- Narrateur
Bonjour à tous et bienvenue dans cette nouvelle saison de Biomédicalement Votre, la juste prescription des examens biologiques. Notre objectif ? Vous accompagner, vous, prescripteurs et biologistes médicaux dans votre quotidien et vous aider à identifier les bonnes pratiques dans la prescription des actes de biologie médicale. Mais surtout, répondre à vos interrogations en vous partageant des témoignages, des retours d'expérience et surtout nos conseils. Je m'appelle Abla, je suis biologiste médicale et à chaque épisode, j'inviterai un confrère à répondre à une problématique ou un cas rencontré dans votre quotidien. Alors sans plus attendre, je vous propose de découvrir avec moi un premier sujet soulevé par Anne, généraliste de Toulon.
- Anne - Médecin généraliste
Bonjour, je vois en consultation un patient avec un syndrome pseudo-grippal depuis 3 jours. Il revient d'un voyage en Guyane et je pense à une arbovirose. Que dois-je prescrire ? Une sérologie ou une PCR ?
- Abla
Bonjour Bénédicte, un grand merci pour votre intervention. Alors vous êtes directrice médicale au laboratoire CERBA.
- Bénédicte
Oui, bonjour Abla, je vous remercie vraiment de me recevoir car avant d'être directrice médicale, je suis biologiste médicale avec une passion justement pour les virus.
- Abla
Super, alors Bénédicte, avant de répondre à la question d'Anne, pouvez-vous expliquer à nos auditeurs ce qu'est une arbovirose ?
- Bénédicte
Une arbovirose, c'est une maladie qui est transmise par un arbovirus, donc un virus qui est transmis par des arthropodes, arthropods-borne viruses pour arbovirus. Comme exemple les plus connus et dont on a entendu parler vraiment ces dernières années en France et à travers le monde, on a le virus de la dengue, le virus du chikungunya, le virus du zika et également le virus West Nile qui sont toutes des arboviroses.
- Abla
Effectivement, il y en a qui sont plus célèbres que d'autres. Donc pour le patient d'Anne, en un seul mot, PCR ou sérologie ?
- Bénédicte
En un mot, comme vous me le demandez, Abla, PCR.
- Abla
Alors pourquoi une PCR ?
- Bénédicte
Parce que grâce à cette technique, on peut mettre en évidence le génome du virus. C'est-à-dire qu'on va utiliser cette technique lorsque le virus est encore présent dans le sang du patient. Pour une arbovirose, on considère que la virémie, c'est-à-dire la présence de virus dans le sang, est d'environ 7 jours. Comme le patient d'Anne a un syndrome pseudogrippal depuis trois jours au moment où il consulte, on est dans ces sept jours, donc on fait une PCR pour avoir le diagnostic, si jamais c'est bien une arbovirose.
- Abla
Et Bénédicte, quelle est la différence avec une sérologie concernant la datation de l'infection ?
- Bénédicte
La sérologie, c'est la mise en évidence des anticorps du patient. La PCR, c'est la mise en évidence du virus. Pourquoi on ne va pas faire une sérologie au début, juste après le début des signes cliniques ? C'est qu'en réalité, le système immunitaire n'aura pas encore eu le temps de synthétiser suffisamment d'anticorps pour pouvoir les mettre en évidence. Et donc, c'est pour ça qu'il faut laisser un temps, qui s'appelle la fenêtre sérologique, avant de pouvoir utiliser des techniques de sérologie et qu'elles puissent répondre à la question posée.
- Abla
Oui, pour éviter le risque de faux négatifs.
- Bénédicte
C'est exactement ça.
- Abla
Si je reviens à la première question, vous avez cité une multitude de virus. Donc là pour notre patient, quelle PCR choisir ?
- Bénédicte
Alors ça, c'est une très bonne question. C'est vrai que si on fait une PCR par virus, finalement, si on attend que la première soit négative et ensuite on recherche un deuxième virus, on va prendre du retard finalement sur le diagnostic. Et c'est vrai que depuis quelques temps maintenant, il existe des PCR multiplex, donc multi, c'est-à-dire qu'on peut rechercher de nombreux virus en même temps. Et les plus répandus sont des PCR multiplex aujourd'hui qui nous permettent de mettre en évidence à partir du même prélèvement et de la même réaction, le virus de la dengue, le virus du chikungunya, le virus Zika, qui justement ont été les plus fréquemment rencontrés ces dernières années.
- Abla
Faut-il penser à ces arboviroses aussi chez les patients qui n'ont pas voyagé ? Ou faut-il surveiller tout le temps ces arboviroses ?
- Bénédicte
Alors ça, c'est extrêmement intéressant Abla, parce que justement, Anne est un médecin généraliste de Toulon et on sait que dans le sud-est de la France, depuis assez longtemps, il y a une circulation du moustique qui est le vecteur de ces maladies. Et on a des petites épidémies assez fréquentes chaque année sur la côte d'Azur. Donc en effet, aujourd'hui, il faut penser aux arboviroses, même chez un patient qui n'a pas voyagé. Et c'est pour ça que depuis quelques années déjà, Santé publique France a mis en place une période de surveillance de ces arboviroses en métropole qui commence le 1er mai. et qui se termine le 30 novembre de chaque année pour couvrir la période de circulation du virus, c'est-à-dire principalement l'été.
- Abla
Donc si je récapitule, devant une suspicion d'arbovirus, un syndrome pseudo-grippal chez un patient qui a voyagé dans une zone tropicale, on va privilégier une PCR les 7 premiers jours et puis une sérologie après 7 jours, c'est ça ?
- Bénédicte
C'est exactement ça. La nomenclature des actes de biologie médicale en France dit également qu'entre J5 et J7, on fait à la fois la PCR et la sérologie. Pourquoi ? Parce que si on a une multiplication du virus qui est un peu moins longue et un peu moins intense, on peut avoir une PCR qui est négative dès J5, mais on aura la sérologie qui sera positive. Donc, pour être sûr de ne pas avoir de faux négatifs et de ne pas louper une infection : de J0. à J7, c'est la PCR; à partir de J5, c'est la sérologie; c'est-à-dire qu'entre J5 et J7, on aura PCR et sérologie.
- Abla
Alors Bénédicte, on arrive à la fin de cet épisode et c'est maintenant le moment de la question rituelle. Avez-vous un cas qui vous a marqué ou un point à retenir ?
- Bénédicte
Alors, ce ne sera pas un point, Abla, mais deux points. Le premier, c'est la non-spécificité des signes cliniques. Anne nous a présenté son patient qui avait un syndrome pseudogrippal. Donc finalement, lorsqu'on pense à une arbovirose, il faut y penser devant des signes qui sont juste de la fièvre ou vraiment des signes non spécifiques. Et ça m'amène au deuxième point dont je voudrais parler et qui est plus personnel. C'est vrai que cet été, nous avons la chance en France de recevoir les Jeux Olympiques. Et justement en recevant les Jeux Olympiques, nous allons recevoir également de nombreux touristes qui viennent de régions qui peuvent être des régions d'endémie arbovirale, soit les départements et régions d'outre-mer français, soit l'étranger. Et donc, j'aimerais dire à nos prescripteurs, à nos médecins de penser à ces arboviroses si cet été, des patients consultent avec ces syndromes pseudogrippaux.
- Abla
Un grand merci Bénédicte d'avoir été parmi nous et d'avoir partagé ces informations précieuses.
- Bénédicte
Merci beaucoup Abla.
- Narrateur
Vous souhaitez suivre nos actualités ? Inscrivez-vous à notre newsletter et abonnez-vous à notre podcast. Vous êtes un professionnel de santé ? Vous vous posez une question ? N'hésitez pas aussi à nous écrire à biomédicalementvôtre@lab-cerba.com. Nous tâcherons d'y répondre dans un prochain épisode. À bientôt !