undefined cover
undefined cover
Montrieux le hameau (Var), tiers-lieu dans un ancien domaine de moines cover
Montrieux le hameau (Var), tiers-lieu dans un ancien domaine de moines cover
Au coeur des tiers-lieux : les éclaireurs de la transformation écologique

Montrieux le hameau (Var), tiers-lieu dans un ancien domaine de moines

Montrieux le hameau (Var), tiers-lieu dans un ancien domaine de moines

29min |01/07/2025|

60

Play
undefined cover
undefined cover
Montrieux le hameau (Var), tiers-lieu dans un ancien domaine de moines cover
Montrieux le hameau (Var), tiers-lieu dans un ancien domaine de moines cover
Au coeur des tiers-lieux : les éclaireurs de la transformation écologique

Montrieux le hameau (Var), tiers-lieu dans un ancien domaine de moines

Montrieux le hameau (Var), tiers-lieu dans un ancien domaine de moines

29min |01/07/2025|

60

Play

Description

Un lieu bucolique en plein cœur du Parc naturel de la Sainte-Baume qui accueille un potager, un restaurant guinguette, un lieu touristique avec hébergements, des séminaires… des activités qui permettent de conserver le patrimoine historique du lieu tout en soutenant l’insertion socio-professionnelle ou des actions de solidarité.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous écoutez, au cœur des tiers-lieux, les éclaireurs de la transformation écologique. Un podcast de l'Agence nationale de la cohésion des territoires. Partons en immersion dans des tiers-lieux implantés en ruralité. Manufacture de proximité, fabrique de territoire, tiers-lieux ressources, circuits courts, tiers-lieux nourriciers ou culturels, et voyons comment ces lieux agissent pour la transformation écologique, sociale et solidaire du territoire.

  • Speaker #1

    A partir de 15h02, dans quelques instants, notre train entre en gare.

  • Speaker #2

    Nous sommes terminus.

  • Speaker #3

    Bonjour, c'est Richard. Pour ce premier épisode d'Au cœur des tiers-lieux, je vous emmène dans le département du Var à Montrieux-le-Hamot, tiers-lieu qui se trouve sur la commune de Méoun-les-Montrieux, à 30 km à vélo de Toulon. J'ai demandé à David, l'un des cofondateurs de Montrieux-le-Hamot, de nous présenter ce lieu et pourquoi il fait tiers lieu.

  • Speaker #1

    David Rivoire, entrepreneur d'intérêt général, cofondateur de Montrieux-le-Hamot avec dix autres coopérateurs et anciennement cofondateur de la première entreprise sociale qui s'appelait Les Deux Rives dans le domaine de la formation pro et cofondateur du Social Bar et de l'école de la convivialité avec l'ami Renaud Seligman. Ce lieu a beaucoup de choses de spéciales. D'abord, c'est un lieu historique. C'est un monastère chartreux du XIIe siècle, qui a été bâti en 1136. Il est emprunt de toute une histoire très très longue. C'est un lieu qui est une chartreuse basse, qui est le lieu des monastères qui étaient ouverts au public. C'était déjà un lieu de réception depuis 1000 ans, qui recevait du public. C'est un lieu qui a traversé les âges et qui est tombé dans le domaine privé il y a 200 ans à la Révolution, et ensuite qui est passé de main en main. C'est la première spécificité de ce lieu. La partie historique entraîne d'autres spécificités, c'est-à-dire que urbanistiquement, c'est un monument historique, donc ça crée des contraintes quand tu veux devenir un tiers-lieu. Et après, les spécificités, elles sont liées à ce qu'on en a fait nous, et ce qu'on a voulu en faire nous en tant que collectif citoyen, c'est-à-dire un tiers-lieu de l'économie sociale et solidaire. Et en tant que tiers-lieu de l'économie sociale et solidaire, ce lieu a beaucoup de spécificités. Et là, un projet agricole où on essaie de réemployer les pratiques du 19e pour montrer qu'on peut faire des rendements aussi efficaces que les rendements actuels avec l'agriculture. intensive sans mettre des intrants partout et mettre de l'énergie partout. Il a une activité de réception, une activité touristique, une activité de formation. Il a vocation à faire des résidences d'artistes, à promouvoir l'artisanat. Donc sa spécificité c'est de faire tout ça en même temps et donc de faire tirer l'une. C'est un village, c'est pour ça qu'on l'a appelé le Hamot, comme c'est hyper vallonné, on est dans le massif de la Sainte-Beaume et que la route qui amène au Hamot est en bas dans la vallée et ouvre sur l'ouverture de Hamot qui monte dans la colline et dans la montagne et que c'est hyper alambiqué. On découvre le lieu au fur et à mesure, on découvre un bâtiment puis il y en a un autre qui est caché derrière et c'est un patchwork avec des petites rues et des petites ruelles, une ruisseau qui coule au milieu. Une forêt incroyable, des bâtiments du XIIe siècle adossés à des bâtiments du début du XXe, de la fin du XXe, donc une spécificité architecturale hyper complexe, hyper surprenante, parce que tu fais 50 mètres et tu passes du XIIe siècle aux années 80. Moi souvent quand je fais la visite chez cette belge, attention maintenant on va retourner dans les années 80. C'est un peu surprenant quand tu sors d'un bâtiment en vieille pierre, de retrouver ce joli béton qu'on a inventé. dans les périodes de croissance économique de la deuxième partie du XXe. Et donc voilà, ce lieu, il est fou. D'abord, il n'a pas d'autre ville. Il est alimenté par sa propre source, ce qui est déjà assez spécifique. Mais en plus, dans le Var, très au sud et très particulier. En montrieux, ça veut dire le mont Ruisseau en Provençal. On est dans un bassin qui est un versant nord, dans une forêt de 700 hectares. Donc voilà, avec des arbres de 30 mètres de haut qui sont assez incroyables. l'intention, la mission d'un tiers lieu, en tout cas tel que je le définis moi, quand il est dans un territoire isolé et rural comme le nôtre. Moi, j'aime bien le mot réapprendre, c'est-à-dire comment on réapprend à faire ce qu'on a tous oublié de faire, c'est-à-dire essayer de manger ce qu'on produit, essayer de se reconnecter à la nature, essayer de refaire communauté, de vivre ensemble, de recréer du lien social, de retrouver un endroit où on peut avoir de la mixité sociale, comment on peut revivre de la vie culturelle. très diversifié, comment on peut inclure les plus éloignés de l'emploi, de l'économie, de la société, et comment on fait ça dans un seul et même lieu et en même temps.

  • Speaker #3

    Allons échanger avec Alaïa, animateur et touche-à-tout, et voyons son rapport avec ce lieu. D'abord, ce hameau, sa particularité, c'est l'eau qui est présente partout.

  • Speaker #4

    Le rieux frais, notre petit ruisseau, c'est assez ouf parce que chaque été, on a des voisins de la ville de Signe, de Méhoun, qui passent, qui eux aussi ont de l'eau qui coule sur leur maison, sur leur domaine, et ils sont estomacés du fait qu'on ait de l'eau qu'elle soit aussi fraîche, qu'elle coule aussi fort, même l'été. Moi, c'est Alaïa, je suis responsable polyvalent ici. On ne peut toujours rien dire, mais l'idée, c'est qu'on arrive tous avec une expertise. J'ai une expertise dans l'animation, dans la création d'espaces conviviaux, et une belle expérience dans l'événementiel, la restauration. Ça permet d'agencer un peu tout ça. et de créer des bons moments ici. Je suis vraiment le cliché parisien, même un peu de banlieue, du coup, j'ai pas les codes, je savais pas quand pousser les tomates, genre j'avais jamais fait attention à ces trucs-là, et je sentais que j'avais pas les outils pour apprendre, pour faire, et moi j'ai besoin de voir, j'ai besoin de faire pour évoluer, le bac à sable que c'est ici pour apprendre des trucs, c'est ouf. C'est ouf. En gros, ils ont créé un métier ici, le métier de touche à tout, qui est un métier de réinsertion. En gros, c'est des jeunes et des un peu moins jeunes qui sont sortis du cursus scolaire, de l'emploi, etc. Et en fait, chacun arrive avec un bagage, une expérience, et nous, on leur propose de leur faire découvrir des métiers différents, de l'animation maintenant avec moi. Et en gros, l'idée, c'est qu'on va aller leur faire goûter à tous ces trucs. Et du coup, il y a cette valeur d'apprentissage, de droit à l'erreur. Il y a aussi cette idée de poser des questions, aller chercher, aller challenger. Moi, je me suis retrouvé plusieurs fois dans ce système, où il y a des gars qui me posent des questions. « Mais pourquoi on fait ça ? » « Parce que je l'ai toujours fait comme ça. » Mais du coup, on va chercher plus loin. « T'as raison, tu me challenges. Là, ça fait sens ce que tu dis. » Et on va, par itération, améliorer notre système. Et je trouve ça trop impressionnant et ça rend trop humble en fait. Moi j'avais 10 ans d'expérience en restauration, Evan il a 17 ans, il m'a dit « bah ouais mais moi je trouve que c'est plus simple » . Et oui t'as raison en fait. On va faire comme toi tu dis là. C'est ouf. Ça me met des frissons à chaque fois, genre je suis là, c'est trop bien. Et en vrai c'est cet endroit qui pousse à ça, qui pousse à cette réflexion aussi, on se questionne, on va aller chercher plus loin, et c'est ouf que... de trouver un endroit en fait où tout le monde... C'est pas mon patron, tu vois, mais c'est ce qui se rapproche le plus de mon patron, tu vois, David, qui vient et qui me questionne, qui me challenge sur mes envies, sur mes visions, sur tout ça, etc. Merci. Salut !

  • Speaker #5

    Du coup, je m'appelle Ethan. Actuellement, je suis un touch-à-tout à Monde-Montrieux. Donc, touch-à-tout, c'est le petit employé polyvalent, comme son nom l'indique, touch-à-tout, d'où le nom un peu cocasse, j'ai envie de dire. J'ai un projet qui va peut-être fusionner l'idée de la sociocratie du Hamon pour l'avenir pour moi. C'est d'ouvrir une école de menuiserie dans les années à venir qui mélangera la sociocratie, donc le fait qu'il n'y ait pas de patron à proprement parler. C'est-à-dire, moi je serai le dirigeant, mais les élèves pourront autant leur mot à dire que moi, ou les professeurs. Donc voilà, le but c'est vraiment de fusionner ces deux mondes pour créer peut-être un espace qui... J'espère que ce sera vraiment, on va dire, parfait. Franchement, ce serait cool si c'est à Montrieux, vraiment, parce qu'il y a tellement de potentiel sur le lieu, même peut-être aller plus profond dans la forêt ou dans un bâtiment qui existe déjà. Mais j'avoue, si malheureusement ça ne se passe pas à Montrieux, rester dans le coin pour pouvoir venir, peut-être avec mon école, pour voir un autre lieu de sociocratie, comment ça marche. Mais oui, le but, ce serait cool que ce soit à Montrieux.

  • Speaker #1

    Moi j'ai été très tôt très marqué par l'idée qu'on est une civilisation hors sol, c'est-à-dire qui a perdu ses savoir-faire essentiels. Et puis évidemment j'ai suivi tous les reportages sur l'agriculture industrielle, sur ce qui s'était passé avec l'agriculture intensive, les sols qu'on a pourris, etc. Et j'ai des ados qui, je crois qu'ils trouvent normal qu'on trouve les aliments dans les magasins et pas forcément ailleurs. Donc il y a des générations qui sont en train d'oublier que pour parvenir à ses besoins primaires, il faut savoir le faire. Quand on est arrivé, la première chose qu'on a fait, c'est chercher un maraîcher, puis un spécialiste de l'histoire du maraîchage. Malgré le fait qu'on savait qu'on allait avoir 18 mois de mise aux normes du domaine et de travaux pour pouvoir accueillir du public et faire du chiffre d'affaires. donc ça fait partie des investissements. qu'on a voulu tout de suite faire parce qu'on sait que c'est du temps long on a envie de se permettre ce temps long parce qu'on veut faire une démonstration en parlant de démonstration allons assister à la présentation par enzo de l'activité agricole et de maraîchage

  • Speaker #6

    Parmi les gens qui sont là, qui est-ce qui connaît déjà le hameau ? Ok, cool, super. Alors ce qu'on va faire, c'est qu'on va commencer par la source, parce que la source, c'est le commencement du potager, d'un point de vue autant physique que... Voilà, donc c'est tout en haut du domaine, c'est le point le plus haut du domaine, c'est ce pourquoi les moines se sont installés ici au XIIe siècle, et c'est le cœur du hameau un petit peu. qui nous permet d'être ici. Ici on n'est pas sur le réseau en eau donc on dépend complètement de cette source qui délivre 2 litres par seconde continuellement. Donc a priori la nappe est très profonde et très très grosse. Elle ne change pas en température selon la saison et elle ne change pas en débit. 2 litres ça fait en gros 80 m3 par jour donc c'est absolument énorme. Je crois qu'elle sort à un truc comme entre 10 et 12 degrés. Je m'appelle Enzo Fuchs, je suis le maraîcher ici depuis un an et demi. Je suis la seule personne qui vit sur place avec ma compagne et mes deux chiens. Je fais aussi le rôle de régisseur, gardien, cuisinier. Le hameau c'est un joyeux bordel et il y a besoin de bras, et souvent on manque de bras donc il faut savoir être polyvalent. Moi de formation, j'ai fait des études d'horticulture. Après j'ai eu des problèmes de santé donc je me suis dirigé vers la cuisine. J'ai fait à peu près 4 ans d'horticulture, puis après 6 ans de cuisine, pour revenir tout de suite au maraîchage. Donc beaucoup de choses à mettre en place, parce qu'à mon arrivée, il y avait juste 2 rangs de patates et 3 choux qui se battaient dans le jardin. Donc on a accompli pas mal de choses en un an et demi. On a mis ça en place avec mon collègue Jean-Michel, qui est historien de l'agriculture. Et donc on essaye de développer au hameau des techniques et des pratiques anciennes. sur des systèmes d'exploitation riches. On a des expérimentations au jardin, on en a sur les restants qu'en bas et on en a dans la forêt vergée, à côté de l'étang et dans la carrière. En tout, il y a à peu près 5000 m² d'exploités. Il y a 1500 en potager qui sont uniquement en légumes et peut-être 3000 ou 4000 pour... vignes, fruitiers et aromatiques.

  • Speaker #0

    C'est une mini grotte ?

  • Speaker #6

    C'est une mini grotte, oui exactement. On est donc orienté sud mais vers son nord, ce qui pour de l'agriculture est extrêmement nul. Ça veut dire pas de luminosité, ça veut dire que l'hiver fait très froid. Ici on tape des moins 10, moins 12 l'hiver alors que à 5 km littéralement à vol d'oiseau. Au revest, il n'y a jamais de gel. La bonne nouvelle, c'est que l'hiver, on peut produire ici. On ne peut pas produire énormément, en variété, mais on peut produire. Les poireaux ont vachement bien marché, les oignons ont vachement bien marché, les choux. Par exemple, ici, l'été, ça ne voit jamais le soleil. C'est pour ça que j'ai implanté une champignonnière. Donc, on espère pouvoir produire des champignons ici. Au lieu de faire un brocoli comme ça, ça fait des toutes petites... tête qui bouge avec des grosses tiges. Et bien en fait, eux ils le mangent comme ça, c'est comme ça qu'ils aiment le brocoli, ils le font vapeur avec juste un petit peu d'ail, un petit peu de sauce soja, c'est absolument exceptionnel. Et du coup, en fait c'est ce que j'ai fait avec mes choux. Je venais, je tirais quelques inflorescences, dans le wok, un tout petit peu de gras, un tout petit peu d'ail, en deux minutes c'est fait, c'est frit. et c'est exceptionnel quoi alors que un maraîcher normal n'a pas le marché et il va se dire mon chou au lieu d'être comme ça il n'y a absolument rien à récolter je le dégage et bien en fait il y a une valeur ajoutée de dingue à mettre dedans si tu connais le marché et si tu as la présence d'esprit de montrer aux gens que c'est possible et c'est là que la guinguette est intéressante et le restaurant est intéressant c'est que tu as une liberté de faire ce que tu veux de tes produits ici T'es pas obligé de trouver un négociant qui va dire « Ah bah moi je te l'achète, je te le vends, y'a pas de soucis. » David, un de nos cofondateurs, quand je lui dis qu'on est en circuit court, il dit qu'on est en court-circuit. C'est exactement ça, parce que la boucle est fermée. Donc on récolte, on transforme, on donne à manger immédiatement sur le même endroit. Ce qui amène beaucoup de liberté, qui en tant que maraîcher est très intéressant parce que j'ai fait une production d'énormément de variétés l'année dernière.

  • Speaker #1

    On ne sera pas content quand on aura atteint l'autonomie à Morion, on sera content quand on aura démontré comment on s'y prend. Et open sourcer la méthode qui permet de partir de rien, et de dire comment on atteint un rendement qui permet de faire vivre son territoire, et par quoi il faut en passer pour. Et ça, ça nous renvoie à ce qui se passe avec les agriculteurs en ce moment qui ont fait injonction d'arrêter certains intrants, etc. Sauf que comme on ne leur propose pas d'alternative, et que cette alternative elle est longue. On ne peut pas passer du jour au lendemain d'un système à un autre. Nous, on pense qu'atteindre un rendement qui commencerait à ressembler à une autonomie ici, c'est au moins 4-5 ans. Donc on prend notre temps et ça fait partie de la recherche de comprendre les obstacles qu'on rencontre à notre niveau.

  • Speaker #3

    Les enjeux sociaux et de solidarité ne sont jamais très éloignés des enjeux écologiques. Voyons avec Léa et Jacques comment cela prend forme ici.

  • Speaker #2

    Et c'est pas impossible que tu ne retiennes pas tous les vignes actuelles.

  • Speaker #0

    Je m'appelle Léa Massouad-Dilouca. Je travaille sur la création de lieux de résilience, de solidarité et de création d'alternatives depuis une dizaine d'années maintenant. J'ai rejoint ce projet. Et en fait, ce projet-là correspond quasi trait pour trait à un projet que j'avais imaginé il y a dix ans et qui a été à la base de ma réflexion sur ces lieux-là. Je me suis pas mal questionnée sur des questions écologiques, sociales. J'ai fait quelques rencontres, notamment de militants, qui m'ont un peu ouvert mes œillères sur à la fois des questions d'urgence climatique et sociale et en même temps qui m'ont, par la rencontre que j'ai faite, ça m'a surtout enseigné l'importance d'aller sur le terrain. Je rentendais beaucoup parler de ce projet-là, déjà parce que mon compagnon a commencé à y travailler en tant que cuisinier. Assez rapidement, j'ai compris par ce qu'il me disait que c'était un lieu qui avait tout d'un tiers-lieu, ou en tout cas d'une volonté de tiers-lieu. Et j'ai vu qu'il y avait non seulement un beau potentiel, et puis rapidement j'ai rencontré David, je me suis rendu compte qu'il y avait aussi des personnes vraiment sincères dans la démarche. Et pour un projet de cette envergure-là, de cette taille-là, un domaine de plus de 12 hectares, un ancien monastère de Chartreux... La volonté d'être un laboratoire agroécologique, d'être aussi un espace d'hospitalité, d'être un espace d'insertion professionnelle, etc. Que ça parte vraiment d'une volonté militante et désintéressée. Je trouve que les gens comme ça, il faut les soutenir, et il faut pouvoir venir avec des idées, avec des envies, avec de l'énergie. Initialement, j'ai rejoint le projet en tant que salariée, pour porter un projet d'école. Finalement, on ne fait pas une école tout de suite, mais ce qu'on porte, c'est surtout des programmes de séjour. et de séjour apprenant, de séjour de réplique, de séjour de remobilisation, parce que c'est beaucoup plus cohérent avec ce qu'est le lieu et son enjeu de préfiguration d'une hospitalité mixte, solidaire, durable, qui soit un peu plus souhaitable et un peu plus viable que celle qu'on connaît aujourd'hui. Comment on essaie de faire Hospitate autrement ? De plusieurs manières. La première chose, c'est qu'on est un hôtel de à peu près 70 couchages et qu'on accueille une grande diversité de publics. On a ici des entreprises, des collectivités qui viennent en séminaire, on a des particuliers qui viennent pour un anniversaire ou un mariage, on a des associations qui viennent pour un projet collectif et on organise nous-mêmes ce qu'on appelle nos programmes solidaires et qui sont portés par l'association Mon Rieu pour tous. Parmi ces programmes, on a des programmes de répit, un premier programme par exemple qui est à destination des femmes victimes de violences conjugales, un deuxième programme à destination des aidants et des aidées. Donc là, on parle de personnes en situation de handicap mental ou psychique, ainsi que leurs aidants, c'est-à-dire les personnes qui, en général, dans un cercle familial, mais pas que, qui aident cette personne. On est dans un magnifique parc de la Sainte-Baume, donc la plupart des activités, on les fait à l'extérieur. On essaie de sensibiliser aux vivants, de faire des veillées comme ce soir, de signer des bas. Et en même temps, on veut que ça reste un espace de joie, de convivialité. En tout cas, on n'est pas dans une grosse chaîne d'hôtellerie de masse. pour plusieurs raisons. La première, c'est qu'en fait, on n'a pas d'actionnaire. On est sur un modèle économique circulaire qui fait que le jour où l'hôtel sera excédentaire, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, 100% des bénéfices iront soit à la rénovation du bâti du XIIe siècle, soit directement aux programmes sociaux. Il n'y a aucun euro qui va sortir de cette boucle-là. Donnez-lui un micro aussi.

  • Speaker #2

    Je m'appelle Jacques Dehoux, je suis coordinateur à Montréal-Le Hamot.

  • Speaker #4

    J'ai,

  • Speaker #2

    pendant plus de 15 ans, été restaurateur. Et parallèlement à ça, j'ai une formation d'historien, de chercheur en histoire. Quand on parle d'intelligence collective, qui est un peu mon dada, il y a un peu l'idée de... Moi je préfère intelligence coopérative, il y a un peu l'idée de craquer le code en fait de cette intelligence coopérative et de se dire ok donc on a des grandes intentions théoriques, dont celle de dire que la force du groupe, la puissance de création du groupe sera plus élevée que l'accumulation de 1 plus 1 en fait. On va réussir à créer une dynamique qui nous dépasse. Il y a une idée expérimentale d'arriver et de dire ok, cette théorie on la met en pratique et on voit qu'en fait il y a des limites, il y a des ajustements, il y a des besoins de précision qui impliquent une forme de cheminement intuitif qui ne peut pas être théorisé. Et par contre, ce cheminement, c'est une magnifique histoire, une magnifique lecture de comment on fait en même temps. En tout cas, notre ambition c'est d'être un modèle, c'est d'avoir un mode d'emploi de comment on fait un mot. C'est la partie un peu mégalo du projet qui dit qu'on est en train d'inventer une manière de faire société qui est novatrice, ayant la mégalomanie suffisante de penser qu'on peut proposer un modèle transposable. Et en même temps, il y a dans l'idée le fait de rendre notre méthode transparente, open source, accessible, pour que d'autres s'en saisissent. Il y a une des raisons d'être ici, c'est de dire, regardez, on est capable de faire ça. On est capable d'avoir un lieu où en bas il y a écrit « Bienvenue chez vous » . On est capable de faire de la mixité de public et qu'il y ait des entreprises qui viennent vivre des grands moments de leur vie d'entreprise pendant qu'il y a des publics en situation de précarité qui profitent d'autres endroits du lieu et qu'à un moment, un repas ou lors d'un atelier, tous ces gens-là vont se rencontrer et ça va faire fleurir des discussions. Ce qui est sûr dans les tiers-lieux ou au moins dans le bain-lieu. c'est qu'il y a une matérialité qui met en pratique, qui nous fait sortir de la théorie, que tu ne peux pas retrouver dans des échanges numériques. Le fait d'avoir un lieu, ça permet à ce que des gens qui ne se seraient jamais parlé se reparlent, ou se parlent, ou se découvrent, échangent un sourire, quoi que ce soit. Et après, c'est à nous de créer tous les petits incitatifs à ce que ça se fasse.

  • Speaker #3

    Une brocante et une journée festive s'organisent au Hamo. Allons voir ça. Salut Léa. Salut, ça va ? Comment ça se passe cette brocante ?

  • Speaker #0

    Ça se passe bien. Je suis en ébullition d'idées de comment créer des espaces où les gens vont passer un bon moment. Oui, là je réfléchis à est-ce qu'on met une table de ping-pong et si oui, où ? Bonjour, je suis Stéphanie. J'ai pu venir une fois en bénévole à une journée participative. Et voilà, c'était un très très bon souvenir, vraiment un grand sentiment d'équipe et de solidarité. Et c'était pour les aider aussi aux travaux, participer à la guinguette. Et donc c'était une très belle journée avec une bonne ambiance. Ce qui me plaît, c'est la magie, ce sont les arbres, la connexion avec la nature et l'amour qui y règne. Voilà, et la bienveillance. C'est pour ça que je viens. Je ne connaissais pas du tout le lieu et d'ailleurs je trouve que c'est un endroit magnifique,

  • Speaker #3

    vraiment magnifique.

  • Speaker #0

    Et puis on peut être inspiré par,

  • Speaker #3

    pour moi, pour la musique.

  • Speaker #0

    Il y a de belles énergies,

  • Speaker #3

    de l'eau en plus. Oui, j'ai un bel emplacement,

  • Speaker #0

    voilà. C'est vraiment magnifique. J'ai apporté un peu des cadres anciens, quelques bibelots. J'ai aussi des partitions de musique. Voilà, j'ai un peu de tout. C'est ma première brocante à Montrieux, oui. Vraiment une très belle idée,

  • Speaker #3

    une très belle initiative,

  • Speaker #0

    surtout dans un bel endroit. Alors aujourd'hui, je suis venue pour vendre des fringues de seconde main au Hamo des Montrieux. Je connaissais le Hamo par internet, j'ai vu des affiches aussi, mais je n'étais jamais venue jusqu'ici. Alors oui, vendre des chaussures et des habits de seconde main, ça fait... partie du lieu, de garder les ressources qu'on a et qu'on utilise. C'est un mode de vie qui est le mien et qui, je pense, fait aussi partie de cet endroit. Je suis venue en caravane. C'est une caravane que j'ai achetée pas cher, que j'ai retapée et que je sors pour faire des vies de dressing.

  • Speaker #3

    Je ne sais pas pour vous, moi j'ai l'impression que le monde d'après se construit ici. Mais attention, tout n'est pas tout rose. Voyons avec David les challenges que doivent surmonter ces lieux.

  • Speaker #1

    Quand on arrive dans un territoire en ruralité, isolé, qu'on investit un lieu chargé d'histoire, ancienne et récente, que nous-mêmes on ne sait pas exactement ce qu'on fait et où on va, alors le premier besoin c'est aussi de, malgré le fait que ce n'est pas notre truc, pouvoir mettre une étiquette sur ce qu'on est. Donc on parlait de tiers-lieux. fabrique de territoire, on labellise des tiers-lieux, donc ça nous rend plus officiellement tiers-lieux au-delà de l'auto-proclamation que nous en sommes un. Ça c'est le premier truc. Le deuxième truc, c'est que soit tu fais ton petit bonhomme de chemin tout seul, tu fais ta petite activité marchande, t'as tes clients, tu demandes rien à personne, soit tu veux déployer une activité non marchande, et pour ça t'as la nécessité de le faire en partenariat avec les institutions et les collectivités locales, alors pouvoir être adoubé et reconnu. par les institutions et les collectivités locales, comme quoi ce qu'on fait est reconnu comme tel, alors c'est important. Et en ce sens-là, le programme Fabrique du Territoire, il est hyper important parce que ça permet d'avoir cette étiquette, ça veut dire que ça ouvre un double droit. Le premier, c'est d'être tiers-lieu, fabriqué du territoire. Et le deuxième, c'est démonstrateur, ça veut dire que tu es là pour innover et tu es là pour expérimenter. Donc tu as le droit à l'erreur. Et ça, c'est hyper important. Pour nous comme label, c'est ce qu'on est allé chercher dans ce programme LCT. Bon évidemment il y a une petite subvention qui vient avec, qui n'est pas désagréable, mais qui à l'échelle du projet, je pense que c'est un vrai sujet, pèse une petite partie dans un projet comme ça, mais qui est quand même quelque chose qui nous permet de dire qu'on est là. Après on peut toujours rêver que ce soit beaucoup plus, beaucoup mieux, beaucoup plus loin, mais c'est déjà vraiment génial qu'un programme comme ça existe. Ces lieux qu'on est en train d'essayer de créer, ils nécessitent à toute origine des forts investissements. Acheter un lieu, le rénover, le mettre aux normes pour qu'il puisse exister et faire son premier euro de rentrée, c'est déjà des sommes astronomiques. Donc pour que ces lieux émergent, si on pense que c'est un modèle de société dont on a envie, et nous c'est quelque chose qu'on documente et qu'on souhaite vraiment rendre visible. pour qu'il y ait une prise de conscience là-dessus, c'est que si nous, on n'avait pas la chance d'être des quarantenaires qui avons fait des carrières, qui avons mis l'argent de côté, si on n'avait pas eu cette immense chance que 10 personnes d'un coup acceptent de mettre leur argent à perte dans un projet comme ça, sans en attendre aucun rendement, avec plutôt beaucoup plus de chance de le perdre que de le récupérer un jour, c'est-à-dire que la chance que ça se répète, elle est extrêmement faible. Donc la chance que ce type de lieu émerge, sans souffrance et sans être en danger de mort permanent les 5-10 premières années, elle est extrêmement faible. Et ça, ça permet juste d'exister. On a une deuxième chance, c'est que moi je suis entrepreneur dans l'économie sociale depuis 20 ans, donc les fonds d'investissement Impact me font confiance. On a pu se faire financer ici par des fonds d'investissement Impact qui ont pris le relais, parce qu'une fois que nous on avait dépensé tout notre argent pour acheter le lieu, faire les travaux, ensuite il faut embaucher du monde, planter des légumes, il y a tout de suite des investissements. haute carrière. Donc en fait, c'est très vite un gouffre ce truc-là. Et ça ne devient plus un gouffre quand vous êtes à plusieurs années et que l'activité économique a pris le relais. Moi, j'appelle un peu de mes voeux qu'on puisse donner accès à ces initiatives de lieu et de l'économie sociale à des prêts très long terme, à des dispositifs qui permettent à ces lieux d'émerger parce qu'ils ont la possibilité d'atteindre des modèles économiques qui leur permettent d'être autonomes et rentables, mais ils ont le besoin d'être... financés par des investissements en amont qui tiennent compte de leurs spécificités. Et ça, nous, c'est ce qu'on essaye aussi beaucoup d'explorer. Et d'ailleurs, aujourd'hui, on a trois ans. Qui sait où on sera dans un an, dans deux ans, dans trois ans, si on sera encore là, si on aura réussi notre démonstration économique ? Personne. On est dans un danger permanent. À dix ans, on est hyper confiant. On répond à un besoin de société qu'on nous renvoie, on le voit très bien. Par contre, il y a un temps de construction qui est long. Mais à 10 ans, on est hyper confiant. Donc à 10 ans, on sera performant économiquement, on pourra rembourser des investisseurs. Mais entre les deux, on est dans une fragilité permanente. Et ça fait partie de ce qu'on essaye de démontrer. C'est que si on veut que ce soit réplicable, il va falloir le faciliter d'une manière ou d'une autre. Ça ne pourra pas être l'objet de quelques citoyens qui se fédèrent dans leur coin et qui arrivent parce qu'ils ont envie de le faire.

  • Speaker #3

    C'est déjà la fin de cet épisode. Merci à toute l'équipe de Montrieux-le-Hamot pour leur chaleureux accueil. Dans un prochain épisode, nous irons à la découverte d'un autre tiers-lieu et un autre territoire. A bientôt !

  • Speaker #0

    Au cœur des tiers-lieux, les éclaireurs de la transformation écologique.

Description

Un lieu bucolique en plein cœur du Parc naturel de la Sainte-Baume qui accueille un potager, un restaurant guinguette, un lieu touristique avec hébergements, des séminaires… des activités qui permettent de conserver le patrimoine historique du lieu tout en soutenant l’insertion socio-professionnelle ou des actions de solidarité.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous écoutez, au cœur des tiers-lieux, les éclaireurs de la transformation écologique. Un podcast de l'Agence nationale de la cohésion des territoires. Partons en immersion dans des tiers-lieux implantés en ruralité. Manufacture de proximité, fabrique de territoire, tiers-lieux ressources, circuits courts, tiers-lieux nourriciers ou culturels, et voyons comment ces lieux agissent pour la transformation écologique, sociale et solidaire du territoire.

  • Speaker #1

    A partir de 15h02, dans quelques instants, notre train entre en gare.

  • Speaker #2

    Nous sommes terminus.

  • Speaker #3

    Bonjour, c'est Richard. Pour ce premier épisode d'Au cœur des tiers-lieux, je vous emmène dans le département du Var à Montrieux-le-Hamot, tiers-lieu qui se trouve sur la commune de Méoun-les-Montrieux, à 30 km à vélo de Toulon. J'ai demandé à David, l'un des cofondateurs de Montrieux-le-Hamot, de nous présenter ce lieu et pourquoi il fait tiers lieu.

  • Speaker #1

    David Rivoire, entrepreneur d'intérêt général, cofondateur de Montrieux-le-Hamot avec dix autres coopérateurs et anciennement cofondateur de la première entreprise sociale qui s'appelait Les Deux Rives dans le domaine de la formation pro et cofondateur du Social Bar et de l'école de la convivialité avec l'ami Renaud Seligman. Ce lieu a beaucoup de choses de spéciales. D'abord, c'est un lieu historique. C'est un monastère chartreux du XIIe siècle, qui a été bâti en 1136. Il est emprunt de toute une histoire très très longue. C'est un lieu qui est une chartreuse basse, qui est le lieu des monastères qui étaient ouverts au public. C'était déjà un lieu de réception depuis 1000 ans, qui recevait du public. C'est un lieu qui a traversé les âges et qui est tombé dans le domaine privé il y a 200 ans à la Révolution, et ensuite qui est passé de main en main. C'est la première spécificité de ce lieu. La partie historique entraîne d'autres spécificités, c'est-à-dire que urbanistiquement, c'est un monument historique, donc ça crée des contraintes quand tu veux devenir un tiers-lieu. Et après, les spécificités, elles sont liées à ce qu'on en a fait nous, et ce qu'on a voulu en faire nous en tant que collectif citoyen, c'est-à-dire un tiers-lieu de l'économie sociale et solidaire. Et en tant que tiers-lieu de l'économie sociale et solidaire, ce lieu a beaucoup de spécificités. Et là, un projet agricole où on essaie de réemployer les pratiques du 19e pour montrer qu'on peut faire des rendements aussi efficaces que les rendements actuels avec l'agriculture. intensive sans mettre des intrants partout et mettre de l'énergie partout. Il a une activité de réception, une activité touristique, une activité de formation. Il a vocation à faire des résidences d'artistes, à promouvoir l'artisanat. Donc sa spécificité c'est de faire tout ça en même temps et donc de faire tirer l'une. C'est un village, c'est pour ça qu'on l'a appelé le Hamot, comme c'est hyper vallonné, on est dans le massif de la Sainte-Beaume et que la route qui amène au Hamot est en bas dans la vallée et ouvre sur l'ouverture de Hamot qui monte dans la colline et dans la montagne et que c'est hyper alambiqué. On découvre le lieu au fur et à mesure, on découvre un bâtiment puis il y en a un autre qui est caché derrière et c'est un patchwork avec des petites rues et des petites ruelles, une ruisseau qui coule au milieu. Une forêt incroyable, des bâtiments du XIIe siècle adossés à des bâtiments du début du XXe, de la fin du XXe, donc une spécificité architecturale hyper complexe, hyper surprenante, parce que tu fais 50 mètres et tu passes du XIIe siècle aux années 80. Moi souvent quand je fais la visite chez cette belge, attention maintenant on va retourner dans les années 80. C'est un peu surprenant quand tu sors d'un bâtiment en vieille pierre, de retrouver ce joli béton qu'on a inventé. dans les périodes de croissance économique de la deuxième partie du XXe. Et donc voilà, ce lieu, il est fou. D'abord, il n'a pas d'autre ville. Il est alimenté par sa propre source, ce qui est déjà assez spécifique. Mais en plus, dans le Var, très au sud et très particulier. En montrieux, ça veut dire le mont Ruisseau en Provençal. On est dans un bassin qui est un versant nord, dans une forêt de 700 hectares. Donc voilà, avec des arbres de 30 mètres de haut qui sont assez incroyables. l'intention, la mission d'un tiers lieu, en tout cas tel que je le définis moi, quand il est dans un territoire isolé et rural comme le nôtre. Moi, j'aime bien le mot réapprendre, c'est-à-dire comment on réapprend à faire ce qu'on a tous oublié de faire, c'est-à-dire essayer de manger ce qu'on produit, essayer de se reconnecter à la nature, essayer de refaire communauté, de vivre ensemble, de recréer du lien social, de retrouver un endroit où on peut avoir de la mixité sociale, comment on peut revivre de la vie culturelle. très diversifié, comment on peut inclure les plus éloignés de l'emploi, de l'économie, de la société, et comment on fait ça dans un seul et même lieu et en même temps.

  • Speaker #3

    Allons échanger avec Alaïa, animateur et touche-à-tout, et voyons son rapport avec ce lieu. D'abord, ce hameau, sa particularité, c'est l'eau qui est présente partout.

  • Speaker #4

    Le rieux frais, notre petit ruisseau, c'est assez ouf parce que chaque été, on a des voisins de la ville de Signe, de Méhoun, qui passent, qui eux aussi ont de l'eau qui coule sur leur maison, sur leur domaine, et ils sont estomacés du fait qu'on ait de l'eau qu'elle soit aussi fraîche, qu'elle coule aussi fort, même l'été. Moi, c'est Alaïa, je suis responsable polyvalent ici. On ne peut toujours rien dire, mais l'idée, c'est qu'on arrive tous avec une expertise. J'ai une expertise dans l'animation, dans la création d'espaces conviviaux, et une belle expérience dans l'événementiel, la restauration. Ça permet d'agencer un peu tout ça. et de créer des bons moments ici. Je suis vraiment le cliché parisien, même un peu de banlieue, du coup, j'ai pas les codes, je savais pas quand pousser les tomates, genre j'avais jamais fait attention à ces trucs-là, et je sentais que j'avais pas les outils pour apprendre, pour faire, et moi j'ai besoin de voir, j'ai besoin de faire pour évoluer, le bac à sable que c'est ici pour apprendre des trucs, c'est ouf. C'est ouf. En gros, ils ont créé un métier ici, le métier de touche à tout, qui est un métier de réinsertion. En gros, c'est des jeunes et des un peu moins jeunes qui sont sortis du cursus scolaire, de l'emploi, etc. Et en fait, chacun arrive avec un bagage, une expérience, et nous, on leur propose de leur faire découvrir des métiers différents, de l'animation maintenant avec moi. Et en gros, l'idée, c'est qu'on va aller leur faire goûter à tous ces trucs. Et du coup, il y a cette valeur d'apprentissage, de droit à l'erreur. Il y a aussi cette idée de poser des questions, aller chercher, aller challenger. Moi, je me suis retrouvé plusieurs fois dans ce système, où il y a des gars qui me posent des questions. « Mais pourquoi on fait ça ? » « Parce que je l'ai toujours fait comme ça. » Mais du coup, on va chercher plus loin. « T'as raison, tu me challenges. Là, ça fait sens ce que tu dis. » Et on va, par itération, améliorer notre système. Et je trouve ça trop impressionnant et ça rend trop humble en fait. Moi j'avais 10 ans d'expérience en restauration, Evan il a 17 ans, il m'a dit « bah ouais mais moi je trouve que c'est plus simple » . Et oui t'as raison en fait. On va faire comme toi tu dis là. C'est ouf. Ça me met des frissons à chaque fois, genre je suis là, c'est trop bien. Et en vrai c'est cet endroit qui pousse à ça, qui pousse à cette réflexion aussi, on se questionne, on va aller chercher plus loin, et c'est ouf que... de trouver un endroit en fait où tout le monde... C'est pas mon patron, tu vois, mais c'est ce qui se rapproche le plus de mon patron, tu vois, David, qui vient et qui me questionne, qui me challenge sur mes envies, sur mes visions, sur tout ça, etc. Merci. Salut !

  • Speaker #5

    Du coup, je m'appelle Ethan. Actuellement, je suis un touch-à-tout à Monde-Montrieux. Donc, touch-à-tout, c'est le petit employé polyvalent, comme son nom l'indique, touch-à-tout, d'où le nom un peu cocasse, j'ai envie de dire. J'ai un projet qui va peut-être fusionner l'idée de la sociocratie du Hamon pour l'avenir pour moi. C'est d'ouvrir une école de menuiserie dans les années à venir qui mélangera la sociocratie, donc le fait qu'il n'y ait pas de patron à proprement parler. C'est-à-dire, moi je serai le dirigeant, mais les élèves pourront autant leur mot à dire que moi, ou les professeurs. Donc voilà, le but c'est vraiment de fusionner ces deux mondes pour créer peut-être un espace qui... J'espère que ce sera vraiment, on va dire, parfait. Franchement, ce serait cool si c'est à Montrieux, vraiment, parce qu'il y a tellement de potentiel sur le lieu, même peut-être aller plus profond dans la forêt ou dans un bâtiment qui existe déjà. Mais j'avoue, si malheureusement ça ne se passe pas à Montrieux, rester dans le coin pour pouvoir venir, peut-être avec mon école, pour voir un autre lieu de sociocratie, comment ça marche. Mais oui, le but, ce serait cool que ce soit à Montrieux.

  • Speaker #1

    Moi j'ai été très tôt très marqué par l'idée qu'on est une civilisation hors sol, c'est-à-dire qui a perdu ses savoir-faire essentiels. Et puis évidemment j'ai suivi tous les reportages sur l'agriculture industrielle, sur ce qui s'était passé avec l'agriculture intensive, les sols qu'on a pourris, etc. Et j'ai des ados qui, je crois qu'ils trouvent normal qu'on trouve les aliments dans les magasins et pas forcément ailleurs. Donc il y a des générations qui sont en train d'oublier que pour parvenir à ses besoins primaires, il faut savoir le faire. Quand on est arrivé, la première chose qu'on a fait, c'est chercher un maraîcher, puis un spécialiste de l'histoire du maraîchage. Malgré le fait qu'on savait qu'on allait avoir 18 mois de mise aux normes du domaine et de travaux pour pouvoir accueillir du public et faire du chiffre d'affaires. donc ça fait partie des investissements. qu'on a voulu tout de suite faire parce qu'on sait que c'est du temps long on a envie de se permettre ce temps long parce qu'on veut faire une démonstration en parlant de démonstration allons assister à la présentation par enzo de l'activité agricole et de maraîchage

  • Speaker #6

    Parmi les gens qui sont là, qui est-ce qui connaît déjà le hameau ? Ok, cool, super. Alors ce qu'on va faire, c'est qu'on va commencer par la source, parce que la source, c'est le commencement du potager, d'un point de vue autant physique que... Voilà, donc c'est tout en haut du domaine, c'est le point le plus haut du domaine, c'est ce pourquoi les moines se sont installés ici au XIIe siècle, et c'est le cœur du hameau un petit peu. qui nous permet d'être ici. Ici on n'est pas sur le réseau en eau donc on dépend complètement de cette source qui délivre 2 litres par seconde continuellement. Donc a priori la nappe est très profonde et très très grosse. Elle ne change pas en température selon la saison et elle ne change pas en débit. 2 litres ça fait en gros 80 m3 par jour donc c'est absolument énorme. Je crois qu'elle sort à un truc comme entre 10 et 12 degrés. Je m'appelle Enzo Fuchs, je suis le maraîcher ici depuis un an et demi. Je suis la seule personne qui vit sur place avec ma compagne et mes deux chiens. Je fais aussi le rôle de régisseur, gardien, cuisinier. Le hameau c'est un joyeux bordel et il y a besoin de bras, et souvent on manque de bras donc il faut savoir être polyvalent. Moi de formation, j'ai fait des études d'horticulture. Après j'ai eu des problèmes de santé donc je me suis dirigé vers la cuisine. J'ai fait à peu près 4 ans d'horticulture, puis après 6 ans de cuisine, pour revenir tout de suite au maraîchage. Donc beaucoup de choses à mettre en place, parce qu'à mon arrivée, il y avait juste 2 rangs de patates et 3 choux qui se battaient dans le jardin. Donc on a accompli pas mal de choses en un an et demi. On a mis ça en place avec mon collègue Jean-Michel, qui est historien de l'agriculture. Et donc on essaye de développer au hameau des techniques et des pratiques anciennes. sur des systèmes d'exploitation riches. On a des expérimentations au jardin, on en a sur les restants qu'en bas et on en a dans la forêt vergée, à côté de l'étang et dans la carrière. En tout, il y a à peu près 5000 m² d'exploités. Il y a 1500 en potager qui sont uniquement en légumes et peut-être 3000 ou 4000 pour... vignes, fruitiers et aromatiques.

  • Speaker #0

    C'est une mini grotte ?

  • Speaker #6

    C'est une mini grotte, oui exactement. On est donc orienté sud mais vers son nord, ce qui pour de l'agriculture est extrêmement nul. Ça veut dire pas de luminosité, ça veut dire que l'hiver fait très froid. Ici on tape des moins 10, moins 12 l'hiver alors que à 5 km littéralement à vol d'oiseau. Au revest, il n'y a jamais de gel. La bonne nouvelle, c'est que l'hiver, on peut produire ici. On ne peut pas produire énormément, en variété, mais on peut produire. Les poireaux ont vachement bien marché, les oignons ont vachement bien marché, les choux. Par exemple, ici, l'été, ça ne voit jamais le soleil. C'est pour ça que j'ai implanté une champignonnière. Donc, on espère pouvoir produire des champignons ici. Au lieu de faire un brocoli comme ça, ça fait des toutes petites... tête qui bouge avec des grosses tiges. Et bien en fait, eux ils le mangent comme ça, c'est comme ça qu'ils aiment le brocoli, ils le font vapeur avec juste un petit peu d'ail, un petit peu de sauce soja, c'est absolument exceptionnel. Et du coup, en fait c'est ce que j'ai fait avec mes choux. Je venais, je tirais quelques inflorescences, dans le wok, un tout petit peu de gras, un tout petit peu d'ail, en deux minutes c'est fait, c'est frit. et c'est exceptionnel quoi alors que un maraîcher normal n'a pas le marché et il va se dire mon chou au lieu d'être comme ça il n'y a absolument rien à récolter je le dégage et bien en fait il y a une valeur ajoutée de dingue à mettre dedans si tu connais le marché et si tu as la présence d'esprit de montrer aux gens que c'est possible et c'est là que la guinguette est intéressante et le restaurant est intéressant c'est que tu as une liberté de faire ce que tu veux de tes produits ici T'es pas obligé de trouver un négociant qui va dire « Ah bah moi je te l'achète, je te le vends, y'a pas de soucis. » David, un de nos cofondateurs, quand je lui dis qu'on est en circuit court, il dit qu'on est en court-circuit. C'est exactement ça, parce que la boucle est fermée. Donc on récolte, on transforme, on donne à manger immédiatement sur le même endroit. Ce qui amène beaucoup de liberté, qui en tant que maraîcher est très intéressant parce que j'ai fait une production d'énormément de variétés l'année dernière.

  • Speaker #1

    On ne sera pas content quand on aura atteint l'autonomie à Morion, on sera content quand on aura démontré comment on s'y prend. Et open sourcer la méthode qui permet de partir de rien, et de dire comment on atteint un rendement qui permet de faire vivre son territoire, et par quoi il faut en passer pour. Et ça, ça nous renvoie à ce qui se passe avec les agriculteurs en ce moment qui ont fait injonction d'arrêter certains intrants, etc. Sauf que comme on ne leur propose pas d'alternative, et que cette alternative elle est longue. On ne peut pas passer du jour au lendemain d'un système à un autre. Nous, on pense qu'atteindre un rendement qui commencerait à ressembler à une autonomie ici, c'est au moins 4-5 ans. Donc on prend notre temps et ça fait partie de la recherche de comprendre les obstacles qu'on rencontre à notre niveau.

  • Speaker #3

    Les enjeux sociaux et de solidarité ne sont jamais très éloignés des enjeux écologiques. Voyons avec Léa et Jacques comment cela prend forme ici.

  • Speaker #2

    Et c'est pas impossible que tu ne retiennes pas tous les vignes actuelles.

  • Speaker #0

    Je m'appelle Léa Massouad-Dilouca. Je travaille sur la création de lieux de résilience, de solidarité et de création d'alternatives depuis une dizaine d'années maintenant. J'ai rejoint ce projet. Et en fait, ce projet-là correspond quasi trait pour trait à un projet que j'avais imaginé il y a dix ans et qui a été à la base de ma réflexion sur ces lieux-là. Je me suis pas mal questionnée sur des questions écologiques, sociales. J'ai fait quelques rencontres, notamment de militants, qui m'ont un peu ouvert mes œillères sur à la fois des questions d'urgence climatique et sociale et en même temps qui m'ont, par la rencontre que j'ai faite, ça m'a surtout enseigné l'importance d'aller sur le terrain. Je rentendais beaucoup parler de ce projet-là, déjà parce que mon compagnon a commencé à y travailler en tant que cuisinier. Assez rapidement, j'ai compris par ce qu'il me disait que c'était un lieu qui avait tout d'un tiers-lieu, ou en tout cas d'une volonté de tiers-lieu. Et j'ai vu qu'il y avait non seulement un beau potentiel, et puis rapidement j'ai rencontré David, je me suis rendu compte qu'il y avait aussi des personnes vraiment sincères dans la démarche. Et pour un projet de cette envergure-là, de cette taille-là, un domaine de plus de 12 hectares, un ancien monastère de Chartreux... La volonté d'être un laboratoire agroécologique, d'être aussi un espace d'hospitalité, d'être un espace d'insertion professionnelle, etc. Que ça parte vraiment d'une volonté militante et désintéressée. Je trouve que les gens comme ça, il faut les soutenir, et il faut pouvoir venir avec des idées, avec des envies, avec de l'énergie. Initialement, j'ai rejoint le projet en tant que salariée, pour porter un projet d'école. Finalement, on ne fait pas une école tout de suite, mais ce qu'on porte, c'est surtout des programmes de séjour. et de séjour apprenant, de séjour de réplique, de séjour de remobilisation, parce que c'est beaucoup plus cohérent avec ce qu'est le lieu et son enjeu de préfiguration d'une hospitalité mixte, solidaire, durable, qui soit un peu plus souhaitable et un peu plus viable que celle qu'on connaît aujourd'hui. Comment on essaie de faire Hospitate autrement ? De plusieurs manières. La première chose, c'est qu'on est un hôtel de à peu près 70 couchages et qu'on accueille une grande diversité de publics. On a ici des entreprises, des collectivités qui viennent en séminaire, on a des particuliers qui viennent pour un anniversaire ou un mariage, on a des associations qui viennent pour un projet collectif et on organise nous-mêmes ce qu'on appelle nos programmes solidaires et qui sont portés par l'association Mon Rieu pour tous. Parmi ces programmes, on a des programmes de répit, un premier programme par exemple qui est à destination des femmes victimes de violences conjugales, un deuxième programme à destination des aidants et des aidées. Donc là, on parle de personnes en situation de handicap mental ou psychique, ainsi que leurs aidants, c'est-à-dire les personnes qui, en général, dans un cercle familial, mais pas que, qui aident cette personne. On est dans un magnifique parc de la Sainte-Baume, donc la plupart des activités, on les fait à l'extérieur. On essaie de sensibiliser aux vivants, de faire des veillées comme ce soir, de signer des bas. Et en même temps, on veut que ça reste un espace de joie, de convivialité. En tout cas, on n'est pas dans une grosse chaîne d'hôtellerie de masse. pour plusieurs raisons. La première, c'est qu'en fait, on n'a pas d'actionnaire. On est sur un modèle économique circulaire qui fait que le jour où l'hôtel sera excédentaire, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, 100% des bénéfices iront soit à la rénovation du bâti du XIIe siècle, soit directement aux programmes sociaux. Il n'y a aucun euro qui va sortir de cette boucle-là. Donnez-lui un micro aussi.

  • Speaker #2

    Je m'appelle Jacques Dehoux, je suis coordinateur à Montréal-Le Hamot.

  • Speaker #4

    J'ai,

  • Speaker #2

    pendant plus de 15 ans, été restaurateur. Et parallèlement à ça, j'ai une formation d'historien, de chercheur en histoire. Quand on parle d'intelligence collective, qui est un peu mon dada, il y a un peu l'idée de... Moi je préfère intelligence coopérative, il y a un peu l'idée de craquer le code en fait de cette intelligence coopérative et de se dire ok donc on a des grandes intentions théoriques, dont celle de dire que la force du groupe, la puissance de création du groupe sera plus élevée que l'accumulation de 1 plus 1 en fait. On va réussir à créer une dynamique qui nous dépasse. Il y a une idée expérimentale d'arriver et de dire ok, cette théorie on la met en pratique et on voit qu'en fait il y a des limites, il y a des ajustements, il y a des besoins de précision qui impliquent une forme de cheminement intuitif qui ne peut pas être théorisé. Et par contre, ce cheminement, c'est une magnifique histoire, une magnifique lecture de comment on fait en même temps. En tout cas, notre ambition c'est d'être un modèle, c'est d'avoir un mode d'emploi de comment on fait un mot. C'est la partie un peu mégalo du projet qui dit qu'on est en train d'inventer une manière de faire société qui est novatrice, ayant la mégalomanie suffisante de penser qu'on peut proposer un modèle transposable. Et en même temps, il y a dans l'idée le fait de rendre notre méthode transparente, open source, accessible, pour que d'autres s'en saisissent. Il y a une des raisons d'être ici, c'est de dire, regardez, on est capable de faire ça. On est capable d'avoir un lieu où en bas il y a écrit « Bienvenue chez vous » . On est capable de faire de la mixité de public et qu'il y ait des entreprises qui viennent vivre des grands moments de leur vie d'entreprise pendant qu'il y a des publics en situation de précarité qui profitent d'autres endroits du lieu et qu'à un moment, un repas ou lors d'un atelier, tous ces gens-là vont se rencontrer et ça va faire fleurir des discussions. Ce qui est sûr dans les tiers-lieux ou au moins dans le bain-lieu. c'est qu'il y a une matérialité qui met en pratique, qui nous fait sortir de la théorie, que tu ne peux pas retrouver dans des échanges numériques. Le fait d'avoir un lieu, ça permet à ce que des gens qui ne se seraient jamais parlé se reparlent, ou se parlent, ou se découvrent, échangent un sourire, quoi que ce soit. Et après, c'est à nous de créer tous les petits incitatifs à ce que ça se fasse.

  • Speaker #3

    Une brocante et une journée festive s'organisent au Hamo. Allons voir ça. Salut Léa. Salut, ça va ? Comment ça se passe cette brocante ?

  • Speaker #0

    Ça se passe bien. Je suis en ébullition d'idées de comment créer des espaces où les gens vont passer un bon moment. Oui, là je réfléchis à est-ce qu'on met une table de ping-pong et si oui, où ? Bonjour, je suis Stéphanie. J'ai pu venir une fois en bénévole à une journée participative. Et voilà, c'était un très très bon souvenir, vraiment un grand sentiment d'équipe et de solidarité. Et c'était pour les aider aussi aux travaux, participer à la guinguette. Et donc c'était une très belle journée avec une bonne ambiance. Ce qui me plaît, c'est la magie, ce sont les arbres, la connexion avec la nature et l'amour qui y règne. Voilà, et la bienveillance. C'est pour ça que je viens. Je ne connaissais pas du tout le lieu et d'ailleurs je trouve que c'est un endroit magnifique,

  • Speaker #3

    vraiment magnifique.

  • Speaker #0

    Et puis on peut être inspiré par,

  • Speaker #3

    pour moi, pour la musique.

  • Speaker #0

    Il y a de belles énergies,

  • Speaker #3

    de l'eau en plus. Oui, j'ai un bel emplacement,

  • Speaker #0

    voilà. C'est vraiment magnifique. J'ai apporté un peu des cadres anciens, quelques bibelots. J'ai aussi des partitions de musique. Voilà, j'ai un peu de tout. C'est ma première brocante à Montrieux, oui. Vraiment une très belle idée,

  • Speaker #3

    une très belle initiative,

  • Speaker #0

    surtout dans un bel endroit. Alors aujourd'hui, je suis venue pour vendre des fringues de seconde main au Hamo des Montrieux. Je connaissais le Hamo par internet, j'ai vu des affiches aussi, mais je n'étais jamais venue jusqu'ici. Alors oui, vendre des chaussures et des habits de seconde main, ça fait... partie du lieu, de garder les ressources qu'on a et qu'on utilise. C'est un mode de vie qui est le mien et qui, je pense, fait aussi partie de cet endroit. Je suis venue en caravane. C'est une caravane que j'ai achetée pas cher, que j'ai retapée et que je sors pour faire des vies de dressing.

  • Speaker #3

    Je ne sais pas pour vous, moi j'ai l'impression que le monde d'après se construit ici. Mais attention, tout n'est pas tout rose. Voyons avec David les challenges que doivent surmonter ces lieux.

  • Speaker #1

    Quand on arrive dans un territoire en ruralité, isolé, qu'on investit un lieu chargé d'histoire, ancienne et récente, que nous-mêmes on ne sait pas exactement ce qu'on fait et où on va, alors le premier besoin c'est aussi de, malgré le fait que ce n'est pas notre truc, pouvoir mettre une étiquette sur ce qu'on est. Donc on parlait de tiers-lieux. fabrique de territoire, on labellise des tiers-lieux, donc ça nous rend plus officiellement tiers-lieux au-delà de l'auto-proclamation que nous en sommes un. Ça c'est le premier truc. Le deuxième truc, c'est que soit tu fais ton petit bonhomme de chemin tout seul, tu fais ta petite activité marchande, t'as tes clients, tu demandes rien à personne, soit tu veux déployer une activité non marchande, et pour ça t'as la nécessité de le faire en partenariat avec les institutions et les collectivités locales, alors pouvoir être adoubé et reconnu. par les institutions et les collectivités locales, comme quoi ce qu'on fait est reconnu comme tel, alors c'est important. Et en ce sens-là, le programme Fabrique du Territoire, il est hyper important parce que ça permet d'avoir cette étiquette, ça veut dire que ça ouvre un double droit. Le premier, c'est d'être tiers-lieu, fabriqué du territoire. Et le deuxième, c'est démonstrateur, ça veut dire que tu es là pour innover et tu es là pour expérimenter. Donc tu as le droit à l'erreur. Et ça, c'est hyper important. Pour nous comme label, c'est ce qu'on est allé chercher dans ce programme LCT. Bon évidemment il y a une petite subvention qui vient avec, qui n'est pas désagréable, mais qui à l'échelle du projet, je pense que c'est un vrai sujet, pèse une petite partie dans un projet comme ça, mais qui est quand même quelque chose qui nous permet de dire qu'on est là. Après on peut toujours rêver que ce soit beaucoup plus, beaucoup mieux, beaucoup plus loin, mais c'est déjà vraiment génial qu'un programme comme ça existe. Ces lieux qu'on est en train d'essayer de créer, ils nécessitent à toute origine des forts investissements. Acheter un lieu, le rénover, le mettre aux normes pour qu'il puisse exister et faire son premier euro de rentrée, c'est déjà des sommes astronomiques. Donc pour que ces lieux émergent, si on pense que c'est un modèle de société dont on a envie, et nous c'est quelque chose qu'on documente et qu'on souhaite vraiment rendre visible. pour qu'il y ait une prise de conscience là-dessus, c'est que si nous, on n'avait pas la chance d'être des quarantenaires qui avons fait des carrières, qui avons mis l'argent de côté, si on n'avait pas eu cette immense chance que 10 personnes d'un coup acceptent de mettre leur argent à perte dans un projet comme ça, sans en attendre aucun rendement, avec plutôt beaucoup plus de chance de le perdre que de le récupérer un jour, c'est-à-dire que la chance que ça se répète, elle est extrêmement faible. Donc la chance que ce type de lieu émerge, sans souffrance et sans être en danger de mort permanent les 5-10 premières années, elle est extrêmement faible. Et ça, ça permet juste d'exister. On a une deuxième chance, c'est que moi je suis entrepreneur dans l'économie sociale depuis 20 ans, donc les fonds d'investissement Impact me font confiance. On a pu se faire financer ici par des fonds d'investissement Impact qui ont pris le relais, parce qu'une fois que nous on avait dépensé tout notre argent pour acheter le lieu, faire les travaux, ensuite il faut embaucher du monde, planter des légumes, il y a tout de suite des investissements. haute carrière. Donc en fait, c'est très vite un gouffre ce truc-là. Et ça ne devient plus un gouffre quand vous êtes à plusieurs années et que l'activité économique a pris le relais. Moi, j'appelle un peu de mes voeux qu'on puisse donner accès à ces initiatives de lieu et de l'économie sociale à des prêts très long terme, à des dispositifs qui permettent à ces lieux d'émerger parce qu'ils ont la possibilité d'atteindre des modèles économiques qui leur permettent d'être autonomes et rentables, mais ils ont le besoin d'être... financés par des investissements en amont qui tiennent compte de leurs spécificités. Et ça, nous, c'est ce qu'on essaye aussi beaucoup d'explorer. Et d'ailleurs, aujourd'hui, on a trois ans. Qui sait où on sera dans un an, dans deux ans, dans trois ans, si on sera encore là, si on aura réussi notre démonstration économique ? Personne. On est dans un danger permanent. À dix ans, on est hyper confiant. On répond à un besoin de société qu'on nous renvoie, on le voit très bien. Par contre, il y a un temps de construction qui est long. Mais à 10 ans, on est hyper confiant. Donc à 10 ans, on sera performant économiquement, on pourra rembourser des investisseurs. Mais entre les deux, on est dans une fragilité permanente. Et ça fait partie de ce qu'on essaye de démontrer. C'est que si on veut que ce soit réplicable, il va falloir le faciliter d'une manière ou d'une autre. Ça ne pourra pas être l'objet de quelques citoyens qui se fédèrent dans leur coin et qui arrivent parce qu'ils ont envie de le faire.

  • Speaker #3

    C'est déjà la fin de cet épisode. Merci à toute l'équipe de Montrieux-le-Hamot pour leur chaleureux accueil. Dans un prochain épisode, nous irons à la découverte d'un autre tiers-lieu et un autre territoire. A bientôt !

  • Speaker #0

    Au cœur des tiers-lieux, les éclaireurs de la transformation écologique.

Share

Embed

You may also like

Description

Un lieu bucolique en plein cœur du Parc naturel de la Sainte-Baume qui accueille un potager, un restaurant guinguette, un lieu touristique avec hébergements, des séminaires… des activités qui permettent de conserver le patrimoine historique du lieu tout en soutenant l’insertion socio-professionnelle ou des actions de solidarité.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous écoutez, au cœur des tiers-lieux, les éclaireurs de la transformation écologique. Un podcast de l'Agence nationale de la cohésion des territoires. Partons en immersion dans des tiers-lieux implantés en ruralité. Manufacture de proximité, fabrique de territoire, tiers-lieux ressources, circuits courts, tiers-lieux nourriciers ou culturels, et voyons comment ces lieux agissent pour la transformation écologique, sociale et solidaire du territoire.

  • Speaker #1

    A partir de 15h02, dans quelques instants, notre train entre en gare.

  • Speaker #2

    Nous sommes terminus.

  • Speaker #3

    Bonjour, c'est Richard. Pour ce premier épisode d'Au cœur des tiers-lieux, je vous emmène dans le département du Var à Montrieux-le-Hamot, tiers-lieu qui se trouve sur la commune de Méoun-les-Montrieux, à 30 km à vélo de Toulon. J'ai demandé à David, l'un des cofondateurs de Montrieux-le-Hamot, de nous présenter ce lieu et pourquoi il fait tiers lieu.

  • Speaker #1

    David Rivoire, entrepreneur d'intérêt général, cofondateur de Montrieux-le-Hamot avec dix autres coopérateurs et anciennement cofondateur de la première entreprise sociale qui s'appelait Les Deux Rives dans le domaine de la formation pro et cofondateur du Social Bar et de l'école de la convivialité avec l'ami Renaud Seligman. Ce lieu a beaucoup de choses de spéciales. D'abord, c'est un lieu historique. C'est un monastère chartreux du XIIe siècle, qui a été bâti en 1136. Il est emprunt de toute une histoire très très longue. C'est un lieu qui est une chartreuse basse, qui est le lieu des monastères qui étaient ouverts au public. C'était déjà un lieu de réception depuis 1000 ans, qui recevait du public. C'est un lieu qui a traversé les âges et qui est tombé dans le domaine privé il y a 200 ans à la Révolution, et ensuite qui est passé de main en main. C'est la première spécificité de ce lieu. La partie historique entraîne d'autres spécificités, c'est-à-dire que urbanistiquement, c'est un monument historique, donc ça crée des contraintes quand tu veux devenir un tiers-lieu. Et après, les spécificités, elles sont liées à ce qu'on en a fait nous, et ce qu'on a voulu en faire nous en tant que collectif citoyen, c'est-à-dire un tiers-lieu de l'économie sociale et solidaire. Et en tant que tiers-lieu de l'économie sociale et solidaire, ce lieu a beaucoup de spécificités. Et là, un projet agricole où on essaie de réemployer les pratiques du 19e pour montrer qu'on peut faire des rendements aussi efficaces que les rendements actuels avec l'agriculture. intensive sans mettre des intrants partout et mettre de l'énergie partout. Il a une activité de réception, une activité touristique, une activité de formation. Il a vocation à faire des résidences d'artistes, à promouvoir l'artisanat. Donc sa spécificité c'est de faire tout ça en même temps et donc de faire tirer l'une. C'est un village, c'est pour ça qu'on l'a appelé le Hamot, comme c'est hyper vallonné, on est dans le massif de la Sainte-Beaume et que la route qui amène au Hamot est en bas dans la vallée et ouvre sur l'ouverture de Hamot qui monte dans la colline et dans la montagne et que c'est hyper alambiqué. On découvre le lieu au fur et à mesure, on découvre un bâtiment puis il y en a un autre qui est caché derrière et c'est un patchwork avec des petites rues et des petites ruelles, une ruisseau qui coule au milieu. Une forêt incroyable, des bâtiments du XIIe siècle adossés à des bâtiments du début du XXe, de la fin du XXe, donc une spécificité architecturale hyper complexe, hyper surprenante, parce que tu fais 50 mètres et tu passes du XIIe siècle aux années 80. Moi souvent quand je fais la visite chez cette belge, attention maintenant on va retourner dans les années 80. C'est un peu surprenant quand tu sors d'un bâtiment en vieille pierre, de retrouver ce joli béton qu'on a inventé. dans les périodes de croissance économique de la deuxième partie du XXe. Et donc voilà, ce lieu, il est fou. D'abord, il n'a pas d'autre ville. Il est alimenté par sa propre source, ce qui est déjà assez spécifique. Mais en plus, dans le Var, très au sud et très particulier. En montrieux, ça veut dire le mont Ruisseau en Provençal. On est dans un bassin qui est un versant nord, dans une forêt de 700 hectares. Donc voilà, avec des arbres de 30 mètres de haut qui sont assez incroyables. l'intention, la mission d'un tiers lieu, en tout cas tel que je le définis moi, quand il est dans un territoire isolé et rural comme le nôtre. Moi, j'aime bien le mot réapprendre, c'est-à-dire comment on réapprend à faire ce qu'on a tous oublié de faire, c'est-à-dire essayer de manger ce qu'on produit, essayer de se reconnecter à la nature, essayer de refaire communauté, de vivre ensemble, de recréer du lien social, de retrouver un endroit où on peut avoir de la mixité sociale, comment on peut revivre de la vie culturelle. très diversifié, comment on peut inclure les plus éloignés de l'emploi, de l'économie, de la société, et comment on fait ça dans un seul et même lieu et en même temps.

  • Speaker #3

    Allons échanger avec Alaïa, animateur et touche-à-tout, et voyons son rapport avec ce lieu. D'abord, ce hameau, sa particularité, c'est l'eau qui est présente partout.

  • Speaker #4

    Le rieux frais, notre petit ruisseau, c'est assez ouf parce que chaque été, on a des voisins de la ville de Signe, de Méhoun, qui passent, qui eux aussi ont de l'eau qui coule sur leur maison, sur leur domaine, et ils sont estomacés du fait qu'on ait de l'eau qu'elle soit aussi fraîche, qu'elle coule aussi fort, même l'été. Moi, c'est Alaïa, je suis responsable polyvalent ici. On ne peut toujours rien dire, mais l'idée, c'est qu'on arrive tous avec une expertise. J'ai une expertise dans l'animation, dans la création d'espaces conviviaux, et une belle expérience dans l'événementiel, la restauration. Ça permet d'agencer un peu tout ça. et de créer des bons moments ici. Je suis vraiment le cliché parisien, même un peu de banlieue, du coup, j'ai pas les codes, je savais pas quand pousser les tomates, genre j'avais jamais fait attention à ces trucs-là, et je sentais que j'avais pas les outils pour apprendre, pour faire, et moi j'ai besoin de voir, j'ai besoin de faire pour évoluer, le bac à sable que c'est ici pour apprendre des trucs, c'est ouf. C'est ouf. En gros, ils ont créé un métier ici, le métier de touche à tout, qui est un métier de réinsertion. En gros, c'est des jeunes et des un peu moins jeunes qui sont sortis du cursus scolaire, de l'emploi, etc. Et en fait, chacun arrive avec un bagage, une expérience, et nous, on leur propose de leur faire découvrir des métiers différents, de l'animation maintenant avec moi. Et en gros, l'idée, c'est qu'on va aller leur faire goûter à tous ces trucs. Et du coup, il y a cette valeur d'apprentissage, de droit à l'erreur. Il y a aussi cette idée de poser des questions, aller chercher, aller challenger. Moi, je me suis retrouvé plusieurs fois dans ce système, où il y a des gars qui me posent des questions. « Mais pourquoi on fait ça ? » « Parce que je l'ai toujours fait comme ça. » Mais du coup, on va chercher plus loin. « T'as raison, tu me challenges. Là, ça fait sens ce que tu dis. » Et on va, par itération, améliorer notre système. Et je trouve ça trop impressionnant et ça rend trop humble en fait. Moi j'avais 10 ans d'expérience en restauration, Evan il a 17 ans, il m'a dit « bah ouais mais moi je trouve que c'est plus simple » . Et oui t'as raison en fait. On va faire comme toi tu dis là. C'est ouf. Ça me met des frissons à chaque fois, genre je suis là, c'est trop bien. Et en vrai c'est cet endroit qui pousse à ça, qui pousse à cette réflexion aussi, on se questionne, on va aller chercher plus loin, et c'est ouf que... de trouver un endroit en fait où tout le monde... C'est pas mon patron, tu vois, mais c'est ce qui se rapproche le plus de mon patron, tu vois, David, qui vient et qui me questionne, qui me challenge sur mes envies, sur mes visions, sur tout ça, etc. Merci. Salut !

  • Speaker #5

    Du coup, je m'appelle Ethan. Actuellement, je suis un touch-à-tout à Monde-Montrieux. Donc, touch-à-tout, c'est le petit employé polyvalent, comme son nom l'indique, touch-à-tout, d'où le nom un peu cocasse, j'ai envie de dire. J'ai un projet qui va peut-être fusionner l'idée de la sociocratie du Hamon pour l'avenir pour moi. C'est d'ouvrir une école de menuiserie dans les années à venir qui mélangera la sociocratie, donc le fait qu'il n'y ait pas de patron à proprement parler. C'est-à-dire, moi je serai le dirigeant, mais les élèves pourront autant leur mot à dire que moi, ou les professeurs. Donc voilà, le but c'est vraiment de fusionner ces deux mondes pour créer peut-être un espace qui... J'espère que ce sera vraiment, on va dire, parfait. Franchement, ce serait cool si c'est à Montrieux, vraiment, parce qu'il y a tellement de potentiel sur le lieu, même peut-être aller plus profond dans la forêt ou dans un bâtiment qui existe déjà. Mais j'avoue, si malheureusement ça ne se passe pas à Montrieux, rester dans le coin pour pouvoir venir, peut-être avec mon école, pour voir un autre lieu de sociocratie, comment ça marche. Mais oui, le but, ce serait cool que ce soit à Montrieux.

  • Speaker #1

    Moi j'ai été très tôt très marqué par l'idée qu'on est une civilisation hors sol, c'est-à-dire qui a perdu ses savoir-faire essentiels. Et puis évidemment j'ai suivi tous les reportages sur l'agriculture industrielle, sur ce qui s'était passé avec l'agriculture intensive, les sols qu'on a pourris, etc. Et j'ai des ados qui, je crois qu'ils trouvent normal qu'on trouve les aliments dans les magasins et pas forcément ailleurs. Donc il y a des générations qui sont en train d'oublier que pour parvenir à ses besoins primaires, il faut savoir le faire. Quand on est arrivé, la première chose qu'on a fait, c'est chercher un maraîcher, puis un spécialiste de l'histoire du maraîchage. Malgré le fait qu'on savait qu'on allait avoir 18 mois de mise aux normes du domaine et de travaux pour pouvoir accueillir du public et faire du chiffre d'affaires. donc ça fait partie des investissements. qu'on a voulu tout de suite faire parce qu'on sait que c'est du temps long on a envie de se permettre ce temps long parce qu'on veut faire une démonstration en parlant de démonstration allons assister à la présentation par enzo de l'activité agricole et de maraîchage

  • Speaker #6

    Parmi les gens qui sont là, qui est-ce qui connaît déjà le hameau ? Ok, cool, super. Alors ce qu'on va faire, c'est qu'on va commencer par la source, parce que la source, c'est le commencement du potager, d'un point de vue autant physique que... Voilà, donc c'est tout en haut du domaine, c'est le point le plus haut du domaine, c'est ce pourquoi les moines se sont installés ici au XIIe siècle, et c'est le cœur du hameau un petit peu. qui nous permet d'être ici. Ici on n'est pas sur le réseau en eau donc on dépend complètement de cette source qui délivre 2 litres par seconde continuellement. Donc a priori la nappe est très profonde et très très grosse. Elle ne change pas en température selon la saison et elle ne change pas en débit. 2 litres ça fait en gros 80 m3 par jour donc c'est absolument énorme. Je crois qu'elle sort à un truc comme entre 10 et 12 degrés. Je m'appelle Enzo Fuchs, je suis le maraîcher ici depuis un an et demi. Je suis la seule personne qui vit sur place avec ma compagne et mes deux chiens. Je fais aussi le rôle de régisseur, gardien, cuisinier. Le hameau c'est un joyeux bordel et il y a besoin de bras, et souvent on manque de bras donc il faut savoir être polyvalent. Moi de formation, j'ai fait des études d'horticulture. Après j'ai eu des problèmes de santé donc je me suis dirigé vers la cuisine. J'ai fait à peu près 4 ans d'horticulture, puis après 6 ans de cuisine, pour revenir tout de suite au maraîchage. Donc beaucoup de choses à mettre en place, parce qu'à mon arrivée, il y avait juste 2 rangs de patates et 3 choux qui se battaient dans le jardin. Donc on a accompli pas mal de choses en un an et demi. On a mis ça en place avec mon collègue Jean-Michel, qui est historien de l'agriculture. Et donc on essaye de développer au hameau des techniques et des pratiques anciennes. sur des systèmes d'exploitation riches. On a des expérimentations au jardin, on en a sur les restants qu'en bas et on en a dans la forêt vergée, à côté de l'étang et dans la carrière. En tout, il y a à peu près 5000 m² d'exploités. Il y a 1500 en potager qui sont uniquement en légumes et peut-être 3000 ou 4000 pour... vignes, fruitiers et aromatiques.

  • Speaker #0

    C'est une mini grotte ?

  • Speaker #6

    C'est une mini grotte, oui exactement. On est donc orienté sud mais vers son nord, ce qui pour de l'agriculture est extrêmement nul. Ça veut dire pas de luminosité, ça veut dire que l'hiver fait très froid. Ici on tape des moins 10, moins 12 l'hiver alors que à 5 km littéralement à vol d'oiseau. Au revest, il n'y a jamais de gel. La bonne nouvelle, c'est que l'hiver, on peut produire ici. On ne peut pas produire énormément, en variété, mais on peut produire. Les poireaux ont vachement bien marché, les oignons ont vachement bien marché, les choux. Par exemple, ici, l'été, ça ne voit jamais le soleil. C'est pour ça que j'ai implanté une champignonnière. Donc, on espère pouvoir produire des champignons ici. Au lieu de faire un brocoli comme ça, ça fait des toutes petites... tête qui bouge avec des grosses tiges. Et bien en fait, eux ils le mangent comme ça, c'est comme ça qu'ils aiment le brocoli, ils le font vapeur avec juste un petit peu d'ail, un petit peu de sauce soja, c'est absolument exceptionnel. Et du coup, en fait c'est ce que j'ai fait avec mes choux. Je venais, je tirais quelques inflorescences, dans le wok, un tout petit peu de gras, un tout petit peu d'ail, en deux minutes c'est fait, c'est frit. et c'est exceptionnel quoi alors que un maraîcher normal n'a pas le marché et il va se dire mon chou au lieu d'être comme ça il n'y a absolument rien à récolter je le dégage et bien en fait il y a une valeur ajoutée de dingue à mettre dedans si tu connais le marché et si tu as la présence d'esprit de montrer aux gens que c'est possible et c'est là que la guinguette est intéressante et le restaurant est intéressant c'est que tu as une liberté de faire ce que tu veux de tes produits ici T'es pas obligé de trouver un négociant qui va dire « Ah bah moi je te l'achète, je te le vends, y'a pas de soucis. » David, un de nos cofondateurs, quand je lui dis qu'on est en circuit court, il dit qu'on est en court-circuit. C'est exactement ça, parce que la boucle est fermée. Donc on récolte, on transforme, on donne à manger immédiatement sur le même endroit. Ce qui amène beaucoup de liberté, qui en tant que maraîcher est très intéressant parce que j'ai fait une production d'énormément de variétés l'année dernière.

  • Speaker #1

    On ne sera pas content quand on aura atteint l'autonomie à Morion, on sera content quand on aura démontré comment on s'y prend. Et open sourcer la méthode qui permet de partir de rien, et de dire comment on atteint un rendement qui permet de faire vivre son territoire, et par quoi il faut en passer pour. Et ça, ça nous renvoie à ce qui se passe avec les agriculteurs en ce moment qui ont fait injonction d'arrêter certains intrants, etc. Sauf que comme on ne leur propose pas d'alternative, et que cette alternative elle est longue. On ne peut pas passer du jour au lendemain d'un système à un autre. Nous, on pense qu'atteindre un rendement qui commencerait à ressembler à une autonomie ici, c'est au moins 4-5 ans. Donc on prend notre temps et ça fait partie de la recherche de comprendre les obstacles qu'on rencontre à notre niveau.

  • Speaker #3

    Les enjeux sociaux et de solidarité ne sont jamais très éloignés des enjeux écologiques. Voyons avec Léa et Jacques comment cela prend forme ici.

  • Speaker #2

    Et c'est pas impossible que tu ne retiennes pas tous les vignes actuelles.

  • Speaker #0

    Je m'appelle Léa Massouad-Dilouca. Je travaille sur la création de lieux de résilience, de solidarité et de création d'alternatives depuis une dizaine d'années maintenant. J'ai rejoint ce projet. Et en fait, ce projet-là correspond quasi trait pour trait à un projet que j'avais imaginé il y a dix ans et qui a été à la base de ma réflexion sur ces lieux-là. Je me suis pas mal questionnée sur des questions écologiques, sociales. J'ai fait quelques rencontres, notamment de militants, qui m'ont un peu ouvert mes œillères sur à la fois des questions d'urgence climatique et sociale et en même temps qui m'ont, par la rencontre que j'ai faite, ça m'a surtout enseigné l'importance d'aller sur le terrain. Je rentendais beaucoup parler de ce projet-là, déjà parce que mon compagnon a commencé à y travailler en tant que cuisinier. Assez rapidement, j'ai compris par ce qu'il me disait que c'était un lieu qui avait tout d'un tiers-lieu, ou en tout cas d'une volonté de tiers-lieu. Et j'ai vu qu'il y avait non seulement un beau potentiel, et puis rapidement j'ai rencontré David, je me suis rendu compte qu'il y avait aussi des personnes vraiment sincères dans la démarche. Et pour un projet de cette envergure-là, de cette taille-là, un domaine de plus de 12 hectares, un ancien monastère de Chartreux... La volonté d'être un laboratoire agroécologique, d'être aussi un espace d'hospitalité, d'être un espace d'insertion professionnelle, etc. Que ça parte vraiment d'une volonté militante et désintéressée. Je trouve que les gens comme ça, il faut les soutenir, et il faut pouvoir venir avec des idées, avec des envies, avec de l'énergie. Initialement, j'ai rejoint le projet en tant que salariée, pour porter un projet d'école. Finalement, on ne fait pas une école tout de suite, mais ce qu'on porte, c'est surtout des programmes de séjour. et de séjour apprenant, de séjour de réplique, de séjour de remobilisation, parce que c'est beaucoup plus cohérent avec ce qu'est le lieu et son enjeu de préfiguration d'une hospitalité mixte, solidaire, durable, qui soit un peu plus souhaitable et un peu plus viable que celle qu'on connaît aujourd'hui. Comment on essaie de faire Hospitate autrement ? De plusieurs manières. La première chose, c'est qu'on est un hôtel de à peu près 70 couchages et qu'on accueille une grande diversité de publics. On a ici des entreprises, des collectivités qui viennent en séminaire, on a des particuliers qui viennent pour un anniversaire ou un mariage, on a des associations qui viennent pour un projet collectif et on organise nous-mêmes ce qu'on appelle nos programmes solidaires et qui sont portés par l'association Mon Rieu pour tous. Parmi ces programmes, on a des programmes de répit, un premier programme par exemple qui est à destination des femmes victimes de violences conjugales, un deuxième programme à destination des aidants et des aidées. Donc là, on parle de personnes en situation de handicap mental ou psychique, ainsi que leurs aidants, c'est-à-dire les personnes qui, en général, dans un cercle familial, mais pas que, qui aident cette personne. On est dans un magnifique parc de la Sainte-Baume, donc la plupart des activités, on les fait à l'extérieur. On essaie de sensibiliser aux vivants, de faire des veillées comme ce soir, de signer des bas. Et en même temps, on veut que ça reste un espace de joie, de convivialité. En tout cas, on n'est pas dans une grosse chaîne d'hôtellerie de masse. pour plusieurs raisons. La première, c'est qu'en fait, on n'a pas d'actionnaire. On est sur un modèle économique circulaire qui fait que le jour où l'hôtel sera excédentaire, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, 100% des bénéfices iront soit à la rénovation du bâti du XIIe siècle, soit directement aux programmes sociaux. Il n'y a aucun euro qui va sortir de cette boucle-là. Donnez-lui un micro aussi.

  • Speaker #2

    Je m'appelle Jacques Dehoux, je suis coordinateur à Montréal-Le Hamot.

  • Speaker #4

    J'ai,

  • Speaker #2

    pendant plus de 15 ans, été restaurateur. Et parallèlement à ça, j'ai une formation d'historien, de chercheur en histoire. Quand on parle d'intelligence collective, qui est un peu mon dada, il y a un peu l'idée de... Moi je préfère intelligence coopérative, il y a un peu l'idée de craquer le code en fait de cette intelligence coopérative et de se dire ok donc on a des grandes intentions théoriques, dont celle de dire que la force du groupe, la puissance de création du groupe sera plus élevée que l'accumulation de 1 plus 1 en fait. On va réussir à créer une dynamique qui nous dépasse. Il y a une idée expérimentale d'arriver et de dire ok, cette théorie on la met en pratique et on voit qu'en fait il y a des limites, il y a des ajustements, il y a des besoins de précision qui impliquent une forme de cheminement intuitif qui ne peut pas être théorisé. Et par contre, ce cheminement, c'est une magnifique histoire, une magnifique lecture de comment on fait en même temps. En tout cas, notre ambition c'est d'être un modèle, c'est d'avoir un mode d'emploi de comment on fait un mot. C'est la partie un peu mégalo du projet qui dit qu'on est en train d'inventer une manière de faire société qui est novatrice, ayant la mégalomanie suffisante de penser qu'on peut proposer un modèle transposable. Et en même temps, il y a dans l'idée le fait de rendre notre méthode transparente, open source, accessible, pour que d'autres s'en saisissent. Il y a une des raisons d'être ici, c'est de dire, regardez, on est capable de faire ça. On est capable d'avoir un lieu où en bas il y a écrit « Bienvenue chez vous » . On est capable de faire de la mixité de public et qu'il y ait des entreprises qui viennent vivre des grands moments de leur vie d'entreprise pendant qu'il y a des publics en situation de précarité qui profitent d'autres endroits du lieu et qu'à un moment, un repas ou lors d'un atelier, tous ces gens-là vont se rencontrer et ça va faire fleurir des discussions. Ce qui est sûr dans les tiers-lieux ou au moins dans le bain-lieu. c'est qu'il y a une matérialité qui met en pratique, qui nous fait sortir de la théorie, que tu ne peux pas retrouver dans des échanges numériques. Le fait d'avoir un lieu, ça permet à ce que des gens qui ne se seraient jamais parlé se reparlent, ou se parlent, ou se découvrent, échangent un sourire, quoi que ce soit. Et après, c'est à nous de créer tous les petits incitatifs à ce que ça se fasse.

  • Speaker #3

    Une brocante et une journée festive s'organisent au Hamo. Allons voir ça. Salut Léa. Salut, ça va ? Comment ça se passe cette brocante ?

  • Speaker #0

    Ça se passe bien. Je suis en ébullition d'idées de comment créer des espaces où les gens vont passer un bon moment. Oui, là je réfléchis à est-ce qu'on met une table de ping-pong et si oui, où ? Bonjour, je suis Stéphanie. J'ai pu venir une fois en bénévole à une journée participative. Et voilà, c'était un très très bon souvenir, vraiment un grand sentiment d'équipe et de solidarité. Et c'était pour les aider aussi aux travaux, participer à la guinguette. Et donc c'était une très belle journée avec une bonne ambiance. Ce qui me plaît, c'est la magie, ce sont les arbres, la connexion avec la nature et l'amour qui y règne. Voilà, et la bienveillance. C'est pour ça que je viens. Je ne connaissais pas du tout le lieu et d'ailleurs je trouve que c'est un endroit magnifique,

  • Speaker #3

    vraiment magnifique.

  • Speaker #0

    Et puis on peut être inspiré par,

  • Speaker #3

    pour moi, pour la musique.

  • Speaker #0

    Il y a de belles énergies,

  • Speaker #3

    de l'eau en plus. Oui, j'ai un bel emplacement,

  • Speaker #0

    voilà. C'est vraiment magnifique. J'ai apporté un peu des cadres anciens, quelques bibelots. J'ai aussi des partitions de musique. Voilà, j'ai un peu de tout. C'est ma première brocante à Montrieux, oui. Vraiment une très belle idée,

  • Speaker #3

    une très belle initiative,

  • Speaker #0

    surtout dans un bel endroit. Alors aujourd'hui, je suis venue pour vendre des fringues de seconde main au Hamo des Montrieux. Je connaissais le Hamo par internet, j'ai vu des affiches aussi, mais je n'étais jamais venue jusqu'ici. Alors oui, vendre des chaussures et des habits de seconde main, ça fait... partie du lieu, de garder les ressources qu'on a et qu'on utilise. C'est un mode de vie qui est le mien et qui, je pense, fait aussi partie de cet endroit. Je suis venue en caravane. C'est une caravane que j'ai achetée pas cher, que j'ai retapée et que je sors pour faire des vies de dressing.

  • Speaker #3

    Je ne sais pas pour vous, moi j'ai l'impression que le monde d'après se construit ici. Mais attention, tout n'est pas tout rose. Voyons avec David les challenges que doivent surmonter ces lieux.

  • Speaker #1

    Quand on arrive dans un territoire en ruralité, isolé, qu'on investit un lieu chargé d'histoire, ancienne et récente, que nous-mêmes on ne sait pas exactement ce qu'on fait et où on va, alors le premier besoin c'est aussi de, malgré le fait que ce n'est pas notre truc, pouvoir mettre une étiquette sur ce qu'on est. Donc on parlait de tiers-lieux. fabrique de territoire, on labellise des tiers-lieux, donc ça nous rend plus officiellement tiers-lieux au-delà de l'auto-proclamation que nous en sommes un. Ça c'est le premier truc. Le deuxième truc, c'est que soit tu fais ton petit bonhomme de chemin tout seul, tu fais ta petite activité marchande, t'as tes clients, tu demandes rien à personne, soit tu veux déployer une activité non marchande, et pour ça t'as la nécessité de le faire en partenariat avec les institutions et les collectivités locales, alors pouvoir être adoubé et reconnu. par les institutions et les collectivités locales, comme quoi ce qu'on fait est reconnu comme tel, alors c'est important. Et en ce sens-là, le programme Fabrique du Territoire, il est hyper important parce que ça permet d'avoir cette étiquette, ça veut dire que ça ouvre un double droit. Le premier, c'est d'être tiers-lieu, fabriqué du territoire. Et le deuxième, c'est démonstrateur, ça veut dire que tu es là pour innover et tu es là pour expérimenter. Donc tu as le droit à l'erreur. Et ça, c'est hyper important. Pour nous comme label, c'est ce qu'on est allé chercher dans ce programme LCT. Bon évidemment il y a une petite subvention qui vient avec, qui n'est pas désagréable, mais qui à l'échelle du projet, je pense que c'est un vrai sujet, pèse une petite partie dans un projet comme ça, mais qui est quand même quelque chose qui nous permet de dire qu'on est là. Après on peut toujours rêver que ce soit beaucoup plus, beaucoup mieux, beaucoup plus loin, mais c'est déjà vraiment génial qu'un programme comme ça existe. Ces lieux qu'on est en train d'essayer de créer, ils nécessitent à toute origine des forts investissements. Acheter un lieu, le rénover, le mettre aux normes pour qu'il puisse exister et faire son premier euro de rentrée, c'est déjà des sommes astronomiques. Donc pour que ces lieux émergent, si on pense que c'est un modèle de société dont on a envie, et nous c'est quelque chose qu'on documente et qu'on souhaite vraiment rendre visible. pour qu'il y ait une prise de conscience là-dessus, c'est que si nous, on n'avait pas la chance d'être des quarantenaires qui avons fait des carrières, qui avons mis l'argent de côté, si on n'avait pas eu cette immense chance que 10 personnes d'un coup acceptent de mettre leur argent à perte dans un projet comme ça, sans en attendre aucun rendement, avec plutôt beaucoup plus de chance de le perdre que de le récupérer un jour, c'est-à-dire que la chance que ça se répète, elle est extrêmement faible. Donc la chance que ce type de lieu émerge, sans souffrance et sans être en danger de mort permanent les 5-10 premières années, elle est extrêmement faible. Et ça, ça permet juste d'exister. On a une deuxième chance, c'est que moi je suis entrepreneur dans l'économie sociale depuis 20 ans, donc les fonds d'investissement Impact me font confiance. On a pu se faire financer ici par des fonds d'investissement Impact qui ont pris le relais, parce qu'une fois que nous on avait dépensé tout notre argent pour acheter le lieu, faire les travaux, ensuite il faut embaucher du monde, planter des légumes, il y a tout de suite des investissements. haute carrière. Donc en fait, c'est très vite un gouffre ce truc-là. Et ça ne devient plus un gouffre quand vous êtes à plusieurs années et que l'activité économique a pris le relais. Moi, j'appelle un peu de mes voeux qu'on puisse donner accès à ces initiatives de lieu et de l'économie sociale à des prêts très long terme, à des dispositifs qui permettent à ces lieux d'émerger parce qu'ils ont la possibilité d'atteindre des modèles économiques qui leur permettent d'être autonomes et rentables, mais ils ont le besoin d'être... financés par des investissements en amont qui tiennent compte de leurs spécificités. Et ça, nous, c'est ce qu'on essaye aussi beaucoup d'explorer. Et d'ailleurs, aujourd'hui, on a trois ans. Qui sait où on sera dans un an, dans deux ans, dans trois ans, si on sera encore là, si on aura réussi notre démonstration économique ? Personne. On est dans un danger permanent. À dix ans, on est hyper confiant. On répond à un besoin de société qu'on nous renvoie, on le voit très bien. Par contre, il y a un temps de construction qui est long. Mais à 10 ans, on est hyper confiant. Donc à 10 ans, on sera performant économiquement, on pourra rembourser des investisseurs. Mais entre les deux, on est dans une fragilité permanente. Et ça fait partie de ce qu'on essaye de démontrer. C'est que si on veut que ce soit réplicable, il va falloir le faciliter d'une manière ou d'une autre. Ça ne pourra pas être l'objet de quelques citoyens qui se fédèrent dans leur coin et qui arrivent parce qu'ils ont envie de le faire.

  • Speaker #3

    C'est déjà la fin de cet épisode. Merci à toute l'équipe de Montrieux-le-Hamot pour leur chaleureux accueil. Dans un prochain épisode, nous irons à la découverte d'un autre tiers-lieu et un autre territoire. A bientôt !

  • Speaker #0

    Au cœur des tiers-lieux, les éclaireurs de la transformation écologique.

Description

Un lieu bucolique en plein cœur du Parc naturel de la Sainte-Baume qui accueille un potager, un restaurant guinguette, un lieu touristique avec hébergements, des séminaires… des activités qui permettent de conserver le patrimoine historique du lieu tout en soutenant l’insertion socio-professionnelle ou des actions de solidarité.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous écoutez, au cœur des tiers-lieux, les éclaireurs de la transformation écologique. Un podcast de l'Agence nationale de la cohésion des territoires. Partons en immersion dans des tiers-lieux implantés en ruralité. Manufacture de proximité, fabrique de territoire, tiers-lieux ressources, circuits courts, tiers-lieux nourriciers ou culturels, et voyons comment ces lieux agissent pour la transformation écologique, sociale et solidaire du territoire.

  • Speaker #1

    A partir de 15h02, dans quelques instants, notre train entre en gare.

  • Speaker #2

    Nous sommes terminus.

  • Speaker #3

    Bonjour, c'est Richard. Pour ce premier épisode d'Au cœur des tiers-lieux, je vous emmène dans le département du Var à Montrieux-le-Hamot, tiers-lieu qui se trouve sur la commune de Méoun-les-Montrieux, à 30 km à vélo de Toulon. J'ai demandé à David, l'un des cofondateurs de Montrieux-le-Hamot, de nous présenter ce lieu et pourquoi il fait tiers lieu.

  • Speaker #1

    David Rivoire, entrepreneur d'intérêt général, cofondateur de Montrieux-le-Hamot avec dix autres coopérateurs et anciennement cofondateur de la première entreprise sociale qui s'appelait Les Deux Rives dans le domaine de la formation pro et cofondateur du Social Bar et de l'école de la convivialité avec l'ami Renaud Seligman. Ce lieu a beaucoup de choses de spéciales. D'abord, c'est un lieu historique. C'est un monastère chartreux du XIIe siècle, qui a été bâti en 1136. Il est emprunt de toute une histoire très très longue. C'est un lieu qui est une chartreuse basse, qui est le lieu des monastères qui étaient ouverts au public. C'était déjà un lieu de réception depuis 1000 ans, qui recevait du public. C'est un lieu qui a traversé les âges et qui est tombé dans le domaine privé il y a 200 ans à la Révolution, et ensuite qui est passé de main en main. C'est la première spécificité de ce lieu. La partie historique entraîne d'autres spécificités, c'est-à-dire que urbanistiquement, c'est un monument historique, donc ça crée des contraintes quand tu veux devenir un tiers-lieu. Et après, les spécificités, elles sont liées à ce qu'on en a fait nous, et ce qu'on a voulu en faire nous en tant que collectif citoyen, c'est-à-dire un tiers-lieu de l'économie sociale et solidaire. Et en tant que tiers-lieu de l'économie sociale et solidaire, ce lieu a beaucoup de spécificités. Et là, un projet agricole où on essaie de réemployer les pratiques du 19e pour montrer qu'on peut faire des rendements aussi efficaces que les rendements actuels avec l'agriculture. intensive sans mettre des intrants partout et mettre de l'énergie partout. Il a une activité de réception, une activité touristique, une activité de formation. Il a vocation à faire des résidences d'artistes, à promouvoir l'artisanat. Donc sa spécificité c'est de faire tout ça en même temps et donc de faire tirer l'une. C'est un village, c'est pour ça qu'on l'a appelé le Hamot, comme c'est hyper vallonné, on est dans le massif de la Sainte-Beaume et que la route qui amène au Hamot est en bas dans la vallée et ouvre sur l'ouverture de Hamot qui monte dans la colline et dans la montagne et que c'est hyper alambiqué. On découvre le lieu au fur et à mesure, on découvre un bâtiment puis il y en a un autre qui est caché derrière et c'est un patchwork avec des petites rues et des petites ruelles, une ruisseau qui coule au milieu. Une forêt incroyable, des bâtiments du XIIe siècle adossés à des bâtiments du début du XXe, de la fin du XXe, donc une spécificité architecturale hyper complexe, hyper surprenante, parce que tu fais 50 mètres et tu passes du XIIe siècle aux années 80. Moi souvent quand je fais la visite chez cette belge, attention maintenant on va retourner dans les années 80. C'est un peu surprenant quand tu sors d'un bâtiment en vieille pierre, de retrouver ce joli béton qu'on a inventé. dans les périodes de croissance économique de la deuxième partie du XXe. Et donc voilà, ce lieu, il est fou. D'abord, il n'a pas d'autre ville. Il est alimenté par sa propre source, ce qui est déjà assez spécifique. Mais en plus, dans le Var, très au sud et très particulier. En montrieux, ça veut dire le mont Ruisseau en Provençal. On est dans un bassin qui est un versant nord, dans une forêt de 700 hectares. Donc voilà, avec des arbres de 30 mètres de haut qui sont assez incroyables. l'intention, la mission d'un tiers lieu, en tout cas tel que je le définis moi, quand il est dans un territoire isolé et rural comme le nôtre. Moi, j'aime bien le mot réapprendre, c'est-à-dire comment on réapprend à faire ce qu'on a tous oublié de faire, c'est-à-dire essayer de manger ce qu'on produit, essayer de se reconnecter à la nature, essayer de refaire communauté, de vivre ensemble, de recréer du lien social, de retrouver un endroit où on peut avoir de la mixité sociale, comment on peut revivre de la vie culturelle. très diversifié, comment on peut inclure les plus éloignés de l'emploi, de l'économie, de la société, et comment on fait ça dans un seul et même lieu et en même temps.

  • Speaker #3

    Allons échanger avec Alaïa, animateur et touche-à-tout, et voyons son rapport avec ce lieu. D'abord, ce hameau, sa particularité, c'est l'eau qui est présente partout.

  • Speaker #4

    Le rieux frais, notre petit ruisseau, c'est assez ouf parce que chaque été, on a des voisins de la ville de Signe, de Méhoun, qui passent, qui eux aussi ont de l'eau qui coule sur leur maison, sur leur domaine, et ils sont estomacés du fait qu'on ait de l'eau qu'elle soit aussi fraîche, qu'elle coule aussi fort, même l'été. Moi, c'est Alaïa, je suis responsable polyvalent ici. On ne peut toujours rien dire, mais l'idée, c'est qu'on arrive tous avec une expertise. J'ai une expertise dans l'animation, dans la création d'espaces conviviaux, et une belle expérience dans l'événementiel, la restauration. Ça permet d'agencer un peu tout ça. et de créer des bons moments ici. Je suis vraiment le cliché parisien, même un peu de banlieue, du coup, j'ai pas les codes, je savais pas quand pousser les tomates, genre j'avais jamais fait attention à ces trucs-là, et je sentais que j'avais pas les outils pour apprendre, pour faire, et moi j'ai besoin de voir, j'ai besoin de faire pour évoluer, le bac à sable que c'est ici pour apprendre des trucs, c'est ouf. C'est ouf. En gros, ils ont créé un métier ici, le métier de touche à tout, qui est un métier de réinsertion. En gros, c'est des jeunes et des un peu moins jeunes qui sont sortis du cursus scolaire, de l'emploi, etc. Et en fait, chacun arrive avec un bagage, une expérience, et nous, on leur propose de leur faire découvrir des métiers différents, de l'animation maintenant avec moi. Et en gros, l'idée, c'est qu'on va aller leur faire goûter à tous ces trucs. Et du coup, il y a cette valeur d'apprentissage, de droit à l'erreur. Il y a aussi cette idée de poser des questions, aller chercher, aller challenger. Moi, je me suis retrouvé plusieurs fois dans ce système, où il y a des gars qui me posent des questions. « Mais pourquoi on fait ça ? » « Parce que je l'ai toujours fait comme ça. » Mais du coup, on va chercher plus loin. « T'as raison, tu me challenges. Là, ça fait sens ce que tu dis. » Et on va, par itération, améliorer notre système. Et je trouve ça trop impressionnant et ça rend trop humble en fait. Moi j'avais 10 ans d'expérience en restauration, Evan il a 17 ans, il m'a dit « bah ouais mais moi je trouve que c'est plus simple » . Et oui t'as raison en fait. On va faire comme toi tu dis là. C'est ouf. Ça me met des frissons à chaque fois, genre je suis là, c'est trop bien. Et en vrai c'est cet endroit qui pousse à ça, qui pousse à cette réflexion aussi, on se questionne, on va aller chercher plus loin, et c'est ouf que... de trouver un endroit en fait où tout le monde... C'est pas mon patron, tu vois, mais c'est ce qui se rapproche le plus de mon patron, tu vois, David, qui vient et qui me questionne, qui me challenge sur mes envies, sur mes visions, sur tout ça, etc. Merci. Salut !

  • Speaker #5

    Du coup, je m'appelle Ethan. Actuellement, je suis un touch-à-tout à Monde-Montrieux. Donc, touch-à-tout, c'est le petit employé polyvalent, comme son nom l'indique, touch-à-tout, d'où le nom un peu cocasse, j'ai envie de dire. J'ai un projet qui va peut-être fusionner l'idée de la sociocratie du Hamon pour l'avenir pour moi. C'est d'ouvrir une école de menuiserie dans les années à venir qui mélangera la sociocratie, donc le fait qu'il n'y ait pas de patron à proprement parler. C'est-à-dire, moi je serai le dirigeant, mais les élèves pourront autant leur mot à dire que moi, ou les professeurs. Donc voilà, le but c'est vraiment de fusionner ces deux mondes pour créer peut-être un espace qui... J'espère que ce sera vraiment, on va dire, parfait. Franchement, ce serait cool si c'est à Montrieux, vraiment, parce qu'il y a tellement de potentiel sur le lieu, même peut-être aller plus profond dans la forêt ou dans un bâtiment qui existe déjà. Mais j'avoue, si malheureusement ça ne se passe pas à Montrieux, rester dans le coin pour pouvoir venir, peut-être avec mon école, pour voir un autre lieu de sociocratie, comment ça marche. Mais oui, le but, ce serait cool que ce soit à Montrieux.

  • Speaker #1

    Moi j'ai été très tôt très marqué par l'idée qu'on est une civilisation hors sol, c'est-à-dire qui a perdu ses savoir-faire essentiels. Et puis évidemment j'ai suivi tous les reportages sur l'agriculture industrielle, sur ce qui s'était passé avec l'agriculture intensive, les sols qu'on a pourris, etc. Et j'ai des ados qui, je crois qu'ils trouvent normal qu'on trouve les aliments dans les magasins et pas forcément ailleurs. Donc il y a des générations qui sont en train d'oublier que pour parvenir à ses besoins primaires, il faut savoir le faire. Quand on est arrivé, la première chose qu'on a fait, c'est chercher un maraîcher, puis un spécialiste de l'histoire du maraîchage. Malgré le fait qu'on savait qu'on allait avoir 18 mois de mise aux normes du domaine et de travaux pour pouvoir accueillir du public et faire du chiffre d'affaires. donc ça fait partie des investissements. qu'on a voulu tout de suite faire parce qu'on sait que c'est du temps long on a envie de se permettre ce temps long parce qu'on veut faire une démonstration en parlant de démonstration allons assister à la présentation par enzo de l'activité agricole et de maraîchage

  • Speaker #6

    Parmi les gens qui sont là, qui est-ce qui connaît déjà le hameau ? Ok, cool, super. Alors ce qu'on va faire, c'est qu'on va commencer par la source, parce que la source, c'est le commencement du potager, d'un point de vue autant physique que... Voilà, donc c'est tout en haut du domaine, c'est le point le plus haut du domaine, c'est ce pourquoi les moines se sont installés ici au XIIe siècle, et c'est le cœur du hameau un petit peu. qui nous permet d'être ici. Ici on n'est pas sur le réseau en eau donc on dépend complètement de cette source qui délivre 2 litres par seconde continuellement. Donc a priori la nappe est très profonde et très très grosse. Elle ne change pas en température selon la saison et elle ne change pas en débit. 2 litres ça fait en gros 80 m3 par jour donc c'est absolument énorme. Je crois qu'elle sort à un truc comme entre 10 et 12 degrés. Je m'appelle Enzo Fuchs, je suis le maraîcher ici depuis un an et demi. Je suis la seule personne qui vit sur place avec ma compagne et mes deux chiens. Je fais aussi le rôle de régisseur, gardien, cuisinier. Le hameau c'est un joyeux bordel et il y a besoin de bras, et souvent on manque de bras donc il faut savoir être polyvalent. Moi de formation, j'ai fait des études d'horticulture. Après j'ai eu des problèmes de santé donc je me suis dirigé vers la cuisine. J'ai fait à peu près 4 ans d'horticulture, puis après 6 ans de cuisine, pour revenir tout de suite au maraîchage. Donc beaucoup de choses à mettre en place, parce qu'à mon arrivée, il y avait juste 2 rangs de patates et 3 choux qui se battaient dans le jardin. Donc on a accompli pas mal de choses en un an et demi. On a mis ça en place avec mon collègue Jean-Michel, qui est historien de l'agriculture. Et donc on essaye de développer au hameau des techniques et des pratiques anciennes. sur des systèmes d'exploitation riches. On a des expérimentations au jardin, on en a sur les restants qu'en bas et on en a dans la forêt vergée, à côté de l'étang et dans la carrière. En tout, il y a à peu près 5000 m² d'exploités. Il y a 1500 en potager qui sont uniquement en légumes et peut-être 3000 ou 4000 pour... vignes, fruitiers et aromatiques.

  • Speaker #0

    C'est une mini grotte ?

  • Speaker #6

    C'est une mini grotte, oui exactement. On est donc orienté sud mais vers son nord, ce qui pour de l'agriculture est extrêmement nul. Ça veut dire pas de luminosité, ça veut dire que l'hiver fait très froid. Ici on tape des moins 10, moins 12 l'hiver alors que à 5 km littéralement à vol d'oiseau. Au revest, il n'y a jamais de gel. La bonne nouvelle, c'est que l'hiver, on peut produire ici. On ne peut pas produire énormément, en variété, mais on peut produire. Les poireaux ont vachement bien marché, les oignons ont vachement bien marché, les choux. Par exemple, ici, l'été, ça ne voit jamais le soleil. C'est pour ça que j'ai implanté une champignonnière. Donc, on espère pouvoir produire des champignons ici. Au lieu de faire un brocoli comme ça, ça fait des toutes petites... tête qui bouge avec des grosses tiges. Et bien en fait, eux ils le mangent comme ça, c'est comme ça qu'ils aiment le brocoli, ils le font vapeur avec juste un petit peu d'ail, un petit peu de sauce soja, c'est absolument exceptionnel. Et du coup, en fait c'est ce que j'ai fait avec mes choux. Je venais, je tirais quelques inflorescences, dans le wok, un tout petit peu de gras, un tout petit peu d'ail, en deux minutes c'est fait, c'est frit. et c'est exceptionnel quoi alors que un maraîcher normal n'a pas le marché et il va se dire mon chou au lieu d'être comme ça il n'y a absolument rien à récolter je le dégage et bien en fait il y a une valeur ajoutée de dingue à mettre dedans si tu connais le marché et si tu as la présence d'esprit de montrer aux gens que c'est possible et c'est là que la guinguette est intéressante et le restaurant est intéressant c'est que tu as une liberté de faire ce que tu veux de tes produits ici T'es pas obligé de trouver un négociant qui va dire « Ah bah moi je te l'achète, je te le vends, y'a pas de soucis. » David, un de nos cofondateurs, quand je lui dis qu'on est en circuit court, il dit qu'on est en court-circuit. C'est exactement ça, parce que la boucle est fermée. Donc on récolte, on transforme, on donne à manger immédiatement sur le même endroit. Ce qui amène beaucoup de liberté, qui en tant que maraîcher est très intéressant parce que j'ai fait une production d'énormément de variétés l'année dernière.

  • Speaker #1

    On ne sera pas content quand on aura atteint l'autonomie à Morion, on sera content quand on aura démontré comment on s'y prend. Et open sourcer la méthode qui permet de partir de rien, et de dire comment on atteint un rendement qui permet de faire vivre son territoire, et par quoi il faut en passer pour. Et ça, ça nous renvoie à ce qui se passe avec les agriculteurs en ce moment qui ont fait injonction d'arrêter certains intrants, etc. Sauf que comme on ne leur propose pas d'alternative, et que cette alternative elle est longue. On ne peut pas passer du jour au lendemain d'un système à un autre. Nous, on pense qu'atteindre un rendement qui commencerait à ressembler à une autonomie ici, c'est au moins 4-5 ans. Donc on prend notre temps et ça fait partie de la recherche de comprendre les obstacles qu'on rencontre à notre niveau.

  • Speaker #3

    Les enjeux sociaux et de solidarité ne sont jamais très éloignés des enjeux écologiques. Voyons avec Léa et Jacques comment cela prend forme ici.

  • Speaker #2

    Et c'est pas impossible que tu ne retiennes pas tous les vignes actuelles.

  • Speaker #0

    Je m'appelle Léa Massouad-Dilouca. Je travaille sur la création de lieux de résilience, de solidarité et de création d'alternatives depuis une dizaine d'années maintenant. J'ai rejoint ce projet. Et en fait, ce projet-là correspond quasi trait pour trait à un projet que j'avais imaginé il y a dix ans et qui a été à la base de ma réflexion sur ces lieux-là. Je me suis pas mal questionnée sur des questions écologiques, sociales. J'ai fait quelques rencontres, notamment de militants, qui m'ont un peu ouvert mes œillères sur à la fois des questions d'urgence climatique et sociale et en même temps qui m'ont, par la rencontre que j'ai faite, ça m'a surtout enseigné l'importance d'aller sur le terrain. Je rentendais beaucoup parler de ce projet-là, déjà parce que mon compagnon a commencé à y travailler en tant que cuisinier. Assez rapidement, j'ai compris par ce qu'il me disait que c'était un lieu qui avait tout d'un tiers-lieu, ou en tout cas d'une volonté de tiers-lieu. Et j'ai vu qu'il y avait non seulement un beau potentiel, et puis rapidement j'ai rencontré David, je me suis rendu compte qu'il y avait aussi des personnes vraiment sincères dans la démarche. Et pour un projet de cette envergure-là, de cette taille-là, un domaine de plus de 12 hectares, un ancien monastère de Chartreux... La volonté d'être un laboratoire agroécologique, d'être aussi un espace d'hospitalité, d'être un espace d'insertion professionnelle, etc. Que ça parte vraiment d'une volonté militante et désintéressée. Je trouve que les gens comme ça, il faut les soutenir, et il faut pouvoir venir avec des idées, avec des envies, avec de l'énergie. Initialement, j'ai rejoint le projet en tant que salariée, pour porter un projet d'école. Finalement, on ne fait pas une école tout de suite, mais ce qu'on porte, c'est surtout des programmes de séjour. et de séjour apprenant, de séjour de réplique, de séjour de remobilisation, parce que c'est beaucoup plus cohérent avec ce qu'est le lieu et son enjeu de préfiguration d'une hospitalité mixte, solidaire, durable, qui soit un peu plus souhaitable et un peu plus viable que celle qu'on connaît aujourd'hui. Comment on essaie de faire Hospitate autrement ? De plusieurs manières. La première chose, c'est qu'on est un hôtel de à peu près 70 couchages et qu'on accueille une grande diversité de publics. On a ici des entreprises, des collectivités qui viennent en séminaire, on a des particuliers qui viennent pour un anniversaire ou un mariage, on a des associations qui viennent pour un projet collectif et on organise nous-mêmes ce qu'on appelle nos programmes solidaires et qui sont portés par l'association Mon Rieu pour tous. Parmi ces programmes, on a des programmes de répit, un premier programme par exemple qui est à destination des femmes victimes de violences conjugales, un deuxième programme à destination des aidants et des aidées. Donc là, on parle de personnes en situation de handicap mental ou psychique, ainsi que leurs aidants, c'est-à-dire les personnes qui, en général, dans un cercle familial, mais pas que, qui aident cette personne. On est dans un magnifique parc de la Sainte-Baume, donc la plupart des activités, on les fait à l'extérieur. On essaie de sensibiliser aux vivants, de faire des veillées comme ce soir, de signer des bas. Et en même temps, on veut que ça reste un espace de joie, de convivialité. En tout cas, on n'est pas dans une grosse chaîne d'hôtellerie de masse. pour plusieurs raisons. La première, c'est qu'en fait, on n'a pas d'actionnaire. On est sur un modèle économique circulaire qui fait que le jour où l'hôtel sera excédentaire, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, 100% des bénéfices iront soit à la rénovation du bâti du XIIe siècle, soit directement aux programmes sociaux. Il n'y a aucun euro qui va sortir de cette boucle-là. Donnez-lui un micro aussi.

  • Speaker #2

    Je m'appelle Jacques Dehoux, je suis coordinateur à Montréal-Le Hamot.

  • Speaker #4

    J'ai,

  • Speaker #2

    pendant plus de 15 ans, été restaurateur. Et parallèlement à ça, j'ai une formation d'historien, de chercheur en histoire. Quand on parle d'intelligence collective, qui est un peu mon dada, il y a un peu l'idée de... Moi je préfère intelligence coopérative, il y a un peu l'idée de craquer le code en fait de cette intelligence coopérative et de se dire ok donc on a des grandes intentions théoriques, dont celle de dire que la force du groupe, la puissance de création du groupe sera plus élevée que l'accumulation de 1 plus 1 en fait. On va réussir à créer une dynamique qui nous dépasse. Il y a une idée expérimentale d'arriver et de dire ok, cette théorie on la met en pratique et on voit qu'en fait il y a des limites, il y a des ajustements, il y a des besoins de précision qui impliquent une forme de cheminement intuitif qui ne peut pas être théorisé. Et par contre, ce cheminement, c'est une magnifique histoire, une magnifique lecture de comment on fait en même temps. En tout cas, notre ambition c'est d'être un modèle, c'est d'avoir un mode d'emploi de comment on fait un mot. C'est la partie un peu mégalo du projet qui dit qu'on est en train d'inventer une manière de faire société qui est novatrice, ayant la mégalomanie suffisante de penser qu'on peut proposer un modèle transposable. Et en même temps, il y a dans l'idée le fait de rendre notre méthode transparente, open source, accessible, pour que d'autres s'en saisissent. Il y a une des raisons d'être ici, c'est de dire, regardez, on est capable de faire ça. On est capable d'avoir un lieu où en bas il y a écrit « Bienvenue chez vous » . On est capable de faire de la mixité de public et qu'il y ait des entreprises qui viennent vivre des grands moments de leur vie d'entreprise pendant qu'il y a des publics en situation de précarité qui profitent d'autres endroits du lieu et qu'à un moment, un repas ou lors d'un atelier, tous ces gens-là vont se rencontrer et ça va faire fleurir des discussions. Ce qui est sûr dans les tiers-lieux ou au moins dans le bain-lieu. c'est qu'il y a une matérialité qui met en pratique, qui nous fait sortir de la théorie, que tu ne peux pas retrouver dans des échanges numériques. Le fait d'avoir un lieu, ça permet à ce que des gens qui ne se seraient jamais parlé se reparlent, ou se parlent, ou se découvrent, échangent un sourire, quoi que ce soit. Et après, c'est à nous de créer tous les petits incitatifs à ce que ça se fasse.

  • Speaker #3

    Une brocante et une journée festive s'organisent au Hamo. Allons voir ça. Salut Léa. Salut, ça va ? Comment ça se passe cette brocante ?

  • Speaker #0

    Ça se passe bien. Je suis en ébullition d'idées de comment créer des espaces où les gens vont passer un bon moment. Oui, là je réfléchis à est-ce qu'on met une table de ping-pong et si oui, où ? Bonjour, je suis Stéphanie. J'ai pu venir une fois en bénévole à une journée participative. Et voilà, c'était un très très bon souvenir, vraiment un grand sentiment d'équipe et de solidarité. Et c'était pour les aider aussi aux travaux, participer à la guinguette. Et donc c'était une très belle journée avec une bonne ambiance. Ce qui me plaît, c'est la magie, ce sont les arbres, la connexion avec la nature et l'amour qui y règne. Voilà, et la bienveillance. C'est pour ça que je viens. Je ne connaissais pas du tout le lieu et d'ailleurs je trouve que c'est un endroit magnifique,

  • Speaker #3

    vraiment magnifique.

  • Speaker #0

    Et puis on peut être inspiré par,

  • Speaker #3

    pour moi, pour la musique.

  • Speaker #0

    Il y a de belles énergies,

  • Speaker #3

    de l'eau en plus. Oui, j'ai un bel emplacement,

  • Speaker #0

    voilà. C'est vraiment magnifique. J'ai apporté un peu des cadres anciens, quelques bibelots. J'ai aussi des partitions de musique. Voilà, j'ai un peu de tout. C'est ma première brocante à Montrieux, oui. Vraiment une très belle idée,

  • Speaker #3

    une très belle initiative,

  • Speaker #0

    surtout dans un bel endroit. Alors aujourd'hui, je suis venue pour vendre des fringues de seconde main au Hamo des Montrieux. Je connaissais le Hamo par internet, j'ai vu des affiches aussi, mais je n'étais jamais venue jusqu'ici. Alors oui, vendre des chaussures et des habits de seconde main, ça fait... partie du lieu, de garder les ressources qu'on a et qu'on utilise. C'est un mode de vie qui est le mien et qui, je pense, fait aussi partie de cet endroit. Je suis venue en caravane. C'est une caravane que j'ai achetée pas cher, que j'ai retapée et que je sors pour faire des vies de dressing.

  • Speaker #3

    Je ne sais pas pour vous, moi j'ai l'impression que le monde d'après se construit ici. Mais attention, tout n'est pas tout rose. Voyons avec David les challenges que doivent surmonter ces lieux.

  • Speaker #1

    Quand on arrive dans un territoire en ruralité, isolé, qu'on investit un lieu chargé d'histoire, ancienne et récente, que nous-mêmes on ne sait pas exactement ce qu'on fait et où on va, alors le premier besoin c'est aussi de, malgré le fait que ce n'est pas notre truc, pouvoir mettre une étiquette sur ce qu'on est. Donc on parlait de tiers-lieux. fabrique de territoire, on labellise des tiers-lieux, donc ça nous rend plus officiellement tiers-lieux au-delà de l'auto-proclamation que nous en sommes un. Ça c'est le premier truc. Le deuxième truc, c'est que soit tu fais ton petit bonhomme de chemin tout seul, tu fais ta petite activité marchande, t'as tes clients, tu demandes rien à personne, soit tu veux déployer une activité non marchande, et pour ça t'as la nécessité de le faire en partenariat avec les institutions et les collectivités locales, alors pouvoir être adoubé et reconnu. par les institutions et les collectivités locales, comme quoi ce qu'on fait est reconnu comme tel, alors c'est important. Et en ce sens-là, le programme Fabrique du Territoire, il est hyper important parce que ça permet d'avoir cette étiquette, ça veut dire que ça ouvre un double droit. Le premier, c'est d'être tiers-lieu, fabriqué du territoire. Et le deuxième, c'est démonstrateur, ça veut dire que tu es là pour innover et tu es là pour expérimenter. Donc tu as le droit à l'erreur. Et ça, c'est hyper important. Pour nous comme label, c'est ce qu'on est allé chercher dans ce programme LCT. Bon évidemment il y a une petite subvention qui vient avec, qui n'est pas désagréable, mais qui à l'échelle du projet, je pense que c'est un vrai sujet, pèse une petite partie dans un projet comme ça, mais qui est quand même quelque chose qui nous permet de dire qu'on est là. Après on peut toujours rêver que ce soit beaucoup plus, beaucoup mieux, beaucoup plus loin, mais c'est déjà vraiment génial qu'un programme comme ça existe. Ces lieux qu'on est en train d'essayer de créer, ils nécessitent à toute origine des forts investissements. Acheter un lieu, le rénover, le mettre aux normes pour qu'il puisse exister et faire son premier euro de rentrée, c'est déjà des sommes astronomiques. Donc pour que ces lieux émergent, si on pense que c'est un modèle de société dont on a envie, et nous c'est quelque chose qu'on documente et qu'on souhaite vraiment rendre visible. pour qu'il y ait une prise de conscience là-dessus, c'est que si nous, on n'avait pas la chance d'être des quarantenaires qui avons fait des carrières, qui avons mis l'argent de côté, si on n'avait pas eu cette immense chance que 10 personnes d'un coup acceptent de mettre leur argent à perte dans un projet comme ça, sans en attendre aucun rendement, avec plutôt beaucoup plus de chance de le perdre que de le récupérer un jour, c'est-à-dire que la chance que ça se répète, elle est extrêmement faible. Donc la chance que ce type de lieu émerge, sans souffrance et sans être en danger de mort permanent les 5-10 premières années, elle est extrêmement faible. Et ça, ça permet juste d'exister. On a une deuxième chance, c'est que moi je suis entrepreneur dans l'économie sociale depuis 20 ans, donc les fonds d'investissement Impact me font confiance. On a pu se faire financer ici par des fonds d'investissement Impact qui ont pris le relais, parce qu'une fois que nous on avait dépensé tout notre argent pour acheter le lieu, faire les travaux, ensuite il faut embaucher du monde, planter des légumes, il y a tout de suite des investissements. haute carrière. Donc en fait, c'est très vite un gouffre ce truc-là. Et ça ne devient plus un gouffre quand vous êtes à plusieurs années et que l'activité économique a pris le relais. Moi, j'appelle un peu de mes voeux qu'on puisse donner accès à ces initiatives de lieu et de l'économie sociale à des prêts très long terme, à des dispositifs qui permettent à ces lieux d'émerger parce qu'ils ont la possibilité d'atteindre des modèles économiques qui leur permettent d'être autonomes et rentables, mais ils ont le besoin d'être... financés par des investissements en amont qui tiennent compte de leurs spécificités. Et ça, nous, c'est ce qu'on essaye aussi beaucoup d'explorer. Et d'ailleurs, aujourd'hui, on a trois ans. Qui sait où on sera dans un an, dans deux ans, dans trois ans, si on sera encore là, si on aura réussi notre démonstration économique ? Personne. On est dans un danger permanent. À dix ans, on est hyper confiant. On répond à un besoin de société qu'on nous renvoie, on le voit très bien. Par contre, il y a un temps de construction qui est long. Mais à 10 ans, on est hyper confiant. Donc à 10 ans, on sera performant économiquement, on pourra rembourser des investisseurs. Mais entre les deux, on est dans une fragilité permanente. Et ça fait partie de ce qu'on essaye de démontrer. C'est que si on veut que ce soit réplicable, il va falloir le faciliter d'une manière ou d'une autre. Ça ne pourra pas être l'objet de quelques citoyens qui se fédèrent dans leur coin et qui arrivent parce qu'ils ont envie de le faire.

  • Speaker #3

    C'est déjà la fin de cet épisode. Merci à toute l'équipe de Montrieux-le-Hamot pour leur chaleureux accueil. Dans un prochain épisode, nous irons à la découverte d'un autre tiers-lieu et un autre territoire. A bientôt !

  • Speaker #0

    Au cœur des tiers-lieux, les éclaireurs de la transformation écologique.

Share

Embed

You may also like