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Camille, le Camino pour marcher vers soi

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53min |21/11/2025
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Description

Camille — Le Camino pour marcher vers soi 🥾
38 jours, 1000 kilomètres, seule (ou presque) sur le Camino de Compostelle.
Camille, raconte comment cette aventure a bouleversé sa vie : de la peur à la confiance, du contrôle à l’intuition.
Dans cet épisode, on parle de courage, de lâcher-prise, d’écoute de soi et de ce moment où l’on décide, de s’écouter et de suivre son intuition.
✨ Une conversation inspirante sur le chemin, le sport, et la vie — tout simplement.

🎧 À écouter si tu veux :

  • retrouver du sens dans le mouvement,

  • oser te lancer sans tout planifier,

  • et apprendre à marcher et avancer “jour après jour”.

✨ Boost.her, le podcast qui remet du mouvement dans ta vie.
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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Booster, le podcast qui te donne des clés et de l'élan pour te sentir bien dans ta tête et bien dans ton corps. Je suis Laure Fulton-Prévot, le sport m'accompagne depuis toujours. Courir, bouger, me dépasser font partie de qui je suis. Depuis plus de 15 ans, j'organise des événements sportifs pour partager cette passion. Parce que le sport, c'est bien plus qu'une performance. C'est une manière de se sentir alignée et de trouver son équilibre. Ici, pas de discours parfait, ni une méthode miracle, mais des récits qui t'embarquent. Des histoires vraies, des conseils concrets. A chaque épisode, tu découvriras des invités qui partagent leurs récits, leurs doutes et leurs déclics. Des trajectoires où le sport devient un levier pour reprendre confiance, faire des choix et tracer sa voie. Parce que le sport, c'est avant tout une rencontre avec soi. Très bonne écoute ! Aujourd'hui, direction le Camino de Compostelle avec Camille, responsable communication et aux manettes du compte Camdenwood, qui a marché 1000 km en 38 jours. Seul ou presque, vous le comprendrez bientôt. Dans cet épisode, on parle de comment le sport aide à se retrouver, de confiance, d'intuition et du pouvoir de s'écouter vraiment. De ce que veut dire vivre jour après jour, sur le chemin, comme dans la vie. Prenons la route avec Camille, très bonne écoute ! Camille, merci d'avoir accepté mon invitation. Pour commencer, je te laisse te présenter comme tu le souhaites avec tes mots.

  • Speaker #1

    Merci à toi pour l'invitation et enchantée, bonjour à tout le monde. Moi, c'est Camille. Je suis... responsable communication dans ma vie professionnelle et puis dans ma vie personnelle je suis influenceuse créatrice de contenu, on met les mots qu'on a envie de mettre dessus sur Instagram et sur mon blog où je parle de randonnées de trails, de compostels, de la nature de mon chien, un peu de tout ce qui me fait envie, de tout ce qui me passe par la tête ça a beaucoup changé ces dernières années donc ça a vachement évolué Je prends plaisir à échanger, communiquer, inspirer aussi certaines personnes à aller dans la nature, vivre leur propre aventure et prendre tout simplement plaisir à se dépasser.

  • Speaker #0

    Tu vis à Annecy et c'est vrai que les images sont très belles sur ton Insta. Tu nous fais voyager. Tu nous donnes envie de nous y installer. Camille, je vais te poser la question rituelle d'intro du podcast. Est-ce que le sport a toujours fait partie de ta vie ? confier tes premiers souvenirs d'enfance liés au sport ?

  • Speaker #1

    Moi, je suis un peu le cliché de la bonne élève première de classe, pas du tout bonne en sport, qui n'apprécie pas le sport et qui se fait au maximum dispenser. Si mes profs d'EPS me voyaient maintenant, ils se demanderaient ce qui s'est passé. Ce qui fait que je ne suis toujours pas la première en sport, loin de là. J'ai un très petit niveau, plutôt vers la fin que le début, mais bon, je me dépasse beaucoup plus qu'avant et surtout je prends beaucoup plus de plaisir. Pour répondre à ta question, le sport, quand j'étais jeune, n'occupait pas de place, si ce n'est la place obligatoire scolaire qui n'était pas du tout liée au plaisir, plutôt à l'obligation. Il y a eu une petite évolution après du sport dans ma vie, ou adolescente. C'était un petit peu les années où tu n'étais pas bien dans ta peau, tu essayes de mincir, de perdre du poids, de désespérer moins, et tu passes des heures à la salle à transpirer, faire de la zumba, des elliptiques, faire tout ce que tu peux pour essayer de construire le corps de tes rêves. avec un succès plus ou moins relatif. Et on n'était toujours pas dans le sport vraiment plaisir. Moi, j'estime que ce n'était pas fait pour les bonnes raisons, en tout cas pas pour des raisons très saines et pas pour des raisons qui me faisaient du bien, et mentalement et physiquement. Et puis après, j'ai fait une formation de réserviste à l'armée. Et là, je découvrais un peu une autre dimension sportive de ce sport, de dépassement. sport un peu où on est fier, où on apprend un petit peu à faire de notre corps notre allié, où on se sent vraiment un petit peu en binôme avec notre corps qui nous permet de faire des choses auxquelles on n'aurait pas pensé avoir accès, où on ne se sentait pas forcément légitime d'eux. Et voilà. C'est un peu comme ça que je vois un peu les trois phases de ma vie. Et puis la quatrième sortie de la vitesse de déclic, j'ai vraiment pris goût au sport dépassement, mais peut-être un peu trop. C'était à une époque, quand j'étais encore à Paris, faire une course toutes les trois semaines, me dépasser, me dépasser, bien entendu me blesser. Et puis, je pense que là, j'ai aussi un peu la raison de se dire, oui, est-ce que vraiment ça, c'est moi ? Est-ce que je ne suis pas un peu trop loin ? Est-ce que les réseaux sociaux ne m'entraînent pas aussi à aller un petit peu trop loin ? Et au final, est-ce que je ne reviens pas à aucun dépassement, un goût de l'aventure, mais un peu plus raisonné, un petit peu plus adapté à mon quotidien, à mes capacités aussi, etc.

  • Speaker #0

    Pour préparer cette interview et pourquoi j'ai voulu aussi t'avoir à mon micro, c'est que j'ai lu ton livre, donc le Camino seul, enfin presque. Je l'ai vraiment dévoré et ça m'a donné envie d'aller marcher, vraiment. Je me suis dit, déjà, il faudrait que je teste de marcher pendant 30 kilomètres, juste une journée. Mais toi, tu l'as fait pendant 38 jours et 1000 kilomètres d'affilée. Et donc, on va vraiment se concentrer sur cette partie-là et sur le Camino que tu as fait toute seule, mais où tu étais accompagnée, bien évidemment, tout au long de... de ton chemin. Je voulais savoir déjà, Camille, à quel moment a germé cette idée de partir sur le chemin de Compostelle ?

  • Speaker #1

    C'est une idée qui a été très progressive.

  • Speaker #0

    Je vais essayer de la faire courte,

  • Speaker #1

    surtout quand on parle de ce sujet-là. Cette idée-là, elle a déjà germé dans la tête de ma mère au tout début, qui est partie sur le chemin de Compostelle à une époque où elle n'était pas très bien. Elle est partie deux semaines. Et moi, je me souviens très bien qu'à l'époque, elle m'a dit « je pars marcher sur le chemin de Compostelle » . J'en avais entendu rapidement parler. Je pense que ça ne me parlait pas plus que ça. Je pars toute seule, marcher. Ma mère a le même gabarit que moi, c'est-à-dire qu'on est assez petites, fines. Enfin voilà, on ne fait pas peur à grand monde. Je m'inquiète vraiment pour ma mère. Je me dis vraiment, un, qu'est-ce que tu vas faire là-bas ? Et deux, je m'inquiète un peu pour ta sécurité. Ça a été un peu ma première approche de Compostelle qui finalement n'est pas mon idée. n'est pas mon idée, n'est pas venue comme ça, comme le déclic. Ma mère est revenue, très belle expérience, elle nous l'a partagé tous les jours. Vous voyez son petit texto de la journée, c'était chouette aussi de partager avec elle. Et un jour, on se lance un défi, on était en train de marcher avec ma tante et ma mère, et puis on dit, bon ben voilà, la prochaine fois, je pense qu'on part avec toi. Et on se retrouve quelques mois plus tard, donc à marcher pendant une semaine. Pas facile, pas du tout équipé. équipé côté ma tante et moi, les bobos, etc.

  • Speaker #0

    Les fameuses ampoules, sûrement.

  • Speaker #1

    Les ampoules. Et puis voilà, vraiment le premier step où tu fais toutes les erreurs possibles. Et puis, ce n'est pas grave, ça fait des souvenirs aussi. Super expérience. Chouette moment de découvrir un peu. Ma mère m'attend différemment, de partager ses moments ensemble. Et de là, germe un peu ce côté. C'est une expérience différente qui me fait du bien. Une espèce de parenthèse complètement à part. Des vacances, mais pas que. C'est pour ça que j'y retourne encore quelques années plus tard, par contre, parce que j'étais dans ma période d'école de commerce, très fiesta. Je me dis, bon, OK, c'était sympa et tout, mais je retourne un peu dans des vacances un peu plus normales à mon âge et avec mes potes. Et puis, quelques années plus tard, j'ai 27-28 ans, ça me dit bien de repartir avec toi deux semaines sur la voie d'Arles. Et en fait, au moment de revenir, au moment de poser le pied en Paris, de sortir du train, J'ai vraiment ce sentiment de me dire, là, je ne suis pas bien. Un, je n'ai pas du tout envie de rentrer. Et deux, j'ai cette sensation de rentrer au moment où il y a le déclic qui est en train de se faire. Il y a quelque chose qui est en train de se faire. Je me sentais bien, je sentais que j'étais dedans. Vraiment, je me sens un peu retirée de, je ne sais pas, quand on est bien au chaud dans le canapé, qu'on s'est endormi sous sa couette, on se dit qu'est-ce que je suis bien. On dit, allez-y, il faut sortir de son plaid, aller au lit, dans sa couette toute froide. J'ai un peu ce sentiment-là. Je suis bien, j'ai créé un truc, je suis là où je dois être. Et hop, là, c'est le moment de rentrer. Du coup, là, je pense que ça a été un peu ce déclic, ce « là, j'ai envie d'y retourner, c'est un peu viscéral, ça m'obsède entre guillemets, c'est négatif justement et fort » , alors que c'était plutôt une obsession positive. Et de là, je me dis « OK, il faut que je reparte, il faut que je reparte plus longtemps, parce que je sens que ces effets ont lieu, mais qu'il faut quand même que je laisse le temps à mon corps, à mon esprit d'être dans l'aventure. » et que j'ai bien envie de voir ce que ça peut donner si je pars un peu plus longtemps. Donc, tu vois, ça a été assez progressif. Je sais qu'on aime bien un peu dans le monde actuel les grands déclics, les « je pars à l'aventure 3 mois alors que je n'ai jamais fait sport » . Moi, ça a été vraiment très progressif, ce qui m'a permis aussi d'aborder cette aventure, je pense, avec une certaine maturité. Tu as toujours des questions, tu as toujours des interrogations et des dépôts. peur, ça n'enlève pas ça. Mais par contre, j'ai pu partir longtemps avec déjà une vision, une connaissance un peu de ce qui était le chemin de Compostelle.

  • Speaker #0

    Tu parles de peur, tu avais peur pour ta maman, tu me parles aussi de la peur de parfois se lancer. Et dans ton livre, j'ai noté une phrase qui dit « Les aventures les plus belles sont celles qui nous font le plus peur. »

  • Speaker #1

    Ça fait partie des choses que je me dis souvent maintenant, de me dire en fait il y a des choses ça te fait peur c'est peut-être aussi que c'est pas forcément intelligent c'est pas valable pour tout mais en fait si tu commences à sentir qu'il y a un risque si tu commences à sentir un peu que ça te fait réagir il y a des émotions à l'intérieur physiquement mentalement la plupart du temps c'est que t'as quelque chose à perdre mais que t'as potentiellement aussi beaucoup de choses à gagner il faut aller creuser après parfois tu creuses et tu te dis c'est pas le moment c'est pas le moment de ma vie et puis parfois tu te dis, ok, je tente ça.

  • Speaker #0

    Tu pars dans ce grand défi de 38 jours, 1000 kilomètres pour aller jusqu'à Saint-Jacques-de-Compostelle, c'est en 2018, c'est ça ?

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Tu es entre deux jobs, il me semble. Comment tu l'as préparé cette aventure en termes logistique, physique ? Ça doit se préparer quand même un petit peu, ce grand périple.

  • Speaker #1

    Alors, idéalement, oui. Moi, ce que j'avais prévu dans mes plans... Pour résumer, j'avais négocié avec l'entreprise dans laquelle j'étais quelques longues semaines de vacances pendant l'été pour pouvoir faire ce chemin. Ça a été un peu le premier pas de m'assurer que je pouvais avoir le temps. Pendant, finalement, le temps passant, j'ai eu la possibilité de changer de boulot. Donc, en fait, j'étais plus occupée à gérer le côté professionnel. Mon aventure a dû se décaler de deux mois en avance, où je devais partir sur... l'été juillet août et au final je partais sur mai juin donc en fait toutes mes prévisions moi j'aime bien un peu les tableaux excel réfléchir etc etc en fait toutes mes prévisions sont décalées et puis bah voilà il fallait faire pas la one again non plus parce que je suis pas partie avec des converses et un petit sakit pack mais il fallait un petit peu tout ravancer et puis un peu speeder sachant que encore une fois la logistique sur le chemin de compostelle demande certains indispensables. Oui, des bonnes chaussures, un bon sac à dos et puis un peu de matos intelligents, mais on n'est pas non plus sur un trek dans les Annapourlas, on n'est pas non plus sur l'ascension de l'Everest. C'était un peu cet entre-deux de je dois gérer d'une manière un peu plus speed et désorganisée que ce que j'aurais souhaité, mais en même temps, et ça c'est ce sur quoi souvent j'incite quand on me demande mon avis sur le chemin de Compostelle, c'est que Ça ne demande pas non plus une préparation logistique incroyable, on ne va pas se mentir.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous raconter à quoi ressemble une journée type sur le chemin, en termes de rythme, de rituel, de moment aussi, où parfois tu es seul, tu marches seul, et puis parfois aussi tu marches avec d'autres pèlerins que tu rencontres sur le chemin, dans les auberges le matin ou le soir ?

  • Speaker #1

    Une journée type sur le chemin de Compostelle, ce n'est pas métro, boulot, dodo. Du coup, c'est on se lève, on marche et puis on dodo. si je devais résumer on se lève dans un dortoir avec d'autres pèlerins qui nous ont laissé dormir plus ou moins selon l'état des ronflements de la nuit petit déjeuner chacun de sa manière express, pas de petit déjeuner puis après, voilà, en fait on marche mais on peut aussi faire ce qu'on souhaite on peut visiter la ville où on est ou le village où on est, rester un peu plus longtemps c'est la liberté absolue c'est-à-dire qu'on peut même rester si on souhaite dans le même endroit où on est Merci. La plupart du temps, on va quand même marcher parce que le but du chemin, c'est quand même de marcher jour après jour pour atteindre un objectif. Mais voilà, on va marcher, on marche à sa vitesse, on marche le nombre de kilomètres qu'on souhaite faire. Après, il faut quand même rejoindre un endroit, sauf pour ceux qui font du camping, il faut quand même rejoindre un endroit où il y a un hébergement du chemin de Compostelle qui nous attend. Mais on a toute la journée, certains sont plus ou moins rapides, soit un peu, voilà, la team, on marche, on marche. On part à 6h du matin. À l'instant, j'arrive au point à 14h-15h. D'autres, c'est je prends toute ma journée, je fais des pauses de 2h. J'arrive à 19h, ce n'est pas grave. Chacun a un peu son rythme. Et ça, c'est aussi chouette. Tu as vraiment cette liberté de faire ce que tu veux. Et puis, le soir, tu arrives dans ton logement, s'en suit les petites lessives, potentiellement les courses, la préparation du repas du soir. et puis sur surtout beaucoup de moments d'échange si tu le souhaites, de repos, de soigner les bobos, etc. Donc, c'est des journées qui sont en fait très similaires dans le sens où le programme du jour, tu le connais par avance, il n'y a pas de surprise, tu as marché, mais toujours dans des lieux assez différents, dans la découverte de régions que tu ne connais absolument pas. Moi, l'Espagne, je connais très peu. Et puis oui, encore une fois, avec ce programme que tu peux aménager, Alors, ça dépend encore une fois de la manière et la vision de chacun. Certains ont toutes leurs étapes, kilomètre par kilomètre, soit parce qu'ils ont très organisé leur chemin, soit parfois, c'est rare, mais parce qu'ils passent par des organismes qui font l'organisation à leur place. Et puis certains, je vais marcher certainement 25 kilomètres aujourd'hui, peut-être un peu plus, peut-être que je vais croiser un chemin. un endroit où j'ai envie de me poser. Donc, tu as vraiment différentes philosophies sur le chemin.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous dire, toi, d'où tu es partie et quel est ton point d'arrivée ? Combien de kilomètres tu faisais par jour ? Et comment tu as décidé aussi de ton point de départ et d'arrivée ?

  • Speaker #1

    Je suis partie de Bayonne et j'ai choisi ce point de départ parce que je voulais faire quelques kilomètres en France de manière symbolique. Faut savoir que... Faire le chemin de Compostelle en entier, en réalité, c'est partir de chez soi. Je n'avais pas le temps de partir de chez moi qui était Paris. Là, ça faisait beaucoup, beaucoup de semaines de congés. Premier vrai point, gros point d'arrivée, c'était sa jacque de Compostelle. Et mon deuxième point d'arrivée, si j'avais le temps, si tout se passait bien, si ça pouvait fitter à mon programme, je voulais aller jusqu'à la côte, donc à Mouchia et Fisterra, qui demandent environ 3 à 4 jours de marche supplémentaire. En moyenne, je devais faire entre 25 et 30 kilomètres avec un dénivelé qui est différent selon les étapes, qui n'est pas non plus... On est en Espagne, à part sur le chemin primitif où il y avait un peu plus de dénivelé, on n'est pas non plus sur du 2,2 d plus par jour.

  • Speaker #0

    Et ça, ça te prend combien de temps de faire ces 30 kilomètres ? Tu partais à quelle heure, toi ?

  • Speaker #1

    Moi, je partais, j'étais plutôt dans la team, j'aime bien partir tôt, entre guillemets. Alors, ce n'était pas pour la chaleur, vu que j'ai eu deux semaines de pluie, pas possible. où c'était vraiment très dur parfois de partir le matin et de se motiver. Mais c'est plus pour commencer la journée. C'est surtout que tu as envie de commencer ta journée, tu as envie de marcher en fait. Petit à petit, tu es dans un flou où tu as envie de marcher, tu as envie de marcher, tu as envie de marcher. Mon nouvel rituel, c'est vraiment deux phases dans mon chemin. J'ai une phase où j'ai été très janky, janky, janky. Je marche, je marche vite. Je pense que j'avais ce besoin un peu de frénésie, de voilà, je suis là, je marche, j'ai envie d'avancer. Peut-être aussi un peu d'égo sportif. Allez, j'y vais, j'avance. Waouh, j'ai fait mon étape. Ce qui faisait que j'arrivais souvent tôt, voire très tôt, ce qui n'a pas vraiment de grosse utilité. Et puis après, j'ai plus été dans un flot de j'ai envie de m'arrêter, je m'arrête, il y a encore sympa. J'ai envie de papoter à la terrasse d'un café avec quelqu'un, je papote. tu vois j'ai vraiment eu deux manières il y a vraiment une deux moments dans mon chemin très différents qui correspondent vraiment aussi à ce switch, à cette manière de vivre cette aventure différemment.

  • Speaker #0

    Je l'ai vraiment ressenti dans ton livre. Et à un moment donné, il y a un passage que je me suis noté, c'est un pèlerin qui est un peu plus vieux que nous, qui te dit « Ménage ta monture, Camille. On est encore très loin de Compostelle. Tu es jeune, pleine d'énergie, c'est bien. Mais si le Camino est un repère de vieux brigands comme moi, c'est parce que nous, nous savons nous économiser. »

  • Speaker #1

    Je pense que ça fait partie des meilleures. conseil et je suis repartie sur le chemin en 2023 et je repensais justement à ce type de conseil et ce que les vieux brigands pèlerins du chemin pouvaient me dire parce que c'est exactement ça et en fait c'est pas la généralité absolue mais il y avait beaucoup de jeunes qui y allaient à fond faisaient pas de pause on avait un peu encore une fois ce côté on a fait 40 kilomètres par jour et en fait les... La plupart du temps, les blessures un peu à la con qui surviennent la première à la deuxième semaine, c'était pas mal de jeunes. Parce que les plus anciens ont un peu plus l'habitude des efforts longs. Les retraités, ils font de la rando toute la journée. Et puis, c'est surtout qu'ils nous regardaient aller taillot toute la journée. Ils y allaient plus à leur rythme, ils s'économisaient plus. Donc il y a vraiment ce... Ce côté un peu, je pense, impatience, excitation et puis égo sportif qui rentre aussi un petit peu, je pense, consciemment ou inconsciemment, que les anciens ont beaucoup moins. Et ce qui fait que souvent, ils tenaient quand même un peu plus sa route et qu'il y avait moins de blessures. Il y avait des anciens qui se sont blessés, bien entendu, mais quand même, il y en avait un peu moins.

  • Speaker #0

    Quand j'ai lu le livre, je me suis posé la question et je pense que ça dépend aussi des gens. Je me suis dit, est-ce que le chemin, c'est prendre du temps pour soi ou est-ce que c'est fuir sa vie ?

  • Speaker #1

    Ah, c'est... Une très bonne question et je pense qu'en fait, tu n'as pas forcément besoin d'opposer les deux parce que quand tu fuis ta vie, tu prends du temps justement pour toi parce que tu vois, la vie a quand même tendance à t'entraîner dans un tourbillon d'habitude, de quotidien, de routine, etc. Peut-être que tu fuis ta vie telle qu'elle est construite à l'instant T pour justement construire une vie qui te ressemble un peu plus toi en tant que telle, en tant que personne qui n'a pas besoin d'incarner un... personnage, un statut professionnel, personnel devant sa famille, devant ses amis. Là, tu peux être qui tu veux, tu peux être toi, toi-même. Le côté sur-savier a un côté rocambolesque mais aussi négatif. Néanmoins, je pense qu'en réalité, c'est ce que beaucoup de gens font en allant sur un chemin qui les appelle, en faisant une grosse coupure, en essayant de trouver des réponses à leurs questions ou des questions qui ne se sont pas encore posées. Tu as beaucoup beaucoup de gens qui ont des profils très différents et qui ont ce côté, justement, voilà, puis quelque chose, j'ai besoin de me reconstruire, j'ai besoin de trouver autre chose, je sors de désintox, c'est aussi pour ça que tu retrouves pas mal de gens qui sont un peu cassés, qui sont un peu dans l'interrogation, qui ont un peu un bagage très différent, chacun ses propres problématiques, mais en fait, je pense que... En réalité, si tu regardes, c'est le cas partout. Tes voisins, tes collègues, on a tous un bagage, on a tous des casseroles. Sauf qu'en fait, là, tu te retrouves face à des gens qui sont... plus à même de parler de leur casserole, les assumer, et en fait, qui sont aussi un peu là pour ça. Du coup, tu t'embêtes pas trop avec la couche, tu vois, les couches de mon statut, qui je suis, le fait que tu souhaites que les gens aient une certaine opinion de toi, une certaine vision. Tu t'en fous un peu, parce qu'au final, tu préfères aller un peu dans le cœur des choses, parler vrai, pas t'emmerder un peu avec les blottis du « Salut, ça va ? » , la météo, et puis voilà, pas.

  • Speaker #0

    Tu ne dois pas avoir de small talk sur le chemin.

  • Speaker #1

    On a un petit peu de « comment c'était ? » « aujourd'hui, tatatitata » . Ça dépend aussi des gens. Tu sens qu'il y en a, encore une fois, on a tous notre manière d'être. Mais d'un coup, tu arrives parfois à des conversations ultra profondes, inattendues, avec des personnes auxquelles tu aurais juste dit bonjour rapidement dans la rue. Et d'un coup, tu vas un peu au cœur des choses sur certains sujets que tu n'as pas abordés ni avec tes... tes potes, ni avec ta famille. Parce que c'est difficile à expliquer. L'atmosphère du Camino est très particulière. Je pense qu'elle est très particulière parce que tu as plein d'ingrédients, y compris le mindset avec lequel les gens y vont, qui y jouent pour beaucoup. Tu es prêt à t'ouvrir et tu es prêt à t'ouvrir aux autres et tu es prêt à accepter aussi les autres, quels qu'ils soient, comme ils sont, et avec ce qu'ils ont aussi envie de te délivrer.

  • Speaker #0

    Le chemin de Compostelle, je pensais que c'était quelque chose d'assez religieux et que la plupart des personnes qui le faisaient, le faisait. par rapport à une intention religieuse. Et dans ton livre, j'ai bien découvert que pas du tout. Au final, tout le monde y va pour une raison à chaque fois différente et aussi avec des âges différents, des nationalités aussi différentes. Est-ce que toi, tu avais posé une intention quand tu t'es décidé à faire le chemin de Compostelle ? Est-ce qu'il y avait quelque chose derrière que tu voulais aller chercher ?

  • Speaker #1

    Oui, j'avais un peu ce souhait. Ce n'était pas forcément une intention telle qu'elle, mais de me dire j'espère que ça va être productif. J'espère que ça va m'apporter quelque chose et de ressortir sur ma version 2.0 améliorée. Je voyais ça comme un process parce que je pense qu'on est aussi tellement bercé par ce côté roman feel-good de développement personnel slash belles histoires à la télé slash plein de storytelling qui te fait dire que ce genre d'aventure, il y a un avant après et que tu as un peu la lumière d'un... D'un coup, un jour, quelqu'un qui tue pas et tout prend sens. La raison pour laquelle tu étais appelée par ce chemin prend sens et d'un coup, ça va résoudre tous tes problèmes. Ce qui, bien entendu, n'a pas été le cas. Ce qui fait que je me disais quand même certaines fois en marchant, je me disais non mais là, ça fait 15-20 jours que je marche, j'ai toujours pas de réponse à mes questions, j'ai toujours pas trouvé qui je suis, qu'est-ce que je veux faire, comment ça se fait que je suis pas toujours très bien, etc. dames. Je me mettais un peu sous coup de pression de me dire, bon, allez, pendant deux heures, je vais essayer d'y réfléchir. Bien entendu, ça ne marchait pas. Ou je pensais à autre chose, ou alors je ne pensais pas du tout parce que tu as quand même un flow quand tu marches qui fait que parfois, ça fait tellement du bien, ça éteint ton cerveau et tu es juste en train de marcher, tu suis ton flow. Je pense qu'il faut privilégier une attention qui soit sans résultat. Si je devais le refaire, ça serait juste de me dire, j'ai envie de prendre soin de moi, j'ai envie de... prendre du temps pour moi, d'être vraiment la vraie moi et d'enlever quelques couches de tout ce que je suis parce que la société, l'école de commerce, ma famille, mes amis m'encouragent parce qu'il y a du positif mais m'obligent aussi à être cette personne-là et je serai plus dans une intention sans résultat, sans obligation.

  • Speaker #0

    On en a plusieurs fois évoqué ça dans le podcast, c'est quand on n'attend rien qu'on reçoit tout et parfois, à l'inverse, quand on attend trop de choses et pas au rendez-vous puisque ça ne vient pas comme ça. Comme tu le dis exactement, c'est pas j'avais des questions et sur le chemin, j'ai trouvé des réponses. Mais finalement, c'est aussi toutes ces rencontres que tu as fait sur le chemin et tu en parles dans ton livre. Tu vas voir des personnes plus âgées et dans tes 15 premiers jours, tu évoques justement la pluie qui s'abat sur vous du matin au soir. Et je me suis dit, waouh, là, je pense que tu t'endurcis aussi. Et parce que finalement, sur le chemin, tu es dans des conditions hyper rustres où en fait, déjà le soir, tu donnes. dans des dortoirs où tu n'as pas trop d'intimité, il y a beaucoup de bruit aussi. Toute la journée, tu marches avec pas grand-chose et tu as la pluie qui s'abat sur toi. Est-ce que ça t'a justement endurci et comment tu as réussi à passer ces 15 premiers jours sous la pluie sans te dire « En fait, là, je vais rentrer chez moi, je n'en peux plus » parce qu'on est quand même dans une société où on est très bien dans nos appartements, bien au chaud, avec tout le confort et là, vraiment, c'est presque confort zéro du jour au lendemain.

  • Speaker #1

    Effectivement, et en même temps, on est dans une société où j'ai l'impression que plus de façons... Les extrêmes attirent les extrêmes. Plus on est dans le confort, plus finalement on n'arrête pas de rechercher cet inconfort, cette prise de risque, cette sortie de zone de confort de plein de manières différentes, soit par les aventures, soit par les défis quotidiens. Il y a tellement de possibilités de sortir de cette zone de confort. On voit bien qu'en fait, être tout le temps en confort absolu, ça ne nous convient pas. On a ce besoin d'en sortir, de se booster. Et pour ce qui concerne le chemin de Compostelle, vraiment, j'ai eu une météo très compliquée pendant, je dirais bien, les deux premières semaines, vivre de Pays Basque qui est vert, mais on sait pourquoi. Il y a des gens qui ont arrêté, notamment une personne que j'ai rencontrée avec qui je m'entendais très bien. En fait, elle a arrêté du jour au lendemain, en plein milieu du chemin. Elle a dit, c'est bon, là, rideau, j'en ai marre, j'arrête. En plein milieu de la Pampa espagnole, ça va faire quand même que tu continues à marcher au moins jusqu'à un arrêt de puce. Moi, en fait, je... Donc, arrêter n'a pas vraiment été une option. Je n'étais pas en train de me battre toute la journée en me disant « je vais arrêter, non, allez, continue, etc. » C'est plutôt « avance, avance, avance » . Je considérais quand même que c'était un privilège d'être là. C'était quelque chose que j'attendais depuis longtemps. Je savais que ce temps-là, de pouvoir partir autant de temps sur le chemin, je ne l'aurais pas non plus facilement dans les années à venir. Donc, j'avais un peu ce côté de « ok, c'est dur » . néanmoins, rappelle-toi que tu l'as voulu, ça fait partie du process c'est pas toujours facile et tu vois c'est vraiment une belle allégorie de la vie de se dire bah oui, ce qu'on veut c'est pas toujours facile ce dont on a besoin c'est pas toujours facile et il y a ce côté qui est très important sur le chemin kilomètre par kilomètre, pas par pas petit à petit et tu vois, tu coches une journée ça a pas été la joie tout le temps, mais une fois qu'apprends aussi à profiter beaucoup Plus des petits moments de plaisir, la douche chaude quand elle est chaude, le soleil qui revient, c'est chouette aussi.

  • Speaker #0

    J'aimerais qu'on parle aussi des rencontres que tu as pu faire. Et j'avais noté quelque chose. Être heureuse est possible dans la solitude, mais le bonheur est plus fort lorsqu'il est partagé. On peut très bien passer sa vie seul et être parfaitement heureux, mais transmettre cette joie, partager le bonheur le rend encore plus fort. Est-ce qu'il y a un sentiment que tu as vu sur le chemin ? où tu partais seule en te disant « je vais faire des filles à moi » , mais finalement, au travers des rencontres, le fait de le partager, ça rendait quelque chose d'encore plus fort.

  • Speaker #1

    Oui, c'est exactement ça. C'est fort, mais partager, c'est vrai que ça te décuple. Tu vis autrement, tu as l'aspect humain, l'émotion. On est quand même des êtres sociaux qui ont besoin d'être avec les autres, de partager. Je suis quelqu'un d'assez sauvage, à vrai dire. Et du coup, partir seule, j'avais cette un peu angoisse. en même temps j'essayais de me raccrocher à certaines personnes parce que je suis sauvage mais être seule toute la journée j'avais un peu cette angoisse et in fine j'ai trouvé un peu mon rythme de solitude mais de rencontre et un peu ce tempo du je suis bien à certains moments toute seule et qu'est-ce que j'aime aussi être avec d'autres gens il y a vraiment une magie qui se crée, un collectif qui se crée, qui est très difficile à décrire, en fait moi ce que je trouve génial c'est que c'est très ordinaire, c'est très simple tu vois on est très dans une société du waouh, des choses incroyables incroyables, de voir des choses incroyables, des défis incroyables. Non, en fait, là, tu as marché 25 kilomètres dans des lieux parfois sympas et puis parfois, franchement, l'itinéraire n'est pas toujours chouette, ce n'est pas toujours waouh, avec une météo plus ou moins sympathique. Et puis, tu es juste content d'être là, content de retrouver des gens, content d'être juste dans la simplicité, dans le partage et puis heureux pour les autres et heureux d'être avec eux. Et ça, vraiment, c'est Il n'y a que sur le chemin que j'ai vécu vraiment ce type de vraie rencontre et qu'il y a moins de couches sur chaque personne.

  • Speaker #0

    Tu peux aller vite dans des discussions plus profondes peut-être, en effet. Au bout de 38 jours, tu es arrivée à la fin de ton chemin. Qu'est-ce qui t'a traversée le dernier jour lors de ton arrivée ?

  • Speaker #1

    Tout redescend, c'est fini, ça y est. En même temps, je ne réalisais pas du tout. parce que c'est pas simple en fait de réaliser que c'est la fin d'une aventure de 38 jours et en fait il se trouve que donc moi je suis allée jusqu'à Saint-Jacques-de-Compostelle et après j'ai marché donc je sais plus 3-4 jours 3-4 jours quoi voilà pour aller jusqu'à Moukchia et Fisterra donc t'as un peu cette deuxième partie d'aventure plus courte mais quand même

  • Speaker #0

    Ça permet de décompenser peut-être.

  • Speaker #1

    Voilà, qui te permet de comprendre parce que la Compostelle, c'est la grosse arrivée en fanfare. Tout le monde, tu as des centaines de pèlerins qui arrivent. C'est là où tu dis tes adieux. Tout le monde part, etc. C'est beaucoup de choses. C'est énormément d'émotions que tu ne réalises pas forcément. Ça marque la fin quand même de l'aventure pour la plupart. Et en fait, moi, j'étais très, très contente et je suis vraiment tellement heureuse d'avoir pu faire cette deuxième partie parce que Du coup, tu n'as quasiment plus personne. Je pense que tu n'as peut-être même pas 2% des gens qui continuent. Dans une réflexion complètement différente, un peu plus sur là, on est en train de marcher vraiment vers la fin de l'aventure. Là, on prend le temps de se dire, OK, c'est fini. Tu es un peu plus apaisé. Les derniers jours avant Compostelle, c'est assez dense. Tu avais fait un chemin qui était très peu emprunté. Donc, on était même 40 et 50. Et d'un coup, tu te réunis. Tous les chemins sont réunis, y compris le Camino Frances. et on est quasiment 1000 personnes. C'est un peu folklore, même si je n'aime pas le dire comme ça. Mais quand même, c'est un peu folklore. Tu arrives dans les villages, des dizaines et des dizaines d'albergues. Tu as les pharmacies Compostelle, les shops. Tu as des écoles où tu as 30 gamins avec leurs petits sacs qui font les 3 derniers jours de Compostelle. C'est cool, c'est une autre ambiance. Tu as vraiment cette dynamique qui est différente, mais elle n'est pas simple. Toi, tu as été vraiment dans une autre manière de fonctionner. Du coup, les derniers jours sont Euh... particulier. Tu arrives à Compostelle, c'est hop, ça marque la fin de l'aventure, tu quittes quasiment tout le monde. Et puis là, ce côté d'avoir pu finir, réaliser tout ce que j'avais fait, réaliser que c'était la fin, accepter aussi que c'était la fin, finalement me projeter sur la suite et le retour, fait que le dernier jour, j'étais plutôt apaisée, plutôt sereine et aussi un peu sonnée, je pense, parce que voilà, c'est pas facile de partir. Et ce n'est pas farcide de décrocher. Tu as envie de continuer à marcher, mais on en trinque.

  • Speaker #0

    Tu as fait plusieurs marathons. Est-ce qu'il y a des parallèles à faire aussi pour que les gens se projettent sur le chemin ? Est-ce que tu as ressenti quelque chose ? Est-ce que tu as eu la fierté aussi des finishers ? Toi, ce n'était pas 42 kilomètres, ça en était 1000. Mais est-ce que tu as eu cette fierté de l'arrivée ?

  • Speaker #1

    Non, pas forcément. Tu vois, cette fierté de « je l'ai fait, regardez, je l'ai fait, on l'a fait tous ensemble, on a tous accompli ça » , tu vois, c'est beaucoup plus… personnel, intrinsèque, mais cette fierté un peu de j'ai coché, j'ai ma médaille, j'ai fait 1000 kilomètres, etc. Non, c'est plus me dire je suis contente d'avoir fait une vraie aventure pour moi, je suis contente d'avoir écouté mon intuition. C'est plus une satisfaction que ce truc de j'ai coché un objectif personnel. Et pourtant, je pense que j'étais à la base plus dans cet état d'esprit et en plus, étant sportive, marathonienne, etc., j'avais ce côté... J'ai fait tant de kilomètres, mais en Chine, ce n'est pas tant ce qui en ressort. Bien entendu, ça fait partie de la composante et quand j'en parle, kilométrage en fait partie. 40 jours, ça me parle un peu plus déjà. De dire que je suis partie 40 jours, j'ai fait un stop de ma vie pendant 40 jours. J'ai pris ce temps pour moi, je suis sortie de ma zone de confort. La dimension de temps et d'expérience de temps est plus importante pour moi que la partie défi pur et kilomètre.

  • Speaker #0

    C'est encore le moment où je vais devoir coter Aurel San, mais le plus important, c'est pas l'arrivée, c'est la quête. Ça marche aussi avec le chemin de Corpostel.

  • Speaker #1

    Mais évidemment !

  • Speaker #0

    Je voulais qu'on aborde ton retour et je vais relire un passage de ton livre. Nous sommes faits de sang, d'eau, de chair. Nous appartenons au monde du vivant, de la faune et de la flore. Notre ADN ne s'apparente pas à de l'acier, à du bitume. Nous nous gargarisons de cette modernité, de toutes ces prouesses technologiques sans réaliser qu'elles nous tuent à petit feu. Bon, on... de ce chemin comment on retrouve sa vie parisienne et qu'est-ce qui a été dissonant pour toi quand t'es rentrée à Paris et qu'est-ce qui a fait que t'as voulu aussi du coup quitter cette ville et puis te retrouver dans un univers beaucoup plus vert et proche de justement cette flore et de cette faune ça fait plaisir d'entendre des passages de mon livre parce que j'y ai pas du

  • Speaker #1

    coup j'y ai pas lu depuis 6 ans je n'ose pas le lire parce que dès que je l'ouvre je fais ah mon dieu j'écris mal donc je le referme je peux te dire que tu écris très bien moi j'ai passé vraiment un très bon moment ah bah c'est chouette merci beaucoup ça me fait plaisir d'entendre des passages parce qu'à un moment je trouve le courage de l'ouvrir le retour l'aller et le retour sont violents parce que tu passes d'un état à un autre d'un coup t'arrives à la gare tu reprends les clés de chez toi tu rouvres ta petite chambre de bonne et tu fais aller c'est parti et puis tu vois je reprenais Quelques jours plus tard, je commençais un nouveau boulot. 24 heures, 48 heures plus tard, j'étais déjà sur un rooftop sur Rotterdamspritz avec mes potes. Tu ressors d'une aventure qui est difficilement explicable. Je pense que c'est aussi pour ça que j'avais besoin de mettre des mots et de l'écrire pour que ça reste ancré et que je ne perds pas un peu cette substance de ce que j'ai vécu. Tu te retrouves dans ta vie, ta vie à toi, celle que tu as laissée et qui est toujours la même. Avec tes potes, c'est ceux que tu as laissés qui sont toujours les mêmes. qui disent vraiment, t'as vraiment kiffé ça ? Parce qu'on se disait que tu allais rentrer plus tôt que possible. Et du coup, tu reprends là où ça en était. Enfin, t'as vraiment fait un break, un gros break. Je sens que c'est compliqué, tu vois, de se remettre dans ta vraie vie. Et en même temps, t'as pas le choix. Tu repasses vite sur de l'automatique. Fallait commencer un nouveau taf. Fallait reprendre là où j'en étais. Du coup, en fait, les deux, trois premiers mois, ça a été très particulier parce que j'avais cette double lecture où j'ai tout bien pris comme il faut et chanté qu'il y avait quand même quelque chose à l'intérieur qui était tout ça pour ça. C'est très dur à expliquer, mais chanter qu'en coulisses, il y avait une petite voix qui était là. Bon, c'est bien, tu auras repris ta petite vie, tu as fait ta petite aventure. Mais du coup, c'est tout ce que ça t'a apporté. En fait, ça n'a pas changé grand-chose.

  • Speaker #0

    Tu veux dire qu'il n'y avait pas assez d'un avant-après, peut-être ?

  • Speaker #1

    En fait, je ne voulais pas forcément un avant-après en termes de vie, de switch de vie, mais plus en termes de switch de mindset, d'être mieux, moins envers moi-même, de me poser moins de questions, de me dire je suis là où je dois être. Et moi, c'était une grosse problématique de chanter qu'il y avait un truc qui n'allait pas. Je n'étais pas bien. C'est vraiment le cliché de la trentaine approche. mais Je sens que j'ai construit la vie que je pense souhaiter avoir, que tout le monde m'a appris à avoir. Tu vois, j'ai gravé les échanges, j'ai un bon job bien payé en CDI. Et trois quarts de mes potes me disaient « Ah, c'est trop cool, la petite start-up que tu as intégrée. À côté de ça, je fais mon petit sport comme il faut. J'habite Paris. » Ma vie rendait très bien sur le papier. Ce n'était pas un souci. Mais j'avais ce décaf de me dire que je ne suis pas bien, en fait. En plus, j'ai cette culpabilité de me dire « Mais en fait, pourquoi tu… » Pourquoi ça ne va pas ? Au bout d'un moment, pose-toi les bonnes questions. Il y a un truc qui cloche. Et du coup, je pensais qu'en rentrant de ce chemin, soit j'aurais vraiment la vision absolue du n'importe quoi. Finalement, je pense que je suis faite pour être charpentière. Et du coup, je t'ai tout et je deviens charpentière. Ou j'arrive à être bien dans ce que je suis et j'arrive à accepter le quotidien. Et voilà, à être satisfaite en fait. Je pensais que ça allait m'apporter soit l'un, soit l'autre. En tout cas, ça allait m'apporter un changement. Et tu rentres, tu fais... non, je suis la même personne que d'habitude, je vais reprendre ma vie là où elle en était. Et j'ai toujours ce sentiment de, il y a un truc qui ne va pas et je n'arrive pas à mettre des mots dessus. La vie continue. La satisfaction n'empêche pas de faire que la vie continue un petit peu. Il se trouve qu'elle est raccrochée plus tard à cette expérience de vie, mais sur le moment, je n'ai pas du tout réfléchi à ça comme ça. De toute façon, sur le moment, je n'ai pas du tout réfléchi du tout pour, ce qui est peut-être bien parfois. Dans mon nouveau taf, j'étais encore en période d'essai. Ils m'avaient vendu des missions très bien sur papier, mais que je n'occupais pas du tout dans les fêtes. Et à un moment, j'aurais dit, écoutez, moi, j'ai postulé pour ça. Vous me faites faire ça. Il y a un petit décalage. Ça ne va pas. On s'ensuit et quelques échanges RH sympathiques. On me dit, bah oui, effectivement, on a revu un peu la position sur ce poste-là. On souhaite que tu fasses ça. Quelle est ta position en face ? Et là, pourtant, qu'est-ce que je fais ? Vraiment, je... Je viens d'un milieu modeste. On m'a toujours dit CDI first. Je suis vraiment quelqu'un de très carré prudent. Et là, je revois ce moment où je dis à l'ARH, je fais, écoute, en fait, je pense que ça ne va pas le faire. On va s'arrêter là. Et alors, c'est comme dans les films, tu vois, je me dis, waouh, incroyable. Sauf qu'en fait, je sors de là, je fais, mais qu'est-ce que j'ai fait ? Je suis complètement teindrée. À quel moment tu quittes un job tout bien sur papier ? pour te retrouver avec rien. Ma 3 mois de période d'essai, j'étais même pas sûre d'avoir un chômage, j'allais même pas checker. J'ai dit, ça va pas, ça va pas. Et en fait, si ça va pas, j'arrête. J'ai eu plus d'attaches, ce job, non. Bon, ma chambre de bonne, je vais peut-être pas y faire ma vie non plus. Bon, j'ai pas de mec. Je crois que je vais aller tenter ma vie et que je vais aller vivre rien de si. Et alors là, je pense que ça a été le branle-bas de combat de toute famille, potes. On s'est dit, mais qu'est-ce qu'elle fait ? mais qu'est-ce qu'elle fait ? Et en fait, j'étais dans un flot de... Je me suis décidée, il faut que je parte maintenant. Mais vraiment, je pense que mon inconscient a dit, en fait, là, tu es sur ton flot. Si tu réfléchis à ce que tu es en train de faire, si demain tu poses un fichier Excel ou une réflexion et que tu es en train de dire, qu'est-ce que je suis en train de faire, tu ne le feras jamais. Donc en fait, j'ai quitté mon appart pour débarquer deux semaines après à Annecy. Et à ce moment-là, je ne réfléchis pas, je me fais juste confiance.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    confiance. portée par l'intuition, portée par l'envie, portée un peu, je pense, par cette excitation de me dire, allez, il y a un truc qui change, tentons. Et voilà, pour la deuxième fois cette année-là, j'écoute mon intuition, ça me fait confiance. Je me dis, allez, en fait, qui ne tente rien n'a rien. Je ne réfléchis pas du tout à ce que je fais. C'est un peu comme le chemin de compostelle, tu vois, par la fichière, pourquoi, est-ce que c'est bien ? Le peu de fois où je commence un petit peu à dire, vraiment, en fait, est-ce que vraiment tu es sûre ? Je me dis juste, au pire, qu'est-ce qui se passe si jamais ça ne se passe pas bien ? En pire, tu rentres, tu trouves une autre solution. C'est un peu pareil quand je parle de compostage. Je me disais, au pire, si vraiment ce n'était pas une bonne idée, au bout de huit jours de marche, tu te dis, mais qu'est-ce que je fous là ? En fait, c'est simple, tu vas à la gare la plus proche, tu prends un billet et puis tu rentres. Et je pense que le parallèle entre les deux m'a beaucoup plus marquée. En fait, les semaines et mois à venir où j'ai un peu réfléchi, je me suis dit, quel moment j'ai pris une décision aussi tarée pour moi. Je précise toujours pour moi parce que en soi, quitter un job, c'est pas non plus, tu vois, quand t'as pas une famille à nourrir, etc. C'est pas non plus un truc extrême. Quitter, pour moi, c'était vraiment la première fois que j'étais sans... J'avais pas de parachute, j'avais que d'album.

  • Speaker #0

    Est-ce que Camille, si elle n'avait pas fait le chemin de Compostelle, si elle n'avait pas pris 38 jours pour elle et marché pendant 1000 kilomètres, est-ce qu'elle l'aurait fait ?

  • Speaker #1

    Je ne pense pas, honnêtement. En tout cas, je n'aurais pas fait comme ça, c'est sûr. Avant de partir sur Compostelle, j'avais quand même essayé de chercher un peu du taf à Annecy. J'avais quand même l'idée qui me germait. Mais ce côté tenter tout pour le tout, me faire confiance, suivre mon instinct.

  • Speaker #0

    et tu vois elle est comme un pansement de faire allez c'est bon on y va on arrête de réfléchir 15 fois ça non je pense que j'aurais jamais fait et c'est ça et je pense que quelque part t'avais envie d'aller chercher des réponses mais je pense que ce que tu as gagné avec ce chemin c'est de la confiance en toi et ça je pense que le mouvement le sport de façon générale nous donne confiance en nous relève l'estime de soi et fait qu'on peut prendre des décisions qu'on aurait peut-être pas prises sans ça et là tu t'es écoutée et tu t'es dit en fait... go quoi, quand j'ai envie de faire des choses. Et cette réflexion que tu as de, au pire, qu'est-ce qui se passe ? Je pense que c'est un truc qu'on peut utiliser au quotidien sur dès qu'on a envie de faire des choses, c'est un peu genre, lever les freins, au pire, qu'est-ce qui se passe si je fais ça ? Et finalement, de se faire tous ces scénarii qui pourraient se passer, et dans ce que tu dis, c'est vrai aussi, c'est à trop vouloir conscientiser les choses, à trop vouloir réfléchir, à vouloir être la bonne élève, ton tableau Excel, d'essayer de trouver un boulot. Au final, on ne fait rien, en fait. On ne fait rien ou alors on repousse en permanence les choses. Et là, peut-être que le chemin, ça t'a donné ce coup de bousse et cette confiance en toi pour te dire, OK, maintenant, quand j'ai envie de faire des choses et quand j'ai envie de m'écouter, je vais le faire et je vais arrêter de me poser peut-être 10 000 questions et d'être la bonne élève que j'ai appris à être depuis que je suis toute petite.

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Et tu vois, je trouve qu'il y a le côté aussi, petit bout par petit bout, qui est aussi lié à la confiance, de se dire d'un énorme truc. Tu te dis, waouh, en fait... dans quoi je m'embarque, mais encore une fois, ça peut être la prépa, un marathon, un ultra, partir marcher X temps, changer de région et se dire, il faut que je reconstruise ma vie. Quand tu te dis, écoute, on va faire chaque jour, on verra jour après jour ce que ça va donner, c'est pas de penser à, tu vois, qu'est-ce qui va se passer dans 40 jours, est-ce que tu arrives à Compostelle, tu te dis juste, aujourd'hui, je marche, demain, je vais voir, mais en fait, aujourd'hui, je marche, puis on verra bien comment ça va se passer. Et c'est vraiment ce côté un peu, qui rejoint le côté... et instant présent et aussi de dire chaque jour suffit sa peine on construit brique par brique puis mine de rien on fait en sorte que cette aventure prenne vie le sport a un très beau parallèle je trouve que quelle que soit la manière de pratiquer avec l'intention de la performance du dépassement, du plaisir de l'aventure je trouve que chaque manière de pratiquer apporte des choses différentes Merci. Et que de toute façon, dans la vie, dans le quotidien, ça apporte beaucoup de positifs aussi.

  • Speaker #0

    Et pour faire l'épilogue de ton chemin et de ton départ à Annecy, comment tu vas aujourd'hui ? Est-ce que tu es heureuse dans ta décision ? Est-ce que tu as trouvé ce que tu voulais dans ta nouvelle vie à Annecy ?

  • Speaker #1

    Oui, je suis très contente à Annecy, qui est une ville où je me sens bien. et je pense Je pense qu'au-delà du fait que c'est une ville où je me sens bien, c'est une ville que j'ai choisie et qui représente un lieu où j'ai choisi d'habiter. Et d'ordre du cadre, qui est très beau à toute saison et qui me permet d'être plus dans la nature, c'est aussi, je pense, cette représentation de cette étape importante où pour une fois, j'ai fait un choix pour moi. Peut-être pour une des premières fois, l'un des premiers choix, c'était de partir sur le chemin de Compostelle. Et un des deuxièmes choix, c'était de partir en vie et voir une ville où j'avais le souhait de vivre. Donc, je me sens bien ici. Ce n'est pas toujours simple. Tu retrouves les mêmes complications de construire sa vie, habiter, trouver un job. En tout cas, je m'y sens bien. Pour la petite histoire, j'ai refait un chemin de composteur un tout petit peu moins long, en 2023. Là aussi, parce que j'ai ressenti le besoin. J'avais créé mon entreprise, chose que j'aurais certainement... Pas faite d'ailleurs, si je n'étais pas partie sur le chemin quelques années avant, où je me suis dit, allez, c'est bon, on tente de tout pour le tour, on verra. J'ai fait trois ans d'entrepreneuriat qui ont été très durs. Et à un moment, je me suis dit, OK, je crois que j'ai besoin de reprendre un temps pour moi. J'ai besoin de me reposer des bonnes questions. Et en fait, le timing faisait qu'à ce moment-là, je pouvais partir trois semaines sur le chemin de Compostelle. Et cette fois, je suis partie sur la voie du puits. Je suis rentrée quelques semaines plus tard. Je postulais en CDI et j'ai des prises quelques mois plus tard. C'est marrant parce que pour le coup, je n'avais pas posé d'intention de changement. J'étais juste là, il faut que je fasse une pause. Je sais que ça me manque quand tu as pris un peu goût au chemin. C'est pour ça que certains restent, construisent un albergue, marchent pendant des mois, des années ou vont être volontaires dans une auberge du chemin parce qu'en fait, quand tu as un peu goûté, Merci. à cet état d'esprit, à cette espèce de parenthèse un peu enchantée, un peu cocon. Tu as envie d'y revenir. Je ne referai pas ça tous les ans non plus parce qu'il y a d'autres aventures, j'ai envie de découvrir d'autres choses. J'ai construit une vie, j'ai mon conjoint qui n'a pas forcément envie de partir sur mon postel. Je ne repartirai dans tous les cas pas tous les ans. Au moins, des fois, cette petite envie, cette petite étincelle, je repartirai bien. Elle n'est jamais très longue quand même.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a un message que tu aimerais transmettre aux auditeurs et aux auditrices ?

  • Speaker #1

    Ça va être très cliché, mais la vie me l'a rappelé beaucoup de fois, notamment cette année où où j'ai perdu mon papa. C'était très dur. Et en fait, c'est très cliché de dire, mais la vie est quand même courte. Ça fait très très film de Noël, mais oui, la vie est quand même courte. On oublie souvent, on le rappelle souvent, malgré nous. Et je trouve qu'il ne faut pas non plus faire... Enfin, il faut retrouver, parce que le côté un peu vie, tes rêves, fuck, fuck à tout, c'est un peu too much. Donc je trouve qu'il y a quand même une question de modération, parce que voilà, c'est pas si simple. contre, écouter un peu son intuition, écouter un peu ses tripes, savoir s'écouter, écouter ses envies. Il y a une petite voix qui murmure et qui dit « j'ai quand même très bien envie de faire ça, si elle reste persistante » . Il y a souvent des raisons, il y a souvent quelque chose qui explique ça. Donc, réussir à s'écouter et réussir à s'écouter vraiment, pas juste le « écouter, j'ai envie de m'acheter un sac à main d'un ami » , pas écouter la première couche qui souvent, finalement, n'est pas la plus utile et ne nous veut pas forcément du bien. Mais écouter vraiment celle qui résonne, qui est là un peu dans notre ventre, qui fait des papillons, qui essaie un peu de ressortir. Et des fois, on dit, mais qu'est-ce que tu me racontes ? Celle-là, elle nous laisse un petit peu plus de place. En tout cas, l'écouter, après, on en fait ce qu'on en veut. Mais l'écouter fait du bien.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as gardé un rituel de compostelle dans ta vie d'aujourd'hui ? Ça peut être écrire, marcher seule. Est-ce que tu as gardé quelque chose avec toi qui te suit ?

  • Speaker #1

    Un truc que j'ai retenu. tenue et j'ai encore fait un gros travail il y a quelques semaines pour vider énormément de placards parce que moi je suis quelqu'un qui a un peu la peur du manque, j'ai besoin de me rassurer j'ai plein d'affaires et tout et tout c'est ce côté un peu quand tu te dépouilles un peu du surplus quand t'as tes trois t-shirts et tes deux shorts tu te rends compte que souvent c'est très bien comme ça, t'as pas besoin de faire des réserves cette peur de manquer elle est pas utile et en fait c'est surtout que tu te sens beaucoup plus libre ... et tu le sens beaucoup moins oppressé, moins de choses physiques, d'objets, mais aussi de choses qui te polluent. Et ça, je trouve que la liberté du chemin, qui est une liberté matérielle, une liberté psychologique, elle est géniale parce qu'on est quand même dans une société où on est tout le temps sur sollicité. Et moi, ce bonheur de la zéro sollicitation slash matériel le plus simple, je l'ai connu pendant plusieurs jours et je sais à quel point il fait du bien. Donc ce côté, oui, Je ne sais pas si on peut le traduire par du minimalisme, on n'en est pas du tout là, mais d'essayer un petit peu de désengorger tout ça et de revenir un peu parfois à des routines plus simples, plus synthétiques, ça fait du bien.

  • Speaker #0

    Tu me fais la transition parfaite vers une phrase que j'avais notée, ça sera la dernière que je vais lire. Loin de cette surabondance de mille riens, je me sens tout simplement riche de tout. Et je pense que c'est exactement ce que tu viens de dire, c'est que parfois on s'entoure de plein de choses. de cette surabondance, mais finalement, c'est des rien, alors que le chemin, tu étais riche de tout, alors que tu n'étais entourée de rien, mais tu t'es entourée de l'essentiel peut-être, qui est la nature, qui est la nature humaine, sauvage, etc. Est-ce qu'il y a un conseil que tu donnerais à quelqu'un qui voudrait se lancer sur le camino ?

  • Speaker #1

    Moi, le meilleur conseil pour moi, c'est d'y aller, d'y aller. Après, tout ce qui est équipement, il y a 15 000 conseils là-dessus, et franchement, il n'y a pas besoin non plus. Encore une fois, ce n'est pas une expédition polaire, on peut faire simple, j'ai vu des gens qui étaient très mal équipés. C'est juste un peu moins confortable et c'est un peu plus compliqué. Mais bon, ils s'en sortent aussi très bien. Pour moi, s'il y a une envie de partir, y aller. Y aller pour quelques jours, y aller pour une semaine, y aller seule, y aller avec des gens. Tout dépend de ce qui rassure aussi. Des fois, il y a beaucoup, surtout les femmes, besoin d'être rassurées, ce que je comprends complètement. Pour moi, c'est de faire le premier pas, encore une fois. Souvent, le premier pas, le deuxième, le troisième, on se dit... « Ah, mais en fait, je me faisais tout un plat, je me faisais toute une histoire. » Voilà, ça passe. Et j'en vois énormément. J'avais rencontré une femme qui marchait avec son fils pour la première fois, qui me disait « On avait peur, du coup, on a tout réservé. » Et on s'est dit « 10-15 kilomètres, pas plus, par jour. » Elle me disait « Là, en fait, je suis très frustrée parce que 10-15 kilomètres par jour, on est complètement capable de le faire. » On arrive hyper tôt dans les auberges. Je passe l'après-midi à lire alors que j'ai envie de continuer à marcher. Et en fait, la plupart du temps, les gens se sous-estiment énormément alors qu'ils sont capables de beaucoup plus qu'ils ne pensent pas. Donc pour moi, si quelqu'un a envie de le faire, qu'il le fasse. Il y a plein de manières de faire. simple et de mettre un premier pas dans l'aventure.

  • Speaker #0

    J'espère que ça donnera envie à plein d'autres personnes de le faire. En tout cas, moi, ça m'a donné très, très envie quand j'ai lu ton livre. On arrive à la fin de notre discussion. On va passer au rituel de fin de Booster. Est-ce que tu as une ressource inspirante à partager et pourquoi ?

  • Speaker #1

    J'ai mes petites cartes Taltek que j'utilise quasi quotidiennement et j'aime bien. Dans ma routine, j'aime bien, tu vois, ces petits trucs simples, la petite carte que je sors avec le... petits mots qui te parlent souvent.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a une chanson qui te booste et qu'est-ce qu'elle déclenche chez toi ?

  • Speaker #1

    J'adore la femme. Le mec me dit que c'est un truc de bobo parisien, mais oui, je reste une bobo parisienne très loin dans mon esprit.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as un mantra qui t'accompagne ?

  • Speaker #1

    Le mantra qui m'accompagnerait, c'est... Moi, j'aime bien le côté jour après jour. Je pense que c'est un peu le côté Camino. Ouais, jour après jour. J'ai tendance à... Tout vouloir solutionner, tu vois, un peu ce truc de tout faire, prendre un projet et me dire, OK, je vais tout faire aujourd'hui. Et en fait, des fois, je me dis, OK, on va y aller jour après jour. Ça n'a rien de te coucher à 2h du matin parce que tu as voulu tout finir ou parce que tu étais en train de réfléchir. Voilà, détends-toi et compartimente.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a une personne que tu aimerais entendre à ce micro ? Et qu'est-ce qu'elle t'inspire ?

  • Speaker #1

    Je suis beaucoup tous. qui est Trail. Je trouve qu'une personne qui est inspirante en ce moment, c'est Blandine Hirondel. Je la trouve inspirante par son parcours, par sa vibe. Voilà, ça fait partie des femmes qui inspirent par la performance mais ce n'est pas forcément ce qui me parle le plus. C'est plus par son mindset. Tu as envie que ce soit un peu ta bonne copine, quoi. Tu te dis c'est une bonne copine qui est en même temps inspirante, qui a l'air accessible et qui a un chouette parcours.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Camille, c'était hyper chouette d'échanger avec toi sur ton chemin et merci de t'être livrée au micro.

  • Speaker #1

    Avec plaisir et puis merci à toi.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir écouté cet épisode de Booster avec Camille. Si celui-ci t'a donné envie de partir marcher, de te faire confiance, dis-le nous et partage-le autour de toi. Et souviens-toi, comme le dit Camille, on avance jour après jour et fais de la place à la petite voix qui est en toi. Abonne-toi pour ne rien louper des prochains épisodes. Laisse un avis et 5 étoiles sur ta plateforme d'écoute, ça m'aide beaucoup. Et retrouve les coulisses et nouveautés sur notre Instagram boost.heure.podcast. On se retrouve très vite pour un nouvel épisode de Booster.

Description

Camille — Le Camino pour marcher vers soi 🥾
38 jours, 1000 kilomètres, seule (ou presque) sur le Camino de Compostelle.
Camille, raconte comment cette aventure a bouleversé sa vie : de la peur à la confiance, du contrôle à l’intuition.
Dans cet épisode, on parle de courage, de lâcher-prise, d’écoute de soi et de ce moment où l’on décide, de s’écouter et de suivre son intuition.
✨ Une conversation inspirante sur le chemin, le sport, et la vie — tout simplement.

🎧 À écouter si tu veux :

  • retrouver du sens dans le mouvement,

  • oser te lancer sans tout planifier,

  • et apprendre à marcher et avancer “jour après jour”.

✨ Boost.her, le podcast qui remet du mouvement dans ta vie.
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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Booster, le podcast qui te donne des clés et de l'élan pour te sentir bien dans ta tête et bien dans ton corps. Je suis Laure Fulton-Prévot, le sport m'accompagne depuis toujours. Courir, bouger, me dépasser font partie de qui je suis. Depuis plus de 15 ans, j'organise des événements sportifs pour partager cette passion. Parce que le sport, c'est bien plus qu'une performance. C'est une manière de se sentir alignée et de trouver son équilibre. Ici, pas de discours parfait, ni une méthode miracle, mais des récits qui t'embarquent. Des histoires vraies, des conseils concrets. A chaque épisode, tu découvriras des invités qui partagent leurs récits, leurs doutes et leurs déclics. Des trajectoires où le sport devient un levier pour reprendre confiance, faire des choix et tracer sa voie. Parce que le sport, c'est avant tout une rencontre avec soi. Très bonne écoute ! Aujourd'hui, direction le Camino de Compostelle avec Camille, responsable communication et aux manettes du compte Camdenwood, qui a marché 1000 km en 38 jours. Seul ou presque, vous le comprendrez bientôt. Dans cet épisode, on parle de comment le sport aide à se retrouver, de confiance, d'intuition et du pouvoir de s'écouter vraiment. De ce que veut dire vivre jour après jour, sur le chemin, comme dans la vie. Prenons la route avec Camille, très bonne écoute ! Camille, merci d'avoir accepté mon invitation. Pour commencer, je te laisse te présenter comme tu le souhaites avec tes mots.

  • Speaker #1

    Merci à toi pour l'invitation et enchantée, bonjour à tout le monde. Moi, c'est Camille. Je suis... responsable communication dans ma vie professionnelle et puis dans ma vie personnelle je suis influenceuse créatrice de contenu, on met les mots qu'on a envie de mettre dessus sur Instagram et sur mon blog où je parle de randonnées de trails, de compostels, de la nature de mon chien, un peu de tout ce qui me fait envie, de tout ce qui me passe par la tête ça a beaucoup changé ces dernières années donc ça a vachement évolué Je prends plaisir à échanger, communiquer, inspirer aussi certaines personnes à aller dans la nature, vivre leur propre aventure et prendre tout simplement plaisir à se dépasser.

  • Speaker #0

    Tu vis à Annecy et c'est vrai que les images sont très belles sur ton Insta. Tu nous fais voyager. Tu nous donnes envie de nous y installer. Camille, je vais te poser la question rituelle d'intro du podcast. Est-ce que le sport a toujours fait partie de ta vie ? confier tes premiers souvenirs d'enfance liés au sport ?

  • Speaker #1

    Moi, je suis un peu le cliché de la bonne élève première de classe, pas du tout bonne en sport, qui n'apprécie pas le sport et qui se fait au maximum dispenser. Si mes profs d'EPS me voyaient maintenant, ils se demanderaient ce qui s'est passé. Ce qui fait que je ne suis toujours pas la première en sport, loin de là. J'ai un très petit niveau, plutôt vers la fin que le début, mais bon, je me dépasse beaucoup plus qu'avant et surtout je prends beaucoup plus de plaisir. Pour répondre à ta question, le sport, quand j'étais jeune, n'occupait pas de place, si ce n'est la place obligatoire scolaire qui n'était pas du tout liée au plaisir, plutôt à l'obligation. Il y a eu une petite évolution après du sport dans ma vie, ou adolescente. C'était un petit peu les années où tu n'étais pas bien dans ta peau, tu essayes de mincir, de perdre du poids, de désespérer moins, et tu passes des heures à la salle à transpirer, faire de la zumba, des elliptiques, faire tout ce que tu peux pour essayer de construire le corps de tes rêves. avec un succès plus ou moins relatif. Et on n'était toujours pas dans le sport vraiment plaisir. Moi, j'estime que ce n'était pas fait pour les bonnes raisons, en tout cas pas pour des raisons très saines et pas pour des raisons qui me faisaient du bien, et mentalement et physiquement. Et puis après, j'ai fait une formation de réserviste à l'armée. Et là, je découvrais un peu une autre dimension sportive de ce sport, de dépassement. sport un peu où on est fier, où on apprend un petit peu à faire de notre corps notre allié, où on se sent vraiment un petit peu en binôme avec notre corps qui nous permet de faire des choses auxquelles on n'aurait pas pensé avoir accès, où on ne se sentait pas forcément légitime d'eux. Et voilà. C'est un peu comme ça que je vois un peu les trois phases de ma vie. Et puis la quatrième sortie de la vitesse de déclic, j'ai vraiment pris goût au sport dépassement, mais peut-être un peu trop. C'était à une époque, quand j'étais encore à Paris, faire une course toutes les trois semaines, me dépasser, me dépasser, bien entendu me blesser. Et puis, je pense que là, j'ai aussi un peu la raison de se dire, oui, est-ce que vraiment ça, c'est moi ? Est-ce que je ne suis pas un peu trop loin ? Est-ce que les réseaux sociaux ne m'entraînent pas aussi à aller un petit peu trop loin ? Et au final, est-ce que je ne reviens pas à aucun dépassement, un goût de l'aventure, mais un peu plus raisonné, un petit peu plus adapté à mon quotidien, à mes capacités aussi, etc.

  • Speaker #0

    Pour préparer cette interview et pourquoi j'ai voulu aussi t'avoir à mon micro, c'est que j'ai lu ton livre, donc le Camino seul, enfin presque. Je l'ai vraiment dévoré et ça m'a donné envie d'aller marcher, vraiment. Je me suis dit, déjà, il faudrait que je teste de marcher pendant 30 kilomètres, juste une journée. Mais toi, tu l'as fait pendant 38 jours et 1000 kilomètres d'affilée. Et donc, on va vraiment se concentrer sur cette partie-là et sur le Camino que tu as fait toute seule, mais où tu étais accompagnée, bien évidemment, tout au long de... de ton chemin. Je voulais savoir déjà, Camille, à quel moment a germé cette idée de partir sur le chemin de Compostelle ?

  • Speaker #1

    C'est une idée qui a été très progressive.

  • Speaker #0

    Je vais essayer de la faire courte,

  • Speaker #1

    surtout quand on parle de ce sujet-là. Cette idée-là, elle a déjà germé dans la tête de ma mère au tout début, qui est partie sur le chemin de Compostelle à une époque où elle n'était pas très bien. Elle est partie deux semaines. Et moi, je me souviens très bien qu'à l'époque, elle m'a dit « je pars marcher sur le chemin de Compostelle » . J'en avais entendu rapidement parler. Je pense que ça ne me parlait pas plus que ça. Je pars toute seule, marcher. Ma mère a le même gabarit que moi, c'est-à-dire qu'on est assez petites, fines. Enfin voilà, on ne fait pas peur à grand monde. Je m'inquiète vraiment pour ma mère. Je me dis vraiment, un, qu'est-ce que tu vas faire là-bas ? Et deux, je m'inquiète un peu pour ta sécurité. Ça a été un peu ma première approche de Compostelle qui finalement n'est pas mon idée. n'est pas mon idée, n'est pas venue comme ça, comme le déclic. Ma mère est revenue, très belle expérience, elle nous l'a partagé tous les jours. Vous voyez son petit texto de la journée, c'était chouette aussi de partager avec elle. Et un jour, on se lance un défi, on était en train de marcher avec ma tante et ma mère, et puis on dit, bon ben voilà, la prochaine fois, je pense qu'on part avec toi. Et on se retrouve quelques mois plus tard, donc à marcher pendant une semaine. Pas facile, pas du tout équipé. équipé côté ma tante et moi, les bobos, etc.

  • Speaker #0

    Les fameuses ampoules, sûrement.

  • Speaker #1

    Les ampoules. Et puis voilà, vraiment le premier step où tu fais toutes les erreurs possibles. Et puis, ce n'est pas grave, ça fait des souvenirs aussi. Super expérience. Chouette moment de découvrir un peu. Ma mère m'attend différemment, de partager ses moments ensemble. Et de là, germe un peu ce côté. C'est une expérience différente qui me fait du bien. Une espèce de parenthèse complètement à part. Des vacances, mais pas que. C'est pour ça que j'y retourne encore quelques années plus tard, par contre, parce que j'étais dans ma période d'école de commerce, très fiesta. Je me dis, bon, OK, c'était sympa et tout, mais je retourne un peu dans des vacances un peu plus normales à mon âge et avec mes potes. Et puis, quelques années plus tard, j'ai 27-28 ans, ça me dit bien de repartir avec toi deux semaines sur la voie d'Arles. Et en fait, au moment de revenir, au moment de poser le pied en Paris, de sortir du train, J'ai vraiment ce sentiment de me dire, là, je ne suis pas bien. Un, je n'ai pas du tout envie de rentrer. Et deux, j'ai cette sensation de rentrer au moment où il y a le déclic qui est en train de se faire. Il y a quelque chose qui est en train de se faire. Je me sentais bien, je sentais que j'étais dedans. Vraiment, je me sens un peu retirée de, je ne sais pas, quand on est bien au chaud dans le canapé, qu'on s'est endormi sous sa couette, on se dit qu'est-ce que je suis bien. On dit, allez-y, il faut sortir de son plaid, aller au lit, dans sa couette toute froide. J'ai un peu ce sentiment-là. Je suis bien, j'ai créé un truc, je suis là où je dois être. Et hop, là, c'est le moment de rentrer. Du coup, là, je pense que ça a été un peu ce déclic, ce « là, j'ai envie d'y retourner, c'est un peu viscéral, ça m'obsède entre guillemets, c'est négatif justement et fort » , alors que c'était plutôt une obsession positive. Et de là, je me dis « OK, il faut que je reparte, il faut que je reparte plus longtemps, parce que je sens que ces effets ont lieu, mais qu'il faut quand même que je laisse le temps à mon corps, à mon esprit d'être dans l'aventure. » et que j'ai bien envie de voir ce que ça peut donner si je pars un peu plus longtemps. Donc, tu vois, ça a été assez progressif. Je sais qu'on aime bien un peu dans le monde actuel les grands déclics, les « je pars à l'aventure 3 mois alors que je n'ai jamais fait sport » . Moi, ça a été vraiment très progressif, ce qui m'a permis aussi d'aborder cette aventure, je pense, avec une certaine maturité. Tu as toujours des questions, tu as toujours des interrogations et des dépôts. peur, ça n'enlève pas ça. Mais par contre, j'ai pu partir longtemps avec déjà une vision, une connaissance un peu de ce qui était le chemin de Compostelle.

  • Speaker #0

    Tu parles de peur, tu avais peur pour ta maman, tu me parles aussi de la peur de parfois se lancer. Et dans ton livre, j'ai noté une phrase qui dit « Les aventures les plus belles sont celles qui nous font le plus peur. »

  • Speaker #1

    Ça fait partie des choses que je me dis souvent maintenant, de me dire en fait il y a des choses ça te fait peur c'est peut-être aussi que c'est pas forcément intelligent c'est pas valable pour tout mais en fait si tu commences à sentir qu'il y a un risque si tu commences à sentir un peu que ça te fait réagir il y a des émotions à l'intérieur physiquement mentalement la plupart du temps c'est que t'as quelque chose à perdre mais que t'as potentiellement aussi beaucoup de choses à gagner il faut aller creuser après parfois tu creuses et tu te dis c'est pas le moment c'est pas le moment de ma vie et puis parfois tu te dis, ok, je tente ça.

  • Speaker #0

    Tu pars dans ce grand défi de 38 jours, 1000 kilomètres pour aller jusqu'à Saint-Jacques-de-Compostelle, c'est en 2018, c'est ça ?

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Tu es entre deux jobs, il me semble. Comment tu l'as préparé cette aventure en termes logistique, physique ? Ça doit se préparer quand même un petit peu, ce grand périple.

  • Speaker #1

    Alors, idéalement, oui. Moi, ce que j'avais prévu dans mes plans... Pour résumer, j'avais négocié avec l'entreprise dans laquelle j'étais quelques longues semaines de vacances pendant l'été pour pouvoir faire ce chemin. Ça a été un peu le premier pas de m'assurer que je pouvais avoir le temps. Pendant, finalement, le temps passant, j'ai eu la possibilité de changer de boulot. Donc, en fait, j'étais plus occupée à gérer le côté professionnel. Mon aventure a dû se décaler de deux mois en avance, où je devais partir sur... l'été juillet août et au final je partais sur mai juin donc en fait toutes mes prévisions moi j'aime bien un peu les tableaux excel réfléchir etc etc en fait toutes mes prévisions sont décalées et puis bah voilà il fallait faire pas la one again non plus parce que je suis pas partie avec des converses et un petit sakit pack mais il fallait un petit peu tout ravancer et puis un peu speeder sachant que encore une fois la logistique sur le chemin de compostelle demande certains indispensables. Oui, des bonnes chaussures, un bon sac à dos et puis un peu de matos intelligents, mais on n'est pas non plus sur un trek dans les Annapourlas, on n'est pas non plus sur l'ascension de l'Everest. C'était un peu cet entre-deux de je dois gérer d'une manière un peu plus speed et désorganisée que ce que j'aurais souhaité, mais en même temps, et ça c'est ce sur quoi souvent j'incite quand on me demande mon avis sur le chemin de Compostelle, c'est que Ça ne demande pas non plus une préparation logistique incroyable, on ne va pas se mentir.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous raconter à quoi ressemble une journée type sur le chemin, en termes de rythme, de rituel, de moment aussi, où parfois tu es seul, tu marches seul, et puis parfois aussi tu marches avec d'autres pèlerins que tu rencontres sur le chemin, dans les auberges le matin ou le soir ?

  • Speaker #1

    Une journée type sur le chemin de Compostelle, ce n'est pas métro, boulot, dodo. Du coup, c'est on se lève, on marche et puis on dodo. si je devais résumer on se lève dans un dortoir avec d'autres pèlerins qui nous ont laissé dormir plus ou moins selon l'état des ronflements de la nuit petit déjeuner chacun de sa manière express, pas de petit déjeuner puis après, voilà, en fait on marche mais on peut aussi faire ce qu'on souhaite on peut visiter la ville où on est ou le village où on est, rester un peu plus longtemps c'est la liberté absolue c'est-à-dire qu'on peut même rester si on souhaite dans le même endroit où on est Merci. La plupart du temps, on va quand même marcher parce que le but du chemin, c'est quand même de marcher jour après jour pour atteindre un objectif. Mais voilà, on va marcher, on marche à sa vitesse, on marche le nombre de kilomètres qu'on souhaite faire. Après, il faut quand même rejoindre un endroit, sauf pour ceux qui font du camping, il faut quand même rejoindre un endroit où il y a un hébergement du chemin de Compostelle qui nous attend. Mais on a toute la journée, certains sont plus ou moins rapides, soit un peu, voilà, la team, on marche, on marche. On part à 6h du matin. À l'instant, j'arrive au point à 14h-15h. D'autres, c'est je prends toute ma journée, je fais des pauses de 2h. J'arrive à 19h, ce n'est pas grave. Chacun a un peu son rythme. Et ça, c'est aussi chouette. Tu as vraiment cette liberté de faire ce que tu veux. Et puis, le soir, tu arrives dans ton logement, s'en suit les petites lessives, potentiellement les courses, la préparation du repas du soir. et puis sur surtout beaucoup de moments d'échange si tu le souhaites, de repos, de soigner les bobos, etc. Donc, c'est des journées qui sont en fait très similaires dans le sens où le programme du jour, tu le connais par avance, il n'y a pas de surprise, tu as marché, mais toujours dans des lieux assez différents, dans la découverte de régions que tu ne connais absolument pas. Moi, l'Espagne, je connais très peu. Et puis oui, encore une fois, avec ce programme que tu peux aménager, Alors, ça dépend encore une fois de la manière et la vision de chacun. Certains ont toutes leurs étapes, kilomètre par kilomètre, soit parce qu'ils ont très organisé leur chemin, soit parfois, c'est rare, mais parce qu'ils passent par des organismes qui font l'organisation à leur place. Et puis certains, je vais marcher certainement 25 kilomètres aujourd'hui, peut-être un peu plus, peut-être que je vais croiser un chemin. un endroit où j'ai envie de me poser. Donc, tu as vraiment différentes philosophies sur le chemin.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous dire, toi, d'où tu es partie et quel est ton point d'arrivée ? Combien de kilomètres tu faisais par jour ? Et comment tu as décidé aussi de ton point de départ et d'arrivée ?

  • Speaker #1

    Je suis partie de Bayonne et j'ai choisi ce point de départ parce que je voulais faire quelques kilomètres en France de manière symbolique. Faut savoir que... Faire le chemin de Compostelle en entier, en réalité, c'est partir de chez soi. Je n'avais pas le temps de partir de chez moi qui était Paris. Là, ça faisait beaucoup, beaucoup de semaines de congés. Premier vrai point, gros point d'arrivée, c'était sa jacque de Compostelle. Et mon deuxième point d'arrivée, si j'avais le temps, si tout se passait bien, si ça pouvait fitter à mon programme, je voulais aller jusqu'à la côte, donc à Mouchia et Fisterra, qui demandent environ 3 à 4 jours de marche supplémentaire. En moyenne, je devais faire entre 25 et 30 kilomètres avec un dénivelé qui est différent selon les étapes, qui n'est pas non plus... On est en Espagne, à part sur le chemin primitif où il y avait un peu plus de dénivelé, on n'est pas non plus sur du 2,2 d plus par jour.

  • Speaker #0

    Et ça, ça te prend combien de temps de faire ces 30 kilomètres ? Tu partais à quelle heure, toi ?

  • Speaker #1

    Moi, je partais, j'étais plutôt dans la team, j'aime bien partir tôt, entre guillemets. Alors, ce n'était pas pour la chaleur, vu que j'ai eu deux semaines de pluie, pas possible. où c'était vraiment très dur parfois de partir le matin et de se motiver. Mais c'est plus pour commencer la journée. C'est surtout que tu as envie de commencer ta journée, tu as envie de marcher en fait. Petit à petit, tu es dans un flou où tu as envie de marcher, tu as envie de marcher, tu as envie de marcher. Mon nouvel rituel, c'est vraiment deux phases dans mon chemin. J'ai une phase où j'ai été très janky, janky, janky. Je marche, je marche vite. Je pense que j'avais ce besoin un peu de frénésie, de voilà, je suis là, je marche, j'ai envie d'avancer. Peut-être aussi un peu d'égo sportif. Allez, j'y vais, j'avance. Waouh, j'ai fait mon étape. Ce qui faisait que j'arrivais souvent tôt, voire très tôt, ce qui n'a pas vraiment de grosse utilité. Et puis après, j'ai plus été dans un flot de j'ai envie de m'arrêter, je m'arrête, il y a encore sympa. J'ai envie de papoter à la terrasse d'un café avec quelqu'un, je papote. tu vois j'ai vraiment eu deux manières il y a vraiment une deux moments dans mon chemin très différents qui correspondent vraiment aussi à ce switch, à cette manière de vivre cette aventure différemment.

  • Speaker #0

    Je l'ai vraiment ressenti dans ton livre. Et à un moment donné, il y a un passage que je me suis noté, c'est un pèlerin qui est un peu plus vieux que nous, qui te dit « Ménage ta monture, Camille. On est encore très loin de Compostelle. Tu es jeune, pleine d'énergie, c'est bien. Mais si le Camino est un repère de vieux brigands comme moi, c'est parce que nous, nous savons nous économiser. »

  • Speaker #1

    Je pense que ça fait partie des meilleures. conseil et je suis repartie sur le chemin en 2023 et je repensais justement à ce type de conseil et ce que les vieux brigands pèlerins du chemin pouvaient me dire parce que c'est exactement ça et en fait c'est pas la généralité absolue mais il y avait beaucoup de jeunes qui y allaient à fond faisaient pas de pause on avait un peu encore une fois ce côté on a fait 40 kilomètres par jour et en fait les... La plupart du temps, les blessures un peu à la con qui surviennent la première à la deuxième semaine, c'était pas mal de jeunes. Parce que les plus anciens ont un peu plus l'habitude des efforts longs. Les retraités, ils font de la rando toute la journée. Et puis, c'est surtout qu'ils nous regardaient aller taillot toute la journée. Ils y allaient plus à leur rythme, ils s'économisaient plus. Donc il y a vraiment ce... Ce côté un peu, je pense, impatience, excitation et puis égo sportif qui rentre aussi un petit peu, je pense, consciemment ou inconsciemment, que les anciens ont beaucoup moins. Et ce qui fait que souvent, ils tenaient quand même un peu plus sa route et qu'il y avait moins de blessures. Il y avait des anciens qui se sont blessés, bien entendu, mais quand même, il y en avait un peu moins.

  • Speaker #0

    Quand j'ai lu le livre, je me suis posé la question et je pense que ça dépend aussi des gens. Je me suis dit, est-ce que le chemin, c'est prendre du temps pour soi ou est-ce que c'est fuir sa vie ?

  • Speaker #1

    Ah, c'est... Une très bonne question et je pense qu'en fait, tu n'as pas forcément besoin d'opposer les deux parce que quand tu fuis ta vie, tu prends du temps justement pour toi parce que tu vois, la vie a quand même tendance à t'entraîner dans un tourbillon d'habitude, de quotidien, de routine, etc. Peut-être que tu fuis ta vie telle qu'elle est construite à l'instant T pour justement construire une vie qui te ressemble un peu plus toi en tant que telle, en tant que personne qui n'a pas besoin d'incarner un... personnage, un statut professionnel, personnel devant sa famille, devant ses amis. Là, tu peux être qui tu veux, tu peux être toi, toi-même. Le côté sur-savier a un côté rocambolesque mais aussi négatif. Néanmoins, je pense qu'en réalité, c'est ce que beaucoup de gens font en allant sur un chemin qui les appelle, en faisant une grosse coupure, en essayant de trouver des réponses à leurs questions ou des questions qui ne se sont pas encore posées. Tu as beaucoup beaucoup de gens qui ont des profils très différents et qui ont ce côté, justement, voilà, puis quelque chose, j'ai besoin de me reconstruire, j'ai besoin de trouver autre chose, je sors de désintox, c'est aussi pour ça que tu retrouves pas mal de gens qui sont un peu cassés, qui sont un peu dans l'interrogation, qui ont un peu un bagage très différent, chacun ses propres problématiques, mais en fait, je pense que... En réalité, si tu regardes, c'est le cas partout. Tes voisins, tes collègues, on a tous un bagage, on a tous des casseroles. Sauf qu'en fait, là, tu te retrouves face à des gens qui sont... plus à même de parler de leur casserole, les assumer, et en fait, qui sont aussi un peu là pour ça. Du coup, tu t'embêtes pas trop avec la couche, tu vois, les couches de mon statut, qui je suis, le fait que tu souhaites que les gens aient une certaine opinion de toi, une certaine vision. Tu t'en fous un peu, parce qu'au final, tu préfères aller un peu dans le cœur des choses, parler vrai, pas t'emmerder un peu avec les blottis du « Salut, ça va ? » , la météo, et puis voilà, pas.

  • Speaker #0

    Tu ne dois pas avoir de small talk sur le chemin.

  • Speaker #1

    On a un petit peu de « comment c'était ? » « aujourd'hui, tatatitata » . Ça dépend aussi des gens. Tu sens qu'il y en a, encore une fois, on a tous notre manière d'être. Mais d'un coup, tu arrives parfois à des conversations ultra profondes, inattendues, avec des personnes auxquelles tu aurais juste dit bonjour rapidement dans la rue. Et d'un coup, tu vas un peu au cœur des choses sur certains sujets que tu n'as pas abordés ni avec tes... tes potes, ni avec ta famille. Parce que c'est difficile à expliquer. L'atmosphère du Camino est très particulière. Je pense qu'elle est très particulière parce que tu as plein d'ingrédients, y compris le mindset avec lequel les gens y vont, qui y jouent pour beaucoup. Tu es prêt à t'ouvrir et tu es prêt à t'ouvrir aux autres et tu es prêt à accepter aussi les autres, quels qu'ils soient, comme ils sont, et avec ce qu'ils ont aussi envie de te délivrer.

  • Speaker #0

    Le chemin de Compostelle, je pensais que c'était quelque chose d'assez religieux et que la plupart des personnes qui le faisaient, le faisait. par rapport à une intention religieuse. Et dans ton livre, j'ai bien découvert que pas du tout. Au final, tout le monde y va pour une raison à chaque fois différente et aussi avec des âges différents, des nationalités aussi différentes. Est-ce que toi, tu avais posé une intention quand tu t'es décidé à faire le chemin de Compostelle ? Est-ce qu'il y avait quelque chose derrière que tu voulais aller chercher ?

  • Speaker #1

    Oui, j'avais un peu ce souhait. Ce n'était pas forcément une intention telle qu'elle, mais de me dire j'espère que ça va être productif. J'espère que ça va m'apporter quelque chose et de ressortir sur ma version 2.0 améliorée. Je voyais ça comme un process parce que je pense qu'on est aussi tellement bercé par ce côté roman feel-good de développement personnel slash belles histoires à la télé slash plein de storytelling qui te fait dire que ce genre d'aventure, il y a un avant après et que tu as un peu la lumière d'un... D'un coup, un jour, quelqu'un qui tue pas et tout prend sens. La raison pour laquelle tu étais appelée par ce chemin prend sens et d'un coup, ça va résoudre tous tes problèmes. Ce qui, bien entendu, n'a pas été le cas. Ce qui fait que je me disais quand même certaines fois en marchant, je me disais non mais là, ça fait 15-20 jours que je marche, j'ai toujours pas de réponse à mes questions, j'ai toujours pas trouvé qui je suis, qu'est-ce que je veux faire, comment ça se fait que je suis pas toujours très bien, etc. dames. Je me mettais un peu sous coup de pression de me dire, bon, allez, pendant deux heures, je vais essayer d'y réfléchir. Bien entendu, ça ne marchait pas. Ou je pensais à autre chose, ou alors je ne pensais pas du tout parce que tu as quand même un flow quand tu marches qui fait que parfois, ça fait tellement du bien, ça éteint ton cerveau et tu es juste en train de marcher, tu suis ton flow. Je pense qu'il faut privilégier une attention qui soit sans résultat. Si je devais le refaire, ça serait juste de me dire, j'ai envie de prendre soin de moi, j'ai envie de... prendre du temps pour moi, d'être vraiment la vraie moi et d'enlever quelques couches de tout ce que je suis parce que la société, l'école de commerce, ma famille, mes amis m'encouragent parce qu'il y a du positif mais m'obligent aussi à être cette personne-là et je serai plus dans une intention sans résultat, sans obligation.

  • Speaker #0

    On en a plusieurs fois évoqué ça dans le podcast, c'est quand on n'attend rien qu'on reçoit tout et parfois, à l'inverse, quand on attend trop de choses et pas au rendez-vous puisque ça ne vient pas comme ça. Comme tu le dis exactement, c'est pas j'avais des questions et sur le chemin, j'ai trouvé des réponses. Mais finalement, c'est aussi toutes ces rencontres que tu as fait sur le chemin et tu en parles dans ton livre. Tu vas voir des personnes plus âgées et dans tes 15 premiers jours, tu évoques justement la pluie qui s'abat sur vous du matin au soir. Et je me suis dit, waouh, là, je pense que tu t'endurcis aussi. Et parce que finalement, sur le chemin, tu es dans des conditions hyper rustres où en fait, déjà le soir, tu donnes. dans des dortoirs où tu n'as pas trop d'intimité, il y a beaucoup de bruit aussi. Toute la journée, tu marches avec pas grand-chose et tu as la pluie qui s'abat sur toi. Est-ce que ça t'a justement endurci et comment tu as réussi à passer ces 15 premiers jours sous la pluie sans te dire « En fait, là, je vais rentrer chez moi, je n'en peux plus » parce qu'on est quand même dans une société où on est très bien dans nos appartements, bien au chaud, avec tout le confort et là, vraiment, c'est presque confort zéro du jour au lendemain.

  • Speaker #1

    Effectivement, et en même temps, on est dans une société où j'ai l'impression que plus de façons... Les extrêmes attirent les extrêmes. Plus on est dans le confort, plus finalement on n'arrête pas de rechercher cet inconfort, cette prise de risque, cette sortie de zone de confort de plein de manières différentes, soit par les aventures, soit par les défis quotidiens. Il y a tellement de possibilités de sortir de cette zone de confort. On voit bien qu'en fait, être tout le temps en confort absolu, ça ne nous convient pas. On a ce besoin d'en sortir, de se booster. Et pour ce qui concerne le chemin de Compostelle, vraiment, j'ai eu une météo très compliquée pendant, je dirais bien, les deux premières semaines, vivre de Pays Basque qui est vert, mais on sait pourquoi. Il y a des gens qui ont arrêté, notamment une personne que j'ai rencontrée avec qui je m'entendais très bien. En fait, elle a arrêté du jour au lendemain, en plein milieu du chemin. Elle a dit, c'est bon, là, rideau, j'en ai marre, j'arrête. En plein milieu de la Pampa espagnole, ça va faire quand même que tu continues à marcher au moins jusqu'à un arrêt de puce. Moi, en fait, je... Donc, arrêter n'a pas vraiment été une option. Je n'étais pas en train de me battre toute la journée en me disant « je vais arrêter, non, allez, continue, etc. » C'est plutôt « avance, avance, avance » . Je considérais quand même que c'était un privilège d'être là. C'était quelque chose que j'attendais depuis longtemps. Je savais que ce temps-là, de pouvoir partir autant de temps sur le chemin, je ne l'aurais pas non plus facilement dans les années à venir. Donc, j'avais un peu ce côté de « ok, c'est dur » . néanmoins, rappelle-toi que tu l'as voulu, ça fait partie du process c'est pas toujours facile et tu vois c'est vraiment une belle allégorie de la vie de se dire bah oui, ce qu'on veut c'est pas toujours facile ce dont on a besoin c'est pas toujours facile et il y a ce côté qui est très important sur le chemin kilomètre par kilomètre, pas par pas petit à petit et tu vois, tu coches une journée ça a pas été la joie tout le temps, mais une fois qu'apprends aussi à profiter beaucoup Plus des petits moments de plaisir, la douche chaude quand elle est chaude, le soleil qui revient, c'est chouette aussi.

  • Speaker #0

    J'aimerais qu'on parle aussi des rencontres que tu as pu faire. Et j'avais noté quelque chose. Être heureuse est possible dans la solitude, mais le bonheur est plus fort lorsqu'il est partagé. On peut très bien passer sa vie seul et être parfaitement heureux, mais transmettre cette joie, partager le bonheur le rend encore plus fort. Est-ce qu'il y a un sentiment que tu as vu sur le chemin ? où tu partais seule en te disant « je vais faire des filles à moi » , mais finalement, au travers des rencontres, le fait de le partager, ça rendait quelque chose d'encore plus fort.

  • Speaker #1

    Oui, c'est exactement ça. C'est fort, mais partager, c'est vrai que ça te décuple. Tu vis autrement, tu as l'aspect humain, l'émotion. On est quand même des êtres sociaux qui ont besoin d'être avec les autres, de partager. Je suis quelqu'un d'assez sauvage, à vrai dire. Et du coup, partir seule, j'avais cette un peu angoisse. en même temps j'essayais de me raccrocher à certaines personnes parce que je suis sauvage mais être seule toute la journée j'avais un peu cette angoisse et in fine j'ai trouvé un peu mon rythme de solitude mais de rencontre et un peu ce tempo du je suis bien à certains moments toute seule et qu'est-ce que j'aime aussi être avec d'autres gens il y a vraiment une magie qui se crée, un collectif qui se crée, qui est très difficile à décrire, en fait moi ce que je trouve génial c'est que c'est très ordinaire, c'est très simple tu vois on est très dans une société du waouh, des choses incroyables incroyables, de voir des choses incroyables, des défis incroyables. Non, en fait, là, tu as marché 25 kilomètres dans des lieux parfois sympas et puis parfois, franchement, l'itinéraire n'est pas toujours chouette, ce n'est pas toujours waouh, avec une météo plus ou moins sympathique. Et puis, tu es juste content d'être là, content de retrouver des gens, content d'être juste dans la simplicité, dans le partage et puis heureux pour les autres et heureux d'être avec eux. Et ça, vraiment, c'est Il n'y a que sur le chemin que j'ai vécu vraiment ce type de vraie rencontre et qu'il y a moins de couches sur chaque personne.

  • Speaker #0

    Tu peux aller vite dans des discussions plus profondes peut-être, en effet. Au bout de 38 jours, tu es arrivée à la fin de ton chemin. Qu'est-ce qui t'a traversée le dernier jour lors de ton arrivée ?

  • Speaker #1

    Tout redescend, c'est fini, ça y est. En même temps, je ne réalisais pas du tout. parce que c'est pas simple en fait de réaliser que c'est la fin d'une aventure de 38 jours et en fait il se trouve que donc moi je suis allée jusqu'à Saint-Jacques-de-Compostelle et après j'ai marché donc je sais plus 3-4 jours 3-4 jours quoi voilà pour aller jusqu'à Moukchia et Fisterra donc t'as un peu cette deuxième partie d'aventure plus courte mais quand même

  • Speaker #0

    Ça permet de décompenser peut-être.

  • Speaker #1

    Voilà, qui te permet de comprendre parce que la Compostelle, c'est la grosse arrivée en fanfare. Tout le monde, tu as des centaines de pèlerins qui arrivent. C'est là où tu dis tes adieux. Tout le monde part, etc. C'est beaucoup de choses. C'est énormément d'émotions que tu ne réalises pas forcément. Ça marque la fin quand même de l'aventure pour la plupart. Et en fait, moi, j'étais très, très contente et je suis vraiment tellement heureuse d'avoir pu faire cette deuxième partie parce que Du coup, tu n'as quasiment plus personne. Je pense que tu n'as peut-être même pas 2% des gens qui continuent. Dans une réflexion complètement différente, un peu plus sur là, on est en train de marcher vraiment vers la fin de l'aventure. Là, on prend le temps de se dire, OK, c'est fini. Tu es un peu plus apaisé. Les derniers jours avant Compostelle, c'est assez dense. Tu avais fait un chemin qui était très peu emprunté. Donc, on était même 40 et 50. Et d'un coup, tu te réunis. Tous les chemins sont réunis, y compris le Camino Frances. et on est quasiment 1000 personnes. C'est un peu folklore, même si je n'aime pas le dire comme ça. Mais quand même, c'est un peu folklore. Tu arrives dans les villages, des dizaines et des dizaines d'albergues. Tu as les pharmacies Compostelle, les shops. Tu as des écoles où tu as 30 gamins avec leurs petits sacs qui font les 3 derniers jours de Compostelle. C'est cool, c'est une autre ambiance. Tu as vraiment cette dynamique qui est différente, mais elle n'est pas simple. Toi, tu as été vraiment dans une autre manière de fonctionner. Du coup, les derniers jours sont Euh... particulier. Tu arrives à Compostelle, c'est hop, ça marque la fin de l'aventure, tu quittes quasiment tout le monde. Et puis là, ce côté d'avoir pu finir, réaliser tout ce que j'avais fait, réaliser que c'était la fin, accepter aussi que c'était la fin, finalement me projeter sur la suite et le retour, fait que le dernier jour, j'étais plutôt apaisée, plutôt sereine et aussi un peu sonnée, je pense, parce que voilà, c'est pas facile de partir. Et ce n'est pas farcide de décrocher. Tu as envie de continuer à marcher, mais on en trinque.

  • Speaker #0

    Tu as fait plusieurs marathons. Est-ce qu'il y a des parallèles à faire aussi pour que les gens se projettent sur le chemin ? Est-ce que tu as ressenti quelque chose ? Est-ce que tu as eu la fierté aussi des finishers ? Toi, ce n'était pas 42 kilomètres, ça en était 1000. Mais est-ce que tu as eu cette fierté de l'arrivée ?

  • Speaker #1

    Non, pas forcément. Tu vois, cette fierté de « je l'ai fait, regardez, je l'ai fait, on l'a fait tous ensemble, on a tous accompli ça » , tu vois, c'est beaucoup plus… personnel, intrinsèque, mais cette fierté un peu de j'ai coché, j'ai ma médaille, j'ai fait 1000 kilomètres, etc. Non, c'est plus me dire je suis contente d'avoir fait une vraie aventure pour moi, je suis contente d'avoir écouté mon intuition. C'est plus une satisfaction que ce truc de j'ai coché un objectif personnel. Et pourtant, je pense que j'étais à la base plus dans cet état d'esprit et en plus, étant sportive, marathonienne, etc., j'avais ce côté... J'ai fait tant de kilomètres, mais en Chine, ce n'est pas tant ce qui en ressort. Bien entendu, ça fait partie de la composante et quand j'en parle, kilométrage en fait partie. 40 jours, ça me parle un peu plus déjà. De dire que je suis partie 40 jours, j'ai fait un stop de ma vie pendant 40 jours. J'ai pris ce temps pour moi, je suis sortie de ma zone de confort. La dimension de temps et d'expérience de temps est plus importante pour moi que la partie défi pur et kilomètre.

  • Speaker #0

    C'est encore le moment où je vais devoir coter Aurel San, mais le plus important, c'est pas l'arrivée, c'est la quête. Ça marche aussi avec le chemin de Corpostel.

  • Speaker #1

    Mais évidemment !

  • Speaker #0

    Je voulais qu'on aborde ton retour et je vais relire un passage de ton livre. Nous sommes faits de sang, d'eau, de chair. Nous appartenons au monde du vivant, de la faune et de la flore. Notre ADN ne s'apparente pas à de l'acier, à du bitume. Nous nous gargarisons de cette modernité, de toutes ces prouesses technologiques sans réaliser qu'elles nous tuent à petit feu. Bon, on... de ce chemin comment on retrouve sa vie parisienne et qu'est-ce qui a été dissonant pour toi quand t'es rentrée à Paris et qu'est-ce qui a fait que t'as voulu aussi du coup quitter cette ville et puis te retrouver dans un univers beaucoup plus vert et proche de justement cette flore et de cette faune ça fait plaisir d'entendre des passages de mon livre parce que j'y ai pas du

  • Speaker #1

    coup j'y ai pas lu depuis 6 ans je n'ose pas le lire parce que dès que je l'ouvre je fais ah mon dieu j'écris mal donc je le referme je peux te dire que tu écris très bien moi j'ai passé vraiment un très bon moment ah bah c'est chouette merci beaucoup ça me fait plaisir d'entendre des passages parce qu'à un moment je trouve le courage de l'ouvrir le retour l'aller et le retour sont violents parce que tu passes d'un état à un autre d'un coup t'arrives à la gare tu reprends les clés de chez toi tu rouvres ta petite chambre de bonne et tu fais aller c'est parti et puis tu vois je reprenais Quelques jours plus tard, je commençais un nouveau boulot. 24 heures, 48 heures plus tard, j'étais déjà sur un rooftop sur Rotterdamspritz avec mes potes. Tu ressors d'une aventure qui est difficilement explicable. Je pense que c'est aussi pour ça que j'avais besoin de mettre des mots et de l'écrire pour que ça reste ancré et que je ne perds pas un peu cette substance de ce que j'ai vécu. Tu te retrouves dans ta vie, ta vie à toi, celle que tu as laissée et qui est toujours la même. Avec tes potes, c'est ceux que tu as laissés qui sont toujours les mêmes. qui disent vraiment, t'as vraiment kiffé ça ? Parce qu'on se disait que tu allais rentrer plus tôt que possible. Et du coup, tu reprends là où ça en était. Enfin, t'as vraiment fait un break, un gros break. Je sens que c'est compliqué, tu vois, de se remettre dans ta vraie vie. Et en même temps, t'as pas le choix. Tu repasses vite sur de l'automatique. Fallait commencer un nouveau taf. Fallait reprendre là où j'en étais. Du coup, en fait, les deux, trois premiers mois, ça a été très particulier parce que j'avais cette double lecture où j'ai tout bien pris comme il faut et chanté qu'il y avait quand même quelque chose à l'intérieur qui était tout ça pour ça. C'est très dur à expliquer, mais chanter qu'en coulisses, il y avait une petite voix qui était là. Bon, c'est bien, tu auras repris ta petite vie, tu as fait ta petite aventure. Mais du coup, c'est tout ce que ça t'a apporté. En fait, ça n'a pas changé grand-chose.

  • Speaker #0

    Tu veux dire qu'il n'y avait pas assez d'un avant-après, peut-être ?

  • Speaker #1

    En fait, je ne voulais pas forcément un avant-après en termes de vie, de switch de vie, mais plus en termes de switch de mindset, d'être mieux, moins envers moi-même, de me poser moins de questions, de me dire je suis là où je dois être. Et moi, c'était une grosse problématique de chanter qu'il y avait un truc qui n'allait pas. Je n'étais pas bien. C'est vraiment le cliché de la trentaine approche. mais Je sens que j'ai construit la vie que je pense souhaiter avoir, que tout le monde m'a appris à avoir. Tu vois, j'ai gravé les échanges, j'ai un bon job bien payé en CDI. Et trois quarts de mes potes me disaient « Ah, c'est trop cool, la petite start-up que tu as intégrée. À côté de ça, je fais mon petit sport comme il faut. J'habite Paris. » Ma vie rendait très bien sur le papier. Ce n'était pas un souci. Mais j'avais ce décaf de me dire que je ne suis pas bien, en fait. En plus, j'ai cette culpabilité de me dire « Mais en fait, pourquoi tu… » Pourquoi ça ne va pas ? Au bout d'un moment, pose-toi les bonnes questions. Il y a un truc qui cloche. Et du coup, je pensais qu'en rentrant de ce chemin, soit j'aurais vraiment la vision absolue du n'importe quoi. Finalement, je pense que je suis faite pour être charpentière. Et du coup, je t'ai tout et je deviens charpentière. Ou j'arrive à être bien dans ce que je suis et j'arrive à accepter le quotidien. Et voilà, à être satisfaite en fait. Je pensais que ça allait m'apporter soit l'un, soit l'autre. En tout cas, ça allait m'apporter un changement. Et tu rentres, tu fais... non, je suis la même personne que d'habitude, je vais reprendre ma vie là où elle en était. Et j'ai toujours ce sentiment de, il y a un truc qui ne va pas et je n'arrive pas à mettre des mots dessus. La vie continue. La satisfaction n'empêche pas de faire que la vie continue un petit peu. Il se trouve qu'elle est raccrochée plus tard à cette expérience de vie, mais sur le moment, je n'ai pas du tout réfléchi à ça comme ça. De toute façon, sur le moment, je n'ai pas du tout réfléchi du tout pour, ce qui est peut-être bien parfois. Dans mon nouveau taf, j'étais encore en période d'essai. Ils m'avaient vendu des missions très bien sur papier, mais que je n'occupais pas du tout dans les fêtes. Et à un moment, j'aurais dit, écoutez, moi, j'ai postulé pour ça. Vous me faites faire ça. Il y a un petit décalage. Ça ne va pas. On s'ensuit et quelques échanges RH sympathiques. On me dit, bah oui, effectivement, on a revu un peu la position sur ce poste-là. On souhaite que tu fasses ça. Quelle est ta position en face ? Et là, pourtant, qu'est-ce que je fais ? Vraiment, je... Je viens d'un milieu modeste. On m'a toujours dit CDI first. Je suis vraiment quelqu'un de très carré prudent. Et là, je revois ce moment où je dis à l'ARH, je fais, écoute, en fait, je pense que ça ne va pas le faire. On va s'arrêter là. Et alors, c'est comme dans les films, tu vois, je me dis, waouh, incroyable. Sauf qu'en fait, je sors de là, je fais, mais qu'est-ce que j'ai fait ? Je suis complètement teindrée. À quel moment tu quittes un job tout bien sur papier ? pour te retrouver avec rien. Ma 3 mois de période d'essai, j'étais même pas sûre d'avoir un chômage, j'allais même pas checker. J'ai dit, ça va pas, ça va pas. Et en fait, si ça va pas, j'arrête. J'ai eu plus d'attaches, ce job, non. Bon, ma chambre de bonne, je vais peut-être pas y faire ma vie non plus. Bon, j'ai pas de mec. Je crois que je vais aller tenter ma vie et que je vais aller vivre rien de si. Et alors là, je pense que ça a été le branle-bas de combat de toute famille, potes. On s'est dit, mais qu'est-ce qu'elle fait ? mais qu'est-ce qu'elle fait ? Et en fait, j'étais dans un flot de... Je me suis décidée, il faut que je parte maintenant. Mais vraiment, je pense que mon inconscient a dit, en fait, là, tu es sur ton flot. Si tu réfléchis à ce que tu es en train de faire, si demain tu poses un fichier Excel ou une réflexion et que tu es en train de dire, qu'est-ce que je suis en train de faire, tu ne le feras jamais. Donc en fait, j'ai quitté mon appart pour débarquer deux semaines après à Annecy. Et à ce moment-là, je ne réfléchis pas, je me fais juste confiance.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    confiance. portée par l'intuition, portée par l'envie, portée un peu, je pense, par cette excitation de me dire, allez, il y a un truc qui change, tentons. Et voilà, pour la deuxième fois cette année-là, j'écoute mon intuition, ça me fait confiance. Je me dis, allez, en fait, qui ne tente rien n'a rien. Je ne réfléchis pas du tout à ce que je fais. C'est un peu comme le chemin de compostelle, tu vois, par la fichière, pourquoi, est-ce que c'est bien ? Le peu de fois où je commence un petit peu à dire, vraiment, en fait, est-ce que vraiment tu es sûre ? Je me dis juste, au pire, qu'est-ce qui se passe si jamais ça ne se passe pas bien ? En pire, tu rentres, tu trouves une autre solution. C'est un peu pareil quand je parle de compostage. Je me disais, au pire, si vraiment ce n'était pas une bonne idée, au bout de huit jours de marche, tu te dis, mais qu'est-ce que je fous là ? En fait, c'est simple, tu vas à la gare la plus proche, tu prends un billet et puis tu rentres. Et je pense que le parallèle entre les deux m'a beaucoup plus marquée. En fait, les semaines et mois à venir où j'ai un peu réfléchi, je me suis dit, quel moment j'ai pris une décision aussi tarée pour moi. Je précise toujours pour moi parce que en soi, quitter un job, c'est pas non plus, tu vois, quand t'as pas une famille à nourrir, etc. C'est pas non plus un truc extrême. Quitter, pour moi, c'était vraiment la première fois que j'étais sans... J'avais pas de parachute, j'avais que d'album.

  • Speaker #0

    Est-ce que Camille, si elle n'avait pas fait le chemin de Compostelle, si elle n'avait pas pris 38 jours pour elle et marché pendant 1000 kilomètres, est-ce qu'elle l'aurait fait ?

  • Speaker #1

    Je ne pense pas, honnêtement. En tout cas, je n'aurais pas fait comme ça, c'est sûr. Avant de partir sur Compostelle, j'avais quand même essayé de chercher un peu du taf à Annecy. J'avais quand même l'idée qui me germait. Mais ce côté tenter tout pour le tout, me faire confiance, suivre mon instinct.

  • Speaker #0

    et tu vois elle est comme un pansement de faire allez c'est bon on y va on arrête de réfléchir 15 fois ça non je pense que j'aurais jamais fait et c'est ça et je pense que quelque part t'avais envie d'aller chercher des réponses mais je pense que ce que tu as gagné avec ce chemin c'est de la confiance en toi et ça je pense que le mouvement le sport de façon générale nous donne confiance en nous relève l'estime de soi et fait qu'on peut prendre des décisions qu'on aurait peut-être pas prises sans ça et là tu t'es écoutée et tu t'es dit en fait... go quoi, quand j'ai envie de faire des choses. Et cette réflexion que tu as de, au pire, qu'est-ce qui se passe ? Je pense que c'est un truc qu'on peut utiliser au quotidien sur dès qu'on a envie de faire des choses, c'est un peu genre, lever les freins, au pire, qu'est-ce qui se passe si je fais ça ? Et finalement, de se faire tous ces scénarii qui pourraient se passer, et dans ce que tu dis, c'est vrai aussi, c'est à trop vouloir conscientiser les choses, à trop vouloir réfléchir, à vouloir être la bonne élève, ton tableau Excel, d'essayer de trouver un boulot. Au final, on ne fait rien, en fait. On ne fait rien ou alors on repousse en permanence les choses. Et là, peut-être que le chemin, ça t'a donné ce coup de bousse et cette confiance en toi pour te dire, OK, maintenant, quand j'ai envie de faire des choses et quand j'ai envie de m'écouter, je vais le faire et je vais arrêter de me poser peut-être 10 000 questions et d'être la bonne élève que j'ai appris à être depuis que je suis toute petite.

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Et tu vois, je trouve qu'il y a le côté aussi, petit bout par petit bout, qui est aussi lié à la confiance, de se dire d'un énorme truc. Tu te dis, waouh, en fait... dans quoi je m'embarque, mais encore une fois, ça peut être la prépa, un marathon, un ultra, partir marcher X temps, changer de région et se dire, il faut que je reconstruise ma vie. Quand tu te dis, écoute, on va faire chaque jour, on verra jour après jour ce que ça va donner, c'est pas de penser à, tu vois, qu'est-ce qui va se passer dans 40 jours, est-ce que tu arrives à Compostelle, tu te dis juste, aujourd'hui, je marche, demain, je vais voir, mais en fait, aujourd'hui, je marche, puis on verra bien comment ça va se passer. Et c'est vraiment ce côté un peu, qui rejoint le côté... et instant présent et aussi de dire chaque jour suffit sa peine on construit brique par brique puis mine de rien on fait en sorte que cette aventure prenne vie le sport a un très beau parallèle je trouve que quelle que soit la manière de pratiquer avec l'intention de la performance du dépassement, du plaisir de l'aventure je trouve que chaque manière de pratiquer apporte des choses différentes Merci. Et que de toute façon, dans la vie, dans le quotidien, ça apporte beaucoup de positifs aussi.

  • Speaker #0

    Et pour faire l'épilogue de ton chemin et de ton départ à Annecy, comment tu vas aujourd'hui ? Est-ce que tu es heureuse dans ta décision ? Est-ce que tu as trouvé ce que tu voulais dans ta nouvelle vie à Annecy ?

  • Speaker #1

    Oui, je suis très contente à Annecy, qui est une ville où je me sens bien. et je pense Je pense qu'au-delà du fait que c'est une ville où je me sens bien, c'est une ville que j'ai choisie et qui représente un lieu où j'ai choisi d'habiter. Et d'ordre du cadre, qui est très beau à toute saison et qui me permet d'être plus dans la nature, c'est aussi, je pense, cette représentation de cette étape importante où pour une fois, j'ai fait un choix pour moi. Peut-être pour une des premières fois, l'un des premiers choix, c'était de partir sur le chemin de Compostelle. Et un des deuxièmes choix, c'était de partir en vie et voir une ville où j'avais le souhait de vivre. Donc, je me sens bien ici. Ce n'est pas toujours simple. Tu retrouves les mêmes complications de construire sa vie, habiter, trouver un job. En tout cas, je m'y sens bien. Pour la petite histoire, j'ai refait un chemin de composteur un tout petit peu moins long, en 2023. Là aussi, parce que j'ai ressenti le besoin. J'avais créé mon entreprise, chose que j'aurais certainement... Pas faite d'ailleurs, si je n'étais pas partie sur le chemin quelques années avant, où je me suis dit, allez, c'est bon, on tente de tout pour le tour, on verra. J'ai fait trois ans d'entrepreneuriat qui ont été très durs. Et à un moment, je me suis dit, OK, je crois que j'ai besoin de reprendre un temps pour moi. J'ai besoin de me reposer des bonnes questions. Et en fait, le timing faisait qu'à ce moment-là, je pouvais partir trois semaines sur le chemin de Compostelle. Et cette fois, je suis partie sur la voie du puits. Je suis rentrée quelques semaines plus tard. Je postulais en CDI et j'ai des prises quelques mois plus tard. C'est marrant parce que pour le coup, je n'avais pas posé d'intention de changement. J'étais juste là, il faut que je fasse une pause. Je sais que ça me manque quand tu as pris un peu goût au chemin. C'est pour ça que certains restent, construisent un albergue, marchent pendant des mois, des années ou vont être volontaires dans une auberge du chemin parce qu'en fait, quand tu as un peu goûté, Merci. à cet état d'esprit, à cette espèce de parenthèse un peu enchantée, un peu cocon. Tu as envie d'y revenir. Je ne referai pas ça tous les ans non plus parce qu'il y a d'autres aventures, j'ai envie de découvrir d'autres choses. J'ai construit une vie, j'ai mon conjoint qui n'a pas forcément envie de partir sur mon postel. Je ne repartirai dans tous les cas pas tous les ans. Au moins, des fois, cette petite envie, cette petite étincelle, je repartirai bien. Elle n'est jamais très longue quand même.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a un message que tu aimerais transmettre aux auditeurs et aux auditrices ?

  • Speaker #1

    Ça va être très cliché, mais la vie me l'a rappelé beaucoup de fois, notamment cette année où où j'ai perdu mon papa. C'était très dur. Et en fait, c'est très cliché de dire, mais la vie est quand même courte. Ça fait très très film de Noël, mais oui, la vie est quand même courte. On oublie souvent, on le rappelle souvent, malgré nous. Et je trouve qu'il ne faut pas non plus faire... Enfin, il faut retrouver, parce que le côté un peu vie, tes rêves, fuck, fuck à tout, c'est un peu too much. Donc je trouve qu'il y a quand même une question de modération, parce que voilà, c'est pas si simple. contre, écouter un peu son intuition, écouter un peu ses tripes, savoir s'écouter, écouter ses envies. Il y a une petite voix qui murmure et qui dit « j'ai quand même très bien envie de faire ça, si elle reste persistante » . Il y a souvent des raisons, il y a souvent quelque chose qui explique ça. Donc, réussir à s'écouter et réussir à s'écouter vraiment, pas juste le « écouter, j'ai envie de m'acheter un sac à main d'un ami » , pas écouter la première couche qui souvent, finalement, n'est pas la plus utile et ne nous veut pas forcément du bien. Mais écouter vraiment celle qui résonne, qui est là un peu dans notre ventre, qui fait des papillons, qui essaie un peu de ressortir. Et des fois, on dit, mais qu'est-ce que tu me racontes ? Celle-là, elle nous laisse un petit peu plus de place. En tout cas, l'écouter, après, on en fait ce qu'on en veut. Mais l'écouter fait du bien.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as gardé un rituel de compostelle dans ta vie d'aujourd'hui ? Ça peut être écrire, marcher seule. Est-ce que tu as gardé quelque chose avec toi qui te suit ?

  • Speaker #1

    Un truc que j'ai retenu. tenue et j'ai encore fait un gros travail il y a quelques semaines pour vider énormément de placards parce que moi je suis quelqu'un qui a un peu la peur du manque, j'ai besoin de me rassurer j'ai plein d'affaires et tout et tout c'est ce côté un peu quand tu te dépouilles un peu du surplus quand t'as tes trois t-shirts et tes deux shorts tu te rends compte que souvent c'est très bien comme ça, t'as pas besoin de faire des réserves cette peur de manquer elle est pas utile et en fait c'est surtout que tu te sens beaucoup plus libre ... et tu le sens beaucoup moins oppressé, moins de choses physiques, d'objets, mais aussi de choses qui te polluent. Et ça, je trouve que la liberté du chemin, qui est une liberté matérielle, une liberté psychologique, elle est géniale parce qu'on est quand même dans une société où on est tout le temps sur sollicité. Et moi, ce bonheur de la zéro sollicitation slash matériel le plus simple, je l'ai connu pendant plusieurs jours et je sais à quel point il fait du bien. Donc ce côté, oui, Je ne sais pas si on peut le traduire par du minimalisme, on n'en est pas du tout là, mais d'essayer un petit peu de désengorger tout ça et de revenir un peu parfois à des routines plus simples, plus synthétiques, ça fait du bien.

  • Speaker #0

    Tu me fais la transition parfaite vers une phrase que j'avais notée, ça sera la dernière que je vais lire. Loin de cette surabondance de mille riens, je me sens tout simplement riche de tout. Et je pense que c'est exactement ce que tu viens de dire, c'est que parfois on s'entoure de plein de choses. de cette surabondance, mais finalement, c'est des rien, alors que le chemin, tu étais riche de tout, alors que tu n'étais entourée de rien, mais tu t'es entourée de l'essentiel peut-être, qui est la nature, qui est la nature humaine, sauvage, etc. Est-ce qu'il y a un conseil que tu donnerais à quelqu'un qui voudrait se lancer sur le camino ?

  • Speaker #1

    Moi, le meilleur conseil pour moi, c'est d'y aller, d'y aller. Après, tout ce qui est équipement, il y a 15 000 conseils là-dessus, et franchement, il n'y a pas besoin non plus. Encore une fois, ce n'est pas une expédition polaire, on peut faire simple, j'ai vu des gens qui étaient très mal équipés. C'est juste un peu moins confortable et c'est un peu plus compliqué. Mais bon, ils s'en sortent aussi très bien. Pour moi, s'il y a une envie de partir, y aller. Y aller pour quelques jours, y aller pour une semaine, y aller seule, y aller avec des gens. Tout dépend de ce qui rassure aussi. Des fois, il y a beaucoup, surtout les femmes, besoin d'être rassurées, ce que je comprends complètement. Pour moi, c'est de faire le premier pas, encore une fois. Souvent, le premier pas, le deuxième, le troisième, on se dit... « Ah, mais en fait, je me faisais tout un plat, je me faisais toute une histoire. » Voilà, ça passe. Et j'en vois énormément. J'avais rencontré une femme qui marchait avec son fils pour la première fois, qui me disait « On avait peur, du coup, on a tout réservé. » Et on s'est dit « 10-15 kilomètres, pas plus, par jour. » Elle me disait « Là, en fait, je suis très frustrée parce que 10-15 kilomètres par jour, on est complètement capable de le faire. » On arrive hyper tôt dans les auberges. Je passe l'après-midi à lire alors que j'ai envie de continuer à marcher. Et en fait, la plupart du temps, les gens se sous-estiment énormément alors qu'ils sont capables de beaucoup plus qu'ils ne pensent pas. Donc pour moi, si quelqu'un a envie de le faire, qu'il le fasse. Il y a plein de manières de faire. simple et de mettre un premier pas dans l'aventure.

  • Speaker #0

    J'espère que ça donnera envie à plein d'autres personnes de le faire. En tout cas, moi, ça m'a donné très, très envie quand j'ai lu ton livre. On arrive à la fin de notre discussion. On va passer au rituel de fin de Booster. Est-ce que tu as une ressource inspirante à partager et pourquoi ?

  • Speaker #1

    J'ai mes petites cartes Taltek que j'utilise quasi quotidiennement et j'aime bien. Dans ma routine, j'aime bien, tu vois, ces petits trucs simples, la petite carte que je sors avec le... petits mots qui te parlent souvent.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a une chanson qui te booste et qu'est-ce qu'elle déclenche chez toi ?

  • Speaker #1

    J'adore la femme. Le mec me dit que c'est un truc de bobo parisien, mais oui, je reste une bobo parisienne très loin dans mon esprit.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as un mantra qui t'accompagne ?

  • Speaker #1

    Le mantra qui m'accompagnerait, c'est... Moi, j'aime bien le côté jour après jour. Je pense que c'est un peu le côté Camino. Ouais, jour après jour. J'ai tendance à... Tout vouloir solutionner, tu vois, un peu ce truc de tout faire, prendre un projet et me dire, OK, je vais tout faire aujourd'hui. Et en fait, des fois, je me dis, OK, on va y aller jour après jour. Ça n'a rien de te coucher à 2h du matin parce que tu as voulu tout finir ou parce que tu étais en train de réfléchir. Voilà, détends-toi et compartimente.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a une personne que tu aimerais entendre à ce micro ? Et qu'est-ce qu'elle t'inspire ?

  • Speaker #1

    Je suis beaucoup tous. qui est Trail. Je trouve qu'une personne qui est inspirante en ce moment, c'est Blandine Hirondel. Je la trouve inspirante par son parcours, par sa vibe. Voilà, ça fait partie des femmes qui inspirent par la performance mais ce n'est pas forcément ce qui me parle le plus. C'est plus par son mindset. Tu as envie que ce soit un peu ta bonne copine, quoi. Tu te dis c'est une bonne copine qui est en même temps inspirante, qui a l'air accessible et qui a un chouette parcours.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Camille, c'était hyper chouette d'échanger avec toi sur ton chemin et merci de t'être livrée au micro.

  • Speaker #1

    Avec plaisir et puis merci à toi.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir écouté cet épisode de Booster avec Camille. Si celui-ci t'a donné envie de partir marcher, de te faire confiance, dis-le nous et partage-le autour de toi. Et souviens-toi, comme le dit Camille, on avance jour après jour et fais de la place à la petite voix qui est en toi. Abonne-toi pour ne rien louper des prochains épisodes. Laisse un avis et 5 étoiles sur ta plateforme d'écoute, ça m'aide beaucoup. Et retrouve les coulisses et nouveautés sur notre Instagram boost.heure.podcast. On se retrouve très vite pour un nouvel épisode de Booster.

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Description

Camille — Le Camino pour marcher vers soi 🥾
38 jours, 1000 kilomètres, seule (ou presque) sur le Camino de Compostelle.
Camille, raconte comment cette aventure a bouleversé sa vie : de la peur à la confiance, du contrôle à l’intuition.
Dans cet épisode, on parle de courage, de lâcher-prise, d’écoute de soi et de ce moment où l’on décide, de s’écouter et de suivre son intuition.
✨ Une conversation inspirante sur le chemin, le sport, et la vie — tout simplement.

🎧 À écouter si tu veux :

  • retrouver du sens dans le mouvement,

  • oser te lancer sans tout planifier,

  • et apprendre à marcher et avancer “jour après jour”.

✨ Boost.her, le podcast qui remet du mouvement dans ta vie.
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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Booster, le podcast qui te donne des clés et de l'élan pour te sentir bien dans ta tête et bien dans ton corps. Je suis Laure Fulton-Prévot, le sport m'accompagne depuis toujours. Courir, bouger, me dépasser font partie de qui je suis. Depuis plus de 15 ans, j'organise des événements sportifs pour partager cette passion. Parce que le sport, c'est bien plus qu'une performance. C'est une manière de se sentir alignée et de trouver son équilibre. Ici, pas de discours parfait, ni une méthode miracle, mais des récits qui t'embarquent. Des histoires vraies, des conseils concrets. A chaque épisode, tu découvriras des invités qui partagent leurs récits, leurs doutes et leurs déclics. Des trajectoires où le sport devient un levier pour reprendre confiance, faire des choix et tracer sa voie. Parce que le sport, c'est avant tout une rencontre avec soi. Très bonne écoute ! Aujourd'hui, direction le Camino de Compostelle avec Camille, responsable communication et aux manettes du compte Camdenwood, qui a marché 1000 km en 38 jours. Seul ou presque, vous le comprendrez bientôt. Dans cet épisode, on parle de comment le sport aide à se retrouver, de confiance, d'intuition et du pouvoir de s'écouter vraiment. De ce que veut dire vivre jour après jour, sur le chemin, comme dans la vie. Prenons la route avec Camille, très bonne écoute ! Camille, merci d'avoir accepté mon invitation. Pour commencer, je te laisse te présenter comme tu le souhaites avec tes mots.

  • Speaker #1

    Merci à toi pour l'invitation et enchantée, bonjour à tout le monde. Moi, c'est Camille. Je suis... responsable communication dans ma vie professionnelle et puis dans ma vie personnelle je suis influenceuse créatrice de contenu, on met les mots qu'on a envie de mettre dessus sur Instagram et sur mon blog où je parle de randonnées de trails, de compostels, de la nature de mon chien, un peu de tout ce qui me fait envie, de tout ce qui me passe par la tête ça a beaucoup changé ces dernières années donc ça a vachement évolué Je prends plaisir à échanger, communiquer, inspirer aussi certaines personnes à aller dans la nature, vivre leur propre aventure et prendre tout simplement plaisir à se dépasser.

  • Speaker #0

    Tu vis à Annecy et c'est vrai que les images sont très belles sur ton Insta. Tu nous fais voyager. Tu nous donnes envie de nous y installer. Camille, je vais te poser la question rituelle d'intro du podcast. Est-ce que le sport a toujours fait partie de ta vie ? confier tes premiers souvenirs d'enfance liés au sport ?

  • Speaker #1

    Moi, je suis un peu le cliché de la bonne élève première de classe, pas du tout bonne en sport, qui n'apprécie pas le sport et qui se fait au maximum dispenser. Si mes profs d'EPS me voyaient maintenant, ils se demanderaient ce qui s'est passé. Ce qui fait que je ne suis toujours pas la première en sport, loin de là. J'ai un très petit niveau, plutôt vers la fin que le début, mais bon, je me dépasse beaucoup plus qu'avant et surtout je prends beaucoup plus de plaisir. Pour répondre à ta question, le sport, quand j'étais jeune, n'occupait pas de place, si ce n'est la place obligatoire scolaire qui n'était pas du tout liée au plaisir, plutôt à l'obligation. Il y a eu une petite évolution après du sport dans ma vie, ou adolescente. C'était un petit peu les années où tu n'étais pas bien dans ta peau, tu essayes de mincir, de perdre du poids, de désespérer moins, et tu passes des heures à la salle à transpirer, faire de la zumba, des elliptiques, faire tout ce que tu peux pour essayer de construire le corps de tes rêves. avec un succès plus ou moins relatif. Et on n'était toujours pas dans le sport vraiment plaisir. Moi, j'estime que ce n'était pas fait pour les bonnes raisons, en tout cas pas pour des raisons très saines et pas pour des raisons qui me faisaient du bien, et mentalement et physiquement. Et puis après, j'ai fait une formation de réserviste à l'armée. Et là, je découvrais un peu une autre dimension sportive de ce sport, de dépassement. sport un peu où on est fier, où on apprend un petit peu à faire de notre corps notre allié, où on se sent vraiment un petit peu en binôme avec notre corps qui nous permet de faire des choses auxquelles on n'aurait pas pensé avoir accès, où on ne se sentait pas forcément légitime d'eux. Et voilà. C'est un peu comme ça que je vois un peu les trois phases de ma vie. Et puis la quatrième sortie de la vitesse de déclic, j'ai vraiment pris goût au sport dépassement, mais peut-être un peu trop. C'était à une époque, quand j'étais encore à Paris, faire une course toutes les trois semaines, me dépasser, me dépasser, bien entendu me blesser. Et puis, je pense que là, j'ai aussi un peu la raison de se dire, oui, est-ce que vraiment ça, c'est moi ? Est-ce que je ne suis pas un peu trop loin ? Est-ce que les réseaux sociaux ne m'entraînent pas aussi à aller un petit peu trop loin ? Et au final, est-ce que je ne reviens pas à aucun dépassement, un goût de l'aventure, mais un peu plus raisonné, un petit peu plus adapté à mon quotidien, à mes capacités aussi, etc.

  • Speaker #0

    Pour préparer cette interview et pourquoi j'ai voulu aussi t'avoir à mon micro, c'est que j'ai lu ton livre, donc le Camino seul, enfin presque. Je l'ai vraiment dévoré et ça m'a donné envie d'aller marcher, vraiment. Je me suis dit, déjà, il faudrait que je teste de marcher pendant 30 kilomètres, juste une journée. Mais toi, tu l'as fait pendant 38 jours et 1000 kilomètres d'affilée. Et donc, on va vraiment se concentrer sur cette partie-là et sur le Camino que tu as fait toute seule, mais où tu étais accompagnée, bien évidemment, tout au long de... de ton chemin. Je voulais savoir déjà, Camille, à quel moment a germé cette idée de partir sur le chemin de Compostelle ?

  • Speaker #1

    C'est une idée qui a été très progressive.

  • Speaker #0

    Je vais essayer de la faire courte,

  • Speaker #1

    surtout quand on parle de ce sujet-là. Cette idée-là, elle a déjà germé dans la tête de ma mère au tout début, qui est partie sur le chemin de Compostelle à une époque où elle n'était pas très bien. Elle est partie deux semaines. Et moi, je me souviens très bien qu'à l'époque, elle m'a dit « je pars marcher sur le chemin de Compostelle » . J'en avais entendu rapidement parler. Je pense que ça ne me parlait pas plus que ça. Je pars toute seule, marcher. Ma mère a le même gabarit que moi, c'est-à-dire qu'on est assez petites, fines. Enfin voilà, on ne fait pas peur à grand monde. Je m'inquiète vraiment pour ma mère. Je me dis vraiment, un, qu'est-ce que tu vas faire là-bas ? Et deux, je m'inquiète un peu pour ta sécurité. Ça a été un peu ma première approche de Compostelle qui finalement n'est pas mon idée. n'est pas mon idée, n'est pas venue comme ça, comme le déclic. Ma mère est revenue, très belle expérience, elle nous l'a partagé tous les jours. Vous voyez son petit texto de la journée, c'était chouette aussi de partager avec elle. Et un jour, on se lance un défi, on était en train de marcher avec ma tante et ma mère, et puis on dit, bon ben voilà, la prochaine fois, je pense qu'on part avec toi. Et on se retrouve quelques mois plus tard, donc à marcher pendant une semaine. Pas facile, pas du tout équipé. équipé côté ma tante et moi, les bobos, etc.

  • Speaker #0

    Les fameuses ampoules, sûrement.

  • Speaker #1

    Les ampoules. Et puis voilà, vraiment le premier step où tu fais toutes les erreurs possibles. Et puis, ce n'est pas grave, ça fait des souvenirs aussi. Super expérience. Chouette moment de découvrir un peu. Ma mère m'attend différemment, de partager ses moments ensemble. Et de là, germe un peu ce côté. C'est une expérience différente qui me fait du bien. Une espèce de parenthèse complètement à part. Des vacances, mais pas que. C'est pour ça que j'y retourne encore quelques années plus tard, par contre, parce que j'étais dans ma période d'école de commerce, très fiesta. Je me dis, bon, OK, c'était sympa et tout, mais je retourne un peu dans des vacances un peu plus normales à mon âge et avec mes potes. Et puis, quelques années plus tard, j'ai 27-28 ans, ça me dit bien de repartir avec toi deux semaines sur la voie d'Arles. Et en fait, au moment de revenir, au moment de poser le pied en Paris, de sortir du train, J'ai vraiment ce sentiment de me dire, là, je ne suis pas bien. Un, je n'ai pas du tout envie de rentrer. Et deux, j'ai cette sensation de rentrer au moment où il y a le déclic qui est en train de se faire. Il y a quelque chose qui est en train de se faire. Je me sentais bien, je sentais que j'étais dedans. Vraiment, je me sens un peu retirée de, je ne sais pas, quand on est bien au chaud dans le canapé, qu'on s'est endormi sous sa couette, on se dit qu'est-ce que je suis bien. On dit, allez-y, il faut sortir de son plaid, aller au lit, dans sa couette toute froide. J'ai un peu ce sentiment-là. Je suis bien, j'ai créé un truc, je suis là où je dois être. Et hop, là, c'est le moment de rentrer. Du coup, là, je pense que ça a été un peu ce déclic, ce « là, j'ai envie d'y retourner, c'est un peu viscéral, ça m'obsède entre guillemets, c'est négatif justement et fort » , alors que c'était plutôt une obsession positive. Et de là, je me dis « OK, il faut que je reparte, il faut que je reparte plus longtemps, parce que je sens que ces effets ont lieu, mais qu'il faut quand même que je laisse le temps à mon corps, à mon esprit d'être dans l'aventure. » et que j'ai bien envie de voir ce que ça peut donner si je pars un peu plus longtemps. Donc, tu vois, ça a été assez progressif. Je sais qu'on aime bien un peu dans le monde actuel les grands déclics, les « je pars à l'aventure 3 mois alors que je n'ai jamais fait sport » . Moi, ça a été vraiment très progressif, ce qui m'a permis aussi d'aborder cette aventure, je pense, avec une certaine maturité. Tu as toujours des questions, tu as toujours des interrogations et des dépôts. peur, ça n'enlève pas ça. Mais par contre, j'ai pu partir longtemps avec déjà une vision, une connaissance un peu de ce qui était le chemin de Compostelle.

  • Speaker #0

    Tu parles de peur, tu avais peur pour ta maman, tu me parles aussi de la peur de parfois se lancer. Et dans ton livre, j'ai noté une phrase qui dit « Les aventures les plus belles sont celles qui nous font le plus peur. »

  • Speaker #1

    Ça fait partie des choses que je me dis souvent maintenant, de me dire en fait il y a des choses ça te fait peur c'est peut-être aussi que c'est pas forcément intelligent c'est pas valable pour tout mais en fait si tu commences à sentir qu'il y a un risque si tu commences à sentir un peu que ça te fait réagir il y a des émotions à l'intérieur physiquement mentalement la plupart du temps c'est que t'as quelque chose à perdre mais que t'as potentiellement aussi beaucoup de choses à gagner il faut aller creuser après parfois tu creuses et tu te dis c'est pas le moment c'est pas le moment de ma vie et puis parfois tu te dis, ok, je tente ça.

  • Speaker #0

    Tu pars dans ce grand défi de 38 jours, 1000 kilomètres pour aller jusqu'à Saint-Jacques-de-Compostelle, c'est en 2018, c'est ça ?

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Tu es entre deux jobs, il me semble. Comment tu l'as préparé cette aventure en termes logistique, physique ? Ça doit se préparer quand même un petit peu, ce grand périple.

  • Speaker #1

    Alors, idéalement, oui. Moi, ce que j'avais prévu dans mes plans... Pour résumer, j'avais négocié avec l'entreprise dans laquelle j'étais quelques longues semaines de vacances pendant l'été pour pouvoir faire ce chemin. Ça a été un peu le premier pas de m'assurer que je pouvais avoir le temps. Pendant, finalement, le temps passant, j'ai eu la possibilité de changer de boulot. Donc, en fait, j'étais plus occupée à gérer le côté professionnel. Mon aventure a dû se décaler de deux mois en avance, où je devais partir sur... l'été juillet août et au final je partais sur mai juin donc en fait toutes mes prévisions moi j'aime bien un peu les tableaux excel réfléchir etc etc en fait toutes mes prévisions sont décalées et puis bah voilà il fallait faire pas la one again non plus parce que je suis pas partie avec des converses et un petit sakit pack mais il fallait un petit peu tout ravancer et puis un peu speeder sachant que encore une fois la logistique sur le chemin de compostelle demande certains indispensables. Oui, des bonnes chaussures, un bon sac à dos et puis un peu de matos intelligents, mais on n'est pas non plus sur un trek dans les Annapourlas, on n'est pas non plus sur l'ascension de l'Everest. C'était un peu cet entre-deux de je dois gérer d'une manière un peu plus speed et désorganisée que ce que j'aurais souhaité, mais en même temps, et ça c'est ce sur quoi souvent j'incite quand on me demande mon avis sur le chemin de Compostelle, c'est que Ça ne demande pas non plus une préparation logistique incroyable, on ne va pas se mentir.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous raconter à quoi ressemble une journée type sur le chemin, en termes de rythme, de rituel, de moment aussi, où parfois tu es seul, tu marches seul, et puis parfois aussi tu marches avec d'autres pèlerins que tu rencontres sur le chemin, dans les auberges le matin ou le soir ?

  • Speaker #1

    Une journée type sur le chemin de Compostelle, ce n'est pas métro, boulot, dodo. Du coup, c'est on se lève, on marche et puis on dodo. si je devais résumer on se lève dans un dortoir avec d'autres pèlerins qui nous ont laissé dormir plus ou moins selon l'état des ronflements de la nuit petit déjeuner chacun de sa manière express, pas de petit déjeuner puis après, voilà, en fait on marche mais on peut aussi faire ce qu'on souhaite on peut visiter la ville où on est ou le village où on est, rester un peu plus longtemps c'est la liberté absolue c'est-à-dire qu'on peut même rester si on souhaite dans le même endroit où on est Merci. La plupart du temps, on va quand même marcher parce que le but du chemin, c'est quand même de marcher jour après jour pour atteindre un objectif. Mais voilà, on va marcher, on marche à sa vitesse, on marche le nombre de kilomètres qu'on souhaite faire. Après, il faut quand même rejoindre un endroit, sauf pour ceux qui font du camping, il faut quand même rejoindre un endroit où il y a un hébergement du chemin de Compostelle qui nous attend. Mais on a toute la journée, certains sont plus ou moins rapides, soit un peu, voilà, la team, on marche, on marche. On part à 6h du matin. À l'instant, j'arrive au point à 14h-15h. D'autres, c'est je prends toute ma journée, je fais des pauses de 2h. J'arrive à 19h, ce n'est pas grave. Chacun a un peu son rythme. Et ça, c'est aussi chouette. Tu as vraiment cette liberté de faire ce que tu veux. Et puis, le soir, tu arrives dans ton logement, s'en suit les petites lessives, potentiellement les courses, la préparation du repas du soir. et puis sur surtout beaucoup de moments d'échange si tu le souhaites, de repos, de soigner les bobos, etc. Donc, c'est des journées qui sont en fait très similaires dans le sens où le programme du jour, tu le connais par avance, il n'y a pas de surprise, tu as marché, mais toujours dans des lieux assez différents, dans la découverte de régions que tu ne connais absolument pas. Moi, l'Espagne, je connais très peu. Et puis oui, encore une fois, avec ce programme que tu peux aménager, Alors, ça dépend encore une fois de la manière et la vision de chacun. Certains ont toutes leurs étapes, kilomètre par kilomètre, soit parce qu'ils ont très organisé leur chemin, soit parfois, c'est rare, mais parce qu'ils passent par des organismes qui font l'organisation à leur place. Et puis certains, je vais marcher certainement 25 kilomètres aujourd'hui, peut-être un peu plus, peut-être que je vais croiser un chemin. un endroit où j'ai envie de me poser. Donc, tu as vraiment différentes philosophies sur le chemin.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous dire, toi, d'où tu es partie et quel est ton point d'arrivée ? Combien de kilomètres tu faisais par jour ? Et comment tu as décidé aussi de ton point de départ et d'arrivée ?

  • Speaker #1

    Je suis partie de Bayonne et j'ai choisi ce point de départ parce que je voulais faire quelques kilomètres en France de manière symbolique. Faut savoir que... Faire le chemin de Compostelle en entier, en réalité, c'est partir de chez soi. Je n'avais pas le temps de partir de chez moi qui était Paris. Là, ça faisait beaucoup, beaucoup de semaines de congés. Premier vrai point, gros point d'arrivée, c'était sa jacque de Compostelle. Et mon deuxième point d'arrivée, si j'avais le temps, si tout se passait bien, si ça pouvait fitter à mon programme, je voulais aller jusqu'à la côte, donc à Mouchia et Fisterra, qui demandent environ 3 à 4 jours de marche supplémentaire. En moyenne, je devais faire entre 25 et 30 kilomètres avec un dénivelé qui est différent selon les étapes, qui n'est pas non plus... On est en Espagne, à part sur le chemin primitif où il y avait un peu plus de dénivelé, on n'est pas non plus sur du 2,2 d plus par jour.

  • Speaker #0

    Et ça, ça te prend combien de temps de faire ces 30 kilomètres ? Tu partais à quelle heure, toi ?

  • Speaker #1

    Moi, je partais, j'étais plutôt dans la team, j'aime bien partir tôt, entre guillemets. Alors, ce n'était pas pour la chaleur, vu que j'ai eu deux semaines de pluie, pas possible. où c'était vraiment très dur parfois de partir le matin et de se motiver. Mais c'est plus pour commencer la journée. C'est surtout que tu as envie de commencer ta journée, tu as envie de marcher en fait. Petit à petit, tu es dans un flou où tu as envie de marcher, tu as envie de marcher, tu as envie de marcher. Mon nouvel rituel, c'est vraiment deux phases dans mon chemin. J'ai une phase où j'ai été très janky, janky, janky. Je marche, je marche vite. Je pense que j'avais ce besoin un peu de frénésie, de voilà, je suis là, je marche, j'ai envie d'avancer. Peut-être aussi un peu d'égo sportif. Allez, j'y vais, j'avance. Waouh, j'ai fait mon étape. Ce qui faisait que j'arrivais souvent tôt, voire très tôt, ce qui n'a pas vraiment de grosse utilité. Et puis après, j'ai plus été dans un flot de j'ai envie de m'arrêter, je m'arrête, il y a encore sympa. J'ai envie de papoter à la terrasse d'un café avec quelqu'un, je papote. tu vois j'ai vraiment eu deux manières il y a vraiment une deux moments dans mon chemin très différents qui correspondent vraiment aussi à ce switch, à cette manière de vivre cette aventure différemment.

  • Speaker #0

    Je l'ai vraiment ressenti dans ton livre. Et à un moment donné, il y a un passage que je me suis noté, c'est un pèlerin qui est un peu plus vieux que nous, qui te dit « Ménage ta monture, Camille. On est encore très loin de Compostelle. Tu es jeune, pleine d'énergie, c'est bien. Mais si le Camino est un repère de vieux brigands comme moi, c'est parce que nous, nous savons nous économiser. »

  • Speaker #1

    Je pense que ça fait partie des meilleures. conseil et je suis repartie sur le chemin en 2023 et je repensais justement à ce type de conseil et ce que les vieux brigands pèlerins du chemin pouvaient me dire parce que c'est exactement ça et en fait c'est pas la généralité absolue mais il y avait beaucoup de jeunes qui y allaient à fond faisaient pas de pause on avait un peu encore une fois ce côté on a fait 40 kilomètres par jour et en fait les... La plupart du temps, les blessures un peu à la con qui surviennent la première à la deuxième semaine, c'était pas mal de jeunes. Parce que les plus anciens ont un peu plus l'habitude des efforts longs. Les retraités, ils font de la rando toute la journée. Et puis, c'est surtout qu'ils nous regardaient aller taillot toute la journée. Ils y allaient plus à leur rythme, ils s'économisaient plus. Donc il y a vraiment ce... Ce côté un peu, je pense, impatience, excitation et puis égo sportif qui rentre aussi un petit peu, je pense, consciemment ou inconsciemment, que les anciens ont beaucoup moins. Et ce qui fait que souvent, ils tenaient quand même un peu plus sa route et qu'il y avait moins de blessures. Il y avait des anciens qui se sont blessés, bien entendu, mais quand même, il y en avait un peu moins.

  • Speaker #0

    Quand j'ai lu le livre, je me suis posé la question et je pense que ça dépend aussi des gens. Je me suis dit, est-ce que le chemin, c'est prendre du temps pour soi ou est-ce que c'est fuir sa vie ?

  • Speaker #1

    Ah, c'est... Une très bonne question et je pense qu'en fait, tu n'as pas forcément besoin d'opposer les deux parce que quand tu fuis ta vie, tu prends du temps justement pour toi parce que tu vois, la vie a quand même tendance à t'entraîner dans un tourbillon d'habitude, de quotidien, de routine, etc. Peut-être que tu fuis ta vie telle qu'elle est construite à l'instant T pour justement construire une vie qui te ressemble un peu plus toi en tant que telle, en tant que personne qui n'a pas besoin d'incarner un... personnage, un statut professionnel, personnel devant sa famille, devant ses amis. Là, tu peux être qui tu veux, tu peux être toi, toi-même. Le côté sur-savier a un côté rocambolesque mais aussi négatif. Néanmoins, je pense qu'en réalité, c'est ce que beaucoup de gens font en allant sur un chemin qui les appelle, en faisant une grosse coupure, en essayant de trouver des réponses à leurs questions ou des questions qui ne se sont pas encore posées. Tu as beaucoup beaucoup de gens qui ont des profils très différents et qui ont ce côté, justement, voilà, puis quelque chose, j'ai besoin de me reconstruire, j'ai besoin de trouver autre chose, je sors de désintox, c'est aussi pour ça que tu retrouves pas mal de gens qui sont un peu cassés, qui sont un peu dans l'interrogation, qui ont un peu un bagage très différent, chacun ses propres problématiques, mais en fait, je pense que... En réalité, si tu regardes, c'est le cas partout. Tes voisins, tes collègues, on a tous un bagage, on a tous des casseroles. Sauf qu'en fait, là, tu te retrouves face à des gens qui sont... plus à même de parler de leur casserole, les assumer, et en fait, qui sont aussi un peu là pour ça. Du coup, tu t'embêtes pas trop avec la couche, tu vois, les couches de mon statut, qui je suis, le fait que tu souhaites que les gens aient une certaine opinion de toi, une certaine vision. Tu t'en fous un peu, parce qu'au final, tu préfères aller un peu dans le cœur des choses, parler vrai, pas t'emmerder un peu avec les blottis du « Salut, ça va ? » , la météo, et puis voilà, pas.

  • Speaker #0

    Tu ne dois pas avoir de small talk sur le chemin.

  • Speaker #1

    On a un petit peu de « comment c'était ? » « aujourd'hui, tatatitata » . Ça dépend aussi des gens. Tu sens qu'il y en a, encore une fois, on a tous notre manière d'être. Mais d'un coup, tu arrives parfois à des conversations ultra profondes, inattendues, avec des personnes auxquelles tu aurais juste dit bonjour rapidement dans la rue. Et d'un coup, tu vas un peu au cœur des choses sur certains sujets que tu n'as pas abordés ni avec tes... tes potes, ni avec ta famille. Parce que c'est difficile à expliquer. L'atmosphère du Camino est très particulière. Je pense qu'elle est très particulière parce que tu as plein d'ingrédients, y compris le mindset avec lequel les gens y vont, qui y jouent pour beaucoup. Tu es prêt à t'ouvrir et tu es prêt à t'ouvrir aux autres et tu es prêt à accepter aussi les autres, quels qu'ils soient, comme ils sont, et avec ce qu'ils ont aussi envie de te délivrer.

  • Speaker #0

    Le chemin de Compostelle, je pensais que c'était quelque chose d'assez religieux et que la plupart des personnes qui le faisaient, le faisait. par rapport à une intention religieuse. Et dans ton livre, j'ai bien découvert que pas du tout. Au final, tout le monde y va pour une raison à chaque fois différente et aussi avec des âges différents, des nationalités aussi différentes. Est-ce que toi, tu avais posé une intention quand tu t'es décidé à faire le chemin de Compostelle ? Est-ce qu'il y avait quelque chose derrière que tu voulais aller chercher ?

  • Speaker #1

    Oui, j'avais un peu ce souhait. Ce n'était pas forcément une intention telle qu'elle, mais de me dire j'espère que ça va être productif. J'espère que ça va m'apporter quelque chose et de ressortir sur ma version 2.0 améliorée. Je voyais ça comme un process parce que je pense qu'on est aussi tellement bercé par ce côté roman feel-good de développement personnel slash belles histoires à la télé slash plein de storytelling qui te fait dire que ce genre d'aventure, il y a un avant après et que tu as un peu la lumière d'un... D'un coup, un jour, quelqu'un qui tue pas et tout prend sens. La raison pour laquelle tu étais appelée par ce chemin prend sens et d'un coup, ça va résoudre tous tes problèmes. Ce qui, bien entendu, n'a pas été le cas. Ce qui fait que je me disais quand même certaines fois en marchant, je me disais non mais là, ça fait 15-20 jours que je marche, j'ai toujours pas de réponse à mes questions, j'ai toujours pas trouvé qui je suis, qu'est-ce que je veux faire, comment ça se fait que je suis pas toujours très bien, etc. dames. Je me mettais un peu sous coup de pression de me dire, bon, allez, pendant deux heures, je vais essayer d'y réfléchir. Bien entendu, ça ne marchait pas. Ou je pensais à autre chose, ou alors je ne pensais pas du tout parce que tu as quand même un flow quand tu marches qui fait que parfois, ça fait tellement du bien, ça éteint ton cerveau et tu es juste en train de marcher, tu suis ton flow. Je pense qu'il faut privilégier une attention qui soit sans résultat. Si je devais le refaire, ça serait juste de me dire, j'ai envie de prendre soin de moi, j'ai envie de... prendre du temps pour moi, d'être vraiment la vraie moi et d'enlever quelques couches de tout ce que je suis parce que la société, l'école de commerce, ma famille, mes amis m'encouragent parce qu'il y a du positif mais m'obligent aussi à être cette personne-là et je serai plus dans une intention sans résultat, sans obligation.

  • Speaker #0

    On en a plusieurs fois évoqué ça dans le podcast, c'est quand on n'attend rien qu'on reçoit tout et parfois, à l'inverse, quand on attend trop de choses et pas au rendez-vous puisque ça ne vient pas comme ça. Comme tu le dis exactement, c'est pas j'avais des questions et sur le chemin, j'ai trouvé des réponses. Mais finalement, c'est aussi toutes ces rencontres que tu as fait sur le chemin et tu en parles dans ton livre. Tu vas voir des personnes plus âgées et dans tes 15 premiers jours, tu évoques justement la pluie qui s'abat sur vous du matin au soir. Et je me suis dit, waouh, là, je pense que tu t'endurcis aussi. Et parce que finalement, sur le chemin, tu es dans des conditions hyper rustres où en fait, déjà le soir, tu donnes. dans des dortoirs où tu n'as pas trop d'intimité, il y a beaucoup de bruit aussi. Toute la journée, tu marches avec pas grand-chose et tu as la pluie qui s'abat sur toi. Est-ce que ça t'a justement endurci et comment tu as réussi à passer ces 15 premiers jours sous la pluie sans te dire « En fait, là, je vais rentrer chez moi, je n'en peux plus » parce qu'on est quand même dans une société où on est très bien dans nos appartements, bien au chaud, avec tout le confort et là, vraiment, c'est presque confort zéro du jour au lendemain.

  • Speaker #1

    Effectivement, et en même temps, on est dans une société où j'ai l'impression que plus de façons... Les extrêmes attirent les extrêmes. Plus on est dans le confort, plus finalement on n'arrête pas de rechercher cet inconfort, cette prise de risque, cette sortie de zone de confort de plein de manières différentes, soit par les aventures, soit par les défis quotidiens. Il y a tellement de possibilités de sortir de cette zone de confort. On voit bien qu'en fait, être tout le temps en confort absolu, ça ne nous convient pas. On a ce besoin d'en sortir, de se booster. Et pour ce qui concerne le chemin de Compostelle, vraiment, j'ai eu une météo très compliquée pendant, je dirais bien, les deux premières semaines, vivre de Pays Basque qui est vert, mais on sait pourquoi. Il y a des gens qui ont arrêté, notamment une personne que j'ai rencontrée avec qui je m'entendais très bien. En fait, elle a arrêté du jour au lendemain, en plein milieu du chemin. Elle a dit, c'est bon, là, rideau, j'en ai marre, j'arrête. En plein milieu de la Pampa espagnole, ça va faire quand même que tu continues à marcher au moins jusqu'à un arrêt de puce. Moi, en fait, je... Donc, arrêter n'a pas vraiment été une option. Je n'étais pas en train de me battre toute la journée en me disant « je vais arrêter, non, allez, continue, etc. » C'est plutôt « avance, avance, avance » . Je considérais quand même que c'était un privilège d'être là. C'était quelque chose que j'attendais depuis longtemps. Je savais que ce temps-là, de pouvoir partir autant de temps sur le chemin, je ne l'aurais pas non plus facilement dans les années à venir. Donc, j'avais un peu ce côté de « ok, c'est dur » . néanmoins, rappelle-toi que tu l'as voulu, ça fait partie du process c'est pas toujours facile et tu vois c'est vraiment une belle allégorie de la vie de se dire bah oui, ce qu'on veut c'est pas toujours facile ce dont on a besoin c'est pas toujours facile et il y a ce côté qui est très important sur le chemin kilomètre par kilomètre, pas par pas petit à petit et tu vois, tu coches une journée ça a pas été la joie tout le temps, mais une fois qu'apprends aussi à profiter beaucoup Plus des petits moments de plaisir, la douche chaude quand elle est chaude, le soleil qui revient, c'est chouette aussi.

  • Speaker #0

    J'aimerais qu'on parle aussi des rencontres que tu as pu faire. Et j'avais noté quelque chose. Être heureuse est possible dans la solitude, mais le bonheur est plus fort lorsqu'il est partagé. On peut très bien passer sa vie seul et être parfaitement heureux, mais transmettre cette joie, partager le bonheur le rend encore plus fort. Est-ce qu'il y a un sentiment que tu as vu sur le chemin ? où tu partais seule en te disant « je vais faire des filles à moi » , mais finalement, au travers des rencontres, le fait de le partager, ça rendait quelque chose d'encore plus fort.

  • Speaker #1

    Oui, c'est exactement ça. C'est fort, mais partager, c'est vrai que ça te décuple. Tu vis autrement, tu as l'aspect humain, l'émotion. On est quand même des êtres sociaux qui ont besoin d'être avec les autres, de partager. Je suis quelqu'un d'assez sauvage, à vrai dire. Et du coup, partir seule, j'avais cette un peu angoisse. en même temps j'essayais de me raccrocher à certaines personnes parce que je suis sauvage mais être seule toute la journée j'avais un peu cette angoisse et in fine j'ai trouvé un peu mon rythme de solitude mais de rencontre et un peu ce tempo du je suis bien à certains moments toute seule et qu'est-ce que j'aime aussi être avec d'autres gens il y a vraiment une magie qui se crée, un collectif qui se crée, qui est très difficile à décrire, en fait moi ce que je trouve génial c'est que c'est très ordinaire, c'est très simple tu vois on est très dans une société du waouh, des choses incroyables incroyables, de voir des choses incroyables, des défis incroyables. Non, en fait, là, tu as marché 25 kilomètres dans des lieux parfois sympas et puis parfois, franchement, l'itinéraire n'est pas toujours chouette, ce n'est pas toujours waouh, avec une météo plus ou moins sympathique. Et puis, tu es juste content d'être là, content de retrouver des gens, content d'être juste dans la simplicité, dans le partage et puis heureux pour les autres et heureux d'être avec eux. Et ça, vraiment, c'est Il n'y a que sur le chemin que j'ai vécu vraiment ce type de vraie rencontre et qu'il y a moins de couches sur chaque personne.

  • Speaker #0

    Tu peux aller vite dans des discussions plus profondes peut-être, en effet. Au bout de 38 jours, tu es arrivée à la fin de ton chemin. Qu'est-ce qui t'a traversée le dernier jour lors de ton arrivée ?

  • Speaker #1

    Tout redescend, c'est fini, ça y est. En même temps, je ne réalisais pas du tout. parce que c'est pas simple en fait de réaliser que c'est la fin d'une aventure de 38 jours et en fait il se trouve que donc moi je suis allée jusqu'à Saint-Jacques-de-Compostelle et après j'ai marché donc je sais plus 3-4 jours 3-4 jours quoi voilà pour aller jusqu'à Moukchia et Fisterra donc t'as un peu cette deuxième partie d'aventure plus courte mais quand même

  • Speaker #0

    Ça permet de décompenser peut-être.

  • Speaker #1

    Voilà, qui te permet de comprendre parce que la Compostelle, c'est la grosse arrivée en fanfare. Tout le monde, tu as des centaines de pèlerins qui arrivent. C'est là où tu dis tes adieux. Tout le monde part, etc. C'est beaucoup de choses. C'est énormément d'émotions que tu ne réalises pas forcément. Ça marque la fin quand même de l'aventure pour la plupart. Et en fait, moi, j'étais très, très contente et je suis vraiment tellement heureuse d'avoir pu faire cette deuxième partie parce que Du coup, tu n'as quasiment plus personne. Je pense que tu n'as peut-être même pas 2% des gens qui continuent. Dans une réflexion complètement différente, un peu plus sur là, on est en train de marcher vraiment vers la fin de l'aventure. Là, on prend le temps de se dire, OK, c'est fini. Tu es un peu plus apaisé. Les derniers jours avant Compostelle, c'est assez dense. Tu avais fait un chemin qui était très peu emprunté. Donc, on était même 40 et 50. Et d'un coup, tu te réunis. Tous les chemins sont réunis, y compris le Camino Frances. et on est quasiment 1000 personnes. C'est un peu folklore, même si je n'aime pas le dire comme ça. Mais quand même, c'est un peu folklore. Tu arrives dans les villages, des dizaines et des dizaines d'albergues. Tu as les pharmacies Compostelle, les shops. Tu as des écoles où tu as 30 gamins avec leurs petits sacs qui font les 3 derniers jours de Compostelle. C'est cool, c'est une autre ambiance. Tu as vraiment cette dynamique qui est différente, mais elle n'est pas simple. Toi, tu as été vraiment dans une autre manière de fonctionner. Du coup, les derniers jours sont Euh... particulier. Tu arrives à Compostelle, c'est hop, ça marque la fin de l'aventure, tu quittes quasiment tout le monde. Et puis là, ce côté d'avoir pu finir, réaliser tout ce que j'avais fait, réaliser que c'était la fin, accepter aussi que c'était la fin, finalement me projeter sur la suite et le retour, fait que le dernier jour, j'étais plutôt apaisée, plutôt sereine et aussi un peu sonnée, je pense, parce que voilà, c'est pas facile de partir. Et ce n'est pas farcide de décrocher. Tu as envie de continuer à marcher, mais on en trinque.

  • Speaker #0

    Tu as fait plusieurs marathons. Est-ce qu'il y a des parallèles à faire aussi pour que les gens se projettent sur le chemin ? Est-ce que tu as ressenti quelque chose ? Est-ce que tu as eu la fierté aussi des finishers ? Toi, ce n'était pas 42 kilomètres, ça en était 1000. Mais est-ce que tu as eu cette fierté de l'arrivée ?

  • Speaker #1

    Non, pas forcément. Tu vois, cette fierté de « je l'ai fait, regardez, je l'ai fait, on l'a fait tous ensemble, on a tous accompli ça » , tu vois, c'est beaucoup plus… personnel, intrinsèque, mais cette fierté un peu de j'ai coché, j'ai ma médaille, j'ai fait 1000 kilomètres, etc. Non, c'est plus me dire je suis contente d'avoir fait une vraie aventure pour moi, je suis contente d'avoir écouté mon intuition. C'est plus une satisfaction que ce truc de j'ai coché un objectif personnel. Et pourtant, je pense que j'étais à la base plus dans cet état d'esprit et en plus, étant sportive, marathonienne, etc., j'avais ce côté... J'ai fait tant de kilomètres, mais en Chine, ce n'est pas tant ce qui en ressort. Bien entendu, ça fait partie de la composante et quand j'en parle, kilométrage en fait partie. 40 jours, ça me parle un peu plus déjà. De dire que je suis partie 40 jours, j'ai fait un stop de ma vie pendant 40 jours. J'ai pris ce temps pour moi, je suis sortie de ma zone de confort. La dimension de temps et d'expérience de temps est plus importante pour moi que la partie défi pur et kilomètre.

  • Speaker #0

    C'est encore le moment où je vais devoir coter Aurel San, mais le plus important, c'est pas l'arrivée, c'est la quête. Ça marche aussi avec le chemin de Corpostel.

  • Speaker #1

    Mais évidemment !

  • Speaker #0

    Je voulais qu'on aborde ton retour et je vais relire un passage de ton livre. Nous sommes faits de sang, d'eau, de chair. Nous appartenons au monde du vivant, de la faune et de la flore. Notre ADN ne s'apparente pas à de l'acier, à du bitume. Nous nous gargarisons de cette modernité, de toutes ces prouesses technologiques sans réaliser qu'elles nous tuent à petit feu. Bon, on... de ce chemin comment on retrouve sa vie parisienne et qu'est-ce qui a été dissonant pour toi quand t'es rentrée à Paris et qu'est-ce qui a fait que t'as voulu aussi du coup quitter cette ville et puis te retrouver dans un univers beaucoup plus vert et proche de justement cette flore et de cette faune ça fait plaisir d'entendre des passages de mon livre parce que j'y ai pas du

  • Speaker #1

    coup j'y ai pas lu depuis 6 ans je n'ose pas le lire parce que dès que je l'ouvre je fais ah mon dieu j'écris mal donc je le referme je peux te dire que tu écris très bien moi j'ai passé vraiment un très bon moment ah bah c'est chouette merci beaucoup ça me fait plaisir d'entendre des passages parce qu'à un moment je trouve le courage de l'ouvrir le retour l'aller et le retour sont violents parce que tu passes d'un état à un autre d'un coup t'arrives à la gare tu reprends les clés de chez toi tu rouvres ta petite chambre de bonne et tu fais aller c'est parti et puis tu vois je reprenais Quelques jours plus tard, je commençais un nouveau boulot. 24 heures, 48 heures plus tard, j'étais déjà sur un rooftop sur Rotterdamspritz avec mes potes. Tu ressors d'une aventure qui est difficilement explicable. Je pense que c'est aussi pour ça que j'avais besoin de mettre des mots et de l'écrire pour que ça reste ancré et que je ne perds pas un peu cette substance de ce que j'ai vécu. Tu te retrouves dans ta vie, ta vie à toi, celle que tu as laissée et qui est toujours la même. Avec tes potes, c'est ceux que tu as laissés qui sont toujours les mêmes. qui disent vraiment, t'as vraiment kiffé ça ? Parce qu'on se disait que tu allais rentrer plus tôt que possible. Et du coup, tu reprends là où ça en était. Enfin, t'as vraiment fait un break, un gros break. Je sens que c'est compliqué, tu vois, de se remettre dans ta vraie vie. Et en même temps, t'as pas le choix. Tu repasses vite sur de l'automatique. Fallait commencer un nouveau taf. Fallait reprendre là où j'en étais. Du coup, en fait, les deux, trois premiers mois, ça a été très particulier parce que j'avais cette double lecture où j'ai tout bien pris comme il faut et chanté qu'il y avait quand même quelque chose à l'intérieur qui était tout ça pour ça. C'est très dur à expliquer, mais chanter qu'en coulisses, il y avait une petite voix qui était là. Bon, c'est bien, tu auras repris ta petite vie, tu as fait ta petite aventure. Mais du coup, c'est tout ce que ça t'a apporté. En fait, ça n'a pas changé grand-chose.

  • Speaker #0

    Tu veux dire qu'il n'y avait pas assez d'un avant-après, peut-être ?

  • Speaker #1

    En fait, je ne voulais pas forcément un avant-après en termes de vie, de switch de vie, mais plus en termes de switch de mindset, d'être mieux, moins envers moi-même, de me poser moins de questions, de me dire je suis là où je dois être. Et moi, c'était une grosse problématique de chanter qu'il y avait un truc qui n'allait pas. Je n'étais pas bien. C'est vraiment le cliché de la trentaine approche. mais Je sens que j'ai construit la vie que je pense souhaiter avoir, que tout le monde m'a appris à avoir. Tu vois, j'ai gravé les échanges, j'ai un bon job bien payé en CDI. Et trois quarts de mes potes me disaient « Ah, c'est trop cool, la petite start-up que tu as intégrée. À côté de ça, je fais mon petit sport comme il faut. J'habite Paris. » Ma vie rendait très bien sur le papier. Ce n'était pas un souci. Mais j'avais ce décaf de me dire que je ne suis pas bien, en fait. En plus, j'ai cette culpabilité de me dire « Mais en fait, pourquoi tu… » Pourquoi ça ne va pas ? Au bout d'un moment, pose-toi les bonnes questions. Il y a un truc qui cloche. Et du coup, je pensais qu'en rentrant de ce chemin, soit j'aurais vraiment la vision absolue du n'importe quoi. Finalement, je pense que je suis faite pour être charpentière. Et du coup, je t'ai tout et je deviens charpentière. Ou j'arrive à être bien dans ce que je suis et j'arrive à accepter le quotidien. Et voilà, à être satisfaite en fait. Je pensais que ça allait m'apporter soit l'un, soit l'autre. En tout cas, ça allait m'apporter un changement. Et tu rentres, tu fais... non, je suis la même personne que d'habitude, je vais reprendre ma vie là où elle en était. Et j'ai toujours ce sentiment de, il y a un truc qui ne va pas et je n'arrive pas à mettre des mots dessus. La vie continue. La satisfaction n'empêche pas de faire que la vie continue un petit peu. Il se trouve qu'elle est raccrochée plus tard à cette expérience de vie, mais sur le moment, je n'ai pas du tout réfléchi à ça comme ça. De toute façon, sur le moment, je n'ai pas du tout réfléchi du tout pour, ce qui est peut-être bien parfois. Dans mon nouveau taf, j'étais encore en période d'essai. Ils m'avaient vendu des missions très bien sur papier, mais que je n'occupais pas du tout dans les fêtes. Et à un moment, j'aurais dit, écoutez, moi, j'ai postulé pour ça. Vous me faites faire ça. Il y a un petit décalage. Ça ne va pas. On s'ensuit et quelques échanges RH sympathiques. On me dit, bah oui, effectivement, on a revu un peu la position sur ce poste-là. On souhaite que tu fasses ça. Quelle est ta position en face ? Et là, pourtant, qu'est-ce que je fais ? Vraiment, je... Je viens d'un milieu modeste. On m'a toujours dit CDI first. Je suis vraiment quelqu'un de très carré prudent. Et là, je revois ce moment où je dis à l'ARH, je fais, écoute, en fait, je pense que ça ne va pas le faire. On va s'arrêter là. Et alors, c'est comme dans les films, tu vois, je me dis, waouh, incroyable. Sauf qu'en fait, je sors de là, je fais, mais qu'est-ce que j'ai fait ? Je suis complètement teindrée. À quel moment tu quittes un job tout bien sur papier ? pour te retrouver avec rien. Ma 3 mois de période d'essai, j'étais même pas sûre d'avoir un chômage, j'allais même pas checker. J'ai dit, ça va pas, ça va pas. Et en fait, si ça va pas, j'arrête. J'ai eu plus d'attaches, ce job, non. Bon, ma chambre de bonne, je vais peut-être pas y faire ma vie non plus. Bon, j'ai pas de mec. Je crois que je vais aller tenter ma vie et que je vais aller vivre rien de si. Et alors là, je pense que ça a été le branle-bas de combat de toute famille, potes. On s'est dit, mais qu'est-ce qu'elle fait ? mais qu'est-ce qu'elle fait ? Et en fait, j'étais dans un flot de... Je me suis décidée, il faut que je parte maintenant. Mais vraiment, je pense que mon inconscient a dit, en fait, là, tu es sur ton flot. Si tu réfléchis à ce que tu es en train de faire, si demain tu poses un fichier Excel ou une réflexion et que tu es en train de dire, qu'est-ce que je suis en train de faire, tu ne le feras jamais. Donc en fait, j'ai quitté mon appart pour débarquer deux semaines après à Annecy. Et à ce moment-là, je ne réfléchis pas, je me fais juste confiance.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    confiance. portée par l'intuition, portée par l'envie, portée un peu, je pense, par cette excitation de me dire, allez, il y a un truc qui change, tentons. Et voilà, pour la deuxième fois cette année-là, j'écoute mon intuition, ça me fait confiance. Je me dis, allez, en fait, qui ne tente rien n'a rien. Je ne réfléchis pas du tout à ce que je fais. C'est un peu comme le chemin de compostelle, tu vois, par la fichière, pourquoi, est-ce que c'est bien ? Le peu de fois où je commence un petit peu à dire, vraiment, en fait, est-ce que vraiment tu es sûre ? Je me dis juste, au pire, qu'est-ce qui se passe si jamais ça ne se passe pas bien ? En pire, tu rentres, tu trouves une autre solution. C'est un peu pareil quand je parle de compostage. Je me disais, au pire, si vraiment ce n'était pas une bonne idée, au bout de huit jours de marche, tu te dis, mais qu'est-ce que je fous là ? En fait, c'est simple, tu vas à la gare la plus proche, tu prends un billet et puis tu rentres. Et je pense que le parallèle entre les deux m'a beaucoup plus marquée. En fait, les semaines et mois à venir où j'ai un peu réfléchi, je me suis dit, quel moment j'ai pris une décision aussi tarée pour moi. Je précise toujours pour moi parce que en soi, quitter un job, c'est pas non plus, tu vois, quand t'as pas une famille à nourrir, etc. C'est pas non plus un truc extrême. Quitter, pour moi, c'était vraiment la première fois que j'étais sans... J'avais pas de parachute, j'avais que d'album.

  • Speaker #0

    Est-ce que Camille, si elle n'avait pas fait le chemin de Compostelle, si elle n'avait pas pris 38 jours pour elle et marché pendant 1000 kilomètres, est-ce qu'elle l'aurait fait ?

  • Speaker #1

    Je ne pense pas, honnêtement. En tout cas, je n'aurais pas fait comme ça, c'est sûr. Avant de partir sur Compostelle, j'avais quand même essayé de chercher un peu du taf à Annecy. J'avais quand même l'idée qui me germait. Mais ce côté tenter tout pour le tout, me faire confiance, suivre mon instinct.

  • Speaker #0

    et tu vois elle est comme un pansement de faire allez c'est bon on y va on arrête de réfléchir 15 fois ça non je pense que j'aurais jamais fait et c'est ça et je pense que quelque part t'avais envie d'aller chercher des réponses mais je pense que ce que tu as gagné avec ce chemin c'est de la confiance en toi et ça je pense que le mouvement le sport de façon générale nous donne confiance en nous relève l'estime de soi et fait qu'on peut prendre des décisions qu'on aurait peut-être pas prises sans ça et là tu t'es écoutée et tu t'es dit en fait... go quoi, quand j'ai envie de faire des choses. Et cette réflexion que tu as de, au pire, qu'est-ce qui se passe ? Je pense que c'est un truc qu'on peut utiliser au quotidien sur dès qu'on a envie de faire des choses, c'est un peu genre, lever les freins, au pire, qu'est-ce qui se passe si je fais ça ? Et finalement, de se faire tous ces scénarii qui pourraient se passer, et dans ce que tu dis, c'est vrai aussi, c'est à trop vouloir conscientiser les choses, à trop vouloir réfléchir, à vouloir être la bonne élève, ton tableau Excel, d'essayer de trouver un boulot. Au final, on ne fait rien, en fait. On ne fait rien ou alors on repousse en permanence les choses. Et là, peut-être que le chemin, ça t'a donné ce coup de bousse et cette confiance en toi pour te dire, OK, maintenant, quand j'ai envie de faire des choses et quand j'ai envie de m'écouter, je vais le faire et je vais arrêter de me poser peut-être 10 000 questions et d'être la bonne élève que j'ai appris à être depuis que je suis toute petite.

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Et tu vois, je trouve qu'il y a le côté aussi, petit bout par petit bout, qui est aussi lié à la confiance, de se dire d'un énorme truc. Tu te dis, waouh, en fait... dans quoi je m'embarque, mais encore une fois, ça peut être la prépa, un marathon, un ultra, partir marcher X temps, changer de région et se dire, il faut que je reconstruise ma vie. Quand tu te dis, écoute, on va faire chaque jour, on verra jour après jour ce que ça va donner, c'est pas de penser à, tu vois, qu'est-ce qui va se passer dans 40 jours, est-ce que tu arrives à Compostelle, tu te dis juste, aujourd'hui, je marche, demain, je vais voir, mais en fait, aujourd'hui, je marche, puis on verra bien comment ça va se passer. Et c'est vraiment ce côté un peu, qui rejoint le côté... et instant présent et aussi de dire chaque jour suffit sa peine on construit brique par brique puis mine de rien on fait en sorte que cette aventure prenne vie le sport a un très beau parallèle je trouve que quelle que soit la manière de pratiquer avec l'intention de la performance du dépassement, du plaisir de l'aventure je trouve que chaque manière de pratiquer apporte des choses différentes Merci. Et que de toute façon, dans la vie, dans le quotidien, ça apporte beaucoup de positifs aussi.

  • Speaker #0

    Et pour faire l'épilogue de ton chemin et de ton départ à Annecy, comment tu vas aujourd'hui ? Est-ce que tu es heureuse dans ta décision ? Est-ce que tu as trouvé ce que tu voulais dans ta nouvelle vie à Annecy ?

  • Speaker #1

    Oui, je suis très contente à Annecy, qui est une ville où je me sens bien. et je pense Je pense qu'au-delà du fait que c'est une ville où je me sens bien, c'est une ville que j'ai choisie et qui représente un lieu où j'ai choisi d'habiter. Et d'ordre du cadre, qui est très beau à toute saison et qui me permet d'être plus dans la nature, c'est aussi, je pense, cette représentation de cette étape importante où pour une fois, j'ai fait un choix pour moi. Peut-être pour une des premières fois, l'un des premiers choix, c'était de partir sur le chemin de Compostelle. Et un des deuxièmes choix, c'était de partir en vie et voir une ville où j'avais le souhait de vivre. Donc, je me sens bien ici. Ce n'est pas toujours simple. Tu retrouves les mêmes complications de construire sa vie, habiter, trouver un job. En tout cas, je m'y sens bien. Pour la petite histoire, j'ai refait un chemin de composteur un tout petit peu moins long, en 2023. Là aussi, parce que j'ai ressenti le besoin. J'avais créé mon entreprise, chose que j'aurais certainement... Pas faite d'ailleurs, si je n'étais pas partie sur le chemin quelques années avant, où je me suis dit, allez, c'est bon, on tente de tout pour le tour, on verra. J'ai fait trois ans d'entrepreneuriat qui ont été très durs. Et à un moment, je me suis dit, OK, je crois que j'ai besoin de reprendre un temps pour moi. J'ai besoin de me reposer des bonnes questions. Et en fait, le timing faisait qu'à ce moment-là, je pouvais partir trois semaines sur le chemin de Compostelle. Et cette fois, je suis partie sur la voie du puits. Je suis rentrée quelques semaines plus tard. Je postulais en CDI et j'ai des prises quelques mois plus tard. C'est marrant parce que pour le coup, je n'avais pas posé d'intention de changement. J'étais juste là, il faut que je fasse une pause. Je sais que ça me manque quand tu as pris un peu goût au chemin. C'est pour ça que certains restent, construisent un albergue, marchent pendant des mois, des années ou vont être volontaires dans une auberge du chemin parce qu'en fait, quand tu as un peu goûté, Merci. à cet état d'esprit, à cette espèce de parenthèse un peu enchantée, un peu cocon. Tu as envie d'y revenir. Je ne referai pas ça tous les ans non plus parce qu'il y a d'autres aventures, j'ai envie de découvrir d'autres choses. J'ai construit une vie, j'ai mon conjoint qui n'a pas forcément envie de partir sur mon postel. Je ne repartirai dans tous les cas pas tous les ans. Au moins, des fois, cette petite envie, cette petite étincelle, je repartirai bien. Elle n'est jamais très longue quand même.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a un message que tu aimerais transmettre aux auditeurs et aux auditrices ?

  • Speaker #1

    Ça va être très cliché, mais la vie me l'a rappelé beaucoup de fois, notamment cette année où où j'ai perdu mon papa. C'était très dur. Et en fait, c'est très cliché de dire, mais la vie est quand même courte. Ça fait très très film de Noël, mais oui, la vie est quand même courte. On oublie souvent, on le rappelle souvent, malgré nous. Et je trouve qu'il ne faut pas non plus faire... Enfin, il faut retrouver, parce que le côté un peu vie, tes rêves, fuck, fuck à tout, c'est un peu too much. Donc je trouve qu'il y a quand même une question de modération, parce que voilà, c'est pas si simple. contre, écouter un peu son intuition, écouter un peu ses tripes, savoir s'écouter, écouter ses envies. Il y a une petite voix qui murmure et qui dit « j'ai quand même très bien envie de faire ça, si elle reste persistante » . Il y a souvent des raisons, il y a souvent quelque chose qui explique ça. Donc, réussir à s'écouter et réussir à s'écouter vraiment, pas juste le « écouter, j'ai envie de m'acheter un sac à main d'un ami » , pas écouter la première couche qui souvent, finalement, n'est pas la plus utile et ne nous veut pas forcément du bien. Mais écouter vraiment celle qui résonne, qui est là un peu dans notre ventre, qui fait des papillons, qui essaie un peu de ressortir. Et des fois, on dit, mais qu'est-ce que tu me racontes ? Celle-là, elle nous laisse un petit peu plus de place. En tout cas, l'écouter, après, on en fait ce qu'on en veut. Mais l'écouter fait du bien.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as gardé un rituel de compostelle dans ta vie d'aujourd'hui ? Ça peut être écrire, marcher seule. Est-ce que tu as gardé quelque chose avec toi qui te suit ?

  • Speaker #1

    Un truc que j'ai retenu. tenue et j'ai encore fait un gros travail il y a quelques semaines pour vider énormément de placards parce que moi je suis quelqu'un qui a un peu la peur du manque, j'ai besoin de me rassurer j'ai plein d'affaires et tout et tout c'est ce côté un peu quand tu te dépouilles un peu du surplus quand t'as tes trois t-shirts et tes deux shorts tu te rends compte que souvent c'est très bien comme ça, t'as pas besoin de faire des réserves cette peur de manquer elle est pas utile et en fait c'est surtout que tu te sens beaucoup plus libre ... et tu le sens beaucoup moins oppressé, moins de choses physiques, d'objets, mais aussi de choses qui te polluent. Et ça, je trouve que la liberté du chemin, qui est une liberté matérielle, une liberté psychologique, elle est géniale parce qu'on est quand même dans une société où on est tout le temps sur sollicité. Et moi, ce bonheur de la zéro sollicitation slash matériel le plus simple, je l'ai connu pendant plusieurs jours et je sais à quel point il fait du bien. Donc ce côté, oui, Je ne sais pas si on peut le traduire par du minimalisme, on n'en est pas du tout là, mais d'essayer un petit peu de désengorger tout ça et de revenir un peu parfois à des routines plus simples, plus synthétiques, ça fait du bien.

  • Speaker #0

    Tu me fais la transition parfaite vers une phrase que j'avais notée, ça sera la dernière que je vais lire. Loin de cette surabondance de mille riens, je me sens tout simplement riche de tout. Et je pense que c'est exactement ce que tu viens de dire, c'est que parfois on s'entoure de plein de choses. de cette surabondance, mais finalement, c'est des rien, alors que le chemin, tu étais riche de tout, alors que tu n'étais entourée de rien, mais tu t'es entourée de l'essentiel peut-être, qui est la nature, qui est la nature humaine, sauvage, etc. Est-ce qu'il y a un conseil que tu donnerais à quelqu'un qui voudrait se lancer sur le camino ?

  • Speaker #1

    Moi, le meilleur conseil pour moi, c'est d'y aller, d'y aller. Après, tout ce qui est équipement, il y a 15 000 conseils là-dessus, et franchement, il n'y a pas besoin non plus. Encore une fois, ce n'est pas une expédition polaire, on peut faire simple, j'ai vu des gens qui étaient très mal équipés. C'est juste un peu moins confortable et c'est un peu plus compliqué. Mais bon, ils s'en sortent aussi très bien. Pour moi, s'il y a une envie de partir, y aller. Y aller pour quelques jours, y aller pour une semaine, y aller seule, y aller avec des gens. Tout dépend de ce qui rassure aussi. Des fois, il y a beaucoup, surtout les femmes, besoin d'être rassurées, ce que je comprends complètement. Pour moi, c'est de faire le premier pas, encore une fois. Souvent, le premier pas, le deuxième, le troisième, on se dit... « Ah, mais en fait, je me faisais tout un plat, je me faisais toute une histoire. » Voilà, ça passe. Et j'en vois énormément. J'avais rencontré une femme qui marchait avec son fils pour la première fois, qui me disait « On avait peur, du coup, on a tout réservé. » Et on s'est dit « 10-15 kilomètres, pas plus, par jour. » Elle me disait « Là, en fait, je suis très frustrée parce que 10-15 kilomètres par jour, on est complètement capable de le faire. » On arrive hyper tôt dans les auberges. Je passe l'après-midi à lire alors que j'ai envie de continuer à marcher. Et en fait, la plupart du temps, les gens se sous-estiment énormément alors qu'ils sont capables de beaucoup plus qu'ils ne pensent pas. Donc pour moi, si quelqu'un a envie de le faire, qu'il le fasse. Il y a plein de manières de faire. simple et de mettre un premier pas dans l'aventure.

  • Speaker #0

    J'espère que ça donnera envie à plein d'autres personnes de le faire. En tout cas, moi, ça m'a donné très, très envie quand j'ai lu ton livre. On arrive à la fin de notre discussion. On va passer au rituel de fin de Booster. Est-ce que tu as une ressource inspirante à partager et pourquoi ?

  • Speaker #1

    J'ai mes petites cartes Taltek que j'utilise quasi quotidiennement et j'aime bien. Dans ma routine, j'aime bien, tu vois, ces petits trucs simples, la petite carte que je sors avec le... petits mots qui te parlent souvent.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a une chanson qui te booste et qu'est-ce qu'elle déclenche chez toi ?

  • Speaker #1

    J'adore la femme. Le mec me dit que c'est un truc de bobo parisien, mais oui, je reste une bobo parisienne très loin dans mon esprit.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as un mantra qui t'accompagne ?

  • Speaker #1

    Le mantra qui m'accompagnerait, c'est... Moi, j'aime bien le côté jour après jour. Je pense que c'est un peu le côté Camino. Ouais, jour après jour. J'ai tendance à... Tout vouloir solutionner, tu vois, un peu ce truc de tout faire, prendre un projet et me dire, OK, je vais tout faire aujourd'hui. Et en fait, des fois, je me dis, OK, on va y aller jour après jour. Ça n'a rien de te coucher à 2h du matin parce que tu as voulu tout finir ou parce que tu étais en train de réfléchir. Voilà, détends-toi et compartimente.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a une personne que tu aimerais entendre à ce micro ? Et qu'est-ce qu'elle t'inspire ?

  • Speaker #1

    Je suis beaucoup tous. qui est Trail. Je trouve qu'une personne qui est inspirante en ce moment, c'est Blandine Hirondel. Je la trouve inspirante par son parcours, par sa vibe. Voilà, ça fait partie des femmes qui inspirent par la performance mais ce n'est pas forcément ce qui me parle le plus. C'est plus par son mindset. Tu as envie que ce soit un peu ta bonne copine, quoi. Tu te dis c'est une bonne copine qui est en même temps inspirante, qui a l'air accessible et qui a un chouette parcours.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Camille, c'était hyper chouette d'échanger avec toi sur ton chemin et merci de t'être livrée au micro.

  • Speaker #1

    Avec plaisir et puis merci à toi.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir écouté cet épisode de Booster avec Camille. Si celui-ci t'a donné envie de partir marcher, de te faire confiance, dis-le nous et partage-le autour de toi. Et souviens-toi, comme le dit Camille, on avance jour après jour et fais de la place à la petite voix qui est en toi. Abonne-toi pour ne rien louper des prochains épisodes. Laisse un avis et 5 étoiles sur ta plateforme d'écoute, ça m'aide beaucoup. Et retrouve les coulisses et nouveautés sur notre Instagram boost.heure.podcast. On se retrouve très vite pour un nouvel épisode de Booster.

Description

Camille — Le Camino pour marcher vers soi 🥾
38 jours, 1000 kilomètres, seule (ou presque) sur le Camino de Compostelle.
Camille, raconte comment cette aventure a bouleversé sa vie : de la peur à la confiance, du contrôle à l’intuition.
Dans cet épisode, on parle de courage, de lâcher-prise, d’écoute de soi et de ce moment où l’on décide, de s’écouter et de suivre son intuition.
✨ Une conversation inspirante sur le chemin, le sport, et la vie — tout simplement.

🎧 À écouter si tu veux :

  • retrouver du sens dans le mouvement,

  • oser te lancer sans tout planifier,

  • et apprendre à marcher et avancer “jour après jour”.

✨ Boost.her, le podcast qui remet du mouvement dans ta vie.
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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue dans Booster, le podcast qui te donne des clés et de l'élan pour te sentir bien dans ta tête et bien dans ton corps. Je suis Laure Fulton-Prévot, le sport m'accompagne depuis toujours. Courir, bouger, me dépasser font partie de qui je suis. Depuis plus de 15 ans, j'organise des événements sportifs pour partager cette passion. Parce que le sport, c'est bien plus qu'une performance. C'est une manière de se sentir alignée et de trouver son équilibre. Ici, pas de discours parfait, ni une méthode miracle, mais des récits qui t'embarquent. Des histoires vraies, des conseils concrets. A chaque épisode, tu découvriras des invités qui partagent leurs récits, leurs doutes et leurs déclics. Des trajectoires où le sport devient un levier pour reprendre confiance, faire des choix et tracer sa voie. Parce que le sport, c'est avant tout une rencontre avec soi. Très bonne écoute ! Aujourd'hui, direction le Camino de Compostelle avec Camille, responsable communication et aux manettes du compte Camdenwood, qui a marché 1000 km en 38 jours. Seul ou presque, vous le comprendrez bientôt. Dans cet épisode, on parle de comment le sport aide à se retrouver, de confiance, d'intuition et du pouvoir de s'écouter vraiment. De ce que veut dire vivre jour après jour, sur le chemin, comme dans la vie. Prenons la route avec Camille, très bonne écoute ! Camille, merci d'avoir accepté mon invitation. Pour commencer, je te laisse te présenter comme tu le souhaites avec tes mots.

  • Speaker #1

    Merci à toi pour l'invitation et enchantée, bonjour à tout le monde. Moi, c'est Camille. Je suis... responsable communication dans ma vie professionnelle et puis dans ma vie personnelle je suis influenceuse créatrice de contenu, on met les mots qu'on a envie de mettre dessus sur Instagram et sur mon blog où je parle de randonnées de trails, de compostels, de la nature de mon chien, un peu de tout ce qui me fait envie, de tout ce qui me passe par la tête ça a beaucoup changé ces dernières années donc ça a vachement évolué Je prends plaisir à échanger, communiquer, inspirer aussi certaines personnes à aller dans la nature, vivre leur propre aventure et prendre tout simplement plaisir à se dépasser.

  • Speaker #0

    Tu vis à Annecy et c'est vrai que les images sont très belles sur ton Insta. Tu nous fais voyager. Tu nous donnes envie de nous y installer. Camille, je vais te poser la question rituelle d'intro du podcast. Est-ce que le sport a toujours fait partie de ta vie ? confier tes premiers souvenirs d'enfance liés au sport ?

  • Speaker #1

    Moi, je suis un peu le cliché de la bonne élève première de classe, pas du tout bonne en sport, qui n'apprécie pas le sport et qui se fait au maximum dispenser. Si mes profs d'EPS me voyaient maintenant, ils se demanderaient ce qui s'est passé. Ce qui fait que je ne suis toujours pas la première en sport, loin de là. J'ai un très petit niveau, plutôt vers la fin que le début, mais bon, je me dépasse beaucoup plus qu'avant et surtout je prends beaucoup plus de plaisir. Pour répondre à ta question, le sport, quand j'étais jeune, n'occupait pas de place, si ce n'est la place obligatoire scolaire qui n'était pas du tout liée au plaisir, plutôt à l'obligation. Il y a eu une petite évolution après du sport dans ma vie, ou adolescente. C'était un petit peu les années où tu n'étais pas bien dans ta peau, tu essayes de mincir, de perdre du poids, de désespérer moins, et tu passes des heures à la salle à transpirer, faire de la zumba, des elliptiques, faire tout ce que tu peux pour essayer de construire le corps de tes rêves. avec un succès plus ou moins relatif. Et on n'était toujours pas dans le sport vraiment plaisir. Moi, j'estime que ce n'était pas fait pour les bonnes raisons, en tout cas pas pour des raisons très saines et pas pour des raisons qui me faisaient du bien, et mentalement et physiquement. Et puis après, j'ai fait une formation de réserviste à l'armée. Et là, je découvrais un peu une autre dimension sportive de ce sport, de dépassement. sport un peu où on est fier, où on apprend un petit peu à faire de notre corps notre allié, où on se sent vraiment un petit peu en binôme avec notre corps qui nous permet de faire des choses auxquelles on n'aurait pas pensé avoir accès, où on ne se sentait pas forcément légitime d'eux. Et voilà. C'est un peu comme ça que je vois un peu les trois phases de ma vie. Et puis la quatrième sortie de la vitesse de déclic, j'ai vraiment pris goût au sport dépassement, mais peut-être un peu trop. C'était à une époque, quand j'étais encore à Paris, faire une course toutes les trois semaines, me dépasser, me dépasser, bien entendu me blesser. Et puis, je pense que là, j'ai aussi un peu la raison de se dire, oui, est-ce que vraiment ça, c'est moi ? Est-ce que je ne suis pas un peu trop loin ? Est-ce que les réseaux sociaux ne m'entraînent pas aussi à aller un petit peu trop loin ? Et au final, est-ce que je ne reviens pas à aucun dépassement, un goût de l'aventure, mais un peu plus raisonné, un petit peu plus adapté à mon quotidien, à mes capacités aussi, etc.

  • Speaker #0

    Pour préparer cette interview et pourquoi j'ai voulu aussi t'avoir à mon micro, c'est que j'ai lu ton livre, donc le Camino seul, enfin presque. Je l'ai vraiment dévoré et ça m'a donné envie d'aller marcher, vraiment. Je me suis dit, déjà, il faudrait que je teste de marcher pendant 30 kilomètres, juste une journée. Mais toi, tu l'as fait pendant 38 jours et 1000 kilomètres d'affilée. Et donc, on va vraiment se concentrer sur cette partie-là et sur le Camino que tu as fait toute seule, mais où tu étais accompagnée, bien évidemment, tout au long de... de ton chemin. Je voulais savoir déjà, Camille, à quel moment a germé cette idée de partir sur le chemin de Compostelle ?

  • Speaker #1

    C'est une idée qui a été très progressive.

  • Speaker #0

    Je vais essayer de la faire courte,

  • Speaker #1

    surtout quand on parle de ce sujet-là. Cette idée-là, elle a déjà germé dans la tête de ma mère au tout début, qui est partie sur le chemin de Compostelle à une époque où elle n'était pas très bien. Elle est partie deux semaines. Et moi, je me souviens très bien qu'à l'époque, elle m'a dit « je pars marcher sur le chemin de Compostelle » . J'en avais entendu rapidement parler. Je pense que ça ne me parlait pas plus que ça. Je pars toute seule, marcher. Ma mère a le même gabarit que moi, c'est-à-dire qu'on est assez petites, fines. Enfin voilà, on ne fait pas peur à grand monde. Je m'inquiète vraiment pour ma mère. Je me dis vraiment, un, qu'est-ce que tu vas faire là-bas ? Et deux, je m'inquiète un peu pour ta sécurité. Ça a été un peu ma première approche de Compostelle qui finalement n'est pas mon idée. n'est pas mon idée, n'est pas venue comme ça, comme le déclic. Ma mère est revenue, très belle expérience, elle nous l'a partagé tous les jours. Vous voyez son petit texto de la journée, c'était chouette aussi de partager avec elle. Et un jour, on se lance un défi, on était en train de marcher avec ma tante et ma mère, et puis on dit, bon ben voilà, la prochaine fois, je pense qu'on part avec toi. Et on se retrouve quelques mois plus tard, donc à marcher pendant une semaine. Pas facile, pas du tout équipé. équipé côté ma tante et moi, les bobos, etc.

  • Speaker #0

    Les fameuses ampoules, sûrement.

  • Speaker #1

    Les ampoules. Et puis voilà, vraiment le premier step où tu fais toutes les erreurs possibles. Et puis, ce n'est pas grave, ça fait des souvenirs aussi. Super expérience. Chouette moment de découvrir un peu. Ma mère m'attend différemment, de partager ses moments ensemble. Et de là, germe un peu ce côté. C'est une expérience différente qui me fait du bien. Une espèce de parenthèse complètement à part. Des vacances, mais pas que. C'est pour ça que j'y retourne encore quelques années plus tard, par contre, parce que j'étais dans ma période d'école de commerce, très fiesta. Je me dis, bon, OK, c'était sympa et tout, mais je retourne un peu dans des vacances un peu plus normales à mon âge et avec mes potes. Et puis, quelques années plus tard, j'ai 27-28 ans, ça me dit bien de repartir avec toi deux semaines sur la voie d'Arles. Et en fait, au moment de revenir, au moment de poser le pied en Paris, de sortir du train, J'ai vraiment ce sentiment de me dire, là, je ne suis pas bien. Un, je n'ai pas du tout envie de rentrer. Et deux, j'ai cette sensation de rentrer au moment où il y a le déclic qui est en train de se faire. Il y a quelque chose qui est en train de se faire. Je me sentais bien, je sentais que j'étais dedans. Vraiment, je me sens un peu retirée de, je ne sais pas, quand on est bien au chaud dans le canapé, qu'on s'est endormi sous sa couette, on se dit qu'est-ce que je suis bien. On dit, allez-y, il faut sortir de son plaid, aller au lit, dans sa couette toute froide. J'ai un peu ce sentiment-là. Je suis bien, j'ai créé un truc, je suis là où je dois être. Et hop, là, c'est le moment de rentrer. Du coup, là, je pense que ça a été un peu ce déclic, ce « là, j'ai envie d'y retourner, c'est un peu viscéral, ça m'obsède entre guillemets, c'est négatif justement et fort » , alors que c'était plutôt une obsession positive. Et de là, je me dis « OK, il faut que je reparte, il faut que je reparte plus longtemps, parce que je sens que ces effets ont lieu, mais qu'il faut quand même que je laisse le temps à mon corps, à mon esprit d'être dans l'aventure. » et que j'ai bien envie de voir ce que ça peut donner si je pars un peu plus longtemps. Donc, tu vois, ça a été assez progressif. Je sais qu'on aime bien un peu dans le monde actuel les grands déclics, les « je pars à l'aventure 3 mois alors que je n'ai jamais fait sport » . Moi, ça a été vraiment très progressif, ce qui m'a permis aussi d'aborder cette aventure, je pense, avec une certaine maturité. Tu as toujours des questions, tu as toujours des interrogations et des dépôts. peur, ça n'enlève pas ça. Mais par contre, j'ai pu partir longtemps avec déjà une vision, une connaissance un peu de ce qui était le chemin de Compostelle.

  • Speaker #0

    Tu parles de peur, tu avais peur pour ta maman, tu me parles aussi de la peur de parfois se lancer. Et dans ton livre, j'ai noté une phrase qui dit « Les aventures les plus belles sont celles qui nous font le plus peur. »

  • Speaker #1

    Ça fait partie des choses que je me dis souvent maintenant, de me dire en fait il y a des choses ça te fait peur c'est peut-être aussi que c'est pas forcément intelligent c'est pas valable pour tout mais en fait si tu commences à sentir qu'il y a un risque si tu commences à sentir un peu que ça te fait réagir il y a des émotions à l'intérieur physiquement mentalement la plupart du temps c'est que t'as quelque chose à perdre mais que t'as potentiellement aussi beaucoup de choses à gagner il faut aller creuser après parfois tu creuses et tu te dis c'est pas le moment c'est pas le moment de ma vie et puis parfois tu te dis, ok, je tente ça.

  • Speaker #0

    Tu pars dans ce grand défi de 38 jours, 1000 kilomètres pour aller jusqu'à Saint-Jacques-de-Compostelle, c'est en 2018, c'est ça ?

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Tu es entre deux jobs, il me semble. Comment tu l'as préparé cette aventure en termes logistique, physique ? Ça doit se préparer quand même un petit peu, ce grand périple.

  • Speaker #1

    Alors, idéalement, oui. Moi, ce que j'avais prévu dans mes plans... Pour résumer, j'avais négocié avec l'entreprise dans laquelle j'étais quelques longues semaines de vacances pendant l'été pour pouvoir faire ce chemin. Ça a été un peu le premier pas de m'assurer que je pouvais avoir le temps. Pendant, finalement, le temps passant, j'ai eu la possibilité de changer de boulot. Donc, en fait, j'étais plus occupée à gérer le côté professionnel. Mon aventure a dû se décaler de deux mois en avance, où je devais partir sur... l'été juillet août et au final je partais sur mai juin donc en fait toutes mes prévisions moi j'aime bien un peu les tableaux excel réfléchir etc etc en fait toutes mes prévisions sont décalées et puis bah voilà il fallait faire pas la one again non plus parce que je suis pas partie avec des converses et un petit sakit pack mais il fallait un petit peu tout ravancer et puis un peu speeder sachant que encore une fois la logistique sur le chemin de compostelle demande certains indispensables. Oui, des bonnes chaussures, un bon sac à dos et puis un peu de matos intelligents, mais on n'est pas non plus sur un trek dans les Annapourlas, on n'est pas non plus sur l'ascension de l'Everest. C'était un peu cet entre-deux de je dois gérer d'une manière un peu plus speed et désorganisée que ce que j'aurais souhaité, mais en même temps, et ça c'est ce sur quoi souvent j'incite quand on me demande mon avis sur le chemin de Compostelle, c'est que Ça ne demande pas non plus une préparation logistique incroyable, on ne va pas se mentir.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous raconter à quoi ressemble une journée type sur le chemin, en termes de rythme, de rituel, de moment aussi, où parfois tu es seul, tu marches seul, et puis parfois aussi tu marches avec d'autres pèlerins que tu rencontres sur le chemin, dans les auberges le matin ou le soir ?

  • Speaker #1

    Une journée type sur le chemin de Compostelle, ce n'est pas métro, boulot, dodo. Du coup, c'est on se lève, on marche et puis on dodo. si je devais résumer on se lève dans un dortoir avec d'autres pèlerins qui nous ont laissé dormir plus ou moins selon l'état des ronflements de la nuit petit déjeuner chacun de sa manière express, pas de petit déjeuner puis après, voilà, en fait on marche mais on peut aussi faire ce qu'on souhaite on peut visiter la ville où on est ou le village où on est, rester un peu plus longtemps c'est la liberté absolue c'est-à-dire qu'on peut même rester si on souhaite dans le même endroit où on est Merci. La plupart du temps, on va quand même marcher parce que le but du chemin, c'est quand même de marcher jour après jour pour atteindre un objectif. Mais voilà, on va marcher, on marche à sa vitesse, on marche le nombre de kilomètres qu'on souhaite faire. Après, il faut quand même rejoindre un endroit, sauf pour ceux qui font du camping, il faut quand même rejoindre un endroit où il y a un hébergement du chemin de Compostelle qui nous attend. Mais on a toute la journée, certains sont plus ou moins rapides, soit un peu, voilà, la team, on marche, on marche. On part à 6h du matin. À l'instant, j'arrive au point à 14h-15h. D'autres, c'est je prends toute ma journée, je fais des pauses de 2h. J'arrive à 19h, ce n'est pas grave. Chacun a un peu son rythme. Et ça, c'est aussi chouette. Tu as vraiment cette liberté de faire ce que tu veux. Et puis, le soir, tu arrives dans ton logement, s'en suit les petites lessives, potentiellement les courses, la préparation du repas du soir. et puis sur surtout beaucoup de moments d'échange si tu le souhaites, de repos, de soigner les bobos, etc. Donc, c'est des journées qui sont en fait très similaires dans le sens où le programme du jour, tu le connais par avance, il n'y a pas de surprise, tu as marché, mais toujours dans des lieux assez différents, dans la découverte de régions que tu ne connais absolument pas. Moi, l'Espagne, je connais très peu. Et puis oui, encore une fois, avec ce programme que tu peux aménager, Alors, ça dépend encore une fois de la manière et la vision de chacun. Certains ont toutes leurs étapes, kilomètre par kilomètre, soit parce qu'ils ont très organisé leur chemin, soit parfois, c'est rare, mais parce qu'ils passent par des organismes qui font l'organisation à leur place. Et puis certains, je vais marcher certainement 25 kilomètres aujourd'hui, peut-être un peu plus, peut-être que je vais croiser un chemin. un endroit où j'ai envie de me poser. Donc, tu as vraiment différentes philosophies sur le chemin.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu peux nous dire, toi, d'où tu es partie et quel est ton point d'arrivée ? Combien de kilomètres tu faisais par jour ? Et comment tu as décidé aussi de ton point de départ et d'arrivée ?

  • Speaker #1

    Je suis partie de Bayonne et j'ai choisi ce point de départ parce que je voulais faire quelques kilomètres en France de manière symbolique. Faut savoir que... Faire le chemin de Compostelle en entier, en réalité, c'est partir de chez soi. Je n'avais pas le temps de partir de chez moi qui était Paris. Là, ça faisait beaucoup, beaucoup de semaines de congés. Premier vrai point, gros point d'arrivée, c'était sa jacque de Compostelle. Et mon deuxième point d'arrivée, si j'avais le temps, si tout se passait bien, si ça pouvait fitter à mon programme, je voulais aller jusqu'à la côte, donc à Mouchia et Fisterra, qui demandent environ 3 à 4 jours de marche supplémentaire. En moyenne, je devais faire entre 25 et 30 kilomètres avec un dénivelé qui est différent selon les étapes, qui n'est pas non plus... On est en Espagne, à part sur le chemin primitif où il y avait un peu plus de dénivelé, on n'est pas non plus sur du 2,2 d plus par jour.

  • Speaker #0

    Et ça, ça te prend combien de temps de faire ces 30 kilomètres ? Tu partais à quelle heure, toi ?

  • Speaker #1

    Moi, je partais, j'étais plutôt dans la team, j'aime bien partir tôt, entre guillemets. Alors, ce n'était pas pour la chaleur, vu que j'ai eu deux semaines de pluie, pas possible. où c'était vraiment très dur parfois de partir le matin et de se motiver. Mais c'est plus pour commencer la journée. C'est surtout que tu as envie de commencer ta journée, tu as envie de marcher en fait. Petit à petit, tu es dans un flou où tu as envie de marcher, tu as envie de marcher, tu as envie de marcher. Mon nouvel rituel, c'est vraiment deux phases dans mon chemin. J'ai une phase où j'ai été très janky, janky, janky. Je marche, je marche vite. Je pense que j'avais ce besoin un peu de frénésie, de voilà, je suis là, je marche, j'ai envie d'avancer. Peut-être aussi un peu d'égo sportif. Allez, j'y vais, j'avance. Waouh, j'ai fait mon étape. Ce qui faisait que j'arrivais souvent tôt, voire très tôt, ce qui n'a pas vraiment de grosse utilité. Et puis après, j'ai plus été dans un flot de j'ai envie de m'arrêter, je m'arrête, il y a encore sympa. J'ai envie de papoter à la terrasse d'un café avec quelqu'un, je papote. tu vois j'ai vraiment eu deux manières il y a vraiment une deux moments dans mon chemin très différents qui correspondent vraiment aussi à ce switch, à cette manière de vivre cette aventure différemment.

  • Speaker #0

    Je l'ai vraiment ressenti dans ton livre. Et à un moment donné, il y a un passage que je me suis noté, c'est un pèlerin qui est un peu plus vieux que nous, qui te dit « Ménage ta monture, Camille. On est encore très loin de Compostelle. Tu es jeune, pleine d'énergie, c'est bien. Mais si le Camino est un repère de vieux brigands comme moi, c'est parce que nous, nous savons nous économiser. »

  • Speaker #1

    Je pense que ça fait partie des meilleures. conseil et je suis repartie sur le chemin en 2023 et je repensais justement à ce type de conseil et ce que les vieux brigands pèlerins du chemin pouvaient me dire parce que c'est exactement ça et en fait c'est pas la généralité absolue mais il y avait beaucoup de jeunes qui y allaient à fond faisaient pas de pause on avait un peu encore une fois ce côté on a fait 40 kilomètres par jour et en fait les... La plupart du temps, les blessures un peu à la con qui surviennent la première à la deuxième semaine, c'était pas mal de jeunes. Parce que les plus anciens ont un peu plus l'habitude des efforts longs. Les retraités, ils font de la rando toute la journée. Et puis, c'est surtout qu'ils nous regardaient aller taillot toute la journée. Ils y allaient plus à leur rythme, ils s'économisaient plus. Donc il y a vraiment ce... Ce côté un peu, je pense, impatience, excitation et puis égo sportif qui rentre aussi un petit peu, je pense, consciemment ou inconsciemment, que les anciens ont beaucoup moins. Et ce qui fait que souvent, ils tenaient quand même un peu plus sa route et qu'il y avait moins de blessures. Il y avait des anciens qui se sont blessés, bien entendu, mais quand même, il y en avait un peu moins.

  • Speaker #0

    Quand j'ai lu le livre, je me suis posé la question et je pense que ça dépend aussi des gens. Je me suis dit, est-ce que le chemin, c'est prendre du temps pour soi ou est-ce que c'est fuir sa vie ?

  • Speaker #1

    Ah, c'est... Une très bonne question et je pense qu'en fait, tu n'as pas forcément besoin d'opposer les deux parce que quand tu fuis ta vie, tu prends du temps justement pour toi parce que tu vois, la vie a quand même tendance à t'entraîner dans un tourbillon d'habitude, de quotidien, de routine, etc. Peut-être que tu fuis ta vie telle qu'elle est construite à l'instant T pour justement construire une vie qui te ressemble un peu plus toi en tant que telle, en tant que personne qui n'a pas besoin d'incarner un... personnage, un statut professionnel, personnel devant sa famille, devant ses amis. Là, tu peux être qui tu veux, tu peux être toi, toi-même. Le côté sur-savier a un côté rocambolesque mais aussi négatif. Néanmoins, je pense qu'en réalité, c'est ce que beaucoup de gens font en allant sur un chemin qui les appelle, en faisant une grosse coupure, en essayant de trouver des réponses à leurs questions ou des questions qui ne se sont pas encore posées. Tu as beaucoup beaucoup de gens qui ont des profils très différents et qui ont ce côté, justement, voilà, puis quelque chose, j'ai besoin de me reconstruire, j'ai besoin de trouver autre chose, je sors de désintox, c'est aussi pour ça que tu retrouves pas mal de gens qui sont un peu cassés, qui sont un peu dans l'interrogation, qui ont un peu un bagage très différent, chacun ses propres problématiques, mais en fait, je pense que... En réalité, si tu regardes, c'est le cas partout. Tes voisins, tes collègues, on a tous un bagage, on a tous des casseroles. Sauf qu'en fait, là, tu te retrouves face à des gens qui sont... plus à même de parler de leur casserole, les assumer, et en fait, qui sont aussi un peu là pour ça. Du coup, tu t'embêtes pas trop avec la couche, tu vois, les couches de mon statut, qui je suis, le fait que tu souhaites que les gens aient une certaine opinion de toi, une certaine vision. Tu t'en fous un peu, parce qu'au final, tu préfères aller un peu dans le cœur des choses, parler vrai, pas t'emmerder un peu avec les blottis du « Salut, ça va ? » , la météo, et puis voilà, pas.

  • Speaker #0

    Tu ne dois pas avoir de small talk sur le chemin.

  • Speaker #1

    On a un petit peu de « comment c'était ? » « aujourd'hui, tatatitata » . Ça dépend aussi des gens. Tu sens qu'il y en a, encore une fois, on a tous notre manière d'être. Mais d'un coup, tu arrives parfois à des conversations ultra profondes, inattendues, avec des personnes auxquelles tu aurais juste dit bonjour rapidement dans la rue. Et d'un coup, tu vas un peu au cœur des choses sur certains sujets que tu n'as pas abordés ni avec tes... tes potes, ni avec ta famille. Parce que c'est difficile à expliquer. L'atmosphère du Camino est très particulière. Je pense qu'elle est très particulière parce que tu as plein d'ingrédients, y compris le mindset avec lequel les gens y vont, qui y jouent pour beaucoup. Tu es prêt à t'ouvrir et tu es prêt à t'ouvrir aux autres et tu es prêt à accepter aussi les autres, quels qu'ils soient, comme ils sont, et avec ce qu'ils ont aussi envie de te délivrer.

  • Speaker #0

    Le chemin de Compostelle, je pensais que c'était quelque chose d'assez religieux et que la plupart des personnes qui le faisaient, le faisait. par rapport à une intention religieuse. Et dans ton livre, j'ai bien découvert que pas du tout. Au final, tout le monde y va pour une raison à chaque fois différente et aussi avec des âges différents, des nationalités aussi différentes. Est-ce que toi, tu avais posé une intention quand tu t'es décidé à faire le chemin de Compostelle ? Est-ce qu'il y avait quelque chose derrière que tu voulais aller chercher ?

  • Speaker #1

    Oui, j'avais un peu ce souhait. Ce n'était pas forcément une intention telle qu'elle, mais de me dire j'espère que ça va être productif. J'espère que ça va m'apporter quelque chose et de ressortir sur ma version 2.0 améliorée. Je voyais ça comme un process parce que je pense qu'on est aussi tellement bercé par ce côté roman feel-good de développement personnel slash belles histoires à la télé slash plein de storytelling qui te fait dire que ce genre d'aventure, il y a un avant après et que tu as un peu la lumière d'un... D'un coup, un jour, quelqu'un qui tue pas et tout prend sens. La raison pour laquelle tu étais appelée par ce chemin prend sens et d'un coup, ça va résoudre tous tes problèmes. Ce qui, bien entendu, n'a pas été le cas. Ce qui fait que je me disais quand même certaines fois en marchant, je me disais non mais là, ça fait 15-20 jours que je marche, j'ai toujours pas de réponse à mes questions, j'ai toujours pas trouvé qui je suis, qu'est-ce que je veux faire, comment ça se fait que je suis pas toujours très bien, etc. dames. Je me mettais un peu sous coup de pression de me dire, bon, allez, pendant deux heures, je vais essayer d'y réfléchir. Bien entendu, ça ne marchait pas. Ou je pensais à autre chose, ou alors je ne pensais pas du tout parce que tu as quand même un flow quand tu marches qui fait que parfois, ça fait tellement du bien, ça éteint ton cerveau et tu es juste en train de marcher, tu suis ton flow. Je pense qu'il faut privilégier une attention qui soit sans résultat. Si je devais le refaire, ça serait juste de me dire, j'ai envie de prendre soin de moi, j'ai envie de... prendre du temps pour moi, d'être vraiment la vraie moi et d'enlever quelques couches de tout ce que je suis parce que la société, l'école de commerce, ma famille, mes amis m'encouragent parce qu'il y a du positif mais m'obligent aussi à être cette personne-là et je serai plus dans une intention sans résultat, sans obligation.

  • Speaker #0

    On en a plusieurs fois évoqué ça dans le podcast, c'est quand on n'attend rien qu'on reçoit tout et parfois, à l'inverse, quand on attend trop de choses et pas au rendez-vous puisque ça ne vient pas comme ça. Comme tu le dis exactement, c'est pas j'avais des questions et sur le chemin, j'ai trouvé des réponses. Mais finalement, c'est aussi toutes ces rencontres que tu as fait sur le chemin et tu en parles dans ton livre. Tu vas voir des personnes plus âgées et dans tes 15 premiers jours, tu évoques justement la pluie qui s'abat sur vous du matin au soir. Et je me suis dit, waouh, là, je pense que tu t'endurcis aussi. Et parce que finalement, sur le chemin, tu es dans des conditions hyper rustres où en fait, déjà le soir, tu donnes. dans des dortoirs où tu n'as pas trop d'intimité, il y a beaucoup de bruit aussi. Toute la journée, tu marches avec pas grand-chose et tu as la pluie qui s'abat sur toi. Est-ce que ça t'a justement endurci et comment tu as réussi à passer ces 15 premiers jours sous la pluie sans te dire « En fait, là, je vais rentrer chez moi, je n'en peux plus » parce qu'on est quand même dans une société où on est très bien dans nos appartements, bien au chaud, avec tout le confort et là, vraiment, c'est presque confort zéro du jour au lendemain.

  • Speaker #1

    Effectivement, et en même temps, on est dans une société où j'ai l'impression que plus de façons... Les extrêmes attirent les extrêmes. Plus on est dans le confort, plus finalement on n'arrête pas de rechercher cet inconfort, cette prise de risque, cette sortie de zone de confort de plein de manières différentes, soit par les aventures, soit par les défis quotidiens. Il y a tellement de possibilités de sortir de cette zone de confort. On voit bien qu'en fait, être tout le temps en confort absolu, ça ne nous convient pas. On a ce besoin d'en sortir, de se booster. Et pour ce qui concerne le chemin de Compostelle, vraiment, j'ai eu une météo très compliquée pendant, je dirais bien, les deux premières semaines, vivre de Pays Basque qui est vert, mais on sait pourquoi. Il y a des gens qui ont arrêté, notamment une personne que j'ai rencontrée avec qui je m'entendais très bien. En fait, elle a arrêté du jour au lendemain, en plein milieu du chemin. Elle a dit, c'est bon, là, rideau, j'en ai marre, j'arrête. En plein milieu de la Pampa espagnole, ça va faire quand même que tu continues à marcher au moins jusqu'à un arrêt de puce. Moi, en fait, je... Donc, arrêter n'a pas vraiment été une option. Je n'étais pas en train de me battre toute la journée en me disant « je vais arrêter, non, allez, continue, etc. » C'est plutôt « avance, avance, avance » . Je considérais quand même que c'était un privilège d'être là. C'était quelque chose que j'attendais depuis longtemps. Je savais que ce temps-là, de pouvoir partir autant de temps sur le chemin, je ne l'aurais pas non plus facilement dans les années à venir. Donc, j'avais un peu ce côté de « ok, c'est dur » . néanmoins, rappelle-toi que tu l'as voulu, ça fait partie du process c'est pas toujours facile et tu vois c'est vraiment une belle allégorie de la vie de se dire bah oui, ce qu'on veut c'est pas toujours facile ce dont on a besoin c'est pas toujours facile et il y a ce côté qui est très important sur le chemin kilomètre par kilomètre, pas par pas petit à petit et tu vois, tu coches une journée ça a pas été la joie tout le temps, mais une fois qu'apprends aussi à profiter beaucoup Plus des petits moments de plaisir, la douche chaude quand elle est chaude, le soleil qui revient, c'est chouette aussi.

  • Speaker #0

    J'aimerais qu'on parle aussi des rencontres que tu as pu faire. Et j'avais noté quelque chose. Être heureuse est possible dans la solitude, mais le bonheur est plus fort lorsqu'il est partagé. On peut très bien passer sa vie seul et être parfaitement heureux, mais transmettre cette joie, partager le bonheur le rend encore plus fort. Est-ce qu'il y a un sentiment que tu as vu sur le chemin ? où tu partais seule en te disant « je vais faire des filles à moi » , mais finalement, au travers des rencontres, le fait de le partager, ça rendait quelque chose d'encore plus fort.

  • Speaker #1

    Oui, c'est exactement ça. C'est fort, mais partager, c'est vrai que ça te décuple. Tu vis autrement, tu as l'aspect humain, l'émotion. On est quand même des êtres sociaux qui ont besoin d'être avec les autres, de partager. Je suis quelqu'un d'assez sauvage, à vrai dire. Et du coup, partir seule, j'avais cette un peu angoisse. en même temps j'essayais de me raccrocher à certaines personnes parce que je suis sauvage mais être seule toute la journée j'avais un peu cette angoisse et in fine j'ai trouvé un peu mon rythme de solitude mais de rencontre et un peu ce tempo du je suis bien à certains moments toute seule et qu'est-ce que j'aime aussi être avec d'autres gens il y a vraiment une magie qui se crée, un collectif qui se crée, qui est très difficile à décrire, en fait moi ce que je trouve génial c'est que c'est très ordinaire, c'est très simple tu vois on est très dans une société du waouh, des choses incroyables incroyables, de voir des choses incroyables, des défis incroyables. Non, en fait, là, tu as marché 25 kilomètres dans des lieux parfois sympas et puis parfois, franchement, l'itinéraire n'est pas toujours chouette, ce n'est pas toujours waouh, avec une météo plus ou moins sympathique. Et puis, tu es juste content d'être là, content de retrouver des gens, content d'être juste dans la simplicité, dans le partage et puis heureux pour les autres et heureux d'être avec eux. Et ça, vraiment, c'est Il n'y a que sur le chemin que j'ai vécu vraiment ce type de vraie rencontre et qu'il y a moins de couches sur chaque personne.

  • Speaker #0

    Tu peux aller vite dans des discussions plus profondes peut-être, en effet. Au bout de 38 jours, tu es arrivée à la fin de ton chemin. Qu'est-ce qui t'a traversée le dernier jour lors de ton arrivée ?

  • Speaker #1

    Tout redescend, c'est fini, ça y est. En même temps, je ne réalisais pas du tout. parce que c'est pas simple en fait de réaliser que c'est la fin d'une aventure de 38 jours et en fait il se trouve que donc moi je suis allée jusqu'à Saint-Jacques-de-Compostelle et après j'ai marché donc je sais plus 3-4 jours 3-4 jours quoi voilà pour aller jusqu'à Moukchia et Fisterra donc t'as un peu cette deuxième partie d'aventure plus courte mais quand même

  • Speaker #0

    Ça permet de décompenser peut-être.

  • Speaker #1

    Voilà, qui te permet de comprendre parce que la Compostelle, c'est la grosse arrivée en fanfare. Tout le monde, tu as des centaines de pèlerins qui arrivent. C'est là où tu dis tes adieux. Tout le monde part, etc. C'est beaucoup de choses. C'est énormément d'émotions que tu ne réalises pas forcément. Ça marque la fin quand même de l'aventure pour la plupart. Et en fait, moi, j'étais très, très contente et je suis vraiment tellement heureuse d'avoir pu faire cette deuxième partie parce que Du coup, tu n'as quasiment plus personne. Je pense que tu n'as peut-être même pas 2% des gens qui continuent. Dans une réflexion complètement différente, un peu plus sur là, on est en train de marcher vraiment vers la fin de l'aventure. Là, on prend le temps de se dire, OK, c'est fini. Tu es un peu plus apaisé. Les derniers jours avant Compostelle, c'est assez dense. Tu avais fait un chemin qui était très peu emprunté. Donc, on était même 40 et 50. Et d'un coup, tu te réunis. Tous les chemins sont réunis, y compris le Camino Frances. et on est quasiment 1000 personnes. C'est un peu folklore, même si je n'aime pas le dire comme ça. Mais quand même, c'est un peu folklore. Tu arrives dans les villages, des dizaines et des dizaines d'albergues. Tu as les pharmacies Compostelle, les shops. Tu as des écoles où tu as 30 gamins avec leurs petits sacs qui font les 3 derniers jours de Compostelle. C'est cool, c'est une autre ambiance. Tu as vraiment cette dynamique qui est différente, mais elle n'est pas simple. Toi, tu as été vraiment dans une autre manière de fonctionner. Du coup, les derniers jours sont Euh... particulier. Tu arrives à Compostelle, c'est hop, ça marque la fin de l'aventure, tu quittes quasiment tout le monde. Et puis là, ce côté d'avoir pu finir, réaliser tout ce que j'avais fait, réaliser que c'était la fin, accepter aussi que c'était la fin, finalement me projeter sur la suite et le retour, fait que le dernier jour, j'étais plutôt apaisée, plutôt sereine et aussi un peu sonnée, je pense, parce que voilà, c'est pas facile de partir. Et ce n'est pas farcide de décrocher. Tu as envie de continuer à marcher, mais on en trinque.

  • Speaker #0

    Tu as fait plusieurs marathons. Est-ce qu'il y a des parallèles à faire aussi pour que les gens se projettent sur le chemin ? Est-ce que tu as ressenti quelque chose ? Est-ce que tu as eu la fierté aussi des finishers ? Toi, ce n'était pas 42 kilomètres, ça en était 1000. Mais est-ce que tu as eu cette fierté de l'arrivée ?

  • Speaker #1

    Non, pas forcément. Tu vois, cette fierté de « je l'ai fait, regardez, je l'ai fait, on l'a fait tous ensemble, on a tous accompli ça » , tu vois, c'est beaucoup plus… personnel, intrinsèque, mais cette fierté un peu de j'ai coché, j'ai ma médaille, j'ai fait 1000 kilomètres, etc. Non, c'est plus me dire je suis contente d'avoir fait une vraie aventure pour moi, je suis contente d'avoir écouté mon intuition. C'est plus une satisfaction que ce truc de j'ai coché un objectif personnel. Et pourtant, je pense que j'étais à la base plus dans cet état d'esprit et en plus, étant sportive, marathonienne, etc., j'avais ce côté... J'ai fait tant de kilomètres, mais en Chine, ce n'est pas tant ce qui en ressort. Bien entendu, ça fait partie de la composante et quand j'en parle, kilométrage en fait partie. 40 jours, ça me parle un peu plus déjà. De dire que je suis partie 40 jours, j'ai fait un stop de ma vie pendant 40 jours. J'ai pris ce temps pour moi, je suis sortie de ma zone de confort. La dimension de temps et d'expérience de temps est plus importante pour moi que la partie défi pur et kilomètre.

  • Speaker #0

    C'est encore le moment où je vais devoir coter Aurel San, mais le plus important, c'est pas l'arrivée, c'est la quête. Ça marche aussi avec le chemin de Corpostel.

  • Speaker #1

    Mais évidemment !

  • Speaker #0

    Je voulais qu'on aborde ton retour et je vais relire un passage de ton livre. Nous sommes faits de sang, d'eau, de chair. Nous appartenons au monde du vivant, de la faune et de la flore. Notre ADN ne s'apparente pas à de l'acier, à du bitume. Nous nous gargarisons de cette modernité, de toutes ces prouesses technologiques sans réaliser qu'elles nous tuent à petit feu. Bon, on... de ce chemin comment on retrouve sa vie parisienne et qu'est-ce qui a été dissonant pour toi quand t'es rentrée à Paris et qu'est-ce qui a fait que t'as voulu aussi du coup quitter cette ville et puis te retrouver dans un univers beaucoup plus vert et proche de justement cette flore et de cette faune ça fait plaisir d'entendre des passages de mon livre parce que j'y ai pas du

  • Speaker #1

    coup j'y ai pas lu depuis 6 ans je n'ose pas le lire parce que dès que je l'ouvre je fais ah mon dieu j'écris mal donc je le referme je peux te dire que tu écris très bien moi j'ai passé vraiment un très bon moment ah bah c'est chouette merci beaucoup ça me fait plaisir d'entendre des passages parce qu'à un moment je trouve le courage de l'ouvrir le retour l'aller et le retour sont violents parce que tu passes d'un état à un autre d'un coup t'arrives à la gare tu reprends les clés de chez toi tu rouvres ta petite chambre de bonne et tu fais aller c'est parti et puis tu vois je reprenais Quelques jours plus tard, je commençais un nouveau boulot. 24 heures, 48 heures plus tard, j'étais déjà sur un rooftop sur Rotterdamspritz avec mes potes. Tu ressors d'une aventure qui est difficilement explicable. Je pense que c'est aussi pour ça que j'avais besoin de mettre des mots et de l'écrire pour que ça reste ancré et que je ne perds pas un peu cette substance de ce que j'ai vécu. Tu te retrouves dans ta vie, ta vie à toi, celle que tu as laissée et qui est toujours la même. Avec tes potes, c'est ceux que tu as laissés qui sont toujours les mêmes. qui disent vraiment, t'as vraiment kiffé ça ? Parce qu'on se disait que tu allais rentrer plus tôt que possible. Et du coup, tu reprends là où ça en était. Enfin, t'as vraiment fait un break, un gros break. Je sens que c'est compliqué, tu vois, de se remettre dans ta vraie vie. Et en même temps, t'as pas le choix. Tu repasses vite sur de l'automatique. Fallait commencer un nouveau taf. Fallait reprendre là où j'en étais. Du coup, en fait, les deux, trois premiers mois, ça a été très particulier parce que j'avais cette double lecture où j'ai tout bien pris comme il faut et chanté qu'il y avait quand même quelque chose à l'intérieur qui était tout ça pour ça. C'est très dur à expliquer, mais chanter qu'en coulisses, il y avait une petite voix qui était là. Bon, c'est bien, tu auras repris ta petite vie, tu as fait ta petite aventure. Mais du coup, c'est tout ce que ça t'a apporté. En fait, ça n'a pas changé grand-chose.

  • Speaker #0

    Tu veux dire qu'il n'y avait pas assez d'un avant-après, peut-être ?

  • Speaker #1

    En fait, je ne voulais pas forcément un avant-après en termes de vie, de switch de vie, mais plus en termes de switch de mindset, d'être mieux, moins envers moi-même, de me poser moins de questions, de me dire je suis là où je dois être. Et moi, c'était une grosse problématique de chanter qu'il y avait un truc qui n'allait pas. Je n'étais pas bien. C'est vraiment le cliché de la trentaine approche. mais Je sens que j'ai construit la vie que je pense souhaiter avoir, que tout le monde m'a appris à avoir. Tu vois, j'ai gravé les échanges, j'ai un bon job bien payé en CDI. Et trois quarts de mes potes me disaient « Ah, c'est trop cool, la petite start-up que tu as intégrée. À côté de ça, je fais mon petit sport comme il faut. J'habite Paris. » Ma vie rendait très bien sur le papier. Ce n'était pas un souci. Mais j'avais ce décaf de me dire que je ne suis pas bien, en fait. En plus, j'ai cette culpabilité de me dire « Mais en fait, pourquoi tu… » Pourquoi ça ne va pas ? Au bout d'un moment, pose-toi les bonnes questions. Il y a un truc qui cloche. Et du coup, je pensais qu'en rentrant de ce chemin, soit j'aurais vraiment la vision absolue du n'importe quoi. Finalement, je pense que je suis faite pour être charpentière. Et du coup, je t'ai tout et je deviens charpentière. Ou j'arrive à être bien dans ce que je suis et j'arrive à accepter le quotidien. Et voilà, à être satisfaite en fait. Je pensais que ça allait m'apporter soit l'un, soit l'autre. En tout cas, ça allait m'apporter un changement. Et tu rentres, tu fais... non, je suis la même personne que d'habitude, je vais reprendre ma vie là où elle en était. Et j'ai toujours ce sentiment de, il y a un truc qui ne va pas et je n'arrive pas à mettre des mots dessus. La vie continue. La satisfaction n'empêche pas de faire que la vie continue un petit peu. Il se trouve qu'elle est raccrochée plus tard à cette expérience de vie, mais sur le moment, je n'ai pas du tout réfléchi à ça comme ça. De toute façon, sur le moment, je n'ai pas du tout réfléchi du tout pour, ce qui est peut-être bien parfois. Dans mon nouveau taf, j'étais encore en période d'essai. Ils m'avaient vendu des missions très bien sur papier, mais que je n'occupais pas du tout dans les fêtes. Et à un moment, j'aurais dit, écoutez, moi, j'ai postulé pour ça. Vous me faites faire ça. Il y a un petit décalage. Ça ne va pas. On s'ensuit et quelques échanges RH sympathiques. On me dit, bah oui, effectivement, on a revu un peu la position sur ce poste-là. On souhaite que tu fasses ça. Quelle est ta position en face ? Et là, pourtant, qu'est-ce que je fais ? Vraiment, je... Je viens d'un milieu modeste. On m'a toujours dit CDI first. Je suis vraiment quelqu'un de très carré prudent. Et là, je revois ce moment où je dis à l'ARH, je fais, écoute, en fait, je pense que ça ne va pas le faire. On va s'arrêter là. Et alors, c'est comme dans les films, tu vois, je me dis, waouh, incroyable. Sauf qu'en fait, je sors de là, je fais, mais qu'est-ce que j'ai fait ? Je suis complètement teindrée. À quel moment tu quittes un job tout bien sur papier ? pour te retrouver avec rien. Ma 3 mois de période d'essai, j'étais même pas sûre d'avoir un chômage, j'allais même pas checker. J'ai dit, ça va pas, ça va pas. Et en fait, si ça va pas, j'arrête. J'ai eu plus d'attaches, ce job, non. Bon, ma chambre de bonne, je vais peut-être pas y faire ma vie non plus. Bon, j'ai pas de mec. Je crois que je vais aller tenter ma vie et que je vais aller vivre rien de si. Et alors là, je pense que ça a été le branle-bas de combat de toute famille, potes. On s'est dit, mais qu'est-ce qu'elle fait ? mais qu'est-ce qu'elle fait ? Et en fait, j'étais dans un flot de... Je me suis décidée, il faut que je parte maintenant. Mais vraiment, je pense que mon inconscient a dit, en fait, là, tu es sur ton flot. Si tu réfléchis à ce que tu es en train de faire, si demain tu poses un fichier Excel ou une réflexion et que tu es en train de dire, qu'est-ce que je suis en train de faire, tu ne le feras jamais. Donc en fait, j'ai quitté mon appart pour débarquer deux semaines après à Annecy. Et à ce moment-là, je ne réfléchis pas, je me fais juste confiance.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    confiance. portée par l'intuition, portée par l'envie, portée un peu, je pense, par cette excitation de me dire, allez, il y a un truc qui change, tentons. Et voilà, pour la deuxième fois cette année-là, j'écoute mon intuition, ça me fait confiance. Je me dis, allez, en fait, qui ne tente rien n'a rien. Je ne réfléchis pas du tout à ce que je fais. C'est un peu comme le chemin de compostelle, tu vois, par la fichière, pourquoi, est-ce que c'est bien ? Le peu de fois où je commence un petit peu à dire, vraiment, en fait, est-ce que vraiment tu es sûre ? Je me dis juste, au pire, qu'est-ce qui se passe si jamais ça ne se passe pas bien ? En pire, tu rentres, tu trouves une autre solution. C'est un peu pareil quand je parle de compostage. Je me disais, au pire, si vraiment ce n'était pas une bonne idée, au bout de huit jours de marche, tu te dis, mais qu'est-ce que je fous là ? En fait, c'est simple, tu vas à la gare la plus proche, tu prends un billet et puis tu rentres. Et je pense que le parallèle entre les deux m'a beaucoup plus marquée. En fait, les semaines et mois à venir où j'ai un peu réfléchi, je me suis dit, quel moment j'ai pris une décision aussi tarée pour moi. Je précise toujours pour moi parce que en soi, quitter un job, c'est pas non plus, tu vois, quand t'as pas une famille à nourrir, etc. C'est pas non plus un truc extrême. Quitter, pour moi, c'était vraiment la première fois que j'étais sans... J'avais pas de parachute, j'avais que d'album.

  • Speaker #0

    Est-ce que Camille, si elle n'avait pas fait le chemin de Compostelle, si elle n'avait pas pris 38 jours pour elle et marché pendant 1000 kilomètres, est-ce qu'elle l'aurait fait ?

  • Speaker #1

    Je ne pense pas, honnêtement. En tout cas, je n'aurais pas fait comme ça, c'est sûr. Avant de partir sur Compostelle, j'avais quand même essayé de chercher un peu du taf à Annecy. J'avais quand même l'idée qui me germait. Mais ce côté tenter tout pour le tout, me faire confiance, suivre mon instinct.

  • Speaker #0

    et tu vois elle est comme un pansement de faire allez c'est bon on y va on arrête de réfléchir 15 fois ça non je pense que j'aurais jamais fait et c'est ça et je pense que quelque part t'avais envie d'aller chercher des réponses mais je pense que ce que tu as gagné avec ce chemin c'est de la confiance en toi et ça je pense que le mouvement le sport de façon générale nous donne confiance en nous relève l'estime de soi et fait qu'on peut prendre des décisions qu'on aurait peut-être pas prises sans ça et là tu t'es écoutée et tu t'es dit en fait... go quoi, quand j'ai envie de faire des choses. Et cette réflexion que tu as de, au pire, qu'est-ce qui se passe ? Je pense que c'est un truc qu'on peut utiliser au quotidien sur dès qu'on a envie de faire des choses, c'est un peu genre, lever les freins, au pire, qu'est-ce qui se passe si je fais ça ? Et finalement, de se faire tous ces scénarii qui pourraient se passer, et dans ce que tu dis, c'est vrai aussi, c'est à trop vouloir conscientiser les choses, à trop vouloir réfléchir, à vouloir être la bonne élève, ton tableau Excel, d'essayer de trouver un boulot. Au final, on ne fait rien, en fait. On ne fait rien ou alors on repousse en permanence les choses. Et là, peut-être que le chemin, ça t'a donné ce coup de bousse et cette confiance en toi pour te dire, OK, maintenant, quand j'ai envie de faire des choses et quand j'ai envie de m'écouter, je vais le faire et je vais arrêter de me poser peut-être 10 000 questions et d'être la bonne élève que j'ai appris à être depuis que je suis toute petite.

  • Speaker #1

    Oui, complètement. Et tu vois, je trouve qu'il y a le côté aussi, petit bout par petit bout, qui est aussi lié à la confiance, de se dire d'un énorme truc. Tu te dis, waouh, en fait... dans quoi je m'embarque, mais encore une fois, ça peut être la prépa, un marathon, un ultra, partir marcher X temps, changer de région et se dire, il faut que je reconstruise ma vie. Quand tu te dis, écoute, on va faire chaque jour, on verra jour après jour ce que ça va donner, c'est pas de penser à, tu vois, qu'est-ce qui va se passer dans 40 jours, est-ce que tu arrives à Compostelle, tu te dis juste, aujourd'hui, je marche, demain, je vais voir, mais en fait, aujourd'hui, je marche, puis on verra bien comment ça va se passer. Et c'est vraiment ce côté un peu, qui rejoint le côté... et instant présent et aussi de dire chaque jour suffit sa peine on construit brique par brique puis mine de rien on fait en sorte que cette aventure prenne vie le sport a un très beau parallèle je trouve que quelle que soit la manière de pratiquer avec l'intention de la performance du dépassement, du plaisir de l'aventure je trouve que chaque manière de pratiquer apporte des choses différentes Merci. Et que de toute façon, dans la vie, dans le quotidien, ça apporte beaucoup de positifs aussi.

  • Speaker #0

    Et pour faire l'épilogue de ton chemin et de ton départ à Annecy, comment tu vas aujourd'hui ? Est-ce que tu es heureuse dans ta décision ? Est-ce que tu as trouvé ce que tu voulais dans ta nouvelle vie à Annecy ?

  • Speaker #1

    Oui, je suis très contente à Annecy, qui est une ville où je me sens bien. et je pense Je pense qu'au-delà du fait que c'est une ville où je me sens bien, c'est une ville que j'ai choisie et qui représente un lieu où j'ai choisi d'habiter. Et d'ordre du cadre, qui est très beau à toute saison et qui me permet d'être plus dans la nature, c'est aussi, je pense, cette représentation de cette étape importante où pour une fois, j'ai fait un choix pour moi. Peut-être pour une des premières fois, l'un des premiers choix, c'était de partir sur le chemin de Compostelle. Et un des deuxièmes choix, c'était de partir en vie et voir une ville où j'avais le souhait de vivre. Donc, je me sens bien ici. Ce n'est pas toujours simple. Tu retrouves les mêmes complications de construire sa vie, habiter, trouver un job. En tout cas, je m'y sens bien. Pour la petite histoire, j'ai refait un chemin de composteur un tout petit peu moins long, en 2023. Là aussi, parce que j'ai ressenti le besoin. J'avais créé mon entreprise, chose que j'aurais certainement... Pas faite d'ailleurs, si je n'étais pas partie sur le chemin quelques années avant, où je me suis dit, allez, c'est bon, on tente de tout pour le tour, on verra. J'ai fait trois ans d'entrepreneuriat qui ont été très durs. Et à un moment, je me suis dit, OK, je crois que j'ai besoin de reprendre un temps pour moi. J'ai besoin de me reposer des bonnes questions. Et en fait, le timing faisait qu'à ce moment-là, je pouvais partir trois semaines sur le chemin de Compostelle. Et cette fois, je suis partie sur la voie du puits. Je suis rentrée quelques semaines plus tard. Je postulais en CDI et j'ai des prises quelques mois plus tard. C'est marrant parce que pour le coup, je n'avais pas posé d'intention de changement. J'étais juste là, il faut que je fasse une pause. Je sais que ça me manque quand tu as pris un peu goût au chemin. C'est pour ça que certains restent, construisent un albergue, marchent pendant des mois, des années ou vont être volontaires dans une auberge du chemin parce qu'en fait, quand tu as un peu goûté, Merci. à cet état d'esprit, à cette espèce de parenthèse un peu enchantée, un peu cocon. Tu as envie d'y revenir. Je ne referai pas ça tous les ans non plus parce qu'il y a d'autres aventures, j'ai envie de découvrir d'autres choses. J'ai construit une vie, j'ai mon conjoint qui n'a pas forcément envie de partir sur mon postel. Je ne repartirai dans tous les cas pas tous les ans. Au moins, des fois, cette petite envie, cette petite étincelle, je repartirai bien. Elle n'est jamais très longue quand même.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a un message que tu aimerais transmettre aux auditeurs et aux auditrices ?

  • Speaker #1

    Ça va être très cliché, mais la vie me l'a rappelé beaucoup de fois, notamment cette année où où j'ai perdu mon papa. C'était très dur. Et en fait, c'est très cliché de dire, mais la vie est quand même courte. Ça fait très très film de Noël, mais oui, la vie est quand même courte. On oublie souvent, on le rappelle souvent, malgré nous. Et je trouve qu'il ne faut pas non plus faire... Enfin, il faut retrouver, parce que le côté un peu vie, tes rêves, fuck, fuck à tout, c'est un peu too much. Donc je trouve qu'il y a quand même une question de modération, parce que voilà, c'est pas si simple. contre, écouter un peu son intuition, écouter un peu ses tripes, savoir s'écouter, écouter ses envies. Il y a une petite voix qui murmure et qui dit « j'ai quand même très bien envie de faire ça, si elle reste persistante » . Il y a souvent des raisons, il y a souvent quelque chose qui explique ça. Donc, réussir à s'écouter et réussir à s'écouter vraiment, pas juste le « écouter, j'ai envie de m'acheter un sac à main d'un ami » , pas écouter la première couche qui souvent, finalement, n'est pas la plus utile et ne nous veut pas forcément du bien. Mais écouter vraiment celle qui résonne, qui est là un peu dans notre ventre, qui fait des papillons, qui essaie un peu de ressortir. Et des fois, on dit, mais qu'est-ce que tu me racontes ? Celle-là, elle nous laisse un petit peu plus de place. En tout cas, l'écouter, après, on en fait ce qu'on en veut. Mais l'écouter fait du bien.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as gardé un rituel de compostelle dans ta vie d'aujourd'hui ? Ça peut être écrire, marcher seule. Est-ce que tu as gardé quelque chose avec toi qui te suit ?

  • Speaker #1

    Un truc que j'ai retenu. tenue et j'ai encore fait un gros travail il y a quelques semaines pour vider énormément de placards parce que moi je suis quelqu'un qui a un peu la peur du manque, j'ai besoin de me rassurer j'ai plein d'affaires et tout et tout c'est ce côté un peu quand tu te dépouilles un peu du surplus quand t'as tes trois t-shirts et tes deux shorts tu te rends compte que souvent c'est très bien comme ça, t'as pas besoin de faire des réserves cette peur de manquer elle est pas utile et en fait c'est surtout que tu te sens beaucoup plus libre ... et tu le sens beaucoup moins oppressé, moins de choses physiques, d'objets, mais aussi de choses qui te polluent. Et ça, je trouve que la liberté du chemin, qui est une liberté matérielle, une liberté psychologique, elle est géniale parce qu'on est quand même dans une société où on est tout le temps sur sollicité. Et moi, ce bonheur de la zéro sollicitation slash matériel le plus simple, je l'ai connu pendant plusieurs jours et je sais à quel point il fait du bien. Donc ce côté, oui, Je ne sais pas si on peut le traduire par du minimalisme, on n'en est pas du tout là, mais d'essayer un petit peu de désengorger tout ça et de revenir un peu parfois à des routines plus simples, plus synthétiques, ça fait du bien.

  • Speaker #0

    Tu me fais la transition parfaite vers une phrase que j'avais notée, ça sera la dernière que je vais lire. Loin de cette surabondance de mille riens, je me sens tout simplement riche de tout. Et je pense que c'est exactement ce que tu viens de dire, c'est que parfois on s'entoure de plein de choses. de cette surabondance, mais finalement, c'est des rien, alors que le chemin, tu étais riche de tout, alors que tu n'étais entourée de rien, mais tu t'es entourée de l'essentiel peut-être, qui est la nature, qui est la nature humaine, sauvage, etc. Est-ce qu'il y a un conseil que tu donnerais à quelqu'un qui voudrait se lancer sur le camino ?

  • Speaker #1

    Moi, le meilleur conseil pour moi, c'est d'y aller, d'y aller. Après, tout ce qui est équipement, il y a 15 000 conseils là-dessus, et franchement, il n'y a pas besoin non plus. Encore une fois, ce n'est pas une expédition polaire, on peut faire simple, j'ai vu des gens qui étaient très mal équipés. C'est juste un peu moins confortable et c'est un peu plus compliqué. Mais bon, ils s'en sortent aussi très bien. Pour moi, s'il y a une envie de partir, y aller. Y aller pour quelques jours, y aller pour une semaine, y aller seule, y aller avec des gens. Tout dépend de ce qui rassure aussi. Des fois, il y a beaucoup, surtout les femmes, besoin d'être rassurées, ce que je comprends complètement. Pour moi, c'est de faire le premier pas, encore une fois. Souvent, le premier pas, le deuxième, le troisième, on se dit... « Ah, mais en fait, je me faisais tout un plat, je me faisais toute une histoire. » Voilà, ça passe. Et j'en vois énormément. J'avais rencontré une femme qui marchait avec son fils pour la première fois, qui me disait « On avait peur, du coup, on a tout réservé. » Et on s'est dit « 10-15 kilomètres, pas plus, par jour. » Elle me disait « Là, en fait, je suis très frustrée parce que 10-15 kilomètres par jour, on est complètement capable de le faire. » On arrive hyper tôt dans les auberges. Je passe l'après-midi à lire alors que j'ai envie de continuer à marcher. Et en fait, la plupart du temps, les gens se sous-estiment énormément alors qu'ils sont capables de beaucoup plus qu'ils ne pensent pas. Donc pour moi, si quelqu'un a envie de le faire, qu'il le fasse. Il y a plein de manières de faire. simple et de mettre un premier pas dans l'aventure.

  • Speaker #0

    J'espère que ça donnera envie à plein d'autres personnes de le faire. En tout cas, moi, ça m'a donné très, très envie quand j'ai lu ton livre. On arrive à la fin de notre discussion. On va passer au rituel de fin de Booster. Est-ce que tu as une ressource inspirante à partager et pourquoi ?

  • Speaker #1

    J'ai mes petites cartes Taltek que j'utilise quasi quotidiennement et j'aime bien. Dans ma routine, j'aime bien, tu vois, ces petits trucs simples, la petite carte que je sors avec le... petits mots qui te parlent souvent.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a une chanson qui te booste et qu'est-ce qu'elle déclenche chez toi ?

  • Speaker #1

    J'adore la femme. Le mec me dit que c'est un truc de bobo parisien, mais oui, je reste une bobo parisienne très loin dans mon esprit.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu as un mantra qui t'accompagne ?

  • Speaker #1

    Le mantra qui m'accompagnerait, c'est... Moi, j'aime bien le côté jour après jour. Je pense que c'est un peu le côté Camino. Ouais, jour après jour. J'ai tendance à... Tout vouloir solutionner, tu vois, un peu ce truc de tout faire, prendre un projet et me dire, OK, je vais tout faire aujourd'hui. Et en fait, des fois, je me dis, OK, on va y aller jour après jour. Ça n'a rien de te coucher à 2h du matin parce que tu as voulu tout finir ou parce que tu étais en train de réfléchir. Voilà, détends-toi et compartimente.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a une personne que tu aimerais entendre à ce micro ? Et qu'est-ce qu'elle t'inspire ?

  • Speaker #1

    Je suis beaucoup tous. qui est Trail. Je trouve qu'une personne qui est inspirante en ce moment, c'est Blandine Hirondel. Je la trouve inspirante par son parcours, par sa vibe. Voilà, ça fait partie des femmes qui inspirent par la performance mais ce n'est pas forcément ce qui me parle le plus. C'est plus par son mindset. Tu as envie que ce soit un peu ta bonne copine, quoi. Tu te dis c'est une bonne copine qui est en même temps inspirante, qui a l'air accessible et qui a un chouette parcours.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup Camille, c'était hyper chouette d'échanger avec toi sur ton chemin et merci de t'être livrée au micro.

  • Speaker #1

    Avec plaisir et puis merci à toi.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir écouté cet épisode de Booster avec Camille. Si celui-ci t'a donné envie de partir marcher, de te faire confiance, dis-le nous et partage-le autour de toi. Et souviens-toi, comme le dit Camille, on avance jour après jour et fais de la place à la petite voix qui est en toi. Abonne-toi pour ne rien louper des prochains épisodes. Laisse un avis et 5 étoiles sur ta plateforme d'écoute, ça m'aide beaucoup. Et retrouve les coulisses et nouveautés sur notre Instagram boost.heure.podcast. On se retrouve très vite pour un nouvel épisode de Booster.

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