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24min |06/01/2025
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24min |06/01/2025
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Description

✨ Aujourd’hui, j’avais envie de te partager mon expérience et mes pensées sur deux aspects essentiels et profondément liés au trouble de la personnalité borderline : l’instabilité de l’image de soi et la honte. Que tu sois concerné par le trouble ou non, peut-être que tu as déjà vécu des conflits d’égo, une détérioration de ton image ou ressentis de la honte à divers moment de ta vie. C’est normal, c’est physiologique, mais voyons en quoi cela peut impacter profondément le quotidien quand ce n’est pas suffisamment conscientisé. 🧐


D’où viens l’instabilité dans l’image de soi et comment est-elle entretenue par la honte, souvent déguisée sous d’autres émotions ? On parlera dans cet épisode de faux-self, du syndrome du caméléon, de la difficulté à maintenir des relations stables, de la fluctuation dans les choix de vie et du risque de dépendance au regard des autres. L’occasion pour moi de te confier, les choses qui m’ont permises de travailler sur ces sentiments et aussi des exercices pratiques qui ont été déterminants dans mon rétablissement. ☔


Attention, les exemples que je mentionne ne ressemblent peut-être pas complètement à ton vécu et c’est bien normal puisque chaque personne est différente. Également, quand je te parle des thérapies ainsi que de ce qui m’a aidé, c’est parce que ce sont des choses que j’ai moi-même expérimenté et vécu, cela ne signifie pas qu’elles sont les seules méthodes pour travailler sur soi et encore moins qu’elle sont adaptées à ton besoin. Si je te parle de ce qui m’a aidé, c’est pour te transmettre de l’espoir. Que tu saches qu’il est possible de stabiliser son image de soi et d’accueillir sereinement son sentiment de honte. 💪


Envie de soutenir le projet, pour valoriser la libre circulation et accessibilité à l’information ? Grâce à l’élan de la communauté, le podcast possède maintenant une page de financement tipeee : https://fr.tipeee.com/borderline-le-podcast 👈 Pour que chacun.e d’entre vous qui souhaite contribuer puisse le faire à sa hauteur ! Sinon, tu peux toujours mettre 5 étoiles 🌟 et un commentaire sur ta plateforme d’écoute pour aider gratuitement ! MERCI 🙏


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Borderline, le podcast inspirant qui déstigmatise et informe sur le trouble de la personnalité limite, aussi appelé trouble borderline. Bonjour à toi, je suis très heureuse de te retrouver pour ce nouvel épisode ressources. Le dernier était sur la peur de l'abandon et tu as peut-être fait partie de celles et ceux qui m'ont fait des retours chaleureux suite à sa diffusion. Merci pour ton accueil et ta fidélité. Je suis ravie de savoir que ces épisodes résonnent en toi et t'apportent des clés de réflexion sur ton vécu. Pour faire suite à vos retours sur comment pérenniser l'existence du podcast et parce que cela représente beaucoup de coûts quand on fait de le produire et de le diffuser, j'ai ouvert une page Tipeee que tu trouveras en description de l'épisode. L'occasion pour toi, qui le souhaite, de soutenir le projet en participant à ta hauteur à partir d'un euro par mois. Grâce à ton tips, le podcast pourra grandir, perdurer. et se diversifier. Toujours dans cette idée d'aller à la rencontre de tous ceux qui vivent ou cohabitent avec le trouble borderline. Car chaque voie et expérience compte, surtout la tienne. Aujourd'hui, j'avais envie de te partager mon expérience et mes pensées sur deux aspects essentiels et profondément liés au trouble de la personnalité borderline. J'ai nommé l'instabilité de l'image de soi et la honte. Que tu sois concerné par le trouble ou non, Peut-être que tu as vécu des conflits d'égo, une détérioration de ton image ou ressenti de la honte à différents moments de ta vie. C'est normal, c'est physiologique. Mais voyons en quoi cela peut impacter profondément le quotidien quand ce n'est pas suffisamment conscientisé. Allez, c'est parti pour un tour d'horizon du sujet ensemble. Bonne écoute à toi ! On retrouve la notion d'instabilité dans l'image de soi parmi les critères diagnostiques du trouble de la personnalité borderline. La honte, quant à elle, est un sentiment qui semble être expérimenté par tous, à des degrés variables, mais qui, selon mon expérience, jalonne et entretient des comportements et schémas de pensée douloureux. Comme ces deux phénomènes traduisent une lutte identitaire intense, marquée par des fluctuations constantes et une évaluation parfois sévère de soi-même. Eh bien, j'avais envie de les mettre en discussion. L'instabilité de l'image de soi peut se manifester par un sentiment d'incohérence ou une difficulté à savoir qui l'on est vraiment. La honte, quant à elle, agit comme une émotion envahissante, imprégnant la perception de soi et influençant les comportements. Et j'ai remarqué qu'ensemble, ces deux dynamiques créent un cercle vicieux qui affecte profondément ma vie quotidienne. Qu'en est-il pour toi ? Dans cet épisode, nous verrons les origines de ces deux dynamiques, leurs manifestations dans le quotidien, leur impact sur les relations et sur les choix de vie. Et aussi des pistes thérapeutiques qui permettraient peut-être de construire une identité plus stable et apaiser le sentiment de honte. L'instabilité de l'image de soi et la honte trouvent souvent leurs racines dans l'enfance et l'adolescence, où les premières expériences façonnent l'identité de chacun. Pour les personnes qui souffrent d'un TPB, il n'est pas rare d'identifier que la notion d'être soi s'est érigée sur des bases fragiles. L'identité de chacun se construit à travers les interactions avec la famille, les amis, l'école ou encore les normes et valeurs transmises par la société. Une personne borderline peut ressentir une difficulté accrue à intégrer ses influences de manière stable. Par exemple, grandir dans un environnement où les attentes étaient floues, contradictoires ou trop rigides peut empêcher l'enfant de développer un sens de soi solide. Imaginons par exemple qu'un enfant est élevé dans un environnement où les attentes changent constamment ou sont impossibles à satisfaire. Et il ne peut pas développer une image de soi concrète. Elle est forcément stabilisée et instable. Marshall Inhan, psychologue et chercheuse émérite, dont je t'ai déjà parlé puisqu'elle est à l'origine de la thérapie dialectique, explique que beaucoup de personnes qui souffrent du trouble borderline ont grandi dans des environnements où leur perception était constamment remise en question ainsi que leurs émotions minimisées ou niées. Par exemple, un enfant qui exprime de la tristesse et à qui on dit « tu n'as aucune raison d'être triste » ou « tu exagères toujours » peut avec le temps perdre confiance dans ses propres ressentis, renforçant ainsi l'instabilité identitaire. La métaphore des miroirs déformants, comme décrite dans la thérapie dialectique, explique la manière dont les personnes perçoivent leur propre image ou celle des autres. Cette perception peut être exagérée, négative ou instable, empêchant de nommer ou d'identifier ces émotions de manière appropriée. comme si on regardait son reflet dans un miroir déformant, ce qui contribue fortement à développer l'instabilité identitaire. Pour se conformer et éviter le rejet, dès l'enfance, un faux-self peut se développer. Le terme de faux-self fait référence à un ensemble de comportements ou d'attitudes adoptées pour répondre aux attentes des autres, au détriment de l'authenticité et des besoins réels de la personne. En bref, le faux-self est une version de soi façonnée par des influences extérieures. Cette notion de faux-self est profondément nourrie par le schéma de peur d'abandon et du rejet, avec des pensées du type « si je montre mon vrai moi, je serai rejeté » , ainsi que le schéma d'exigence élevé avec des pensées comme « je dois être parfaite ou irréprochable pour pouvoir être acceptée » . A force, les personnes risquent de s'installer inconsciemment dans ce que l'on nomme le syndrome ou l'effet caméléon. Se suradaptant sans cesse par souci d'être aimé, rendons les bases des relations artificielles ou biaisées. En adaptant notre attitude, notre comportement, nos opinions, nos émotions, en fonction des attentes que l'on perçoit chez les autres, on s'expose à la perte de soi et en renforcement du sentiment d'incohérence identitaire. Cette incohérence identitaire rend difficile l'accès à une vision de soi stable et cohérente. nous poussant ainsi à passer d'un extrême à l'autre. Imagine par exemple une personne qui peut se sentir compétente un jour, puis après une critique perçue, se considérer comme un échec total le lendemain. Cette difficulté à répondre à la question « qui suis-je vraiment ? » crée un fort sentiment d'insécurité existentielle, très intense et persistant. De plus, ce masque social de faux-self qui, bien qu'utile pour maintenir les apparences, peut provoquer une crise interne violente lorsque l'écart entre celui-ci et le vrai soi devient insupportable. Malheureusement, cette instabilité de l'image de soi ne s'arrête pas à la sphère interne et au ressenti, bien que cela représente déjà une souffrance qui est immense. Non, l'instabilité de l'image que l'on a de soi affecte de nombreux aspects de la vie extérieure, comme par exemple la difficulté à maintenir des relations stables. Le faux-self combiné à une peur constante du rejet peut rendre les relations intimes particulièrement compliquées. La personne peut se suradapter au comportement de son ou sa partenaire, jusqu'à ce qu'une remarque anodine provoque une crise émotionnelle intense et une séparation entre les besoins profonds et la contrainte de vouloir plaire. On retrouve aussi l'instabilité dans des choix de vie très fluctuants. Les objectifs professionnels, les amitiés ou les passions peuvent changer brusquement reflétant l'instabilité qui est vécue à l'intérieur. Par exemple, s'investir corps et âme dans un projet artistique pour finalement l'abandonner du jour au lendemain parce qu'une critique a été mal interprétée. L'instabilité de soi est aussi dépendante du regard extérieur. Le « moi » d'une personne concernée par le trouble borderline est parfois si poreux qu'il dépend presque entièrement des autres pour exister. Un compliment peut provoquer un enthousiasme, et un sentiment de puissance démesuré, tandis qu'une critique, pourtant en apparence anodine, peut entraîner un effondrement émotionnel total. Parlons à présent, et un peu plus précisément, du sentiment de honte. Les personnes concernées par le trouble borderline éprouvent souvent une honte profonde vis-à-vis de leur identité perçue. Parce qu'elle dépasse souvent des événements isolés, on peut même parler d'une honte dite existentielle. comme un jugement intérieur qui porte sur l'ensemble de leur être. Une personne peut ressentir une honte intense sans déclencheur précis, se percevant comme fondamentalement défaillante, non fonctionnelle ou même monstrueuse. Ce sentiment de honte inconscient peut se traduire par des comportements d'autosabotage, comme ruiner une relation ou abandonner un projet, par peur inconsciente de l'échec ou du rejet, et donc de vivre une amplification de ce sentiment honteux. Autre amplificateur dans le cas de la honte, c'est l'hypersensibilité au regard extérieur couplé à la peur du rejet. Souvent perçue comme de la susceptibilité par les autres, c'est en réalité bien la honte qui se dissimule chez les personnes sous couvert d'être qualifiées souvent de sous-polais. Et oui, imaginez que l'on ait en nous un réservoir pour la honte, et bien le nôtre, il est déjà blindé par cette honte existentielle vis-à-vis de notre instabilité identitaire. Donc, la moindre goutte supplémentaire à travers une remarque ou une situation, fissure et fait exploser la cuve. Voilà deux exemples pour illustrer mon propos. La personne ressent un retour constructif au travail, du type « Ecoute, essaie d'améliorer cet aspect pour la prochaine fois, c'était quand même bien. » Cela peut provoquer une spirale de dévalorisation et d'émotions intenses associées à ce type de pensée. « Je suis incapable. » « Je ne fais jamais bien. » « Je ne suis pas méritante. » « Je ne fais aucun effort. » Une telle situation pourrait entraîner un comportement autodestructeur ou une impulsion à quitter le poste. Ou alors, lors d'un dîner, Une plaisanterie innocente sur un trait de caractère fuse telle que « Hum, t'es vraiment têtu toi parfois ! » Eh bien, cela peut être ressenti comme une humiliation publique. Cela peut provoquer une réaction qui semble disproportionnée comme partir brusquement, pleurer ou répondre de manière agressive pour se défendre. Ces réactions physiologiques sont souvent incomprises par l'entourage. Mais elles s'expliquent par l'intensité des émotions ressenties et la vulnérabilité à la honte qui... caractérise le trouble borderline. Il faut imaginer que cet effondrement de réservoir de honte est tellement douloureux qu'il empêche la personne de rationaliser. Imaginez qu'il soit rempli d'un liquide corrosif et puissant. La douleur physique et psychique ressentie est intolérable, comme si on brûlait au-dedans. Lorsqu'on n'est pas bien outillé pour échapper au fait de vivre ce type d'événement et à cette honte écrasante, des stratégies insidieuses se mettent inconsciemment en place comme le fait de porter un masque lors des interactions, en jouant un rôle pour cacher sa vulnérabilité, de s'isoler en minimisant ou en évitant les interactions sociales, par peur d'être jugé ou rejeté. Ou avoir des comportements impulsifs et autodestructeurs, car les états de détresse intenses mènent à des comportements hétéro-agressifs et des comportements autodommageables ou automutilatoires. Et on ne le fait pas exprès. Tu l'auras compris, c'est un véritable cercle vicieux. L'instabilité de l'image de soi et la honte se nourrissent mutuellement dans une sorte de dynamique auto-renforçante. La honte alimente l'instabilité. Si je ressens autant de honte, c'est que je ne suis personne. Et l'instabilité renforce la honte. Je change tout le temps, donc je ne suis pas normale. Je te propose un petit exemple pour bien comprendre comment l'instabilité nourrit la honte et vice-versa. Imaginons cette personne concernée par le trouble borderline face à une critique qui semblerait, encore une fois, banale au travail. Je prends cet exemple parce que je le trouve assez parlant et compréhensible pour chacun. Elle remet alors en question son identité. Je suis une personne incompétente. La honte s'installe, tout le monde doit penser que je suis nul. Elle modifie son comportement, devient perfectionniste et inflexible, s'éloignant ainsi de ses collègues pour les protéger de son... de son incompétence imaginée. Ses collègues ne comprennent pas son changement de comportement et de mise à l'écart, la personne se sent rejetée, le cycle se répète, renforçant ainsi l'instabilité et la honte. Alors la question, c'est comment reconstruire une image de soi tout en apprivoisant cette honte ? Eh bien, peut-être d'abord en acceptant que l'instabilité est déjà une part de toi-même. Il est important de reconnaître que pour tout le monde, l'identité est un processus fluide Et cette fluidité n'est pas nécessairement un défaut. Bah oui, travailler à se reconnecter à soi-même, sans chercher à se conformer aux attentes extérieures est une étape clé, qui nécessite, je te rassure, beaucoup de temps. Pour ma part, j'ai utilisé des méthodes comme le fait de chercher quelles étaient mes valeurs personnelles en me posant la question « qu'est-ce qui compte vraiment pour moi ? » Cela peut être... Peut-être... être des valeurs professionnelles ou plutôt des valeurs personnelles. Je me suis aidée pour cela de la roue des valeurs ou des listes de valeurs courantes que tu pourras retrouver sur Internet. Lors de ma thérapie ACT, j'ai notamment fait un exercice que j'ai beaucoup aimé en tant que thanatophile. Peut-être que je t'expliquerai ça dans un autre épisode. C'est celui de l'éloge funèbre, aussi appelé discours à soi-même. Alors attention, j'imagine bien que cet exercice-là, il nécessite d'avoir une relation apaisée. avec la notion de mort et d'être stabilisé quant aux pensées suicidaires et comportements autodommageables. Il est évidemment à faire dans un contexte de stabilisation et de quête d'alignement à soi, idéalement avec la supervision d'un thérapeute. Bien, donc l'idée de l'exercice de l'éloge funèbre était de m'imaginer assister à mon hommage posthume, après une longue et belle vie et une mort douce de vieillesse. Et de réfléchir sincèrement... À quelle qualité je voudrais que l'on associe à mon parcours de vie dans ce discours ? Quels souvenirs je souhaiterais laisser derrière moi ? Le fait de définir ces valeurs a été très puissant dans la compréhension de qui j'étais par rapport à mon trouble. Aussi car cela m'a notamment permise par la suite de définir mes besoins. Et oui, les besoins sont des conditions nécessaires pour vivre en accord avec ces valeurs. Par exemple, une de mes valeurs est l'authenticité. Et mon besoin est d'avoir des conversations honnêtes, sans phare avec mes proches. Une autre de mes valeurs est la convivialité. Mon besoin est notamment d'avoir des moments d'échange et de partage avec du respect mutuel tacite. C'est pour cela que j'adore jouer aux jeux de société avec mes proches par exemple. Une autre de mes valeurs, c'est la liberté. Et le besoin que j'ai rattaché à cela, d'avoir de l'autonomie dans la prise de décision en lien avec le travail. Tu vois, cela peut être très concret. Alors quelles seraient tes valeurs et tes besoins à toi ? N'hésite pas à employer la liste des besoins universels qu'on retrouve dans la communication non-violente pour relier tes valeurs à des besoins humains. commun à tous. Tu l'auras aussi compris, plutôt que de fuir les situations, il est possible d'utiliser des outils concrets pour apprivoiser le sentiment de honte. Il y a un exercice pratique assez clair et efficace que j'ai découvert en thérapie des schémas et en intégration du cycle de la vie. C'est celui de la ligne de soin. Cette méthode s'intéresse à la clarification du sentiment d'identité, à la régulation émotionnelle et Ausha de pensée lié à la honte. L'idée était de dessiner une sorte de ligne temporelle et de la diviser en périodes clés allant de l'enfance à ma vie adulte. J'y ajoutais des points heureux ou difficiles devant travailler à y décrire les émotions ressenties. Dans mon cas, à ce moment-là, c'était axé sur la honte en opposition à ce que j'avais nommé la fierté. J'avais choisi des couleurs pour ces deux sentiments opposés, selon moi, ce qui m'a permis de constater les schémas de moments où la honte a été un levier important. Et aussi de réaliser que dans des moments qui devraient être vécus selon les autres ou perçus comme tels par les autres, comme un événement heureux, où je devrais être fière, où je pourrais être fière, eh bien c'était surtout associé à de la honte pour moi. La couleur se superposait avec l'autre. Pas mal de comprendre que de m'exposer à l'admiration me rendait honteuse et donc nourrissait mon instabilité dans mon image de moi. C'est d'ailleurs comme cela que j'ai arrêté d'exposer des productions artistiques ou de vouloir faire de l'art un métier. Malin, mais pas complètement réglé. Tu vois, je n'ai pas encore trouvé la solution aujourd'hui, mais c'est ok de faire comme ça pour le moment. Dans mon rétablissement, ce qui a été aussi déterminant pour moi, c'est d'apprendre à me valider émotionnellement, à accepter que la honte est une émotion humaine, mais qu'elle ne définit pas ma valeur. En thérapie, j'ai appris à identifier mes pensées automatiques telles que « je suis inutile » et lorsqu'elles me traversent l'esprit, alors, je travaille à la remplacer par une affirmation plus réaliste telle que « tiens, je ressens de l'insécurité en ce moment, ça me donne cette sensation désagréable et cette pensée d'inutilité » . Ma pensée réactionnelle et physiologique, c'est parce que je suis stressée. Ce qui m'a beaucoup aidé à accueillir ma sensation de honte existentielle et à me valider. C'est la pratique de l'autocompassion dans le cadre de la pleine conscience. Je repense souvent à une méditation guidée que j'ai vécue en groupe thérapeutique. Elle amenait à imaginer la présence d'un compagnon dit bienveillant. Nous devions l'imaginer, le définir comme il nous vient. Est-il une personne réelle ? Un personnage anthropomorphe ? Nous-mêmes ou que sais-je ? Où nous reçoit-il ? Est-ce que c'est chez lui ? Est-ce que c'est chez moi ? À quoi ressemble ce lieu chaleureux dans lequel je peux venir ? me réconforter ? Que fait-il pour m'accueillir et me soutenir ? Est-ce qu'il m'offre quelque chose ? Est-ce qu'il m'écoute ? Est-ce qu'il m'enlace ? Est-ce qu'on danse ? Tout est possible et après tout, cela appartient à chacun. La première fois que j'ai vécu cette méditation guidée, j'ai imaginé être dans une chaumière qui était en réalité un terrier, comme celui de Coco Lapin. Il y avait un feu dans la cheminée. Je pouvais sentir l'odeur de la frangipane et du thé au marron confit. Là, il y avait debout un blaireau, de dos. Et lorsque le blaireau s'est retourné, j'ai pu voir qu'il portait un gilet à carreaux bruns et noirs et un monocle. Il tenait dans ses pattes un plateau avec le goûter. La première fois, il n'a rien dit. Il m'a juste enroulé dans une grande couverture en me servant une tasse de thé. Et c'était tout. À mesure que j'ai refait l'exercice guidé, le blaireau m'a repris. dans ses bras, puis il a rapetissé jusqu'à avoir la capacité d'être invisible, tout petit, accroché sur mon dos. C'était pratique, car je l'imaginais l'avoir tout le temps sur moi, dans les moments difficiles où j'avais besoin d'être validée immédiatement. Puis un jour, il n'y avait plus personne d'autre que moi dans ce terrier. Et je me suis auto-enlacée. Voilà ce que j'ai vécu et compris de l'autocompassion et du fait de s'accepter sur l'instant. C'est rien d'autre que l'histoire de mon reflet dans un miroir. Alors tu vois, le miroir déformé finit toujours par s'apaiser, quand la honte peut être accueillie pleinement. J'espère que tous ces exemples résonnent pour toi et que tu as apprécié cet épisode. Que cela t'a apporté un éclairage nouveau sur l'instabilité de l'image de soi et la honte profonde. Et surtout de comprendre qu'elles ne sont pas des fatalités. Les défis qu'elles nous font relever reflètent une intense quête identitaire. Mais avec un accompagnement adapté, il est possible de se réconcilier avec soi-même. Donc n'oublie pas, tout ce que je t'ai dit de moi, c'est mon chemin, mes étapes. et elles se sont réalisées grâce à l'accompagnement thérapeutique de soignants expérimentés. Alors la meilleure chose à se dire avant de se quitter, c'est parle-en avec la bonne personne pour toi, fais ce qu'il te plaît, tente des choses, et tu verras, cette image de toi se stabilisera. Tu n'es pas seul, et je te remercie pour ton écoute, car sans toi, ce podcast n'aurait pas vraiment d'intérêt. J'attends avec impatience ton retour. N'hésite pas à me dire ce qui a marché pour toi. et si cet épisode t'a fait cogiter. Pense aussi à le partager à un proche qui pourrait en avoir besoin pour mieux te comprendre ou avant d'en discuter avec lui. Si tu peux également soutenir le podcast en lui mettant 5 étoiles et un commentaire sur ta plateforme d'écoute ou en le typant sur la plateforme Tipeee. Alors, c'est parfait. Merci à toi et à très bientôt.

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✨ Aujourd’hui, j’avais envie de te partager mon expérience et mes pensées sur deux aspects essentiels et profondément liés au trouble de la personnalité borderline : l’instabilité de l’image de soi et la honte. Que tu sois concerné par le trouble ou non, peut-être que tu as déjà vécu des conflits d’égo, une détérioration de ton image ou ressentis de la honte à divers moment de ta vie. C’est normal, c’est physiologique, mais voyons en quoi cela peut impacter profondément le quotidien quand ce n’est pas suffisamment conscientisé. 🧐


D’où viens l’instabilité dans l’image de soi et comment est-elle entretenue par la honte, souvent déguisée sous d’autres émotions ? On parlera dans cet épisode de faux-self, du syndrome du caméléon, de la difficulté à maintenir des relations stables, de la fluctuation dans les choix de vie et du risque de dépendance au regard des autres. L’occasion pour moi de te confier, les choses qui m’ont permises de travailler sur ces sentiments et aussi des exercices pratiques qui ont été déterminants dans mon rétablissement. ☔


Attention, les exemples que je mentionne ne ressemblent peut-être pas complètement à ton vécu et c’est bien normal puisque chaque personne est différente. Également, quand je te parle des thérapies ainsi que de ce qui m’a aidé, c’est parce que ce sont des choses que j’ai moi-même expérimenté et vécu, cela ne signifie pas qu’elles sont les seules méthodes pour travailler sur soi et encore moins qu’elle sont adaptées à ton besoin. Si je te parle de ce qui m’a aidé, c’est pour te transmettre de l’espoir. Que tu saches qu’il est possible de stabiliser son image de soi et d’accueillir sereinement son sentiment de honte. 💪


Envie de soutenir le projet, pour valoriser la libre circulation et accessibilité à l’information ? Grâce à l’élan de la communauté, le podcast possède maintenant une page de financement tipeee : https://fr.tipeee.com/borderline-le-podcast 👈 Pour que chacun.e d’entre vous qui souhaite contribuer puisse le faire à sa hauteur ! Sinon, tu peux toujours mettre 5 étoiles 🌟 et un commentaire sur ta plateforme d’écoute pour aider gratuitement ! MERCI 🙏


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  • Speaker #0

    Borderline, le podcast inspirant qui déstigmatise et informe sur le trouble de la personnalité limite, aussi appelé trouble borderline. Bonjour à toi, je suis très heureuse de te retrouver pour ce nouvel épisode ressources. Le dernier était sur la peur de l'abandon et tu as peut-être fait partie de celles et ceux qui m'ont fait des retours chaleureux suite à sa diffusion. Merci pour ton accueil et ta fidélité. Je suis ravie de savoir que ces épisodes résonnent en toi et t'apportent des clés de réflexion sur ton vécu. Pour faire suite à vos retours sur comment pérenniser l'existence du podcast et parce que cela représente beaucoup de coûts quand on fait de le produire et de le diffuser, j'ai ouvert une page Tipeee que tu trouveras en description de l'épisode. L'occasion pour toi, qui le souhaite, de soutenir le projet en participant à ta hauteur à partir d'un euro par mois. Grâce à ton tips, le podcast pourra grandir, perdurer. et se diversifier. Toujours dans cette idée d'aller à la rencontre de tous ceux qui vivent ou cohabitent avec le trouble borderline. Car chaque voie et expérience compte, surtout la tienne. Aujourd'hui, j'avais envie de te partager mon expérience et mes pensées sur deux aspects essentiels et profondément liés au trouble de la personnalité borderline. J'ai nommé l'instabilité de l'image de soi et la honte. Que tu sois concerné par le trouble ou non, Peut-être que tu as vécu des conflits d'égo, une détérioration de ton image ou ressenti de la honte à différents moments de ta vie. C'est normal, c'est physiologique. Mais voyons en quoi cela peut impacter profondément le quotidien quand ce n'est pas suffisamment conscientisé. Allez, c'est parti pour un tour d'horizon du sujet ensemble. Bonne écoute à toi ! On retrouve la notion d'instabilité dans l'image de soi parmi les critères diagnostiques du trouble de la personnalité borderline. La honte, quant à elle, est un sentiment qui semble être expérimenté par tous, à des degrés variables, mais qui, selon mon expérience, jalonne et entretient des comportements et schémas de pensée douloureux. Comme ces deux phénomènes traduisent une lutte identitaire intense, marquée par des fluctuations constantes et une évaluation parfois sévère de soi-même. Eh bien, j'avais envie de les mettre en discussion. L'instabilité de l'image de soi peut se manifester par un sentiment d'incohérence ou une difficulté à savoir qui l'on est vraiment. La honte, quant à elle, agit comme une émotion envahissante, imprégnant la perception de soi et influençant les comportements. Et j'ai remarqué qu'ensemble, ces deux dynamiques créent un cercle vicieux qui affecte profondément ma vie quotidienne. Qu'en est-il pour toi ? Dans cet épisode, nous verrons les origines de ces deux dynamiques, leurs manifestations dans le quotidien, leur impact sur les relations et sur les choix de vie. Et aussi des pistes thérapeutiques qui permettraient peut-être de construire une identité plus stable et apaiser le sentiment de honte. L'instabilité de l'image de soi et la honte trouvent souvent leurs racines dans l'enfance et l'adolescence, où les premières expériences façonnent l'identité de chacun. Pour les personnes qui souffrent d'un TPB, il n'est pas rare d'identifier que la notion d'être soi s'est érigée sur des bases fragiles. L'identité de chacun se construit à travers les interactions avec la famille, les amis, l'école ou encore les normes et valeurs transmises par la société. Une personne borderline peut ressentir une difficulté accrue à intégrer ses influences de manière stable. Par exemple, grandir dans un environnement où les attentes étaient floues, contradictoires ou trop rigides peut empêcher l'enfant de développer un sens de soi solide. Imaginons par exemple qu'un enfant est élevé dans un environnement où les attentes changent constamment ou sont impossibles à satisfaire. Et il ne peut pas développer une image de soi concrète. Elle est forcément stabilisée et instable. Marshall Inhan, psychologue et chercheuse émérite, dont je t'ai déjà parlé puisqu'elle est à l'origine de la thérapie dialectique, explique que beaucoup de personnes qui souffrent du trouble borderline ont grandi dans des environnements où leur perception était constamment remise en question ainsi que leurs émotions minimisées ou niées. Par exemple, un enfant qui exprime de la tristesse et à qui on dit « tu n'as aucune raison d'être triste » ou « tu exagères toujours » peut avec le temps perdre confiance dans ses propres ressentis, renforçant ainsi l'instabilité identitaire. La métaphore des miroirs déformants, comme décrite dans la thérapie dialectique, explique la manière dont les personnes perçoivent leur propre image ou celle des autres. Cette perception peut être exagérée, négative ou instable, empêchant de nommer ou d'identifier ces émotions de manière appropriée. comme si on regardait son reflet dans un miroir déformant, ce qui contribue fortement à développer l'instabilité identitaire. Pour se conformer et éviter le rejet, dès l'enfance, un faux-self peut se développer. Le terme de faux-self fait référence à un ensemble de comportements ou d'attitudes adoptées pour répondre aux attentes des autres, au détriment de l'authenticité et des besoins réels de la personne. En bref, le faux-self est une version de soi façonnée par des influences extérieures. Cette notion de faux-self est profondément nourrie par le schéma de peur d'abandon et du rejet, avec des pensées du type « si je montre mon vrai moi, je serai rejeté » , ainsi que le schéma d'exigence élevé avec des pensées comme « je dois être parfaite ou irréprochable pour pouvoir être acceptée » . A force, les personnes risquent de s'installer inconsciemment dans ce que l'on nomme le syndrome ou l'effet caméléon. Se suradaptant sans cesse par souci d'être aimé, rendons les bases des relations artificielles ou biaisées. En adaptant notre attitude, notre comportement, nos opinions, nos émotions, en fonction des attentes que l'on perçoit chez les autres, on s'expose à la perte de soi et en renforcement du sentiment d'incohérence identitaire. Cette incohérence identitaire rend difficile l'accès à une vision de soi stable et cohérente. nous poussant ainsi à passer d'un extrême à l'autre. Imagine par exemple une personne qui peut se sentir compétente un jour, puis après une critique perçue, se considérer comme un échec total le lendemain. Cette difficulté à répondre à la question « qui suis-je vraiment ? » crée un fort sentiment d'insécurité existentielle, très intense et persistant. De plus, ce masque social de faux-self qui, bien qu'utile pour maintenir les apparences, peut provoquer une crise interne violente lorsque l'écart entre celui-ci et le vrai soi devient insupportable. Malheureusement, cette instabilité de l'image de soi ne s'arrête pas à la sphère interne et au ressenti, bien que cela représente déjà une souffrance qui est immense. Non, l'instabilité de l'image que l'on a de soi affecte de nombreux aspects de la vie extérieure, comme par exemple la difficulté à maintenir des relations stables. Le faux-self combiné à une peur constante du rejet peut rendre les relations intimes particulièrement compliquées. La personne peut se suradapter au comportement de son ou sa partenaire, jusqu'à ce qu'une remarque anodine provoque une crise émotionnelle intense et une séparation entre les besoins profonds et la contrainte de vouloir plaire. On retrouve aussi l'instabilité dans des choix de vie très fluctuants. Les objectifs professionnels, les amitiés ou les passions peuvent changer brusquement reflétant l'instabilité qui est vécue à l'intérieur. Par exemple, s'investir corps et âme dans un projet artistique pour finalement l'abandonner du jour au lendemain parce qu'une critique a été mal interprétée. L'instabilité de soi est aussi dépendante du regard extérieur. Le « moi » d'une personne concernée par le trouble borderline est parfois si poreux qu'il dépend presque entièrement des autres pour exister. Un compliment peut provoquer un enthousiasme, et un sentiment de puissance démesuré, tandis qu'une critique, pourtant en apparence anodine, peut entraîner un effondrement émotionnel total. Parlons à présent, et un peu plus précisément, du sentiment de honte. Les personnes concernées par le trouble borderline éprouvent souvent une honte profonde vis-à-vis de leur identité perçue. Parce qu'elle dépasse souvent des événements isolés, on peut même parler d'une honte dite existentielle. comme un jugement intérieur qui porte sur l'ensemble de leur être. Une personne peut ressentir une honte intense sans déclencheur précis, se percevant comme fondamentalement défaillante, non fonctionnelle ou même monstrueuse. Ce sentiment de honte inconscient peut se traduire par des comportements d'autosabotage, comme ruiner une relation ou abandonner un projet, par peur inconsciente de l'échec ou du rejet, et donc de vivre une amplification de ce sentiment honteux. Autre amplificateur dans le cas de la honte, c'est l'hypersensibilité au regard extérieur couplé à la peur du rejet. Souvent perçue comme de la susceptibilité par les autres, c'est en réalité bien la honte qui se dissimule chez les personnes sous couvert d'être qualifiées souvent de sous-polais. Et oui, imaginez que l'on ait en nous un réservoir pour la honte, et bien le nôtre, il est déjà blindé par cette honte existentielle vis-à-vis de notre instabilité identitaire. Donc, la moindre goutte supplémentaire à travers une remarque ou une situation, fissure et fait exploser la cuve. Voilà deux exemples pour illustrer mon propos. La personne ressent un retour constructif au travail, du type « Ecoute, essaie d'améliorer cet aspect pour la prochaine fois, c'était quand même bien. » Cela peut provoquer une spirale de dévalorisation et d'émotions intenses associées à ce type de pensée. « Je suis incapable. » « Je ne fais jamais bien. » « Je ne suis pas méritante. » « Je ne fais aucun effort. » Une telle situation pourrait entraîner un comportement autodestructeur ou une impulsion à quitter le poste. Ou alors, lors d'un dîner, Une plaisanterie innocente sur un trait de caractère fuse telle que « Hum, t'es vraiment têtu toi parfois ! » Eh bien, cela peut être ressenti comme une humiliation publique. Cela peut provoquer une réaction qui semble disproportionnée comme partir brusquement, pleurer ou répondre de manière agressive pour se défendre. Ces réactions physiologiques sont souvent incomprises par l'entourage. Mais elles s'expliquent par l'intensité des émotions ressenties et la vulnérabilité à la honte qui... caractérise le trouble borderline. Il faut imaginer que cet effondrement de réservoir de honte est tellement douloureux qu'il empêche la personne de rationaliser. Imaginez qu'il soit rempli d'un liquide corrosif et puissant. La douleur physique et psychique ressentie est intolérable, comme si on brûlait au-dedans. Lorsqu'on n'est pas bien outillé pour échapper au fait de vivre ce type d'événement et à cette honte écrasante, des stratégies insidieuses se mettent inconsciemment en place comme le fait de porter un masque lors des interactions, en jouant un rôle pour cacher sa vulnérabilité, de s'isoler en minimisant ou en évitant les interactions sociales, par peur d'être jugé ou rejeté. Ou avoir des comportements impulsifs et autodestructeurs, car les états de détresse intenses mènent à des comportements hétéro-agressifs et des comportements autodommageables ou automutilatoires. Et on ne le fait pas exprès. Tu l'auras compris, c'est un véritable cercle vicieux. L'instabilité de l'image de soi et la honte se nourrissent mutuellement dans une sorte de dynamique auto-renforçante. La honte alimente l'instabilité. Si je ressens autant de honte, c'est que je ne suis personne. Et l'instabilité renforce la honte. Je change tout le temps, donc je ne suis pas normale. Je te propose un petit exemple pour bien comprendre comment l'instabilité nourrit la honte et vice-versa. Imaginons cette personne concernée par le trouble borderline face à une critique qui semblerait, encore une fois, banale au travail. Je prends cet exemple parce que je le trouve assez parlant et compréhensible pour chacun. Elle remet alors en question son identité. Je suis une personne incompétente. La honte s'installe, tout le monde doit penser que je suis nul. Elle modifie son comportement, devient perfectionniste et inflexible, s'éloignant ainsi de ses collègues pour les protéger de son... de son incompétence imaginée. Ses collègues ne comprennent pas son changement de comportement et de mise à l'écart, la personne se sent rejetée, le cycle se répète, renforçant ainsi l'instabilité et la honte. Alors la question, c'est comment reconstruire une image de soi tout en apprivoisant cette honte ? Eh bien, peut-être d'abord en acceptant que l'instabilité est déjà une part de toi-même. Il est important de reconnaître que pour tout le monde, l'identité est un processus fluide Et cette fluidité n'est pas nécessairement un défaut. Bah oui, travailler à se reconnecter à soi-même, sans chercher à se conformer aux attentes extérieures est une étape clé, qui nécessite, je te rassure, beaucoup de temps. Pour ma part, j'ai utilisé des méthodes comme le fait de chercher quelles étaient mes valeurs personnelles en me posant la question « qu'est-ce qui compte vraiment pour moi ? » Cela peut être... Peut-être... être des valeurs professionnelles ou plutôt des valeurs personnelles. Je me suis aidée pour cela de la roue des valeurs ou des listes de valeurs courantes que tu pourras retrouver sur Internet. Lors de ma thérapie ACT, j'ai notamment fait un exercice que j'ai beaucoup aimé en tant que thanatophile. Peut-être que je t'expliquerai ça dans un autre épisode. C'est celui de l'éloge funèbre, aussi appelé discours à soi-même. Alors attention, j'imagine bien que cet exercice-là, il nécessite d'avoir une relation apaisée. avec la notion de mort et d'être stabilisé quant aux pensées suicidaires et comportements autodommageables. Il est évidemment à faire dans un contexte de stabilisation et de quête d'alignement à soi, idéalement avec la supervision d'un thérapeute. Bien, donc l'idée de l'exercice de l'éloge funèbre était de m'imaginer assister à mon hommage posthume, après une longue et belle vie et une mort douce de vieillesse. Et de réfléchir sincèrement... À quelle qualité je voudrais que l'on associe à mon parcours de vie dans ce discours ? Quels souvenirs je souhaiterais laisser derrière moi ? Le fait de définir ces valeurs a été très puissant dans la compréhension de qui j'étais par rapport à mon trouble. Aussi car cela m'a notamment permise par la suite de définir mes besoins. Et oui, les besoins sont des conditions nécessaires pour vivre en accord avec ces valeurs. Par exemple, une de mes valeurs est l'authenticité. Et mon besoin est d'avoir des conversations honnêtes, sans phare avec mes proches. Une autre de mes valeurs est la convivialité. Mon besoin est notamment d'avoir des moments d'échange et de partage avec du respect mutuel tacite. C'est pour cela que j'adore jouer aux jeux de société avec mes proches par exemple. Une autre de mes valeurs, c'est la liberté. Et le besoin que j'ai rattaché à cela, d'avoir de l'autonomie dans la prise de décision en lien avec le travail. Tu vois, cela peut être très concret. Alors quelles seraient tes valeurs et tes besoins à toi ? N'hésite pas à employer la liste des besoins universels qu'on retrouve dans la communication non-violente pour relier tes valeurs à des besoins humains. commun à tous. Tu l'auras aussi compris, plutôt que de fuir les situations, il est possible d'utiliser des outils concrets pour apprivoiser le sentiment de honte. Il y a un exercice pratique assez clair et efficace que j'ai découvert en thérapie des schémas et en intégration du cycle de la vie. C'est celui de la ligne de soin. Cette méthode s'intéresse à la clarification du sentiment d'identité, à la régulation émotionnelle et Ausha de pensée lié à la honte. L'idée était de dessiner une sorte de ligne temporelle et de la diviser en périodes clés allant de l'enfance à ma vie adulte. J'y ajoutais des points heureux ou difficiles devant travailler à y décrire les émotions ressenties. Dans mon cas, à ce moment-là, c'était axé sur la honte en opposition à ce que j'avais nommé la fierté. J'avais choisi des couleurs pour ces deux sentiments opposés, selon moi, ce qui m'a permis de constater les schémas de moments où la honte a été un levier important. Et aussi de réaliser que dans des moments qui devraient être vécus selon les autres ou perçus comme tels par les autres, comme un événement heureux, où je devrais être fière, où je pourrais être fière, eh bien c'était surtout associé à de la honte pour moi. La couleur se superposait avec l'autre. Pas mal de comprendre que de m'exposer à l'admiration me rendait honteuse et donc nourrissait mon instabilité dans mon image de moi. C'est d'ailleurs comme cela que j'ai arrêté d'exposer des productions artistiques ou de vouloir faire de l'art un métier. Malin, mais pas complètement réglé. Tu vois, je n'ai pas encore trouvé la solution aujourd'hui, mais c'est ok de faire comme ça pour le moment. Dans mon rétablissement, ce qui a été aussi déterminant pour moi, c'est d'apprendre à me valider émotionnellement, à accepter que la honte est une émotion humaine, mais qu'elle ne définit pas ma valeur. En thérapie, j'ai appris à identifier mes pensées automatiques telles que « je suis inutile » et lorsqu'elles me traversent l'esprit, alors, je travaille à la remplacer par une affirmation plus réaliste telle que « tiens, je ressens de l'insécurité en ce moment, ça me donne cette sensation désagréable et cette pensée d'inutilité » . Ma pensée réactionnelle et physiologique, c'est parce que je suis stressée. Ce qui m'a beaucoup aidé à accueillir ma sensation de honte existentielle et à me valider. C'est la pratique de l'autocompassion dans le cadre de la pleine conscience. Je repense souvent à une méditation guidée que j'ai vécue en groupe thérapeutique. Elle amenait à imaginer la présence d'un compagnon dit bienveillant. Nous devions l'imaginer, le définir comme il nous vient. Est-il une personne réelle ? Un personnage anthropomorphe ? Nous-mêmes ou que sais-je ? Où nous reçoit-il ? Est-ce que c'est chez lui ? Est-ce que c'est chez moi ? À quoi ressemble ce lieu chaleureux dans lequel je peux venir ? me réconforter ? Que fait-il pour m'accueillir et me soutenir ? Est-ce qu'il m'offre quelque chose ? Est-ce qu'il m'écoute ? Est-ce qu'il m'enlace ? Est-ce qu'on danse ? Tout est possible et après tout, cela appartient à chacun. La première fois que j'ai vécu cette méditation guidée, j'ai imaginé être dans une chaumière qui était en réalité un terrier, comme celui de Coco Lapin. Il y avait un feu dans la cheminée. Je pouvais sentir l'odeur de la frangipane et du thé au marron confit. Là, il y avait debout un blaireau, de dos. Et lorsque le blaireau s'est retourné, j'ai pu voir qu'il portait un gilet à carreaux bruns et noirs et un monocle. Il tenait dans ses pattes un plateau avec le goûter. La première fois, il n'a rien dit. Il m'a juste enroulé dans une grande couverture en me servant une tasse de thé. Et c'était tout. À mesure que j'ai refait l'exercice guidé, le blaireau m'a repris. dans ses bras, puis il a rapetissé jusqu'à avoir la capacité d'être invisible, tout petit, accroché sur mon dos. C'était pratique, car je l'imaginais l'avoir tout le temps sur moi, dans les moments difficiles où j'avais besoin d'être validée immédiatement. Puis un jour, il n'y avait plus personne d'autre que moi dans ce terrier. Et je me suis auto-enlacée. Voilà ce que j'ai vécu et compris de l'autocompassion et du fait de s'accepter sur l'instant. C'est rien d'autre que l'histoire de mon reflet dans un miroir. Alors tu vois, le miroir déformé finit toujours par s'apaiser, quand la honte peut être accueillie pleinement. J'espère que tous ces exemples résonnent pour toi et que tu as apprécié cet épisode. Que cela t'a apporté un éclairage nouveau sur l'instabilité de l'image de soi et la honte profonde. Et surtout de comprendre qu'elles ne sont pas des fatalités. Les défis qu'elles nous font relever reflètent une intense quête identitaire. Mais avec un accompagnement adapté, il est possible de se réconcilier avec soi-même. Donc n'oublie pas, tout ce que je t'ai dit de moi, c'est mon chemin, mes étapes. et elles se sont réalisées grâce à l'accompagnement thérapeutique de soignants expérimentés. Alors la meilleure chose à se dire avant de se quitter, c'est parle-en avec la bonne personne pour toi, fais ce qu'il te plaît, tente des choses, et tu verras, cette image de toi se stabilisera. Tu n'es pas seul, et je te remercie pour ton écoute, car sans toi, ce podcast n'aurait pas vraiment d'intérêt. J'attends avec impatience ton retour. N'hésite pas à me dire ce qui a marché pour toi. et si cet épisode t'a fait cogiter. Pense aussi à le partager à un proche qui pourrait en avoir besoin pour mieux te comprendre ou avant d'en discuter avec lui. 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✨ Aujourd’hui, j’avais envie de te partager mon expérience et mes pensées sur deux aspects essentiels et profondément liés au trouble de la personnalité borderline : l’instabilité de l’image de soi et la honte. Que tu sois concerné par le trouble ou non, peut-être que tu as déjà vécu des conflits d’égo, une détérioration de ton image ou ressentis de la honte à divers moment de ta vie. C’est normal, c’est physiologique, mais voyons en quoi cela peut impacter profondément le quotidien quand ce n’est pas suffisamment conscientisé. 🧐


D’où viens l’instabilité dans l’image de soi et comment est-elle entretenue par la honte, souvent déguisée sous d’autres émotions ? On parlera dans cet épisode de faux-self, du syndrome du caméléon, de la difficulté à maintenir des relations stables, de la fluctuation dans les choix de vie et du risque de dépendance au regard des autres. L’occasion pour moi de te confier, les choses qui m’ont permises de travailler sur ces sentiments et aussi des exercices pratiques qui ont été déterminants dans mon rétablissement. ☔


Attention, les exemples que je mentionne ne ressemblent peut-être pas complètement à ton vécu et c’est bien normal puisque chaque personne est différente. Également, quand je te parle des thérapies ainsi que de ce qui m’a aidé, c’est parce que ce sont des choses que j’ai moi-même expérimenté et vécu, cela ne signifie pas qu’elles sont les seules méthodes pour travailler sur soi et encore moins qu’elle sont adaptées à ton besoin. Si je te parle de ce qui m’a aidé, c’est pour te transmettre de l’espoir. Que tu saches qu’il est possible de stabiliser son image de soi et d’accueillir sereinement son sentiment de honte. 💪


Envie de soutenir le projet, pour valoriser la libre circulation et accessibilité à l’information ? Grâce à l’élan de la communauté, le podcast possède maintenant une page de financement tipeee : https://fr.tipeee.com/borderline-le-podcast 👈 Pour que chacun.e d’entre vous qui souhaite contribuer puisse le faire à sa hauteur ! Sinon, tu peux toujours mettre 5 étoiles 🌟 et un commentaire sur ta plateforme d’écoute pour aider gratuitement ! MERCI 🙏


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  • Speaker #0

    Borderline, le podcast inspirant qui déstigmatise et informe sur le trouble de la personnalité limite, aussi appelé trouble borderline. Bonjour à toi, je suis très heureuse de te retrouver pour ce nouvel épisode ressources. Le dernier était sur la peur de l'abandon et tu as peut-être fait partie de celles et ceux qui m'ont fait des retours chaleureux suite à sa diffusion. Merci pour ton accueil et ta fidélité. Je suis ravie de savoir que ces épisodes résonnent en toi et t'apportent des clés de réflexion sur ton vécu. Pour faire suite à vos retours sur comment pérenniser l'existence du podcast et parce que cela représente beaucoup de coûts quand on fait de le produire et de le diffuser, j'ai ouvert une page Tipeee que tu trouveras en description de l'épisode. L'occasion pour toi, qui le souhaite, de soutenir le projet en participant à ta hauteur à partir d'un euro par mois. Grâce à ton tips, le podcast pourra grandir, perdurer. et se diversifier. Toujours dans cette idée d'aller à la rencontre de tous ceux qui vivent ou cohabitent avec le trouble borderline. Car chaque voie et expérience compte, surtout la tienne. Aujourd'hui, j'avais envie de te partager mon expérience et mes pensées sur deux aspects essentiels et profondément liés au trouble de la personnalité borderline. J'ai nommé l'instabilité de l'image de soi et la honte. Que tu sois concerné par le trouble ou non, Peut-être que tu as vécu des conflits d'égo, une détérioration de ton image ou ressenti de la honte à différents moments de ta vie. C'est normal, c'est physiologique. Mais voyons en quoi cela peut impacter profondément le quotidien quand ce n'est pas suffisamment conscientisé. Allez, c'est parti pour un tour d'horizon du sujet ensemble. Bonne écoute à toi ! On retrouve la notion d'instabilité dans l'image de soi parmi les critères diagnostiques du trouble de la personnalité borderline. La honte, quant à elle, est un sentiment qui semble être expérimenté par tous, à des degrés variables, mais qui, selon mon expérience, jalonne et entretient des comportements et schémas de pensée douloureux. Comme ces deux phénomènes traduisent une lutte identitaire intense, marquée par des fluctuations constantes et une évaluation parfois sévère de soi-même. Eh bien, j'avais envie de les mettre en discussion. L'instabilité de l'image de soi peut se manifester par un sentiment d'incohérence ou une difficulté à savoir qui l'on est vraiment. La honte, quant à elle, agit comme une émotion envahissante, imprégnant la perception de soi et influençant les comportements. Et j'ai remarqué qu'ensemble, ces deux dynamiques créent un cercle vicieux qui affecte profondément ma vie quotidienne. Qu'en est-il pour toi ? Dans cet épisode, nous verrons les origines de ces deux dynamiques, leurs manifestations dans le quotidien, leur impact sur les relations et sur les choix de vie. Et aussi des pistes thérapeutiques qui permettraient peut-être de construire une identité plus stable et apaiser le sentiment de honte. L'instabilité de l'image de soi et la honte trouvent souvent leurs racines dans l'enfance et l'adolescence, où les premières expériences façonnent l'identité de chacun. Pour les personnes qui souffrent d'un TPB, il n'est pas rare d'identifier que la notion d'être soi s'est érigée sur des bases fragiles. L'identité de chacun se construit à travers les interactions avec la famille, les amis, l'école ou encore les normes et valeurs transmises par la société. Une personne borderline peut ressentir une difficulté accrue à intégrer ses influences de manière stable. Par exemple, grandir dans un environnement où les attentes étaient floues, contradictoires ou trop rigides peut empêcher l'enfant de développer un sens de soi solide. Imaginons par exemple qu'un enfant est élevé dans un environnement où les attentes changent constamment ou sont impossibles à satisfaire. Et il ne peut pas développer une image de soi concrète. Elle est forcément stabilisée et instable. Marshall Inhan, psychologue et chercheuse émérite, dont je t'ai déjà parlé puisqu'elle est à l'origine de la thérapie dialectique, explique que beaucoup de personnes qui souffrent du trouble borderline ont grandi dans des environnements où leur perception était constamment remise en question ainsi que leurs émotions minimisées ou niées. Par exemple, un enfant qui exprime de la tristesse et à qui on dit « tu n'as aucune raison d'être triste » ou « tu exagères toujours » peut avec le temps perdre confiance dans ses propres ressentis, renforçant ainsi l'instabilité identitaire. La métaphore des miroirs déformants, comme décrite dans la thérapie dialectique, explique la manière dont les personnes perçoivent leur propre image ou celle des autres. Cette perception peut être exagérée, négative ou instable, empêchant de nommer ou d'identifier ces émotions de manière appropriée. comme si on regardait son reflet dans un miroir déformant, ce qui contribue fortement à développer l'instabilité identitaire. Pour se conformer et éviter le rejet, dès l'enfance, un faux-self peut se développer. Le terme de faux-self fait référence à un ensemble de comportements ou d'attitudes adoptées pour répondre aux attentes des autres, au détriment de l'authenticité et des besoins réels de la personne. En bref, le faux-self est une version de soi façonnée par des influences extérieures. Cette notion de faux-self est profondément nourrie par le schéma de peur d'abandon et du rejet, avec des pensées du type « si je montre mon vrai moi, je serai rejeté » , ainsi que le schéma d'exigence élevé avec des pensées comme « je dois être parfaite ou irréprochable pour pouvoir être acceptée » . A force, les personnes risquent de s'installer inconsciemment dans ce que l'on nomme le syndrome ou l'effet caméléon. Se suradaptant sans cesse par souci d'être aimé, rendons les bases des relations artificielles ou biaisées. En adaptant notre attitude, notre comportement, nos opinions, nos émotions, en fonction des attentes que l'on perçoit chez les autres, on s'expose à la perte de soi et en renforcement du sentiment d'incohérence identitaire. Cette incohérence identitaire rend difficile l'accès à une vision de soi stable et cohérente. nous poussant ainsi à passer d'un extrême à l'autre. Imagine par exemple une personne qui peut se sentir compétente un jour, puis après une critique perçue, se considérer comme un échec total le lendemain. Cette difficulté à répondre à la question « qui suis-je vraiment ? » crée un fort sentiment d'insécurité existentielle, très intense et persistant. De plus, ce masque social de faux-self qui, bien qu'utile pour maintenir les apparences, peut provoquer une crise interne violente lorsque l'écart entre celui-ci et le vrai soi devient insupportable. Malheureusement, cette instabilité de l'image de soi ne s'arrête pas à la sphère interne et au ressenti, bien que cela représente déjà une souffrance qui est immense. Non, l'instabilité de l'image que l'on a de soi affecte de nombreux aspects de la vie extérieure, comme par exemple la difficulté à maintenir des relations stables. Le faux-self combiné à une peur constante du rejet peut rendre les relations intimes particulièrement compliquées. La personne peut se suradapter au comportement de son ou sa partenaire, jusqu'à ce qu'une remarque anodine provoque une crise émotionnelle intense et une séparation entre les besoins profonds et la contrainte de vouloir plaire. On retrouve aussi l'instabilité dans des choix de vie très fluctuants. Les objectifs professionnels, les amitiés ou les passions peuvent changer brusquement reflétant l'instabilité qui est vécue à l'intérieur. Par exemple, s'investir corps et âme dans un projet artistique pour finalement l'abandonner du jour au lendemain parce qu'une critique a été mal interprétée. L'instabilité de soi est aussi dépendante du regard extérieur. Le « moi » d'une personne concernée par le trouble borderline est parfois si poreux qu'il dépend presque entièrement des autres pour exister. Un compliment peut provoquer un enthousiasme, et un sentiment de puissance démesuré, tandis qu'une critique, pourtant en apparence anodine, peut entraîner un effondrement émotionnel total. Parlons à présent, et un peu plus précisément, du sentiment de honte. Les personnes concernées par le trouble borderline éprouvent souvent une honte profonde vis-à-vis de leur identité perçue. Parce qu'elle dépasse souvent des événements isolés, on peut même parler d'une honte dite existentielle. comme un jugement intérieur qui porte sur l'ensemble de leur être. Une personne peut ressentir une honte intense sans déclencheur précis, se percevant comme fondamentalement défaillante, non fonctionnelle ou même monstrueuse. Ce sentiment de honte inconscient peut se traduire par des comportements d'autosabotage, comme ruiner une relation ou abandonner un projet, par peur inconsciente de l'échec ou du rejet, et donc de vivre une amplification de ce sentiment honteux. Autre amplificateur dans le cas de la honte, c'est l'hypersensibilité au regard extérieur couplé à la peur du rejet. Souvent perçue comme de la susceptibilité par les autres, c'est en réalité bien la honte qui se dissimule chez les personnes sous couvert d'être qualifiées souvent de sous-polais. Et oui, imaginez que l'on ait en nous un réservoir pour la honte, et bien le nôtre, il est déjà blindé par cette honte existentielle vis-à-vis de notre instabilité identitaire. Donc, la moindre goutte supplémentaire à travers une remarque ou une situation, fissure et fait exploser la cuve. Voilà deux exemples pour illustrer mon propos. La personne ressent un retour constructif au travail, du type « Ecoute, essaie d'améliorer cet aspect pour la prochaine fois, c'était quand même bien. » Cela peut provoquer une spirale de dévalorisation et d'émotions intenses associées à ce type de pensée. « Je suis incapable. » « Je ne fais jamais bien. » « Je ne suis pas méritante. » « Je ne fais aucun effort. » Une telle situation pourrait entraîner un comportement autodestructeur ou une impulsion à quitter le poste. Ou alors, lors d'un dîner, Une plaisanterie innocente sur un trait de caractère fuse telle que « Hum, t'es vraiment têtu toi parfois ! » Eh bien, cela peut être ressenti comme une humiliation publique. Cela peut provoquer une réaction qui semble disproportionnée comme partir brusquement, pleurer ou répondre de manière agressive pour se défendre. Ces réactions physiologiques sont souvent incomprises par l'entourage. Mais elles s'expliquent par l'intensité des émotions ressenties et la vulnérabilité à la honte qui... caractérise le trouble borderline. Il faut imaginer que cet effondrement de réservoir de honte est tellement douloureux qu'il empêche la personne de rationaliser. Imaginez qu'il soit rempli d'un liquide corrosif et puissant. La douleur physique et psychique ressentie est intolérable, comme si on brûlait au-dedans. Lorsqu'on n'est pas bien outillé pour échapper au fait de vivre ce type d'événement et à cette honte écrasante, des stratégies insidieuses se mettent inconsciemment en place comme le fait de porter un masque lors des interactions, en jouant un rôle pour cacher sa vulnérabilité, de s'isoler en minimisant ou en évitant les interactions sociales, par peur d'être jugé ou rejeté. Ou avoir des comportements impulsifs et autodestructeurs, car les états de détresse intenses mènent à des comportements hétéro-agressifs et des comportements autodommageables ou automutilatoires. Et on ne le fait pas exprès. Tu l'auras compris, c'est un véritable cercle vicieux. L'instabilité de l'image de soi et la honte se nourrissent mutuellement dans une sorte de dynamique auto-renforçante. La honte alimente l'instabilité. Si je ressens autant de honte, c'est que je ne suis personne. Et l'instabilité renforce la honte. Je change tout le temps, donc je ne suis pas normale. Je te propose un petit exemple pour bien comprendre comment l'instabilité nourrit la honte et vice-versa. Imaginons cette personne concernée par le trouble borderline face à une critique qui semblerait, encore une fois, banale au travail. Je prends cet exemple parce que je le trouve assez parlant et compréhensible pour chacun. Elle remet alors en question son identité. Je suis une personne incompétente. La honte s'installe, tout le monde doit penser que je suis nul. Elle modifie son comportement, devient perfectionniste et inflexible, s'éloignant ainsi de ses collègues pour les protéger de son... de son incompétence imaginée. Ses collègues ne comprennent pas son changement de comportement et de mise à l'écart, la personne se sent rejetée, le cycle se répète, renforçant ainsi l'instabilité et la honte. Alors la question, c'est comment reconstruire une image de soi tout en apprivoisant cette honte ? Eh bien, peut-être d'abord en acceptant que l'instabilité est déjà une part de toi-même. Il est important de reconnaître que pour tout le monde, l'identité est un processus fluide Et cette fluidité n'est pas nécessairement un défaut. Bah oui, travailler à se reconnecter à soi-même, sans chercher à se conformer aux attentes extérieures est une étape clé, qui nécessite, je te rassure, beaucoup de temps. Pour ma part, j'ai utilisé des méthodes comme le fait de chercher quelles étaient mes valeurs personnelles en me posant la question « qu'est-ce qui compte vraiment pour moi ? » Cela peut être... Peut-être... être des valeurs professionnelles ou plutôt des valeurs personnelles. Je me suis aidée pour cela de la roue des valeurs ou des listes de valeurs courantes que tu pourras retrouver sur Internet. Lors de ma thérapie ACT, j'ai notamment fait un exercice que j'ai beaucoup aimé en tant que thanatophile. Peut-être que je t'expliquerai ça dans un autre épisode. C'est celui de l'éloge funèbre, aussi appelé discours à soi-même. Alors attention, j'imagine bien que cet exercice-là, il nécessite d'avoir une relation apaisée. avec la notion de mort et d'être stabilisé quant aux pensées suicidaires et comportements autodommageables. Il est évidemment à faire dans un contexte de stabilisation et de quête d'alignement à soi, idéalement avec la supervision d'un thérapeute. Bien, donc l'idée de l'exercice de l'éloge funèbre était de m'imaginer assister à mon hommage posthume, après une longue et belle vie et une mort douce de vieillesse. Et de réfléchir sincèrement... À quelle qualité je voudrais que l'on associe à mon parcours de vie dans ce discours ? Quels souvenirs je souhaiterais laisser derrière moi ? Le fait de définir ces valeurs a été très puissant dans la compréhension de qui j'étais par rapport à mon trouble. Aussi car cela m'a notamment permise par la suite de définir mes besoins. Et oui, les besoins sont des conditions nécessaires pour vivre en accord avec ces valeurs. Par exemple, une de mes valeurs est l'authenticité. Et mon besoin est d'avoir des conversations honnêtes, sans phare avec mes proches. Une autre de mes valeurs est la convivialité. Mon besoin est notamment d'avoir des moments d'échange et de partage avec du respect mutuel tacite. C'est pour cela que j'adore jouer aux jeux de société avec mes proches par exemple. Une autre de mes valeurs, c'est la liberté. Et le besoin que j'ai rattaché à cela, d'avoir de l'autonomie dans la prise de décision en lien avec le travail. Tu vois, cela peut être très concret. Alors quelles seraient tes valeurs et tes besoins à toi ? N'hésite pas à employer la liste des besoins universels qu'on retrouve dans la communication non-violente pour relier tes valeurs à des besoins humains. commun à tous. Tu l'auras aussi compris, plutôt que de fuir les situations, il est possible d'utiliser des outils concrets pour apprivoiser le sentiment de honte. Il y a un exercice pratique assez clair et efficace que j'ai découvert en thérapie des schémas et en intégration du cycle de la vie. C'est celui de la ligne de soin. Cette méthode s'intéresse à la clarification du sentiment d'identité, à la régulation émotionnelle et Ausha de pensée lié à la honte. L'idée était de dessiner une sorte de ligne temporelle et de la diviser en périodes clés allant de l'enfance à ma vie adulte. J'y ajoutais des points heureux ou difficiles devant travailler à y décrire les émotions ressenties. Dans mon cas, à ce moment-là, c'était axé sur la honte en opposition à ce que j'avais nommé la fierté. J'avais choisi des couleurs pour ces deux sentiments opposés, selon moi, ce qui m'a permis de constater les schémas de moments où la honte a été un levier important. Et aussi de réaliser que dans des moments qui devraient être vécus selon les autres ou perçus comme tels par les autres, comme un événement heureux, où je devrais être fière, où je pourrais être fière, eh bien c'était surtout associé à de la honte pour moi. La couleur se superposait avec l'autre. Pas mal de comprendre que de m'exposer à l'admiration me rendait honteuse et donc nourrissait mon instabilité dans mon image de moi. C'est d'ailleurs comme cela que j'ai arrêté d'exposer des productions artistiques ou de vouloir faire de l'art un métier. Malin, mais pas complètement réglé. Tu vois, je n'ai pas encore trouvé la solution aujourd'hui, mais c'est ok de faire comme ça pour le moment. Dans mon rétablissement, ce qui a été aussi déterminant pour moi, c'est d'apprendre à me valider émotionnellement, à accepter que la honte est une émotion humaine, mais qu'elle ne définit pas ma valeur. En thérapie, j'ai appris à identifier mes pensées automatiques telles que « je suis inutile » et lorsqu'elles me traversent l'esprit, alors, je travaille à la remplacer par une affirmation plus réaliste telle que « tiens, je ressens de l'insécurité en ce moment, ça me donne cette sensation désagréable et cette pensée d'inutilité » . Ma pensée réactionnelle et physiologique, c'est parce que je suis stressée. Ce qui m'a beaucoup aidé à accueillir ma sensation de honte existentielle et à me valider. C'est la pratique de l'autocompassion dans le cadre de la pleine conscience. Je repense souvent à une méditation guidée que j'ai vécue en groupe thérapeutique. Elle amenait à imaginer la présence d'un compagnon dit bienveillant. Nous devions l'imaginer, le définir comme il nous vient. Est-il une personne réelle ? Un personnage anthropomorphe ? Nous-mêmes ou que sais-je ? Où nous reçoit-il ? Est-ce que c'est chez lui ? Est-ce que c'est chez moi ? À quoi ressemble ce lieu chaleureux dans lequel je peux venir ? me réconforter ? Que fait-il pour m'accueillir et me soutenir ? Est-ce qu'il m'offre quelque chose ? Est-ce qu'il m'écoute ? Est-ce qu'il m'enlace ? Est-ce qu'on danse ? Tout est possible et après tout, cela appartient à chacun. La première fois que j'ai vécu cette méditation guidée, j'ai imaginé être dans une chaumière qui était en réalité un terrier, comme celui de Coco Lapin. Il y avait un feu dans la cheminée. Je pouvais sentir l'odeur de la frangipane et du thé au marron confit. Là, il y avait debout un blaireau, de dos. Et lorsque le blaireau s'est retourné, j'ai pu voir qu'il portait un gilet à carreaux bruns et noirs et un monocle. Il tenait dans ses pattes un plateau avec le goûter. La première fois, il n'a rien dit. Il m'a juste enroulé dans une grande couverture en me servant une tasse de thé. Et c'était tout. À mesure que j'ai refait l'exercice guidé, le blaireau m'a repris. dans ses bras, puis il a rapetissé jusqu'à avoir la capacité d'être invisible, tout petit, accroché sur mon dos. C'était pratique, car je l'imaginais l'avoir tout le temps sur moi, dans les moments difficiles où j'avais besoin d'être validée immédiatement. Puis un jour, il n'y avait plus personne d'autre que moi dans ce terrier. Et je me suis auto-enlacée. Voilà ce que j'ai vécu et compris de l'autocompassion et du fait de s'accepter sur l'instant. C'est rien d'autre que l'histoire de mon reflet dans un miroir. Alors tu vois, le miroir déformé finit toujours par s'apaiser, quand la honte peut être accueillie pleinement. J'espère que tous ces exemples résonnent pour toi et que tu as apprécié cet épisode. Que cela t'a apporté un éclairage nouveau sur l'instabilité de l'image de soi et la honte profonde. Et surtout de comprendre qu'elles ne sont pas des fatalités. Les défis qu'elles nous font relever reflètent une intense quête identitaire. Mais avec un accompagnement adapté, il est possible de se réconcilier avec soi-même. Donc n'oublie pas, tout ce que je t'ai dit de moi, c'est mon chemin, mes étapes. et elles se sont réalisées grâce à l'accompagnement thérapeutique de soignants expérimentés. Alors la meilleure chose à se dire avant de se quitter, c'est parle-en avec la bonne personne pour toi, fais ce qu'il te plaît, tente des choses, et tu verras, cette image de toi se stabilisera. Tu n'es pas seul, et je te remercie pour ton écoute, car sans toi, ce podcast n'aurait pas vraiment d'intérêt. J'attends avec impatience ton retour. N'hésite pas à me dire ce qui a marché pour toi. et si cet épisode t'a fait cogiter. Pense aussi à le partager à un proche qui pourrait en avoir besoin pour mieux te comprendre ou avant d'en discuter avec lui. Si tu peux également soutenir le podcast en lui mettant 5 étoiles et un commentaire sur ta plateforme d'écoute ou en le typant sur la plateforme Tipeee. Alors, c'est parfait. Merci à toi et à très bientôt.

Description

✨ Aujourd’hui, j’avais envie de te partager mon expérience et mes pensées sur deux aspects essentiels et profondément liés au trouble de la personnalité borderline : l’instabilité de l’image de soi et la honte. Que tu sois concerné par le trouble ou non, peut-être que tu as déjà vécu des conflits d’égo, une détérioration de ton image ou ressentis de la honte à divers moment de ta vie. C’est normal, c’est physiologique, mais voyons en quoi cela peut impacter profondément le quotidien quand ce n’est pas suffisamment conscientisé. 🧐


D’où viens l’instabilité dans l’image de soi et comment est-elle entretenue par la honte, souvent déguisée sous d’autres émotions ? On parlera dans cet épisode de faux-self, du syndrome du caméléon, de la difficulté à maintenir des relations stables, de la fluctuation dans les choix de vie et du risque de dépendance au regard des autres. L’occasion pour moi de te confier, les choses qui m’ont permises de travailler sur ces sentiments et aussi des exercices pratiques qui ont été déterminants dans mon rétablissement. ☔


Attention, les exemples que je mentionne ne ressemblent peut-être pas complètement à ton vécu et c’est bien normal puisque chaque personne est différente. Également, quand je te parle des thérapies ainsi que de ce qui m’a aidé, c’est parce que ce sont des choses que j’ai moi-même expérimenté et vécu, cela ne signifie pas qu’elles sont les seules méthodes pour travailler sur soi et encore moins qu’elle sont adaptées à ton besoin. Si je te parle de ce qui m’a aidé, c’est pour te transmettre de l’espoir. Que tu saches qu’il est possible de stabiliser son image de soi et d’accueillir sereinement son sentiment de honte. 💪


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Transcription

  • Speaker #0

    Borderline, le podcast inspirant qui déstigmatise et informe sur le trouble de la personnalité limite, aussi appelé trouble borderline. Bonjour à toi, je suis très heureuse de te retrouver pour ce nouvel épisode ressources. Le dernier était sur la peur de l'abandon et tu as peut-être fait partie de celles et ceux qui m'ont fait des retours chaleureux suite à sa diffusion. Merci pour ton accueil et ta fidélité. Je suis ravie de savoir que ces épisodes résonnent en toi et t'apportent des clés de réflexion sur ton vécu. Pour faire suite à vos retours sur comment pérenniser l'existence du podcast et parce que cela représente beaucoup de coûts quand on fait de le produire et de le diffuser, j'ai ouvert une page Tipeee que tu trouveras en description de l'épisode. L'occasion pour toi, qui le souhaite, de soutenir le projet en participant à ta hauteur à partir d'un euro par mois. Grâce à ton tips, le podcast pourra grandir, perdurer. et se diversifier. Toujours dans cette idée d'aller à la rencontre de tous ceux qui vivent ou cohabitent avec le trouble borderline. Car chaque voie et expérience compte, surtout la tienne. Aujourd'hui, j'avais envie de te partager mon expérience et mes pensées sur deux aspects essentiels et profondément liés au trouble de la personnalité borderline. J'ai nommé l'instabilité de l'image de soi et la honte. Que tu sois concerné par le trouble ou non, Peut-être que tu as vécu des conflits d'égo, une détérioration de ton image ou ressenti de la honte à différents moments de ta vie. C'est normal, c'est physiologique. Mais voyons en quoi cela peut impacter profondément le quotidien quand ce n'est pas suffisamment conscientisé. Allez, c'est parti pour un tour d'horizon du sujet ensemble. Bonne écoute à toi ! On retrouve la notion d'instabilité dans l'image de soi parmi les critères diagnostiques du trouble de la personnalité borderline. La honte, quant à elle, est un sentiment qui semble être expérimenté par tous, à des degrés variables, mais qui, selon mon expérience, jalonne et entretient des comportements et schémas de pensée douloureux. Comme ces deux phénomènes traduisent une lutte identitaire intense, marquée par des fluctuations constantes et une évaluation parfois sévère de soi-même. Eh bien, j'avais envie de les mettre en discussion. L'instabilité de l'image de soi peut se manifester par un sentiment d'incohérence ou une difficulté à savoir qui l'on est vraiment. La honte, quant à elle, agit comme une émotion envahissante, imprégnant la perception de soi et influençant les comportements. Et j'ai remarqué qu'ensemble, ces deux dynamiques créent un cercle vicieux qui affecte profondément ma vie quotidienne. Qu'en est-il pour toi ? Dans cet épisode, nous verrons les origines de ces deux dynamiques, leurs manifestations dans le quotidien, leur impact sur les relations et sur les choix de vie. Et aussi des pistes thérapeutiques qui permettraient peut-être de construire une identité plus stable et apaiser le sentiment de honte. L'instabilité de l'image de soi et la honte trouvent souvent leurs racines dans l'enfance et l'adolescence, où les premières expériences façonnent l'identité de chacun. Pour les personnes qui souffrent d'un TPB, il n'est pas rare d'identifier que la notion d'être soi s'est érigée sur des bases fragiles. L'identité de chacun se construit à travers les interactions avec la famille, les amis, l'école ou encore les normes et valeurs transmises par la société. Une personne borderline peut ressentir une difficulté accrue à intégrer ses influences de manière stable. Par exemple, grandir dans un environnement où les attentes étaient floues, contradictoires ou trop rigides peut empêcher l'enfant de développer un sens de soi solide. Imaginons par exemple qu'un enfant est élevé dans un environnement où les attentes changent constamment ou sont impossibles à satisfaire. Et il ne peut pas développer une image de soi concrète. Elle est forcément stabilisée et instable. Marshall Inhan, psychologue et chercheuse émérite, dont je t'ai déjà parlé puisqu'elle est à l'origine de la thérapie dialectique, explique que beaucoup de personnes qui souffrent du trouble borderline ont grandi dans des environnements où leur perception était constamment remise en question ainsi que leurs émotions minimisées ou niées. Par exemple, un enfant qui exprime de la tristesse et à qui on dit « tu n'as aucune raison d'être triste » ou « tu exagères toujours » peut avec le temps perdre confiance dans ses propres ressentis, renforçant ainsi l'instabilité identitaire. La métaphore des miroirs déformants, comme décrite dans la thérapie dialectique, explique la manière dont les personnes perçoivent leur propre image ou celle des autres. Cette perception peut être exagérée, négative ou instable, empêchant de nommer ou d'identifier ces émotions de manière appropriée. comme si on regardait son reflet dans un miroir déformant, ce qui contribue fortement à développer l'instabilité identitaire. Pour se conformer et éviter le rejet, dès l'enfance, un faux-self peut se développer. Le terme de faux-self fait référence à un ensemble de comportements ou d'attitudes adoptées pour répondre aux attentes des autres, au détriment de l'authenticité et des besoins réels de la personne. En bref, le faux-self est une version de soi façonnée par des influences extérieures. Cette notion de faux-self est profondément nourrie par le schéma de peur d'abandon et du rejet, avec des pensées du type « si je montre mon vrai moi, je serai rejeté » , ainsi que le schéma d'exigence élevé avec des pensées comme « je dois être parfaite ou irréprochable pour pouvoir être acceptée » . A force, les personnes risquent de s'installer inconsciemment dans ce que l'on nomme le syndrome ou l'effet caméléon. Se suradaptant sans cesse par souci d'être aimé, rendons les bases des relations artificielles ou biaisées. En adaptant notre attitude, notre comportement, nos opinions, nos émotions, en fonction des attentes que l'on perçoit chez les autres, on s'expose à la perte de soi et en renforcement du sentiment d'incohérence identitaire. Cette incohérence identitaire rend difficile l'accès à une vision de soi stable et cohérente. nous poussant ainsi à passer d'un extrême à l'autre. Imagine par exemple une personne qui peut se sentir compétente un jour, puis après une critique perçue, se considérer comme un échec total le lendemain. Cette difficulté à répondre à la question « qui suis-je vraiment ? » crée un fort sentiment d'insécurité existentielle, très intense et persistant. De plus, ce masque social de faux-self qui, bien qu'utile pour maintenir les apparences, peut provoquer une crise interne violente lorsque l'écart entre celui-ci et le vrai soi devient insupportable. Malheureusement, cette instabilité de l'image de soi ne s'arrête pas à la sphère interne et au ressenti, bien que cela représente déjà une souffrance qui est immense. Non, l'instabilité de l'image que l'on a de soi affecte de nombreux aspects de la vie extérieure, comme par exemple la difficulté à maintenir des relations stables. Le faux-self combiné à une peur constante du rejet peut rendre les relations intimes particulièrement compliquées. La personne peut se suradapter au comportement de son ou sa partenaire, jusqu'à ce qu'une remarque anodine provoque une crise émotionnelle intense et une séparation entre les besoins profonds et la contrainte de vouloir plaire. On retrouve aussi l'instabilité dans des choix de vie très fluctuants. Les objectifs professionnels, les amitiés ou les passions peuvent changer brusquement reflétant l'instabilité qui est vécue à l'intérieur. Par exemple, s'investir corps et âme dans un projet artistique pour finalement l'abandonner du jour au lendemain parce qu'une critique a été mal interprétée. L'instabilité de soi est aussi dépendante du regard extérieur. Le « moi » d'une personne concernée par le trouble borderline est parfois si poreux qu'il dépend presque entièrement des autres pour exister. Un compliment peut provoquer un enthousiasme, et un sentiment de puissance démesuré, tandis qu'une critique, pourtant en apparence anodine, peut entraîner un effondrement émotionnel total. Parlons à présent, et un peu plus précisément, du sentiment de honte. Les personnes concernées par le trouble borderline éprouvent souvent une honte profonde vis-à-vis de leur identité perçue. Parce qu'elle dépasse souvent des événements isolés, on peut même parler d'une honte dite existentielle. comme un jugement intérieur qui porte sur l'ensemble de leur être. Une personne peut ressentir une honte intense sans déclencheur précis, se percevant comme fondamentalement défaillante, non fonctionnelle ou même monstrueuse. Ce sentiment de honte inconscient peut se traduire par des comportements d'autosabotage, comme ruiner une relation ou abandonner un projet, par peur inconsciente de l'échec ou du rejet, et donc de vivre une amplification de ce sentiment honteux. Autre amplificateur dans le cas de la honte, c'est l'hypersensibilité au regard extérieur couplé à la peur du rejet. Souvent perçue comme de la susceptibilité par les autres, c'est en réalité bien la honte qui se dissimule chez les personnes sous couvert d'être qualifiées souvent de sous-polais. Et oui, imaginez que l'on ait en nous un réservoir pour la honte, et bien le nôtre, il est déjà blindé par cette honte existentielle vis-à-vis de notre instabilité identitaire. Donc, la moindre goutte supplémentaire à travers une remarque ou une situation, fissure et fait exploser la cuve. Voilà deux exemples pour illustrer mon propos. La personne ressent un retour constructif au travail, du type « Ecoute, essaie d'améliorer cet aspect pour la prochaine fois, c'était quand même bien. » Cela peut provoquer une spirale de dévalorisation et d'émotions intenses associées à ce type de pensée. « Je suis incapable. » « Je ne fais jamais bien. » « Je ne suis pas méritante. » « Je ne fais aucun effort. » Une telle situation pourrait entraîner un comportement autodestructeur ou une impulsion à quitter le poste. Ou alors, lors d'un dîner, Une plaisanterie innocente sur un trait de caractère fuse telle que « Hum, t'es vraiment têtu toi parfois ! » Eh bien, cela peut être ressenti comme une humiliation publique. Cela peut provoquer une réaction qui semble disproportionnée comme partir brusquement, pleurer ou répondre de manière agressive pour se défendre. Ces réactions physiologiques sont souvent incomprises par l'entourage. Mais elles s'expliquent par l'intensité des émotions ressenties et la vulnérabilité à la honte qui... caractérise le trouble borderline. Il faut imaginer que cet effondrement de réservoir de honte est tellement douloureux qu'il empêche la personne de rationaliser. Imaginez qu'il soit rempli d'un liquide corrosif et puissant. La douleur physique et psychique ressentie est intolérable, comme si on brûlait au-dedans. Lorsqu'on n'est pas bien outillé pour échapper au fait de vivre ce type d'événement et à cette honte écrasante, des stratégies insidieuses se mettent inconsciemment en place comme le fait de porter un masque lors des interactions, en jouant un rôle pour cacher sa vulnérabilité, de s'isoler en minimisant ou en évitant les interactions sociales, par peur d'être jugé ou rejeté. Ou avoir des comportements impulsifs et autodestructeurs, car les états de détresse intenses mènent à des comportements hétéro-agressifs et des comportements autodommageables ou automutilatoires. Et on ne le fait pas exprès. Tu l'auras compris, c'est un véritable cercle vicieux. L'instabilité de l'image de soi et la honte se nourrissent mutuellement dans une sorte de dynamique auto-renforçante. La honte alimente l'instabilité. Si je ressens autant de honte, c'est que je ne suis personne. Et l'instabilité renforce la honte. Je change tout le temps, donc je ne suis pas normale. Je te propose un petit exemple pour bien comprendre comment l'instabilité nourrit la honte et vice-versa. Imaginons cette personne concernée par le trouble borderline face à une critique qui semblerait, encore une fois, banale au travail. Je prends cet exemple parce que je le trouve assez parlant et compréhensible pour chacun. Elle remet alors en question son identité. Je suis une personne incompétente. La honte s'installe, tout le monde doit penser que je suis nul. Elle modifie son comportement, devient perfectionniste et inflexible, s'éloignant ainsi de ses collègues pour les protéger de son... de son incompétence imaginée. Ses collègues ne comprennent pas son changement de comportement et de mise à l'écart, la personne se sent rejetée, le cycle se répète, renforçant ainsi l'instabilité et la honte. Alors la question, c'est comment reconstruire une image de soi tout en apprivoisant cette honte ? Eh bien, peut-être d'abord en acceptant que l'instabilité est déjà une part de toi-même. Il est important de reconnaître que pour tout le monde, l'identité est un processus fluide Et cette fluidité n'est pas nécessairement un défaut. Bah oui, travailler à se reconnecter à soi-même, sans chercher à se conformer aux attentes extérieures est une étape clé, qui nécessite, je te rassure, beaucoup de temps. Pour ma part, j'ai utilisé des méthodes comme le fait de chercher quelles étaient mes valeurs personnelles en me posant la question « qu'est-ce qui compte vraiment pour moi ? » Cela peut être... Peut-être... être des valeurs professionnelles ou plutôt des valeurs personnelles. Je me suis aidée pour cela de la roue des valeurs ou des listes de valeurs courantes que tu pourras retrouver sur Internet. Lors de ma thérapie ACT, j'ai notamment fait un exercice que j'ai beaucoup aimé en tant que thanatophile. Peut-être que je t'expliquerai ça dans un autre épisode. C'est celui de l'éloge funèbre, aussi appelé discours à soi-même. Alors attention, j'imagine bien que cet exercice-là, il nécessite d'avoir une relation apaisée. avec la notion de mort et d'être stabilisé quant aux pensées suicidaires et comportements autodommageables. Il est évidemment à faire dans un contexte de stabilisation et de quête d'alignement à soi, idéalement avec la supervision d'un thérapeute. Bien, donc l'idée de l'exercice de l'éloge funèbre était de m'imaginer assister à mon hommage posthume, après une longue et belle vie et une mort douce de vieillesse. Et de réfléchir sincèrement... À quelle qualité je voudrais que l'on associe à mon parcours de vie dans ce discours ? Quels souvenirs je souhaiterais laisser derrière moi ? Le fait de définir ces valeurs a été très puissant dans la compréhension de qui j'étais par rapport à mon trouble. Aussi car cela m'a notamment permise par la suite de définir mes besoins. Et oui, les besoins sont des conditions nécessaires pour vivre en accord avec ces valeurs. Par exemple, une de mes valeurs est l'authenticité. Et mon besoin est d'avoir des conversations honnêtes, sans phare avec mes proches. Une autre de mes valeurs est la convivialité. Mon besoin est notamment d'avoir des moments d'échange et de partage avec du respect mutuel tacite. C'est pour cela que j'adore jouer aux jeux de société avec mes proches par exemple. Une autre de mes valeurs, c'est la liberté. Et le besoin que j'ai rattaché à cela, d'avoir de l'autonomie dans la prise de décision en lien avec le travail. Tu vois, cela peut être très concret. Alors quelles seraient tes valeurs et tes besoins à toi ? N'hésite pas à employer la liste des besoins universels qu'on retrouve dans la communication non-violente pour relier tes valeurs à des besoins humains. commun à tous. Tu l'auras aussi compris, plutôt que de fuir les situations, il est possible d'utiliser des outils concrets pour apprivoiser le sentiment de honte. Il y a un exercice pratique assez clair et efficace que j'ai découvert en thérapie des schémas et en intégration du cycle de la vie. C'est celui de la ligne de soin. Cette méthode s'intéresse à la clarification du sentiment d'identité, à la régulation émotionnelle et Ausha de pensée lié à la honte. L'idée était de dessiner une sorte de ligne temporelle et de la diviser en périodes clés allant de l'enfance à ma vie adulte. J'y ajoutais des points heureux ou difficiles devant travailler à y décrire les émotions ressenties. Dans mon cas, à ce moment-là, c'était axé sur la honte en opposition à ce que j'avais nommé la fierté. J'avais choisi des couleurs pour ces deux sentiments opposés, selon moi, ce qui m'a permis de constater les schémas de moments où la honte a été un levier important. Et aussi de réaliser que dans des moments qui devraient être vécus selon les autres ou perçus comme tels par les autres, comme un événement heureux, où je devrais être fière, où je pourrais être fière, eh bien c'était surtout associé à de la honte pour moi. La couleur se superposait avec l'autre. Pas mal de comprendre que de m'exposer à l'admiration me rendait honteuse et donc nourrissait mon instabilité dans mon image de moi. C'est d'ailleurs comme cela que j'ai arrêté d'exposer des productions artistiques ou de vouloir faire de l'art un métier. Malin, mais pas complètement réglé. Tu vois, je n'ai pas encore trouvé la solution aujourd'hui, mais c'est ok de faire comme ça pour le moment. Dans mon rétablissement, ce qui a été aussi déterminant pour moi, c'est d'apprendre à me valider émotionnellement, à accepter que la honte est une émotion humaine, mais qu'elle ne définit pas ma valeur. En thérapie, j'ai appris à identifier mes pensées automatiques telles que « je suis inutile » et lorsqu'elles me traversent l'esprit, alors, je travaille à la remplacer par une affirmation plus réaliste telle que « tiens, je ressens de l'insécurité en ce moment, ça me donne cette sensation désagréable et cette pensée d'inutilité » . Ma pensée réactionnelle et physiologique, c'est parce que je suis stressée. Ce qui m'a beaucoup aidé à accueillir ma sensation de honte existentielle et à me valider. C'est la pratique de l'autocompassion dans le cadre de la pleine conscience. Je repense souvent à une méditation guidée que j'ai vécue en groupe thérapeutique. Elle amenait à imaginer la présence d'un compagnon dit bienveillant. Nous devions l'imaginer, le définir comme il nous vient. Est-il une personne réelle ? Un personnage anthropomorphe ? Nous-mêmes ou que sais-je ? Où nous reçoit-il ? Est-ce que c'est chez lui ? Est-ce que c'est chez moi ? À quoi ressemble ce lieu chaleureux dans lequel je peux venir ? me réconforter ? Que fait-il pour m'accueillir et me soutenir ? Est-ce qu'il m'offre quelque chose ? Est-ce qu'il m'écoute ? Est-ce qu'il m'enlace ? Est-ce qu'on danse ? Tout est possible et après tout, cela appartient à chacun. La première fois que j'ai vécu cette méditation guidée, j'ai imaginé être dans une chaumière qui était en réalité un terrier, comme celui de Coco Lapin. Il y avait un feu dans la cheminée. Je pouvais sentir l'odeur de la frangipane et du thé au marron confit. Là, il y avait debout un blaireau, de dos. Et lorsque le blaireau s'est retourné, j'ai pu voir qu'il portait un gilet à carreaux bruns et noirs et un monocle. Il tenait dans ses pattes un plateau avec le goûter. La première fois, il n'a rien dit. Il m'a juste enroulé dans une grande couverture en me servant une tasse de thé. Et c'était tout. À mesure que j'ai refait l'exercice guidé, le blaireau m'a repris. dans ses bras, puis il a rapetissé jusqu'à avoir la capacité d'être invisible, tout petit, accroché sur mon dos. C'était pratique, car je l'imaginais l'avoir tout le temps sur moi, dans les moments difficiles où j'avais besoin d'être validée immédiatement. Puis un jour, il n'y avait plus personne d'autre que moi dans ce terrier. Et je me suis auto-enlacée. Voilà ce que j'ai vécu et compris de l'autocompassion et du fait de s'accepter sur l'instant. C'est rien d'autre que l'histoire de mon reflet dans un miroir. Alors tu vois, le miroir déformé finit toujours par s'apaiser, quand la honte peut être accueillie pleinement. J'espère que tous ces exemples résonnent pour toi et que tu as apprécié cet épisode. Que cela t'a apporté un éclairage nouveau sur l'instabilité de l'image de soi et la honte profonde. Et surtout de comprendre qu'elles ne sont pas des fatalités. Les défis qu'elles nous font relever reflètent une intense quête identitaire. Mais avec un accompagnement adapté, il est possible de se réconcilier avec soi-même. Donc n'oublie pas, tout ce que je t'ai dit de moi, c'est mon chemin, mes étapes. et elles se sont réalisées grâce à l'accompagnement thérapeutique de soignants expérimentés. Alors la meilleure chose à se dire avant de se quitter, c'est parle-en avec la bonne personne pour toi, fais ce qu'il te plaît, tente des choses, et tu verras, cette image de toi se stabilisera. Tu n'es pas seul, et je te remercie pour ton écoute, car sans toi, ce podcast n'aurait pas vraiment d'intérêt. J'attends avec impatience ton retour. N'hésite pas à me dire ce qui a marché pour toi. et si cet épisode t'a fait cogiter. Pense aussi à le partager à un proche qui pourrait en avoir besoin pour mieux te comprendre ou avant d'en discuter avec lui. Si tu peux également soutenir le podcast en lui mettant 5 étoiles et un commentaire sur ta plateforme d'écoute ou en le typant sur la plateforme Tipeee. Alors, c'est parfait. Merci à toi et à très bientôt.

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