Transcription

• Speaker #0

  Et si la clé d'une meilleure posture et même la solution à certaines douleurs chroniques se trouvaient juste sous nos pieds ? On pense souvent aux dos, aux épaules, c'est vrai, mais on oublie un peu cette base. Aujourd'hui justement on explore l'importance, vraiment capitale des pieds dans l'analyse posturale. On va s'appuyer sur les travaux de Florence Kandal qui est une référence et voir comment le pilates peut aider de façon ciblée. Notre discussion part d'un article de Caroline Berger de Fémini qui est experte en pilates. L'objectif, c'est de comprendre pourquoi cet alignement des pieds est si crucial et puis de découvrir des stratégies concrètes issues du pilates pour améliorer notre ancrage, notre posture générale. Bon, alors on y va ? Oui,

• Speaker #1

  l'idée de base que Kendall a vraiment mise en avant, c'est que le pied, c'est le point de départ. Un petit déséquilibre à ce niveau-là, même minime, et hop, ça peut avoir des répercussions en chaîne vers le haut. Les genoux, les hanches et même plus haut encore la colonne. C'est assez logique quand on pense à la complexité du pied en fait. On a des dizaines d'os articulations et une centaine de muscles. Certains qui viennent de la jambe, les extrinsèques on les appelle pour la force globale, et d'autres qui sont propres aux pieds, les intrinsèques, pour les ajustements fins, le soutien de la voûte. C'est une structure incroyable, très adaptable, mais du coup assez vulnérable au désalignement.

• Speaker #0

  C'est vrai qu'on n'imagine pas toute cette mécanique sous nos pieds. Alors concrètement... quels sont les problèmes les plus courants que Kendall avait identifiés ?

• Speaker #1

  Alors, Kendall a décrit plusieurs profils types. Oui, le plus connu, c'est peut-être le pied plat pronateur. Là, l'arche interne s'affaisse et le talon a tendance à basculer vers l'intérieur. Et puis, à l'inverse, on a le pied creux supinateur. Arche très marquée, l'appui se fait plutôt sur le bord externe du pied et le talon part vers l'extérieur. Et ces variations, ce n'est pas juste une question d'apparence. Ça change complètement la façon dont les forces, les impacts remontent dans le corps quand on marche.

• Speaker #0

  Ah oui, d'accord. Et ces changements de force, ça provoque quoi plus haut alors ?

• Speaker #1

  Prenons l'exemple du pied pronateur, ce roulement vers l'intérieur. Ça peut entraîner une rotation interne du tibia, de l'os de la jambe. Et ça, à son tour, ça peut favoriser ce qu'on appelle un valgus du genou. C'est le genou qui rentre vers l'intérieur, tu vois. Et cette contrainte mécanique répétée à chaque pas, ça peut user l'articulation plus vite. L'allus valgus aussi, le fameux oignon, c'est souvent lié à une pronation excessive, prolongée.

• Speaker #0

  D'accord, donc si je suis bien, corriger l'alignement du pied, ça pourrait vraiment aider pour un genou douloureux ou même une hanche. C'est un peu comme refaire les fondations d'une maison pour que les murs arrêtent de bouger.

• Speaker #1

  C'est exactement ça l'approche de Kendall. On traite à la base, alors la stratégie évidemment elle dépend du type de pied. Pour un pied plat pronateur, on va chercher à renforcer les muscles qui soutiennent l'arche. Le tibial postérieur, par exemple, c'est un muscle clé. Imagine un puissant ressort sous le pied. Et les intrinsèques aussi. Et en même temps, on va étirer les muscles qui tirent le pied vers l'extérieur, comme les fibulaires. Pour un pied creux, on fait l'inverse en gros. Enforcer les fibulaires pour recentrer l'appui et étirer le tibial postérieur qui peut être trop tendu. C'est un travail d'équilibre musculaire, très précis. Je vois.

• Speaker #0

  On comprend bien le quoi et le pourquoi. Mais la question, c'est comment on fait ça de manière efficace, contrôlée ? C'est là que le Pilates intervient, j'imagine.

• Speaker #1

  Exactement. Le Pilates est idéal pour ça, parce que ses principes de base, c'est la précision, le contrôle, la concentration appliquées au mouvement. Sur le réformeur, par exemple, cet appareil avec des ressorts, l'exercice de base, le footwork, le travail des pieds, il nous apprend justement à contrôler le déroulé du pied, à maintenir l'alignement talons, chevilles, genoux. Et ça, ça active les stabilisateurs profonds, comme ce fameux tibial postérieur. C'est pas juste on pousse, c'est on sent et on corrige en même temps.

• Speaker #0

  Et si on n'a pas de réformeur ? Sur d'autres appareils ou même au sol ?

• Speaker #1

  Ah oui, bien sûr. Sur la chaise, le cadillac, on a d'autres exercices qui ciblent spécifiquement la force des muscles de la cheville ou la mobilité, toujours avec contrôle. Et même au sol, le matwork, on peut faire beaucoup. Le doming par exemple. C'est un exercice où on essaye de soulever l'arche du pied sans crisper les orteils. Juste créer un petit dôme. Ça réveille les muscles intrinsèques, c'est très efficace. On peut aussi travailler avec des élastiques pour renforcer spécifiquement les muscles qui viennent de la jambe, les extrinsèques. Ça améliore la stabilité et la proprioception. La connaissance de la position du pied, quoi.

• Speaker #0

  Donc pour résumer un peu tout ça, l'idée forte, c'est vraiment d'arrêter de voir nos pieds comme de simples supports passifs. L'approche de Condell qu'on retrouve dans le Pilates les considère comme une base active, dynamique pour toute la posture.

• Speaker #1

  Absolument ! Commencer l'analyse posturale par les pieds et utiliser des exercices ciblés, type Pilates, ça permet de construire ou de retrouver une fondation solide, fonctionnelle. Il s'agit vraiment de rééquilibre les tensions, renforcer ce qui est faible, étirer ce qui est raide, pour que les charges se répartissent mieux, que les chocs soient mieux absorbés. Et ce qui est fascinant, c'est de voir à quel point ces ajustements, parfois subtils au niveau du pied, peuvent avoir un écho positif sur tout le port, réduire des douleurs, améliorer la fluidité générale du mouvement.

• Speaker #0

  En bref, faire attention à l'alignement, à la force de ses pieds, c'est un véritable investissement pour le bien-être global, pour la façon dont on bouge tous les jours.

• Speaker #1

  Tout à fait. Et peut-être pour finir, une question intéressante à se causer, au-delà des exercices, comment est-ce que nos choix quotidiens, le type de chaussures qu'on porte le plus souvent, le temps qu'on passe pieds nus ou sur différentes surfaces, comment tout ça façonne, jour après jour, cette fondation plantaire ? Et par ricochet, toute notre posture ?

• Speaker #0

  Bonne question à méditer.