- Speaker #0
Bienvenue à cette exploration. Aujourd'hui, on plonge dans un sentiment très commun. Cette impression de ne pas être vraiment à la hauteur quand on débute quelque chose de nouveau.
- Speaker #1
Oui, ce petit doute persistant.
- Speaker #0
Exactement. Et on va regarder ça de près. Avec l'aide d'une entrevue très éclairante de Caroline Berger de Fémini. C'est une formatrice pilatesse expérimentée et elle a des choses assez fortes à dire sur la formation des instructeurs.
- Speaker #1
Une experte reconnue, oui.
- Speaker #0
Notre but, essayer de comprendre. Pourquoi ces sensations, la mémoire qui semble flanchée, la difficulté à expliquer clairement, et surtout ce fameux « je ne me sens pas légitime » , pourquoi tout ça serait normal ?
- Speaker #1
Voir même utile, constructif, selon elle.
- Speaker #0
C'est ça qui est intéressant. Ça va un peu à contre-courant de ce qu'on pourrait penser.
- Speaker #1
Tout à fait. Son message principal, c'est que si on ressent tout ça, eh bien, on est exactement là où on doit être. Ce n'est pas un signe d'échec, loin de là.
- Speaker #0
Ah oui. Mais alors, c'est quoi…
- Speaker #1
C'est le début d'un ajustement. d'une rencontre avec soi dans un nouveau rôle, un processus d'intégration qui démarre en fait.
- Speaker #0
D'accord. Bon, alors, allons-y. Un truc qui revient tout le temps chez les débutants, c'est « j'ai du mal à me rappeler de tout, je croyais avoir compris » et puis pouf, c'est hyper frustrant.
- Speaker #1
Oui, ça c'est classique. Et elle, elle propose de voir ça autrement. Elle dit « ce n'est pas de l'oubli, c'est de l'intégration » .
- Speaker #0
Intégration, c'est-à-dire ?
- Speaker #1
L'idée, c'est que le cerveau, il ne fait pas que stocker l'info comme un disque dur, il trie, il... Ils connectent, ils réorganisent tout ça à un niveau plus profond.
- Speaker #0
Plus incarné.
- Speaker #1
Plus que juste savoir intellectuellement. Voilà, c'est un processus actif, même si on n'en a pas toujours conscience. Une sorte de, comment dire, de mise à jour de fond.
- Speaker #0
Ok, donc c'est pas une mémoire défaillante, c'est le cerveau qui bosse pour vraiment assimiler. C'est plutôt rassurant comme idée. Oui. Mais ça nous amène à un autre point un peu sensible. Je comprends bien pour moi, mais alors ? Quand je dois l'expliquer à quelqu'un d'autre, tout devient flou.
- Speaker #1
Ah oui, le grand écart entre comprendre et transmettre.
- Speaker #0
C'est ça.
- Speaker #1
Et là, on touche à ce que Caroline Berget de Fénimie appelle un « nard à part entière » . Enseigner, c'est pas juste répéter ce qu'on sait.
- Speaker #0
Non, c'est sûr.
- Speaker #1
C'est une traduction. Surtout en pilates où il y a beaucoup de sensations. Il faut traduire cette expérience sensorielle en mots. Des mots qui guident, qui éclairent. Elle dit même qu'il faut apprendre à parler pilates.
- Speaker #0
Apprendre une nouvelle langue presque ?
- Speaker #1
En quelque sorte, oui. Une compétence de communication très spécifique.
- Speaker #0
Et logiquement, si on a du mal à expliquer, on a peur de mal expliquer j'imagine.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
La fameuse peur de dire une bêtise, quelque chose de faux.
- Speaker #1
Oui, et c'est ça qui nourrit directement le sentiment de ne pas être légitime. On sent un peu…
- Speaker #0
Comme un imposteur.
- Speaker #1
C'est un peu ça, oui. Mais là encore, son regard est différent. Pour elle, cette peur, ce n'est pas de l'incompétence. Au contraire… Ah bon ? Oui, ça montre qu'on prend les choses au sérieux, qu'on est responsable. Ça prouve qu'on se soucie de bien faire. La légitimité, elle insiste là-dessus. Ça ne vient pas d'une assurance sans faille ou de l'absence de doute.
- Speaker #0
Alors, d'où ça vient ?
- Speaker #1
Ça se construit, petit à petit, par l'engagement, la rigueur dans sa propre pratique. Et puis, la curiosité. Toujours chercher à comprendre mieux. Sa phrase est très claire. On ne demande pas à un futur instructeur d'être parfait.
- Speaker #0
Ouf !
- Speaker #1
On lui demande d'être sincère, rigoureux et curieux.
- Speaker #0
C'est une nuance capitale, ça. Viser la sincérité, la rigueur, pas la perfection tout de suite. Ça change tout niveau pression.
- Speaker #1
Complètement. Et dans cette recherche de la bonne façon d'expliquer, il y a aussi le dosage des mots. Ah oui ? J'en dis trop peu ou alors je noie l'autre sous les détails.
- Speaker #0
Voilà. C'est typique au début. Trouver le bon équilibre verbal, sentir quand parler, quand laisser faire, ça vient avec l'expérience.
- Speaker #1
Avec la pratique et surtout avec l'écoute. S'écouter soi, écouter l'autre.
- Speaker #0
Tout ça, ça crée un sentiment général au début. On pourrait dire « c'est encore flou tout ça, je ne suis pas vraiment à l'aise » . Et ce n'est pas agréable de se sentir dans le flou.
- Speaker #1
Non, c'est sûr. Mais Caroline Merget de Fémini nous invite à voir ce flou, cet inconfort, non pas comme des ennemis, mais comme des signaux.
- Speaker #0
Des signaux, hein ? De quoi ? Que quelque chose bouge en profondeur. Qu'une transformation est en cours. qu'on adopte une nouvelle posture intérieure, pas juste physique. L'inconfort, c'est souvent qu'on sort de sa petite zone habituelle, pour entrer dans la zone où on apprend vraiment.
- Speaker #1
Donc l'inconfort serait la preuve du changement.
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #1
Le témoin que ça bouge.
- Speaker #0
Bon, si on met tout ça bout à bout, l'image qui se forme est assez différente de ce qu'on imagine souvent.
- Speaker #1
Oui, tout à fait. L'idée centrale, c'est que ces doutes, ces difficultés, ce sentiment d'être un peu gauche au début, Ce ne sont pas des défauts à corriger vite fait,
- Speaker #0
mais plutôt des étapes,
- Speaker #1
des étapes nécessaires, formatrices même, de l'agrandissage profond. La légitimité, ce n'est pas un truc qu'on a ou qu'on n'a pas dès le départ. C'est, comme elle dit, un chemin à emprunter.
- Speaker #0
Un résultat qui vient avec le temps et l'engagement.
- Speaker #1
C'est ça, le fruit de la pratique, de la réflexion, de la persévérance.
- Speaker #0
Et alors, le message final qu'elle adresse ceux qui commencent, qui traversent ces moments de doute, il est comment ?
- Speaker #1
Il est très encourageant. En gros, ne doutez jamais de la valeur de ce que vous êtes en train de devenir. Ces moments d'hésitation, c'est en fait la base sur laquelle on construit.
- Speaker #2
C'est beau comme idée.
- Speaker #1
Elle ajoute même qu'un jour, on repense à ses débuts parfois difficiles avec tendresse. On réalise que ce sentiment d'illégitimité, eh bien, il faisait déjà partie de la légitimité qui était en train de naître.
- Speaker #2
C'est une perspective vraiment apaisante. Et ça ouvre une réflexion plus large peut-être, pour finir. Au-delà du Pilates ou de n'importe quelle formation, comment notre façon d'apprendre, que ce soit un nouveau métier, un art, ou même juste endosser un nouveau rôle dans la vie, Comment ça pourrait changer si on acceptait mieux ce flou, cet inconfort du début, si on les voyait non pas comme des signes d'échec, mais comme des moteurs de croissance ?