- Speaker #0
Salut, moi c'est Alex, passionné de concerts et de festivals. Dans mon podcast Backstage, je vous dévoile les coulisses de l'industrie musicale. J'interview les amateurs et professionnels qui ont concilié leur activité avec leur passion. Bonne écoute ! Salut ! Aujourd'hui, un format un tout petit peu différent, plus court, puisque cette interview de DJ Pompompom, je l'ai réalisée dans les coulisses du Sucre, juste après son DJ set. DJ Pompompom, on a fait la même école d'ingénieur. Pas aux mêmes années, mais on s'est connus via des amis en commun. et j'étais fasciné par le fait qu'elle se soit vraiment reconvertie dans la musique et qu'elle ait quitté le monde du travail conventionnel. Je vous souhaite une bonne écoute. T'as kiffé du coup ce soir ?
- Speaker #1
Ouais, grave. C'était la première fois au sucre. C'est trop bien. C'est un peu bizarre parce que t'as le spot dans les yeux, du coup tu vois pas trop les gens, et j'ai pas trop l'habitude. Ça m'arrive parfois sur certaines scènes d'avoir un spot, mais là c'était très sombre avec juste le spot. Donc ça faisait un peu stressant.
- Speaker #0
Tu voyais le public ?
- Speaker #1
Les deux premiers rangs, pas le reste. Ok. Genre, tu vois qu'il y a des gens, parce qu'il y avait un spot qui bougeait. Donc, des fois, tu vois qu'il y a des gens, mais tu ne vois pas les gens en général.
- Speaker #0
Comment t'en es arrivé, du coup, à mixer au sucre ? C'est quoi la jeunesse de l'histoire ?
- Speaker #1
J'ai reçu un mail. Ok. Avec marqué Dispo DJ Pompompom Je me suis dit, mais ce n'est pas ce mail. En plus, je crois qu'il est arrivé dans mes spams. Mais je regarde mes spams tous les jours parce que j'ai peur des trucs qui tombent dans les spams. C'est ma plus grande peur. Et du coup, dans le mail, ça disait Salut, on t'a entendu quelques... Enfin, je ne sais plus où. On t'a déjà entendu, on a entendu ce que tu fais. On pense que ça irait bien à cette soirée, à ce que tu es dispo. Et j'étais en mode Euh, au sucre ? Ouais. Et du coup, ça fait encore plus de bien de savoir que la personne t'a écouté.
- Speaker #0
Ouais. On va revenir un peu sur tes débuts.
- Speaker #1
Ouais.
- Speaker #0
Je vais te demander de te présenter.
- Speaker #1
Ok. Alors du coup, je suis Didier Pompompom, je suis Didier Marseillaise, j'habite actuellement à Lyon, et j'ai commencé à mixer à Saint-Etienne quand j'étais étudiante. Ok. Pour la petite histoire, je faisais partie d'une asso, asso LGBT de la ville de Saint-Etienne, et on se rendait compte qu'en fait, dans nos soirées, c'était tout le temps le même public qui venait, et on s'est dit, c'est peut-être la musique qui ne plaît pas trop. Parce qu'on avait un DJ et du coup il ramenait les gens qui l'aiment bien. Enfin c'est logique, qui aiment ce style de musique. Et du coup j'ai dit je veux bien essayer. Et donc au début j'ai juste pris Spotify. Et les gens ont kiffé juste ma sélection sur Spotify. Et du coup je me suis dit j'ai envie d'apprendre. Et en même temps que mes études, j'ai commencé comme ça. Donc au début c'est dans l'assaut et quelqu'un m'a entendu à une soirée de l'assaut. Et j'ai continué, continué, continué. Et au bout d'un moment c'est une graine qui est restée en moi. En fait, je suis trop bien quand je suis là sur scène et j'ai envie de continuer. Et là, ça fait cinq ans que je fais ça. Et maintenant, je ne fais que ça.
- Speaker #0
Génial. Moi, je le sais. Mais du coup, tu faisais quoi comme étude ?
- Speaker #1
Là, je suis actuellement diplômée ingénieure en électronique et télécommunication. Voilà, c'est très drôle parce que si on me demande ce que je ferais dans mon métier, ce que j'ai pu faire, je ne sais pas. Voilà. Si jamais j'ai envie d'arrêter le DJ, je pense que je ne reprends plus ce métier. En fait, j'ai tout oublié du métier. J'étais ingénieure à l'école de Télécom Saint-Etienne. Et là, je suis juste DJ.
- Speaker #0
Tu n'as pas eu le temps de travailler en tant qu'ingénieure ?
- Speaker #1
Si, j'ai travaillé un an. Mais du coup, j'étais dans le consulting. Du coup, c'était très varié. Je faisais de tout. Du coup, je n'ai jamais vraiment fait d'électronique, jamais vraiment fait de la télécom, rien du tout. J'ai travaillé un an et en même temps que je travaillais, du coup, j'étais déjà DJ. Donc, je faisais, je mixais déjà à des soirées, à des festivals. Je faisais ça le week-end à côté. J'étais épuisée le lundi au bureau. Je n'aimais pas du tout. En fait, juste le principe d'être dans un bureau pendant 40 heures, je ne pouvais pas. Et quand tu as les deux à côté, c'est-à-dire qu'un côté, tu es sur une grosse scène et le lundi, tu reviens et tu dois répondre à des clients. Je crois que ton... Tu peux plus, en fait. C'est pas possible, ça marche pas.
- Speaker #0
Ouais, c'est clair.
- Speaker #1
Ouais.
- Speaker #0
Et à quel moment tu t'es dit, vas-y, je fais ça à fond ?
- Speaker #1
Bah, en fait, je me suis pas dit ça directement. C'est-à-dire qu'au début, je faisais ça à côté, en mode, c'est ma passion. Une passion qui pourrait me faire vivre parce que je gagne des sous avec. Trop bien, voilà. Et j'avais des patrons super cools qui se sont rendus compte que j'étais pas heureuse au travail. Et ils m'ont dit, bah, en fait, on te propose une rupture conventionnelle. Parce que, bah... Ça se voit que t'es pas heureuse et en même temps, ben, tu travailles pas bien. Ils l'ont dit pas avec ces mots-là, mais c'est ça qu'ils voulaient dire. Et ils m'ont dit, on peut t'aider à trouver ta voie, parce que peut-être c'est pas ce que tu veux faire et tout. Ils ont été super sympas. Et ils m'ont dit, on te laisse réfléchir et dis-nous en fait, toi, où est-ce que tu te vois ? Et là, je me suis vue sur scène en fait. Quand ils m'ont dit ça, je me suis dit, mais en fait, ouais, je peux genre trouver un autre métier d'ingénieur. Je sais pas, il y a tellement de trucs qu'on peut faire en étant ingénieur. Je peux faire autre chose, mais j'ai pas envie. Moi, je me vends en train de mixer tout le temps, en apprendre plus et tout. Et du coup, j'étais au chômage et je me suis dit, on m'a parlé de l'intermittence, et je me suis dit, je me donne toute la période de chômage pour réussir à devenir intermittente. Si je n'y arrive pas, je retourne au métier de l'ingénieur ou je fais autre chose. Et j'ai réussi. Du coup, là, je suis intermittente.
- Speaker #0
Excellent. Comment ça se passe, tu t'apprends à mixer à Saint-Etienne, tu fais quelques soirées. Vas-y, je vais devenir intermittente. C'est quoi les enjeux du coup de devenir intermittente ?
- Speaker #1
C'est dur. En fait, du coup, pour venir faire un petit résumé, l'intermittence, tu demandes l'intermittence et il faut que tu aies fait un certain nombre de dates avant. Donc, comment dire, Pôle emploi va regarder sur un an avant. Et du coup, l'idée, c'est que moi, je me suis mis un peu la pression, entre guillemets, de me dire, comme j'ai envie que ce soit mon rêve, mais en même temps, je ne peux pas vivre d'amour et d'eau fraîche. Il me faut un truc, il me faut un salaire, parce que parfois, ça ne paye pas. Parfois, ça paye un peu, mais quand tu fais le compte à la fin du mois, tu ne peux pas. Tu payes juste ton loyer et après, tu sers les comptes. Et du coup, j'étais en train de... Je disais à tous les horaires, parce que je suis toute seule à gérer mes contrats. Je disais à tous les horaires, c'est soit vous me faites un cachet d'intermittence, soit je ne viens pas. Et en fait, il y a des gens qui m'ont aidé à trouver des solutions. Par exemple, ils ne pouvaient pas faire de cachet et on m'a cherché des solutions. On ne pouvait pas faire un cachet, comment on peut le faire, etc. Et du coup, avec ça, j'ai galéré et je l'ai eu de peu l'intermittence. C'est-à-dire qu'il faut 507 heures sur l'année précédente. J'ai fait 507 heures.
- Speaker #0
Les vieilles commandes, c'est quoi ? Ça veut dire que tu as mixé 107 heures ?
- Speaker #1
C'est un peu différent. C'est parce qu'en fait, quand on est DJ, on fait un contrat. On appelle ça un cachet. Et un cachet, ça équivaut à 12 heures. Donc même si j'ai mixé 2 heures, si on me fait un cachet, c'est 12. Du coup, en équivalent, ça fait qu'il faut faire 40 et quelques cachets.
- Speaker #0
Donc t'as trouvé 40 dates où mixer ? C'est ça. Et comment tu cherches tes premières dates ? Les gens te contactent ou c'est toi qui vas chercher ?
- Speaker #1
Alors au tout début, quand c'était juste une passion, je cherchais pas, j'avais pas de pression et tout. Donc quelqu'un m'a vu à telle soirée, m'a dit Ah, j'organise une soirée, je reçois un mail Du coup, ma première année, j'ai fait des dates, j'étais en mode Mais comment je suis arrivée là ? J'ai mixé à la Pride de Genève. Ça faisait 4 mois que je mixais, juste parce qu'en fait il y avait une programmatrice à cet événement qui était venue à un événement. Je me suis dit Waouh ! J'ai aussi fait des tremplins, et du coup je me suis retrouvée à Afropunk, un gros festival dont j'étais fan, alors que ça faisait 4 mois que je mixais aussi. Donc au tout début c'était ça, c'était juste des trucs de coïncidences de gens qui aiment bien ce que je fais. Puis ça aide aussi à se dire ce que je fais c'est cool, parce que les gens ils t'appellent, t'as pas besoin de les chercher Du coup niveau confiance, ça booste. Et là, maintenant, par contre, comme je veux vraiment me professionnaliser, je veux vraiment qu'on me connaisse, que les gens disent, voilà, DJ Pompompomp, c'est ça. Je cherche des dates, je cherche des lieux, j'envoie des mails, je demande à des gens. Par exemple, quelqu'un a mixé, je dis, t'as mixé à tel endroit, est-ce que je peux avoir le contact, machin ? Enfin, quand je me sens proche un peu des personnes aussi, parce que des fois, ça peut être délicat de demander ça, mais des DJs dont je me sens proche, je peux leur demander des... programmatrices que je connais, je peux leur dire est-ce que tu aurais besoin d'une DJ ? Puis j'envoie, je mets beaucoup mes sets en ligne pour que les gens écoutent. Donc voilà. Maintenant, c'est ça. Maintenant, je cherche beaucoup.
- Speaker #0
Et tu fais tout toute seule ? T'as pas de manager ? Toute seule.
- Speaker #1
C'est dur. C'est très dur.
- Speaker #0
C'est énorme, t'es allée chercher tout ce que t'as fait comme date, que t'as gagné pour l'instant de scène, c'est toi qui es allée le chercher.
- Speaker #1
ouais c'est mon nom donc là le sucre du coup c'est qu'on vienne te contacter c'est quand même agréable parce que ça fait plaisir en fait c'est aussi des trucs de confiance en soi parce qu'il y a un truc que j'avais quand j'étais ingénieur et c'est un truc où je me suis dit ok je vais vraiment être DJ c'est quand j'étais ingénieur je doutais de tout ce que je faisais j'écrivais un mail à un client j'étais en mode il y a un problème je fais mal mon travail etc j'avais une sorte d'anxiété là en fait comme les gens ils viennent me chercher je suis en mode... Ils ont vu qu'ils faisaient quelque chose que j'ai fait, ils viennent pas me chercher pour rien. Des fois j'ai un petit doute quand même. Enfin des fois y'a un petit... C'est l'anxiété elle est toujours là quoi. Surtout quand tu te dis, ben, il y a un truc de, je suis quand même une minorité, donc des fois j'ai peur d'être le quota de la soirée.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
Et...
- Speaker #0
Comme si c'était le résultat de la discrimination positive.
- Speaker #1
Exactement, des fois c'est un truc qui me fait peur, c'est de me dire... En fait, c'est pas grave s'ils se disent, on a besoin d'une femme, on a besoin d'une personne noire, on a besoin d'une personne LGBT, on appelle les épomes, pom, pom, pom. En soi c'est pas grave, à partir du moment où les gens ils ont écouté ce que je fais, et qu'ils se disent, c'est une femme et on aime ce qu'elle fait, tu vois. Du coup, c'est cette nuance-là. Parce que ça m'est arrivé d'arriver dans des lieux où on m'avait contactée et que tu te rends compte que les gens, ils sont en mode, pourquoi elle fait ça ? Enfin, en mode, tu as l'impression que la musique, elle ne colle pas avec leur direction artistique, avec le lieu. Et du coup, tu te dis, moi, j'ai un sentiment de malaise. Je me dis, pourquoi vous n'avez pas écouté ? Et souvent, ça m'énerve. Je crois que ça fait partie de ce qui m'énerve le plus au monde. Quand j'ai l'impression que les organes n'ont pas écouté ce que je fais. Genre, je fais des efforts. Je poste tout sur les réseaux, il y a tout qui est disponible, donc écoute pour savoir avant de me booker. Donc c'est juste ça, c'est vraiment de me dire, à partir du moment où j'ai l'impression que j'ai été écouté, je crois que j'ai grave confiance. Là je suis arrivé au sucre avec la confiance en me disant, ils savent les styles musicaux que je joue, ils m'ont appelé pour ça.
- Speaker #0
Ok, c'est ouf comme partage tu vois. Ouais. Il y a un moment où il y a un malaise. Tu sens que les gens, ils ont peut-être pas booké pour les bonnes raisons ou quoi. C'est ça. Mais il y a un juste milieu et de la nuance.
- Speaker #1
Ouais, c'est ça. C'est de se dire, bah, en fait, c'est normal. Oui, c'est normal, en fait, parce qu'il y a tellement peu de femmes qui sont représentées dans la musique électronique. Je me dis, c'est normal qu'ils se mettent à chercher à se dire, il nous faut une femme. OK, OK. Juste écoutez les femmes que vous avez envie de booker. Parce que je pense que c'est aussi du manque de respect aussi. D'appeler un professionnel. mais de pas savoir ce que fait ce professionnel, enfin y'a un truc où ça va pas.
- Speaker #0
Y'a aucun autre milieu où ça passe.
- Speaker #1
Ouais, c'est vrai ça. Non mais je...
- Speaker #0
Pour moi ce serait différent pour les DJs. Ouais,
- Speaker #1
de dire Oh t'as appelé mais on sait pas ce que tu fais.
- Speaker #0
Justement, tu disais tout à l'heure, t'as démarré en rejoignant la soie LGBT à Synthé. Ouais. Pour toi, quelle place ça prend la représentation dans ta manière de mixer et de gérer ta carrière ?
- Speaker #1
J'aime bien cette question parce que du coup c'est très important pour moi. Parce que, en fait, je m'imagine moi il y a 10 ans, moi il y a 5 ans, j'évolue tout le temps et à chaque fois je me dis c'est dommage, je ne me vois pas en fait dans les représentations. Quand j'étais petite, j'allumais la télé, je ne voyais pas une femme comme moi. Du coup c'est un truc, c'est pareil avec tous les métiers où on est sous-représenté. C'est un truc où tu te demandes en fait est-ce que j'ai ma place là-dedans ? Et du coup je me dis vu que j'ai cette confiance que j'ai acquise au fur et à mesure de mes années d'expérience, j'ai envie qu'en fait d'autres potentiels DJ ou DJ actuels ou même juste artistes en général aient cette confiance et se disent en me voyant sur scène, se disent ah c'est possible ! Ou juste ah c'est trop cool en fait ce qu'elle fait ! Et on me l'a déjà dit et c'était vraiment des frissons, j'étais trop contente !
- Speaker #0
C'est génial ! tu représentes,
- Speaker #1
t'inspires des gens ça fait trop plaisir surtout que j'ai l'impression de pas faire grand chose juste je fais ma passion et les gens ils me disent c'est incroyable ce que tu fais mais j'ai juste appuyé sur trois boutons enfin je vais pas dire ça parce que les gens ils vont dire les budgets ne font rien ouais voilà mais c'est peut-être les moments un peu d'humilité où tu te dis bah les gens ils te mettent sur un piédestal ils sont heureux et du coup d'essayer de comprendre pourquoi ça et souvent c'est parce que on est pas Les gens m'ont déjà dit, j'ai jamais vu de DJ fan. Comment c'est possible ? Comment tu n'en as jamais vu de ta vie ? Et du coup, je suis là en mode, bah voilà, je suis là. Ça fait plaisir, quoi.
- Speaker #0
Comment t'es passée de, je sais pas, des playlists Spotify à, vas-y, je vais me lancer sur des platines.
- Speaker #1
Alors, déjà, c'est super frustrant de, comment dire ? T'imagines des trucs, t'as une créativité dans ta tête, mais t'as pas les outils pour le faire parce que Spotify, y'a pas. Et donc c'est déjà le truc de me dire, bon bah, je vais faire quoi, etc. Et y'a aussi le truc, c'est que moi, la raison pour laquelle je voulais devenir ingénieure, c'est que je voulais créer des robots. Je voulais fabriquer des trucs dans ma vie. Quand j'étais petite, j'étais en mode, je vais faire un robot ! Et du coup, tout ce qui est machine, ça me fascine. C'est-à-dire que là, on pourrait s'arrêter de parler, et je te parle juste de toutes les évolutions des platines qui existent. Parce que je suis fan. Genre, du coup, c'était juste un truc de... Dans l'école d'ingénieur au VT, il y avait un gars qui mixait pour les soirées du BDE et j'étais au BDE, du coup je lui ai demandé est-ce que je peux t'emprunter tes platines ? Il m'a dit ouais. Je lui ai dit par contre j'y connais rien, il m'a dit si tu veux je peux te montrer. Je me play là, maçin, maçin et en fait j'ai ramené les platines chez moi et je passais mes nuits dessus. Vraiment en essayant de comprendre comment ça marche et tout. C'est juste comme ça en fait, je crois que c'est ma curiosité du matériel. Et du coup, je crois que je n'avais pas conscience si ça pouvait faire peur, entre guillemets. Des fois, on a peur. Je donne aussi des ateliers. Et du coup, je vois avec les personnes qui ont envie d'apprendre qu'elles ont peur en voyant la grosse machine, le gros truc. Moi, j'étais juste en mode, wow, plein de boutons. J'appuie sur tous les boutons. Et bon, ça fait des trucs nuls. Mais j'étais trop contente d'apprendre ce truc. Du coup, je l'ai appris un peu toute seule et avec des tutos YouTube et tout.
- Speaker #0
Ok. En pur autodidacte ? Ouais. T'as mis combien de temps à apprendre et à dire vas-y je me lance le mix pour la première fois en public ?
- Speaker #1
Bah en fait j'étais un peu mis sur le fait accompli. C'est-à-dire que j'ai fait la première soirée Spotify, et ça c'était en janvier je crois, et il y avait une soirée de l'assaut qui était prévue en février, deux semaines après. Du coup deux semaines. C'est parti. Deux semaines, j'étais là en mode OK. Après je faisais des trucs vraiment basiques, c'est juste le truc de... J'attends que la musique se finisse et puis je faisais pas vraiment des trucs très créatifs parce que j'étais un peu pris par le temps quoi. Mais en deux semaines j'ai fait ma première soirée. Ma première soirée sur des platines je veux dire.
- Speaker #0
Ouais. C'est bien de te jeter dans le bain mais...
- Speaker #1
Bah en fait je crois que j'ai pas rien à l'idée ou j'ai pas... Juste on m'a dit tu veux venir ici ? Je fais ok.
- Speaker #0
C'était avec l'asso à Saint-Pierre ?
- Speaker #1
Ouais c'était avec cette asso là en fait. C'était une soirée qu'on organisait à chaque fois. En fait je pense que c'est ça qui fait que j'ai confiance et que... Au début, je m'en foutais parce que je ne réalisais pas. Juste un mode, on me dit, est-ce que tu veux mettre ? Je dis oui. Puis on me dit, on aime bien ce que tu fais. Je dis, ah, c'est cool. Vous aimez mes go musicaux. Du coup, c'était vraiment ça. Tu avances, tu avances, tu avances. Sans te rendre compte que dans cinq ans, en fait, ce sera ton métier. Je pense qu'il y a des gens qui ont cette pression-là parce que c'est leur rêve. C'est un truc, comment dire ? C'est un truc où ils se mettent la pression. Je pense que c'est ça. Comme je n'avais pas de pression, Bah, j'étais là...
- Speaker #0
Ça date d'il y a 5 ans, ouais.
- Speaker #1
Ouais, c'était en 2019.
- Speaker #0
Ouais, c'est pas nouveau non plus.
- Speaker #1
Non.
- Speaker #0
Et du coup, t'as démarré l'intermittence. Quand est-ce que t'as commencé à enlever des contrées ?
- Speaker #1
Bah, je suis intermittente depuis avril.
- Speaker #0
Ok, donc pendant 5 ans, c'était un hobby au sens où tu gagnais pas d'argent avec ça.
- Speaker #1
Je gagnais de l'argent, mais je faisais 20-50. C'est-à-dire, on me faisait des contrats... Pas des contrats !
- Speaker #0
Il est en dessous. On me payait... Tu payais combien sur une date ?
- Speaker #1
Ça dépend. Alors moi, on m'avait dit, du coup, quand on débute, c'est bien 100 euros pour une heure de set.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
Et donc, je suis partie là-dessus. Je demandais ça. Il y a des lieux où ça passe, des lieux où ça ne passe pas. Et au fur et à mesure, je comprends aussi pourquoi. Parce qu'on commence à comprendre les dessous. Qu'est-ce qu'il y a derrière, etc. Et du coup, maintenant, j'arrive un peu à nuancer ma demande quand on me demande combien je vais être payée.
- Speaker #0
Et ça dépend de quoi ? Des lieux, de la soirée ?
- Speaker #1
Ça dépend parce que du coup, par exemple, ici au Sucre, c'est une entrée qui est payante. Il y a des lieux où l'entrée est gratuite. Il y a des lieux où moi, je suis aussi beaucoup dans des collectifs, des assos. L'entrée est à prix libre. Du coup, il y a des trucs comme ça, où les gens, ils ne peuvent pas me garantir. Là, sur cette question d'argent, maintenant, en fait, je me... Comment dire ? J'essaie de voir un peu à la gentillesse, à la bonne foi de la personne. Dans le sens... Pas gentillesse, pas le bon mot, mais la bonne foi. C'est-à-dire qu'il y a des gens qui vont dire qu'on ne peut pas faire plus. Mais dans la façon dont ils te parlent, dans la façon dont ils s'intéressent avec toi, s'il y a un malaise... Enfin, moi, je ressens un malaise. Comme si, en fait, vous auriez pu très bien faire plus, mais vous n'avez pas envie. Vous avez envie de faire des sous sur moi. Des fois, tu vois, des trucs comme ça. Alors qu'il y a des lieux où ils me disent qu'on ne peut pas faire plus. Mais ils m'aident tout autour pour me mettre à l'aise, pour que je sois bien et que je capte. Et même des lieux qui m'expliquent qu'on ne peut pas faire plus parce qu'on a tant, tant, tant, tant, tant à payer, machin, machin, machin. Donc, c'est ça qu'on peut donner. C'est notre maximum. OK, la soirée me plaît. Ça rentre dans mes valeurs. Vous m'avez expliqué pourquoi vous ne pouvez pas faire plus. OK, ça passe.
- Speaker #0
La transparence.
- Speaker #1
C'est exactement ça, la transparence. Parce qu'il y a des lieux où même... J'ai appris que d'autres DJ qui avaient une plus grosse notoriété sur les réseaux par exemple étaient payés beaucoup plus que moi, mais on ne me l'avait pas dit, en me disant que vous ne pouvez pas faire plus. Alors que, enfin, tu vois, des trucs comme ça que tu apprends après, c'est pas cool ou pas ?
- Speaker #0
Et avant d'être intermittent, du coup, tu t'arrivais déjà à gagner ta vie ou ça ne suffisait pas ?
- Speaker #1
Ça n'aurait pas suffi, j'étais au fromage, du coup.
- Speaker #0
Et tu avais la chance.
- Speaker #1
Ouais, c'est ça la chance. C'est aussi ça qui fait que je me dis, j'ai pas de pression parce que j'ai quand même de quoi vivre. Mais du coup, en fait, quand on t'embauche, ça te fait un cachet, même si tu n'es pas intermittente. Tu peux avoir ce cachet. Du coup, j'étais payée en cachet, même sans être intermittente.
- Speaker #0
OK. Et aujourd'hui, maintenant, c'est ton activité pour te faire.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
OK. Voilà. Quand tu viens au sucre, est-ce que tu prépares un set ou est-ce que c'est au feeling que tu mises ?
- Speaker #1
Les deux, toujours. Pas que au sucre. Dans toutes les soirées où je fais. Alors, ce que je fais, c'est qu'à la maison, quand je m'entraîne, je me lance des défis. Donc par exemple, alors le défi que je préfère c'est je pars d'un style, je dois voyager dans plein de styles musicaux et revenir à ce style. Donc par exemple je fais du reggaeton et ensuite je dois faire, je me dis je vais faire du kuduro, de la froix house, machin machin. Et je dois à la fin revenir sur de la reggaeton. Je n'arrête pas mon entraînement donc je ne suis pas revenue sur du reggaeton. Et je fais ça, ça j'aime bien. Après je m'entraîne sur des techniques etc etc. Et ce qui fait que là en fait ce que je prépare, le seul truc que je prépare c'est le tout début. les premières chansons, etc. Et après, je vois par rapport au public comment il réagit, comment le publier, et après, je m'adapte. Et comme j'ai beaucoup mixé, je peux accrocher dans mes anciens dossiers. Dans ma clé USB, en fait, j'ai les dossiers des dates que j'ai déjà faits et les trucs qui fonctionnent, etc.
- Speaker #0
Oh, cool. C'est quoi la suite pour toi ?
- Speaker #1
Alors, les prochaines dates ou...
- Speaker #0
Ouais, plus... Alors, on peut en parler.
- Speaker #1
Ouais.
- Speaker #0
C'est cool. Et... Mais aussi... Ta vision un peu long terme.
- Speaker #1
Ok, ok. Alors, ma vision long terme. Alors là, je suis arrivée dans un stade où j'ai beaucoup de projets. Et je me dis, c'est le moment de les faire. Donc, dans un premier temps, projet musicaux, j'ai envie de me mettre dans la production. Donc, j'ai déjà commencé, j'ai des petits projets. J'ai déjà sorti des edits, des mashups sur le SoundCloud. Donc c'était un peu mes débuts pour voir un peu si j'arrivais, si je comprenais le logiciel, etc. Et là, j'ai commencé à faire mes premières instruits. Je travaille dessus, quoi. Voilà. Et à côté, j'ai un projet qui me tient beaucoup à cœur. C'est le lancement d'un collectif d'artistes queer et noirs, afroqueer, sur Lyon. Donc on est en train de travailler dessus. On va organiser des soirées pour, en fait, ce dont on parlait, la visibilité. Et en même temps aussi, j'ai toujours été un peu seule, même si j'ai des amis, mais jamais... Quand je veux dire des amis, des amis dans la musique avec qui je travaille, mais je veux dire, je n'ai jamais travaillé en collaboration à 100%. Et du coup, là, c'est l'idée de monter ce projet avec d'autres personnes et qu'on travaille ensemble. Donc c'est en cours pour la rentrée de septembre, normalement. Voilà, c'est ça. C'est les deux trucs qui me prennent le plus de temps.
- Speaker #0
Comment tu qualifierais ta musique du coup ?
- Speaker #1
Ah oui, on a parlé du coup.
- Speaker #0
Est-ce que tu mixes aussi ?
- Speaker #1
Oui. Alors, moi du coup, quand je parle de ma musique, c'est assez compliqué parce que je mixe plein de trucs. Je veux pas rester dans un style et moi, mon objectif, c'est un peu une musique qui me ressemble. C'est la musique qui fait qui je suis. Donc en fait, on part des musiques des années 2000 avec lesquelles j'ai grandi, mais aussi en fait les musiques afro... donc musique capverdienne et alentours et les musiques aussi ce qu'on dit latino donc le reggaeton le dembow de l'autre côté du coup de l'atlantique parce que ben c'est un peu moi ce qui je trouve ce qui fait un peu ma force on a parlé avec des amis récemment c'est le fait que ben moi j'ai grandi en france mais avec une famille qui a une culture d'ailleurs du cap vert du coup ce qui fait que quand j'étais plus jeune ben j'étais un peu on va dire pas complexé mais un truc où je me disais ah mais j'ai pas la même culture que tout le monde on me parlait d'artistes, j'étais en mode on me disait mais tes parents ils écoutent pas ça ? non, on écoute pas ça chez nous, à la maison sans délumigrer, juste moi j'écoute pas ça et en fait là je me rends compte que du coup j'adore partager ça et voir que les gens ils kiffent ça donc au niveau des styles que je peux citer c'est vraiment donc au Cap Vert on a la Kizomba, le Kuduro Et les musiques latino, donc le reggaeton, le dembow, et ses autres styles, le baile funk aussi. Et voilà, ça c'est les styles que j'imagine le plus.
- Speaker #0
Trop chouette. Tu es marseillaise. Oui. Mais tu es installée à Lyon. Comment ça se fait ?
- Speaker #1
Alors là, la question. Déjà, c'est le hasard des écoles d'ingénieurs. Je me suis retrouvée à Saint-Etienne après les concours pour les écoles. J'ai kiffé Saint-Etienne. Pas beaucoup de gens le tireront. Je ne sais pas. Alors, très bizarre. J'ai trop kiffé Saint-Etienne. Et aussi Lyon. Et je ne sais pas, j'avais envie de changement. Du coup, j'avais envie de vivre pas à Marseille. Mais en même temps, Lyon a cet avantage d'être à côté de Marseille. Parce que j'aime quand même beaucoup Marseille. Du coup, je peux faire les allers-retours. Et donc, au début, je suis restée uniquement pour le travail. Donc, je trouvais une entreprise, je commençais à travailler. Et là, je me suis installée et j'aime beaucoup.
- Speaker #0
Tu penses quoi de la Seine-Lyonnaise ?
- Speaker #1
Qu'est-ce que je pense de la Seine-Lyonnaise ? il y a beaucoup d'artistes qui naissent de la scène lyonnaise et je trouve ça incroyable et j'ai l'impression que là elle fait que de bruit cette scène vraiment et ça je trouve ça ouf non mais je sais pas quoi dire de plus quoi je trouve ça incroyable c'est honnête c'est cool c'est comment de mixer au sucre impressionnant parce qu'en fait on voit pas trop le public et puis je crois c'est aussi je sais pas quand on vit à Lyon c'est un peu une sorte de d'objectifs en fait, se dire il y a des salles comme ça, on veut y aller, on veut y avoir joué. Du coup, je crois que c'est ça aussi, c'est une sorte d'objectif qui a été réalisé ce jour-là.
- Speaker #0
Ça représente quelque chose...
- Speaker #1
Ouais, franchement, j'en parlais à tout le monde, j'ai dit oui, c'est ma première date au sucre. Trop bien. Alors
- Speaker #0
François, c'était bien joué. Merci. Merci beaucoup. François, c'est la fin de cette interview.
- Speaker #1
Merci. Merci à toi.
- Speaker #0
Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. S'il t'a plu, n'hésite pas à liker ou à laisser 5 étoiles et à me contacter sur les différents réseaux. A bientôt !