l'arbre du voyageur, et tu as raison, c'est un arbre symbolique, parce que c'est vrai que c'est un arbre qu'on met souvent en avant sur les cartes postales de la Réunion, etc. Donc, celui-là. Et ta source de verre ? J'ai vu ta photo sur LinkedIn. J'essaierai de mettre le lien parce que franchement, ça m'a bluffée. Vraiment, je suis très curieuse.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Pour la source de verre, pour la petite historique, c'est justement Dominique Ardon qui m'avait soufflé cette piste à travers ses enquêtes à Madagascar. Elle m'avait raconté, c'était sur ma deuxième année de thèse, on s'est rencontré au niveau d'une conférence sur la peinture naturelle. Elle m'avait montré une écharpe qui était d'un vert, tu vois, ce n'est pas les verts kaki ou verts qu'on voit généralement, c'est vraiment d'un vert pur et foncé. Donc elle me disait que ça provenait éventuellement de telle ou telle plante, de telle ou telle région. Donc j'ai mené mes petites enquêtes, j'ai trouvé la plante. Il y a une artisane qui m'avait montré comment faire, mais je n'ai jamais réussi à sortir ce verre pendant ma thèse. Donc je me suis dit que j'aurais d'autres occasions. Peut-être qu'elle a rajouté quelque chose dedans, mais que moi je n'avais pas vu. Et en fait, c'est très scientifique. Et qu'il y a... facteur de variation qui fait en sorte que ça donne la couleur verte. Bien sûr je peux pas vous dire plus parce que c'est un procédé qu'on est en train d'optimiser, qui est presque optimisé et un brevet en cours de rédaction. Donc c'est une plante qui a été déjà utilisée par des artisans, donc des connaissances traditionnelles que nous on a essayé d'optimiser pour comprendre. qu'est-ce qui donne ce phénomène et également comment reproduire cette couleur en échelle et standardiser. Génial. Parce que nous, on entend dire que si c'est cette plante qu'on utilise, elle est un peu plus verte. Si c'est l'autre, c'est moins vert. Si on la laisse toute une nuit, ça donne cette couleur. Si on la laisse que quelques heures, ça donne une autre couleur. En fait, nous, on s'est dit que c'est toujours de la science. Ce n'est pas possible que ça soit... aussi aléatoire. Aléatoire. Et finalement, on a trouvé quels étaient les facteurs de variation qui donnaient le vert à tous les coups et qui nous permettaient de maîtriser les palettes de vert, du vert clair au vert français.

  • Mahery Andriamanantena

    Celui que tu as mis en ligne, il est vraiment... Je n'en ai jamais vu des comme ça de vert. Donc oui, il faut vraiment que je remette le lien de la photo pour que les gens puissent aller voir sur ton LinkedIn. Donc cette source de verre est là plutôt destinée au textile, si je comprends bien.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Particulièrement au textile, oui. Nous sommes en train d'essayer de voir un peu s'il y a d'autres types d'applications, mais en tout cas, l'application textile, elle est confirmée, elle est bien validée.

  • Mahery Andriamanantena

    D'accord, ok. Donc, ce que je comprends, c'est que tu as fait un parcours pendant sept ans de recherche, tu as tout le bagage qu'il faut, clairement, c'est l'agronomie, la phytochimie et tout ce qui est dans le textile, etc. tu as expérimenté pendant sept ans. Quels sont pour toi les défis qu'il faudrait relever pour qu'on parle davantage de la couleur végétale, pour que ce soit davantage employé ? Qu'est-ce qui, pour toi, manque aujourd'hui ? Qu'est-ce qu'on doit faire, en fait ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Moi, je dirais, en termes vraiment de... en quelques points, en termes de marché. Parce que, on dirait que nous sommes encore une... Petite communauté à être intéressée par la couleur végétale, même si petit à petit on voit que ça se développe. Et ce marché, ce lobbying en termes de consommateurs et d'utilisation, bien sûr nous on peut apporter notre pierre par rapport à cela, mais il faut que ça soit sur une large clientèle, une large population. en passant par les industriels ou en se mettant en communauté pour pouvoir avoir plus d'impact.

  • Mahery Andriamanantena

    Ok, donc des débouchés de niveaux conséquents pour pouvoir accompagner la filière de la graine, de la plante à la fin, et donc des acteurs conséquents, type industriel ou plus grande marque, qui peuvent montrer la voie, entre guillemets. Et du coup... lever les préjugés parce qu'il n'y a rien de mieux que le faire pour montrer que c'est possible en fait. Donc on est bien là-dessus. Ok, d'accord. Est-ce que tu as, dans ton choix de créer Colorophile, tu as dû faire une étude de marché des autres entreprises qui pouvaient proposer le même type de service que toi ? Est-ce que tu as trouvé, donc si je ne dis pas de bêtises, nous en France, métropolitaine, on a Greening qui propose ce genre de service et on a Plant. et couleurs avec Anne de La Sayette. On les a tous les deux reçus. Donc, épisodes 9 et 10 pour Greening et épisode 26 pour Anne de La Sayette. Est-ce que tu connais d'autres acteurs en France métropolitaine ? Est-ce qu'à La Réunion, à Madagascar, à l'Île Maurice, dans ton secteur, est-ce que tu en connais d'autres ou au niveau international ? Et comment tu as fait pour te positionner ? Parce que je trouve que tu fais des choix stratégiques intéressants de par la source que tu choisis, de par... Donc, on a dit des... sources renouvelables, tu embarques directement le sourcing qui est le nerf de la guerre pour pas avoir de fraude tu prends des couleurs qu'on a du mal à trouver tu pars parce que t'es d'origine malgache d'une faune enfin d'une flore plutôt d'une flore qui est encore enfin j'ai pas envie de dire encore à découvrir mais si tu vois j'ai l'impression qu'on a pas tout trouvé et qu'il y a encore plein de choses, donc tous ces choix là sont Alors, ce sont soit des coïncidences parce que tu viens de là-bas, etc. Mais je trouve que c'est hyper intelligent parce que tu te places à un endroit où j'ai l'impression qu'il n'y a personne aujourd'hui. Est-ce que tu as dans ton étude de marché des acteurs, même des gens que je pourrais interroger sur le podcast ? Mais est-ce que tu peux me dire comment tu as réalisé tout ça pour te placer si bien dans un… Je trouve que c'est ciblé, textile, cosmétique, bam, du vert, du bleu, des ressources renouvelables. Tu vois, ce que je veux dire, c'est vraiment pousser.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    En termes de sourcine Océan Indien, qui fait des entreprises qui font la même activité dans l'Océan Indien, je n'en connais pas trop. À La Réunion, mais elle est également basée entre La Réunion et Paris, il y a Aurélia Wolf, que j'ai déjà entendue sur le podcast également. Après, elle ne fait pas vraiment d'extraits, elle ne commercialise pas. d'extraits, elles commercialisent plutôt des produits finis ou bien de la peinture donc de la peinture pour les beaux-arts ou pour ces appels-là mais sur l'océan Indien je ne connais pas d'autres entreprises qui sont positionnées là-dessus enfin il y en a beaucoup qui se focalisent sur les plantes actives, les plantes propriétaires biologiques médicinales ou nutraceutiques Mais en termes de colorants et pigments, pour le moment, il n'y en a pas tant que ça. Si je parle de Madagascar... Il y a aussi des entreprises qui font de la coloration de soie, de la coloration et confection de produits à base de raffia ou de soie. Mais ça reste au niveau de cette échelle artisanale. Et donc toujours le souci avec l'artisanal, c'est que déjà le sourcine, il est compliqué. Et en termes de répétabilité, le jeûne que nous allons produire aujourd'hui, ne sera pas le jeûne qui sera produit demain. C'est vraiment là qu'on essaie d'intervenir, de standardiser les process pour avoir un produit standard, un produit qui est répétable, qui peut répondre aux besoins du marché. Après, en métropole, je connais un peu ces entreprises, Couleur de Plante et Greenin, je trouve qu'ils ont de très beaux projets. Ils font énormément pour vulgariser cette filière des collants végétaux. Mais nous ne travaillons pas sur la même source puisque ce ne sont pas non plus les mêmes biodiversités.

  • Mahery Andriamanantena

    C'est génial. Franchement, je suis hyper contente de ton projet. Je te dis, j'ai vraiment eu un… Tu l'as vu, on est très vite rentrés en contact sur LinkedIn parce qu'on est sur les mêmes sujets. On a le… Voilà, donc on a très vite voulu échanger. Je suis vraiment hyper contente de ton projet, je te le dis, parce que j'y vois plein d'intérêts. Plein d'intérêts parce que tu adoptes une autre échelle, des autres ressources, tu prends des critères en compte qui, à mon sens, te feront gagner du temps pour la suite. Cette histoire de sourcing, de traçabilité, tout ça, c'est hyper important. Les bio mordants, pour moi, c'est la cerise sur le gâteau. Et c'est ce que je te disais, les après, pareil, je pense... que d'autres entreprises vont y aller, mais je pense que vous avez carrément les ressources dans l'océan Indien. Je suis très... Comment dire ? J'ai beaucoup de... J'ai du mal à parler aujourd'hui. J'ai beaucoup d'espoir avec les dom-toms, notamment, tu vois, je vais recevoir une Guyanaise qui travaille pareil, la phytochimie, la nutraceutique, l'utilisation des colorants. Elle a plein de choses à raconter. On a eu Henri-Joseph de Guadeloupe. Je sais que ça bouge beaucoup dans les... dans les dom-toms, la Martinique me demande T'as pas interrogé la Martinique ? Et en fait, je vois une effervescence. Alors, elle est présente en métropole, mais j'ai l'impression qu'on est un peu plus en métropole, comme tu disais tout à l'heure, sur des sources déjà connues, historiques, qui a un peu moins d'innovation dans les plantes à découvrir, si je peux me permettre cette réflexion. Et du coup, vous êtes un peu... de nouveau l'énergie qui va stimuler l'effervescence de la découverte des plantes, des techniques. Donc, je suis vraiment hyper... J'ai hâte de suivre tes aventures et j'aimerais que tu puisses revenir, tu vois, nous raconter régulièrement ce que tu as découvert, tes premiers... Quand tu auras le droit d'en parler, mais voilà, tout ce que tu vas trouver, ça m'intéresse à fond, et tes domaines de recherche. Je vais arrêter de parler trop. Est-ce que tu peux me dire si tu étais un colorant ? une plante tanctoriale, on va dire, ou une source tanctoriale, laquelle tu serais et pourquoi ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Si j'étais un colorant, si j'étais une source tanctoriale, je dirais que je serais l'arbre du voyageur. Je suis obsédé par cette plante dernièrement, mais il y a une raison. Parce que je me dis... L'arbre du voyageur, c'est un arbre qui est très stable, qui ne bouge pas, même après le cyclone ou les feux de brousse. Et je me reconnais un peu à travers ce caractère, parce que tous mes collègues le diront, je suis de nature très très calme. Je crois même qu'à la fin de ma thèse, lors de ma soutenance, c'était la remarque de mon directeur de thèse que Il n'a jamais vu quelqu'un, un doctorant, qui ne s'est jamais énervé sur les trois anthèses, enfin quatre anthèses. Donc, cette stabilité, mais qui cache quelque chose au fond de lui, qui cache cette couleur bleue, enfin, ce n'est pas moi qui l'ai découvert, bien sûr, mais j'ai envie de la pousser, de faire en sorte qu'elle ait une belle aventure. dans différents types d'utilisation.

  • Mahery Andriamanantena

    Génial, c'est génial. Est-ce que tu as des livres que tu voudrais recommander aux auditeurs sur la flore réunionnaise de Madagascar ou sur des sujets ou des livres de phytochimie ? Parce qu'on me demande beaucoup en ce moment, je ne te cache pas, d'aller plus explorer la phytochimie. J'ai reçu notamment une chercheuse de l'ITEPMAI en France sur tout ce qui était technique d'extraction, phytochimie, pharmacopée pour reposer tout ça. Les livres qui t'inspirent et que tu as envie de mentionner ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Là, je pense tout de suite à Le monde des teintures naturelles de Dominique Ardant. Après, je pense que la plupart des gens qui travaillent dans le domaine de la coloration végétale l'ont déjà. C'est vraiment une bible qui m'a permis d'apprendre, de comprendre et d'innover par rapport à cette filière de la coloration végétale. Après, j'aimerais aussi conseiller aux gens de partir un peu plus sur les articles scientifiques. Parce que j'ai vu qu'il y a vraiment beaucoup d'études qui ont été effectuées sur des process qui sont très détaillés dans les articles scientifiques par rapport à l'utilisation, à l'extraction, voire même à l'application, soit dans la coloration cosmétique ou dans la coloration de textile. Donc moi j'ai vraiment... appris avec cette base scientifique de plutôt partir sur ces articles scientifiques-là, juste en tapant des mots-clés sur les moteurs de recherche d'articles scientifiques. Et en fait, même si on n'est pas vraiment scientifique, on peut quand même trouver des informations qui peuvent nous aider par rapport à l'extraction, par rapport à l'application.

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, complètement. Alors, pour rebondir sur ce que tu viens de dire, j'ai lancé l'Aréco Veille. C'est exactement ce que je fais. C'est tous les jours, je regarde les articles scientifiques qui sont parus sur la couleur végétale dans le monde entier. Alors, ça n'arrête pas. C'est-à-dire que l'Inde, la Chine, la Thaïlande, ça n'arrête pas. Tous les jours, dans toutes les applications, soit des nouvelles méthodes d'extraction, soit des nouveaux colorants associés, des plantes qu'on utilisait pour autre chose. comme tu disais tout à l'heure, qui ont des propriétés émultifiantes ou émolliantes, je ne sais plus exactement le terme, émolliantes et qui finalement peuvent aussi apporter de la couleur et c'est un peu ça. Et donc du coup, dans cette Arécoveille, je mets par domaine d'application de la couleur végétale, les différents sujets de recherche et comme tu disais, l'anglais est indispensable parce que tout est publié en anglais. Donc, tu es obligé d'avoir des traductions et faire attention à la traduction pour ne pas te planter parce que des fois, ils te parlent d'une plante traduit en français et c'est pas du tout ça, donc être vigilant sur les termes anglais, t'avais complètement raison au début de préciser ça et donc cet Arecoveil, le but c'est vraiment d'ouvrir les chakras et de voir que depuis, donc tu vois je l'ai démarré en octobre dernier et depuis octobre, l'intensification des publications, c'est incroyable, donc tu vois j'ai vraiment je me dis que ça c'est un indicateur quand même d'un vrai retour sur ce sujet là et c'est pas que dans le textile C'est aussi dans l'alimentaire, c'est aussi dans la cosmétique, dans la nutraceutique à fond les ballons. Et du coup, je me dis, tu vois, tous ces petits signaux faibles, moi, me donnent beaucoup d'espoir en me disant, tu vois, il y a moyen que vraiment cette filière teintoriale, elle se structure et qu'on arrive à trouver quelque chose à faire. Enfin, voilà, c'est vraiment mon vœu. J'ai une dernière question à te poser. Est-ce que tu embauches des gens dans ta startup ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Pour le moment, pas encore. Pas tout de suite, mais bien sûr que c'est prévu. Après, pour faire la veille documentaire aussi, déjà, c'est… Eh bien,

  • Mahery Andriamanantena

    tu peux. Eh bien, moi, je la fais, ta veille documentaire. On s'en parle après. Mais non, mais c'est, tu vois, un service aussi que j'essaye de proposer pour… Tu vois, moi, j'essaye de faire vivre ce podcast gratuitement pour tout le monde. Mais il faut bien que derrière… Donc, je leur explique. Je fais des missions pour des entreprises, que ce soit agronomique, que ce soit dans tous les métiers que j'ai faits. enfin je n'en ai pas fait 12 000, mais tous les métiers que j'ai fait avant, j'essaye de les mettre à disposition pour le secteur de la couleur végétale et que globalement ça fasse avancer la filière teintoriale. Et je garde ce souhait qu'on va y arriver à se mutualiser, à raccrocher tous les maillons et qu'on va y arriver en fait, parce qu'on a tout et en fait, il faut, comme je te disais, mettre les pièces les unes à côté des autres, mais on a tout ce qu'il faut. Donc si tu as besoin de veille, il n'y a aucun problème. Et la dernière vraie question que je voulais te poser, c'est à qui tu penses ? pour continuer ce genre d'échange qu'on a eu, à qui tu penses pour parler de la couleur végétale, de ses recherches, de ses sources, de ses découvertes en plantes tectoriales, tu aimerais me recommander quelle personne ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Là, toutes les personnes que j'ai en tête sont déjà passées au niveau de ton podcast. Je suis par exemple en contact avec Dominique Ardant, Aurélia. J'avais quelqu'un en tête également, mais je l'ai vu il y a deux semaines. Il m'avait dit que c'était prévu que tu fasses déjà un podcast avec lui. Donc Patrice André que j'ai vu. On a déjà venu ensemble il y a quelques jours.

  • Mahery Andriamanantena

    Génial.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Là, je n'ai pas d'autres personnes en tête, mais si quelqu'un me vient, je t'informerai.

  • Mahery Andriamanantena

    Top, génial. Franchement, je te dis, j'ai vraiment apprécié nos échanges. Je trouve que ça refait le pont entre plein de sujets qu'on avait vus avec les invités. Est-ce que tu as un sujet qu'on n'a pas abordé que tu aimerais mettre en avant ? Est-ce qu'il y a quelque chose qu'on n'a pas... qu'on n'a pas abordé et que tu aimerais venir ajouter ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je pense que la plupart de ce que je voulais dire a été dit. Après, il y aura d'autres occasions, j'imagine. Carrément. Dès que nos brevets seront déposés, voire publiés, on parlera de ces sources de bleu et de vert et tu pourras me poser toutes les questions que tu veux. par rapport à ces deux couleurs.

  • Mahery Andriamanantena

    Génial. Bon, écoute, Maëry, je te dis vraiment un très grand merci pour tout ce temps de rentrer dans les détails, de nous expliquer, de nous partager tout ça. On sent ta volonté. Tu cherchais le mot tout à l'heure pour l'arbre du voyageur. Il est résilient. Il passe les encombres. Il tient bon. Il persévère, etc. Je te souhaite plein de bonnes choses pour ton projet. Et comme je te dis, tu viens quand tu veux nous en reparler. Un grand merci à toi. Franchement, c'était vraiment génial cet épisode.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Merci pour l'invitation. C'est toujours un vrai plaisir pour moi aussi de parler de couleur végétale, de parler de la biodiversité, de parler de la nature.

  • Mahery Andriamanantena

    Alors, je coupe ici. Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram ARTECOVERT pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast est de le noter et le commenter. sur la plateforme d'écoute de votre choix. C'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Merci à tous ! Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin agriculture tinctoriale

Chapters

  • Introduction au podcast ArtEcoVert et à l'invité Mahery Andriamanantena

    00:00

  • Présentation de Mahery Andriamanantena et de son parcours

    00:44

  • Les débuts de Mahery dans la couleur végétale et ses inspirations

    02:10

  • Le rôle de consultant de recherche de Mahery

    03:36

  • Rétrospective des 7 ans de recherche sur les plantes tinctoriales

    06:52

  • Les propriétés médicinales des plantes tinctoriales

    09:41

  • Les défis de la couleur végétale dans l'industrie

    11:46

  • Présentation de la start-up Colorophile de Mahery

    28:47

  • Les limites actuelles de la filière des colorants végétaux

    39:57

  • Conclusion sur l'avenir de la couleur végétale et les recommandations

    01:04:49

Description

Dans cet épisode captivant du podcast ArtEcoVert, Pauline Leroux a le plaisir d'accueillir Mahery Andriamanantena, un chercheur et entrepreneur passionné par la couleur végétale et les plantes tinctoriales. Ensemble, ils plongent au cœur de l'univers fascinant des colorants naturels, explorant un parcours riche en découvertes et en innovations. Mahery, fort de sept années d'expérience dans le domaine, partage ses recherches sur l'extraction et la stabilisation des colorants issus de plantes, qu'il s'agisse de l'indigo, de la garance ou d'autres pigments végétaux.


Au fil de la discussion, Pauline et Mahery abordent les applications multiples des colorants végétaux, notamment dans les secteurs du textile et de la cosmétique. Ils mettent en lumière les défis actuels de la filière, notamment la nécessité de standardiser les procédés pour répondre à la demande croissante des industries. Cette standardisation est essentielle pour garantir une qualité constante et pour promouvoir l'utilisation de colorants biosourcés, qui respectent à la fois l'environnement et la santé des consommateurs.


Dans un monde où la teinture végétale et la coloration capillaire végétale gagnent en popularité, il est crucial de sensibiliser le public et les industriels à l'importance des colorants naturels. Mahery souligne également le potentiel des plantes envahissantes, souvent perçues comme des nuisibles, en tant que sources inestimables de colorants. "La nature regorge de trésors qui n'attendent qu'à être découverts", affirme-t-il, rappelant ainsi l'importance de la biodiversité, notamment celle de l'océan Indien.


Cet épisode d'ArtEcoVert est non seulement une invitation à explorer le monde des couleurs de plantes, mais aussi un appel à l'action pour encourager des collaborations entre chercheurs, artisans et entreprises. En partageant des ressources et des connaissances, Pauline et Mahery espèrent démocratiser l'utilisation des colorants végétaux et promouvoir un design plus respectueux de l'environnement.


Ne manquez pas cette discussion enrichissante qui vous ouvrira les yeux sur l'avenir prometteur de la couleur végétale. Que vous soyez passionné par les fibres naturelles, l'encre végétale ou simplement curieux d'en savoir plus sur la teinture naturelle, cet épisode est fait pour vous.


Pour découvrir plus d'informations sur les plantes tinctoriales et les techniques de teinture végétale, n'hésitez pas à consulter les liens utiles mentionnés dans la description.


Belle écoute,


Pauline


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Pauline



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Transcription

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Bonjour et bienvenue dans le podcast ArtEcoVert, le podcast qui vous parle d'art, d'écologie et de verdure. Je suis Pauline Leroux, ingénieure agronome passionnée de plantes, et je vous emmène à la découverte de la couleur végétale et de toutes ses applications. Que ce soit dans le textile, l'ameublement, l'artisanat, la décoration et dans d'autres domaines, chaque jeudi et samedi à 7h30, je vous propose des épisodes riches avec des invités passionnants. pour approfondir le sujet de la couleur végétale sur toute la chaîne de valeur. Mon but, fédérer et démocratiser la couleur végétale dans le monde. Alors c'est parti, bonne écoute ! Donc bonjour à tous, je suis ravie d'accueillir sur le podcast Aréco Vert, Maëry Andriama Nantena. Bonjour Maëry.

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, bonjour Pauline et bonjour à tous les auditeurs et merci de m'avoir invité dans ce podcast ArtEcoVert.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors, Maëry, je suis ravie de t'avoir aujourd'hui parce qu'on va déjà partir en voyage, ça va nous faire du bien. On va parler de couleurs, tu vas nous apporter tous tes travaux et les postes que j'ai vus passer, ce qui m'ont attiré l'œil forcément, j'ai vu ça sur LinkedIn, je te suis sur LinkedIn. Mais avant tout ça, est-ce que tu peux te présenter, raconter un petit peu aux auditeurs ton parcours et comment tu as cheminé jusqu'à la couleur végétale ?

  • Mahery Andriamanantena

    Je suis donc Maëry Andrea Malatena ou Maëry... un GM à l'intérêt en malgache, et je suis chercheur et entrepreneur. J'ai une formation de base en ingénieur agronome spécialisé dans le génie des procédés des systèmes agricoles et alimentaires, et j'ai également un doctorat en chimie et biologie spécialisé dans la valorisation chimique et biologique des plantes. Je travaille actuellement en tant que consultant de recherche, et je suis en cours de création de ma start-up. colorophiles axés dans le domaine des colorants naturels. Donc moi les colorants naturels, c'est une histoire qui a commencé à travers ma thèse. Donc cela fait bientôt sept ans, sept ans que je baigne dans la couleur végétale. Donc par rapport à la teinture de fibres naturelles, j'ai appris énormément d'une dame, une artiste artisane française qui habite à Madagascar. que je remercie. J'ai beaucoup appris des artisanes locales, donc principalement à Madagascar, mais aussi d'une des pentes de la teinture que vous connaissez tous, Dominique Cardan, qui était à l'époque dans mon comité de thèse et qui était mon rapporteur de thèse. Génial ! Donc après, sur les procédés chimie et biologie des plantes tinctoriales, j'ai été autodidacte à travers mon doctorat. donc à travers les livres, les articles scientifiques, mais bien sûr avec l'appui indispensable de mes directeurs de thèse, de mes encadrants de thèse et de mes collègues. Donc là, je continue toujours d'apprendre. Il y a tellement à découvrir encore dans le domaine des colorants végétaux et surtout à être impressionné par ce que la nature nous offre et c'est pour cela que ces domaines me passionnent particulièrement.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je crois qu'on est tombé dans la même passion, mais on n'a pas fait le même parcours. Alors, c'est hyper intéressant ce que tu viens de nous expliquer. Est-ce que tu peux clarifier ce que c'est que consultant de recherche ? C'est-à-dire qu'il y a des gens qui t'appellent pour monter des programmes de recherche, pour étudier plus spécifiquement une plante, pour étudier plus spécifiquement une application. Est-ce que tu peux nous détailler un peu qu'on se le représente ?

  • Mahery Andriamanantena

    Donc, consultant de recherche, c'est-à-dire que moi, je vais travailler à 100% dans une université ou en tant que chercheur associé au niveau d'une université. Actuellement, par exemple, je suis également sur un projet qui s'appelle Natural Malagasy Plant Dyes. C'est un projet qui est totalement dédié à la coloration de fibres naturelles. Donc, à la différence de ce que j'ai fait sur... On va dire ces cinq, six dernières années, nous nous sommes un peu plus focalisés lors de ma thèse et de mon postdoctorat à l'Université de La Réunion sur les extractions des colorants issus des plantes. Ensuite, sur l'application, que ce soit dans le domaine textile, cosmétique ou pharmacologique, étant donné qu'il y avait un grand volet activité biologique également, donc antioxydants, anti-inflammatoires, etc. Pour ce projet en particulier, Au niveau duquel je suis consultant de recherche, c'est vraiment axé sur la coloration de textile. Donc principalement la soie, le coton et la laine.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, ok. Et alors quand tu dis, donc ça fait 7 ans que tu travailles ta thèse, tu as donc les deux bagages, on va dire, tu as pour moi le côté agronomique, donc vraiment compréhension de la plante, de sa culture, etc. Et la partie chimique, j'imagine notamment avec de la phytochimie pour comprendre comment ça se passe, etc. Est-ce qu'on peut faire l'exercice de... J'essaye de te dire un peu à quoi j'imagine ton métier et tu me dis si c'est réellement ça que tu fais. En gros, tu as d'abord étudié les réactions, le métabolisme des plantes pour comprendre pourquoi elles produisent de la couleur. Je pense que tu as dû essayer de comprendre comment on extrayait ou comment on augmentait cette couleur dans la plante, parce que tu es ingénieur agronome et donc forcément, je pense que ça a dû... Donc les techniques d'extraction, comme tu as accès à des labos, des chimistes, etc., je pense que c'est une étape intéressante. Donc l'extraction et ensuite les réflexions d'application possibles. Tu n'es pas forcément qu'arrêté au textile, j'imagine. Tu as vu tout, comme tu dis, ce domaine est hyper large. Moi au début, pareil, je suis rentrée par le textile. mais en fait on en découvre plein des applications de la couleur végétale. Est-ce que toi tu as pu pointer du doigt quelques applications ? Est-ce que tu peux nous faire un petit peu comme une rétrospection de tes 7 ans ? Par quoi t'es passé ? Est-ce que t'as voulu creuser ? Pour qu'on comprenne parce qu'en fait tu vois au fur et à mesure des épisodes de podcast j'ai l'impression qu'on mène une enquête qui avance conjointement tu vois et j'aimerais bien que tu nous fasses toi ton retour sur ces 7 ans, ce qui t'a interpellé, ce que t'as voulu creuser etc.

  • Mahery Andriamanantena

    Oui donc Je... Sept ans de recherche sur les plans tectoriels. Et c'est après ces sept ans que j'ai aussi monté le projet Colrophile, le projet de création de start-up. Une start-up parce que, justement, pendant ces sept ans, j'ai vu tout le chaînon, toutes les chaînes de valeur, à partir des collectes, à partir des enquêtes et relations avec les artisans. donc les artisans locaux, que ce soit des teinturières, que ce soit des cultivateurs. Il y a aussi le volet procédés, à travers mon ingénierie, on génie des procédés, où je vois comment les couleurs sont extraites, quel type d'application, type de stabilité, et ainsi de suite. Et donc aussi ce volet... que j'avais fait particulièrement pendant ma thèse et mon premier postdoctorat, principalement en phytochimie et activité biologique. Donc c'était vraiment d'essayer de comprendre d'où viennent les colorants à l'intérieur des plantes, donc principalement des métabolites secondaires, et donc également de se dire comment est-ce qu'on va faire pour extraire ces métabolites secondaires, parce que ce sont des familles chimiques qui peuvent être très différentes. En fonction de quelle famille chimique est présente dans la plante, la méthode d'extraction sera également différente. On peut partir sur un procédé que avec de l'eau, un procédé avec un mélange eau-éthanol, et donc également le produit que nous allons obtenir à la fin, après quelques optimisations, ce sera aussi un produit qui va contenir... soit que les métabolites secondaires responsables de la coloration, soit d'autres métabolites secondaires qui seront responsables d'activités biologiques, par exemple. D'accord. Donc c'est pour cela que nous nous sommes également, sur ces dernières années, focalisés sur ces activités biologiques. Donc comme j'avais dit tout à l'heure, il y a beaucoup de plantes qui sont antioxydantes également. ou qui ont des propriétés anti-inflammatoires ou antibactériennes, voire même, d'après nos enquêtes sur la biodiversité de l'océan Indien, que ce soit à La Réunion ou à Madagascar, presque, voire même plus de 80% des plantes sectoriales qui ont été inventoriées, donc à des potentiels riches en colorants et pigments, sont également des plantes médicinales qui sont déjà décrites dans la littérature.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Génial ! Écoute, il va falloir que... Peut-être que tu l'as connue, je te coupe deux secondes. Est-ce que tu connais Delphine Talbot ? Ça te parle ou pas ?

  • Mahery Andriamanantena

    Non, je ne la connais pas.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Alors, j'ai enregistré avec elle il y a dix jours, je pense. Elle est enseignante-chercheure à Toulouse. Elle travaille sur le lien entre la couleur et la santé et les propriétés médicinales, le care en anglais. Et en fait, c'est son combat. C'est vraiment quelque chose qui lui est venu très naturellement il y a quelques années pendant sa thèse aussi à elle. Et elle a réussi à avoir un budget de recherche qui va démarrer là. Et donc, c'est passionnant parce que toi, d'emblée, tu l'abordes non plus comme une hypothèse, mais comme une… Voilà, tu as constaté qu'il y a 80% des plantes tectoriales, donc à La Réunion et à Madagascar, qui ont en plus des propriétés médicinales. Donc, je trouve ça génial parce que tu vois, c'est pour ça qu'il est bien ce podcast, sans me lancer des fleurs, mais c'est qu'on a différents niveaux d'avancée. en fonction des pays, des contributions, des professions, etc. Donc hyper intéressant. Donc vous, vous avez répertorié, et dans les plantes que vous avez répertoriées, il y en a 80% qui ont en plus d'un pouvoir colorant, un pouvoir médicinal.

  • Mahery Andriamanantena

    Voilà, 80% en plus de pouvoir colorant qui a également des pouvoirs médicinales. Et voire même, je dis 80% Parce que sur une partie des 20% restantes, c'est parce que ces plantes-là n'ont pas encore été vraiment étudiées.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ah, d'accord.

  • Mahery Andriamanantena

    Voire même, je suis prêt à parier que si on fait des études d'activité biologique sur ces 20%, on aura encore un bon nombre de plantes intéressantes en termes d'activité biologique.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Top. Ça, c'est vraiment génial de parler de ça et de voir que, voilà, toi, tu n'en es plus au stade de… supposer, tu es au stade que c'est réellement ce qui existe et il y a encore de quoi découvrir. Tu as parlé d'un... Tu as donné un terme en parlant des extractions. Tu as parlé de la stabilité aussi. Tu extrais les colorants mais il faut les rendre stables. Tu parles comme d'autres domaines d'application, de réaction à la lumière, réaction au changement de pH et ces choses-là, changement de température. C'est ça que tu dis dans on extrait mais il faut aussi les rendre stables ?

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, voilà. Enfin... Ce n'est pas vraiment les rendre stables, c'est plutôt qu'à travers plusieurs essais, plusieurs choix de plantes, on va faire des tests de stabilité, par exemple de la couleur, pour se dire, cet extrait-là, est-ce que si on la met à 60°C pendant quelques heures, à 90°C ainsi de suite, est-ce que la couleur va rester ? Et pareil, est-ce que si on le met à un pH... acide très acide ou alcalin très alcalin est ce que la couleur va virer à une autre couleur parce que ça on le remarque généralement avec les plantes unctorial tout est question de ph et avec les bains teinture tout est question de température et en fait ces stabilités ça nous permet également de se dire est ce qu'on pourra également les appliquer dans notre domaine donc le domaine de la cosmétique qui veut des pH un peu plus neutres par exemple, on aura des choix des plantes sur lesquelles on va se dire que ça sera un peu plus important. Ou le domaine agroalimentaire qui utilise un peu plus des pH acides pour la conservation, ça permet de se dire que ces plantes-là sont un peu plus adaptées à l'alimentaire. Et après, les activités biologiques aussi qui permettent d'avoir un double usage, on va dire, avec ces plantes. Donc principalement, Dans le domaine de la cosmétique, peut-être que le responsable de la coloration, je veux dire les métabolites secondaires, sera également responsable des activités antioxydantes. Donc là, il y aura deux voies, soit de l'utiliser en tant qu'antioxydant, soit de l'utiliser en tant que colorant.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord. Donc, une fois que tu as identifié les plantes, comme tu dis, il y a cette histoire de stabilité qui te permet d'orienter. une plante vers un domaine d'application. Ça, c'est hyper intéressant ce que tu as dit. pH neutre plutôt pour la cosmétique, pH acide pour la conservation en alimentaire. J'ai énormément bossé ces derniers jours sur justement les colorants alimentaires d'origine végétale. Et à chaque colorant, donc tu sais, je me suis refait tous les E des normes européennes. Et à chaque fois, il y a des propriétés antioxydantes pour la coloration de la peau, pour des activités. Et en fait, j'ai trouvé ça, mais je me suis dit, Pauline, tu aurais dû commencer par les colorants. alimentaire, parce qu'en fait, tu vois que pour moi, c'était la porte d'entrée, en fait, j'aurais dû faire dans ce sens-là plutôt que l'inverse, mais bon. Et donc, ça nous dit qu'en fait, en fonction de d'un, comment dire, d'une résistance ou d'une variation à un pH, ça se destine à différents secteurs d'activité, et quand tu dis on y adjoint la couleur avec un autre procédé actif, Ce que je voudrais te demander, parce que ça m'est souvent posé comme question, et je voudrais vraiment qu'on le rappelle, c'est qu'il ne faut pas confondre que quelque chose qui vient des plantes, qui est naturel, n'est pas forcément non nocif. J'aimerais qu'on réexplique aux gens qu'en fait, ce n'est pas parce que ça vient des plantes, parce que c'est dit naturel, que ça ne peut pas causer de tort. Et j'aimerais bien que tu puisses, parce que dans les colorants... Dans les colorants végétaux, c'est des cocktails de molécules. Tu as le colorant, mais tu as d'autres trucs qui viennent avec, comme tu dis, des principes actifs. Et en fait, j'aimerais bien qu'on ressensibilise tout le monde avec cette notion de attention, ce n'est pas parce que ça vient de la plante que ça ne peut pas causer de tort

  • Mahery Andriamanantena

    C'est une très bonne remarque, effectivement. Parce que quand on prend un extrait de plante, un extrait de plante peut être à la fois toxique, peut être à la fois irritant. mais peut avoir également ses propriétés médicinales, ses propriétés nutritionnelles. C'est pour ça qu'il faut faire très attention quand on va utiliser des plantes. C'est pour cela qu'autant dans l'utilisation d'un extrait que dans la teinture, il y a toujours une recette qui dit utiliser tel ou tel ratio de plantes avec de l'eau, avec des fibres. J'imagine que pour définir ces recettes, il y a déjà eu également derrière des tests de toxicité, notamment en... irritation sur la peau, qui définit qu'à cette proportion-là, il n'y a pas cette toxicité. Cette toxicité, c'est une histoire de dose, en fait. C'est comme toute chose, quand on en utilise trop, ça devient toxique, mais il faut l'utiliser à sa juste utilisation.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Du coup, ça me fait penser à l'histoire de la pharmacopée qu'on a commencé à aborder avec des invités sur le podcast. qui réglemente, qui cadre un peu l'utilisation des plantes. Est-ce qu'au niveau des plantes exotiques, tu vois, type La Réunion, Madagascar, est-ce que vous avez une pharmacopée ? Est-ce que vous êtes rattaché, par exemple, pour La Réunion, à la pharmacopée française, je suppose ? Mais par exemple, pour Madagascar, est-ce que c'est une pharmacopée internationale ? Est-ce que c'est quelque chose de spécifique à Lille ? Comment ça fonctionne ?

  • Mahery Andriamanantena

    Pour La Réunion, c'est la pharmacopée française. Donc il y a plusieurs projets, notamment au niveau du laboratoire KM BioPro, où j'ai fait ma thèse, où ils étudient les plantes médicinales justement dans le but d'introduire ces plantes-là dans la pharmacopée française.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Top, génial !

  • Mahery Andriamanantena

    Et pour Madagascar, c'est assez différent. Donc il y a des connaissances traditionnelles qui sont très présentes sur l'utilisation des plantes. Mais la législation ne permet pas encore de vraiment les commercialiser, de les mettre à l'international. Bien sûr, il y a plusieurs laboratoires de Madagascar qui travaillent sur les plantes et qui sortent déjà des produits. Mais la législation, elle est particulière.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, elle est un peu… D'accord, ok. Et alors du coup, une autre question. Désolée, ça me passionne. Mais alors du coup, cette histoire de pharmacopée qui régit, qui donne le cadre des plantes qu'on peut utiliser ou non, est-ce que toi, dans tes recherches, tu as constaté sur les plantes tectoriales des potentielles irritations, des potentielles allergies ? Est-ce que tu as cerné ? Est-ce que tu peux nous parler de quelques plantes pour nous expliquer qu'effectivement, ce n'est pas toujours tout rose ?

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, nous avons collecté par exemple, désolé je ne me souviens pas du nom de la plante, parce qu'on fait des collectes, on fait des extractions et il y en a toute une liste. Mais vraiment il y a des cas des plantes où juste en les manipulant, on remarque cette irritation. Parce que nous on ne se base pas que sur les plantes qui sont déjà utilisées par la population ou les artisans. On essaie de voir aussi... par rapport à d'autres genres ou d'autres espèces de la même famille botanique. Je veux dire, s'il y a une espèce qui est très utilisée en Inde ou en Europe, si on a une espèce qui est à peu près similaire, on va également essayer de voir qu'est-ce que ça pourrait donner. Génial. Il y a vraiment des cas de plantes où on a ressenti ces irritations-là. Et surtout qu'il faut toujours mettre des gants quand on fait ces expérimentations. Mais des fois, tu vois, avec la passion, la ferveur, on est trop curieux et des fois on oublie. Et ça m'est arrivé où j'avais les mains qui grattaient pendant toute une demi-journée. Donc, c'est pourtant vraiment que, voilà, si pour les gens qui s'aventurent à collecter des plantes dans leur jardin, qui ne savent pas ce que c'est, il faut quand même faire attention. Parce que, comme tu avais dit tout à l'heure, plante ne veut pas forcément dire sécure.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ok. Bon, top. Parce que, du coup, tu vois, on m'a posé plein de fois la question. Ah, Pauline, tu parles énormément des plantes qui colorent, etc. Alors, je n'oppose pas les colorants de synthèse parce qu'on a besoin des deux, mais j'aimerais des colorants de synthèse plus propres et moins impactants et des colorants végétaux plus mis en avant et que toute la chaîne de valeur soit valorisée parce qu'il y a énormément de beaux projets à faire. Mais moi aussi, j'ai vu, tu vois, par exemple, que pour l'indigo, dans la coloration capillaire, ça pouvait faire des irritations pas très longues, tu vois, mais il y a certaines personnes qui réagissent moins bien à l'indigo. Il y avait le roucou qui pouvait être aussi source d'allergie. Bref, pour rappeler qu'il n'y a pas une innocuité à zéro, on n'est pas à zéro, comme toute plante, c'est vivant, il y a forcément des interactions. Ok, écoute, désolé.

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, juste pour terminer ce paragraphe, quand on va utiliser une nouvelle plante, je veux dire, d'ordre général, c'est justement les deux tests qu'il faut toujours faire. Un test de sensibilisation, donc par rapport au... aux allergies et un test d'irritation. Donc surtout dans le domaine de la cosmétique où on va appliquer les produits sur la peau et dans le domaine du textile où on va manipuler le produit et également les tissus qui vont être en contact de la peau.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    D'accord, tu vois, je ne savais pas ça du coup. Ok, donc deux tests à réaliser pour être sûr que ce ne soit pas compliqué. Au moins, c'est de l'appui. Bon, alors du coup... On a vu ton parcours dans la chimie, phytochimie, comprendre les plantes tectoriales, les répertorier, extraire, savoir les stabiliser pour qu'elles soient utilisables dans différents types d'applications. Est-ce que tu as suivi des formations ? Quel livre tu as lu ? Qui tu as été voir pour acquérir cette connaissance ? Moi, j'essaye de chercher des infos pour démocratiser le sujet, mettre les acteurs en avant, en parler davantage. Je trouve que bon. Il faut sacrément trouver les bonnes sources pour trouver des informations fiables, et pas des interprétations, des blogs ou des trucs pas très fiables. Comment toi tu as fait ? Vers qui tu t'es tourné ? Est-ce que tu peux nous raconter un petit peu ?

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, au début, c'était vraiment les artisans en teinturière. Donc, partir vraiment de cette connaissance traditionnelle, on va dire. sur l'utilisation des plantes, des plantes de l'océan indien. Et après, après compréhension du phénomène, on voit à travers la bibliographie que les plantes se ressemblent à peu près. Je veux dire que quand on va parler de colorant, les couleurs jeunes, cela va toujours par exemple être des flavonoïdes en général. Quand on veut un mordansage naturel, il peut s'agir des plantes accumulatrices d'aluminium par exemple. Donc c'est toujours les mêmes théories, mais il faut juste pouvoir expliquer ce que font les artisans et partir de là pour pouvoir les optimiser. Après en termes de livres, bien sûr moi j'avais acheté au début de ma thèse le livre de Dominique Ardant, Le monde des teintures naturelles. Et pour la petite anecdote, sur ma première année de thèse, je l'ai acheté en français et en anglais. les deux versions en même temps. Parce que je me suis dit, vu que tous les articles scientifiques sont en anglais, je n'avais pas cette richesse en vocabulaire de plan tectorial. Donc ça m'a beaucoup aidé à faire le lien entre quels mots sont utilisés en anglais ou en français. Donc à part ça, ces dernières années, j'ai été aussi en contact avec des designers. Donc plutôt dans le sens application pour voir quel est actuellement le besoin des industriels ou le besoin du marché en termes de colorants naturels en textile par exemple, ou voir d'autres applications.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et pour toi, suite à ces 7 ans de recherche, on a dit tout à l'heure qu'il y avait plein de domaines d'application de la couleur végétale. Globalement, pour interroger, échanger avec des acteurs de tous les domaines, je vois que le retour aux colorants végétaux est dans tous les domaines. Il n'y a pas un domaine qui est au ralenti, c'est vraiment un virage qui est pris. Besoin de naturalité, demande des consommateurs, on fait attention à notre impact environnemental, on se rend compte que la synthèse, ce n'est pas si extraordinaire que ça. Pour toi, quel est le domaine d'application dans lequel soit il y a plus urgence à venir apporter une solution ou soit il y a le plus de demandes ? Pour toi, c'est quoi un peu les rapports entre les différents domaines d'application ?

  • Mahery Andriamanantena

    Il faut citer… deux domaines d'application, moi je dirais le textile et la cosmétique. Le textile en premier parce que pourquoi est-ce que nous on veut revenir dans les colorants naturels ? C'est parce qu'il y a cette pollution environnementale qui est très présente à partir de la coloration de textile. Donc en ce moment, c'est encore une échelle qui est très faible, à une échelle de... artisanal ou à un marché de niche. Mais petit à petit, je pense qu'avec plus de communication, donc justement, je pense que c'est l'un des valeurs de ton podcast également, c'est de fédérer par rapport à toute cette utilisation autour des colorants végétaux pour que les gens les acceptent de plus en plus et se tournent vers les colorants végétaux de plus en plus. Et en deuxième utilisation, je dirais également la cosmétique. Donc ici, je pense que ce n'est pas forcément un problème environnemental, mais plutôt un problème en termes de santé humaine, où nous, on ne veut plus utiliser ces colorants artificiels, pas que les colorants finalement, on veut utiliser des produits naturels, voire même à 100% naturels. Donc on voit toujours qu'on a des produits... à 95% ou à 90% naturel, parce que les industriels ne peuvent pas encore substituer tous les ingrédients par des produits naturels. Mais je pense que ça va venir, que le jour où ils pourront remplacer ces ingrédients-là par du 100% naturel, c'est sûr qu'ils vont également le faire.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    On a rencontré, je ne sais pas si tu connais, Élodie Carpentier du Rouge Français. qui est la première entreprise mondiale, parce qu'elle a le brevet, à faire des cosmétiques avec de la couleur végétale uniquement. Donc elle fait un vernis à ongles, elle fait du rouge à lèvres, du mascara, etc. Et elle, ce qu'elle veut, c'est aller jusqu'au bout. C'est-à-dire que même son packaging, par exemple, de rouge à lèvres, il est fait à partir de, alors je ne sais plus la plante, je ne voudrais pas dire une ânerie, mais c'est un emballage même à base de plantes. Elle y met des colorants. comme la garance, etc., pour avoir un rouge comme Cléopâtre. C'est le message. Mais tu vois, elle, elle y va. Et j'ai reçu un autre invité la semaine dernière qui était de LVMH. Il s'appelait Patrice André. Il a travaillé pour LVMH sur Christian, Dior et sur les parfums. Et il disait que lui, pareil, c'était son combat pendant toute sa carrière, c'était de végétaliser au maximum. Et en fait, effectivement, il y a encore quelques freins. à soulever, mais que c'est vraiment une volonté. C'est vraiment une volonté. Donc ça, c'est pour moi des points positifs. Donc tu dirais, toi, textile et cosmétique, OK. Est-ce que tu peux nous parler du coup, avec tout ce que tu as vu, tout ce que tu as expérimenté, tu en es arrivé à vouloir créer ton entreprise, donc Colorophile. Est-ce que tu peux nous raconter ce que tu vas proposer comme mission ? Sur quel secteur tu vas te positionner ? Est-ce que tu vas proposer ? avec cette entreprise ?

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, donc Colorophile, c'est une start-up qui est actuellement incubée au niveau de la Technopole et qui se veut de proposer des produits et services autour de la coloration naturelle et des ingrédients naturels. L'objectif, c'est de proposer des ingrédients, notamment des pigments ou des colorants techniques. stable par rapport à l'utilisation voulue, durable par rapport à son utilisation en termes de conservation de la biodiversité, par exemple, ou en termes de sourcine de la plante. Nous, c'est vraiment dans ce sens de respecter à la fois les êtres humains et respecter l'environnement. Nous proposons également des services de coloration, de coloration soit...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    de tissus, soit d'ingrédients cosmétiques, notamment des huiles végétales, et également des prestations de recherche et développement, si le client a un besoin particulier en termes de, soit l'application du colorant dans leurs produits, ou bien des besoins particuliers en termes d'ingrédients.

  • Mahery Andriamanantena

    Ok, alors quand tu dis que vous proposez des produits stables, on en a parlé tout à l'heure de la stabilité, c'est bien quand tu stabilises tes produits, c'est bien qu'avec des produits naturels. C'est en gros, tu as ton extrait colorant que tu vas venir stabiliser, mais ce que tu utilises pour les stabiliser, c'est bien naturel. C'est une question que je pose parce que j'ai vu des fois des choses très curieuses où on parle de colorant issu de plantes et en fait, tu vois qu'ils rajoutent des trucs pour que ce soit applicable et qui ne sont pas naturels. Et donc, la question, c'est est-ce que toi, tu es vraiment... 100% sur de la plante ou du naturel ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Quand je dis stable, en fait, ce n'est pas qu'on va rajouter quelque chose qui va rendre le produit stable. C'est que déjà, le produit en lui-même, il est stable par rapport à certains facteurs de variation. Donc, comme nous, on travaille sur une large biodiversité de l'océan Indien. Donc, on peut se permettre de se dire, là, nous avons une source de bleu qui est stable à... à la température, au pH par exemple, où là nous avons une source de jeûne qui est très stable au lavage, contrairement à d'autres qu'on a sur le marché. Donc bien sûr, dans les techniques de textile par exemple, c'est toujours les mêmes techniques de mordant sage, que ce soit avec des mordants minéraux ou bien on essaie aussi de faire des applications avec des mordants naturels.

  • Mahery Andriamanantena

    Biomordants ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Bio-mordant, voilà, c'est le mot. Enfin, je ne sais pas si c'est un mot qui est utilisé à l'international, mais en tout cas, ça en dit tout sur l'utilisation naturelle du mordant.

  • Mahery Andriamanantena

    On a reçu Céline Philippe de Teinture Végétale, qui est basée, si je ne dis pas de bêtises, du côté de Lyon, qui, elle, a voulu se passer des sels métalliques. Pas qu'elle est contre, mais elle s'est dit, tant qu'à faire avec les plantes, autant essayer de tout faire avec les plantes. Et elle a travaillé sur des biomordants assez connus, parce que j'ai l'impression que c'est toujours les mêmes qui reviennent, le lycopode et le simplocos. Et j'ai entendu parler d'un autre biomordant, alors attends que je ne te dise pas de bêtises, est-ce que c'est possible le poirier sauvage, les racines de poirier sauvage, ou les écorces de poirier sauvage ? Un truc comme ça.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je ne connais pas la plante, mais ça ne m'étonnerait pas avec des écorces ou des racines.

  • Mahery Andriamanantena

    Bon, il faudrait que je repréciserais, je mettrais une petite astérisque dans le descriptif quand je retrouverai la mémoire de tous ces sujets. Mais du coup, toi, c'est aussi une volonté, c'est-à-dire, on va sur des colorants végétaux et on va venir travailler ou en tout cas rechercher des biomordants d'origine naturelle. Toi, qu'est-ce que tu as dans l'océan indien trouvé comme biomordant ? qui pourrait être une source renouvelable ? Parce qu'il y avait aussi cette question, tu vois, sur le simple ocos et le lycopode. Je crois que le lycopode pousse dans des tourbières et en fait, c'est des écosystèmes fragiles. Donc, il y avait cette notion de ne pas être trop impactant sur l'environnement. Et pour l'autre, je crois qu'il y avait une notion de filière. Et donc, Céline expliquait qu'elle ne travaillait qu'avec du simple ocos issu d'une filière renouvelable, etc. Est-ce que toi, c'est un peu la même chose ? Tu as trouvé des biomordants qui peuvent être des ressources renouvelables. Est-ce que tu peux nous raconter un petit peu ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, j'ai écouté ce podcast de Céline Philippe qui est justement très intéressant. Et justement, on part toujours du même principe. Le simple ocus ou l'hélicopode, ils sont réputés pour être des plantes accumulatrices d'aluminium. Et en fait, si on veut par exemple substituer l'alun dans les... techniques de mordant sage c'est tout à fait normal et logique que nous on va se focaliser sur ces plantes accumulatrice d'aluminium donc je n'ai rien contre contre l'alun ça fonctionne très bien en termes de mordant sage pour pour la teinture naturelle mais comme tu as dit tout à l'heure c'est vraiment dans cette initiative de travailler en 100% naturel donc se dire que dans la mesure du possible si on peut substituer tous les ingrédients utilisés que ce soit en teinture ou en mordant sage par des ingrédients issus de plantes donc ça serait très bien et nous ce qu'on essaie de faire on a par exemple trois types de plantes Donc une autre lycopode également, mais plutôt une lycopode de cette biodiversité de l'océan Indien, qui existe aussi dans d'autres parties du monde. Et l'autre biomordant sur lequel on est en train de travailler, c'est une plante de la famille des mélastomacées. On va essayer encore de définir le nom exact de l'espèce, ce que... La plante a été récoltée en forêt, on va dire, donc l'identification prend un peu plus de temps. Mais nous, on essaie vraiment de se focaliser sur des plantes avec un sourcine éventuellement durable. Je dis éventuellement durable parce qu'on essaie de se focaliser sur des plantes pas forcément exotiques, elles peuvent être endémiques, mais par exemple des feuilles. donc des feuilles qui peuvent se renouveler à longueur pendant toute l'année ou bien à des parties de plantes, à des petites branches, donc des parties de plantes qui se renouvellent assez facilement. Bien sûr au niveau de la recherche qu'on avait faite sur ces dernières années, on s'est dit on va faire de tout, que ce soit les racines, que ce soit les écorces, mais le souci c'est qu'on utilise beaucoup les écorces, mais pour le renouvellement de ces écorces, on n'a pas assez de recul pour se dire si je prends l'écorce de la plante cette année est-ce que ça va se refermer dans les prochaines années et on n'aura pas autant de chance que les écorces qu'on utilise actuellement pour se dire qu'on collecte des coproduits ou des sous-produits de plantes ou d'arbres qui sont utilisés dans la construction par exemple donc nous on essaie vraiment de se focaliser sur ces sourcines durables pour que l'on puisse monter ces filières durables en termes d'approvisionnement.

  • Mahery Andriamanantena

    D'accord, donc tu pourrais proposer un service potentiellement demain 100% végétal à tes clients avec un colorant à base de plantes et un mordant d'origine végétale. Alors attention, je pousse le bouchon, mais en fait, j'ai beaucoup réfléchi sur la teinture, mais je me suis dit qu'il y a quand même tout ce qui est après qu'on vient mettre sur les tissus une fois teint. qui leur confèrent des propriétés soit imperméabilisantes ou autres. Est-ce que ces apprêts, tu travailles aussi sur des apprêts d'origine végétale ou naturelle ? Est-ce que c'est un sujet que tu regardes ou pas ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Non, pour le moment, on essaie de se focaliser sur la coloration et voir le mordansage naturel. Mais effectivement, je pense qu'en termes de produits naturels, tout est possible et tout reste à faire. Ok,

  • Mahery Andriamanantena

    top. Parce que j'avais reçu Louise Bécart de Pincroft en Angleterre, qui elle travaille, pareil, elle expliquait, ils travaillent sur, tu sais, les uniformes, les vêtements de travail pour les chefs cuisiniers, les pompiers, etc. Des vêtements techniques et ils ont donc besoin d'après de qualité qui soit vraiment sûre. Et ils sont en train de vraiment bosser sur des apprets plutôt naturels parce que forcément, on voit que c'est un vrai besoin, parce que c'est surtout les produits d'apprets et de teinture, enfin, on va dire l'ennoblissement en général, qui est quand même polluant. Donc, voilà, c'était ma petite question bonus.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Juste en tant qu'exemple, par rapport à ces techniques de finishing, en fait, le tannage du cuir... a été souvent fait auparavant avec les teintes naturelles, ce qui permet de colorer le cuir, de le traiter, de l'imperméabiliser. Donc ça, ça fonctionne avec le cuir, peut-être pas avec du coton ou d'autres tissus, mais pour dire que je pense que c'est tout à fait possible.

  • Mahery Andriamanantena

    Ok, donc ça à suivre, je lance l'appel, s'il y a des gens qui travaillent sur les après, n'hésitez pas, on sera ravis d'échanger. Alors, j'ai regardé ton site, du coup, j'ai été hyper curieuse. Tu as mis sur ton site que vous proposiez des sources colorantes qui peuvent pallier les limites actuelles de la filière. Tu entends quoi par limite ? Parce qu'en fait, sur le podcast, j'ai démarré avec justement Dominique Cardon et Sandrine Rosier. La première étape, c'était de faire exploser les préjugés qu'on avait sur la teinture végétale. Donc, on a passé du temps de la pédagogie à expliquer par preuve et démonter chacun des préjugés. Je pense qu'il faudra quand même des études scientifiques parce que même si tu invites les meilleurs experts et que c'est juste du verbal et que tu n'as pas un rapport qui te montre que c'est vraiment véridique, les gens ont du mal quand même à lever ces préjugés sur la teinture. Donc, qu'est-ce qui, selon toi, quelles sont les limites actuelles justement de la filière et qu'est-ce que tu proposes du coup pour lever ces fameux préjugés ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    En termes de... Limite, moi je te dirais deux choses, les propriétés techniques de ces colorants et le sourcine, avec le coût qui vient avec. Je parle ici en termes de technique à la fois du pouvoir tectorial, de la couleur qui ressort et également de la stabilité. Il y a toujours cette répudation des couleurs naturelles. les gens qui disent que ce sont des couleurs qui sont fades, qui ne sont pas stables, qui ne sont pas optimales. Mais à travers les travaux de tout plein de gens qui ont travaillé sur les couleurs naturelles, en fait, il y a des milliers d'exemples qui démontrent que les couleurs naturelles peuvent également être des couleurs qui sont très vives, des couleurs qui sont très foncées et des couleurs qui peuvent être très stables également. Donc ce n'est pas Dominique Cardan qui dira le contraire, puisqu'elle découvre des tissus qui ont des centaines d'années et dont la coloration est encore très présente. Donc c'est vraiment ce genre d'informations qu'il faut partager pour que les gens arrêtent de se dire que les colorants naturels sont des colorants fades et que la stabilité laisse à désirer.

  • Mahery Andriamanantena

    C'est une question de candidat en fait. On a énormément de plantes tectoriales. En fonction de l'application, du projet, c'est choisir le bon candidat qui aura la solidité lumière, si ça doit passer au lavage, qu'il soit résistant au lavage. En fait, c'est ça, c'est sélectionner le bon candidat. Et je pense qu'en fait, c'est ça qu'il faut rabâcher, c'est que toutes les plantes ne sont pas bonnes pour toutes les applications. Il faut vraiment faire ce choix de... Ça tombe pas du... Enfin voilà, il faut faire ce choix de recherche et de trouver le bon candidat, je trouve. C'est un peu... Et alors quand... Oh pardon, vas-y.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, j'allais dire que justement, parce que pourquoi est-ce qu'on utilise toujours la garance, la gode et l'indigo ? C'est que ce sont les trois plantes pour moi qui sont les plus stables à l'international et qui sont les plus célèbres. C'est ça. Et ça, ça provient surtout de cette connaissance traditionnelle et de cette histoire en Europe et en Inde. Mais si on se base également sur d'autres types de biodiversité, Je pense qu'au niveau de l'océan Indien, on pourra aussi sortir la prochaine garance, la prochaine god à partir de cette biodiversité avec une plante stable et avec des couleurs très prononcées également.

  • Mahery Andriamanantena

    C'est ce que tu vois, on a reçu Henri-Joseph de Guadeloupe, de Phytobocase, Colorbocase, je ne sais pas si tu connais. Et lui, c'est ça qu'il a dit à la fin de son épisode, c'est pour lui, la biodiversité qu'il y a dans les îles, que ce soit la Guadeloupe, la Réunion, etc. tout ce qui est flore tropicale, pour lui, c'est la suite de l'histoire. C'est-à-dire que c'est là qu'on va trouver, et il dit qu'il en trouve régulièrement, que c'est vraiment une source de richesse. Il y a tellement de biodiversité dans les îles que c'est là où on aura la couleur. Je suis en accord avec toi. C'est-à-dire que tout n'a pas été trouvé et que potentiellement, c'est là qu'on trouvera la suite de l'histoire tout en gardant nos trois vedettes, Indigo, Garance et Reseda. Ça, c'est clair. Mais... Ok, je voulais voir avec toi, donc tu as dit les propriétés techniques de ces colorants et leur stabilité et le sourcing. Le sourcing, tu entends par être sûr de l'origine de ta plante, où elle se trouve et comment elle est cultivée ou collectée ? Ou est-ce que tu entends dans le sourcing l'histoire de la logistique de tiens, elle arrive de si loin, ça rajoute des frais, du coup mes colorants ne sont pas forcément rentables parce que je mets un fric fou dans la logistique ? Est-ce que c'est dans le terme sourcing, tu entends quoi ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    C'est dans les deux sens. D'abord, une traçabilité, parce que nous, quand on va produire des colorants végétaux, et donc la teinture végétale ou les produits naturels, derrière, il y a toujours ces valeurs, ces éthiques, qui veulent que la production suive, par exemple, des conditions... équitable ou biologique, donc d'où la nécessité de tracer d'où viennent ces différents colorants. Et également en termes de quantité, parce que ça c'est toujours la question des industriels quand nous on va leur proposer ou on va parler des colorants, c'est de se dire donc demain s'il y a un client, une marque qui va nous demander 100 kilos de t-shirt, est-ce que vous allez pouvoir nous produire ces colorants-là ? Donc en ce moment, si on me dit, j'ai envie de colorer... 4 kg, 10 kg, je dirais que c'est tout à fait possible. Si on nous dit qu'on va colorer 100 kg pour l'année 2025, je dirais que ça peut être faisable, mais à partir du sens où quelqu'un va dire qu'on a besoin de colorer 100 kg de tissu tous les mois, ça c'est une autre histoire. Et la filière n'est pas encore... assez riche, assez organisée pour pouvoir répondre à ses besoins. Alors que je me dis que pour vraiment fédérer autour de la couleur végétale il faut vraiment que ça touche tout le monde et donc si on veut toucher tout le monde il faut qu'on touche en termes de quantité. Bien sûr je ne parle pas de produire incessamment ou mais vraiment de de produire avec ces valeurs et éthiques autour de la coloration naturelle.

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, donc plutôt un regroupement de lots, c'est-à-dire que les agriculteurs, tu vois, c'est ce qu'on a essayé de faire. Il y a eu une quinzaine de l'agriculture teinturielle que j'ai organisée en mars avec une vingtaine d'invités intervenant, experts dans leur domaine et les gens du podcast qui sont membres payants pouvaient assister à ces 20 heures de conférence. Franchement, j'ai vraiment essayé de faire un programme hyper large. et à l'intérieur de ce programme, on s'est posé cette question, c'est exactement ça, c'est que ce n'est pas produire pour produire, parce que d'une certaine manière, si on revient aux plantes, c'est qu'on n'est pas forcément d'accord avec le modèle actuel, mais c'est comment organiser une logistique tinctoriale, de regrouper, déjà rien que de se faire connaître les acteurs, les agriculteurs, les cultivateurs de ces plantes tinctoriales et d'être en capacité de mutualiser les lots. Et en fait, ça, tu vois, c'est quelque chose qu'on ne lâche pas comme sujet. Donc là, il y a une quarantaine d'agriculteurs avec lesquels moi, je travaille en métropole et un peu Belgique et un peu Europe. Et l'idée, c'est ça, c'est de se dire comment on pourrait mutualiser nos kilos de pigments, qui pourrait nous analyser ces lots pour en faire des lots homogènes et réguliers pour pouvoir avoir une quantité qui réponde à une demande de l'industrie textile. Parce que forcément, ce n'est pas avec 5 kilos que tu vas aller séduire une entreprise. Et elle va se dire, mince, si mon sourcing est pas fiable, constant, régulier et qui va s'interrompre, en gros, elles y vont pas. Donc, c'est aussi à nous d'être au clair là-dessus et de trouver un moyen de s'organiser, notamment en métropole. Mais je sais pas comment ça se passe. Est-ce que toi, ta connaissance de réseau, je sais pas, à La Réunion, à Madagascar, comment ça fonctionne aujourd'hui ? Est-ce qu'il y a une mutualisation de ces agri...

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    En ce moment, au niveau de la filière de production des plantes unctoriales, c'est vraiment des particuliers qui le font. Donc vraiment, chacun plante sa propre plantation de plantes unctoriales dans son jardin ou sur ses terres cultivables. Donc justement, le choix des plantes à cultiver, ils ne sont pas forcément en accord également.

  • Mahery Andriamanantena

    Avec les besoins.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Voilà, pas en accord avec les besoins. Donc, si quelqu'un cherche ou un industriel, un client cherche une quantité considérable, ce n'est pas forcément qui travaille sur ces plantes, quels agriculteurs ou quels cultivateurs sont en train de travailler sur ces plantes. C'est ça. Donc, je suis vraiment d'accord avec ce que tu avais avancé tout à l'heure, qu'il est temps et il serait vraiment intéressant de mutualiser ces productions. donc je ne sais pas encore par quelle manière, mais de mutualiser à la fois le choix des plantes à cultiver, de mutualiser la production en faisant des partages de connaissances par rapport à l'aspect agronomique, et également l'aspect phytochimique, je veux dire, en termes d'extraction, en termes d'utilisation. Et après, bien sûr, en termes d'utilisation, J'ai vu que sur ton podcast et en parlant avec d'autres collègues également, il commence à y avoir des machines qui sont à cette échelle semi-industrielle. Parce qu'il y a ce souci-là également dans la teinture de produits naturels, c'est qu'avec une marmite, avec un simple bain de teinture, c'est peut-être... une autre tente que nous allons avoir. Mais avec une machine qui est un peu plus industrielle, ça peut virer. Et donc, ça pourrait être problématique par rapport à un client qui veut quelque chose de très précis.

  • Mahery Andriamanantena

    Alors, dans ce que tu dis, il y a plein de choses intéressantes. Donc, pour les plantes cultivées, je dis, moi, à ma petite échelle, j'essaye de parler avec les agris qui sont soit auditeurs, soit que j'ai eus en termes d'invités, savoir quelles sont les surfaces qu'ils cultivent, les plantes qu'ils cultivent et ce qu'ils ont mis en place des plans de culture. Parce que tu vois, j'ai travaillé dans la grande distri et on faisait des plans de culture pour dire, tiens, telle année, ça va, je ne sais pas, les petits poivrons, ça va cartonner. Telle année, un tel aura besoin de telle ressource, etc. Et je me dis, ce serait hyper intéressant de se mutualiser, ne serait-ce que de connaître les surfaces, les cultures. Également, avoir une vision, une perspective avec les plans de culture. Qui va travailler quoi ? Quelle variété ? Quelle couleur, entre guillemets ? Et... Pour le côté agronomique, à la sortie de cette quinzaine de l'agriculture teintoriale, ce qui a été remonté, c'est qu'en fait, les agris aimeraient avoir connaissance des différents facteurs qui augmentent le taux de colorant dans les plantes. Donc, j'ai travaillé dessus, j'ai fait des épisodes de podcast. Il y en a une dizaine qui peuvent influer, en tout cas, de ce que j'ai trouvé. Donc, comprendre ces facteurs. Et il y en a même qui demandaient des tests faciles à faire sur champ pour froisser ta feuille d'indigo et te dire c'est bon, ma persiquaire, enfin froisser ta feuille de persiquaire plutôt, et dire c'est bon, j'ai un super taux de colorant, on y va, on récolte. Je sais qu'il y a Erubescence, donc c'est Christine d'un Grandot, qui travaille elle sur la garance et qui fait des tests en champ sur les racines directement pour voir si le taux qu'elle recherche dans les rouges est assez puissant. Et elle suit cette évolution. Et c'est des sujets qui sont sous brevet, un peu accord de confidentialité, machin. Et en fait, l'idée, ce serait d'arriver à trouver des outils faciles de mesure qui soient applicables en champ et surtout qu'on puisse démocratiser. Parce que ces acteurs, comme tu dis, c'est soit dans des petites surfaces, soit dans leur jardin. Ce n'est pas forcément déclaré dans des cultures, mais pas forcément en tant que teintorial. Parce que tu n'arrives pas, tu n'as pas de mention teintorial. Donc du coup, s'il n'y a pas cette mise en relation de ces acteurs, en fait, l'information, tu la perds. Tu ne sais pas ce qu'on cultive comme couleur, tu ne sais pas s'ils se partagent les bonnes infos et tu ne sais pas comment tu peux les aider à récolter au bon moment parce que c'est tellement un boulot quand même de cultiver des plantes pour la couleur qui serait quand même… Enfin, tu vois, si on attend trois jours de soleil de plus pour avoir une augmentation de ton colorant, c'est quand même hyper intéressant d'avoir cette info. Donc, tu vois, tout ça, c'est des sujets qu'on a pointés du doigt pendant cette quinzaine de l'agriculture territorial, que je suis allée défendre auprès des chambres d'agriculture. Tu sais, en France, il y a eu un genre de conférence où tu avais toutes les chambres des régions. Et donc, ces problèmes-là, on les a… Enfin, en tout cas, moi, je les ai recités à cette chambre d'agriculture en disant Est-ce qu'il y a moyen de mettre des outils agronomiques, des ressources ? Et donc, la conclusion, c'est toujours la même, c'est que tant qu'il n'y a pas soit un gros client, soit un énorme budget, que ce soit des aides, des subventions, etc., il n'y aura rien qui sera entrepris. Donc, la recommandation qui a été faite, c'était, un, regroupez-vous. Donc, tu vois, on m'a suggéré de faire une association à récovers où tous les agris viendraient, etc. Bon, je ne peux pas être partout. Donc, se regrouper, réussir à récolter des fonds et ensuite travailler sur, ben voilà, ces études agronomiques, ces mutualisations de quantité. et le lien entre l'agriculture et l'industriel, parce que comme tu dis, derrière, ensuite, il faut que ces extraits, ils soient de bonne qualité pour être travaillés en industrie, soit dans des machines spécifiques dédiées à ça, soit dans des machines qui existent déjà, dans lesquelles on va venir, à la place de mettre des extraits synthétiques, venir mettre des colorants végétaux. Donc, tout ce que tu... C'est génial, parce que tout ce que tu me dis là, c'est tout le boulot que j'essaye de... Tu sais, d'essayer de recoller les morceaux, c'est le pulse que j'essaye de monter. très difficilement, mais voilà, c'est l'idée. Donc, je vois que c'est quand même la bonne route, en tout cas. J'avais une autre question. Alors, la transition est plus difficile, mais est-ce que tu travailles aussi sur tout ce qui est plantes envahissantes et autres sources sectoriales que sources cultivées ? Parce qu'il y a ce qu'on cultive en champ, et en fait, on se rend compte que tu peux trouver de la couleur dans des plantes envahissantes, dans des déchets d'industrie, dans plein de choses. Est-ce que c'est quelque chose que tu t'autorises à regarder ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Oui, bien sûr. Voir même, je me dis, c'est l'une des principales catégories de plantes les plus intéressantes en termes d'utilisation pour une échelle. on va dire semi-industrielles ou industrielles. Voire même pour moi, le plus intéressant, c'est de se focaliser sur des plantes qu'envahissantes, parce qu'envahissantes voudra dire qu'il y a un potentiel de domestication, de culture derrière, et que si nous voulons tout de suite augmenter l'échelle, ces plantes seront déjà présentes. pour ne pas attendre la culture de quelques années avant de pouvoir avoir des matières premières. Donc justement, il y a par exemple deux principales plantes au niveau de Cholrophile, notamment la source de bleu et la source de vert que j'avais déjà publié un peu sur LinkedIn et que tu as probablement vu passer.

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, et c'est sur quoi je voudrais, si tu as le droit d'ailleurs d'en parler. d'ailleurs si t'as pas le droit tu dis que t'es sous accord de confidentialité tu nous dis que ce que tu peux nous dire mais c'est vrai que ça m'intéresse donc du coup tu pars de sources qui sont envahissantes donc fortement présentes avec un potentiel un potentiel en termes de volume une grosse biomasse et tu vas chercher, c'est ça que je trouve génial c'est une couleur qui deux couleurs qui font défaut le bleu parce que comme tu l'as dit tout à l'heure à part la persiquaire, le pastel et quelques indigotiers le bleu c'est quand même pas très fréquent. Et le vert, c'est, je dirais, rarissime quand même pour moi, parce que nous, ici, tu vois, j'ai entendu, oui, telle plante fait source de vert. Bon, tu vois, donc je trouve que tu t'es orienté vers deux vrais besoins. Est-ce que tu peux nous en dire plus sur ta recherche de bleu et de vert ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    En fait, ces recherches de bleu et de vert, c'est un peu devenu... une obsession aussi sur ces dernières années de recherche comme j'entendais toujours le vert c'est toujours un mélange de bleu et de jaune le bleu c'est toujours artificiel, enfin il y a très très peu de sources de bleu, donc dès que j'ai vu à travers mes enquêtes qu'il y avait potentiellement des sources de bleu et de vert, je me suis dit il y a quelque chose à faire voire même que Pendant ma thèse, j'avais ces deux pistes-là, mais que je n'avais pas pu traiter à l'époque, puisque soit on n'avait pas la matière, soit on n'avait pas le procédé et qu'on n'a pas eu de bons résultats. Quelques années après, et j'en suis fier parce que nous avons réussi à développer quand même les procédés qui permettent d'utiliser ces plantes, donc de les trouver déjà, voire en grande quantité, et les procédés qui permettent... d'extraire les principes afin de les utiliser dans différents domaines. Donc si je parle du bleu, le bleu il vient du Ravennala madagascariensis, ce qu'on appelle l'arbre du voyageur.

  • Mahery Andriamanantena

    Un genre de palmier ? Oui, que j'ai vu à la réunion justement. Justement, oui. Ça ressemble à un palmier.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Ça ressemble à un palmier. On dit que c'est un faux palmier. Cette plante par exemple est réputée envahissante à La Réunion et à l'île Maurice. Et à Madagascar, il y a encore des hectares, des forêts entières de Ravenala, des forêts naturelles, parce que c'est un arbre qui se multiplie facilement après les feux de brousse, après... après le cyclone qui est très résistant également au cyclone. Donc je dirais, je ne me focalise pas seulement sur les plantes envahissantes, mais on a quand même été bien chanceux d'avoir trouvé une plante envahissante, et qui est également emblématique de l'océan Indien. Donc une plante envahissante, mais une plante également qui a des potentiels en termes d'ingrédients naturels ou de coloration. Donc le pigment qui est extrait de cette plante, la matière, c'est une matière qui est très grasse. Donc c'est plus une matière grasse où le colorant est bien réparti sur cette matière, donc plus une utilisation dans le domaine de la cosmétique.

  • Mahery Andriamanantena

    Plus une huile pigmentaire presque.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Voilà, oui. Donc une huile pigmentaire, une huile bleue qui peut être incorporée dans tout type de plantes. de formulation comme c'est déjà un ingrédient qui est sur la liste INSEE. de la cosmétique européenne mais utilisée en tant que émollients.

  • Mahery Andriamanantena

    Ah d'accord et toi tu en as trouvé en plus de la couleur, génial !

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Et oui voilà donc c'est aussi l'intérêt de ces plantes à propriété active parce qu'elles peuvent être utilisées en tant qu'émollientes mais elles confèrent également la coloration. Et en plus le bleu, enfin... on ne va pas faire un masque bleu ou des rouges à lèvres bleus, mais c'est une couleur primaire qui permet d'avoir les touches de violet, de vert, de marron, et ainsi de suite. Donc comme c'est une couleur primaire, c'est une couleur également qui est très recherchée dans le domaine de la cosmétique, et des sources naturelles de bleu stable, donc c'est très stable à l'UV. C'est stable également à des températures modérées d'utilisation en cosmétique et stable également au pH. Donc ça permet d'ouvrir l'utilisation de la plante. Top,

  • Mahery Andriamanantena

    nickel. Et alors je vais forcément te la poser la question, mais d'emblée j'ai l'impression que plutôt non. Comme c'est un système d'huile pigmentaire, tu ne peux pas l'envisager pour la teinture.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    On a essayé pour la teinture de fibre naturelle, mais justement cette partie... Grasse, je pense. Ça ne veut pas forcément... Ça crée... Visuellement, artistiquement, c'est très beau, mais si on va porter le vêtement, c'est vraiment très gras.

  • Mahery Andriamanantena

    D'accord, ok. Ce bleu de l'arbre du voyageur, et tu as raison, c'est un arbre symbolique, parce que c'est vrai que c'est un arbre qu'on met souvent en avant sur les cartes postales de la Réunion, etc. Donc, celui-là. Et ta source de verre ? J'ai vu ta photo sur LinkedIn. J'essaierai de mettre le lien parce que franchement, ça m'a bluffée. Vraiment, je suis très curieuse.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Pour la source de verre, pour la petite historique, c'est justement Dominique Ardon qui m'avait soufflé cette piste à travers ses enquêtes à Madagascar. Elle m'avait raconté, c'était sur ma deuxième année de thèse, on s'est rencontré au niveau d'une conférence sur la peinture naturelle. Elle m'avait montré une écharpe qui était d'un vert, tu vois, ce n'est pas les verts kaki ou verts qu'on voit généralement, c'est vraiment d'un vert pur et foncé. Donc elle me disait que ça provenait éventuellement de telle ou telle plante, de telle ou telle région. Donc j'ai mené mes petites enquêtes, j'ai trouvé la plante. Il y a une artisane qui m'avait montré comment faire, mais je n'ai jamais réussi à sortir ce verre pendant ma thèse. Donc je me suis dit que j'aurais d'autres occasions. Peut-être qu'elle a rajouté quelque chose dedans, mais que moi je n'avais pas vu. Et en fait, c'est très scientifique. Et qu'il y a... facteur de variation qui fait en sorte que ça donne la couleur verte. Bien sûr je peux pas vous dire plus parce que c'est un procédé qu'on est en train d'optimiser, qui est presque optimisé et un brevet en cours de rédaction. Donc c'est une plante qui a été déjà utilisée par des artisans, donc des connaissances traditionnelles que nous on a essayé d'optimiser pour comprendre. qu'est-ce qui donne ce phénomène et également comment reproduire cette couleur en échelle et standardiser. Génial. Parce que nous, on entend dire que si c'est cette plante qu'on utilise, elle est un peu plus verte. Si c'est l'autre, c'est moins vert. Si on la laisse toute une nuit, ça donne cette couleur. Si on la laisse que quelques heures, ça donne une autre couleur. En fait, nous, on s'est dit que c'est toujours de la science. Ce n'est pas possible que ça soit... aussi aléatoire. Aléatoire. Et finalement, on a trouvé quels étaient les facteurs de variation qui donnaient le vert à tous les coups et qui nous permettaient de maîtriser les palettes de vert, du vert clair au vert français.

  • Mahery Andriamanantena

    Celui que tu as mis en ligne, il est vraiment... Je n'en ai jamais vu des comme ça de vert. Donc oui, il faut vraiment que je remette le lien de la photo pour que les gens puissent aller voir sur ton LinkedIn. Donc cette source de verre est là plutôt destinée au textile, si je comprends bien.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Particulièrement au textile, oui. Nous sommes en train d'essayer de voir un peu s'il y a d'autres types d'applications, mais en tout cas, l'application textile, elle est confirmée, elle est bien validée.

  • Mahery Andriamanantena

    D'accord, ok. Donc, ce que je comprends, c'est que tu as fait un parcours pendant sept ans de recherche, tu as tout le bagage qu'il faut, clairement, c'est l'agronomie, la phytochimie et tout ce qui est dans le textile, etc. tu as expérimenté pendant sept ans. Quels sont pour toi les défis qu'il faudrait relever pour qu'on parle davantage de la couleur végétale, pour que ce soit davantage employé ? Qu'est-ce qui, pour toi, manque aujourd'hui ? Qu'est-ce qu'on doit faire, en fait ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Moi, je dirais, en termes vraiment de... en quelques points, en termes de marché. Parce que, on dirait que nous sommes encore une... Petite communauté à être intéressée par la couleur végétale, même si petit à petit on voit que ça se développe. Et ce marché, ce lobbying en termes de consommateurs et d'utilisation, bien sûr nous on peut apporter notre pierre par rapport à cela, mais il faut que ça soit sur une large clientèle, une large population. en passant par les industriels ou en se mettant en communauté pour pouvoir avoir plus d'impact.

  • Mahery Andriamanantena

    Ok, donc des débouchés de niveaux conséquents pour pouvoir accompagner la filière de la graine, de la plante à la fin, et donc des acteurs conséquents, type industriel ou plus grande marque, qui peuvent montrer la voie, entre guillemets. Et du coup... lever les préjugés parce qu'il n'y a rien de mieux que le faire pour montrer que c'est possible en fait. Donc on est bien là-dessus. Ok, d'accord. Est-ce que tu as, dans ton choix de créer Colorophile, tu as dû faire une étude de marché des autres entreprises qui pouvaient proposer le même type de service que toi ? Est-ce que tu as trouvé, donc si je ne dis pas de bêtises, nous en France, métropolitaine, on a Greening qui propose ce genre de service et on a Plant. et couleurs avec Anne de La Sayette. On les a tous les deux reçus. Donc, épisodes 9 et 10 pour Greening et épisode 26 pour Anne de La Sayette. Est-ce que tu connais d'autres acteurs en France métropolitaine ? Est-ce qu'à La Réunion, à Madagascar, à l'Île Maurice, dans ton secteur, est-ce que tu en connais d'autres ou au niveau international ? Et comment tu as fait pour te positionner ? Parce que je trouve que tu fais des choix stratégiques intéressants de par la source que tu choisis, de par... Donc, on a dit des... sources renouvelables, tu embarques directement le sourcing qui est le nerf de la guerre pour pas avoir de fraude tu prends des couleurs qu'on a du mal à trouver tu pars parce que t'es d'origine malgache d'une faune enfin d'une flore plutôt d'une flore qui est encore enfin j'ai pas envie de dire encore à découvrir mais si tu vois j'ai l'impression qu'on a pas tout trouvé et qu'il y a encore plein de choses, donc tous ces choix là sont Alors, ce sont soit des coïncidences parce que tu viens de là-bas, etc. Mais je trouve que c'est hyper intelligent parce que tu te places à un endroit où j'ai l'impression qu'il n'y a personne aujourd'hui. Est-ce que tu as dans ton étude de marché des acteurs, même des gens que je pourrais interroger sur le podcast ? Mais est-ce que tu peux me dire comment tu as réalisé tout ça pour te placer si bien dans un… Je trouve que c'est ciblé, textile, cosmétique, bam, du vert, du bleu, des ressources renouvelables. Tu vois, ce que je veux dire, c'est vraiment pousser.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    En termes de sourcine Océan Indien, qui fait des entreprises qui font la même activité dans l'Océan Indien, je n'en connais pas trop. À La Réunion, mais elle est également basée entre La Réunion et Paris, il y a Aurélia Wolf, que j'ai déjà entendue sur le podcast également. Après, elle ne fait pas vraiment d'extraits, elle ne commercialise pas. d'extraits, elles commercialisent plutôt des produits finis ou bien de la peinture donc de la peinture pour les beaux-arts ou pour ces appels-là mais sur l'océan Indien je ne connais pas d'autres entreprises qui sont positionnées là-dessus enfin il y en a beaucoup qui se focalisent sur les plantes actives, les plantes propriétaires biologiques médicinales ou nutraceutiques Mais en termes de colorants et pigments, pour le moment, il n'y en a pas tant que ça. Si je parle de Madagascar... Il y a aussi des entreprises qui font de la coloration de soie, de la coloration et confection de produits à base de raffia ou de soie. Mais ça reste au niveau de cette échelle artisanale. Et donc toujours le souci avec l'artisanal, c'est que déjà le sourcine, il est compliqué. Et en termes de répétabilité, le jeûne que nous allons produire aujourd'hui, ne sera pas le jeûne qui sera produit demain. C'est vraiment là qu'on essaie d'intervenir, de standardiser les process pour avoir un produit standard, un produit qui est répétable, qui peut répondre aux besoins du marché. Après, en métropole, je connais un peu ces entreprises, Couleur de Plante et Greenin, je trouve qu'ils ont de très beaux projets. Ils font énormément pour vulgariser cette filière des collants végétaux. Mais nous ne travaillons pas sur la même source puisque ce ne sont pas non plus les mêmes biodiversités.

  • Mahery Andriamanantena

    C'est génial. Franchement, je suis hyper contente de ton projet. Je te dis, j'ai vraiment eu un… Tu l'as vu, on est très vite rentrés en contact sur LinkedIn parce qu'on est sur les mêmes sujets. On a le… Voilà, donc on a très vite voulu échanger. Je suis vraiment hyper contente de ton projet, je te le dis, parce que j'y vois plein d'intérêts. Plein d'intérêts parce que tu adoptes une autre échelle, des autres ressources, tu prends des critères en compte qui, à mon sens, te feront gagner du temps pour la suite. Cette histoire de sourcing, de traçabilité, tout ça, c'est hyper important. Les bio mordants, pour moi, c'est la cerise sur le gâteau. Et c'est ce que je te disais, les après, pareil, je pense... que d'autres entreprises vont y aller, mais je pense que vous avez carrément les ressources dans l'océan Indien. Je suis très... Comment dire ? J'ai beaucoup de... J'ai du mal à parler aujourd'hui. J'ai beaucoup d'espoir avec les dom-toms, notamment, tu vois, je vais recevoir une Guyanaise qui travaille pareil, la phytochimie, la nutraceutique, l'utilisation des colorants. Elle a plein de choses à raconter. On a eu Henri-Joseph de Guadeloupe. Je sais que ça bouge beaucoup dans les... dans les dom-toms, la Martinique me demande T'as pas interrogé la Martinique ? Et en fait, je vois une effervescence. Alors, elle est présente en métropole, mais j'ai l'impression qu'on est un peu plus en métropole, comme tu disais tout à l'heure, sur des sources déjà connues, historiques, qui a un peu moins d'innovation dans les plantes à découvrir, si je peux me permettre cette réflexion. Et du coup, vous êtes un peu... de nouveau l'énergie qui va stimuler l'effervescence de la découverte des plantes, des techniques. Donc, je suis vraiment hyper... J'ai hâte de suivre tes aventures et j'aimerais que tu puisses revenir, tu vois, nous raconter régulièrement ce que tu as découvert, tes premiers... Quand tu auras le droit d'en parler, mais voilà, tout ce que tu vas trouver, ça m'intéresse à fond, et tes domaines de recherche. Je vais arrêter de parler trop. Est-ce que tu peux me dire si tu étais un colorant ? une plante tanctoriale, on va dire, ou une source tanctoriale, laquelle tu serais et pourquoi ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Si j'étais un colorant, si j'étais une source tanctoriale, je dirais que je serais l'arbre du voyageur. Je suis obsédé par cette plante dernièrement, mais il y a une raison. Parce que je me dis... L'arbre du voyageur, c'est un arbre qui est très stable, qui ne bouge pas, même après le cyclone ou les feux de brousse. Et je me reconnais un peu à travers ce caractère, parce que tous mes collègues le diront, je suis de nature très très calme. Je crois même qu'à la fin de ma thèse, lors de ma soutenance, c'était la remarque de mon directeur de thèse que Il n'a jamais vu quelqu'un, un doctorant, qui ne s'est jamais énervé sur les trois anthèses, enfin quatre anthèses. Donc, cette stabilité, mais qui cache quelque chose au fond de lui, qui cache cette couleur bleue, enfin, ce n'est pas moi qui l'ai découvert, bien sûr, mais j'ai envie de la pousser, de faire en sorte qu'elle ait une belle aventure. dans différents types d'utilisation.

  • Mahery Andriamanantena

    Génial, c'est génial. Est-ce que tu as des livres que tu voudrais recommander aux auditeurs sur la flore réunionnaise de Madagascar ou sur des sujets ou des livres de phytochimie ? Parce qu'on me demande beaucoup en ce moment, je ne te cache pas, d'aller plus explorer la phytochimie. J'ai reçu notamment une chercheuse de l'ITEPMAI en France sur tout ce qui était technique d'extraction, phytochimie, pharmacopée pour reposer tout ça. Les livres qui t'inspirent et que tu as envie de mentionner ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Là, je pense tout de suite à Le monde des teintures naturelles de Dominique Ardant. Après, je pense que la plupart des gens qui travaillent dans le domaine de la coloration végétale l'ont déjà. C'est vraiment une bible qui m'a permis d'apprendre, de comprendre et d'innover par rapport à cette filière de la coloration végétale. Après, j'aimerais aussi conseiller aux gens de partir un peu plus sur les articles scientifiques. Parce que j'ai vu qu'il y a vraiment beaucoup d'études qui ont été effectuées sur des process qui sont très détaillés dans les articles scientifiques par rapport à l'utilisation, à l'extraction, voire même à l'application, soit dans la coloration cosmétique ou dans la coloration de textile. Donc moi j'ai vraiment... appris avec cette base scientifique de plutôt partir sur ces articles scientifiques-là, juste en tapant des mots-clés sur les moteurs de recherche d'articles scientifiques. Et en fait, même si on n'est pas vraiment scientifique, on peut quand même trouver des informations qui peuvent nous aider par rapport à l'extraction, par rapport à l'application.

  • Mahery Andriamanantena

    Oui, complètement. Alors, pour rebondir sur ce que tu viens de dire, j'ai lancé l'Aréco Veille. C'est exactement ce que je fais. C'est tous les jours, je regarde les articles scientifiques qui sont parus sur la couleur végétale dans le monde entier. Alors, ça n'arrête pas. C'est-à-dire que l'Inde, la Chine, la Thaïlande, ça n'arrête pas. Tous les jours, dans toutes les applications, soit des nouvelles méthodes d'extraction, soit des nouveaux colorants associés, des plantes qu'on utilisait pour autre chose. comme tu disais tout à l'heure, qui ont des propriétés émultifiantes ou émolliantes, je ne sais plus exactement le terme, émolliantes et qui finalement peuvent aussi apporter de la couleur et c'est un peu ça. Et donc du coup, dans cette Arécoveille, je mets par domaine d'application de la couleur végétale, les différents sujets de recherche et comme tu disais, l'anglais est indispensable parce que tout est publié en anglais. Donc, tu es obligé d'avoir des traductions et faire attention à la traduction pour ne pas te planter parce que des fois, ils te parlent d'une plante traduit en français et c'est pas du tout ça, donc être vigilant sur les termes anglais, t'avais complètement raison au début de préciser ça et donc cet Arecoveil, le but c'est vraiment d'ouvrir les chakras et de voir que depuis, donc tu vois je l'ai démarré en octobre dernier et depuis octobre, l'intensification des publications, c'est incroyable, donc tu vois j'ai vraiment je me dis que ça c'est un indicateur quand même d'un vrai retour sur ce sujet là et c'est pas que dans le textile C'est aussi dans l'alimentaire, c'est aussi dans la cosmétique, dans la nutraceutique à fond les ballons. Et du coup, je me dis, tu vois, tous ces petits signaux faibles, moi, me donnent beaucoup d'espoir en me disant, tu vois, il y a moyen que vraiment cette filière teintoriale, elle se structure et qu'on arrive à trouver quelque chose à faire. Enfin, voilà, c'est vraiment mon vœu. J'ai une dernière question à te poser. Est-ce que tu embauches des gens dans ta startup ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Pour le moment, pas encore. Pas tout de suite, mais bien sûr que c'est prévu. Après, pour faire la veille documentaire aussi, déjà, c'est… Eh bien,

  • Mahery Andriamanantena

    tu peux. Eh bien, moi, je la fais, ta veille documentaire. On s'en parle après. Mais non, mais c'est, tu vois, un service aussi que j'essaye de proposer pour… Tu vois, moi, j'essaye de faire vivre ce podcast gratuitement pour tout le monde. Mais il faut bien que derrière… Donc, je leur explique. Je fais des missions pour des entreprises, que ce soit agronomique, que ce soit dans tous les métiers que j'ai faits. enfin je n'en ai pas fait 12 000, mais tous les métiers que j'ai fait avant, j'essaye de les mettre à disposition pour le secteur de la couleur végétale et que globalement ça fasse avancer la filière teintoriale. Et je garde ce souhait qu'on va y arriver à se mutualiser, à raccrocher tous les maillons et qu'on va y arriver en fait, parce qu'on a tout et en fait, il faut, comme je te disais, mettre les pièces les unes à côté des autres, mais on a tout ce qu'il faut. Donc si tu as besoin de veille, il n'y a aucun problème. Et la dernière vraie question que je voulais te poser, c'est à qui tu penses ? pour continuer ce genre d'échange qu'on a eu, à qui tu penses pour parler de la couleur végétale, de ses recherches, de ses sources, de ses découvertes en plantes tectoriales, tu aimerais me recommander quelle personne ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Là, toutes les personnes que j'ai en tête sont déjà passées au niveau de ton podcast. Je suis par exemple en contact avec Dominique Ardant, Aurélia. J'avais quelqu'un en tête également, mais je l'ai vu il y a deux semaines. Il m'avait dit que c'était prévu que tu fasses déjà un podcast avec lui. Donc Patrice André que j'ai vu. On a déjà venu ensemble il y a quelques jours.

  • Mahery Andriamanantena

    Génial.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Là, je n'ai pas d'autres personnes en tête, mais si quelqu'un me vient, je t'informerai.

  • Mahery Andriamanantena

    Top, génial. Franchement, je te dis, j'ai vraiment apprécié nos échanges. Je trouve que ça refait le pont entre plein de sujets qu'on avait vus avec les invités. Est-ce que tu as un sujet qu'on n'a pas abordé que tu aimerais mettre en avant ? Est-ce qu'il y a quelque chose qu'on n'a pas... qu'on n'a pas abordé et que tu aimerais venir ajouter ?

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Je pense que la plupart de ce que je voulais dire a été dit. Après, il y aura d'autres occasions, j'imagine. Carrément. Dès que nos brevets seront déposés, voire publiés, on parlera de ces sources de bleu et de vert et tu pourras me poser toutes les questions que tu veux. par rapport à ces deux couleurs.

  • Mahery Andriamanantena

    Génial. Bon, écoute, Maëry, je te dis vraiment un très grand merci pour tout ce temps de rentrer dans les détails, de nous expliquer, de nous partager tout ça. On sent ta volonté. Tu cherchais le mot tout à l'heure pour l'arbre du voyageur. Il est résilient. Il passe les encombres. Il tient bon. Il persévère, etc. Je te souhaite plein de bonnes choses pour ton projet. Et comme je te dis, tu viens quand tu veux nous en reparler. Un grand merci à toi. Franchement, c'était vraiment génial cet épisode.

  • Pauline Leroux ArtEcoVert

    Merci pour l'invitation. C'est toujours un vrai plaisir pour moi aussi de parler de couleur végétale, de parler de la biodiversité, de parler de la nature.

  • Mahery Andriamanantena

    Alors, je coupe ici. Je vous invite à me rejoindre sur ma page Instagram ARTECOVERT pour y découvrir le nom des prochains invités. Je me permets de vous rappeler que la seule manière de soutenir ce podcast est de le noter et le commenter. sur la plateforme d'écoute de votre choix. C'est ainsi qu'on arrivera à faire porter la voix de ces passionnés de la couleur végétale. Merci à tous ! Savoir si vous allez aimer, les mots clés du podcast ArtEcoVert : teinture végétale plantes tinctoriales indigo garance encre végétale couleur végétale colorants végétaux pigments végétaux coloration capillaire végétale fibres naturelles colorants biosourcés tanins teinture naturelle plantes artecovert couleurs de plantes design végétal couleur jardin agriculture tinctoriale

Chapters

  • Introduction au podcast ArtEcoVert et à l'invité Mahery Andriamanantena

    00:00

  • Présentation de Mahery Andriamanantena et de son parcours

    00:44

  • Les débuts de Mahery dans la couleur végétale et ses inspirations

    02:10

  • Le rôle de consultant de recherche de Mahery

    03:36

  • Rétrospective des 7 ans de recherche sur les plantes tinctoriales

    06:52

  • Les propriétés médicinales des plantes tinctoriales

    09:41

  • Les défis de la couleur végétale dans l'industrie

    11:46

  • Présentation de la start-up Colorophile de Mahery

    28:47

  • Les limites actuelles de la filière des colorants végétaux

    39:57

  • Conclusion sur l'avenir de la couleur végétale et les recommandations

    01:04:49

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