- Speaker #0
Bienvenue sur le podcast d'AVB, nous vous proposons de découvrir ou redécouvrir ensemble quelques notions clés de l'assurance en quelques minutes. Aujourd'hui on va parler risque dans ce nouvel épisode du podcast d'AVB. On va dire que... Comme on parle d'assurance, parler de risque, ça paraît un peu évident. Mais peut-être pour commencer, Nicolas, on pourrait revenir justement sur cette notion de risque qui est assez généralisée et expliquer en quoi elle est spécifique chez les assureurs. Est-ce que tu peux nous expliquer ça ?
- Speaker #1
Oui, la plupart des entreprises ont une fonction dédiée à la gestion des risques. Cette fonction vise à surveiller, à réduire les risques auxquels est occupé. une entreprise dans le cadre de son bon fonctionnement, du bon déroulement de ses activités. D'une certaine manière, une compagnie d'assurance va acheter les risques de ses clients et doit donc intégrer ces risques supplémentaires au sein de son propre système de gestion des risques, en plus des risques qu'elle subit elle en tant qu'entreprise classique. Donc ce mécanisme va venir augmenter l'importance de la fonction gestion des risques au sein des compagnies d'assurance.
- Speaker #0
Alors si je comprends bien, surveillance des risques, pilotage des risques, maîtrise des risques, c'est un peu des enjeux clés pour les assureurs pour gérer leurs risques et ceux de leurs clients. Qu'est-ce que les assureurs concrètement mettent en place pour piloter ces risques ?
- Speaker #1
Oui, alors le pilotage des risques des compagnies d'assurance en Europe, il est assez contraint par la directive Solvabilité 2. Cette directive, qui s'applique à toutes les compagnies d'assurance d'Europe, a introduit le concept d'ORSA pour On Risk and Solvency Assessment. C'est un dispositif qui vise à s'assurer que les compagnies d'assurance ont une bonne connaissance, une bonne maîtrise de l'ensemble des risques auxquels elles sont exposées.
- Speaker #0
Donc, un dispositif dédié au pilotage des risques qui est l'acronyme ORSA, ça se matérialise comment chez les assureurs ? Ça veut dire des processus particuliers, un fonctionnement particulier ?
- Speaker #1
Oui, on parle souvent du rapport ORSA, mais l'ORSA, c'est avant tout un processus. C'est un processus cyclique qu'on va réaliser tous les ans et qu'on peut décomposer en plusieurs étapes. Tout d'abord, on va avoir la définition du profil du risque. On va chercher à cartographier l'ensemble des risques auxquels est exposée la compagnie d'assurance. Et ça, de manière assez large. Ce n'est pas uniquement les risques d'assurance, mais vraiment tous les risques de la compagnie. On va définir des métriques, on va quantifier ces risques avec ces métriques et on va essayer d'identifier les mesures d'atténuation qui peuvent déjà être en place. Ensuite, on va mettre en place une stratégie de gestion des risques. Donc, on va définir l'appétence, c'est-à-dire le niveau maximum de risque qu'on est prêt à accepter par rapport aux métriques qu'on a définies précédemment et les... tolérance, c'est-à-dire la déclinaison de notre appétence sur les différents facteurs de risque. Enfin, on va faire évoluer nos processus stratégiques, c'est-à-dire qu'on va s'assurer que l'ensemble de nos politiques, de nos règles de fonctionnement tiennent compte justement des éléments précédents pour l'ensemble des décisions qu'elles amènent à prendre.
- Speaker #0
Donc un process, ça c'est... Vaste finalement, assez précis aussi, puisqu'on parle de métriques, on parle d'appétence. Derrière tout ce travail, ça se traduit comment dans l'entreprise et comment opérationnellement un assureur peut démontrer sa capacité à piloter ses risques ?
- Speaker #1
Ce processus est réalisé par différents métiers. C'est une collaboration entre les différents métiers de la compagnie. qui va in fine produire le rapport ORSA, qui va reprendre l'ensemble des analyses qui ont été menées, qui va expliquer les dispositifs en place, qui va expliquer l'impact de ces dispositifs sur différentes métriques. Il va également présenter l'évolution future du ratio de solvabilité. de l'entité, il va éventuellement également présenter ce ratio de solvabilité dans des scénarios stressés. Ce rapport, à la fin, il doit être remis à la CPR, mais c'est avant tout un outil interne qui vise à ce que l'ensemble des organes d'administration de l'entreprise aient une connaissance fine des risques. Ce n'est pas un exercice. à destination du régulateur, c'est vraiment un dispositif pour mieux se connaître en tant que compagnie d'assurance.
- Speaker #0
Alors si je comprends bien, c'est du coup un processus qui concerne beaucoup de parties prenantes, à la fois en interne pour élaborer ce rapport ORSA, évaluer les risques, les piloter, et à la fois la gouvernance et le régulateur. Mais pour parvenir à faire ce travail-là, est-ce qu'il y a des acteurs clés qui sont particulièrement mobilisés ou est-ce que c'est diffus dans toute la compagnie ? Quelles sont les personnes qui interviennent le plus sur ces sujets ?
- Speaker #1
Les actuaires ont une place clé dans ce dispositif pour plusieurs raisons. Tout d'abord, c'est eux qui connaissent assez bien les produits qui sont commercialisés et les risques propres. à chaque produit. Donc, sur toute la partie risque assurantiel, ils vont être en mesure d'apporter les différents risques qui sont liés à chaque produit commercialisé. Évidemment, les informations sur les autres risques de l'entreprise, ça peut être des risques qui touchent toutes les entreprises, des risques de fraude, des risques d'image, etc. Donc, les actuaires vont surtout s'occuper des risques assurantiels. Les risques qui sont communs à tous les types d'entreprises, les risques d'image, les risques de fraude, etc., eux sont plutôt gérés par des services de contrôle interne, etc. Ensuite, l'actuaire est également important parce que c'est lui qui va essayer de mettre en place des métriques pour mesurer les risques, surtout sur les risques qui sont directement en lien avec la partie assurantielle. et qui vont également essayer de mesurer l'impact des mesures d'atténuation de manière in fine à savoir quel niveau de fonds propres doit détenir la compagnie d'assurance. Une des parties les plus importantes, ou en tout cas qui conduit à réaliser le plus de calculs dans les exercices hors ça. C'est la projection du compte de résultats, du bilan et de la solvabilité sur un horizon de 3 à 5 ans dans un scénario central, où le business plan de l'entité se déroule comme prévu, mais également dans des scénarios de choc qu'on aura calibrés pour représenter des événements graves, mais probables, qui pourraient atteindre la compagnie d'assurance.
- Speaker #0
Et à quelle fréquence sont réalisés ces travaux ?
- Speaker #1
Du coup, ils sont réalisés annuellement et ça occupe une bonne partie de l'année quand même.
- Speaker #0
Si je comprends bien, c'est un sujet majeur pour les assureurs qui mobilisent de nombreuses ressources.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Pour bien piloter et maîtriser ces risques.
- Speaker #1
Oui,
- Speaker #0
tout à fait. Merci Nicolas pour ces explications.
- Speaker #1
De rien, à une prochaine.
- Speaker #0
Merci