Speaker #0Hola tout le monde, j'espère que vous allez bien. On se retrouve aujourd'hui pour un nouvel épisode, donc on est dans cette saison 4 sur les 7 péchés capitaux et aujourd'hui on va parler du quatrième des 7 péchés qui est la gourmandise. Et vous l'aurez peut-être compris avec le titre de l'épisode, mais quand j'ai commencé à lister en fait les 7 péchés capitaux et que je suis arrivée sur la gourmandise, je me suis dit oulala, mais qu'est-ce que je vais bien pouvoir dire parce qu'il y a... pas de débat, en fait je voyais pas d'intérêt de parler de la gourmandise, le fait d'être gourmand pour moi il n'y a pas de débat, enfin c'est cool tu vois. Par contre, par contre, qui dit gourmandise dans mon esprit dit nourriture et qui dit nourriture dit alimentation et donc rapport à l'alimentation et c'est comme ça que m'est venue l'idée de parler de tous ces comportements en fait alimentaires, de toutes ces relations qui peuvent être très malsaines avec la nourriture et qu'on englobe généralement sous le nom de TCA. Et pour toutes celles et ceux qui ne savent pas ce que c'est des TCA, qui ne connaissent pas la définition d'un TCA, en fait les TCA ce sont des troubles comportementaux alimentaires ou troubles de la conduite alimentaire et ça va englober en fait toutes ces façons de se nourrir, toutes ces façons de percevoir et d'entretenir une relation avec la nourriture qui peuvent être problématiques et qu'on oppose forcément à un comportement normal. à une relation saine avec la nourriture. Et du coup, dans les TCA, vous allez retrouver par exemple l'anorexie, la boulémie, l'hyperphagie boulémique, l'hyperphagie nocturne, enfin, tout un tas de comportements qui sont regroupés sous cette dénomination-là. Bien évidemment, moi je ne vais pas parler de tous les TCA, parce que déjà de 1, ça demande un temps quand même inconsidérable, et énormément de précision, parce que ce sont des sujets complexes, il y a aussi tout un pan psychologique à prendre en compte. Je ne suis pas hyper calée sur le sujet et deuxièmement, c'est très personnel. Et pour vous dire toute la vérité, moi, je ne souffre pas de TCA. Et c'est là que je voulais en venir quand je vous ai dit que le format de cet épisode serait un petit peu spécial. C'est que ce n'est pas moi qui vais vous parler des TCA, enfin d'un des TCA, mais une autre personne qui a, je dirais, gentiment et généreusement accepté de nous partager, de nous livrer son témoignage sur la période pendant laquelle elle a souffert de TCA, enfin d'un TCA. en particulier. Voilà. Et pour qu'on comprenne, en fait, un petit peu comment ça se passe, j'allais dire pour qu'on se mette à sa place, mais c'est impossible, en fait, parce que tant qu'on le vit pas, on peut pas comprendre. On peut imaginer, mais en fait, tant qu'on le vit pas, ça reste quelque chose de très lointain. Mais en tout cas, c'est important d'en parler parce qu'il y a énormément de gens qui souffrent des TCA et qui vivent un vrai enfer selon le degré et la place que ça prend dans leur vie. et c'est pour ça que je tenais à la remercier d'avance pour son témoignage parce que ça va être très intéressant et surtout très instructif. Petite précision, mais peut-être que vous l'aurez deviné, je ne suis pas avec cette personne aujourd'hui au moment où j'enregistre ce podcast. Principalement pour des raisons géographiques, on n'habite pas du tout dans la même région et c'est assez compliqué pour elle de se déplacer. Donc j'ai recueilli son témoignage par écrit. Je lui ai posé toutes les questions que j'avais à lui poser, du moins toutes les principales, celles qui me semblaient les plus logiques, les plus fondamentales, pour essayer de comprendre un petit peu ce qui se passe quand une personne souffre de TCA. Et je sais que tu passeras par là et que tu écouteras cet épisode et peut-être que ça te fera sourire, mais te connaissant, enfin la connaissant, je sais aussi que le format écrit, c'est quand même plus confortable pour elle. Étant donné que c'est une personne qui est un peu introvertie et c'est pas facile de venir comme ça, de parler devant un micro. Enfin voilà, même s'il n'y a que moi en fait dans la pièce et qu'on n'est que toutes les deux, c'est quand même quelque chose de très personnel. Et ça peut être dur de parler de quelque chose qui nous a touchés dans plusieurs sens, à plusieurs niveaux, à des degrés quand même plutôt graves. Donc je comprends et je suis juste super heureuse déjà d'avoir pu recueillir ces mots. et... et de pouvoir aussi profiter avec vous de son témoignage qui, comme je l'ai dit, va être très instructif et très intéressant. Du coup, la personne qui nous a partagé son témoignage aujourd'hui a souffert d'hyperphagie boulémique. On reviendra après là-dessus, mais voilà, c'est un des TCA qui est reconnu et qui est plutôt courant. Mais j'ai le document sous les yeux et je vois que... cette personne m'a proposé aussi une définition des TCA et je me rends compte que la définition que je vous ai donnée il y a quelques minutes était très pauvre. Et c'est là que je me dis que cet épisode va avoir un intérêt particulier parce qu'il faut vraiment qu'on ait plus de connaissances, qu'on ait plus de... Je sais pas qu'on en apprenne un petit peu plus sur ces sujets qui sont quand même des questions de santé publique. Enfin, selon moi, voilà, on parle quand même d'une grosse partie de la population. Donc voilà, c'est important et je vais vous lire un petit peu la définition qu'elle m'a donnée. Ça pourra peut-être vous éclairer un petit peu plus. Ça va certainement m'éclairer un petit peu plus. Dans cette définition, elle m'explique que les TCA, ce sont des troubles, comme je vous disais, qui peuvent se manifester sous la forme de pensées envahissantes à propos de la nourriture, du poids, et de la silhouette. Donc déjà, on est sur quelque chose de très présent, de limite comme une drogue, en fait. Quelque chose qui est très parasitaire. Ça peut également se manifester par des habitudes alimentaires spécifiques, un peu dysfonctionnelles et qui impactent forcément la santé, comme la boulémie, l'hyperphagie boulémie, le fait de manger peut-être des quantités astronomiques, enfin voilà, ça peut être... Je pense, je suppose, je ne suis pas du tout médecin, je ne suis pas une professionnelle des TCA, donc on répète soit des pensées envahissantes, soit des habitudes alimentaires particulières et répétées, soit les deux. Je suppose que c'est possible d'avoir les deux également. En tout cas, peu importe la façon dont ça se manifeste, ces symptômes-là vont influencer l'état émotionnel de la personne qui en souffre, et ça va aussi avoir un impact sur les aspects essentiels de la vie, comment la personne va vivre certains... certaines choses ordinaires du quotidien, comment elle va faire les choses, comment elle va les appréhender, etc. Donc voilà, c'est quelque chose de très impactant. Voilà en tout cas pour la définition qui est un petit peu plus complète du coup. Et je le répète, il y a énormément de TCA différents, donc énormément de symptômes différents qui vont varier d'une personne à une autre. selon sa façon de vivre la chose, de gérer ses émotions. Enfin, ça dépend d'énormément de choses. Donc, on peut faire une liste des symptômes principaux qui se répètent et qu'on voit dans les cas, en fait, des gens qui souffrent des TCA, mais il ne faut pas oublier que ça reste quelque chose de très personnel et qu'une personne, je ne sais pas, par exemple anorexique, ne va peut-être pas avoir les mêmes symptômes qu'une autre personne anorexique. Enfin, je prends un exemple, mais c'est comme le stress, en fait. Quand on est stressé, on n'a pas tous les mêmes symptômes. Il y en a qui ont des plaques, il y en a qui font des crises d'angoisse, il y en a qui ont une boule dans la gorge, enfin vous voyez ce que je veux dire ? Donc voilà, c'est important de rappeler ça aussi. La première question que j'ai posée à cette personne pour essayer de comprendre un petit peu l'origine de ces TCA, je lui ai demandé quand est-ce que se sont déclarés ces TCA dans sa vie et comment, de quelle manière ça s'est manifesté. Du coup, je vais vous lire la réponse qu'elle nous a apportée. Elle nous a écrit qu'elle faisait de l'hyperphagie boulimique et que vulgairement, ça veut dire qu'elle mangeait des quantités astronomiques sur un laps de temps très court et qu'elle faisait ça toujours en se cachant et sans jamais se faire vomir. Sans jamais vomir, ça veut dire que la prise de poids, elle est très rapide. Et dans son témoignage, elle explique que son hyperphagie boulimique, elle est apparue relativement tôt. puisque ça a commencé à l'adolescence. Alors je pense que ça peut commencer plus tôt que ça, mais ça reste une période où on est jeune et surtout je pense que c'est une période où on est très instable émotionnellement. On se construit... Là on se construit sur des petites expériences, des choses et ça peut être très compliqué parfois de vivre telle ou telle situation quand on est en pleine adolescence et que c'est un petit peu la guerre émotionnelle à l'intérieur de nous. Donc oui, c'est une période qui est compliquée à gérer et elle pense que ça vient de... Plein de petites choses différentes qui finalement, mises bout à bout, font quand même une accumulation et font qu'on va chercher refuge quelque part. Et à titre d'exemple, elle nous parle par exemple du fait qu'elle ait eu ses règles tôt et qu'au même moment sa mère était hospitalisée, que du coup elle l'a pas très très bien vécue. Voilà, alors les mecs vous savez peut-être pas, mais c'est vrai que les filles me comprendront plus, bien que c'est pas encore une fois une généralité, mais quand on a nos règles, c'est un vrai step, c'est... C'est une vraie étape et ça peut parfois être un peu mal vécu. Et à titre d'exemple, elle donne aussi un autre détail de sa vie personnelle qui est très grave. C'est-à-dire qu'elle a eu une relation avec un garçon de 17 ans quand elle en avait 13 et que ce garçon a abusé de sa position et certainement profité de son innocence pour notamment lui faire subir des attouchements sexuels à deux reprises sans son consentement. donc voilà et puis une fois qu'il a compris qu'il aurait rien d'elle il l'a jeté comme une vieille chaussette donc quand vous avez 13-14 ans et que vous viviez ça c'est quand même affreux je veux dire c'est d'une violence extrême et donc il y a un grand chamboulement au niveau des émotions au niveau de la psychologie et ce qui est important à ce moment là c'est vraiment la notion de refuge parce que de ce que je comprends dans son témoignage parce qu'elle m'écrit aussi que ça aurait pu être l'alcool ou des drogues, enfin voilà ça a été la nourriture notamment aussi parce que elle a vécu à la campagne et que c'était assez compliqué entre guillemets de trouver des petites supérettes peut-être pour se fournir de l'alcool etc et que tout le monde se connaît dans le village donc voilà donc la nourriture c'était le chemin le plus court mais aussi le plus facile donc le plus évident pour trouver refuge et pour se sentir en sécurité quelque part quoi Et la réflexion qu'on pourrait se faire, c'est pourquoi on n'en parle pas, pourquoi on n'essaye pas d'évacuer tout de suite ce qui se passe en nous. Alors il faut savoir que déjà, ça se passe peut-être à une époque où le fait de parler de sa psychologie, de raconter ses problèmes, c'est une personne qui a le même âge que moi, donc je sais que moi, quand j'étais plus jeune, on ne me disait jamais « mais dis-moi ce que tu as sur le cœur, il faut vraiment que tu en parles » . Enfin voilà, ça c'est très actuel en fait. Donc... Voilà, et puis quand on est ado, on n'a peut-être pas les mots, on a peut-être honte, enfin voilà, il y a tellement de facteurs qui rentrent en compte, parce que les gens, voilà, je pense qu'il y a certaines personnes intolérantes qui pourraient se dire, bah oui, enfin après, c'est peut-être pas une solution de se jeter sur la nourriture. On pense pas tous pareil, on réceptionne pas tous les mêmes choses de la même façon, avec la même intensité, donc voilà, il faut respecter aussi ça. En tous les cas, cette personne, ce qui s'est passé, je pense, c'est que son cerveau, il a rapidement associé sécurité et nourriture. Voilà. Et en fait, elle a eu des obstacles dans sa vie, comme tout le monde. Voilà. Et son moyen pour les surmonter, c'était de manger. Voilà. C'est devenu presque normal. Comme quelque chose de... Ouais, de... naturelle en fait. J'ai un problème, je me sens pas bien par rapport à mon problème, donc je mange. Et quand elle était plus jeune, ça allait parce que la campagne faisait que, voilà, elle se dépensait. Enfin, ça allait. Vous avez compris ce que je voulais dire. Je veux pas... Attention, je minimise pas son ressenti, mais ce qui ressort en tout cas de son témoignage, c'est que elle arrivait à prendre l'air, à avoir des moments de calme, à avoir des moments... où elle faisait des activités, c'était une enfant qui était plutôt gay, qui faisait pas mal de choses, pas mal de vélo, qui était toujours dehors à jouer, voilà, dans le jardin, etc. Donc il y avait quand même un côté triste, parce qu'elle a commencé à trouver refuge dans la nourriture, mais d'un autre côté, voilà, elle était dans un environnement qui était sain, et donc qui aurait pu lui faire voir le bout du tunnel, sauf qu'elle est partie du coup pour ses études en centre-ville, donc elle s'est éloignée complètement de la campagne. Et là, elle me dit, je vais vous lire ce qu'elle me dit. Je suis arrivée à ma majorité et je suis partie en ville pour étudier. Et là, ça a été la descente aux enfers car les supermarchés, restaurants étaient à ma portée. Et je vivais seule, donc je pouvais faire mes crises tranquillement sans que personne puisse constater le monstre que j'étais devenue. Alors, je trouve ça, c'est hyper fort de lire ça parce que cette personne est très proche de moi. C'est une personne que j'adore, que j'aime beaucoup et que j'ai en haute estime. Et c'est affreux, c'est bouleversant de voir qu'une personne se considère comme ça. Et elle dit, j'ai atteint le stade le plus élevé, c'est-à-dire l'obésité morbide. Moi, cette personne, je l'ai connue comme ça, dans cet état d'obésité morbide. Donc je sais absolument de quoi elle parle, c'est-à-dire que je connais son état physique d'obésité morbide, je l'ai connue comme ça. De l'eau a coulé sous les ponts, vous verrez, je vous raconterai un petit peu son parcours. Mais je comprends, et c'est vrai que moi, à ce moment-là, quand je la rencontre, cette personne, je sais qu'il y a un problème, parce qu'on... Enfin, et c'est pas forcément des TC1, ça peut être autre chose, mais je veux dire, un problème de santé, enfin voilà, c'est pas forcément grave, c'est pas quelque chose de volontaire même parfois, mais quand une personne atteint ce stade, oui, c'est dangereux pour la santé, donc oui, il y a un problème, c'est dans ce sens-là. Mais je soupçonne pas qu'elle fait des crises, parce que je ne la vois jamais faire. Et là, quand elle écrit effectivement qu'elle peut faire ses crises tranquillement sans que personne puisse constater ce qu'elle fait, je reconnais bien. J'arrive à imaginer parce que moi, je n'ai jamais vu cette personne faire de crise. Jamais, jamais, jamais. Et pourtant, je peux vous dire qu'on a passé du temps ensemble. Matin, midi, soir, la nuit, franchement, on a passé... énormément d'âmes et ensemble à être tout le temps collées comme cul et chemise donc c'est très très étonnant et c'est très perturbant de le lire du coup parce que ça fait bizarre ma deuxième question ça a été est-ce que les TCA sont liés à la psychologie et là elle m'explique que dans son cas c'était 100% psychologique et que c'était Plus fort qu'elle, c'est-à-dire que voilà, il y avait... Enfin, plus fort qu'elle, je pense, physiquement, parce que la psychologie est là et que quand la tête ne va pas, voilà, il n'y a rien qui va, c'est logique. Et elle m'explique aussi que parfois, là encore, c'est ces vieux démons qui sont là et qui lui disent des choses, qui la poussent à faire des choses, etc. Donc, ce n'est pas facile. C'est un peu comme quand on arrête de fumer ou quand on arrête de prendre. de la drogue, en fait, c'est très très dur et ça peut durer des années, même quand on pense qu'on s'en est sorti, et bien ça peut être parfois compliqué. Ensuite, ma question, ça a été comment elle a réussi à mettre des mots dessus, comment elle a réussi à être lucide sur sa situation et avoir une prise de conscience, à demander de l'aide, etc. Parce que son parcours fait qu'aujourd'hui, physiquement, ça va, j'allais dire, ça va mieux. Oui et non. Je vous expliquerai pourquoi. Mais il y a eu une prise de conscience et il y a eu des steps de franchi. Du coup, c'était ça ma question. Je lui ai demandé. Et elle m'a dit que pour elle, ça a été très, très compliqué de demander de l'aide. Déjà parce qu'en fait, l'addiction, elle est vitale. Donc c'est comme si un petit peu on n'a pas envie de se soigner. C'est comme les personnes alcooliques qui doivent aller, par exemple, dans des centres de désintox. En fait, disons. pas envie d'y aller quoi ils savent que c'est bien pour eux ils savent que c'est la meilleure des solutions et qu'il faut le faire mais ils ont pas envie en fait le corps réclame autre chose le coup et la psychologie en fait réclame autre chose réclame la drogue du coup pourrait ça a été compliqué de demander de l'aide pour soigner c'était sert du coup elle a commencé par essayer de trouver des solutions par elle même en faisant des régimes en essayant white witchers en allant dans des centres spécialisés. spécialisée pour l'obésité quand elle était plus jeune, mais ça s'est soldé toujours par des échecs. Et je pense que l'aspect psychologique n'était pas réglé aussi, parce que des fois on essaye des choses, on essaye d'avoir un impact sur le physique, mais quand la psychologie ne suit pas, et que c'est ça le cœur du problème, parce qu'elle est dans un centre par exemple pour l'obésité. Ok, c'est cool, vous allez manger moins et chaque repas, ça va être super strict et tout. Mais si dans votre tête, ça ne va pas, le moment où vous allez ressortir de là, vous allez réitérer les mêmes schémas. Donc voilà. Donc elle a essayé, du moins, de faire des choses par elle-même. Et puis, elle m'expliquait aussi qu'il faut trouver les bons professionnels de santé, des gens qui prennent du temps, qui s'intéressent à l'humain qui est derrière le TCA. Essayer de comprendre ce qui se passe. Et ça, c'est quand même plutôt compliqué. Et au final, il y a quelques années, elle a franchi un step qui a quand même changé sa vie, mais qui n'a pas été sans conséquences. Conséquences quand même très graves. Je tiens à préciser que normalement, ce n'est pas censé se passer comme ça. Voilà, la faute n'a pas de chance, la vie a fait que. Mais elle a fait une sleeve gastrectomie. Pardon, une sleeve. Disons une sleeve qui est en fait une opération. qui va permettre de couper les deux tiers de l'estomac. Donc quand vous avez deux tiers de l'estomac en moins, vous avez moins faim et donc vous mangez moins et donc vous perdez du poids. Elle a réalisé cette opération quand elle avait 23 ans et en tout cas cette opération de la slive lui a permis de perdre 80 kg. Le problème, parce qu'il y a quand même un problème dans cette histoire, c'est qu'il y a eu des conséquences très très graves, cette personne a fini en tétraplégie. A cause de l'opération, alors, c'était une tétraplégie temporaire, elle a encore des séquelles, etc. Bon, voilà, c'est pas totalement, totalement rétabli, à 100% de ses capacités, mais, effectivement, après l'opération, elle a dû être réopérée. Je vous donne pas les détails, etc., parce que ça demande énormément de temps, et je préfère aller dans... droite au but, elle a été réopérée, et en fait, l'état dans lequel elle a été réopérée n'était pas bon, n'était pas bon du tout, elle n'était pas, comment dire, elle n'a pas pris de vitamines, elle était dans un état où elle vomissait, donc elle était complètement déshydratée. Il y a eu une accumulation de facteurs qui ont fait que la deuxième opération s'est passée très très mal, et qu'au réveil, elle s'est retrouvée sans ses jambes. Sans ses jambes et avec la vue en moins, parce que je me souviens très bien d'avoir reçu un vocal, un vocal, je m'en souviendrai, c'était un vocal où elle était affolée, où elle me disait qu'elle ne voyait pas l'écran et qu'elle m'envoyait un message pour m'expliquer la situation et qu'elle ne sentait plus ses jambes, que ses jambes ne bougeaient plus. En fait, je vous laisse imaginer un petit peu l'état dans lequel vous pouvez être à ce moment-là, c'est-à-dire que votre vie, vous n'en pouvez plus. votre émotion Votre poids vous handicap, votre mobilité est très réduite, vous vivez constamment essoufflé, vous êtes inconfortable dans votre peau, vous n'aimez pas votre reflet, vous n'aimez pas en fait ce que vous représentez. Vous décidez de sauter le pas de la slive après avoir vu des psychologues etc. donc vous faites quand même une opération qui est importante, c'est pas rien, en plus de ça c'est... Une fois que c'est fait, c'est fait. Quand on coupe l'estomac, ça ne repousse pas. Donc voilà, c'est quand même une grosse opération qui est faite. Comme je vous disais, normalement, il n'y a pas de conséquences parce que c'est quelque chose qui est régulier. C'est un peu comme les dents de sagesse. On en fait régulièrement à des gens. Donc c'est censé être une opération plutôt commune. Mais vous faites cette opération-là en vous disant ma vie va changer. Ça y est, là, c'est bon, je vois le bout du tunnel. Après cette opération-là, je vais perdre tout mon poids et je vais revivre. Et je me souviens qu'elle me disait, ouais, j'ai trop hâte qu'on aille faire les magasins ensemble, j'ai trop hâte qu'on s'achète des trucs, qu'on aille faire du shopping, des trucs bêtes, c'est des trucs, on n'y pense pas quand on n'est pas dans cet état-là de détresse avec soi-même. Mais je me revois, en fait, à ce moment-là, quand elle me dit ça. Et elle fait cette opération, et alors, ouais, ça lui a changé la vie, mягques. quel prix en fait. Parce que quand on se réveille et qu'on a plus ses jambes, je pense qu'il y a moyen de frôler un peu la folie quand même. Elle m'a envoyé une photo de ses jambes. Voilà. Le lendemain ou je crois le surlendemain de l'opération, j'étais choquée. Je crois que je n'ai jamais vu des jambes comme ça. Sa peau, elle était blanche, laiteuse. On voyait toutes ses veines. En fait, on aurait dit les jambes d'une personne morte. Je vous assure que c'est vrai. Et ça m'a choquée, ça m'a déroutée quoi. Et moi, j'étais dégoûtée parce que je me suis dit, purée, mais c'est pas possible, la pauvre, en fait, elle fait une opération qui est censée lui changer la vie, ah ouais, ça lui a changé la vie, ah ouais, bah super, elle est devenue tétraplégique, quoi. Et en plus de ça, elle voit rien, enfin, en fait, à un moment donné, c'est pas possible. Donc là, actuellement, ça va mieux, elle est passée par plusieurs mois de rééducation, vous savez, elle s'est faite soulever, là, par les machines qui sont accrochées au mur pour réapprendre à marcher, enfin, ça a duré des mois. Elle a fait preuve d'une force mentale, je peux vous assurer qu'il n'y en a pas beaucoup qui ont une force mentale comme ça. Et donc je sais que tu passeras par là et que tu écouteras cet épisode, donc je te le dis, franchement je suis fière de toi. Et tu peux être fière de toi aussi. Et ça a été un long parcours pour se remettre bien comme il faut, pour retrouver son corps. C'est terrible parce qu'elle quitte un corps pour en retrouver un nouveau, qui est déjà en train de faire des dingueries, qui est déjà en train de dérailler quoi en fait. Donc ouais. Ça a été un long chemin jusqu'à ce qu'elle puisse sortir, être en fauteuil, réapprendre à marcher, à faire quelques pas, puis à marcher un petit peu plus, etc. J'en dirai pas plus parce que c'est ultra personnel, mais il y a des choses qui sont en cours. Parce que c'est pas normal en fait d'opérer les gens dans ces états-là. Mais je ne rentrerai pas dans le sujet. Mais voilà. Il faut savoir également que sa situation, juste après la deuxième opération, a été également handicapante, puisqu'elle a perdu des chances d'avoir un travail normalement, son permis de conduire. Quand on est en fauteuil et qu'il y a des choses qui changent, il faut réaménager la maison. Je ne sais pas si vous vous rendez compte, mais c'est énormément de bouleversements. Mais en tout cas, le step a été franchi et elle a perdu énormément de poids. énormément de poids, ça aussi ça m'a fait très bizarre parce que j'étais heureuse pour elle parce que je sais que c'est un gros step mais ça m'a fait tellement bizarre parce que je sais pas si vous avez déjà eu ce truc de vous connaissez quelqu'un qui a un certain poids qui est dans une situation physique voilà peut-être en obésité je sais pas enfin voilà qui pèse un certain poids et cette personne perd ce poids. Bah c'est très étrange parce que j'étais partagée entre je suis super contente bien évidemment je suis super contente pour elle c'est incroyable et tout Mais d'un autre côté, j'étais en mode, mais qui es-tu ? Queen, qui es-tu ? Donc ouais, c'était très étrange au départ. Après, on s'y fait forcément, mais ouais. Donc, en vous ayant dit tout ça, vous vous doutez bien que dans toute cette histoire de TCA, d'hyperphagie boulimique et de perte de confiance en soi, il y a un énorme rapport avec le regard des autres. Et quand elle m'a parlé de ça, du fait de... Voilà, de devoir se confronter au regard des autres, ça a été quand même quelque chose d'assez fort, je trouve, dans le témoignage, puisqu'elle me dit que ces crises d'hyperphagie, de toute manière, elle le faisait toujours seule. Et elle emploie une expression qui, selon moi, est très importante, parce qu'elle dit « je mangeais mes émotions » . Et c'est fou comme les personnes qui souffrent, parce que c'est une vraie souffrance. Les personnes qui souffrent de TCA n'arrivent pas à gérer ces émotions-là, n'arrivent pas à les extérioriser. Et moi, j'ai vraiment essayé de m'imager ça. D'imager ça avec une grande table, avec plein d'assiettes, et toutes les émotions dans les assiettes, la joie, la peur, la tristesse, la colère, enfin peu importe, le stress, l'appréhension, tous les sentiments. Dès qu'il y a un truc qui ne va pas vous manger, imaginez ça en fait dans une vie. À chaque fois que vous ressentez quelque chose, parce que voilà, l'être humain est un être sensible, on ressent des choses tout le temps, à chaque fois qu'il y a quelque chose qui monte en vous. Vous mangez. En fait, les quantités, c'est astronomique. Et elle m'explique que c'est un cercle vicieux en plus, parce que plus elle mange, plus elle est en colère. Et quand elle est en colère, elle fait quoi ? Eh ben, elle mange. Donc c'est vraiment affreux. Et elle se cache. Ça, c'est un truc qui revient souvent. Elle se cache des autres. Elle s'est cachée de moi. Moi, je vous dis, je l'ai connue comme ça et je ne l'ai jamais vue faire de crise. Elle s'est cachée également de son chéri. Quand il allait au travail, en fait, elle m'explique qu'elle mange et qu'elle mange et qu'elle mange et qu'elle mange et qu'elle a tellement honte de lui dire le soir venu qu'elle mange le repas du soir comme si elle avait faim, alors que pas du tout, parce que dans la journée, elle a mangé beaucoup de choses, en fait, et qu'il n'y a plus de place dans son estomac. Mais elle va le faire quand même par honte. Et moi, ça me rend très, très triste, en fait. Triste parce que moi, qui ai une relation saine, en fait, avec la nourriture, pour moi, manger, au-delà du fait que ce soit vital parce qu'il faut manger pour vivre... C'est un bonheur, c'est un plaisir quand je fais à manger, que ce soit de la bouffe saine que j'adore, ou un burger, ou une pizza, ou un truc gras que j'ai envie de m'exploser quand j'ai la flemme, je prends plaisir à faire ça. C'est trop bon de manger, manger c'est la vie, il y a tellement de goût, il y a tellement de choses à tester. Et vraiment, la nourriture c'est plaisir, et en fait quand la nourriture devient autre chose que le plaisir, qu'elle devient un refuge, qu'elle devient quelque chose qui vous... persécute mentalement, et c'est horrible en fait. Et en plus de ça, comme elle dit, c'est quelque chose qui est envahissant, parce que manger, ça fait partie de la vie, ça veut dire que c'est là tout le temps. Et c'est pas seulement le repas du matin, le repas du midi et le repas du soir, c'est les petits encas entre deux, c'est... Voilà, quand vous allez faire vos courses, tout ce qui est en rapport avec l'alimentation devient problématique. Donc, en termes de conséquences, on a l'obésité, voilà, la prise de poids qui est inévitable. S'il n'y a pas de vomissement derrière, enfin je ne sais pas trop comment ça fonctionne, mais en tout cas dans son cas, il n'y avait pas de vomissement, donc la prise de poids a été rapide. Un corps qui ne ressent plus la satiété, c'est-à-dire qu'à la fin, mais en continu, parce que plus on mange, plus on a faim, voilà, c'est comme ça. Un cerveau qui ne sait plus faire la part des choses, entre avoir faim et avoir envie de manger, ou un moral bas, voilà, qui est dans les chaussettes, et voilà, on ne sait plus. En fait, à ce moment-là, elle ne sait plus. Sa relation, elle est complètement biaisée avec la nourriture. Heureusement, et c'est comme ça qu'elle termine aussi son témoignage, c'est une personne qui a été très très bien entourée. C'est une personne qui a toujours eu avec elle des gens qui ont essayé de comprendre, qui ne la jugeaient pas. D'ailleurs, elle a mis un petit message. J'ai vu ton message pour moi, dans ton témoignage. Elle explique qu'avec moi, elle s'est sentie en confiance. Ça me touche énormément, parce qu'effectivement, je ne l'ai jamais jugée et je ne la jugerai jamais. Moi, je vous ai dit, je l'ai rencontrée comme ça, cette personne, je l'ai aimée comme ça, elle est rentrée dans ma vie comme ça. Et voilà, c'est une personne incroyable. Ah là là. Et du coup, voilà, elle a été bien entourée. Elle a un chéri qui est là, qui est présent, qui est solide, qui la soutient et qui lâche rien aussi. Donc voilà, c'est ça aussi qui l'aide à remonter la pente et je suis heureuse qu'elle ait cet environnement autour d'elle. donc comme je vous ai dit C'est comme ça qu'elle a terminé son témoignage et c'est comme ça qu'on va terminer cet épisode. C'est un extrait en fait de sa vie, dites-vous bien que ce que je vous ai lu là, les petits passages anecdotiques, c'est vraiment 2% de ce qu'elle a vécu dans sa vie avec des TCA et c'est pas grand chose à côté de ce que la réalité est en fait. et c'est pour ça et j'aimerais aussi faire de la prévention. sur la façon dont on regarde les gens. Quand on voit une personne grosse, quand on voit une personne maigre, quand on voit une personne manger d'une certaine manière etc qui nous paraît pas normal avant de se dire oula mais elle est bizarre cette personne oulala mais pourquoi elle mange et tout cette personne là t'as vu comment elle est elle devrait arrêter non. En fait posez vous les bonnes questions parce que ces personnes là peuvent souffrir de ce genre de situation voilà et votre comportement tout ce que vous allez dire Ça va être réceptionné et ça va faire mal. Donc j'aimerais aussi que les gens, avec cet épisode, conscientisent ça parce que c'est super important, notre façon de voir les choses, notre façon de dire les choses, notre façon de transmettre des choses à d'autres personnes. C'est super important. La communication, c'est quand même la base de la vie en société et je pense que notre regard, il faut qu'il change. Il faut un petit peu plus de tolérance avec ce qu'il y a autour de nous. Et je vais finir, parce que voilà, mais je viens de me rappeler d'une anecdote, et tu vas certainement t'en souvenir toi aussi. On était devant un fast-food, on s'apprêtait à manger dans un fast-food, parce que j'avais envie de manger un fast-food, et j'avais envie qu'elle mangeait avec moi, qu'on se fasse plaisir, quoi, parce qu'on avait eu une journée de merde, et je lui dis, bon bah on y va, elle me dit, est-ce qu'on peut manger dans la voiture ? Et je lui dis à ce moment-là, mais pourquoi tu veux manger dans la voiture, étant donné qu'il y a des tables dans ce fast-food ? On va pas manger dans la voiture ? Et trop innocente, vraiment, dans ma réponse, j'étais persuadée que je ne voyais pas l'intérêt de manger dans la voiture. Et elle me dit, mais en fait, j'ai peur que les gens se disent, ah, la grosse qui mange au McDo, typique de la raison pour laquelle elle est en surpoids, elle est en obésité. Et en fait, je me suis rendue compte que vraiment, notre nous, enfin, les gens, je dis nous, je parle des gens qui n'ont pas de soucis et qui ont plutôt une santé correcte. Quand on est face à ces personnes-là, qui savent ce qu'elles représentent. Ces personnes-là sont au courant du poids qu'elles pèsent, elles le portent tous les jours, c'est une difficulté, c'est une souffrance. Et je parle des personnes grosses, mais je parle aussi des personnes qui peuvent être maigres et qui souffrent aussi de leur maigreur parce qu'elles se font juger, parce qu'aujourd'hui la mode c'est d'avoir des formes, être comme Kim Kardashian ou Kylie Jenner, enfin vous voyez ce que je veux dire ? Peu importe la morphologie de la personne, nous on a un rôle en fait. en tant que personnes environnantes. Donc je trouvais ça important de le dire, et j'espère qu'on pourra le conscientiser. Et je tiens aussi à rappeler que les transports en commun, les espaces publics, en fait, ne sont pas faits et ne sont surtout pas adaptés pour les personnes en situation d'obésité. Voilà, c'est pas adapté, que ce soit les avions, les bus, les trams, c'est quand même très mal foutu. Et les gens diront, bah oui, ils ont qu'à pas être gros, ces gens-là, ils vont bien aller se faire foutre. parce que c'est qu'ils n'ont rien compris. Je ne vais pas m'énerver. Je ne vais pas m'énerver. Donc voilà, c'est comme ça que je voulais finir cet épisode parce que sur un petit message de prévention. J'espère que cet épisode vous aura plu. C'est un format qui est un peu différent, mais je trouvais ça très intéressant parce qu'on est vraiment dans le partage, pour le coup, un peu plus long que les autres, mais c'était pour la bonne cause. Et je tiens encore une fois à remercier la personne qui nous a donné son témoignage. Un grand, grand merci. Et je vous fais des gros bisous. Je vous souhaite une très belle journée, une très belle soirée. Peu importe où vous êtes, je vous envoie full énergie, full love. Et on se dit à très, très bientôt. Bisous !