- Virginie
Bienvenue sur le podcast d'aVB, nous vous proposons de découvrir ou redécouvrir ensemble quelques notions clés de l'assurance en quelques minutes. Bonjour Nicolas, aujourd'hui on va faire un petit pas de côté parce qu'on va échanger ensemble sur ta participation à la journée 100% actuaire. A l'occasion de cet événement, tu as eu l'occasion de partager des travaux sur l'ALM. Et donc, je voulais que l'on ait la possibilité de revenir un peu sur cette présentation et les travaux qui ont pu être partagés. Est-ce que tu peux déjà nous expliquer quelle a été la thématique plus précisément de cette présentation ?
- Nicolas
Oui Virginie, j'ai eu l'honneur de présenter avec deux collègues de l'Institut, les travaux du GT ALM de l'Institut des Actuaires. Donc au sein de l'Institut des Actuaires, il y a des groupes de travail qui abordent certains sujets. Et donc au sein de notre groupe de travail, on a réfléchi à proposer un cadre pour la détermination de l'allocation stratégique d'une compagnie d'assurance.
- Virginie
Alors quand on parle ALM et allocation stratégique, derrière ces termes qui peuvent être un peu nébuleux, il se cachent quoi précisément ? On parle de gestion financière ?
- Nicolas
Je ne crois pas qu'on ait eu l'occasion de l'évoquer dans un podcast précédent, mais l'assurance fonctionne sur la base d'un cycle de production inversé. C'est-à-dire qu'on va collecter des primes. Et ensuite, avec les primes qu'on a collectées, on va régler progressivement les sinistres de nos assurés. Là où d'habitude, dans l'industrie, on produit un produit et on le vend. Et donc, c'est là où on encaisse nos revenus. Dans l'assurance, ce n'est pas le cas. Mais donc, entre-temps, on a de l'argent issu des primes des assurés qui sont conservées, je dirais, par la compagnie d'assurance. Et donc, on va chercher à investir cet argent pour générer des produits financiers. Et donc, quand on parle d'ALM, d'allocation stratégique, on va chercher, en fonction des objectifs de l'entité, à améliorer cette gestion financière.
- Virginie
Alors, est-ce que dans le cadre de vos travaux, vous avez proposé des pistes d'amélioration, des pistes d'optimisation de cette allocation d'actifs ?
- Nicolas
Alors, nos travaux consistaient surtout en la proposition d'un cadre qui permet de prendre en compte les différentes contraintes qui s'imposaient à une compagnie d'assurance. Le but de la compagnie d'assurance, ce n'est pas juste de générer le maximum de revenus avec ses placements. Parce que si elle essaie de générer le maximum de revenus, elle va prendre des risques et potentiellement, elle va tout perdre, elle ne sera pas en mesure de régler les prestations qu'elle doit à ses assurés. Donc, on est un petit peu sur une balance entre la performance, le risque, etc. Et donc, il y a plusieurs acteurs qui gravitent autour de la compagnie d'assurance. Il y a plusieurs normes aussi que doit respecter la compagnie d'assurance. Et donc, nos travaux s'attachaient à essayer de concilier ces différentes visions et d'aiguiller la décision en fonction.
- Virginie
Alors, tu parles du coup de contraintes. Est-ce que tu peux nous donner des exemples de contraintes qui vont poser le cadre ? C'est ça que je comprends, poser le cadre de la stratégie d'allocation qui va être choisie ?
- Nicolas
Par exemple, l'allocation d'actifs va jouer sur notre ratio de Solvabilité 2. Enfin, notre ratio de solvabilité au sens de la directive Solvabilité 2. Donc ça peut être par exemple un des indicateurs qu'on va regarder dans notre recherche de l'allocation optimale, ou en tout cas des allocations qui seraient les plus intéressantes. On peut également avoir des engagements de taux dans nos passifs, donc des assurés à qui on a garanti de leur reverser à minimum 1%, 2%, 3% sur les prochaines années. Et donc une autre contrainte que l'on peut avoir, c'est de s'assurer qu'on réalise des produits financiers suffisants pour servir ces engagements. Voilà quelques exemples. On va en retrouver des exemples qui sont plutôt prudentiels sur la partie Solvabilité 2. Des éléments plutôt financiers, comptables, d'objectifs, de résultats également pour nos actionnaires, etc.
- Virginie
Et du coup, les conclusions de vos travaux, vous les avez partagées à la journée 100% actuaire, ils ont vocation à être utilisés de façon opérationnelle ?
- Nicolas
Exactement, l'approche que l'on propose est vraiment opérationnelle. Ce n'est pas prescriptif. On ne dit pas "c'est comme ça qu'il faut faire et il ne faut pas faire autrement". L'objectif, c'est plutôt de proposer quelque chose ou en tout cas des pistes de réflexion. Donc, soit pour un acteur qui, aujourd'hui, n'est pas très avancé sur ce sujet, on propose un cadre qui est facile à mettre en œuvre pour réaliser ce type de travaux. Et sinon, on offre justement des pistes de réflexion pour un acteur qui serait déjà plus avancé, mais qui chercherait un petit peu des idées nouvelles.
- Virginie
Alors un acteur qui n'aurait pas de cadre justement et qui voudrait s'inspirer de vos travaux pour se doter d'une politique, d'une stratégie d'allocation, c'est quoi les étapes qu'il doit mener pour faire ça ?
- Nicolas
Il faut qu'il identifie ses objectifs propres, en tout cas les objectifs de l'entité ou l'objectif des parties prenantes de l'entité. Et via l'identification de ces objectifs, on va pouvoir rechercher ou réfléchir aux indicateurs qui seraient le plus pertinent pour mesurer l'atteinte ou non de ces objectifs. Une fois qu'on a défini tous nos indicateurs, on va également définir les allocations qu'on va tester. Donc un petit peu la zone au sein de laquelle on va rechercher nos allocations optimales. Une fois qu'on a défini ça, on va faire nos calculs, c'est-à-dire qu'on va pour chaque allocation estimer nos indicateurs et puis une fois qu'on a nos résultats, c'est là où on va consolider tous ces éléments de manière à pouvoir orienter la décision.
- Virginie
Très bien. Merci Nicolas pour ces explications. J'imagine qu'il y a une suite peut-être à ce groupe de travail ?
- Nicolas
Oui, l'objectif c'est que la note qu'on a produit continue de vivre et soit enrichie des évolutions réglementaires ou de nouvelles idées. Et notamment, on réfléchit à la meilleure manière de prendre en compte les aspects de durabilité au sein de ces travaux.
- Virginie
Donc peut-être de futures présentations et de futurs partages de ces travaux dans des événements à venir ?
- Nicolas
On l'espère.
- Virginie
Eh bien, on sera ravis de t'entendre.
- Nicolas
Merci beaucoup Virginie.
- Virginie
Merci. Merci.