Julie LandryBonjour à tous et à toutes, surtout merci pour votre accueil. Moi j'arrive de l'Eure-Loire et je suis d'origine gabonaise. Avant d'aller parler de la couleur... Moi, je voudrais partager avec vous mon histoire. Et comme vous le saviez toujours, quand on arrive les premiers sur un secteur, ça demande toujours du temps, de la communication, parce que ce projet, j'ai commencé en 2013. Et aujourd'hui, je suis plutôt contente parce que finalement, je n'ai jamais lâché. J'ai continué mon parcours pratiquement toute seule. Mais avant d'aller parler de la couleur, je voudrais vous embarquer surtout dans mon histoire. Comme je dis toujours en France, Quand on est malade, on va voir le médecin. Ensuite, on rentre dans la pharmacie pour aller chercher les traitements. Mais moi, quand j'étais jeune, bon, ça c'est avant, ça c'était avant. Quand j'étais plus jeune, on allait voir ma grand-mère, Jeanne. Ensuite, on rentrait dans la forêt. Nous, la forêt, c'est avant tout notre pharmacie, notre garde-manger. Tout se passait en forêt. Moi, je faisais partie des petits enfants qui n'aimaient pas du tout l'école. Je faisais l'école bisonnière, mais j'allais avec ma grand-mère dans la forêt. Et quand on rentrait dans une forêt, je ne sais pas si certains d'entre vous ont déjà vu une vraie forêt, parce que ce n'est pas le petit bois comme on voit en France, mais la vraie forêt. Vous ne voyez pas le soleil, vous cherchez la sortie. Et ma grand-mère, elle disait toujours, il ne faut pas toucher les arbres, il faut toujours marcher bien droit parce que les arbres, on peut tomber sur les insectes. ou les serpents, j'avais une phobie des serpents, donc il fallait marcher droit. On faisait des kilomètres et des kilomètres pour aller chercher à manger. Et puis les forestiers sont arrivés dans nos forêts. Et ma grand-mère, elle disait, mais ils nous ont pris nos forêts. Parce qu'en fait, il faut savoir, les forestiers, quand ils arrivent, ils occupent des parcelles. Et ça devient privé. Donc ça nous obligeait à aller plus loin. Donc on marchait des kilomètres pour aller chercher à manger. Ou comme on dit, la forêt, c'était là où il y a tous les mystères. C'est là où se règlent aussi les choses. Et puis, avec les années, il fallait faire avec. Sauf que les forestiers, quand ils sont arrivés, ils ont commencé à générer des déchets dans les forêts. Il faut imaginer que ces produits sont là depuis des années et des années. Donc quand ils arrivent dans une concession, ils font les découpes, donc ils font la sueur. Ensuite, ils se déplacent. D'après vous, qu'est-ce qu'ils font de ces déchets-là ? Ça reste en forêt, puisqu'ils vont se déplacer. Certains vont essayer de les valoriser. Il faut savoir qu'il y a encore dix ans, on ne parlait pas beaucoup de la valorisation. C'était un sujet tabou. Aujourd'hui, tout le monde en parle, parce qu'on est sur l'effet mode. Il y a plus de dix ans, quand j'ai commencé, personne ne s'intéressait à la valorisation des coproduits. Aujourd'hui, on en parle parce qu'on est dans l'ère du temps. C'est pourquoi aujourd'hui, j'ai des marques qui viennent me voir parce que je valorise un coproduit. Mais pour mettre ça en place, ça demande des années. Donc, pour mettre en place ce travail, nous, je parle toujours de la pionnière en termes de valorisation, parce que j'étais déjà là à 10 ans. Donc, c'est un travail qui a été mis en place, puisqu'on parle de la traçabilité. C'est tout un parcours que j'ai mis en place pendant plus de 5 ans. Quand M. Macron est parti en Afrique, il m'a appelé, parce que j'étais capable de leur parler de cette valorisation. Donc, j'ai intégré l'Association des forestiers. Aujourd'hui, quand je parle de la valorisation, c'est aussi l'image du forestier. Parce que ces forestiers, ils utilisent des bois certifiés. Ils ne découpent pas n'importe comment. Donc, je préfère privilégier cette filière des bois certifiés. Donc, quand j'allais en forêt, un arbre, je connaissais un arbre. Je connaissais plusieurs arbres, mais un seul m'intéressait. Parce que ma grand-mère disait, c'est notre paracétamol. C'est le bois de Padouk. Avec ce bois. On pouvait soigner toutes les maladies du corps en fait, parce que quand on parle de la pharmacopée africaine... il y a des plantes il y a des arbres il y a des écorces et quand on se retrouvait devant ce grand arbre qui est vraiment énorme qu'on peut voir là on va s'adresser à l'arbre on parle à la forêt parfois je dis aux gens quand vous êtes déprimés rentrez dans une forêt vous allez vous sentir bien parce que la forêt ça parle et nous on se retrouvait devant cet arbre avec une bouteille de whisky un jus d'orange et on demandait à l'arbre si On lui demandait l'autorisation de prendre un bout d'écorce ou un morceau de son corps. On dit toujours son corps. Et quand on rentrait chez nous, ma grand-mère, il faut qu'elle aille chercher cette fameuse poudre. Donc, elle va prendre une pierre. On avait une pierre spéciale. Elle va prendre du sable. Elle va frotter entre, comme vous pouvez voir à l'image, c'est une image. qui a été faite mais l'idée c'est de vous montrer comment est-ce qu'elle faisait elle frottait et récupérait la poudre sachant que le bois de padouk c'est un bois son coeur est rouge complètement rouge en France on l'utilise en menuiserie ou les piscines, autour des piscines parce que c'est un bois qui ne prend pas de l'eau qui ne prend pas d'insectes pendant des années on a utilisé le bois du padouk en Europe, en France, notamment très loin à Lille pour faire des colorants. Mais nous, c'était notre paracétamol. Donc la grand-mère frottait pour récupérer la poudre. Avec cette poudre, elle mélangeait avec de l'huile de palme. Vous avez le rituel. On frotte, on mélange avec de l'huile. On va badigeonner sur le corps. On va utiliser cette poudre pour toute la partie des rituels. Vous savez, quand une femme en Afrique, quand il y a des décès, pendant une semaine, Pendant presque un an, on va porter un tissu noir, donc le deuil. Et il faut le retirer, le deuil. Donc on dit, on dédeule. Et pendant une semaine, les femmes vont se badigeonner de la poudre de padouk. Certains diront que c'est du kaolin. Mais ce n'est pas du tout du kaolin. C'est de la poudre de padouk. Et à la sortie, une semaine après, l'idée c'est d'être belle. Donc ça va embellir la peau. Mais on utilisait cette poudre. poudre sans savoir les effets thérapeutiques comme on voit aujourd'hui en France, le travail que j'ai pu mettre en place. Mais on savait déjà que quand on sortait de ce rucuel, on avait une peau qui était magnifique. On ne savait pas comment expliquer, mais il fallait l'utiliser. C'était la contrainte. Après les accouchements, on utilisait aussi cette poudre-là. On l'utilisait pour les traitements de la peau, des teignes, des dysentries. En fait, on faisait les décoctions. Ça, j'ai vu ma grand-mère le faire pendant des années. Mais comme je n'aimais pas l'école, et vous savez, la tradition en Afrique, c'est tout se transmet oralement, très peu d'écrit. Donc, j'ai eu la chance d'hériter de ce patrimoine oral. Aujourd'hui, j'ai le devoir, pratiquement la mission, de faire connaître cette matière au monde entier. Et c'est le travail que je mets en place depuis quelques années. Aujourd'hui, j'ai créé Bois d'Essence, qui est une société qui vend les matières premières. issus des coproduits des forêts africaines. Sachant que vous pouvez voir une photo d'une jeune dame qui, lors d'un mariage traditionnel, pareil, va se badigeonner. Et on va l'utiliser aussi dans les rituels du Gabon. En fonction des provinces, des ethnies, donc on va l'utiliser différemment. Mais ce qui est sûr, c'est que le padouk est utilisé partout. Mais pourquoi le padouk n'a jamais été connu en Europe ? Alors pour la petite histoire, moi je suis allée voir le professeur Gacita qui a travaillé sur le padouk il y a quelques années. Il est à l'université de Reims. Il m'a expliqué pourquoi. Alors il m'a dit, quand il est arrivé en France, il est arrivé avec un arbre qui s'appelle l'iboga et le padouk. Il s'avère que les maladies qui concernaient le bois de padouk, c'était des maladies en lien avec l'Afrique. Donc aucun intérêt. Et le padouk a été mis dans un tiroir. L'Iboga aujourd'hui, il est utilisé partout pour les toxicaux, on le voit un peu partout. Mais le padouk a été mis dans un tiroir. Et il m'a dit, tu as bien fait de le ressortir. Aujourd'hui tu as sorti une pépite, mais tout le reste reste à venir. Mais quand il m'a sorti cette phrase, je ne voyais pas vraiment de quoi il parlait. Je le découvre aujourd'hui. Donc vous pouvez voir la transmission autour du padouk. Ça c'est ma grand-mère. J'ai fait la promesse, comme je l'écris, de faire connaître au monde entier le padouk. Donc, c'est un fardeau. Toutes les personnes qui découvrent cette histoire ont l'obligation aussi de la faire connaître, parce que finalement, je partage. Et si je partage, ainsi de suite, tout le monde va arriver à faire connaître cette essence-là. C'est le but, d'être partout, un peu comme le beurre de karité. Alors, pour la partie cosmétique, aujourd'hui, je n'en parle pas beaucoup, parce que je suis en... un contrat de collaboration avec un groupe scientifique et un groupe de cosmétiques. Tout à l'heure, vous disiez qu'il y a un engouement autour des colorants, tout ce qui est végétal. Je vis cette expérience aujourd'hui parce que j'ai beaucoup de marques qui viennent me voir. J'ai quelque chose de naturel. Il y a quelques années, personne ne venait. Mais là, ce n'est même plus question. Donc, je ne pouvais pas parler de la partie scientifique, mais vous pouvez découvrir mes extraits qui ont été faits. Aujourd'hui, ce sont des estrés qui sont brevetés, utilisés par des grands groupes. Je ne peux pas donner des noms parce que ça reste toujours confidentiel. Quand on travaille avec le luxe, on ne parle jamais, malheureusement. Pendant que, comme vous le savez, quand on fait des estrés, ça demande du temps, beaucoup, beaucoup de temps. On a mis deux ans pour faire un estré et beaucoup d'argent, beaucoup de fonds, des fonds aujourd'hui que je finance toute seule. Les professionnels, quand ils sont au courant d'une nouvelle matière, ils s'accaparent à la matière. Personne ne peut utiliser la matière. Donc, vous devriez attendre. Pendant ce temps, je me suis dit, il faut manger, il faut vivre. Mais comment faire ? Parce que finalement, j'ai une matière qui est multifonction. Donc, je suis allée tester dans du peu et là. On a parlé tout à l'heure du nouveau matériau. Donc, avec cette couleur. Je vais vous faire passer comme ça, vous pouvez découvrir. Cette poudre de palou qui a été broyée. Je n'ai pas fait comme ma grand-mère, parce que c'est beaucoup de travail. Donc, j'ai fait appel à des sociétés qui font du broyage. Là, on a un 30 microns de la cosmétique. Ça va dans des produits cosmétiques, produits pour les cheveux, pour les vernis à ongles. Ça va partout. C'est vraiment énorme. Et ça m'a rappelé quand on m'a dit, tu as sorti une pépite, mais tout le trésor reste à venir. C'est maintenant que je le découvre avec une seule matière. On a pu le colorer dans le Peuillet-Lat. Vous avez en image, c'est le Peuillet-Lat. Alors, il faut savoir une chose, les industriels, ils n'aiment pas le fait que les couleurs, ça doit changer. Je me suis confrontée à ce problème. Il a fallu trouver des solutions. Donc, on travaille, on fait des masterpatchs. Les masterpatchs. Ensuite, avec les masterpatchs, ils peuvent aller colorer le... Le plastique, on a une seule couleur qui est unie. Mais moi, je leur disais, vous me mettez, non madame, on veut être sûre que la prochaine fois, on a la même couleur. Je dis, on veut le côté naturel. Mais les industriels, ils n'ont rien à faire. Donc les masterpatchs, ça a été la solution. Donc pour les masterpatchs, on l'intègre aussi dans tout ce qui est plastique. Partout où il y a du plastique, mon boîte-padoue a trouvé sa place. à trouver sa place et le marché. Donc je travaille avec des professionnels directement. Je ne fais que du B2B. Et on a fait aussi les filaments 3D. À chaque fois que je finissais une application, une nouvelle application arrivait. C'était un bout sans fin. Et puis, comme j'aime bien l'aventure, à chaque fois que je continuais, c'est vrai que j'ai la chance d'avoir un mari, c'est mon premier investisseur. Heureusement qu'il ne voit pas beaucoup. sinon le divorce il serait pas loin c'est jamais facile avec une dame qui à chaque fois on commence il faut aller vendre mais non je ramène autre chose il dit mais c'est quand tu vas commencer à les vendre mais non je voulais être sûr que toutes les applications étaient brevetés donc j'ai réussi à tout breveter donc on a fait du peu et là les industriels de l'automobile sont venus vers moi ils m'ont dit tes couleurs sont trop colorées et nous on veut pas de ces couleurs là on veut plus foncer En fonction du pourcentage, on a pu faire du marron. Dans les voitures, on intègre cette matière que je n'ai plus mettre en évidence. Il fallait que j'aille partout parce qu'ils me regardaient, ils m'appelaient. Je suis basée à la station F à Paris, le plus grand incubateur du monde, donc forcément en voie du monde. Tous les grands groupes sont à la station F. Il fallait que je me protège au maximum. Donc j'ai pu protéger le PAYOLA. Et puis, le peu est là et prêt, mais je suis toujours à l'aventure. Je me dis, non, il faut que j'aille encore plus loin. Là, c'est table de cellulose. OK, tout le monde m'en parle. Et je suis allée voir les professionnels. Il faut savoir que je sous-traite, je n'ai pas de laboratoire. Je vais travailler en licence parce que ce n'est pas du tout mon métier. Je préfère gérer la banque que de gérer les industriels. On a fait l'acétate de cellulose en injection. Alors, ils m'ont parlé de thermocompression, pour ceux qui connaissent. Moi, je ne suis pas du tout dans la chimie ou autre. Je leur dis, j'ai tête polie, je veux que vous fassiez quelque chose de bien. et un taille de charge. Mais je me fais toujours entourée par les professionnels. Parce que derrière je lis, même si je suis seule, j'ai des hommes. Mais la plupart, c'est que des hommes qui veillent sur le projet. Je leur dis, j'ai besoin de vous. Parce que dans ma famille, on a ce qu'on appelle le corps de garde. Quand on a un problème, on appelle les anciens. Comme je ne pouvais pas le reproduire en Afrique, donc j'ai reproduit à l'identique autour de moi. Le corps des anciens. Quand j'ai un souci, je fais appel à ces professionnels-là. La plupart des retraités. Parce qu'ils ont plus de temps. L'acétate de cellulose. Je vais vous faire passer. Thermocompression. Pour l'acétate, je me suis dit, j'ai appelé les lunetiers. Tous ont refusé. Ils ont dit non, on ne connaît pas la matière. C'est quoi ce folerie ? On ne veut rien savoir. Un seul a accepté. Meilleur ouvrier de France. À Nice. J'ai fait le trajet pour aller à Nice. Et il m'a taillé cette lunette, vous pouvez voir. Je fais passer également. Je vous fais passer toute la boîte. Ça, vous allez voir. Et il m'a taillé la lunette. Quand il va tailler la lunette, on va faire passer sur LinkedIn. Et là, tous ceux qui avaient refusé sont revenus vers moi et me demandaient, est-ce que c'est possible d'avoir les échantillons ? Je leur ai dit, je ne vous donne pas les échantillons, vous allez acheter. Et du coup, aujourd'hui, on a des très belles maisons françaises qui utilisent mon acéta de cellulose. Mais au moment d'aller vendre, parce que j'ai une matière, il faut vendre. Et là, les lunetiers me disent, non, il ne faut pas vendre. On veut l'exclusivité. Mais je ne peux pas donner l'exclusivité. Du moins jusqu'en septembre, parce qu'en septembre, il y a le plus grand salon de la lunette, qui s'appelle Silmo. Et ils veulent se présenter aux Oscars avec ma matière. Je me retrouve aujourd'hui bloquée avec une matière qui est prête à être vendue, mais ils les ont tous achetées. J'ai quatre professionnels qui utilisent, mais je ne peux pas vendre à d'autres personnes, donc j'y suis en attente. Mais je me suis dit, au lieu d'attendre, je vais commencer par les filaments 3D. Donc, dans, on va dire, moins de deux semaines, je vais recevoir 25 kilos de filaments 3D, ou les imprimantes 3D. Donc, on est parti d'une poudre. d'un coproduit parce que finalement c'est un déchet. Mais moi l'idée c'était de donner le côté très haut de gamme. J'ai refusé le home care parce qu'avec cette même poudre, on fait dans les peintures anti-dérapant en fait. J'ai refusé plusieurs secteurs, mais j'ai voulu rester dans les secteurs que je maîtrise aujourd'hui. Parce que quand vous ne maîtrisez pas un secteur, il ne faut pas y aller. Donc c'est une très belle aventure que j'avais envie de partager avec vous. Aujourd'hui, ma grand-mère n'est plus là, ma mère n'est plus là, donc je suis la seule aujourd'hui qui porte ce fardeau. J'ai essayé d'initier mes enfants, mais c'est peine perdue. Donc voilà l'aventure de bois d'essence. J'espère que d'ici quelques années, on ira encore plus loin.