undefined cover
undefined cover
Séverine - J'ai peur de perdre la maîtrise de mon temps cover
Séverine - J'ai peur de perdre la maîtrise de mon temps cover
Bande de flippés

Séverine - J'ai peur de perdre la maîtrise de mon temps

Séverine - J'ai peur de perdre la maîtrise de mon temps

32min |11/02/2025
Play
undefined cover
undefined cover
Séverine - J'ai peur de perdre la maîtrise de mon temps cover
Séverine - J'ai peur de perdre la maîtrise de mon temps cover
Bande de flippés

Séverine - J'ai peur de perdre la maîtrise de mon temps

Séverine - J'ai peur de perdre la maîtrise de mon temps

32min |11/02/2025
Play

Description

Pour ouvrir cette saison 3 nous recevons Séverine Loureiro.


Passée par le groupe BPCE, indépendante pendant 5 ans, autrice-conférencière (elle sort d'ailleurs son 4e livre chez Dunod en mars 2025 : "La petite boîte à outils de l'expérience collaborateur"), aujourd'hui Directrice Générale du Lab RH et pourtant, flippée...


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Séverine Loureiro

    J'ai peur de ne pas avoir la maîtrise de mon temps.

  • Intro/Outro

    Bouh ! Bienvenue dans Bande de Flippés, le podcast qui explore les peurs des RH et des recruteurs. Cette saison, nous partons à la rencontre de DRH, dirigeants, dirigeantes et autres CEO, pour voir si en haut de l'échelle, ça flippe tout pareil... On ouvre cette troisième saison avec Séverine Loureiro, directrice générale du Lab RH.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Bonjour Séverine.

  • Séverine Loureiro

    Salut Etienne.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Est-ce que tu peux nous expliquer ta peur ?

  • Séverine Loureiro

    Oui, c'est une peur très personnelle. C'est une peur qui n'est pas que professionnelle, vraiment dans tous les pans de ma vie quotidienne. C'est que j'ai peur de ne pas réussir à organiser mon temps et à me le faire voler. C'est une vraie crainte. Voler par les contraintes d'autres ou par les priorités d'autres auxquelles je me plierais ou auxquels je voudrais faire plaisir, ça c'est un de mes travers et donc voilà, j'ai développé cette peur de ne pas avoir le temps de faire tout ce que je veux faire parce que j'ai plus la maîtrise de mon agenda moi, trop adapté aux contraintes d'autres personnes

  • Etienne - l'étincelle RH

    Est-ce que tu sais dire d'où vient cette peur et pourquoi c'est un enjeu pour toi d'avoir cette maîtrise de ton temps ?

  • Séverine Loureiro

    La peur elle vient d'un on peut pas tomber dans le pathos mais mon père est décédé quand j'étais très jeune, à 33 ans Et en fait, moi, j'ai eu cette espèce d'instinct, une urgence, qu'il fallait que je fasse le plus de choses possibles jusqu'à l'âge de mes 30 ans. Comme si j'avais ce couperet.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Vivre l'instant présent.

  • Séverine Loureiro

    Comme si, je ne sais pas, je me le suis jamais formulé comme ça, mais comme si moi aussi, peut-être après 30 ans, je pourrais plus faire de choses. Et donc, j'ai toujours eu cette urgence d'apprendre le plus de choses possibles, de faire, de tester. Quand tu es jeune, du coup, ça t'amène à faire 2-3 trucs que tu peux regretter *rires*, ou pas. Mais en tout cas, j'ai toujours eu cette urgence de faire. Je pense que ça vient de là.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Et en quoi aujourd'hui c'est important pour toi ? Parce que là aujourd'hui, tu es sur une fonction de DG du Lab RH, En quoi cette gestion du temps est fondamentale dans ton organisation ? Ou elle est importante ? C'est quoi l'enjeu aujourd'hui ?

  • Séverine Loureiro

    Je suis vraiment une ayatollah de l'agenda. Ça, c'est une des premières choses que j'ai expliquée à l'équipe, parce que ça peut surprendre. Et encore plus sur ce poste de DG, où je suis hyper sollicitée. Il y a l'équipe, il y a un écosystème ultra riche au Lab RH qui est très intéressant mais aussi varié, donc avec des enjeux variés. Les startups ont pas les mêmes enjeux, les mêmes calendriers que des grands groupes, que nos adhérents écoles ou institutionnels ou les experts RH qu'on peut avoir dans l'écosystème. Et donc moi m'arrivent toutes ces sollicitations, qui sont donc très nombreuses, mon temps, comme celui de tout le monde, il est restreint à une semaine de travail. Et donc moi, vraiment, j'ai une problématique aujourd'hui qui est de réussir à concilier toutes ces sollicitations avec par ailleurs ce que je dois faire pour le Lab et surtout l'équipe. J'ai connu des environnements où l'équipe était un peu la variable d'ajustement de l'agenda. C'était toujours les points d'équipe qui sautaient parce qu'on s'adaptait aux demandes de la direction ou aux demandes des clients. Et donc, moi, j'étais de l'autre côté, j'étais côté équipe, et donc, vraiment, la variable d'ajustement, on sentait bien que c'était nous, quand notre responsable avait d'autres priorités. Du coup, c'est nous qui devions nous ajuster, nos points sautaient, etc. Et donc, je ne veux pas, moi, aujourd'hui, que ma variable d'ajustement, ce soit l'équipe. Donc l'équipe, je la considère vraiment au même niveau, en fait, à un niveau d'importance de sollicitation plus important que les autres. Donc, moi, ma contrainte aujourd'hui en tant que DG, c'est réussir à continuer de consacrer ce temps à l'équipe, à continuer de me consacrer au Lab où il y a un gros travail à faire, tout en répondant aux sollicitations de tout cet écosystème ultra riche. Et aussi, je veux du temps pour réfléchir, c'est essentiel pour moi. J'aime avoir une vision hauteur et donc j'ai besoin de temps. Donc voilà, mon enjeu, vraiment, sur le temps en tant que DG du Lab, elle est encore plus importante qu'elle ne l'a été jusqu'à présent du fait de la richesse de ce poste et des sollicitations que je peux avoir.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Et avant justement de rentrer dans l'impact que ça peut avoir dans un univers comme le Lab RH d'innovation, ça veut dire, juste pour essayer de comprendre d'un point de vue pratico-pratique, ça veut dire qu'aujourd'hui, tu as des créneaux bloqués pour tes équipes, pour tes temps de réflexion, de veille en permanence ? Tout est déjà bordé en termes d'organisation ?

  • Séverine Loureiro

    Tu vois mon agenda. En fait, déjà, tu le sais, puisque cet épisode...

  • Etienne - l'étincelle RH

    Je ne l'ai pas dit *rires*

  • Séverine Loureiro

    Voilà, cet épisode en fait, vraiment, on a mis du temps à le caler, mais en fait on n'a pas mis du temps à le caler, le temps pour l'enregistrer est arrivé, a été calé lointainement, si ça se dit. En fait, comme je suis quelqu'un qui anticipe beaucoup et qui voit loin, comme j'ai effectivement des plages dans mon agenda, je peux te fixer un rendez-vous pendant deux mois. Mais tout en d'abord ayant, et ça c'est essentiel, évalué l'importance du sujet. Pour moi, important ce n'est pas urgent, urgent ce n'est pas important. Enfin, ça peut être les deux, urgent et important, mais bon, je sais faire le distinguo des deux. Donc après, il faut aussi que je m'adapte aux contraintes de l'autre. Par exemple, si on prend cet exemple qui est très concret, qui est assez intéressant : toi, tu avais un planning de podcast en l'occurrence, tu pouvais me caler plus loin. Donc allez, on y va. Si tu m'avais dit "il y a une importance à ce qu'on le fasse plus tôt", je me serais sans doute arrangée. J'aurais pas non plus bouleversé ou j'aurais pas fait cette variable d'ajustement par exemple avec l'équipe. Je t'aurais peut-être dit "ok, c'est pas dans un mois, dans ce cas, c'est peut-être dans deux semaines". En tout cas, voilà, effectivement, mon agenda, il y a des plages de réflexion qui sont calées. Les réunions avec l'équipe sont récurrentes, elles sont calées toute l'année et elles bougent pas en principe. Vraiment, c'est très rare. Tu pourrais leur demander et elles me démentiraient pas. C'est très rare que je fasse bouger un point d'équipe. Et alors, quand je le fais bouger, ça peut surprendre aussi, je le fais bouger un mois avant et là elles savent que là, je prévois un rendez-vous. Donc je peux avoir des créneaux. Par exemple, moi, j'aime beaucoup rencontrer les adhérents du Lab. Mais c'est pareil, les adhérents du Lab, ils sont plus de 500 aujourd'hui. Tu vois bien que si je rencontrais tout le monde sur le même temps, je suis obligée de me fixer une échéance longue. Donc j'ai des créneaux dans ma semaine. Généralement, c'est le vendredi matin où je me mets un résa adhérent. Si tu as 4 adhérents ou 5 qui veulent prendre rendez-vous avec moi d'un coup, peut-être que le cinquième, c'est dans cinq semaines. J'ai des plages pour réfléchir, que j'appelle ça "deep work" ou "dossier". Et ça, c'est vraiment un fonctionnement. Je ne l'ai pas appris, mais depuis toujours, j'ai toujours eu dans mon agenda des plages qui ont été bloquées pour être un peu en profondeur. Après je suis aussi flexible et je m'adapte à ce qui se passe autour de moi évidemment et aux priorités. Donc parfois ça saute, rarement, ça se décale. Je peux changer. C'était un mardi, ça passe un mercredi, le mercredi suivant ou un truc comme ça. Mais oui, donc mon agenda, quand tu le regardes, il y a des couleurs. Il y a des plages déjà bloquées très longtemps à l'avance. Même des trucs privés. Aller au bois avec mon chien, c'est bloqué. Faire du sport, évidemment. J'ai une gestion de l'agenda... je préviens les gens. Je crois que je t'en ai parlé. Parce que ça peut surprendre ou l'autre peut avoir une impression de "ok, je ne suis pas suffisamment important pour"… J'aime bien expliquer aux gens et leur dire "écoutez, il y a des choses dans mon agenda que je ne veux pas toucher, l'équilibre, etc. tt donc, comprenez qu'il n'y a pas d'impact particulier pour vous donc moi je préfère qu'on se voit le mois prochain". Une fois que tu l'expliques, les gens comprennent. Après si c'est très urgent de leur côté j'essaie de m'adapter. Après entre nous, si c'est très urgent de l'autre côté, j'ai aussi envie de leur dire c'est pas mal d'anticiper. Enfin moi je suis dans l'anticipation donc voilà après je peux entendre qu'il y ait des contraintes qui empêchent d'anticiper, mais voilà tu vois j'ai beaucoup sensibilisé l'équipe à ça parce que moi ce que je leur dis c'est en fait c'est que ma peur : je ne veux pas être sous la contrainte de l'autre. Il y a un côté contrainte pour moi. Donc moi, je ne l'impose à personne, ma contrainte ou mes priorités. Parfois, on a deux contraintes, deux priorités. J'ai beaucoup de partenaires, on a beaucoup de partenaires au Lab. Donc là, on définit des agendas ensemble, des calendriers ensemble pour avancer, etc. Mais ma peur, c'est vraiment... C'est pour ça qu'il y a "maîtrise" dans l'intitulé de ma peur. C'est que pour moi, c'est à deux qu'on réfléchit l'agenda dans ce cas-là, quand on a des choses en co-création. Mais sinon vraiment je veux pas être sous contrainte de l'autre et donc que mon agenda soit pris en otage. Et ça, j'ai beaucoup sensibilisé l'équipe à ça pour qu'elle aussi elle ait cette sensibilité là. Parce que tu vois quelqu'un qui arriverait en t'expliquant "non mais il faut qu'on se voit parce que dans 3 jours, mon échéance c'est dans trois jours donc il faut absolument que ce soit maintenant ou demain", alors il y a peut-être des très bonnes raisons pour lesquelles tu m'en parles que maintenant. Bon après en me les expliquant peut-être que ok je... Mais généralement, par expérience, c'est juste qu'il y a eu un manque d'anticipation. Donc, tu vois, moi, j'ai un petit côté "Ouais, moi aussi j'ai des priorités, moi aussi il va y avoir des impacts sur mon environnement, sur mon travail". Donc, je peux le faire une fois, mais je ne le ferai pas beaucoup parce que là, j'aurais vraiment l'impression d'être sous contrainte. Donc, c'est ça, ma crainte, en fait, tu vois.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Justement, par rapport à ce que tu évoques, tu es dans un environnement Lab RH d'innovation, comment tu réagis à la remarque de certains qui te disent qu'avoir un agenda aussi calé, aussi anticipé finalement ça freine l'innovation, ça freine justement cette gestion des urgences, aussi ces moments de créativité, alors qu'en fait tu es plutôt connue pour être quelqu'un qui innove. Donc, qu'est-ce que tu réponds à ces gens qui ont le sentiment que ça vient plutôt contraindre cette culture de l'innovation et de créativité ?

  • Séverine Loureiro

    L'élément de preuve sur le fait qu'on fait beaucoup de choses très neuves au Lab RH, et moi à mon échelle comme tu l'as dit, je pense pas pouvoir être taxée "d'anticrétivité". Alors moi ce que je leur réponds c'est qu'il faut faire attention à ce que agilité soit pas l'espèce de d'arbre qui cache une tendance à pas savoir prévoir, anticiper, organiser, et pour moi ce n'est pas du tout antinomique. Les idées, effectivement, j'en ai très régulièrement. Si j'ai une idée ou si j'ai une priorité à un moment où je ne peux pas, je peux aussi le noter et y revenir demain, tout à l'heure. Vraiment, en cas d'urgence, "urgence urgente" j'appelle ça souvent, je peux m'adapter. Après, c'est un truc que je dis très souvent, franchement, on n'est pas chirurgien cardiaque en RH. A mon niveau, sans aucune dévalorisation de mon poste évidemment, mais quelle urgence pourrait- il y avoir pour que je sois obligée de tout lâcher ? Franchement à part sur de l'événement, parce que j'ai fait beaucoup d'événementiel dans une autre vie et on en fait beaucoup aussi au Lab, tu as sur des salons là tu as toujours un truc en dernière minute sur l'événement donc par exemple dans mon agenda je vais pas trop blinder les 2-3 jours avant un salon parce que possiblement, tu as toujours un truc de dernière minute. Un speaker, un intervenant qui va se décommander et il faut le trouver un autre en urgence, une demande du salon, un truc logistique qui a couaqué. Mais franchement, à part l'événementiel, je ne sais pas, je suis peut-être vraiment très dans l'anticipation de l'organisation, ce qui est vrai. J'ai rarement eu d'opportunités ratées parce que je n'avais pas su adapter mon agenda. Franchement, ça n'est pas arrivé.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Et est-ce qu'à l'inverse tu dis que c'est en ayant une bonne gestion d'organisation d'agenda que finalement on est presque plus créatif parce qu'on a ces moments ? Je le vois aussi dans nos organisations et à l'étincelle ça nous arrive aussi, c'est que parfois les équipes on a du mal à faire de la veille, on n'a pas le temps, mais parce que finalement on ne l'a pas anticipé, alors qu'en fait toi tu l'anticipes.

  • Séverine Loureiro

    Complètement. Moi, j'ai du temps pour la veille dans mon agenda. Donc oui, c'est pour ça que je te dis, il y a un petit côté... Je ne veux pas être trop dure, mais les gens qui te disent "Ouais, mais moi, j'ai besoin que ce ne soit pas cadré", c'est souvent ceux qui, en réalité, produisent le moins de choses ou réussissent à moins sortir du cadre. Mais parce qu'en fait, ils se font bouffer par un nombre de priorités, de trucs qui arrivent au quotidien et qui, en fait, ne te laissent pas le temps de prendre cette hauteur nécessaire. Donc, il n'y a pas, dans mon agenda, je rassure tout le monde, il n'y a pas : "de 11 à 12 réfléchir", tu vois. Mais par contre oui, il y a "faire de la veille", il y a "prendre le temps de lire tel livre blanc". Ca peut être calé dans mon agenda, ça peut se balader, parce que ça pour le coup c'est évidemment ça ma variable d'ajustement, ça va être ce genre de choses. Mais non, moi, je suis persuadée qu'une bonne organisation ça sait s'adapter, parce que ça a des marges, tu vois. Je pense qu'effectivement, c'est une condition à l'innovation.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Et comment tu arrives à prendre, enfin, comment tu arrives t'en prends forcément, mais des décisions dans l'urgence ? Est-ce que c'est quelque chose qui vient te chahuter et qui est toujours compliqué pour toi, quand on vient te demander une décision en disant, comme en effet tu l'as évoqué, "j'ai besoin de la réponse là, aujourd'hui, maintenant" et avec le sentiment qu'on n'a pas anticipé, donc qu'on te met dans un cadre contraint ? Parce que ça peut être un partenaire, ça peut être un client, un fournisseur... enfin, comment tu gères ces situations-là et cette prise de décision ?

  • Séverine Loureiro

    Alors un partenaire ça ne me dérange jamais, Etienne. Au quotidien, mais même l'équipe tu vois, là on est à Station F aujourd'hui, on est sur le plateau avec l'équipe, volontairement dans mon agenda, je n'ai pas beaucoup de réunions parce que je veux passer du temps avec l'équipe, être sur le plateau et qu'elle puisse me solliciter comme ça. Donc tu vois, à la volée comme on le voit sur n'importe quel plateau, ça ne me dérange absolument pas. Donc là c'est des décisions, il y en a je ne sais pas, 3 par heure à prendre comme ça. Après, si effectivement je suis dans un moment prévu pour moi depuis une semaine, un moment où je vais être un peu en temps calme, en réflexion, etc. et que j'ai un truc qui arrive de nulle part, parce que c'est l'urgence de mon interlocuteur qui a pas anticipé, je vais pas te mentir je vais pas sauter de joie et être super confort. Après, encore une fois je sais répondre. Il y a un truc qui me drive c'est l'intérêt du Lab et l'intérêt de ma mission même avant que je sois dans le Lab. Donc si c'est dans l'intérêt du Lab, dans l'intérêt de l'équipe, dans l'intérêt d'un projet, j'arrêterais ce que je fais et je prendrais le temps.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Est-ce que tu penses que ce qui pourrait être perçu par certains comme une envie de tout contrôler, de tout maîtriser, ça puisse être un obstacle au bon pilotage de tes missions, à la bonne gestion des aléas ? Qu'est-ce que tu réponds à ceux qui pourraient avoir cette perception ?

  • Séverine Loureiro

    Qu'ils ne m'ont pas forcément bien comprise, parce que ce n'est pas une envie de tout contrôler. En fait, pour moi, c'est de la liberté, parce que je ne me laisse pas bouffer par de l'imprévu. Alors, il y a toujours de l'imprévu, mais je ne me laisse pas déborder. Je ne me réveille pas un jeudi en me disant "mince, ça c'était pour vendredi". Du coup, sur le long terme, ça m'a libérée d'avoir cette gestion. Par exemple, moi, je crois beaucoup au fait que la créativité et les idées, elles naissent pas quand tu t'assoies devant une feuille à un moment. Bon, alors mes idées par exemple c'est sortir. C'est pour ça que je te parlais de sortir le chien, c'est pas juste anecdotique. Moi j'habite en lisière de forêt, en région parisienne et tu vois, de sortir une heure à 8h du matin avec le chien, mes meilleures idées elles arrivent dans ces moments-là. Ou le soir, ou après le déjeuner, et pourtant je ne suis pas en train de faire un truc, ce n'est pas un temps hyper contrôlé. Par contre, si ce temps, je ne l'avais pas mis dans mon agenda, je sais que je me serais levée et j'aurais commencé mes mails à 7h30, et j'aurais levé le nez à 11h, et j'aurais... Enfin, tu vois ? Du coup, c'est là que j'aurais été perdante, en fait. Je n'aurais pas pris ce temps d'oxygène, qui me permet d'avoir des bonnes idées, pour ensuite mieux conduire mes missions et driver le projet du Lab ou aider les équipes. Mais après je suis vraiment formatée comme ça, peut-être c'est tellement ancré dans ma façon d'être et même de gérer mon quotidien que la contrainte pour moi c'est tu me dis "tu as pas d'agenda" et tu mets dans un centre d'appel et je dois répondre au téléphone toute la journée. Pas parce que je réponds au téléphone toute la journée, pas du tout, mais parce que du coup je ne peux rien anticiper de qui va m'appeler dans deux minutes. Sonc j'ai besoin d'anticiper certes mais parce que ça me libère sur du temps si je sais que pendant une heure je vais répondre ou je vais être tu vois... là par exemple je suis comme je le disais tout à l'heure avec l'équipe toute la journée, demain je suis en deep work sur une présentation que je dois faire pour un adhérent où je dois intervenir, elles le savent, elles vont moins me solliciter mais elles me sollicitent plus aujourd'hui. Tu vois c'est cette liberté, aujourd'hui je suis là, j'ai aucune contrainte à répondre. Même, on a les startups sur le plateau qui m'interrogent et je le fais avec super plaisir. En plus, je suis dans l'interaction. Mais si j'ai ce plaisir aujourd'hui à le faire, c'est parce que je sais que je vais avoir ce temps demain. Donc, tu vois, je ne suis pas en frustration de "zut quand est-ce que je vais le faire et j'ai mon échéance". Eh bien non, parce que c'est prévu demain. Moi, ça me libère.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Et comment tu réagis face aux gens qui te diraient "oui, mais tu ne veux pas avoir de contraintes qui te soient imposées sur la gestion du temps, mais en fait avec ton organisation à toi très structurée, ça en fait une contrainte pour nous" ?

  • Séverine Loureiro

    L'équipe par exemple, j'essaie de m'adapter aussi à leur façon de gérer leur agenda, bien évidemment. Après, c'est ce que je te disais, moi je ne veux pas qu'on m'impose des contraintes calendaires. J'essaie de ne pas imposer. C'est pour ça que quand on est sur un projet avec plusieurs parties, moi, j'aime bien qu'on commence par se parler sur un rétro-planning, sur un planning, et où on va... tous amener nos propres contraintes et on produira un planning. Enfin c'est la définition de la gestion de projet. Tu vois, la contrainte pour moi, ce serait qu'on s'engage dans des projets où on n'a pas de cadre, on n'a pas d'échéance et puis on avance au fil de l'eau et on voit quand on... Non, là, c'est contraignant pour moi parce que là, je sais que les contraintes des autres vont arriver et moi, je ne serai pas très à l'aise. Comme je n'aime pas la contrainte, je n'aime pas contraindre. Ou je ne serai pas très à l'aise pour contraindre avec mon agenda. In fine, ça va couaquer parce qu'il y en a un des deux qui sera frustré de la situation, une des deux parties je veux dire. Tandis que sur une vraie gestion de projet, où on s'est mis d'accord : un gestion de projet, ça commence toujours par un agenda, il y a des raisons. Personne ne dit dans la salle, ah ben non, mais si on fait un agenda, ça va limiter l'agilité. Non, il y a toujours un début, il y a des jalons, il y a une fin dans une bonne gestion de projet, il y a un rythme de gouvernance. Et bah ça ça contraint, tout le monde est bien d'accord pour dire ça contraint. Pourquoi ça serait différent moi ? Je considère que mes semaines sont un projet, je fais de la gestion de projet en permanence, mon métier c'est la gestion de projet. Depuis le début, quand je faisais du recrutement, je disais toujours "c'est des mini projets". Tu me demandes "comment tu réagirais à des gens qui te diraient que", peut-être que mes réponses sont bizarres mais parce que j'essaie de me mettre dans les chaussures de gens qui me diraient ça, et je comprends, mais c'est à l'antipode de ma façon de concevoir mon temps.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Et là, pour les DRH qui nous écoutent qui se disent "OK, vous êtes gentils, vous nous parlez de la gestion du temps et autres, en quoi c'est important pour nous ?" Pourquoi ce sujet te tenait à cœur, aussi d'en parler à la destination des DRH ? En quoi c'est important pour eux, à ton avis, ce sujet ?

  • Séverine Loureiro

    Là pour l'instant j'ai beaucoup parlé de moi. J'ai quand même mentionné à un moment donné que quand j'ai pris l'équipe du Lab, c'est un des premiers sujets que j'ai abordé avec eux. Il faut que vous soyez maîtres de votre agenda. Pourquoi je l'ai fait ? Parce que pour moi, c'est une vraie pièce du puzzle du bien-être du collaborateur. Toutes ces injonctions à répondre à des mails immédiatement. Avant, quand on écrivait un mail, on ne s'attendait pas forcément à avoir une réponse, sous 48 heures ça allait. Maintenant, on veut la réponse dans la journée. D'ailleurs, quand on reçoit un mail, tu vas rire, mais moi mes mails, je ne les regarde pas au quotidien, toute la journée. J'ai deux plages dans la journée où je lis mes mails. Sauf si on m'alerte et qu'on me dit "tu as reçu un mail urgent là", j'y vais. Parce qu'en fait, cette injonction à répondre à des mails dans l'immédiateté, les réunions qui, toute la journée, viennent contraindre ton agenda, que tu n'as pas décidées mais qu'un autre agenda a décidé pour toi parce que pour lui c'est une priorité, et qui fait que tu commences à bosser à 17 heures, tout ça, tout le monde le comprend bien, que ça vient quand même un petit peu impacter la santé mentale des collaborateurs, pour moi, c'est évident. Vraiment, le temps, pour moi, c'est un des assets les plus importants dans l'entreprise. Tu vois, le temps long versus le temps court. On dit toujours que les entreprises doivent être résilientes, mais pour être résilientes ça demande du temps long, alors qu'on est dans une espèce d'immédiateté, d'urgence à répondre à tout, et donc on contraint les gens à travailler sur du temps court. Et pour moi, dans cette dichotomie, il y a un espèce d'espace où les gens peuvent être frustrés, peuvent être... La contrainte, ça crée de la frustration, ça crée du mal-être, ça peut créer... Enfin bref, pas du positif. Donc pour moi, la gestion du temps, c'est un des piliers de la santé mentale, vraiment. Donc c'est pour ça que je voulais en parler parce que je pense que les DRH doivent... Tu vois, moi j'ai vu des boîtes qui, dans Outlook ou le système d'agenda, ont limité... Tu sais, quand tu ouvres un Outlook, maintenant ça te fait une heure automatiquement. Bon ben eux, ils ont paramétré le truc pour que ça fasse 45 minutes. Moi mes réunions elles font rarement plus de 45 minutes parce que ça te laisse un quart d'heure entre les deux. Mais tu vois, c'est un quart d'heure où tu vas un peu souffler ou peut-être tu vas te lever, tu vas peut-être aller dehors dans ton jardin, sur ton balcon, t'aérer un peu. Et ça, ça t'apporte un peu un sentiment de maîtrise plutôt que tu raccroches, tu redécroches, tu raccroches, tu redécroches, qui à mon avis, en usure, tu cumules ça à la fin de la journée, à la fin de la semaine, à la fin du mois, à la fin de l'année. Ça me paraît être évident que la gestion du temps pour les collaborateurs, ça doit être une vraie préoccupation du DRH, toute l'entreprise, aussi pour son équipe bien évidemment. Parce que les DRH sont souvent pompiers. On le sait, quand on bosse dans une direction RH, ça tombe de tous les côtés les demandes. Il faut concilier les demandes des collaborateurs, les demandes de notre direction, les demandes des collègues, les demandes de collègues d'autres directions sur lesquelles on travaille. Les RH, on le voit dans plein de directions mais comme nous, on répond en plus à des collaborateurs en direct, on est un espèce de B2B, B2C, nous, quand on est dans une DRH. Et bien ça double un peu ces espèces de contraintes de temps. Et je pense qu'il faut soigner, il faut presque former les gens à gérer leur agenda. Et pour moi, c'est un sujet RH.

  • Intro/Outro

    Et justement si là, on a une DRH ou un DRH qui nous écoute, qui est dans une organisation où on n'est que dans la gestion de l'immédiateté et qui, là, ne sait pas comment s'y prendre... Alors, je ne sais pas si on a la réponse, si tu as la réponse, mais quel conseil tu lui donnes ? Parce que changer des cultures d'organisation qui sont très sur cette immédiateté, c'est complexe et c'est du temps long comme tu le disais. Donc, comment on s'y prend ? C'est quoi ton regard ?

  • Séverine Loureiro

    Pour moi, c'est questionner. Sur les réunions, moi j'ai fait des grosses organisations, on m'invitait à des réunions, je ne savais même pas pourquoi on m'invitait. Vous voyez, il n'y a pas de... Bon, ça a pu surprendre au début mais à chaque fois que j'arrive dans une organisation, ma gestion de l'agenda peut surprendre. Mais après, on s'y fait. D'ailleurs, après, je suis copiée. D'ailleurs, on me demande des modèles. Tu vois, "monte-moi ton agenda", on me demande des conseils. En fait, il y a une chose, c'est questionner. Donc, pourquoi je suis invitée ? Est-ce que ma présence est vraiment nécessaire ? Est-ce que tu m'invites pour info ? Et si tu m'invites pour info, je ne sais pas, il va y avoir un compte-rendu, je pourrais le lire. Donc, tu vois, il faut questionner un peu. Donc, si j'étais aujourd'hui DRH dans une organisation comme ça, avec cette culture-là, et que j'essayais de la changer, je pense que je commencerais par ouvrir la possibilité à questionner. Tu n'es pas soumis à la contrainte d'un collègue, forcément. Tu as un chef, mais on ne peut pas tous se soumettre à la contrainte d'autrui, parce que ça, pour moi, là, il y a un gisement de mal-être hyper important. Donc, il faut questionner. Est-ce que je suis nécessaire dans cette réunion ? Quel est l'impact ? Je reboucle avec le début, quand je te disais qu'il faut comprendre un peu l'urgence versus l'importance pour l'autre. On peut questionner ça. Moi, souvent, on me demande, est-ce que je peux vous voir ? On peut se voir cette semaine ? Même quand on me démarche, on me propose des créneaux. On est mardi, on peut se voir jeudi ou vendredi. J'ai un boulot, je ne suis pas là à attendre. Souvent, je réponds en disant, est-ce que vous pouvez me donner vos échéances ? C'est quoi vos échéances ? C'est quoi l'urgence de ce truc ? Alors on va me dire "mais c'est parce que t'es DG". Mais donc justement, dans une culture, dans une boîte où je voudrais modifier la culture, je pense que je commencerais par essayer d'instiller ça sur le fait que déjà, questionner c'est pas une critique, c'est une information nécessaire que de comprendre en quoi cette sollicitation elle est impactante, elle a du poids, elle est importante pour l'autre aussi, parce qu'il faut évidemment faire preuve d'empathie, etc. Donc, il faut questionner et il faut évaluer, il faut savoir évaluer les demandes. C'est une vraie compétence, en fait, de savoir évaluer une demande dans tous les métiers, et dans tous les domaines. Alors là, sur cette question du temps, il ne faut pas avoir peur de demander pourquoi, pour quand, et pour qui. Est-ce que moi je suis vraiment nécessaire ? Pardon, si je peux juste finir sur un truc, il faut arrêter le fantasme de "c'est parce qu'on fait beaucoup de réunions qu'on est important". Alors, il y a un truc aussi où, parce que tu cumules les réunions et comme t'es invité partout, du coup, t'es dans tout, donc t'as l'impression d'être hyper... Je pense qu'il y a la longue l'usure de ça. Ça doit vraiment être très fatigant. Moins je fais de réunions, mieux je me porte ! Mais pas parce que je suis une feignasse, mais parce que je cherche l'efficacité. Donc si on arrive à faire ce même projet en 3 réunions plutôt qu'en 6, moi ça me va bien, mais parce que je n'ai pas besoin d'être dans une réunion pour me sentir importante. Ta question est très pertinente, c'est des choses très culturelles, mais je pense que c'est nécessaire parce qu'encore une fois, quelqu'un qui passerait que sa journée... On parle beaucoup de quête de sens, situ passes toute ta journée en réunion de 10h à 17h en fait tu produis plus rien et puis tu commences à traiter tes mails à 17h. Tu commences à traiter tes mails à 17h donc en plus en termes d'équilibre vie pro/vie perso... et puis si un matin tu te lèves et tu te dis "qu'est-ce que j'ai produit ce mois-ci ?" et qu'en fait tu te rends compte que t'as juste produit des heures de présence en réunion, je sais pas ça peut être dur en fait comme prise de conscience. C'est pour ça que je pense que c'est un vrai élément de bien-être et de santé mentale pour les collaborateurs.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Je reviens dans ce que tu dis, questionner. Je retiens aussi un petit côté "il faut un peu se rebeller aussi", quand tu dis pas se soumettre. On manque parfois peut-être de capacité à se rebeller dans les organisations, à braquer un peu le système pour le transformer.

  • Séverine Loureiro

    Mais rebeller dans le très bon sens du terme. Voilà. On lit beaucoup en ce moment dans la presse que 'l'esprit critique' serait la compétence... bah c'est ça, c'est tout. C'est juste avoir un œil qui challenge. Est-ce que vraiment on a besoin d'être 18 autour de la table à cette réunion ? Il se décide rien à 18, faut être honnête. Donc en fait, c'est une réunion pour info. Mais des réunions pour info, ça a besoin d'être hebdo par exemple. Donc oui il faut challenger, mais ça toujours pareil dans une conduite de projets intéressante et intelligente. En début de projet on se pose ces questions de gouvernance et si personne les pose... Et c'est pas de la rébellion que de dire "posons- nous la question de la gouvernance", on la pose au début de projet et voilà. Donc ouais, on peut appeler ça 'rébellion', moi j'appelle ça 'efficacité', 'pertinence'. Mais dans certaines organisations ça peut être vu comme de la rébellion, j'en ai conscience ouais.

  • Intro/Outro

    On va arriver à la fin du podcast. Si tu avais un dernier conseil à donner aux RH qui nous écoutent sur les enjeux qu'on évoque aujourd'hui, à des DRH qui seraient confrontés aux mêmes problématiques que tu évoques, ce serait quel conseil que tu donnerais ?

  • Séverine Loureiro

    Écoute, je vais rester là-dessus. Vraiment, ce regard neuf, déjà sur son agenda à soi. Vraiment les RH, avant de vouloir changer l'organisation, il faut peut-être se changer au niveau de la RH. Déjà ça permet de faire un peu de test and learn, on parlait d'agilité et d'innovation tout à l'heure, commencer par soi. Je pense que je conseillerais de commencer par soi et d'avoir vraiment cette prise de conscience. Et c'est marrant parce qu'à chaque fois que je parle de ça avec des gens, ils me disent "mais ouais mais tout à fait t'as raison mais oui". Mais tu vois quand on me demande des conseils, si tu savais le nombre d'optimisation d'agenda que je fais autour de moi...

  • Etienne - l'étincelle RH

    Ca demande une rigueur. Il y a beaucoup de gens qui aimeraient le faire, mais qui peut-être lâchent sur la rigueur que ça demande, parce qu'il faut faire de la pédagogie, il faut expliquer, il faut se tenir à ses principes, parce qu'on peut vite en sortir. Donc il y a aussi, en tout cas, une certaine force intérieure de dire "en fait, je tiens mon cap, parce que c'est le bon cap pour être efficient, pour être productif, pour me préserver", ce qui n'est pas toujours évident.

  • Séverine Loureiro

    Oui, et c'est pour ça que je le prévois dans l'agenda. C'est pour ça que je te disais tout à l'heure, pour moi, c'est vraiment de la liberté que je m'offre. Parce que dès lors que c'est planifié dans l'agenda, il y a peut-être des fois où ça va sauter, évidemment qu'il y a des jours où moi-même ça saute. Et c'est sans doute sain aussi, parce qu'encore une fois, il faut bien que je m'adapte. Je ne suis pas juste un roc. Mais par contre, je sais que ça sera la semaine prochaine. Et après, cette récurrence, de la récurrence vient l'habitude. Et après, ça va être complètement naturel. C'est là où ça va vraiment infuser. Et après, en plus, tu le fais à l'échelle d'une équipe. Et puis du coup, cette équipe, quand tu vas être en contact d'autres équipes... Tu vois, pour moi c'est pour ça qu'il faut commencer par soi. Et effectivement, là où tu as raison, c'est que ça demande, même à moi, ça me demande un effort, même encore maintenant, alors que c'est complètement ancré dans ma façon d'être. Ça me demande un effort, pas tant pour moi, mais plus pour l'expliquer aux autres. Mais une fois que les autres ont compris, vraiment, j'invite tout le monde, c'est libérateur. Et on a plein d'idées. Moi, tout le monde on me dit "Mais comment tu fais, Séverine, pour écrire des livres, pour prendre un nouveau job, pour faire des podcasts ?" J'ai des week-ends, je fais plein de choses par ailleurs, à côté ! Mais c'est juste de l'orga, ça demande cette force, enfin pas cette force, c'est un peu présomptueux, mais cette rigueur. Ça demande un peu de rigueur, mais franchement, c'est ultra libérateur sur le moyen et le long terme. Je le conseille à tout le monde.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Merci beaucoup Séverine.

  • Séverine Loureiro

    De rien Etienne, merci à toi.

  • Intro/Outro

    Merci d'avoir écouté Bande de Flippés, un podcast produit et imaginé par L'Étincelle RH, en partenariat avec I2O. Envie de partager vos peurs ? Vous pouvez nous contacter sur LinkedIn. On se retrouve dans deux semaines pour découvrir un autre membre de la Bande de Flippés. Bouh !

Description

Pour ouvrir cette saison 3 nous recevons Séverine Loureiro.


Passée par le groupe BPCE, indépendante pendant 5 ans, autrice-conférencière (elle sort d'ailleurs son 4e livre chez Dunod en mars 2025 : "La petite boîte à outils de l'expérience collaborateur"), aujourd'hui Directrice Générale du Lab RH et pourtant, flippée...


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Séverine Loureiro

    J'ai peur de ne pas avoir la maîtrise de mon temps.

  • Intro/Outro

    Bouh ! Bienvenue dans Bande de Flippés, le podcast qui explore les peurs des RH et des recruteurs. Cette saison, nous partons à la rencontre de DRH, dirigeants, dirigeantes et autres CEO, pour voir si en haut de l'échelle, ça flippe tout pareil... On ouvre cette troisième saison avec Séverine Loureiro, directrice générale du Lab RH.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Bonjour Séverine.

  • Séverine Loureiro

    Salut Etienne.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Est-ce que tu peux nous expliquer ta peur ?

  • Séverine Loureiro

    Oui, c'est une peur très personnelle. C'est une peur qui n'est pas que professionnelle, vraiment dans tous les pans de ma vie quotidienne. C'est que j'ai peur de ne pas réussir à organiser mon temps et à me le faire voler. C'est une vraie crainte. Voler par les contraintes d'autres ou par les priorités d'autres auxquelles je me plierais ou auxquels je voudrais faire plaisir, ça c'est un de mes travers et donc voilà, j'ai développé cette peur de ne pas avoir le temps de faire tout ce que je veux faire parce que j'ai plus la maîtrise de mon agenda moi, trop adapté aux contraintes d'autres personnes

  • Etienne - l'étincelle RH

    Est-ce que tu sais dire d'où vient cette peur et pourquoi c'est un enjeu pour toi d'avoir cette maîtrise de ton temps ?

  • Séverine Loureiro

    La peur elle vient d'un on peut pas tomber dans le pathos mais mon père est décédé quand j'étais très jeune, à 33 ans Et en fait, moi, j'ai eu cette espèce d'instinct, une urgence, qu'il fallait que je fasse le plus de choses possibles jusqu'à l'âge de mes 30 ans. Comme si j'avais ce couperet.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Vivre l'instant présent.

  • Séverine Loureiro

    Comme si, je ne sais pas, je me le suis jamais formulé comme ça, mais comme si moi aussi, peut-être après 30 ans, je pourrais plus faire de choses. Et donc, j'ai toujours eu cette urgence d'apprendre le plus de choses possibles, de faire, de tester. Quand tu es jeune, du coup, ça t'amène à faire 2-3 trucs que tu peux regretter *rires*, ou pas. Mais en tout cas, j'ai toujours eu cette urgence de faire. Je pense que ça vient de là.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Et en quoi aujourd'hui c'est important pour toi ? Parce que là aujourd'hui, tu es sur une fonction de DG du Lab RH, En quoi cette gestion du temps est fondamentale dans ton organisation ? Ou elle est importante ? C'est quoi l'enjeu aujourd'hui ?

  • Séverine Loureiro

    Je suis vraiment une ayatollah de l'agenda. Ça, c'est une des premières choses que j'ai expliquée à l'équipe, parce que ça peut surprendre. Et encore plus sur ce poste de DG, où je suis hyper sollicitée. Il y a l'équipe, il y a un écosystème ultra riche au Lab RH qui est très intéressant mais aussi varié, donc avec des enjeux variés. Les startups ont pas les mêmes enjeux, les mêmes calendriers que des grands groupes, que nos adhérents écoles ou institutionnels ou les experts RH qu'on peut avoir dans l'écosystème. Et donc moi m'arrivent toutes ces sollicitations, qui sont donc très nombreuses, mon temps, comme celui de tout le monde, il est restreint à une semaine de travail. Et donc moi, vraiment, j'ai une problématique aujourd'hui qui est de réussir à concilier toutes ces sollicitations avec par ailleurs ce que je dois faire pour le Lab et surtout l'équipe. J'ai connu des environnements où l'équipe était un peu la variable d'ajustement de l'agenda. C'était toujours les points d'équipe qui sautaient parce qu'on s'adaptait aux demandes de la direction ou aux demandes des clients. Et donc, moi, j'étais de l'autre côté, j'étais côté équipe, et donc, vraiment, la variable d'ajustement, on sentait bien que c'était nous, quand notre responsable avait d'autres priorités. Du coup, c'est nous qui devions nous ajuster, nos points sautaient, etc. Et donc, je ne veux pas, moi, aujourd'hui, que ma variable d'ajustement, ce soit l'équipe. Donc l'équipe, je la considère vraiment au même niveau, en fait, à un niveau d'importance de sollicitation plus important que les autres. Donc, moi, ma contrainte aujourd'hui en tant que DG, c'est réussir à continuer de consacrer ce temps à l'équipe, à continuer de me consacrer au Lab où il y a un gros travail à faire, tout en répondant aux sollicitations de tout cet écosystème ultra riche. Et aussi, je veux du temps pour réfléchir, c'est essentiel pour moi. J'aime avoir une vision hauteur et donc j'ai besoin de temps. Donc voilà, mon enjeu, vraiment, sur le temps en tant que DG du Lab, elle est encore plus importante qu'elle ne l'a été jusqu'à présent du fait de la richesse de ce poste et des sollicitations que je peux avoir.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Et avant justement de rentrer dans l'impact que ça peut avoir dans un univers comme le Lab RH d'innovation, ça veut dire, juste pour essayer de comprendre d'un point de vue pratico-pratique, ça veut dire qu'aujourd'hui, tu as des créneaux bloqués pour tes équipes, pour tes temps de réflexion, de veille en permanence ? Tout est déjà bordé en termes d'organisation ?

  • Séverine Loureiro

    Tu vois mon agenda. En fait, déjà, tu le sais, puisque cet épisode...

  • Etienne - l'étincelle RH

    Je ne l'ai pas dit *rires*

  • Séverine Loureiro

    Voilà, cet épisode en fait, vraiment, on a mis du temps à le caler, mais en fait on n'a pas mis du temps à le caler, le temps pour l'enregistrer est arrivé, a été calé lointainement, si ça se dit. En fait, comme je suis quelqu'un qui anticipe beaucoup et qui voit loin, comme j'ai effectivement des plages dans mon agenda, je peux te fixer un rendez-vous pendant deux mois. Mais tout en d'abord ayant, et ça c'est essentiel, évalué l'importance du sujet. Pour moi, important ce n'est pas urgent, urgent ce n'est pas important. Enfin, ça peut être les deux, urgent et important, mais bon, je sais faire le distinguo des deux. Donc après, il faut aussi que je m'adapte aux contraintes de l'autre. Par exemple, si on prend cet exemple qui est très concret, qui est assez intéressant : toi, tu avais un planning de podcast en l'occurrence, tu pouvais me caler plus loin. Donc allez, on y va. Si tu m'avais dit "il y a une importance à ce qu'on le fasse plus tôt", je me serais sans doute arrangée. J'aurais pas non plus bouleversé ou j'aurais pas fait cette variable d'ajustement par exemple avec l'équipe. Je t'aurais peut-être dit "ok, c'est pas dans un mois, dans ce cas, c'est peut-être dans deux semaines". En tout cas, voilà, effectivement, mon agenda, il y a des plages de réflexion qui sont calées. Les réunions avec l'équipe sont récurrentes, elles sont calées toute l'année et elles bougent pas en principe. Vraiment, c'est très rare. Tu pourrais leur demander et elles me démentiraient pas. C'est très rare que je fasse bouger un point d'équipe. Et alors, quand je le fais bouger, ça peut surprendre aussi, je le fais bouger un mois avant et là elles savent que là, je prévois un rendez-vous. Donc je peux avoir des créneaux. Par exemple, moi, j'aime beaucoup rencontrer les adhérents du Lab. Mais c'est pareil, les adhérents du Lab, ils sont plus de 500 aujourd'hui. Tu vois bien que si je rencontrais tout le monde sur le même temps, je suis obligée de me fixer une échéance longue. Donc j'ai des créneaux dans ma semaine. Généralement, c'est le vendredi matin où je me mets un résa adhérent. Si tu as 4 adhérents ou 5 qui veulent prendre rendez-vous avec moi d'un coup, peut-être que le cinquième, c'est dans cinq semaines. J'ai des plages pour réfléchir, que j'appelle ça "deep work" ou "dossier". Et ça, c'est vraiment un fonctionnement. Je ne l'ai pas appris, mais depuis toujours, j'ai toujours eu dans mon agenda des plages qui ont été bloquées pour être un peu en profondeur. Après je suis aussi flexible et je m'adapte à ce qui se passe autour de moi évidemment et aux priorités. Donc parfois ça saute, rarement, ça se décale. Je peux changer. C'était un mardi, ça passe un mercredi, le mercredi suivant ou un truc comme ça. Mais oui, donc mon agenda, quand tu le regardes, il y a des couleurs. Il y a des plages déjà bloquées très longtemps à l'avance. Même des trucs privés. Aller au bois avec mon chien, c'est bloqué. Faire du sport, évidemment. J'ai une gestion de l'agenda... je préviens les gens. Je crois que je t'en ai parlé. Parce que ça peut surprendre ou l'autre peut avoir une impression de "ok, je ne suis pas suffisamment important pour"… J'aime bien expliquer aux gens et leur dire "écoutez, il y a des choses dans mon agenda que je ne veux pas toucher, l'équilibre, etc. tt donc, comprenez qu'il n'y a pas d'impact particulier pour vous donc moi je préfère qu'on se voit le mois prochain". Une fois que tu l'expliques, les gens comprennent. Après si c'est très urgent de leur côté j'essaie de m'adapter. Après entre nous, si c'est très urgent de l'autre côté, j'ai aussi envie de leur dire c'est pas mal d'anticiper. Enfin moi je suis dans l'anticipation donc voilà après je peux entendre qu'il y ait des contraintes qui empêchent d'anticiper, mais voilà tu vois j'ai beaucoup sensibilisé l'équipe à ça parce que moi ce que je leur dis c'est en fait c'est que ma peur : je ne veux pas être sous la contrainte de l'autre. Il y a un côté contrainte pour moi. Donc moi, je ne l'impose à personne, ma contrainte ou mes priorités. Parfois, on a deux contraintes, deux priorités. J'ai beaucoup de partenaires, on a beaucoup de partenaires au Lab. Donc là, on définit des agendas ensemble, des calendriers ensemble pour avancer, etc. Mais ma peur, c'est vraiment... C'est pour ça qu'il y a "maîtrise" dans l'intitulé de ma peur. C'est que pour moi, c'est à deux qu'on réfléchit l'agenda dans ce cas-là, quand on a des choses en co-création. Mais sinon vraiment je veux pas être sous contrainte de l'autre et donc que mon agenda soit pris en otage. Et ça, j'ai beaucoup sensibilisé l'équipe à ça pour qu'elle aussi elle ait cette sensibilité là. Parce que tu vois quelqu'un qui arriverait en t'expliquant "non mais il faut qu'on se voit parce que dans 3 jours, mon échéance c'est dans trois jours donc il faut absolument que ce soit maintenant ou demain", alors il y a peut-être des très bonnes raisons pour lesquelles tu m'en parles que maintenant. Bon après en me les expliquant peut-être que ok je... Mais généralement, par expérience, c'est juste qu'il y a eu un manque d'anticipation. Donc, tu vois, moi, j'ai un petit côté "Ouais, moi aussi j'ai des priorités, moi aussi il va y avoir des impacts sur mon environnement, sur mon travail". Donc, je peux le faire une fois, mais je ne le ferai pas beaucoup parce que là, j'aurais vraiment l'impression d'être sous contrainte. Donc, c'est ça, ma crainte, en fait, tu vois.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Justement, par rapport à ce que tu évoques, tu es dans un environnement Lab RH d'innovation, comment tu réagis à la remarque de certains qui te disent qu'avoir un agenda aussi calé, aussi anticipé finalement ça freine l'innovation, ça freine justement cette gestion des urgences, aussi ces moments de créativité, alors qu'en fait tu es plutôt connue pour être quelqu'un qui innove. Donc, qu'est-ce que tu réponds à ces gens qui ont le sentiment que ça vient plutôt contraindre cette culture de l'innovation et de créativité ?

  • Séverine Loureiro

    L'élément de preuve sur le fait qu'on fait beaucoup de choses très neuves au Lab RH, et moi à mon échelle comme tu l'as dit, je pense pas pouvoir être taxée "d'anticrétivité". Alors moi ce que je leur réponds c'est qu'il faut faire attention à ce que agilité soit pas l'espèce de d'arbre qui cache une tendance à pas savoir prévoir, anticiper, organiser, et pour moi ce n'est pas du tout antinomique. Les idées, effectivement, j'en ai très régulièrement. Si j'ai une idée ou si j'ai une priorité à un moment où je ne peux pas, je peux aussi le noter et y revenir demain, tout à l'heure. Vraiment, en cas d'urgence, "urgence urgente" j'appelle ça souvent, je peux m'adapter. Après, c'est un truc que je dis très souvent, franchement, on n'est pas chirurgien cardiaque en RH. A mon niveau, sans aucune dévalorisation de mon poste évidemment, mais quelle urgence pourrait- il y avoir pour que je sois obligée de tout lâcher ? Franchement à part sur de l'événement, parce que j'ai fait beaucoup d'événementiel dans une autre vie et on en fait beaucoup aussi au Lab, tu as sur des salons là tu as toujours un truc en dernière minute sur l'événement donc par exemple dans mon agenda je vais pas trop blinder les 2-3 jours avant un salon parce que possiblement, tu as toujours un truc de dernière minute. Un speaker, un intervenant qui va se décommander et il faut le trouver un autre en urgence, une demande du salon, un truc logistique qui a couaqué. Mais franchement, à part l'événementiel, je ne sais pas, je suis peut-être vraiment très dans l'anticipation de l'organisation, ce qui est vrai. J'ai rarement eu d'opportunités ratées parce que je n'avais pas su adapter mon agenda. Franchement, ça n'est pas arrivé.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Et est-ce qu'à l'inverse tu dis que c'est en ayant une bonne gestion d'organisation d'agenda que finalement on est presque plus créatif parce qu'on a ces moments ? Je le vois aussi dans nos organisations et à l'étincelle ça nous arrive aussi, c'est que parfois les équipes on a du mal à faire de la veille, on n'a pas le temps, mais parce que finalement on ne l'a pas anticipé, alors qu'en fait toi tu l'anticipes.

  • Séverine Loureiro

    Complètement. Moi, j'ai du temps pour la veille dans mon agenda. Donc oui, c'est pour ça que je te dis, il y a un petit côté... Je ne veux pas être trop dure, mais les gens qui te disent "Ouais, mais moi, j'ai besoin que ce ne soit pas cadré", c'est souvent ceux qui, en réalité, produisent le moins de choses ou réussissent à moins sortir du cadre. Mais parce qu'en fait, ils se font bouffer par un nombre de priorités, de trucs qui arrivent au quotidien et qui, en fait, ne te laissent pas le temps de prendre cette hauteur nécessaire. Donc, il n'y a pas, dans mon agenda, je rassure tout le monde, il n'y a pas : "de 11 à 12 réfléchir", tu vois. Mais par contre oui, il y a "faire de la veille", il y a "prendre le temps de lire tel livre blanc". Ca peut être calé dans mon agenda, ça peut se balader, parce que ça pour le coup c'est évidemment ça ma variable d'ajustement, ça va être ce genre de choses. Mais non, moi, je suis persuadée qu'une bonne organisation ça sait s'adapter, parce que ça a des marges, tu vois. Je pense qu'effectivement, c'est une condition à l'innovation.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Et comment tu arrives à prendre, enfin, comment tu arrives t'en prends forcément, mais des décisions dans l'urgence ? Est-ce que c'est quelque chose qui vient te chahuter et qui est toujours compliqué pour toi, quand on vient te demander une décision en disant, comme en effet tu l'as évoqué, "j'ai besoin de la réponse là, aujourd'hui, maintenant" et avec le sentiment qu'on n'a pas anticipé, donc qu'on te met dans un cadre contraint ? Parce que ça peut être un partenaire, ça peut être un client, un fournisseur... enfin, comment tu gères ces situations-là et cette prise de décision ?

  • Séverine Loureiro

    Alors un partenaire ça ne me dérange jamais, Etienne. Au quotidien, mais même l'équipe tu vois, là on est à Station F aujourd'hui, on est sur le plateau avec l'équipe, volontairement dans mon agenda, je n'ai pas beaucoup de réunions parce que je veux passer du temps avec l'équipe, être sur le plateau et qu'elle puisse me solliciter comme ça. Donc tu vois, à la volée comme on le voit sur n'importe quel plateau, ça ne me dérange absolument pas. Donc là c'est des décisions, il y en a je ne sais pas, 3 par heure à prendre comme ça. Après, si effectivement je suis dans un moment prévu pour moi depuis une semaine, un moment où je vais être un peu en temps calme, en réflexion, etc. et que j'ai un truc qui arrive de nulle part, parce que c'est l'urgence de mon interlocuteur qui a pas anticipé, je vais pas te mentir je vais pas sauter de joie et être super confort. Après, encore une fois je sais répondre. Il y a un truc qui me drive c'est l'intérêt du Lab et l'intérêt de ma mission même avant que je sois dans le Lab. Donc si c'est dans l'intérêt du Lab, dans l'intérêt de l'équipe, dans l'intérêt d'un projet, j'arrêterais ce que je fais et je prendrais le temps.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Est-ce que tu penses que ce qui pourrait être perçu par certains comme une envie de tout contrôler, de tout maîtriser, ça puisse être un obstacle au bon pilotage de tes missions, à la bonne gestion des aléas ? Qu'est-ce que tu réponds à ceux qui pourraient avoir cette perception ?

  • Séverine Loureiro

    Qu'ils ne m'ont pas forcément bien comprise, parce que ce n'est pas une envie de tout contrôler. En fait, pour moi, c'est de la liberté, parce que je ne me laisse pas bouffer par de l'imprévu. Alors, il y a toujours de l'imprévu, mais je ne me laisse pas déborder. Je ne me réveille pas un jeudi en me disant "mince, ça c'était pour vendredi". Du coup, sur le long terme, ça m'a libérée d'avoir cette gestion. Par exemple, moi, je crois beaucoup au fait que la créativité et les idées, elles naissent pas quand tu t'assoies devant une feuille à un moment. Bon, alors mes idées par exemple c'est sortir. C'est pour ça que je te parlais de sortir le chien, c'est pas juste anecdotique. Moi j'habite en lisière de forêt, en région parisienne et tu vois, de sortir une heure à 8h du matin avec le chien, mes meilleures idées elles arrivent dans ces moments-là. Ou le soir, ou après le déjeuner, et pourtant je ne suis pas en train de faire un truc, ce n'est pas un temps hyper contrôlé. Par contre, si ce temps, je ne l'avais pas mis dans mon agenda, je sais que je me serais levée et j'aurais commencé mes mails à 7h30, et j'aurais levé le nez à 11h, et j'aurais... Enfin, tu vois ? Du coup, c'est là que j'aurais été perdante, en fait. Je n'aurais pas pris ce temps d'oxygène, qui me permet d'avoir des bonnes idées, pour ensuite mieux conduire mes missions et driver le projet du Lab ou aider les équipes. Mais après je suis vraiment formatée comme ça, peut-être c'est tellement ancré dans ma façon d'être et même de gérer mon quotidien que la contrainte pour moi c'est tu me dis "tu as pas d'agenda" et tu mets dans un centre d'appel et je dois répondre au téléphone toute la journée. Pas parce que je réponds au téléphone toute la journée, pas du tout, mais parce que du coup je ne peux rien anticiper de qui va m'appeler dans deux minutes. Sonc j'ai besoin d'anticiper certes mais parce que ça me libère sur du temps si je sais que pendant une heure je vais répondre ou je vais être tu vois... là par exemple je suis comme je le disais tout à l'heure avec l'équipe toute la journée, demain je suis en deep work sur une présentation que je dois faire pour un adhérent où je dois intervenir, elles le savent, elles vont moins me solliciter mais elles me sollicitent plus aujourd'hui. Tu vois c'est cette liberté, aujourd'hui je suis là, j'ai aucune contrainte à répondre. Même, on a les startups sur le plateau qui m'interrogent et je le fais avec super plaisir. En plus, je suis dans l'interaction. Mais si j'ai ce plaisir aujourd'hui à le faire, c'est parce que je sais que je vais avoir ce temps demain. Donc, tu vois, je ne suis pas en frustration de "zut quand est-ce que je vais le faire et j'ai mon échéance". Eh bien non, parce que c'est prévu demain. Moi, ça me libère.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Et comment tu réagis face aux gens qui te diraient "oui, mais tu ne veux pas avoir de contraintes qui te soient imposées sur la gestion du temps, mais en fait avec ton organisation à toi très structurée, ça en fait une contrainte pour nous" ?

  • Séverine Loureiro

    L'équipe par exemple, j'essaie de m'adapter aussi à leur façon de gérer leur agenda, bien évidemment. Après, c'est ce que je te disais, moi je ne veux pas qu'on m'impose des contraintes calendaires. J'essaie de ne pas imposer. C'est pour ça que quand on est sur un projet avec plusieurs parties, moi, j'aime bien qu'on commence par se parler sur un rétro-planning, sur un planning, et où on va... tous amener nos propres contraintes et on produira un planning. Enfin c'est la définition de la gestion de projet. Tu vois, la contrainte pour moi, ce serait qu'on s'engage dans des projets où on n'a pas de cadre, on n'a pas d'échéance et puis on avance au fil de l'eau et on voit quand on... Non, là, c'est contraignant pour moi parce que là, je sais que les contraintes des autres vont arriver et moi, je ne serai pas très à l'aise. Comme je n'aime pas la contrainte, je n'aime pas contraindre. Ou je ne serai pas très à l'aise pour contraindre avec mon agenda. In fine, ça va couaquer parce qu'il y en a un des deux qui sera frustré de la situation, une des deux parties je veux dire. Tandis que sur une vraie gestion de projet, où on s'est mis d'accord : un gestion de projet, ça commence toujours par un agenda, il y a des raisons. Personne ne dit dans la salle, ah ben non, mais si on fait un agenda, ça va limiter l'agilité. Non, il y a toujours un début, il y a des jalons, il y a une fin dans une bonne gestion de projet, il y a un rythme de gouvernance. Et bah ça ça contraint, tout le monde est bien d'accord pour dire ça contraint. Pourquoi ça serait différent moi ? Je considère que mes semaines sont un projet, je fais de la gestion de projet en permanence, mon métier c'est la gestion de projet. Depuis le début, quand je faisais du recrutement, je disais toujours "c'est des mini projets". Tu me demandes "comment tu réagirais à des gens qui te diraient que", peut-être que mes réponses sont bizarres mais parce que j'essaie de me mettre dans les chaussures de gens qui me diraient ça, et je comprends, mais c'est à l'antipode de ma façon de concevoir mon temps.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Et là, pour les DRH qui nous écoutent qui se disent "OK, vous êtes gentils, vous nous parlez de la gestion du temps et autres, en quoi c'est important pour nous ?" Pourquoi ce sujet te tenait à cœur, aussi d'en parler à la destination des DRH ? En quoi c'est important pour eux, à ton avis, ce sujet ?

  • Séverine Loureiro

    Là pour l'instant j'ai beaucoup parlé de moi. J'ai quand même mentionné à un moment donné que quand j'ai pris l'équipe du Lab, c'est un des premiers sujets que j'ai abordé avec eux. Il faut que vous soyez maîtres de votre agenda. Pourquoi je l'ai fait ? Parce que pour moi, c'est une vraie pièce du puzzle du bien-être du collaborateur. Toutes ces injonctions à répondre à des mails immédiatement. Avant, quand on écrivait un mail, on ne s'attendait pas forcément à avoir une réponse, sous 48 heures ça allait. Maintenant, on veut la réponse dans la journée. D'ailleurs, quand on reçoit un mail, tu vas rire, mais moi mes mails, je ne les regarde pas au quotidien, toute la journée. J'ai deux plages dans la journée où je lis mes mails. Sauf si on m'alerte et qu'on me dit "tu as reçu un mail urgent là", j'y vais. Parce qu'en fait, cette injonction à répondre à des mails dans l'immédiateté, les réunions qui, toute la journée, viennent contraindre ton agenda, que tu n'as pas décidées mais qu'un autre agenda a décidé pour toi parce que pour lui c'est une priorité, et qui fait que tu commences à bosser à 17 heures, tout ça, tout le monde le comprend bien, que ça vient quand même un petit peu impacter la santé mentale des collaborateurs, pour moi, c'est évident. Vraiment, le temps, pour moi, c'est un des assets les plus importants dans l'entreprise. Tu vois, le temps long versus le temps court. On dit toujours que les entreprises doivent être résilientes, mais pour être résilientes ça demande du temps long, alors qu'on est dans une espèce d'immédiateté, d'urgence à répondre à tout, et donc on contraint les gens à travailler sur du temps court. Et pour moi, dans cette dichotomie, il y a un espèce d'espace où les gens peuvent être frustrés, peuvent être... La contrainte, ça crée de la frustration, ça crée du mal-être, ça peut créer... Enfin bref, pas du positif. Donc pour moi, la gestion du temps, c'est un des piliers de la santé mentale, vraiment. Donc c'est pour ça que je voulais en parler parce que je pense que les DRH doivent... Tu vois, moi j'ai vu des boîtes qui, dans Outlook ou le système d'agenda, ont limité... Tu sais, quand tu ouvres un Outlook, maintenant ça te fait une heure automatiquement. Bon ben eux, ils ont paramétré le truc pour que ça fasse 45 minutes. Moi mes réunions elles font rarement plus de 45 minutes parce que ça te laisse un quart d'heure entre les deux. Mais tu vois, c'est un quart d'heure où tu vas un peu souffler ou peut-être tu vas te lever, tu vas peut-être aller dehors dans ton jardin, sur ton balcon, t'aérer un peu. Et ça, ça t'apporte un peu un sentiment de maîtrise plutôt que tu raccroches, tu redécroches, tu raccroches, tu redécroches, qui à mon avis, en usure, tu cumules ça à la fin de la journée, à la fin de la semaine, à la fin du mois, à la fin de l'année. Ça me paraît être évident que la gestion du temps pour les collaborateurs, ça doit être une vraie préoccupation du DRH, toute l'entreprise, aussi pour son équipe bien évidemment. Parce que les DRH sont souvent pompiers. On le sait, quand on bosse dans une direction RH, ça tombe de tous les côtés les demandes. Il faut concilier les demandes des collaborateurs, les demandes de notre direction, les demandes des collègues, les demandes de collègues d'autres directions sur lesquelles on travaille. Les RH, on le voit dans plein de directions mais comme nous, on répond en plus à des collaborateurs en direct, on est un espèce de B2B, B2C, nous, quand on est dans une DRH. Et bien ça double un peu ces espèces de contraintes de temps. Et je pense qu'il faut soigner, il faut presque former les gens à gérer leur agenda. Et pour moi, c'est un sujet RH.

  • Intro/Outro

    Et justement si là, on a une DRH ou un DRH qui nous écoute, qui est dans une organisation où on n'est que dans la gestion de l'immédiateté et qui, là, ne sait pas comment s'y prendre... Alors, je ne sais pas si on a la réponse, si tu as la réponse, mais quel conseil tu lui donnes ? Parce que changer des cultures d'organisation qui sont très sur cette immédiateté, c'est complexe et c'est du temps long comme tu le disais. Donc, comment on s'y prend ? C'est quoi ton regard ?

  • Séverine Loureiro

    Pour moi, c'est questionner. Sur les réunions, moi j'ai fait des grosses organisations, on m'invitait à des réunions, je ne savais même pas pourquoi on m'invitait. Vous voyez, il n'y a pas de... Bon, ça a pu surprendre au début mais à chaque fois que j'arrive dans une organisation, ma gestion de l'agenda peut surprendre. Mais après, on s'y fait. D'ailleurs, après, je suis copiée. D'ailleurs, on me demande des modèles. Tu vois, "monte-moi ton agenda", on me demande des conseils. En fait, il y a une chose, c'est questionner. Donc, pourquoi je suis invitée ? Est-ce que ma présence est vraiment nécessaire ? Est-ce que tu m'invites pour info ? Et si tu m'invites pour info, je ne sais pas, il va y avoir un compte-rendu, je pourrais le lire. Donc, tu vois, il faut questionner un peu. Donc, si j'étais aujourd'hui DRH dans une organisation comme ça, avec cette culture-là, et que j'essayais de la changer, je pense que je commencerais par ouvrir la possibilité à questionner. Tu n'es pas soumis à la contrainte d'un collègue, forcément. Tu as un chef, mais on ne peut pas tous se soumettre à la contrainte d'autrui, parce que ça, pour moi, là, il y a un gisement de mal-être hyper important. Donc, il faut questionner. Est-ce que je suis nécessaire dans cette réunion ? Quel est l'impact ? Je reboucle avec le début, quand je te disais qu'il faut comprendre un peu l'urgence versus l'importance pour l'autre. On peut questionner ça. Moi, souvent, on me demande, est-ce que je peux vous voir ? On peut se voir cette semaine ? Même quand on me démarche, on me propose des créneaux. On est mardi, on peut se voir jeudi ou vendredi. J'ai un boulot, je ne suis pas là à attendre. Souvent, je réponds en disant, est-ce que vous pouvez me donner vos échéances ? C'est quoi vos échéances ? C'est quoi l'urgence de ce truc ? Alors on va me dire "mais c'est parce que t'es DG". Mais donc justement, dans une culture, dans une boîte où je voudrais modifier la culture, je pense que je commencerais par essayer d'instiller ça sur le fait que déjà, questionner c'est pas une critique, c'est une information nécessaire que de comprendre en quoi cette sollicitation elle est impactante, elle a du poids, elle est importante pour l'autre aussi, parce qu'il faut évidemment faire preuve d'empathie, etc. Donc, il faut questionner et il faut évaluer, il faut savoir évaluer les demandes. C'est une vraie compétence, en fait, de savoir évaluer une demande dans tous les métiers, et dans tous les domaines. Alors là, sur cette question du temps, il ne faut pas avoir peur de demander pourquoi, pour quand, et pour qui. Est-ce que moi je suis vraiment nécessaire ? Pardon, si je peux juste finir sur un truc, il faut arrêter le fantasme de "c'est parce qu'on fait beaucoup de réunions qu'on est important". Alors, il y a un truc aussi où, parce que tu cumules les réunions et comme t'es invité partout, du coup, t'es dans tout, donc t'as l'impression d'être hyper... Je pense qu'il y a la longue l'usure de ça. Ça doit vraiment être très fatigant. Moins je fais de réunions, mieux je me porte ! Mais pas parce que je suis une feignasse, mais parce que je cherche l'efficacité. Donc si on arrive à faire ce même projet en 3 réunions plutôt qu'en 6, moi ça me va bien, mais parce que je n'ai pas besoin d'être dans une réunion pour me sentir importante. Ta question est très pertinente, c'est des choses très culturelles, mais je pense que c'est nécessaire parce qu'encore une fois, quelqu'un qui passerait que sa journée... On parle beaucoup de quête de sens, situ passes toute ta journée en réunion de 10h à 17h en fait tu produis plus rien et puis tu commences à traiter tes mails à 17h. Tu commences à traiter tes mails à 17h donc en plus en termes d'équilibre vie pro/vie perso... et puis si un matin tu te lèves et tu te dis "qu'est-ce que j'ai produit ce mois-ci ?" et qu'en fait tu te rends compte que t'as juste produit des heures de présence en réunion, je sais pas ça peut être dur en fait comme prise de conscience. C'est pour ça que je pense que c'est un vrai élément de bien-être et de santé mentale pour les collaborateurs.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Je reviens dans ce que tu dis, questionner. Je retiens aussi un petit côté "il faut un peu se rebeller aussi", quand tu dis pas se soumettre. On manque parfois peut-être de capacité à se rebeller dans les organisations, à braquer un peu le système pour le transformer.

  • Séverine Loureiro

    Mais rebeller dans le très bon sens du terme. Voilà. On lit beaucoup en ce moment dans la presse que 'l'esprit critique' serait la compétence... bah c'est ça, c'est tout. C'est juste avoir un œil qui challenge. Est-ce que vraiment on a besoin d'être 18 autour de la table à cette réunion ? Il se décide rien à 18, faut être honnête. Donc en fait, c'est une réunion pour info. Mais des réunions pour info, ça a besoin d'être hebdo par exemple. Donc oui il faut challenger, mais ça toujours pareil dans une conduite de projets intéressante et intelligente. En début de projet on se pose ces questions de gouvernance et si personne les pose... Et c'est pas de la rébellion que de dire "posons- nous la question de la gouvernance", on la pose au début de projet et voilà. Donc ouais, on peut appeler ça 'rébellion', moi j'appelle ça 'efficacité', 'pertinence'. Mais dans certaines organisations ça peut être vu comme de la rébellion, j'en ai conscience ouais.

  • Intro/Outro

    On va arriver à la fin du podcast. Si tu avais un dernier conseil à donner aux RH qui nous écoutent sur les enjeux qu'on évoque aujourd'hui, à des DRH qui seraient confrontés aux mêmes problématiques que tu évoques, ce serait quel conseil que tu donnerais ?

  • Séverine Loureiro

    Écoute, je vais rester là-dessus. Vraiment, ce regard neuf, déjà sur son agenda à soi. Vraiment les RH, avant de vouloir changer l'organisation, il faut peut-être se changer au niveau de la RH. Déjà ça permet de faire un peu de test and learn, on parlait d'agilité et d'innovation tout à l'heure, commencer par soi. Je pense que je conseillerais de commencer par soi et d'avoir vraiment cette prise de conscience. Et c'est marrant parce qu'à chaque fois que je parle de ça avec des gens, ils me disent "mais ouais mais tout à fait t'as raison mais oui". Mais tu vois quand on me demande des conseils, si tu savais le nombre d'optimisation d'agenda que je fais autour de moi...

  • Etienne - l'étincelle RH

    Ca demande une rigueur. Il y a beaucoup de gens qui aimeraient le faire, mais qui peut-être lâchent sur la rigueur que ça demande, parce qu'il faut faire de la pédagogie, il faut expliquer, il faut se tenir à ses principes, parce qu'on peut vite en sortir. Donc il y a aussi, en tout cas, une certaine force intérieure de dire "en fait, je tiens mon cap, parce que c'est le bon cap pour être efficient, pour être productif, pour me préserver", ce qui n'est pas toujours évident.

  • Séverine Loureiro

    Oui, et c'est pour ça que je le prévois dans l'agenda. C'est pour ça que je te disais tout à l'heure, pour moi, c'est vraiment de la liberté que je m'offre. Parce que dès lors que c'est planifié dans l'agenda, il y a peut-être des fois où ça va sauter, évidemment qu'il y a des jours où moi-même ça saute. Et c'est sans doute sain aussi, parce qu'encore une fois, il faut bien que je m'adapte. Je ne suis pas juste un roc. Mais par contre, je sais que ça sera la semaine prochaine. Et après, cette récurrence, de la récurrence vient l'habitude. Et après, ça va être complètement naturel. C'est là où ça va vraiment infuser. Et après, en plus, tu le fais à l'échelle d'une équipe. Et puis du coup, cette équipe, quand tu vas être en contact d'autres équipes... Tu vois, pour moi c'est pour ça qu'il faut commencer par soi. Et effectivement, là où tu as raison, c'est que ça demande, même à moi, ça me demande un effort, même encore maintenant, alors que c'est complètement ancré dans ma façon d'être. Ça me demande un effort, pas tant pour moi, mais plus pour l'expliquer aux autres. Mais une fois que les autres ont compris, vraiment, j'invite tout le monde, c'est libérateur. Et on a plein d'idées. Moi, tout le monde on me dit "Mais comment tu fais, Séverine, pour écrire des livres, pour prendre un nouveau job, pour faire des podcasts ?" J'ai des week-ends, je fais plein de choses par ailleurs, à côté ! Mais c'est juste de l'orga, ça demande cette force, enfin pas cette force, c'est un peu présomptueux, mais cette rigueur. Ça demande un peu de rigueur, mais franchement, c'est ultra libérateur sur le moyen et le long terme. Je le conseille à tout le monde.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Merci beaucoup Séverine.

  • Séverine Loureiro

    De rien Etienne, merci à toi.

  • Intro/Outro

    Merci d'avoir écouté Bande de Flippés, un podcast produit et imaginé par L'Étincelle RH, en partenariat avec I2O. Envie de partager vos peurs ? Vous pouvez nous contacter sur LinkedIn. On se retrouve dans deux semaines pour découvrir un autre membre de la Bande de Flippés. Bouh !

Share

Embed

You may also like

Description

Pour ouvrir cette saison 3 nous recevons Séverine Loureiro.


Passée par le groupe BPCE, indépendante pendant 5 ans, autrice-conférencière (elle sort d'ailleurs son 4e livre chez Dunod en mars 2025 : "La petite boîte à outils de l'expérience collaborateur"), aujourd'hui Directrice Générale du Lab RH et pourtant, flippée...


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Séverine Loureiro

    J'ai peur de ne pas avoir la maîtrise de mon temps.

  • Intro/Outro

    Bouh ! Bienvenue dans Bande de Flippés, le podcast qui explore les peurs des RH et des recruteurs. Cette saison, nous partons à la rencontre de DRH, dirigeants, dirigeantes et autres CEO, pour voir si en haut de l'échelle, ça flippe tout pareil... On ouvre cette troisième saison avec Séverine Loureiro, directrice générale du Lab RH.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Bonjour Séverine.

  • Séverine Loureiro

    Salut Etienne.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Est-ce que tu peux nous expliquer ta peur ?

  • Séverine Loureiro

    Oui, c'est une peur très personnelle. C'est une peur qui n'est pas que professionnelle, vraiment dans tous les pans de ma vie quotidienne. C'est que j'ai peur de ne pas réussir à organiser mon temps et à me le faire voler. C'est une vraie crainte. Voler par les contraintes d'autres ou par les priorités d'autres auxquelles je me plierais ou auxquels je voudrais faire plaisir, ça c'est un de mes travers et donc voilà, j'ai développé cette peur de ne pas avoir le temps de faire tout ce que je veux faire parce que j'ai plus la maîtrise de mon agenda moi, trop adapté aux contraintes d'autres personnes

  • Etienne - l'étincelle RH

    Est-ce que tu sais dire d'où vient cette peur et pourquoi c'est un enjeu pour toi d'avoir cette maîtrise de ton temps ?

  • Séverine Loureiro

    La peur elle vient d'un on peut pas tomber dans le pathos mais mon père est décédé quand j'étais très jeune, à 33 ans Et en fait, moi, j'ai eu cette espèce d'instinct, une urgence, qu'il fallait que je fasse le plus de choses possibles jusqu'à l'âge de mes 30 ans. Comme si j'avais ce couperet.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Vivre l'instant présent.

  • Séverine Loureiro

    Comme si, je ne sais pas, je me le suis jamais formulé comme ça, mais comme si moi aussi, peut-être après 30 ans, je pourrais plus faire de choses. Et donc, j'ai toujours eu cette urgence d'apprendre le plus de choses possibles, de faire, de tester. Quand tu es jeune, du coup, ça t'amène à faire 2-3 trucs que tu peux regretter *rires*, ou pas. Mais en tout cas, j'ai toujours eu cette urgence de faire. Je pense que ça vient de là.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Et en quoi aujourd'hui c'est important pour toi ? Parce que là aujourd'hui, tu es sur une fonction de DG du Lab RH, En quoi cette gestion du temps est fondamentale dans ton organisation ? Ou elle est importante ? C'est quoi l'enjeu aujourd'hui ?

  • Séverine Loureiro

    Je suis vraiment une ayatollah de l'agenda. Ça, c'est une des premières choses que j'ai expliquée à l'équipe, parce que ça peut surprendre. Et encore plus sur ce poste de DG, où je suis hyper sollicitée. Il y a l'équipe, il y a un écosystème ultra riche au Lab RH qui est très intéressant mais aussi varié, donc avec des enjeux variés. Les startups ont pas les mêmes enjeux, les mêmes calendriers que des grands groupes, que nos adhérents écoles ou institutionnels ou les experts RH qu'on peut avoir dans l'écosystème. Et donc moi m'arrivent toutes ces sollicitations, qui sont donc très nombreuses, mon temps, comme celui de tout le monde, il est restreint à une semaine de travail. Et donc moi, vraiment, j'ai une problématique aujourd'hui qui est de réussir à concilier toutes ces sollicitations avec par ailleurs ce que je dois faire pour le Lab et surtout l'équipe. J'ai connu des environnements où l'équipe était un peu la variable d'ajustement de l'agenda. C'était toujours les points d'équipe qui sautaient parce qu'on s'adaptait aux demandes de la direction ou aux demandes des clients. Et donc, moi, j'étais de l'autre côté, j'étais côté équipe, et donc, vraiment, la variable d'ajustement, on sentait bien que c'était nous, quand notre responsable avait d'autres priorités. Du coup, c'est nous qui devions nous ajuster, nos points sautaient, etc. Et donc, je ne veux pas, moi, aujourd'hui, que ma variable d'ajustement, ce soit l'équipe. Donc l'équipe, je la considère vraiment au même niveau, en fait, à un niveau d'importance de sollicitation plus important que les autres. Donc, moi, ma contrainte aujourd'hui en tant que DG, c'est réussir à continuer de consacrer ce temps à l'équipe, à continuer de me consacrer au Lab où il y a un gros travail à faire, tout en répondant aux sollicitations de tout cet écosystème ultra riche. Et aussi, je veux du temps pour réfléchir, c'est essentiel pour moi. J'aime avoir une vision hauteur et donc j'ai besoin de temps. Donc voilà, mon enjeu, vraiment, sur le temps en tant que DG du Lab, elle est encore plus importante qu'elle ne l'a été jusqu'à présent du fait de la richesse de ce poste et des sollicitations que je peux avoir.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Et avant justement de rentrer dans l'impact que ça peut avoir dans un univers comme le Lab RH d'innovation, ça veut dire, juste pour essayer de comprendre d'un point de vue pratico-pratique, ça veut dire qu'aujourd'hui, tu as des créneaux bloqués pour tes équipes, pour tes temps de réflexion, de veille en permanence ? Tout est déjà bordé en termes d'organisation ?

  • Séverine Loureiro

    Tu vois mon agenda. En fait, déjà, tu le sais, puisque cet épisode...

  • Etienne - l'étincelle RH

    Je ne l'ai pas dit *rires*

  • Séverine Loureiro

    Voilà, cet épisode en fait, vraiment, on a mis du temps à le caler, mais en fait on n'a pas mis du temps à le caler, le temps pour l'enregistrer est arrivé, a été calé lointainement, si ça se dit. En fait, comme je suis quelqu'un qui anticipe beaucoup et qui voit loin, comme j'ai effectivement des plages dans mon agenda, je peux te fixer un rendez-vous pendant deux mois. Mais tout en d'abord ayant, et ça c'est essentiel, évalué l'importance du sujet. Pour moi, important ce n'est pas urgent, urgent ce n'est pas important. Enfin, ça peut être les deux, urgent et important, mais bon, je sais faire le distinguo des deux. Donc après, il faut aussi que je m'adapte aux contraintes de l'autre. Par exemple, si on prend cet exemple qui est très concret, qui est assez intéressant : toi, tu avais un planning de podcast en l'occurrence, tu pouvais me caler plus loin. Donc allez, on y va. Si tu m'avais dit "il y a une importance à ce qu'on le fasse plus tôt", je me serais sans doute arrangée. J'aurais pas non plus bouleversé ou j'aurais pas fait cette variable d'ajustement par exemple avec l'équipe. Je t'aurais peut-être dit "ok, c'est pas dans un mois, dans ce cas, c'est peut-être dans deux semaines". En tout cas, voilà, effectivement, mon agenda, il y a des plages de réflexion qui sont calées. Les réunions avec l'équipe sont récurrentes, elles sont calées toute l'année et elles bougent pas en principe. Vraiment, c'est très rare. Tu pourrais leur demander et elles me démentiraient pas. C'est très rare que je fasse bouger un point d'équipe. Et alors, quand je le fais bouger, ça peut surprendre aussi, je le fais bouger un mois avant et là elles savent que là, je prévois un rendez-vous. Donc je peux avoir des créneaux. Par exemple, moi, j'aime beaucoup rencontrer les adhérents du Lab. Mais c'est pareil, les adhérents du Lab, ils sont plus de 500 aujourd'hui. Tu vois bien que si je rencontrais tout le monde sur le même temps, je suis obligée de me fixer une échéance longue. Donc j'ai des créneaux dans ma semaine. Généralement, c'est le vendredi matin où je me mets un résa adhérent. Si tu as 4 adhérents ou 5 qui veulent prendre rendez-vous avec moi d'un coup, peut-être que le cinquième, c'est dans cinq semaines. J'ai des plages pour réfléchir, que j'appelle ça "deep work" ou "dossier". Et ça, c'est vraiment un fonctionnement. Je ne l'ai pas appris, mais depuis toujours, j'ai toujours eu dans mon agenda des plages qui ont été bloquées pour être un peu en profondeur. Après je suis aussi flexible et je m'adapte à ce qui se passe autour de moi évidemment et aux priorités. Donc parfois ça saute, rarement, ça se décale. Je peux changer. C'était un mardi, ça passe un mercredi, le mercredi suivant ou un truc comme ça. Mais oui, donc mon agenda, quand tu le regardes, il y a des couleurs. Il y a des plages déjà bloquées très longtemps à l'avance. Même des trucs privés. Aller au bois avec mon chien, c'est bloqué. Faire du sport, évidemment. J'ai une gestion de l'agenda... je préviens les gens. Je crois que je t'en ai parlé. Parce que ça peut surprendre ou l'autre peut avoir une impression de "ok, je ne suis pas suffisamment important pour"… J'aime bien expliquer aux gens et leur dire "écoutez, il y a des choses dans mon agenda que je ne veux pas toucher, l'équilibre, etc. tt donc, comprenez qu'il n'y a pas d'impact particulier pour vous donc moi je préfère qu'on se voit le mois prochain". Une fois que tu l'expliques, les gens comprennent. Après si c'est très urgent de leur côté j'essaie de m'adapter. Après entre nous, si c'est très urgent de l'autre côté, j'ai aussi envie de leur dire c'est pas mal d'anticiper. Enfin moi je suis dans l'anticipation donc voilà après je peux entendre qu'il y ait des contraintes qui empêchent d'anticiper, mais voilà tu vois j'ai beaucoup sensibilisé l'équipe à ça parce que moi ce que je leur dis c'est en fait c'est que ma peur : je ne veux pas être sous la contrainte de l'autre. Il y a un côté contrainte pour moi. Donc moi, je ne l'impose à personne, ma contrainte ou mes priorités. Parfois, on a deux contraintes, deux priorités. J'ai beaucoup de partenaires, on a beaucoup de partenaires au Lab. Donc là, on définit des agendas ensemble, des calendriers ensemble pour avancer, etc. Mais ma peur, c'est vraiment... C'est pour ça qu'il y a "maîtrise" dans l'intitulé de ma peur. C'est que pour moi, c'est à deux qu'on réfléchit l'agenda dans ce cas-là, quand on a des choses en co-création. Mais sinon vraiment je veux pas être sous contrainte de l'autre et donc que mon agenda soit pris en otage. Et ça, j'ai beaucoup sensibilisé l'équipe à ça pour qu'elle aussi elle ait cette sensibilité là. Parce que tu vois quelqu'un qui arriverait en t'expliquant "non mais il faut qu'on se voit parce que dans 3 jours, mon échéance c'est dans trois jours donc il faut absolument que ce soit maintenant ou demain", alors il y a peut-être des très bonnes raisons pour lesquelles tu m'en parles que maintenant. Bon après en me les expliquant peut-être que ok je... Mais généralement, par expérience, c'est juste qu'il y a eu un manque d'anticipation. Donc, tu vois, moi, j'ai un petit côté "Ouais, moi aussi j'ai des priorités, moi aussi il va y avoir des impacts sur mon environnement, sur mon travail". Donc, je peux le faire une fois, mais je ne le ferai pas beaucoup parce que là, j'aurais vraiment l'impression d'être sous contrainte. Donc, c'est ça, ma crainte, en fait, tu vois.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Justement, par rapport à ce que tu évoques, tu es dans un environnement Lab RH d'innovation, comment tu réagis à la remarque de certains qui te disent qu'avoir un agenda aussi calé, aussi anticipé finalement ça freine l'innovation, ça freine justement cette gestion des urgences, aussi ces moments de créativité, alors qu'en fait tu es plutôt connue pour être quelqu'un qui innove. Donc, qu'est-ce que tu réponds à ces gens qui ont le sentiment que ça vient plutôt contraindre cette culture de l'innovation et de créativité ?

  • Séverine Loureiro

    L'élément de preuve sur le fait qu'on fait beaucoup de choses très neuves au Lab RH, et moi à mon échelle comme tu l'as dit, je pense pas pouvoir être taxée "d'anticrétivité". Alors moi ce que je leur réponds c'est qu'il faut faire attention à ce que agilité soit pas l'espèce de d'arbre qui cache une tendance à pas savoir prévoir, anticiper, organiser, et pour moi ce n'est pas du tout antinomique. Les idées, effectivement, j'en ai très régulièrement. Si j'ai une idée ou si j'ai une priorité à un moment où je ne peux pas, je peux aussi le noter et y revenir demain, tout à l'heure. Vraiment, en cas d'urgence, "urgence urgente" j'appelle ça souvent, je peux m'adapter. Après, c'est un truc que je dis très souvent, franchement, on n'est pas chirurgien cardiaque en RH. A mon niveau, sans aucune dévalorisation de mon poste évidemment, mais quelle urgence pourrait- il y avoir pour que je sois obligée de tout lâcher ? Franchement à part sur de l'événement, parce que j'ai fait beaucoup d'événementiel dans une autre vie et on en fait beaucoup aussi au Lab, tu as sur des salons là tu as toujours un truc en dernière minute sur l'événement donc par exemple dans mon agenda je vais pas trop blinder les 2-3 jours avant un salon parce que possiblement, tu as toujours un truc de dernière minute. Un speaker, un intervenant qui va se décommander et il faut le trouver un autre en urgence, une demande du salon, un truc logistique qui a couaqué. Mais franchement, à part l'événementiel, je ne sais pas, je suis peut-être vraiment très dans l'anticipation de l'organisation, ce qui est vrai. J'ai rarement eu d'opportunités ratées parce que je n'avais pas su adapter mon agenda. Franchement, ça n'est pas arrivé.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Et est-ce qu'à l'inverse tu dis que c'est en ayant une bonne gestion d'organisation d'agenda que finalement on est presque plus créatif parce qu'on a ces moments ? Je le vois aussi dans nos organisations et à l'étincelle ça nous arrive aussi, c'est que parfois les équipes on a du mal à faire de la veille, on n'a pas le temps, mais parce que finalement on ne l'a pas anticipé, alors qu'en fait toi tu l'anticipes.

  • Séverine Loureiro

    Complètement. Moi, j'ai du temps pour la veille dans mon agenda. Donc oui, c'est pour ça que je te dis, il y a un petit côté... Je ne veux pas être trop dure, mais les gens qui te disent "Ouais, mais moi, j'ai besoin que ce ne soit pas cadré", c'est souvent ceux qui, en réalité, produisent le moins de choses ou réussissent à moins sortir du cadre. Mais parce qu'en fait, ils se font bouffer par un nombre de priorités, de trucs qui arrivent au quotidien et qui, en fait, ne te laissent pas le temps de prendre cette hauteur nécessaire. Donc, il n'y a pas, dans mon agenda, je rassure tout le monde, il n'y a pas : "de 11 à 12 réfléchir", tu vois. Mais par contre oui, il y a "faire de la veille", il y a "prendre le temps de lire tel livre blanc". Ca peut être calé dans mon agenda, ça peut se balader, parce que ça pour le coup c'est évidemment ça ma variable d'ajustement, ça va être ce genre de choses. Mais non, moi, je suis persuadée qu'une bonne organisation ça sait s'adapter, parce que ça a des marges, tu vois. Je pense qu'effectivement, c'est une condition à l'innovation.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Et comment tu arrives à prendre, enfin, comment tu arrives t'en prends forcément, mais des décisions dans l'urgence ? Est-ce que c'est quelque chose qui vient te chahuter et qui est toujours compliqué pour toi, quand on vient te demander une décision en disant, comme en effet tu l'as évoqué, "j'ai besoin de la réponse là, aujourd'hui, maintenant" et avec le sentiment qu'on n'a pas anticipé, donc qu'on te met dans un cadre contraint ? Parce que ça peut être un partenaire, ça peut être un client, un fournisseur... enfin, comment tu gères ces situations-là et cette prise de décision ?

  • Séverine Loureiro

    Alors un partenaire ça ne me dérange jamais, Etienne. Au quotidien, mais même l'équipe tu vois, là on est à Station F aujourd'hui, on est sur le plateau avec l'équipe, volontairement dans mon agenda, je n'ai pas beaucoup de réunions parce que je veux passer du temps avec l'équipe, être sur le plateau et qu'elle puisse me solliciter comme ça. Donc tu vois, à la volée comme on le voit sur n'importe quel plateau, ça ne me dérange absolument pas. Donc là c'est des décisions, il y en a je ne sais pas, 3 par heure à prendre comme ça. Après, si effectivement je suis dans un moment prévu pour moi depuis une semaine, un moment où je vais être un peu en temps calme, en réflexion, etc. et que j'ai un truc qui arrive de nulle part, parce que c'est l'urgence de mon interlocuteur qui a pas anticipé, je vais pas te mentir je vais pas sauter de joie et être super confort. Après, encore une fois je sais répondre. Il y a un truc qui me drive c'est l'intérêt du Lab et l'intérêt de ma mission même avant que je sois dans le Lab. Donc si c'est dans l'intérêt du Lab, dans l'intérêt de l'équipe, dans l'intérêt d'un projet, j'arrêterais ce que je fais et je prendrais le temps.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Est-ce que tu penses que ce qui pourrait être perçu par certains comme une envie de tout contrôler, de tout maîtriser, ça puisse être un obstacle au bon pilotage de tes missions, à la bonne gestion des aléas ? Qu'est-ce que tu réponds à ceux qui pourraient avoir cette perception ?

  • Séverine Loureiro

    Qu'ils ne m'ont pas forcément bien comprise, parce que ce n'est pas une envie de tout contrôler. En fait, pour moi, c'est de la liberté, parce que je ne me laisse pas bouffer par de l'imprévu. Alors, il y a toujours de l'imprévu, mais je ne me laisse pas déborder. Je ne me réveille pas un jeudi en me disant "mince, ça c'était pour vendredi". Du coup, sur le long terme, ça m'a libérée d'avoir cette gestion. Par exemple, moi, je crois beaucoup au fait que la créativité et les idées, elles naissent pas quand tu t'assoies devant une feuille à un moment. Bon, alors mes idées par exemple c'est sortir. C'est pour ça que je te parlais de sortir le chien, c'est pas juste anecdotique. Moi j'habite en lisière de forêt, en région parisienne et tu vois, de sortir une heure à 8h du matin avec le chien, mes meilleures idées elles arrivent dans ces moments-là. Ou le soir, ou après le déjeuner, et pourtant je ne suis pas en train de faire un truc, ce n'est pas un temps hyper contrôlé. Par contre, si ce temps, je ne l'avais pas mis dans mon agenda, je sais que je me serais levée et j'aurais commencé mes mails à 7h30, et j'aurais levé le nez à 11h, et j'aurais... Enfin, tu vois ? Du coup, c'est là que j'aurais été perdante, en fait. Je n'aurais pas pris ce temps d'oxygène, qui me permet d'avoir des bonnes idées, pour ensuite mieux conduire mes missions et driver le projet du Lab ou aider les équipes. Mais après je suis vraiment formatée comme ça, peut-être c'est tellement ancré dans ma façon d'être et même de gérer mon quotidien que la contrainte pour moi c'est tu me dis "tu as pas d'agenda" et tu mets dans un centre d'appel et je dois répondre au téléphone toute la journée. Pas parce que je réponds au téléphone toute la journée, pas du tout, mais parce que du coup je ne peux rien anticiper de qui va m'appeler dans deux minutes. Sonc j'ai besoin d'anticiper certes mais parce que ça me libère sur du temps si je sais que pendant une heure je vais répondre ou je vais être tu vois... là par exemple je suis comme je le disais tout à l'heure avec l'équipe toute la journée, demain je suis en deep work sur une présentation que je dois faire pour un adhérent où je dois intervenir, elles le savent, elles vont moins me solliciter mais elles me sollicitent plus aujourd'hui. Tu vois c'est cette liberté, aujourd'hui je suis là, j'ai aucune contrainte à répondre. Même, on a les startups sur le plateau qui m'interrogent et je le fais avec super plaisir. En plus, je suis dans l'interaction. Mais si j'ai ce plaisir aujourd'hui à le faire, c'est parce que je sais que je vais avoir ce temps demain. Donc, tu vois, je ne suis pas en frustration de "zut quand est-ce que je vais le faire et j'ai mon échéance". Eh bien non, parce que c'est prévu demain. Moi, ça me libère.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Et comment tu réagis face aux gens qui te diraient "oui, mais tu ne veux pas avoir de contraintes qui te soient imposées sur la gestion du temps, mais en fait avec ton organisation à toi très structurée, ça en fait une contrainte pour nous" ?

  • Séverine Loureiro

    L'équipe par exemple, j'essaie de m'adapter aussi à leur façon de gérer leur agenda, bien évidemment. Après, c'est ce que je te disais, moi je ne veux pas qu'on m'impose des contraintes calendaires. J'essaie de ne pas imposer. C'est pour ça que quand on est sur un projet avec plusieurs parties, moi, j'aime bien qu'on commence par se parler sur un rétro-planning, sur un planning, et où on va... tous amener nos propres contraintes et on produira un planning. Enfin c'est la définition de la gestion de projet. Tu vois, la contrainte pour moi, ce serait qu'on s'engage dans des projets où on n'a pas de cadre, on n'a pas d'échéance et puis on avance au fil de l'eau et on voit quand on... Non, là, c'est contraignant pour moi parce que là, je sais que les contraintes des autres vont arriver et moi, je ne serai pas très à l'aise. Comme je n'aime pas la contrainte, je n'aime pas contraindre. Ou je ne serai pas très à l'aise pour contraindre avec mon agenda. In fine, ça va couaquer parce qu'il y en a un des deux qui sera frustré de la situation, une des deux parties je veux dire. Tandis que sur une vraie gestion de projet, où on s'est mis d'accord : un gestion de projet, ça commence toujours par un agenda, il y a des raisons. Personne ne dit dans la salle, ah ben non, mais si on fait un agenda, ça va limiter l'agilité. Non, il y a toujours un début, il y a des jalons, il y a une fin dans une bonne gestion de projet, il y a un rythme de gouvernance. Et bah ça ça contraint, tout le monde est bien d'accord pour dire ça contraint. Pourquoi ça serait différent moi ? Je considère que mes semaines sont un projet, je fais de la gestion de projet en permanence, mon métier c'est la gestion de projet. Depuis le début, quand je faisais du recrutement, je disais toujours "c'est des mini projets". Tu me demandes "comment tu réagirais à des gens qui te diraient que", peut-être que mes réponses sont bizarres mais parce que j'essaie de me mettre dans les chaussures de gens qui me diraient ça, et je comprends, mais c'est à l'antipode de ma façon de concevoir mon temps.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Et là, pour les DRH qui nous écoutent qui se disent "OK, vous êtes gentils, vous nous parlez de la gestion du temps et autres, en quoi c'est important pour nous ?" Pourquoi ce sujet te tenait à cœur, aussi d'en parler à la destination des DRH ? En quoi c'est important pour eux, à ton avis, ce sujet ?

  • Séverine Loureiro

    Là pour l'instant j'ai beaucoup parlé de moi. J'ai quand même mentionné à un moment donné que quand j'ai pris l'équipe du Lab, c'est un des premiers sujets que j'ai abordé avec eux. Il faut que vous soyez maîtres de votre agenda. Pourquoi je l'ai fait ? Parce que pour moi, c'est une vraie pièce du puzzle du bien-être du collaborateur. Toutes ces injonctions à répondre à des mails immédiatement. Avant, quand on écrivait un mail, on ne s'attendait pas forcément à avoir une réponse, sous 48 heures ça allait. Maintenant, on veut la réponse dans la journée. D'ailleurs, quand on reçoit un mail, tu vas rire, mais moi mes mails, je ne les regarde pas au quotidien, toute la journée. J'ai deux plages dans la journée où je lis mes mails. Sauf si on m'alerte et qu'on me dit "tu as reçu un mail urgent là", j'y vais. Parce qu'en fait, cette injonction à répondre à des mails dans l'immédiateté, les réunions qui, toute la journée, viennent contraindre ton agenda, que tu n'as pas décidées mais qu'un autre agenda a décidé pour toi parce que pour lui c'est une priorité, et qui fait que tu commences à bosser à 17 heures, tout ça, tout le monde le comprend bien, que ça vient quand même un petit peu impacter la santé mentale des collaborateurs, pour moi, c'est évident. Vraiment, le temps, pour moi, c'est un des assets les plus importants dans l'entreprise. Tu vois, le temps long versus le temps court. On dit toujours que les entreprises doivent être résilientes, mais pour être résilientes ça demande du temps long, alors qu'on est dans une espèce d'immédiateté, d'urgence à répondre à tout, et donc on contraint les gens à travailler sur du temps court. Et pour moi, dans cette dichotomie, il y a un espèce d'espace où les gens peuvent être frustrés, peuvent être... La contrainte, ça crée de la frustration, ça crée du mal-être, ça peut créer... Enfin bref, pas du positif. Donc pour moi, la gestion du temps, c'est un des piliers de la santé mentale, vraiment. Donc c'est pour ça que je voulais en parler parce que je pense que les DRH doivent... Tu vois, moi j'ai vu des boîtes qui, dans Outlook ou le système d'agenda, ont limité... Tu sais, quand tu ouvres un Outlook, maintenant ça te fait une heure automatiquement. Bon ben eux, ils ont paramétré le truc pour que ça fasse 45 minutes. Moi mes réunions elles font rarement plus de 45 minutes parce que ça te laisse un quart d'heure entre les deux. Mais tu vois, c'est un quart d'heure où tu vas un peu souffler ou peut-être tu vas te lever, tu vas peut-être aller dehors dans ton jardin, sur ton balcon, t'aérer un peu. Et ça, ça t'apporte un peu un sentiment de maîtrise plutôt que tu raccroches, tu redécroches, tu raccroches, tu redécroches, qui à mon avis, en usure, tu cumules ça à la fin de la journée, à la fin de la semaine, à la fin du mois, à la fin de l'année. Ça me paraît être évident que la gestion du temps pour les collaborateurs, ça doit être une vraie préoccupation du DRH, toute l'entreprise, aussi pour son équipe bien évidemment. Parce que les DRH sont souvent pompiers. On le sait, quand on bosse dans une direction RH, ça tombe de tous les côtés les demandes. Il faut concilier les demandes des collaborateurs, les demandes de notre direction, les demandes des collègues, les demandes de collègues d'autres directions sur lesquelles on travaille. Les RH, on le voit dans plein de directions mais comme nous, on répond en plus à des collaborateurs en direct, on est un espèce de B2B, B2C, nous, quand on est dans une DRH. Et bien ça double un peu ces espèces de contraintes de temps. Et je pense qu'il faut soigner, il faut presque former les gens à gérer leur agenda. Et pour moi, c'est un sujet RH.

  • Intro/Outro

    Et justement si là, on a une DRH ou un DRH qui nous écoute, qui est dans une organisation où on n'est que dans la gestion de l'immédiateté et qui, là, ne sait pas comment s'y prendre... Alors, je ne sais pas si on a la réponse, si tu as la réponse, mais quel conseil tu lui donnes ? Parce que changer des cultures d'organisation qui sont très sur cette immédiateté, c'est complexe et c'est du temps long comme tu le disais. Donc, comment on s'y prend ? C'est quoi ton regard ?

  • Séverine Loureiro

    Pour moi, c'est questionner. Sur les réunions, moi j'ai fait des grosses organisations, on m'invitait à des réunions, je ne savais même pas pourquoi on m'invitait. Vous voyez, il n'y a pas de... Bon, ça a pu surprendre au début mais à chaque fois que j'arrive dans une organisation, ma gestion de l'agenda peut surprendre. Mais après, on s'y fait. D'ailleurs, après, je suis copiée. D'ailleurs, on me demande des modèles. Tu vois, "monte-moi ton agenda", on me demande des conseils. En fait, il y a une chose, c'est questionner. Donc, pourquoi je suis invitée ? Est-ce que ma présence est vraiment nécessaire ? Est-ce que tu m'invites pour info ? Et si tu m'invites pour info, je ne sais pas, il va y avoir un compte-rendu, je pourrais le lire. Donc, tu vois, il faut questionner un peu. Donc, si j'étais aujourd'hui DRH dans une organisation comme ça, avec cette culture-là, et que j'essayais de la changer, je pense que je commencerais par ouvrir la possibilité à questionner. Tu n'es pas soumis à la contrainte d'un collègue, forcément. Tu as un chef, mais on ne peut pas tous se soumettre à la contrainte d'autrui, parce que ça, pour moi, là, il y a un gisement de mal-être hyper important. Donc, il faut questionner. Est-ce que je suis nécessaire dans cette réunion ? Quel est l'impact ? Je reboucle avec le début, quand je te disais qu'il faut comprendre un peu l'urgence versus l'importance pour l'autre. On peut questionner ça. Moi, souvent, on me demande, est-ce que je peux vous voir ? On peut se voir cette semaine ? Même quand on me démarche, on me propose des créneaux. On est mardi, on peut se voir jeudi ou vendredi. J'ai un boulot, je ne suis pas là à attendre. Souvent, je réponds en disant, est-ce que vous pouvez me donner vos échéances ? C'est quoi vos échéances ? C'est quoi l'urgence de ce truc ? Alors on va me dire "mais c'est parce que t'es DG". Mais donc justement, dans une culture, dans une boîte où je voudrais modifier la culture, je pense que je commencerais par essayer d'instiller ça sur le fait que déjà, questionner c'est pas une critique, c'est une information nécessaire que de comprendre en quoi cette sollicitation elle est impactante, elle a du poids, elle est importante pour l'autre aussi, parce qu'il faut évidemment faire preuve d'empathie, etc. Donc, il faut questionner et il faut évaluer, il faut savoir évaluer les demandes. C'est une vraie compétence, en fait, de savoir évaluer une demande dans tous les métiers, et dans tous les domaines. Alors là, sur cette question du temps, il ne faut pas avoir peur de demander pourquoi, pour quand, et pour qui. Est-ce que moi je suis vraiment nécessaire ? Pardon, si je peux juste finir sur un truc, il faut arrêter le fantasme de "c'est parce qu'on fait beaucoup de réunions qu'on est important". Alors, il y a un truc aussi où, parce que tu cumules les réunions et comme t'es invité partout, du coup, t'es dans tout, donc t'as l'impression d'être hyper... Je pense qu'il y a la longue l'usure de ça. Ça doit vraiment être très fatigant. Moins je fais de réunions, mieux je me porte ! Mais pas parce que je suis une feignasse, mais parce que je cherche l'efficacité. Donc si on arrive à faire ce même projet en 3 réunions plutôt qu'en 6, moi ça me va bien, mais parce que je n'ai pas besoin d'être dans une réunion pour me sentir importante. Ta question est très pertinente, c'est des choses très culturelles, mais je pense que c'est nécessaire parce qu'encore une fois, quelqu'un qui passerait que sa journée... On parle beaucoup de quête de sens, situ passes toute ta journée en réunion de 10h à 17h en fait tu produis plus rien et puis tu commences à traiter tes mails à 17h. Tu commences à traiter tes mails à 17h donc en plus en termes d'équilibre vie pro/vie perso... et puis si un matin tu te lèves et tu te dis "qu'est-ce que j'ai produit ce mois-ci ?" et qu'en fait tu te rends compte que t'as juste produit des heures de présence en réunion, je sais pas ça peut être dur en fait comme prise de conscience. C'est pour ça que je pense que c'est un vrai élément de bien-être et de santé mentale pour les collaborateurs.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Je reviens dans ce que tu dis, questionner. Je retiens aussi un petit côté "il faut un peu se rebeller aussi", quand tu dis pas se soumettre. On manque parfois peut-être de capacité à se rebeller dans les organisations, à braquer un peu le système pour le transformer.

  • Séverine Loureiro

    Mais rebeller dans le très bon sens du terme. Voilà. On lit beaucoup en ce moment dans la presse que 'l'esprit critique' serait la compétence... bah c'est ça, c'est tout. C'est juste avoir un œil qui challenge. Est-ce que vraiment on a besoin d'être 18 autour de la table à cette réunion ? Il se décide rien à 18, faut être honnête. Donc en fait, c'est une réunion pour info. Mais des réunions pour info, ça a besoin d'être hebdo par exemple. Donc oui il faut challenger, mais ça toujours pareil dans une conduite de projets intéressante et intelligente. En début de projet on se pose ces questions de gouvernance et si personne les pose... Et c'est pas de la rébellion que de dire "posons- nous la question de la gouvernance", on la pose au début de projet et voilà. Donc ouais, on peut appeler ça 'rébellion', moi j'appelle ça 'efficacité', 'pertinence'. Mais dans certaines organisations ça peut être vu comme de la rébellion, j'en ai conscience ouais.

  • Intro/Outro

    On va arriver à la fin du podcast. Si tu avais un dernier conseil à donner aux RH qui nous écoutent sur les enjeux qu'on évoque aujourd'hui, à des DRH qui seraient confrontés aux mêmes problématiques que tu évoques, ce serait quel conseil que tu donnerais ?

  • Séverine Loureiro

    Écoute, je vais rester là-dessus. Vraiment, ce regard neuf, déjà sur son agenda à soi. Vraiment les RH, avant de vouloir changer l'organisation, il faut peut-être se changer au niveau de la RH. Déjà ça permet de faire un peu de test and learn, on parlait d'agilité et d'innovation tout à l'heure, commencer par soi. Je pense que je conseillerais de commencer par soi et d'avoir vraiment cette prise de conscience. Et c'est marrant parce qu'à chaque fois que je parle de ça avec des gens, ils me disent "mais ouais mais tout à fait t'as raison mais oui". Mais tu vois quand on me demande des conseils, si tu savais le nombre d'optimisation d'agenda que je fais autour de moi...

  • Etienne - l'étincelle RH

    Ca demande une rigueur. Il y a beaucoup de gens qui aimeraient le faire, mais qui peut-être lâchent sur la rigueur que ça demande, parce qu'il faut faire de la pédagogie, il faut expliquer, il faut se tenir à ses principes, parce qu'on peut vite en sortir. Donc il y a aussi, en tout cas, une certaine force intérieure de dire "en fait, je tiens mon cap, parce que c'est le bon cap pour être efficient, pour être productif, pour me préserver", ce qui n'est pas toujours évident.

  • Séverine Loureiro

    Oui, et c'est pour ça que je le prévois dans l'agenda. C'est pour ça que je te disais tout à l'heure, pour moi, c'est vraiment de la liberté que je m'offre. Parce que dès lors que c'est planifié dans l'agenda, il y a peut-être des fois où ça va sauter, évidemment qu'il y a des jours où moi-même ça saute. Et c'est sans doute sain aussi, parce qu'encore une fois, il faut bien que je m'adapte. Je ne suis pas juste un roc. Mais par contre, je sais que ça sera la semaine prochaine. Et après, cette récurrence, de la récurrence vient l'habitude. Et après, ça va être complètement naturel. C'est là où ça va vraiment infuser. Et après, en plus, tu le fais à l'échelle d'une équipe. Et puis du coup, cette équipe, quand tu vas être en contact d'autres équipes... Tu vois, pour moi c'est pour ça qu'il faut commencer par soi. Et effectivement, là où tu as raison, c'est que ça demande, même à moi, ça me demande un effort, même encore maintenant, alors que c'est complètement ancré dans ma façon d'être. Ça me demande un effort, pas tant pour moi, mais plus pour l'expliquer aux autres. Mais une fois que les autres ont compris, vraiment, j'invite tout le monde, c'est libérateur. Et on a plein d'idées. Moi, tout le monde on me dit "Mais comment tu fais, Séverine, pour écrire des livres, pour prendre un nouveau job, pour faire des podcasts ?" J'ai des week-ends, je fais plein de choses par ailleurs, à côté ! Mais c'est juste de l'orga, ça demande cette force, enfin pas cette force, c'est un peu présomptueux, mais cette rigueur. Ça demande un peu de rigueur, mais franchement, c'est ultra libérateur sur le moyen et le long terme. Je le conseille à tout le monde.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Merci beaucoup Séverine.

  • Séverine Loureiro

    De rien Etienne, merci à toi.

  • Intro/Outro

    Merci d'avoir écouté Bande de Flippés, un podcast produit et imaginé par L'Étincelle RH, en partenariat avec I2O. Envie de partager vos peurs ? Vous pouvez nous contacter sur LinkedIn. On se retrouve dans deux semaines pour découvrir un autre membre de la Bande de Flippés. Bouh !

Description

Pour ouvrir cette saison 3 nous recevons Séverine Loureiro.


Passée par le groupe BPCE, indépendante pendant 5 ans, autrice-conférencière (elle sort d'ailleurs son 4e livre chez Dunod en mars 2025 : "La petite boîte à outils de l'expérience collaborateur"), aujourd'hui Directrice Générale du Lab RH et pourtant, flippée...


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Séverine Loureiro

    J'ai peur de ne pas avoir la maîtrise de mon temps.

  • Intro/Outro

    Bouh ! Bienvenue dans Bande de Flippés, le podcast qui explore les peurs des RH et des recruteurs. Cette saison, nous partons à la rencontre de DRH, dirigeants, dirigeantes et autres CEO, pour voir si en haut de l'échelle, ça flippe tout pareil... On ouvre cette troisième saison avec Séverine Loureiro, directrice générale du Lab RH.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Bonjour Séverine.

  • Séverine Loureiro

    Salut Etienne.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Est-ce que tu peux nous expliquer ta peur ?

  • Séverine Loureiro

    Oui, c'est une peur très personnelle. C'est une peur qui n'est pas que professionnelle, vraiment dans tous les pans de ma vie quotidienne. C'est que j'ai peur de ne pas réussir à organiser mon temps et à me le faire voler. C'est une vraie crainte. Voler par les contraintes d'autres ou par les priorités d'autres auxquelles je me plierais ou auxquels je voudrais faire plaisir, ça c'est un de mes travers et donc voilà, j'ai développé cette peur de ne pas avoir le temps de faire tout ce que je veux faire parce que j'ai plus la maîtrise de mon agenda moi, trop adapté aux contraintes d'autres personnes

  • Etienne - l'étincelle RH

    Est-ce que tu sais dire d'où vient cette peur et pourquoi c'est un enjeu pour toi d'avoir cette maîtrise de ton temps ?

  • Séverine Loureiro

    La peur elle vient d'un on peut pas tomber dans le pathos mais mon père est décédé quand j'étais très jeune, à 33 ans Et en fait, moi, j'ai eu cette espèce d'instinct, une urgence, qu'il fallait que je fasse le plus de choses possibles jusqu'à l'âge de mes 30 ans. Comme si j'avais ce couperet.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Vivre l'instant présent.

  • Séverine Loureiro

    Comme si, je ne sais pas, je me le suis jamais formulé comme ça, mais comme si moi aussi, peut-être après 30 ans, je pourrais plus faire de choses. Et donc, j'ai toujours eu cette urgence d'apprendre le plus de choses possibles, de faire, de tester. Quand tu es jeune, du coup, ça t'amène à faire 2-3 trucs que tu peux regretter *rires*, ou pas. Mais en tout cas, j'ai toujours eu cette urgence de faire. Je pense que ça vient de là.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Et en quoi aujourd'hui c'est important pour toi ? Parce que là aujourd'hui, tu es sur une fonction de DG du Lab RH, En quoi cette gestion du temps est fondamentale dans ton organisation ? Ou elle est importante ? C'est quoi l'enjeu aujourd'hui ?

  • Séverine Loureiro

    Je suis vraiment une ayatollah de l'agenda. Ça, c'est une des premières choses que j'ai expliquée à l'équipe, parce que ça peut surprendre. Et encore plus sur ce poste de DG, où je suis hyper sollicitée. Il y a l'équipe, il y a un écosystème ultra riche au Lab RH qui est très intéressant mais aussi varié, donc avec des enjeux variés. Les startups ont pas les mêmes enjeux, les mêmes calendriers que des grands groupes, que nos adhérents écoles ou institutionnels ou les experts RH qu'on peut avoir dans l'écosystème. Et donc moi m'arrivent toutes ces sollicitations, qui sont donc très nombreuses, mon temps, comme celui de tout le monde, il est restreint à une semaine de travail. Et donc moi, vraiment, j'ai une problématique aujourd'hui qui est de réussir à concilier toutes ces sollicitations avec par ailleurs ce que je dois faire pour le Lab et surtout l'équipe. J'ai connu des environnements où l'équipe était un peu la variable d'ajustement de l'agenda. C'était toujours les points d'équipe qui sautaient parce qu'on s'adaptait aux demandes de la direction ou aux demandes des clients. Et donc, moi, j'étais de l'autre côté, j'étais côté équipe, et donc, vraiment, la variable d'ajustement, on sentait bien que c'était nous, quand notre responsable avait d'autres priorités. Du coup, c'est nous qui devions nous ajuster, nos points sautaient, etc. Et donc, je ne veux pas, moi, aujourd'hui, que ma variable d'ajustement, ce soit l'équipe. Donc l'équipe, je la considère vraiment au même niveau, en fait, à un niveau d'importance de sollicitation plus important que les autres. Donc, moi, ma contrainte aujourd'hui en tant que DG, c'est réussir à continuer de consacrer ce temps à l'équipe, à continuer de me consacrer au Lab où il y a un gros travail à faire, tout en répondant aux sollicitations de tout cet écosystème ultra riche. Et aussi, je veux du temps pour réfléchir, c'est essentiel pour moi. J'aime avoir une vision hauteur et donc j'ai besoin de temps. Donc voilà, mon enjeu, vraiment, sur le temps en tant que DG du Lab, elle est encore plus importante qu'elle ne l'a été jusqu'à présent du fait de la richesse de ce poste et des sollicitations que je peux avoir.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Et avant justement de rentrer dans l'impact que ça peut avoir dans un univers comme le Lab RH d'innovation, ça veut dire, juste pour essayer de comprendre d'un point de vue pratico-pratique, ça veut dire qu'aujourd'hui, tu as des créneaux bloqués pour tes équipes, pour tes temps de réflexion, de veille en permanence ? Tout est déjà bordé en termes d'organisation ?

  • Séverine Loureiro

    Tu vois mon agenda. En fait, déjà, tu le sais, puisque cet épisode...

  • Etienne - l'étincelle RH

    Je ne l'ai pas dit *rires*

  • Séverine Loureiro

    Voilà, cet épisode en fait, vraiment, on a mis du temps à le caler, mais en fait on n'a pas mis du temps à le caler, le temps pour l'enregistrer est arrivé, a été calé lointainement, si ça se dit. En fait, comme je suis quelqu'un qui anticipe beaucoup et qui voit loin, comme j'ai effectivement des plages dans mon agenda, je peux te fixer un rendez-vous pendant deux mois. Mais tout en d'abord ayant, et ça c'est essentiel, évalué l'importance du sujet. Pour moi, important ce n'est pas urgent, urgent ce n'est pas important. Enfin, ça peut être les deux, urgent et important, mais bon, je sais faire le distinguo des deux. Donc après, il faut aussi que je m'adapte aux contraintes de l'autre. Par exemple, si on prend cet exemple qui est très concret, qui est assez intéressant : toi, tu avais un planning de podcast en l'occurrence, tu pouvais me caler plus loin. Donc allez, on y va. Si tu m'avais dit "il y a une importance à ce qu'on le fasse plus tôt", je me serais sans doute arrangée. J'aurais pas non plus bouleversé ou j'aurais pas fait cette variable d'ajustement par exemple avec l'équipe. Je t'aurais peut-être dit "ok, c'est pas dans un mois, dans ce cas, c'est peut-être dans deux semaines". En tout cas, voilà, effectivement, mon agenda, il y a des plages de réflexion qui sont calées. Les réunions avec l'équipe sont récurrentes, elles sont calées toute l'année et elles bougent pas en principe. Vraiment, c'est très rare. Tu pourrais leur demander et elles me démentiraient pas. C'est très rare que je fasse bouger un point d'équipe. Et alors, quand je le fais bouger, ça peut surprendre aussi, je le fais bouger un mois avant et là elles savent que là, je prévois un rendez-vous. Donc je peux avoir des créneaux. Par exemple, moi, j'aime beaucoup rencontrer les adhérents du Lab. Mais c'est pareil, les adhérents du Lab, ils sont plus de 500 aujourd'hui. Tu vois bien que si je rencontrais tout le monde sur le même temps, je suis obligée de me fixer une échéance longue. Donc j'ai des créneaux dans ma semaine. Généralement, c'est le vendredi matin où je me mets un résa adhérent. Si tu as 4 adhérents ou 5 qui veulent prendre rendez-vous avec moi d'un coup, peut-être que le cinquième, c'est dans cinq semaines. J'ai des plages pour réfléchir, que j'appelle ça "deep work" ou "dossier". Et ça, c'est vraiment un fonctionnement. Je ne l'ai pas appris, mais depuis toujours, j'ai toujours eu dans mon agenda des plages qui ont été bloquées pour être un peu en profondeur. Après je suis aussi flexible et je m'adapte à ce qui se passe autour de moi évidemment et aux priorités. Donc parfois ça saute, rarement, ça se décale. Je peux changer. C'était un mardi, ça passe un mercredi, le mercredi suivant ou un truc comme ça. Mais oui, donc mon agenda, quand tu le regardes, il y a des couleurs. Il y a des plages déjà bloquées très longtemps à l'avance. Même des trucs privés. Aller au bois avec mon chien, c'est bloqué. Faire du sport, évidemment. J'ai une gestion de l'agenda... je préviens les gens. Je crois que je t'en ai parlé. Parce que ça peut surprendre ou l'autre peut avoir une impression de "ok, je ne suis pas suffisamment important pour"… J'aime bien expliquer aux gens et leur dire "écoutez, il y a des choses dans mon agenda que je ne veux pas toucher, l'équilibre, etc. tt donc, comprenez qu'il n'y a pas d'impact particulier pour vous donc moi je préfère qu'on se voit le mois prochain". Une fois que tu l'expliques, les gens comprennent. Après si c'est très urgent de leur côté j'essaie de m'adapter. Après entre nous, si c'est très urgent de l'autre côté, j'ai aussi envie de leur dire c'est pas mal d'anticiper. Enfin moi je suis dans l'anticipation donc voilà après je peux entendre qu'il y ait des contraintes qui empêchent d'anticiper, mais voilà tu vois j'ai beaucoup sensibilisé l'équipe à ça parce que moi ce que je leur dis c'est en fait c'est que ma peur : je ne veux pas être sous la contrainte de l'autre. Il y a un côté contrainte pour moi. Donc moi, je ne l'impose à personne, ma contrainte ou mes priorités. Parfois, on a deux contraintes, deux priorités. J'ai beaucoup de partenaires, on a beaucoup de partenaires au Lab. Donc là, on définit des agendas ensemble, des calendriers ensemble pour avancer, etc. Mais ma peur, c'est vraiment... C'est pour ça qu'il y a "maîtrise" dans l'intitulé de ma peur. C'est que pour moi, c'est à deux qu'on réfléchit l'agenda dans ce cas-là, quand on a des choses en co-création. Mais sinon vraiment je veux pas être sous contrainte de l'autre et donc que mon agenda soit pris en otage. Et ça, j'ai beaucoup sensibilisé l'équipe à ça pour qu'elle aussi elle ait cette sensibilité là. Parce que tu vois quelqu'un qui arriverait en t'expliquant "non mais il faut qu'on se voit parce que dans 3 jours, mon échéance c'est dans trois jours donc il faut absolument que ce soit maintenant ou demain", alors il y a peut-être des très bonnes raisons pour lesquelles tu m'en parles que maintenant. Bon après en me les expliquant peut-être que ok je... Mais généralement, par expérience, c'est juste qu'il y a eu un manque d'anticipation. Donc, tu vois, moi, j'ai un petit côté "Ouais, moi aussi j'ai des priorités, moi aussi il va y avoir des impacts sur mon environnement, sur mon travail". Donc, je peux le faire une fois, mais je ne le ferai pas beaucoup parce que là, j'aurais vraiment l'impression d'être sous contrainte. Donc, c'est ça, ma crainte, en fait, tu vois.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Justement, par rapport à ce que tu évoques, tu es dans un environnement Lab RH d'innovation, comment tu réagis à la remarque de certains qui te disent qu'avoir un agenda aussi calé, aussi anticipé finalement ça freine l'innovation, ça freine justement cette gestion des urgences, aussi ces moments de créativité, alors qu'en fait tu es plutôt connue pour être quelqu'un qui innove. Donc, qu'est-ce que tu réponds à ces gens qui ont le sentiment que ça vient plutôt contraindre cette culture de l'innovation et de créativité ?

  • Séverine Loureiro

    L'élément de preuve sur le fait qu'on fait beaucoup de choses très neuves au Lab RH, et moi à mon échelle comme tu l'as dit, je pense pas pouvoir être taxée "d'anticrétivité". Alors moi ce que je leur réponds c'est qu'il faut faire attention à ce que agilité soit pas l'espèce de d'arbre qui cache une tendance à pas savoir prévoir, anticiper, organiser, et pour moi ce n'est pas du tout antinomique. Les idées, effectivement, j'en ai très régulièrement. Si j'ai une idée ou si j'ai une priorité à un moment où je ne peux pas, je peux aussi le noter et y revenir demain, tout à l'heure. Vraiment, en cas d'urgence, "urgence urgente" j'appelle ça souvent, je peux m'adapter. Après, c'est un truc que je dis très souvent, franchement, on n'est pas chirurgien cardiaque en RH. A mon niveau, sans aucune dévalorisation de mon poste évidemment, mais quelle urgence pourrait- il y avoir pour que je sois obligée de tout lâcher ? Franchement à part sur de l'événement, parce que j'ai fait beaucoup d'événementiel dans une autre vie et on en fait beaucoup aussi au Lab, tu as sur des salons là tu as toujours un truc en dernière minute sur l'événement donc par exemple dans mon agenda je vais pas trop blinder les 2-3 jours avant un salon parce que possiblement, tu as toujours un truc de dernière minute. Un speaker, un intervenant qui va se décommander et il faut le trouver un autre en urgence, une demande du salon, un truc logistique qui a couaqué. Mais franchement, à part l'événementiel, je ne sais pas, je suis peut-être vraiment très dans l'anticipation de l'organisation, ce qui est vrai. J'ai rarement eu d'opportunités ratées parce que je n'avais pas su adapter mon agenda. Franchement, ça n'est pas arrivé.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Et est-ce qu'à l'inverse tu dis que c'est en ayant une bonne gestion d'organisation d'agenda que finalement on est presque plus créatif parce qu'on a ces moments ? Je le vois aussi dans nos organisations et à l'étincelle ça nous arrive aussi, c'est que parfois les équipes on a du mal à faire de la veille, on n'a pas le temps, mais parce que finalement on ne l'a pas anticipé, alors qu'en fait toi tu l'anticipes.

  • Séverine Loureiro

    Complètement. Moi, j'ai du temps pour la veille dans mon agenda. Donc oui, c'est pour ça que je te dis, il y a un petit côté... Je ne veux pas être trop dure, mais les gens qui te disent "Ouais, mais moi, j'ai besoin que ce ne soit pas cadré", c'est souvent ceux qui, en réalité, produisent le moins de choses ou réussissent à moins sortir du cadre. Mais parce qu'en fait, ils se font bouffer par un nombre de priorités, de trucs qui arrivent au quotidien et qui, en fait, ne te laissent pas le temps de prendre cette hauteur nécessaire. Donc, il n'y a pas, dans mon agenda, je rassure tout le monde, il n'y a pas : "de 11 à 12 réfléchir", tu vois. Mais par contre oui, il y a "faire de la veille", il y a "prendre le temps de lire tel livre blanc". Ca peut être calé dans mon agenda, ça peut se balader, parce que ça pour le coup c'est évidemment ça ma variable d'ajustement, ça va être ce genre de choses. Mais non, moi, je suis persuadée qu'une bonne organisation ça sait s'adapter, parce que ça a des marges, tu vois. Je pense qu'effectivement, c'est une condition à l'innovation.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Et comment tu arrives à prendre, enfin, comment tu arrives t'en prends forcément, mais des décisions dans l'urgence ? Est-ce que c'est quelque chose qui vient te chahuter et qui est toujours compliqué pour toi, quand on vient te demander une décision en disant, comme en effet tu l'as évoqué, "j'ai besoin de la réponse là, aujourd'hui, maintenant" et avec le sentiment qu'on n'a pas anticipé, donc qu'on te met dans un cadre contraint ? Parce que ça peut être un partenaire, ça peut être un client, un fournisseur... enfin, comment tu gères ces situations-là et cette prise de décision ?

  • Séverine Loureiro

    Alors un partenaire ça ne me dérange jamais, Etienne. Au quotidien, mais même l'équipe tu vois, là on est à Station F aujourd'hui, on est sur le plateau avec l'équipe, volontairement dans mon agenda, je n'ai pas beaucoup de réunions parce que je veux passer du temps avec l'équipe, être sur le plateau et qu'elle puisse me solliciter comme ça. Donc tu vois, à la volée comme on le voit sur n'importe quel plateau, ça ne me dérange absolument pas. Donc là c'est des décisions, il y en a je ne sais pas, 3 par heure à prendre comme ça. Après, si effectivement je suis dans un moment prévu pour moi depuis une semaine, un moment où je vais être un peu en temps calme, en réflexion, etc. et que j'ai un truc qui arrive de nulle part, parce que c'est l'urgence de mon interlocuteur qui a pas anticipé, je vais pas te mentir je vais pas sauter de joie et être super confort. Après, encore une fois je sais répondre. Il y a un truc qui me drive c'est l'intérêt du Lab et l'intérêt de ma mission même avant que je sois dans le Lab. Donc si c'est dans l'intérêt du Lab, dans l'intérêt de l'équipe, dans l'intérêt d'un projet, j'arrêterais ce que je fais et je prendrais le temps.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Est-ce que tu penses que ce qui pourrait être perçu par certains comme une envie de tout contrôler, de tout maîtriser, ça puisse être un obstacle au bon pilotage de tes missions, à la bonne gestion des aléas ? Qu'est-ce que tu réponds à ceux qui pourraient avoir cette perception ?

  • Séverine Loureiro

    Qu'ils ne m'ont pas forcément bien comprise, parce que ce n'est pas une envie de tout contrôler. En fait, pour moi, c'est de la liberté, parce que je ne me laisse pas bouffer par de l'imprévu. Alors, il y a toujours de l'imprévu, mais je ne me laisse pas déborder. Je ne me réveille pas un jeudi en me disant "mince, ça c'était pour vendredi". Du coup, sur le long terme, ça m'a libérée d'avoir cette gestion. Par exemple, moi, je crois beaucoup au fait que la créativité et les idées, elles naissent pas quand tu t'assoies devant une feuille à un moment. Bon, alors mes idées par exemple c'est sortir. C'est pour ça que je te parlais de sortir le chien, c'est pas juste anecdotique. Moi j'habite en lisière de forêt, en région parisienne et tu vois, de sortir une heure à 8h du matin avec le chien, mes meilleures idées elles arrivent dans ces moments-là. Ou le soir, ou après le déjeuner, et pourtant je ne suis pas en train de faire un truc, ce n'est pas un temps hyper contrôlé. Par contre, si ce temps, je ne l'avais pas mis dans mon agenda, je sais que je me serais levée et j'aurais commencé mes mails à 7h30, et j'aurais levé le nez à 11h, et j'aurais... Enfin, tu vois ? Du coup, c'est là que j'aurais été perdante, en fait. Je n'aurais pas pris ce temps d'oxygène, qui me permet d'avoir des bonnes idées, pour ensuite mieux conduire mes missions et driver le projet du Lab ou aider les équipes. Mais après je suis vraiment formatée comme ça, peut-être c'est tellement ancré dans ma façon d'être et même de gérer mon quotidien que la contrainte pour moi c'est tu me dis "tu as pas d'agenda" et tu mets dans un centre d'appel et je dois répondre au téléphone toute la journée. Pas parce que je réponds au téléphone toute la journée, pas du tout, mais parce que du coup je ne peux rien anticiper de qui va m'appeler dans deux minutes. Sonc j'ai besoin d'anticiper certes mais parce que ça me libère sur du temps si je sais que pendant une heure je vais répondre ou je vais être tu vois... là par exemple je suis comme je le disais tout à l'heure avec l'équipe toute la journée, demain je suis en deep work sur une présentation que je dois faire pour un adhérent où je dois intervenir, elles le savent, elles vont moins me solliciter mais elles me sollicitent plus aujourd'hui. Tu vois c'est cette liberté, aujourd'hui je suis là, j'ai aucune contrainte à répondre. Même, on a les startups sur le plateau qui m'interrogent et je le fais avec super plaisir. En plus, je suis dans l'interaction. Mais si j'ai ce plaisir aujourd'hui à le faire, c'est parce que je sais que je vais avoir ce temps demain. Donc, tu vois, je ne suis pas en frustration de "zut quand est-ce que je vais le faire et j'ai mon échéance". Eh bien non, parce que c'est prévu demain. Moi, ça me libère.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Et comment tu réagis face aux gens qui te diraient "oui, mais tu ne veux pas avoir de contraintes qui te soient imposées sur la gestion du temps, mais en fait avec ton organisation à toi très structurée, ça en fait une contrainte pour nous" ?

  • Séverine Loureiro

    L'équipe par exemple, j'essaie de m'adapter aussi à leur façon de gérer leur agenda, bien évidemment. Après, c'est ce que je te disais, moi je ne veux pas qu'on m'impose des contraintes calendaires. J'essaie de ne pas imposer. C'est pour ça que quand on est sur un projet avec plusieurs parties, moi, j'aime bien qu'on commence par se parler sur un rétro-planning, sur un planning, et où on va... tous amener nos propres contraintes et on produira un planning. Enfin c'est la définition de la gestion de projet. Tu vois, la contrainte pour moi, ce serait qu'on s'engage dans des projets où on n'a pas de cadre, on n'a pas d'échéance et puis on avance au fil de l'eau et on voit quand on... Non, là, c'est contraignant pour moi parce que là, je sais que les contraintes des autres vont arriver et moi, je ne serai pas très à l'aise. Comme je n'aime pas la contrainte, je n'aime pas contraindre. Ou je ne serai pas très à l'aise pour contraindre avec mon agenda. In fine, ça va couaquer parce qu'il y en a un des deux qui sera frustré de la situation, une des deux parties je veux dire. Tandis que sur une vraie gestion de projet, où on s'est mis d'accord : un gestion de projet, ça commence toujours par un agenda, il y a des raisons. Personne ne dit dans la salle, ah ben non, mais si on fait un agenda, ça va limiter l'agilité. Non, il y a toujours un début, il y a des jalons, il y a une fin dans une bonne gestion de projet, il y a un rythme de gouvernance. Et bah ça ça contraint, tout le monde est bien d'accord pour dire ça contraint. Pourquoi ça serait différent moi ? Je considère que mes semaines sont un projet, je fais de la gestion de projet en permanence, mon métier c'est la gestion de projet. Depuis le début, quand je faisais du recrutement, je disais toujours "c'est des mini projets". Tu me demandes "comment tu réagirais à des gens qui te diraient que", peut-être que mes réponses sont bizarres mais parce que j'essaie de me mettre dans les chaussures de gens qui me diraient ça, et je comprends, mais c'est à l'antipode de ma façon de concevoir mon temps.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Et là, pour les DRH qui nous écoutent qui se disent "OK, vous êtes gentils, vous nous parlez de la gestion du temps et autres, en quoi c'est important pour nous ?" Pourquoi ce sujet te tenait à cœur, aussi d'en parler à la destination des DRH ? En quoi c'est important pour eux, à ton avis, ce sujet ?

  • Séverine Loureiro

    Là pour l'instant j'ai beaucoup parlé de moi. J'ai quand même mentionné à un moment donné que quand j'ai pris l'équipe du Lab, c'est un des premiers sujets que j'ai abordé avec eux. Il faut que vous soyez maîtres de votre agenda. Pourquoi je l'ai fait ? Parce que pour moi, c'est une vraie pièce du puzzle du bien-être du collaborateur. Toutes ces injonctions à répondre à des mails immédiatement. Avant, quand on écrivait un mail, on ne s'attendait pas forcément à avoir une réponse, sous 48 heures ça allait. Maintenant, on veut la réponse dans la journée. D'ailleurs, quand on reçoit un mail, tu vas rire, mais moi mes mails, je ne les regarde pas au quotidien, toute la journée. J'ai deux plages dans la journée où je lis mes mails. Sauf si on m'alerte et qu'on me dit "tu as reçu un mail urgent là", j'y vais. Parce qu'en fait, cette injonction à répondre à des mails dans l'immédiateté, les réunions qui, toute la journée, viennent contraindre ton agenda, que tu n'as pas décidées mais qu'un autre agenda a décidé pour toi parce que pour lui c'est une priorité, et qui fait que tu commences à bosser à 17 heures, tout ça, tout le monde le comprend bien, que ça vient quand même un petit peu impacter la santé mentale des collaborateurs, pour moi, c'est évident. Vraiment, le temps, pour moi, c'est un des assets les plus importants dans l'entreprise. Tu vois, le temps long versus le temps court. On dit toujours que les entreprises doivent être résilientes, mais pour être résilientes ça demande du temps long, alors qu'on est dans une espèce d'immédiateté, d'urgence à répondre à tout, et donc on contraint les gens à travailler sur du temps court. Et pour moi, dans cette dichotomie, il y a un espèce d'espace où les gens peuvent être frustrés, peuvent être... La contrainte, ça crée de la frustration, ça crée du mal-être, ça peut créer... Enfin bref, pas du positif. Donc pour moi, la gestion du temps, c'est un des piliers de la santé mentale, vraiment. Donc c'est pour ça que je voulais en parler parce que je pense que les DRH doivent... Tu vois, moi j'ai vu des boîtes qui, dans Outlook ou le système d'agenda, ont limité... Tu sais, quand tu ouvres un Outlook, maintenant ça te fait une heure automatiquement. Bon ben eux, ils ont paramétré le truc pour que ça fasse 45 minutes. Moi mes réunions elles font rarement plus de 45 minutes parce que ça te laisse un quart d'heure entre les deux. Mais tu vois, c'est un quart d'heure où tu vas un peu souffler ou peut-être tu vas te lever, tu vas peut-être aller dehors dans ton jardin, sur ton balcon, t'aérer un peu. Et ça, ça t'apporte un peu un sentiment de maîtrise plutôt que tu raccroches, tu redécroches, tu raccroches, tu redécroches, qui à mon avis, en usure, tu cumules ça à la fin de la journée, à la fin de la semaine, à la fin du mois, à la fin de l'année. Ça me paraît être évident que la gestion du temps pour les collaborateurs, ça doit être une vraie préoccupation du DRH, toute l'entreprise, aussi pour son équipe bien évidemment. Parce que les DRH sont souvent pompiers. On le sait, quand on bosse dans une direction RH, ça tombe de tous les côtés les demandes. Il faut concilier les demandes des collaborateurs, les demandes de notre direction, les demandes des collègues, les demandes de collègues d'autres directions sur lesquelles on travaille. Les RH, on le voit dans plein de directions mais comme nous, on répond en plus à des collaborateurs en direct, on est un espèce de B2B, B2C, nous, quand on est dans une DRH. Et bien ça double un peu ces espèces de contraintes de temps. Et je pense qu'il faut soigner, il faut presque former les gens à gérer leur agenda. Et pour moi, c'est un sujet RH.

  • Intro/Outro

    Et justement si là, on a une DRH ou un DRH qui nous écoute, qui est dans une organisation où on n'est que dans la gestion de l'immédiateté et qui, là, ne sait pas comment s'y prendre... Alors, je ne sais pas si on a la réponse, si tu as la réponse, mais quel conseil tu lui donnes ? Parce que changer des cultures d'organisation qui sont très sur cette immédiateté, c'est complexe et c'est du temps long comme tu le disais. Donc, comment on s'y prend ? C'est quoi ton regard ?

  • Séverine Loureiro

    Pour moi, c'est questionner. Sur les réunions, moi j'ai fait des grosses organisations, on m'invitait à des réunions, je ne savais même pas pourquoi on m'invitait. Vous voyez, il n'y a pas de... Bon, ça a pu surprendre au début mais à chaque fois que j'arrive dans une organisation, ma gestion de l'agenda peut surprendre. Mais après, on s'y fait. D'ailleurs, après, je suis copiée. D'ailleurs, on me demande des modèles. Tu vois, "monte-moi ton agenda", on me demande des conseils. En fait, il y a une chose, c'est questionner. Donc, pourquoi je suis invitée ? Est-ce que ma présence est vraiment nécessaire ? Est-ce que tu m'invites pour info ? Et si tu m'invites pour info, je ne sais pas, il va y avoir un compte-rendu, je pourrais le lire. Donc, tu vois, il faut questionner un peu. Donc, si j'étais aujourd'hui DRH dans une organisation comme ça, avec cette culture-là, et que j'essayais de la changer, je pense que je commencerais par ouvrir la possibilité à questionner. Tu n'es pas soumis à la contrainte d'un collègue, forcément. Tu as un chef, mais on ne peut pas tous se soumettre à la contrainte d'autrui, parce que ça, pour moi, là, il y a un gisement de mal-être hyper important. Donc, il faut questionner. Est-ce que je suis nécessaire dans cette réunion ? Quel est l'impact ? Je reboucle avec le début, quand je te disais qu'il faut comprendre un peu l'urgence versus l'importance pour l'autre. On peut questionner ça. Moi, souvent, on me demande, est-ce que je peux vous voir ? On peut se voir cette semaine ? Même quand on me démarche, on me propose des créneaux. On est mardi, on peut se voir jeudi ou vendredi. J'ai un boulot, je ne suis pas là à attendre. Souvent, je réponds en disant, est-ce que vous pouvez me donner vos échéances ? C'est quoi vos échéances ? C'est quoi l'urgence de ce truc ? Alors on va me dire "mais c'est parce que t'es DG". Mais donc justement, dans une culture, dans une boîte où je voudrais modifier la culture, je pense que je commencerais par essayer d'instiller ça sur le fait que déjà, questionner c'est pas une critique, c'est une information nécessaire que de comprendre en quoi cette sollicitation elle est impactante, elle a du poids, elle est importante pour l'autre aussi, parce qu'il faut évidemment faire preuve d'empathie, etc. Donc, il faut questionner et il faut évaluer, il faut savoir évaluer les demandes. C'est une vraie compétence, en fait, de savoir évaluer une demande dans tous les métiers, et dans tous les domaines. Alors là, sur cette question du temps, il ne faut pas avoir peur de demander pourquoi, pour quand, et pour qui. Est-ce que moi je suis vraiment nécessaire ? Pardon, si je peux juste finir sur un truc, il faut arrêter le fantasme de "c'est parce qu'on fait beaucoup de réunions qu'on est important". Alors, il y a un truc aussi où, parce que tu cumules les réunions et comme t'es invité partout, du coup, t'es dans tout, donc t'as l'impression d'être hyper... Je pense qu'il y a la longue l'usure de ça. Ça doit vraiment être très fatigant. Moins je fais de réunions, mieux je me porte ! Mais pas parce que je suis une feignasse, mais parce que je cherche l'efficacité. Donc si on arrive à faire ce même projet en 3 réunions plutôt qu'en 6, moi ça me va bien, mais parce que je n'ai pas besoin d'être dans une réunion pour me sentir importante. Ta question est très pertinente, c'est des choses très culturelles, mais je pense que c'est nécessaire parce qu'encore une fois, quelqu'un qui passerait que sa journée... On parle beaucoup de quête de sens, situ passes toute ta journée en réunion de 10h à 17h en fait tu produis plus rien et puis tu commences à traiter tes mails à 17h. Tu commences à traiter tes mails à 17h donc en plus en termes d'équilibre vie pro/vie perso... et puis si un matin tu te lèves et tu te dis "qu'est-ce que j'ai produit ce mois-ci ?" et qu'en fait tu te rends compte que t'as juste produit des heures de présence en réunion, je sais pas ça peut être dur en fait comme prise de conscience. C'est pour ça que je pense que c'est un vrai élément de bien-être et de santé mentale pour les collaborateurs.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Je reviens dans ce que tu dis, questionner. Je retiens aussi un petit côté "il faut un peu se rebeller aussi", quand tu dis pas se soumettre. On manque parfois peut-être de capacité à se rebeller dans les organisations, à braquer un peu le système pour le transformer.

  • Séverine Loureiro

    Mais rebeller dans le très bon sens du terme. Voilà. On lit beaucoup en ce moment dans la presse que 'l'esprit critique' serait la compétence... bah c'est ça, c'est tout. C'est juste avoir un œil qui challenge. Est-ce que vraiment on a besoin d'être 18 autour de la table à cette réunion ? Il se décide rien à 18, faut être honnête. Donc en fait, c'est une réunion pour info. Mais des réunions pour info, ça a besoin d'être hebdo par exemple. Donc oui il faut challenger, mais ça toujours pareil dans une conduite de projets intéressante et intelligente. En début de projet on se pose ces questions de gouvernance et si personne les pose... Et c'est pas de la rébellion que de dire "posons- nous la question de la gouvernance", on la pose au début de projet et voilà. Donc ouais, on peut appeler ça 'rébellion', moi j'appelle ça 'efficacité', 'pertinence'. Mais dans certaines organisations ça peut être vu comme de la rébellion, j'en ai conscience ouais.

  • Intro/Outro

    On va arriver à la fin du podcast. Si tu avais un dernier conseil à donner aux RH qui nous écoutent sur les enjeux qu'on évoque aujourd'hui, à des DRH qui seraient confrontés aux mêmes problématiques que tu évoques, ce serait quel conseil que tu donnerais ?

  • Séverine Loureiro

    Écoute, je vais rester là-dessus. Vraiment, ce regard neuf, déjà sur son agenda à soi. Vraiment les RH, avant de vouloir changer l'organisation, il faut peut-être se changer au niveau de la RH. Déjà ça permet de faire un peu de test and learn, on parlait d'agilité et d'innovation tout à l'heure, commencer par soi. Je pense que je conseillerais de commencer par soi et d'avoir vraiment cette prise de conscience. Et c'est marrant parce qu'à chaque fois que je parle de ça avec des gens, ils me disent "mais ouais mais tout à fait t'as raison mais oui". Mais tu vois quand on me demande des conseils, si tu savais le nombre d'optimisation d'agenda que je fais autour de moi...

  • Etienne - l'étincelle RH

    Ca demande une rigueur. Il y a beaucoup de gens qui aimeraient le faire, mais qui peut-être lâchent sur la rigueur que ça demande, parce qu'il faut faire de la pédagogie, il faut expliquer, il faut se tenir à ses principes, parce qu'on peut vite en sortir. Donc il y a aussi, en tout cas, une certaine force intérieure de dire "en fait, je tiens mon cap, parce que c'est le bon cap pour être efficient, pour être productif, pour me préserver", ce qui n'est pas toujours évident.

  • Séverine Loureiro

    Oui, et c'est pour ça que je le prévois dans l'agenda. C'est pour ça que je te disais tout à l'heure, pour moi, c'est vraiment de la liberté que je m'offre. Parce que dès lors que c'est planifié dans l'agenda, il y a peut-être des fois où ça va sauter, évidemment qu'il y a des jours où moi-même ça saute. Et c'est sans doute sain aussi, parce qu'encore une fois, il faut bien que je m'adapte. Je ne suis pas juste un roc. Mais par contre, je sais que ça sera la semaine prochaine. Et après, cette récurrence, de la récurrence vient l'habitude. Et après, ça va être complètement naturel. C'est là où ça va vraiment infuser. Et après, en plus, tu le fais à l'échelle d'une équipe. Et puis du coup, cette équipe, quand tu vas être en contact d'autres équipes... Tu vois, pour moi c'est pour ça qu'il faut commencer par soi. Et effectivement, là où tu as raison, c'est que ça demande, même à moi, ça me demande un effort, même encore maintenant, alors que c'est complètement ancré dans ma façon d'être. Ça me demande un effort, pas tant pour moi, mais plus pour l'expliquer aux autres. Mais une fois que les autres ont compris, vraiment, j'invite tout le monde, c'est libérateur. Et on a plein d'idées. Moi, tout le monde on me dit "Mais comment tu fais, Séverine, pour écrire des livres, pour prendre un nouveau job, pour faire des podcasts ?" J'ai des week-ends, je fais plein de choses par ailleurs, à côté ! Mais c'est juste de l'orga, ça demande cette force, enfin pas cette force, c'est un peu présomptueux, mais cette rigueur. Ça demande un peu de rigueur, mais franchement, c'est ultra libérateur sur le moyen et le long terme. Je le conseille à tout le monde.

  • Etienne - l'étincelle RH

    Merci beaucoup Séverine.

  • Séverine Loureiro

    De rien Etienne, merci à toi.

  • Intro/Outro

    Merci d'avoir écouté Bande de Flippés, un podcast produit et imaginé par L'Étincelle RH, en partenariat avec I2O. Envie de partager vos peurs ? Vous pouvez nous contacter sur LinkedIn. On se retrouve dans deux semaines pour découvrir un autre membre de la Bande de Flippés. Bouh !

Share

Embed

You may also like