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Beau Voyage

#32 - Marie en mission humanitaire : 2 ans en Zambie, des enfants en bas âge et une vie à l'africaine

#32 - Marie en mission humanitaire : 2 ans en Zambie, des enfants en bas âge et une vie à l'africaine

57min |02/07/2024
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#32 - Marie en mission humanitaire : 2 ans en Zambie, des enfants en bas âge et une vie à l'africaine

#32 - Marie en mission humanitaire : 2 ans en Zambie, des enfants en bas âge et une vie à l'africaine

57min |02/07/2024
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Description

Marie et sa famille décident un jour de couper avec leur confort parisien pour vivre une grande aventure en famille.

Mais pour Marie il faut qu'il y ait du sens, un but. Elle opte pour la mission humanitaire.


Il faut alors trouver la bonne ONG qui les encadrera et qui acceptera de les faire partir avec des petits de 2 et 3 ans.

S'en suit 1 an de formation de suivi pour vérifier que la tribu est bien prête, un appart a rendre, des boulots a quitté 

Et puis un jour alors qu'ils ont tout lâché, ils apprennent leur destination.


Ce sera la Zambie, un des pays les plus pauvres du globe. Pendant 2 ans. Sans retour en France possible.


Marie et sa famille posent leur valise dans une toute petite ville avec une route goudronnée et un unique feu de signalisation. Pour Beau Voyage elle nous raconte son année de préparation, le grand départ et son arrivée sur place. Elle nous raconte l’arrivée de ses enfants dans la petite école du coin, et ses grands bonheurs. La bas, pas d’eau potable, pas de TV et pas grand chose à part la nature.


Il faut apprendre à élever ses enfants différemment, retrouver du temps long et cultiver son jardin. C’est un peu fou.

Elle nous a parle aussi de Sa mission sur le terrain, sa vie de famille un peu chamboulé et le difficile retour à la normale avec des enfants qui ont vécu 24 mois en liberté et en autonomie.


On a adoré cet épisode et on espère qu'il vous plaira tout autant !


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Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à nous laisser 5 étoiles ou un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Ce serait vraiment un sacré coup de pouce pour nous !

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Production : Sakti Productions

Vous êtes une marque et vous souhaitez collaborer avec Beau Voyage

Ecrivez-nous : mariegarreau@saktiproductions.com


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Le décollage, Guillaume et moi, on a vécu comme vraiment, on se tient tous la main. Et puis vraiment, ce décollage m'en souviendrait toute ma vie. C'était vraiment magique. On décollait pour Addis Abeba, en Éthiopie, et puis après on avait un autre vol. C'était un voyage qui était déjà en soi assez long pour aller jusqu'à Shimata. Et puis voilà, après ça c'est le décollage. L'arrivée était terrorisante, c'est trop fort. Comme on ouvrait une mission, il n'y avait personne pour nous dire ce qui nous attendait.

  • Speaker #1

    Comment ça se passe quand tu arrives à l'aéroport alors ?

  • Speaker #0

    C'est complètement dingue, on cherchait une pancarte. Et puis c'est l'Afrique, ça a commencé tout de suite. On nous a dit, voilà, votre maison n'est pas prête, elle sera prête dans deux mois et demi. Destination, let's go where the river's taking us.

  • Speaker #1

    Bonjour, c'est Marie et vous écoutez Beau Voyage. De l'ascension du Mer Apique au Népal, au Tour du Monde en famille, du road trip au Chili au bivouac en Inde dans les Pyrénées, vous entendrez des hommes et des femmes qui partagent leurs aventures hors des sentiers battus, des aventuriers ordinaires qui vous racontent leurs aventures extraordinaires. À deux ou en tribu, à l'autre bout du monde ou en bas de chez eux, avec trois sous ou en claquant leur PEL, ces voyageurs nous confient leurs histoires, leurs galères, leurs bons plans et leurs coups de cœur. Sur Beau Voyage, nous allons vous prouver que l'aventure est partout et à la portée de tout le monde. Alors montez le son et venez rêver avec nous. Marie a un mari et deux enfants. Et un jour, elle décide de couper avec son confort parisien pour vivre une grande aventure en famille. Mais pour elle, il faut qu'il y ait du sens, un but. Alors, elle opte pour la mission humanitaire. Mais finalement, pas si simple de trouver la bonne ONG qui les encadrera et qui acceptera de les faire partir avec des petits-enfants de 2 et 3 ans. Une fois qu'elle a trouvé, s'en suit une formation de suivi pour vérifier que la tribu est bien prête. Un appart à rendre, des boulots à quitter, et ils ne connaissent toujours pas leur destination. Et un jour, alors qu'ils ont tout lâché, ils apprennent qu'ils vont partir en Zambie, un des pays les plus pauvres du globe, pendant deux ans, sans retour en France possible. Marie et sa famille posent leur valise dans une toute petite ville, avec une seule route goudronnée et un unique feu de signalisation. Pour Beau Voyage, elle nous raconte son année de préparation, le grand départ et son arrivée sur place. Elle nous raconte l'arrivée de ses enfants dans la petite école du coin et ses grands bonheurs. Là-bas, pas d'eau potable, pas de télé et pas grand-chose à part la nature. Il faut apprendre à élever ses enfants différemment, retrouver du temps long et cultiver son jardin. C'est un peu fou, même totalement fou. Elle nous parle aussi de sa mission sur le terrain, sa vie de famille et le difficile retour à la normale avec des petits qui ont vécu 24 mois en liberté et en totale autonomie. On dit Marie ou on dit Marie-Emmanuel ?

  • Speaker #0

    Marie, parce que sinon...

  • Speaker #1

    Donc Marie, Marie et Marie sont dans un bateau, lundi matin. Bonjour Marie.

  • Speaker #0

    Bonjour Marie.

  • Speaker #1

    Je suis ravie de te recevoir parce qu'on se connaît déjà un peu et j'ai trop envie d'écouter ton histoire. Donc déjà, est-ce que tu peux te présenter pour nos auditeurs ?

  • Speaker #0

    Je m'appelle Marie, j'ai 45 ans. Je suis mariée à Guillaume et en ce moment je suis mère au foyer. J'ai quatre enfants et on vit en banlieue parisienne.

  • Speaker #1

    Et tu vas nous raconter une belle aventure. Est-ce que toi déjà, tu es une grande voyageuse ?

  • Speaker #0

    Je l'étais quand j'étais plus jeune que maintenant, étudiante. J'ai beaucoup voyagé, et même seule. donc j'ai voyagé en Asie plusieurs fois en Inde, dans l'Amérique du Sud et puis après je me suis mariée, j'ai commencé à bosser et là on voyageait presque plus Mais un jour vous décidez de faire un grand voyage Et un jour on se rend compte que les choses s'enchaînaient année après année, après le collège et le lycée après la prépa, après l'école, après le premier boulot on se marie, on a un enfant, on a deux enfants tout était sur des rails et puis on a eu envie d'une aventure de sortir de... des chemins tracés et de partir ensemble. On avait deux enfants de 2 et 3 ans, deux petits garçons, tous les deux des boulots stables, qui nous plaisaient d'ailleurs plutôt. On s'était dit que c'était probablement trop tard pour partir avec une ONG, maintenant qu'on avait des enfants, et puis on nous a dit qu'il y avait quelques associations qui acceptaient de prendre le risque de faire partir des familles. Donc on s'est renseigné, on cherchait un projet où on puisse tous les deux travailler. Parce que la plupart du temps, si on part avec une ONG, c'est que l'un des deux a un job. Et que donc l'autre part avec un statut de conjoint d'expat. Et donc l'idée, c'était qu'on ait chacun une mission. Qu'on puisse partir avec les enfants. Et donc il n'y avait pas beaucoup d'assauts qu'ils proposaient. Il y en avait deux, trois. Et on a postulé. Ça a été un cheminement d'un an de discernement et de recrutement et de formation.

  • Speaker #1

    À partir du moment où vous vous êtes dit un soir, on fait une aventure, il y a eu un Ankem.

  • Speaker #0

    Il y a déjà eu une discussion à deux parce que l'idée venait de moi. C'était l'été et moi, je suis comme ça, un peu tout feu, tout flamme. Je lance des idées. Après, je peux m'essouffler. Mon mari, c'est l'inverse, c'est un diesel. Il est très régulier et très constant. Donc lui, ça a mis un peu... plusieurs mois à cheminer pour que ça lui paraisse envisageable. Je pense qu'il avait peut-être plus de craintes aussi par rapport à sa vie professionnelle. Il est un peu plus âgé que moi, donc il était déjà plus avancé, il n'avait plus à perdre, on va dire. Donc il a déjà fallu le convaincre. Et une fois qu'il a été convaincu, on est allé ensemble un week-end de découverte. Et on est rentré vraiment emballé en se disant, on se sent vraiment, on sent que c'est pour nous et que c'est maintenant. et que ça veut rendre heureux et qu'il faut le faire.

  • Speaker #1

    Et vous vous êtes jamais dit on se fait un tour du monde, un voyage, etc. Dès le début, votre idée, c'était quand même d'aller servir et de faire un voyage humanitaire avec un but.

  • Speaker #0

    On a pensé au voyage autour du monde et en fait, c'est vraiment propre à chacun, mais on n'y a pas vu de sens dans le sens direction, but, vers lequel on tend. C'est-à-dire qu'on se sentait appelés. C'était vraiment l'impression qu'on avait. Et donc on se disait qu'il y avait forcément un endroit qui nous attendrait pour nous, et où ça aurait du sens qu'on soit là.

  • Speaker #1

    Et se sentir utile quand même.

  • Speaker #0

    Et puis je crois qu'on avait aussi envie de s'installer quelque part, et pas de voyager. Je pense qu'on avait envie d'aller ailleurs, mais de s'installer ailleurs, pas de passer ailleurs. Et donc c'était très important pour nous que ce soit un peu long, et que ce soit dans un seul endroit. et c'était tellement le cas que l'ONG avec laquelle on est partis nous demandait de ne pas rentrer pour les vacances de nous engager pour deux ans et de ne jamais rentrer en France pendant les deux ans et plus que ça, ils nous conseillaient après on est majeurs, on fait ce qu'on veut de ne même pas quitter la zone culturelle dans laquelle on était pendant deux ans Donc on n'est pas allé dans des destinations un peu de rêve, qui étaient finalement accessibles dans tous les sens du terme, en avion et financièrement pour nous, avec nos économies. On est vraiment resté dans une zone culturelle d'Afrique australe pendant deux ans.

  • Speaker #1

    Donc vous avez trouvé l'ONG, vous êtes parti avec qui ?

  • Speaker #0

    On est parti avec une ONG qui s'appelle Fidesco, qui fait partir 120 volontaires par an à peu près, dont beaucoup de volontaires ont des profils plutôt profession médicale, d'accordeur à médical, mais Guillaume, lui, travaille dans la construction. Et moi, j'étais chef de produit, donc j'avais une compétence à la fois vague et tout terrain de chef de projet. Donc, je pouvais aussi trouver une mission qui corresponde à mes compétences. Et Fidesco propose un parcours d'un an où il y a entre deux et trois semaines de formation, discernement.

  • Speaker #1

    Ça, ça sert à quoi ? C'est pour voir si vous êtes prêts à partir ?

  • Speaker #0

    C'est pour que nous, on pose un choix qui soit vraiment... ferme de notre côté, parce que partir deux ans sans retour, ça veut dire que la plupart du temps, on pose une démission, on rend un appart. où on le vend, vraiment, on largue les amarres. Et puis, si on le fait avec des enfants, il faut que le choix soit bien mesuré. De leur côté à eux, ça peut être go-no-go, c'est-à-dire qu'on a quand même un entretien avec un psychologue, il vérifie qu'on n'est pas dans la fuite. Je n'aime pas mon métier, mon couple capote, je me sens fragile. Donc, eux, eux, ils essayent quand même de débusquer. de mauvaises raisons de partir. Vérifier qu'on parte pour des raisons positives et pas pour fuir. Pas pour fuir notre vie. Donc, il y a un discernement de leur côté et du nôtre. Et puis, il y a un moment, au bout de quelques mois, où c'est go, no go des deux côtés. Et une fois qu'on a dit go, no go, on ne sait toujours pas où on part.

  • Speaker #1

    Et tu as fait quand même un choix sur la map monde ou même pas du tout ? Le monde entier est ouvert ?

  • Speaker #0

    Absolument aucun. C'est-à-dire que tu donnes ton go et c'est un mois et demi après, il y a le week-end qu'on appelle l'affectation des démissions. et c'est à ce week-end-là que tu apprends où tu vas. Donc on va ce week-end, nous la blague, c'est qu'il y avait quelques personnes qui n'ont pas été affectées ce week-end-là, dont nous, je pense qu'ils attendent encore les réponses. Donc là vraiment, c'était un peu dur pour nous, parce qu'on avait annoncé à nos employeurs, moi j'avais des messieurs, enfin vraiment, on avait commencé déjà à larguer des amarres, et on ne savait toujours pas. Donc nos familles trouvaient ça vraiment assez folclore, et on l'a su vraiment début juillet. Alors qu'on devait partir fin août. En fait, la mission était aussi... On ouvrait une mission. Donc, eux-mêmes, de leur côté, les partenaires n'étaient pas prêts. Donc, finalement, on est partis en octobre. Et donc, on nous a annoncé par téléphone, quelques semaines après ce week-end, qu'on partait en Zambie.

  • Speaker #1

    Tu savais le placer sur la carte ?

  • Speaker #0

    Alors... Je suis pas trop mauvaise en géographie. Mais alors là, Gambie, Zambie, Zimbabwe, je vois une bête là. C'est un pays d'Afrique australe qui est au sud du Congo, au nord de l'Afrique du Sud, qui est enclavé, donc sans accès à la mer, qui est l'ancienne Rhodesie pour les Anglais. Donc les Anglo-Saxons connaissent plus. C'est l'Afrique anglophone. La bonne nouvelle, c'est que c'est un pays où nous, on déteste la chaleur. On ne supporte pas, sous la Loire, en juillet-août, on ne supporte pas. La bonne nouvelle, c'est que c'est un pays de haut plateau. Le climat est divin, entre 20 et 30 degrés toute l'année. Voilà, la mauvaise nouvelle, c'est que... C'est très loin. C'est vraiment un des pays les plus pauvres du globe. Mon mari avait 38 ans au départ et l'espérance de vie en Zambie, quand on est parti, était de 39 ans. Donc là, quand on lit le chiffre, on se dit non, c'est pas possible. Enfin, on était en 2010 et en fait, c'est un des pays qui était le plus durement frappé par le sida. Donc, il y avait un taux de prévalence de 25 c'est-à-dire un adulte sur quatre qui est porteur du virus. Et donc, c'est un pays qui a été gravement touché économiquement, parce qu'en réalité, c'est vraiment toute la... toute la tranche d'âge productive qui est touchée par la maladie. Donc c'est au-delà du désastre sanitaire, c'est un désastre économique, parce que le pays s'est considérablement appauvri, il avait le même PIB que le Portugal. dix ans avant.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et donc voilà, c'est vraiment un pays très très très très pauvre. Et puis on partait pas du tout dans la capitale, on partait dans la huitième ou dixième ville du pays.

  • Speaker #1

    Et tu partais faire quoi ?

  • Speaker #0

    Alors on ouvrait une mission qui existait déjà dans d'autres régions de Zambie, avec cette même ONG, qui s'appelle le Bureau des Projets. On travaillait pour un diocèse catholique. Alors, il faut savoir que dans Zambie, comme dans beaucoup de pays d'Afrique, les services publics sont complètement défaillants. C'est les États qui sont pauvres. Donc en fait, les églises portent les hôpitaux et les écoles. Le système éducatif, le système de santé sont beaucoup portés par des églises locales. Et donc le diocèse de l'Eastern Province, qui était diocèse de Chipata, là où on était donc affecté, avait une vingtaine d'écoles, et quatre gros hôpitaux et beaucoup de dispensaires. C'est une région qui fait 600 km de long, 150 km de large, avec une seule route goudronnée. La ville dans laquelle on était, il y a un feu rouge qu'ils appelaient The Robot. Donc on ouvrait le bureau des projets qui avait comme double mission de récolter de l'argent, de trouver des fonds, donc d'écrire à des bailleurs de fonds pour lever des fonds pour des programmes de nutrition, de construction, des programmes mère-enfant pour le SIDA, campagne de vaccination. Et de l'autre côté, c'était plus le boulot de Guillaume, c'était d'aider le diocèse à avoir plus de fonds propres en développant des petits business. Donc avec comme objectif à plus long terme d'être le plus sustainable possible, pour qu'ils aient leurs propres ressources pour être de moins en moins dépendants de bailleurs de fonds étrangers. Donc mon boulot à moi, c'était d'écrire des propositions, des proposals pour obtenir de l'argent. d'écrire les rapports narratifs et financiers en fin de projet, et d'aller beaucoup sur le terrain pour visiter les projets, pour vérifier que ça se passe bien, que l'argent est dépensé comme il le doit, pour prendre des photos, pour suivre les projets. Donc j'avais beaucoup de déplacements, donc dans ce territoire, vraiment une seule route goudronnée, sachant qu'il y a quatre mois de saison des pluies, où les routes sont très très très difficilement praticables. Donc ça c'était l'éclat, parce que je partais vraiment avec un 4x4 pourri.

  • Speaker #1

    C'est toi qui conduisais ? Oui,

  • Speaker #0

    bien sûr. Donc un 4x4 pourri et vraiment à l'aventure. Et c'était grisant, vraiment. C'était passionnant parce que là, je partais seule et pour aller visiter des hôpitaux, des écoles.

  • Speaker #1

    Tellement, tellement. Qu'est-ce que vous faisiez avec les enfants ?

  • Speaker #0

    Alors les enfants, ils étaient avec d'énormes guillemets à l'école le matin. Donc l'école maternelle, où il y avait un crayon pour 30 enfants. Donc le matin, ils étaient à l'école et l'après-midi, on avait une nounou qui venait les récupérer lors du déjeuner. Nous, on rentrait à déjeuner à la maison. et l'après-midi, celle qui les gardait.

  • Speaker #1

    Mais on est resté au coup de fil de Zambie quand même, parce que j'attends. On te dit, vous allez aller en Zambie, vous allez partir, tu raccroches. Est-ce que là, l'association, elle te prépare un peu ? Tu as justement un brief sur la Zambie, où en est la Zambie, comment ça se passe la vie là-bas, etc. Ou là, c'est toi et Guillaume qui êtes allés un peu chercher des infos sur tout ça ?

  • Speaker #0

    Non, tu n'as pas de brief sur le pays même. En revanche... dans le cadre des formations qu'on a eues, il y avait quand même eu plusieurs semaines, on a quand même beaucoup de jeux de rôle, des topos sur l'inculturation, donc on a quand même beaucoup parlé de l'Afrique, il y avait quand même des choses auxquelles on était préparés culturellement, même si le choc est immense, mais sur le rapport au temps, les rapports sociaux, la vision du couple, de la famille, il y avait quand même des choses qu'on avait un peu défrichées, et après il y a toute une partie très pratique, parce qu'en réalité avant de partir, on est sur des choses très terre-à-terre, on part avec chacun 23 kilos.

  • Speaker #1

    Pour les enfants aussi ?

  • Speaker #0

    Pour les enfants aussi.

  • Speaker #1

    Donc chacun 23 kilos, ok ?

  • Speaker #0

    Donc il faut faire la valise, parce que tu ne reviens pas pendant deux ans.

  • Speaker #1

    Tu t'engages à ne pas revenir ?

  • Speaker #0

    Tu t'engages à ne pas revenir, et on l'a fait. Donc tu ne reviens pas, et donc il y a la valise, qui est un vrai sujet, qu'est-ce que j'emporte ? On a rapidement compris qu'il allait falloir trouver un moyen de se faire envoyer des livres, parce que c'est vraiment la chose introuvable là où on allait, a fortiori en français. On a un ami libraire, qui avait d'ailleurs une librairie sur l'Afrique, dans le cinquième là où on habitait, qui a pu nous envoyer un gros colis. Donc on a mis tous les livres à part. Donc ça déjà, ça te dégage beaucoup de poids. Dans ta valise, tu mets un peu de vêtements, tu mets des chaussures, et tu mets des médicaments. Et moi j'ai embarqué... trois objets de cuisine, un robot plongeur qui faisait tout.

  • Speaker #1

    Tu as pris un robot plongeur ?

  • Speaker #0

    J'ai pris un robot plongeur, un truc à 25 euros, Moulinex, qui faisait la soupe, les blancs, à choix.

  • Speaker #1

    Super idée,

  • Speaker #0

    j'adore. Et la glace. J'avais quatre petits tambours, donc c'était tout petit. J'ai pris l'économe, tu sais l'économe rouge pour les tomates, parce que du coup ça pouvait me servir à tout, parce qu'il y a des histoires de parasites qui se mettent dans la peau, donc là tu peux éplucher. Et j'ai pris un thermomètre culinaire. figure-toi, parce que comme il n'y a pas vraiment de chaîne du froid, on faisait nous-mêmes nos yaourts. Donc je suis partie avec ces trois petits objets-là, qui ont été extrêmement... Donc ça,

  • Speaker #1

    c'est quoi ? C'est indispensable à partager ?

  • Speaker #0

    Voilà, il y a un truc de moins glamour, c'est le bas en nylon, qui sert à faire du fromage, avec du lait. Ça, c'est pas très lourd. Donc on est partie avec quelques objets de cuisine, quelques produits aussi d'hygiène-beauté, parce que c'est pareil.

  • Speaker #1

    tu trouverais pas.

  • Speaker #0

    C'est bête, mais en fait, ta crème de jour, t'en prends plusieurs.

  • Speaker #1

    Mais c'était quoi ton plan pendant deux ans ? C'est qu'on allait t'envoyer des trucs où tu te dis, on trouvera le reste sur place ?

  • Speaker #0

    On a eu quelques colis, mais en réalité, la poste était à la fois très longue et hasardeuse. C'était vraiment six bonnes semaines. Donc, les choses arrivaient souvent en bon état en étant passées dans des entrepôts surchauffés. Oui. Donc, il n'y a aucun vol direct. Donc, de toute façon... Du clic. Quelques envois de nourriture qui ont été tentés n'étaient pas tous très très concluants. Tu vois un saucisson qui a passé six semaines dans le pot,

  • Speaker #1

    c'est pas les déroulants. C'est mieux un livre. C'est mieux un livre.

  • Speaker #0

    C'est mieux un livre.

  • Speaker #1

    Et pour les enfants, les indispensables, alors qu'est-ce que tu as pris ?

  • Speaker #0

    C'est un très bon point. Pour le coup, là, les livres, on était très contentes de pouvoir lire avec beaucoup de livres d'enfants. parce que là-bas, on s'apprêtait à passer presque deux ans sans jouets. Donc on s'est autorisé les gros Legos pour le plus jeune et les petits Legos pour le plus grand. Et après, tu découvres sur place que tu peux faire un ballon de foot avec des sacs plastiques. Avec des sacs plastiques, tu fais beaucoup de choses, un cerf-volant. Et vraiment, ça pour le coup, c'était une fausse inquiétude parce que deux, trois ans, quatre et cinq au retour... Ils ramassaient n'importe quoi par terre, ils fabriquaient, ils ramassaient, ils bricolaient, ils étaient en bande d'enfants. C'est nu, ils s'éclataient, ils n'avaient vraiment pas besoin, là pour le coup, vraiment pas besoin de jouets.

  • Speaker #1

    Ils n'avaient besoin de rien en fait.

  • Speaker #0

    De livres, oui. En tout cas, selon nos standards à nous, ils avaient besoin de livres.

  • Speaker #1

    Et les vêtements ?

  • Speaker #0

    Et les vêtements, je sais quelles marques avaient de bonnes qualités parce que je suis revenue avec très très très peu de vêtements. tu termines les vêtements avec lesquels tu es partie et après tu achètes soit des vêtements made in China bas de gamme sur place, sur les marchés soit tu trouves des vêtements d'occasion de marque occidentale qui revendent les marchés aussi tu retrouves des trucs que tu aurais pu toi donner l'année d'avant donc là tu as 4 sacs de 23 kilos tu as 4 sacs de 23 kilos et tu mets toutes tes affaires dans des cartons.

  • Speaker #1

    Tu les as mis où, toi ? Un dépôt meuble ?

  • Speaker #0

    Un mix de chambres de service chez maman, de caves de voisins. On a un peu éparpillé.

  • Speaker #1

    Et tu laisses tout ? J'imagine que tu laisses aussi tes bijoux, tous tes petits trucs, tu laisses tout.

  • Speaker #0

    Tu pars avec ton alliance.

  • Speaker #1

    Comment ça se passe quand tu montes dans cet avion ?

  • Speaker #0

    C'est génial, c'est complètement dingue. Déjà, nous, on avait fait un truc assez marrant, c'est qu'on s'est fait un resto étoilé quelques heures avant le vol, habillée vraiment en treillis, en t-shirt, après avoir largué tout, tout, tout. dis au revoir c'est des détails mais tu vis ta cuisine tu vis tous tes placards de produits de beauté tu distribues tout t'as plus besoin de rien c'est génial t'es hyper léger donc la sensation de légèreté est grisante et puis le décollage de l'avion c'est vraiment un moment dont je me souviens les enfants étaient un peu trop petits pour ils ont compris la chose ils ont compris non je pense qu'ils n'ont pas compris ils étaient vraiment trop petits et d'ailleurs quand c'est devenu les premiers mois ont été durs je pense qu'il y a eu dans leur tête quand même le... Parce qu'on s'est mis dans... dans cette situation-là, même si c'était incapable de le verbaliser comme ça, mais en tout cas le décollage ah oui Guillaume et moi nous on a vécu comme vraiment, on se tient tous la main et puis on est sur le plongeoir et on y va. C'était vraiment ce décollage, je m'en souviendrai toute ma vie c'était vraiment magique. On décollait pour Addis Abeba en Éthiopie et puis après on avait un autre vol. C'était un voyage qui était déjà en soi assez long pour aller jusqu'à Chimata et puis voilà, après ça c'est le décollage, l'arrivée était... Terrorisante, c'est trop fort. Mais comme on ouvrait une mission, il n'y avait personne pour nous dire ce qui nous attendait.

  • Speaker #1

    Comment ça se passe quand tu arrives à l'aéroport ?

  • Speaker #0

    C'est complètement dingue. On cherchait une pancarte. Puis c'est l'Afrique, ça a commencé tout de suite. On nous a dit, votre maison n'est pas prête, elle sera prête dans deux mois et demi. Donc vous serez en coloc avec des jeunes d'Engineer Without Borders. le G chez d'autres, une famille italienne.

  • Speaker #1

    Mais d'autres missionnaires ?

  • Speaker #0

    Mais qui n'étaient même pas du tout de la même ONG, donc en coloc, alors qu'on était déjà une petite famille. Mais alors ça, il faut être prêts.

  • Speaker #1

    Il faut être prêts.

  • Speaker #0

    Les débuts étaient vraiment durs. Parce que professionnellement parlant, notre job description, c'était à peu près tous les problèmes que le diocèse avait rencontrés depuis dix ans avec aucune ressource en face. Moi, j'ai plus perdu pied. Et Guillaume, qui avait huit ans de plus, qui avait plus de bouteilles, m'a dit au bout d'un moment, bon, écoute, on va manager, mais...

  • Speaker #1

    Je vais m'occuper de toi.

  • Speaker #0

    On va reprendre un peu ensemble tous les projets qu'on a. On va commencer quelque part, mais on ne peut pas prendre sur nous. On va commencer modestement par ce qui est à la fois le plus urgent et le plus dans nos cordes. Donc, le début au boulot, moi, je trouvais ça très, très, très dur.

  • Speaker #1

    T'avais un lieu ? T'avais un bureau ?

  • Speaker #0

    On avait quand même un bureau.

  • Speaker #1

    Donc le matin, t'allais vraiment à ton bureau ?

  • Speaker #0

    Donc on allait vraiment à un bureau le matin. On quittait des jobs dans des grosses boîtes du CAC 40, hyper équipées, avec des services généraux. Et là, vraiment, tu viens mendier pour avoir ton imprimante, t'as des coupures de courant tout le temps, donc tu peux te retrouver 4-5 heures sans Internet dans la journée.

  • Speaker #1

    Il y a des fois où tu laisses un peu les bras.

  • Speaker #0

    Moi, les premiers mois, en tout cas professionnellement, ça a été vraiment, vraiment dur. Tu arrives en disant je vais faire plein de trucs, je vais être super efficace. Puis en fait, tu te prends vraiment un mur parce qu'il faut du temps, du temps pour comprendre, du temps pour connaître les gens. Le temps est long. On s'est pris une grosse claque parce que dans ce grande région, 600 kilomètres de long, c'est quand même grand, il n'y avait que trois Français, mon mari, moi et un vieux père blanc. qui était arrivé dans les années 50-60. Donc nous, on s'est dit naïvement, il doit être hyper impatient de nous voir.

  • Speaker #1

    Mais non ! Mais non,

  • Speaker #0

    il a mis plusieurs mois avant de venir nous voir, alors qu'il n'était pas très loin.

  • Speaker #1

    On parle anglais, là ? Tu bossais en anglais ?

  • Speaker #0

    On bossait en anglais. Et non, non, il a mis plusieurs mois. Et quand on l'a rencontré, il nous a dit, il nous a dit, c'est super que vous soyez là, nous dit-il. C'est tellement dommage que vous restiez aussi peu de temps. Mais lui, vraiment, en disant ça... Je comprends, lui il mourra là-bas il est blanc à l'intérieur il est noir à l'intérieur, il est chez lui et nous il estimait qu'on était vraiment là pour un petit passage et qu'on était là presque pour nous en fait très humblement quand même quand on rentre, même quand on part un an deux ans, évidemment qu'il y a quand même des choses qui avancent et qu'il y a des accomplissements, des projets qui aboutissent, mais en réalité on est quand même plus dans la rencontre en deux ans ? Pour de vrai, en fait deux ans c'est un temps qui est très très court à l'échelle des problèmes qu'il y a à régler sur place. Et je pense qu'en réalité, les fruits les plus durables sont très probablement des rencontres.

  • Speaker #1

    Et dans les projets de ton boulot, lesquels t'ont rendu fière ? Qu'est-ce que tu as réussi à mener jusqu'au bout ?

  • Speaker #0

    Alors, il y avait des projets à très court terme, parce que c'était quelques mois, des programmes de nutrition ou de suivi mère-enfant, pour éviter que le virus se transmette de la mère à l'enfant, des programmes que je commençais et que je terminais. Et il y avait des projets qui étaient beaucoup plus longs, par exemple des projets de construction, et notamment le lancement de la construction du cinquième hôpital. qui était dans un endroit reculé, dans cette région qui était déjà elle-même très reculée. Aujourd'hui, cet hôpital existe, il s'appelle Chamilala. J'ai continué à travailler dessus d'ailleurs plusieurs années après être rentrée, parce que quand j'ai quitté la Zambie, c'était encore la brousse, mais la brousse, il n'y avait rien, zéro, rien. Et c'est une vieille sœur polonaise qui avait ce projet fou, qui se battait pour que cet hôpital existe. J'ai levé des fonds petit à petit et encore en rentrant. Alors ça vraiment, pour moi c'est... quand j'avais les bonnes nouvelles de l'argent qui tombait d'Allemagne ou des Etats-Unis j'en pleurais de joie en étant dans mon appartement parisien ça vraiment j'aimerais beaucoup un jour y retourner et passer la porte de cet hôpital avec mes enfants dans un endroit où les femmes marchent une semaine pour accoucher avant Il y a eu des accidents de la route terribles au milieu de nulle part. Il n'y avait absolument qu'une possibilité d'apporter des premiers secours. Aucun moyen d'être suivi quand on est... positif aussi. Ça vraiment, j'ai hâte de le voir parce que je ne l'ai pas vu de mes yeux vus.

  • Speaker #1

    Et alors, à tant tes enfants, comment ça se passe l'adaptation et tout ?

  • Speaker #0

    Ça commence très très dur aussi pour eux à l'école parce que ce sont littéralement les seuls blancs mais c'est pas simplement que c'est les seuls blancs, ce sont les premiers blancs que leurs camarades voient. Donc le premier jour, il faut imaginer dans la cour de récréation un attroupement de toute l'école autour des deux petits mzungus et les enfants qui touchent.

  • Speaker #1

    la peau de mes enfants.

  • Speaker #0

    Et ensuite, ils regardent leurs doigts pour voir si ça change la couleur de leurs propres doigts. où ils touchent les cheveux, parce qu'ils n'ont jamais touché des cheveux longs déjà, parce qu'ils ont tous les cheveux très courts et pas crépus. Donc mes enfants, c'est des hurlements, des pleurs.

  • Speaker #1

    Ils ont peur ?

  • Speaker #0

    C'est le panique, ils sont totalement paniqués. Donc on discute avec les instituteurs, en disant qu'il faut absolument qu'ils puissent respirer. Passer ce premier temps, après, c'est l'enfance, la langue n'est pas une barrière.

  • Speaker #1

    Ils parlaient déjà un peu anglais tes enfants ?

  • Speaker #0

    Non, pas du tout. Pas du tout, mais ça, c'était vraiment pas un problème, parce que... les ambiens de leur âge étaient eux-mêmes en train d'apprendre l'anglais à l'école. Parce que pour le coup, l'école était quand même en anglais. Donc en fait, la langue n'est pas du tout un problème, parce que très naturellement, ils se mettent à jouer ensemble. Donc passer l'effet de surprise du côté des petits ambiens, et puis les miens ont eu un peu plus d'espace, et tout ça s'est normalisé. Et après, mes enfants, eux ne se rendaient compte de rien.

  • Speaker #1

    Ils étaient contents d'aller à l'école, ils avaient leur copain.

  • Speaker #0

    Sans même comparer, parce que finalement, ils étaient à peine aussi allés à l'école en France. Donc...

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce qu'ils font l'après-midi avec leur nounou ?

  • Speaker #0

    La nounou ne surveille pas les enfants comme elle les surveille en France. C'est-à-dire que nous, les premières fois, on rentrait à la maison le soir, on disait à la nounou, mais où sont les enfants ? Elle nous dit... Parce que là-bas, c'est comme au village, les adultes surveillent les enfants. Donc en fait, il n'y a pas de stress, les enfants jouent avec les enfants. C'est des bandes d'enfants qui vont dans la rivière, qui vont cuire des fruits, qui se baladent un peu partout, qui traversent la route. Mais tous les adultes surveillent tous les enfants. Donc il n'y a pas de clôture autour des maisons, tout est ouvert. Donc pour nous, jeunes parents parisiens, c'est un peu flippant. Et puis en fait c'est comme ça que ça fonctionne, il n'y a pas de stress. Donc en fait mes enfants étaient en robinsonade pieds nus, ramassant des fruits par terre, faisant tout ce qui était déconseillé dans la formation qu'on avait suivi.

  • Speaker #1

    Mais comment ça se passe alors l'hygiène dans Zambie ? C'est dangereux, il y a du palu ?

  • Speaker #0

    Il y a le neuropalu, pour le coup le mauvais palu. Au début on faisait hyper gaffe à tout tout le temps, on était tous sous l'ariam. pour les six premiers mois qui correspondaient à la saison des pluies et à nos six premiers mois.

  • Speaker #1

    Et tu peux en prendre ça pendant six mois ?

  • Speaker #0

    Tu n'as pas le choix en fait. On a été briefé à Necker et à Pasteur, à l'Institut Pasteur. On a vu un pédiatre de médecine tropicale qui nous a dit vraiment que le lariam c'est le plus puissant, c'est vraiment celui qu'il faut que vous preniez. On a tous pris une prophylaxie pour à la fois les six premiers mois, le temps de prendre ses réflexes, de t'habituer au coucher du soleil, tu fermes les écoutilles, t'es habillé en long, le temps d'avoir les bons réflexes par rapport aux moustiques, et puis de couvrir cette saison qui est particulièrement infestée. La saison des pluies, il y a vraiment beaucoup de moustiques, mais on n'a pas pris de prophylaxie antipalule la deuxième année. Donc on a desserré la vis au fur et à mesure. Et pareil, sur l'eau, c'était draconien jusqu'au bout. On la faisait bouillir, on la filtrait, etc.

  • Speaker #1

    Il y a de l'eau potable là-bas ?

  • Speaker #0

    Il n'y a pas d'eau potable. Et alors, l'un des gros chocs... en arrivant c'est que on a fini par avoir notre petite maison donc on avait une toute petite maison de poupées pour nous avec deux petites chambres on a demandé naïvement quel jour passaient les poubelles il n'y a pas de... on a dit ah bon alors où est la décharge il n'y a pas de décharge en plus on fait quoi de ces poubelles ? ah bah tu creuses un trou côté de ta maison et puis régulièrement tu brûles ce qu'il y a dedans et quand il est plein tu remets de la terre par dessus alors là tu achètes des conserves la première semaine et puis là t'es zéro déchet en une semaine t'arrêtes quoi c'est quand t'as brûlé un sac plastique tu arrêtes les sacs plastiques.

  • Speaker #1

    Tu fais que du frais.

  • Speaker #0

    Tu fais du frais, tu fais du frais, on a fait nos conserves. Là, ça a été un choc. Tu as vraiment tous tes déchets sous le nez, devant toi. Alors là, ça c'est dingue. Ça c'est dingue.

  • Speaker #1

    Tu penses que c'est encore comme ça aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas parce que nous, ils étaient en train de passer des systèmes de consignes au plastique. Donc au moment où nous, on est en train de faire le chemin inverse, honnêtement, je ne vois pas comment ils peuvent s'en sortir vu le virage qu'ils étaient en train de prendre. avec le plastique. Ça, ça a été vraiment un changement de vie absolument dingue.

  • Speaker #1

    Et tu cuisines quoi, alors ?

  • Speaker #0

    Alors, tu manges beaucoup moins varié. Ça, c'est aussi un... Eux, ils mangent la même chose à tous les repas, toute l'année, tout le temps. C'est ce qu'on appelle du chima. C'est une sorte de semoule faite à base de farine de maïs dont ils font des boules et qui tremble dans une sauce. Donc, on fait une sauce qui est généralement à base de légumes. tomates, oignons et puis des légumes qui n'existent pas vraiment ici des feuilles qui s'appellent les poux, grape en anglais mais que je n'ai jamais vu en France je ne sais pas trop, ça ressemblait à de l'oseille ou un truc comme ça donc ils ont ça et puis de temps en temps de la viande, mais très rarement et donc nous on mangeait au départ pas de viande sauf un poulet on achetait un poulet vivant par semaine pour avoir donc du poulet tu faisais quoi avec ton poulet vivant ? la nounou qui avait l'habitude, elle arrivait le matin avec le poulet qu'elle avait acheté, on lui donnait l'argent la veille, et puis elle faisait ce qu'il y avait à faire pendant notre temps de bureau. Donc on avait du poulet une fois par semaine, le lait, on avait une ferme à côté où on achetait du lait et des œufs, qu'on allait chercher une fois par semaine. On faisait bouillir le lait, et ensuite on le mettait au frigo, et on fabriquait nos yaourts, et puis on a rapidement commencé un potager. Alors là-bas, c'est l'Éden, il y a du soleil tout le temps, et avec un puits, tu peux arroser tout. pendant la saison sèche. Donc en fait, on avait des fruits et des légumes. On avait des fraises. C'est miraculeux. C'est mois de juin toute l'année. Puis des mangues à gogo. Donc j'allais au marché là-bas. On cuisinait du riz, des lentilles, beaucoup de lentilles de toutes les couleurs. Des protéines, des pommes de terre, des rizs au verre, des petits pois.

  • Speaker #1

    Tout le monde te connaissait au marché ?

  • Speaker #0

    Alors le marché, c'est un peu la même expérience que mes enfants, les premiers à l'école. C'était assez dur au début. j'arrivais au marché, c'était l'attroupement moi j'apprenais le chiniandja donc je paragouinais lamentablement mais du coup je provoquais l'hilarité générale t'allais toute seule ? ouais j'allais toute seule jusqu'au bout j'allais toute seule c'était à la fois sympa et une aventure et en même temps c'était fatigant parce que tu peux pas vite faire tes courses c'était toujours J'étais exposée en fait, tout le monde me regardait.

  • Speaker #1

    Mais gentiment ? Tu veux dire que les gens étaient quand même heureux de te voir ? Ou tu as l'impression que c'était agressif ?

  • Speaker #0

    Très bienveillant. D'accord. Mais tu ne peux jamais regarder tes pieds et tu ferais à Paris. t'es jamais anonyme, t'es jamais... T'es toujours sous le feu des projecteurs, tout le temps, tout le temps, tout le temps. Et donc ça, c'est fatigant. Ça, c'est fatigant.

  • Speaker #1

    Et le week-end, qu'est-ce que tu faisais le week-end ?

  • Speaker #0

    Eh bien, le week-end, on jardinait, on se reposait, on lisait, et on avait des vrais temps en famille. On quittait une vie parisienne où on avait la trentaine, donc on sortait beaucoup, on recevait beaucoup. On pouvait encore avoir une vie culturelle riche parce qu'on était dans Paris. Et là, tout d'un coup... en Afrique, en tout cas dans la zone rurale, il n'y a pas d'éclairage public. Et ton ONG t'explique que tu ne conduis pas la nuit. Jamais. Donc le soleil se couche. tu es chez toi, la porte fermée, c'est terminé. Donc le soir, on était en amoureux.

  • Speaker #1

    Et tout d'un coup, tu t'es retrouvée vraiment en tête à tête avec ton mari quand même.

  • Speaker #0

    En vrai tête à tête en amoureux, le soir. On avait quelques sorties à la marge, mais justement le week-end, on est plutôt en forme à déjeuner et on était avec nos enfants. Alors là, c'est un ralentissement aussi qui est brutal, qui était vraiment chouette parce que c'était le début de notre vie à deux. on était mariés depuis deux ans, on avait déjà deux ans et demi, on avait déjà deux enfants. C'était sympa aussi d'avoir un temps où on était loin de nos amis, de nos familles, et où on avait du temps pour parler,

  • Speaker #1

    pour se découvrir.

  • Speaker #0

    Non, on n'avait pas la télé. On avait un vieil ordi et un disque externe dans lequel on avait téléchargé des films, mais c'était assez amusant parce qu'on avait ce petit écran qu'on mettait sur une boîte en plastique dans notre lit. les soirs on essayait de se faire un film mais pendant la saison des pluies le toit en tôle la pluie sur la tôle faisait tellement de bruit que l'ordinateur n'était pas acté puissant pour entendre le son donc bon c'était pas non plus c'était pas Netflix mais on avait quand même ces quelques films et puis beaucoup de livres

  • Speaker #1

    Vous avez eu des galères quand même pendant ces deux ans ?

  • Speaker #0

    Oui, on a eu des galères de santé. On a eu un enfant qui a dû être évacué très rapidement, qui a eu un staphilo plus un virus avec des symptômes qu'on n'arrivait pas à lire. On n'était pas là depuis longtemps, on était là depuis deux mois. On lui a donné les doses maximales, même bien au-delà, pour le foie pour un enfant de 4 ans d'augmentin sur place. Et en fait, le dernier jour, au bout de 15 jours d'antibiotiques, il a pris sa dernière dose le matin et le soir à 23h, il est remonté à 40 ans de fièvre. Et là, on a appelé l'assurance et on nous a dit qu'on évacuait en quelques heures. C'est un risque de septicémie aiguë. Et comment ils font ? On affrète un avion. On est en pleine saison des pluies, ce n'est pas possible. En fait, c'est moi qui ai vraiment forcé la main de l'assurance en leur disant Laissez-nous aller, nous, en voiture, traverser la frontière pour aller côté Malawi, parce que là, il y a un aéroport international. Et vous mettez un taxi qui m'attend, moi, de l'autre côté de la frontière, et mon mari m'a déposé à la frontière, je traversais à pied. Avec Augustin dans les bras, sans savoir sur plusieurs centaines de mètres s'il y avait bien le taxi qui m'attendait. Il faut se rendre compte, c'est vraiment la brousse. Donc ce taxi m'attendait miraculeusement. Et puis là, tout s'est enchaîné très vite parce que j'arrive à l'aéroport, on était en business, on est arrivé dans un hôpital luxueux de Johannesburg et il y est resté une semaine. ils n'ont jamais vraiment compris, mais les analyses sanguines sont redevenues presque normales, et on est entrés.

  • Speaker #1

    Et toi, tu as traversé, genre en pleine nuit, avec ton copain, mon épouse ?

  • Speaker #0

    Mon mari, vraiment, on a embarqué aussi l'autre, parce qu'on n'avait pas le laissé tout seul. Et là, on a basculé. C'est pour ça que c'est important de partir aussi avec une ONG qui a l'agrément du ministère des Affaires étrangères, qui est sérieuse, et qui a une vraie équipe. quand on part avec des enfants. Parce que quand tout va bien, tout va bien. Mais quand vous avez un vrai pépin de santé, moi, ils m'ont demandé à un moment donné est-ce que vous voulez qu'on vous rapatrie en France ? On a basculé en mode expat. Voilà, on était à la Zambienne, mais en cas de gros pépin, le monde est injuste, mais c'est ainsi. Nous, on pouvait être évacués en quelques heures et se retrouver dans un hôpital qui était vraiment le top niveau du métier occidental. Non.

  • Speaker #1

    T'avais confiance ?

  • Speaker #0

    Non, mon médecin, elle était furieuse. Mais j'ai coupé mon téléphone. Déjà, Johannesburg, c'est vraiment un endroit où on est extrêmement bien soignés, pour commencer. Et puis, j'étais déjà tellement loin de Guillaume et de mon deuxième fils que je... Non, ça n'avait aucun sens.

  • Speaker #1

    Mais t'as pas eu peur, parce que ça fait que deux mois que t'es là, tu te dis, merde, on a déjà une galère comme ça, on reste quand même.

  • Speaker #0

    En réalité, déjà, ça s'est pas reproduit. Donc, on reste... Après, il y a peut-être la théorie de l'engagement, une fois que tu as déplacé ciel et terre pour venir, et puis... t'as largué les amarres en partant donc tu reviens mais t'as pris une dispo de deux ans au boulot non t'as largué les amarres tu vas pas baisser les bras toi tu baisses pas beaucoup les bras on a quand même pu tester tu vois qu'en partant avec une ONG sérieuse on a quand même vu qu'en quelques heures on était évacués, c'est quand même très impressionnant parce qu'on était dans un endroit où ils étaient prêts à frêter un avion pour nous Donc on s'est dit, bon là, ok, on est d'une certaine façon en sécurité. Parce que l'endroit dans lequel on était, c'était très clair, un bras cassé, on était évacués. Même un bras cassé ne serait pas correctement soigné. Il faut vraiment se rendre compte. Pour trouver l'antibiotique... on est vraiment allé dans des magasins tenus par des indiens qui vendaient des produits vétos pour agriculteurs c'était des conditions sanitaires voilà donc on a vu en tout cas en cas de problème tu es pris en charge donc là il y a quand même disons un an qui se passe

  • Speaker #1

    tu rentres pas chez toi. En tout cas, t'as pas envie de rentrer en France ? Voir les gens que t'aimes, ta famille... Ça, c'est pas dur de pas rentrer chez soi ?

  • Speaker #0

    Non, j'ai pas trouvé ça dur. Alors, peut-être que ce qui a facilité les choses, c'est que la connexion Internet était très très mauvaise. Donc on n'avait même pas vraiment de Skype. Donc en fait, on était... partis, partis comme on aurait été partis dans les années 80. En réalité, c'était plus par téléphone qu'on pouvait joindre les gens. Mais nous, c'était avec des cartes, on devait aller faire plein de codes avant de... Non, non, non, ça coûtait une fortune pour le salaire qu'on avait. On avait 150 euros par mois. Donc on avait peut-être un coup de fil par mois. Donc on était vraiment coupés. Je pense que ça aurait été plus dur, les amis nous auraient plus manqué, si on avait eu régulièrement des Skype, des vidéos, des Zoom, comme on en aurait expat. Là, on était vraiment partis. Et puis on avait cette sagesse, on se rendait compte que ce serait trop dur de rentrer. Alors il se trouve qu'il y a eu une entorse à la règle, que mon frère s'est marié pendant ces deux ans, mais avec une Mexicaine. Donc il s'est marié à Cuernavaca, deux heures d'avion de Mexico. Et là, moi j'y suis allée. Mais ça m'a pris... J'ai fait 30 heures d'avion. J'ai fait un chipata à Lusaka, Lusaka-Johannesburg, Johannesburg-Dakar, Dakar-New York, New York-Mexico, Mexico-Cuernavaca. Je ne savais plus quel jour on était.

  • Speaker #1

    Toi qui viges, tu as même ta petite maison sans électricité le soir.

  • Speaker #0

    Exactement. Et donc, deux jours après, après ce voyage complètement fou, toute seule... Je me suis retrouvée dans une aquarnavaca qui était un endroit mille fois plus civilisé, avec des salles de bain en carrelage. des choses que je n'avais pas vues depuis un an. Des portes qui s'ouvraient toutes seules, comme ça, dans les aéroports, une nourriture occidentale. Je suis vraiment restée pour le mariage et repartie. Et c'était assez heureux, parce que c'est trop étranger. Je ne vois pas comment on aurait... C'était un bon conseil que nous avait donné l'ONG. Je ne vois vraiment pas comment on aurait pu passer une semaine dans nos familles, en Provence. Tu te rends compte aussi au retour, quand c'est difficile de raconter. Alors, c'était comme en Afrique. Je ne vois pas comment on aurait pu répondre à cette question avec un verre de rosé à l'apéro en repartant une semaine après. Ça aurait été très bizarre. C'était très bien de faire ces deux ans, rien de presse. Et puis, au retour, les bons gobins, tu as le temps de te revoir, de prendre le temps de débriefer et de raconter. Mais non, tu rentres dans des chaussures différentes. Tu ne peux pas les enlever et les remettre.

  • Speaker #1

    Mais alors que cette simplicité de vie, elle ne te pesait pas au quotidien quand tu étais en Afrique ?

  • Speaker #0

    Au tout début, c'est difficile. Il faillit anticiper 48 heures avant de boire ton verre d'eau.

  • Speaker #1

    Que tu devais avoir besoin d'oeuvre. Voilà.

  • Speaker #0

    Donc tous les jours, il y a un rituel. Tu t'occupes de l'eau. Voilà, donc tu es en flux. et puis ce que je disais tout à l'heure tu t'achètes ton lait, tu le fais bouillir c'est quand même une logistique, tu fais bouillir tes 10 litres de lait tu les reconditionnes donc au début c'est vrai que le quotidien est lourd mais il faut reconnaître que tu as plus de temps puisque tu ne sors pas le soir tu ne reçois pas, tu n'as pas de télé tu n'as pas d'internet chez toi parce qu'on en avait au bureau mais pas à la maison donc tu as plus le temps mais le quotidien est très très lourd, faire la cuisine est plus long et puis il y a des coupures d'électricité un jour sur deux tout est plus long, quand tu dois allumer des bougies, quand tu dois...

  • Speaker #1

    Toi, tu baisses jamais les bras en deux ans ?

  • Speaker #0

    Ah si, si. Alors là, c'est précieux d'être deux. De fait, l'ONG en question, Fidesco, fait partir les gens deux par deux, toujours. C'est-à-dire que on avait à deux heures de route, qui étaient les plus proches de nous, deux célibataires, un américain et un français, et c'est important d'être à deux. Parce que quand quelqu'un se flanche, un coup de mou, les choses s'équilibrent. et l'autre s'autorise à flancher. Les choses sont bien faites quand toi, tu t'es un peu retapé. Puis ça faisait du bien aussi de les voir, ces deux jeunes de 20 ans.

  • Speaker #1

    Oui, puis d'échanger sur votre expérience. Tu dis que vous n'aviez pas beaucoup de communication avec l'extérieur. Finalement, c'était eux votre extérieur.

  • Speaker #0

    C'était un peu, oui, notre famille locale. Et puis les autres volontaires de l'ONG étaient à 12h et 17h de route. On s'est quand même vus deux fois. Et là, c'était vraiment ressourçant. C'était génial. En plus, il y avait d'autres familles. Pour les enfants, ça a été vraiment des souvenirs mémorables et des amis qu'on a gardés pour la vie. C'était vu que deux fois là-bas, qui aujourd'hui sont des amis proches.

  • Speaker #1

    Ils ont des vacances pendant les deux ans, tes enfants ? Et toi aussi ? Oui,

  • Speaker #0

    à leur écoute de mémoire, on devait avoir, je crois, quatre semaines ou cinq semaines par an. et qu'on a prise pas forcément dans le même pays mais dans la même zone culturelle nous on avait le lac Malawi qui était à 2h30 de route on y est allé plusieurs fois et on avait un parc animalier à 2h de route dans lequel Guillaume gérait un hôtel pour locaux qui était l'un des assets du diocèse donc lui il y allait souvent et ce parc animalier là qui s'appelle Mfoué Park On y est allé, je pense, 4-5 fois. Je pensais que le safari, c'était vraiment pas mon truc au départ. Et en fait, ça a tout de suite été un émerveillement. Un émerveillement absolu. Ça a été magique. Et on pensait que des enfants de 3-4 ans, jamais on pourrait les faire partir en drive pendant 3 heures. Mais en fait, si. Ils étaient sages et restaient sages pendant trois heures. C'était sublime. C'était sublime et ça nous a fait aimer l'endroit. Et je pense que c'était l'une des raisons aussi pour lesquelles on nous conseillait de rester en vacances sur place. C'est qu'on apprenait à encore mieux connaître la langue, la culture, les paysages. Tu aimes encore plus l'endroit où tu es. Donc, tu sers à encore mieux ta mission, sachant que l'ONG pour laquelle on était, ça, c'était important. C'était des projets qui n'étaient pas portés par l'ONG. C'est une ONG qui sert d'intermédiaire au service de projets de pays du Sud. C'est-à-dire que ton employeur est toujours... un partenaire du Sud. Donc nous, on travaillait pour un diocèse dont l'évêque était Zambien, et notre boss, qui était le directeur financier, était Zambien. Tu te mets au service de projets locaux. Tu ne travailles pas pour une ONG française ou européenne.

  • Speaker #1

    Et tous les deux, vous avez parlé la langue avec Guillaume ?

  • Speaker #0

    Guillaume n'a pas trop fait l'effort. Moi, je l'ai fait...

  • Speaker #1

    Il devait être étonné, les gens, quand tout d'un coup, vous faites parler leur langue,

  • Speaker #0

    non ? Extraordinaire. Il y avait vraiment, je trouve, deux facteurs d'intégration. C'était le fait d'avoir fait cet effort-là, de parler la langue, qui en plus n'était pas si dur que ça, et en prononciation assez proche du français. Pour un français, quand tu le lis... tu es assez proche de l'apprentissage réel, plus que si j'avais été anglaise ou polonaise. Donc, c'est d'apprendre à faire cet effort-là, ce pas-là, et l'autre qui est un facteur d'intégration puissant, c'est les enfants. C'est-à-dire que quand on te rencontre, toi, la femme blanche, tu es blanc et l'autre est noir. et je me souviens de ces tout premiers regards quand on m'a vu avec mes enfants et où par exemple mon petit garçon de 2 ans avait fait pipi sur un mur, donc je le grondais et là il y a toutes les mamans autour qui sont mordues de te voir gronder ton enfant elles comprennent parfaitement ce qui se passe et là en fait tout d'un coup la barrière tombe et en fait t'es une mère et elles sont mères et là tout change en fait

  • Speaker #1

    Tu t'es fait des copines ?

  • Speaker #0

    Tout change. Je me suis fait des amis, même si le couvre culturel est fou, en fait, parce que tu n'es même pas sur ton alter ego dans le pays où tu es, parce que tu es vraiment dans un endroit qui est très reculé. Tu es juste quelqu'un de normal. Tu fais des courses comme les autres, tu cuisines, tu râles parce que tes enfants ont encore tout dérangé.

  • Speaker #1

    Tu vis ta vie, quoi.

  • Speaker #0

    Tu vis ta vie, en fait. Et puis, ta maison est au milieu des autres maisons. Donc, en fait... il voit bien qu'en fait toi aussi dans ton trou brûler ton truc, mon mari le week-end il était que sa bêche et puis il bossait quand je disais tout à l'heure je pense que ce qui reste c'est aussi ça c'est-à-dire que le blanc qui est derrière sa clôture avec du personnel etc là c'était aussi je pense que le fait d'avoir été comme ça au vu de tout le monde en vivant

  • Speaker #1

    Comme tout le monde, quoi.

  • Speaker #0

    Je pense que ça, c'était assez puissant.

  • Speaker #1

    C'est important pour toi ?

  • Speaker #0

    Oui, c'était hyper important pour moi. Et ça rendait d'ailleurs après, et c'est toujours le cas, difficile d'aller dans des pays... Ça peut paraître paradoxal, tu peux te dire, maintenant on a pris goût au voyage. En fait, ça a été l'effet inverse. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, j'aurais... Je casse la bague du goût au voyage, mais...

  • Speaker #1

    Non, mais c'est important. Aujourd'hui,

  • Speaker #0

    j'aurais beaucoup de mal à aller dans un pays du Sud pour dix jours, en fait. ça m'a inhibée là-dessus. Ça a rendu les choses plus difficiles. Je pourrais visiter des copains qui vivent là-bas, peut-être, ou y aller pour un mois, mais ça rendrait difficile un séjour de deux semaines...

  • Speaker #1

    De touriste.

  • Speaker #0

    De touriste. C'est plus facile pour nous de faire du tourisme dans des zones où, culturellement, on a des repères, comme l'Europe, parce que tu peux y passer plus rapidement, puisque tu as les codes et tu... tu piches plus rapidement. Oui,

  • Speaker #1

    puis tu te fonds dans la masse. Tu te fonds dans la masse.

  • Speaker #0

    Donc, en réalité, depuis, on a voyagé que dans des pays du Nord.

  • Speaker #1

    Alors, comment ça se passe, le retour ? Tu comptes les jours ? Quand tu sais que le... Je ne sais pas si tu es rentrée en juillet ou en août, tu te dis, le 30 juillet, tu sais que c'est fini. En fait, comment ça se passe, les derniers instants ?

  • Speaker #0

    On est rentrée en novembre.

  • Speaker #1

    Tu appréhendes ou tu es contente ?

  • Speaker #0

    Le retour est pire que le départ, pire que l'arrivée on va dire, parce que le départ était sympa, l'arrivée était dure au début, le retour est très dur, et tout le monde le dit, c'est vraiment le retour qui est le plus dur, pas simplement parce que ce qui était notre cas, moi j'avais plus de boulot, Guillaume a retrouvé son boulot, il l'avait finalement. gardé. Mais on a squatté dans l'appartement de maman dans le 15e pendant presque une année scolaire.

  • Speaker #1

    Déjà, tu as laissé cette chance à très haut.

  • Speaker #0

    Oui, mais trois générations, c'est un temps où tu es toi-même fragile. On a un enfant qui est rentré avec des bépins de santé. Le retour était vraiment dur. Il y a cette espèce de décollage complètement fou quand tu rentres. Alors l'Afrique, raconte-nous ! et là cette question elle est hyper dure parce que quand c'est à l'apéro et que t'as deux minutes pour répondre et que tu bottes presque en touche parce qu'il faut du temps tu vas pas non plus sortir tes photos tu vas pas non plus te lancer dans un récit qui dure des heures t'as

  • Speaker #1

    envie de raconter quand même ou finalement t'as envie de garder cette bulle pour vous un peu des deux par bribes quoi

  • Speaker #0

    parfois tu ressors un peu les mêmes platitudes parce que c'est pas le moment c'est pas l'endroit c'est pas des gens que tu connais bien voilà il faut soit du temps,

  • Speaker #1

    soit c'est par bribes et tes enfants comment ils remettent des chaussures et ils prennent le bus ça c'est très rigolo parce que

  • Speaker #0

    vraiment presque le lendemain de l'atterrissage. On était donc dans le 15e, je suis allée à la rue du Commerce pour leur acheter des chaussures. Dans la rue, ils ont eu envie de ramasser quelque chose qui était dans les caniveaux, donc à pleine main, ils ont pris dans leurs mains quelque chose dans les caniveaux.

  • Speaker #1

    Ce qu'ils faisaient depuis deux ans sans en faire.

  • Speaker #0

    Comme si c'était un ruisseau. Donc là, je... Non, non, non, ça, vraiment, c'est pas possible, on ne touche jamais à cette eau qui coule là, c'est vraiment très très sale, on n'y touche pas. On a acheté des chaussures qui faisaient mal aux pieds. Ensuite, on est allé au Square Saint-Léon. et c'est une place à Paris qui est carrée avec la route, les voitures garées, le bitume, une petite barrière en métal verte, comme il y a dans tous les squares parisiens, de la pelouse, une haie, et puis enfin le terre-plein central avec le parc. Et moi j'arrive sur la place avec mes enfants et là, ils font un azimut, ils enjambent la barrière, ils traversent la pelouse, ils se faufilent dans la haie et puis ils vont au toboggan. Là où tout petit parisien sans même y réfléchir cherche l'entrée du square et rentre par l'entrée du square. C'est des toutes petites choses, mais là, on se dit que c'est marrant.

  • Speaker #1

    Ils s'adaptent, ils font alors ce soir.

  • Speaker #0

    Ils vont reprendre des marques de petits parisiens. Et puis, quelque chose d'assez étrange aussi, c'est que mon maman était dans un immeuble au dernier étage. puis je ne les trouvais plus dans l'appart en fait ils étaient très naturellement en train de jouer dans la cage d'escalier au deuxième étage

  • Speaker #1

    Oui, puisqu'ils n'avaient pas de barrière avant

  • Speaker #0

    Non, et ne comprenant pas du tout l'idée de chacun chez soi et puis que les parties communes, c'est en fait pas des parties communes c'est des parties de passage mais personne ne s'y tient, et dans un immeuble où les gens en plus, dans l'immeuble de maman, les gens ferment quand ils entendent que quelqu'un vient, ils ferment vite leurs portes pas trop un immeuble où en plus on se on échange, et donc là il a fallu leur expliquer que non, non Il y a un jardin dans l'immeuble, il y a une belle cage d'escalier, mais qu'il n'est pas question de s'y asseoir, de s'y tenir. Et que la porte d'entrée de l'appartement, tu ne la franchis pas tout seul à 4 ans. Et puis je me souviens de coups de blouse, des enfants qui étaient tristes d'être rentrés, d'avoir perdu leurs amis, d'arriver dans des écoles un peu tristounes. Et je me souviens de mon aîné au moment du bain qui pleurait, qui me disait Mais ici, c'est vrai que c'était le mois de novembre, tout est triste, il pleut. et me disait-il même les arbres sont en cage parce qu'apparaît à l'époque tous les arbres étaient je sais pas si vous vous souvenez grillagés, il y en a moins maintenant mais même les arbres sont en cage

  • Speaker #1

    Et là, tu ne te dis pas on repart ? C'était sûr, vous aviez fait vos deux ans. Qu'est-ce que tu te dis ?

  • Speaker #0

    Alors déjà, l'ONG pour laquelle on travaillait généralement refuse.

  • Speaker #1

    Que tu repartes ?

  • Speaker #0

    La prolongation. Ah ouais, quand on la demande sur place. Parce que c'est le contrat, il te dit si tu veux repartir, tu rediscernes et tu repars. Mais tu as discerné pour deux ans. C'est un peu la voie de la sagesse. Au début, on faisait un peu les rebelles, mais en réalité, tout ce qu'ils nous ont conseillé était assez ajusté. est bon pour nous et pour la mission. On n'était pas partis sereins en plus sur la mission du handover là sur place. Mais à un moment, il s'est le deal. On lâche, on s'est engagés pour deux ans. De toute façon, Guillaume, à son employeur, n'aurait pas fait plus que 24 mois, donc il fallait vraiment y retourner. Y retourner, non. On est dans la réadaptation.

  • Speaker #1

    Ta vie, elle est ici.

  • Speaker #0

    Il faut recommencer notre vie ici. Il faut recommencer notre vie ici. Il faut la réécrire. Et puis, en étant les mêmes et en étant différents, les deux en même temps, tu n'es pas... Guillaume, d'ailleurs, il était effondré. Il me disait, moi, c'est terrible, au bout d'un mois de boulot.

  • Speaker #1

    Tu as tout repris, en fait.

  • Speaker #0

    J'ai tout repris, la même vitesse, la même impatience, alors que là-bas, on était capable d'attendre immobile.

  • Speaker #1

    Oui, on est vite rattrapé, en fait.

  • Speaker #0

    T'es assez vite rattrapé, ouais. Surtout, mais tu reprends de mauvaises habitudes. Mais non, non, il faut s'accrocher. Il faut retrouver un nid, retrouver un boulot, retrouver... tes amis et continuer parce que nous, on appartenait à cette vie-là. Donc, non, non, c'est des biens.

  • Speaker #1

    Donc, tu fais d'autres enfants, alors ?

  • Speaker #0

    Et ouais, j'ai fait deux autres enfants.

  • Speaker #1

    Ah, dans ce projet,

  • Speaker #0

    magnifique. Ça met un peu de temps, mais on a eu du mal. Mais on a réussi à en faire deux autres qui n'ont pas connu cette... pas partagé cette aventure, mais qui en ont toujours entendu parler. Je pense que c'est quand même dans l'histoire de ces deux derniers-là, bien qu'il ne l'ait pas vécu.

  • Speaker #1

    Et les grands, tu as l'impression que ça leur a quand même mis des graines ? C'est des enfants plus tolérants, plus cools, qui vont plus vers les autres ou pas ?

  • Speaker #0

    Je dirais que ce qui reste, et c'est... Ils disent avoir des souvenirs tous les deux, surtout l'aîné. le plus jeune aussi, mais je pense que c'est plus des souvenirs de rapporté, de seconde main. Je pense que ce qui reste, c'est quand même que, en tout cas j'espère, dans les ados qui sont aujourd'hui et les adultes qui seront demain, que c'est possible, que tu peux sortir de la route, que tu peux faire des choses qui ne sont pas écrites d'avance, que tu peux peut-être avoir moins peur de l'inconnu. Je me dis que ça, oui, je pense que ça,

  • Speaker #1

    j'espère que c'est possible,

  • Speaker #0

    que les choses sont possibles. Et puis, voilà, et puis que... la force du groupe aussi j'ai trouvé que le fait de partir en groupe parce qu'on est un petit groupe est assez épuissant et alors pour conclure parce que tu nous l'as dit avant et je trouve ça super intéressant

  • Speaker #1

    Tu n'es pas reparti avec quatre enfants, vous n'avez pas refait le même chemin, mais tu as quand même un peu ouvert ta porte vers l'extérieur. Donc raconte-nous comment tu fais aujourd'hui pour offrir cet ailleurs à tes enfants et à ta famille d'ailleurs, sans repartir.

  • Speaker #0

    Dix ans après être rentrée, donc en 2020, on s'est dit, ça fait déjà dix ans, il faut que... Il faut qu'on ait un autre grand projet. Pour le coup, on a repensé à un voyage. On s'est dit pourquoi pas prendre un bateau, faire le tour de la Méditerranée. On a ouvert d'autres portes, mais finalement on s'est dit non, maintenant qu'on a quatre enfants, des enfants qui ont leur vie sur place, c'est trop lourd, on partira pas. Et puis est venu à nous un autre projet qui était que si on partait pas à l'étranger, l'étranger pouvait venir à nous. sens propre du terme, et on a entendu parler d'une association qui s'appelle JRS, Jésus de Réfugiés Service, qui propose d'accueillir sur une durée de 4 à 6 semaines, aux dates qu'on choisit. des réfugiés qui par ailleurs sont pris en charge par l'association sur toute la partie administrative, réinsertion professionnelle, juridique, demande d'asile, etc. et même activités de jour. Et donc on donne nos dates et on accueille sur des périodes d'un mois et demi. des gens qui viennent du bout du monde, et qu'on a, un peu comme on n'avait pas choisi notre destination avec Fidesco, là c'est pareil, hommes, femmes, 20 ans, 40 ans, on a eu un Tibétain, une Congolaise, un jeune homme du Bangladesh, un Irakien, et là, c'est quelqu'un qui vit chez nous, qui ne prend ses repas le soir avec nous, et qui est un petit bout du monde, de l'autre bout du monde à la maison.

  • Speaker #1

    J'aurais tellement aimé être ton enfant Marie

  • Speaker #0

    Ton enfant bouger de notre banlieue parisienne et de notre maison familiale finalement c'est quand même un voyage

  • Speaker #1

    Ils sont fiers de toi tes enfants ? ça je ne le sais pas tu ne leur as jamais demandé ?

  • Speaker #0

    non je ne leur ai jamais demandé et quand ils ont grandi,

  • Speaker #1

    quand vous en avez reparlé ils t'ont remercié de leur avoir offert cette expérience ou même aujourd'hui qu'ils sont ados ils sont hyper heureux je ne sais pas s'ils le voient comme quelque chose qu'on leur a offert mais pour eux c'est dans la boîte à trésors c'est dans leur histoire c'est une richesse super merci beaucoup C'est la fin. Merci mille fois de nous avoir écoutés jusqu'au bout. J'espère que vous aussi, vous avez voyagé. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à nous laisser 5 étoiles sur Apple Podcasts et un petit commentaire. On attend avec impatience vos retours et vos impressions. Et si vous aussi, vous avez envie de nous raconter un extraordinaire voyage ou une aventure au bout de votre rue, envoyez-nous un petit message sur Instagram. À très vite. Merci et à bientôt.

Description

Marie et sa famille décident un jour de couper avec leur confort parisien pour vivre une grande aventure en famille.

Mais pour Marie il faut qu'il y ait du sens, un but. Elle opte pour la mission humanitaire.


Il faut alors trouver la bonne ONG qui les encadrera et qui acceptera de les faire partir avec des petits de 2 et 3 ans.

S'en suit 1 an de formation de suivi pour vérifier que la tribu est bien prête, un appart a rendre, des boulots a quitté 

Et puis un jour alors qu'ils ont tout lâché, ils apprennent leur destination.


Ce sera la Zambie, un des pays les plus pauvres du globe. Pendant 2 ans. Sans retour en France possible.


Marie et sa famille posent leur valise dans une toute petite ville avec une route goudronnée et un unique feu de signalisation. Pour Beau Voyage elle nous raconte son année de préparation, le grand départ et son arrivée sur place. Elle nous raconte l’arrivée de ses enfants dans la petite école du coin, et ses grands bonheurs. La bas, pas d’eau potable, pas de TV et pas grand chose à part la nature.


Il faut apprendre à élever ses enfants différemment, retrouver du temps long et cultiver son jardin. C’est un peu fou.

Elle nous a parle aussi de Sa mission sur le terrain, sa vie de famille un peu chamboulé et le difficile retour à la normale avec des enfants qui ont vécu 24 mois en liberté et en autonomie.


On a adoré cet épisode et on espère qu'il vous plaira tout autant !


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Production : Sakti Productions

Vous êtes une marque et vous souhaitez collaborer avec Beau Voyage

Ecrivez-nous : mariegarreau@saktiproductions.com


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Le décollage, Guillaume et moi, on a vécu comme vraiment, on se tient tous la main. Et puis vraiment, ce décollage m'en souviendrait toute ma vie. C'était vraiment magique. On décollait pour Addis Abeba, en Éthiopie, et puis après on avait un autre vol. C'était un voyage qui était déjà en soi assez long pour aller jusqu'à Shimata. Et puis voilà, après ça c'est le décollage. L'arrivée était terrorisante, c'est trop fort. Comme on ouvrait une mission, il n'y avait personne pour nous dire ce qui nous attendait.

  • Speaker #1

    Comment ça se passe quand tu arrives à l'aéroport alors ?

  • Speaker #0

    C'est complètement dingue, on cherchait une pancarte. Et puis c'est l'Afrique, ça a commencé tout de suite. On nous a dit, voilà, votre maison n'est pas prête, elle sera prête dans deux mois et demi. Destination, let's go where the river's taking us.

  • Speaker #1

    Bonjour, c'est Marie et vous écoutez Beau Voyage. De l'ascension du Mer Apique au Népal, au Tour du Monde en famille, du road trip au Chili au bivouac en Inde dans les Pyrénées, vous entendrez des hommes et des femmes qui partagent leurs aventures hors des sentiers battus, des aventuriers ordinaires qui vous racontent leurs aventures extraordinaires. À deux ou en tribu, à l'autre bout du monde ou en bas de chez eux, avec trois sous ou en claquant leur PEL, ces voyageurs nous confient leurs histoires, leurs galères, leurs bons plans et leurs coups de cœur. Sur Beau Voyage, nous allons vous prouver que l'aventure est partout et à la portée de tout le monde. Alors montez le son et venez rêver avec nous. Marie a un mari et deux enfants. Et un jour, elle décide de couper avec son confort parisien pour vivre une grande aventure en famille. Mais pour elle, il faut qu'il y ait du sens, un but. Alors, elle opte pour la mission humanitaire. Mais finalement, pas si simple de trouver la bonne ONG qui les encadrera et qui acceptera de les faire partir avec des petits-enfants de 2 et 3 ans. Une fois qu'elle a trouvé, s'en suit une formation de suivi pour vérifier que la tribu est bien prête. Un appart à rendre, des boulots à quitter, et ils ne connaissent toujours pas leur destination. Et un jour, alors qu'ils ont tout lâché, ils apprennent qu'ils vont partir en Zambie, un des pays les plus pauvres du globe, pendant deux ans, sans retour en France possible. Marie et sa famille posent leur valise dans une toute petite ville, avec une seule route goudronnée et un unique feu de signalisation. Pour Beau Voyage, elle nous raconte son année de préparation, le grand départ et son arrivée sur place. Elle nous raconte l'arrivée de ses enfants dans la petite école du coin et ses grands bonheurs. Là-bas, pas d'eau potable, pas de télé et pas grand-chose à part la nature. Il faut apprendre à élever ses enfants différemment, retrouver du temps long et cultiver son jardin. C'est un peu fou, même totalement fou. Elle nous parle aussi de sa mission sur le terrain, sa vie de famille et le difficile retour à la normale avec des petits qui ont vécu 24 mois en liberté et en totale autonomie. On dit Marie ou on dit Marie-Emmanuel ?

  • Speaker #0

    Marie, parce que sinon...

  • Speaker #1

    Donc Marie, Marie et Marie sont dans un bateau, lundi matin. Bonjour Marie.

  • Speaker #0

    Bonjour Marie.

  • Speaker #1

    Je suis ravie de te recevoir parce qu'on se connaît déjà un peu et j'ai trop envie d'écouter ton histoire. Donc déjà, est-ce que tu peux te présenter pour nos auditeurs ?

  • Speaker #0

    Je m'appelle Marie, j'ai 45 ans. Je suis mariée à Guillaume et en ce moment je suis mère au foyer. J'ai quatre enfants et on vit en banlieue parisienne.

  • Speaker #1

    Et tu vas nous raconter une belle aventure. Est-ce que toi déjà, tu es une grande voyageuse ?

  • Speaker #0

    Je l'étais quand j'étais plus jeune que maintenant, étudiante. J'ai beaucoup voyagé, et même seule. donc j'ai voyagé en Asie plusieurs fois en Inde, dans l'Amérique du Sud et puis après je me suis mariée, j'ai commencé à bosser et là on voyageait presque plus Mais un jour vous décidez de faire un grand voyage Et un jour on se rend compte que les choses s'enchaînaient année après année, après le collège et le lycée après la prépa, après l'école, après le premier boulot on se marie, on a un enfant, on a deux enfants tout était sur des rails et puis on a eu envie d'une aventure de sortir de... des chemins tracés et de partir ensemble. On avait deux enfants de 2 et 3 ans, deux petits garçons, tous les deux des boulots stables, qui nous plaisaient d'ailleurs plutôt. On s'était dit que c'était probablement trop tard pour partir avec une ONG, maintenant qu'on avait des enfants, et puis on nous a dit qu'il y avait quelques associations qui acceptaient de prendre le risque de faire partir des familles. Donc on s'est renseigné, on cherchait un projet où on puisse tous les deux travailler. Parce que la plupart du temps, si on part avec une ONG, c'est que l'un des deux a un job. Et que donc l'autre part avec un statut de conjoint d'expat. Et donc l'idée, c'était qu'on ait chacun une mission. Qu'on puisse partir avec les enfants. Et donc il n'y avait pas beaucoup d'assauts qu'ils proposaient. Il y en avait deux, trois. Et on a postulé. Ça a été un cheminement d'un an de discernement et de recrutement et de formation.

  • Speaker #1

    À partir du moment où vous vous êtes dit un soir, on fait une aventure, il y a eu un Ankem.

  • Speaker #0

    Il y a déjà eu une discussion à deux parce que l'idée venait de moi. C'était l'été et moi, je suis comme ça, un peu tout feu, tout flamme. Je lance des idées. Après, je peux m'essouffler. Mon mari, c'est l'inverse, c'est un diesel. Il est très régulier et très constant. Donc lui, ça a mis un peu... plusieurs mois à cheminer pour que ça lui paraisse envisageable. Je pense qu'il avait peut-être plus de craintes aussi par rapport à sa vie professionnelle. Il est un peu plus âgé que moi, donc il était déjà plus avancé, il n'avait plus à perdre, on va dire. Donc il a déjà fallu le convaincre. Et une fois qu'il a été convaincu, on est allé ensemble un week-end de découverte. Et on est rentré vraiment emballé en se disant, on se sent vraiment, on sent que c'est pour nous et que c'est maintenant. et que ça veut rendre heureux et qu'il faut le faire.

  • Speaker #1

    Et vous vous êtes jamais dit on se fait un tour du monde, un voyage, etc. Dès le début, votre idée, c'était quand même d'aller servir et de faire un voyage humanitaire avec un but.

  • Speaker #0

    On a pensé au voyage autour du monde et en fait, c'est vraiment propre à chacun, mais on n'y a pas vu de sens dans le sens direction, but, vers lequel on tend. C'est-à-dire qu'on se sentait appelés. C'était vraiment l'impression qu'on avait. Et donc on se disait qu'il y avait forcément un endroit qui nous attendrait pour nous, et où ça aurait du sens qu'on soit là.

  • Speaker #1

    Et se sentir utile quand même.

  • Speaker #0

    Et puis je crois qu'on avait aussi envie de s'installer quelque part, et pas de voyager. Je pense qu'on avait envie d'aller ailleurs, mais de s'installer ailleurs, pas de passer ailleurs. Et donc c'était très important pour nous que ce soit un peu long, et que ce soit dans un seul endroit. et c'était tellement le cas que l'ONG avec laquelle on est partis nous demandait de ne pas rentrer pour les vacances de nous engager pour deux ans et de ne jamais rentrer en France pendant les deux ans et plus que ça, ils nous conseillaient après on est majeurs, on fait ce qu'on veut de ne même pas quitter la zone culturelle dans laquelle on était pendant deux ans Donc on n'est pas allé dans des destinations un peu de rêve, qui étaient finalement accessibles dans tous les sens du terme, en avion et financièrement pour nous, avec nos économies. On est vraiment resté dans une zone culturelle d'Afrique australe pendant deux ans.

  • Speaker #1

    Donc vous avez trouvé l'ONG, vous êtes parti avec qui ?

  • Speaker #0

    On est parti avec une ONG qui s'appelle Fidesco, qui fait partir 120 volontaires par an à peu près, dont beaucoup de volontaires ont des profils plutôt profession médicale, d'accordeur à médical, mais Guillaume, lui, travaille dans la construction. Et moi, j'étais chef de produit, donc j'avais une compétence à la fois vague et tout terrain de chef de projet. Donc, je pouvais aussi trouver une mission qui corresponde à mes compétences. Et Fidesco propose un parcours d'un an où il y a entre deux et trois semaines de formation, discernement.

  • Speaker #1

    Ça, ça sert à quoi ? C'est pour voir si vous êtes prêts à partir ?

  • Speaker #0

    C'est pour que nous, on pose un choix qui soit vraiment... ferme de notre côté, parce que partir deux ans sans retour, ça veut dire que la plupart du temps, on pose une démission, on rend un appart. où on le vend, vraiment, on largue les amarres. Et puis, si on le fait avec des enfants, il faut que le choix soit bien mesuré. De leur côté à eux, ça peut être go-no-go, c'est-à-dire qu'on a quand même un entretien avec un psychologue, il vérifie qu'on n'est pas dans la fuite. Je n'aime pas mon métier, mon couple capote, je me sens fragile. Donc, eux, eux, ils essayent quand même de débusquer. de mauvaises raisons de partir. Vérifier qu'on parte pour des raisons positives et pas pour fuir. Pas pour fuir notre vie. Donc, il y a un discernement de leur côté et du nôtre. Et puis, il y a un moment, au bout de quelques mois, où c'est go, no go des deux côtés. Et une fois qu'on a dit go, no go, on ne sait toujours pas où on part.

  • Speaker #1

    Et tu as fait quand même un choix sur la map monde ou même pas du tout ? Le monde entier est ouvert ?

  • Speaker #0

    Absolument aucun. C'est-à-dire que tu donnes ton go et c'est un mois et demi après, il y a le week-end qu'on appelle l'affectation des démissions. et c'est à ce week-end-là que tu apprends où tu vas. Donc on va ce week-end, nous la blague, c'est qu'il y avait quelques personnes qui n'ont pas été affectées ce week-end-là, dont nous, je pense qu'ils attendent encore les réponses. Donc là vraiment, c'était un peu dur pour nous, parce qu'on avait annoncé à nos employeurs, moi j'avais des messieurs, enfin vraiment, on avait commencé déjà à larguer des amarres, et on ne savait toujours pas. Donc nos familles trouvaient ça vraiment assez folclore, et on l'a su vraiment début juillet. Alors qu'on devait partir fin août. En fait, la mission était aussi... On ouvrait une mission. Donc, eux-mêmes, de leur côté, les partenaires n'étaient pas prêts. Donc, finalement, on est partis en octobre. Et donc, on nous a annoncé par téléphone, quelques semaines après ce week-end, qu'on partait en Zambie.

  • Speaker #1

    Tu savais le placer sur la carte ?

  • Speaker #0

    Alors... Je suis pas trop mauvaise en géographie. Mais alors là, Gambie, Zambie, Zimbabwe, je vois une bête là. C'est un pays d'Afrique australe qui est au sud du Congo, au nord de l'Afrique du Sud, qui est enclavé, donc sans accès à la mer, qui est l'ancienne Rhodesie pour les Anglais. Donc les Anglo-Saxons connaissent plus. C'est l'Afrique anglophone. La bonne nouvelle, c'est que c'est un pays où nous, on déteste la chaleur. On ne supporte pas, sous la Loire, en juillet-août, on ne supporte pas. La bonne nouvelle, c'est que c'est un pays de haut plateau. Le climat est divin, entre 20 et 30 degrés toute l'année. Voilà, la mauvaise nouvelle, c'est que... C'est très loin. C'est vraiment un des pays les plus pauvres du globe. Mon mari avait 38 ans au départ et l'espérance de vie en Zambie, quand on est parti, était de 39 ans. Donc là, quand on lit le chiffre, on se dit non, c'est pas possible. Enfin, on était en 2010 et en fait, c'est un des pays qui était le plus durement frappé par le sida. Donc, il y avait un taux de prévalence de 25 c'est-à-dire un adulte sur quatre qui est porteur du virus. Et donc, c'est un pays qui a été gravement touché économiquement, parce qu'en réalité, c'est vraiment toute la... toute la tranche d'âge productive qui est touchée par la maladie. Donc c'est au-delà du désastre sanitaire, c'est un désastre économique, parce que le pays s'est considérablement appauvri, il avait le même PIB que le Portugal. dix ans avant.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et donc voilà, c'est vraiment un pays très très très très pauvre. Et puis on partait pas du tout dans la capitale, on partait dans la huitième ou dixième ville du pays.

  • Speaker #1

    Et tu partais faire quoi ?

  • Speaker #0

    Alors on ouvrait une mission qui existait déjà dans d'autres régions de Zambie, avec cette même ONG, qui s'appelle le Bureau des Projets. On travaillait pour un diocèse catholique. Alors, il faut savoir que dans Zambie, comme dans beaucoup de pays d'Afrique, les services publics sont complètement défaillants. C'est les États qui sont pauvres. Donc en fait, les églises portent les hôpitaux et les écoles. Le système éducatif, le système de santé sont beaucoup portés par des églises locales. Et donc le diocèse de l'Eastern Province, qui était diocèse de Chipata, là où on était donc affecté, avait une vingtaine d'écoles, et quatre gros hôpitaux et beaucoup de dispensaires. C'est une région qui fait 600 km de long, 150 km de large, avec une seule route goudronnée. La ville dans laquelle on était, il y a un feu rouge qu'ils appelaient The Robot. Donc on ouvrait le bureau des projets qui avait comme double mission de récolter de l'argent, de trouver des fonds, donc d'écrire à des bailleurs de fonds pour lever des fonds pour des programmes de nutrition, de construction, des programmes mère-enfant pour le SIDA, campagne de vaccination. Et de l'autre côté, c'était plus le boulot de Guillaume, c'était d'aider le diocèse à avoir plus de fonds propres en développant des petits business. Donc avec comme objectif à plus long terme d'être le plus sustainable possible, pour qu'ils aient leurs propres ressources pour être de moins en moins dépendants de bailleurs de fonds étrangers. Donc mon boulot à moi, c'était d'écrire des propositions, des proposals pour obtenir de l'argent. d'écrire les rapports narratifs et financiers en fin de projet, et d'aller beaucoup sur le terrain pour visiter les projets, pour vérifier que ça se passe bien, que l'argent est dépensé comme il le doit, pour prendre des photos, pour suivre les projets. Donc j'avais beaucoup de déplacements, donc dans ce territoire, vraiment une seule route goudronnée, sachant qu'il y a quatre mois de saison des pluies, où les routes sont très très très difficilement praticables. Donc ça c'était l'éclat, parce que je partais vraiment avec un 4x4 pourri.

  • Speaker #1

    C'est toi qui conduisais ? Oui,

  • Speaker #0

    bien sûr. Donc un 4x4 pourri et vraiment à l'aventure. Et c'était grisant, vraiment. C'était passionnant parce que là, je partais seule et pour aller visiter des hôpitaux, des écoles.

  • Speaker #1

    Tellement, tellement. Qu'est-ce que vous faisiez avec les enfants ?

  • Speaker #0

    Alors les enfants, ils étaient avec d'énormes guillemets à l'école le matin. Donc l'école maternelle, où il y avait un crayon pour 30 enfants. Donc le matin, ils étaient à l'école et l'après-midi, on avait une nounou qui venait les récupérer lors du déjeuner. Nous, on rentrait à déjeuner à la maison. et l'après-midi, celle qui les gardait.

  • Speaker #1

    Mais on est resté au coup de fil de Zambie quand même, parce que j'attends. On te dit, vous allez aller en Zambie, vous allez partir, tu raccroches. Est-ce que là, l'association, elle te prépare un peu ? Tu as justement un brief sur la Zambie, où en est la Zambie, comment ça se passe la vie là-bas, etc. Ou là, c'est toi et Guillaume qui êtes allés un peu chercher des infos sur tout ça ?

  • Speaker #0

    Non, tu n'as pas de brief sur le pays même. En revanche... dans le cadre des formations qu'on a eues, il y avait quand même eu plusieurs semaines, on a quand même beaucoup de jeux de rôle, des topos sur l'inculturation, donc on a quand même beaucoup parlé de l'Afrique, il y avait quand même des choses auxquelles on était préparés culturellement, même si le choc est immense, mais sur le rapport au temps, les rapports sociaux, la vision du couple, de la famille, il y avait quand même des choses qu'on avait un peu défrichées, et après il y a toute une partie très pratique, parce qu'en réalité avant de partir, on est sur des choses très terre-à-terre, on part avec chacun 23 kilos.

  • Speaker #1

    Pour les enfants aussi ?

  • Speaker #0

    Pour les enfants aussi.

  • Speaker #1

    Donc chacun 23 kilos, ok ?

  • Speaker #0

    Donc il faut faire la valise, parce que tu ne reviens pas pendant deux ans.

  • Speaker #1

    Tu t'engages à ne pas revenir ?

  • Speaker #0

    Tu t'engages à ne pas revenir, et on l'a fait. Donc tu ne reviens pas, et donc il y a la valise, qui est un vrai sujet, qu'est-ce que j'emporte ? On a rapidement compris qu'il allait falloir trouver un moyen de se faire envoyer des livres, parce que c'est vraiment la chose introuvable là où on allait, a fortiori en français. On a un ami libraire, qui avait d'ailleurs une librairie sur l'Afrique, dans le cinquième là où on habitait, qui a pu nous envoyer un gros colis. Donc on a mis tous les livres à part. Donc ça déjà, ça te dégage beaucoup de poids. Dans ta valise, tu mets un peu de vêtements, tu mets des chaussures, et tu mets des médicaments. Et moi j'ai embarqué... trois objets de cuisine, un robot plongeur qui faisait tout.

  • Speaker #1

    Tu as pris un robot plongeur ?

  • Speaker #0

    J'ai pris un robot plongeur, un truc à 25 euros, Moulinex, qui faisait la soupe, les blancs, à choix.

  • Speaker #1

    Super idée,

  • Speaker #0

    j'adore. Et la glace. J'avais quatre petits tambours, donc c'était tout petit. J'ai pris l'économe, tu sais l'économe rouge pour les tomates, parce que du coup ça pouvait me servir à tout, parce qu'il y a des histoires de parasites qui se mettent dans la peau, donc là tu peux éplucher. Et j'ai pris un thermomètre culinaire. figure-toi, parce que comme il n'y a pas vraiment de chaîne du froid, on faisait nous-mêmes nos yaourts. Donc je suis partie avec ces trois petits objets-là, qui ont été extrêmement... Donc ça,

  • Speaker #1

    c'est quoi ? C'est indispensable à partager ?

  • Speaker #0

    Voilà, il y a un truc de moins glamour, c'est le bas en nylon, qui sert à faire du fromage, avec du lait. Ça, c'est pas très lourd. Donc on est partie avec quelques objets de cuisine, quelques produits aussi d'hygiène-beauté, parce que c'est pareil.

  • Speaker #1

    tu trouverais pas.

  • Speaker #0

    C'est bête, mais en fait, ta crème de jour, t'en prends plusieurs.

  • Speaker #1

    Mais c'était quoi ton plan pendant deux ans ? C'est qu'on allait t'envoyer des trucs où tu te dis, on trouvera le reste sur place ?

  • Speaker #0

    On a eu quelques colis, mais en réalité, la poste était à la fois très longue et hasardeuse. C'était vraiment six bonnes semaines. Donc, les choses arrivaient souvent en bon état en étant passées dans des entrepôts surchauffés. Oui. Donc, il n'y a aucun vol direct. Donc, de toute façon... Du clic. Quelques envois de nourriture qui ont été tentés n'étaient pas tous très très concluants. Tu vois un saucisson qui a passé six semaines dans le pot,

  • Speaker #1

    c'est pas les déroulants. C'est mieux un livre. C'est mieux un livre.

  • Speaker #0

    C'est mieux un livre.

  • Speaker #1

    Et pour les enfants, les indispensables, alors qu'est-ce que tu as pris ?

  • Speaker #0

    C'est un très bon point. Pour le coup, là, les livres, on était très contentes de pouvoir lire avec beaucoup de livres d'enfants. parce que là-bas, on s'apprêtait à passer presque deux ans sans jouets. Donc on s'est autorisé les gros Legos pour le plus jeune et les petits Legos pour le plus grand. Et après, tu découvres sur place que tu peux faire un ballon de foot avec des sacs plastiques. Avec des sacs plastiques, tu fais beaucoup de choses, un cerf-volant. Et vraiment, ça pour le coup, c'était une fausse inquiétude parce que deux, trois ans, quatre et cinq au retour... Ils ramassaient n'importe quoi par terre, ils fabriquaient, ils ramassaient, ils bricolaient, ils étaient en bande d'enfants. C'est nu, ils s'éclataient, ils n'avaient vraiment pas besoin, là pour le coup, vraiment pas besoin de jouets.

  • Speaker #1

    Ils n'avaient besoin de rien en fait.

  • Speaker #0

    De livres, oui. En tout cas, selon nos standards à nous, ils avaient besoin de livres.

  • Speaker #1

    Et les vêtements ?

  • Speaker #0

    Et les vêtements, je sais quelles marques avaient de bonnes qualités parce que je suis revenue avec très très très peu de vêtements. tu termines les vêtements avec lesquels tu es partie et après tu achètes soit des vêtements made in China bas de gamme sur place, sur les marchés soit tu trouves des vêtements d'occasion de marque occidentale qui revendent les marchés aussi tu retrouves des trucs que tu aurais pu toi donner l'année d'avant donc là tu as 4 sacs de 23 kilos tu as 4 sacs de 23 kilos et tu mets toutes tes affaires dans des cartons.

  • Speaker #1

    Tu les as mis où, toi ? Un dépôt meuble ?

  • Speaker #0

    Un mix de chambres de service chez maman, de caves de voisins. On a un peu éparpillé.

  • Speaker #1

    Et tu laisses tout ? J'imagine que tu laisses aussi tes bijoux, tous tes petits trucs, tu laisses tout.

  • Speaker #0

    Tu pars avec ton alliance.

  • Speaker #1

    Comment ça se passe quand tu montes dans cet avion ?

  • Speaker #0

    C'est génial, c'est complètement dingue. Déjà, nous, on avait fait un truc assez marrant, c'est qu'on s'est fait un resto étoilé quelques heures avant le vol, habillée vraiment en treillis, en t-shirt, après avoir largué tout, tout, tout. dis au revoir c'est des détails mais tu vis ta cuisine tu vis tous tes placards de produits de beauté tu distribues tout t'as plus besoin de rien c'est génial t'es hyper léger donc la sensation de légèreté est grisante et puis le décollage de l'avion c'est vraiment un moment dont je me souviens les enfants étaient un peu trop petits pour ils ont compris la chose ils ont compris non je pense qu'ils n'ont pas compris ils étaient vraiment trop petits et d'ailleurs quand c'est devenu les premiers mois ont été durs je pense qu'il y a eu dans leur tête quand même le... Parce qu'on s'est mis dans... dans cette situation-là, même si c'était incapable de le verbaliser comme ça, mais en tout cas le décollage ah oui Guillaume et moi nous on a vécu comme vraiment, on se tient tous la main et puis on est sur le plongeoir et on y va. C'était vraiment ce décollage, je m'en souviendrai toute ma vie c'était vraiment magique. On décollait pour Addis Abeba en Éthiopie et puis après on avait un autre vol. C'était un voyage qui était déjà en soi assez long pour aller jusqu'à Chimata et puis voilà, après ça c'est le décollage, l'arrivée était... Terrorisante, c'est trop fort. Mais comme on ouvrait une mission, il n'y avait personne pour nous dire ce qui nous attendait.

  • Speaker #1

    Comment ça se passe quand tu arrives à l'aéroport ?

  • Speaker #0

    C'est complètement dingue. On cherchait une pancarte. Puis c'est l'Afrique, ça a commencé tout de suite. On nous a dit, votre maison n'est pas prête, elle sera prête dans deux mois et demi. Donc vous serez en coloc avec des jeunes d'Engineer Without Borders. le G chez d'autres, une famille italienne.

  • Speaker #1

    Mais d'autres missionnaires ?

  • Speaker #0

    Mais qui n'étaient même pas du tout de la même ONG, donc en coloc, alors qu'on était déjà une petite famille. Mais alors ça, il faut être prêts.

  • Speaker #1

    Il faut être prêts.

  • Speaker #0

    Les débuts étaient vraiment durs. Parce que professionnellement parlant, notre job description, c'était à peu près tous les problèmes que le diocèse avait rencontrés depuis dix ans avec aucune ressource en face. Moi, j'ai plus perdu pied. Et Guillaume, qui avait huit ans de plus, qui avait plus de bouteilles, m'a dit au bout d'un moment, bon, écoute, on va manager, mais...

  • Speaker #1

    Je vais m'occuper de toi.

  • Speaker #0

    On va reprendre un peu ensemble tous les projets qu'on a. On va commencer quelque part, mais on ne peut pas prendre sur nous. On va commencer modestement par ce qui est à la fois le plus urgent et le plus dans nos cordes. Donc, le début au boulot, moi, je trouvais ça très, très, très dur.

  • Speaker #1

    T'avais un lieu ? T'avais un bureau ?

  • Speaker #0

    On avait quand même un bureau.

  • Speaker #1

    Donc le matin, t'allais vraiment à ton bureau ?

  • Speaker #0

    Donc on allait vraiment à un bureau le matin. On quittait des jobs dans des grosses boîtes du CAC 40, hyper équipées, avec des services généraux. Et là, vraiment, tu viens mendier pour avoir ton imprimante, t'as des coupures de courant tout le temps, donc tu peux te retrouver 4-5 heures sans Internet dans la journée.

  • Speaker #1

    Il y a des fois où tu laisses un peu les bras.

  • Speaker #0

    Moi, les premiers mois, en tout cas professionnellement, ça a été vraiment, vraiment dur. Tu arrives en disant je vais faire plein de trucs, je vais être super efficace. Puis en fait, tu te prends vraiment un mur parce qu'il faut du temps, du temps pour comprendre, du temps pour connaître les gens. Le temps est long. On s'est pris une grosse claque parce que dans ce grande région, 600 kilomètres de long, c'est quand même grand, il n'y avait que trois Français, mon mari, moi et un vieux père blanc. qui était arrivé dans les années 50-60. Donc nous, on s'est dit naïvement, il doit être hyper impatient de nous voir.

  • Speaker #1

    Mais non ! Mais non,

  • Speaker #0

    il a mis plusieurs mois avant de venir nous voir, alors qu'il n'était pas très loin.

  • Speaker #1

    On parle anglais, là ? Tu bossais en anglais ?

  • Speaker #0

    On bossait en anglais. Et non, non, il a mis plusieurs mois. Et quand on l'a rencontré, il nous a dit, il nous a dit, c'est super que vous soyez là, nous dit-il. C'est tellement dommage que vous restiez aussi peu de temps. Mais lui, vraiment, en disant ça... Je comprends, lui il mourra là-bas il est blanc à l'intérieur il est noir à l'intérieur, il est chez lui et nous il estimait qu'on était vraiment là pour un petit passage et qu'on était là presque pour nous en fait très humblement quand même quand on rentre, même quand on part un an deux ans, évidemment qu'il y a quand même des choses qui avancent et qu'il y a des accomplissements, des projets qui aboutissent, mais en réalité on est quand même plus dans la rencontre en deux ans ? Pour de vrai, en fait deux ans c'est un temps qui est très très court à l'échelle des problèmes qu'il y a à régler sur place. Et je pense qu'en réalité, les fruits les plus durables sont très probablement des rencontres.

  • Speaker #1

    Et dans les projets de ton boulot, lesquels t'ont rendu fière ? Qu'est-ce que tu as réussi à mener jusqu'au bout ?

  • Speaker #0

    Alors, il y avait des projets à très court terme, parce que c'était quelques mois, des programmes de nutrition ou de suivi mère-enfant, pour éviter que le virus se transmette de la mère à l'enfant, des programmes que je commençais et que je terminais. Et il y avait des projets qui étaient beaucoup plus longs, par exemple des projets de construction, et notamment le lancement de la construction du cinquième hôpital. qui était dans un endroit reculé, dans cette région qui était déjà elle-même très reculée. Aujourd'hui, cet hôpital existe, il s'appelle Chamilala. J'ai continué à travailler dessus d'ailleurs plusieurs années après être rentrée, parce que quand j'ai quitté la Zambie, c'était encore la brousse, mais la brousse, il n'y avait rien, zéro, rien. Et c'est une vieille sœur polonaise qui avait ce projet fou, qui se battait pour que cet hôpital existe. J'ai levé des fonds petit à petit et encore en rentrant. Alors ça vraiment, pour moi c'est... quand j'avais les bonnes nouvelles de l'argent qui tombait d'Allemagne ou des Etats-Unis j'en pleurais de joie en étant dans mon appartement parisien ça vraiment j'aimerais beaucoup un jour y retourner et passer la porte de cet hôpital avec mes enfants dans un endroit où les femmes marchent une semaine pour accoucher avant Il y a eu des accidents de la route terribles au milieu de nulle part. Il n'y avait absolument qu'une possibilité d'apporter des premiers secours. Aucun moyen d'être suivi quand on est... positif aussi. Ça vraiment, j'ai hâte de le voir parce que je ne l'ai pas vu de mes yeux vus.

  • Speaker #1

    Et alors, à tant tes enfants, comment ça se passe l'adaptation et tout ?

  • Speaker #0

    Ça commence très très dur aussi pour eux à l'école parce que ce sont littéralement les seuls blancs mais c'est pas simplement que c'est les seuls blancs, ce sont les premiers blancs que leurs camarades voient. Donc le premier jour, il faut imaginer dans la cour de récréation un attroupement de toute l'école autour des deux petits mzungus et les enfants qui touchent.

  • Speaker #1

    la peau de mes enfants.

  • Speaker #0

    Et ensuite, ils regardent leurs doigts pour voir si ça change la couleur de leurs propres doigts. où ils touchent les cheveux, parce qu'ils n'ont jamais touché des cheveux longs déjà, parce qu'ils ont tous les cheveux très courts et pas crépus. Donc mes enfants, c'est des hurlements, des pleurs.

  • Speaker #1

    Ils ont peur ?

  • Speaker #0

    C'est le panique, ils sont totalement paniqués. Donc on discute avec les instituteurs, en disant qu'il faut absolument qu'ils puissent respirer. Passer ce premier temps, après, c'est l'enfance, la langue n'est pas une barrière.

  • Speaker #1

    Ils parlaient déjà un peu anglais tes enfants ?

  • Speaker #0

    Non, pas du tout. Pas du tout, mais ça, c'était vraiment pas un problème, parce que... les ambiens de leur âge étaient eux-mêmes en train d'apprendre l'anglais à l'école. Parce que pour le coup, l'école était quand même en anglais. Donc en fait, la langue n'est pas du tout un problème, parce que très naturellement, ils se mettent à jouer ensemble. Donc passer l'effet de surprise du côté des petits ambiens, et puis les miens ont eu un peu plus d'espace, et tout ça s'est normalisé. Et après, mes enfants, eux ne se rendaient compte de rien.

  • Speaker #1

    Ils étaient contents d'aller à l'école, ils avaient leur copain.

  • Speaker #0

    Sans même comparer, parce que finalement, ils étaient à peine aussi allés à l'école en France. Donc...

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce qu'ils font l'après-midi avec leur nounou ?

  • Speaker #0

    La nounou ne surveille pas les enfants comme elle les surveille en France. C'est-à-dire que nous, les premières fois, on rentrait à la maison le soir, on disait à la nounou, mais où sont les enfants ? Elle nous dit... Parce que là-bas, c'est comme au village, les adultes surveillent les enfants. Donc en fait, il n'y a pas de stress, les enfants jouent avec les enfants. C'est des bandes d'enfants qui vont dans la rivière, qui vont cuire des fruits, qui se baladent un peu partout, qui traversent la route. Mais tous les adultes surveillent tous les enfants. Donc il n'y a pas de clôture autour des maisons, tout est ouvert. Donc pour nous, jeunes parents parisiens, c'est un peu flippant. Et puis en fait c'est comme ça que ça fonctionne, il n'y a pas de stress. Donc en fait mes enfants étaient en robinsonade pieds nus, ramassant des fruits par terre, faisant tout ce qui était déconseillé dans la formation qu'on avait suivi.

  • Speaker #1

    Mais comment ça se passe alors l'hygiène dans Zambie ? C'est dangereux, il y a du palu ?

  • Speaker #0

    Il y a le neuropalu, pour le coup le mauvais palu. Au début on faisait hyper gaffe à tout tout le temps, on était tous sous l'ariam. pour les six premiers mois qui correspondaient à la saison des pluies et à nos six premiers mois.

  • Speaker #1

    Et tu peux en prendre ça pendant six mois ?

  • Speaker #0

    Tu n'as pas le choix en fait. On a été briefé à Necker et à Pasteur, à l'Institut Pasteur. On a vu un pédiatre de médecine tropicale qui nous a dit vraiment que le lariam c'est le plus puissant, c'est vraiment celui qu'il faut que vous preniez. On a tous pris une prophylaxie pour à la fois les six premiers mois, le temps de prendre ses réflexes, de t'habituer au coucher du soleil, tu fermes les écoutilles, t'es habillé en long, le temps d'avoir les bons réflexes par rapport aux moustiques, et puis de couvrir cette saison qui est particulièrement infestée. La saison des pluies, il y a vraiment beaucoup de moustiques, mais on n'a pas pris de prophylaxie antipalule la deuxième année. Donc on a desserré la vis au fur et à mesure. Et pareil, sur l'eau, c'était draconien jusqu'au bout. On la faisait bouillir, on la filtrait, etc.

  • Speaker #1

    Il y a de l'eau potable là-bas ?

  • Speaker #0

    Il n'y a pas d'eau potable. Et alors, l'un des gros chocs... en arrivant c'est que on a fini par avoir notre petite maison donc on avait une toute petite maison de poupées pour nous avec deux petites chambres on a demandé naïvement quel jour passaient les poubelles il n'y a pas de... on a dit ah bon alors où est la décharge il n'y a pas de décharge en plus on fait quoi de ces poubelles ? ah bah tu creuses un trou côté de ta maison et puis régulièrement tu brûles ce qu'il y a dedans et quand il est plein tu remets de la terre par dessus alors là tu achètes des conserves la première semaine et puis là t'es zéro déchet en une semaine t'arrêtes quoi c'est quand t'as brûlé un sac plastique tu arrêtes les sacs plastiques.

  • Speaker #1

    Tu fais que du frais.

  • Speaker #0

    Tu fais du frais, tu fais du frais, on a fait nos conserves. Là, ça a été un choc. Tu as vraiment tous tes déchets sous le nez, devant toi. Alors là, ça c'est dingue. Ça c'est dingue.

  • Speaker #1

    Tu penses que c'est encore comme ça aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas parce que nous, ils étaient en train de passer des systèmes de consignes au plastique. Donc au moment où nous, on est en train de faire le chemin inverse, honnêtement, je ne vois pas comment ils peuvent s'en sortir vu le virage qu'ils étaient en train de prendre. avec le plastique. Ça, ça a été vraiment un changement de vie absolument dingue.

  • Speaker #1

    Et tu cuisines quoi, alors ?

  • Speaker #0

    Alors, tu manges beaucoup moins varié. Ça, c'est aussi un... Eux, ils mangent la même chose à tous les repas, toute l'année, tout le temps. C'est ce qu'on appelle du chima. C'est une sorte de semoule faite à base de farine de maïs dont ils font des boules et qui tremble dans une sauce. Donc, on fait une sauce qui est généralement à base de légumes. tomates, oignons et puis des légumes qui n'existent pas vraiment ici des feuilles qui s'appellent les poux, grape en anglais mais que je n'ai jamais vu en France je ne sais pas trop, ça ressemblait à de l'oseille ou un truc comme ça donc ils ont ça et puis de temps en temps de la viande, mais très rarement et donc nous on mangeait au départ pas de viande sauf un poulet on achetait un poulet vivant par semaine pour avoir donc du poulet tu faisais quoi avec ton poulet vivant ? la nounou qui avait l'habitude, elle arrivait le matin avec le poulet qu'elle avait acheté, on lui donnait l'argent la veille, et puis elle faisait ce qu'il y avait à faire pendant notre temps de bureau. Donc on avait du poulet une fois par semaine, le lait, on avait une ferme à côté où on achetait du lait et des œufs, qu'on allait chercher une fois par semaine. On faisait bouillir le lait, et ensuite on le mettait au frigo, et on fabriquait nos yaourts, et puis on a rapidement commencé un potager. Alors là-bas, c'est l'Éden, il y a du soleil tout le temps, et avec un puits, tu peux arroser tout. pendant la saison sèche. Donc en fait, on avait des fruits et des légumes. On avait des fraises. C'est miraculeux. C'est mois de juin toute l'année. Puis des mangues à gogo. Donc j'allais au marché là-bas. On cuisinait du riz, des lentilles, beaucoup de lentilles de toutes les couleurs. Des protéines, des pommes de terre, des rizs au verre, des petits pois.

  • Speaker #1

    Tout le monde te connaissait au marché ?

  • Speaker #0

    Alors le marché, c'est un peu la même expérience que mes enfants, les premiers à l'école. C'était assez dur au début. j'arrivais au marché, c'était l'attroupement moi j'apprenais le chiniandja donc je paragouinais lamentablement mais du coup je provoquais l'hilarité générale t'allais toute seule ? ouais j'allais toute seule jusqu'au bout j'allais toute seule c'était à la fois sympa et une aventure et en même temps c'était fatigant parce que tu peux pas vite faire tes courses c'était toujours J'étais exposée en fait, tout le monde me regardait.

  • Speaker #1

    Mais gentiment ? Tu veux dire que les gens étaient quand même heureux de te voir ? Ou tu as l'impression que c'était agressif ?

  • Speaker #0

    Très bienveillant. D'accord. Mais tu ne peux jamais regarder tes pieds et tu ferais à Paris. t'es jamais anonyme, t'es jamais... T'es toujours sous le feu des projecteurs, tout le temps, tout le temps, tout le temps. Et donc ça, c'est fatigant. Ça, c'est fatigant.

  • Speaker #1

    Et le week-end, qu'est-ce que tu faisais le week-end ?

  • Speaker #0

    Eh bien, le week-end, on jardinait, on se reposait, on lisait, et on avait des vrais temps en famille. On quittait une vie parisienne où on avait la trentaine, donc on sortait beaucoup, on recevait beaucoup. On pouvait encore avoir une vie culturelle riche parce qu'on était dans Paris. Et là, tout d'un coup... en Afrique, en tout cas dans la zone rurale, il n'y a pas d'éclairage public. Et ton ONG t'explique que tu ne conduis pas la nuit. Jamais. Donc le soleil se couche. tu es chez toi, la porte fermée, c'est terminé. Donc le soir, on était en amoureux.

  • Speaker #1

    Et tout d'un coup, tu t'es retrouvée vraiment en tête à tête avec ton mari quand même.

  • Speaker #0

    En vrai tête à tête en amoureux, le soir. On avait quelques sorties à la marge, mais justement le week-end, on est plutôt en forme à déjeuner et on était avec nos enfants. Alors là, c'est un ralentissement aussi qui est brutal, qui était vraiment chouette parce que c'était le début de notre vie à deux. on était mariés depuis deux ans, on avait déjà deux ans et demi, on avait déjà deux enfants. C'était sympa aussi d'avoir un temps où on était loin de nos amis, de nos familles, et où on avait du temps pour parler,

  • Speaker #1

    pour se découvrir.

  • Speaker #0

    Non, on n'avait pas la télé. On avait un vieil ordi et un disque externe dans lequel on avait téléchargé des films, mais c'était assez amusant parce qu'on avait ce petit écran qu'on mettait sur une boîte en plastique dans notre lit. les soirs on essayait de se faire un film mais pendant la saison des pluies le toit en tôle la pluie sur la tôle faisait tellement de bruit que l'ordinateur n'était pas acté puissant pour entendre le son donc bon c'était pas non plus c'était pas Netflix mais on avait quand même ces quelques films et puis beaucoup de livres

  • Speaker #1

    Vous avez eu des galères quand même pendant ces deux ans ?

  • Speaker #0

    Oui, on a eu des galères de santé. On a eu un enfant qui a dû être évacué très rapidement, qui a eu un staphilo plus un virus avec des symptômes qu'on n'arrivait pas à lire. On n'était pas là depuis longtemps, on était là depuis deux mois. On lui a donné les doses maximales, même bien au-delà, pour le foie pour un enfant de 4 ans d'augmentin sur place. Et en fait, le dernier jour, au bout de 15 jours d'antibiotiques, il a pris sa dernière dose le matin et le soir à 23h, il est remonté à 40 ans de fièvre. Et là, on a appelé l'assurance et on nous a dit qu'on évacuait en quelques heures. C'est un risque de septicémie aiguë. Et comment ils font ? On affrète un avion. On est en pleine saison des pluies, ce n'est pas possible. En fait, c'est moi qui ai vraiment forcé la main de l'assurance en leur disant Laissez-nous aller, nous, en voiture, traverser la frontière pour aller côté Malawi, parce que là, il y a un aéroport international. Et vous mettez un taxi qui m'attend, moi, de l'autre côté de la frontière, et mon mari m'a déposé à la frontière, je traversais à pied. Avec Augustin dans les bras, sans savoir sur plusieurs centaines de mètres s'il y avait bien le taxi qui m'attendait. Il faut se rendre compte, c'est vraiment la brousse. Donc ce taxi m'attendait miraculeusement. Et puis là, tout s'est enchaîné très vite parce que j'arrive à l'aéroport, on était en business, on est arrivé dans un hôpital luxueux de Johannesburg et il y est resté une semaine. ils n'ont jamais vraiment compris, mais les analyses sanguines sont redevenues presque normales, et on est entrés.

  • Speaker #1

    Et toi, tu as traversé, genre en pleine nuit, avec ton copain, mon épouse ?

  • Speaker #0

    Mon mari, vraiment, on a embarqué aussi l'autre, parce qu'on n'avait pas le laissé tout seul. Et là, on a basculé. C'est pour ça que c'est important de partir aussi avec une ONG qui a l'agrément du ministère des Affaires étrangères, qui est sérieuse, et qui a une vraie équipe. quand on part avec des enfants. Parce que quand tout va bien, tout va bien. Mais quand vous avez un vrai pépin de santé, moi, ils m'ont demandé à un moment donné est-ce que vous voulez qu'on vous rapatrie en France ? On a basculé en mode expat. Voilà, on était à la Zambienne, mais en cas de gros pépin, le monde est injuste, mais c'est ainsi. Nous, on pouvait être évacués en quelques heures et se retrouver dans un hôpital qui était vraiment le top niveau du métier occidental. Non.

  • Speaker #1

    T'avais confiance ?

  • Speaker #0

    Non, mon médecin, elle était furieuse. Mais j'ai coupé mon téléphone. Déjà, Johannesburg, c'est vraiment un endroit où on est extrêmement bien soignés, pour commencer. Et puis, j'étais déjà tellement loin de Guillaume et de mon deuxième fils que je... Non, ça n'avait aucun sens.

  • Speaker #1

    Mais t'as pas eu peur, parce que ça fait que deux mois que t'es là, tu te dis, merde, on a déjà une galère comme ça, on reste quand même.

  • Speaker #0

    En réalité, déjà, ça s'est pas reproduit. Donc, on reste... Après, il y a peut-être la théorie de l'engagement, une fois que tu as déplacé ciel et terre pour venir, et puis... t'as largué les amarres en partant donc tu reviens mais t'as pris une dispo de deux ans au boulot non t'as largué les amarres tu vas pas baisser les bras toi tu baisses pas beaucoup les bras on a quand même pu tester tu vois qu'en partant avec une ONG sérieuse on a quand même vu qu'en quelques heures on était évacués, c'est quand même très impressionnant parce qu'on était dans un endroit où ils étaient prêts à frêter un avion pour nous Donc on s'est dit, bon là, ok, on est d'une certaine façon en sécurité. Parce que l'endroit dans lequel on était, c'était très clair, un bras cassé, on était évacués. Même un bras cassé ne serait pas correctement soigné. Il faut vraiment se rendre compte. Pour trouver l'antibiotique... on est vraiment allé dans des magasins tenus par des indiens qui vendaient des produits vétos pour agriculteurs c'était des conditions sanitaires voilà donc on a vu en tout cas en cas de problème tu es pris en charge donc là il y a quand même disons un an qui se passe

  • Speaker #1

    tu rentres pas chez toi. En tout cas, t'as pas envie de rentrer en France ? Voir les gens que t'aimes, ta famille... Ça, c'est pas dur de pas rentrer chez soi ?

  • Speaker #0

    Non, j'ai pas trouvé ça dur. Alors, peut-être que ce qui a facilité les choses, c'est que la connexion Internet était très très mauvaise. Donc on n'avait même pas vraiment de Skype. Donc en fait, on était... partis, partis comme on aurait été partis dans les années 80. En réalité, c'était plus par téléphone qu'on pouvait joindre les gens. Mais nous, c'était avec des cartes, on devait aller faire plein de codes avant de... Non, non, non, ça coûtait une fortune pour le salaire qu'on avait. On avait 150 euros par mois. Donc on avait peut-être un coup de fil par mois. Donc on était vraiment coupés. Je pense que ça aurait été plus dur, les amis nous auraient plus manqué, si on avait eu régulièrement des Skype, des vidéos, des Zoom, comme on en aurait expat. Là, on était vraiment partis. Et puis on avait cette sagesse, on se rendait compte que ce serait trop dur de rentrer. Alors il se trouve qu'il y a eu une entorse à la règle, que mon frère s'est marié pendant ces deux ans, mais avec une Mexicaine. Donc il s'est marié à Cuernavaca, deux heures d'avion de Mexico. Et là, moi j'y suis allée. Mais ça m'a pris... J'ai fait 30 heures d'avion. J'ai fait un chipata à Lusaka, Lusaka-Johannesburg, Johannesburg-Dakar, Dakar-New York, New York-Mexico, Mexico-Cuernavaca. Je ne savais plus quel jour on était.

  • Speaker #1

    Toi qui viges, tu as même ta petite maison sans électricité le soir.

  • Speaker #0

    Exactement. Et donc, deux jours après, après ce voyage complètement fou, toute seule... Je me suis retrouvée dans une aquarnavaca qui était un endroit mille fois plus civilisé, avec des salles de bain en carrelage. des choses que je n'avais pas vues depuis un an. Des portes qui s'ouvraient toutes seules, comme ça, dans les aéroports, une nourriture occidentale. Je suis vraiment restée pour le mariage et repartie. Et c'était assez heureux, parce que c'est trop étranger. Je ne vois pas comment on aurait... C'était un bon conseil que nous avait donné l'ONG. Je ne vois vraiment pas comment on aurait pu passer une semaine dans nos familles, en Provence. Tu te rends compte aussi au retour, quand c'est difficile de raconter. Alors, c'était comme en Afrique. Je ne vois pas comment on aurait pu répondre à cette question avec un verre de rosé à l'apéro en repartant une semaine après. Ça aurait été très bizarre. C'était très bien de faire ces deux ans, rien de presse. Et puis, au retour, les bons gobins, tu as le temps de te revoir, de prendre le temps de débriefer et de raconter. Mais non, tu rentres dans des chaussures différentes. Tu ne peux pas les enlever et les remettre.

  • Speaker #1

    Mais alors que cette simplicité de vie, elle ne te pesait pas au quotidien quand tu étais en Afrique ?

  • Speaker #0

    Au tout début, c'est difficile. Il faillit anticiper 48 heures avant de boire ton verre d'eau.

  • Speaker #1

    Que tu devais avoir besoin d'oeuvre. Voilà.

  • Speaker #0

    Donc tous les jours, il y a un rituel. Tu t'occupes de l'eau. Voilà, donc tu es en flux. et puis ce que je disais tout à l'heure tu t'achètes ton lait, tu le fais bouillir c'est quand même une logistique, tu fais bouillir tes 10 litres de lait tu les reconditionnes donc au début c'est vrai que le quotidien est lourd mais il faut reconnaître que tu as plus de temps puisque tu ne sors pas le soir tu ne reçois pas, tu n'as pas de télé tu n'as pas d'internet chez toi parce qu'on en avait au bureau mais pas à la maison donc tu as plus le temps mais le quotidien est très très lourd, faire la cuisine est plus long et puis il y a des coupures d'électricité un jour sur deux tout est plus long, quand tu dois allumer des bougies, quand tu dois...

  • Speaker #1

    Toi, tu baisses jamais les bras en deux ans ?

  • Speaker #0

    Ah si, si. Alors là, c'est précieux d'être deux. De fait, l'ONG en question, Fidesco, fait partir les gens deux par deux, toujours. C'est-à-dire que on avait à deux heures de route, qui étaient les plus proches de nous, deux célibataires, un américain et un français, et c'est important d'être à deux. Parce que quand quelqu'un se flanche, un coup de mou, les choses s'équilibrent. et l'autre s'autorise à flancher. Les choses sont bien faites quand toi, tu t'es un peu retapé. Puis ça faisait du bien aussi de les voir, ces deux jeunes de 20 ans.

  • Speaker #1

    Oui, puis d'échanger sur votre expérience. Tu dis que vous n'aviez pas beaucoup de communication avec l'extérieur. Finalement, c'était eux votre extérieur.

  • Speaker #0

    C'était un peu, oui, notre famille locale. Et puis les autres volontaires de l'ONG étaient à 12h et 17h de route. On s'est quand même vus deux fois. Et là, c'était vraiment ressourçant. C'était génial. En plus, il y avait d'autres familles. Pour les enfants, ça a été vraiment des souvenirs mémorables et des amis qu'on a gardés pour la vie. C'était vu que deux fois là-bas, qui aujourd'hui sont des amis proches.

  • Speaker #1

    Ils ont des vacances pendant les deux ans, tes enfants ? Et toi aussi ? Oui,

  • Speaker #0

    à leur écoute de mémoire, on devait avoir, je crois, quatre semaines ou cinq semaines par an. et qu'on a prise pas forcément dans le même pays mais dans la même zone culturelle nous on avait le lac Malawi qui était à 2h30 de route on y est allé plusieurs fois et on avait un parc animalier à 2h de route dans lequel Guillaume gérait un hôtel pour locaux qui était l'un des assets du diocèse donc lui il y allait souvent et ce parc animalier là qui s'appelle Mfoué Park On y est allé, je pense, 4-5 fois. Je pensais que le safari, c'était vraiment pas mon truc au départ. Et en fait, ça a tout de suite été un émerveillement. Un émerveillement absolu. Ça a été magique. Et on pensait que des enfants de 3-4 ans, jamais on pourrait les faire partir en drive pendant 3 heures. Mais en fait, si. Ils étaient sages et restaient sages pendant trois heures. C'était sublime. C'était sublime et ça nous a fait aimer l'endroit. Et je pense que c'était l'une des raisons aussi pour lesquelles on nous conseillait de rester en vacances sur place. C'est qu'on apprenait à encore mieux connaître la langue, la culture, les paysages. Tu aimes encore plus l'endroit où tu es. Donc, tu sers à encore mieux ta mission, sachant que l'ONG pour laquelle on était, ça, c'était important. C'était des projets qui n'étaient pas portés par l'ONG. C'est une ONG qui sert d'intermédiaire au service de projets de pays du Sud. C'est-à-dire que ton employeur est toujours... un partenaire du Sud. Donc nous, on travaillait pour un diocèse dont l'évêque était Zambien, et notre boss, qui était le directeur financier, était Zambien. Tu te mets au service de projets locaux. Tu ne travailles pas pour une ONG française ou européenne.

  • Speaker #1

    Et tous les deux, vous avez parlé la langue avec Guillaume ?

  • Speaker #0

    Guillaume n'a pas trop fait l'effort. Moi, je l'ai fait...

  • Speaker #1

    Il devait être étonné, les gens, quand tout d'un coup, vous faites parler leur langue,

  • Speaker #0

    non ? Extraordinaire. Il y avait vraiment, je trouve, deux facteurs d'intégration. C'était le fait d'avoir fait cet effort-là, de parler la langue, qui en plus n'était pas si dur que ça, et en prononciation assez proche du français. Pour un français, quand tu le lis... tu es assez proche de l'apprentissage réel, plus que si j'avais été anglaise ou polonaise. Donc, c'est d'apprendre à faire cet effort-là, ce pas-là, et l'autre qui est un facteur d'intégration puissant, c'est les enfants. C'est-à-dire que quand on te rencontre, toi, la femme blanche, tu es blanc et l'autre est noir. et je me souviens de ces tout premiers regards quand on m'a vu avec mes enfants et où par exemple mon petit garçon de 2 ans avait fait pipi sur un mur, donc je le grondais et là il y a toutes les mamans autour qui sont mordues de te voir gronder ton enfant elles comprennent parfaitement ce qui se passe et là en fait tout d'un coup la barrière tombe et en fait t'es une mère et elles sont mères et là tout change en fait

  • Speaker #1

    Tu t'es fait des copines ?

  • Speaker #0

    Tout change. Je me suis fait des amis, même si le couvre culturel est fou, en fait, parce que tu n'es même pas sur ton alter ego dans le pays où tu es, parce que tu es vraiment dans un endroit qui est très reculé. Tu es juste quelqu'un de normal. Tu fais des courses comme les autres, tu cuisines, tu râles parce que tes enfants ont encore tout dérangé.

  • Speaker #1

    Tu vis ta vie, quoi.

  • Speaker #0

    Tu vis ta vie, en fait. Et puis, ta maison est au milieu des autres maisons. Donc, en fait... il voit bien qu'en fait toi aussi dans ton trou brûler ton truc, mon mari le week-end il était que sa bêche et puis il bossait quand je disais tout à l'heure je pense que ce qui reste c'est aussi ça c'est-à-dire que le blanc qui est derrière sa clôture avec du personnel etc là c'était aussi je pense que le fait d'avoir été comme ça au vu de tout le monde en vivant

  • Speaker #1

    Comme tout le monde, quoi.

  • Speaker #0

    Je pense que ça, c'était assez puissant.

  • Speaker #1

    C'est important pour toi ?

  • Speaker #0

    Oui, c'était hyper important pour moi. Et ça rendait d'ailleurs après, et c'est toujours le cas, difficile d'aller dans des pays... Ça peut paraître paradoxal, tu peux te dire, maintenant on a pris goût au voyage. En fait, ça a été l'effet inverse. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, j'aurais... Je casse la bague du goût au voyage, mais...

  • Speaker #1

    Non, mais c'est important. Aujourd'hui,

  • Speaker #0

    j'aurais beaucoup de mal à aller dans un pays du Sud pour dix jours, en fait. ça m'a inhibée là-dessus. Ça a rendu les choses plus difficiles. Je pourrais visiter des copains qui vivent là-bas, peut-être, ou y aller pour un mois, mais ça rendrait difficile un séjour de deux semaines...

  • Speaker #1

    De touriste.

  • Speaker #0

    De touriste. C'est plus facile pour nous de faire du tourisme dans des zones où, culturellement, on a des repères, comme l'Europe, parce que tu peux y passer plus rapidement, puisque tu as les codes et tu... tu piches plus rapidement. Oui,

  • Speaker #1

    puis tu te fonds dans la masse. Tu te fonds dans la masse.

  • Speaker #0

    Donc, en réalité, depuis, on a voyagé que dans des pays du Nord.

  • Speaker #1

    Alors, comment ça se passe, le retour ? Tu comptes les jours ? Quand tu sais que le... Je ne sais pas si tu es rentrée en juillet ou en août, tu te dis, le 30 juillet, tu sais que c'est fini. En fait, comment ça se passe, les derniers instants ?

  • Speaker #0

    On est rentrée en novembre.

  • Speaker #1

    Tu appréhendes ou tu es contente ?

  • Speaker #0

    Le retour est pire que le départ, pire que l'arrivée on va dire, parce que le départ était sympa, l'arrivée était dure au début, le retour est très dur, et tout le monde le dit, c'est vraiment le retour qui est le plus dur, pas simplement parce que ce qui était notre cas, moi j'avais plus de boulot, Guillaume a retrouvé son boulot, il l'avait finalement. gardé. Mais on a squatté dans l'appartement de maman dans le 15e pendant presque une année scolaire.

  • Speaker #1

    Déjà, tu as laissé cette chance à très haut.

  • Speaker #0

    Oui, mais trois générations, c'est un temps où tu es toi-même fragile. On a un enfant qui est rentré avec des bépins de santé. Le retour était vraiment dur. Il y a cette espèce de décollage complètement fou quand tu rentres. Alors l'Afrique, raconte-nous ! et là cette question elle est hyper dure parce que quand c'est à l'apéro et que t'as deux minutes pour répondre et que tu bottes presque en touche parce qu'il faut du temps tu vas pas non plus sortir tes photos tu vas pas non plus te lancer dans un récit qui dure des heures t'as

  • Speaker #1

    envie de raconter quand même ou finalement t'as envie de garder cette bulle pour vous un peu des deux par bribes quoi

  • Speaker #0

    parfois tu ressors un peu les mêmes platitudes parce que c'est pas le moment c'est pas l'endroit c'est pas des gens que tu connais bien voilà il faut soit du temps,

  • Speaker #1

    soit c'est par bribes et tes enfants comment ils remettent des chaussures et ils prennent le bus ça c'est très rigolo parce que

  • Speaker #0

    vraiment presque le lendemain de l'atterrissage. On était donc dans le 15e, je suis allée à la rue du Commerce pour leur acheter des chaussures. Dans la rue, ils ont eu envie de ramasser quelque chose qui était dans les caniveaux, donc à pleine main, ils ont pris dans leurs mains quelque chose dans les caniveaux.

  • Speaker #1

    Ce qu'ils faisaient depuis deux ans sans en faire.

  • Speaker #0

    Comme si c'était un ruisseau. Donc là, je... Non, non, non, ça, vraiment, c'est pas possible, on ne touche jamais à cette eau qui coule là, c'est vraiment très très sale, on n'y touche pas. On a acheté des chaussures qui faisaient mal aux pieds. Ensuite, on est allé au Square Saint-Léon. et c'est une place à Paris qui est carrée avec la route, les voitures garées, le bitume, une petite barrière en métal verte, comme il y a dans tous les squares parisiens, de la pelouse, une haie, et puis enfin le terre-plein central avec le parc. Et moi j'arrive sur la place avec mes enfants et là, ils font un azimut, ils enjambent la barrière, ils traversent la pelouse, ils se faufilent dans la haie et puis ils vont au toboggan. Là où tout petit parisien sans même y réfléchir cherche l'entrée du square et rentre par l'entrée du square. C'est des toutes petites choses, mais là, on se dit que c'est marrant.

  • Speaker #1

    Ils s'adaptent, ils font alors ce soir.

  • Speaker #0

    Ils vont reprendre des marques de petits parisiens. Et puis, quelque chose d'assez étrange aussi, c'est que mon maman était dans un immeuble au dernier étage. puis je ne les trouvais plus dans l'appart en fait ils étaient très naturellement en train de jouer dans la cage d'escalier au deuxième étage

  • Speaker #1

    Oui, puisqu'ils n'avaient pas de barrière avant

  • Speaker #0

    Non, et ne comprenant pas du tout l'idée de chacun chez soi et puis que les parties communes, c'est en fait pas des parties communes c'est des parties de passage mais personne ne s'y tient, et dans un immeuble où les gens en plus, dans l'immeuble de maman, les gens ferment quand ils entendent que quelqu'un vient, ils ferment vite leurs portes pas trop un immeuble où en plus on se on échange, et donc là il a fallu leur expliquer que non, non Il y a un jardin dans l'immeuble, il y a une belle cage d'escalier, mais qu'il n'est pas question de s'y asseoir, de s'y tenir. Et que la porte d'entrée de l'appartement, tu ne la franchis pas tout seul à 4 ans. Et puis je me souviens de coups de blouse, des enfants qui étaient tristes d'être rentrés, d'avoir perdu leurs amis, d'arriver dans des écoles un peu tristounes. Et je me souviens de mon aîné au moment du bain qui pleurait, qui me disait Mais ici, c'est vrai que c'était le mois de novembre, tout est triste, il pleut. et me disait-il même les arbres sont en cage parce qu'apparaît à l'époque tous les arbres étaient je sais pas si vous vous souvenez grillagés, il y en a moins maintenant mais même les arbres sont en cage

  • Speaker #1

    Et là, tu ne te dis pas on repart ? C'était sûr, vous aviez fait vos deux ans. Qu'est-ce que tu te dis ?

  • Speaker #0

    Alors déjà, l'ONG pour laquelle on travaillait généralement refuse.

  • Speaker #1

    Que tu repartes ?

  • Speaker #0

    La prolongation. Ah ouais, quand on la demande sur place. Parce que c'est le contrat, il te dit si tu veux repartir, tu rediscernes et tu repars. Mais tu as discerné pour deux ans. C'est un peu la voie de la sagesse. Au début, on faisait un peu les rebelles, mais en réalité, tout ce qu'ils nous ont conseillé était assez ajusté. est bon pour nous et pour la mission. On n'était pas partis sereins en plus sur la mission du handover là sur place. Mais à un moment, il s'est le deal. On lâche, on s'est engagés pour deux ans. De toute façon, Guillaume, à son employeur, n'aurait pas fait plus que 24 mois, donc il fallait vraiment y retourner. Y retourner, non. On est dans la réadaptation.

  • Speaker #1

    Ta vie, elle est ici.

  • Speaker #0

    Il faut recommencer notre vie ici. Il faut recommencer notre vie ici. Il faut la réécrire. Et puis, en étant les mêmes et en étant différents, les deux en même temps, tu n'es pas... Guillaume, d'ailleurs, il était effondré. Il me disait, moi, c'est terrible, au bout d'un mois de boulot.

  • Speaker #1

    Tu as tout repris, en fait.

  • Speaker #0

    J'ai tout repris, la même vitesse, la même impatience, alors que là-bas, on était capable d'attendre immobile.

  • Speaker #1

    Oui, on est vite rattrapé, en fait.

  • Speaker #0

    T'es assez vite rattrapé, ouais. Surtout, mais tu reprends de mauvaises habitudes. Mais non, non, il faut s'accrocher. Il faut retrouver un nid, retrouver un boulot, retrouver... tes amis et continuer parce que nous, on appartenait à cette vie-là. Donc, non, non, c'est des biens.

  • Speaker #1

    Donc, tu fais d'autres enfants, alors ?

  • Speaker #0

    Et ouais, j'ai fait deux autres enfants.

  • Speaker #1

    Ah, dans ce projet,

  • Speaker #0

    magnifique. Ça met un peu de temps, mais on a eu du mal. Mais on a réussi à en faire deux autres qui n'ont pas connu cette... pas partagé cette aventure, mais qui en ont toujours entendu parler. Je pense que c'est quand même dans l'histoire de ces deux derniers-là, bien qu'il ne l'ait pas vécu.

  • Speaker #1

    Et les grands, tu as l'impression que ça leur a quand même mis des graines ? C'est des enfants plus tolérants, plus cools, qui vont plus vers les autres ou pas ?

  • Speaker #0

    Je dirais que ce qui reste, et c'est... Ils disent avoir des souvenirs tous les deux, surtout l'aîné. le plus jeune aussi, mais je pense que c'est plus des souvenirs de rapporté, de seconde main. Je pense que ce qui reste, c'est quand même que, en tout cas j'espère, dans les ados qui sont aujourd'hui et les adultes qui seront demain, que c'est possible, que tu peux sortir de la route, que tu peux faire des choses qui ne sont pas écrites d'avance, que tu peux peut-être avoir moins peur de l'inconnu. Je me dis que ça, oui, je pense que ça,

  • Speaker #1

    j'espère que c'est possible,

  • Speaker #0

    que les choses sont possibles. Et puis, voilà, et puis que... la force du groupe aussi j'ai trouvé que le fait de partir en groupe parce qu'on est un petit groupe est assez épuissant et alors pour conclure parce que tu nous l'as dit avant et je trouve ça super intéressant

  • Speaker #1

    Tu n'es pas reparti avec quatre enfants, vous n'avez pas refait le même chemin, mais tu as quand même un peu ouvert ta porte vers l'extérieur. Donc raconte-nous comment tu fais aujourd'hui pour offrir cet ailleurs à tes enfants et à ta famille d'ailleurs, sans repartir.

  • Speaker #0

    Dix ans après être rentrée, donc en 2020, on s'est dit, ça fait déjà dix ans, il faut que... Il faut qu'on ait un autre grand projet. Pour le coup, on a repensé à un voyage. On s'est dit pourquoi pas prendre un bateau, faire le tour de la Méditerranée. On a ouvert d'autres portes, mais finalement on s'est dit non, maintenant qu'on a quatre enfants, des enfants qui ont leur vie sur place, c'est trop lourd, on partira pas. Et puis est venu à nous un autre projet qui était que si on partait pas à l'étranger, l'étranger pouvait venir à nous. sens propre du terme, et on a entendu parler d'une association qui s'appelle JRS, Jésus de Réfugiés Service, qui propose d'accueillir sur une durée de 4 à 6 semaines, aux dates qu'on choisit. des réfugiés qui par ailleurs sont pris en charge par l'association sur toute la partie administrative, réinsertion professionnelle, juridique, demande d'asile, etc. et même activités de jour. Et donc on donne nos dates et on accueille sur des périodes d'un mois et demi. des gens qui viennent du bout du monde, et qu'on a, un peu comme on n'avait pas choisi notre destination avec Fidesco, là c'est pareil, hommes, femmes, 20 ans, 40 ans, on a eu un Tibétain, une Congolaise, un jeune homme du Bangladesh, un Irakien, et là, c'est quelqu'un qui vit chez nous, qui ne prend ses repas le soir avec nous, et qui est un petit bout du monde, de l'autre bout du monde à la maison.

  • Speaker #1

    J'aurais tellement aimé être ton enfant Marie

  • Speaker #0

    Ton enfant bouger de notre banlieue parisienne et de notre maison familiale finalement c'est quand même un voyage

  • Speaker #1

    Ils sont fiers de toi tes enfants ? ça je ne le sais pas tu ne leur as jamais demandé ?

  • Speaker #0

    non je ne leur ai jamais demandé et quand ils ont grandi,

  • Speaker #1

    quand vous en avez reparlé ils t'ont remercié de leur avoir offert cette expérience ou même aujourd'hui qu'ils sont ados ils sont hyper heureux je ne sais pas s'ils le voient comme quelque chose qu'on leur a offert mais pour eux c'est dans la boîte à trésors c'est dans leur histoire c'est une richesse super merci beaucoup C'est la fin. Merci mille fois de nous avoir écoutés jusqu'au bout. J'espère que vous aussi, vous avez voyagé. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à nous laisser 5 étoiles sur Apple Podcasts et un petit commentaire. On attend avec impatience vos retours et vos impressions. Et si vous aussi, vous avez envie de nous raconter un extraordinaire voyage ou une aventure au bout de votre rue, envoyez-nous un petit message sur Instagram. À très vite. Merci et à bientôt.

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Description

Marie et sa famille décident un jour de couper avec leur confort parisien pour vivre une grande aventure en famille.

Mais pour Marie il faut qu'il y ait du sens, un but. Elle opte pour la mission humanitaire.


Il faut alors trouver la bonne ONG qui les encadrera et qui acceptera de les faire partir avec des petits de 2 et 3 ans.

S'en suit 1 an de formation de suivi pour vérifier que la tribu est bien prête, un appart a rendre, des boulots a quitté 

Et puis un jour alors qu'ils ont tout lâché, ils apprennent leur destination.


Ce sera la Zambie, un des pays les plus pauvres du globe. Pendant 2 ans. Sans retour en France possible.


Marie et sa famille posent leur valise dans une toute petite ville avec une route goudronnée et un unique feu de signalisation. Pour Beau Voyage elle nous raconte son année de préparation, le grand départ et son arrivée sur place. Elle nous raconte l’arrivée de ses enfants dans la petite école du coin, et ses grands bonheurs. La bas, pas d’eau potable, pas de TV et pas grand chose à part la nature.


Il faut apprendre à élever ses enfants différemment, retrouver du temps long et cultiver son jardin. C’est un peu fou.

Elle nous a parle aussi de Sa mission sur le terrain, sa vie de famille un peu chamboulé et le difficile retour à la normale avec des enfants qui ont vécu 24 mois en liberté et en autonomie.


On a adoré cet épisode et on espère qu'il vous plaira tout autant !


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Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à nous laisser 5 étoiles ou un commentaire sur Apple Podcasts ou Spotify. Ce serait vraiment un sacré coup de pouce pour nous !

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Production : Sakti Productions

Vous êtes une marque et vous souhaitez collaborer avec Beau Voyage

Ecrivez-nous : mariegarreau@saktiproductions.com


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Le décollage, Guillaume et moi, on a vécu comme vraiment, on se tient tous la main. Et puis vraiment, ce décollage m'en souviendrait toute ma vie. C'était vraiment magique. On décollait pour Addis Abeba, en Éthiopie, et puis après on avait un autre vol. C'était un voyage qui était déjà en soi assez long pour aller jusqu'à Shimata. Et puis voilà, après ça c'est le décollage. L'arrivée était terrorisante, c'est trop fort. Comme on ouvrait une mission, il n'y avait personne pour nous dire ce qui nous attendait.

  • Speaker #1

    Comment ça se passe quand tu arrives à l'aéroport alors ?

  • Speaker #0

    C'est complètement dingue, on cherchait une pancarte. Et puis c'est l'Afrique, ça a commencé tout de suite. On nous a dit, voilà, votre maison n'est pas prête, elle sera prête dans deux mois et demi. Destination, let's go where the river's taking us.

  • Speaker #1

    Bonjour, c'est Marie et vous écoutez Beau Voyage. De l'ascension du Mer Apique au Népal, au Tour du Monde en famille, du road trip au Chili au bivouac en Inde dans les Pyrénées, vous entendrez des hommes et des femmes qui partagent leurs aventures hors des sentiers battus, des aventuriers ordinaires qui vous racontent leurs aventures extraordinaires. À deux ou en tribu, à l'autre bout du monde ou en bas de chez eux, avec trois sous ou en claquant leur PEL, ces voyageurs nous confient leurs histoires, leurs galères, leurs bons plans et leurs coups de cœur. Sur Beau Voyage, nous allons vous prouver que l'aventure est partout et à la portée de tout le monde. Alors montez le son et venez rêver avec nous. Marie a un mari et deux enfants. Et un jour, elle décide de couper avec son confort parisien pour vivre une grande aventure en famille. Mais pour elle, il faut qu'il y ait du sens, un but. Alors, elle opte pour la mission humanitaire. Mais finalement, pas si simple de trouver la bonne ONG qui les encadrera et qui acceptera de les faire partir avec des petits-enfants de 2 et 3 ans. Une fois qu'elle a trouvé, s'en suit une formation de suivi pour vérifier que la tribu est bien prête. Un appart à rendre, des boulots à quitter, et ils ne connaissent toujours pas leur destination. Et un jour, alors qu'ils ont tout lâché, ils apprennent qu'ils vont partir en Zambie, un des pays les plus pauvres du globe, pendant deux ans, sans retour en France possible. Marie et sa famille posent leur valise dans une toute petite ville, avec une seule route goudronnée et un unique feu de signalisation. Pour Beau Voyage, elle nous raconte son année de préparation, le grand départ et son arrivée sur place. Elle nous raconte l'arrivée de ses enfants dans la petite école du coin et ses grands bonheurs. Là-bas, pas d'eau potable, pas de télé et pas grand-chose à part la nature. Il faut apprendre à élever ses enfants différemment, retrouver du temps long et cultiver son jardin. C'est un peu fou, même totalement fou. Elle nous parle aussi de sa mission sur le terrain, sa vie de famille et le difficile retour à la normale avec des petits qui ont vécu 24 mois en liberté et en totale autonomie. On dit Marie ou on dit Marie-Emmanuel ?

  • Speaker #0

    Marie, parce que sinon...

  • Speaker #1

    Donc Marie, Marie et Marie sont dans un bateau, lundi matin. Bonjour Marie.

  • Speaker #0

    Bonjour Marie.

  • Speaker #1

    Je suis ravie de te recevoir parce qu'on se connaît déjà un peu et j'ai trop envie d'écouter ton histoire. Donc déjà, est-ce que tu peux te présenter pour nos auditeurs ?

  • Speaker #0

    Je m'appelle Marie, j'ai 45 ans. Je suis mariée à Guillaume et en ce moment je suis mère au foyer. J'ai quatre enfants et on vit en banlieue parisienne.

  • Speaker #1

    Et tu vas nous raconter une belle aventure. Est-ce que toi déjà, tu es une grande voyageuse ?

  • Speaker #0

    Je l'étais quand j'étais plus jeune que maintenant, étudiante. J'ai beaucoup voyagé, et même seule. donc j'ai voyagé en Asie plusieurs fois en Inde, dans l'Amérique du Sud et puis après je me suis mariée, j'ai commencé à bosser et là on voyageait presque plus Mais un jour vous décidez de faire un grand voyage Et un jour on se rend compte que les choses s'enchaînaient année après année, après le collège et le lycée après la prépa, après l'école, après le premier boulot on se marie, on a un enfant, on a deux enfants tout était sur des rails et puis on a eu envie d'une aventure de sortir de... des chemins tracés et de partir ensemble. On avait deux enfants de 2 et 3 ans, deux petits garçons, tous les deux des boulots stables, qui nous plaisaient d'ailleurs plutôt. On s'était dit que c'était probablement trop tard pour partir avec une ONG, maintenant qu'on avait des enfants, et puis on nous a dit qu'il y avait quelques associations qui acceptaient de prendre le risque de faire partir des familles. Donc on s'est renseigné, on cherchait un projet où on puisse tous les deux travailler. Parce que la plupart du temps, si on part avec une ONG, c'est que l'un des deux a un job. Et que donc l'autre part avec un statut de conjoint d'expat. Et donc l'idée, c'était qu'on ait chacun une mission. Qu'on puisse partir avec les enfants. Et donc il n'y avait pas beaucoup d'assauts qu'ils proposaient. Il y en avait deux, trois. Et on a postulé. Ça a été un cheminement d'un an de discernement et de recrutement et de formation.

  • Speaker #1

    À partir du moment où vous vous êtes dit un soir, on fait une aventure, il y a eu un Ankem.

  • Speaker #0

    Il y a déjà eu une discussion à deux parce que l'idée venait de moi. C'était l'été et moi, je suis comme ça, un peu tout feu, tout flamme. Je lance des idées. Après, je peux m'essouffler. Mon mari, c'est l'inverse, c'est un diesel. Il est très régulier et très constant. Donc lui, ça a mis un peu... plusieurs mois à cheminer pour que ça lui paraisse envisageable. Je pense qu'il avait peut-être plus de craintes aussi par rapport à sa vie professionnelle. Il est un peu plus âgé que moi, donc il était déjà plus avancé, il n'avait plus à perdre, on va dire. Donc il a déjà fallu le convaincre. Et une fois qu'il a été convaincu, on est allé ensemble un week-end de découverte. Et on est rentré vraiment emballé en se disant, on se sent vraiment, on sent que c'est pour nous et que c'est maintenant. et que ça veut rendre heureux et qu'il faut le faire.

  • Speaker #1

    Et vous vous êtes jamais dit on se fait un tour du monde, un voyage, etc. Dès le début, votre idée, c'était quand même d'aller servir et de faire un voyage humanitaire avec un but.

  • Speaker #0

    On a pensé au voyage autour du monde et en fait, c'est vraiment propre à chacun, mais on n'y a pas vu de sens dans le sens direction, but, vers lequel on tend. C'est-à-dire qu'on se sentait appelés. C'était vraiment l'impression qu'on avait. Et donc on se disait qu'il y avait forcément un endroit qui nous attendrait pour nous, et où ça aurait du sens qu'on soit là.

  • Speaker #1

    Et se sentir utile quand même.

  • Speaker #0

    Et puis je crois qu'on avait aussi envie de s'installer quelque part, et pas de voyager. Je pense qu'on avait envie d'aller ailleurs, mais de s'installer ailleurs, pas de passer ailleurs. Et donc c'était très important pour nous que ce soit un peu long, et que ce soit dans un seul endroit. et c'était tellement le cas que l'ONG avec laquelle on est partis nous demandait de ne pas rentrer pour les vacances de nous engager pour deux ans et de ne jamais rentrer en France pendant les deux ans et plus que ça, ils nous conseillaient après on est majeurs, on fait ce qu'on veut de ne même pas quitter la zone culturelle dans laquelle on était pendant deux ans Donc on n'est pas allé dans des destinations un peu de rêve, qui étaient finalement accessibles dans tous les sens du terme, en avion et financièrement pour nous, avec nos économies. On est vraiment resté dans une zone culturelle d'Afrique australe pendant deux ans.

  • Speaker #1

    Donc vous avez trouvé l'ONG, vous êtes parti avec qui ?

  • Speaker #0

    On est parti avec une ONG qui s'appelle Fidesco, qui fait partir 120 volontaires par an à peu près, dont beaucoup de volontaires ont des profils plutôt profession médicale, d'accordeur à médical, mais Guillaume, lui, travaille dans la construction. Et moi, j'étais chef de produit, donc j'avais une compétence à la fois vague et tout terrain de chef de projet. Donc, je pouvais aussi trouver une mission qui corresponde à mes compétences. Et Fidesco propose un parcours d'un an où il y a entre deux et trois semaines de formation, discernement.

  • Speaker #1

    Ça, ça sert à quoi ? C'est pour voir si vous êtes prêts à partir ?

  • Speaker #0

    C'est pour que nous, on pose un choix qui soit vraiment... ferme de notre côté, parce que partir deux ans sans retour, ça veut dire que la plupart du temps, on pose une démission, on rend un appart. où on le vend, vraiment, on largue les amarres. Et puis, si on le fait avec des enfants, il faut que le choix soit bien mesuré. De leur côté à eux, ça peut être go-no-go, c'est-à-dire qu'on a quand même un entretien avec un psychologue, il vérifie qu'on n'est pas dans la fuite. Je n'aime pas mon métier, mon couple capote, je me sens fragile. Donc, eux, eux, ils essayent quand même de débusquer. de mauvaises raisons de partir. Vérifier qu'on parte pour des raisons positives et pas pour fuir. Pas pour fuir notre vie. Donc, il y a un discernement de leur côté et du nôtre. Et puis, il y a un moment, au bout de quelques mois, où c'est go, no go des deux côtés. Et une fois qu'on a dit go, no go, on ne sait toujours pas où on part.

  • Speaker #1

    Et tu as fait quand même un choix sur la map monde ou même pas du tout ? Le monde entier est ouvert ?

  • Speaker #0

    Absolument aucun. C'est-à-dire que tu donnes ton go et c'est un mois et demi après, il y a le week-end qu'on appelle l'affectation des démissions. et c'est à ce week-end-là que tu apprends où tu vas. Donc on va ce week-end, nous la blague, c'est qu'il y avait quelques personnes qui n'ont pas été affectées ce week-end-là, dont nous, je pense qu'ils attendent encore les réponses. Donc là vraiment, c'était un peu dur pour nous, parce qu'on avait annoncé à nos employeurs, moi j'avais des messieurs, enfin vraiment, on avait commencé déjà à larguer des amarres, et on ne savait toujours pas. Donc nos familles trouvaient ça vraiment assez folclore, et on l'a su vraiment début juillet. Alors qu'on devait partir fin août. En fait, la mission était aussi... On ouvrait une mission. Donc, eux-mêmes, de leur côté, les partenaires n'étaient pas prêts. Donc, finalement, on est partis en octobre. Et donc, on nous a annoncé par téléphone, quelques semaines après ce week-end, qu'on partait en Zambie.

  • Speaker #1

    Tu savais le placer sur la carte ?

  • Speaker #0

    Alors... Je suis pas trop mauvaise en géographie. Mais alors là, Gambie, Zambie, Zimbabwe, je vois une bête là. C'est un pays d'Afrique australe qui est au sud du Congo, au nord de l'Afrique du Sud, qui est enclavé, donc sans accès à la mer, qui est l'ancienne Rhodesie pour les Anglais. Donc les Anglo-Saxons connaissent plus. C'est l'Afrique anglophone. La bonne nouvelle, c'est que c'est un pays où nous, on déteste la chaleur. On ne supporte pas, sous la Loire, en juillet-août, on ne supporte pas. La bonne nouvelle, c'est que c'est un pays de haut plateau. Le climat est divin, entre 20 et 30 degrés toute l'année. Voilà, la mauvaise nouvelle, c'est que... C'est très loin. C'est vraiment un des pays les plus pauvres du globe. Mon mari avait 38 ans au départ et l'espérance de vie en Zambie, quand on est parti, était de 39 ans. Donc là, quand on lit le chiffre, on se dit non, c'est pas possible. Enfin, on était en 2010 et en fait, c'est un des pays qui était le plus durement frappé par le sida. Donc, il y avait un taux de prévalence de 25 c'est-à-dire un adulte sur quatre qui est porteur du virus. Et donc, c'est un pays qui a été gravement touché économiquement, parce qu'en réalité, c'est vraiment toute la... toute la tranche d'âge productive qui est touchée par la maladie. Donc c'est au-delà du désastre sanitaire, c'est un désastre économique, parce que le pays s'est considérablement appauvri, il avait le même PIB que le Portugal. dix ans avant.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et donc voilà, c'est vraiment un pays très très très très pauvre. Et puis on partait pas du tout dans la capitale, on partait dans la huitième ou dixième ville du pays.

  • Speaker #1

    Et tu partais faire quoi ?

  • Speaker #0

    Alors on ouvrait une mission qui existait déjà dans d'autres régions de Zambie, avec cette même ONG, qui s'appelle le Bureau des Projets. On travaillait pour un diocèse catholique. Alors, il faut savoir que dans Zambie, comme dans beaucoup de pays d'Afrique, les services publics sont complètement défaillants. C'est les États qui sont pauvres. Donc en fait, les églises portent les hôpitaux et les écoles. Le système éducatif, le système de santé sont beaucoup portés par des églises locales. Et donc le diocèse de l'Eastern Province, qui était diocèse de Chipata, là où on était donc affecté, avait une vingtaine d'écoles, et quatre gros hôpitaux et beaucoup de dispensaires. C'est une région qui fait 600 km de long, 150 km de large, avec une seule route goudronnée. La ville dans laquelle on était, il y a un feu rouge qu'ils appelaient The Robot. Donc on ouvrait le bureau des projets qui avait comme double mission de récolter de l'argent, de trouver des fonds, donc d'écrire à des bailleurs de fonds pour lever des fonds pour des programmes de nutrition, de construction, des programmes mère-enfant pour le SIDA, campagne de vaccination. Et de l'autre côté, c'était plus le boulot de Guillaume, c'était d'aider le diocèse à avoir plus de fonds propres en développant des petits business. Donc avec comme objectif à plus long terme d'être le plus sustainable possible, pour qu'ils aient leurs propres ressources pour être de moins en moins dépendants de bailleurs de fonds étrangers. Donc mon boulot à moi, c'était d'écrire des propositions, des proposals pour obtenir de l'argent. d'écrire les rapports narratifs et financiers en fin de projet, et d'aller beaucoup sur le terrain pour visiter les projets, pour vérifier que ça se passe bien, que l'argent est dépensé comme il le doit, pour prendre des photos, pour suivre les projets. Donc j'avais beaucoup de déplacements, donc dans ce territoire, vraiment une seule route goudronnée, sachant qu'il y a quatre mois de saison des pluies, où les routes sont très très très difficilement praticables. Donc ça c'était l'éclat, parce que je partais vraiment avec un 4x4 pourri.

  • Speaker #1

    C'est toi qui conduisais ? Oui,

  • Speaker #0

    bien sûr. Donc un 4x4 pourri et vraiment à l'aventure. Et c'était grisant, vraiment. C'était passionnant parce que là, je partais seule et pour aller visiter des hôpitaux, des écoles.

  • Speaker #1

    Tellement, tellement. Qu'est-ce que vous faisiez avec les enfants ?

  • Speaker #0

    Alors les enfants, ils étaient avec d'énormes guillemets à l'école le matin. Donc l'école maternelle, où il y avait un crayon pour 30 enfants. Donc le matin, ils étaient à l'école et l'après-midi, on avait une nounou qui venait les récupérer lors du déjeuner. Nous, on rentrait à déjeuner à la maison. et l'après-midi, celle qui les gardait.

  • Speaker #1

    Mais on est resté au coup de fil de Zambie quand même, parce que j'attends. On te dit, vous allez aller en Zambie, vous allez partir, tu raccroches. Est-ce que là, l'association, elle te prépare un peu ? Tu as justement un brief sur la Zambie, où en est la Zambie, comment ça se passe la vie là-bas, etc. Ou là, c'est toi et Guillaume qui êtes allés un peu chercher des infos sur tout ça ?

  • Speaker #0

    Non, tu n'as pas de brief sur le pays même. En revanche... dans le cadre des formations qu'on a eues, il y avait quand même eu plusieurs semaines, on a quand même beaucoup de jeux de rôle, des topos sur l'inculturation, donc on a quand même beaucoup parlé de l'Afrique, il y avait quand même des choses auxquelles on était préparés culturellement, même si le choc est immense, mais sur le rapport au temps, les rapports sociaux, la vision du couple, de la famille, il y avait quand même des choses qu'on avait un peu défrichées, et après il y a toute une partie très pratique, parce qu'en réalité avant de partir, on est sur des choses très terre-à-terre, on part avec chacun 23 kilos.

  • Speaker #1

    Pour les enfants aussi ?

  • Speaker #0

    Pour les enfants aussi.

  • Speaker #1

    Donc chacun 23 kilos, ok ?

  • Speaker #0

    Donc il faut faire la valise, parce que tu ne reviens pas pendant deux ans.

  • Speaker #1

    Tu t'engages à ne pas revenir ?

  • Speaker #0

    Tu t'engages à ne pas revenir, et on l'a fait. Donc tu ne reviens pas, et donc il y a la valise, qui est un vrai sujet, qu'est-ce que j'emporte ? On a rapidement compris qu'il allait falloir trouver un moyen de se faire envoyer des livres, parce que c'est vraiment la chose introuvable là où on allait, a fortiori en français. On a un ami libraire, qui avait d'ailleurs une librairie sur l'Afrique, dans le cinquième là où on habitait, qui a pu nous envoyer un gros colis. Donc on a mis tous les livres à part. Donc ça déjà, ça te dégage beaucoup de poids. Dans ta valise, tu mets un peu de vêtements, tu mets des chaussures, et tu mets des médicaments. Et moi j'ai embarqué... trois objets de cuisine, un robot plongeur qui faisait tout.

  • Speaker #1

    Tu as pris un robot plongeur ?

  • Speaker #0

    J'ai pris un robot plongeur, un truc à 25 euros, Moulinex, qui faisait la soupe, les blancs, à choix.

  • Speaker #1

    Super idée,

  • Speaker #0

    j'adore. Et la glace. J'avais quatre petits tambours, donc c'était tout petit. J'ai pris l'économe, tu sais l'économe rouge pour les tomates, parce que du coup ça pouvait me servir à tout, parce qu'il y a des histoires de parasites qui se mettent dans la peau, donc là tu peux éplucher. Et j'ai pris un thermomètre culinaire. figure-toi, parce que comme il n'y a pas vraiment de chaîne du froid, on faisait nous-mêmes nos yaourts. Donc je suis partie avec ces trois petits objets-là, qui ont été extrêmement... Donc ça,

  • Speaker #1

    c'est quoi ? C'est indispensable à partager ?

  • Speaker #0

    Voilà, il y a un truc de moins glamour, c'est le bas en nylon, qui sert à faire du fromage, avec du lait. Ça, c'est pas très lourd. Donc on est partie avec quelques objets de cuisine, quelques produits aussi d'hygiène-beauté, parce que c'est pareil.

  • Speaker #1

    tu trouverais pas.

  • Speaker #0

    C'est bête, mais en fait, ta crème de jour, t'en prends plusieurs.

  • Speaker #1

    Mais c'était quoi ton plan pendant deux ans ? C'est qu'on allait t'envoyer des trucs où tu te dis, on trouvera le reste sur place ?

  • Speaker #0

    On a eu quelques colis, mais en réalité, la poste était à la fois très longue et hasardeuse. C'était vraiment six bonnes semaines. Donc, les choses arrivaient souvent en bon état en étant passées dans des entrepôts surchauffés. Oui. Donc, il n'y a aucun vol direct. Donc, de toute façon... Du clic. Quelques envois de nourriture qui ont été tentés n'étaient pas tous très très concluants. Tu vois un saucisson qui a passé six semaines dans le pot,

  • Speaker #1

    c'est pas les déroulants. C'est mieux un livre. C'est mieux un livre.

  • Speaker #0

    C'est mieux un livre.

  • Speaker #1

    Et pour les enfants, les indispensables, alors qu'est-ce que tu as pris ?

  • Speaker #0

    C'est un très bon point. Pour le coup, là, les livres, on était très contentes de pouvoir lire avec beaucoup de livres d'enfants. parce que là-bas, on s'apprêtait à passer presque deux ans sans jouets. Donc on s'est autorisé les gros Legos pour le plus jeune et les petits Legos pour le plus grand. Et après, tu découvres sur place que tu peux faire un ballon de foot avec des sacs plastiques. Avec des sacs plastiques, tu fais beaucoup de choses, un cerf-volant. Et vraiment, ça pour le coup, c'était une fausse inquiétude parce que deux, trois ans, quatre et cinq au retour... Ils ramassaient n'importe quoi par terre, ils fabriquaient, ils ramassaient, ils bricolaient, ils étaient en bande d'enfants. C'est nu, ils s'éclataient, ils n'avaient vraiment pas besoin, là pour le coup, vraiment pas besoin de jouets.

  • Speaker #1

    Ils n'avaient besoin de rien en fait.

  • Speaker #0

    De livres, oui. En tout cas, selon nos standards à nous, ils avaient besoin de livres.

  • Speaker #1

    Et les vêtements ?

  • Speaker #0

    Et les vêtements, je sais quelles marques avaient de bonnes qualités parce que je suis revenue avec très très très peu de vêtements. tu termines les vêtements avec lesquels tu es partie et après tu achètes soit des vêtements made in China bas de gamme sur place, sur les marchés soit tu trouves des vêtements d'occasion de marque occidentale qui revendent les marchés aussi tu retrouves des trucs que tu aurais pu toi donner l'année d'avant donc là tu as 4 sacs de 23 kilos tu as 4 sacs de 23 kilos et tu mets toutes tes affaires dans des cartons.

  • Speaker #1

    Tu les as mis où, toi ? Un dépôt meuble ?

  • Speaker #0

    Un mix de chambres de service chez maman, de caves de voisins. On a un peu éparpillé.

  • Speaker #1

    Et tu laisses tout ? J'imagine que tu laisses aussi tes bijoux, tous tes petits trucs, tu laisses tout.

  • Speaker #0

    Tu pars avec ton alliance.

  • Speaker #1

    Comment ça se passe quand tu montes dans cet avion ?

  • Speaker #0

    C'est génial, c'est complètement dingue. Déjà, nous, on avait fait un truc assez marrant, c'est qu'on s'est fait un resto étoilé quelques heures avant le vol, habillée vraiment en treillis, en t-shirt, après avoir largué tout, tout, tout. dis au revoir c'est des détails mais tu vis ta cuisine tu vis tous tes placards de produits de beauté tu distribues tout t'as plus besoin de rien c'est génial t'es hyper léger donc la sensation de légèreté est grisante et puis le décollage de l'avion c'est vraiment un moment dont je me souviens les enfants étaient un peu trop petits pour ils ont compris la chose ils ont compris non je pense qu'ils n'ont pas compris ils étaient vraiment trop petits et d'ailleurs quand c'est devenu les premiers mois ont été durs je pense qu'il y a eu dans leur tête quand même le... Parce qu'on s'est mis dans... dans cette situation-là, même si c'était incapable de le verbaliser comme ça, mais en tout cas le décollage ah oui Guillaume et moi nous on a vécu comme vraiment, on se tient tous la main et puis on est sur le plongeoir et on y va. C'était vraiment ce décollage, je m'en souviendrai toute ma vie c'était vraiment magique. On décollait pour Addis Abeba en Éthiopie et puis après on avait un autre vol. C'était un voyage qui était déjà en soi assez long pour aller jusqu'à Chimata et puis voilà, après ça c'est le décollage, l'arrivée était... Terrorisante, c'est trop fort. Mais comme on ouvrait une mission, il n'y avait personne pour nous dire ce qui nous attendait.

  • Speaker #1

    Comment ça se passe quand tu arrives à l'aéroport ?

  • Speaker #0

    C'est complètement dingue. On cherchait une pancarte. Puis c'est l'Afrique, ça a commencé tout de suite. On nous a dit, votre maison n'est pas prête, elle sera prête dans deux mois et demi. Donc vous serez en coloc avec des jeunes d'Engineer Without Borders. le G chez d'autres, une famille italienne.

  • Speaker #1

    Mais d'autres missionnaires ?

  • Speaker #0

    Mais qui n'étaient même pas du tout de la même ONG, donc en coloc, alors qu'on était déjà une petite famille. Mais alors ça, il faut être prêts.

  • Speaker #1

    Il faut être prêts.

  • Speaker #0

    Les débuts étaient vraiment durs. Parce que professionnellement parlant, notre job description, c'était à peu près tous les problèmes que le diocèse avait rencontrés depuis dix ans avec aucune ressource en face. Moi, j'ai plus perdu pied. Et Guillaume, qui avait huit ans de plus, qui avait plus de bouteilles, m'a dit au bout d'un moment, bon, écoute, on va manager, mais...

  • Speaker #1

    Je vais m'occuper de toi.

  • Speaker #0

    On va reprendre un peu ensemble tous les projets qu'on a. On va commencer quelque part, mais on ne peut pas prendre sur nous. On va commencer modestement par ce qui est à la fois le plus urgent et le plus dans nos cordes. Donc, le début au boulot, moi, je trouvais ça très, très, très dur.

  • Speaker #1

    T'avais un lieu ? T'avais un bureau ?

  • Speaker #0

    On avait quand même un bureau.

  • Speaker #1

    Donc le matin, t'allais vraiment à ton bureau ?

  • Speaker #0

    Donc on allait vraiment à un bureau le matin. On quittait des jobs dans des grosses boîtes du CAC 40, hyper équipées, avec des services généraux. Et là, vraiment, tu viens mendier pour avoir ton imprimante, t'as des coupures de courant tout le temps, donc tu peux te retrouver 4-5 heures sans Internet dans la journée.

  • Speaker #1

    Il y a des fois où tu laisses un peu les bras.

  • Speaker #0

    Moi, les premiers mois, en tout cas professionnellement, ça a été vraiment, vraiment dur. Tu arrives en disant je vais faire plein de trucs, je vais être super efficace. Puis en fait, tu te prends vraiment un mur parce qu'il faut du temps, du temps pour comprendre, du temps pour connaître les gens. Le temps est long. On s'est pris une grosse claque parce que dans ce grande région, 600 kilomètres de long, c'est quand même grand, il n'y avait que trois Français, mon mari, moi et un vieux père blanc. qui était arrivé dans les années 50-60. Donc nous, on s'est dit naïvement, il doit être hyper impatient de nous voir.

  • Speaker #1

    Mais non ! Mais non,

  • Speaker #0

    il a mis plusieurs mois avant de venir nous voir, alors qu'il n'était pas très loin.

  • Speaker #1

    On parle anglais, là ? Tu bossais en anglais ?

  • Speaker #0

    On bossait en anglais. Et non, non, il a mis plusieurs mois. Et quand on l'a rencontré, il nous a dit, il nous a dit, c'est super que vous soyez là, nous dit-il. C'est tellement dommage que vous restiez aussi peu de temps. Mais lui, vraiment, en disant ça... Je comprends, lui il mourra là-bas il est blanc à l'intérieur il est noir à l'intérieur, il est chez lui et nous il estimait qu'on était vraiment là pour un petit passage et qu'on était là presque pour nous en fait très humblement quand même quand on rentre, même quand on part un an deux ans, évidemment qu'il y a quand même des choses qui avancent et qu'il y a des accomplissements, des projets qui aboutissent, mais en réalité on est quand même plus dans la rencontre en deux ans ? Pour de vrai, en fait deux ans c'est un temps qui est très très court à l'échelle des problèmes qu'il y a à régler sur place. Et je pense qu'en réalité, les fruits les plus durables sont très probablement des rencontres.

  • Speaker #1

    Et dans les projets de ton boulot, lesquels t'ont rendu fière ? Qu'est-ce que tu as réussi à mener jusqu'au bout ?

  • Speaker #0

    Alors, il y avait des projets à très court terme, parce que c'était quelques mois, des programmes de nutrition ou de suivi mère-enfant, pour éviter que le virus se transmette de la mère à l'enfant, des programmes que je commençais et que je terminais. Et il y avait des projets qui étaient beaucoup plus longs, par exemple des projets de construction, et notamment le lancement de la construction du cinquième hôpital. qui était dans un endroit reculé, dans cette région qui était déjà elle-même très reculée. Aujourd'hui, cet hôpital existe, il s'appelle Chamilala. J'ai continué à travailler dessus d'ailleurs plusieurs années après être rentrée, parce que quand j'ai quitté la Zambie, c'était encore la brousse, mais la brousse, il n'y avait rien, zéro, rien. Et c'est une vieille sœur polonaise qui avait ce projet fou, qui se battait pour que cet hôpital existe. J'ai levé des fonds petit à petit et encore en rentrant. Alors ça vraiment, pour moi c'est... quand j'avais les bonnes nouvelles de l'argent qui tombait d'Allemagne ou des Etats-Unis j'en pleurais de joie en étant dans mon appartement parisien ça vraiment j'aimerais beaucoup un jour y retourner et passer la porte de cet hôpital avec mes enfants dans un endroit où les femmes marchent une semaine pour accoucher avant Il y a eu des accidents de la route terribles au milieu de nulle part. Il n'y avait absolument qu'une possibilité d'apporter des premiers secours. Aucun moyen d'être suivi quand on est... positif aussi. Ça vraiment, j'ai hâte de le voir parce que je ne l'ai pas vu de mes yeux vus.

  • Speaker #1

    Et alors, à tant tes enfants, comment ça se passe l'adaptation et tout ?

  • Speaker #0

    Ça commence très très dur aussi pour eux à l'école parce que ce sont littéralement les seuls blancs mais c'est pas simplement que c'est les seuls blancs, ce sont les premiers blancs que leurs camarades voient. Donc le premier jour, il faut imaginer dans la cour de récréation un attroupement de toute l'école autour des deux petits mzungus et les enfants qui touchent.

  • Speaker #1

    la peau de mes enfants.

  • Speaker #0

    Et ensuite, ils regardent leurs doigts pour voir si ça change la couleur de leurs propres doigts. où ils touchent les cheveux, parce qu'ils n'ont jamais touché des cheveux longs déjà, parce qu'ils ont tous les cheveux très courts et pas crépus. Donc mes enfants, c'est des hurlements, des pleurs.

  • Speaker #1

    Ils ont peur ?

  • Speaker #0

    C'est le panique, ils sont totalement paniqués. Donc on discute avec les instituteurs, en disant qu'il faut absolument qu'ils puissent respirer. Passer ce premier temps, après, c'est l'enfance, la langue n'est pas une barrière.

  • Speaker #1

    Ils parlaient déjà un peu anglais tes enfants ?

  • Speaker #0

    Non, pas du tout. Pas du tout, mais ça, c'était vraiment pas un problème, parce que... les ambiens de leur âge étaient eux-mêmes en train d'apprendre l'anglais à l'école. Parce que pour le coup, l'école était quand même en anglais. Donc en fait, la langue n'est pas du tout un problème, parce que très naturellement, ils se mettent à jouer ensemble. Donc passer l'effet de surprise du côté des petits ambiens, et puis les miens ont eu un peu plus d'espace, et tout ça s'est normalisé. Et après, mes enfants, eux ne se rendaient compte de rien.

  • Speaker #1

    Ils étaient contents d'aller à l'école, ils avaient leur copain.

  • Speaker #0

    Sans même comparer, parce que finalement, ils étaient à peine aussi allés à l'école en France. Donc...

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce qu'ils font l'après-midi avec leur nounou ?

  • Speaker #0

    La nounou ne surveille pas les enfants comme elle les surveille en France. C'est-à-dire que nous, les premières fois, on rentrait à la maison le soir, on disait à la nounou, mais où sont les enfants ? Elle nous dit... Parce que là-bas, c'est comme au village, les adultes surveillent les enfants. Donc en fait, il n'y a pas de stress, les enfants jouent avec les enfants. C'est des bandes d'enfants qui vont dans la rivière, qui vont cuire des fruits, qui se baladent un peu partout, qui traversent la route. Mais tous les adultes surveillent tous les enfants. Donc il n'y a pas de clôture autour des maisons, tout est ouvert. Donc pour nous, jeunes parents parisiens, c'est un peu flippant. Et puis en fait c'est comme ça que ça fonctionne, il n'y a pas de stress. Donc en fait mes enfants étaient en robinsonade pieds nus, ramassant des fruits par terre, faisant tout ce qui était déconseillé dans la formation qu'on avait suivi.

  • Speaker #1

    Mais comment ça se passe alors l'hygiène dans Zambie ? C'est dangereux, il y a du palu ?

  • Speaker #0

    Il y a le neuropalu, pour le coup le mauvais palu. Au début on faisait hyper gaffe à tout tout le temps, on était tous sous l'ariam. pour les six premiers mois qui correspondaient à la saison des pluies et à nos six premiers mois.

  • Speaker #1

    Et tu peux en prendre ça pendant six mois ?

  • Speaker #0

    Tu n'as pas le choix en fait. On a été briefé à Necker et à Pasteur, à l'Institut Pasteur. On a vu un pédiatre de médecine tropicale qui nous a dit vraiment que le lariam c'est le plus puissant, c'est vraiment celui qu'il faut que vous preniez. On a tous pris une prophylaxie pour à la fois les six premiers mois, le temps de prendre ses réflexes, de t'habituer au coucher du soleil, tu fermes les écoutilles, t'es habillé en long, le temps d'avoir les bons réflexes par rapport aux moustiques, et puis de couvrir cette saison qui est particulièrement infestée. La saison des pluies, il y a vraiment beaucoup de moustiques, mais on n'a pas pris de prophylaxie antipalule la deuxième année. Donc on a desserré la vis au fur et à mesure. Et pareil, sur l'eau, c'était draconien jusqu'au bout. On la faisait bouillir, on la filtrait, etc.

  • Speaker #1

    Il y a de l'eau potable là-bas ?

  • Speaker #0

    Il n'y a pas d'eau potable. Et alors, l'un des gros chocs... en arrivant c'est que on a fini par avoir notre petite maison donc on avait une toute petite maison de poupées pour nous avec deux petites chambres on a demandé naïvement quel jour passaient les poubelles il n'y a pas de... on a dit ah bon alors où est la décharge il n'y a pas de décharge en plus on fait quoi de ces poubelles ? ah bah tu creuses un trou côté de ta maison et puis régulièrement tu brûles ce qu'il y a dedans et quand il est plein tu remets de la terre par dessus alors là tu achètes des conserves la première semaine et puis là t'es zéro déchet en une semaine t'arrêtes quoi c'est quand t'as brûlé un sac plastique tu arrêtes les sacs plastiques.

  • Speaker #1

    Tu fais que du frais.

  • Speaker #0

    Tu fais du frais, tu fais du frais, on a fait nos conserves. Là, ça a été un choc. Tu as vraiment tous tes déchets sous le nez, devant toi. Alors là, ça c'est dingue. Ça c'est dingue.

  • Speaker #1

    Tu penses que c'est encore comme ça aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas parce que nous, ils étaient en train de passer des systèmes de consignes au plastique. Donc au moment où nous, on est en train de faire le chemin inverse, honnêtement, je ne vois pas comment ils peuvent s'en sortir vu le virage qu'ils étaient en train de prendre. avec le plastique. Ça, ça a été vraiment un changement de vie absolument dingue.

  • Speaker #1

    Et tu cuisines quoi, alors ?

  • Speaker #0

    Alors, tu manges beaucoup moins varié. Ça, c'est aussi un... Eux, ils mangent la même chose à tous les repas, toute l'année, tout le temps. C'est ce qu'on appelle du chima. C'est une sorte de semoule faite à base de farine de maïs dont ils font des boules et qui tremble dans une sauce. Donc, on fait une sauce qui est généralement à base de légumes. tomates, oignons et puis des légumes qui n'existent pas vraiment ici des feuilles qui s'appellent les poux, grape en anglais mais que je n'ai jamais vu en France je ne sais pas trop, ça ressemblait à de l'oseille ou un truc comme ça donc ils ont ça et puis de temps en temps de la viande, mais très rarement et donc nous on mangeait au départ pas de viande sauf un poulet on achetait un poulet vivant par semaine pour avoir donc du poulet tu faisais quoi avec ton poulet vivant ? la nounou qui avait l'habitude, elle arrivait le matin avec le poulet qu'elle avait acheté, on lui donnait l'argent la veille, et puis elle faisait ce qu'il y avait à faire pendant notre temps de bureau. Donc on avait du poulet une fois par semaine, le lait, on avait une ferme à côté où on achetait du lait et des œufs, qu'on allait chercher une fois par semaine. On faisait bouillir le lait, et ensuite on le mettait au frigo, et on fabriquait nos yaourts, et puis on a rapidement commencé un potager. Alors là-bas, c'est l'Éden, il y a du soleil tout le temps, et avec un puits, tu peux arroser tout. pendant la saison sèche. Donc en fait, on avait des fruits et des légumes. On avait des fraises. C'est miraculeux. C'est mois de juin toute l'année. Puis des mangues à gogo. Donc j'allais au marché là-bas. On cuisinait du riz, des lentilles, beaucoup de lentilles de toutes les couleurs. Des protéines, des pommes de terre, des rizs au verre, des petits pois.

  • Speaker #1

    Tout le monde te connaissait au marché ?

  • Speaker #0

    Alors le marché, c'est un peu la même expérience que mes enfants, les premiers à l'école. C'était assez dur au début. j'arrivais au marché, c'était l'attroupement moi j'apprenais le chiniandja donc je paragouinais lamentablement mais du coup je provoquais l'hilarité générale t'allais toute seule ? ouais j'allais toute seule jusqu'au bout j'allais toute seule c'était à la fois sympa et une aventure et en même temps c'était fatigant parce que tu peux pas vite faire tes courses c'était toujours J'étais exposée en fait, tout le monde me regardait.

  • Speaker #1

    Mais gentiment ? Tu veux dire que les gens étaient quand même heureux de te voir ? Ou tu as l'impression que c'était agressif ?

  • Speaker #0

    Très bienveillant. D'accord. Mais tu ne peux jamais regarder tes pieds et tu ferais à Paris. t'es jamais anonyme, t'es jamais... T'es toujours sous le feu des projecteurs, tout le temps, tout le temps, tout le temps. Et donc ça, c'est fatigant. Ça, c'est fatigant.

  • Speaker #1

    Et le week-end, qu'est-ce que tu faisais le week-end ?

  • Speaker #0

    Eh bien, le week-end, on jardinait, on se reposait, on lisait, et on avait des vrais temps en famille. On quittait une vie parisienne où on avait la trentaine, donc on sortait beaucoup, on recevait beaucoup. On pouvait encore avoir une vie culturelle riche parce qu'on était dans Paris. Et là, tout d'un coup... en Afrique, en tout cas dans la zone rurale, il n'y a pas d'éclairage public. Et ton ONG t'explique que tu ne conduis pas la nuit. Jamais. Donc le soleil se couche. tu es chez toi, la porte fermée, c'est terminé. Donc le soir, on était en amoureux.

  • Speaker #1

    Et tout d'un coup, tu t'es retrouvée vraiment en tête à tête avec ton mari quand même.

  • Speaker #0

    En vrai tête à tête en amoureux, le soir. On avait quelques sorties à la marge, mais justement le week-end, on est plutôt en forme à déjeuner et on était avec nos enfants. Alors là, c'est un ralentissement aussi qui est brutal, qui était vraiment chouette parce que c'était le début de notre vie à deux. on était mariés depuis deux ans, on avait déjà deux ans et demi, on avait déjà deux enfants. C'était sympa aussi d'avoir un temps où on était loin de nos amis, de nos familles, et où on avait du temps pour parler,

  • Speaker #1

    pour se découvrir.

  • Speaker #0

    Non, on n'avait pas la télé. On avait un vieil ordi et un disque externe dans lequel on avait téléchargé des films, mais c'était assez amusant parce qu'on avait ce petit écran qu'on mettait sur une boîte en plastique dans notre lit. les soirs on essayait de se faire un film mais pendant la saison des pluies le toit en tôle la pluie sur la tôle faisait tellement de bruit que l'ordinateur n'était pas acté puissant pour entendre le son donc bon c'était pas non plus c'était pas Netflix mais on avait quand même ces quelques films et puis beaucoup de livres

  • Speaker #1

    Vous avez eu des galères quand même pendant ces deux ans ?

  • Speaker #0

    Oui, on a eu des galères de santé. On a eu un enfant qui a dû être évacué très rapidement, qui a eu un staphilo plus un virus avec des symptômes qu'on n'arrivait pas à lire. On n'était pas là depuis longtemps, on était là depuis deux mois. On lui a donné les doses maximales, même bien au-delà, pour le foie pour un enfant de 4 ans d'augmentin sur place. Et en fait, le dernier jour, au bout de 15 jours d'antibiotiques, il a pris sa dernière dose le matin et le soir à 23h, il est remonté à 40 ans de fièvre. Et là, on a appelé l'assurance et on nous a dit qu'on évacuait en quelques heures. C'est un risque de septicémie aiguë. Et comment ils font ? On affrète un avion. On est en pleine saison des pluies, ce n'est pas possible. En fait, c'est moi qui ai vraiment forcé la main de l'assurance en leur disant Laissez-nous aller, nous, en voiture, traverser la frontière pour aller côté Malawi, parce que là, il y a un aéroport international. Et vous mettez un taxi qui m'attend, moi, de l'autre côté de la frontière, et mon mari m'a déposé à la frontière, je traversais à pied. Avec Augustin dans les bras, sans savoir sur plusieurs centaines de mètres s'il y avait bien le taxi qui m'attendait. Il faut se rendre compte, c'est vraiment la brousse. Donc ce taxi m'attendait miraculeusement. Et puis là, tout s'est enchaîné très vite parce que j'arrive à l'aéroport, on était en business, on est arrivé dans un hôpital luxueux de Johannesburg et il y est resté une semaine. ils n'ont jamais vraiment compris, mais les analyses sanguines sont redevenues presque normales, et on est entrés.

  • Speaker #1

    Et toi, tu as traversé, genre en pleine nuit, avec ton copain, mon épouse ?

  • Speaker #0

    Mon mari, vraiment, on a embarqué aussi l'autre, parce qu'on n'avait pas le laissé tout seul. Et là, on a basculé. C'est pour ça que c'est important de partir aussi avec une ONG qui a l'agrément du ministère des Affaires étrangères, qui est sérieuse, et qui a une vraie équipe. quand on part avec des enfants. Parce que quand tout va bien, tout va bien. Mais quand vous avez un vrai pépin de santé, moi, ils m'ont demandé à un moment donné est-ce que vous voulez qu'on vous rapatrie en France ? On a basculé en mode expat. Voilà, on était à la Zambienne, mais en cas de gros pépin, le monde est injuste, mais c'est ainsi. Nous, on pouvait être évacués en quelques heures et se retrouver dans un hôpital qui était vraiment le top niveau du métier occidental. Non.

  • Speaker #1

    T'avais confiance ?

  • Speaker #0

    Non, mon médecin, elle était furieuse. Mais j'ai coupé mon téléphone. Déjà, Johannesburg, c'est vraiment un endroit où on est extrêmement bien soignés, pour commencer. Et puis, j'étais déjà tellement loin de Guillaume et de mon deuxième fils que je... Non, ça n'avait aucun sens.

  • Speaker #1

    Mais t'as pas eu peur, parce que ça fait que deux mois que t'es là, tu te dis, merde, on a déjà une galère comme ça, on reste quand même.

  • Speaker #0

    En réalité, déjà, ça s'est pas reproduit. Donc, on reste... Après, il y a peut-être la théorie de l'engagement, une fois que tu as déplacé ciel et terre pour venir, et puis... t'as largué les amarres en partant donc tu reviens mais t'as pris une dispo de deux ans au boulot non t'as largué les amarres tu vas pas baisser les bras toi tu baisses pas beaucoup les bras on a quand même pu tester tu vois qu'en partant avec une ONG sérieuse on a quand même vu qu'en quelques heures on était évacués, c'est quand même très impressionnant parce qu'on était dans un endroit où ils étaient prêts à frêter un avion pour nous Donc on s'est dit, bon là, ok, on est d'une certaine façon en sécurité. Parce que l'endroit dans lequel on était, c'était très clair, un bras cassé, on était évacués. Même un bras cassé ne serait pas correctement soigné. Il faut vraiment se rendre compte. Pour trouver l'antibiotique... on est vraiment allé dans des magasins tenus par des indiens qui vendaient des produits vétos pour agriculteurs c'était des conditions sanitaires voilà donc on a vu en tout cas en cas de problème tu es pris en charge donc là il y a quand même disons un an qui se passe

  • Speaker #1

    tu rentres pas chez toi. En tout cas, t'as pas envie de rentrer en France ? Voir les gens que t'aimes, ta famille... Ça, c'est pas dur de pas rentrer chez soi ?

  • Speaker #0

    Non, j'ai pas trouvé ça dur. Alors, peut-être que ce qui a facilité les choses, c'est que la connexion Internet était très très mauvaise. Donc on n'avait même pas vraiment de Skype. Donc en fait, on était... partis, partis comme on aurait été partis dans les années 80. En réalité, c'était plus par téléphone qu'on pouvait joindre les gens. Mais nous, c'était avec des cartes, on devait aller faire plein de codes avant de... Non, non, non, ça coûtait une fortune pour le salaire qu'on avait. On avait 150 euros par mois. Donc on avait peut-être un coup de fil par mois. Donc on était vraiment coupés. Je pense que ça aurait été plus dur, les amis nous auraient plus manqué, si on avait eu régulièrement des Skype, des vidéos, des Zoom, comme on en aurait expat. Là, on était vraiment partis. Et puis on avait cette sagesse, on se rendait compte que ce serait trop dur de rentrer. Alors il se trouve qu'il y a eu une entorse à la règle, que mon frère s'est marié pendant ces deux ans, mais avec une Mexicaine. Donc il s'est marié à Cuernavaca, deux heures d'avion de Mexico. Et là, moi j'y suis allée. Mais ça m'a pris... J'ai fait 30 heures d'avion. J'ai fait un chipata à Lusaka, Lusaka-Johannesburg, Johannesburg-Dakar, Dakar-New York, New York-Mexico, Mexico-Cuernavaca. Je ne savais plus quel jour on était.

  • Speaker #1

    Toi qui viges, tu as même ta petite maison sans électricité le soir.

  • Speaker #0

    Exactement. Et donc, deux jours après, après ce voyage complètement fou, toute seule... Je me suis retrouvée dans une aquarnavaca qui était un endroit mille fois plus civilisé, avec des salles de bain en carrelage. des choses que je n'avais pas vues depuis un an. Des portes qui s'ouvraient toutes seules, comme ça, dans les aéroports, une nourriture occidentale. Je suis vraiment restée pour le mariage et repartie. Et c'était assez heureux, parce que c'est trop étranger. Je ne vois pas comment on aurait... C'était un bon conseil que nous avait donné l'ONG. Je ne vois vraiment pas comment on aurait pu passer une semaine dans nos familles, en Provence. Tu te rends compte aussi au retour, quand c'est difficile de raconter. Alors, c'était comme en Afrique. Je ne vois pas comment on aurait pu répondre à cette question avec un verre de rosé à l'apéro en repartant une semaine après. Ça aurait été très bizarre. C'était très bien de faire ces deux ans, rien de presse. Et puis, au retour, les bons gobins, tu as le temps de te revoir, de prendre le temps de débriefer et de raconter. Mais non, tu rentres dans des chaussures différentes. Tu ne peux pas les enlever et les remettre.

  • Speaker #1

    Mais alors que cette simplicité de vie, elle ne te pesait pas au quotidien quand tu étais en Afrique ?

  • Speaker #0

    Au tout début, c'est difficile. Il faillit anticiper 48 heures avant de boire ton verre d'eau.

  • Speaker #1

    Que tu devais avoir besoin d'oeuvre. Voilà.

  • Speaker #0

    Donc tous les jours, il y a un rituel. Tu t'occupes de l'eau. Voilà, donc tu es en flux. et puis ce que je disais tout à l'heure tu t'achètes ton lait, tu le fais bouillir c'est quand même une logistique, tu fais bouillir tes 10 litres de lait tu les reconditionnes donc au début c'est vrai que le quotidien est lourd mais il faut reconnaître que tu as plus de temps puisque tu ne sors pas le soir tu ne reçois pas, tu n'as pas de télé tu n'as pas d'internet chez toi parce qu'on en avait au bureau mais pas à la maison donc tu as plus le temps mais le quotidien est très très lourd, faire la cuisine est plus long et puis il y a des coupures d'électricité un jour sur deux tout est plus long, quand tu dois allumer des bougies, quand tu dois...

  • Speaker #1

    Toi, tu baisses jamais les bras en deux ans ?

  • Speaker #0

    Ah si, si. Alors là, c'est précieux d'être deux. De fait, l'ONG en question, Fidesco, fait partir les gens deux par deux, toujours. C'est-à-dire que on avait à deux heures de route, qui étaient les plus proches de nous, deux célibataires, un américain et un français, et c'est important d'être à deux. Parce que quand quelqu'un se flanche, un coup de mou, les choses s'équilibrent. et l'autre s'autorise à flancher. Les choses sont bien faites quand toi, tu t'es un peu retapé. Puis ça faisait du bien aussi de les voir, ces deux jeunes de 20 ans.

  • Speaker #1

    Oui, puis d'échanger sur votre expérience. Tu dis que vous n'aviez pas beaucoup de communication avec l'extérieur. Finalement, c'était eux votre extérieur.

  • Speaker #0

    C'était un peu, oui, notre famille locale. Et puis les autres volontaires de l'ONG étaient à 12h et 17h de route. On s'est quand même vus deux fois. Et là, c'était vraiment ressourçant. C'était génial. En plus, il y avait d'autres familles. Pour les enfants, ça a été vraiment des souvenirs mémorables et des amis qu'on a gardés pour la vie. C'était vu que deux fois là-bas, qui aujourd'hui sont des amis proches.

  • Speaker #1

    Ils ont des vacances pendant les deux ans, tes enfants ? Et toi aussi ? Oui,

  • Speaker #0

    à leur écoute de mémoire, on devait avoir, je crois, quatre semaines ou cinq semaines par an. et qu'on a prise pas forcément dans le même pays mais dans la même zone culturelle nous on avait le lac Malawi qui était à 2h30 de route on y est allé plusieurs fois et on avait un parc animalier à 2h de route dans lequel Guillaume gérait un hôtel pour locaux qui était l'un des assets du diocèse donc lui il y allait souvent et ce parc animalier là qui s'appelle Mfoué Park On y est allé, je pense, 4-5 fois. Je pensais que le safari, c'était vraiment pas mon truc au départ. Et en fait, ça a tout de suite été un émerveillement. Un émerveillement absolu. Ça a été magique. Et on pensait que des enfants de 3-4 ans, jamais on pourrait les faire partir en drive pendant 3 heures. Mais en fait, si. Ils étaient sages et restaient sages pendant trois heures. C'était sublime. C'était sublime et ça nous a fait aimer l'endroit. Et je pense que c'était l'une des raisons aussi pour lesquelles on nous conseillait de rester en vacances sur place. C'est qu'on apprenait à encore mieux connaître la langue, la culture, les paysages. Tu aimes encore plus l'endroit où tu es. Donc, tu sers à encore mieux ta mission, sachant que l'ONG pour laquelle on était, ça, c'était important. C'était des projets qui n'étaient pas portés par l'ONG. C'est une ONG qui sert d'intermédiaire au service de projets de pays du Sud. C'est-à-dire que ton employeur est toujours... un partenaire du Sud. Donc nous, on travaillait pour un diocèse dont l'évêque était Zambien, et notre boss, qui était le directeur financier, était Zambien. Tu te mets au service de projets locaux. Tu ne travailles pas pour une ONG française ou européenne.

  • Speaker #1

    Et tous les deux, vous avez parlé la langue avec Guillaume ?

  • Speaker #0

    Guillaume n'a pas trop fait l'effort. Moi, je l'ai fait...

  • Speaker #1

    Il devait être étonné, les gens, quand tout d'un coup, vous faites parler leur langue,

  • Speaker #0

    non ? Extraordinaire. Il y avait vraiment, je trouve, deux facteurs d'intégration. C'était le fait d'avoir fait cet effort-là, de parler la langue, qui en plus n'était pas si dur que ça, et en prononciation assez proche du français. Pour un français, quand tu le lis... tu es assez proche de l'apprentissage réel, plus que si j'avais été anglaise ou polonaise. Donc, c'est d'apprendre à faire cet effort-là, ce pas-là, et l'autre qui est un facteur d'intégration puissant, c'est les enfants. C'est-à-dire que quand on te rencontre, toi, la femme blanche, tu es blanc et l'autre est noir. et je me souviens de ces tout premiers regards quand on m'a vu avec mes enfants et où par exemple mon petit garçon de 2 ans avait fait pipi sur un mur, donc je le grondais et là il y a toutes les mamans autour qui sont mordues de te voir gronder ton enfant elles comprennent parfaitement ce qui se passe et là en fait tout d'un coup la barrière tombe et en fait t'es une mère et elles sont mères et là tout change en fait

  • Speaker #1

    Tu t'es fait des copines ?

  • Speaker #0

    Tout change. Je me suis fait des amis, même si le couvre culturel est fou, en fait, parce que tu n'es même pas sur ton alter ego dans le pays où tu es, parce que tu es vraiment dans un endroit qui est très reculé. Tu es juste quelqu'un de normal. Tu fais des courses comme les autres, tu cuisines, tu râles parce que tes enfants ont encore tout dérangé.

  • Speaker #1

    Tu vis ta vie, quoi.

  • Speaker #0

    Tu vis ta vie, en fait. Et puis, ta maison est au milieu des autres maisons. Donc, en fait... il voit bien qu'en fait toi aussi dans ton trou brûler ton truc, mon mari le week-end il était que sa bêche et puis il bossait quand je disais tout à l'heure je pense que ce qui reste c'est aussi ça c'est-à-dire que le blanc qui est derrière sa clôture avec du personnel etc là c'était aussi je pense que le fait d'avoir été comme ça au vu de tout le monde en vivant

  • Speaker #1

    Comme tout le monde, quoi.

  • Speaker #0

    Je pense que ça, c'était assez puissant.

  • Speaker #1

    C'est important pour toi ?

  • Speaker #0

    Oui, c'était hyper important pour moi. Et ça rendait d'ailleurs après, et c'est toujours le cas, difficile d'aller dans des pays... Ça peut paraître paradoxal, tu peux te dire, maintenant on a pris goût au voyage. En fait, ça a été l'effet inverse. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, j'aurais... Je casse la bague du goût au voyage, mais...

  • Speaker #1

    Non, mais c'est important. Aujourd'hui,

  • Speaker #0

    j'aurais beaucoup de mal à aller dans un pays du Sud pour dix jours, en fait. ça m'a inhibée là-dessus. Ça a rendu les choses plus difficiles. Je pourrais visiter des copains qui vivent là-bas, peut-être, ou y aller pour un mois, mais ça rendrait difficile un séjour de deux semaines...

  • Speaker #1

    De touriste.

  • Speaker #0

    De touriste. C'est plus facile pour nous de faire du tourisme dans des zones où, culturellement, on a des repères, comme l'Europe, parce que tu peux y passer plus rapidement, puisque tu as les codes et tu... tu piches plus rapidement. Oui,

  • Speaker #1

    puis tu te fonds dans la masse. Tu te fonds dans la masse.

  • Speaker #0

    Donc, en réalité, depuis, on a voyagé que dans des pays du Nord.

  • Speaker #1

    Alors, comment ça se passe, le retour ? Tu comptes les jours ? Quand tu sais que le... Je ne sais pas si tu es rentrée en juillet ou en août, tu te dis, le 30 juillet, tu sais que c'est fini. En fait, comment ça se passe, les derniers instants ?

  • Speaker #0

    On est rentrée en novembre.

  • Speaker #1

    Tu appréhendes ou tu es contente ?

  • Speaker #0

    Le retour est pire que le départ, pire que l'arrivée on va dire, parce que le départ était sympa, l'arrivée était dure au début, le retour est très dur, et tout le monde le dit, c'est vraiment le retour qui est le plus dur, pas simplement parce que ce qui était notre cas, moi j'avais plus de boulot, Guillaume a retrouvé son boulot, il l'avait finalement. gardé. Mais on a squatté dans l'appartement de maman dans le 15e pendant presque une année scolaire.

  • Speaker #1

    Déjà, tu as laissé cette chance à très haut.

  • Speaker #0

    Oui, mais trois générations, c'est un temps où tu es toi-même fragile. On a un enfant qui est rentré avec des bépins de santé. Le retour était vraiment dur. Il y a cette espèce de décollage complètement fou quand tu rentres. Alors l'Afrique, raconte-nous ! et là cette question elle est hyper dure parce que quand c'est à l'apéro et que t'as deux minutes pour répondre et que tu bottes presque en touche parce qu'il faut du temps tu vas pas non plus sortir tes photos tu vas pas non plus te lancer dans un récit qui dure des heures t'as

  • Speaker #1

    envie de raconter quand même ou finalement t'as envie de garder cette bulle pour vous un peu des deux par bribes quoi

  • Speaker #0

    parfois tu ressors un peu les mêmes platitudes parce que c'est pas le moment c'est pas l'endroit c'est pas des gens que tu connais bien voilà il faut soit du temps,

  • Speaker #1

    soit c'est par bribes et tes enfants comment ils remettent des chaussures et ils prennent le bus ça c'est très rigolo parce que

  • Speaker #0

    vraiment presque le lendemain de l'atterrissage. On était donc dans le 15e, je suis allée à la rue du Commerce pour leur acheter des chaussures. Dans la rue, ils ont eu envie de ramasser quelque chose qui était dans les caniveaux, donc à pleine main, ils ont pris dans leurs mains quelque chose dans les caniveaux.

  • Speaker #1

    Ce qu'ils faisaient depuis deux ans sans en faire.

  • Speaker #0

    Comme si c'était un ruisseau. Donc là, je... Non, non, non, ça, vraiment, c'est pas possible, on ne touche jamais à cette eau qui coule là, c'est vraiment très très sale, on n'y touche pas. On a acheté des chaussures qui faisaient mal aux pieds. Ensuite, on est allé au Square Saint-Léon. et c'est une place à Paris qui est carrée avec la route, les voitures garées, le bitume, une petite barrière en métal verte, comme il y a dans tous les squares parisiens, de la pelouse, une haie, et puis enfin le terre-plein central avec le parc. Et moi j'arrive sur la place avec mes enfants et là, ils font un azimut, ils enjambent la barrière, ils traversent la pelouse, ils se faufilent dans la haie et puis ils vont au toboggan. Là où tout petit parisien sans même y réfléchir cherche l'entrée du square et rentre par l'entrée du square. C'est des toutes petites choses, mais là, on se dit que c'est marrant.

  • Speaker #1

    Ils s'adaptent, ils font alors ce soir.

  • Speaker #0

    Ils vont reprendre des marques de petits parisiens. Et puis, quelque chose d'assez étrange aussi, c'est que mon maman était dans un immeuble au dernier étage. puis je ne les trouvais plus dans l'appart en fait ils étaient très naturellement en train de jouer dans la cage d'escalier au deuxième étage

  • Speaker #1

    Oui, puisqu'ils n'avaient pas de barrière avant

  • Speaker #0

    Non, et ne comprenant pas du tout l'idée de chacun chez soi et puis que les parties communes, c'est en fait pas des parties communes c'est des parties de passage mais personne ne s'y tient, et dans un immeuble où les gens en plus, dans l'immeuble de maman, les gens ferment quand ils entendent que quelqu'un vient, ils ferment vite leurs portes pas trop un immeuble où en plus on se on échange, et donc là il a fallu leur expliquer que non, non Il y a un jardin dans l'immeuble, il y a une belle cage d'escalier, mais qu'il n'est pas question de s'y asseoir, de s'y tenir. Et que la porte d'entrée de l'appartement, tu ne la franchis pas tout seul à 4 ans. Et puis je me souviens de coups de blouse, des enfants qui étaient tristes d'être rentrés, d'avoir perdu leurs amis, d'arriver dans des écoles un peu tristounes. Et je me souviens de mon aîné au moment du bain qui pleurait, qui me disait Mais ici, c'est vrai que c'était le mois de novembre, tout est triste, il pleut. et me disait-il même les arbres sont en cage parce qu'apparaît à l'époque tous les arbres étaient je sais pas si vous vous souvenez grillagés, il y en a moins maintenant mais même les arbres sont en cage

  • Speaker #1

    Et là, tu ne te dis pas on repart ? C'était sûr, vous aviez fait vos deux ans. Qu'est-ce que tu te dis ?

  • Speaker #0

    Alors déjà, l'ONG pour laquelle on travaillait généralement refuse.

  • Speaker #1

    Que tu repartes ?

  • Speaker #0

    La prolongation. Ah ouais, quand on la demande sur place. Parce que c'est le contrat, il te dit si tu veux repartir, tu rediscernes et tu repars. Mais tu as discerné pour deux ans. C'est un peu la voie de la sagesse. Au début, on faisait un peu les rebelles, mais en réalité, tout ce qu'ils nous ont conseillé était assez ajusté. est bon pour nous et pour la mission. On n'était pas partis sereins en plus sur la mission du handover là sur place. Mais à un moment, il s'est le deal. On lâche, on s'est engagés pour deux ans. De toute façon, Guillaume, à son employeur, n'aurait pas fait plus que 24 mois, donc il fallait vraiment y retourner. Y retourner, non. On est dans la réadaptation.

  • Speaker #1

    Ta vie, elle est ici.

  • Speaker #0

    Il faut recommencer notre vie ici. Il faut recommencer notre vie ici. Il faut la réécrire. Et puis, en étant les mêmes et en étant différents, les deux en même temps, tu n'es pas... Guillaume, d'ailleurs, il était effondré. Il me disait, moi, c'est terrible, au bout d'un mois de boulot.

  • Speaker #1

    Tu as tout repris, en fait.

  • Speaker #0

    J'ai tout repris, la même vitesse, la même impatience, alors que là-bas, on était capable d'attendre immobile.

  • Speaker #1

    Oui, on est vite rattrapé, en fait.

  • Speaker #0

    T'es assez vite rattrapé, ouais. Surtout, mais tu reprends de mauvaises habitudes. Mais non, non, il faut s'accrocher. Il faut retrouver un nid, retrouver un boulot, retrouver... tes amis et continuer parce que nous, on appartenait à cette vie-là. Donc, non, non, c'est des biens.

  • Speaker #1

    Donc, tu fais d'autres enfants, alors ?

  • Speaker #0

    Et ouais, j'ai fait deux autres enfants.

  • Speaker #1

    Ah, dans ce projet,

  • Speaker #0

    magnifique. Ça met un peu de temps, mais on a eu du mal. Mais on a réussi à en faire deux autres qui n'ont pas connu cette... pas partagé cette aventure, mais qui en ont toujours entendu parler. Je pense que c'est quand même dans l'histoire de ces deux derniers-là, bien qu'il ne l'ait pas vécu.

  • Speaker #1

    Et les grands, tu as l'impression que ça leur a quand même mis des graines ? C'est des enfants plus tolérants, plus cools, qui vont plus vers les autres ou pas ?

  • Speaker #0

    Je dirais que ce qui reste, et c'est... Ils disent avoir des souvenirs tous les deux, surtout l'aîné. le plus jeune aussi, mais je pense que c'est plus des souvenirs de rapporté, de seconde main. Je pense que ce qui reste, c'est quand même que, en tout cas j'espère, dans les ados qui sont aujourd'hui et les adultes qui seront demain, que c'est possible, que tu peux sortir de la route, que tu peux faire des choses qui ne sont pas écrites d'avance, que tu peux peut-être avoir moins peur de l'inconnu. Je me dis que ça, oui, je pense que ça,

  • Speaker #1

    j'espère que c'est possible,

  • Speaker #0

    que les choses sont possibles. Et puis, voilà, et puis que... la force du groupe aussi j'ai trouvé que le fait de partir en groupe parce qu'on est un petit groupe est assez épuissant et alors pour conclure parce que tu nous l'as dit avant et je trouve ça super intéressant

  • Speaker #1

    Tu n'es pas reparti avec quatre enfants, vous n'avez pas refait le même chemin, mais tu as quand même un peu ouvert ta porte vers l'extérieur. Donc raconte-nous comment tu fais aujourd'hui pour offrir cet ailleurs à tes enfants et à ta famille d'ailleurs, sans repartir.

  • Speaker #0

    Dix ans après être rentrée, donc en 2020, on s'est dit, ça fait déjà dix ans, il faut que... Il faut qu'on ait un autre grand projet. Pour le coup, on a repensé à un voyage. On s'est dit pourquoi pas prendre un bateau, faire le tour de la Méditerranée. On a ouvert d'autres portes, mais finalement on s'est dit non, maintenant qu'on a quatre enfants, des enfants qui ont leur vie sur place, c'est trop lourd, on partira pas. Et puis est venu à nous un autre projet qui était que si on partait pas à l'étranger, l'étranger pouvait venir à nous. sens propre du terme, et on a entendu parler d'une association qui s'appelle JRS, Jésus de Réfugiés Service, qui propose d'accueillir sur une durée de 4 à 6 semaines, aux dates qu'on choisit. des réfugiés qui par ailleurs sont pris en charge par l'association sur toute la partie administrative, réinsertion professionnelle, juridique, demande d'asile, etc. et même activités de jour. Et donc on donne nos dates et on accueille sur des périodes d'un mois et demi. des gens qui viennent du bout du monde, et qu'on a, un peu comme on n'avait pas choisi notre destination avec Fidesco, là c'est pareil, hommes, femmes, 20 ans, 40 ans, on a eu un Tibétain, une Congolaise, un jeune homme du Bangladesh, un Irakien, et là, c'est quelqu'un qui vit chez nous, qui ne prend ses repas le soir avec nous, et qui est un petit bout du monde, de l'autre bout du monde à la maison.

  • Speaker #1

    J'aurais tellement aimé être ton enfant Marie

  • Speaker #0

    Ton enfant bouger de notre banlieue parisienne et de notre maison familiale finalement c'est quand même un voyage

  • Speaker #1

    Ils sont fiers de toi tes enfants ? ça je ne le sais pas tu ne leur as jamais demandé ?

  • Speaker #0

    non je ne leur ai jamais demandé et quand ils ont grandi,

  • Speaker #1

    quand vous en avez reparlé ils t'ont remercié de leur avoir offert cette expérience ou même aujourd'hui qu'ils sont ados ils sont hyper heureux je ne sais pas s'ils le voient comme quelque chose qu'on leur a offert mais pour eux c'est dans la boîte à trésors c'est dans leur histoire c'est une richesse super merci beaucoup C'est la fin. Merci mille fois de nous avoir écoutés jusqu'au bout. J'espère que vous aussi, vous avez voyagé. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à nous laisser 5 étoiles sur Apple Podcasts et un petit commentaire. On attend avec impatience vos retours et vos impressions. Et si vous aussi, vous avez envie de nous raconter un extraordinaire voyage ou une aventure au bout de votre rue, envoyez-nous un petit message sur Instagram. À très vite. Merci et à bientôt.

Description

Marie et sa famille décident un jour de couper avec leur confort parisien pour vivre une grande aventure en famille.

Mais pour Marie il faut qu'il y ait du sens, un but. Elle opte pour la mission humanitaire.


Il faut alors trouver la bonne ONG qui les encadrera et qui acceptera de les faire partir avec des petits de 2 et 3 ans.

S'en suit 1 an de formation de suivi pour vérifier que la tribu est bien prête, un appart a rendre, des boulots a quitté 

Et puis un jour alors qu'ils ont tout lâché, ils apprennent leur destination.


Ce sera la Zambie, un des pays les plus pauvres du globe. Pendant 2 ans. Sans retour en France possible.


Marie et sa famille posent leur valise dans une toute petite ville avec une route goudronnée et un unique feu de signalisation. Pour Beau Voyage elle nous raconte son année de préparation, le grand départ et son arrivée sur place. Elle nous raconte l’arrivée de ses enfants dans la petite école du coin, et ses grands bonheurs. La bas, pas d’eau potable, pas de TV et pas grand chose à part la nature.


Il faut apprendre à élever ses enfants différemment, retrouver du temps long et cultiver son jardin. C’est un peu fou.

Elle nous a parle aussi de Sa mission sur le terrain, sa vie de famille un peu chamboulé et le difficile retour à la normale avec des enfants qui ont vécu 24 mois en liberté et en autonomie.


On a adoré cet épisode et on espère qu'il vous plaira tout autant !


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Production : Sakti Productions

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Ecrivez-nous : mariegarreau@saktiproductions.com


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Transcription

  • Speaker #0

    Le décollage, Guillaume et moi, on a vécu comme vraiment, on se tient tous la main. Et puis vraiment, ce décollage m'en souviendrait toute ma vie. C'était vraiment magique. On décollait pour Addis Abeba, en Éthiopie, et puis après on avait un autre vol. C'était un voyage qui était déjà en soi assez long pour aller jusqu'à Shimata. Et puis voilà, après ça c'est le décollage. L'arrivée était terrorisante, c'est trop fort. Comme on ouvrait une mission, il n'y avait personne pour nous dire ce qui nous attendait.

  • Speaker #1

    Comment ça se passe quand tu arrives à l'aéroport alors ?

  • Speaker #0

    C'est complètement dingue, on cherchait une pancarte. Et puis c'est l'Afrique, ça a commencé tout de suite. On nous a dit, voilà, votre maison n'est pas prête, elle sera prête dans deux mois et demi. Destination, let's go where the river's taking us.

  • Speaker #1

    Bonjour, c'est Marie et vous écoutez Beau Voyage. De l'ascension du Mer Apique au Népal, au Tour du Monde en famille, du road trip au Chili au bivouac en Inde dans les Pyrénées, vous entendrez des hommes et des femmes qui partagent leurs aventures hors des sentiers battus, des aventuriers ordinaires qui vous racontent leurs aventures extraordinaires. À deux ou en tribu, à l'autre bout du monde ou en bas de chez eux, avec trois sous ou en claquant leur PEL, ces voyageurs nous confient leurs histoires, leurs galères, leurs bons plans et leurs coups de cœur. Sur Beau Voyage, nous allons vous prouver que l'aventure est partout et à la portée de tout le monde. Alors montez le son et venez rêver avec nous. Marie a un mari et deux enfants. Et un jour, elle décide de couper avec son confort parisien pour vivre une grande aventure en famille. Mais pour elle, il faut qu'il y ait du sens, un but. Alors, elle opte pour la mission humanitaire. Mais finalement, pas si simple de trouver la bonne ONG qui les encadrera et qui acceptera de les faire partir avec des petits-enfants de 2 et 3 ans. Une fois qu'elle a trouvé, s'en suit une formation de suivi pour vérifier que la tribu est bien prête. Un appart à rendre, des boulots à quitter, et ils ne connaissent toujours pas leur destination. Et un jour, alors qu'ils ont tout lâché, ils apprennent qu'ils vont partir en Zambie, un des pays les plus pauvres du globe, pendant deux ans, sans retour en France possible. Marie et sa famille posent leur valise dans une toute petite ville, avec une seule route goudronnée et un unique feu de signalisation. Pour Beau Voyage, elle nous raconte son année de préparation, le grand départ et son arrivée sur place. Elle nous raconte l'arrivée de ses enfants dans la petite école du coin et ses grands bonheurs. Là-bas, pas d'eau potable, pas de télé et pas grand-chose à part la nature. Il faut apprendre à élever ses enfants différemment, retrouver du temps long et cultiver son jardin. C'est un peu fou, même totalement fou. Elle nous parle aussi de sa mission sur le terrain, sa vie de famille et le difficile retour à la normale avec des petits qui ont vécu 24 mois en liberté et en totale autonomie. On dit Marie ou on dit Marie-Emmanuel ?

  • Speaker #0

    Marie, parce que sinon...

  • Speaker #1

    Donc Marie, Marie et Marie sont dans un bateau, lundi matin. Bonjour Marie.

  • Speaker #0

    Bonjour Marie.

  • Speaker #1

    Je suis ravie de te recevoir parce qu'on se connaît déjà un peu et j'ai trop envie d'écouter ton histoire. Donc déjà, est-ce que tu peux te présenter pour nos auditeurs ?

  • Speaker #0

    Je m'appelle Marie, j'ai 45 ans. Je suis mariée à Guillaume et en ce moment je suis mère au foyer. J'ai quatre enfants et on vit en banlieue parisienne.

  • Speaker #1

    Et tu vas nous raconter une belle aventure. Est-ce que toi déjà, tu es une grande voyageuse ?

  • Speaker #0

    Je l'étais quand j'étais plus jeune que maintenant, étudiante. J'ai beaucoup voyagé, et même seule. donc j'ai voyagé en Asie plusieurs fois en Inde, dans l'Amérique du Sud et puis après je me suis mariée, j'ai commencé à bosser et là on voyageait presque plus Mais un jour vous décidez de faire un grand voyage Et un jour on se rend compte que les choses s'enchaînaient année après année, après le collège et le lycée après la prépa, après l'école, après le premier boulot on se marie, on a un enfant, on a deux enfants tout était sur des rails et puis on a eu envie d'une aventure de sortir de... des chemins tracés et de partir ensemble. On avait deux enfants de 2 et 3 ans, deux petits garçons, tous les deux des boulots stables, qui nous plaisaient d'ailleurs plutôt. On s'était dit que c'était probablement trop tard pour partir avec une ONG, maintenant qu'on avait des enfants, et puis on nous a dit qu'il y avait quelques associations qui acceptaient de prendre le risque de faire partir des familles. Donc on s'est renseigné, on cherchait un projet où on puisse tous les deux travailler. Parce que la plupart du temps, si on part avec une ONG, c'est que l'un des deux a un job. Et que donc l'autre part avec un statut de conjoint d'expat. Et donc l'idée, c'était qu'on ait chacun une mission. Qu'on puisse partir avec les enfants. Et donc il n'y avait pas beaucoup d'assauts qu'ils proposaient. Il y en avait deux, trois. Et on a postulé. Ça a été un cheminement d'un an de discernement et de recrutement et de formation.

  • Speaker #1

    À partir du moment où vous vous êtes dit un soir, on fait une aventure, il y a eu un Ankem.

  • Speaker #0

    Il y a déjà eu une discussion à deux parce que l'idée venait de moi. C'était l'été et moi, je suis comme ça, un peu tout feu, tout flamme. Je lance des idées. Après, je peux m'essouffler. Mon mari, c'est l'inverse, c'est un diesel. Il est très régulier et très constant. Donc lui, ça a mis un peu... plusieurs mois à cheminer pour que ça lui paraisse envisageable. Je pense qu'il avait peut-être plus de craintes aussi par rapport à sa vie professionnelle. Il est un peu plus âgé que moi, donc il était déjà plus avancé, il n'avait plus à perdre, on va dire. Donc il a déjà fallu le convaincre. Et une fois qu'il a été convaincu, on est allé ensemble un week-end de découverte. Et on est rentré vraiment emballé en se disant, on se sent vraiment, on sent que c'est pour nous et que c'est maintenant. et que ça veut rendre heureux et qu'il faut le faire.

  • Speaker #1

    Et vous vous êtes jamais dit on se fait un tour du monde, un voyage, etc. Dès le début, votre idée, c'était quand même d'aller servir et de faire un voyage humanitaire avec un but.

  • Speaker #0

    On a pensé au voyage autour du monde et en fait, c'est vraiment propre à chacun, mais on n'y a pas vu de sens dans le sens direction, but, vers lequel on tend. C'est-à-dire qu'on se sentait appelés. C'était vraiment l'impression qu'on avait. Et donc on se disait qu'il y avait forcément un endroit qui nous attendrait pour nous, et où ça aurait du sens qu'on soit là.

  • Speaker #1

    Et se sentir utile quand même.

  • Speaker #0

    Et puis je crois qu'on avait aussi envie de s'installer quelque part, et pas de voyager. Je pense qu'on avait envie d'aller ailleurs, mais de s'installer ailleurs, pas de passer ailleurs. Et donc c'était très important pour nous que ce soit un peu long, et que ce soit dans un seul endroit. et c'était tellement le cas que l'ONG avec laquelle on est partis nous demandait de ne pas rentrer pour les vacances de nous engager pour deux ans et de ne jamais rentrer en France pendant les deux ans et plus que ça, ils nous conseillaient après on est majeurs, on fait ce qu'on veut de ne même pas quitter la zone culturelle dans laquelle on était pendant deux ans Donc on n'est pas allé dans des destinations un peu de rêve, qui étaient finalement accessibles dans tous les sens du terme, en avion et financièrement pour nous, avec nos économies. On est vraiment resté dans une zone culturelle d'Afrique australe pendant deux ans.

  • Speaker #1

    Donc vous avez trouvé l'ONG, vous êtes parti avec qui ?

  • Speaker #0

    On est parti avec une ONG qui s'appelle Fidesco, qui fait partir 120 volontaires par an à peu près, dont beaucoup de volontaires ont des profils plutôt profession médicale, d'accordeur à médical, mais Guillaume, lui, travaille dans la construction. Et moi, j'étais chef de produit, donc j'avais une compétence à la fois vague et tout terrain de chef de projet. Donc, je pouvais aussi trouver une mission qui corresponde à mes compétences. Et Fidesco propose un parcours d'un an où il y a entre deux et trois semaines de formation, discernement.

  • Speaker #1

    Ça, ça sert à quoi ? C'est pour voir si vous êtes prêts à partir ?

  • Speaker #0

    C'est pour que nous, on pose un choix qui soit vraiment... ferme de notre côté, parce que partir deux ans sans retour, ça veut dire que la plupart du temps, on pose une démission, on rend un appart. où on le vend, vraiment, on largue les amarres. Et puis, si on le fait avec des enfants, il faut que le choix soit bien mesuré. De leur côté à eux, ça peut être go-no-go, c'est-à-dire qu'on a quand même un entretien avec un psychologue, il vérifie qu'on n'est pas dans la fuite. Je n'aime pas mon métier, mon couple capote, je me sens fragile. Donc, eux, eux, ils essayent quand même de débusquer. de mauvaises raisons de partir. Vérifier qu'on parte pour des raisons positives et pas pour fuir. Pas pour fuir notre vie. Donc, il y a un discernement de leur côté et du nôtre. Et puis, il y a un moment, au bout de quelques mois, où c'est go, no go des deux côtés. Et une fois qu'on a dit go, no go, on ne sait toujours pas où on part.

  • Speaker #1

    Et tu as fait quand même un choix sur la map monde ou même pas du tout ? Le monde entier est ouvert ?

  • Speaker #0

    Absolument aucun. C'est-à-dire que tu donnes ton go et c'est un mois et demi après, il y a le week-end qu'on appelle l'affectation des démissions. et c'est à ce week-end-là que tu apprends où tu vas. Donc on va ce week-end, nous la blague, c'est qu'il y avait quelques personnes qui n'ont pas été affectées ce week-end-là, dont nous, je pense qu'ils attendent encore les réponses. Donc là vraiment, c'était un peu dur pour nous, parce qu'on avait annoncé à nos employeurs, moi j'avais des messieurs, enfin vraiment, on avait commencé déjà à larguer des amarres, et on ne savait toujours pas. Donc nos familles trouvaient ça vraiment assez folclore, et on l'a su vraiment début juillet. Alors qu'on devait partir fin août. En fait, la mission était aussi... On ouvrait une mission. Donc, eux-mêmes, de leur côté, les partenaires n'étaient pas prêts. Donc, finalement, on est partis en octobre. Et donc, on nous a annoncé par téléphone, quelques semaines après ce week-end, qu'on partait en Zambie.

  • Speaker #1

    Tu savais le placer sur la carte ?

  • Speaker #0

    Alors... Je suis pas trop mauvaise en géographie. Mais alors là, Gambie, Zambie, Zimbabwe, je vois une bête là. C'est un pays d'Afrique australe qui est au sud du Congo, au nord de l'Afrique du Sud, qui est enclavé, donc sans accès à la mer, qui est l'ancienne Rhodesie pour les Anglais. Donc les Anglo-Saxons connaissent plus. C'est l'Afrique anglophone. La bonne nouvelle, c'est que c'est un pays où nous, on déteste la chaleur. On ne supporte pas, sous la Loire, en juillet-août, on ne supporte pas. La bonne nouvelle, c'est que c'est un pays de haut plateau. Le climat est divin, entre 20 et 30 degrés toute l'année. Voilà, la mauvaise nouvelle, c'est que... C'est très loin. C'est vraiment un des pays les plus pauvres du globe. Mon mari avait 38 ans au départ et l'espérance de vie en Zambie, quand on est parti, était de 39 ans. Donc là, quand on lit le chiffre, on se dit non, c'est pas possible. Enfin, on était en 2010 et en fait, c'est un des pays qui était le plus durement frappé par le sida. Donc, il y avait un taux de prévalence de 25 c'est-à-dire un adulte sur quatre qui est porteur du virus. Et donc, c'est un pays qui a été gravement touché économiquement, parce qu'en réalité, c'est vraiment toute la... toute la tranche d'âge productive qui est touchée par la maladie. Donc c'est au-delà du désastre sanitaire, c'est un désastre économique, parce que le pays s'est considérablement appauvri, il avait le même PIB que le Portugal. dix ans avant.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Et donc voilà, c'est vraiment un pays très très très très pauvre. Et puis on partait pas du tout dans la capitale, on partait dans la huitième ou dixième ville du pays.

  • Speaker #1

    Et tu partais faire quoi ?

  • Speaker #0

    Alors on ouvrait une mission qui existait déjà dans d'autres régions de Zambie, avec cette même ONG, qui s'appelle le Bureau des Projets. On travaillait pour un diocèse catholique. Alors, il faut savoir que dans Zambie, comme dans beaucoup de pays d'Afrique, les services publics sont complètement défaillants. C'est les États qui sont pauvres. Donc en fait, les églises portent les hôpitaux et les écoles. Le système éducatif, le système de santé sont beaucoup portés par des églises locales. Et donc le diocèse de l'Eastern Province, qui était diocèse de Chipata, là où on était donc affecté, avait une vingtaine d'écoles, et quatre gros hôpitaux et beaucoup de dispensaires. C'est une région qui fait 600 km de long, 150 km de large, avec une seule route goudronnée. La ville dans laquelle on était, il y a un feu rouge qu'ils appelaient The Robot. Donc on ouvrait le bureau des projets qui avait comme double mission de récolter de l'argent, de trouver des fonds, donc d'écrire à des bailleurs de fonds pour lever des fonds pour des programmes de nutrition, de construction, des programmes mère-enfant pour le SIDA, campagne de vaccination. Et de l'autre côté, c'était plus le boulot de Guillaume, c'était d'aider le diocèse à avoir plus de fonds propres en développant des petits business. Donc avec comme objectif à plus long terme d'être le plus sustainable possible, pour qu'ils aient leurs propres ressources pour être de moins en moins dépendants de bailleurs de fonds étrangers. Donc mon boulot à moi, c'était d'écrire des propositions, des proposals pour obtenir de l'argent. d'écrire les rapports narratifs et financiers en fin de projet, et d'aller beaucoup sur le terrain pour visiter les projets, pour vérifier que ça se passe bien, que l'argent est dépensé comme il le doit, pour prendre des photos, pour suivre les projets. Donc j'avais beaucoup de déplacements, donc dans ce territoire, vraiment une seule route goudronnée, sachant qu'il y a quatre mois de saison des pluies, où les routes sont très très très difficilement praticables. Donc ça c'était l'éclat, parce que je partais vraiment avec un 4x4 pourri.

  • Speaker #1

    C'est toi qui conduisais ? Oui,

  • Speaker #0

    bien sûr. Donc un 4x4 pourri et vraiment à l'aventure. Et c'était grisant, vraiment. C'était passionnant parce que là, je partais seule et pour aller visiter des hôpitaux, des écoles.

  • Speaker #1

    Tellement, tellement. Qu'est-ce que vous faisiez avec les enfants ?

  • Speaker #0

    Alors les enfants, ils étaient avec d'énormes guillemets à l'école le matin. Donc l'école maternelle, où il y avait un crayon pour 30 enfants. Donc le matin, ils étaient à l'école et l'après-midi, on avait une nounou qui venait les récupérer lors du déjeuner. Nous, on rentrait à déjeuner à la maison. et l'après-midi, celle qui les gardait.

  • Speaker #1

    Mais on est resté au coup de fil de Zambie quand même, parce que j'attends. On te dit, vous allez aller en Zambie, vous allez partir, tu raccroches. Est-ce que là, l'association, elle te prépare un peu ? Tu as justement un brief sur la Zambie, où en est la Zambie, comment ça se passe la vie là-bas, etc. Ou là, c'est toi et Guillaume qui êtes allés un peu chercher des infos sur tout ça ?

  • Speaker #0

    Non, tu n'as pas de brief sur le pays même. En revanche... dans le cadre des formations qu'on a eues, il y avait quand même eu plusieurs semaines, on a quand même beaucoup de jeux de rôle, des topos sur l'inculturation, donc on a quand même beaucoup parlé de l'Afrique, il y avait quand même des choses auxquelles on était préparés culturellement, même si le choc est immense, mais sur le rapport au temps, les rapports sociaux, la vision du couple, de la famille, il y avait quand même des choses qu'on avait un peu défrichées, et après il y a toute une partie très pratique, parce qu'en réalité avant de partir, on est sur des choses très terre-à-terre, on part avec chacun 23 kilos.

  • Speaker #1

    Pour les enfants aussi ?

  • Speaker #0

    Pour les enfants aussi.

  • Speaker #1

    Donc chacun 23 kilos, ok ?

  • Speaker #0

    Donc il faut faire la valise, parce que tu ne reviens pas pendant deux ans.

  • Speaker #1

    Tu t'engages à ne pas revenir ?

  • Speaker #0

    Tu t'engages à ne pas revenir, et on l'a fait. Donc tu ne reviens pas, et donc il y a la valise, qui est un vrai sujet, qu'est-ce que j'emporte ? On a rapidement compris qu'il allait falloir trouver un moyen de se faire envoyer des livres, parce que c'est vraiment la chose introuvable là où on allait, a fortiori en français. On a un ami libraire, qui avait d'ailleurs une librairie sur l'Afrique, dans le cinquième là où on habitait, qui a pu nous envoyer un gros colis. Donc on a mis tous les livres à part. Donc ça déjà, ça te dégage beaucoup de poids. Dans ta valise, tu mets un peu de vêtements, tu mets des chaussures, et tu mets des médicaments. Et moi j'ai embarqué... trois objets de cuisine, un robot plongeur qui faisait tout.

  • Speaker #1

    Tu as pris un robot plongeur ?

  • Speaker #0

    J'ai pris un robot plongeur, un truc à 25 euros, Moulinex, qui faisait la soupe, les blancs, à choix.

  • Speaker #1

    Super idée,

  • Speaker #0

    j'adore. Et la glace. J'avais quatre petits tambours, donc c'était tout petit. J'ai pris l'économe, tu sais l'économe rouge pour les tomates, parce que du coup ça pouvait me servir à tout, parce qu'il y a des histoires de parasites qui se mettent dans la peau, donc là tu peux éplucher. Et j'ai pris un thermomètre culinaire. figure-toi, parce que comme il n'y a pas vraiment de chaîne du froid, on faisait nous-mêmes nos yaourts. Donc je suis partie avec ces trois petits objets-là, qui ont été extrêmement... Donc ça,

  • Speaker #1

    c'est quoi ? C'est indispensable à partager ?

  • Speaker #0

    Voilà, il y a un truc de moins glamour, c'est le bas en nylon, qui sert à faire du fromage, avec du lait. Ça, c'est pas très lourd. Donc on est partie avec quelques objets de cuisine, quelques produits aussi d'hygiène-beauté, parce que c'est pareil.

  • Speaker #1

    tu trouverais pas.

  • Speaker #0

    C'est bête, mais en fait, ta crème de jour, t'en prends plusieurs.

  • Speaker #1

    Mais c'était quoi ton plan pendant deux ans ? C'est qu'on allait t'envoyer des trucs où tu te dis, on trouvera le reste sur place ?

  • Speaker #0

    On a eu quelques colis, mais en réalité, la poste était à la fois très longue et hasardeuse. C'était vraiment six bonnes semaines. Donc, les choses arrivaient souvent en bon état en étant passées dans des entrepôts surchauffés. Oui. Donc, il n'y a aucun vol direct. Donc, de toute façon... Du clic. Quelques envois de nourriture qui ont été tentés n'étaient pas tous très très concluants. Tu vois un saucisson qui a passé six semaines dans le pot,

  • Speaker #1

    c'est pas les déroulants. C'est mieux un livre. C'est mieux un livre.

  • Speaker #0

    C'est mieux un livre.

  • Speaker #1

    Et pour les enfants, les indispensables, alors qu'est-ce que tu as pris ?

  • Speaker #0

    C'est un très bon point. Pour le coup, là, les livres, on était très contentes de pouvoir lire avec beaucoup de livres d'enfants. parce que là-bas, on s'apprêtait à passer presque deux ans sans jouets. Donc on s'est autorisé les gros Legos pour le plus jeune et les petits Legos pour le plus grand. Et après, tu découvres sur place que tu peux faire un ballon de foot avec des sacs plastiques. Avec des sacs plastiques, tu fais beaucoup de choses, un cerf-volant. Et vraiment, ça pour le coup, c'était une fausse inquiétude parce que deux, trois ans, quatre et cinq au retour... Ils ramassaient n'importe quoi par terre, ils fabriquaient, ils ramassaient, ils bricolaient, ils étaient en bande d'enfants. C'est nu, ils s'éclataient, ils n'avaient vraiment pas besoin, là pour le coup, vraiment pas besoin de jouets.

  • Speaker #1

    Ils n'avaient besoin de rien en fait.

  • Speaker #0

    De livres, oui. En tout cas, selon nos standards à nous, ils avaient besoin de livres.

  • Speaker #1

    Et les vêtements ?

  • Speaker #0

    Et les vêtements, je sais quelles marques avaient de bonnes qualités parce que je suis revenue avec très très très peu de vêtements. tu termines les vêtements avec lesquels tu es partie et après tu achètes soit des vêtements made in China bas de gamme sur place, sur les marchés soit tu trouves des vêtements d'occasion de marque occidentale qui revendent les marchés aussi tu retrouves des trucs que tu aurais pu toi donner l'année d'avant donc là tu as 4 sacs de 23 kilos tu as 4 sacs de 23 kilos et tu mets toutes tes affaires dans des cartons.

  • Speaker #1

    Tu les as mis où, toi ? Un dépôt meuble ?

  • Speaker #0

    Un mix de chambres de service chez maman, de caves de voisins. On a un peu éparpillé.

  • Speaker #1

    Et tu laisses tout ? J'imagine que tu laisses aussi tes bijoux, tous tes petits trucs, tu laisses tout.

  • Speaker #0

    Tu pars avec ton alliance.

  • Speaker #1

    Comment ça se passe quand tu montes dans cet avion ?

  • Speaker #0

    C'est génial, c'est complètement dingue. Déjà, nous, on avait fait un truc assez marrant, c'est qu'on s'est fait un resto étoilé quelques heures avant le vol, habillée vraiment en treillis, en t-shirt, après avoir largué tout, tout, tout. dis au revoir c'est des détails mais tu vis ta cuisine tu vis tous tes placards de produits de beauté tu distribues tout t'as plus besoin de rien c'est génial t'es hyper léger donc la sensation de légèreté est grisante et puis le décollage de l'avion c'est vraiment un moment dont je me souviens les enfants étaient un peu trop petits pour ils ont compris la chose ils ont compris non je pense qu'ils n'ont pas compris ils étaient vraiment trop petits et d'ailleurs quand c'est devenu les premiers mois ont été durs je pense qu'il y a eu dans leur tête quand même le... Parce qu'on s'est mis dans... dans cette situation-là, même si c'était incapable de le verbaliser comme ça, mais en tout cas le décollage ah oui Guillaume et moi nous on a vécu comme vraiment, on se tient tous la main et puis on est sur le plongeoir et on y va. C'était vraiment ce décollage, je m'en souviendrai toute ma vie c'était vraiment magique. On décollait pour Addis Abeba en Éthiopie et puis après on avait un autre vol. C'était un voyage qui était déjà en soi assez long pour aller jusqu'à Chimata et puis voilà, après ça c'est le décollage, l'arrivée était... Terrorisante, c'est trop fort. Mais comme on ouvrait une mission, il n'y avait personne pour nous dire ce qui nous attendait.

  • Speaker #1

    Comment ça se passe quand tu arrives à l'aéroport ?

  • Speaker #0

    C'est complètement dingue. On cherchait une pancarte. Puis c'est l'Afrique, ça a commencé tout de suite. On nous a dit, votre maison n'est pas prête, elle sera prête dans deux mois et demi. Donc vous serez en coloc avec des jeunes d'Engineer Without Borders. le G chez d'autres, une famille italienne.

  • Speaker #1

    Mais d'autres missionnaires ?

  • Speaker #0

    Mais qui n'étaient même pas du tout de la même ONG, donc en coloc, alors qu'on était déjà une petite famille. Mais alors ça, il faut être prêts.

  • Speaker #1

    Il faut être prêts.

  • Speaker #0

    Les débuts étaient vraiment durs. Parce que professionnellement parlant, notre job description, c'était à peu près tous les problèmes que le diocèse avait rencontrés depuis dix ans avec aucune ressource en face. Moi, j'ai plus perdu pied. Et Guillaume, qui avait huit ans de plus, qui avait plus de bouteilles, m'a dit au bout d'un moment, bon, écoute, on va manager, mais...

  • Speaker #1

    Je vais m'occuper de toi.

  • Speaker #0

    On va reprendre un peu ensemble tous les projets qu'on a. On va commencer quelque part, mais on ne peut pas prendre sur nous. On va commencer modestement par ce qui est à la fois le plus urgent et le plus dans nos cordes. Donc, le début au boulot, moi, je trouvais ça très, très, très dur.

  • Speaker #1

    T'avais un lieu ? T'avais un bureau ?

  • Speaker #0

    On avait quand même un bureau.

  • Speaker #1

    Donc le matin, t'allais vraiment à ton bureau ?

  • Speaker #0

    Donc on allait vraiment à un bureau le matin. On quittait des jobs dans des grosses boîtes du CAC 40, hyper équipées, avec des services généraux. Et là, vraiment, tu viens mendier pour avoir ton imprimante, t'as des coupures de courant tout le temps, donc tu peux te retrouver 4-5 heures sans Internet dans la journée.

  • Speaker #1

    Il y a des fois où tu laisses un peu les bras.

  • Speaker #0

    Moi, les premiers mois, en tout cas professionnellement, ça a été vraiment, vraiment dur. Tu arrives en disant je vais faire plein de trucs, je vais être super efficace. Puis en fait, tu te prends vraiment un mur parce qu'il faut du temps, du temps pour comprendre, du temps pour connaître les gens. Le temps est long. On s'est pris une grosse claque parce que dans ce grande région, 600 kilomètres de long, c'est quand même grand, il n'y avait que trois Français, mon mari, moi et un vieux père blanc. qui était arrivé dans les années 50-60. Donc nous, on s'est dit naïvement, il doit être hyper impatient de nous voir.

  • Speaker #1

    Mais non ! Mais non,

  • Speaker #0

    il a mis plusieurs mois avant de venir nous voir, alors qu'il n'était pas très loin.

  • Speaker #1

    On parle anglais, là ? Tu bossais en anglais ?

  • Speaker #0

    On bossait en anglais. Et non, non, il a mis plusieurs mois. Et quand on l'a rencontré, il nous a dit, il nous a dit, c'est super que vous soyez là, nous dit-il. C'est tellement dommage que vous restiez aussi peu de temps. Mais lui, vraiment, en disant ça... Je comprends, lui il mourra là-bas il est blanc à l'intérieur il est noir à l'intérieur, il est chez lui et nous il estimait qu'on était vraiment là pour un petit passage et qu'on était là presque pour nous en fait très humblement quand même quand on rentre, même quand on part un an deux ans, évidemment qu'il y a quand même des choses qui avancent et qu'il y a des accomplissements, des projets qui aboutissent, mais en réalité on est quand même plus dans la rencontre en deux ans ? Pour de vrai, en fait deux ans c'est un temps qui est très très court à l'échelle des problèmes qu'il y a à régler sur place. Et je pense qu'en réalité, les fruits les plus durables sont très probablement des rencontres.

  • Speaker #1

    Et dans les projets de ton boulot, lesquels t'ont rendu fière ? Qu'est-ce que tu as réussi à mener jusqu'au bout ?

  • Speaker #0

    Alors, il y avait des projets à très court terme, parce que c'était quelques mois, des programmes de nutrition ou de suivi mère-enfant, pour éviter que le virus se transmette de la mère à l'enfant, des programmes que je commençais et que je terminais. Et il y avait des projets qui étaient beaucoup plus longs, par exemple des projets de construction, et notamment le lancement de la construction du cinquième hôpital. qui était dans un endroit reculé, dans cette région qui était déjà elle-même très reculée. Aujourd'hui, cet hôpital existe, il s'appelle Chamilala. J'ai continué à travailler dessus d'ailleurs plusieurs années après être rentrée, parce que quand j'ai quitté la Zambie, c'était encore la brousse, mais la brousse, il n'y avait rien, zéro, rien. Et c'est une vieille sœur polonaise qui avait ce projet fou, qui se battait pour que cet hôpital existe. J'ai levé des fonds petit à petit et encore en rentrant. Alors ça vraiment, pour moi c'est... quand j'avais les bonnes nouvelles de l'argent qui tombait d'Allemagne ou des Etats-Unis j'en pleurais de joie en étant dans mon appartement parisien ça vraiment j'aimerais beaucoup un jour y retourner et passer la porte de cet hôpital avec mes enfants dans un endroit où les femmes marchent une semaine pour accoucher avant Il y a eu des accidents de la route terribles au milieu de nulle part. Il n'y avait absolument qu'une possibilité d'apporter des premiers secours. Aucun moyen d'être suivi quand on est... positif aussi. Ça vraiment, j'ai hâte de le voir parce que je ne l'ai pas vu de mes yeux vus.

  • Speaker #1

    Et alors, à tant tes enfants, comment ça se passe l'adaptation et tout ?

  • Speaker #0

    Ça commence très très dur aussi pour eux à l'école parce que ce sont littéralement les seuls blancs mais c'est pas simplement que c'est les seuls blancs, ce sont les premiers blancs que leurs camarades voient. Donc le premier jour, il faut imaginer dans la cour de récréation un attroupement de toute l'école autour des deux petits mzungus et les enfants qui touchent.

  • Speaker #1

    la peau de mes enfants.

  • Speaker #0

    Et ensuite, ils regardent leurs doigts pour voir si ça change la couleur de leurs propres doigts. où ils touchent les cheveux, parce qu'ils n'ont jamais touché des cheveux longs déjà, parce qu'ils ont tous les cheveux très courts et pas crépus. Donc mes enfants, c'est des hurlements, des pleurs.

  • Speaker #1

    Ils ont peur ?

  • Speaker #0

    C'est le panique, ils sont totalement paniqués. Donc on discute avec les instituteurs, en disant qu'il faut absolument qu'ils puissent respirer. Passer ce premier temps, après, c'est l'enfance, la langue n'est pas une barrière.

  • Speaker #1

    Ils parlaient déjà un peu anglais tes enfants ?

  • Speaker #0

    Non, pas du tout. Pas du tout, mais ça, c'était vraiment pas un problème, parce que... les ambiens de leur âge étaient eux-mêmes en train d'apprendre l'anglais à l'école. Parce que pour le coup, l'école était quand même en anglais. Donc en fait, la langue n'est pas du tout un problème, parce que très naturellement, ils se mettent à jouer ensemble. Donc passer l'effet de surprise du côté des petits ambiens, et puis les miens ont eu un peu plus d'espace, et tout ça s'est normalisé. Et après, mes enfants, eux ne se rendaient compte de rien.

  • Speaker #1

    Ils étaient contents d'aller à l'école, ils avaient leur copain.

  • Speaker #0

    Sans même comparer, parce que finalement, ils étaient à peine aussi allés à l'école en France. Donc...

  • Speaker #1

    Et qu'est-ce qu'ils font l'après-midi avec leur nounou ?

  • Speaker #0

    La nounou ne surveille pas les enfants comme elle les surveille en France. C'est-à-dire que nous, les premières fois, on rentrait à la maison le soir, on disait à la nounou, mais où sont les enfants ? Elle nous dit... Parce que là-bas, c'est comme au village, les adultes surveillent les enfants. Donc en fait, il n'y a pas de stress, les enfants jouent avec les enfants. C'est des bandes d'enfants qui vont dans la rivière, qui vont cuire des fruits, qui se baladent un peu partout, qui traversent la route. Mais tous les adultes surveillent tous les enfants. Donc il n'y a pas de clôture autour des maisons, tout est ouvert. Donc pour nous, jeunes parents parisiens, c'est un peu flippant. Et puis en fait c'est comme ça que ça fonctionne, il n'y a pas de stress. Donc en fait mes enfants étaient en robinsonade pieds nus, ramassant des fruits par terre, faisant tout ce qui était déconseillé dans la formation qu'on avait suivi.

  • Speaker #1

    Mais comment ça se passe alors l'hygiène dans Zambie ? C'est dangereux, il y a du palu ?

  • Speaker #0

    Il y a le neuropalu, pour le coup le mauvais palu. Au début on faisait hyper gaffe à tout tout le temps, on était tous sous l'ariam. pour les six premiers mois qui correspondaient à la saison des pluies et à nos six premiers mois.

  • Speaker #1

    Et tu peux en prendre ça pendant six mois ?

  • Speaker #0

    Tu n'as pas le choix en fait. On a été briefé à Necker et à Pasteur, à l'Institut Pasteur. On a vu un pédiatre de médecine tropicale qui nous a dit vraiment que le lariam c'est le plus puissant, c'est vraiment celui qu'il faut que vous preniez. On a tous pris une prophylaxie pour à la fois les six premiers mois, le temps de prendre ses réflexes, de t'habituer au coucher du soleil, tu fermes les écoutilles, t'es habillé en long, le temps d'avoir les bons réflexes par rapport aux moustiques, et puis de couvrir cette saison qui est particulièrement infestée. La saison des pluies, il y a vraiment beaucoup de moustiques, mais on n'a pas pris de prophylaxie antipalule la deuxième année. Donc on a desserré la vis au fur et à mesure. Et pareil, sur l'eau, c'était draconien jusqu'au bout. On la faisait bouillir, on la filtrait, etc.

  • Speaker #1

    Il y a de l'eau potable là-bas ?

  • Speaker #0

    Il n'y a pas d'eau potable. Et alors, l'un des gros chocs... en arrivant c'est que on a fini par avoir notre petite maison donc on avait une toute petite maison de poupées pour nous avec deux petites chambres on a demandé naïvement quel jour passaient les poubelles il n'y a pas de... on a dit ah bon alors où est la décharge il n'y a pas de décharge en plus on fait quoi de ces poubelles ? ah bah tu creuses un trou côté de ta maison et puis régulièrement tu brûles ce qu'il y a dedans et quand il est plein tu remets de la terre par dessus alors là tu achètes des conserves la première semaine et puis là t'es zéro déchet en une semaine t'arrêtes quoi c'est quand t'as brûlé un sac plastique tu arrêtes les sacs plastiques.

  • Speaker #1

    Tu fais que du frais.

  • Speaker #0

    Tu fais du frais, tu fais du frais, on a fait nos conserves. Là, ça a été un choc. Tu as vraiment tous tes déchets sous le nez, devant toi. Alors là, ça c'est dingue. Ça c'est dingue.

  • Speaker #1

    Tu penses que c'est encore comme ça aujourd'hui ?

  • Speaker #0

    Je ne sais pas parce que nous, ils étaient en train de passer des systèmes de consignes au plastique. Donc au moment où nous, on est en train de faire le chemin inverse, honnêtement, je ne vois pas comment ils peuvent s'en sortir vu le virage qu'ils étaient en train de prendre. avec le plastique. Ça, ça a été vraiment un changement de vie absolument dingue.

  • Speaker #1

    Et tu cuisines quoi, alors ?

  • Speaker #0

    Alors, tu manges beaucoup moins varié. Ça, c'est aussi un... Eux, ils mangent la même chose à tous les repas, toute l'année, tout le temps. C'est ce qu'on appelle du chima. C'est une sorte de semoule faite à base de farine de maïs dont ils font des boules et qui tremble dans une sauce. Donc, on fait une sauce qui est généralement à base de légumes. tomates, oignons et puis des légumes qui n'existent pas vraiment ici des feuilles qui s'appellent les poux, grape en anglais mais que je n'ai jamais vu en France je ne sais pas trop, ça ressemblait à de l'oseille ou un truc comme ça donc ils ont ça et puis de temps en temps de la viande, mais très rarement et donc nous on mangeait au départ pas de viande sauf un poulet on achetait un poulet vivant par semaine pour avoir donc du poulet tu faisais quoi avec ton poulet vivant ? la nounou qui avait l'habitude, elle arrivait le matin avec le poulet qu'elle avait acheté, on lui donnait l'argent la veille, et puis elle faisait ce qu'il y avait à faire pendant notre temps de bureau. Donc on avait du poulet une fois par semaine, le lait, on avait une ferme à côté où on achetait du lait et des œufs, qu'on allait chercher une fois par semaine. On faisait bouillir le lait, et ensuite on le mettait au frigo, et on fabriquait nos yaourts, et puis on a rapidement commencé un potager. Alors là-bas, c'est l'Éden, il y a du soleil tout le temps, et avec un puits, tu peux arroser tout. pendant la saison sèche. Donc en fait, on avait des fruits et des légumes. On avait des fraises. C'est miraculeux. C'est mois de juin toute l'année. Puis des mangues à gogo. Donc j'allais au marché là-bas. On cuisinait du riz, des lentilles, beaucoup de lentilles de toutes les couleurs. Des protéines, des pommes de terre, des rizs au verre, des petits pois.

  • Speaker #1

    Tout le monde te connaissait au marché ?

  • Speaker #0

    Alors le marché, c'est un peu la même expérience que mes enfants, les premiers à l'école. C'était assez dur au début. j'arrivais au marché, c'était l'attroupement moi j'apprenais le chiniandja donc je paragouinais lamentablement mais du coup je provoquais l'hilarité générale t'allais toute seule ? ouais j'allais toute seule jusqu'au bout j'allais toute seule c'était à la fois sympa et une aventure et en même temps c'était fatigant parce que tu peux pas vite faire tes courses c'était toujours J'étais exposée en fait, tout le monde me regardait.

  • Speaker #1

    Mais gentiment ? Tu veux dire que les gens étaient quand même heureux de te voir ? Ou tu as l'impression que c'était agressif ?

  • Speaker #0

    Très bienveillant. D'accord. Mais tu ne peux jamais regarder tes pieds et tu ferais à Paris. t'es jamais anonyme, t'es jamais... T'es toujours sous le feu des projecteurs, tout le temps, tout le temps, tout le temps. Et donc ça, c'est fatigant. Ça, c'est fatigant.

  • Speaker #1

    Et le week-end, qu'est-ce que tu faisais le week-end ?

  • Speaker #0

    Eh bien, le week-end, on jardinait, on se reposait, on lisait, et on avait des vrais temps en famille. On quittait une vie parisienne où on avait la trentaine, donc on sortait beaucoup, on recevait beaucoup. On pouvait encore avoir une vie culturelle riche parce qu'on était dans Paris. Et là, tout d'un coup... en Afrique, en tout cas dans la zone rurale, il n'y a pas d'éclairage public. Et ton ONG t'explique que tu ne conduis pas la nuit. Jamais. Donc le soleil se couche. tu es chez toi, la porte fermée, c'est terminé. Donc le soir, on était en amoureux.

  • Speaker #1

    Et tout d'un coup, tu t'es retrouvée vraiment en tête à tête avec ton mari quand même.

  • Speaker #0

    En vrai tête à tête en amoureux, le soir. On avait quelques sorties à la marge, mais justement le week-end, on est plutôt en forme à déjeuner et on était avec nos enfants. Alors là, c'est un ralentissement aussi qui est brutal, qui était vraiment chouette parce que c'était le début de notre vie à deux. on était mariés depuis deux ans, on avait déjà deux ans et demi, on avait déjà deux enfants. C'était sympa aussi d'avoir un temps où on était loin de nos amis, de nos familles, et où on avait du temps pour parler,

  • Speaker #1

    pour se découvrir.

  • Speaker #0

    Non, on n'avait pas la télé. On avait un vieil ordi et un disque externe dans lequel on avait téléchargé des films, mais c'était assez amusant parce qu'on avait ce petit écran qu'on mettait sur une boîte en plastique dans notre lit. les soirs on essayait de se faire un film mais pendant la saison des pluies le toit en tôle la pluie sur la tôle faisait tellement de bruit que l'ordinateur n'était pas acté puissant pour entendre le son donc bon c'était pas non plus c'était pas Netflix mais on avait quand même ces quelques films et puis beaucoup de livres

  • Speaker #1

    Vous avez eu des galères quand même pendant ces deux ans ?

  • Speaker #0

    Oui, on a eu des galères de santé. On a eu un enfant qui a dû être évacué très rapidement, qui a eu un staphilo plus un virus avec des symptômes qu'on n'arrivait pas à lire. On n'était pas là depuis longtemps, on était là depuis deux mois. On lui a donné les doses maximales, même bien au-delà, pour le foie pour un enfant de 4 ans d'augmentin sur place. Et en fait, le dernier jour, au bout de 15 jours d'antibiotiques, il a pris sa dernière dose le matin et le soir à 23h, il est remonté à 40 ans de fièvre. Et là, on a appelé l'assurance et on nous a dit qu'on évacuait en quelques heures. C'est un risque de septicémie aiguë. Et comment ils font ? On affrète un avion. On est en pleine saison des pluies, ce n'est pas possible. En fait, c'est moi qui ai vraiment forcé la main de l'assurance en leur disant Laissez-nous aller, nous, en voiture, traverser la frontière pour aller côté Malawi, parce que là, il y a un aéroport international. Et vous mettez un taxi qui m'attend, moi, de l'autre côté de la frontière, et mon mari m'a déposé à la frontière, je traversais à pied. Avec Augustin dans les bras, sans savoir sur plusieurs centaines de mètres s'il y avait bien le taxi qui m'attendait. Il faut se rendre compte, c'est vraiment la brousse. Donc ce taxi m'attendait miraculeusement. Et puis là, tout s'est enchaîné très vite parce que j'arrive à l'aéroport, on était en business, on est arrivé dans un hôpital luxueux de Johannesburg et il y est resté une semaine. ils n'ont jamais vraiment compris, mais les analyses sanguines sont redevenues presque normales, et on est entrés.

  • Speaker #1

    Et toi, tu as traversé, genre en pleine nuit, avec ton copain, mon épouse ?

  • Speaker #0

    Mon mari, vraiment, on a embarqué aussi l'autre, parce qu'on n'avait pas le laissé tout seul. Et là, on a basculé. C'est pour ça que c'est important de partir aussi avec une ONG qui a l'agrément du ministère des Affaires étrangères, qui est sérieuse, et qui a une vraie équipe. quand on part avec des enfants. Parce que quand tout va bien, tout va bien. Mais quand vous avez un vrai pépin de santé, moi, ils m'ont demandé à un moment donné est-ce que vous voulez qu'on vous rapatrie en France ? On a basculé en mode expat. Voilà, on était à la Zambienne, mais en cas de gros pépin, le monde est injuste, mais c'est ainsi. Nous, on pouvait être évacués en quelques heures et se retrouver dans un hôpital qui était vraiment le top niveau du métier occidental. Non.

  • Speaker #1

    T'avais confiance ?

  • Speaker #0

    Non, mon médecin, elle était furieuse. Mais j'ai coupé mon téléphone. Déjà, Johannesburg, c'est vraiment un endroit où on est extrêmement bien soignés, pour commencer. Et puis, j'étais déjà tellement loin de Guillaume et de mon deuxième fils que je... Non, ça n'avait aucun sens.

  • Speaker #1

    Mais t'as pas eu peur, parce que ça fait que deux mois que t'es là, tu te dis, merde, on a déjà une galère comme ça, on reste quand même.

  • Speaker #0

    En réalité, déjà, ça s'est pas reproduit. Donc, on reste... Après, il y a peut-être la théorie de l'engagement, une fois que tu as déplacé ciel et terre pour venir, et puis... t'as largué les amarres en partant donc tu reviens mais t'as pris une dispo de deux ans au boulot non t'as largué les amarres tu vas pas baisser les bras toi tu baisses pas beaucoup les bras on a quand même pu tester tu vois qu'en partant avec une ONG sérieuse on a quand même vu qu'en quelques heures on était évacués, c'est quand même très impressionnant parce qu'on était dans un endroit où ils étaient prêts à frêter un avion pour nous Donc on s'est dit, bon là, ok, on est d'une certaine façon en sécurité. Parce que l'endroit dans lequel on était, c'était très clair, un bras cassé, on était évacués. Même un bras cassé ne serait pas correctement soigné. Il faut vraiment se rendre compte. Pour trouver l'antibiotique... on est vraiment allé dans des magasins tenus par des indiens qui vendaient des produits vétos pour agriculteurs c'était des conditions sanitaires voilà donc on a vu en tout cas en cas de problème tu es pris en charge donc là il y a quand même disons un an qui se passe

  • Speaker #1

    tu rentres pas chez toi. En tout cas, t'as pas envie de rentrer en France ? Voir les gens que t'aimes, ta famille... Ça, c'est pas dur de pas rentrer chez soi ?

  • Speaker #0

    Non, j'ai pas trouvé ça dur. Alors, peut-être que ce qui a facilité les choses, c'est que la connexion Internet était très très mauvaise. Donc on n'avait même pas vraiment de Skype. Donc en fait, on était... partis, partis comme on aurait été partis dans les années 80. En réalité, c'était plus par téléphone qu'on pouvait joindre les gens. Mais nous, c'était avec des cartes, on devait aller faire plein de codes avant de... Non, non, non, ça coûtait une fortune pour le salaire qu'on avait. On avait 150 euros par mois. Donc on avait peut-être un coup de fil par mois. Donc on était vraiment coupés. Je pense que ça aurait été plus dur, les amis nous auraient plus manqué, si on avait eu régulièrement des Skype, des vidéos, des Zoom, comme on en aurait expat. Là, on était vraiment partis. Et puis on avait cette sagesse, on se rendait compte que ce serait trop dur de rentrer. Alors il se trouve qu'il y a eu une entorse à la règle, que mon frère s'est marié pendant ces deux ans, mais avec une Mexicaine. Donc il s'est marié à Cuernavaca, deux heures d'avion de Mexico. Et là, moi j'y suis allée. Mais ça m'a pris... J'ai fait 30 heures d'avion. J'ai fait un chipata à Lusaka, Lusaka-Johannesburg, Johannesburg-Dakar, Dakar-New York, New York-Mexico, Mexico-Cuernavaca. Je ne savais plus quel jour on était.

  • Speaker #1

    Toi qui viges, tu as même ta petite maison sans électricité le soir.

  • Speaker #0

    Exactement. Et donc, deux jours après, après ce voyage complètement fou, toute seule... Je me suis retrouvée dans une aquarnavaca qui était un endroit mille fois plus civilisé, avec des salles de bain en carrelage. des choses que je n'avais pas vues depuis un an. Des portes qui s'ouvraient toutes seules, comme ça, dans les aéroports, une nourriture occidentale. Je suis vraiment restée pour le mariage et repartie. Et c'était assez heureux, parce que c'est trop étranger. Je ne vois pas comment on aurait... C'était un bon conseil que nous avait donné l'ONG. Je ne vois vraiment pas comment on aurait pu passer une semaine dans nos familles, en Provence. Tu te rends compte aussi au retour, quand c'est difficile de raconter. Alors, c'était comme en Afrique. Je ne vois pas comment on aurait pu répondre à cette question avec un verre de rosé à l'apéro en repartant une semaine après. Ça aurait été très bizarre. C'était très bien de faire ces deux ans, rien de presse. Et puis, au retour, les bons gobins, tu as le temps de te revoir, de prendre le temps de débriefer et de raconter. Mais non, tu rentres dans des chaussures différentes. Tu ne peux pas les enlever et les remettre.

  • Speaker #1

    Mais alors que cette simplicité de vie, elle ne te pesait pas au quotidien quand tu étais en Afrique ?

  • Speaker #0

    Au tout début, c'est difficile. Il faillit anticiper 48 heures avant de boire ton verre d'eau.

  • Speaker #1

    Que tu devais avoir besoin d'oeuvre. Voilà.

  • Speaker #0

    Donc tous les jours, il y a un rituel. Tu t'occupes de l'eau. Voilà, donc tu es en flux. et puis ce que je disais tout à l'heure tu t'achètes ton lait, tu le fais bouillir c'est quand même une logistique, tu fais bouillir tes 10 litres de lait tu les reconditionnes donc au début c'est vrai que le quotidien est lourd mais il faut reconnaître que tu as plus de temps puisque tu ne sors pas le soir tu ne reçois pas, tu n'as pas de télé tu n'as pas d'internet chez toi parce qu'on en avait au bureau mais pas à la maison donc tu as plus le temps mais le quotidien est très très lourd, faire la cuisine est plus long et puis il y a des coupures d'électricité un jour sur deux tout est plus long, quand tu dois allumer des bougies, quand tu dois...

  • Speaker #1

    Toi, tu baisses jamais les bras en deux ans ?

  • Speaker #0

    Ah si, si. Alors là, c'est précieux d'être deux. De fait, l'ONG en question, Fidesco, fait partir les gens deux par deux, toujours. C'est-à-dire que on avait à deux heures de route, qui étaient les plus proches de nous, deux célibataires, un américain et un français, et c'est important d'être à deux. Parce que quand quelqu'un se flanche, un coup de mou, les choses s'équilibrent. et l'autre s'autorise à flancher. Les choses sont bien faites quand toi, tu t'es un peu retapé. Puis ça faisait du bien aussi de les voir, ces deux jeunes de 20 ans.

  • Speaker #1

    Oui, puis d'échanger sur votre expérience. Tu dis que vous n'aviez pas beaucoup de communication avec l'extérieur. Finalement, c'était eux votre extérieur.

  • Speaker #0

    C'était un peu, oui, notre famille locale. Et puis les autres volontaires de l'ONG étaient à 12h et 17h de route. On s'est quand même vus deux fois. Et là, c'était vraiment ressourçant. C'était génial. En plus, il y avait d'autres familles. Pour les enfants, ça a été vraiment des souvenirs mémorables et des amis qu'on a gardés pour la vie. C'était vu que deux fois là-bas, qui aujourd'hui sont des amis proches.

  • Speaker #1

    Ils ont des vacances pendant les deux ans, tes enfants ? Et toi aussi ? Oui,

  • Speaker #0

    à leur écoute de mémoire, on devait avoir, je crois, quatre semaines ou cinq semaines par an. et qu'on a prise pas forcément dans le même pays mais dans la même zone culturelle nous on avait le lac Malawi qui était à 2h30 de route on y est allé plusieurs fois et on avait un parc animalier à 2h de route dans lequel Guillaume gérait un hôtel pour locaux qui était l'un des assets du diocèse donc lui il y allait souvent et ce parc animalier là qui s'appelle Mfoué Park On y est allé, je pense, 4-5 fois. Je pensais que le safari, c'était vraiment pas mon truc au départ. Et en fait, ça a tout de suite été un émerveillement. Un émerveillement absolu. Ça a été magique. Et on pensait que des enfants de 3-4 ans, jamais on pourrait les faire partir en drive pendant 3 heures. Mais en fait, si. Ils étaient sages et restaient sages pendant trois heures. C'était sublime. C'était sublime et ça nous a fait aimer l'endroit. Et je pense que c'était l'une des raisons aussi pour lesquelles on nous conseillait de rester en vacances sur place. C'est qu'on apprenait à encore mieux connaître la langue, la culture, les paysages. Tu aimes encore plus l'endroit où tu es. Donc, tu sers à encore mieux ta mission, sachant que l'ONG pour laquelle on était, ça, c'était important. C'était des projets qui n'étaient pas portés par l'ONG. C'est une ONG qui sert d'intermédiaire au service de projets de pays du Sud. C'est-à-dire que ton employeur est toujours... un partenaire du Sud. Donc nous, on travaillait pour un diocèse dont l'évêque était Zambien, et notre boss, qui était le directeur financier, était Zambien. Tu te mets au service de projets locaux. Tu ne travailles pas pour une ONG française ou européenne.

  • Speaker #1

    Et tous les deux, vous avez parlé la langue avec Guillaume ?

  • Speaker #0

    Guillaume n'a pas trop fait l'effort. Moi, je l'ai fait...

  • Speaker #1

    Il devait être étonné, les gens, quand tout d'un coup, vous faites parler leur langue,

  • Speaker #0

    non ? Extraordinaire. Il y avait vraiment, je trouve, deux facteurs d'intégration. C'était le fait d'avoir fait cet effort-là, de parler la langue, qui en plus n'était pas si dur que ça, et en prononciation assez proche du français. Pour un français, quand tu le lis... tu es assez proche de l'apprentissage réel, plus que si j'avais été anglaise ou polonaise. Donc, c'est d'apprendre à faire cet effort-là, ce pas-là, et l'autre qui est un facteur d'intégration puissant, c'est les enfants. C'est-à-dire que quand on te rencontre, toi, la femme blanche, tu es blanc et l'autre est noir. et je me souviens de ces tout premiers regards quand on m'a vu avec mes enfants et où par exemple mon petit garçon de 2 ans avait fait pipi sur un mur, donc je le grondais et là il y a toutes les mamans autour qui sont mordues de te voir gronder ton enfant elles comprennent parfaitement ce qui se passe et là en fait tout d'un coup la barrière tombe et en fait t'es une mère et elles sont mères et là tout change en fait

  • Speaker #1

    Tu t'es fait des copines ?

  • Speaker #0

    Tout change. Je me suis fait des amis, même si le couvre culturel est fou, en fait, parce que tu n'es même pas sur ton alter ego dans le pays où tu es, parce que tu es vraiment dans un endroit qui est très reculé. Tu es juste quelqu'un de normal. Tu fais des courses comme les autres, tu cuisines, tu râles parce que tes enfants ont encore tout dérangé.

  • Speaker #1

    Tu vis ta vie, quoi.

  • Speaker #0

    Tu vis ta vie, en fait. Et puis, ta maison est au milieu des autres maisons. Donc, en fait... il voit bien qu'en fait toi aussi dans ton trou brûler ton truc, mon mari le week-end il était que sa bêche et puis il bossait quand je disais tout à l'heure je pense que ce qui reste c'est aussi ça c'est-à-dire que le blanc qui est derrière sa clôture avec du personnel etc là c'était aussi je pense que le fait d'avoir été comme ça au vu de tout le monde en vivant

  • Speaker #1

    Comme tout le monde, quoi.

  • Speaker #0

    Je pense que ça, c'était assez puissant.

  • Speaker #1

    C'est important pour toi ?

  • Speaker #0

    Oui, c'était hyper important pour moi. Et ça rendait d'ailleurs après, et c'est toujours le cas, difficile d'aller dans des pays... Ça peut paraître paradoxal, tu peux te dire, maintenant on a pris goût au voyage. En fait, ça a été l'effet inverse. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, j'aurais... Je casse la bague du goût au voyage, mais...

  • Speaker #1

    Non, mais c'est important. Aujourd'hui,

  • Speaker #0

    j'aurais beaucoup de mal à aller dans un pays du Sud pour dix jours, en fait. ça m'a inhibée là-dessus. Ça a rendu les choses plus difficiles. Je pourrais visiter des copains qui vivent là-bas, peut-être, ou y aller pour un mois, mais ça rendrait difficile un séjour de deux semaines...

  • Speaker #1

    De touriste.

  • Speaker #0

    De touriste. C'est plus facile pour nous de faire du tourisme dans des zones où, culturellement, on a des repères, comme l'Europe, parce que tu peux y passer plus rapidement, puisque tu as les codes et tu... tu piches plus rapidement. Oui,

  • Speaker #1

    puis tu te fonds dans la masse. Tu te fonds dans la masse.

  • Speaker #0

    Donc, en réalité, depuis, on a voyagé que dans des pays du Nord.

  • Speaker #1

    Alors, comment ça se passe, le retour ? Tu comptes les jours ? Quand tu sais que le... Je ne sais pas si tu es rentrée en juillet ou en août, tu te dis, le 30 juillet, tu sais que c'est fini. En fait, comment ça se passe, les derniers instants ?

  • Speaker #0

    On est rentrée en novembre.

  • Speaker #1

    Tu appréhendes ou tu es contente ?

  • Speaker #0

    Le retour est pire que le départ, pire que l'arrivée on va dire, parce que le départ était sympa, l'arrivée était dure au début, le retour est très dur, et tout le monde le dit, c'est vraiment le retour qui est le plus dur, pas simplement parce que ce qui était notre cas, moi j'avais plus de boulot, Guillaume a retrouvé son boulot, il l'avait finalement. gardé. Mais on a squatté dans l'appartement de maman dans le 15e pendant presque une année scolaire.

  • Speaker #1

    Déjà, tu as laissé cette chance à très haut.

  • Speaker #0

    Oui, mais trois générations, c'est un temps où tu es toi-même fragile. On a un enfant qui est rentré avec des bépins de santé. Le retour était vraiment dur. Il y a cette espèce de décollage complètement fou quand tu rentres. Alors l'Afrique, raconte-nous ! et là cette question elle est hyper dure parce que quand c'est à l'apéro et que t'as deux minutes pour répondre et que tu bottes presque en touche parce qu'il faut du temps tu vas pas non plus sortir tes photos tu vas pas non plus te lancer dans un récit qui dure des heures t'as

  • Speaker #1

    envie de raconter quand même ou finalement t'as envie de garder cette bulle pour vous un peu des deux par bribes quoi

  • Speaker #0

    parfois tu ressors un peu les mêmes platitudes parce que c'est pas le moment c'est pas l'endroit c'est pas des gens que tu connais bien voilà il faut soit du temps,

  • Speaker #1

    soit c'est par bribes et tes enfants comment ils remettent des chaussures et ils prennent le bus ça c'est très rigolo parce que

  • Speaker #0

    vraiment presque le lendemain de l'atterrissage. On était donc dans le 15e, je suis allée à la rue du Commerce pour leur acheter des chaussures. Dans la rue, ils ont eu envie de ramasser quelque chose qui était dans les caniveaux, donc à pleine main, ils ont pris dans leurs mains quelque chose dans les caniveaux.

  • Speaker #1

    Ce qu'ils faisaient depuis deux ans sans en faire.

  • Speaker #0

    Comme si c'était un ruisseau. Donc là, je... Non, non, non, ça, vraiment, c'est pas possible, on ne touche jamais à cette eau qui coule là, c'est vraiment très très sale, on n'y touche pas. On a acheté des chaussures qui faisaient mal aux pieds. Ensuite, on est allé au Square Saint-Léon. et c'est une place à Paris qui est carrée avec la route, les voitures garées, le bitume, une petite barrière en métal verte, comme il y a dans tous les squares parisiens, de la pelouse, une haie, et puis enfin le terre-plein central avec le parc. Et moi j'arrive sur la place avec mes enfants et là, ils font un azimut, ils enjambent la barrière, ils traversent la pelouse, ils se faufilent dans la haie et puis ils vont au toboggan. Là où tout petit parisien sans même y réfléchir cherche l'entrée du square et rentre par l'entrée du square. C'est des toutes petites choses, mais là, on se dit que c'est marrant.

  • Speaker #1

    Ils s'adaptent, ils font alors ce soir.

  • Speaker #0

    Ils vont reprendre des marques de petits parisiens. Et puis, quelque chose d'assez étrange aussi, c'est que mon maman était dans un immeuble au dernier étage. puis je ne les trouvais plus dans l'appart en fait ils étaient très naturellement en train de jouer dans la cage d'escalier au deuxième étage

  • Speaker #1

    Oui, puisqu'ils n'avaient pas de barrière avant

  • Speaker #0

    Non, et ne comprenant pas du tout l'idée de chacun chez soi et puis que les parties communes, c'est en fait pas des parties communes c'est des parties de passage mais personne ne s'y tient, et dans un immeuble où les gens en plus, dans l'immeuble de maman, les gens ferment quand ils entendent que quelqu'un vient, ils ferment vite leurs portes pas trop un immeuble où en plus on se on échange, et donc là il a fallu leur expliquer que non, non Il y a un jardin dans l'immeuble, il y a une belle cage d'escalier, mais qu'il n'est pas question de s'y asseoir, de s'y tenir. Et que la porte d'entrée de l'appartement, tu ne la franchis pas tout seul à 4 ans. Et puis je me souviens de coups de blouse, des enfants qui étaient tristes d'être rentrés, d'avoir perdu leurs amis, d'arriver dans des écoles un peu tristounes. Et je me souviens de mon aîné au moment du bain qui pleurait, qui me disait Mais ici, c'est vrai que c'était le mois de novembre, tout est triste, il pleut. et me disait-il même les arbres sont en cage parce qu'apparaît à l'époque tous les arbres étaient je sais pas si vous vous souvenez grillagés, il y en a moins maintenant mais même les arbres sont en cage

  • Speaker #1

    Et là, tu ne te dis pas on repart ? C'était sûr, vous aviez fait vos deux ans. Qu'est-ce que tu te dis ?

  • Speaker #0

    Alors déjà, l'ONG pour laquelle on travaillait généralement refuse.

  • Speaker #1

    Que tu repartes ?

  • Speaker #0

    La prolongation. Ah ouais, quand on la demande sur place. Parce que c'est le contrat, il te dit si tu veux repartir, tu rediscernes et tu repars. Mais tu as discerné pour deux ans. C'est un peu la voie de la sagesse. Au début, on faisait un peu les rebelles, mais en réalité, tout ce qu'ils nous ont conseillé était assez ajusté. est bon pour nous et pour la mission. On n'était pas partis sereins en plus sur la mission du handover là sur place. Mais à un moment, il s'est le deal. On lâche, on s'est engagés pour deux ans. De toute façon, Guillaume, à son employeur, n'aurait pas fait plus que 24 mois, donc il fallait vraiment y retourner. Y retourner, non. On est dans la réadaptation.

  • Speaker #1

    Ta vie, elle est ici.

  • Speaker #0

    Il faut recommencer notre vie ici. Il faut recommencer notre vie ici. Il faut la réécrire. Et puis, en étant les mêmes et en étant différents, les deux en même temps, tu n'es pas... Guillaume, d'ailleurs, il était effondré. Il me disait, moi, c'est terrible, au bout d'un mois de boulot.

  • Speaker #1

    Tu as tout repris, en fait.

  • Speaker #0

    J'ai tout repris, la même vitesse, la même impatience, alors que là-bas, on était capable d'attendre immobile.

  • Speaker #1

    Oui, on est vite rattrapé, en fait.

  • Speaker #0

    T'es assez vite rattrapé, ouais. Surtout, mais tu reprends de mauvaises habitudes. Mais non, non, il faut s'accrocher. Il faut retrouver un nid, retrouver un boulot, retrouver... tes amis et continuer parce que nous, on appartenait à cette vie-là. Donc, non, non, c'est des biens.

  • Speaker #1

    Donc, tu fais d'autres enfants, alors ?

  • Speaker #0

    Et ouais, j'ai fait deux autres enfants.

  • Speaker #1

    Ah, dans ce projet,

  • Speaker #0

    magnifique. Ça met un peu de temps, mais on a eu du mal. Mais on a réussi à en faire deux autres qui n'ont pas connu cette... pas partagé cette aventure, mais qui en ont toujours entendu parler. Je pense que c'est quand même dans l'histoire de ces deux derniers-là, bien qu'il ne l'ait pas vécu.

  • Speaker #1

    Et les grands, tu as l'impression que ça leur a quand même mis des graines ? C'est des enfants plus tolérants, plus cools, qui vont plus vers les autres ou pas ?

  • Speaker #0

    Je dirais que ce qui reste, et c'est... Ils disent avoir des souvenirs tous les deux, surtout l'aîné. le plus jeune aussi, mais je pense que c'est plus des souvenirs de rapporté, de seconde main. Je pense que ce qui reste, c'est quand même que, en tout cas j'espère, dans les ados qui sont aujourd'hui et les adultes qui seront demain, que c'est possible, que tu peux sortir de la route, que tu peux faire des choses qui ne sont pas écrites d'avance, que tu peux peut-être avoir moins peur de l'inconnu. Je me dis que ça, oui, je pense que ça,

  • Speaker #1

    j'espère que c'est possible,

  • Speaker #0

    que les choses sont possibles. Et puis, voilà, et puis que... la force du groupe aussi j'ai trouvé que le fait de partir en groupe parce qu'on est un petit groupe est assez épuissant et alors pour conclure parce que tu nous l'as dit avant et je trouve ça super intéressant

  • Speaker #1

    Tu n'es pas reparti avec quatre enfants, vous n'avez pas refait le même chemin, mais tu as quand même un peu ouvert ta porte vers l'extérieur. Donc raconte-nous comment tu fais aujourd'hui pour offrir cet ailleurs à tes enfants et à ta famille d'ailleurs, sans repartir.

  • Speaker #0

    Dix ans après être rentrée, donc en 2020, on s'est dit, ça fait déjà dix ans, il faut que... Il faut qu'on ait un autre grand projet. Pour le coup, on a repensé à un voyage. On s'est dit pourquoi pas prendre un bateau, faire le tour de la Méditerranée. On a ouvert d'autres portes, mais finalement on s'est dit non, maintenant qu'on a quatre enfants, des enfants qui ont leur vie sur place, c'est trop lourd, on partira pas. Et puis est venu à nous un autre projet qui était que si on partait pas à l'étranger, l'étranger pouvait venir à nous. sens propre du terme, et on a entendu parler d'une association qui s'appelle JRS, Jésus de Réfugiés Service, qui propose d'accueillir sur une durée de 4 à 6 semaines, aux dates qu'on choisit. des réfugiés qui par ailleurs sont pris en charge par l'association sur toute la partie administrative, réinsertion professionnelle, juridique, demande d'asile, etc. et même activités de jour. Et donc on donne nos dates et on accueille sur des périodes d'un mois et demi. des gens qui viennent du bout du monde, et qu'on a, un peu comme on n'avait pas choisi notre destination avec Fidesco, là c'est pareil, hommes, femmes, 20 ans, 40 ans, on a eu un Tibétain, une Congolaise, un jeune homme du Bangladesh, un Irakien, et là, c'est quelqu'un qui vit chez nous, qui ne prend ses repas le soir avec nous, et qui est un petit bout du monde, de l'autre bout du monde à la maison.

  • Speaker #1

    J'aurais tellement aimé être ton enfant Marie

  • Speaker #0

    Ton enfant bouger de notre banlieue parisienne et de notre maison familiale finalement c'est quand même un voyage

  • Speaker #1

    Ils sont fiers de toi tes enfants ? ça je ne le sais pas tu ne leur as jamais demandé ?

  • Speaker #0

    non je ne leur ai jamais demandé et quand ils ont grandi,

  • Speaker #1

    quand vous en avez reparlé ils t'ont remercié de leur avoir offert cette expérience ou même aujourd'hui qu'ils sont ados ils sont hyper heureux je ne sais pas s'ils le voient comme quelque chose qu'on leur a offert mais pour eux c'est dans la boîte à trésors c'est dans leur histoire c'est une richesse super merci beaucoup C'est la fin. Merci mille fois de nous avoir écoutés jusqu'au bout. J'espère que vous aussi, vous avez voyagé. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à nous laisser 5 étoiles sur Apple Podcasts et un petit commentaire. On attend avec impatience vos retours et vos impressions. Et si vous aussi, vous avez envie de nous raconter un extraordinaire voyage ou une aventure au bout de votre rue, envoyez-nous un petit message sur Instagram. À très vite. Merci et à bientôt.

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