Speaker #0Salut à toi et bienvenue dans Poulot Maestro, le podcast qui t'apprend à apprendre la musique. Moi c'est Fred et aujourd'hui je te propose un petit voyage dans le temps, mais pas n'importe lequel, celui du rythme. Alors installe-toi bien parce qu'on va remonter les âges. des percussions des grottes jusqu'aux bits électroniques d'aujourd'hui. Allez, c'est parti pour un trip musical à travers les siècles et les pulsations. Ferme les yeux deux secondes. T'entends ? Non, pas la musique, mais ton cœur. Boum, boum, boum, boum. Ça, c'est le rythme. Et ça, les humains l'ont ressenti depuis, bah depuis toujours en fait. Imagine une bande d'humains préhistoriques réunis autour d'un feu, qui tapent du pied, claquent des mains, frappent des bouts de bois contre des troncs. Pas d'instrument, pas de partition, mais du groove déjà. Et puis, un jour, bim, premier tambour, flûte en os, rombes qui tournent dans les airs. À l'époque, c'était pas juste pour danser. Le rythme, c'était sacré. C'était un truc de groupe, de cérémonie, de mystère. Ensuite, cap sur l'Antiquité. En Mésopotamie, on commence à graver des sons sur des tablettes d'argile. Ouais, déjà, chez les Grecs, ils inventent carrément un système pour écrire la musique. L'épitaphe de Séquilos. T'en as déjà entendu parler ? C'est la plus vieille chanson complète qu'on connaisse, avec le rythme et tout. Et pendant ce temps, en Inde, on chante le rythme avec des syllabes, les fameux thalas. En Afrique, les polyrythmies se transmettent de bouche à oreille, avec une précision de malade. Bref, le rythme devient un langage, et pas un petit dialecte, un truc global. Moyen-Âge maintenant. En Occident, c'est le chant grégorien qui domine. Super fluide. mais sans réelle pulsation. Mais dès qu'on commence à chanter à plusieurs, bah faut bien s'organiser. Du coup, à Paris, les gars de l'école Notre-Dame se disent « si on structurait le temps, et boum, les modes rythmiques naissent, des motifs qu'on répète pour garder le tempo. » Et là, vers le XIIIe siècle, révolution, on invente des figures de notes avec des durées fixes. Les ancêtres des rondes et des noix. Et même le C. qu'on voit au début de nos partitions aujourd'hui, ça vient d'un cercle médiéval. Et oui. Et maintenant, on arrive à la Renaissance. Là, on commence vraiment à aimer la danse. Pavan, Gaillard, ça groove dans les châteaux. Les compositeurs affinent leurs notations et certains se font plaisir avec des trucs dingues. Genre Hoke Game, qui pond un canon où deux chanteurs lisent la même musique, mais à deux vitesses différentes. Ça, franchement, il faut le faire. Et Clément Jeannequin, il te fait entendre une bataille juste avec des voix. Des pam, des tadadam, des trrrr. Le mec invente le beatbox bien avant l'heure. Et là, on arrive au baroque. Là, c'est réglé comme du papier à musique. Chaque danse a son rythme, son tempo, avec son petit nom en italien. Et à la cour de Louis XIV, Lully marque le tempo. Avec un bâton qu'il tape au sol. Résultat, il se blesse. infection, gangrène et voilà. Mort du tempo, littéralement. Mais bon, à part ça, le rythme au baroque c'est du sérieux. Il y a la basse continue qui pousse tout le morceau. Bref, c'est la mécanique rythmique. A l'époque classique, on veut de la clarté. Mozart, Haydn, ils nettoient, ils simplifient, ils font swinguer en douceur. C'est l'époque du menuet, de la valse et surtout du métronome. Beethoven est l'un des premiers à dire ce morceau, je veux qu'il tourne. à tant de battements par minute. Le mec ne veut pas juste que ça sonne bien, il veut que ça sonne juste. Et là, le romantisme débarque. Chopin, lui, il ralentit, il accélère. C'est le roubateau. Une main joue régulier, l'autre prend beaucoup plus de liberté. Et puis, on puise dans les folklores. Mazurka, rhapsodie, valse tordue à cinq temps. Le rythme devient personnel. C'est pas un métronome, c'est un chœur qui bat, un peu comme toi là maintenant. Et là... Ausha, 20e siècle, Stravinsky débarque avec le sacre du printemps. Ça explose, ça te laque, ça déstabilise tout le monde. Le jazz arrive ensuite avec son swing, il résiste. C'est contre-temps. Et le fameux backbeat du rock, du funk et du disco, cette fameuse frappe sur le deuxième et quatrième temps, fait danser la terre entière. Et pendant ce temps-là, côté musique contemporaine, les compositeurs s'amusent avec des rythmes impossibles. Des machines à groove et à chaos. Mais alors, aujourd'hui, le rythme, c'est le truc. Il fait l'identité d'un morceau. Reggaeton, trap, afrobeat, techno. Jazz Fusion, chaque style a son groove bien à lui. On programme des beats, on les découpe, on les remix, on les fait respirer, même les mesures bizarres deviennent cool. On tape encore dans les mains, comme au temps des cavernes, sauf que maintenant, on peut le faire à des millions, en festival, voire sur TikTok. Et ben voilà, notre petit voyage dans l'histoire du rythme s'arrête ici, mais entre nous, le rythme, lui... Il ne s'est jamais arrêté. Il bouge, il change, il vit avec nous. Quand tu écoutes un beat, tu n'entends pas juste un son. Tu entends des milliers d'années qui te parlent. C'est le cœur de l'humanité qui fait boum boum. Voilà, merci d'avoir partagé avec moi ce voyage d'un haut boulot maestro. Et n'oublie pas, le rythme est partout. Tends l'oreille, bouge la tête. Et à très vite pour groover encore plus.