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Au coeur des tiers-lieux : les éclaireurs de la transformation écologique

L'Hermitage (Oise), où se mêlent innovations sociale et environnementale

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30min |01/07/2025|

54

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Description

Lieu engagé pour l'agroécologie, la gestion du bois, la transition écologique et le hacking citoyen et qui propose des prestations évènementielles, de l'hébergement et des séminaires ainsi que des prestations de conseil, d’accompagnement et de prototypage de projets à impact partout en France.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous écoutez, au cœur des tiers-lieux, les éclaireurs de la transformation écologique. Un podcast de l'Agence nationale de la cohésion des territoires. Partons en immersion dans des tiers-lieux implantés en ruralité. Manufacture de proximité, fabrique de territoire, tiers-lieux ressources, circuits courts, tiers-lieux nourriciers ou culturels, et voyons comment ces lieux agissent pour la transformation écologique, sociale et solidaire du territoire.

  • Speaker #1

    Salut, je suis Richard et je vous emmène dans les Hauts-de-France, plus précisément à Autrèche dans l'Oise. Nous allons découvrir ce qui se trame à l'Hermitage, tiers lieu d'innovation rurale, sociale et environnementale.

  • Speaker #2

    Je m'appelle Jean Carinty, je travaille à l'Hermitage, endroit où par ailleurs j'ai fait toute mon enfance. C'est 22 ans de ma vie avant de partir faire beaucoup d'autres choses. Je suis né en 1974 sur un site qui était déjà opérationnel et en production, qui est l'Hermitage depuis 1954. Donc ça faisait 20 ans que le site a été racheté par une communauté de malades de la... de la lèpre qu'en avait fait leur hôpital. Ils avaient imaginé, parce qu'ils n'étaient pas satisfaits de la manière dont ils étaient pris en charge dans des sanatoriums, ils n'avaient pas le pouvoir en fait, ils n'avaient même aucun pouvoir, aucun droit de discussion sur ce qu'ils vivaient, ce qu'ils faisaient de leur journée, donc ils ont imaginé racheter ce site pour vivre comme ils voulaient, donc en communauté. Ils ont été soutenus par des valides, et ils ont pu s'installer avec notamment les sœurs de Foucault, qui est une petite congrégation, et un résistant. qui était un ancien combattant de la résistance française des services secrets de De Gaulle, qui s'appelait Bertrand de Larocque, qui était un jeune agent de renseignement. Il est allé à Londres, il avait 15 ans, il a truché sur son âge, comme quelques jeunes combattants à l'époque, qui faisaient un peu plus vieux que leur âge. Et bon, je pense qu'à Londres, ils n'étaient pas très regardants, ils avaient envie d'avoir des jeunes combattants engagés, donc il est devenu un agent de renseignement. Après la libération de la France et la fin de la Deuxième Guerre mondiale, il n'a pas réussi à se réinsérer au sens où, comme beaucoup de jeunes combattants ayant connu quasiment que la bagarre et la clandestinité et l'aventure, et la dimension complètement anormale de leur existence, dans les maquis, lui se faisait parachuter, ils étaient romanesques, ils n'ont jamais réussi à accepter le retour à la normale. Ils étaient très engagés, ils avaient beaucoup d'ambition, et donc ça fait partie d'un profil d'anciens résistants qui sont devenus des dirigeants associatifs assez engagés, assez déterminés, des entrepreneurs sociaux. Lui, il a été accueilli ici, et puis il a permis aux malades de développer un projet commun en utilisant une partie des bâtiments, parce que c'est un domaine qui fait 30 hectares, et il y avait une partie des bâtiments dont il fallait faire quelque chose, et ils en ont fait le siège d'une ONG, et le centre de formation d'une ONG internationale. Et donc moi, mon papa venait rendre visite à sa tante qui était une des fondatrices de la maison médicale, une des malades, quand il était jeune et qui venait en vacances. Et puis quand il est devenu ingénieur, il a travaillé là, il a épousé ma maman qui était infirmière et qui elle-même voulait travailler ici. Donc on a été huit enfants à être élevés à l'Hermitage, en compagnie d'autres enfants qui étaient des fils de collaborateurs de l'ONG ou de la maison médicale. Donc c'est une enfance assez particulière dans un petit village, mais vraiment dans une ambiance très engagée, très communautaire, très fraternelle. Puis après l'université, moi j'ai quitté le site et je ne suis pas revenu, sauf pour les enterrements des anciens malades de l'Hermitage qui décédaient souvent en mort naturelle. Et puis en 2015, il y a eu un moment de rupture. Le site n'avait plus d'utilité. et donc ils ont voulu en faire quelque chose et donc c'est à cette occasion que s'est posée la question de l'avenir de l'ermitage donc moi j'ai suggéré je travaillais à la ville de Paris à l'époque donc j'ai suggéré de réfléchir à un projet après que différents projets précédents aient échoué, on sait à quel point nous on y travaille, on a un bureau d'études maintenant qui fait que ça donc on voit bien à quel point c'est très difficile de trouver un avenir assez foncier, atypique qui sont souvent d'anciens hôpitaux, d'anciennes usines des bâtis existants ... Nous, aujourd'hui, on a l'expérience, on a vécu l'expérience de la reprise d'un foncier de zéro, sans modèle économique, sans communauté. On a tout construit de A jusqu'à Z et c'est depuis 7 ans que je me consacre à ça.

  • Speaker #3

    Alors, moi, je m'appelle Sylvia, je suis une mamie. Je suis retraitée, mais je cumule un petit emploi ici à l'Hermitage. Moi, en fait, je me suis épanouie ici. J'ai découvert ce lieu, ça a été mon premier job, en fait. Je cherchais du travail, j'avais 16 ans et demi. Et je suis arrivée là, en fait, pour un remplacement de cuisine. Et puis, je ne suis jamais repartie. En fait, j'ai rencontré mon époux. On est partis vivre à l'étranger parce qu'il travaillait sur l'ONG qui était ici avec la maison de santé de l'Hermitage. Ben voilà, je suis encore là aujourd'hui. L'ONG, c'était le CIDR qui travaillait dans les pays du Sud. À l'époque, ils faisaient du développement. Maintenant, on appelle ça les pays du Sud. Et pendant dix ans, on a vécu en Iran et deux ans en Éthiopie. Et à chaque fois que je revenais, je retrouvais mon petit travail ici. Ah ben, c'est un lieu, il est plein d'histoires, quoi. Parce que c'est vrai que... Cette maison de santé, c'était des anciens malades qui ont acheté ce lieu pour vivre en autonomie, pour sortir un peu du milieu médical dans lequel ils étaient un peu enfermés. Ils ont trouvé l'ermitage et c'est devenu leur lieu de vie ici. Donc nous, les quelques personnes qui travaillons ici à l'époque, tout au début en tout cas, Moi, je me suis sentie chez moi, quoi. Il y avait un espèce de... Je sais pas, je me suis sentie accueillie avec des gens très différents de tous les pays. Déjà, une ouverture incroyable. Et c'est devenu nos amis, c'est devenu notre famille, en fait. Et quand, sur ordre de notre organisme de tutelle, l'ARS, on a dû fermer la maison, eh bien, le lieu a été mis en vente. Et moi, comme j'étais une des anciennes... qui venait de prendre sa retraite justement, m'a demandé de rester là pour surveiller, en attendant qu'on vende, de trouver le bon acheteur. Jusqu'au jour où la jeune équipe est arrivée, je suis restée avec eux, ils m'ont demandé si je voulais continuer avec eux, d'autant plus que je les connaissais, puisque cette jeune équipe, elle vient de ce lieu, parce que les parents ont travaillé ici, donc on se connaît, quand ils m'ont proposé ça, j'ai dit oui, puis je suis ravie de voir la tournure que ça prend, parce que ça n'a rien à voir avec ce que c'était. Mais pour moi, il y a une espèce de continuité. On reçoit des gens de partout. On reçoit des gens d'associations très différentes. Enfin bref, on reçoit de tout. Donc moi, c'est un peu ma vie sociale maintenant. Ça me permet de rencontrer des gens, en même temps de travailler. Et voilà, je me sens vraiment bien. Et j'avoue que je viens le matin sans problème, avec beaucoup de plaisir.

  • Speaker #4

    Je m'appelle Armelle, je travaille à l'Hermitage depuis deux ans et demi. J'ai rejoint l'équipe à la direction de l'association Hermitage Expérimentation qui s'occupe des activités d'intérêt général sur le site. C'est-à-dire des activités d'accueil du grand public et des activités qui permettent de tisser un lien au territoire et à ses habitants. Dès le départ, l'association a été importante puisqu'au début elle a servi à préfigurer le projet dans son ensemble. Et puis petit à petit, les différentes activités qui permettent de faire vivre le lieu se sont développées. Et du coup, la question de la place et du rôle de l'association s'est progressivement posée différemment. Et il est apparu important que le rôle social du lieu est très important. Et donc la question c'était de qu'est-ce qu'on pouvait faire sur le lieu pour en faire un lieu ressource pour son territoire et pour ses habitants. et comment on pouvait faire en sorte que les personnes qui vivent à proximité de l'ermitage puissent emparer des ressources disponibles, en fait, grâce à ce domaine qui est très grand et qui permet d'y faire plein de choses.

  • Speaker #0

    D'un papier, de pénévoles qui sont hyper sympas.

  • Speaker #2

    La bélisation fabrique de territoire. C'est ça, en fait, c'est un appel à projet de l'État. Nous, on a candidaté et on est reconnu par l'État à ce qu'on appelle l'Agence nationale de cohésion des territoires. et bien sûr l'état local que sont préfectures, sous-préfectures et services de déconcentré, comme un lieu qui contribue aux politiques publiques de cohésion territoriale. C'est ça en fait la fabrique. Donc ça nous permet d'être entre guillemets, de porter un habit qui nous protège entre guillemets, d'être mal compris, mal perçu. Donc c'est une reconnaissance et c'est un peu de moyen quand même, même si c'est pas avec ça nous qu'on peut transformer un site de l'envergure de l'arrêtage. Donc il a bien fallu qu'on se dote d'autres outils, notamment nos propres moyens, mais ça a été quand même une reconnaissance. Surtout qu'il y a plus pendant la jeu de piste.

  • Speaker #0

    La petite averse toute fine,

  • Speaker #4

    là.

  • Speaker #5

    Ça a commencé tout doucement.

  • Speaker #0

    Je pensais que ça allait passer, tu vois. Et là, j'ai fait bon. Vu que j'avais trois groupes sous la main, je me suis dit, non mais allez sous le barnum, les enfants, tant pis. Mais il nous reste des indiens. Je me suis dit, c'est pas grave. Ils sont là-haut, il y a un centre aéré qui est là-haut, de 36 enfants, qui campent toute la semaine. Ils viennent de villages alentours. Du côté du disque. Enfin, de trois centres aérés différents. Ils sont là toute la semaine. Donc, ils font des animations propres et nous, on leur propose aussi des animations pendant le séjour. Donc là, ce matin, le jeu de piste sous la pluie.

  • Speaker #5

    Hier, il y avait Fab Lab et poterie.

  • Speaker #0

    Et céramique, oui. Et céramique. Ce soir, il y a une veillée autour des chauves-souris. Donc, il y a un bénévole qui est là, qui est spécialisé en chauves-souris. Et il a plein de matériel pour observer, écouter les chauves-souris. Et vu qu'on a un Fab Lab, et avec le Fab Lab, ils ont fabriqué des nichoirs à chauve-souris, et avant, le Fab Manager, il a fabriqué un sonar à chauve-souris. Ouais. Ils vont pouvoir observer, écouter, questionner. Et là, ce matin, c'était le jeu de pistes dans le bois. Enfin voilà, c'est des rébus, des devinettes. Ça leur permet un peu de découvrir aussi l'histoire du lieu. Parce que l'histoire... de l'ermitage, pas du tiers-lieu, mais du site en lui-même, est longue. Donc du coup, ça leur permet de voir tout ce qui se passe. Et puis dans le jeu de piste, il y a aussi autour des arbres, de la biodiversité, découvrir les plantes, de reconnaître un arbre, ses feuilles. Voilà, c'était le programme de ce matin. Moi, je m'appelle Charlotte et je suis gérante du café associatif et de la vie de la vie de l'animation au sein de l'association. Moi je suis vraiment en lien avec les habitants, les gens du territoire, pour l'animation, la vie culturelle et les ateliers couture-tricot qui se passent soit au café, soit à l'extérieur. En fait le principe de l'association, on essaie d'être labellisé espace de vie sociale, et donc l'espace de vie sociale est même une association en soi. C'est vraiment que les adhérents, les bénévoles, les habitants du territoire soient acteurs de ce qui se passe à l'association. Toutes les animations, toutes les activités de l'association sont à l'initiative des habitants et portées par les habitants. Donc là, le club Tricot Couture, c'est vraiment une demande des habitants qui se retrouve tous les mardis, tous les samedis. Et pour apprendre... pour faire ensemble, pour ne pas être tout seul, par exemple, chez soi, à faire sa couture, et que des fois, c'est plus motivant quand on est ensemble, et puis on peut se donner des conseils, on peut se partager des patrons. Donc, c'est vraiment l'idée de partager et de faire ensemble des trucs qu'on peut faire tout seul chez nous, mais que c'est plus sympa à plusieurs, quand même.

  • Speaker #4

    Donc, l'association s'occupe de ce café, et a fait de ce café aussi un peu l'emblème des questions d'alimentation, qui sont un sujet important puisqu'on est en milieu rural. Et que sur le site de l'Hermitage, il y a déjà six structures qui sont engagées sur ces enjeux, de la fourche à l'assiette. Donc finalement, le café, c'est l'endroit où on se retrouve pour, entre autres, questionner la manière dont on se nourrit aujourd'hui et la possibilité de le faire aussi en proximité, de relocaliser notre alimentation et de manger sain à prix abordable.

  • Speaker #0

    Oui, merci. Marion, c'est une productrice. Elle travaille à Morcin, juste à côté. Elle fait partie de l'AMAP. C'est une des productrices de l'AMAP. Elle s'occupe des œufs.

  • Speaker #1

    Elle ramène déjà les...

  • Speaker #0

    Elle ramène pour ce soir. C'est ce soir l'AMAP. Elle est prête dans la journée.

  • Speaker #1

    Vous avez combien de paniers à l'AMAP ?

  • Speaker #0

    Il y a 22 inscrits à l'AMAP. Il y a des œufs, du fromage de chèvre. Après il y a les légumes de Edwige, qui est les jardins de l'Hermitage, donc qui est la maraîchère juste en bas du tiers lieu. Et donc elle, elle fait les paniers de légumes et là elle va bientôt avoir des fruits aussi. Ça c'est chouette parce qu'elle a planté des arbres fruitiers donc il y a trois ans, donc là ça y est c'est la première année pour la récolte. Il y a du pain de la pierre qui tourne, donc ça c'est une boulangerie bio pain au levain qui est un tout petit peu plus loin. J'oublie, il y a du miel et il y a des colis de viande de monsieur Potier qui est l'agriculteur du village. C'est un double, c'est trois.

  • Speaker #5

    Ça fait six.

  • Speaker #6

    Moi, mon prénom c'est Philippe, je suis président de l'AMAP. L'amitié est là parce que je connais la famille Carinti depuis très longtemps. Je les ai même connus, qui ont habité ici étant très petits. Et puis aussi, en tant que président de l'AMAP, ce que c'est qu'une AMAP, c'est parce que quand les jardins de la métache se sont mis en place, on a monté une AMAP pour pouvoir aider Edwige à vendre ses légumes et tout. Donc ça veut dire qu'on a un regroupement de producteurs locaux. Donc le but c'est de revenir au local. Les gens qui achètent en supermarché, c'est bien, ça vient d'Espagne, ça vient un peu de partout. Maintenant on revient beaucoup au local, il y a beaucoup de gens qui reviennent au local. On le voit par tous les producteurs locaux qui sont du coin. Et c'est un bien, pour faire travailler le local c'est un bien. Je suis élu depuis 35 ans au conseil municipal. J'ai fait deux mandats d'adjoint. Maintenant, je suis simplement conseiller. Je suis juste président de la commission des travaux. C'est faire la liaison du village avec ce lieu qui est là, parce que là, maintenant, on a ouvert un centre aéré qui permet donc ici, les enfants viennent une fois par semaine avec les ateliers qu'ils ont ici, du Fab Lab, ils ont ce jardin, qu'ils viennent faire du jardin, ils ont la forêt au-dessus où ils peuvent pique-niquer et camper.

  • Speaker #0

    Je les mets dans une grosse selle. Je vais me garder avec ça. Ça les cuit.

  • Speaker #5

    Moi, je m'appelle Grégoire. J'ai commencé ici en tant que bénévole au sein de l'association, il y a un an et demi. Avant ça, je connaissais le lieu dès le début de l'arrivée de l'association ici. J'ai été chef dans un groupe de scouts ici sur le secteur. Et dès le départ de l'arrivée de l'association sur les lieux, ils nous ont ouvert leurs portes pour qu'on puisse venir. passer certains week-ends campés avec les scouts dans l'année. Et c'est un peu comme ça que j'ai connu le site, d'abord avec les scouts. Donc depuis quelques mois, j'ai été élu au conseil d'administration. En tant que bénévole ici, j'aide à l'entretien des communs forestiers. Je file un coup de main de temps en temps pour les animations du Fab Lab. Par exemple, aujourd'hui, j'étais là pour filer un coup de main pour l'animation auprès de... Un centre aéré qui vient ici passer une semaine, il leur a été préparé un jeu de pistes en forêt.

  • Speaker #4

    Il se trouve qu'à l'ermitage, on est à la campagne, que le domaine fait 30 hectares, et que sur ce domaine il y a un bois d'une vingtaine d'hectares, et qu'on s'est rendu compte que le premier endroit où les habitants venaient, c'était le bois, finalement, pour venir s'y promener de manière assez naturelle, puisque l'ermitage est situé à un carrefour un petit peu entre les trois hameaux du village. Et donc assez rapidement on s'est rendu compte que le bois ça pouvait être une porte d'entrée pour rentrer en relation avec les habitants assez intéressante. Et donc on a commencé à constituer une communauté d'usagers du bois et à travailler sur un commun forestier d'usage. Et on a aussi une convention avec les chasseurs du village. En fait ça leur permet d'intégrer les 20 hectares de bois à leur chasse communale et on met en place avec eux des liens de réciprocité. Donc, une fois par an, alors nous, on participe à une battue une fois par an avec eux. Ça nous permet d'échanger sur, par exemple, la nécessité de régulation synergétique avec l'expert forestier qui nous accompagne.

  • Speaker #1

    Il y a peut-être un petit paradoxe. Est-ce qu'il y a, quel est pour toi le lien entre l'écologie et le fait de pouvoir s'ouvrir aux chasseurs par rapport aussi à... aux enjeux de ce lieu ?

  • Speaker #5

    S'ouvrir aux chasseurs, ça a deux aspects. Le premier aspect, c'est le lien avec les chasseurs, avec les habitants du village. Le deuxième, c'est qu'il faut faire un peu de régulation de la population des grands animaux et des un peu plus petits aussi sur le site, pour ne pas abîmer la forêt aussi. Pour qu'il y ait une biodiversité qui se mette en place, il faut que les grands herbivores, il faut qu'ils aient leurs prédateurs. Et il n'y a plus de prédateurs naturels pour les grands herbivores, donc forcément c'est l'homme qui prend un peu la place. Il y a un certain quota à prélever, et c'est ce qui sert à remplir la biodiversité, et qu'il n'y ait pas des animaux qui prennent la place, qui ont une place trop importante, et qui font que la forêt ne peut pas se renouveler par exemple. Je peux te demander, on va tailler ça, on a besoin d'une piche d'à peu près 2,50 mètres. Si tu arrives à me couper les branches qui sont dessus. Vas-y.

  • Speaker #4

    Comme ça ?

  • Speaker #1

    Vas-y là.

  • Speaker #5

    Là. Donc là on va préparer un chantier qui aura lieu au jeudi avec un centre aéré. Ça va être la réalisation d'une clôture sèche autour d'un arbre remarquable ici du site. La clôture sèche ça va être une clôture qui va servir à 1. ne pas s'approcher trop près de l'arbre pour ne pas l'abîmer, pour bien faire voir que c'est un arbre qu'on veut protéger, on ne veut pas que personne ne s'en approche. De 2. la clôture sèche c'est aussi un refuge pour les petits animaux, les petits rongeurs qui vont pouvoir se réfugier. C'est aussi une zone dans laquelle certains oiseaux vont pouvoir faire leur nid. Et donc tout ça, ça va être par la suite à l'intérieur. On va pouvoir y remettre un peu de ce qu'on appelle le BRF, c'est du bois broyé. En fait, quand on fait l'entretien, on pourra le remettre par-dessus. Ce qui fait que ça va garantir la maintien de l'humidité du sol bien dans le sol. Et pour que l'arbre puisse garder toute sa vigueur et puisse rester là encore très longtemps. Il fait partie des vieux arbres ici du site et vu son aspect qui part directement quasiment depuis sa base sur deux grands troncs qui montent, ça fait partie des arbres qu'on veut conserver, qu'on veut mettre en avant ici au niveau du site pour garantir cette biodiversité qu'on a dans le bois.

  • Speaker #1

    Alors je m'appelle Gwendal, je suis habitant de la vallée, j'habite dans un village qui est juste à côté de Autrèche, mais qui a la particularité d'être dans l'Aisne, alors qu'ici on est dans l'Oise. Mon lien avec l'ermitage, dans un premier temps j'étais bénévole ponctuellement sur des tâches d'entretien, de restauration, et ensuite... Ensuite, mon projet dans l'Hermitage, c'était la création d'un trial plutôt éco-responsable, même si le trial n'est pas très éco-responsable en tant que tel. Donc on essaye de faire au mieux. Un projet qui a mûri pendant cinq ans et on y est arrivé. Lors de la phase de préfiguration, durant laquelle le collectif a pu acheter les lieux et sur lesquels on a pu tester le modèle, il y avait des activités qui étaient proposées. Et moi, je proposais des matinées sportives. Après, on faisait le lien avec d'autres activités. Parfois, on était deux, trois, quatre. Et c'est à partir de cette phase-là qu'on a commencé à recruter des bénévoles et à parler du projet. Puis, au fur et à mesure, ça a été possible. Donc là, ça va être la troisième édition en 2025. On est déjà en train de la préparer. Le travail des Hermites, c'est 120 bénévoles. C'est 800 repas servis. C'est 850 participants cette année. C'est deux épreuves de trail, un 12 km et un 28 km qui s'en va plus loin dans les vallées de laine sur la ligne de front de la Première Guerre mondiale. C'est une épreuve de marche sportive de 12 km et c'est une épreuve de marche gourmande de 7 km où les marcheurs, donc 320 cette année, partent à la découverte du village et font des petits arrêts sur des stands gourmands des producteurs que l'on distribue dans notre amap qui se réunit ici à l'Hermitage tous les mardis soirs.

  • Speaker #4

    C'est une question compliquée et en même temps passionnante, la question de la rencontre de personnes différentes. C'est un peu la raison d'être de l'Hermitage, c'est de rendre possibles les rencontres improbables. Dans un lieu comme ça, quand la société de séjour accueille des hauts fonctionnaires qui viennent en formation sur les enjeux environnementaux et qu'au bar, ils croisent quelqu'un du village qui vient juste boire un verre et qui est très éloigné de ses préoccupations, Il y a parfois cette rencontre, mais ça ne suffit pas. Il ne suffit pas de mettre dans la même pièce des personnes très différentes pour qu'elles se parlent et qu'elles se rencontrent vraiment. Je dirais qu'il y a plusieurs manières. Déjà, un, c'est dans le temps, en trouvant notre place grâce à nos activités, que petit à petit, la rencontre se fait. On essaye de faire en sorte que ce lieu soit un lieu d'accueil inconditionnel. Alors, ça ne veut pas dire qu'on accepte tout et n'importe quoi, mais Tout le monde est le bienvenu, a priori. Je pense que dans les actions qu'on met en place, dans le fait de vivre au quotidien, de partager de plus en plus un destin commun avec les personnes, et surtout en sortant de l'ermitage, je crois que l'un des enjeux de l'équipe de l'ermitage, c'est de ne pas se contenter de ce qu'on fait ici, comme un lieu, en tout cas un lieu un petit peu à l'abri. Ce n'est pas une forteresse, l'ermitage, c'est un lieu où on vient... passer un bon moment, recharger les batteries, pour avoir l'énergie de faire des choses ensemble.

  • Speaker #2

    C'est une question qui me mobilise professionnellement maintenant. D'abord, c'est une question qui me passionne, c'est une question qui m'angoisse aussi parfois, parce qu'on voit que cette transition, elle est tellement profonde et elle est tellement complexe, elle est tellement exigeante pour les individus, les organisations, notamment ce qu'on appelle les corps intermédiaires, que c'est pas un long fleuve tranquille du tout. En fait, dans le mot transition, il y a peut-être un malentendu que moi j'ai vécu vraiment, y compris physiquement ici, c'est que ça va pas être une transition, ça va être... clairement dur. Transformation, oui transformation. Donc convoquer certains processus du vivant est intéressant parce que c'est une évolution évidente et au sens où elle devra se faire, mais c'est pas du tout quelque chose qui met tout le monde au même niveau, qui met tout le monde à la même place dans cette évolution. Comme dirait l'autre, il y a les chaloupes du Titanic et puis il y a ceux qui sont dans les quatrièmes ponts en bas. Nous ici, on a choisi d'assumer le fait d'être un peu à la croisée des chemins sur ce qui est conceptuel, ce qui est finalement pensable et désirable, et ce qui est insupportable à vivre. Si on fait une transition, si on n'est pas hypocrite dans la posture, dans l'intention qu'on a, il faut prendre en compte le fait que les agriculteurs sont des entrepreneurs. que l'on leur a proposé de contribuer à un modèle, qui est un modèle international avec des conventions, des engagements, un système, et qu'aujourd'hui, passer à autre chose, c'est politiquement extrêmement, extrêmement complexe. Donc moi, je regarde ces agriculteurs avec, des fois, avec agacement quand je les vois continuer.

  • Speaker #0

    Et en même temps, ce sont des gens que je connais pour la plupart personnellement, avec qui j'ai parfois passé du temps quand j'étais scolarisé à l'école primaire ou au collège. Donc je connais leur psychologie et je pense qu'ils sont beaucoup plus disposés et beaucoup plus disponibles pour les transitions que le rapport de force politique dans lequel ils sont parfois enfermés ne veut bien le manifester, et c'est le cas de le dire, auprès du grand public et des politiques. C'est des postures, tout est question de posture. Il y a des rapports de force politique, il y a des syndicats, tout ça est complexe. Et donc ce que je peux dire, c'est que moi je les vois agir, je les vois évoluer. Et je pense que le verre est à moitié plein, forcément. Parce que pour moi, si le verre est à moitié vide, et il a tendance à se vider définitivement, alors ça veut dire que c'est foutu, que les carottes sont cuites. Or ni eux, ni moi, ni nous n'allons dans cette perspective. c'est absurde et donc ils se mobilisent il y a certaines personnes clés avec lesquelles on a des liens ici je pense à Emmanuel Bourg-Poitrinal notamment qui est une conseillère générale à l'agriculture qui est une autre fonctionnaire qui est impliquée et qui met beaucoup d'énergie à s'engager aux côtés des agriculteurs et de leur corps intermédiaire et de même en particulier pour faire évoluer les choses de toute façon pour dire de quoi on parle c'est de rendre ces terres productives sans être dans une Tchôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôô dans un usage incompatible avec l'avenir de la biodiversité. Aujourd'hui, ils ont besoin de changer de manière de cultiver et ils le font progressivement. Ils font ce qu'on appelle du couvert, mais aussi ils ont besoin de valoriser leur travail, probablement autrement, avec plus de services environnementaux. Comme on dit, c'est complexe. Ça peut avoir des dérives. Il peut y avoir des dérives de financiarisation. il y a des risques mais il y a aussi un intérêt à faire que les agriculteurs soient les gardiens de la biodiversité en étant payés pour ça et en étant productifs ce qu'on veut défendre c'est une agriculture familiale, nous la plupart des agriculteurs sont des enfants, petits-enfants arrière-petits-enfants, arrière-arrière-petits-enfants de fermiers qui portent cette terre dans le bide et dans les veines donc si ça bascule vers un truc où en fait t'as 50-100 fermes d'aujourd'hui qui deviennent qu'une seule ferme Comme c'est le cas par exemple en Ukraine, bon bah c'est pas le même modèle et c'est pas les campagnes dont on a besoin et ce sera moins évident d'être partie prenante et d'avoir un dialogue entre habitants, agriculteurs, de construire ensemble une société désirable au premier kilomètre. J'étais pas seul en 2017 à prendre cette décision, en 2016 on était une petite dizaine mais moi j'étais un peu leader. On est dans une grotte dans le noir, de prendre un peu la tête en disant au pire ça marche. On est dans une situation où il faut qu'on avance. Il faut qu'on avance, et où j'ai dit, mais en fait, ce qu'il faut imaginer, c'est un lieu commun. Donc oui, ça m'a fait tilt en regardant un peu ce qui se faisait ailleurs. Je me suis dit, en fait, c'est ça dont tu as besoin le territoire, des lieux comme ça. Mais de là à te dire que j'avais en tête un plan de bataille, et de savoir par quelles centaines de merdiers j'allais passer pour y arriver aujourd'hui, là où on en est, c'est-à-dire que rien n'est joué. On a beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup gagné en légitimité, beaucoup gagné en expérience, beaucoup convaincu, mais fondamentalement, ça reste quand même un truc extrêmement risqué, avec vraiment une culture d'entrepreneuriat social à avoir, et une très grande sensibilité aux habitants. Enfin bon, globalement, tout est encore à faire. Donc en 2017, est-ce que si j'aurais su, j'aurais pas venu, comme dirait l'expression que j'aime beaucoup de la guerre des boutons, et ben, je sais pas. Je ne sais pas, je pense qu'on ne se met jamais deux fois dans le même fleuve et qu'avec l'enthousiasme qui me caractérise, j'y serais allé. C'est ce qu'on risque. De toute façon, comme le disent beaucoup les combattants du climat, on est tous foutus. Moi, je crois qu'on a du chemin avant d'être définitivement foutus et qu'on a tout à gagner à ne pas trop avoir à perdre ou à penser à ce qu'on a à perdre.

  • Speaker #1

    C'est déjà la fin de cet épisode. Je remercie l'équipe et les bénévoles de l'Hermitage pour leur accueil bienveillant. Dans un prochain épisode, nous irons à la découverte d'un autre tiers-lieu et un autre territoire. A bientôt !

  • Speaker #0

    Au cœur des tiers-lieux, les éclaireurs de la transformation écologique.

Description

Lieu engagé pour l'agroécologie, la gestion du bois, la transition écologique et le hacking citoyen et qui propose des prestations évènementielles, de l'hébergement et des séminaires ainsi que des prestations de conseil, d’accompagnement et de prototypage de projets à impact partout en France.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous écoutez, au cœur des tiers-lieux, les éclaireurs de la transformation écologique. Un podcast de l'Agence nationale de la cohésion des territoires. Partons en immersion dans des tiers-lieux implantés en ruralité. Manufacture de proximité, fabrique de territoire, tiers-lieux ressources, circuits courts, tiers-lieux nourriciers ou culturels, et voyons comment ces lieux agissent pour la transformation écologique, sociale et solidaire du territoire.

  • Speaker #1

    Salut, je suis Richard et je vous emmène dans les Hauts-de-France, plus précisément à Autrèche dans l'Oise. Nous allons découvrir ce qui se trame à l'Hermitage, tiers lieu d'innovation rurale, sociale et environnementale.

  • Speaker #2

    Je m'appelle Jean Carinty, je travaille à l'Hermitage, endroit où par ailleurs j'ai fait toute mon enfance. C'est 22 ans de ma vie avant de partir faire beaucoup d'autres choses. Je suis né en 1974 sur un site qui était déjà opérationnel et en production, qui est l'Hermitage depuis 1954. Donc ça faisait 20 ans que le site a été racheté par une communauté de malades de la... de la lèpre qu'en avait fait leur hôpital. Ils avaient imaginé, parce qu'ils n'étaient pas satisfaits de la manière dont ils étaient pris en charge dans des sanatoriums, ils n'avaient pas le pouvoir en fait, ils n'avaient même aucun pouvoir, aucun droit de discussion sur ce qu'ils vivaient, ce qu'ils faisaient de leur journée, donc ils ont imaginé racheter ce site pour vivre comme ils voulaient, donc en communauté. Ils ont été soutenus par des valides, et ils ont pu s'installer avec notamment les sœurs de Foucault, qui est une petite congrégation, et un résistant. qui était un ancien combattant de la résistance française des services secrets de De Gaulle, qui s'appelait Bertrand de Larocque, qui était un jeune agent de renseignement. Il est allé à Londres, il avait 15 ans, il a truché sur son âge, comme quelques jeunes combattants à l'époque, qui faisaient un peu plus vieux que leur âge. Et bon, je pense qu'à Londres, ils n'étaient pas très regardants, ils avaient envie d'avoir des jeunes combattants engagés, donc il est devenu un agent de renseignement. Après la libération de la France et la fin de la Deuxième Guerre mondiale, il n'a pas réussi à se réinsérer au sens où, comme beaucoup de jeunes combattants ayant connu quasiment que la bagarre et la clandestinité et l'aventure, et la dimension complètement anormale de leur existence, dans les maquis, lui se faisait parachuter, ils étaient romanesques, ils n'ont jamais réussi à accepter le retour à la normale. Ils étaient très engagés, ils avaient beaucoup d'ambition, et donc ça fait partie d'un profil d'anciens résistants qui sont devenus des dirigeants associatifs assez engagés, assez déterminés, des entrepreneurs sociaux. Lui, il a été accueilli ici, et puis il a permis aux malades de développer un projet commun en utilisant une partie des bâtiments, parce que c'est un domaine qui fait 30 hectares, et il y avait une partie des bâtiments dont il fallait faire quelque chose, et ils en ont fait le siège d'une ONG, et le centre de formation d'une ONG internationale. Et donc moi, mon papa venait rendre visite à sa tante qui était une des fondatrices de la maison médicale, une des malades, quand il était jeune et qui venait en vacances. Et puis quand il est devenu ingénieur, il a travaillé là, il a épousé ma maman qui était infirmière et qui elle-même voulait travailler ici. Donc on a été huit enfants à être élevés à l'Hermitage, en compagnie d'autres enfants qui étaient des fils de collaborateurs de l'ONG ou de la maison médicale. Donc c'est une enfance assez particulière dans un petit village, mais vraiment dans une ambiance très engagée, très communautaire, très fraternelle. Puis après l'université, moi j'ai quitté le site et je ne suis pas revenu, sauf pour les enterrements des anciens malades de l'Hermitage qui décédaient souvent en mort naturelle. Et puis en 2015, il y a eu un moment de rupture. Le site n'avait plus d'utilité. et donc ils ont voulu en faire quelque chose et donc c'est à cette occasion que s'est posée la question de l'avenir de l'ermitage donc moi j'ai suggéré je travaillais à la ville de Paris à l'époque donc j'ai suggéré de réfléchir à un projet après que différents projets précédents aient échoué, on sait à quel point nous on y travaille, on a un bureau d'études maintenant qui fait que ça donc on voit bien à quel point c'est très difficile de trouver un avenir assez foncier, atypique qui sont souvent d'anciens hôpitaux, d'anciennes usines des bâtis existants ... Nous, aujourd'hui, on a l'expérience, on a vécu l'expérience de la reprise d'un foncier de zéro, sans modèle économique, sans communauté. On a tout construit de A jusqu'à Z et c'est depuis 7 ans que je me consacre à ça.

  • Speaker #3

    Alors, moi, je m'appelle Sylvia, je suis une mamie. Je suis retraitée, mais je cumule un petit emploi ici à l'Hermitage. Moi, en fait, je me suis épanouie ici. J'ai découvert ce lieu, ça a été mon premier job, en fait. Je cherchais du travail, j'avais 16 ans et demi. Et je suis arrivée là, en fait, pour un remplacement de cuisine. Et puis, je ne suis jamais repartie. En fait, j'ai rencontré mon époux. On est partis vivre à l'étranger parce qu'il travaillait sur l'ONG qui était ici avec la maison de santé de l'Hermitage. Ben voilà, je suis encore là aujourd'hui. L'ONG, c'était le CIDR qui travaillait dans les pays du Sud. À l'époque, ils faisaient du développement. Maintenant, on appelle ça les pays du Sud. Et pendant dix ans, on a vécu en Iran et deux ans en Éthiopie. Et à chaque fois que je revenais, je retrouvais mon petit travail ici. Ah ben, c'est un lieu, il est plein d'histoires, quoi. Parce que c'est vrai que... Cette maison de santé, c'était des anciens malades qui ont acheté ce lieu pour vivre en autonomie, pour sortir un peu du milieu médical dans lequel ils étaient un peu enfermés. Ils ont trouvé l'ermitage et c'est devenu leur lieu de vie ici. Donc nous, les quelques personnes qui travaillons ici à l'époque, tout au début en tout cas, Moi, je me suis sentie chez moi, quoi. Il y avait un espèce de... Je sais pas, je me suis sentie accueillie avec des gens très différents de tous les pays. Déjà, une ouverture incroyable. Et c'est devenu nos amis, c'est devenu notre famille, en fait. Et quand, sur ordre de notre organisme de tutelle, l'ARS, on a dû fermer la maison, eh bien, le lieu a été mis en vente. Et moi, comme j'étais une des anciennes... qui venait de prendre sa retraite justement, m'a demandé de rester là pour surveiller, en attendant qu'on vende, de trouver le bon acheteur. Jusqu'au jour où la jeune équipe est arrivée, je suis restée avec eux, ils m'ont demandé si je voulais continuer avec eux, d'autant plus que je les connaissais, puisque cette jeune équipe, elle vient de ce lieu, parce que les parents ont travaillé ici, donc on se connaît, quand ils m'ont proposé ça, j'ai dit oui, puis je suis ravie de voir la tournure que ça prend, parce que ça n'a rien à voir avec ce que c'était. Mais pour moi, il y a une espèce de continuité. On reçoit des gens de partout. On reçoit des gens d'associations très différentes. Enfin bref, on reçoit de tout. Donc moi, c'est un peu ma vie sociale maintenant. Ça me permet de rencontrer des gens, en même temps de travailler. Et voilà, je me sens vraiment bien. Et j'avoue que je viens le matin sans problème, avec beaucoup de plaisir.

  • Speaker #4

    Je m'appelle Armelle, je travaille à l'Hermitage depuis deux ans et demi. J'ai rejoint l'équipe à la direction de l'association Hermitage Expérimentation qui s'occupe des activités d'intérêt général sur le site. C'est-à-dire des activités d'accueil du grand public et des activités qui permettent de tisser un lien au territoire et à ses habitants. Dès le départ, l'association a été importante puisqu'au début elle a servi à préfigurer le projet dans son ensemble. Et puis petit à petit, les différentes activités qui permettent de faire vivre le lieu se sont développées. Et du coup, la question de la place et du rôle de l'association s'est progressivement posée différemment. Et il est apparu important que le rôle social du lieu est très important. Et donc la question c'était de qu'est-ce qu'on pouvait faire sur le lieu pour en faire un lieu ressource pour son territoire et pour ses habitants. et comment on pouvait faire en sorte que les personnes qui vivent à proximité de l'ermitage puissent emparer des ressources disponibles, en fait, grâce à ce domaine qui est très grand et qui permet d'y faire plein de choses.

  • Speaker #0

    D'un papier, de pénévoles qui sont hyper sympas.

  • Speaker #2

    La bélisation fabrique de territoire. C'est ça, en fait, c'est un appel à projet de l'État. Nous, on a candidaté et on est reconnu par l'État à ce qu'on appelle l'Agence nationale de cohésion des territoires. et bien sûr l'état local que sont préfectures, sous-préfectures et services de déconcentré, comme un lieu qui contribue aux politiques publiques de cohésion territoriale. C'est ça en fait la fabrique. Donc ça nous permet d'être entre guillemets, de porter un habit qui nous protège entre guillemets, d'être mal compris, mal perçu. Donc c'est une reconnaissance et c'est un peu de moyen quand même, même si c'est pas avec ça nous qu'on peut transformer un site de l'envergure de l'arrêtage. Donc il a bien fallu qu'on se dote d'autres outils, notamment nos propres moyens, mais ça a été quand même une reconnaissance. Surtout qu'il y a plus pendant la jeu de piste.

  • Speaker #0

    La petite averse toute fine,

  • Speaker #4

    là.

  • Speaker #5

    Ça a commencé tout doucement.

  • Speaker #0

    Je pensais que ça allait passer, tu vois. Et là, j'ai fait bon. Vu que j'avais trois groupes sous la main, je me suis dit, non mais allez sous le barnum, les enfants, tant pis. Mais il nous reste des indiens. Je me suis dit, c'est pas grave. Ils sont là-haut, il y a un centre aéré qui est là-haut, de 36 enfants, qui campent toute la semaine. Ils viennent de villages alentours. Du côté du disque. Enfin, de trois centres aérés différents. Ils sont là toute la semaine. Donc, ils font des animations propres et nous, on leur propose aussi des animations pendant le séjour. Donc là, ce matin, le jeu de piste sous la pluie.

  • Speaker #5

    Hier, il y avait Fab Lab et poterie.

  • Speaker #0

    Et céramique, oui. Et céramique. Ce soir, il y a une veillée autour des chauves-souris. Donc, il y a un bénévole qui est là, qui est spécialisé en chauves-souris. Et il a plein de matériel pour observer, écouter les chauves-souris. Et vu qu'on a un Fab Lab, et avec le Fab Lab, ils ont fabriqué des nichoirs à chauve-souris, et avant, le Fab Manager, il a fabriqué un sonar à chauve-souris. Ouais. Ils vont pouvoir observer, écouter, questionner. Et là, ce matin, c'était le jeu de pistes dans le bois. Enfin voilà, c'est des rébus, des devinettes. Ça leur permet un peu de découvrir aussi l'histoire du lieu. Parce que l'histoire... de l'ermitage, pas du tiers-lieu, mais du site en lui-même, est longue. Donc du coup, ça leur permet de voir tout ce qui se passe. Et puis dans le jeu de piste, il y a aussi autour des arbres, de la biodiversité, découvrir les plantes, de reconnaître un arbre, ses feuilles. Voilà, c'était le programme de ce matin. Moi, je m'appelle Charlotte et je suis gérante du café associatif et de la vie de la vie de l'animation au sein de l'association. Moi je suis vraiment en lien avec les habitants, les gens du territoire, pour l'animation, la vie culturelle et les ateliers couture-tricot qui se passent soit au café, soit à l'extérieur. En fait le principe de l'association, on essaie d'être labellisé espace de vie sociale, et donc l'espace de vie sociale est même une association en soi. C'est vraiment que les adhérents, les bénévoles, les habitants du territoire soient acteurs de ce qui se passe à l'association. Toutes les animations, toutes les activités de l'association sont à l'initiative des habitants et portées par les habitants. Donc là, le club Tricot Couture, c'est vraiment une demande des habitants qui se retrouve tous les mardis, tous les samedis. Et pour apprendre... pour faire ensemble, pour ne pas être tout seul, par exemple, chez soi, à faire sa couture, et que des fois, c'est plus motivant quand on est ensemble, et puis on peut se donner des conseils, on peut se partager des patrons. Donc, c'est vraiment l'idée de partager et de faire ensemble des trucs qu'on peut faire tout seul chez nous, mais que c'est plus sympa à plusieurs, quand même.

  • Speaker #4

    Donc, l'association s'occupe de ce café, et a fait de ce café aussi un peu l'emblème des questions d'alimentation, qui sont un sujet important puisqu'on est en milieu rural. Et que sur le site de l'Hermitage, il y a déjà six structures qui sont engagées sur ces enjeux, de la fourche à l'assiette. Donc finalement, le café, c'est l'endroit où on se retrouve pour, entre autres, questionner la manière dont on se nourrit aujourd'hui et la possibilité de le faire aussi en proximité, de relocaliser notre alimentation et de manger sain à prix abordable.

  • Speaker #0

    Oui, merci. Marion, c'est une productrice. Elle travaille à Morcin, juste à côté. Elle fait partie de l'AMAP. C'est une des productrices de l'AMAP. Elle s'occupe des œufs.

  • Speaker #1

    Elle ramène déjà les...

  • Speaker #0

    Elle ramène pour ce soir. C'est ce soir l'AMAP. Elle est prête dans la journée.

  • Speaker #1

    Vous avez combien de paniers à l'AMAP ?

  • Speaker #0

    Il y a 22 inscrits à l'AMAP. Il y a des œufs, du fromage de chèvre. Après il y a les légumes de Edwige, qui est les jardins de l'Hermitage, donc qui est la maraîchère juste en bas du tiers lieu. Et donc elle, elle fait les paniers de légumes et là elle va bientôt avoir des fruits aussi. Ça c'est chouette parce qu'elle a planté des arbres fruitiers donc il y a trois ans, donc là ça y est c'est la première année pour la récolte. Il y a du pain de la pierre qui tourne, donc ça c'est une boulangerie bio pain au levain qui est un tout petit peu plus loin. J'oublie, il y a du miel et il y a des colis de viande de monsieur Potier qui est l'agriculteur du village. C'est un double, c'est trois.

  • Speaker #5

    Ça fait six.

  • Speaker #6

    Moi, mon prénom c'est Philippe, je suis président de l'AMAP. L'amitié est là parce que je connais la famille Carinti depuis très longtemps. Je les ai même connus, qui ont habité ici étant très petits. Et puis aussi, en tant que président de l'AMAP, ce que c'est qu'une AMAP, c'est parce que quand les jardins de la métache se sont mis en place, on a monté une AMAP pour pouvoir aider Edwige à vendre ses légumes et tout. Donc ça veut dire qu'on a un regroupement de producteurs locaux. Donc le but c'est de revenir au local. Les gens qui achètent en supermarché, c'est bien, ça vient d'Espagne, ça vient un peu de partout. Maintenant on revient beaucoup au local, il y a beaucoup de gens qui reviennent au local. On le voit par tous les producteurs locaux qui sont du coin. Et c'est un bien, pour faire travailler le local c'est un bien. Je suis élu depuis 35 ans au conseil municipal. J'ai fait deux mandats d'adjoint. Maintenant, je suis simplement conseiller. Je suis juste président de la commission des travaux. C'est faire la liaison du village avec ce lieu qui est là, parce que là, maintenant, on a ouvert un centre aéré qui permet donc ici, les enfants viennent une fois par semaine avec les ateliers qu'ils ont ici, du Fab Lab, ils ont ce jardin, qu'ils viennent faire du jardin, ils ont la forêt au-dessus où ils peuvent pique-niquer et camper.

  • Speaker #0

    Je les mets dans une grosse selle. Je vais me garder avec ça. Ça les cuit.

  • Speaker #5

    Moi, je m'appelle Grégoire. J'ai commencé ici en tant que bénévole au sein de l'association, il y a un an et demi. Avant ça, je connaissais le lieu dès le début de l'arrivée de l'association ici. J'ai été chef dans un groupe de scouts ici sur le secteur. Et dès le départ de l'arrivée de l'association sur les lieux, ils nous ont ouvert leurs portes pour qu'on puisse venir. passer certains week-ends campés avec les scouts dans l'année. Et c'est un peu comme ça que j'ai connu le site, d'abord avec les scouts. Donc depuis quelques mois, j'ai été élu au conseil d'administration. En tant que bénévole ici, j'aide à l'entretien des communs forestiers. Je file un coup de main de temps en temps pour les animations du Fab Lab. Par exemple, aujourd'hui, j'étais là pour filer un coup de main pour l'animation auprès de... Un centre aéré qui vient ici passer une semaine, il leur a été préparé un jeu de pistes en forêt.

  • Speaker #4

    Il se trouve qu'à l'ermitage, on est à la campagne, que le domaine fait 30 hectares, et que sur ce domaine il y a un bois d'une vingtaine d'hectares, et qu'on s'est rendu compte que le premier endroit où les habitants venaient, c'était le bois, finalement, pour venir s'y promener de manière assez naturelle, puisque l'ermitage est situé à un carrefour un petit peu entre les trois hameaux du village. Et donc assez rapidement on s'est rendu compte que le bois ça pouvait être une porte d'entrée pour rentrer en relation avec les habitants assez intéressante. Et donc on a commencé à constituer une communauté d'usagers du bois et à travailler sur un commun forestier d'usage. Et on a aussi une convention avec les chasseurs du village. En fait ça leur permet d'intégrer les 20 hectares de bois à leur chasse communale et on met en place avec eux des liens de réciprocité. Donc, une fois par an, alors nous, on participe à une battue une fois par an avec eux. Ça nous permet d'échanger sur, par exemple, la nécessité de régulation synergétique avec l'expert forestier qui nous accompagne.

  • Speaker #1

    Il y a peut-être un petit paradoxe. Est-ce qu'il y a, quel est pour toi le lien entre l'écologie et le fait de pouvoir s'ouvrir aux chasseurs par rapport aussi à... aux enjeux de ce lieu ?

  • Speaker #5

    S'ouvrir aux chasseurs, ça a deux aspects. Le premier aspect, c'est le lien avec les chasseurs, avec les habitants du village. Le deuxième, c'est qu'il faut faire un peu de régulation de la population des grands animaux et des un peu plus petits aussi sur le site, pour ne pas abîmer la forêt aussi. Pour qu'il y ait une biodiversité qui se mette en place, il faut que les grands herbivores, il faut qu'ils aient leurs prédateurs. Et il n'y a plus de prédateurs naturels pour les grands herbivores, donc forcément c'est l'homme qui prend un peu la place. Il y a un certain quota à prélever, et c'est ce qui sert à remplir la biodiversité, et qu'il n'y ait pas des animaux qui prennent la place, qui ont une place trop importante, et qui font que la forêt ne peut pas se renouveler par exemple. Je peux te demander, on va tailler ça, on a besoin d'une piche d'à peu près 2,50 mètres. Si tu arrives à me couper les branches qui sont dessus. Vas-y.

  • Speaker #4

    Comme ça ?

  • Speaker #1

    Vas-y là.

  • Speaker #5

    Là. Donc là on va préparer un chantier qui aura lieu au jeudi avec un centre aéré. Ça va être la réalisation d'une clôture sèche autour d'un arbre remarquable ici du site. La clôture sèche ça va être une clôture qui va servir à 1. ne pas s'approcher trop près de l'arbre pour ne pas l'abîmer, pour bien faire voir que c'est un arbre qu'on veut protéger, on ne veut pas que personne ne s'en approche. De 2. la clôture sèche c'est aussi un refuge pour les petits animaux, les petits rongeurs qui vont pouvoir se réfugier. C'est aussi une zone dans laquelle certains oiseaux vont pouvoir faire leur nid. Et donc tout ça, ça va être par la suite à l'intérieur. On va pouvoir y remettre un peu de ce qu'on appelle le BRF, c'est du bois broyé. En fait, quand on fait l'entretien, on pourra le remettre par-dessus. Ce qui fait que ça va garantir la maintien de l'humidité du sol bien dans le sol. Et pour que l'arbre puisse garder toute sa vigueur et puisse rester là encore très longtemps. Il fait partie des vieux arbres ici du site et vu son aspect qui part directement quasiment depuis sa base sur deux grands troncs qui montent, ça fait partie des arbres qu'on veut conserver, qu'on veut mettre en avant ici au niveau du site pour garantir cette biodiversité qu'on a dans le bois.

  • Speaker #1

    Alors je m'appelle Gwendal, je suis habitant de la vallée, j'habite dans un village qui est juste à côté de Autrèche, mais qui a la particularité d'être dans l'Aisne, alors qu'ici on est dans l'Oise. Mon lien avec l'ermitage, dans un premier temps j'étais bénévole ponctuellement sur des tâches d'entretien, de restauration, et ensuite... Ensuite, mon projet dans l'Hermitage, c'était la création d'un trial plutôt éco-responsable, même si le trial n'est pas très éco-responsable en tant que tel. Donc on essaye de faire au mieux. Un projet qui a mûri pendant cinq ans et on y est arrivé. Lors de la phase de préfiguration, durant laquelle le collectif a pu acheter les lieux et sur lesquels on a pu tester le modèle, il y avait des activités qui étaient proposées. Et moi, je proposais des matinées sportives. Après, on faisait le lien avec d'autres activités. Parfois, on était deux, trois, quatre. Et c'est à partir de cette phase-là qu'on a commencé à recruter des bénévoles et à parler du projet. Puis, au fur et à mesure, ça a été possible. Donc là, ça va être la troisième édition en 2025. On est déjà en train de la préparer. Le travail des Hermites, c'est 120 bénévoles. C'est 800 repas servis. C'est 850 participants cette année. C'est deux épreuves de trail, un 12 km et un 28 km qui s'en va plus loin dans les vallées de laine sur la ligne de front de la Première Guerre mondiale. C'est une épreuve de marche sportive de 12 km et c'est une épreuve de marche gourmande de 7 km où les marcheurs, donc 320 cette année, partent à la découverte du village et font des petits arrêts sur des stands gourmands des producteurs que l'on distribue dans notre amap qui se réunit ici à l'Hermitage tous les mardis soirs.

  • Speaker #4

    C'est une question compliquée et en même temps passionnante, la question de la rencontre de personnes différentes. C'est un peu la raison d'être de l'Hermitage, c'est de rendre possibles les rencontres improbables. Dans un lieu comme ça, quand la société de séjour accueille des hauts fonctionnaires qui viennent en formation sur les enjeux environnementaux et qu'au bar, ils croisent quelqu'un du village qui vient juste boire un verre et qui est très éloigné de ses préoccupations, Il y a parfois cette rencontre, mais ça ne suffit pas. Il ne suffit pas de mettre dans la même pièce des personnes très différentes pour qu'elles se parlent et qu'elles se rencontrent vraiment. Je dirais qu'il y a plusieurs manières. Déjà, un, c'est dans le temps, en trouvant notre place grâce à nos activités, que petit à petit, la rencontre se fait. On essaye de faire en sorte que ce lieu soit un lieu d'accueil inconditionnel. Alors, ça ne veut pas dire qu'on accepte tout et n'importe quoi, mais Tout le monde est le bienvenu, a priori. Je pense que dans les actions qu'on met en place, dans le fait de vivre au quotidien, de partager de plus en plus un destin commun avec les personnes, et surtout en sortant de l'ermitage, je crois que l'un des enjeux de l'équipe de l'ermitage, c'est de ne pas se contenter de ce qu'on fait ici, comme un lieu, en tout cas un lieu un petit peu à l'abri. Ce n'est pas une forteresse, l'ermitage, c'est un lieu où on vient... passer un bon moment, recharger les batteries, pour avoir l'énergie de faire des choses ensemble.

  • Speaker #2

    C'est une question qui me mobilise professionnellement maintenant. D'abord, c'est une question qui me passionne, c'est une question qui m'angoisse aussi parfois, parce qu'on voit que cette transition, elle est tellement profonde et elle est tellement complexe, elle est tellement exigeante pour les individus, les organisations, notamment ce qu'on appelle les corps intermédiaires, que c'est pas un long fleuve tranquille du tout. En fait, dans le mot transition, il y a peut-être un malentendu que moi j'ai vécu vraiment, y compris physiquement ici, c'est que ça va pas être une transition, ça va être... clairement dur. Transformation, oui transformation. Donc convoquer certains processus du vivant est intéressant parce que c'est une évolution évidente et au sens où elle devra se faire, mais c'est pas du tout quelque chose qui met tout le monde au même niveau, qui met tout le monde à la même place dans cette évolution. Comme dirait l'autre, il y a les chaloupes du Titanic et puis il y a ceux qui sont dans les quatrièmes ponts en bas. Nous ici, on a choisi d'assumer le fait d'être un peu à la croisée des chemins sur ce qui est conceptuel, ce qui est finalement pensable et désirable, et ce qui est insupportable à vivre. Si on fait une transition, si on n'est pas hypocrite dans la posture, dans l'intention qu'on a, il faut prendre en compte le fait que les agriculteurs sont des entrepreneurs. que l'on leur a proposé de contribuer à un modèle, qui est un modèle international avec des conventions, des engagements, un système, et qu'aujourd'hui, passer à autre chose, c'est politiquement extrêmement, extrêmement complexe. Donc moi, je regarde ces agriculteurs avec, des fois, avec agacement quand je les vois continuer.

  • Speaker #0

    Et en même temps, ce sont des gens que je connais pour la plupart personnellement, avec qui j'ai parfois passé du temps quand j'étais scolarisé à l'école primaire ou au collège. Donc je connais leur psychologie et je pense qu'ils sont beaucoup plus disposés et beaucoup plus disponibles pour les transitions que le rapport de force politique dans lequel ils sont parfois enfermés ne veut bien le manifester, et c'est le cas de le dire, auprès du grand public et des politiques. C'est des postures, tout est question de posture. Il y a des rapports de force politique, il y a des syndicats, tout ça est complexe. Et donc ce que je peux dire, c'est que moi je les vois agir, je les vois évoluer. Et je pense que le verre est à moitié plein, forcément. Parce que pour moi, si le verre est à moitié vide, et il a tendance à se vider définitivement, alors ça veut dire que c'est foutu, que les carottes sont cuites. Or ni eux, ni moi, ni nous n'allons dans cette perspective. c'est absurde et donc ils se mobilisent il y a certaines personnes clés avec lesquelles on a des liens ici je pense à Emmanuel Bourg-Poitrinal notamment qui est une conseillère générale à l'agriculture qui est une autre fonctionnaire qui est impliquée et qui met beaucoup d'énergie à s'engager aux côtés des agriculteurs et de leur corps intermédiaire et de même en particulier pour faire évoluer les choses de toute façon pour dire de quoi on parle c'est de rendre ces terres productives sans être dans une Tchôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôô dans un usage incompatible avec l'avenir de la biodiversité. Aujourd'hui, ils ont besoin de changer de manière de cultiver et ils le font progressivement. Ils font ce qu'on appelle du couvert, mais aussi ils ont besoin de valoriser leur travail, probablement autrement, avec plus de services environnementaux. Comme on dit, c'est complexe. Ça peut avoir des dérives. Il peut y avoir des dérives de financiarisation. il y a des risques mais il y a aussi un intérêt à faire que les agriculteurs soient les gardiens de la biodiversité en étant payés pour ça et en étant productifs ce qu'on veut défendre c'est une agriculture familiale, nous la plupart des agriculteurs sont des enfants, petits-enfants arrière-petits-enfants, arrière-arrière-petits-enfants de fermiers qui portent cette terre dans le bide et dans les veines donc si ça bascule vers un truc où en fait t'as 50-100 fermes d'aujourd'hui qui deviennent qu'une seule ferme Comme c'est le cas par exemple en Ukraine, bon bah c'est pas le même modèle et c'est pas les campagnes dont on a besoin et ce sera moins évident d'être partie prenante et d'avoir un dialogue entre habitants, agriculteurs, de construire ensemble une société désirable au premier kilomètre. J'étais pas seul en 2017 à prendre cette décision, en 2016 on était une petite dizaine mais moi j'étais un peu leader. On est dans une grotte dans le noir, de prendre un peu la tête en disant au pire ça marche. On est dans une situation où il faut qu'on avance. Il faut qu'on avance, et où j'ai dit, mais en fait, ce qu'il faut imaginer, c'est un lieu commun. Donc oui, ça m'a fait tilt en regardant un peu ce qui se faisait ailleurs. Je me suis dit, en fait, c'est ça dont tu as besoin le territoire, des lieux comme ça. Mais de là à te dire que j'avais en tête un plan de bataille, et de savoir par quelles centaines de merdiers j'allais passer pour y arriver aujourd'hui, là où on en est, c'est-à-dire que rien n'est joué. On a beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup gagné en légitimité, beaucoup gagné en expérience, beaucoup convaincu, mais fondamentalement, ça reste quand même un truc extrêmement risqué, avec vraiment une culture d'entrepreneuriat social à avoir, et une très grande sensibilité aux habitants. Enfin bon, globalement, tout est encore à faire. Donc en 2017, est-ce que si j'aurais su, j'aurais pas venu, comme dirait l'expression que j'aime beaucoup de la guerre des boutons, et ben, je sais pas. Je ne sais pas, je pense qu'on ne se met jamais deux fois dans le même fleuve et qu'avec l'enthousiasme qui me caractérise, j'y serais allé. C'est ce qu'on risque. De toute façon, comme le disent beaucoup les combattants du climat, on est tous foutus. Moi, je crois qu'on a du chemin avant d'être définitivement foutus et qu'on a tout à gagner à ne pas trop avoir à perdre ou à penser à ce qu'on a à perdre.

  • Speaker #1

    C'est déjà la fin de cet épisode. Je remercie l'équipe et les bénévoles de l'Hermitage pour leur accueil bienveillant. Dans un prochain épisode, nous irons à la découverte d'un autre tiers-lieu et un autre territoire. A bientôt !

  • Speaker #0

    Au cœur des tiers-lieux, les éclaireurs de la transformation écologique.

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Description

Lieu engagé pour l'agroécologie, la gestion du bois, la transition écologique et le hacking citoyen et qui propose des prestations évènementielles, de l'hébergement et des séminaires ainsi que des prestations de conseil, d’accompagnement et de prototypage de projets à impact partout en France.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous écoutez, au cœur des tiers-lieux, les éclaireurs de la transformation écologique. Un podcast de l'Agence nationale de la cohésion des territoires. Partons en immersion dans des tiers-lieux implantés en ruralité. Manufacture de proximité, fabrique de territoire, tiers-lieux ressources, circuits courts, tiers-lieux nourriciers ou culturels, et voyons comment ces lieux agissent pour la transformation écologique, sociale et solidaire du territoire.

  • Speaker #1

    Salut, je suis Richard et je vous emmène dans les Hauts-de-France, plus précisément à Autrèche dans l'Oise. Nous allons découvrir ce qui se trame à l'Hermitage, tiers lieu d'innovation rurale, sociale et environnementale.

  • Speaker #2

    Je m'appelle Jean Carinty, je travaille à l'Hermitage, endroit où par ailleurs j'ai fait toute mon enfance. C'est 22 ans de ma vie avant de partir faire beaucoup d'autres choses. Je suis né en 1974 sur un site qui était déjà opérationnel et en production, qui est l'Hermitage depuis 1954. Donc ça faisait 20 ans que le site a été racheté par une communauté de malades de la... de la lèpre qu'en avait fait leur hôpital. Ils avaient imaginé, parce qu'ils n'étaient pas satisfaits de la manière dont ils étaient pris en charge dans des sanatoriums, ils n'avaient pas le pouvoir en fait, ils n'avaient même aucun pouvoir, aucun droit de discussion sur ce qu'ils vivaient, ce qu'ils faisaient de leur journée, donc ils ont imaginé racheter ce site pour vivre comme ils voulaient, donc en communauté. Ils ont été soutenus par des valides, et ils ont pu s'installer avec notamment les sœurs de Foucault, qui est une petite congrégation, et un résistant. qui était un ancien combattant de la résistance française des services secrets de De Gaulle, qui s'appelait Bertrand de Larocque, qui était un jeune agent de renseignement. Il est allé à Londres, il avait 15 ans, il a truché sur son âge, comme quelques jeunes combattants à l'époque, qui faisaient un peu plus vieux que leur âge. Et bon, je pense qu'à Londres, ils n'étaient pas très regardants, ils avaient envie d'avoir des jeunes combattants engagés, donc il est devenu un agent de renseignement. Après la libération de la France et la fin de la Deuxième Guerre mondiale, il n'a pas réussi à se réinsérer au sens où, comme beaucoup de jeunes combattants ayant connu quasiment que la bagarre et la clandestinité et l'aventure, et la dimension complètement anormale de leur existence, dans les maquis, lui se faisait parachuter, ils étaient romanesques, ils n'ont jamais réussi à accepter le retour à la normale. Ils étaient très engagés, ils avaient beaucoup d'ambition, et donc ça fait partie d'un profil d'anciens résistants qui sont devenus des dirigeants associatifs assez engagés, assez déterminés, des entrepreneurs sociaux. Lui, il a été accueilli ici, et puis il a permis aux malades de développer un projet commun en utilisant une partie des bâtiments, parce que c'est un domaine qui fait 30 hectares, et il y avait une partie des bâtiments dont il fallait faire quelque chose, et ils en ont fait le siège d'une ONG, et le centre de formation d'une ONG internationale. Et donc moi, mon papa venait rendre visite à sa tante qui était une des fondatrices de la maison médicale, une des malades, quand il était jeune et qui venait en vacances. Et puis quand il est devenu ingénieur, il a travaillé là, il a épousé ma maman qui était infirmière et qui elle-même voulait travailler ici. Donc on a été huit enfants à être élevés à l'Hermitage, en compagnie d'autres enfants qui étaient des fils de collaborateurs de l'ONG ou de la maison médicale. Donc c'est une enfance assez particulière dans un petit village, mais vraiment dans une ambiance très engagée, très communautaire, très fraternelle. Puis après l'université, moi j'ai quitté le site et je ne suis pas revenu, sauf pour les enterrements des anciens malades de l'Hermitage qui décédaient souvent en mort naturelle. Et puis en 2015, il y a eu un moment de rupture. Le site n'avait plus d'utilité. et donc ils ont voulu en faire quelque chose et donc c'est à cette occasion que s'est posée la question de l'avenir de l'ermitage donc moi j'ai suggéré je travaillais à la ville de Paris à l'époque donc j'ai suggéré de réfléchir à un projet après que différents projets précédents aient échoué, on sait à quel point nous on y travaille, on a un bureau d'études maintenant qui fait que ça donc on voit bien à quel point c'est très difficile de trouver un avenir assez foncier, atypique qui sont souvent d'anciens hôpitaux, d'anciennes usines des bâtis existants ... Nous, aujourd'hui, on a l'expérience, on a vécu l'expérience de la reprise d'un foncier de zéro, sans modèle économique, sans communauté. On a tout construit de A jusqu'à Z et c'est depuis 7 ans que je me consacre à ça.

  • Speaker #3

    Alors, moi, je m'appelle Sylvia, je suis une mamie. Je suis retraitée, mais je cumule un petit emploi ici à l'Hermitage. Moi, en fait, je me suis épanouie ici. J'ai découvert ce lieu, ça a été mon premier job, en fait. Je cherchais du travail, j'avais 16 ans et demi. Et je suis arrivée là, en fait, pour un remplacement de cuisine. Et puis, je ne suis jamais repartie. En fait, j'ai rencontré mon époux. On est partis vivre à l'étranger parce qu'il travaillait sur l'ONG qui était ici avec la maison de santé de l'Hermitage. Ben voilà, je suis encore là aujourd'hui. L'ONG, c'était le CIDR qui travaillait dans les pays du Sud. À l'époque, ils faisaient du développement. Maintenant, on appelle ça les pays du Sud. Et pendant dix ans, on a vécu en Iran et deux ans en Éthiopie. Et à chaque fois que je revenais, je retrouvais mon petit travail ici. Ah ben, c'est un lieu, il est plein d'histoires, quoi. Parce que c'est vrai que... Cette maison de santé, c'était des anciens malades qui ont acheté ce lieu pour vivre en autonomie, pour sortir un peu du milieu médical dans lequel ils étaient un peu enfermés. Ils ont trouvé l'ermitage et c'est devenu leur lieu de vie ici. Donc nous, les quelques personnes qui travaillons ici à l'époque, tout au début en tout cas, Moi, je me suis sentie chez moi, quoi. Il y avait un espèce de... Je sais pas, je me suis sentie accueillie avec des gens très différents de tous les pays. Déjà, une ouverture incroyable. Et c'est devenu nos amis, c'est devenu notre famille, en fait. Et quand, sur ordre de notre organisme de tutelle, l'ARS, on a dû fermer la maison, eh bien, le lieu a été mis en vente. Et moi, comme j'étais une des anciennes... qui venait de prendre sa retraite justement, m'a demandé de rester là pour surveiller, en attendant qu'on vende, de trouver le bon acheteur. Jusqu'au jour où la jeune équipe est arrivée, je suis restée avec eux, ils m'ont demandé si je voulais continuer avec eux, d'autant plus que je les connaissais, puisque cette jeune équipe, elle vient de ce lieu, parce que les parents ont travaillé ici, donc on se connaît, quand ils m'ont proposé ça, j'ai dit oui, puis je suis ravie de voir la tournure que ça prend, parce que ça n'a rien à voir avec ce que c'était. Mais pour moi, il y a une espèce de continuité. On reçoit des gens de partout. On reçoit des gens d'associations très différentes. Enfin bref, on reçoit de tout. Donc moi, c'est un peu ma vie sociale maintenant. Ça me permet de rencontrer des gens, en même temps de travailler. Et voilà, je me sens vraiment bien. Et j'avoue que je viens le matin sans problème, avec beaucoup de plaisir.

  • Speaker #4

    Je m'appelle Armelle, je travaille à l'Hermitage depuis deux ans et demi. J'ai rejoint l'équipe à la direction de l'association Hermitage Expérimentation qui s'occupe des activités d'intérêt général sur le site. C'est-à-dire des activités d'accueil du grand public et des activités qui permettent de tisser un lien au territoire et à ses habitants. Dès le départ, l'association a été importante puisqu'au début elle a servi à préfigurer le projet dans son ensemble. Et puis petit à petit, les différentes activités qui permettent de faire vivre le lieu se sont développées. Et du coup, la question de la place et du rôle de l'association s'est progressivement posée différemment. Et il est apparu important que le rôle social du lieu est très important. Et donc la question c'était de qu'est-ce qu'on pouvait faire sur le lieu pour en faire un lieu ressource pour son territoire et pour ses habitants. et comment on pouvait faire en sorte que les personnes qui vivent à proximité de l'ermitage puissent emparer des ressources disponibles, en fait, grâce à ce domaine qui est très grand et qui permet d'y faire plein de choses.

  • Speaker #0

    D'un papier, de pénévoles qui sont hyper sympas.

  • Speaker #2

    La bélisation fabrique de territoire. C'est ça, en fait, c'est un appel à projet de l'État. Nous, on a candidaté et on est reconnu par l'État à ce qu'on appelle l'Agence nationale de cohésion des territoires. et bien sûr l'état local que sont préfectures, sous-préfectures et services de déconcentré, comme un lieu qui contribue aux politiques publiques de cohésion territoriale. C'est ça en fait la fabrique. Donc ça nous permet d'être entre guillemets, de porter un habit qui nous protège entre guillemets, d'être mal compris, mal perçu. Donc c'est une reconnaissance et c'est un peu de moyen quand même, même si c'est pas avec ça nous qu'on peut transformer un site de l'envergure de l'arrêtage. Donc il a bien fallu qu'on se dote d'autres outils, notamment nos propres moyens, mais ça a été quand même une reconnaissance. Surtout qu'il y a plus pendant la jeu de piste.

  • Speaker #0

    La petite averse toute fine,

  • Speaker #4

    là.

  • Speaker #5

    Ça a commencé tout doucement.

  • Speaker #0

    Je pensais que ça allait passer, tu vois. Et là, j'ai fait bon. Vu que j'avais trois groupes sous la main, je me suis dit, non mais allez sous le barnum, les enfants, tant pis. Mais il nous reste des indiens. Je me suis dit, c'est pas grave. Ils sont là-haut, il y a un centre aéré qui est là-haut, de 36 enfants, qui campent toute la semaine. Ils viennent de villages alentours. Du côté du disque. Enfin, de trois centres aérés différents. Ils sont là toute la semaine. Donc, ils font des animations propres et nous, on leur propose aussi des animations pendant le séjour. Donc là, ce matin, le jeu de piste sous la pluie.

  • Speaker #5

    Hier, il y avait Fab Lab et poterie.

  • Speaker #0

    Et céramique, oui. Et céramique. Ce soir, il y a une veillée autour des chauves-souris. Donc, il y a un bénévole qui est là, qui est spécialisé en chauves-souris. Et il a plein de matériel pour observer, écouter les chauves-souris. Et vu qu'on a un Fab Lab, et avec le Fab Lab, ils ont fabriqué des nichoirs à chauve-souris, et avant, le Fab Manager, il a fabriqué un sonar à chauve-souris. Ouais. Ils vont pouvoir observer, écouter, questionner. Et là, ce matin, c'était le jeu de pistes dans le bois. Enfin voilà, c'est des rébus, des devinettes. Ça leur permet un peu de découvrir aussi l'histoire du lieu. Parce que l'histoire... de l'ermitage, pas du tiers-lieu, mais du site en lui-même, est longue. Donc du coup, ça leur permet de voir tout ce qui se passe. Et puis dans le jeu de piste, il y a aussi autour des arbres, de la biodiversité, découvrir les plantes, de reconnaître un arbre, ses feuilles. Voilà, c'était le programme de ce matin. Moi, je m'appelle Charlotte et je suis gérante du café associatif et de la vie de la vie de l'animation au sein de l'association. Moi je suis vraiment en lien avec les habitants, les gens du territoire, pour l'animation, la vie culturelle et les ateliers couture-tricot qui se passent soit au café, soit à l'extérieur. En fait le principe de l'association, on essaie d'être labellisé espace de vie sociale, et donc l'espace de vie sociale est même une association en soi. C'est vraiment que les adhérents, les bénévoles, les habitants du territoire soient acteurs de ce qui se passe à l'association. Toutes les animations, toutes les activités de l'association sont à l'initiative des habitants et portées par les habitants. Donc là, le club Tricot Couture, c'est vraiment une demande des habitants qui se retrouve tous les mardis, tous les samedis. Et pour apprendre... pour faire ensemble, pour ne pas être tout seul, par exemple, chez soi, à faire sa couture, et que des fois, c'est plus motivant quand on est ensemble, et puis on peut se donner des conseils, on peut se partager des patrons. Donc, c'est vraiment l'idée de partager et de faire ensemble des trucs qu'on peut faire tout seul chez nous, mais que c'est plus sympa à plusieurs, quand même.

  • Speaker #4

    Donc, l'association s'occupe de ce café, et a fait de ce café aussi un peu l'emblème des questions d'alimentation, qui sont un sujet important puisqu'on est en milieu rural. Et que sur le site de l'Hermitage, il y a déjà six structures qui sont engagées sur ces enjeux, de la fourche à l'assiette. Donc finalement, le café, c'est l'endroit où on se retrouve pour, entre autres, questionner la manière dont on se nourrit aujourd'hui et la possibilité de le faire aussi en proximité, de relocaliser notre alimentation et de manger sain à prix abordable.

  • Speaker #0

    Oui, merci. Marion, c'est une productrice. Elle travaille à Morcin, juste à côté. Elle fait partie de l'AMAP. C'est une des productrices de l'AMAP. Elle s'occupe des œufs.

  • Speaker #1

    Elle ramène déjà les...

  • Speaker #0

    Elle ramène pour ce soir. C'est ce soir l'AMAP. Elle est prête dans la journée.

  • Speaker #1

    Vous avez combien de paniers à l'AMAP ?

  • Speaker #0

    Il y a 22 inscrits à l'AMAP. Il y a des œufs, du fromage de chèvre. Après il y a les légumes de Edwige, qui est les jardins de l'Hermitage, donc qui est la maraîchère juste en bas du tiers lieu. Et donc elle, elle fait les paniers de légumes et là elle va bientôt avoir des fruits aussi. Ça c'est chouette parce qu'elle a planté des arbres fruitiers donc il y a trois ans, donc là ça y est c'est la première année pour la récolte. Il y a du pain de la pierre qui tourne, donc ça c'est une boulangerie bio pain au levain qui est un tout petit peu plus loin. J'oublie, il y a du miel et il y a des colis de viande de monsieur Potier qui est l'agriculteur du village. C'est un double, c'est trois.

  • Speaker #5

    Ça fait six.

  • Speaker #6

    Moi, mon prénom c'est Philippe, je suis président de l'AMAP. L'amitié est là parce que je connais la famille Carinti depuis très longtemps. Je les ai même connus, qui ont habité ici étant très petits. Et puis aussi, en tant que président de l'AMAP, ce que c'est qu'une AMAP, c'est parce que quand les jardins de la métache se sont mis en place, on a monté une AMAP pour pouvoir aider Edwige à vendre ses légumes et tout. Donc ça veut dire qu'on a un regroupement de producteurs locaux. Donc le but c'est de revenir au local. Les gens qui achètent en supermarché, c'est bien, ça vient d'Espagne, ça vient un peu de partout. Maintenant on revient beaucoup au local, il y a beaucoup de gens qui reviennent au local. On le voit par tous les producteurs locaux qui sont du coin. Et c'est un bien, pour faire travailler le local c'est un bien. Je suis élu depuis 35 ans au conseil municipal. J'ai fait deux mandats d'adjoint. Maintenant, je suis simplement conseiller. Je suis juste président de la commission des travaux. C'est faire la liaison du village avec ce lieu qui est là, parce que là, maintenant, on a ouvert un centre aéré qui permet donc ici, les enfants viennent une fois par semaine avec les ateliers qu'ils ont ici, du Fab Lab, ils ont ce jardin, qu'ils viennent faire du jardin, ils ont la forêt au-dessus où ils peuvent pique-niquer et camper.

  • Speaker #0

    Je les mets dans une grosse selle. Je vais me garder avec ça. Ça les cuit.

  • Speaker #5

    Moi, je m'appelle Grégoire. J'ai commencé ici en tant que bénévole au sein de l'association, il y a un an et demi. Avant ça, je connaissais le lieu dès le début de l'arrivée de l'association ici. J'ai été chef dans un groupe de scouts ici sur le secteur. Et dès le départ de l'arrivée de l'association sur les lieux, ils nous ont ouvert leurs portes pour qu'on puisse venir. passer certains week-ends campés avec les scouts dans l'année. Et c'est un peu comme ça que j'ai connu le site, d'abord avec les scouts. Donc depuis quelques mois, j'ai été élu au conseil d'administration. En tant que bénévole ici, j'aide à l'entretien des communs forestiers. Je file un coup de main de temps en temps pour les animations du Fab Lab. Par exemple, aujourd'hui, j'étais là pour filer un coup de main pour l'animation auprès de... Un centre aéré qui vient ici passer une semaine, il leur a été préparé un jeu de pistes en forêt.

  • Speaker #4

    Il se trouve qu'à l'ermitage, on est à la campagne, que le domaine fait 30 hectares, et que sur ce domaine il y a un bois d'une vingtaine d'hectares, et qu'on s'est rendu compte que le premier endroit où les habitants venaient, c'était le bois, finalement, pour venir s'y promener de manière assez naturelle, puisque l'ermitage est situé à un carrefour un petit peu entre les trois hameaux du village. Et donc assez rapidement on s'est rendu compte que le bois ça pouvait être une porte d'entrée pour rentrer en relation avec les habitants assez intéressante. Et donc on a commencé à constituer une communauté d'usagers du bois et à travailler sur un commun forestier d'usage. Et on a aussi une convention avec les chasseurs du village. En fait ça leur permet d'intégrer les 20 hectares de bois à leur chasse communale et on met en place avec eux des liens de réciprocité. Donc, une fois par an, alors nous, on participe à une battue une fois par an avec eux. Ça nous permet d'échanger sur, par exemple, la nécessité de régulation synergétique avec l'expert forestier qui nous accompagne.

  • Speaker #1

    Il y a peut-être un petit paradoxe. Est-ce qu'il y a, quel est pour toi le lien entre l'écologie et le fait de pouvoir s'ouvrir aux chasseurs par rapport aussi à... aux enjeux de ce lieu ?

  • Speaker #5

    S'ouvrir aux chasseurs, ça a deux aspects. Le premier aspect, c'est le lien avec les chasseurs, avec les habitants du village. Le deuxième, c'est qu'il faut faire un peu de régulation de la population des grands animaux et des un peu plus petits aussi sur le site, pour ne pas abîmer la forêt aussi. Pour qu'il y ait une biodiversité qui se mette en place, il faut que les grands herbivores, il faut qu'ils aient leurs prédateurs. Et il n'y a plus de prédateurs naturels pour les grands herbivores, donc forcément c'est l'homme qui prend un peu la place. Il y a un certain quota à prélever, et c'est ce qui sert à remplir la biodiversité, et qu'il n'y ait pas des animaux qui prennent la place, qui ont une place trop importante, et qui font que la forêt ne peut pas se renouveler par exemple. Je peux te demander, on va tailler ça, on a besoin d'une piche d'à peu près 2,50 mètres. Si tu arrives à me couper les branches qui sont dessus. Vas-y.

  • Speaker #4

    Comme ça ?

  • Speaker #1

    Vas-y là.

  • Speaker #5

    Là. Donc là on va préparer un chantier qui aura lieu au jeudi avec un centre aéré. Ça va être la réalisation d'une clôture sèche autour d'un arbre remarquable ici du site. La clôture sèche ça va être une clôture qui va servir à 1. ne pas s'approcher trop près de l'arbre pour ne pas l'abîmer, pour bien faire voir que c'est un arbre qu'on veut protéger, on ne veut pas que personne ne s'en approche. De 2. la clôture sèche c'est aussi un refuge pour les petits animaux, les petits rongeurs qui vont pouvoir se réfugier. C'est aussi une zone dans laquelle certains oiseaux vont pouvoir faire leur nid. Et donc tout ça, ça va être par la suite à l'intérieur. On va pouvoir y remettre un peu de ce qu'on appelle le BRF, c'est du bois broyé. En fait, quand on fait l'entretien, on pourra le remettre par-dessus. Ce qui fait que ça va garantir la maintien de l'humidité du sol bien dans le sol. Et pour que l'arbre puisse garder toute sa vigueur et puisse rester là encore très longtemps. Il fait partie des vieux arbres ici du site et vu son aspect qui part directement quasiment depuis sa base sur deux grands troncs qui montent, ça fait partie des arbres qu'on veut conserver, qu'on veut mettre en avant ici au niveau du site pour garantir cette biodiversité qu'on a dans le bois.

  • Speaker #1

    Alors je m'appelle Gwendal, je suis habitant de la vallée, j'habite dans un village qui est juste à côté de Autrèche, mais qui a la particularité d'être dans l'Aisne, alors qu'ici on est dans l'Oise. Mon lien avec l'ermitage, dans un premier temps j'étais bénévole ponctuellement sur des tâches d'entretien, de restauration, et ensuite... Ensuite, mon projet dans l'Hermitage, c'était la création d'un trial plutôt éco-responsable, même si le trial n'est pas très éco-responsable en tant que tel. Donc on essaye de faire au mieux. Un projet qui a mûri pendant cinq ans et on y est arrivé. Lors de la phase de préfiguration, durant laquelle le collectif a pu acheter les lieux et sur lesquels on a pu tester le modèle, il y avait des activités qui étaient proposées. Et moi, je proposais des matinées sportives. Après, on faisait le lien avec d'autres activités. Parfois, on était deux, trois, quatre. Et c'est à partir de cette phase-là qu'on a commencé à recruter des bénévoles et à parler du projet. Puis, au fur et à mesure, ça a été possible. Donc là, ça va être la troisième édition en 2025. On est déjà en train de la préparer. Le travail des Hermites, c'est 120 bénévoles. C'est 800 repas servis. C'est 850 participants cette année. C'est deux épreuves de trail, un 12 km et un 28 km qui s'en va plus loin dans les vallées de laine sur la ligne de front de la Première Guerre mondiale. C'est une épreuve de marche sportive de 12 km et c'est une épreuve de marche gourmande de 7 km où les marcheurs, donc 320 cette année, partent à la découverte du village et font des petits arrêts sur des stands gourmands des producteurs que l'on distribue dans notre amap qui se réunit ici à l'Hermitage tous les mardis soirs.

  • Speaker #4

    C'est une question compliquée et en même temps passionnante, la question de la rencontre de personnes différentes. C'est un peu la raison d'être de l'Hermitage, c'est de rendre possibles les rencontres improbables. Dans un lieu comme ça, quand la société de séjour accueille des hauts fonctionnaires qui viennent en formation sur les enjeux environnementaux et qu'au bar, ils croisent quelqu'un du village qui vient juste boire un verre et qui est très éloigné de ses préoccupations, Il y a parfois cette rencontre, mais ça ne suffit pas. Il ne suffit pas de mettre dans la même pièce des personnes très différentes pour qu'elles se parlent et qu'elles se rencontrent vraiment. Je dirais qu'il y a plusieurs manières. Déjà, un, c'est dans le temps, en trouvant notre place grâce à nos activités, que petit à petit, la rencontre se fait. On essaye de faire en sorte que ce lieu soit un lieu d'accueil inconditionnel. Alors, ça ne veut pas dire qu'on accepte tout et n'importe quoi, mais Tout le monde est le bienvenu, a priori. Je pense que dans les actions qu'on met en place, dans le fait de vivre au quotidien, de partager de plus en plus un destin commun avec les personnes, et surtout en sortant de l'ermitage, je crois que l'un des enjeux de l'équipe de l'ermitage, c'est de ne pas se contenter de ce qu'on fait ici, comme un lieu, en tout cas un lieu un petit peu à l'abri. Ce n'est pas une forteresse, l'ermitage, c'est un lieu où on vient... passer un bon moment, recharger les batteries, pour avoir l'énergie de faire des choses ensemble.

  • Speaker #2

    C'est une question qui me mobilise professionnellement maintenant. D'abord, c'est une question qui me passionne, c'est une question qui m'angoisse aussi parfois, parce qu'on voit que cette transition, elle est tellement profonde et elle est tellement complexe, elle est tellement exigeante pour les individus, les organisations, notamment ce qu'on appelle les corps intermédiaires, que c'est pas un long fleuve tranquille du tout. En fait, dans le mot transition, il y a peut-être un malentendu que moi j'ai vécu vraiment, y compris physiquement ici, c'est que ça va pas être une transition, ça va être... clairement dur. Transformation, oui transformation. Donc convoquer certains processus du vivant est intéressant parce que c'est une évolution évidente et au sens où elle devra se faire, mais c'est pas du tout quelque chose qui met tout le monde au même niveau, qui met tout le monde à la même place dans cette évolution. Comme dirait l'autre, il y a les chaloupes du Titanic et puis il y a ceux qui sont dans les quatrièmes ponts en bas. Nous ici, on a choisi d'assumer le fait d'être un peu à la croisée des chemins sur ce qui est conceptuel, ce qui est finalement pensable et désirable, et ce qui est insupportable à vivre. Si on fait une transition, si on n'est pas hypocrite dans la posture, dans l'intention qu'on a, il faut prendre en compte le fait que les agriculteurs sont des entrepreneurs. que l'on leur a proposé de contribuer à un modèle, qui est un modèle international avec des conventions, des engagements, un système, et qu'aujourd'hui, passer à autre chose, c'est politiquement extrêmement, extrêmement complexe. Donc moi, je regarde ces agriculteurs avec, des fois, avec agacement quand je les vois continuer.

  • Speaker #0

    Et en même temps, ce sont des gens que je connais pour la plupart personnellement, avec qui j'ai parfois passé du temps quand j'étais scolarisé à l'école primaire ou au collège. Donc je connais leur psychologie et je pense qu'ils sont beaucoup plus disposés et beaucoup plus disponibles pour les transitions que le rapport de force politique dans lequel ils sont parfois enfermés ne veut bien le manifester, et c'est le cas de le dire, auprès du grand public et des politiques. C'est des postures, tout est question de posture. Il y a des rapports de force politique, il y a des syndicats, tout ça est complexe. Et donc ce que je peux dire, c'est que moi je les vois agir, je les vois évoluer. Et je pense que le verre est à moitié plein, forcément. Parce que pour moi, si le verre est à moitié vide, et il a tendance à se vider définitivement, alors ça veut dire que c'est foutu, que les carottes sont cuites. Or ni eux, ni moi, ni nous n'allons dans cette perspective. c'est absurde et donc ils se mobilisent il y a certaines personnes clés avec lesquelles on a des liens ici je pense à Emmanuel Bourg-Poitrinal notamment qui est une conseillère générale à l'agriculture qui est une autre fonctionnaire qui est impliquée et qui met beaucoup d'énergie à s'engager aux côtés des agriculteurs et de leur corps intermédiaire et de même en particulier pour faire évoluer les choses de toute façon pour dire de quoi on parle c'est de rendre ces terres productives sans être dans une Tchôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôô dans un usage incompatible avec l'avenir de la biodiversité. Aujourd'hui, ils ont besoin de changer de manière de cultiver et ils le font progressivement. Ils font ce qu'on appelle du couvert, mais aussi ils ont besoin de valoriser leur travail, probablement autrement, avec plus de services environnementaux. Comme on dit, c'est complexe. Ça peut avoir des dérives. Il peut y avoir des dérives de financiarisation. il y a des risques mais il y a aussi un intérêt à faire que les agriculteurs soient les gardiens de la biodiversité en étant payés pour ça et en étant productifs ce qu'on veut défendre c'est une agriculture familiale, nous la plupart des agriculteurs sont des enfants, petits-enfants arrière-petits-enfants, arrière-arrière-petits-enfants de fermiers qui portent cette terre dans le bide et dans les veines donc si ça bascule vers un truc où en fait t'as 50-100 fermes d'aujourd'hui qui deviennent qu'une seule ferme Comme c'est le cas par exemple en Ukraine, bon bah c'est pas le même modèle et c'est pas les campagnes dont on a besoin et ce sera moins évident d'être partie prenante et d'avoir un dialogue entre habitants, agriculteurs, de construire ensemble une société désirable au premier kilomètre. J'étais pas seul en 2017 à prendre cette décision, en 2016 on était une petite dizaine mais moi j'étais un peu leader. On est dans une grotte dans le noir, de prendre un peu la tête en disant au pire ça marche. On est dans une situation où il faut qu'on avance. Il faut qu'on avance, et où j'ai dit, mais en fait, ce qu'il faut imaginer, c'est un lieu commun. Donc oui, ça m'a fait tilt en regardant un peu ce qui se faisait ailleurs. Je me suis dit, en fait, c'est ça dont tu as besoin le territoire, des lieux comme ça. Mais de là à te dire que j'avais en tête un plan de bataille, et de savoir par quelles centaines de merdiers j'allais passer pour y arriver aujourd'hui, là où on en est, c'est-à-dire que rien n'est joué. On a beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup gagné en légitimité, beaucoup gagné en expérience, beaucoup convaincu, mais fondamentalement, ça reste quand même un truc extrêmement risqué, avec vraiment une culture d'entrepreneuriat social à avoir, et une très grande sensibilité aux habitants. Enfin bon, globalement, tout est encore à faire. Donc en 2017, est-ce que si j'aurais su, j'aurais pas venu, comme dirait l'expression que j'aime beaucoup de la guerre des boutons, et ben, je sais pas. Je ne sais pas, je pense qu'on ne se met jamais deux fois dans le même fleuve et qu'avec l'enthousiasme qui me caractérise, j'y serais allé. C'est ce qu'on risque. De toute façon, comme le disent beaucoup les combattants du climat, on est tous foutus. Moi, je crois qu'on a du chemin avant d'être définitivement foutus et qu'on a tout à gagner à ne pas trop avoir à perdre ou à penser à ce qu'on a à perdre.

  • Speaker #1

    C'est déjà la fin de cet épisode. Je remercie l'équipe et les bénévoles de l'Hermitage pour leur accueil bienveillant. Dans un prochain épisode, nous irons à la découverte d'un autre tiers-lieu et un autre territoire. A bientôt !

  • Speaker #0

    Au cœur des tiers-lieux, les éclaireurs de la transformation écologique.

Description

Lieu engagé pour l'agroécologie, la gestion du bois, la transition écologique et le hacking citoyen et qui propose des prestations évènementielles, de l'hébergement et des séminaires ainsi que des prestations de conseil, d’accompagnement et de prototypage de projets à impact partout en France.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Vous écoutez, au cœur des tiers-lieux, les éclaireurs de la transformation écologique. Un podcast de l'Agence nationale de la cohésion des territoires. Partons en immersion dans des tiers-lieux implantés en ruralité. Manufacture de proximité, fabrique de territoire, tiers-lieux ressources, circuits courts, tiers-lieux nourriciers ou culturels, et voyons comment ces lieux agissent pour la transformation écologique, sociale et solidaire du territoire.

  • Speaker #1

    Salut, je suis Richard et je vous emmène dans les Hauts-de-France, plus précisément à Autrèche dans l'Oise. Nous allons découvrir ce qui se trame à l'Hermitage, tiers lieu d'innovation rurale, sociale et environnementale.

  • Speaker #2

    Je m'appelle Jean Carinty, je travaille à l'Hermitage, endroit où par ailleurs j'ai fait toute mon enfance. C'est 22 ans de ma vie avant de partir faire beaucoup d'autres choses. Je suis né en 1974 sur un site qui était déjà opérationnel et en production, qui est l'Hermitage depuis 1954. Donc ça faisait 20 ans que le site a été racheté par une communauté de malades de la... de la lèpre qu'en avait fait leur hôpital. Ils avaient imaginé, parce qu'ils n'étaient pas satisfaits de la manière dont ils étaient pris en charge dans des sanatoriums, ils n'avaient pas le pouvoir en fait, ils n'avaient même aucun pouvoir, aucun droit de discussion sur ce qu'ils vivaient, ce qu'ils faisaient de leur journée, donc ils ont imaginé racheter ce site pour vivre comme ils voulaient, donc en communauté. Ils ont été soutenus par des valides, et ils ont pu s'installer avec notamment les sœurs de Foucault, qui est une petite congrégation, et un résistant. qui était un ancien combattant de la résistance française des services secrets de De Gaulle, qui s'appelait Bertrand de Larocque, qui était un jeune agent de renseignement. Il est allé à Londres, il avait 15 ans, il a truché sur son âge, comme quelques jeunes combattants à l'époque, qui faisaient un peu plus vieux que leur âge. Et bon, je pense qu'à Londres, ils n'étaient pas très regardants, ils avaient envie d'avoir des jeunes combattants engagés, donc il est devenu un agent de renseignement. Après la libération de la France et la fin de la Deuxième Guerre mondiale, il n'a pas réussi à se réinsérer au sens où, comme beaucoup de jeunes combattants ayant connu quasiment que la bagarre et la clandestinité et l'aventure, et la dimension complètement anormale de leur existence, dans les maquis, lui se faisait parachuter, ils étaient romanesques, ils n'ont jamais réussi à accepter le retour à la normale. Ils étaient très engagés, ils avaient beaucoup d'ambition, et donc ça fait partie d'un profil d'anciens résistants qui sont devenus des dirigeants associatifs assez engagés, assez déterminés, des entrepreneurs sociaux. Lui, il a été accueilli ici, et puis il a permis aux malades de développer un projet commun en utilisant une partie des bâtiments, parce que c'est un domaine qui fait 30 hectares, et il y avait une partie des bâtiments dont il fallait faire quelque chose, et ils en ont fait le siège d'une ONG, et le centre de formation d'une ONG internationale. Et donc moi, mon papa venait rendre visite à sa tante qui était une des fondatrices de la maison médicale, une des malades, quand il était jeune et qui venait en vacances. Et puis quand il est devenu ingénieur, il a travaillé là, il a épousé ma maman qui était infirmière et qui elle-même voulait travailler ici. Donc on a été huit enfants à être élevés à l'Hermitage, en compagnie d'autres enfants qui étaient des fils de collaborateurs de l'ONG ou de la maison médicale. Donc c'est une enfance assez particulière dans un petit village, mais vraiment dans une ambiance très engagée, très communautaire, très fraternelle. Puis après l'université, moi j'ai quitté le site et je ne suis pas revenu, sauf pour les enterrements des anciens malades de l'Hermitage qui décédaient souvent en mort naturelle. Et puis en 2015, il y a eu un moment de rupture. Le site n'avait plus d'utilité. et donc ils ont voulu en faire quelque chose et donc c'est à cette occasion que s'est posée la question de l'avenir de l'ermitage donc moi j'ai suggéré je travaillais à la ville de Paris à l'époque donc j'ai suggéré de réfléchir à un projet après que différents projets précédents aient échoué, on sait à quel point nous on y travaille, on a un bureau d'études maintenant qui fait que ça donc on voit bien à quel point c'est très difficile de trouver un avenir assez foncier, atypique qui sont souvent d'anciens hôpitaux, d'anciennes usines des bâtis existants ... Nous, aujourd'hui, on a l'expérience, on a vécu l'expérience de la reprise d'un foncier de zéro, sans modèle économique, sans communauté. On a tout construit de A jusqu'à Z et c'est depuis 7 ans que je me consacre à ça.

  • Speaker #3

    Alors, moi, je m'appelle Sylvia, je suis une mamie. Je suis retraitée, mais je cumule un petit emploi ici à l'Hermitage. Moi, en fait, je me suis épanouie ici. J'ai découvert ce lieu, ça a été mon premier job, en fait. Je cherchais du travail, j'avais 16 ans et demi. Et je suis arrivée là, en fait, pour un remplacement de cuisine. Et puis, je ne suis jamais repartie. En fait, j'ai rencontré mon époux. On est partis vivre à l'étranger parce qu'il travaillait sur l'ONG qui était ici avec la maison de santé de l'Hermitage. Ben voilà, je suis encore là aujourd'hui. L'ONG, c'était le CIDR qui travaillait dans les pays du Sud. À l'époque, ils faisaient du développement. Maintenant, on appelle ça les pays du Sud. Et pendant dix ans, on a vécu en Iran et deux ans en Éthiopie. Et à chaque fois que je revenais, je retrouvais mon petit travail ici. Ah ben, c'est un lieu, il est plein d'histoires, quoi. Parce que c'est vrai que... Cette maison de santé, c'était des anciens malades qui ont acheté ce lieu pour vivre en autonomie, pour sortir un peu du milieu médical dans lequel ils étaient un peu enfermés. Ils ont trouvé l'ermitage et c'est devenu leur lieu de vie ici. Donc nous, les quelques personnes qui travaillons ici à l'époque, tout au début en tout cas, Moi, je me suis sentie chez moi, quoi. Il y avait un espèce de... Je sais pas, je me suis sentie accueillie avec des gens très différents de tous les pays. Déjà, une ouverture incroyable. Et c'est devenu nos amis, c'est devenu notre famille, en fait. Et quand, sur ordre de notre organisme de tutelle, l'ARS, on a dû fermer la maison, eh bien, le lieu a été mis en vente. Et moi, comme j'étais une des anciennes... qui venait de prendre sa retraite justement, m'a demandé de rester là pour surveiller, en attendant qu'on vende, de trouver le bon acheteur. Jusqu'au jour où la jeune équipe est arrivée, je suis restée avec eux, ils m'ont demandé si je voulais continuer avec eux, d'autant plus que je les connaissais, puisque cette jeune équipe, elle vient de ce lieu, parce que les parents ont travaillé ici, donc on se connaît, quand ils m'ont proposé ça, j'ai dit oui, puis je suis ravie de voir la tournure que ça prend, parce que ça n'a rien à voir avec ce que c'était. Mais pour moi, il y a une espèce de continuité. On reçoit des gens de partout. On reçoit des gens d'associations très différentes. Enfin bref, on reçoit de tout. Donc moi, c'est un peu ma vie sociale maintenant. Ça me permet de rencontrer des gens, en même temps de travailler. Et voilà, je me sens vraiment bien. Et j'avoue que je viens le matin sans problème, avec beaucoup de plaisir.

  • Speaker #4

    Je m'appelle Armelle, je travaille à l'Hermitage depuis deux ans et demi. J'ai rejoint l'équipe à la direction de l'association Hermitage Expérimentation qui s'occupe des activités d'intérêt général sur le site. C'est-à-dire des activités d'accueil du grand public et des activités qui permettent de tisser un lien au territoire et à ses habitants. Dès le départ, l'association a été importante puisqu'au début elle a servi à préfigurer le projet dans son ensemble. Et puis petit à petit, les différentes activités qui permettent de faire vivre le lieu se sont développées. Et du coup, la question de la place et du rôle de l'association s'est progressivement posée différemment. Et il est apparu important que le rôle social du lieu est très important. Et donc la question c'était de qu'est-ce qu'on pouvait faire sur le lieu pour en faire un lieu ressource pour son territoire et pour ses habitants. et comment on pouvait faire en sorte que les personnes qui vivent à proximité de l'ermitage puissent emparer des ressources disponibles, en fait, grâce à ce domaine qui est très grand et qui permet d'y faire plein de choses.

  • Speaker #0

    D'un papier, de pénévoles qui sont hyper sympas.

  • Speaker #2

    La bélisation fabrique de territoire. C'est ça, en fait, c'est un appel à projet de l'État. Nous, on a candidaté et on est reconnu par l'État à ce qu'on appelle l'Agence nationale de cohésion des territoires. et bien sûr l'état local que sont préfectures, sous-préfectures et services de déconcentré, comme un lieu qui contribue aux politiques publiques de cohésion territoriale. C'est ça en fait la fabrique. Donc ça nous permet d'être entre guillemets, de porter un habit qui nous protège entre guillemets, d'être mal compris, mal perçu. Donc c'est une reconnaissance et c'est un peu de moyen quand même, même si c'est pas avec ça nous qu'on peut transformer un site de l'envergure de l'arrêtage. Donc il a bien fallu qu'on se dote d'autres outils, notamment nos propres moyens, mais ça a été quand même une reconnaissance. Surtout qu'il y a plus pendant la jeu de piste.

  • Speaker #0

    La petite averse toute fine,

  • Speaker #4

    là.

  • Speaker #5

    Ça a commencé tout doucement.

  • Speaker #0

    Je pensais que ça allait passer, tu vois. Et là, j'ai fait bon. Vu que j'avais trois groupes sous la main, je me suis dit, non mais allez sous le barnum, les enfants, tant pis. Mais il nous reste des indiens. Je me suis dit, c'est pas grave. Ils sont là-haut, il y a un centre aéré qui est là-haut, de 36 enfants, qui campent toute la semaine. Ils viennent de villages alentours. Du côté du disque. Enfin, de trois centres aérés différents. Ils sont là toute la semaine. Donc, ils font des animations propres et nous, on leur propose aussi des animations pendant le séjour. Donc là, ce matin, le jeu de piste sous la pluie.

  • Speaker #5

    Hier, il y avait Fab Lab et poterie.

  • Speaker #0

    Et céramique, oui. Et céramique. Ce soir, il y a une veillée autour des chauves-souris. Donc, il y a un bénévole qui est là, qui est spécialisé en chauves-souris. Et il a plein de matériel pour observer, écouter les chauves-souris. Et vu qu'on a un Fab Lab, et avec le Fab Lab, ils ont fabriqué des nichoirs à chauve-souris, et avant, le Fab Manager, il a fabriqué un sonar à chauve-souris. Ouais. Ils vont pouvoir observer, écouter, questionner. Et là, ce matin, c'était le jeu de pistes dans le bois. Enfin voilà, c'est des rébus, des devinettes. Ça leur permet un peu de découvrir aussi l'histoire du lieu. Parce que l'histoire... de l'ermitage, pas du tiers-lieu, mais du site en lui-même, est longue. Donc du coup, ça leur permet de voir tout ce qui se passe. Et puis dans le jeu de piste, il y a aussi autour des arbres, de la biodiversité, découvrir les plantes, de reconnaître un arbre, ses feuilles. Voilà, c'était le programme de ce matin. Moi, je m'appelle Charlotte et je suis gérante du café associatif et de la vie de la vie de l'animation au sein de l'association. Moi je suis vraiment en lien avec les habitants, les gens du territoire, pour l'animation, la vie culturelle et les ateliers couture-tricot qui se passent soit au café, soit à l'extérieur. En fait le principe de l'association, on essaie d'être labellisé espace de vie sociale, et donc l'espace de vie sociale est même une association en soi. C'est vraiment que les adhérents, les bénévoles, les habitants du territoire soient acteurs de ce qui se passe à l'association. Toutes les animations, toutes les activités de l'association sont à l'initiative des habitants et portées par les habitants. Donc là, le club Tricot Couture, c'est vraiment une demande des habitants qui se retrouve tous les mardis, tous les samedis. Et pour apprendre... pour faire ensemble, pour ne pas être tout seul, par exemple, chez soi, à faire sa couture, et que des fois, c'est plus motivant quand on est ensemble, et puis on peut se donner des conseils, on peut se partager des patrons. Donc, c'est vraiment l'idée de partager et de faire ensemble des trucs qu'on peut faire tout seul chez nous, mais que c'est plus sympa à plusieurs, quand même.

  • Speaker #4

    Donc, l'association s'occupe de ce café, et a fait de ce café aussi un peu l'emblème des questions d'alimentation, qui sont un sujet important puisqu'on est en milieu rural. Et que sur le site de l'Hermitage, il y a déjà six structures qui sont engagées sur ces enjeux, de la fourche à l'assiette. Donc finalement, le café, c'est l'endroit où on se retrouve pour, entre autres, questionner la manière dont on se nourrit aujourd'hui et la possibilité de le faire aussi en proximité, de relocaliser notre alimentation et de manger sain à prix abordable.

  • Speaker #0

    Oui, merci. Marion, c'est une productrice. Elle travaille à Morcin, juste à côté. Elle fait partie de l'AMAP. C'est une des productrices de l'AMAP. Elle s'occupe des œufs.

  • Speaker #1

    Elle ramène déjà les...

  • Speaker #0

    Elle ramène pour ce soir. C'est ce soir l'AMAP. Elle est prête dans la journée.

  • Speaker #1

    Vous avez combien de paniers à l'AMAP ?

  • Speaker #0

    Il y a 22 inscrits à l'AMAP. Il y a des œufs, du fromage de chèvre. Après il y a les légumes de Edwige, qui est les jardins de l'Hermitage, donc qui est la maraîchère juste en bas du tiers lieu. Et donc elle, elle fait les paniers de légumes et là elle va bientôt avoir des fruits aussi. Ça c'est chouette parce qu'elle a planté des arbres fruitiers donc il y a trois ans, donc là ça y est c'est la première année pour la récolte. Il y a du pain de la pierre qui tourne, donc ça c'est une boulangerie bio pain au levain qui est un tout petit peu plus loin. J'oublie, il y a du miel et il y a des colis de viande de monsieur Potier qui est l'agriculteur du village. C'est un double, c'est trois.

  • Speaker #5

    Ça fait six.

  • Speaker #6

    Moi, mon prénom c'est Philippe, je suis président de l'AMAP. L'amitié est là parce que je connais la famille Carinti depuis très longtemps. Je les ai même connus, qui ont habité ici étant très petits. Et puis aussi, en tant que président de l'AMAP, ce que c'est qu'une AMAP, c'est parce que quand les jardins de la métache se sont mis en place, on a monté une AMAP pour pouvoir aider Edwige à vendre ses légumes et tout. Donc ça veut dire qu'on a un regroupement de producteurs locaux. Donc le but c'est de revenir au local. Les gens qui achètent en supermarché, c'est bien, ça vient d'Espagne, ça vient un peu de partout. Maintenant on revient beaucoup au local, il y a beaucoup de gens qui reviennent au local. On le voit par tous les producteurs locaux qui sont du coin. Et c'est un bien, pour faire travailler le local c'est un bien. Je suis élu depuis 35 ans au conseil municipal. J'ai fait deux mandats d'adjoint. Maintenant, je suis simplement conseiller. Je suis juste président de la commission des travaux. C'est faire la liaison du village avec ce lieu qui est là, parce que là, maintenant, on a ouvert un centre aéré qui permet donc ici, les enfants viennent une fois par semaine avec les ateliers qu'ils ont ici, du Fab Lab, ils ont ce jardin, qu'ils viennent faire du jardin, ils ont la forêt au-dessus où ils peuvent pique-niquer et camper.

  • Speaker #0

    Je les mets dans une grosse selle. Je vais me garder avec ça. Ça les cuit.

  • Speaker #5

    Moi, je m'appelle Grégoire. J'ai commencé ici en tant que bénévole au sein de l'association, il y a un an et demi. Avant ça, je connaissais le lieu dès le début de l'arrivée de l'association ici. J'ai été chef dans un groupe de scouts ici sur le secteur. Et dès le départ de l'arrivée de l'association sur les lieux, ils nous ont ouvert leurs portes pour qu'on puisse venir. passer certains week-ends campés avec les scouts dans l'année. Et c'est un peu comme ça que j'ai connu le site, d'abord avec les scouts. Donc depuis quelques mois, j'ai été élu au conseil d'administration. En tant que bénévole ici, j'aide à l'entretien des communs forestiers. Je file un coup de main de temps en temps pour les animations du Fab Lab. Par exemple, aujourd'hui, j'étais là pour filer un coup de main pour l'animation auprès de... Un centre aéré qui vient ici passer une semaine, il leur a été préparé un jeu de pistes en forêt.

  • Speaker #4

    Il se trouve qu'à l'ermitage, on est à la campagne, que le domaine fait 30 hectares, et que sur ce domaine il y a un bois d'une vingtaine d'hectares, et qu'on s'est rendu compte que le premier endroit où les habitants venaient, c'était le bois, finalement, pour venir s'y promener de manière assez naturelle, puisque l'ermitage est situé à un carrefour un petit peu entre les trois hameaux du village. Et donc assez rapidement on s'est rendu compte que le bois ça pouvait être une porte d'entrée pour rentrer en relation avec les habitants assez intéressante. Et donc on a commencé à constituer une communauté d'usagers du bois et à travailler sur un commun forestier d'usage. Et on a aussi une convention avec les chasseurs du village. En fait ça leur permet d'intégrer les 20 hectares de bois à leur chasse communale et on met en place avec eux des liens de réciprocité. Donc, une fois par an, alors nous, on participe à une battue une fois par an avec eux. Ça nous permet d'échanger sur, par exemple, la nécessité de régulation synergétique avec l'expert forestier qui nous accompagne.

  • Speaker #1

    Il y a peut-être un petit paradoxe. Est-ce qu'il y a, quel est pour toi le lien entre l'écologie et le fait de pouvoir s'ouvrir aux chasseurs par rapport aussi à... aux enjeux de ce lieu ?

  • Speaker #5

    S'ouvrir aux chasseurs, ça a deux aspects. Le premier aspect, c'est le lien avec les chasseurs, avec les habitants du village. Le deuxième, c'est qu'il faut faire un peu de régulation de la population des grands animaux et des un peu plus petits aussi sur le site, pour ne pas abîmer la forêt aussi. Pour qu'il y ait une biodiversité qui se mette en place, il faut que les grands herbivores, il faut qu'ils aient leurs prédateurs. Et il n'y a plus de prédateurs naturels pour les grands herbivores, donc forcément c'est l'homme qui prend un peu la place. Il y a un certain quota à prélever, et c'est ce qui sert à remplir la biodiversité, et qu'il n'y ait pas des animaux qui prennent la place, qui ont une place trop importante, et qui font que la forêt ne peut pas se renouveler par exemple. Je peux te demander, on va tailler ça, on a besoin d'une piche d'à peu près 2,50 mètres. Si tu arrives à me couper les branches qui sont dessus. Vas-y.

  • Speaker #4

    Comme ça ?

  • Speaker #1

    Vas-y là.

  • Speaker #5

    Là. Donc là on va préparer un chantier qui aura lieu au jeudi avec un centre aéré. Ça va être la réalisation d'une clôture sèche autour d'un arbre remarquable ici du site. La clôture sèche ça va être une clôture qui va servir à 1. ne pas s'approcher trop près de l'arbre pour ne pas l'abîmer, pour bien faire voir que c'est un arbre qu'on veut protéger, on ne veut pas que personne ne s'en approche. De 2. la clôture sèche c'est aussi un refuge pour les petits animaux, les petits rongeurs qui vont pouvoir se réfugier. C'est aussi une zone dans laquelle certains oiseaux vont pouvoir faire leur nid. Et donc tout ça, ça va être par la suite à l'intérieur. On va pouvoir y remettre un peu de ce qu'on appelle le BRF, c'est du bois broyé. En fait, quand on fait l'entretien, on pourra le remettre par-dessus. Ce qui fait que ça va garantir la maintien de l'humidité du sol bien dans le sol. Et pour que l'arbre puisse garder toute sa vigueur et puisse rester là encore très longtemps. Il fait partie des vieux arbres ici du site et vu son aspect qui part directement quasiment depuis sa base sur deux grands troncs qui montent, ça fait partie des arbres qu'on veut conserver, qu'on veut mettre en avant ici au niveau du site pour garantir cette biodiversité qu'on a dans le bois.

  • Speaker #1

    Alors je m'appelle Gwendal, je suis habitant de la vallée, j'habite dans un village qui est juste à côté de Autrèche, mais qui a la particularité d'être dans l'Aisne, alors qu'ici on est dans l'Oise. Mon lien avec l'ermitage, dans un premier temps j'étais bénévole ponctuellement sur des tâches d'entretien, de restauration, et ensuite... Ensuite, mon projet dans l'Hermitage, c'était la création d'un trial plutôt éco-responsable, même si le trial n'est pas très éco-responsable en tant que tel. Donc on essaye de faire au mieux. Un projet qui a mûri pendant cinq ans et on y est arrivé. Lors de la phase de préfiguration, durant laquelle le collectif a pu acheter les lieux et sur lesquels on a pu tester le modèle, il y avait des activités qui étaient proposées. Et moi, je proposais des matinées sportives. Après, on faisait le lien avec d'autres activités. Parfois, on était deux, trois, quatre. Et c'est à partir de cette phase-là qu'on a commencé à recruter des bénévoles et à parler du projet. Puis, au fur et à mesure, ça a été possible. Donc là, ça va être la troisième édition en 2025. On est déjà en train de la préparer. Le travail des Hermites, c'est 120 bénévoles. C'est 800 repas servis. C'est 850 participants cette année. C'est deux épreuves de trail, un 12 km et un 28 km qui s'en va plus loin dans les vallées de laine sur la ligne de front de la Première Guerre mondiale. C'est une épreuve de marche sportive de 12 km et c'est une épreuve de marche gourmande de 7 km où les marcheurs, donc 320 cette année, partent à la découverte du village et font des petits arrêts sur des stands gourmands des producteurs que l'on distribue dans notre amap qui se réunit ici à l'Hermitage tous les mardis soirs.

  • Speaker #4

    C'est une question compliquée et en même temps passionnante, la question de la rencontre de personnes différentes. C'est un peu la raison d'être de l'Hermitage, c'est de rendre possibles les rencontres improbables. Dans un lieu comme ça, quand la société de séjour accueille des hauts fonctionnaires qui viennent en formation sur les enjeux environnementaux et qu'au bar, ils croisent quelqu'un du village qui vient juste boire un verre et qui est très éloigné de ses préoccupations, Il y a parfois cette rencontre, mais ça ne suffit pas. Il ne suffit pas de mettre dans la même pièce des personnes très différentes pour qu'elles se parlent et qu'elles se rencontrent vraiment. Je dirais qu'il y a plusieurs manières. Déjà, un, c'est dans le temps, en trouvant notre place grâce à nos activités, que petit à petit, la rencontre se fait. On essaye de faire en sorte que ce lieu soit un lieu d'accueil inconditionnel. Alors, ça ne veut pas dire qu'on accepte tout et n'importe quoi, mais Tout le monde est le bienvenu, a priori. Je pense que dans les actions qu'on met en place, dans le fait de vivre au quotidien, de partager de plus en plus un destin commun avec les personnes, et surtout en sortant de l'ermitage, je crois que l'un des enjeux de l'équipe de l'ermitage, c'est de ne pas se contenter de ce qu'on fait ici, comme un lieu, en tout cas un lieu un petit peu à l'abri. Ce n'est pas une forteresse, l'ermitage, c'est un lieu où on vient... passer un bon moment, recharger les batteries, pour avoir l'énergie de faire des choses ensemble.

  • Speaker #2

    C'est une question qui me mobilise professionnellement maintenant. D'abord, c'est une question qui me passionne, c'est une question qui m'angoisse aussi parfois, parce qu'on voit que cette transition, elle est tellement profonde et elle est tellement complexe, elle est tellement exigeante pour les individus, les organisations, notamment ce qu'on appelle les corps intermédiaires, que c'est pas un long fleuve tranquille du tout. En fait, dans le mot transition, il y a peut-être un malentendu que moi j'ai vécu vraiment, y compris physiquement ici, c'est que ça va pas être une transition, ça va être... clairement dur. Transformation, oui transformation. Donc convoquer certains processus du vivant est intéressant parce que c'est une évolution évidente et au sens où elle devra se faire, mais c'est pas du tout quelque chose qui met tout le monde au même niveau, qui met tout le monde à la même place dans cette évolution. Comme dirait l'autre, il y a les chaloupes du Titanic et puis il y a ceux qui sont dans les quatrièmes ponts en bas. Nous ici, on a choisi d'assumer le fait d'être un peu à la croisée des chemins sur ce qui est conceptuel, ce qui est finalement pensable et désirable, et ce qui est insupportable à vivre. Si on fait une transition, si on n'est pas hypocrite dans la posture, dans l'intention qu'on a, il faut prendre en compte le fait que les agriculteurs sont des entrepreneurs. que l'on leur a proposé de contribuer à un modèle, qui est un modèle international avec des conventions, des engagements, un système, et qu'aujourd'hui, passer à autre chose, c'est politiquement extrêmement, extrêmement complexe. Donc moi, je regarde ces agriculteurs avec, des fois, avec agacement quand je les vois continuer.

  • Speaker #0

    Et en même temps, ce sont des gens que je connais pour la plupart personnellement, avec qui j'ai parfois passé du temps quand j'étais scolarisé à l'école primaire ou au collège. Donc je connais leur psychologie et je pense qu'ils sont beaucoup plus disposés et beaucoup plus disponibles pour les transitions que le rapport de force politique dans lequel ils sont parfois enfermés ne veut bien le manifester, et c'est le cas de le dire, auprès du grand public et des politiques. C'est des postures, tout est question de posture. Il y a des rapports de force politique, il y a des syndicats, tout ça est complexe. Et donc ce que je peux dire, c'est que moi je les vois agir, je les vois évoluer. Et je pense que le verre est à moitié plein, forcément. Parce que pour moi, si le verre est à moitié vide, et il a tendance à se vider définitivement, alors ça veut dire que c'est foutu, que les carottes sont cuites. Or ni eux, ni moi, ni nous n'allons dans cette perspective. c'est absurde et donc ils se mobilisent il y a certaines personnes clés avec lesquelles on a des liens ici je pense à Emmanuel Bourg-Poitrinal notamment qui est une conseillère générale à l'agriculture qui est une autre fonctionnaire qui est impliquée et qui met beaucoup d'énergie à s'engager aux côtés des agriculteurs et de leur corps intermédiaire et de même en particulier pour faire évoluer les choses de toute façon pour dire de quoi on parle c'est de rendre ces terres productives sans être dans une Tchôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôô dans un usage incompatible avec l'avenir de la biodiversité. Aujourd'hui, ils ont besoin de changer de manière de cultiver et ils le font progressivement. Ils font ce qu'on appelle du couvert, mais aussi ils ont besoin de valoriser leur travail, probablement autrement, avec plus de services environnementaux. Comme on dit, c'est complexe. Ça peut avoir des dérives. Il peut y avoir des dérives de financiarisation. il y a des risques mais il y a aussi un intérêt à faire que les agriculteurs soient les gardiens de la biodiversité en étant payés pour ça et en étant productifs ce qu'on veut défendre c'est une agriculture familiale, nous la plupart des agriculteurs sont des enfants, petits-enfants arrière-petits-enfants, arrière-arrière-petits-enfants de fermiers qui portent cette terre dans le bide et dans les veines donc si ça bascule vers un truc où en fait t'as 50-100 fermes d'aujourd'hui qui deviennent qu'une seule ferme Comme c'est le cas par exemple en Ukraine, bon bah c'est pas le même modèle et c'est pas les campagnes dont on a besoin et ce sera moins évident d'être partie prenante et d'avoir un dialogue entre habitants, agriculteurs, de construire ensemble une société désirable au premier kilomètre. J'étais pas seul en 2017 à prendre cette décision, en 2016 on était une petite dizaine mais moi j'étais un peu leader. On est dans une grotte dans le noir, de prendre un peu la tête en disant au pire ça marche. On est dans une situation où il faut qu'on avance. Il faut qu'on avance, et où j'ai dit, mais en fait, ce qu'il faut imaginer, c'est un lieu commun. Donc oui, ça m'a fait tilt en regardant un peu ce qui se faisait ailleurs. Je me suis dit, en fait, c'est ça dont tu as besoin le territoire, des lieux comme ça. Mais de là à te dire que j'avais en tête un plan de bataille, et de savoir par quelles centaines de merdiers j'allais passer pour y arriver aujourd'hui, là où on en est, c'est-à-dire que rien n'est joué. On a beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup gagné en légitimité, beaucoup gagné en expérience, beaucoup convaincu, mais fondamentalement, ça reste quand même un truc extrêmement risqué, avec vraiment une culture d'entrepreneuriat social à avoir, et une très grande sensibilité aux habitants. Enfin bon, globalement, tout est encore à faire. Donc en 2017, est-ce que si j'aurais su, j'aurais pas venu, comme dirait l'expression que j'aime beaucoup de la guerre des boutons, et ben, je sais pas. Je ne sais pas, je pense qu'on ne se met jamais deux fois dans le même fleuve et qu'avec l'enthousiasme qui me caractérise, j'y serais allé. C'est ce qu'on risque. De toute façon, comme le disent beaucoup les combattants du climat, on est tous foutus. Moi, je crois qu'on a du chemin avant d'être définitivement foutus et qu'on a tout à gagner à ne pas trop avoir à perdre ou à penser à ce qu'on a à perdre.

  • Speaker #1

    C'est déjà la fin de cet épisode. Je remercie l'équipe et les bénévoles de l'Hermitage pour leur accueil bienveillant. Dans un prochain épisode, nous irons à la découverte d'un autre tiers-lieu et un autre territoire. A bientôt !

  • Speaker #0

    Au cœur des tiers-lieux, les éclaireurs de la transformation écologique.

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