Speaker #0Salut les amis, c'est Fred et bienvenue dans Au Boulot Maestro, le podcast qui t'apprend à apprendre la musique. Aujourd'hui, podcast plus long que d'habitude, on va parler d'un sujet qui semble hyper familier et pourtant on connaît rarement l'origine, l'histoire des noms des notes de musique et de la notation musicale. Tu sais, ce bon vieux Dorémy Fasson-Lassi, pourquoi ces syllabes-là et pas d'autres ? Et pourquoi en anglais, les notes sont désignées par des lettres ? Ce système que tout le monde utilise aujourd'hui, il n'a pas été inventé en un jour. En réalité, c'est le fruit d'une longue évolution où se mêlent les traditions antiques, inventions, pédagogie et même quelques querelles théologiques. Dans cet épisode, on va remonter au Moyen-Âge, au XIe siècle. pour voir comment Guido d'Arezzo, un moine italien, a complètement révolutionné l'apprentissage de la musique. On verra aussi comment les notes et les altérations ont évolué et pourquoi certains pays n'utilisent pas du tout le même système de notation que nous. Allez, c'est parti, on y va ! Alors dis-moi, tu t'es déjà demandé pourquoi on dit Doremi et pas autre chose ? Ou pourquoi certaines personnes disent ABC ? plutôt que des syllabes. Eh bien, ces noms de notes, on les utilise sans trop y penser. Mais en réalité, il y a une vraie histoire avec plein de rebondissements. Aujourd'hui, on a tendance à considérer qu'une gamme, c'est un truc fixe, évident. Mais ça n'a pas été toujours ainsi. Il a fallu des siècles d'expérimentation, d'ajustement et de convention pour qu'on arrive au système que tu utilises aujourd'hui en solfège. Et crois-moi, derrière ces petites lettres et syllabes, il y a des enjeux. pédagogiques, théoriques, mais aussi culturelles. On va démêler tout ça ensemble. Ausha, on plonge dans un millénaire d'histoire musicale. Ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'avant d'avoir notre notation actuelle, il existait deux systèmes parallèles qui n'avaient rien à voir entre eux. Le système des lettres, A jusqu'à G, qui était utilisé depuis l'Antiquité. Et il y a le système des syllabes. U, Tré, Mi, etc. qui a été introduit par Guido d'Arezzo au XIe siècle. On va commencer par le système des lettres. Donc l'utilisation des lettres pour nommer les sons ne date pas du tout de Guido d'Arezzo. En réalité, ce système existait bien avant. Et il vient en grande partie des grecs anciens. Dans l'Antiquité, chaque auteur de son était associé à une lettre. Mais à l'époque, il y avait beaucoup plus que cette note. Les grecs utilisaient... tout un alphabet pour désigner différentes auteurs. Puis, au VIe siècle, un philosophe romain nommé Boës a simplifié cette notation en utilisant uniquement les lettres A, A, G. C'était pratique pour écrire la musique, mais pas forcément idéale pour l'apprentissage du chant. De son côté, Guido d'Arezzo avait un autre problème à résoudre. À l'époque médiévale, les chants religieux se transmettaient uniquement à l'oreille. Pas de partition, pas de méthode d'apprentissage visuel, rien. Il fallait tout mémoriser par cœur. Alors autant te dire, quand tu dois retenir des dizaines de mélodies complexes, c'est l'enfer. Alors Guido a eu une idée de génie. Il a inventé un système mémotechnique basé sur un champ religieux bien connu à l'époque. L'hymne Ut Keant Laxis. Alors je le dis peut-être... très mal et c'est pareil dans tout ce podcast. Je suis désolé si j'écorche des noms et j'ai jamais fait de latin en collège. Chaque vers de ce chant commençait par une note différente. Et Guido a pris la première syllabe de chaque vers pour en faire une échelle musicale. Ça commence par ut, ensuite ré, mi, fa, sol et la. Alors pareil, je ne vais pas écorcher ces vers en latin. Vous pouvez les retrouver ultra facilement sur Internet. Donc ça va donner utremi fa sol. Un système parfait pour chanter et mémoriser les notes. Alors petit détail, à l'époque, il n'y avait pas encore de si. C'est plus tard, au XVIe siècle, que des théoriciens ont ajouté le si. En prenant, et ça c'est une des théories, les initiales du mot sancté, Johan, Saint-Jean, tirées du dernier vers de l'hymne. Et voilà, on a nos sept notes modernes. Ah non, pas encore, parce que j'ai dit utremi. Puis le ut a été transformé par un do tout simplement parce que ut était difficile à chanter. Après, si on prend un peu de recul, ut ut ut, c'est pas top. c'est quand même mieux dodo do. Mais alors, pourquoi do correspond à la lettre C ? Alors ok, maintenant on a deux systèmes. On a le système des lettres, A, B, C, D, et on a le système des syllabes, do, ré, mi. Alors pourquoi le do, il correspond à C et pas à A ? Eh bien, c'est un mélange d'histoires et de pratiques pédagogiques. Alors pour commencer, le C était souvent utilisé comme point de départ des explications théoriques médiévales. Puis... dans les hexacordes, aussi dans les hexacordes de l'époque, c'était un repère stable qui servait de base pour la lecture musicale. Et pour finir, la gamme de Do majeur, donc C majeur, c'est la plus simple. Elle contient aucune altération, pas de dièse, pas de bémol. Donc résultat, quand les systèmes se sont rencontrés, la note Do s'est naturellement alignée avec le C. C'est pas une décision délibérée, mais c'est plutôt une évolution progressive qui s'est consolidée avec l'émergence de la musique tonale au 16e-17e siècle. Et donc voilà pourquoi, encore aujourd'hui, Do égale à C dans tous les systèmes modernes. Et le plus drôle dans tout ça, c'est que tous les pays n'ont pas adopté le même système. France, Italie, Espagne, donc on est toujours sur Do, Ré, Mi, Fa, Sol, La, Si. Dans les pays anglophones, USA, Angleterre, on utilise les lettres A, B, C, D, E, F, G. En Allemagne et dans... l'Europe de l'Est, le si naturel se nomme H et le B, il correspond au si bémol. Et ça, c'est un vestige de la notation médiévale. En Inde, on a un système complètement différent qui va être sa, re, ga, ma, pa, da, ni, etc. Bref, selon les pays, l'histoire a pris des chemins différents. Mais la logique reste toujours la même. Donner un nom précis aux notes pour mieux les comprendre et les utiliser. Ok, maintenant on a vu comment les notes étaient nommées. Mais il nous reste une grande question, d'où viennent les altérations ? Parce que bon, si tu joues du piano ou un autre instrument, tu sais que la musique ne se limite pas à do, ré, mi, fa, sol, la, si. Il y a des dièses et il y a des bémols partout. Mais d'où ils sortent ces petits repères ? Pourquoi on a un dièse, un bémol, un bécard ? Le bémol, c'est le premier à apparaître. Le premier accident musical qui a posé problème dans l'histoire, c'est le si naturel. Dès le IXe siècle, les moines qui chantaient la musique grégorienne se sont rendus compte d'un truc embêtant. Quand je chante la note si juste avant un fa, ça crée un intervalle dissonant. Ce fameux intervalle qu'on appelle triton, et à l'époque médiévale, c'était même considéré comme une fausse, voire comme le diable en musique. La solution... on a commencé à adoucir la note si en la baissant légèrement, ce qui donnait ainsi bémol. Et c'est comme ça que le premier bémol est né. D'ailleurs, le nom, il vient du latin bémol, qui veut dire un b, la note b, la note si, doux. Sauf que parfois, il fallait revenir au si normal. Alors, pour éviter la confusion, les théoriciens ont inventé un autre symbole pour annuler l'effet du bémol. Et ça s'appelle un B-quart, qui vient du latin B-quadratum, le B-carré, B-quart. Donc en gros, dès le Moyen-Âge, il y avait deux versions de la note B. Le B-bolle, qui était égal au B-bémol, et le B-quadratum, qui correspond au B-naturel. Et c'est justement cette différence qui explique pourquoi, en Allemagne, le B-naturel est appelé H et le B-bémol. est appelé B. Le dièse, lui, c'est le petit dernier arrivé. Il est apparu beaucoup plus tard. À la fin du Moyen-Âge et au début de la Renaissance, les compositeurs ont commencé à expérimenter avec des gammes plus complexes qui nécessitaient d'ajouter des notes plus hautes. La solution ? Inventer un signe pour montrer qu'une note devrait être haussée d'un demi-ton. Le dièse. D'ailleurs, le mot dièse vient du grec « diésis » qui signifie élévation. Alors petit fun fact, avant que ce symbole se généralise, certaines partitions du Moyen-Âge utilisaient une croix pour noter les notes haussées. Alors comme tu as pu le voir, du Moyen-Âge à aujourd'hui, la transformation a été progressive. Le système de Guido d'Arezzo a posé les bases mais avec le temps, d'autres innovations sont venues s'ajouter. Au XVIIe siècle, le théoricien Jean-Philippe Rameau a posé les bases de l'harmonie tonale avec des concepts comme la tonalité majeure et mineure. A la fin du XVIIIe siècle, le tempérament égal s'est imposé, modifiant légèrement les hauteurs des notes pour que toutes les tonalités soient jouables sur un même instrument. Pour les pianistes, Merci Bach et son clavier bien tempéré. Au XIXe siècle, il y a des pédagogues comme Pierre Gallin, Émile Chevet, John Curwen, qui ont développé des méthodes alternatives avec des chiffres, des couleurs ou des formes pour faciliter l'apprentissage du solfège. Et au XXe siècle, la musique contemporaine a poussé encore plus loin la notation avec des symboles expérimentaux et graphiques. Alors si on récapitule, parce que c'est long tout ça. Les notes ont été nommées progressivement, d'abord les lettres, puis ensuite les syllabes, utrémi, puis dorémi. Le système actuel est le résultat d'une évolution progressive entre les pratiques pédagogiques et les conventions théoriques. Les altérations, dièse bémol, bécar, ont été inventées petit à petit pour résoudre des problèmes d'attonation et enrichir la musique. Alors toi, comment tu peux utiliser tout ça ? Tu peux t'amuser à apprendre l'hymne si tu veux, apprendre la mélodie, elle se trouve sur internet, pour vraiment comprendre cette logique des syllabes. Ensuite, tu peux tester les différentes notations. Un truc rigolo à faire, c'est d'écrire une mélodie en dorémi, puis en abc, voir celle qui te parle le plus. Tu peux aussi t'entraîner à lire une écriture dorémi, mais en disant cde. Bref, t'as vu, tout ça c'est une longue histoire, et chaque note que tu joues, Ce n'est pas juste une note comme ça, c'est toute une histoire. Voilà, j'espère que ça t'a aidé à mieux comprendre pourquoi DO est un DO, pourquoi A est un A. On se retrouve bientôt pour un prochain épisode sur ce Prends ton instrument, amuse-toi. A très bientôt, ciao !