- Speaker #0
Salut, je suis Richard et dans ce nouvel épisode d'Au cœur des tiers-lieux, je vous emmène à Cré dans la Drôme, visiter la Fabunit, tiers-lieux et petite usine de recyclage de plastique en nouveaux objets. Et c'est aussi une manufacture de proximité et nous verrons ce que ce terme signifie. Allez, c'est parti !
- Speaker #1
Vous écoutez Au cœur des tiers-lieux, les éclaireurs de la transformation écologique, un podcast de l'Agence nationale de la cohésion des territoires. Partons en immersion ! dans des tiers-lieux implantés en ruralité. Manufacture de proximité, fabrique de territoire, tiers-lieux ressources, circuits courts, tiers-lieux nourriciers ou culturels. Et voyons comment ces lieux agissent pour la transformation écologique, sociale et solidaire du territoire. Donc bienvenue à la Fab Unite. On est sur la première partie qui est la salle de recyclage dédiée au recyclage des déchets plastiques. À la Fab Unite, on part du broyat. Et donc on a un process assez simple puisqu'on a une table de préparation. Ce sont des moules qui sont volants. Donc c'est une plaque d'aluminium. On met un cadre. d'une épaisseur selon l'épaisseur de la plaque souhaitée. Nous, on fait du 5, 10 et 15 mm. On remplit ce cadre de broyat, on remet une plaque d'alu dessus et c'est ce sandwich qu'on met dans la machine principale qui est la sheet press, qui est une presse à chaud. Donc voilà, c'est pressé et chauffé pendant, alors ça dépend des matières, entre 15 minutes et 1h15, selon l'épaisseur et le type de matière. et quand c'est fini on le sort dans une colle presse pour faire refroidir la plaque et le cycle est fini. On démoule ensuite des plaques de matières premières d'environ 1 mètre carré. Nous on passe directement des déchets à la matière première et à l'objet fini c'est-à-dire que le déchet n'est pas recolorisé, regranulé, c'est vraiment juste le déchet broyé et chauffé pour être pressé. Ici tu vois le broyat. qu'on utilise. Nous, c'est des petites paillettes qui font autour de 5 à 10 mm de diamètre et on voit qu'elles ne sont pas régulières parce qu'effectivement, on ne fait pas regranuler la matière. Je suis Carole Tourigny, je coordonne le projet Fabunit, qui est un projet porté par l'UIT FabLab. On est donc une manufacture de proximité. L'objectif, c'est de produire des objets à partir de ressources disponibles sur le territoire. En l'occurrence, ces ressources, ce sont des déchets plastiques qu'on collecte autour de chez nous pour les transformer en plaques de matière première, puis en objets. C'est vraiment un projet du 8FabLab. C'est les statuts du 8FabLab, qui est une société coopérative d'intérêt collectif, qui a 10 ans et où il y a plus de 80 sociétaires. On réfléchit depuis le début du projet à sortir éventuellement la FabUnit pour faire une autre structure, mais pour l'instant on est encore 8 FabLab.
- Speaker #0
En quoi ce lieu fait tiers lieu ?
- Speaker #1
Alors pour nous il fait tiers lieu à plus d'un titre, même s'il n'est pas aussi ouvert que le FabLab. C'est quand même un lieu qui permet vraiment à des gens de venir... tester des projets. Dans un Fab Lab, on est au stade du prototype, de l'invention, de la recherche. Et l'idée ici, c'est de pouvoir faire de la moyenne série. C'est un peu la brique après le Fab Lab, de pouvoir vraiment produire sur le territoire, puisqu'on trouvait dommage d'inventer des choses sur le territoire. Mais ensuite, pour passer à la production, soit il faut sous-traiter très loin, soit il faut... investir directement dans une usine ce qui n'est pas toujours possible. L'idée au départ c'était vraiment de pouvoir produire sur le territoire des moyennes séries. C'est un lieu de territoire donc on est très très en relation avec l'ensemble du territoire que ce soit les collectivités, les associations, les entreprises. En cela aussi pour nous ça fait tiers lieu, on est vraiment à la charnière entre tous les acteurs du territoire. C'est un lieu où on va accueillir des projets très différents. On a vu un petit peu nos propres projets, mais après ça peut être des entreprises qui nous font signer des contrats de confidentialité ou des artistes qui viennent faire des œuvres chez nous. C'est aussi cette diversité, cette ouverture qui en fait un tiers-lieu.
- Speaker #0
Tu as parlé également du statut de manufacture de proximité. Est-ce que tu peux nous expliquer qu'est-ce que ça signifie ce statut ?
- Speaker #1
Alors le programme manufacture de proximité qui a été initié par France Tiers-Lieu et l'Agence Nationale de Cohésion des Territoires, l'ANCT, a été une véritable opportunité pour les territoires de créer, de financer et d'accompagner des lieux. productif, c'est-à-dire pour vraiment essayer de produire autrement sur les territoires. Et ça, c'est vraiment la suite du Covid qui a montré les limites de notre système et cette envie un peu d'aller chercher d'autres modèles de production plus locales, en circuit plus court, plus vertueux aussi, plus responsables. Voilà, donc ça a été un programme porteur de cette dynamique.
- Speaker #0
Salut Sam ! Salut ! Est-ce que tu peux nous dire ce que tu es en train de faire ?
- Speaker #2
Alors je suis en train de faire un Jolita avec... du canoë blanc pour en faire après une belle plaque on l'espère de 10 mm d'épaisseur et là on a du blanc et du jaune donc j'ai une table sur lequel il ya une plaque en téflon après je fais je mets mon mais granulé au milieu après avec ce petit engin de maçonnerie je fais un joli plat légèrement bombé pour en espérant que la plaque soit bien régulière et bien homogène elle paraît pas mal après je remets une autre plaque par dessus et il n'y a plus qu'à enfourner dans la presse chauffante là ça va rester à peu près 30 minutes ça ça dépend des épaisseurs et des matériaux
- Speaker #1
Alors la Fabunit et l'huile Fablab, on est au cœur de la vallée de la Drôme, qui est connue aussi sous le nom de Biovallée. C'est un territoire rural, c'est un territoire assez innovant depuis très longtemps, c'est un lieu de résistance, on est au pied du Vercors, c'est un lieu de transition, que ce soit au niveau climat, un lieu de passage. C'est un lieu très vivant qui attire beaucoup d'expérimentations depuis longtemps. C'était assez naturel que le Fab Lab s'installe ici et idem pour la Fab Unite. Oui, on est un projet très ancré sur le territoire puisqu'on est déjà porté par le Fab Lab qui a plus de 10 ans d'existence. C'est un territoire rural de petite taille, donc on se connaît à peu près tous. Et en 10 ans, on a monté beaucoup de projets en partenariat. avec que ce soit les associations, les entreprises et les collectivités de la vallée.
- Speaker #0
Alors, Carole m'a dit qu'il faut absolument que je parle avec Thomas, le designer des objets à la Fabunit. On va le rencontrer, discuter au calme dans le bureau, pendant qu'à côté, Carole et son collègue Sam continuent de préparer des plaques de plastique recyclées.
- Speaker #3
Je m'appelle Thomas Merlin, je suis designer et aussi responsable de l'atelier à la Fabunit. Je conçois les objets qui sont fabriqués à la FABNIT et j'assure aussi la fabrication. Donc ça veut dire conception des objets, conception 3D, des prototypes, et après on a un centre d'usinage du coup. C'est là qu'on usine les panneaux plastiques qu'on recycle à la FABNIT qui sont assemblés pour réaliser du mobilier ou alors d'autres objets pour des clients. Le local dans lequel on est, c'est un bâtiment qui appartient à la communauté de communes, la CCVD, Communauté de Communes du Val-de-Rome. C'est un bâtiment qu'on occupe depuis maintenant trois ans et où on concentre la majeure partie de l'activité, c'est-à-dire la partie recyclage d'échais plastiques en nouvelles matières premières. Il y a une deuxième partie où on fait plutôt... l'usinage et la fabrication, et on a une petite partie stockage. Et c'est dans ces 300 m² qu'on déploie le savoir-faire de la Fabinit. Alors moi, à l'origine, j'étais designer indépendant, et donc je travaillais pour des entreprises en France, autour de la fabrication en série. Et après 10 ans d'expérience, je... Je commençais à pu voir beaucoup le sens du métier dans lequel j'étais. Ça manquait beaucoup de mon point de vue de me frotter aux matériaux. Et surtout, j'avais fait un cursus en éco-conception et j'avais du mal à vraiment... appliquer tout ce qui me semblait hyper bénéfique et intéressant dans des projets, dans des projets pour des clients. Il y avait deux trucs qui sonnaient faux pour moi. Et du coup, le projet de la Fab Unite, ça a permis de... de recoller tous ces morceaux et d'apporter beaucoup de cohérence au travail qu'on menait. Et du coup, le pitch qui résume bien, c'était créer un circuit court de la matière et des objets. Donc, c'était plus seulement fabriquer des choses, mais s'intéresser aussi à la matière, d'où elle vient, pourquoi on fait ça, et surtout à changer de paradigme sur la façon dont... On produit, c'est-à-dire qu'on essayait de ne plus produire en extrayant toujours de la nouvelle ressource, mais plutôt à partir avec ce qu'on avait sous la main. Et voilà, donc tout ça, c'est hyper riche en termes de relations humaines, en termes de créativité, parce que du coup, ce n'est plus du tout la même façon de concevoir. Là, par exemple, on s'est mis à faire des chaises, des choses comme ça, mais c'était l'opportunité des matériaux qu'on a trouvés qui fait qu'on s'est mis à faire ces objets, et pas l'inverse, pas une commande d'un client. Du coup, on voit qu'on renverse complètement la pensée. Et voilà, du coup, c'est très riche. Et puis, on espère aussi que ça... Enfin, on sait que ça inspire aussi d'autres gens à se lancer. Comme nous-mêmes, on s'est inspirés à l'origine de Précius Plastique. Donc, c'est hyper chouette de voir comment des... Voilà, on s'inspire mutuellement les uns les autres. Ça crée des synergies et des énergies sur d'autres territoires. Et donc, au-delà de notre... petit impact à notre échelle très locale. C'est des petites lumières qui s'allument un peu partout et qui font que on l'espère au fur et à mesure, tout le monde va un peu changer la façon dont il conçoit ou il consomme.
- Speaker #0
Et le fait de travailler sur le plastique, est-ce que justement ça ne permet pas de perdurer l'industrie plastique ? Pourquoi ne pas avoir été plutôt sur de la matière biosourcée ?
- Speaker #3
Mais en fait, ce n'est pas une question de valoriser. J'ai eu du mal au début quand on parlait du projet, mais le plastique, justement, on n'en veut plus. Et la réalité, c'est que depuis les années 60, on a l'égard produit 6 milliards de tonnes de plastique et que ce plastique, il est là. Donc en fait, qu'on le veuille ou non, il est là, on l'a produit et il faut en faire quelque chose. Et donc, ça n'interdit pas, en parallèle, de travailler sur des biomatériaux, etc. Mais en tout cas, nous, plutôt que d'être toujours dans une démarche à développer un nouveau truc on a déjà ce matériau qui est là faisons quelque chose, captons-le le plus longtemps possible et très bien qu'il y ait des gens qui bossent sur des nouveaux matériaux, biomatériaux, tout ça mais pour moi c'est complémentaire c'est un peu comme dire il y a plein de sujets comme ça pourquoi vous faites dans l'écologie mais il vaudrait mieux arrêter de manger de la viande tout de suite ou arrêter l'avion et en fait on peut pas tout couper tout fermer d'un coup il y a Il y a des choses qu'il faut... Enfin, il y a plusieurs voies à chaque fois. Dans le militantisme, il y a des gens qui sont hyper radicaux, il y en a qui sont un peu la voix du milieu. Voilà, donc en fait, tous les chemins sont bons à chacun de trouver là où il a envie de s'exprimer. Alors, Précieuses Plastiques, c'est une communauté qui a plus de dix ans maintenant. A l'origine, c'est un designer hollandais, c'était son projet de diplôme, qui se rendait compte qu'on était entouré de plastique et qu'en fait, il y avait sans doute possibilité de revaloriser les déchets plastiques autour de nous en choses utiles. Vraiment cette idée de plastique précieux, parce que dans l'imaginaire collectif, le plastique, c'est vraiment une matière qui est cheap, pas chère, qui ne vaut rien. Et en fait, ce glissement... dans l'inconscient collectif, fait que on est rempli de plastique qui envahit nos vies, envahit la nature avec tous les problèmes qu'on a, et du coup ce changement de position en disant, c'est plus un truc cheap pour faire du packaging, mais on le transforme en quelque chose qui a de la valeur et en plus on le récupère et on redonne au matériau l'objectif de durée, c'est un changement de mentalité complet par rapport au gâchis. globalement qu'on a vis-à-vis de notre rapport aux matériaux, à l'énergie, parce que c'est une histoire de prix. Donc si ce n'est pas cher, ça ne vaut rien, alors que ce n'est pas une histoire de prix.
- Speaker #2
On fait au maximum six plaques par matin. Après, on les empile dans une presse dans laquelle on va refroidir les plaques. Et on attend le lendemain. pour les sortir, que ce soit bien refroidi. Ce qu'on aimerait, c'est avoir une presse qui refroidisse avec un système d'eau par exemple. Comme ça, on pourrait faire plus de plaques. Parce que là, on est obligé d'attendre le matin et on n'a pas plus de place que 6 pour les presser. Mais les 6 plaques par matin, quand on en fait 6, ça occupe. Quand tu fais toutes les manipulations qui sont, comme tu le vois, toutes très artisanales et à la main,
- Speaker #4
Alors je m'appelle Evelyne et je travaille sur une entreprise de la région et nous sommes rentrés dans une démarche RSE et parce que nous avons à cœur effectivement de recycler nos produits, le maximum de produits possible. Nous sommes sensibles vraiment à cette cause environnementale et également sociétale et donc ce matin j'ai apporté à la Fab Unite. Des boîtes plastiques que nous allons éliminer puisque nous les avons remplacées dû à nos process. Et nous en avons un bon gisement qui pourrait probablement intéresser l'entreprise. Du coup, l'objectif, c'est de savoir déjà cet échantillon, s'il peut satisfaire au process de la fabunite. Et ensuite, nous aurons le plaisir d'apporter tout le reste. Voilà, parce qu'un gisement assez important.
- Speaker #1
Dans les usagers, les projets très différents qu'on peut avoir à la Fabunit, c'est le travail qu'on a mené avec un artiste, un plasticien, qui travaille sur la récup, en fait, qui est depuis plusieurs années sur une démarche de ne pas acheter de peinture, c'est un peintre à l'origine. Et donc il est venu faire des tableaux avec nous, en plastique recyclé. Voilà, donc quelques-unes de ses œuvres.
- Speaker #0
Que vous ne verrez pas en mode... podcast, évidemment.
- Speaker #1
C'est très visuel, tout ce qu'il y a à la Fabunit.
- Speaker #0
Peut-être que tu peux nous déclare justement ce qu'il a réalisé pour donner une idée aux auditeurs et auditrices.
- Speaker #1
Alors, on a travaillé sur une base de broyat et lui, il a récupéré des chutes. Quand on sort la plaque, en fait, il y a tout le bord qu'on ébavure. Donc, ça fait des bandes, en fait, qu'on peut re-broyer et réutiliser. En tout cas, on a une... poubelle ou en mai, c'est en attendant d'être broyé ses bandes. Et donc lui, il a fait un tri de couleurs avec ses bandes qu'il est venu poser sur la base de broyat pour faire des motifs, et on dirait de la peinture en fait, on dirait des traits de couleurs sur une toile blanche. Donc il y a du noir, du bleu, du rose, du jaune. Voilà, ça fait des paysages qu'il a fait à partir de chutes de déchets plastiques.
- Speaker #0
paysage abstrait, on va préciser.
- Speaker #1
Oui, alors ça dépend des tableaux. C'est vrai que celui-là est très abstrait. Il y en a qui sont un peu plus explicites, mais oui.
- Speaker #0
Carole m'a montré les œuvres de Valère et je me suis dit que ce serait intéressant de l'interviewer. Carole a appelé Valère. Valère était disponible et il était à Cré. Il est venu ce matin nous parler de sa démarche en l'écoute.
- Speaker #5
Je m'appelle Valère Mouchet, je travaille à l'Unifab depuis quelques mois pour réaliser des œuvres artistiques. On est arrivé avec une amie parce qu'elle est encadreuse. On a visité ici cette usine pour éventuellement faire des cadres au départ d'œuvres en plastique. Et finalement, moi j'ai vu comment le procédait, la technique qu'ils employaient pour réaliser des plaques, et ça m'a beaucoup parlé au niveau création. Une création purement artistique, forcément ils n'avaient pas, et j'ai voulu m'initier, m'insérer un peu dans leur process sans les déranger, et finalement ça a été une révélation pour moi qui était plutôt sympathique, parce que les œuvres ont été... tout de suite réalisé, sans trop de contraintes, avec une organisation, sans trop les déranger sur la production. Ma démarche c'était de, au départ, je peux te remonter historiquement, c'est-à-dire qu'à Vitry, j'avais un atelier où j'ai été inondé, à Vitry-sur-Seine, en région parisienne, et l'inondation a altéré toutes mes œuvres, et il y avait des dessins, des beaux-arts, tout ça, etc., et qui prenaient de la moisissure et que je jetais dans la benne. Et finalement, cette moisissure, je la regardais, j'aimais beaucoup l'aspect esthétique de cette moisissure. Et du coup, j'ai récupéré ces dessins, j'ai fixé la moisissure et j'en ai fait des composants de matière pour recomposer des œuvres avec. Et depuis cette période, j'ai rarement acheté de la peinture comme j'étais peintre, sur grand format. J'ai plus ou moins... pratiquement plus acheté de peinture, de châssis, de toiles, etc. Et j'ai souvent récupéré de la matière, quelle qu'elle soit, du papier, du bois, du cuir, et composé des œuvres avec. Et cette démarche, je ne l'avais pas au niveau du plastique, de recyclage, de récupération de plastique. Et quand j'ai vu l'usine et la visite avec mon ami Sandrine, eh bien, c'était super. Voilà, j'ai dit, mais il faut que je fasse quelque chose. Au fond de moi, j'ai dit, il faut que je les contacte pour faire quelque chose ensemble. Et la démarche a été tout à fait naturelle, en fait, pour moi. C'est une question philosophique pour moi, mais ça n'appartient que moi. C'est-à-dire que je n'ai plus envie d'acheter de la matière, d'abord, assez chère. Et je trouve que parfois, la nature ou les déchets ou les recyclages nous donne forcément des matières Après, c'est un choix, c'est un choix, une philosophie de travail. Et je trouve ça plutôt respectueux de l'environnement et qu'on a beaucoup de choses encore à penser, à faire là-dessus, même au niveau artistique.
- Speaker #0
En quoi, pour toi, le 8FabLab et FabUnit, en s'ancrant dans son territoire, participent à la transformation écologique, finalement, du territoire ?
- Speaker #1
La transition écologique ? Pour nous, c'est le cœur de notre projet, c'est vraiment ce qui nous anime dans cette recherche de produire différemment, consommer différemment, pour préserver les ressources naturelles, pour générer moins de déchets, pour être en capacité de traiter ces déchets. Le projet Fabunit est un projet d'économie circulaire et quand on a démarré, on savait que... tout l'écosystème nécessaire à un projet d'économie circulaire n'était pas présent sur le territoire. Mais on s'est dit, il faut bien commencer et on va être la première brique de cet écosystème. Et que naturellement, peut-être, les autres briques allaient arriver, puisque nous, on est plutôt, en quelque sorte, le débouché de cette économie circulaire. Il se trouve que quand on a démarré, la suite du Covid, crise du pétrole, guerre en Ukraine, on a un peu cumulé différentes crises. Et on s'est retrouvé en fait avec le prix du broyat qu'on achetait au départ, qui a fait x4 en moins d'un an. Et puis assez rapidement, on s'est retrouvé sans pouvoir acheter. C'est-à-dire qu'il y avait une rupture de stock, on ne pouvait plus acheter de plastique recyclé. quand le prix du pétrole augmente. La matière plastique augmente et tout le monde se jette sur le recyclé et d'un coup il n'y en a plus et les prix flambent. Donc on s'est dit ça ça va être compliqué, il faut qu'on sorte de ces systèmes et on va impulser en fait un autre projet vu qu'on n'a pas eu le temps de le faire émerger tout seul. Et donc on est allé voir des partenaires sur notre territoire pour essayer de mettre en place une filière de traitement des déchets plastiques sur la vallée de la Drôme. On est allé voir une dizaine de partenaires, donc l'association BioValley, les communautés de communes, ressourceries, recycleries. Tout le monde a été partant et on a donc créé ce projet Payette, qui a la charge de collecter les déchets et de les broyer avant qu'ils arrivent à la Fabunit. L'exutoire Fabunit est l'exutoire principal, mais n'est pas le seul. Dans l'avenir, il commence à ne pas être le seul. Et donc ça, ça fait partie à part entière d'expérimentation et du projet de prendre en compte toute la filière et tout l'écosystème nécessaire à un projet d'économie circulaire et d'un projet local.
- Speaker #6
Olivier BONGARD, je suis membre de l'équipe Biclou, on est sur le projet Extrême Défi financé par l'ADEME, sur les véhicules intermédiaires entre le vélo et puis la voiture, pour créer de nouvelles possibilités. Et notre démarche avec la FAB UNIT, c'était de venir chercher en local ce qu'on pouvait utiliser comme matériaux recyclés à intégrer dans notre projet. pour la structure du véhicule, l'habillage du véhicule, et donc se reposer sur la connaissance de la Fab Unite.
- Speaker #0
Est-ce que ce que tu as vu est intéressant ?
- Speaker #6
Oui, tout à fait. Les réalisations de la Fab Unite avec les chaises canoées ou les tabourets, ça montre déjà des bonnes possibilités. C'est des solutions intéressantes, c'est local, donc ça correspond vraiment bien à notre idée du projet.
- Speaker #7
Moi je suis Isabelle et je suis designer. J'habite et je travaille à Cray et notamment au 8FabLab et j'ai travaillé un an à la FabUnit. Enfin j'ai co-manufacturé comme disait Carole, c'est-à-dire j'ai partagé les locaux avec eux et partager les locaux avec la FabUnit, ça veut dire voir leurs projets se développer, ça veut dire pouvoir utiliser... leurs ressources, leur chute de production, par exemple, dans une logique de récupération écologique, mais aussi dans une logique créative, parce que finalement, c'est toute l'abondance de matière, de matériaux, de couleurs, c'est inspirant. À partir de leur chute, j'ai créé des motifs, en fait, à partir desquels je propose l'ordre d'atelier, de workshop. comme matière à création à partir desquelles les participants peuvent imaginer des décors. J'ai aussi utilisé les plastiques pour faire des pieds pour des lampes que je crée. Disons que ça favorise la possibilité de développer des projets de façon autonome, des projets qui après peuvent prendre une autre envergure, mais en tout cas on peut faire ces protos. Ils ont vu passer beaucoup de projets, mais j'ai vu des gens fabriquer. des prothèses pour des mains, ou prothèses de mains, par exemple, pour quelqu'un. Donc il y a vraiment un esprit de développement d'autonomie, de projet à petite échelle. Je trouve que ça favorise l'intelligence, enfin ça favorise le développement d'une intelligence de terrain. Le fait qu'on puisse les mettre en œuvre avec ces outils, leur permet d'exister déjà à une échelle de prototype et ça permet de... après de développer des produits hors système économique classique. Après, c'est un peu aussi un espace d'expérimentation. C'est pas mal un espace d'expérimentation finalement, puisque les imprimantes 3D Terre, on voit qu'ils se développent des objets qu'on ne pourrait pas faire autrement. Et c'est intéressant aussi l'expérimentation. On ne sait pas forcément tout de suite en quoi ça va être utile sur le plan écologique ou autre. mais Mais c'est ça qui fait avancer, quoi. Et je trouve que c'est super qu'on puisse rendre au grand public cette possibilité d'explorer, quoi.
- Speaker #0
Quelles sont vos perspectives d'avenir pour ces lieux, le 8FabLab et le FabUnit ? Est-ce que vous avez des idées pour la suite ? J'imagine que oui.
- Speaker #1
Alors les idées, ce n'est pas vraiment ce qui nous manque, c'est plutôt les moyens. Donc oui, on a plein d'idées, des très proches, puisque là on est en train de travailler sur notre process pour doubler la production avant la fin de l'année. On va travailler sur les machines pour pouvoir produire plus et passer plus de déchets. La suite, c'est aussi éventuellement de développer d'autres technologies, comme l'impression 3D de déchets plastiques, pour pouvoir faire des plus grosses formes et passer plus de déchets. Et puis c'est de continuer à avancer sur la fabrication distribuée, donc accompagner d'autres petites fabunites ou d'autres ateliers précieuses plastiques pour que ces modèles se mettent en place sur les territoires et qu'on puisse justement pas être juste un laboratoire, mais un véritable acteur de production au niveau national.
- Speaker #0
Enfin, j'ai demandé à Isabelle, l'une des utilisatrices du FabUnit et du 8FabLab, ce que l'on peut souhaiter à ces lieux.
- Speaker #7
Qu'il faut soutenir ce type de lieux, que leur économie est fragile et que c'est important, que c'est super important.
- Speaker #0
Et c'est déjà la fin de cet épisode. J'espère que vous avez apprécié cette visite de la FabUnit à Cré. Dans un prochain épisode, nous irons visiter un autre tiers-lieu dans un autre territoire. A bientôt !
- Speaker #1
Au cœur des tiers-lieux, les éclaireurs de la transformation écologique.