- Speaker #0
Hello maman, je suis Rebecca et je te souhaite bienvenue sur Balance ton accouchement. Maman d'un petit garçon et complètement bouleversée par la maternité, je te propose de retrouver ici chaque semaine un ou plusieurs nouveaux récits d'accouchement avec des mots authentiques, sans filtre et sans tabou. L'occasion de partager, d'apprendre et peut-être même de guérir autour de ce grand moment qu'est l'accouchement. Alors si tu es prête, c'est parti ! Bonjour à tous et merci de me rejoindre pour ce nouvel épisode. Je vous propose aujourd'hui de découvrir le témoignage d'Emilie, qui nous partage son expérience de maternité rythmée par divers événements. On abordera alors les sujets de la prématurité, avec un premier enfant né à 33 semaines, mais également celui du deuil périnatal, parce qu'Emilie a été confrontée lors de son deuxième accouchement à une mort fétale in utero de sa petite fille. Elle reviendra sur son expérience, nous donnera de nombreux conseils et nous parlera également de son dernier accouchement qui s'est déroulé parfaitement bien. Alors, si ce sont des sujets avec lesquels vous ne vous sentez pas à l'aise, n'hésitez pas à consulter un autre épisode. Et pour ceux qui en veulent en savoir plus, c'est parti ! Alors bonjour, merci à toi de me rejoindre pour ce nouvel épisode du podcast. Alors pour commencer, est-ce que tu pourrais te présenter s'il te plaît en me donnant ton prénom ? En me disant combien d'enfants tu as et quel âge ils ont, et puis en ajoutant tout ce que tu aurais envie.
- Speaker #1
Eh bien, je m'appelle Émilie, j'ai 44 ans, et je suis la maman de trois enfants. Donc Noé, qui a 14 ans, qui est née prématurément à 33 semaines. Je suis la maman d'Elmina, qui est née sans vie à 39 semaines d'aménorée. Et je suis également la maman de Lola, qui va avoir 8 ans. qui est née tout à fait normalement.
- Speaker #0
Elle n'a pas suivi la voix de ses frères et sœurs.
- Speaker #1
Non, ce qui n'était pas plus mal.
- Speaker #0
C'est vrai, je pense qu'on a assez vécu une montagne russe là.
- Speaker #1
Oui, mais du coup, ça a été une grossesse compliquée.
- Speaker #0
Oui, je pense stressante du coup. Très. On va en parler un petit peu au cours de l'épisode. Alors du coup, première question. Est-ce que tu avais pensé accouchement dès le début de ta première grossesse ? Est-ce que c'était quelque chose qui te faisait peur, à laquelle tu pensais particulièrement ou pas du tout ?
- Speaker #1
Pas du tout. J'ai toujours su que je voulais avoir des enfants. Ça a toujours été très clair dans ma tête. On a mis un petit peu de temps à se décider avec mon conjoint. Ça faisait dix ans qu'on était ensemble déjà quand Noé est née. Donc voilà, c'était un projet qui était très réfléchi. L'accouchement, ce n'était pas quelque chose qui me faisait plus peur que ça. Oui, il y avait une petite angoisse par rapport à l'inconnu. J'avais des questionnements sur la péridurale. Est-ce que je la veux ? Est-ce que je ne la veux pas ? Ce n'était pas quelque chose qui me stressait.
- Speaker #0
Oui, ok. Tu étais quand même assez sereine.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
D'accord. Alors du coup, comment s'est passée ta première grossesse ? Est-ce que tout s'est bien passé ? Tu as suivi des cours de préparation à l'accouchement ?
- Speaker #1
Alors la première grossesse, elle a été psychologiquement catastrophique. J'ai détesté être enceinte. J'attendais ça avec tellement d'impatience et ça a été tellement à l'opposé de ce que j'imaginais. Je pense avoir été embêtée avec à peu près tous les symptômes désagréables d'une grossesse. J'ai eu des migraines épouvantables. J'ai eu des nausées. J'ai eu des nausées jusqu'à ce que j'accouche.
- Speaker #0
Ah oui, d'accord.
- Speaker #1
Ah oui, non. Alors, la personne qui a parlé des nausées du premier trimestre, je l'aurais volontiers. Mais voilà, non, non. J'ai eu des nausées jusqu'à sept mois. J'ai eu des remontées acides. Je ne pouvais rien manger. Enfin, c'était... Vraiment pas une grossesse épanouissante. J'ai été arrêtée très tôt dans ma grossesse parce que je faisais en moyenne une heure de trajet aller et une heure de trajet retour pour aller au travail. Donc assez rapidement, mon médecin traitant m'a dit bon, je préfère vous arrêter Le gynéco ne lui a pas été très inquiet. Donc j'étais quand même arrêtée assez rapidement. Je me suis ennuyée à la maison comme jamais. Je n'ai vraiment pas aimé ça. Préparation à l'accouchement, j'ai fait un cours. qui s'intitulait quand partir à la maternité et pour le coup ça a été le lendemain au moins t'étais en time oui voilà donc j'avais pas fait le rendez-vous anesthésiste j'avais rendez-vous la semaine d'après donc voilà j'ai pu aller vraiment pour le coup dans le stress parce que pas prête oui et Au départ, j'étais hospitalisée, en menace d'accouchement prématuré, sur un col raccourci, avec des contractions que te présentent, mais faibles. Ce n'était pas du tout l'équipe soignante. Tu te souviens,
- Speaker #0
c'était à quel terme à ce moment-là ?
- Speaker #1
J'étais à 32 plus 6. Ok,
- Speaker #0
ça n'a pas duré très longtemps.
- Speaker #1
Non, ça a duré 24 heures.
- Speaker #0
Ah oui, ok. Et qu'est-ce qui s'est passé, du coup, quand on s'est fait que, d'un coup, les choses se sont accélérées ?
- Speaker #1
Eh bien, en fait, j'ai fait ce qu'on appelle un travail séancé. D'accord. Donc, j'ai fait une traction toute la journée, qui était monitorée, qui était repérée, mais qui n'était pas forte.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Je n'ai pas eu l'examen du col. Et je pense que c'est là où ça a pêché. Et c'est le soir, à 23h, en allant aux toilettes, je me suis rendue compte que j'avais perdu le bouchon du cul. Ok. Je me suis affolée, je savais que ça pouvait arriver avant terme, ça ne voulait pas forcément dire que l'accouchement était imminent. J'ai quand même sonné pour prévenir l'équipe, donc j'ai une auxiliaire de puer qui est venue, qui m'a dit oui, effectivement, ça peut arriver. Je préviens la sage-femme, la sage-femme est venue, me confirme, oui, effectivement, ça peut arriver. Mais bon, voilà, on va vous refaire un petit monito. Pour s'assurer.
- Speaker #0
Personne n'était stressé, quoi.
- Speaker #1
Ah non, pas du tout. Pas du tout, du tout. 30 minutes de monitoring plus tard, la sage-femme me dit, vous voyez, de petites contractions, mais elles ne sont vraiment pas fortes. Donc, je dis, bon, je vais quand même vous faire un examen du col.
- Speaker #0
OK.
- Speaker #1
Et là, je l'ai vu se décomposer.
- Speaker #0
OK. Donc, c'était le premier examen du col que tu avais, toi, à ce moment-là.
- Speaker #1
Depuis 24 heures, oui. Et donc, j'ai vu la sage-femme se décomposer, se tourner vers l'auxiliaire de puerre en lui disant, appelle le gynéco de garde.
- Speaker #0
OK.
- Speaker #1
OK ?
- Speaker #0
Et là, toi, tu comprends que ça sent pas très bon quand même ?
- Speaker #1
Voilà.
- Speaker #0
Tu te dis, bon, c'est juste pour contrôler.
- Speaker #1
Qu'est-ce qui se passe ? Elle me dit, votre col est ouvert à quatre.
- Speaker #0
OK.
- Speaker #1
Donc, je dis, mais ça veut dire quoi ? Oui. C'est trop tôt. Elle me dit, vous allez accoucher. Ah non. Non, ma première réponse, ça a été non. Non, je ne vais pas accoucher. Ma deuxième réponse, ça a été... Ma deuxième question, plutôt, ça a été de dire est-ce qu'il faut que j'appelle mon conjoint ?
- Speaker #0
Est-ce que tu étais toute seule, toi, à ce moment-là ?
- Speaker #1
Oui, il était
- Speaker #0
23h, mon conjoint était rentré se coucher.
- Speaker #1
Et là, elle me dit, oui, oui, il faut que vous l'appeliez. D'accord. Là, je regarde par la fenêtre, il neige.
- Speaker #0
Ah !
- Speaker #1
J'ai appelé mon conjoint et je lui ai dit tu fais attention parce qu'il neige ce qui est assez rare chez nous. On habitait à plus de 30 minutes de l'hôpital, donc il a mis pratiquement deux heures à venir.
- Speaker #0
Oui, forcément.
- Speaker #1
Pendant ce temps-là, j'étais toute seule, un peu stressée. Je n'osais pas lui téléphoner parce que je ne voulais pas le stresser davantage. Très rapidement, j'ai été emmenée en bloc mater, en salle de naissance. J'ai eu droit à une petite visite express de l'anesthésiste qui m'a fait une échographie, qui a pesté en disant Mais comment ça se fait que cette dame, je ne l'ai pas vue dans la journée, si elle était en menace d'accouchement prématuré, ce n'est pas normal. Enfin, il était d'une humeur massacrante. Et donc, il me fait tous les petits examens, tout ça, et puis il me dit Bon, bon courage, je pense qu'on ne va pas se revoir.
- Speaker #0
Ok. Ah ! alors je n'étais pas sûre de vouloir la péridurale mais je n'étais pas sûre de ne pas vouloir non plus oui tu n'étais pas prête à l'idée d'accoucher avec toutes les douleurs qui sont associées à la physiologie c'est ça pour moi c'était oui j'avais un peu cette envie d'accoucher
- Speaker #1
sans péridurale mais en même temps j'avais la trouille j'avais peur d'avoir mal je n'étais pas très bien décidée à fond là dessus bon bah pour le coup je n'ai pas eu le choix merci
- Speaker #0
Ok, ouais, t'as pas eu le temps.
- Speaker #1
Non, il m'a dit non, non, mais là, votre travail, il est beaucoup trop engagé. Ça ne sert à rien. Le temps que ça fasse effet, votre enfant, il sera là. Donc, ça va plus vous embêter après que vous servir sur le moment.
- Speaker #0
OK.
- Speaker #1
Et toi,
- Speaker #0
au niveau des douleurs, tu en étais où, toi, à ce moment-là ?
- Speaker #1
Mais j'avais pas mal, du tout. C'était vraiment, j'étais plus stressée que douloureuse. Ouais, je sentais bien que j'avais des contractions, mais franchement, rien de terrible.
- Speaker #0
Insupportable,
- Speaker #1
ouais. Ah ouais, non, non, franchement. Donc bon, je me suis dit, ok, d'accord, si c'est ça d'accoucher, c'est plutôt cool.
- Speaker #0
Je gère pas mal. Ça va, les contractions, c'est facile, en fait.
- Speaker #1
Ouais, ouais, ouais. Et on change encore de salle. Là, juste devant la porte de la salle où je vais accoucher, il y a une petite bosse qui est déjà arrivée. Donc là, c'est un petit retour à la réalité de se dire, concrètement, il va se passer quoi pour mon bébé ? J'avais déjà eu dans la journée une première dose de corticoïdes pour accélérer la maturation des poumons. Ils m'en refont une en urgence. Et puis, le questionnement, c'est, est-ce qu'il va être autonome au niveau respiratoire ? Est-ce qu'il va respirer tout seul ou pas ? Est-ce qu'il va avoir besoin d'une réanimation, d'une intubation ? Et je sais que si c'est le cas, il sera transféré. On n'est pas dans une maternité qui dispose d'une réanéonate. On a un service de néonate, mais c'est un niveau 2, ce n'est pas un niveau 3. Donc, si intubation, c'est transfert à minimum une heure de route de la maison, de l'hôpital. Donc bon, c'est assez stressant.
- Speaker #0
Deux heures plus tard ?
- Speaker #1
Très vite, parce que moi, je me suis aperçue à 11h que je perdais le choc, que j'accouchais à 2h30.
- Speaker #0
C'était quand même assez rapide.
- Speaker #1
Tout est très rapide. Quand le travail sérieux commence, je commence à dire, oui, c'est moins sympa finalement les contractions. Je vois ce que c'est. Ça peut donner finalement, non ? Voilà.
- Speaker #0
Je ne suis pas sûre de vouloir faire ça.
- Speaker #1
Mais je n'ai pas le choix.
- Speaker #0
Oui, voilà.
- Speaker #1
Et puis finalement, cette partie-là du travail va très, très vite. J'accouche très rapidement. J'ai dû pousser trois fois. C'est un beau bébé. C'est un beau bébé.
- Speaker #0
Malgré son terme, il est quand même...
- Speaker #1
Oui, il fait plus de 2 kilos. Ce qui est bien pour ce terme-là. Et puis, j'ai juste le temps de lui faire un bisou et puis il part. Il part, mon conjoint part avec.
- Speaker #0
Donc, il part dans l'autre hôpital, c'est ça ?
- Speaker #1
Non, il part dans une pièce annexe pour justement être pris en charge par la pédiatre pour faire tous les examens, voir justement s'il a besoin d'être réanimé ou pas. Et puis, coup de bol, on a la chance, il est autonome au niveau respiratoire. D'accord. Le soulagement, il respire. C'est la première chose que je demande, c'est est-ce qu'il respire tout seul ? Oui. Donc, il respire tout seul. Bon, déjà. Après, du coup, je ne le revois pas tout de suite. Il est emmené tout de suite en néonate pour être scopé. Tous les petits examens de démarrage d'un préma. Et puis, moi, je reste en salle de naissance. Le temps d'expulser le placenta et de s'assurer qu'il n'y a pas de gags. Tout se passe bien.
- Speaker #0
Et toi, ça va à ce moment-là ?
- Speaker #1
Oui, oui, oui. Moi, je vais bien. Physiquement, je vais très bien. Je suis un peu fatiguée. Mais franchement, ça va. Du coup, au bout de deux heures, on m'emmène le voir en néonate. Je suis toujours alitée. Le premier contact se fait... Et d'abord visuel. Je suis allongée dans mon lit. Et ce petit bonhomme-là, il est dans sa couleuse. Et donc, il y a un infirmier puer qui est de garde cette nuit-là. Donc, il m'explique un petit peu tout ça. ce qu'on voit, les câbles, à quoi servent chaque fil. Et ma première question, c'est, il sort quand ? Il sort quand ? Parce que pour moi, dans ma tête, il est autonome au niveau respiratoire. Donc, c'est bon, tout va bien. Il va bien. Il s'est inspiré,
- Speaker #0
physiquement, ça va.
- Speaker #1
Là, c'est la deuxième douche froide parce qu'il me dit, il faut compter le terme. Ah, deux mois. OK. C'est long ?
- Speaker #0
Oui,
- Speaker #1
c'est très, très long. Et du coup, ça a été une grosse claque. Et puis, je reste une petite heure avec lui. Et puis après, on me ramène en chambre parce que je suis vraiment fatiguée, que j'ai besoin de me reposer. Et puis, voilà, au petit matin, on prévient tout le monde.
- Speaker #0
Alors finalement, il est déjà arrivé.
- Speaker #1
Voilà, c'est un peu la surprise. Moi, quand j'ai ma maman au téléphone, elle me dit Ah, t'as l'air reposée, ta voix, t'es bien, t'as bien dormi Non, en fait, je n'ai pas dormi, mais j'ai accouché. Et là, elle me dit, mais c'est une blague. Non, non. Donc voilà, ça a été un bébé express. Oui,
- Speaker #0
dans tous les sens du terme.
- Speaker #1
Oui, oui, dans tous les sens du terme. Par contre, il a été moins express à sortir de Néona.
- Speaker #0
Il a mis combien de temps, du coup ?
- Speaker #1
Alors, il est resté cinq semaines.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Il est revenu à la maison et il a été réhospitalisé une semaine. Donc, en tout, il a fait six semaines de néométrie.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Il ne mangeait pas. C'est un peu embêtant. Oui, c'est ce qui nous a freinés. Et en fait, après la réhospitalisation, on a découvert qu'il avait un reflux massif interne. Et donc, il a fait des malades avec perte de connaissances.
- Speaker #0
Ah oui,
- Speaker #1
comme ça. Oui, ça a été hyper effrayant. C'était vraiment... On a eu peur de le perdre.
- Speaker #0
Une entrée dans la maternité qui est quand même assez rock'n'roll.
- Speaker #1
Ah bah plutôt.
- Speaker #0
Et toi, psychologiquement, comment tu le vis ? Est-ce que peut-être dans le guidon, tu ne te rends pas compte de ce qui se passe ou est-ce que c'est quand même compliqué à redescendre ?
- Speaker #1
Non, peut-être dans le guidon. On n'a pas trop le temps de s'apesantir. on soutient beaucoup avec mon conjoint on voit quand l'autre est au bord du craquage et du coup on prend sur nous pour jamais craquer en même temps c'est quand même compliqué de repartir tous les soirs en laissant son bébé le service est ultra plein parce qu'il arrive un moment forcément toi t'es plus hospitalisée je supportais plus d'être hospitalisée ça ne m'apportait rien jusqu'au final de toute façon à part dormir sur place je ne pouvais pas dormir dans le service de Néonat parce qu'il n'y avait que deux chambres mère-enfant et elles étaient déjà occupées c'est un tout petit service de Néonat qui n'a pas beaucoup de place et c'est ultra plein, ça déborde le personnel et surbookés, ils sont adorables, ils sont top, mais ils sont overbookés. Donc, ils courent partout toute la journée. Moi, je galère avec la mise en place de l'allaitement. Je n'ai pas du tout d'accompagnement. À ce moment-là, le service de Néonat est extrêmement fermé. C'est un service qui est très replié sur lui-même où les sages-femmes n'ont pas le droit de venir. D'accord. Donc, je n'ai pas d'accompagnement pour les mises au sein. Je fais une montée de lait massive, je fais un engorgement, je fais de l'infangite. Ah oui,
- Speaker #0
la totale.
- Speaker #1
La totale, la totale, la totale. Il va être du coup un petit peu allaité en tire-lait. Et puis, après son malaise, en fait, j'arrête. Je repasse sur le bigot.
- Speaker #0
Est-ce qu'à l'époque, tu avais... conscience que tu pouvais te faire accompagner dans ton allaitement ou c'était vraiment quelque chose que tu disais, si ça marche pas, c'est que ça marche pas,
- Speaker #1
ça peut pas et tant pis le problème c'est que comme le service est ultra fermé,
- Speaker #0
l'aide elle est compliquée à avoir parce que c'est un peu le cadet de leurs soucis,
- Speaker #1
l'allaitement tant que les bébés sont vivants après c'est une volonté de ce service là à ce moment là je sais pas comment c'est maintenant Mais il y a des services de réa qui sont plus ouverts que ce service de néonates. C'est-à-dire que les grands-parents n'ont pas le droit de rentrer dans la chambre, alors que dans certains services de réa néonates, c'est possible. On est vraiment très isolés. Donc ça aide pas forcément beaucoup non plus à être serein psychologiquement.
- Speaker #0
Le Covid avant l'heure.
- Speaker #1
Ouais, ouais, ouais. Et franchement, j'ai pas aimé du tout, du tout. Quand Noé est sortie de Néonat, le premier arrêt qu'on a fait, c'était chez Massage Femme Libérale.
- Speaker #0
OK.
- Speaker #1
Pour justement qu'elle nous aide, qu'elle nous conseille. C'est pareil en matière d'allaitement. On voit trois personnes dans la journée, on a trois conseils à l'opposé les uns des autres. C'est super dur. Moi qui voyais l'allaitement comme une évidence, finalement, c'est un truc qui est super compliqué. Et voilà. Au bout de deux mois et demi, j'abandonne.
- Speaker #0
Ok. Oui, complètement, c'était trop tard.
- Speaker #1
Oui. j'ai été épuisée finalement j'ai pas tenu le choc j'ai pas eu j'ai pas eu d'accompagnement qui aurait pu être utile oui forcément ok
- Speaker #0
et donc du coup bébé finit par se remettre de tout ça à grandir correctement et puis l'envie d'avoir un deuxième enfant
- Speaker #1
est présente. Plus rapidement pour moi que pour mon conjoint, mais parce que, voilà, la naissance de Noé a quand même été rock and roll. Un peu l'appréhension de revivre ça, parce qu'en plus, on ne sait absolument pas expliquer pourquoi j'ai accouché prématurément. Il n'y a aucune explication donnée.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Voilà. Le stress un petit peu de revivre ça. Entre temps, j'ai découvert l'association Les Souhaits de Préma, qui à l'époque dispose d'un forum. On n'est pas encore trop à l'ère des pages Facebook. Et je rencontre tout un petit groupe de mamans où on a nos enfants qui sont nés à peu près dans les mêmes eaux. Donc on soutient, on suit, et on continue à suivre au fil des années. Et donc on suit aussi les grosses années d'après, comme c'est le continent, et c'est un gros, gros, gros soutien. D'accord. Et quand on décide de se relancer dans l'aventure, alors autant pour Noé, ça a marché très, très vite. J'ai arrêté la pilule en lui et j'étais enceinte. Pour Elmina, c'est beaucoup plus long. Je vais mettre plus d'un an à tomber enceinte. On commence un petit peu même à s'inquiéter. Et puis finalement, on m'enceinte, ça se passe bien. Les échos se passent bien, je suis très suivie. J'ai une échographie par mois. tout est normal, le bébé évolue bien. Pas d'inquiétude pour le bébé. On ne veut pas connaître le sexe.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Moi, je veux une fille. Le prénom est déjà choisi depuis très longtemps. Non négociable avec le papa.
- Speaker #0
Ah oui. Là, c'est ta grossesse.
- Speaker #1
Oui, oui. Et puis, c'était le prénom de mon arrière-grand-mère. D'accord. Donc, j'ai toujours dit que si j'avais une fille, elle s'appellerait Amina. Et du coup, ça se passe. Moi, je suis très angoissée. Je suis très, très, très angoissée. J'ai un sentiment de catastrophe imminente. Je n'arrive pas à m'enlever de la tête qu'il y a un truc qui va mal tourner.
- Speaker #0
Et ça, tu penses que c'est l'instinct ou est-ce que tu penses que c'est lié à ton premier accouchement ? Tu te dis peut-être... Moi,
- Speaker #1
à ce moment-là... Je me dis que c'est lié à l'appouchement. Je contacte même la psychologue de l'association SOS Préma. On a quelques rendez-vous ensemble, en téléphonique. Elle me dit aussi que c'est des sentiments qui sont normaux compte tenu de ma première grossesse et de mon expérience. Je suis arrêtée un petit peu avant mon congé mater. Je suis toujours stressée. J'ai du mal à m'investir. dans la préparation de ma chambre. Après les vêtements, tout ça, les achats, en fait, on se dit que si c'est un garçon, on a déjà tout. Oui. Si c'est une fille, elle va arriver au printemps. C'est la saison des vies de grunies, on se débrouillera bien.
- Speaker #0
C'est vrai.
- Speaker #1
Donc, en fait, on ne se met pas trop la pression là-dessus.
- Speaker #0
OK.
- Speaker #1
Et puis, on voit le terme qui avance, les étapes par rapport à la prématurité.
- Speaker #0
Oui. Tu franchis le cap des 33 semaines,
- Speaker #1
donc tu dois dire… Je franchis le cap des 33 semaines. fils. Et puis voilà, ça passe.
- Speaker #0
Et tout va bien toujours à ce moment-là ?
- Speaker #1
Tout va bien. C'est un bébé qui se développe bien. Elle n'a pas de soucis. Elle n'a pas de soucis particuliers. Et puis, à 35 semaines, je commence à moins la sentir bouger. Et là, on se dit que c'est la fin de la grossesse, je suis à deux semaines du terme. Ce n'est pas déconnant. On se dit qu'il devienne un petit peu moins actif, tout ça. Je sais à ce moment-là...
- Speaker #0
Elle a moins de classe.
- Speaker #1
Oui, voilà, c'est ça. Je sais qu'elle est en siège.
- Speaker #0
OK.
- Speaker #1
J'ai passé un peu le vide calme. OK, donc ça passe. Quand je montre le scan à massage femme libérale, elle me regarde, elle me dit, chez nous, on appelle ça les Champs-Élysées.
- Speaker #0
OK.
- Speaker #1
Elle me dit, ça passe, sans problème. Donc, je suis assez contente parce que je n'avais pas envie d'avoir une césarienne.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Voilà, on me dit, ça passe. Alors bon, elle me prévient les accouchements par le siège, des accouchements qui sont quand même assez médicalisés. Elle me dit, on appelle ça aussi des accouchements un peu VIP. parce qu'il y a du monde. Il faut que l'anesthésiste soit là. C'est le gynéco qui fait l'accouchement, ce n'est pas la sage-femme. La sage-femme sera là quand même, l'oxygène de puer aussi. Elle me dit, c'est un hôpital qui reçoit des internes. Si vous avez de la chance, vous pouvez avoir un interne dans chaque spécialité. Elle me dit, par contre, si ça vous gonfle, vous le dites et il ne faut pas hésiter non plus parce que elle dit c'est vrai que c'est des accouchements qui peuvent être intéressants aussi pour les élèves oui on n'a pas vraiment de cocon par contre du côté de la maman mais voilà mais elle me dit l'important c'est vous donc si ça vous saoule vous le dites et voilà il garde le minimum du personnel obligatoire et on se prépare à cette idée là et puis d'aller Le 29 avril, dans la journée, je la sens moins bouger. J'ai des contractions depuis 2-3 jours, mais elles sont un peu plus douloureuses, c'est moins confortable. Mais voilà, sinon elles ne sont pas régulières, donc rien qui puisse être inquiétant. Et puis dans la nuit... J'ai eu l'insomnie.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Et je la sens pas. Je la sens pas bouger. Je sens pas le bébé bouger. Ok. Donc, je décide d'aller aux urgences maternes. Donc, mon conjoint est à la maison parce qu'on a notre petit bonhomme qui a 4 ans à ce moment-là. Mes beaux-parents sont partis en vacances. Ma mère est aide-soignante et elle travaille de nuit. Donc, on a un plan C pour gérer Noé au cas où. Mais bon, on ne se voit pas déclencher le plan C maintenant. Donc, je pars toute seule. Quand j'arrive là-bas, j'explique tout ça. Et puis, mon conjoint m'envoie un petit texto. En me disant, dis au bébé que ça va faire soeur et puis que c'est bon, la chambre est prête, il peut arriver.
- Speaker #0
Ok, oui.
- Speaker #1
Et donc, là, ça, je vais m'installer, je vais chercher un appareil de monitoring. Et là, j'ai la voix qui parle. Je pense qu'elle, elle sait. À ce moment-là, elle, elle sait. qu'on sache qu'elle ne peut pas me le dire. Parce que ce n'est pas la sache-femme de le faire. Il faut dans ces cas-là, la procédure, c'est le gynécologue.
- Speaker #0
qui doit constater le décès. Donc, elle me dit, on va vous transférer dans une autre salle. Des fois, on a des appareils qui sont un petit peu défectueux. Donc, on va vous transférer dans une autre salle où il y a un autre appareil. Et puis, il y a l'éco-graphe. OK.
- Speaker #1
Et toi, comment tu te sens à ce moment-là ? Est-ce que tu sens quelque chose qui n'est pas normal ? Ou est-ce que tu te dis,
- Speaker #0
OK, c'est normal ? Je suis hyper angoissée. Je me dis qu'il y a quelque chose qui ne va pas. et donc la sage-femme revient avec l'interne en gynéco il y a une autre sage-femme qui vient aussi et donc il me fait d'abord le monito et après il me fait une écho et là il me regarde et puis il me dit juste je suis désolée
- Speaker #2
Et dans ces trois mots,
- Speaker #0
on comprend tout. Donc là, la première réaction, c'est que je me suis mise à hurler. Je me suis mise à hurler. J'ai appelé ma mère. J'ai appelé ma maman.
- Speaker #1
Oui, parce que toi, tu es toute seule à ce moment-là.
- Speaker #2
Oui,
- Speaker #0
je suis toute seule à ce moment-là. Ma mère travaille dans l'hôpital. Ah, donc,
- Speaker #1
c'est tout dans cet hôpital.
- Speaker #0
Elle est dans le service au-dessus. Donc, il l'appelle. Je préviens mon conjoint.
- Speaker #2
Donc,
- Speaker #0
voilà. Je lui dis juste qu'il y a un problème et que le bébé est mort.
- Speaker #3
Ah oui.
- Speaker #0
Et donc... Voilà, je suis dans ma douleur, lui il est dans la sienne.
- Speaker #1
Oui, chacun peut gérer comme il peut.
- Speaker #0
Oui, et puis lui, il faut qu'il vienne noer, il faut qu'il aille le déposer chez sa tante, qui habite à côté de chez nous, donc ça se fait très rapidement, donc c'est réveiller aussi au moment que les satantes, qui pensent du coup que ça y est, c'est la bonne nouvelle. C'est trop bien.
- Speaker #2
Donc pour eux,
- Speaker #0
c'est la douleur. pas doci.
- Speaker #2
Ma mère arrive et elle s'effondre avec moi.
- Speaker #0
Elle essaie de ne pas trop s'effondrer.
- Speaker #1
Oui, elle essaie d'être soutenante, mais en même temps, c'est dur aussi.
- Speaker #0
Et puis, elle demande des explications. Pourquoi ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi ? C'est incompréhensible. Et quand mon conjoint arrive, elle me laisse, elle nous laisse. Il faut quand même qu'elle retourne travailler. Elle travaille en réanimation.
- Speaker #1
On a besoin d'elle.
- Speaker #0
On a besoin d'elle. Et puis, assez rapidement, on nous transfère dans les chambres, ce qu'ils appellent les chambres d'attente. Au bloc naissance, les chambres ont roulé avant d'aller en salle de travail. Et puis, on nous dit que le gynécologue va venir. On va nous expliquer un petit peu tout le déroulé. Les heures, c'est graine.
- Speaker #2
C'est au petit matin.
- Speaker #0
Donc, effectivement, le gynécologue vient. Il nous explique les suites possibles.
- Speaker #1
donc moi à ce moment là je veux une césarienne je veux une césarienne je veux que ça aille vite tu ne veux pas avoir à pousser à t'investir je veux que ça aille vite et
- Speaker #0
là le gynéco me douche en me disant c'est possible c'est pas ce qu'on va vous recommander ok Donc là, il nous explique que physiologiquement, il y a des taux d'hormones qui chutent quand il y a un décès in utero et qu'il y a plus de risques de faire une hémorragie.
- Speaker #3
D'accord.
- Speaker #0
Et puis, il me dit, psychologiquement, il va falloir que vous le viviez, votre accouchement.
- Speaker #3
OK.
- Speaker #0
Il faut que vous le rendiez réel. Ce bébé, il est là. C'est votre bébé. Et cet accouchement, il faut que vous le viviez. OK. C'est affreux, entendre. Parce qu'on est...
- Speaker #1
que tu n'as pas envie de le vivre, là, justement.
- Speaker #0
Ah ben non, on ne sait toujours pas le sexe du bébé à ce moment-là. Et puis, il nous explique, on discute beaucoup avec mon conjoint de ce qu'on va faire,
- Speaker #2
de la décision.
- Speaker #0
Lui, il est terrorisé à l'idée que je fasse une longue règle.
- Speaker #2
Donc,
- Speaker #0
on finit par suivre le conseil du gynéco et de choisir l'accouchement par voie basse. Sauf que ça ne se déclenche pas comme ça. Oui,
- Speaker #1
forcément. Et là,
- Speaker #0
on explique le processus.
- Speaker #2
Donc,
- Speaker #0
la prise de comprimé pour… Alors, c'est le même type de comprimé qu'on donne sur les IVG médicamenteuses. pour déclencher les contractions. Donc, on nous explique que ça peut lancer le travail comme ça peut ne pas le lancer. Mais que là, le col, il n'est pas mûr de toute façon. Donc, il faut le laisser mûrir. Ça peut demander 48 heures. Donc, on est le mercredi matin et on me dit qu'il va falloir rentrer chez vous. et revenir vendredi matin à 8h pour un déclenchement.
- Speaker #3
Ok.
- Speaker #0
C'est assez violent. Alors souvent, quand j'explique ça, je suis rentrée à la maison avec mon bébé mort dans mon ventre, les gens trouvent ça affreux et terrible, et je l'ai trouvé aussi affreux et terrible, mais ce temps-là, il a été nécessaire. C'était le temps qu'il me fallait aussi pour... J'ai rien dit. Prendre le temps de réfléchir à ce qu'on allait faire après, si on avait le choix, soit choisir une incinération, soit procéder à une inhumation.
- Speaker #1
Et ça, on t'en parle ? Oui, c'est le soignant qui t'en parle.
- Speaker #0
De choisir ou non l'autopsie.
- Speaker #1
Parce que pour l'instant, vous ne savez toujours pas le pourquoi.
- Speaker #0
On ne sait toujours pas le pourquoi du comment. Et on nous dit bien qu'il y a de fortes chances qu'on ne sache pas. Que la majorité des cas de mort fétale in utero sont inexpliqués. Mais que dans le doute, ça peut quand même être bien de faire une autopsie dans l'éventualité d'une grossesse future. tout en nous disant, on comprend très bien que vous, vous ne soyez pas dans cette optique-là, mais peut-être qu'à un moment donné, vous aurez envie. Et à ce moment-là, d'avoir fait ces démarches-là, ça peut être un plus.
- Speaker #3
Oui,
- Speaker #0
donc c'est un peu compliqué. Donc voilà, on prend du temps,
- Speaker #2
on prend du temps pour se préparer à cette naissance.
- Speaker #0
Une des premières personnes que j'ai appelées, c'est mon frère aîné, qui me dit j'arrive Il avait un rendez-vous médical très important le jour même. Je lui dis tu vas d'abord à ton rendez-vous et après tu viens Il habite à trois heures et demie de route. Il a tout plaqué. Il est allé à son rendez-vous, mais après il a tout plaqué, son boulot, ses clients. pour venir. Donc il campe chez nous, il gère notre fils, il gère la bouffe.
- Speaker #1
Oui, il est vraiment un soutien chez tout.
- Speaker #0
Il va faire la logistique, parce que nous on est incapables de le faire. On fait le choix d'être très entourés. Voilà, on a nos amis qui viennent nous entourer. notre famille. Après, il y a des moments de sidération. On est aussi dans la sidération, quoi. Sans réaliser vraiment ce qui se passe. Donc, dès le mercredi... On a mon frère qui arrive, ma meilleure amie qui devait être la marraine de Delmina qui arrive aussi. On va avoir comme ça plein de copains, d'amis qui vont se manifester autour de nous pour faire bloc. On est très, très soutenus.
- Speaker #1
Et comment tu gères avec l'aîné, justement, cette perte ?
- Speaker #0
Je ne gère pas.
- Speaker #3
Oui.
- Speaker #0
Je ne gère pas. Tu délègues bien, tu sais. Et sa réaction a été... Alors, on s'était mis tous les trois dans le lit pour lui parler. Et sa réaction, ça va être de se cacher, quand on le lui dit. Mais bon, après, il a 4 ans, donc la mort à 4 ans,
- Speaker #2
c'est compliqué.
- Speaker #0
Le 1er mai, on a le frère de mon conjoint qui vient avec sa femme et ses enfants. Et Noé, à chaque fois qu'il y a quelqu'un qui arrive, il le dit. Il le dit, ma petite soeur... Enfin bon, le bébé, il est mort.
- Speaker #3
Le bébé, il est mort.
- Speaker #1
Oui, il a besoin de verbaliser aussi.
- Speaker #0
On a des amis qui sont... Un couple d'amis qui est venu aussi, en amenant à manger. Voilà. Et dans l'après-midi, je commence à sentir des contractions.
- Speaker #3
OK.
- Speaker #0
Des contractions qui commencent à être régulières. Donc, en fait, quand on part pour la maternité, la maison est pleine de monde. Il y a des enfants qui jouent. Voilà, c'est plein de vie.
- Speaker #1
Oui, il y a de la vie.
- Speaker #0
Oui, il y a beaucoup de vie à ce moment-là autour de nous. Donc, on part, on arrive aux urgences gynéco, on sonne, on explique, on sait qui on est. Les équipes sont prévenues. On nous installe d'abord dans une salle d'attente. Les choses ont évolué tranquillement. En fin de journée, vers 19h, on nous transfère en salle de naissance. On est dans la plus grande. Il y a trois salles de naissance dans le bloc et on est dans la plus grande. On nous demande si on veut passer de la musique. On a effectivement deux CD avec nous. Ces deux CD vont tourner en boucle. Et puis, les choses se mettent en place. La pose de la péridurale est absolument catastrophique. c'est pas le c'est un interne en fait qui la pose sous la surveillance de l'anesthésiste sauf que je sais pas je présume que l'interne est très déstabilisé par la situation il me loupe 4 fois ah quand même et à ce moment là la sage-femme se retourne vers l'anesthésiste en lui disant oh
- Speaker #1
Ça suffit,
- Speaker #0
là. Stop, quoi. Stop. Stop. Ce n'est pas le moment. Elle se fâche un peu et puis l'anesthésiste finit par venir me piquer. Lui, il réussit du premier coup.
- Speaker #3
Oui.
- Speaker #1
Mais par apprentissage, je pense qu'on va un peu plus vite.
- Speaker #0
C'est ça. Après, je ne me veux pas à cet interne. Oui,
- Speaker #1
oui. Mais bon, tu n'étais peut-être pas la patiente idéale pour faire des exercices pratiques.
- Speaker #0
Voilà. Et voilà, pareil, le temps passe. À un moment donné, je commence à ne pas aller très bien. Je fais une grosse, grosse fuite de tension. Je me mets à avoir très, très froid. Je sens que je pars un peu.
- Speaker #2
Donc bon,
- Speaker #0
il y a un petit sursaut de l'équipe à ce moment-là.
- Speaker #3
Oui,
- Speaker #0
forcément. Et puis bon, voilà, ils arrivent à me faire remonter la tension. Et puis voilà, les choses ont s'enchaîné,
- Speaker #2
et au moment où il faut, on nous demande Est-ce que vous voulez voir votre bébé aussitôt ou pas ?
- Speaker #0
Et puis là, non, panique. Non, non, pas tout de suite. Donc ils installent un champ, et donc je pousse. Je pousse, ça se passe bien, c'est un film. Et biologiquement, c'est un accouchement qui se passe bien. Malgré la péridurale, je sens les contractions, je sens les poussées. Ça se passe bien.
- Speaker #1
Oui, sur plein de cliniques, tout va bien.
- Speaker #0
Ah oui, oui, oui. Non, franchement, c'est assez rapide. Et donc,
- Speaker #2
quand elle naît,
- Speaker #0
le gynéco annonce qu'un tuple circulaire.
- Speaker #3
Ok.
- Speaker #2
Et voilà. Donc après,
- Speaker #0
il démêle. Il la démêle. Et puis, ils font toutes les mesures après.
- Speaker #2
Donc,
- Speaker #0
Elmina est emmenée.
- Speaker #1
Est-ce qu'ils te disent à ce moment-là que c'est une fille ou t'es prêt ? Oui.
- Speaker #3
Ok.
- Speaker #0
Donc, ils l'emmènent, ils la préparent, ils l'habillent, ils lui font des empreintes.
- Speaker #3
Ok.
- Speaker #2
Donc, moi,
- Speaker #0
j'ai demandé une mèche de feu, si c'est possible. Ça ne le sera pas, elle n'a pas assez de cheveux. Et puis, pendant ce temps-là, j'expulse mon placenta. Donc, il y a un examen,
- Speaker #2
tout ça.
- Speaker #0
Mesure du cordon. Donc, j'ai ce qu'on appelle un méga cordon. Un cordon qui fait plus d'un mètre.
- Speaker #3
Ah oui, OK.
- Speaker #0
Donc, qui explique que... elle se soit fait une quintuple circulaire. Donc, elle a cinq tours de cordon autour du cou à sa naissance.
- Speaker #1
Est-ce que c'est ça, du coup, le problème ?
- Speaker #0
Alors, très probablement, sauf qu'en fait, sur une mort fétale in utero, la circulaire de cordon ne sera jamais considérée comme une cause de mortalité.
- Speaker #3
OK.
- Speaker #0
Donc, officiellement, les causes sont inconnues.
- Speaker #1
Est-ce que vous aviez opté pour l'autopsie du coup ?
- Speaker #0
Oui, on a opté pour l'autopsie et les résultats reviendront. Tout est normal, le développement était parfaitement normal. Et donc on nous amène à Nina et je peux la prendre dans mes bras. La sage-femme fait quelques photos. Son papa peut la prendre aussi.
- Speaker #2
On passe une heure à peu près ensemble.
- Speaker #0
Le funérarium a été prévenu. Il y a déjà un berceau qui est là pour l'emmener au funérarium.
- Speaker #2
Et puis voilà,
- Speaker #0
à un moment, on lui dit au revoir.
- Speaker #1
Vous prenez votre temps, vous avez tout le temps qui vous faut.
- Speaker #2
Ah oui,
- Speaker #0
on n'a jamais été bousculé par l'équipe. Franchement, c'est une équipe absolument formidable,
- Speaker #2
humaine,
- Speaker #0
et très bien accompagnée sur cette nuit-là. Et puis, on va me ramener en chambre. On me met du côté gynéco plutôt que du côté mater.
- Speaker #3
Oui,
- Speaker #0
pour ne pas entendre le bébé. Après, je n'ai pas de complications. Donc, je vais pouvoir ressortir très, très vite. J'ai accouché à 1h30 et le lendemain, à 14h, je sors.
- Speaker #3
OK.
- Speaker #0
c'est vraiment très rapide ouais très très rapide mais pas du tout l'envie de rester je vais bien physiquement je vais bien donc je vois pas l'intérêt de rester je préfère être chez moi et puis il faut penser à la suite organiser l'inhumation parce qu'on a choisi cette option là On est début mai, il y a des jours fériés, il y a le week-end qui arrive, donc ça complique aussi un peu les choses. Il faut organiser le transfert vers la grande ville la plus proche, donc c'est Caen pour l'autopsie, parce que ça ne se fait pas où on habite. Donc il y a tout, tout. Finalement, toute cette partie administrative qui prend le pas, les bouffées d'angoisse qui vont avec, sur des choses très futiles, c'est de se dire comment on va payer ça.
- Speaker #3
Oui.
- Speaker #0
Comment on va payer ça. Ça commence à m'angoisser plus, J'en parle avec ma meilleure amie. Là,
- Speaker #2
il me dit,
- Speaker #0
il faut que je te dise quelque chose. Voilà, avec une autre amie, on a organisé une cagnotte. Et en fait,
- Speaker #1
en temps d'eau, ils savaient que ça allait coûter de l'argent.
- Speaker #0
Oui, et puis en l'espace de
- Speaker #2
3-4 jours,
- Speaker #0
on a réussi à récolter ce qu'ils veulent nous payer, 80% des frais liés à l'inhumation d'Helmina. On a eu la chance d'être extrêmement bien entourés par nos familles, par nos amis.
- Speaker #1
Oui, là encore, c'est un soutien.
- Speaker #0
Oui. Et puis aussi, j'ai toujours ce petit groupe de mamans de SOS Préma, dont certaines sont passées par là avec leurs enfants.
- Speaker #1
Quand on parle de prématurité, ça se passe toujours bien non plus.
- Speaker #0
C'est ça. Notamment deux mamans qui me soutiennent beaucoup, qui me nident aussi. J'ai une amie qui est infirmière en... en réanimation néonate, donc pareil, qui est d'un grand soutien, qui me dit, tu peux demander ça, qui déjà avant l'accouchement m'avait beaucoup accompagnée. Donc voilà, on est très très accompagnées, le jour de l'inhumation, on est submergées d'amour. On a de la chance aussi, c'est que c'est pareil, l'entreprise de pompes funèbres est absolument formidable. On est très bien accompagnés par eux aussi.
- Speaker #2
Ils gèrent tout parfaitement bien.
- Speaker #0
On fait une très belle cérémonie laïque et ça reste quelque chose de très fort et rempli d'amour encore.
- Speaker #1
Oui, clairement, pour toi, le soutien aussi bien de tes proches que de maman dans la même situation,
- Speaker #0
même si c'est pas tout pareil,
- Speaker #1
mais c'est indispensable.
- Speaker #0
Oui, complètement, parce que... Et encore pour la suite,
- Speaker #2
parce qu'après,
- Speaker #0
vient aussi tout l'après.
- Speaker #1
Oui. Là, tu es dans le moment à tout gérer ce qu'il faut, mais après, forcément, il y a un vide qui s'installe.
- Speaker #0
C'est... Il faut réussir à avancer, parce que de toute façon, il n'y a pas le choix. On a notre fils aîné qui est là, qui a besoin de nous. Alors à ce moment-là, c'est une vacance, donc pas de bol, les trois psychologues qui sont rattachés à l'hôpital sont en vacances en même temps.
- Speaker #1
Une réunination, ça c'est bien.
- Speaker #0
Super, regarde. Donc on n'a pas de prise en charge psy. D'accord. Donc ça c'est raide. Il va falloir qu'on attende 15 jours avant de réussir à avoir un rendez-vous. On va tomber sur une opécie absolument formidable aussi, qui va nous accompagner incroyablement bien pour Elmina, mais pour après aussi.
- Speaker #3
Oui.
- Speaker #0
Parce que j'en aurais besoin aussi, elle va beaucoup m'accompagner. pendant ma troisième grossesse. Elle est d'un grand soutien. Elle pratique le MDR. Le MDR, c'est une pratique qui a été créée pour la gestion des stress post-traumatiques aux États-Unis. C'est un truc où ça se sert des mouvements des yeux. Ça paraît très bizarre au départ quand on présente le truc. On dit ouais,
- Speaker #2
ok
- Speaker #0
En fait, ça ne marche pas sur tout le monde. Mais j'ai eu la chance que ça marche sur moi. Ça m'a aidée aussi à ne plus être envahie par les émotions liées à ça. Les émotions sont toujours là.
- Speaker #2
Ça reste…
- Speaker #0
Même si je parle facilement de cet événement, ça reste un événement douloureux.
- Speaker #3
Oui, forcément.
- Speaker #0
Et donc, on va avancer. On va avancer, on n'a pas le choix. On a notre petit bonhomme qui est là.
- Speaker #1
C'est vrai que c'est un avantage et un inconvénient parce que tu dois directement te replonger dans la maternité et éduquer un petit bonhomme qui grandit, mais en même temps, ça te force à avancer.
- Speaker #0
Oui, c'est un phare dans la tempête. c'est notre objectif alors il y a des moments où je ne supporte plus C'est hyper culpabilisant. Et voilà, c'est au gré des lectures, de discuter avec d'autres parents qui ont traversé la même chose, on se rend compte que finalement, tous ces sentiments qu'on a, ces réflexions, qui ne sont pas toujours très positives et bienveillantes, on n'est pas les seuls. C'est quelque chose qui est assez naturel, qui est assez normal. Donc, ça permet aussi de prendre du recul et de déculpabiliser un peu la chose. Se dire par moment, mon fils, mon enfant de 4 ans, avec toute la couche émotionnelle d'un enfant de 4 ans, qui vient de vivre lui aussi quelque chose de difficile, sans pouvoir autant mettre des mots dessus. Et c'est vrai que des fois, j'ai une envie, c'est de lui dire, mais de quoi tu te plains en fait ? T'es là toi, t'es vivant. Et c'est affreux, quelque part. Après, on se dit, c'est affreux, mon Dieu, comment je peux penser ça de mon fils ? Mais en fait, oui, c'est affreux, mais c'est normal. C'est normal aussi qu'à un moment donné, on passe par une phase aussi de colère. On est vraiment dans les étapes du deuil.
- Speaker #1
De toute façon, c'est un deuil. Donc, tu passes par toutes les phases avec l'accentuation des hormones d'un enfant. Déjà, en temps normal, c'était parfois compliqué de supporter les émotions et les vagues. Donc là, fragiliser comme ça, forcément, c'est pire que tout.
- Speaker #0
Et puis, il faut gérer aussi les maladresses des gens, la bêtise. Assez rapidement, ma psy me dit Je suis désolée, mais je préfère vous prévenir. À un moment donné, ça va être à vous de rassurer les gens et pas l'inverse. Et très rapidement, effectivement, ça arrive. Parce que les gens sont maladroits, mais ça, on ne peut pas leur en vouloir.
- Speaker #2
Ils sont stupides,
- Speaker #0
parfois. Je crois que le pire truc que j'ai entendu, c'était un voisin... C'était un voisin parce qu'il avait sa résidence secondaire à côté de l'autre maison à nous. Et donc, mon conjoint le prévient quand il revient pour les vacances, en disant, voilà, il se passait ça. Et là, il me dit, il faut en refaire un très vite, il ne faut pas que vous restiez sur un échec.
- Speaker #3
OK.
- Speaker #2
Voilà.
- Speaker #1
C'est le deuxième.
- Speaker #0
Et là,
- Speaker #2
c'est...
- Speaker #0
Qu'est-ce qu'on peut répondre à ça ?
- Speaker #3
Oui.
- Speaker #1
Merci, bonne journée.
- Speaker #0
Salut, bonne journée. Je ne réponds pas, sinon je vais être désagréable. Donc, non, non, il y a tout ça. Et puis, effectivement, les gens qui m'ont vu enceinte, qui me retrouvent après, ils me disent, ah non, le bébé ! Voilà, il faut prévenir. qu'il n'y a pas de bébé. Donc après, forcément, ils se sentent mal parce qu'ils ont gaffé, entre guillemets. Donc effectivement, c'est à moi de les rassurer. De leur dire non, ne t'inquiète.
- Speaker #3
Ça va.
- Speaker #0
Ça va, tu ne savais pas, machin. Tu étais un peu contente quand ça y est, la nouvelle a fait le tour et que...
- Speaker #1
Au moins, tout le monde est au courant. Tout le monde prend peut-être un peu des pincettes et au moins, ça se gère.
- Speaker #0
Mais bon, après, il va y avoir tout un tas de moments difficiles. Quand je reprends le travail en septembre, j'ai une collègue qui annonce sa grossesse. Et je vois bien qu'elle l'annonce un peu avec des pincettes, parce qu'elle est consciente qu'il faut encaisser la nouvelle.
- Speaker #1
Oui, c'est le cas, même si tu es sûrement très heureuse pour elle. Oui,
- Speaker #0
je suis capable à la fois d'être très heureuse pour elle et de le prendre comme une claque dans la figure monstrueuse.
- Speaker #1
Forcément,
- Speaker #3
c'est logique. Ok.
- Speaker #1
Et du coup, toi, à quel moment tu te sens d'attaque pour un... Pour un troisième enfant ?
- Speaker #0
Un petit peu moins d'un an plus tard. Voilà, moi je ressens l'envie un peu plus rapidement que mon conjoint. Mais voilà, on attend d'être prêts tous les deux. Et puis à un moment donné, c'est lui qui me donne le téléphone et qui me dit appelle ton gynéco Ok. On va faire partie. Je commence un tassez rapidement.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Mais on va être confrontés à un drame familial. Le frère de mon conjoint m'essaide. C'est assez compliqué. C'est un suicide.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
C'est violent. Il est réanimé. Mais on sait que derrière, il n'y a plus rien. Enfin voilà, il va mourir deux fois.
- Speaker #1
Et toi, tu es enceinte à ce moment-là ?
- Speaker #0
Oui. Donc, je reprends très vite contact avec ma psy parce que j'ai beaucoup de choses à gérer en même temps. Oui,
- Speaker #1
beaucoup de deuil quand même dans cette histoire.
- Speaker #0
Oui, oui. Et puis, pendant que mon beau-frère est en réa, à ce moment-là, j'ai mon écho de datation.
- Speaker #1
Ok.
- Speaker #0
Donc, voilà. Moi, chez le gynéco, tous les deux, on est contents. Et puis, écho de la tâche. Pas d'activité cardiaque. Donc là, on sait s'arrêter. Le gynéco m'explique, ça arrive, que de toute façon, si ça s'est arrêté, c'est qu'il y avait certainement une bonne raison.
- Speaker #1
La fameuse phrase, la nature est bien faite. Oui, ça,
- Speaker #0
c'est un truc qui ne dit pas.
- Speaker #1
OK.
- Speaker #0
Après, c'est un gynéco qui a lui-même vécu la perte dans l'enfance, à la naissance. Donc, il est conscient que la nature est pour toujours bien faite. Mais voilà, il nous dit bon, pas de bonnes. Sauf que la fausse couche ne va pas se déclencher.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Donc, on attend que mon beau-frère meure. Et moi, j'attends aussi ma fausse couche en même temps. Donc ça dure une petite semaine, je vais pratiquement tous les jours à la mater. Et puis au bout d'un moment, ils me disent on va programmer un curtage parce que là, de toute façon, on est arrivé au bout des possibilités médicamenteuses, donc il n'y a pas le choix si ça ne se déclenche pas d'ici là, c'est un curtage obligatoire. Oui, donc c'est comme ça que ça va se passer maintenant.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Donc, on enterre mon beau-frère le samedi et le dimanche, je passe au bloc.
- Speaker #1
Ah ok.
- Speaker #0
Une semaine sympa.
- Speaker #1
Oui, je pense que oui, pour toute la famille en plus.
- Speaker #0
Donc, assez rapidement, je revois mon gynéco pour qu'il vérifie que la fausse couche est bien complète, tout ça. Et puis, il me dit, vous savez, après la fausse couche, les hormones sont attaquées.
- Speaker #1
Oui, vraiment, t'étais enceinte.
- Speaker #0
Eh ben oui. Donc, je me suis dit, ben voilà, si vraiment, vous pouvez y aller, hein. C'est le moment. Oui. Et toi,
- Speaker #1
tu te sens prête, toi, à ce moment-là ?
- Speaker #0
Ouais. Ouais, ouais, la fausse couche, le baff. Alors, je sais que pour certaines femmes, c'est quelque chose de terrible. Mais en fait... Alors, c'est quasi un non-événement pour nous.
- Speaker #1
Après, je sais que vous avez vécu avant, forcément. Je pense que ça paraît... Voilà, ça paraît nouveau.
- Speaker #0
Je crois que ce qu'on a vécu avant avec Elmina, plus le décès de mon beau-frère, ça relativise un peu les choses. On se dit, bon, de toute façon, c'est comme ça, c'est comme ça. Donc, on continue nos essais. Et on est au mois de juin et au mois d'août, je suis enceinte.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Et là, tout se passe bien, écho de datation, tout ça. Terme annoncé le 5 mai. Magna est née le 2.
- Speaker #1
Je se répète.
- Speaker #0
Alors, c'est très courant. C'est extrêmement courant que le bébé d'après soit dans les mêmes dates.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
C'est quelque chose qui n'est pas… J'ai une amie, et pour le coup, son fils est né… le jour de la naissance de sa soeur aînée qui était décédée. Donc, pareil, sur une note rétablitée. C'est quelque chose de courant, la psychologue me le dit. Le gynécologue me dit, vous ne tracassez pas. De toute façon, on ne vous laissera pas aller aussi loin. Vous n'irez pas à terme. Il y a des protocoles pour les grossesses qui suivent une morphétaline utéro. Et en gros, dès qu'on considère que le bébé est viable, si vous le souhaitez, on peut déclencher. Grossesse que je n'investis pas. Du tout. D'accord. Je suis incapable de préparer quoi que ce soit. Je refuse de m'occuper de la chambre. On choisit de ne pas connaître le sexe du bébé. Ok. Donc, on part sur la même idée que pour Elmina, c'est-à-dire si c'est un garçon, on a déjà tout, si c'est une fille, on verra bien.
- Speaker #1
Oui. Et puis, dans la même période, les vicroniers et tout ça, c'est toujours pareil.
- Speaker #0
Donc, voilà. Je n'investis pas du tout, j'en suis. capable alors que mon conjoint lui a besoin de me dire ok c'est lui qui va faire toute la dédification Une fois chacun fait comme il peut quoi là c'est ça après moi je suis toujours accompagné par la psychologue qui me l'expliquent très bien en disant voilà chacun réagit à sa manière votre façon projeter c'est de ne pas vous projeter et l'autre conjoint, lui, il a besoin de se projeter. Donc il faut que vous respectiez ça, et il faut que lui, il respecte que vous, vous n'en êtes pas capable. Et en fait, on n'a pas eu de conflit par rapport à ça. Je pense qu'on est un couple qui est quand même assez solide, qui se respecte beaucoup, donc on se plaise à l'écoute l'un de l'autre. Donc au final, on va avancer chacun à notre rythme sur cette grossesse-là. Oui. C'est un peu... Alors, quand j'arrivais à cette moire, mon gynéco me dit... Je suis suivie en libéral. Il me dit, je passe la main.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Je passe la main. Je préfère maintenant que, voilà, vous soyez suivie à l'hôpital. Il me dit, je vais vous transférer vers une de mes collègues, qui est très bien. Donc, je la rencontre, effectivement. Ça se passe bien. Elle m'explique le protocole pour le déclenchement, tout ça, machin. Et puis, voilà. Je reçois un jour un coup de fil de la maternité me disant Le chef de service voudrait vous rencontrer.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
D'accord. J'y vais, donc j'attends. Il me prend avec plus d'une heure de retard, ce qui est très agréable quand on est enceinte. Et puis, on commence par l'entretien, par me dire j'ai pris le temps de bien regarder votre dossier. Et donc, la GIECO que j'avais rencontrée avait dit déclenchement 36-37 semaines. Et puis, en attendant, monitoring deux fois par semaine pour vous rassurer. Donc, le chef de service, il peut bien regarder votre dossier. On ne fait pas les déclenchements de confort ici. OK.
- Speaker #1
Peut-être que ce sont inconforts, mais d'accord.
- Speaker #0
On fait la même notion du confort, mais bon. Et puis, il me dit, non, puis alors, c'est histoire de faire un monitoring deux fois par semaine. De toute façon, ça ne sert à rien. Vous pouvez très bien faire un monitoring et qu'une heure après, votre bébé, il soit mort.
- Speaker #1
Mais oui.
- Speaker #0
Alors.
- Speaker #1
comment vous dire en fait toute la douceur avec laquelle tu as été traité jusqu'à présent c'est d'un coup là violence je ressors de là je suis un peu abasourdie et
- Speaker #0
c'est vrai que je vais m'en ouvrir à la psychologue qui est rattachée au service de la maternité qui connait bien nos chers oui alors effectivement je ne suis pas étonnée ok Bon, après, je revois la gynéco qui avait pris mon dossier en main et qui me dit, Foutois, casse les portes, on va regarder le planning.
- Speaker #1
Ok. Alors… Et donnez son avis. Moi, je fais comme j'ai envie aussi et c'est parti. Moi,
- Speaker #0
je travaille… Voilà, vous êtes à 37 semaines là. Moi, je travaille le vendredi là. Eh bien, on fait ça là.
- Speaker #1
Ok.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
Les montagnes russes.
- Speaker #0
La date est fixée. que le matin, j'arrive, j'ai un col qui n'est absolument pas prêt, mais pas du tout, du tout, du tout. La dernière semaine a été très, très angoissante, très stressante. Une fois encore, j'ai la chance de tomber sur un de mes enfants, sa femme, qui est vraiment formidable. Et qui va me dire, il voit depuis quelques semaines, venir deux fois par semaine. Et puis, il me dit, tu vas venir nous voir tous les jours, ça va te rassurer. Donc, je viens faire un monito tous les jours, la dernière semaine. Et puis, le vendredi, je me présente le vendredi matin. Colpe auprès, donc j'ai droit aux petits tampons pour... Pour faire maturer le col, on dit, va marcher. Je fais à peu près le tour de l'hôpital, monter les marches 18 fois, mais il ne se passe rien. Juste le lendemain matin, je perds le bouchon du queue. Et puis, du coup, le col a bougé, ça se met en place, donc j'ai droit à la perfusion. Donc on est déjà à 24 heures. du début des opérations. La perfusion, ce n'est pas très agréable.
- Speaker #1
Il y a la perfusion de cytocine pour déclencher aussi.
- Speaker #0
Il m'explique dans le protocole que toutes les demi-heures, il va venir augmenter le dosage jusqu'à ce qu'on trouve le bon pour les contractions. Ça va durer un certain temps. Il prend fait en salle de naissance à 15h30. la poche des os sera percée pose de la péridurale ça se passe bien du premier coup ça change j'avais un petit peu d'appréhension et puis il y a ce sage-femme-homme qui est là et qui nous accompagne formidablement bien C'est quelqu'un qui a beaucoup d'humour, qui a vécu, lui aussi, la perte d'un enfant. Donc, qui nous accompagne beaucoup.
- Speaker #1
Oui, qui sait ne pas être maladroite en ce qu'il dit.
- Speaker #0
Très, très bien. Et puis, alors, bon, après, je le connaissais de réputation.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Des sages-femmes hommes, il n'y en a pas beaucoup dans les maternités. Donc, je le connaissais de réputation. C'est... C'est le premier sage-femme homme à être sorti de l'école de sage-femme de Caen.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Il est de la bouteille. Ma mère a eu l'occasion de travailler avec lui. Voilà, c'est quelqu'un qui ne perd jamais son calme, qui est toujours très... qui est formidable.
- Speaker #1
Et c'est un heureux hasard qu'il ait été pris dans ce jour-là ou est-ce que selon les plannings, il a été fait en sorte ?
- Speaker #0
Heureux hasard.
- Speaker #1
Ok. Heureux hasard, tant mieux.
- Speaker #0
Puis la journée se passe et il ne se passe pas grand-chose. Alors il me dit, attends, on va essayer de changer de position, tout ça. Sauf que dès que je ne suis plus en position gynéco, les contractions s'arrêtent. Donc ce n'est pas le but de la belle œuvre.
- Speaker #1
Non.
- Speaker #0
Donc bon, voilà. Et puis au bout d'un moment, il me dit, je crois que c'est pour moi qu'il va être à couche. Je finis à 20h, c'est parti. C'est fini.
- Speaker #1
Ok.
- Speaker #0
Le gynéco vient m'examiner, effectivement, ça n'avance pas dur. Mon conjoint finit par dire, est-ce que je peux aller voir notre fils chez mes parents ? Ils sont pas loin, ils sont à 5 minutes. Mais bon, on ne l'avait pas vu depuis le jeudi. Donc oui, oui, oui, pas de souci. Puis ça fait quoi ? 5 minutes qu'il est parti. Je me sens pas... Bof, quoi. Je sais pas, je suis inconfortable, là. Et puis donc, le sage-femme... m'examine et me dit Ah, ça y est, c'est parti !
- Speaker #1
Ah, ok.
- Speaker #0
Je suis passée d'un col de 4 à 8 en espace d'un quart d'heure.
- Speaker #1
Ah, ok, très bien. Donc, ça s'est vraiment lancé.
- Speaker #0
Ça y est, on s'installe.
- Speaker #1
Ok. Donc là, on rappelle le mari, là, du coup.
- Speaker #0
On rappelle le mari. Il venait d'arriver chez ses parents. Je dis Bah, tu peux revenir. Et là, le sage-femme blague en disant De toute façon, le meilleur moyen, c'est de virer le papa. En général, ça décrit plus que juste. Donc, il revient très, très rapidement. Le sage-femme finissait son service à 20h et Lola est née à 19h56.
- Speaker #1
Ah oui, elle voulait être avec lui, en fait. Elle s'est dit, je l'aime bien, lui.
- Speaker #0
Et puis, voilà, il la sort et il me la présente de façon à ce que ce soit... Alors, c'est moi qui l'attrape et surtout, c'est moi qui découvre le sexe en premier. OK. Donc, voilà, c'est un grand moment de bonheur. C'est un accouchement qui s'est super bien passé, qui a été très rapide aussi. J'ai dû pousser même pas dix minutes.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
C'est... Voilà.
- Speaker #1
Et pas d'intervention, pas de pas de déchirure,
- Speaker #0
pas de rien. Royal.
- Speaker #1
Le passage parfait.
- Speaker #0
Royal. C'est vraiment un très bel accueillement et voilà, ça réconcilie avec les deux autres.
- Speaker #1
Et cette sensation de découvrir enfin ta petite fille qui est en pleine forme dans tes bras.
- Speaker #0
C'est ça, découvrir ce que c'est finalement de tenir son bébé dans ses bras à la naissance. Ça va être de repartir de l'hôpital avec un bébé.
- Speaker #1
Oui, aussi.
- Speaker #0
Voilà, on ne savait pas ce que c'était. C'est d'avoir attendu trois naissances pour pouvoir vivre ça.
- Speaker #1
Pour pouvoir vivre une juste naissance normale.
- Speaker #0
Oui, et c'est un vrai bonheur.
- Speaker #1
C'est un vrai bonheur. Ça change tout.
- Speaker #0
Ça change beaucoup de choses. Oui. On a notre lot de complications avec elle aussi, qu'on va découvrir plus tard, mais on va découvrir à trois ans qu'elle a une malformation cardiaque.
- Speaker #1
D'accord. Donc, elle n'a pas été détectée du tout avant.
- Speaker #0
Non, elle n'était pas détectable avant. Donc, voilà. Ça, c'est… Il va falloir qu'elle se fasse opérer. C'est comme ça.
- Speaker #1
Décidément, la maternité avec toi,
- Speaker #0
ce n'est pas un bon flemme tranquille. Non, ce n'est pas serein, serein, on va dire.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Mais voilà, elle va bien. Elle grandit super bien. Elle est pleine de vie. Elle est extrêmement vivante.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Prête.
- Speaker #1
Ça, ça fait du bien.
- Speaker #0
Oui, des fois, c'est fatiguant quand même. Mais voilà, c'est deux enfants qui grandissent bien. Maintenant, on a un ado pour qui, quand on le voit, on ne peut pas se dire que c'est un gamin qui est né préma. Il a été le plus petit de son groupe jusqu'en CP. Après, il a rattrapé sa courbe. On a la chance d'avoir des enfants qui n'ont pas de séquelles.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Ils sont en bonne santé, malgré tout. Même avec sa malformation cardiaque, elle est en bonne santé. Donc, on a cette chance-là.
- Speaker #1
Tout va mieux.
- Speaker #0
Oui, et puis, Elmina est intégrée dans notre famille.
- Speaker #1
Oui. Oui, c'est ton enfant, apparemment. entière.
- Speaker #0
Ah oui, et puis pour les enfants, c'est très clair aussi.
- Speaker #1
Ils ont une grande sœur, petite sœur, ça dépend.
- Speaker #0
Ouais, ouais. Ils sont trois enfants. C'est clair dans leur tête. Voilà. Noé sait qu'on a des photos de sa sœur. Il ne souhaite pas les voir pour le moment. On n'en a pas encore parlé avec Lola parce qu'on trouve qu'elle est encore un peu petite. Mais voilà, après si un jour elle souhaite les voir...
- Speaker #1
Même si elle demande spontanément, est-ce que vous avez quelque chose ?
- Speaker #0
Mais bon, on avisera. On avisera, on avisera. Leur soeur fait partie de la famille, c'est très clair. Et ce n'est pas un tabou du tout. Il ne faut pas que ça le soit. Et c'est vrai que c'est aussi pour ça que je trouve que c'est important de parler, parce que ça reste quelque chose qui est très tabou. C'est vrai que quand on parle grossesse, maternité, on voit le côté rose bonbon du truc, quoi.
- Speaker #1
Ah oui, toujours.
- Speaker #0
Mais des fois, c'est pas rose bonbon.
- Speaker #1
Oui,
- Speaker #0
des fois, tu vis tout,
- Speaker #1
tu vis la grossesse, tu vis l'accouchement, mais tu ne ressors pas avec un bébé. C'est ça,
- Speaker #0
et puis ça a un impact aussi sur l'entourage. et encore hier avec des amis qui ont eu un enfant après, sur la quina il y a 4 ans qui ont vécu de plein fouet la naissance d'Elmina et voilà, il y a un avant et un après oui ça les fait relativiser aussi ah oui oui parce que c'est prendre conscience que ça n'arrive pas qu'aux autres c'est ça aussi C'est une perte d'innocence, quelque part.
- Speaker #1
Oui, c'est ça. En tout cas, merci beaucoup à toi d'avoir partagé ça avec moi et avec un plus grand nombre de personnes encore que ton cercle d'amis et de famille. Je pense que ça pourra aider beaucoup de personnes parce que ça arrive. Et puis, pas qu'aux autres, clairement. Et dans ce cas-là, c'est bien de savoir que ça arrive à quelqu'un d'autre et qu'on arrive à s'en remettre. C'est compliqué, mais...
- Speaker #0
Oui, et puis surtout, il faut se faire accompagner. Oui, c'est important.
- Speaker #1
C'est bien par un professionnel que par l'entourage proche.
- Speaker #0
Après, l'entourage proche, ce n'est pas toujours évident. Les gens ne savent pas forcément toujours comment se positionner. Et puis, la génération de nos parents, c'est quelque chose qui est extrêmement tabou.
- Speaker #1
Oui,
- Speaker #0
c'est... voilà. La mort des enfants, c'est quelque chose dont on ne parle pas. Donc, c'est vrai que ce n'est pas toujours évident d'être bien accompagné. Mais du coup, se faire accompagner par un professionnel, je pense que c'est vraiment indispensable. Pour les parents comme pour les papas.
- Speaker #1
Oui. Ils doivent aller encore différemment, c'est sûr.
- Speaker #0
Oui, parce que souvent, on les oublie, les papas. Mais les papas aussi, ils prennent ça en pleine face, de la même façon. Les papas ou les conjoints.
- Speaker #1
Oui, oui. Le parent vit aussi un deuil et doit se faire aider aussi dans ce sens. C'est ça. Écoute, encore une fois, merci beaucoup à toi d'avoir partagé tout ça et d'avoir donné plein de petits conseils disséminés tout le long de l'épisode qui pourront faire le plus grand bien.
- Speaker #0
Merci.
- Speaker #1
Merci beaucoup d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. Si jamais il t'a plu et que tu souhaites aider le podcast, n'hésite pas à laisser une petite note sur l'application d'écoute sur laquelle tu es actuellement, ou un petit commentaire. Ça me ferait très plaisir, et ça peut être d'une grande aide pour aider le projet à avancer en attendant. Je te retrouve mercredi prochain pour une nouvelle histoire d'accouchement.