- Speaker #0
Bonjour et bienvenue. Alors aujourd'hui, on s'attaque à un sujet, la biomécanique cervicale. Classique, oui, mais on a un guide un peu surprenant.
- Speaker #1
Ah oui !
- Speaker #0
Un cheval, Gandour. Notre discussion s'appuie sur son interview à hauteur de nuque.
- Speaker #1
Oui, Gandour. Et c'est ça qui est vraiment intéressant, je trouve. On va essayer de voir ce que cette perspective, bon, équine, très terre-à-terre finalement, peut nous apprendre sur notre propre tête, notre cou. c'est une approche assez... Inédite, on peut dire.
- Speaker #0
Absolument. Et d'emblée, Gandour pose un truc fort. Le port de tête, que ce soit chez lui ou chez nous, ce n'est jamais un geste isolé.
- Speaker #1
Non, jamais.
- Speaker #0
C'est le reflet d'un équilibre.
- Speaker #1
Qui traverse tout le corps.
- Speaker #0
Il dit que la nuque, c'est un relais et baromètre. Qu'est-ce que ça veut dire, c'est un baromètre ?
- Speaker #1
Ça change tout, en fait. Ce n'est plus juste une zone où on a mal. Le mot « baromètre » , ça suggère qu'elle capte, qu'elle exprime l'état général.
- Speaker #0
L'état du corps entier.
- Speaker #1
Exactement. la confiance, la liberté du dos. Chez le cheval, c'est très clair. Une tête bien portée, ça vient d'un dos qui travaille bien, librement, et d'une relation sans contraintes. Sans contraintes, c'est-à-dire ?
- Speaker #0
Pas de reines trop serrées, pas de flexion forcée qui ne mène qu'à la raideur aux compensations partout ailleurs.
- Speaker #1
Et là, la comparaison avec nous, elle est immédiate. Notre tête, quoi, 5 kilos ?
- Speaker #0
Environ, oui. Si elle part en avant, si elle est mal placée, ça tire. La nuque, les trapèzes, les épaules, ça peut même coincer la respiration.
- Speaker #1
Tout à fait. Et Guindure insiste là-dessus. Le bon alignement, il doit émerger. Il vient de l'équilibre global. On ne peut pas le fabriquer, le forcer de l'extérieur. C'est là que l'anatomie devient intéressante, même vue par un cheval. Il parle de C1-C2, l'atlas et l'axis.
- Speaker #0
Oui, la charnière tout en haut.
- Speaker #1
Crucial. C'est la zone de la micro-rotation. De l'ajustement fin, c'est ça qui nous donne notre sens de l'équilibre. La proprioception. Si ça bloque là, il dit que c'est la confusion.
- Speaker #0
La confusion. Intéressant. Et chez nous, il met en avant ce petit hochement de tête, très subtil.
- Speaker #1
Oui, celui qui engage les fléchisseurs profonds du cou, il appelle ça la première respiration du cou.
- Speaker #0
Ah oui. Et ça, ça rejoint sa vision de la hiérarchie des muscles, non ? L'idée que les muscles profonds, tout près de l'os, devraient bosser en premier.
- Speaker #1
Exactement. Le long du cou, les petits sous l'occipute, c'est eux qui devraient stabiliser, guider finement. Mais souvent, à cause de nos habitudes, du stress...
- Speaker #0
Ce sont les gros qui prennent le relais.
- Speaker #1
Voilà, les superficiels. Les trapèzes supérieurs, ceux qu'on sent tendus sur les épaules, les SCM sur les côtés, les scalènes. Ils surtravaillent. Et le résultat, c'est ce cou tout crispé, la tête projetée en avant. Un signe clair de déséquilibre.
- Speaker #0
Et Gandour voit la même chose chez le cheval.
- Speaker #1
Oui, avec des muscles comme le bras chiocéphalique. Si celui-là est tendu, il bloque toute l'encolure. Et ça vient souvent d'un dos qui manque de liberté. La nuque, pour lui, n'est qu'une passerelle.
- Speaker #0
Cette idée de connexion, c'est vraiment le fil conducteur, on dirait. La tête, elle n'est pas seule dans son coin.
- Speaker #1
Non, elle doit être en continuité avec la colonne thoracique. Si le dos est raide, voûté, la nuque va compenser, forcément. Et ça joue sur tout, même l'axe du regard. Il donne un conseil pratique d'ailleurs. Sentir le crâne qui s'éloigne du sacrum et initier le mouvement par le regard. Oui, ça aide à engager les bons muscles, les posturaux, sans forcer. Et les exercices qu'il mentionne. Toujours avec son regard de cheval. La flexion crânio-vertébrale.
- Speaker #0
Ce tout petit hochement de tête quand on est allongé.
- Speaker #1
C'est ça. Il dit que c'est un bijou de précision. Parce que ça cible juste ses muscles profonds, les stabilisateurs. Et ça calme les autres, les superficiels qui sont souvent trop actifs. C'est un vrai recentrage.
- Speaker #0
Il fait le parallèle avec le cheval qui hoche doucement la tête au repos.
- Speaker #1
Oui, il dit que ce n'est pas de la soumission, ça. C'est de l'écoute. Une connexion très fine à soi-même.
- Speaker #0
Et les autres mouvements qu'il évoque ? Comme la préparation aux abdos modifiée ?
- Speaker #1
Il la voit comme une onde, pour enrouler le thorax sans écraser les cervicales. Ça relie le haut et le bas. Et la brasse modifiée, c'est le regard qui mène l'extension. Le thorax s'ouvre, mais le cou reste long, libre. Une élégance de l'intérieur. C'est joli comme image, non ?
- Speaker #0
Très parlant. Et ces images, elles sont importantes dans sa pédagogie, j'imagine ? Ah oui,
- Speaker #1
c'est clé. Plutôt que de dire « tiens-toi droit » , il suggère de guider la conscience de l'axe. Utilisez des phrases comme « laisse ta nuque s'allonger » ou « imagine ta tête flotter » . Et surtout, respectez le rythme de chacun. L'alignement, ça se découvre. Donc pour résumer, avec la métaphore de Gandour, la dette c'est un gouvernail.
- Speaker #0
Oui, mais elle ne dirige bien que si elle est alignée avec tout le navire, tout le corps. L'intention part de la pensée, s'affine dans la nuque et puis se propage dans la colonne.
- Speaker #1
Tout à fait. Ce qui nous amène à une dernière pensée peut-être. Gandour dit que ce petit hochement de tête, c'est une révérence à l'équilibre, une sorte d'écoute interne.
- Speaker #0
Une révérence à l'équilibre. Alors si ce tout petit mouvement est déjà si riche de sens, on pourrait se demander, quels autres signaux, peut-être encore plus subtils, notre nuque, notre tête, nous envoient en permanence sur notre état d'équilibre ? sur ce dialogue silencieux du corps ?
- Speaker #1
Excellente question pour finir. Si on apprenait à écouter notre nuque avec cette finesse que Gandour suggère, qu'est-ce qu'on découvrirait sur nous-mêmes ? Voilà de quoi réfléchir.