- Speaker #0
Bienvenue dans cette nouvelle analyse. Aujourd'hui, on explore un lien assez inattendu. Comment les principes du pilates pourraient nous aider à voir le management autrement ?
- Speaker #1
Oui, une connexion surprenante, mais on va le voir, plutôt pertinente.
- Speaker #0
Notre source, c'est un entretien passionnant de Féride Garbi avec Caroline Berger de Fémini. Elle enseigne le pilates, mais elle est aussi formatrice pour des dirigeants.
- Speaker #1
Exactement, une double casquette assez unique.
- Speaker #0
Et notre but, c'est de voir... comment six concepts clés du pilates, alors on a le centre, la respiration, le contrôle, la fluidité, la concentration et la précision, comment ces concepts peuvent transformer le leadership ?
- Speaker #1
Le rendre plus stable, plus humain peut-être aussi.
- Speaker #0
Plus agile.
- Speaker #1
C'est ça, on va décortiquer ces six piliers.
- Speaker #0
La question qui pique un peu la curiosité au départ, c'est une discipline du corps, du mouvement, comment ça peut donner des clés pour piloter une entreprise ? Surtout aujourd'hui quoi.
- Speaker #1
C'est vrai que ça peut paraître un peu décalé au premier abord.
- Speaker #0
Bon, alors, voyons ça de plus près. Déballons ça. Allons-y. On commence par le commencement, en pilates, le centre. Caroline Berger de Fémini, elle prend l'image du teaser. C'est cette posture en V, assez exigeante, qui demande beaucoup de force, d'équilibre.
- Speaker #1
Ah oui, le teaser, c'est un sacré défi.
- Speaker #0
Et elle dit au leader, construisez votre teaser de l'intérieur. Alors, qu'est-ce que ça veut dire, ça, pour un manager ?
- Speaker #1
Eh bien, ce qui est intéressant, c'est que, pour elle, Ce centre managérial, ce n'est pas du tout une idée vague, genre bien-être au travail. Non, c'est très concret.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
C'est l'alignement. L'alignement profond et surtout vérifié entre la vision qu'on affiche et les valeurs qu'on incarne réellement. Mais aussi les compétences qui sont effectivement là dans l'équipe et la culture d'entreprise au quotidien. Pas juste sur le paquet.
- Speaker #0
D'accord. Vision, valeur, compétence, culture. Aligné.
- Speaker #1
Voilà. Et c'est aussi pour le leader lui-même. Un ancrage émotionnel, c'est-à-dire connaître ses propres forces, ses limites aussi, et puis assumer ses choix stratégiques.
- Speaker #0
Être clair avec soi-même en somme.
- Speaker #1
C'est ça. Et elle insiste, sans ce centre solide, quand on lance un projet ambitieux, il y a un risque. Elle appelle ça d'effondrement symbolique.
- Speaker #0
L'image est forte. Oui,
- Speaker #1
c'est comme une belle façade, mais sans fondation solide derrière. Au premier coup de vent, tout peut s'écrouler. L'idée, c'est que la performance durable Celle qui tient dans le temps, elle vient de cette cohérence interne. Une cohérence qu'il faut construire patiemment.
- Speaker #0
Patiemment construite, j'aime bien. Mais concrètement, on fait comment pour bâtir ce centre quand on est dans le rush permanent ?
- Speaker #1
Justement, elle dit bien que ce n'est pas un bouton on-off. C'est un travail progressif.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Ça demande déjà une introspection honnête du dirigeant. Quels sont mes vrais moteurs, mes limites, mes angles morts ? Et puis... Un diagnostic lucide de l'organisation. Quelles sont nos vraies forces, nos faiblesses cachées ? Est-ce que notre mission est claire pour tout le monde ? Est-ce que nos valeurs sont plus que des mots sur un mur ? Est-ce qu'on a les bonnes compétences là où il faut ?
- Speaker #0
C'est un travail de fond, en fait.
- Speaker #1
Exactement. Un travail de fond souvent un peu négligé dans l'urgence. Non. Mais c'est ça, la vraie fondation avant de pouvoir tenir des stratégies complexes sur la durée.
- Speaker #0
D'accord. Le centre, c'est la fondation stable. Après ça, il y a un autre élément crucial, la respiration. Elle l'utilise de façon assez originale pour la négociation, avec l'image du unread.
- Speaker #1
Ah oui, le unread. Cet exercice où on pompe avec les bras, très rythmé, en coordination avec la respiration.
- Speaker #0
C'est ça. Comment ça s'applique à une négo ?
- Speaker #1
Alors pour Caroline, la respiration consciente, c'est un outil d'autorégulation hyper puissant pour un manager. D'accord. Imaginez une situation tendue, une négociation difficile. Maîtriser son souffle, ça permet plusieurs choses. D'abord, ça aide à ralentir le rythme. Le sien est souvent celui de l'échange aussi.
- Speaker #0
Éviter l'escalade.
- Speaker #1
Exactement. Ne pas se laisser déborder par ses émotions ou par celles de l'autre. Et surtout, ça crée de l'espace pour mieux écouter. Vraiment écouter. On inspire ce que l'autre dit avant de réagir.
- Speaker #0
On prend le temps.
- Speaker #1
On prend le temps. Ça permet aussi d'utiliser les silences. Pas comme un vide gênant, mais comme un outil. Pour réfléchir, pour laisser l'autre parler. Et ça aide à poser sa voix, à garder sa clarté d'esprit, choisir ses mots au lieu d'être juste en réaction.
- Speaker #0
Et elle donne même un petit protocole, non ? Un inspiré du 100 ?
- Speaker #1
Oui, un truc très simple. Inspirer sur un certain temps, mettons 4 secondes, pour se forcer à écouter, puis expirer plus longtemps, genre 6 secondes, pour se stabiliser, ancrer sa voix, et seulement après, formuler une réponse, courte. Précise.
- Speaker #0
Simple, mais ça doit demander de l'entraînement.
- Speaker #1
Bien sûr. Elle donne l'exemple d'un directeur industriel, très complétant techniquement, mais impulsif. Il avait tendance à flinguer ses négo dès le début. En appliquant ce protocole, inspiré sur 4, expiré sur 6, avant de parler, une phrase ciblée, il a complètement changé sa posture. Les discussions sont devenues plus calmes, plus constructives.
- Speaker #0
Et les résultats ?
- Speaker #1
Meilleurs. Ça prenait peut-être un peu plus de temps sur le moment, mais les accords finaux étaient beaucoup plus solides, plus durables. Donc si on prend du recul, la respiration devient un outil carrément stratégique en communication. Bien plus que juste respirer pour vivre.
- Speaker #0
Fascinant de voir un outil aussi basique avoir un tel impact. On passe au troisième principe, le contrôle. Alors là, c'est un mot sensible en management, non ? Ça fait penser à rigidité, micromanagement ?
- Speaker #1
Oui, c'est souvent la première réaction. Mais Caroline démonte... complètement cette idée. En pilates, le contrôle, c'est jamais la raideur ou la force brute. Jamais. Ah bon ?
- Speaker #0
C'est quoi alors ?
- Speaker #1
C'est tout l'inverse. C'est la coordination la plus fine possible entre l'intention, ce que je veux faire, et le geste, ce que je fais réellement. C'est le dosage précis de l'effort. Juste ce qu'il faut. Pas plus, pas moins. C'est éviter les à-coups, les mouvements désordonnés. C'est une régulation intelligente du mouvement.
- Speaker #0
D'accord, une régulation intelligente.
- Speaker #1
Donc... transposée au management, c'est pas le flicage. C'est la capacité à donner un cadre clair, mais sans étouffer, à ajuster la trajectoire avec précision, mais sans créer d'instabilité. Elle reprend l'image du teaser tentée trop tôt. Si on essaye de faire le mouvement parfait sans avoir la force de base, le centre, on fait illusion quelques secondes, puis on s'écroule.
- Speaker #0
C'est une illusion de contrôle.
- Speaker #1
Exactement. Le vrai contrôle, pour elle, il accepte la progressivité. Il l'intègre même. Concrètement, ça veut dire quoi ? Des étapes claires. Des points de feedback réguliers, des ajustements fins, pas des changements de cap brutaux tous les quatre matins.
- Speaker #0
J'aime bien sa formule, oui. Rigueur oui, raideur non.
- Speaker #1
C'est tout à fait ça. C'est cette rigueur souple qui permet de tenir l'effort dans la durée sans casser.
- Speaker #0
C'est une belle idée, cette rigueur souple. Mais comment on s'assure que cette rigueur, même bien intentionnée, ne soit pas perçue comme de la rigidité par les équipes ?
- Speaker #1
C'est là qu'elle fait le lien avec la sécurité psychologique. La clé, selon elle, c'est la clarté. et la prévisibilité que ce contrôle juste apporte.
- Speaker #0
La clarté ?
- Speaker #1
Oui. Quand le rôle sont clairs, les responsabilités bien définies, les critères de succès connus, les marges de manœuvre explicites, ça réduit l'ambiguïté. Or, l'ambiguïté, c'est épuisant. C'est une source énorme de stress et de perte d'énergie.
- Speaker #0
C'est vrai. On passe son temps à essayer de deviner.
- Speaker #1
Voilà. Alors que si on sait précisément ce qui est attendu, comment on mesure la réussite, quelles sont les limites ? on peut se concentrer sur le travail lui-même, plutôt que sur l'interprétation des intentions du chef ou la peur de l'arbitraire.
- Speaker #0
Donc, la structure sécurise.
- Speaker #1
Exactement. Sa métaphore est très parlante. Un placement clair libère le mouvement. Une bonne structure, bien pensée, ça n'enferme pas. Au contraire, ça crée un espace sécurisé où l'action et l'initiative peuvent se déployer.
- Speaker #0
Je vois. Le contrôle qui libère. Ça nous amène logiquement au principe suivant, la fluidité. Ça pourrait sembler contradictoire avec le contrôle, non ?
- Speaker #1
À première vue, oui. Mais dans sa vision, la fluidité, ce n'est pas l'opposé du contrôle. C'est plutôt son aboutissement réussi. C'est le résultat d'un centre stable, d'une respiration maîtrisée et d'un contrôle juste.
- Speaker #0
D'accord. Comment ça se manifeste ?
- Speaker #1
C'est l'art de passer d'une phase à l'autre ou d'une exigence à l'autre sans rupture brutale, sans à-coups. Par exemple, passer de la phase de réflexion stratégique à l'exécution sur le terrain. ou alterner entre donner un cadre très précis et laisser beaucoup d'autonomie à l'équipe.
- Speaker #0
Naviguer sans heurts.
- Speaker #1
C'est ça. Comment on la construit, cette fluidité ? Elle suggère plusieurs choses. Des transitions qui sont annoncées, expliquées, gérées consciemment. Une information qui circule au bon rythme. Ni trop, au risque de noyer, ni trop peu, ce qui crée de la rétention. Des rituels aussi, qui marquent les passages importants. Un lancement de projet, un bilan d'étape. Et même, dit-elle, des pauses respiratoires collectives. Des moments pour souffler, intégrer l'info, ajuster le cap si besoin.
- Speaker #0
Des pauses respiratoires collectives. J'aime l'idée.
- Speaker #1
L'objectif, c'est pas la mollesse. C'est ce qu'elle appelle une souplesse structurée. Une capacité de l'organisation à absorber les changements, les imprévus, sans se désintégrer.
- Speaker #0
Souplesse structurée, c'est parlant. Et cette idée de respirer avec l'organisation, alterner cadre et liberté ? Comme une inspiration et une expiration ? Comment on trouve le bon rythme pour ça ?
- Speaker #1
Ah, ça c'est tout l'art du pilotage fin. Ça demande d'être très connecté à ce qui se passe, aux besoins du moment, à l'état de l'équipe.
- Speaker #0
C'est pas une recette miracle, donc ?
- Speaker #1
Non, pas du tout. Mais l'idée, c'est, en phase d'exploration, de créativité, on inspire, on ouvre, on donne de la latitude, on encourage les idées nouvelles.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Et puis, quand on approche d'une échéance clé ou qu'il faut prendre une décision, là, on expire, on resserre le cadre, on demande de la convergence, on stabilise.
- Speaker #0
C'est un ajustement permanent ? Oui.
- Speaker #1
Mais le simple fait d'être conscient de ce besoin de rythme de cette respiration collective, ça aide déjà à éviter les deux écueils. Soit l'enlisement dans l'ouverture permanente, soit la précipitation dans la fermeture constante.
- Speaker #0
Très clair. Cinquième principe, la concentration. Caroline la relie beaucoup à la qualité des relations et à l'efficacité des réunions. Un sujet sensible, les réunions.
- Speaker #1
Oh que oui. Pour elle, la concentration, c'est ce qui nous ancre dans l'instant présent, dans l'interaction. En pilates, si t'es pas concentré une seconde, le mouvement est raté. Voir tu te blesses. En management, le manque de concentration en réunion, en entretien, même en lisant un mail important, ça mène à quoi ? Dispersion, erreur d'interprétation, décision prise à la va-vide sur des infos incomplètes.
- Speaker #0
Le coût est énorme en fait.
- Speaker #1
Exactement. Donc pratiquer cette pleine attention, c'est d'abord choisir d'écouter vraiment l'autre avant de penser à sa propre réponse.
- Speaker #0
Pas facile.
- Speaker #1
C'est prendre le temps de reformuler. Si je comprends bien, tu dis que... pour être sûr qu'on est sur la même longueur d'onde. C'est aussi aider un groupe à rester focalisé sur l'objectif de la discussion.
- Speaker #0
Elle propose des micro-protocolls pour ça, non ?
- Speaker #1
Oui, des trucs très concrets, inspirés du studio de Pilates. Par exemple, avant de prendre la parole en réunion, prendre consciemment deux respirations profondes. Ou bien, s'obliger à résumer l'idée précédente en une phrase avant d'ajouter la sienne. Ou encore, poser plus de questions ouvertes qui invitent à la réflexion plutôt que de balancer des jugements tout faits.
- Speaker #0
Des petites habitudes à prendre.
- Speaker #1
Voilà. Sa formule résume bien l'idée. L'attention est un acte de soin. C'est prendre soin de la relation, de la qualité de la réflexion commune et au final de la pertinence des décisions.
- Speaker #0
L'attention est un acte de soin. C'est une belle perspective. Mais est-ce que c'est réaliste de tenir ce niveau d'attention dans nos environnements hyper sollicités, fragmentés ?
- Speaker #1
Et c'est justement là que la notion de discipline, comme en Pilates, prend tout son sens. C'est pas facile, ça demande un effort conscient, c'est sûr. Oui. Mais l'argument de Caroline, c'est que le coût de la non-attention est bien plus élevé. Les malentendus, les erreurs, le temps perdu en réunion qui tourne en rond.
- Speaker #0
Vu comme ça.
- Speaker #1
Ces micro-protocolles, ils ne visent pas une concentration parfaite et continue, ce serait illusoire. L'idée, c'est plutôt de créer des îlots d'attention de meilleure qualité aux moments importants. Début de réunion, prise de décision, feedback, c'est un entraînement. Et même de petites améliorations peuvent avoir un gros impact sur le travail collectif.
- Speaker #0
Un entraînement progressif, on y revient. Dernier principe, point, la précision. Comment on applique ça sans tomber dans l'excès de zèle, le perfectionnisme qui paralyse ou la machine à reporting ?
- Speaker #1
L'agnance qu'elle apporte est essentielle ici. La précision managériale pour Caroline, c'est pas l'obsession du détail pour le détail. C'est la justesse, la clarté de l'intention et de l'action.
- Speaker #0
D'accord. Et concrètement ?
- Speaker #1
Concrètement, ça se traduit par plusieurs choses. D'abord, des objectifs clairs et si possible mesurables. La question clé ? Comment on saura qu'on a réussi ? Ensuite, des responsabilités définies sans flou. Qui fait quoi ? C'est clair pour tout le monde. Des échéances aussi, qui soient réalistes et communiquées. Et enfin, un langage simple, direct, compréhensible par tous. Évitez le jargon inutile.
- Speaker #0
Elle donne un exemple frappant, non ?
- Speaker #1
Oui, au lieu d'un objectif vague comme « améliorer la collaboration inter-service » .
- Speaker #0
Classique.
- Speaker #1
Très classique. Un objectif précis serait… Ah oui, là c'est précis. Et cette précision-là, elle ne paralyse pas. Au contraire, elle focalise l'énergie. Elle donne un cap clair. Ça peut même libérer la créativité sur les moyens d'y arriver.
- Speaker #0
Et ça renforce la confiance, dit-elle.
- Speaker #1
Exactement. Parce que chacun sait sur quoi il sera évalué. On partage une définition commune de ce que veut dire réussir. Ça, c'est fondamental pour la confiance.
- Speaker #0
Et la dimension bienveillante dans cette précision, elle se situe où ?
- Speaker #1
C'est une forme de respect. Respect du temps, de l'énergie des collaborateurs. C'est éviter de les laisser naviguer à vue, ce qui est souvent très anxiogène et démotivant. Je vois. La précision, si elle est couplée à des feedbacks réguliers, constructifs, n'est pas juste utilisée pour contrôler ou sanctionner. Elle devient un outil de développement, pour les personnes et pour l'équipe. C'est une exigence claire, oui, mais dans un esprit de soutien.
- Speaker #0
D'accord, c'est une exigence qui aide à grandir. C'est l'idée. Bon, on a exploré les six principes. Centre, respiration, contrôle, fluidité, concentration, précision. Maintenant, comment on met tout ça en musique ? Caroline m'insiste beaucoup sur la progressivité. Ça ressemble à quoi un plan d'action concret pour un dirigeant qui veut s'en inspirer ?
- Speaker #1
Elle le décrit vraiment comme un programme d'entraînement, pas comme un Big Bang. Et l'ordre qu'elle suggère suit la logique des principes. C'est assez malin.
- Speaker #0
Ah oui ? Ok, comment ?
- Speaker #1
D'abord, renforcer le centre. Ça veut dire revisiter la mission, les valeurs, faire un état des lieux honnêtes, des forces, des faiblesses. La fondation, quoi.
- Speaker #0
Ok, on commence par la base.
- Speaker #1
Ensuite, instaurer une respiration collective plus saine. Mettre en place des routines de communication plus courtes, plus régulières. plus ciblés. D'accord. Troisième étape, introduire du contrôle utile. Simplifier, clarifier les processus clés, les rôles, les périmètres de décision. Rendre les choses plus lisibles.
- Speaker #0
Moins d'ambiguïté.
- Speaker #1
Exactement. Quatrièmement, cultiver la fluidité. Mieux gérer les transitions entre les phases. Encourager l'expérimentation mais de manière encadrée. Ritualiser les moments d'ajustement.
- Speaker #0
Rendre le changement moins brutal.
- Speaker #1
Voilà. Cinquièmement, améliorer la concentration collective. Revoir les pratiques de réunion. encourager l'écoute active, peut-être tester ses micro-protocolles.
- Speaker #0
Des réunions plus efficaces.
- Speaker #1
On peut rêver. Et enfin, sixièmement, formaliser la précision. Définir des indicateurs qui ont du sens, pas que financiers. Établir des jalons clairs et systématiser le feedback constructif.
- Speaker #0
C'est un programme complet ?
- Speaker #1
Oui, mais l'idée clé, c'est d'avancer pas à pas. Viser des petites victoires rapides et visibles à chaque étape. Pour créer une dynamique positive, pour embarquer les équipes sans les épuiser.
- Speaker #0
Pas toi en même temps.
- Speaker #1
Surtout pas. Elle met vraiment en garde contre la confusion entre vitesse et précipitation. Elle a cette phrase assez forte. La vitesse sans centre est une chute accélérée. Outsch. Mieux vaut monter un escalier solide, marche après marche, qu'un sprint hyper impressionnant, mais qui se termine par un effondrement.
- Speaker #0
Ça, je conseille. Et si on trébuche sur une marche, si on rate une étape, si on fait un faux pas, comment on gère l'échec avec cette approche ?
- Speaker #1
L'approche est très dédramatisée, très orientée à apprentissage. C'est comme en pilates. Si tu rates un mouvement, tu t'effondres pas en te traitant de nul.
- Speaker #0
Non, on essaie de comprendre.
- Speaker #1
Exactement. On observe. On essaye de comprendre pourquoi. Manque de force, de contrôle, de concentration. On apprend de l'erreur et on ajuste pour la fois d'après. L'erreur devient une information, pas une catastrophe.
- Speaker #0
Et en entreprise ?
- Speaker #1
Elle suggère deux boucles. Une boucle presque corporelle, pour le leader face à un échec, prendre un temps pour respirer, relâcher la tension physique, se reconnecter à son propre centre avant de réagir à chou.
- Speaker #0
Gérer sa propre réaction d'abord. Oui. Et puis une boucle collective. Organiser rapidement un dégriffing, factuel, orienter solution. Qu'est-ce qui a quand même fonctionné ? Quelle était notre faiblesse, notre compensation, comme on dit en pilates ? Quelle petite correction on peut tester tout de suite ?
- Speaker #1
L'échec comme point d'appui pour rebondir.
- Speaker #0
C'est ça. L'échec devient un moteur d'amélioration. La résilience, vu comme ça, c'est pas juste serrer les dents et endurer. C'est la capacité à récupérer vite et à apprendre collectivement pour faire mieux la fois suivante.
- Speaker #1
Une vision très dynamique de la résilience, effectivement.
- Speaker #0
On comprend mieux pourquoi elle défend l'idée d'intégrer cette dimension corporelle, expérientielle, dans les formations management.
- Speaker #1
Absolument. Elle décrit des formats où on ne fait pas que parler de stratégie ou de communication, on les vit aussi, physiquement.
- Speaker #0
Comment ça ?
- Speaker #1
Imagine une journée de formation pour des managers. Ça pourrait commencer par des exercices simples d'ancrage postural, de respiration pour améliorer la présence, la concentration. Puis, en travaillant sur la définition d'objectifs, la précision, on pourrait faire un exercice sur le placement juste, trouver la bonne posture. En abordant la gestion de conflits, respiration, contrôle, on pourrait pratiquer physiquement comment garder son centre face à une pression simulée.
- Speaker #0
Ça ancre l'apprentissage différemment.
- Speaker #1
Exactement. L'expérience corporelle, ça rend les concepts intellectuels beaucoup plus marquants, plus intégrés. On ne forme pas seulement l'esprit du manager, mais sa posture globale, corps et esprit ensemble.
- Speaker #0
Une approche vraiment globale, oui. Si on devait résumer tout ça pour, disons, un comité de direction pressé, quelles seraient les trois images ou les trois gestes clés à retenir de cette philosophie ?
- Speaker #1
Bonne question. On pourrait retenir…
- Speaker #0
Premièrement, peut-être l'image du teaser.
- Speaker #1
Oui, excellente image. Le message ? Ne vous focalisez pas que sur les résultats visibles immédiats. Investissez d'abord dans la force interne de l'organisation, son centre, son alignement. La performance durable viendra de là.
- Speaker #0
Construire de l'intérieur. Deuxième point.
- Speaker #1
Le geste du hand-read.
- Speaker #0
Absolument. Le geste du hand-read pour la respiration maîtrisée. Le message. Dans les moments de tension, de négociation, de communication difficile, utilisez consciemment votre souffle pour garder le calme, la clarté et surtout pour mieux écouter. C'est un outil stratégique caché à portée de souffle.
- Speaker #1
Un outil stratégique. Et le troisième point ?
- Speaker #0
La précision.
- Speaker #1
Oui, mais la précision bienveillante. Le message, soyez exigeant sur la clarté. Clarté des objectifs, simplicité du langage, régularité des feedbacks constructifs. C'est cette précision-là qui sécurise les équipes, qui focalise l'énergie et qui, finalement, libère le potentiel.
- Speaker #0
Kizer, under, précision, bienveillante. Construire de l'intérieur, respirer stratégiquement, clarifier avec respect. Ça donne déjà une bonne idée.
- Speaker #1
Ça offre une porte d'entrée pour commencer à penser le leadership différemment, en intégrant le corps. Au sens large.
- Speaker #0
Alors, qu'est-ce qu'on peut tirer comme implication plus profonde de tout ça ?
- Speaker #1
L'implication majeure, que Caroline souligne bien, c'est que notre façon d'être physiquement, nos tensions habituelles, nos tensions nocées, notre façon de respirer, eh bien, tout ça reflète souvent nos modes de fonctionnement mentaux et managériaux, y compris nos fameuses compensations.
- Speaker #0
Les compensations.
- Speaker #1
Oui, les endroits où on force, où on n'est pas stable, où on trouve des raccourcis qui marchent à court terme, mais qui usent à long terme. Le corps les révèle souvent.
- Speaker #0
Intéressant.
- Speaker #1
Donc travailler consciemment sur ces principes, le centrage, le souffle, le contrôle juste, la fluidité, la concentration, la précision, ça ne peut qu'avoir un impact positif sur la manière de diriger. Ça ouvre la voie à plus de stabilité face aux imprévus, plus d'humanité dans les relations, une résilience plus authentique, moins basée sur l'épuisement.
- Speaker #0
Une force plus tranquille.
- Speaker #1
C'est exactement ça. Elle parle de préférer la force tranquille qui traverse les saisons à l'éclat spectaculaire mais qui ne dure pas. Et elle rappelle toujours, attention, c'est pas une solution miracle, c'est une pratique, un entraînement continu.
- Speaker #0
La force tranquille qui traverse les saisons. J'aime beaucoup cette image pour viser la durabilité. Ça nous laisse avec une question pour réfléchir peut-être. Oui. Au-delà du management, comment est-ce que ces principes se centraient, respiraient consciemment, ajustaient avec contrôle et précision, comment est-ce qu'ils pourraient nous éclairer dans d'autres domaines de nos vies ? Là où on rencontre de la complexité, de la tension, où on a besoin de construire quelque chose de stable. Quel serait notre propre teaser personnel ou même collectif, celui qu'il faudrait apprendre à construire patiemment de l'intérieur ?
- Speaker #1
Vaste question.
- Speaker #0
Une question ouverte. Et pour conclure, on pourrait peut-être juste retenir le conseil le plus simple, et sans doute le plus fondamental, de Caroline Barget de Fémini.
- Speaker #1
Lequel ?
- Speaker #0
Respirer. Toujours.